- Speaker #0
Bonjour et bienvenue à tous nos auditeurs pour cet épisode de Supercast, le podcast des études de santé. Ensemble, nous allons aller à la rencontre des acteurs et futurs acteurs du monde de la santé, en particulier recueillir leurs témoignages et conseils pour mieux appréhender les études médicales. Aujourd'hui, j'accueille mon invité Negi. étudiante en cinquième année de médecine qui a été reçue en passesse en primante en 2018. Bonjour Négui.
- Speaker #1
Salut Anto, merci de me recevoir.
- Speaker #0
Alors comment ça va ?
- Speaker #1
Ça va plutôt bien. Ouais, ouais, ça va plutôt bien. Je suis en train de préparer le concours de l'internat parce que je ne sais pas si tu es au courant mais il y a eu la réforme du deuxième cycle. Et donc je fais partie de la première promo sur le nouveau modèle et dans le nouveau modèle on a le... concours de l'internat en 6ème année, en début de 6ème année, on passe les écrits.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc en fait, moi et toute ma promo, là, on est en train de préparer le concours de l'internat, dès maintenant, en fait.
- Speaker #0
On va en profiter, est-ce que tu peux nous expliquer un peu cette réforme du deuxième cycle, qui, d'après ce qu'on m'a dit, est aussi controversée que la réforme du premier cycle ?
- Speaker #1
Alors, oui, je peux t'expliquer. Alors, sur le papier, l'idée, enfin, la philosophie de la réforme sur le papier, c'était moins de bachotage. une place plus prépondérante pour les stages et un peu essayer de baisser la quantité de connaissances à réviser pour le jour J. Dans les faits, on est la première promo, donc c'est quand même une usine à gaz pour nous, parce qu'en fait, on a eu, pour te résumer, deux ans de moins, enfin, on a un an de moins que les promos précédentes. pour ingurgiter la même masse de connaissances. On nous avait dit qu'il y aurait 30% de moins de connaissances par rapport aux années précédentes, mais finalement, on est très très loin des 30% parce qu'il y a eu beaucoup de livres de médecine qui ont été réédités, avec plus de chapitres et des connaissances qui ont explosé, puisque voilà, le principe de la médecine. Et en fait, on est très très loin des 30% parce qu'il y a une hiérarchisation des connaissances en rang A, rang B, rang C. D'accord. Nous, les rangs C sont les connaissances de sur-spécialité, donc qu'on est censé acquérir après le concours de l'internat. D'accord. Donc ça, a priori, on peut laisser tomber. Mais finalement, ce qui est rang C dans un collège se retrouve en rang B ou rang A dans un autre collège. D'accord. L'un dans l'autre, on est très très loin des 30% annoncés et on a un an de moins de révision.
- Speaker #0
Pour nos auditeurs. Au lieu de le passer en fin de sixième année, vous allez le passer en début de sixième année. Ça, c'est pour les parties pratiques, théoriques.
- Speaker #1
C'est pour l'écrit, voilà.
- Speaker #0
Et après, il y a du pratique avec des épreuves plutôt pratiques.
- Speaker #1
Voilà, alors on a ensuite une deuxième épreuve qui compte pour à peu près 30% de la note en fin de sixième année, donc au mois de fin mai, début juin, qui s'appelle les Écosses. Et donc ça, c'est des mises en situation avec un cas clinique, avec un patient acteur et un jury qui nous note. Et donc, ils font une moulinette entre les écrits du mois d'octobre et 70%. Il y a 10% de parcours personnel aussi. Donc en gros, c'est 60% d'écrits, 10% de parcours personnel, si je ne dis pas de bêtises. Et 30% d'oral. Les fameuses écosse. Exactement. Et donc, ils nous font une moulinette. Et il sort un classement en fin de sixième année.
- Speaker #0
Ces écosses dont j'ai vu, et ça m'a un peu stupéfait, qu'ils formaient des personnes à être acteurs malades, en fait.
- Speaker #1
Alors, ouais, il me semble. Après, je t'avoue que je ne maîtrise pas super bien les modalités, donc je ne vais pas dire de bêtises, mais il me semble que c'est ça l'idée, ouais. D'accord.
- Speaker #0
Bon, on va revenir un peu sur ton parcours, parce que le but de Supercast, c'est de... d'expliquer que pour faire des études de médecine on peut avoir des parcours bien différents. Toi tu es une étudiante vraiment singulière puisque tu as été l'étudiante la plus âgée à la prépa. On ne va pas dévoiler ton nom bien sûr, mais à reprendre tes études. Alors moi j'ai une sympathie particulière parce que j'ai suivi un peu ce même parcours, mais toi tu as beaucoup plus de force parce que tu étais aussi maman de deux petits. Et tu as réussi cette prouesse de valider ta première année du premier coup. On va revenir un peu là-dessus. D'abord, qu'est-ce que... Au départ, tu es ingénieur, si je ne me trompe pas. C'est ça. Et quelle a été ta motivation à te dire d'abord, tiens, j'ai envie de reprendre dans le médical ?
- Speaker #1
Alors ça, c'est une longue histoire. Mais quand j'étais en école d'ingénieur, j'avais un... petit truc qui me disait, tiens, j'aurais bien fait un métier dans le soin. C'était assez vague, mais je me voyais bien dans un métier dans le soin. Sauf que j'étais en école d'ingénieur, j'étais en train de... Je crois qu'il me restait un an et demi d'études. Ma mère n'avait pas du tout de quoi me refinancer des études, tout ça. Donc en fait, c'est resté dans un coin de ma tête. J'ai bossé en tant qu'ingénieur ensuite. J'ai passé un master de management et après, j'ai intégré une entreprise. Puis j'ai fini par passer une dizaine d'années chez Dell, à Montpellier. Et je me suis éclatée dans mon boulot d'ingénieur, d'ailleurs. Mais il y avait quand même toujours en fond cette histoire de métier dans le soin, dans une deuxième partie de carrière, si c'était possible.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Mais bon, voilà, comme tu as dit, entre-temps, j'ai eu des enfants, tout ça. Et à mon âge, en fait, le point bloquant principal, c'est le financement.
- Speaker #0
Bien sûr, oui.
- Speaker #1
Donc, c'est passé aux oubliettes, cette histoire de reconversion. Sauf qu'un jour, on va dire que j'ai eu la malchance et la chance d'avoir mon poste chez Dell supprimé. Enfin, voilà. Et c'est une longue histoire. En gros, ils ont décidé de fermer le service dans lequel je travaillais à Montpellier. Et j'avais le choix de négocier un chèque de départ ou bien de reprendre un poste en interne. Et c'est là que je me suis dit, bon, c'est le moment. Du coup, j'avais toujours un petit peu cette petite voix au fond qui me disait, tiens, un métier dans le soin, ça m'irait bien.
- Speaker #0
Tiquer là pour y aller.
- Speaker #1
Exactement. Du coup, j'ai négocié un chèque de départ et puis ils ont été assez généreux sur le chèque. D'accord. Donc, en gros, avec le chèque de Dell et... Et le chômage, je partais avec un financement de 5 ans.
- Speaker #0
Cool.
- Speaker #1
Cool, exactement. Du coup, je me suis dit, bon, allez, c'est maintenant ou jamais. Je suis vieille, mais peut-être pas trop encore. Et donc, là, j'ai pris connaissance. Enfin, ça s'est fait petit à petit, en fait. J'ai pris connaissance de la passerelle d'abord.
- Speaker #0
Oui, exact.
- Speaker #1
Donc, j'ai fait un dossier passerelle. Je l'ai fait assez sérieusement. Enfin, j'ai été faire des stages d'observation, tout ça. J'ai fait un dossier passerelle et j'ai été refusée, en fait. Je n'ai même pas été à l'oral. J'ai été refusée.
- Speaker #0
Alors on doit préciser pour les auditeurs qu'une passerelle, c'est quoi ? C'est que quand on est bac plus 5 ingénieur, on a la possibilité de candidater par un dossier pour avoir une passerelle pour entrer en deuxième année ou en troisième année des études de santé. Ça peut être médecine, ça peut être dentaire, ça peut être sage-femme, ça peut être pharma.
- Speaker #1
Exactement. Donc j'ai été refusée, je pense parce que, ça c'est ma réflexion personnelle, parce que j'avais un profil un peu difficile, dans le sens où j'étais un peu trop âgée déjà, j'avais 36 ans. Je n'avais deux enfants, je ne venais ni de la santé ni de la biologie, donc je comprends les craintes du jury. Et du coup là, devant ce refus, je me suis dit qu'est-ce que je fais ? Du coup ça a été un peu l'occasion de tester aussi ma motivation et je me suis dit je m'inscris en PACES. A l'époque c'était toujours la PACES, donc première année d'accès aux études de santé, si je ne dis pas de bêtises.
- Speaker #0
Médicine commune aux études de santé.
- Speaker #1
Voilà, exactement. Alors j'avais médecine, c'était ma préférence. Mais je me disais, tiens, kiné, ça m'irait bien aussi. J'avais aussi dans un coin de la tête, pourquoi pas infirmière. Enfin, le but, c'était d'être dans le soin. Après, médecine, ça me plaisait sur le côté... Enfin, j'avais la curiosité du corps humain, tout ça. Et puis je me disais, au moins, tu ne seras pas bloqué si tu as envie de progresser. Et donc, je m'inscris en passesse en me disant... Enfin... En n'imaginant jamais décrocher le concours, mais en me disant, si j'ai un classement pas trop mauvais, je peux représenter un dossier passerelle et...
- Speaker #0
Justifier de ma motivation.
- Speaker #1
Exactement. Mais bon, je visais le top 500, 600...
- Speaker #0
Tu dis, on va y aller, on va voir, et au bout de 3-4 mois, on verra où on en est.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Ça tombe bien, j'ai fait exactement pareil.
- Speaker #1
Ah ouais ? Mais j'étais pas au courant.
- Speaker #0
Exact.
- Speaker #1
Voilà. Donc, je m'inscris en passesse en septembre 2018 pour tenter le concours.
- Speaker #0
Ok. Ok. Tu avais bossé un peu avant ? Tu avais préparé un petit peu au PASICO ?
- Speaker #1
Alors, pendant l'été, on m'avait prêté des cours de UE3 et UE4.
- Speaker #0
Donc UE3 et UE4, on traduit, c'était physique et maths dans l'ancien concours PASES.
- Speaker #1
Exactement. Donc j'avais quand même potassé un peu pendant l'été la physique et les maths. D'accord. Parce que ce qu'il faut dire, c'est qu'à la base, je suis ingénieur matériaux, donc c'était physique, chimie. J'avais eu mon diplôme en 2005, mais derrière, je n'avais plus du tout fait de science depuis...
- Speaker #0
Depuis des années.
- Speaker #1
Depuis 13 ans, depuis des années. Je faisais essentiellement de la gestion de projets, donc j'étais plus du tout dans les sciences.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Voilà, donc il fallait que je me remette à jour.
- Speaker #0
Les échanges d'électrons entre les différentes couches et les modèles assouplis, c'était un peu plus loin.
- Speaker #1
Oui, et puis alors je savais à peine ce qu'était une cellule en rentrant en passesse.
- Speaker #0
D'accord. Voilà,
- Speaker #1
une cellule du corps humain.
- Speaker #0
Et alors comment ça s'est passé ? Donc toi tu es rentrée, de mémoire tu n'avais pas pris de prépa au départ ?
- Speaker #1
Non. Alors, non, non, pas du tout. J'avais pas pris de prépa parce que par méconnaissance, j'avais personne dans mon entourage qui était médecin. Enfin, je connaissais pas. J'ai une copine qui a fait médecine il y a 20 ans. Je ne connaissais pas trop les prépas, j'avais pas été renseignée dessus. Et donc, je m'inscris à la fac comme tout le monde, sur le site de Pharma Montpellier. Et donc, qu'est-ce qui m'a amenée à la prépa ? C'est que je connaissais Isa qui enseigne chez vous, par une copine qu'on a en commun. Donc la copine m'avait dit qu'il y avait cette prépa, ou la copine enseignait Isa. Et moi, je me retrouve en fin de semestre en grosse galère. parce que je n'arrivais pas à boucler le programme du E1. Donc, c'était la chimie. Et donc, j'ai contacté Isa en catastrophe en disant « Là, je suis en galère en chimie. Est-ce qu'il n'y a pas un prof qui travaille avec toi qui est prêt à donner des cours particuliers là-dessus ? » Et c'est là qu'elle m'a dit « C'est parfait, viens. » Il y a mon directeur, Anthony, qui fait les cours du E1.
- Speaker #0
Je suis toujours prof de chimie.
- Speaker #1
Voilà. Et donc, tu peux venir y assister. Donc, c'est un peu comme ça que j'ai atterri chez vous.
- Speaker #0
C'est vrai, je m'en souviens.
- Speaker #1
Et ça m'a franchement sauvé la vie pour la fin du premier semestre de PACES, parce que j'étais vraiment en galère sur cette matière.
- Speaker #0
C'est la fin qui correspondait aussi à la biologie moléculaire, peut-être ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui, tout à fait. Oui, oui, l'ADN,
- Speaker #0
tout ça.
- Speaker #1
Exactement. Donc, c'est comme ça que j'ai atterri chez vous et que j'ai décidé de rempiler pour le deuxième semestre ici.
- Speaker #0
Oui, après, tu es arrivé avec un départ aussi lancé parce que tu avais quand même bien bossé sur le début du semestre et tu avais... Tu avais bossé. Comment tu l'as vécu en termes de cours ? C'est quoi pour toi, pour expliquer à un étudiant ? C'est une grosse quantité de cours ?
- Speaker #1
C'est une grosse quantité de cours. Alors, comment dire ? Moi, je me disais tous les jours, j'avais un proverbe comme ça qui traînait dans ma tête, et je me disais, il faut manger l'éléphant petit bout par petit bout. Et quelque part, il ne faut pas se laisser paralyser par la quantité, parce que sinon, on dépose vite les armes.
- Speaker #0
Chaque jour, on avance un petit peu.
- Speaker #1
Exactement, c'est exactement ça. C'était ma philosophie. Je me disais, chaque jour, si j'ai compris quelque chose, si j'ai avancé sur un chapitre, c'est une petite victoire.
- Speaker #0
C'est vrai, oui.
- Speaker #1
Et donc, j'avais un peu ce leitmotiv de me dire, ne regarde pas la quantité, regarde ce que tu fais tous les jours. Et puis... Et puis en fait, moi, je pense qu'il y a quelque chose qui m'a personnellement sauvée, c'est les cours sur vidéo aussi. Parce que, bon après ça, c'est très personnel à chacun, mais moi j'ai beaucoup de mal à garder mon attention en continu et prendre des notes de qualité. Du coup, les cours en vidéo, c'était parfait parce que je pouvais mettre pause et revenir dessus pour comprendre ce que le prof raconte. Donc ça, moi personnellement, ça m'a beaucoup aidée. Et puis, malgré ce qu'on pense... Et l'image que moi j'en avais, c'est je trouve pas tellement de par cœur finalement. Et alors parce que personnellement, la mémoire, c'est pas mon fort. Et du coup, en fait, moi, dès que je comprenais un concept, ça passait en mémoire longue durée dans mon esprit. Et du coup, ça me libérait de l'espace sur le disque dur.
- Speaker #0
C'est pour ça que j'ai voulu créer la prépa, c'est que j'ai entendu tellement de gens dire il faut tout apprendre par cœur. Et à la fin, on se rend compte qu'une fois qu'on a compris, comme si on avait... enclencher quelque chose, on l'avait verrouillé, ça ne revient plus en arrière, on ne l'oublie plus.
- Speaker #1
Exactement. Moi, je fonctionne comme ça, c'est-à-dire, dès que j'ai compris un concept, ça y est, je l'ai retenu à long terme, et ça me libère de l'espace pour d'autres concepts plus... où il y a moins de compréhension, on va dire, mais je trouve quand même qu'en proportion, il y a beaucoup, beaucoup de choses à comprendre en passesse, par rapport aux parties où il n'y a que du par cœur, finalement.
- Speaker #0
Oui, parce que tout est lié.
- Speaker #1
Tout est lié, exactement. Et quand on commence à faire les liens...
- Speaker #0
Et que la compréhension est vraiment importante. Et d'ailleurs, c'est peut-être aussi pour ça que tu as eu le concours du premier coup, puisqu'avec la PACES, tes primants et doublants, et tu l'as eu directement en primant. Ce qui est quand même un exploit, on peut le dire, parce qu'avec en plus deux enfants au quotidien, avec un papa très présent aussi, je pense. Oui. Il faut aussi lui rendre l'hommage. Mais je pense que... Bon, après, moi, je le sais ce qu'on disait tout à l'heure. Je pense qu'il y a que les femmes qui peuvent faire ça avec deux enfants et passer un concours comme ça avec cette épreuve-là. Donc, félicitations, tu nous avais bluffé cette année-là.
- Speaker #1
Merci. Il y a un truc sur lequel je n'ai pas insisté, mais pour moi, c'est une réussite. collective, je m'explique, c'est-à-dire que moi toute seule, d'une part, j'aurais pas pu prendre la décision parce qu'il y avait le papa de mes enfants, et d'autre part, l'entourage joue un rôle très très très important pendant cette année-là, et l'entourage, s'il est facilitant, ça change tout. Ça change vraiment tout, et moi j'ai eu la chance d'avoir un entourage vraiment facilitant, que ce soit mon compagnon, ma mère, mes amis, ils ont été vraiment tous très présents. Et ça, je pense que ça fait vraiment la différence. Ça et aussi, pour ma part, et je pense que c'est important, c'est se détacher du résultat. C'est-à-dire qu'au fond, c'est le chemin qui est important. Et qu'il ne faut pas idéaliser ce métier, il ne faut pas idéaliser ses études. C'est un super métier, mais il y a d'autres super métiers. Et ce qui est important, c'est le chemin. Et ça, je n'ai pas arrêté de me le répéter. Et ce qui fait que le jour du concours, j'y suis allée. assez détendu finalement en me disant j'ai fait ce que j'ai pu, les dés sont jetés voilà, on va voir ce qu'on peut faire mais j'ai pas idéalisé le parcours non plus on va en parler mais c'est vrai que
- Speaker #0
On le dit souvent, et moi je le dis, la réussite, ce n'est pas une destination, c'est un trajet.
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
Et c'est vrai pour les études de médecine, mais c'est vrai pour tout projet finalement. C'est-à-dire qu'arriver à se détacher, puis moi ce que j'ai senti aussi, et c'est ce que j'explique aussi aux étudiants, c'est que finalement ça a été une année difficile. Bon, tu t'attendais à une année difficile, mais tu t'es senti bien dans cette année. C'est-à-dire que tu as trouvé une forme d'intérêt, de plaisir et on te sentait bien en cours. Quand tu venais, on te sentait à l'aise et vraiment sur ton chemin. Oui,
- Speaker #1
complètement. Après, c'est vrai que beaucoup de gens me disent, c'est incroyable à ton âge avec deux enfants, etc. Alors moi, j'ai plutôt la réflexion inverse. C'est-à-dire que je me dis, c'est admirable à 18-19 ans de s'enfermer un an, voire deux, pour passer ce concours-là. Parce qu'à 18 ans, on a tout à découvrir. pas envie de s'enfermer à 36 ans bon moi j'avais mes amis je savais que huit mois plus tard il serait encore là enfin c'est pas du tout le et puis la même perspective en fait puis on sait pourquoi on le fait aussi et j'allais dire qu'on a on
- Speaker #0
a d'autres atouts C'est-à-dire qu'on a fait d'autres études, on a des erreurs dans lesquelles on est tombé et qu'on ne va pas reproduire. C'est un peu les vertus de l'échec. Et c'est vrai qu'on a ce recul-là, donc on arrive aussi avec beaucoup plus d'intérêt. C'est aussi pour ça que je trouve que la réforme de la première année, où on dit aux étudiants, vous ne pouvez plus redoubler, vous n'avez qu'une chance pour le passé. C'est dur. C'est complètement... c'est un non-sens, parce qu'il n'y a pas d'intérêt. Et justement, parfois revenir avec deux, trois ans de recul... C'est arrivé avec beaucoup plus d'intérêt et pouvoir être plus serein dans ses études.
- Speaker #1
Complètement. Personnellement, je pense que je n'aurais jamais eu ce concours à 18 ans.
- Speaker #0
Je dis pareil.
- Speaker #1
Donc, c'est vrai que moi, je trouve ça assez admirable aussi de le décrocher à 18-19 ans.
- Speaker #0
On va un peu parler de ton parcours d'externe. Qu'est-ce que tu retiens, toi, de ces années ? Parce qu'en étant un peu plus âgé, dans les stages, comment ça s'est passé ? C'est quoi ton... ton recul, ton retour avec, j'allais dire, un recul d'ingénieur, avec des responsabilités au préalable. Comment tu vois ton nouveau costume d'étudiante en médecine ?
- Speaker #1
Alors moi, quand je suis arrivée en tant qu'externe, et même avant l'externat, on commence à faire des petits stages à l'hôpital dès la deuxième année, moi, dans mon esprit, ma posture, elle était claire, c'est-à-dire que... que quel que soit mon âge et mon parcours, j'ai tout à apprendre en médecine. Et donc, je suis là pour apprendre. Donc, je suis arrivée vraiment avec cette posture-là. Je n'attendais pas qu'on me déroule spécialement de tapis rouge parce que je suis plus âgée, etc. Alors, je viens d'une culture de travail très, très, très différente de celle du CHU. Donc, ça, c'est un peu compliqué pour moi. Parce que moi, je venais d'une culture où la hiérarchie était très courte et très peu marquée. Et là, on est dans l'ingénierie. Et puis, dans les entreprises dans lesquelles j'avais travaillé auparavant. Et puis, c'est vraiment une équipe. Chacun a son avis à donner. Chacun apporte une valeur ajoutée. Et c'est une hiérarchie, comme je disais, très courte et très peu marquée, finalement.
- Speaker #0
Plutôt horizontale.
- Speaker #1
Plutôt horizontale, merci. Je cherchais le terme. Donc là, on est sur une hiérarchie au CHU qui est très très très verticale. Ou bon, peut-être que c'est lié aux responsabilités qu'on a, je sais pas, d'avoir la santé des gens entre les mains. Je trouve que parfois ça freine un peu l'autonomie aussi, parce que le fait de devoir demander l'aval tout le temps des gens avant de faire quelque chose, c'est vrai que ça permet moins l'autonomie. Donc ça, moi, ça m'a... pas mal surprise quand même cette hiérarchie très verticale. Après, j'ai quand même découvert un milieu où il y avait de la maltraitance dans la hiérarchie à tous les niveaux. Parfois des grands chefs, parfois des internes envers les externes. Alors je modère quand même mon propos, il y a des gens qui sont super et très très très bienveillants. Mais dans le lot, il y a assez de maltraitance pour que le système soit quand même assez malade de mon point de vue. Et ça, je trouve que c'est... Moi, ça me choque encore tous les jours quand je mets les pieds à l'hôpital et que j'assiste à des scènes où les gens sont humiliés. Alors des fois, c'est des petites humiliations par-ci, par-là, mais moi, je trouve ça très choquant, en fait, parce que dans les entreprises que j'ai côtoyées avant, j'ai jamais vécu ça, en tout cas avec cette fréquence-là.
- Speaker #0
Parfois un manque de bienveillance,
- Speaker #1
quoi. Ah oui, oui, oui, parfois un manque. Très très nette de bienveillance. Donc, oui, moi, ça me surprend beaucoup, en fait, ça. Et ça, je pense que, quel que soit mon âge, je pense que j'aurai le même discours. C'est-à-dire qu'en fait, c'est une question de respect, pas mon statut. mais à ma personne, quel que soit l'âge de la personne.
- Speaker #0
C'est vrai que ce discours peut se ressentir d'autant plus quand on est plus âgé, on a plus de recul aussi pour faire la part des choses.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. C'est vrai que moi, dans mon entreprise, avant, le stagiaire, on l'accueillait, on lui payait le café, on lui payait à manger à midi, on le présentait à tout le monde. À l'hôpital, des fois, tu n'as même pas de prénom, tu es l'externe. Il est où l'externe ? Faut le savoir.
- Speaker #0
Oui, c'est un peu la même idée que le foie de la chambre 32, quoi.
- Speaker #1
C'est un peu la même idée.
- Speaker #0
Il y a un peu ça aussi, oui. Ok. Et pour la suite, après l'internat, quelles sont tes orientations dans ta pratique ?
- Speaker #1
Alors moi, le projet depuis le début, c'est médecin généraliste en ville. Et pour le moment, ça ne change pas. Donc je n'ai pas eu de déclic pour autre chose pour l'instant. Après, je veux rester à Montpellier. Et c'est vrai que dans ma situation, je ne peux pas non plus viser une autre spécialité que généraliste. Parce que ça me demanderait beaucoup plus d'investissement en termes d'heures de travail pour le concours. Donc je reste là-dessus en fait, sur la spécialité généraliste. Et a priori sur un exercice en libéral.
- Speaker #0
Et des idées après de... De spécialité, via des desks ou des diplômes spécifiques ?
- Speaker #1
Oui, il y a des sujets qui m'intéressent. Alors, ce n'est pas encore bien calé, mais j'ai vu qu'il y avait un DU, par exemple, sur les troubles envahissants du développement chez les enfants. C'est quelque chose qui m'intéresserait.
- Speaker #0
En pédiatrie ?
- Speaker #1
En pédiatrie, oui. Donc, ça, je l'ai dans un coin de la tête. Après, il y en a beaucoup, beaucoup des DU. Je ne me suis pas encore penchée dessus. Je pense que je vais m'y pencher, là, dès que l'externa sera terminée.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Négui, merci en tout cas pour cet entretien bravo encore pour ce parcours qui n'est pas terminé mais tu es sur le chemin et puis merci d'être prêté au jeu du podcast pour nos auditeurs qui voient une alternative aussi et qu'on n'est pas tous obligés de réussir notre première année du premier coup à 18 ans il y a plein de possibilités donc tu en es un exemple parfait
- Speaker #1
Je te remercie Anto. A très bientôt. A très bientôt. Bye.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Pour plus d'infos sur les études de santé, vous pouvez consulter notre site www.sub-perform.fr et en particulier notre blog dans lequel nous proposons des articles sur l'orientation, la méthode de travail, le programme et l'évolution de la réforme. D'ici là, je vous retrouve. sur le prochain épisode de Super 4, le podcast des études de santé.