- Speaker #0
Bonjour à toi chère auditrice, chère auditeur, bonjour Chloé, Bienvenue dans Sexeploration, le podcast qui t'aide à reprendre le contrôle sur ta sexualité. Ici on parle sans gêne, sans détour et sans escou... Excuse surtout. Moi c'est Lucile et l'on va discuter ensemble dans ce tout nouveau podcast. Quand le passé s'invite sous la couette, comment retrouver le chemin du plaisir ? Telle est la question aujourd'hui. On plonge au cœur des blessures visibles et invisibles, des impacts transgénérationnels, jusqu'à la reconquête de soi et de sa sexualité. Traumas, sexualité et héritage invisible, est-ce que ça laisse des traces ? Chloé, est-ce que tu peux nous définir ce que c'est un trauma dans un premier temps ?
- Speaker #1
Un trauma, ça va avoir plusieurs façons d'être décrit. Ça va être quelque chose qui va avoir un impact émotionnel fort sur ta vie. Quelque chose, par exemple, on va prendre un exemple très simple. Ton cerveau, quand il met la main dans le feu, ça brûle. Il enregistre qu'il ne faut pas le faire, que ça fait mal, que c'est dangereux. Finalement, ton corps va faire la même chose après et tes pensées vont faire la même chose. Ça va déclencher des moments de peur. d'angoisse, de stress, d'inconfort. C'est vraiment tous des termes un peu négatifs qu'on va mettre dedans. Si ton corps ne veut pas s'en approcher vraiment et en révulsion, ça peut être vraiment des choses traumatiques. Donc ça porte le gros mot de traumatisme, mais c'est vraiment des choses des fois un peu insidieuses dans le quotidien. Ça peut être, par exemple, on t'a mis une araignée sur l'épaule, ça t'a traumatisé parce que tu détestes ça et plus jamais tu veux que ça arrive. où on a vraiment des... Gros traumatisme où là ça va être des violences, des choses qui sont beaucoup plus graves pour le coup.
- Speaker #0
On enregistre des schémas en fait.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Le cerveau enregistre des schémas. En parlant de ça, justement, il y a différentes catégories de traumas, que ce soit des grands, des petits traumas, dans ce qu'on appelle plus communément dans le jargon SSPT et SSPTC, donc syndrome du stress post-traumatique, soit grands et petits traumatismes. Comment ça peut forcément... ou non impacter la sexualité ?
- Speaker #1
Parce que les traumatismes, ils peuvent avoir deux formes, c'est soit mental, on va dire, soit physique. On peut avoir des traumatismes aussi physiques. Si, par exemple, on a vraiment subi une agression, quelque chose qu'on a impacté et le corps et l'esprit, notre corps va avoir un rejet de tous les gestes qui peuvent être associés à ce moment-là. Par exemple, je dis une bêtise, mais vous jouez avec votre mec et puis d'un coup, il vous met dans un coin. Et ça vous fait rappeler quelque chose qui était très traumatisant pour vous. Vous allez avoir ce mouvement de rejet en disant, je ne veux pas être dans cette situation. Et le jeu va tourner court parce que finalement, ça nous met dans un inconfort et on n'aime pas ça. Une caresse sur un avant-bras, quelque chose qu'on a, par exemple, tapé souvent dessus, ça ne va pas être pris comme une caresse pour le cerveau. Il ne va pas faire le bon schéma. Il va se dire, non, tu ne me touches pas, je ne veux pas. Je révulse un peu ce que tu es en train de me faire.
- Speaker #0
Oui, totalement. En fait, il y a des gestes qui peuvent être dits. anodins mais qui finalement peuvent très fortement impacter la sexualité mais aussi la psychologie.
- Speaker #1
C'est ça, ton corps a vraiment une mémoire d'éléphant.
- Speaker #0
Je m'en doute pas. Comment ça peut impacter en l'occurrence la sexualité et surtout après, des années après ?
- Speaker #1
Alors on a souvent tendance à se dire si on a un traumatisme lié à la sexualité c'est parce qu'il y a eu viol, violence, etc. Pas forcément. Ça peut être aussi des violences gynécologiques, ça peut être un traumatisme lié à l'accouchement, où on a un souvenir qui peut être terrible de son accouchement, malheureusement ça ne se passe pas bien pour tout le monde. Ça peut être effectivement aussi tout ce qui va être agression sexuelle, viol, comme on le disait au départ. Tout ça, lui, il va l'enregistrer, il va enregistrer les zones traumatisées et il va faire toujours le lien. C'est-à-dire que là, tu approches ta main, tu approches ceci, tu approches cela, c'est même pas la peine, tu dégages.
- Speaker #0
C'est pas une safe place et du coup, clairement, c'est danger. Et comme on le rappelait il y a quelques instants, c'est pas uniquement les grands traumas. Il y a aussi des petits traumas, comme la fameuse caresse que tu disais, que ce soit sur l'épaule, derrière la nuque, sur la cuisse, qu'importe. Je précise honnêtement parce que je sais que des fois, on a tendance à oublier ce petit détail-là. Je voulais continuer un peu dans cette lancée, tout simplement, sur les types de traumas qui peuvent être les plus fréquents, qui affectent notre sexualité. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #1
Alors, il y a ceux qui sont les plus courants. ça va être soit de la violence dans l'enfance Des choses comme ça, où là, il y a des zones du corps où on ne veut plus, parce qu'on s'est pris pas mal de fessées. Et pour le coup, ce n'était pas des fessées récréatives, entre guillemets. Là, c'était vraiment de la violence. On peut avoir aussi tout ce qui va être mémoire gynécologique. Donc, un stérilet qui a fait très mal quand on l'a mis ou on l'a retiré, ce genre de choses. La zone, elle ne veut plus trop être touchée. Donc, ça va souvent être ça. Ça va être aussi tout ce qui va être médical. C'est-à-dire qu'on a été hospitalisé. et on a souvent notre corps qui a été... touché, observé dans le corps médical, on ne veut plus le mettre aussi à disposition. On a aussi tout ce qu'on peut voir. C'est-à-dire que ce n'est pas forcément le corps qui va être en mémoire, mais nos parents qui se foutaient vulgairement sur la gueule devant nous alors qu'on était gosses, des violences physiques qui se passent devant nous, notre sœur qui a pu, par exemple, avoir vraiment un traumatisme de viol, qu'on se reporte finalement sur notre façon de voir les choses. Ça peut être aussi... Enfin, tellement de choses, finalement. Il y a beaucoup de facteurs dans tout le cas. Ah oui, bien sûr. Et ça dépend de la sensibilité de chacun, surtout.
- Speaker #0
Comment on différencie un blocage émotionnel d'un blocage physique ?
- Speaker #1
Les deux vont être liés, finalement. Le blocage physique va être fait par l'émotionnel. Parce que ça renvoie tout de suite. C'est-à-dire qu'on va toucher la zone qui n'est pas acceptée. Le cerveau, tout de suite, lui, va transmettre l'info. Et c'est la réaction qui va se faire. Mais je ne pense pas qu'on puisse... dissocier les deux, tu vois. Je pense que c'est vraiment l'un et l'autre, c'est accroché en soi.
- Speaker #0
C'est un combo. Et justement, en parlant de dissocier, il y a quelques instants, je reprends un des cas que tu relevais, surtout pour tout ce qui était hospitalisation à répétition. Est-ce que le corps, il peut se dissocier, justement, pendant l'acte sexuel en réponse à un trauma ?
- Speaker #1
Bien sûr. On l'a souvent, justement, chez les femmes qui ont été victimes de viol, où elles parlent justement de cette dissociation pendant le viol. où finalement elles ont l'impression de quitter leur corps et que ça devient, voilà, on sort de là pour ne pas subir ça et on continue pour se protéger finalement. Il y a vraiment des fois des dissociations où le corps va mettre en stand-by toutes ces réactions, tous ces ressentis du toucher, etc. pour ne pas subir finalement. Donc ça arrive aussi des fois où cette dissociation peut effectivement se faire.
- Speaker #0
Et pour faire face à cette dissociation, parce qu'en soi, des fois, on a encore ces restes, on va dire, de trauma. qui reste et qu'on ne s'en rend pas compte, quelles sont les étapes pour se réapproprier le plaisir sans se mettre de pression à ce niveau-là ?
- Speaker #1
Si on s'en rend compte, c'est déjà une énorme étape. C'est-à-dire que si on voit que c'est une gêne et qu'on a envie de travailler dessus, c'est déjà une étape à franchir qui est énorme. Après, ça va forcément être de l'accompagnement thérapeutique. Psychologue, je trouve que c'est pour moi, c'est ma façon de voir les choses, mais je pense que c'est une case obligatoire. Une bonne psychologue qui accompagne. Je trouve aussi que la thérapie, par tout ce qui va être le massage, mais les massages où on va vraiment aller appuyer sur les zones justement des émotions, etc., où c'est vraiment du massage thérapeutique aussi, ça peut être bien. Parce que si on trouve une praticienne qui respecte bien les choses, j'ai un nom à vous donner d'ailleurs, qui respecte bien les choses, qui respecte vraiment la personne qu'elle a, elle va y aller tellement doucement, graduellement, et en fait, ça peut nous réapprendre le toucher et finalement rebooter son cerveau en disant, tu vois, là, le toucher n'est pas. négative, on peut prendre quelque chose où c'est doux, c'est tendre et ça ne me fait pas mal, donc réapproprier un petit peu tout ça, et ça va être effectivement passer le plus de bons moments avec son corps, le plus possible donc pas que du sexe bien évidemment quand je parle de bons moments, c'est effectivement en prendre soin, se dire que finalement ce corps là me porte tous les matins me fait que je me lève tous les matins, que je puisse respirer, etc. Et ça c'est une grosse étape aussi
- Speaker #0
Il y a accepter que notre corps est notre vaisseau et s'écouter. Je ne ferai aucune référence pour moi. Tu parlais à quelques instants de psychologues. Est-ce qu'il y a des psychologues spécialisés ? Par exemple, je pensais à tout ce qui était TCC, donc troubles cognitifs comportementaux. Est-ce que ça peut être un spécialiste sur lequel on peut s'adresser pour ce type de problème ?
- Speaker #1
Bien sûr, il va y avoir effectivement des psychologues qui vont se spécialiser là-dedans. Il y a aussi tout ce qui va être thérapie par l'hypnose. Il y a aussi certains se forment plus à ça. C'est vraiment des... Toutes ces choses-là, je les trouve vraiment très bien. Il y a aussi quelque chose qui n'est pas très connu, on retrouve ça souvent en Suisse, ça s'appelle la thérapie brain spouting. Là, finalement, on va aller... C'est la praticienne ou le praticien a une espèce de baguette, tu sais, comme pour aller regarder sur un tableau pendant les réunions, on va dire. Et en gros, tu suis ce point-là et en fait, c'est ton cerveau par des sons qu'on va te mettre, parce qu'on a un casque pendant tout ça. On n'a pas besoin de parler, donc ça, ça fait déjà un énorme bien, on n'est pas obligé de raconter son traumatisme toutes les cinq minutes finalement. Et il va venir finalement rebooter le cerveau, te faire vivre. un petit peu la situation mais de l'extérieur pour que vraiment on remette ça à zéro et qu'il n'y ait plus ces déclenchements qui se fassent par ton cerveau.
- Speaker #0
Une sorte de programmation d'un mode opératoire pour faire un reset.
- Speaker #1
C'est souvent utilisé dans le sport par exemple où l'athlète va faire le parcours de saut dans sa tête où il va visualiser chacun de ses mouvements de sa course pour réussir à en tirer les meilleurs résultats sans forcément passer par l'entraînement toutes les cinq minutes. Là, le brain-sweeting, ça peut faire ce genre de choses. Mais ça, c'est vraiment à voir avec le praticien, les pratiques EMDR, ce genre de choses qui peuvent être mises en place aussi.
- Speaker #0
Est-ce que c'est un peu dans le même registre que le psychologue TTC ?
- Speaker #1
Ça dépend du psychologue, c'est les formations en plus qu'il a appris. Je sais qu'il y a aussi des psychiatres qui font ça, mais on sait que les psychiatres, c'est quand même difficile d'avoir rendez-vous. À Nancy, en tout cas, c'est un peu dur parce qu'il y a quand même beaucoup de demandes et pas beaucoup de professionnels qui prennent encore. Donc, c'est vraiment ce genre de praticien. On recherche sur Internet ce qui nous intéresse pour voir, par exemple, EMDR. On regarde EMDR Nancy, Brain Spotting Nancy, tout ça, et on voit si ça peut nous correspondre. Il y a aussi de la psychocorporelle où là, on va vraiment aller justement travailler sur le corps et l'émotion en même temps.
- Speaker #0
Totalement. On va faire un petit focus sur les... tabou autour des traumas, est-ce que ça renforce le silence et le sentiment de culpabilité ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'encore une fois, tu te mets dans une anormalité. Tu te dis, c'est pas normal que je réagisse comme ça, je comprends pas pourquoi moi je suis comme ça et pas les autres. J'ai subi ça alors que je le méritais pas, clairement. Et tout ça, ça va venir forcément jouer sur ta confiance en toi. Si les traumatismes sont liés à des réflexions, par exemple, ou des dégradations finalement de nous-mêmes, on va avoir tendance à se mettre plus bas que terre, plus bas que les autres, alors que finalement, on a exactement la même valeur.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut parler de sexualité épanouie quand on n'a pas encore totalement guéri ce trauma ?
- Speaker #1
Je pense que ça fait partie du travail. De là à dire qu'on peut être totalement épanoui dans la sexualité, je ne suis pas sûre. Parce qu'effectivement, c'est comme c'est un tout. La sexualité est englobée dans ton quotidien vraiment global. Si tu n'es pas heureux à 100% dans ta vie, ta sexualité elle doit aussi être encore en travail je pense.
- Speaker #0
On va maintenant faire une transition musicale avec Keiza Dide Away et on se retrouve dans quelques minutes.
- Speaker #2
C'est ma chute. mâchée.
- Speaker #0
Il y a quelques instants, on évoquait du coup la sexualité épanouie quand un trauma n'était pas encore guéri. Il faut savoir qu'il y a certes des petits et des grands traumas, mais pas que. On parle aussi de trauma transgénérationnel, un héritage que peut nous transmettre notre chère famille. Ou plus, voilà. On va faire un petit focus justement sur cet aspect-là. C'est quoi le trauma transgénérationnel, Chloé ?
- Speaker #1
Alors c'est un terme, donc du coup il faut faire un petit découpage de mots pour le comprendre beaucoup mieux. Transmission, générationnelle, génération. Donc ça veut dire que c'est vraiment un trauma qu'on va hériter de nos parents ou grands-parents, ou en fait c'est le cercle familial finalement, qui va venir nous apporter une propre peur, une propre angoisse, ou quelque chose qui s'est passé finalement qu'on intériorise. on voit vraiment qu'il y a même des données scientifiques qui prouvent que ça peut vraiment... modifier certains aspects, par exemple, je dirais même de l'ADN, complètement, émotionnel, ou acquis, en disant, tiens, ça je ne l'ai pas vécu, et pourtant, j'en ai peur, j'aime pas ça, je suis incapable, je suis bloquée à ce niveau-là, et on ne comprend pas pourquoi, parce qu'on n'a rien vécu, finalement, nous, dans notre vie. Et là, c'est une approche un peu plus holistique, effectivement, d'un certain aspect, où là, on est en train de voir que finalement, il y a peut-être un lien de cause à effet entre ce que les femmes de ma famille auraient pu vivre, ... ou un oncle, c'est vraiment fascinant comme aspect.
- Speaker #0
Voir même un schéma qu'on peut reproduire sur nos parents qui nous ont transmis par la suite.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Comment ces traumas transgénérationnels peuvent se manifester, voire carrément impacter notre sexualité ?
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'on va prendre un exemple qui viendrait là. Admettons, je ne sais pas, mon père a trompé énormément ma mère, on va dire un truc comme ça. On se rend compte que là, il était un peu accro au sexe, etc. Et finalement, on ne le sait pas, parce que ce n'est pas forcément quelque chose qu'on partage avec ses parents. Mais moi, je reproduis exactement les mêmes schémas, en tant que fils, en tant que fille, en disant, moi, je fais pareil, j'ai une surconsommation de sexe, je ne sais pas d'où ça vient, etc. Ben si, ça vient finalement de papa qui fait la même chose. Et on se comporte de la même manière, et on reproduit ce schéma, finalement. qui est le même.
- Speaker #0
Est-ce qu'on le reproduit automatiquement le même schéma ou est-ce qu'on a simplement des traces qui peuvent nous influencer ?
- Speaker #1
Il peut y avoir juste des traces ou vraiment des comportements bien complets. Ça va vraiment dépendre aussi de s'ils sont traumatiques ou pas. Est-ce que c'est quelque chose qu'on a envie d'être ou pas ? Il y a des choses qui sont transgénérationnelles mais qui sont très cool. On voit un petit peu ça dans le fait d'être à l'écoute des gens, très empathique. Ça, ça peut être quelque chose qui est transgénérationnel. comme quelque chose de négatif, où on va avoir tendance à tromper, à mentir, etc. Ça, c'est vraiment des choses qu'on a apprises dans l'éducation et dans le temps générationnel.
- Speaker #0
Pourquoi il est si difficile d'identifier un trauma hérité d'un trauma, alors je veux dire, avec des gros guillemets lambda, dans le sens trauma classique de sa propre expérience, en fait, tout simplement ?
- Speaker #1
Ça va être une introspection. Déjà, en première base, c'est... Est-ce que c'est quelque chose que je n'ai jamais vécu ou que j'ai déjà vécu qui m'a mis dans cette situation ? Oui, non. Si on trouve que non, il n'y a pas de sens, on peut s'orienter là-dessus. Tout en faisant attention que le cerveau aussi peut jouer son rôle de... On oublie consciemment une période traumatique de sa vie pour essayer de faire le ménage. On le voit souvent qu'il y a des gens qui ont une amnésie d'un viol, d'un accident de voiture, etc. Sans qu'il y ait de cause vraiment. médical à ça. C'est vraiment le cerveau qui a préféré fermer la porte. Voilà, on bannit l'information.
- Speaker #0
Et quels outils pour rompre en fait ce cycle, en l'occurrence, pour retrouver sa liberté sexuelle ?
- Speaker #1
La connaissance. C'est vraiment s'informer sur le sujet, essayer de lire au maximum, de se renseigner, faire le point avec soi-même aussi en disant est-ce que moi j'ai un problème avec ça, avec ce comportement que j'ai ou ce traumatisme que j'ai ? Qu'est-ce que je veux en faire ? Est-ce que je veux travailler dessus ? Oui, non. Est-ce que je préfère le faire seul, être accompagné ? Et là, sur ce genre de sujet, c'est vraiment la porte ouverte à beaucoup de thérapie parce que finalement, c'est sa sensibilité et son désir de comment je veux travailler ça où on va aller s'orienter vers plus une psychologue, plus un hypno. C'est vraiment soi-même qui prend la décision.
- Speaker #0
Et pour se retrouver, donc là on parle surtout de reconnexion à soi, quelles sont les étapes ? clé pour se réapproprier son corps, sa sexualité après un trauma ?
- Speaker #1
C'est encore une fois la thérapie et le travail. C'est se faire vraiment accompagner et quand je dis accompagner, c'est vraiment avec déjà sa propre volonté, ses proches, si on a envie de les mettre au courant ou pas. C'est vraiment faire encore une fois le point c'est est-ce que je veux en parler autour de moi ? Oui, non. Peut-être que je veux le faire, mais peut-être pas tout de suite. C'est vraiment faire le point de comment on veut avancer, vers quoi je veux aller, mais pas rester seule avec ça, parce qu'on ne peut pas... guérir des fois soi-même. Il y a des réponses qu'on ne peut pas avoir. On est humain, on ne peut pas tout savoir. Ça, c'est impossible.
- Speaker #0
Il y a une sorte d'accumulation avec les années, potentiellement, qui peuvent s'engendrer. Comment ressemble cet accompagnement, du coup, par rapport au trauma ? Étape par étape, rien que par rapport à toi, par exemple ?
- Speaker #1
Avec moi, ça va être effectivement déjà de poser le problème sur la table. Rien que faire ça, c'est énorme. C'est des choses dont on ne parle pas. de ça avec tout le monde. Le fait d'en parler avec une personne neutre des fois qu'on ne connaît pas, c'est, tiens, je te donne ça parce que là, j'en peux plus le porter. Moi, je le prends et on décortique. J'aime beaucoup décortiquer ça en disant, ben voilà, là, il s'est passé ça. Est-ce que vous êtes conscient que c'est pas du tout de votre faute ? On sait vraiment prendre le problème et lui remettre vraiment à sa place. Remettre la personne aussi au centre du sujet parce que ça, c'est aussi quelque chose où... Les gens ont du mal, c'est « il m'est arrivé ça, peut-être que je l'ai mérité là, mais j'aurais peut-être pas dû faire ça comme ça » . On le voit souvent, je reprends encore les termes du viol pour que ça parle malheureusement au plus grand nombre. C'est assez horrible de dire ça, mais c'est la réalité.
- Speaker #0
C'est le plus parlant malheureusement.
- Speaker #1
C'est de se dire « tiens, si j'étais pas sortie toute seule dans ce bar-là ou avec mes copines, ils m'auraient peut-être pas mis quelque chose dans le verre » .
- Speaker #0
« Je serais pas partie dans cette rue, etc. »
- Speaker #1
Mais c'est pas... Il ne faut pas inverser les rôles. C'est vraiment se dire que ce n'est pas parce que vous vous êtes sortis et que vous avez bu un verre d'alcool ou que vous étiez bourré que ça pose un problème. C'est parce qu'il y a quelqu'un qui était là et qui a une intention mauvaise de vous nuire.
- Speaker #0
Complètement. Et c'est une sorte d'introspection en fait en eau tout noire que tu fais, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça. C'est déculpabiliser, remettre les choses, peser un petit peu à quel point c'est lourd ce problème-là. Et là, c'est de la réorientation. Moi, j'aime bien ne pas travailler seule sur ce sujet-là. Et c'est vraiment justement lui montrer les outils qui sont disponibles. Là, je lui ouvre la boîte à outils sur la table et elle choisit les propres. Si ça ne lui convainc pas, elle repose les outils, elle en reprend d'autres. Et c'est vraiment être accompagnée et se dire, tiens, j'ai quelqu'un qui me pousse. Si je tombe, elle sera là. C'est un peu la béquille du thérapeute. Je me place en première ligne, mais avec tout sur le trajet des gens qui seront là pour elle.
- Speaker #0
Tant mieux. Au moins tu fais un bon travail pour nous, ça me va très bien. Tu es là pour nous. Justement, comment un homme, une femme qui a subi un trauma, en l'occurrence sur ce plan-là, comment il va faire de sa vulnérabilité une force pour réinvestir son plaisir ?
- Speaker #1
Cette force, c'est une prise de conscience. Ce n'est pas inné, des fois, de prendre conscience des choses. C'est déjà une énorme force de lever le masque et de voir les choses en face. D'avoir le courage de prendre ça et de se soigner, de prendre soin de soi et d'essayer de passer outre, c'est quand même une énorme force. Et je pense que quand on passe dans des choses traumatiques comme ça, on a une empathie quand même envers soi ou envers les autres. Et une attention justement de ces choses-là pour pas que ça arrive, pour pas que ça arrive autour de nous. Et après, on a vraiment une qualité de parole, je pense, sur le sujet qui est très importante.
- Speaker #0
Une sensibilité qui... qui naît en fait tout simplement.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Quelle façon on peut dire pour reconstruire une image corporelle positive quand le corps a été bousculé ?
- Speaker #1
Encore une fois, c'est de l'accompagnement. Moi, le massage, je trouve ça bien. Mais alors, step by step. C'est-à-dire qu'on ne va pas commencer à aller tripoter tout le corps. C'est inenvisageable pour la personne. Mais c'est y aller vraiment très doucement. Ça peut être juste des fois être enveloppé par quelqu'un d'autre. dans un plaid réconfortant, avec les mains sur les épaules. Ça peut être des choses comme ça. Ça peut être sur les pieds, si on est un peu plus... Si on préfère là, on est plus confortable avec les pieds. Des fois, le fait de serrer un petit peu juste les pieds de l'autre personne au-dessus d'un plaid, on n'a pas ce contact fou et direct. Mais on a quand même ce soin qui est là, où on masse un peu les pieds si on aime bien ça, etc. C'est vraiment y aller step by step et être accompagnée par vraiment une professionnelle ou un professionnel qui... pèse dans le game.
- Speaker #0
On se réapproprie en fait son image en douceur, si je comprends bien. Et en l'occurrence, toi, tu la vois comment, ce rôle de tendresse, d'être de douceur pour apporter la guérison d'un trauma ?
- Speaker #1
Si on est en couple, effectivement, le ou la conjointe, ça va être un petit peu notre potion magique, dans le sens où il faut qu'il y ait un respect vraiment conscient des limites à ne pas franchir, ne jamais la mettre dans ces situations-là. Si on sait que lui ou elle n'aime pas être coincé dans ces choses-là, n'aime pas dormir dans le noir, c'est des choses qu'il faut vraiment respecter parce que plus on va essayer de forcer, moins ça va aller. Mais par contre, c'est là où on peut être accompagné sur le fait qu'on reprend corporellement les choses, où il vient nous faire un câlin. nous tenir, mais il ne va pas le prendre mal si là c'est trop et on a le mouvement de repousser. Si l'homme par exemple a quelque chose de traumatique sur le ventre, sur le torse ou sur le sexe, c'est lui qui va venir poser la main par exemple de sa conjointe et s'entraîner un petit peu pour savoir si c'est quelque chose qui est tolérable, si ça nous fait du bien, etc. tout doucement.
- Speaker #0
Et justement des fois en tant que partenaire, on a tendance soit à ne pas savoir quel geste faire, comment communiquer, comprendre que la patience est très importante aussi dans cet ordre-là. Comment on peut inclure son partenaire dans ce cheminement pour qu'il comprenne qu'on a besoin de lui et qu'il nous accompagne lui aussi ?
- Speaker #1
Moi j'aime bien, c'est qu'on puisse être en thérapie, mais que justement s'il y a un conjoint, l'inclure. C'est-à-dire qu'on ne lui demande pas d'être là forcément à toutes les séances, mais au moins une pour que lui puisse avoir aussi les armes. comprendre comment il peut réagir, etc. au mieux pour son ou sa partenaire.
- Speaker #0
Au moins la première séance,
- Speaker #1
par exemple. S'il a le moindre besoin, la moindre question, il ne faut pas qu'il hésite aussi à appeler le thérapeute s'il est ouvert à ça. C'est vraiment une manière de travailler après qu'il y a à faire et se renseigner sur le sujet. C'est vraiment prendre de la lecture, écouter des podcasts, tout ce qui peut se faire en faisant attention. Bien sûr, il y a toujours un peu de tout et n'importe quoi sur Internet, mais en général, quand on prend des livres... C'est plutôt cohérent, donc on prend sa propre réflexion, mais ça peut nous indiquer quand même pas mal de choses pour accompagner.
- Speaker #0
Merci beaucoup en tout cas, Chloé, pour ce énième podcast avec toi. Le septième chiffre porte-bonheur, on va dire. Est-ce que tu peux nous faire un petit message d'espoir, que ce soit pour les hommes et femmes qui ont subi des traumas, et également une petite rêve d'un bouquin ?
- Speaker #1
Oui, alors déjà le message à faire passer, je pense que c'est essayer de déculpabiliser le plus possible. On est tous malheureusement pas égaux du tout sur le sujet. On a une sensibilité qui est là et il faut qu'on avance avec. On a des fois ce boulet dans la vie qui est à notre cheville. On n'arrivera pas forcément toujours à l'enlever, ce boulet. Ça, c'est quelque chose où il faut arrêter de dire on peut guérir de tout, etc. Il y a des gens qui vont traîner quand même ce boulet-là. Mais c'est se dire, on peut peut-être l'alléger un petit peu. Il faut prendre soin de soi, il faut vraiment essayer de faire un short. Surtout que soit c'est vraiment... L'important, c'est d'être un peu égoïste, malheureusement, pour essayer d'être le plus doux avec soi possible.
- Speaker #0
Malheureusement, voire même heureusement, parce qu'il faut penser aussi à soi de temps en temps.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et la petite rêve du bouquin, dis-nous tout.
- Speaker #1
Alors, c'est « Cette douleur n'est pas la mienne » . Et donc, du coup, c'est « Comment briser le cercle de la transmission familiale » . Et c'est Marc Wollin. Et c'est aux éditions Les Courriers du Livre.
- Speaker #0
Je vous le recommande. Ça vous est à plus, chers auditeurs. Surprise, ce n'est que le début. Si cet épisode t'a fait vibrer, alors fonce, partage-le, note-le, parle-en. On se retrouve chaque jeudi pour casser la routine avec Sexeploration. On se dit à bientôt dans un prochain épisode. Bisous,