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Sex'Oh ! #18 : « Nous n’avons jamais envie de faire l’amour en même temps, pourquoi ? »

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20min |10/04/2024
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20min |10/04/2024
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Description

Dans le premier épisode de la saison 3 de Sex'Oh ! Hélène Dumont parle d'une plainte qu'elle reçoit fréquemment dans son cabinet de sexothérapeute : « Nous n’avons jamais envie de faire l’amour en même temps... » Emanant de couples qui s'entendent bien par ailleurs, ce manque de synchronie dans l'intimité étonne et blesse les conjoints. Alors, à quoi est-il dû ? Hélène Dumont parle dans cet épisode des différences de rythme, mais aussi des différentes façons de ressentir et d'exprimer son désir, pour mieux accueillir son propre désir et celui de son conjoint.


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Transcription

  • Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, sexothérapeute et auteur du livre Terry Close, La sexualité au féminin, aux éditions de l'Emmanuel. Dans la troisième saison de Sexo, je continue à vous ouvrir les portes de mon cabinet pour vous partager les questions qui me sont le plus posées et les points de repère que j'offre en réponse, afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.

  • Marie

    Bonjour Hélène.

  • Hélène Dumont

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors dans cet épisode, vous allez nous parler d'une plainte relativement fréquente que vous entendez dans votre cabinet de sexothérapeute, le fameux nous n'avons jamais envie, sous-entendu de faire l'amour, en même temps

  • Hélène Dumont

    Oui, et je vais vous parler par exemple d'Anna et Ludovic. Quand ils me contactent, ils me disent que leur désir sexuel est en décalage. Donc le couple s'entend bien, mais leur sexualité est ponctuée de rendez-vous manqués.

  • Marie

    Oui, mais c'est étonnant quand on s'entend bien par ailleurs. Alors pourquoi ce manque de synchronie dans l'intimité ?

  • Hélène Dumont

    Je vais vous répondre dans cet épisode, mais en préambule, je voudrais juste souligner que ne pas avoir envie en même temps est quelque chose de tout à fait normal, de tout à fait banal. Ce sont des choses qui arrivent tant que cela ne devient pas systématique et que le couple n'en souffre pas, comme c'est le cas d'Anna et Ludovic.

  • Marie

    D'accord. À partir de quand, justement, ça devient problématique ?

  • Hélène Dumont

    Ça devient problématique quand le couple n'arrive plus à trouver de temps pour se retrouver, alors même que leur sexualité se passe bien, quand elle a lieu en tout cas. Ces rendez-vous ratés finissent par les questionner, par les frustrer, et ils se sentent en décalage permanent, et finalement ça ne leur convient pas.

  • Marie

    Oui, on comprend. Alors comment ça se fait que certains couples, dont Anaïs Ludovic, n'aient pas envie de faire l'amour en même temps ?

  • Hélène Dumont

    Nous l'avons évoqué dans un épisode de la saison 1 du podcast. En fait, le désir, ça dépend de plein de choses, de plein de facteurs, dont notre disponibilité émotionnelle, relationnelle, physique. Et cette disponibilité conditionne notre énergie et donc le désir sexuel. Et en entretien, je constate qu'il est plus facile pour de nombreuses personnes d'éprouver du désir quand elles sont plutôt en forme que le contraire.

  • Marie

    Ça paraît logique, oui. Donc, ça semble important de repérer ces moments de disponibilité, de forme.

  • Hélène Dumont

    Exactement. En tous les cas, force est de constater que cette énergie n'est pas la même selon les personnes. Autrement dit, certaines seront plutôt du matin, d'autres du soir, d'autres de l'après-midi. Et cela ne concerne pas seulement l'expression du désir sexuel. mais plus largement la répartition de l'énergie tout au long de la journée. Le désir sexuel, logiquement, aura plus de facilité à émerger dans un moment où j'ai encore de l'énergie, ou alors dans un moment où je me sens disponible. Et c'est là que les choses se compliquent, car au sein du couple, il y a de fortes chances que le rythme de l'un soit différent du rythme de l'autre.

  • Marie

    Eh oui, ça paraît logique aussi. Mais en fait, avant qu'on en parle, j'imagine que ça nécessite d'abord un travail de connaissance de soi. Sur son rythme, ses fluctuations d'énergie quotidiennes ?

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement. Je pense par exemple à une femme qui me disait, après avoir bien réfléchi à sa manière de fonctionner, elle m'avait expliqué que pour elle, faire l'amour le soir aux alentours de 21h30 lui semblait idéal. Donc c'est le fameux tunnel du 18-20h qui était passé, les enfants dormaient, elle avait dîné, elle se sentait donc disponible émotionnellement pour son conjoint. et en plus elle avait constaté qu'elle avait toujours un regain d'énergie à ce moment là en début de soirée fin de soirée plutôt 21h30 et du coup faire l'amour à ce moment là ne lui posait aucun problème

  • Marie

    Oui, et puis elle se sentait peut-être aussi libérée d'une contrainte de temps.

  • Hélène Dumont

    Oui, d'ailleurs, elle m'avait précisé que ce créneau lui permettait, c'était vraiment intéressant, de savourer ce qu'elle vivait sans avoir la sensation d'avoir un chronomètre qui tournait dans sa tête. Donc chez elle, les limites temporelles la stressaient. C'était une femme qui avait besoin de savoir, un, qu'elle avait du temps pour faire l'amour. et que deux, ce temps n'était pas conditionné par une échéance à tenir. C'est ainsi qu'elle réussissait à envisager une sexualité sans précipitation, tout en savourant à l'avance, me disait-elle, le fait de s'endormir contre son mari dans la foulée. Donc le soir, c'était parfait. pour se projeter dans une relation sexuelle.

  • Marie

    Tous les ingrédients étaient réunis pour passer un super moment. Donc là, c'était la recette magique pour cette femme. Mais alors, qu'en est-il pour les autres ?

  • Hélène Dumont

    C'est vrai que pour d'autres femmes, c'est l'inverse. Les soirs, elles ne tiennent plus debout. La priorité, c'est de dormir. Et une femme me précisait qu'en soirée, son esprit était complètement encombré par sa journée. Et elle constatait... Une indisponibilité émotionnelle, intellectuelle, relationnelle et physique. Elle était complètement encombrée. Et cette indisponibilité... et parfois directement liées à la maternité. Et ça, j'entends vraiment beaucoup en entretien. Certaines femmes me confient qu'elles ont tellement été sollicitées ou touchées par leurs enfants dans la journée ou dans la soirée qu'en fait, le soir, à 21h, elles ne peuvent plus rien donner. Impossible pour elles d'envisager une relation sexuelle. En revanche, le matin, les retrouvailles érotiques leur deviennent possibles car elles sentent que leur corps est reposé, leur esprit disponible. Donc... elles se sentent elles-mêmes plus disponibles, plus ouvertes à une relation sexuelle.

  • Marie

    Alors dans ce cas, comment s'accorder avec son conjoint qui lui est en pleine forme le soir et pas du tout le matin ou l'inverse ? Donc que préconisez-vous ?

  • Hélène Dumont

    Dans ce cas, je conseille de desserrer le zoom et en couple de prendre le temps de mettre en lumière toutes ces petites choses qui vont favoriser le désir sexuel ou au contraire le défavoriser à l'échelle de la semaine et pas seulement de la journée. Donc ces échanges permettent de réfléchir à un espace érotique commun. Donc je suggère à ces couples... de se poser ces questions, par exemple, comment fonctionne l'expression de mon désir sexuel ? Bonne connaissance de soi. Quels sont les moments de la journée ou de la semaine où j'ai le plus d'énergie ? Donc peut-être observation de son emploi du temps et puis de son fonctionnement. Puis-je me servir de ces observations pour favoriser mon désir sexuel ? et comment penser un accordage, c'est quand même le but. Et cela amène parfois des réponses surprenantes où les couples se découvrent encore et se comprennent avec plus de finesse.

  • Marie

    Vous avez un petit exemple ?

  • Hélène Dumont

    Le petit exemple qui me vient en tête et qui est régulier, c'est quand même l'exemple du télétravail. Et pourquoi ? Tout simplement parce qu'en fait, les enfants ne sont pas là. Ils sont soit chez la nounou, soit à l'école. L'intimité, le fait de travailler ensemble chez certains couples, pas chez tous les couples, mais chez certains couples, crée une proximité émotionnelle, intellectuelle, qui leur va bien et qui crée un rapprochement. Et à 14h ou à 15h, il y a de l'énergie pour se retrouver. Ce n'est pas un gros câlin, mais c'est un moment de retrouvailles légère et que les couples apprécient. En tout cas, ils en parlent.

  • Marie

    Chers employeurs, donnez-nous du télétravail.

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement.

  • Marie

    Alors, est-ce qu'il y a une autre raison que celle de la différence de rythme ? Dans un décalage du désir sexuel chez les conjoints.

  • Hélène Dumont

    Oui, ça peut être aussi dû à une mauvaise compréhension du fonctionnement de son désir et de sa tension sexuelle. Pour rappel, le désir, c'est plutôt un élan du cœur, tandis que la tension sexuelle, c'est un élan du corps. Commençons par les femmes. Certaines d'entre elles ont l'impression de ne jamais avoir envie de faire l'amour. C'est-à-dire qu'elles ne ressentent rien, ni dans leur cœur, ni dans leur corps. Pourtant, elles aiment leur conjoint, mais elles ne ressentent rien, disent-elles. Parfois, elles ont un élan. Une tension sexuelle, mais en fait, c'est jamais le bon moment. C'est par exemple un jour à 14h quand tout le monde travaille, d'où l'intérêt du télétravail. Mais elles ont également l'impression que leur désir sexuel est franchement conditionné par leur cycle menstruel. Et elles éprouvent un pic de désir au moment de l'ovulation, puis plus rien. C'est vrai que les femmes ont une sexualité qui peut être cyclique, en tout cas qui peut vraiment fonctionner sur ce rythme-là. Donc, en définitive, elles me disent que leur désir sexuel et que leur tension sexuelle ne s'expriment jamais quand il faut. Donc, il y a vraiment cette impression d'être en décalage, même avec soi-même, quoi, en permanence. Cependant, elles me disent aussi que de façon étonnante, et là, je pense que c'est très important, quand elles font l'amour, tout se passe bien. Ah oui. Donc, ce qui est difficile, en réalité, quand on gratte un peu, finalement, c'est le démarrage. Donc, elles ont du mal à s'y mettre. parce qu'elles ne ressentent rien, elles ont du mal... en définitive, à se reconnecter à leurs sensations corporelles, mais aussi émotionnelles. Est-ce que j'ai du désir ? Qu'est-ce que je ressens ? Et souvent, ce sont des femmes dont les pensées peuvent mettre du temps à s'en aller. Donc, ce sont des femmes qui, parfois, ça tourne dans leur tête.

  • Marie

    Un peu cérébrale.

  • Hélène Dumont

    Un peu cérébrale ou facilement encombrées par leur emploi du temps, par leur to-do list, des choses comme ça. Donc, on dit que leur désir est responsif ou réactif. C'est-à-dire que c'est tout le contraire du désir spontané. Le désir spontané surgit avant même l'excitation sexuelle ou bien de façon concomitante.

  • Marie

    Le désir spontané favorise la synchronie du désir dans le couple. Et si je comprends bien, le désir responsif met un peu des bâtons dans les roues dans cette synchronie.

  • Hélène Dumont

    Oui, c'est le contraire. C'est-à-dire que le désir responsif naît avec l'éveil d'une excitation sexuelle. Donc, il faut la mettre en route pour que la femme la ressente et qu'elle ait le désir d'aller plus loin. Et du coup, ça demande quand même une bonne connaissance de soi et surtout une bonne entente conjugale. Chez ces femmes, on pourrait dire que le désir est comme une petite flamme qu'il faut éveiller. Ce qui peut les décourager, parce qu'elles se disent qu'elles ne vont peut-être pas y arriver, en fait, tout simplement. Et elles se disent, à quoi bon essayer ? J'aimerais bien, mais en fait, mon corps ne répond pas et mes pensées vont toujours m'embêter. Donc, ce fonctionnement... peut également donner à l'homme l'impression d'être toujours à l'initiative, de ne jamais sentir finalement le désir de leur femme, de ne jamais se sentir désirée même. Et pourtant... Ça, c'est important. On note que 30% des femmes seraient dans un désir responsif. Ah ouais, 30%. C'est quand même pas mal. 30% dans un désir spontané, donc c'est finalement moins que nos représentations. Et 30%, un peu des deux, dans un désir responsif et dans un désir spontané, par exemple en vacances ou quand on... en week-end,

  • Marie

    quand on n'est plus reposé,

  • Hélène Dumont

    plus disponible, sans échéance de temps.

  • Marie

    C'est hyper intéressant, je ne savais pas cette différence. Donc en fait, le désir responsif, il est loin d'être une anomalie.

  • Hélène Dumont

    Pas du tout, voilà. Mais c'est vrai qu'il ne simplifie pas la convergence du désir de la femme et de celui de l'homme. Surtout quand son désir à lui est spontané. D'où parfois la plainte on n'a jamais envie en même temps. En fait, c'est on n'a pas envie de la même façon. C'est ça. C'est un peu différent.

  • Marie

    C'est hyper intéressant. Alors, comment aider ces femmes, du coup, pour qu'elles puissent évaluer la présence de ce potentiel désir qu'elles ne soupçonnent pas et qui est pourtant là ?

  • Hélène Dumont

    Et pourtant là, oui. Ces femmes qui ont un désir responsif devront se relier aux bons souvenirs de leurs relations sexuelles pour s'encourager à faire l'amour. Car, je le rappelle, ces femmes... Une fois reconnectées à leur corps, vivent un bon temps d'intimité. Ça, c'est vraiment important à repérer. Et elles me disent aussi que ce temps les rapproche de leur conjoint. Donc, il n'y a que du bénéfice, en fait. Toute leur difficulté sera donc d'avoir un bon discernement. Ai-je envie de faire l'amour ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'essayer ou pas ? Donc ça c'est vraiment une question. Donc il s'agira pour ces femmes d'être franches avec elles-mêmes. Le désir responsif, c'est un peu comme le jogging. Parfois c'est difficile de se mettre en route, mais une fois qu'on est lancé, on est plutôt contente de courir et même plutôt contente d'avoir couru à la fin parce que ça fait du bien, parce que ça détend, etc. Le rôle de l'homme, en revanche, est important. parce qu'il devra lui aussi faire preuve de finesse. En tous les cas, une meilleure compréhension du fonctionnement du désir de sa femme lui permettra de mieux l'accompagner, d'être délicat et de s'accorder à son rythme, à elle sans la forcer.

  • Marie

    Oui, c'est assez important de le dire.

  • Hélène Dumont

    Exactement.

  • Marie

    Donc ça demande vraiment une bonne connivence relationnelle. D'ailleurs, en parlant des hommes, est-ce qu'ils ont tous un désir spontané ou est-ce qu'il y a aussi des hommes qui ont un désir responsif ?

  • Hélène Dumont

    Le désir responsif chez les hommes, il est moins fréquent, même si c'est vrai que ça arrive. On entend, on entretient des hommes qui ont un désir qui a du mal à démarrer aussi. De façon ordinaire, en tout cas, moi, c'est ce que je constate. Les hommes ont un désir plutôt spontané et sans rentrer dans les clichés, qui peut être plus fréquent. Et certaines femmes, d'ailleurs, bottent en touche en disant... En fait, ce n'est pas qu'on n'a jamais envie de faire l'amour en même temps, c'est juste qu'il a deux fois plus envie, deux fois plus souvent envie que moi. Donc forcément, ça provoque une déception une fois sur deux. En tout cas, on est en décalage une fois sur deux. Oui, du coup.

  • Marie

    Donc voilà. Alors comment faire ?

  • Hélène Dumont

    Il me semble important justement comment faire que les hommes puissent eux aussi avoir une meilleure connaissance, un meilleur discernement de leurs tensions sexuelles. Voilà ce que je dis aux hommes en entretien. Quand vous avez envie de faire l'amour, En toute franchise avec vous-même, essayez de vous demander pourquoi. cette tension sexuelle que vous ressentez ? Est-ce que c'est le résultat d'un stress, d'une tension intérieure qui est présente pour vous, pour x ou y raison ? Est-ce que c'est l'expression d'un grand désir de retrouver votre femme de façon charnelle, parce que vous l'aimez, parce que vous désirez fusionner avec elle, lui dire votre amour, etc. Alors, les hommes me répondent, les deux, les deux mon capitaine, j'entends leur réponse, distinguer la tension sexuelle du désir de rencontre, je reconnais que ce n'est pas facile, surtout que... Tension et désir, finalement, ça se tricote ensemble. On l'avait vu dans la saison 2 des podcasts sexos. Mais il y a souvent l'un des deux fils qui est prédominant. Alors c'est subtil, mais c'est intéressant d'essayer de le reconnaître. Donc à ces hommes, je demande, en attendant le prochain rendez-vous, d'interroger leur motivation sexuelle quand ils ont envie de faire l'amour, afin de mieux comprendre le fonctionnement de leur sexualité et le fonctionnement de leur désir. pour avoir une relation sexuelle.

  • Marie

    Et c'est un exercice qu'ils acceptent facilement de faire et qu'ils arrivent à faire ?

  • Hélène Dumont

    Oui, franchement, les hommes jouent facilement ce jeu-là. Ils font cet exercice d'observation avec franchise et leurs retours sont vraiment intéressants parce qu'ils parviennent effectivement à faire une différence entre les deux, donc entre tension et désir. En tous les cas, à dire que certaines envies de faire l'amour sont plutôt teintées de tension que de désir de relation. Ceux qui les encouragent eux-mêmes à réinterroger cette tension sexuelle. D'où vient-elle ? Est-ce qu'elle est le résultat d'un stress de ma journée ? Et puis comment je l'accueille finalement cette tension ? Comment je la comprends ? Donc il ne s'agit pas de la dénigrer parce que la tension c'est quand même une pulsion de vie. Et puis elle est nécessaire, elle amène aussi du peps dans la sexualité. Il est plutôt question de comprendre ce que l'on attend de la sexualité et ce qu'elle nous apporte. La sexualité détend. des stress, elle apporte du plaisir sur le plan physique, tout comme elle nourrit la relation et remplit notre réservoir affectif. Mais si un homme reconnaît que la sexualité lui permet de mieux gérer son stress, et que c'est ce stress qui l'amène à vouloir faire l'amour, cela lui permettra peut-être de s'interroger sur son hygiène de vie, sur son sommeil, sur son alimentation, ses sources de stress, et sa façon d'y remédier, ses hobbies aussi, etc.

  • Marie

    Il s'agit pour l'homme vraiment d'être honnête avec lui-même et puis de bien se connaître et puis surtout de ne pas faire porter à sa femme la responsabilité de la gestion de son stress,

  • Hélène Dumont

    en fait il y a d'autres manières de gérer son stress ça demande beaucoup de finesse et une bonne connaissance de soi pour savoir dépasser sa propre frustration sans tomber dans le chantage affectif qui franchement et je l'entends en entretien, n'est pas très viril ni excitant au lieu des femmes Non En plus, la plupart des femmes que j'accompagne sentent la différence entre une relation sexuelle teintée par la pulsion et une autre teintée par le désir de relation chez leur conjoint.

  • Marie

    Bien sûr, oui.

  • Hélène Dumont

    Donc voilà. En revanche... Quand la relation conjugale est de qualité, et j'insiste sur cette nécessaire qualité, certaines femmes sont assez accueillantes pour dire je veux bien te dire oui pour faire l'amour, même si je ne suis pas très motivée, mais je sens que c'est important pour toi aujourd'hui et je veux bien t'accueillir dans mes bras, je veux bien te recevoir en moi, mais c'est un cadeau que je t'offre, donc je ne serai peut-être pas la mente sensuelle ou hyperactive que tu voudrais, mais je peux quand même te recevoir avec amour. et avec tendresse. Donc, cette réponse demande à nouveau beaucoup de finesse pour que la femme ne se sente pas obligée, qu'elle ne soit pas dans une obligation et qu'elle se respecte dans son désir sans se forcer. Elle est vraiment dans une dimension d'accueil et de cadeau.

  • Marie

    Donc il est question, oui, là, de s'ouvrir à l'autre par amour, et non pour acheter la paix du ménage, en fait.

  • Hélène Dumont

    Oui, parce que certains hommes sont un peu lourds, pour reprendre les mots en entretien, et c'est vrai que se forcer, ça ne sert pas le lien conjugal, ça ne sert pas la relation conjugale. La femme qui est capable de s'ouvrir ainsi, de façon gratuite, quand elle n'est pas très motivée, très souvent, j'ai envie de dire même, Tout le temps, elle est en amont, profondément nourrie dans son intimité affective, relationnelle et émotionnelle.

  • Marie

    Messieurs, à bon entendeur. Une dernière question qu'on entend souvent, est-ce que les hommes ont toujours plus envie de faire l'amour que les femmes ?

  • Hélène Dumont

    Non, non, non, bien entendu, le contraire arrive. D'ailleurs, les questions sont les mêmes. C'est-à-dire que les questions qu'on se pose pour les femmes peuvent être des questions qu'on pourra poser aux hommes. Mais je reconnais que c'est moins fréquent.

  • Marie

    Pour conclure, on voit que cette synchronie du désir n'est pas toujours facile, que les différences de rythme sont là, mais qu'il est possible de s'accorder.

  • Hélène Dumont

    Oui, chacun va devoir penser à se décentrer de son propre fonctionnement pour faire un pas vers l'autre. et créer un espace de rencontre qui va évoluer toute la vie, de toute façon. Cet espace dépend, bien entendu, de la place que le couple a envie de donner à son intimité. Et là, sans hésitation, qu'elle soit relationnelle, émotionnelle ou corporelle, ou sexuelle, cette intimité doit avoir la première place.

  • Marie

    Merci beaucoup Hélène.

  • Hélène Dumont

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à vos sœurs et amis, pour qu'elles puissent en bénéficier. Vous pouvez aussi mettre une note de 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast afin que le podcast soit connu par le plus de femmes possible. Et si vous êtes branchés réseaux sociaux, rejoignez-nous sur le compte Instagram des podcasts de Familles Chrétiennes. N'hésitez pas à faire part de vos interrogations, de vos remarques et suggestions de sujets. Et à la semaine prochaine !

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Dans le premier épisode de la saison 3 de Sex'Oh ! Hélène Dumont parle d'une plainte qu'elle reçoit fréquemment dans son cabinet de sexothérapeute : « Nous n’avons jamais envie de faire l’amour en même temps... » Emanant de couples qui s'entendent bien par ailleurs, ce manque de synchronie dans l'intimité étonne et blesse les conjoints. Alors, à quoi est-il dû ? Hélène Dumont parle dans cet épisode des différences de rythme, mais aussi des différentes façons de ressentir et d'exprimer son désir, pour mieux accueillir son propre désir et celui de son conjoint.


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  • Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, sexothérapeute et auteur du livre Terry Close, La sexualité au féminin, aux éditions de l'Emmanuel. Dans la troisième saison de Sexo, je continue à vous ouvrir les portes de mon cabinet pour vous partager les questions qui me sont le plus posées et les points de repère que j'offre en réponse, afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.

  • Marie

    Bonjour Hélène.

  • Hélène Dumont

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors dans cet épisode, vous allez nous parler d'une plainte relativement fréquente que vous entendez dans votre cabinet de sexothérapeute, le fameux nous n'avons jamais envie, sous-entendu de faire l'amour, en même temps

  • Hélène Dumont

    Oui, et je vais vous parler par exemple d'Anna et Ludovic. Quand ils me contactent, ils me disent que leur désir sexuel est en décalage. Donc le couple s'entend bien, mais leur sexualité est ponctuée de rendez-vous manqués.

  • Marie

    Oui, mais c'est étonnant quand on s'entend bien par ailleurs. Alors pourquoi ce manque de synchronie dans l'intimité ?

  • Hélène Dumont

    Je vais vous répondre dans cet épisode, mais en préambule, je voudrais juste souligner que ne pas avoir envie en même temps est quelque chose de tout à fait normal, de tout à fait banal. Ce sont des choses qui arrivent tant que cela ne devient pas systématique et que le couple n'en souffre pas, comme c'est le cas d'Anna et Ludovic.

  • Marie

    D'accord. À partir de quand, justement, ça devient problématique ?

  • Hélène Dumont

    Ça devient problématique quand le couple n'arrive plus à trouver de temps pour se retrouver, alors même que leur sexualité se passe bien, quand elle a lieu en tout cas. Ces rendez-vous ratés finissent par les questionner, par les frustrer, et ils se sentent en décalage permanent, et finalement ça ne leur convient pas.

  • Marie

    Oui, on comprend. Alors comment ça se fait que certains couples, dont Anaïs Ludovic, n'aient pas envie de faire l'amour en même temps ?

  • Hélène Dumont

    Nous l'avons évoqué dans un épisode de la saison 1 du podcast. En fait, le désir, ça dépend de plein de choses, de plein de facteurs, dont notre disponibilité émotionnelle, relationnelle, physique. Et cette disponibilité conditionne notre énergie et donc le désir sexuel. Et en entretien, je constate qu'il est plus facile pour de nombreuses personnes d'éprouver du désir quand elles sont plutôt en forme que le contraire.

  • Marie

    Ça paraît logique, oui. Donc, ça semble important de repérer ces moments de disponibilité, de forme.

  • Hélène Dumont

    Exactement. En tous les cas, force est de constater que cette énergie n'est pas la même selon les personnes. Autrement dit, certaines seront plutôt du matin, d'autres du soir, d'autres de l'après-midi. Et cela ne concerne pas seulement l'expression du désir sexuel. mais plus largement la répartition de l'énergie tout au long de la journée. Le désir sexuel, logiquement, aura plus de facilité à émerger dans un moment où j'ai encore de l'énergie, ou alors dans un moment où je me sens disponible. Et c'est là que les choses se compliquent, car au sein du couple, il y a de fortes chances que le rythme de l'un soit différent du rythme de l'autre.

  • Marie

    Eh oui, ça paraît logique aussi. Mais en fait, avant qu'on en parle, j'imagine que ça nécessite d'abord un travail de connaissance de soi. Sur son rythme, ses fluctuations d'énergie quotidiennes ?

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement. Je pense par exemple à une femme qui me disait, après avoir bien réfléchi à sa manière de fonctionner, elle m'avait expliqué que pour elle, faire l'amour le soir aux alentours de 21h30 lui semblait idéal. Donc c'est le fameux tunnel du 18-20h qui était passé, les enfants dormaient, elle avait dîné, elle se sentait donc disponible émotionnellement pour son conjoint. et en plus elle avait constaté qu'elle avait toujours un regain d'énergie à ce moment là en début de soirée fin de soirée plutôt 21h30 et du coup faire l'amour à ce moment là ne lui posait aucun problème

  • Marie

    Oui, et puis elle se sentait peut-être aussi libérée d'une contrainte de temps.

  • Hélène Dumont

    Oui, d'ailleurs, elle m'avait précisé que ce créneau lui permettait, c'était vraiment intéressant, de savourer ce qu'elle vivait sans avoir la sensation d'avoir un chronomètre qui tournait dans sa tête. Donc chez elle, les limites temporelles la stressaient. C'était une femme qui avait besoin de savoir, un, qu'elle avait du temps pour faire l'amour. et que deux, ce temps n'était pas conditionné par une échéance à tenir. C'est ainsi qu'elle réussissait à envisager une sexualité sans précipitation, tout en savourant à l'avance, me disait-elle, le fait de s'endormir contre son mari dans la foulée. Donc le soir, c'était parfait. pour se projeter dans une relation sexuelle.

  • Marie

    Tous les ingrédients étaient réunis pour passer un super moment. Donc là, c'était la recette magique pour cette femme. Mais alors, qu'en est-il pour les autres ?

  • Hélène Dumont

    C'est vrai que pour d'autres femmes, c'est l'inverse. Les soirs, elles ne tiennent plus debout. La priorité, c'est de dormir. Et une femme me précisait qu'en soirée, son esprit était complètement encombré par sa journée. Et elle constatait... Une indisponibilité émotionnelle, intellectuelle, relationnelle et physique. Elle était complètement encombrée. Et cette indisponibilité... et parfois directement liées à la maternité. Et ça, j'entends vraiment beaucoup en entretien. Certaines femmes me confient qu'elles ont tellement été sollicitées ou touchées par leurs enfants dans la journée ou dans la soirée qu'en fait, le soir, à 21h, elles ne peuvent plus rien donner. Impossible pour elles d'envisager une relation sexuelle. En revanche, le matin, les retrouvailles érotiques leur deviennent possibles car elles sentent que leur corps est reposé, leur esprit disponible. Donc... elles se sentent elles-mêmes plus disponibles, plus ouvertes à une relation sexuelle.

  • Marie

    Alors dans ce cas, comment s'accorder avec son conjoint qui lui est en pleine forme le soir et pas du tout le matin ou l'inverse ? Donc que préconisez-vous ?

  • Hélène Dumont

    Dans ce cas, je conseille de desserrer le zoom et en couple de prendre le temps de mettre en lumière toutes ces petites choses qui vont favoriser le désir sexuel ou au contraire le défavoriser à l'échelle de la semaine et pas seulement de la journée. Donc ces échanges permettent de réfléchir à un espace érotique commun. Donc je suggère à ces couples... de se poser ces questions, par exemple, comment fonctionne l'expression de mon désir sexuel ? Bonne connaissance de soi. Quels sont les moments de la journée ou de la semaine où j'ai le plus d'énergie ? Donc peut-être observation de son emploi du temps et puis de son fonctionnement. Puis-je me servir de ces observations pour favoriser mon désir sexuel ? et comment penser un accordage, c'est quand même le but. Et cela amène parfois des réponses surprenantes où les couples se découvrent encore et se comprennent avec plus de finesse.

  • Marie

    Vous avez un petit exemple ?

  • Hélène Dumont

    Le petit exemple qui me vient en tête et qui est régulier, c'est quand même l'exemple du télétravail. Et pourquoi ? Tout simplement parce qu'en fait, les enfants ne sont pas là. Ils sont soit chez la nounou, soit à l'école. L'intimité, le fait de travailler ensemble chez certains couples, pas chez tous les couples, mais chez certains couples, crée une proximité émotionnelle, intellectuelle, qui leur va bien et qui crée un rapprochement. Et à 14h ou à 15h, il y a de l'énergie pour se retrouver. Ce n'est pas un gros câlin, mais c'est un moment de retrouvailles légère et que les couples apprécient. En tout cas, ils en parlent.

  • Marie

    Chers employeurs, donnez-nous du télétravail.

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement.

  • Marie

    Alors, est-ce qu'il y a une autre raison que celle de la différence de rythme ? Dans un décalage du désir sexuel chez les conjoints.

  • Hélène Dumont

    Oui, ça peut être aussi dû à une mauvaise compréhension du fonctionnement de son désir et de sa tension sexuelle. Pour rappel, le désir, c'est plutôt un élan du cœur, tandis que la tension sexuelle, c'est un élan du corps. Commençons par les femmes. Certaines d'entre elles ont l'impression de ne jamais avoir envie de faire l'amour. C'est-à-dire qu'elles ne ressentent rien, ni dans leur cœur, ni dans leur corps. Pourtant, elles aiment leur conjoint, mais elles ne ressentent rien, disent-elles. Parfois, elles ont un élan. Une tension sexuelle, mais en fait, c'est jamais le bon moment. C'est par exemple un jour à 14h quand tout le monde travaille, d'où l'intérêt du télétravail. Mais elles ont également l'impression que leur désir sexuel est franchement conditionné par leur cycle menstruel. Et elles éprouvent un pic de désir au moment de l'ovulation, puis plus rien. C'est vrai que les femmes ont une sexualité qui peut être cyclique, en tout cas qui peut vraiment fonctionner sur ce rythme-là. Donc, en définitive, elles me disent que leur désir sexuel et que leur tension sexuelle ne s'expriment jamais quand il faut. Donc, il y a vraiment cette impression d'être en décalage, même avec soi-même, quoi, en permanence. Cependant, elles me disent aussi que de façon étonnante, et là, je pense que c'est très important, quand elles font l'amour, tout se passe bien. Ah oui. Donc, ce qui est difficile, en réalité, quand on gratte un peu, finalement, c'est le démarrage. Donc, elles ont du mal à s'y mettre. parce qu'elles ne ressentent rien, elles ont du mal... en définitive, à se reconnecter à leurs sensations corporelles, mais aussi émotionnelles. Est-ce que j'ai du désir ? Qu'est-ce que je ressens ? Et souvent, ce sont des femmes dont les pensées peuvent mettre du temps à s'en aller. Donc, ce sont des femmes qui, parfois, ça tourne dans leur tête.

  • Marie

    Un peu cérébrale.

  • Hélène Dumont

    Un peu cérébrale ou facilement encombrées par leur emploi du temps, par leur to-do list, des choses comme ça. Donc, on dit que leur désir est responsif ou réactif. C'est-à-dire que c'est tout le contraire du désir spontané. Le désir spontané surgit avant même l'excitation sexuelle ou bien de façon concomitante.

  • Marie

    Le désir spontané favorise la synchronie du désir dans le couple. Et si je comprends bien, le désir responsif met un peu des bâtons dans les roues dans cette synchronie.

  • Hélène Dumont

    Oui, c'est le contraire. C'est-à-dire que le désir responsif naît avec l'éveil d'une excitation sexuelle. Donc, il faut la mettre en route pour que la femme la ressente et qu'elle ait le désir d'aller plus loin. Et du coup, ça demande quand même une bonne connaissance de soi et surtout une bonne entente conjugale. Chez ces femmes, on pourrait dire que le désir est comme une petite flamme qu'il faut éveiller. Ce qui peut les décourager, parce qu'elles se disent qu'elles ne vont peut-être pas y arriver, en fait, tout simplement. Et elles se disent, à quoi bon essayer ? J'aimerais bien, mais en fait, mon corps ne répond pas et mes pensées vont toujours m'embêter. Donc, ce fonctionnement... peut également donner à l'homme l'impression d'être toujours à l'initiative, de ne jamais sentir finalement le désir de leur femme, de ne jamais se sentir désirée même. Et pourtant... Ça, c'est important. On note que 30% des femmes seraient dans un désir responsif. Ah ouais, 30%. C'est quand même pas mal. 30% dans un désir spontané, donc c'est finalement moins que nos représentations. Et 30%, un peu des deux, dans un désir responsif et dans un désir spontané, par exemple en vacances ou quand on... en week-end,

  • Marie

    quand on n'est plus reposé,

  • Hélène Dumont

    plus disponible, sans échéance de temps.

  • Marie

    C'est hyper intéressant, je ne savais pas cette différence. Donc en fait, le désir responsif, il est loin d'être une anomalie.

  • Hélène Dumont

    Pas du tout, voilà. Mais c'est vrai qu'il ne simplifie pas la convergence du désir de la femme et de celui de l'homme. Surtout quand son désir à lui est spontané. D'où parfois la plainte on n'a jamais envie en même temps. En fait, c'est on n'a pas envie de la même façon. C'est ça. C'est un peu différent.

  • Marie

    C'est hyper intéressant. Alors, comment aider ces femmes, du coup, pour qu'elles puissent évaluer la présence de ce potentiel désir qu'elles ne soupçonnent pas et qui est pourtant là ?

  • Hélène Dumont

    Et pourtant là, oui. Ces femmes qui ont un désir responsif devront se relier aux bons souvenirs de leurs relations sexuelles pour s'encourager à faire l'amour. Car, je le rappelle, ces femmes... Une fois reconnectées à leur corps, vivent un bon temps d'intimité. Ça, c'est vraiment important à repérer. Et elles me disent aussi que ce temps les rapproche de leur conjoint. Donc, il n'y a que du bénéfice, en fait. Toute leur difficulté sera donc d'avoir un bon discernement. Ai-je envie de faire l'amour ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'essayer ou pas ? Donc ça c'est vraiment une question. Donc il s'agira pour ces femmes d'être franches avec elles-mêmes. Le désir responsif, c'est un peu comme le jogging. Parfois c'est difficile de se mettre en route, mais une fois qu'on est lancé, on est plutôt contente de courir et même plutôt contente d'avoir couru à la fin parce que ça fait du bien, parce que ça détend, etc. Le rôle de l'homme, en revanche, est important. parce qu'il devra lui aussi faire preuve de finesse. En tous les cas, une meilleure compréhension du fonctionnement du désir de sa femme lui permettra de mieux l'accompagner, d'être délicat et de s'accorder à son rythme, à elle sans la forcer.

  • Marie

    Oui, c'est assez important de le dire.

  • Hélène Dumont

    Exactement.

  • Marie

    Donc ça demande vraiment une bonne connivence relationnelle. D'ailleurs, en parlant des hommes, est-ce qu'ils ont tous un désir spontané ou est-ce qu'il y a aussi des hommes qui ont un désir responsif ?

  • Hélène Dumont

    Le désir responsif chez les hommes, il est moins fréquent, même si c'est vrai que ça arrive. On entend, on entretient des hommes qui ont un désir qui a du mal à démarrer aussi. De façon ordinaire, en tout cas, moi, c'est ce que je constate. Les hommes ont un désir plutôt spontané et sans rentrer dans les clichés, qui peut être plus fréquent. Et certaines femmes, d'ailleurs, bottent en touche en disant... En fait, ce n'est pas qu'on n'a jamais envie de faire l'amour en même temps, c'est juste qu'il a deux fois plus envie, deux fois plus souvent envie que moi. Donc forcément, ça provoque une déception une fois sur deux. En tout cas, on est en décalage une fois sur deux. Oui, du coup.

  • Marie

    Donc voilà. Alors comment faire ?

  • Hélène Dumont

    Il me semble important justement comment faire que les hommes puissent eux aussi avoir une meilleure connaissance, un meilleur discernement de leurs tensions sexuelles. Voilà ce que je dis aux hommes en entretien. Quand vous avez envie de faire l'amour, En toute franchise avec vous-même, essayez de vous demander pourquoi. cette tension sexuelle que vous ressentez ? Est-ce que c'est le résultat d'un stress, d'une tension intérieure qui est présente pour vous, pour x ou y raison ? Est-ce que c'est l'expression d'un grand désir de retrouver votre femme de façon charnelle, parce que vous l'aimez, parce que vous désirez fusionner avec elle, lui dire votre amour, etc. Alors, les hommes me répondent, les deux, les deux mon capitaine, j'entends leur réponse, distinguer la tension sexuelle du désir de rencontre, je reconnais que ce n'est pas facile, surtout que... Tension et désir, finalement, ça se tricote ensemble. On l'avait vu dans la saison 2 des podcasts sexos. Mais il y a souvent l'un des deux fils qui est prédominant. Alors c'est subtil, mais c'est intéressant d'essayer de le reconnaître. Donc à ces hommes, je demande, en attendant le prochain rendez-vous, d'interroger leur motivation sexuelle quand ils ont envie de faire l'amour, afin de mieux comprendre le fonctionnement de leur sexualité et le fonctionnement de leur désir. pour avoir une relation sexuelle.

  • Marie

    Et c'est un exercice qu'ils acceptent facilement de faire et qu'ils arrivent à faire ?

  • Hélène Dumont

    Oui, franchement, les hommes jouent facilement ce jeu-là. Ils font cet exercice d'observation avec franchise et leurs retours sont vraiment intéressants parce qu'ils parviennent effectivement à faire une différence entre les deux, donc entre tension et désir. En tous les cas, à dire que certaines envies de faire l'amour sont plutôt teintées de tension que de désir de relation. Ceux qui les encouragent eux-mêmes à réinterroger cette tension sexuelle. D'où vient-elle ? Est-ce qu'elle est le résultat d'un stress de ma journée ? Et puis comment je l'accueille finalement cette tension ? Comment je la comprends ? Donc il ne s'agit pas de la dénigrer parce que la tension c'est quand même une pulsion de vie. Et puis elle est nécessaire, elle amène aussi du peps dans la sexualité. Il est plutôt question de comprendre ce que l'on attend de la sexualité et ce qu'elle nous apporte. La sexualité détend. des stress, elle apporte du plaisir sur le plan physique, tout comme elle nourrit la relation et remplit notre réservoir affectif. Mais si un homme reconnaît que la sexualité lui permet de mieux gérer son stress, et que c'est ce stress qui l'amène à vouloir faire l'amour, cela lui permettra peut-être de s'interroger sur son hygiène de vie, sur son sommeil, sur son alimentation, ses sources de stress, et sa façon d'y remédier, ses hobbies aussi, etc.

  • Marie

    Il s'agit pour l'homme vraiment d'être honnête avec lui-même et puis de bien se connaître et puis surtout de ne pas faire porter à sa femme la responsabilité de la gestion de son stress,

  • Hélène Dumont

    en fait il y a d'autres manières de gérer son stress ça demande beaucoup de finesse et une bonne connaissance de soi pour savoir dépasser sa propre frustration sans tomber dans le chantage affectif qui franchement et je l'entends en entretien, n'est pas très viril ni excitant au lieu des femmes Non En plus, la plupart des femmes que j'accompagne sentent la différence entre une relation sexuelle teintée par la pulsion et une autre teintée par le désir de relation chez leur conjoint.

  • Marie

    Bien sûr, oui.

  • Hélène Dumont

    Donc voilà. En revanche... Quand la relation conjugale est de qualité, et j'insiste sur cette nécessaire qualité, certaines femmes sont assez accueillantes pour dire je veux bien te dire oui pour faire l'amour, même si je ne suis pas très motivée, mais je sens que c'est important pour toi aujourd'hui et je veux bien t'accueillir dans mes bras, je veux bien te recevoir en moi, mais c'est un cadeau que je t'offre, donc je ne serai peut-être pas la mente sensuelle ou hyperactive que tu voudrais, mais je peux quand même te recevoir avec amour. et avec tendresse. Donc, cette réponse demande à nouveau beaucoup de finesse pour que la femme ne se sente pas obligée, qu'elle ne soit pas dans une obligation et qu'elle se respecte dans son désir sans se forcer. Elle est vraiment dans une dimension d'accueil et de cadeau.

  • Marie

    Donc il est question, oui, là, de s'ouvrir à l'autre par amour, et non pour acheter la paix du ménage, en fait.

  • Hélène Dumont

    Oui, parce que certains hommes sont un peu lourds, pour reprendre les mots en entretien, et c'est vrai que se forcer, ça ne sert pas le lien conjugal, ça ne sert pas la relation conjugale. La femme qui est capable de s'ouvrir ainsi, de façon gratuite, quand elle n'est pas très motivée, très souvent, j'ai envie de dire même, Tout le temps, elle est en amont, profondément nourrie dans son intimité affective, relationnelle et émotionnelle.

  • Marie

    Messieurs, à bon entendeur. Une dernière question qu'on entend souvent, est-ce que les hommes ont toujours plus envie de faire l'amour que les femmes ?

  • Hélène Dumont

    Non, non, non, bien entendu, le contraire arrive. D'ailleurs, les questions sont les mêmes. C'est-à-dire que les questions qu'on se pose pour les femmes peuvent être des questions qu'on pourra poser aux hommes. Mais je reconnais que c'est moins fréquent.

  • Marie

    Pour conclure, on voit que cette synchronie du désir n'est pas toujours facile, que les différences de rythme sont là, mais qu'il est possible de s'accorder.

  • Hélène Dumont

    Oui, chacun va devoir penser à se décentrer de son propre fonctionnement pour faire un pas vers l'autre. et créer un espace de rencontre qui va évoluer toute la vie, de toute façon. Cet espace dépend, bien entendu, de la place que le couple a envie de donner à son intimité. Et là, sans hésitation, qu'elle soit relationnelle, émotionnelle ou corporelle, ou sexuelle, cette intimité doit avoir la première place.

  • Marie

    Merci beaucoup Hélène.

  • Hélène Dumont

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à vos sœurs et amis, pour qu'elles puissent en bénéficier. Vous pouvez aussi mettre une note de 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast afin que le podcast soit connu par le plus de femmes possible. Et si vous êtes branchés réseaux sociaux, rejoignez-nous sur le compte Instagram des podcasts de Familles Chrétiennes. N'hésitez pas à faire part de vos interrogations, de vos remarques et suggestions de sujets. Et à la semaine prochaine !

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Description

Dans le premier épisode de la saison 3 de Sex'Oh ! Hélène Dumont parle d'une plainte qu'elle reçoit fréquemment dans son cabinet de sexothérapeute : « Nous n’avons jamais envie de faire l’amour en même temps... » Emanant de couples qui s'entendent bien par ailleurs, ce manque de synchronie dans l'intimité étonne et blesse les conjoints. Alors, à quoi est-il dû ? Hélène Dumont parle dans cet épisode des différences de rythme, mais aussi des différentes façons de ressentir et d'exprimer son désir, pour mieux accueillir son propre désir et celui de son conjoint.


----------------------------------


Ce podcast est réalisé par Famille Chrétienne.


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Transcription

  • Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, sexothérapeute et auteur du livre Terry Close, La sexualité au féminin, aux éditions de l'Emmanuel. Dans la troisième saison de Sexo, je continue à vous ouvrir les portes de mon cabinet pour vous partager les questions qui me sont le plus posées et les points de repère que j'offre en réponse, afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.

  • Marie

    Bonjour Hélène.

  • Hélène Dumont

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors dans cet épisode, vous allez nous parler d'une plainte relativement fréquente que vous entendez dans votre cabinet de sexothérapeute, le fameux nous n'avons jamais envie, sous-entendu de faire l'amour, en même temps

  • Hélène Dumont

    Oui, et je vais vous parler par exemple d'Anna et Ludovic. Quand ils me contactent, ils me disent que leur désir sexuel est en décalage. Donc le couple s'entend bien, mais leur sexualité est ponctuée de rendez-vous manqués.

  • Marie

    Oui, mais c'est étonnant quand on s'entend bien par ailleurs. Alors pourquoi ce manque de synchronie dans l'intimité ?

  • Hélène Dumont

    Je vais vous répondre dans cet épisode, mais en préambule, je voudrais juste souligner que ne pas avoir envie en même temps est quelque chose de tout à fait normal, de tout à fait banal. Ce sont des choses qui arrivent tant que cela ne devient pas systématique et que le couple n'en souffre pas, comme c'est le cas d'Anna et Ludovic.

  • Marie

    D'accord. À partir de quand, justement, ça devient problématique ?

  • Hélène Dumont

    Ça devient problématique quand le couple n'arrive plus à trouver de temps pour se retrouver, alors même que leur sexualité se passe bien, quand elle a lieu en tout cas. Ces rendez-vous ratés finissent par les questionner, par les frustrer, et ils se sentent en décalage permanent, et finalement ça ne leur convient pas.

  • Marie

    Oui, on comprend. Alors comment ça se fait que certains couples, dont Anaïs Ludovic, n'aient pas envie de faire l'amour en même temps ?

  • Hélène Dumont

    Nous l'avons évoqué dans un épisode de la saison 1 du podcast. En fait, le désir, ça dépend de plein de choses, de plein de facteurs, dont notre disponibilité émotionnelle, relationnelle, physique. Et cette disponibilité conditionne notre énergie et donc le désir sexuel. Et en entretien, je constate qu'il est plus facile pour de nombreuses personnes d'éprouver du désir quand elles sont plutôt en forme que le contraire.

  • Marie

    Ça paraît logique, oui. Donc, ça semble important de repérer ces moments de disponibilité, de forme.

  • Hélène Dumont

    Exactement. En tous les cas, force est de constater que cette énergie n'est pas la même selon les personnes. Autrement dit, certaines seront plutôt du matin, d'autres du soir, d'autres de l'après-midi. Et cela ne concerne pas seulement l'expression du désir sexuel. mais plus largement la répartition de l'énergie tout au long de la journée. Le désir sexuel, logiquement, aura plus de facilité à émerger dans un moment où j'ai encore de l'énergie, ou alors dans un moment où je me sens disponible. Et c'est là que les choses se compliquent, car au sein du couple, il y a de fortes chances que le rythme de l'un soit différent du rythme de l'autre.

  • Marie

    Eh oui, ça paraît logique aussi. Mais en fait, avant qu'on en parle, j'imagine que ça nécessite d'abord un travail de connaissance de soi. Sur son rythme, ses fluctuations d'énergie quotidiennes ?

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement. Je pense par exemple à une femme qui me disait, après avoir bien réfléchi à sa manière de fonctionner, elle m'avait expliqué que pour elle, faire l'amour le soir aux alentours de 21h30 lui semblait idéal. Donc c'est le fameux tunnel du 18-20h qui était passé, les enfants dormaient, elle avait dîné, elle se sentait donc disponible émotionnellement pour son conjoint. et en plus elle avait constaté qu'elle avait toujours un regain d'énergie à ce moment là en début de soirée fin de soirée plutôt 21h30 et du coup faire l'amour à ce moment là ne lui posait aucun problème

  • Marie

    Oui, et puis elle se sentait peut-être aussi libérée d'une contrainte de temps.

  • Hélène Dumont

    Oui, d'ailleurs, elle m'avait précisé que ce créneau lui permettait, c'était vraiment intéressant, de savourer ce qu'elle vivait sans avoir la sensation d'avoir un chronomètre qui tournait dans sa tête. Donc chez elle, les limites temporelles la stressaient. C'était une femme qui avait besoin de savoir, un, qu'elle avait du temps pour faire l'amour. et que deux, ce temps n'était pas conditionné par une échéance à tenir. C'est ainsi qu'elle réussissait à envisager une sexualité sans précipitation, tout en savourant à l'avance, me disait-elle, le fait de s'endormir contre son mari dans la foulée. Donc le soir, c'était parfait. pour se projeter dans une relation sexuelle.

  • Marie

    Tous les ingrédients étaient réunis pour passer un super moment. Donc là, c'était la recette magique pour cette femme. Mais alors, qu'en est-il pour les autres ?

  • Hélène Dumont

    C'est vrai que pour d'autres femmes, c'est l'inverse. Les soirs, elles ne tiennent plus debout. La priorité, c'est de dormir. Et une femme me précisait qu'en soirée, son esprit était complètement encombré par sa journée. Et elle constatait... Une indisponibilité émotionnelle, intellectuelle, relationnelle et physique. Elle était complètement encombrée. Et cette indisponibilité... et parfois directement liées à la maternité. Et ça, j'entends vraiment beaucoup en entretien. Certaines femmes me confient qu'elles ont tellement été sollicitées ou touchées par leurs enfants dans la journée ou dans la soirée qu'en fait, le soir, à 21h, elles ne peuvent plus rien donner. Impossible pour elles d'envisager une relation sexuelle. En revanche, le matin, les retrouvailles érotiques leur deviennent possibles car elles sentent que leur corps est reposé, leur esprit disponible. Donc... elles se sentent elles-mêmes plus disponibles, plus ouvertes à une relation sexuelle.

  • Marie

    Alors dans ce cas, comment s'accorder avec son conjoint qui lui est en pleine forme le soir et pas du tout le matin ou l'inverse ? Donc que préconisez-vous ?

  • Hélène Dumont

    Dans ce cas, je conseille de desserrer le zoom et en couple de prendre le temps de mettre en lumière toutes ces petites choses qui vont favoriser le désir sexuel ou au contraire le défavoriser à l'échelle de la semaine et pas seulement de la journée. Donc ces échanges permettent de réfléchir à un espace érotique commun. Donc je suggère à ces couples... de se poser ces questions, par exemple, comment fonctionne l'expression de mon désir sexuel ? Bonne connaissance de soi. Quels sont les moments de la journée ou de la semaine où j'ai le plus d'énergie ? Donc peut-être observation de son emploi du temps et puis de son fonctionnement. Puis-je me servir de ces observations pour favoriser mon désir sexuel ? et comment penser un accordage, c'est quand même le but. Et cela amène parfois des réponses surprenantes où les couples se découvrent encore et se comprennent avec plus de finesse.

  • Marie

    Vous avez un petit exemple ?

  • Hélène Dumont

    Le petit exemple qui me vient en tête et qui est régulier, c'est quand même l'exemple du télétravail. Et pourquoi ? Tout simplement parce qu'en fait, les enfants ne sont pas là. Ils sont soit chez la nounou, soit à l'école. L'intimité, le fait de travailler ensemble chez certains couples, pas chez tous les couples, mais chez certains couples, crée une proximité émotionnelle, intellectuelle, qui leur va bien et qui crée un rapprochement. Et à 14h ou à 15h, il y a de l'énergie pour se retrouver. Ce n'est pas un gros câlin, mais c'est un moment de retrouvailles légère et que les couples apprécient. En tout cas, ils en parlent.

  • Marie

    Chers employeurs, donnez-nous du télétravail.

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement.

  • Marie

    Alors, est-ce qu'il y a une autre raison que celle de la différence de rythme ? Dans un décalage du désir sexuel chez les conjoints.

  • Hélène Dumont

    Oui, ça peut être aussi dû à une mauvaise compréhension du fonctionnement de son désir et de sa tension sexuelle. Pour rappel, le désir, c'est plutôt un élan du cœur, tandis que la tension sexuelle, c'est un élan du corps. Commençons par les femmes. Certaines d'entre elles ont l'impression de ne jamais avoir envie de faire l'amour. C'est-à-dire qu'elles ne ressentent rien, ni dans leur cœur, ni dans leur corps. Pourtant, elles aiment leur conjoint, mais elles ne ressentent rien, disent-elles. Parfois, elles ont un élan. Une tension sexuelle, mais en fait, c'est jamais le bon moment. C'est par exemple un jour à 14h quand tout le monde travaille, d'où l'intérêt du télétravail. Mais elles ont également l'impression que leur désir sexuel est franchement conditionné par leur cycle menstruel. Et elles éprouvent un pic de désir au moment de l'ovulation, puis plus rien. C'est vrai que les femmes ont une sexualité qui peut être cyclique, en tout cas qui peut vraiment fonctionner sur ce rythme-là. Donc, en définitive, elles me disent que leur désir sexuel et que leur tension sexuelle ne s'expriment jamais quand il faut. Donc, il y a vraiment cette impression d'être en décalage, même avec soi-même, quoi, en permanence. Cependant, elles me disent aussi que de façon étonnante, et là, je pense que c'est très important, quand elles font l'amour, tout se passe bien. Ah oui. Donc, ce qui est difficile, en réalité, quand on gratte un peu, finalement, c'est le démarrage. Donc, elles ont du mal à s'y mettre. parce qu'elles ne ressentent rien, elles ont du mal... en définitive, à se reconnecter à leurs sensations corporelles, mais aussi émotionnelles. Est-ce que j'ai du désir ? Qu'est-ce que je ressens ? Et souvent, ce sont des femmes dont les pensées peuvent mettre du temps à s'en aller. Donc, ce sont des femmes qui, parfois, ça tourne dans leur tête.

  • Marie

    Un peu cérébrale.

  • Hélène Dumont

    Un peu cérébrale ou facilement encombrées par leur emploi du temps, par leur to-do list, des choses comme ça. Donc, on dit que leur désir est responsif ou réactif. C'est-à-dire que c'est tout le contraire du désir spontané. Le désir spontané surgit avant même l'excitation sexuelle ou bien de façon concomitante.

  • Marie

    Le désir spontané favorise la synchronie du désir dans le couple. Et si je comprends bien, le désir responsif met un peu des bâtons dans les roues dans cette synchronie.

  • Hélène Dumont

    Oui, c'est le contraire. C'est-à-dire que le désir responsif naît avec l'éveil d'une excitation sexuelle. Donc, il faut la mettre en route pour que la femme la ressente et qu'elle ait le désir d'aller plus loin. Et du coup, ça demande quand même une bonne connaissance de soi et surtout une bonne entente conjugale. Chez ces femmes, on pourrait dire que le désir est comme une petite flamme qu'il faut éveiller. Ce qui peut les décourager, parce qu'elles se disent qu'elles ne vont peut-être pas y arriver, en fait, tout simplement. Et elles se disent, à quoi bon essayer ? J'aimerais bien, mais en fait, mon corps ne répond pas et mes pensées vont toujours m'embêter. Donc, ce fonctionnement... peut également donner à l'homme l'impression d'être toujours à l'initiative, de ne jamais sentir finalement le désir de leur femme, de ne jamais se sentir désirée même. Et pourtant... Ça, c'est important. On note que 30% des femmes seraient dans un désir responsif. Ah ouais, 30%. C'est quand même pas mal. 30% dans un désir spontané, donc c'est finalement moins que nos représentations. Et 30%, un peu des deux, dans un désir responsif et dans un désir spontané, par exemple en vacances ou quand on... en week-end,

  • Marie

    quand on n'est plus reposé,

  • Hélène Dumont

    plus disponible, sans échéance de temps.

  • Marie

    C'est hyper intéressant, je ne savais pas cette différence. Donc en fait, le désir responsif, il est loin d'être une anomalie.

  • Hélène Dumont

    Pas du tout, voilà. Mais c'est vrai qu'il ne simplifie pas la convergence du désir de la femme et de celui de l'homme. Surtout quand son désir à lui est spontané. D'où parfois la plainte on n'a jamais envie en même temps. En fait, c'est on n'a pas envie de la même façon. C'est ça. C'est un peu différent.

  • Marie

    C'est hyper intéressant. Alors, comment aider ces femmes, du coup, pour qu'elles puissent évaluer la présence de ce potentiel désir qu'elles ne soupçonnent pas et qui est pourtant là ?

  • Hélène Dumont

    Et pourtant là, oui. Ces femmes qui ont un désir responsif devront se relier aux bons souvenirs de leurs relations sexuelles pour s'encourager à faire l'amour. Car, je le rappelle, ces femmes... Une fois reconnectées à leur corps, vivent un bon temps d'intimité. Ça, c'est vraiment important à repérer. Et elles me disent aussi que ce temps les rapproche de leur conjoint. Donc, il n'y a que du bénéfice, en fait. Toute leur difficulté sera donc d'avoir un bon discernement. Ai-je envie de faire l'amour ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'essayer ou pas ? Donc ça c'est vraiment une question. Donc il s'agira pour ces femmes d'être franches avec elles-mêmes. Le désir responsif, c'est un peu comme le jogging. Parfois c'est difficile de se mettre en route, mais une fois qu'on est lancé, on est plutôt contente de courir et même plutôt contente d'avoir couru à la fin parce que ça fait du bien, parce que ça détend, etc. Le rôle de l'homme, en revanche, est important. parce qu'il devra lui aussi faire preuve de finesse. En tous les cas, une meilleure compréhension du fonctionnement du désir de sa femme lui permettra de mieux l'accompagner, d'être délicat et de s'accorder à son rythme, à elle sans la forcer.

  • Marie

    Oui, c'est assez important de le dire.

  • Hélène Dumont

    Exactement.

  • Marie

    Donc ça demande vraiment une bonne connivence relationnelle. D'ailleurs, en parlant des hommes, est-ce qu'ils ont tous un désir spontané ou est-ce qu'il y a aussi des hommes qui ont un désir responsif ?

  • Hélène Dumont

    Le désir responsif chez les hommes, il est moins fréquent, même si c'est vrai que ça arrive. On entend, on entretient des hommes qui ont un désir qui a du mal à démarrer aussi. De façon ordinaire, en tout cas, moi, c'est ce que je constate. Les hommes ont un désir plutôt spontané et sans rentrer dans les clichés, qui peut être plus fréquent. Et certaines femmes, d'ailleurs, bottent en touche en disant... En fait, ce n'est pas qu'on n'a jamais envie de faire l'amour en même temps, c'est juste qu'il a deux fois plus envie, deux fois plus souvent envie que moi. Donc forcément, ça provoque une déception une fois sur deux. En tout cas, on est en décalage une fois sur deux. Oui, du coup.

  • Marie

    Donc voilà. Alors comment faire ?

  • Hélène Dumont

    Il me semble important justement comment faire que les hommes puissent eux aussi avoir une meilleure connaissance, un meilleur discernement de leurs tensions sexuelles. Voilà ce que je dis aux hommes en entretien. Quand vous avez envie de faire l'amour, En toute franchise avec vous-même, essayez de vous demander pourquoi. cette tension sexuelle que vous ressentez ? Est-ce que c'est le résultat d'un stress, d'une tension intérieure qui est présente pour vous, pour x ou y raison ? Est-ce que c'est l'expression d'un grand désir de retrouver votre femme de façon charnelle, parce que vous l'aimez, parce que vous désirez fusionner avec elle, lui dire votre amour, etc. Alors, les hommes me répondent, les deux, les deux mon capitaine, j'entends leur réponse, distinguer la tension sexuelle du désir de rencontre, je reconnais que ce n'est pas facile, surtout que... Tension et désir, finalement, ça se tricote ensemble. On l'avait vu dans la saison 2 des podcasts sexos. Mais il y a souvent l'un des deux fils qui est prédominant. Alors c'est subtil, mais c'est intéressant d'essayer de le reconnaître. Donc à ces hommes, je demande, en attendant le prochain rendez-vous, d'interroger leur motivation sexuelle quand ils ont envie de faire l'amour, afin de mieux comprendre le fonctionnement de leur sexualité et le fonctionnement de leur désir. pour avoir une relation sexuelle.

  • Marie

    Et c'est un exercice qu'ils acceptent facilement de faire et qu'ils arrivent à faire ?

  • Hélène Dumont

    Oui, franchement, les hommes jouent facilement ce jeu-là. Ils font cet exercice d'observation avec franchise et leurs retours sont vraiment intéressants parce qu'ils parviennent effectivement à faire une différence entre les deux, donc entre tension et désir. En tous les cas, à dire que certaines envies de faire l'amour sont plutôt teintées de tension que de désir de relation. Ceux qui les encouragent eux-mêmes à réinterroger cette tension sexuelle. D'où vient-elle ? Est-ce qu'elle est le résultat d'un stress de ma journée ? Et puis comment je l'accueille finalement cette tension ? Comment je la comprends ? Donc il ne s'agit pas de la dénigrer parce que la tension c'est quand même une pulsion de vie. Et puis elle est nécessaire, elle amène aussi du peps dans la sexualité. Il est plutôt question de comprendre ce que l'on attend de la sexualité et ce qu'elle nous apporte. La sexualité détend. des stress, elle apporte du plaisir sur le plan physique, tout comme elle nourrit la relation et remplit notre réservoir affectif. Mais si un homme reconnaît que la sexualité lui permet de mieux gérer son stress, et que c'est ce stress qui l'amène à vouloir faire l'amour, cela lui permettra peut-être de s'interroger sur son hygiène de vie, sur son sommeil, sur son alimentation, ses sources de stress, et sa façon d'y remédier, ses hobbies aussi, etc.

  • Marie

    Il s'agit pour l'homme vraiment d'être honnête avec lui-même et puis de bien se connaître et puis surtout de ne pas faire porter à sa femme la responsabilité de la gestion de son stress,

  • Hélène Dumont

    en fait il y a d'autres manières de gérer son stress ça demande beaucoup de finesse et une bonne connaissance de soi pour savoir dépasser sa propre frustration sans tomber dans le chantage affectif qui franchement et je l'entends en entretien, n'est pas très viril ni excitant au lieu des femmes Non En plus, la plupart des femmes que j'accompagne sentent la différence entre une relation sexuelle teintée par la pulsion et une autre teintée par le désir de relation chez leur conjoint.

  • Marie

    Bien sûr, oui.

  • Hélène Dumont

    Donc voilà. En revanche... Quand la relation conjugale est de qualité, et j'insiste sur cette nécessaire qualité, certaines femmes sont assez accueillantes pour dire je veux bien te dire oui pour faire l'amour, même si je ne suis pas très motivée, mais je sens que c'est important pour toi aujourd'hui et je veux bien t'accueillir dans mes bras, je veux bien te recevoir en moi, mais c'est un cadeau que je t'offre, donc je ne serai peut-être pas la mente sensuelle ou hyperactive que tu voudrais, mais je peux quand même te recevoir avec amour. et avec tendresse. Donc, cette réponse demande à nouveau beaucoup de finesse pour que la femme ne se sente pas obligée, qu'elle ne soit pas dans une obligation et qu'elle se respecte dans son désir sans se forcer. Elle est vraiment dans une dimension d'accueil et de cadeau.

  • Marie

    Donc il est question, oui, là, de s'ouvrir à l'autre par amour, et non pour acheter la paix du ménage, en fait.

  • Hélène Dumont

    Oui, parce que certains hommes sont un peu lourds, pour reprendre les mots en entretien, et c'est vrai que se forcer, ça ne sert pas le lien conjugal, ça ne sert pas la relation conjugale. La femme qui est capable de s'ouvrir ainsi, de façon gratuite, quand elle n'est pas très motivée, très souvent, j'ai envie de dire même, Tout le temps, elle est en amont, profondément nourrie dans son intimité affective, relationnelle et émotionnelle.

  • Marie

    Messieurs, à bon entendeur. Une dernière question qu'on entend souvent, est-ce que les hommes ont toujours plus envie de faire l'amour que les femmes ?

  • Hélène Dumont

    Non, non, non, bien entendu, le contraire arrive. D'ailleurs, les questions sont les mêmes. C'est-à-dire que les questions qu'on se pose pour les femmes peuvent être des questions qu'on pourra poser aux hommes. Mais je reconnais que c'est moins fréquent.

  • Marie

    Pour conclure, on voit que cette synchronie du désir n'est pas toujours facile, que les différences de rythme sont là, mais qu'il est possible de s'accorder.

  • Hélène Dumont

    Oui, chacun va devoir penser à se décentrer de son propre fonctionnement pour faire un pas vers l'autre. et créer un espace de rencontre qui va évoluer toute la vie, de toute façon. Cet espace dépend, bien entendu, de la place que le couple a envie de donner à son intimité. Et là, sans hésitation, qu'elle soit relationnelle, émotionnelle ou corporelle, ou sexuelle, cette intimité doit avoir la première place.

  • Marie

    Merci beaucoup Hélène.

  • Hélène Dumont

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à vos sœurs et amis, pour qu'elles puissent en bénéficier. Vous pouvez aussi mettre une note de 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast afin que le podcast soit connu par le plus de femmes possible. Et si vous êtes branchés réseaux sociaux, rejoignez-nous sur le compte Instagram des podcasts de Familles Chrétiennes. N'hésitez pas à faire part de vos interrogations, de vos remarques et suggestions de sujets. Et à la semaine prochaine !

Description

Dans le premier épisode de la saison 3 de Sex'Oh ! Hélène Dumont parle d'une plainte qu'elle reçoit fréquemment dans son cabinet de sexothérapeute : « Nous n’avons jamais envie de faire l’amour en même temps... » Emanant de couples qui s'entendent bien par ailleurs, ce manque de synchronie dans l'intimité étonne et blesse les conjoints. Alors, à quoi est-il dû ? Hélène Dumont parle dans cet épisode des différences de rythme, mais aussi des différentes façons de ressentir et d'exprimer son désir, pour mieux accueillir son propre désir et celui de son conjoint.


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Ce podcast est réalisé par Famille Chrétienne.


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Transcription

  • Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, sexothérapeute et auteur du livre Terry Close, La sexualité au féminin, aux éditions de l'Emmanuel. Dans la troisième saison de Sexo, je continue à vous ouvrir les portes de mon cabinet pour vous partager les questions qui me sont le plus posées et les points de repère que j'offre en réponse, afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.

  • Marie

    Bonjour Hélène.

  • Hélène Dumont

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors dans cet épisode, vous allez nous parler d'une plainte relativement fréquente que vous entendez dans votre cabinet de sexothérapeute, le fameux nous n'avons jamais envie, sous-entendu de faire l'amour, en même temps

  • Hélène Dumont

    Oui, et je vais vous parler par exemple d'Anna et Ludovic. Quand ils me contactent, ils me disent que leur désir sexuel est en décalage. Donc le couple s'entend bien, mais leur sexualité est ponctuée de rendez-vous manqués.

  • Marie

    Oui, mais c'est étonnant quand on s'entend bien par ailleurs. Alors pourquoi ce manque de synchronie dans l'intimité ?

  • Hélène Dumont

    Je vais vous répondre dans cet épisode, mais en préambule, je voudrais juste souligner que ne pas avoir envie en même temps est quelque chose de tout à fait normal, de tout à fait banal. Ce sont des choses qui arrivent tant que cela ne devient pas systématique et que le couple n'en souffre pas, comme c'est le cas d'Anna et Ludovic.

  • Marie

    D'accord. À partir de quand, justement, ça devient problématique ?

  • Hélène Dumont

    Ça devient problématique quand le couple n'arrive plus à trouver de temps pour se retrouver, alors même que leur sexualité se passe bien, quand elle a lieu en tout cas. Ces rendez-vous ratés finissent par les questionner, par les frustrer, et ils se sentent en décalage permanent, et finalement ça ne leur convient pas.

  • Marie

    Oui, on comprend. Alors comment ça se fait que certains couples, dont Anaïs Ludovic, n'aient pas envie de faire l'amour en même temps ?

  • Hélène Dumont

    Nous l'avons évoqué dans un épisode de la saison 1 du podcast. En fait, le désir, ça dépend de plein de choses, de plein de facteurs, dont notre disponibilité émotionnelle, relationnelle, physique. Et cette disponibilité conditionne notre énergie et donc le désir sexuel. Et en entretien, je constate qu'il est plus facile pour de nombreuses personnes d'éprouver du désir quand elles sont plutôt en forme que le contraire.

  • Marie

    Ça paraît logique, oui. Donc, ça semble important de repérer ces moments de disponibilité, de forme.

  • Hélène Dumont

    Exactement. En tous les cas, force est de constater que cette énergie n'est pas la même selon les personnes. Autrement dit, certaines seront plutôt du matin, d'autres du soir, d'autres de l'après-midi. Et cela ne concerne pas seulement l'expression du désir sexuel. mais plus largement la répartition de l'énergie tout au long de la journée. Le désir sexuel, logiquement, aura plus de facilité à émerger dans un moment où j'ai encore de l'énergie, ou alors dans un moment où je me sens disponible. Et c'est là que les choses se compliquent, car au sein du couple, il y a de fortes chances que le rythme de l'un soit différent du rythme de l'autre.

  • Marie

    Eh oui, ça paraît logique aussi. Mais en fait, avant qu'on en parle, j'imagine que ça nécessite d'abord un travail de connaissance de soi. Sur son rythme, ses fluctuations d'énergie quotidiennes ?

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement. Je pense par exemple à une femme qui me disait, après avoir bien réfléchi à sa manière de fonctionner, elle m'avait expliqué que pour elle, faire l'amour le soir aux alentours de 21h30 lui semblait idéal. Donc c'est le fameux tunnel du 18-20h qui était passé, les enfants dormaient, elle avait dîné, elle se sentait donc disponible émotionnellement pour son conjoint. et en plus elle avait constaté qu'elle avait toujours un regain d'énergie à ce moment là en début de soirée fin de soirée plutôt 21h30 et du coup faire l'amour à ce moment là ne lui posait aucun problème

  • Marie

    Oui, et puis elle se sentait peut-être aussi libérée d'une contrainte de temps.

  • Hélène Dumont

    Oui, d'ailleurs, elle m'avait précisé que ce créneau lui permettait, c'était vraiment intéressant, de savourer ce qu'elle vivait sans avoir la sensation d'avoir un chronomètre qui tournait dans sa tête. Donc chez elle, les limites temporelles la stressaient. C'était une femme qui avait besoin de savoir, un, qu'elle avait du temps pour faire l'amour. et que deux, ce temps n'était pas conditionné par une échéance à tenir. C'est ainsi qu'elle réussissait à envisager une sexualité sans précipitation, tout en savourant à l'avance, me disait-elle, le fait de s'endormir contre son mari dans la foulée. Donc le soir, c'était parfait. pour se projeter dans une relation sexuelle.

  • Marie

    Tous les ingrédients étaient réunis pour passer un super moment. Donc là, c'était la recette magique pour cette femme. Mais alors, qu'en est-il pour les autres ?

  • Hélène Dumont

    C'est vrai que pour d'autres femmes, c'est l'inverse. Les soirs, elles ne tiennent plus debout. La priorité, c'est de dormir. Et une femme me précisait qu'en soirée, son esprit était complètement encombré par sa journée. Et elle constatait... Une indisponibilité émotionnelle, intellectuelle, relationnelle et physique. Elle était complètement encombrée. Et cette indisponibilité... et parfois directement liées à la maternité. Et ça, j'entends vraiment beaucoup en entretien. Certaines femmes me confient qu'elles ont tellement été sollicitées ou touchées par leurs enfants dans la journée ou dans la soirée qu'en fait, le soir, à 21h, elles ne peuvent plus rien donner. Impossible pour elles d'envisager une relation sexuelle. En revanche, le matin, les retrouvailles érotiques leur deviennent possibles car elles sentent que leur corps est reposé, leur esprit disponible. Donc... elles se sentent elles-mêmes plus disponibles, plus ouvertes à une relation sexuelle.

  • Marie

    Alors dans ce cas, comment s'accorder avec son conjoint qui lui est en pleine forme le soir et pas du tout le matin ou l'inverse ? Donc que préconisez-vous ?

  • Hélène Dumont

    Dans ce cas, je conseille de desserrer le zoom et en couple de prendre le temps de mettre en lumière toutes ces petites choses qui vont favoriser le désir sexuel ou au contraire le défavoriser à l'échelle de la semaine et pas seulement de la journée. Donc ces échanges permettent de réfléchir à un espace érotique commun. Donc je suggère à ces couples... de se poser ces questions, par exemple, comment fonctionne l'expression de mon désir sexuel ? Bonne connaissance de soi. Quels sont les moments de la journée ou de la semaine où j'ai le plus d'énergie ? Donc peut-être observation de son emploi du temps et puis de son fonctionnement. Puis-je me servir de ces observations pour favoriser mon désir sexuel ? et comment penser un accordage, c'est quand même le but. Et cela amène parfois des réponses surprenantes où les couples se découvrent encore et se comprennent avec plus de finesse.

  • Marie

    Vous avez un petit exemple ?

  • Hélène Dumont

    Le petit exemple qui me vient en tête et qui est régulier, c'est quand même l'exemple du télétravail. Et pourquoi ? Tout simplement parce qu'en fait, les enfants ne sont pas là. Ils sont soit chez la nounou, soit à l'école. L'intimité, le fait de travailler ensemble chez certains couples, pas chez tous les couples, mais chez certains couples, crée une proximité émotionnelle, intellectuelle, qui leur va bien et qui crée un rapprochement. Et à 14h ou à 15h, il y a de l'énergie pour se retrouver. Ce n'est pas un gros câlin, mais c'est un moment de retrouvailles légère et que les couples apprécient. En tout cas, ils en parlent.

  • Marie

    Chers employeurs, donnez-nous du télétravail.

  • Hélène Dumont

    Oui, exactement.

  • Marie

    Alors, est-ce qu'il y a une autre raison que celle de la différence de rythme ? Dans un décalage du désir sexuel chez les conjoints.

  • Hélène Dumont

    Oui, ça peut être aussi dû à une mauvaise compréhension du fonctionnement de son désir et de sa tension sexuelle. Pour rappel, le désir, c'est plutôt un élan du cœur, tandis que la tension sexuelle, c'est un élan du corps. Commençons par les femmes. Certaines d'entre elles ont l'impression de ne jamais avoir envie de faire l'amour. C'est-à-dire qu'elles ne ressentent rien, ni dans leur cœur, ni dans leur corps. Pourtant, elles aiment leur conjoint, mais elles ne ressentent rien, disent-elles. Parfois, elles ont un élan. Une tension sexuelle, mais en fait, c'est jamais le bon moment. C'est par exemple un jour à 14h quand tout le monde travaille, d'où l'intérêt du télétravail. Mais elles ont également l'impression que leur désir sexuel est franchement conditionné par leur cycle menstruel. Et elles éprouvent un pic de désir au moment de l'ovulation, puis plus rien. C'est vrai que les femmes ont une sexualité qui peut être cyclique, en tout cas qui peut vraiment fonctionner sur ce rythme-là. Donc, en définitive, elles me disent que leur désir sexuel et que leur tension sexuelle ne s'expriment jamais quand il faut. Donc, il y a vraiment cette impression d'être en décalage, même avec soi-même, quoi, en permanence. Cependant, elles me disent aussi que de façon étonnante, et là, je pense que c'est très important, quand elles font l'amour, tout se passe bien. Ah oui. Donc, ce qui est difficile, en réalité, quand on gratte un peu, finalement, c'est le démarrage. Donc, elles ont du mal à s'y mettre. parce qu'elles ne ressentent rien, elles ont du mal... en définitive, à se reconnecter à leurs sensations corporelles, mais aussi émotionnelles. Est-ce que j'ai du désir ? Qu'est-ce que je ressens ? Et souvent, ce sont des femmes dont les pensées peuvent mettre du temps à s'en aller. Donc, ce sont des femmes qui, parfois, ça tourne dans leur tête.

  • Marie

    Un peu cérébrale.

  • Hélène Dumont

    Un peu cérébrale ou facilement encombrées par leur emploi du temps, par leur to-do list, des choses comme ça. Donc, on dit que leur désir est responsif ou réactif. C'est-à-dire que c'est tout le contraire du désir spontané. Le désir spontané surgit avant même l'excitation sexuelle ou bien de façon concomitante.

  • Marie

    Le désir spontané favorise la synchronie du désir dans le couple. Et si je comprends bien, le désir responsif met un peu des bâtons dans les roues dans cette synchronie.

  • Hélène Dumont

    Oui, c'est le contraire. C'est-à-dire que le désir responsif naît avec l'éveil d'une excitation sexuelle. Donc, il faut la mettre en route pour que la femme la ressente et qu'elle ait le désir d'aller plus loin. Et du coup, ça demande quand même une bonne connaissance de soi et surtout une bonne entente conjugale. Chez ces femmes, on pourrait dire que le désir est comme une petite flamme qu'il faut éveiller. Ce qui peut les décourager, parce qu'elles se disent qu'elles ne vont peut-être pas y arriver, en fait, tout simplement. Et elles se disent, à quoi bon essayer ? J'aimerais bien, mais en fait, mon corps ne répond pas et mes pensées vont toujours m'embêter. Donc, ce fonctionnement... peut également donner à l'homme l'impression d'être toujours à l'initiative, de ne jamais sentir finalement le désir de leur femme, de ne jamais se sentir désirée même. Et pourtant... Ça, c'est important. On note que 30% des femmes seraient dans un désir responsif. Ah ouais, 30%. C'est quand même pas mal. 30% dans un désir spontané, donc c'est finalement moins que nos représentations. Et 30%, un peu des deux, dans un désir responsif et dans un désir spontané, par exemple en vacances ou quand on... en week-end,

  • Marie

    quand on n'est plus reposé,

  • Hélène Dumont

    plus disponible, sans échéance de temps.

  • Marie

    C'est hyper intéressant, je ne savais pas cette différence. Donc en fait, le désir responsif, il est loin d'être une anomalie.

  • Hélène Dumont

    Pas du tout, voilà. Mais c'est vrai qu'il ne simplifie pas la convergence du désir de la femme et de celui de l'homme. Surtout quand son désir à lui est spontané. D'où parfois la plainte on n'a jamais envie en même temps. En fait, c'est on n'a pas envie de la même façon. C'est ça. C'est un peu différent.

  • Marie

    C'est hyper intéressant. Alors, comment aider ces femmes, du coup, pour qu'elles puissent évaluer la présence de ce potentiel désir qu'elles ne soupçonnent pas et qui est pourtant là ?

  • Hélène Dumont

    Et pourtant là, oui. Ces femmes qui ont un désir responsif devront se relier aux bons souvenirs de leurs relations sexuelles pour s'encourager à faire l'amour. Car, je le rappelle, ces femmes... Une fois reconnectées à leur corps, vivent un bon temps d'intimité. Ça, c'est vraiment important à repérer. Et elles me disent aussi que ce temps les rapproche de leur conjoint. Donc, il n'y a que du bénéfice, en fait. Toute leur difficulté sera donc d'avoir un bon discernement. Ai-je envie de faire l'amour ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'essayer ou pas ? Donc ça c'est vraiment une question. Donc il s'agira pour ces femmes d'être franches avec elles-mêmes. Le désir responsif, c'est un peu comme le jogging. Parfois c'est difficile de se mettre en route, mais une fois qu'on est lancé, on est plutôt contente de courir et même plutôt contente d'avoir couru à la fin parce que ça fait du bien, parce que ça détend, etc. Le rôle de l'homme, en revanche, est important. parce qu'il devra lui aussi faire preuve de finesse. En tous les cas, une meilleure compréhension du fonctionnement du désir de sa femme lui permettra de mieux l'accompagner, d'être délicat et de s'accorder à son rythme, à elle sans la forcer.

  • Marie

    Oui, c'est assez important de le dire.

  • Hélène Dumont

    Exactement.

  • Marie

    Donc ça demande vraiment une bonne connivence relationnelle. D'ailleurs, en parlant des hommes, est-ce qu'ils ont tous un désir spontané ou est-ce qu'il y a aussi des hommes qui ont un désir responsif ?

  • Hélène Dumont

    Le désir responsif chez les hommes, il est moins fréquent, même si c'est vrai que ça arrive. On entend, on entretient des hommes qui ont un désir qui a du mal à démarrer aussi. De façon ordinaire, en tout cas, moi, c'est ce que je constate. Les hommes ont un désir plutôt spontané et sans rentrer dans les clichés, qui peut être plus fréquent. Et certaines femmes, d'ailleurs, bottent en touche en disant... En fait, ce n'est pas qu'on n'a jamais envie de faire l'amour en même temps, c'est juste qu'il a deux fois plus envie, deux fois plus souvent envie que moi. Donc forcément, ça provoque une déception une fois sur deux. En tout cas, on est en décalage une fois sur deux. Oui, du coup.

  • Marie

    Donc voilà. Alors comment faire ?

  • Hélène Dumont

    Il me semble important justement comment faire que les hommes puissent eux aussi avoir une meilleure connaissance, un meilleur discernement de leurs tensions sexuelles. Voilà ce que je dis aux hommes en entretien. Quand vous avez envie de faire l'amour, En toute franchise avec vous-même, essayez de vous demander pourquoi. cette tension sexuelle que vous ressentez ? Est-ce que c'est le résultat d'un stress, d'une tension intérieure qui est présente pour vous, pour x ou y raison ? Est-ce que c'est l'expression d'un grand désir de retrouver votre femme de façon charnelle, parce que vous l'aimez, parce que vous désirez fusionner avec elle, lui dire votre amour, etc. Alors, les hommes me répondent, les deux, les deux mon capitaine, j'entends leur réponse, distinguer la tension sexuelle du désir de rencontre, je reconnais que ce n'est pas facile, surtout que... Tension et désir, finalement, ça se tricote ensemble. On l'avait vu dans la saison 2 des podcasts sexos. Mais il y a souvent l'un des deux fils qui est prédominant. Alors c'est subtil, mais c'est intéressant d'essayer de le reconnaître. Donc à ces hommes, je demande, en attendant le prochain rendez-vous, d'interroger leur motivation sexuelle quand ils ont envie de faire l'amour, afin de mieux comprendre le fonctionnement de leur sexualité et le fonctionnement de leur désir. pour avoir une relation sexuelle.

  • Marie

    Et c'est un exercice qu'ils acceptent facilement de faire et qu'ils arrivent à faire ?

  • Hélène Dumont

    Oui, franchement, les hommes jouent facilement ce jeu-là. Ils font cet exercice d'observation avec franchise et leurs retours sont vraiment intéressants parce qu'ils parviennent effectivement à faire une différence entre les deux, donc entre tension et désir. En tous les cas, à dire que certaines envies de faire l'amour sont plutôt teintées de tension que de désir de relation. Ceux qui les encouragent eux-mêmes à réinterroger cette tension sexuelle. D'où vient-elle ? Est-ce qu'elle est le résultat d'un stress de ma journée ? Et puis comment je l'accueille finalement cette tension ? Comment je la comprends ? Donc il ne s'agit pas de la dénigrer parce que la tension c'est quand même une pulsion de vie. Et puis elle est nécessaire, elle amène aussi du peps dans la sexualité. Il est plutôt question de comprendre ce que l'on attend de la sexualité et ce qu'elle nous apporte. La sexualité détend. des stress, elle apporte du plaisir sur le plan physique, tout comme elle nourrit la relation et remplit notre réservoir affectif. Mais si un homme reconnaît que la sexualité lui permet de mieux gérer son stress, et que c'est ce stress qui l'amène à vouloir faire l'amour, cela lui permettra peut-être de s'interroger sur son hygiène de vie, sur son sommeil, sur son alimentation, ses sources de stress, et sa façon d'y remédier, ses hobbies aussi, etc.

  • Marie

    Il s'agit pour l'homme vraiment d'être honnête avec lui-même et puis de bien se connaître et puis surtout de ne pas faire porter à sa femme la responsabilité de la gestion de son stress,

  • Hélène Dumont

    en fait il y a d'autres manières de gérer son stress ça demande beaucoup de finesse et une bonne connaissance de soi pour savoir dépasser sa propre frustration sans tomber dans le chantage affectif qui franchement et je l'entends en entretien, n'est pas très viril ni excitant au lieu des femmes Non En plus, la plupart des femmes que j'accompagne sentent la différence entre une relation sexuelle teintée par la pulsion et une autre teintée par le désir de relation chez leur conjoint.

  • Marie

    Bien sûr, oui.

  • Hélène Dumont

    Donc voilà. En revanche... Quand la relation conjugale est de qualité, et j'insiste sur cette nécessaire qualité, certaines femmes sont assez accueillantes pour dire je veux bien te dire oui pour faire l'amour, même si je ne suis pas très motivée, mais je sens que c'est important pour toi aujourd'hui et je veux bien t'accueillir dans mes bras, je veux bien te recevoir en moi, mais c'est un cadeau que je t'offre, donc je ne serai peut-être pas la mente sensuelle ou hyperactive que tu voudrais, mais je peux quand même te recevoir avec amour. et avec tendresse. Donc, cette réponse demande à nouveau beaucoup de finesse pour que la femme ne se sente pas obligée, qu'elle ne soit pas dans une obligation et qu'elle se respecte dans son désir sans se forcer. Elle est vraiment dans une dimension d'accueil et de cadeau.

  • Marie

    Donc il est question, oui, là, de s'ouvrir à l'autre par amour, et non pour acheter la paix du ménage, en fait.

  • Hélène Dumont

    Oui, parce que certains hommes sont un peu lourds, pour reprendre les mots en entretien, et c'est vrai que se forcer, ça ne sert pas le lien conjugal, ça ne sert pas la relation conjugale. La femme qui est capable de s'ouvrir ainsi, de façon gratuite, quand elle n'est pas très motivée, très souvent, j'ai envie de dire même, Tout le temps, elle est en amont, profondément nourrie dans son intimité affective, relationnelle et émotionnelle.

  • Marie

    Messieurs, à bon entendeur. Une dernière question qu'on entend souvent, est-ce que les hommes ont toujours plus envie de faire l'amour que les femmes ?

  • Hélène Dumont

    Non, non, non, bien entendu, le contraire arrive. D'ailleurs, les questions sont les mêmes. C'est-à-dire que les questions qu'on se pose pour les femmes peuvent être des questions qu'on pourra poser aux hommes. Mais je reconnais que c'est moins fréquent.

  • Marie

    Pour conclure, on voit que cette synchronie du désir n'est pas toujours facile, que les différences de rythme sont là, mais qu'il est possible de s'accorder.

  • Hélène Dumont

    Oui, chacun va devoir penser à se décentrer de son propre fonctionnement pour faire un pas vers l'autre. et créer un espace de rencontre qui va évoluer toute la vie, de toute façon. Cet espace dépend, bien entendu, de la place que le couple a envie de donner à son intimité. Et là, sans hésitation, qu'elle soit relationnelle, émotionnelle ou corporelle, ou sexuelle, cette intimité doit avoir la première place.

  • Marie

    Merci beaucoup Hélène.

  • Hélène Dumont

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à vos sœurs et amis, pour qu'elles puissent en bénéficier. Vous pouvez aussi mettre une note de 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast afin que le podcast soit connu par le plus de femmes possible. Et si vous êtes branchés réseaux sociaux, rejoignez-nous sur le compte Instagram des podcasts de Familles Chrétiennes. N'hésitez pas à faire part de vos interrogations, de vos remarques et suggestions de sujets. Et à la semaine prochaine !

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