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Mélissa, du rêve au cauchemar, son histoire d'amour au lycée. cover
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Survivant·e·s

Mélissa, du rêve au cauchemar, son histoire d'amour au lycée.

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24min |03/12/2024
Play
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Description

Dans cet épisode poignant de Survivant·e·s, Janine Bonaggiunta reçoit Mélissa, une jeune femme au parcours bouleversant, qui nous plonge dans son expérience traumatisante de violences psychologiques, physiques et sexuelles au sein d'une relation abusive qui aura duré 4 ans. Mélissa nous raconte comment une histoire d'amour qui semblait parfaite au départ s'est peu à peu transformée en un véritable cauchemar, empreint d'insultes, d'escroqueries et de comportements violents de la part de son ex-petit ami.


Si vous êtes victime de violences ou connaissez quelqu'un dans cette situation, vous n'êtes pas seul.e. N'hésitez pas à contacter le 3919, numéro national d'écoute pour les victimes, anonyme et gratuit ouvert 24h/24 et 7j/7.


Vous pouvez aussi trouver de l'aide sur le tchat commentonsaime.fr.


Produit par téma.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Derrière chaque dossier judiciaire, il y a une vie, une histoire. Certaines se terminent par des drames, d'autres par des renaissances. Je suis Janine Benet-Chumta et vous écoutez Survivante, là où les récits des rescapés prennent vie. Bonjour Mélissa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je souhaitais aujourd'hui... Pour toutes ces femmes qui nous écoutent, vous posez la question de savoir si vous pouvez nous rappeler votre histoire et dans quelles circonstances vous avez décidé de réagir à ce que vous subissiez.

  • Speaker #1

    C'était une relation de 4 ans qui au début était totalement idyllique, tout se passait bien. vraiment bien. Au fur et à mesure des années, mon ex conjoint était de plus en plus méchant. Il me faisait subir beaucoup de violence psychologique surtout. Il m'insultait beaucoup, me disait que j'étais qu'une moins que rien etc. Et plus ça allait dans les années, plus c'était hard dans les propos. Jusqu'au jour où j'ai décidé que c'était trop. que j'ai eu un soutien et que je me suis raccrochée à cette personne qui était ma meilleure amie et qui m'a fait sortir de ça.

  • Speaker #0

    Vous subissiez des violences psychologiques, vous aviez dit au début. De quelle nature ? C'est-à-dire que vous étiez insultée, humiliée ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer davantage en quoi consistaient ces violences ?

  • Speaker #1

    C'était beaucoup de... très psychologique dans... T'y arriveras pas, sans moi tu n'es rien, t'es qu'une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie, t'es vraiment conne, t'es vraiment débile, beaucoup de choses comme ça. C'était vraiment pour me rabaisser tout le temps. Et c'est vrai que c'était très compliqué de subir ça. Mais au final, après, j'ai fini par m'y faire, en fait, au fur et à mesure de la relation, malheureusement.

  • Speaker #0

    Vous en avez parlé à votre amie. À quel moment de ce que vous subissiez qui était plus supportable ?

  • Speaker #1

    Je l'avais invitée chez moi pour faire une soirée pyjama. Et il y avait mon ex-compagnon. Même devant elle, il m'insultait ou il me disait des propos assez méchants. Et quand elle est partie, elle m'avait renvoyé un message et elle m'avait dit Tu sais ça, c'est pas normal. Ton copain, s'il t'aime, il n'est pas censé te dire ça, te parler comme ça. Et je pense que c'est ça qui m'a... qui m'a fait aussi voir la vraie personne que j'avais en face de moi et qui m'a fait aussi me décrocher de tout ça et qui m'a fait avoir un déclic.

  • Speaker #0

    Alors le déclic, vous ne l'avez pas eu uniquement parce qu'il vous maltraitait, on va dire psychologiquement, verbalement, mais aussi parce qu'il est allé loin dans les violences sexuelles, les violences physiques, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Je sais que très souvent, au niveau des rapports sexuels, ils voulaient en avoir. Moi, je ne voulais pas. Mais si je n'allais pas dans son sens, ça n'allait pas. Je me faisais insulter. Donc forcément, je me forçais. Ce qui n'est pas la meilleure chose, parce que le corps le fait ressentir. Et le dernier truc qui m'a fait partir, ça a été un jour où il m'a frappée, il m'a violentée. Et là, je me suis dit, c'est plus possible, je ne peux plus vivre ça et c'est trop pour moi. Et ce n'est pas grave, on va se reconstruire toute seule, même si je suis vraiment toute seule. Mais on va partir parce que je ne peux pas subir tout ça.

  • Speaker #0

    À part à votre amie, vous n'en aviez... Qui a vu toute seule, d'ailleurs, et vous en avez parlé ensuite. Vous en aviez parlé à votre famille, à d'autres personnes de ce que vous viviez ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, j'avais rencontré ma meilleure amie. Je n'avais qu'elle. Il faut savoir qu'il m'a vraiment extirpée de mes amis, de ma famille, petit à petit. Pendant quatre ans, je n'ai pas vu ma famille, donc je n'avais plus contact avec personne. Il m'a vraiment mis sous cloche pour que je reste avec lui. Et ça ne lui a pas plu, justement, le fait que je trouve ma meilleure amie. Parce qu'il sentait que je commençais à partir. Et il a senti que j'allais m'en aller. Donc ça ne lui a pas plu.

  • Speaker #0

    Vous êtes allée déposer plainte facilement ou ça a été difficile pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très compliqué. C'était très compliqué parce qu'il fallait raconter mon histoire. Il fallait dire justement tout ce que j'avais vécu, tout ce qui m'avait fait faire. Et j'ai eu beaucoup de honte.

  • Speaker #0

    Vous avez envie de nous expliquer ce qui vous a fait faire justement ?

  • Speaker #1

    Un jour il est venu me voir et je travaillais en tant que vendeuse et il m'a dit écoute pour faire plus d'argent faut savoir qu'il ne travaille pas lui et il m'a dit pour faire plus d'argent j'ai trouvé une idée qui marche super bien se mettre sur onlyfan et vendre des photos de toi à caractère pornographique Je ne le voulais pas. Mais au fur et à mesure du temps, il m'en parlait de plus en plus. Et il prenait l'idée de ça gagne bien, donc tu vas pouvoir t'acheter tout ce que tu veux. Donc forcément, je voulais aussi lui faire plaisir. Et j'ai accepté, je l'ai fait, à contre-cœur. Et ça a été très compliqué, parce que... Avoir quelqu'un qui te dirige et juge tout ce que tu fais, c'est dur. C'est dur parce qu'il y a plein de gens après qui voient ces photos et ces vidéos. Et c'est compliqué pour l'image de soi.

  • Speaker #0

    Vous aviez peu d'estime de vous à l'époque ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et... Il vous faisait subir des violences économiques aussi ou pas ?

  • Speaker #1

    Ouais. À chaque fois, du coup, il m'a mis sur ces sites-là, ces plateformes. Et à chaque fois que je recevais de l'argent, il avait accès à mes comptes bancaires et il se faisait des virements récurrents. À la fin de la relation, j'ai regardé, j'ai eu un total de 39 000 euros qui sont partis sur son compte bancaire. Et au moment où je suis partie, où j'ai décidé que c'était trop et je l'ai quitté, moi je me suis retrouvée sans rien. J'avais plus un sou. Et ça a été compliqué, parce qu'il fallait repartir à zéro et que j'avais plus rien. J'avais plus d'estime de moi, j'avais plus de travail, vrai travail. Donc il a fallu repartir à zéro.

  • Speaker #0

    Vous avez trouvé la force de repartir ailleurs, pour vous éloigner de lui, pour trouver un travail. Qu'est-ce qui vous a poussé à tout ça ?

  • Speaker #1

    Je dirais ma meilleure amie, que je remercie énormément. Sans elle, je ne serais pas là. Je pense que je me suis accrochée à elle. Et elle a vraiment été là pour moi. Elle m'a accueillie à bras ouverts avec elle et sa maman. Et on a pu petit à petit faire étape par étape. C'est grâce à elle aussi que j'ai porté plainte. Je me souviens quand la police m'a appelée pour avoir son adresse pour aller l'interpeller. Je ne voulais pas parce que j'avais peur des conséquences derrière. Et c'est ma meilleure amie qui m'a poussée justement à faire les démarches, etc. À aller plus loin, à continuer dans ma lancée. Et je la remercie du fond du cœur pour tout ça.

  • Speaker #0

    Donc les démarches, vous les avez effectuées aussi grâce à elle, à cette main tendue, et vous avez un jour reçu une convocation devant le tribunal correctionnel. en tant que victime, pour que l'on puisse entendre ce que vous avez vécu. Alors, est-ce que vous pouvez nous dire comment ça s'est passé dans cette procédure ? Comment vous avez vécu toute cette procédure ?

  • Speaker #1

    Quand je vous ai rencontré, du coup, maître, déjà, je me suis sentie tout de suite comprise. C'est pour ça que je vous avais choisi. Je me suis vraiment sentie à l'écoute, entendue. Et j'ai trouvé ça hyper important. Pour moi, c'était hyper important. Derrière, on a établi une stratégie pour la convocation, pour aller au tribunal. Et ensuite, quand il y a eu l'audience, c'est vrai que c'était... C'était assez compliqué. Mais comme je sais que vous étiez là et que vous étiez un très bon soutien, une très bonne avocate, que vous m'avez super bien défendue, je dois le dire, ça m'a tout de suite soulagée.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez senti que les magistrats étaient conscients de ce que vous aviez vécu ? Est-ce que vous les avez sentis ? investi dans leur rôle et surtout dans la protection des violences faites aux femmes ?

  • Speaker #1

    Non. Pour être tout à fait honnête, non. Je n'ai pas senti qu'ils avaient eu ne serait-ce qu'une brèche de ce que j'avais vécu. Au-delà de ça, je ne suis pas la seule à vivre ça. Et je pense que, justement, être devant tant de personnes, raconter son histoire, qui est quand même relativement difficile, revoir la personne qui vous a fait du mal, c'est très compliqué. Et se sentir... Je peux pas dire pas écoutée, mais... L'audience, pour moi, je me suis pas sentie... vraiment écoutée par les magistrats. Je n'ai pas eu cette sensation.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été difficile de revoir l'auteur de ces violences ? Pour vous, est-ce que ça a été compliqué ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que j'ai vécu quand même plusieurs années avec lui, que je l'ai aimé. Et de savoir que... Enfin, de le voir et de voir qu'il... Je sais pas. Je sais pas comment dire. Il était normal, comme si rien s'était passé.

  • Speaker #0

    Et dans le déni aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et je me suis dit, waouh ! C'est ouf quand même.

  • Speaker #0

    Ça vous a guéri d'aller jusqu'au bout de la procédure ? Oui,

  • Speaker #1

    j'en ai eu besoin. Je savais que passer devant le magistrat, etc., ça allait être difficile. Je crois que je n'ai jamais eu autant de stress de toute ma vie. Mais au-delà de ça, j'ai pu passer à autre chose après. J'ai pu me dire que ça s'était passé et que je pouvais enfin tourner la page sur l'histoire. Parce que sans être passée devant le juge, j'y pensais tout le temps, tous les jours. Et j'étais jamais bien, je pleurais très souvent. Et à partir du moment où je suis passée devant le juge, j'ai enfin tourné la page. Ça m'a fait du bien. Même si ce n'était pas vraiment ce que j'attendais au jugement. Après, je ne m'attendais pas forcément non plus à quelque chose. Mais ça m'a permis... ou à être passée vraiment à autre chose, et de tourner la page.

  • Speaker #0

    L'auteur a été condamné à une peine qui vous a semblé bien sûr très minorée par rapport à ce que vous avez subi. Aujourd'hui, vous êtes en partie guérie, vous avez eu la chance d'avoir vos parents qui étaient présents à l'audience, qui vous ont soutenus, ce qui n'est pas le cas de toutes les femmes qui subissent des violences. Quels sont vos rapports avec eux ? Est-ce que ça a apaisé les choses ? Est-ce que vous êtes beaucoup plus proche d'eux ?

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai retrouvé mes parents fin d'année dernière. Ça n'a jamais été aussi bien. Je m'entends super bien avec mes parents. Et j'ai quand même perdu 4 ans de ma vie sans eux. J'ai grandi une grande partie sans eux. Donc ça m'a aussi construite, il faut dire ça. Ça m'a forgée. Maintenant, avec mes parents, ça se passe super bien. Je suis hyper proche comme avant, comme si il ne s'était rien passé.

  • Speaker #0

    Vous avez eu besoin d'un suivi psychologique ou non ?

  • Speaker #1

    J'y ai eu besoin, mais au jugement, on ne me l'a pas accordé. Et ça, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'on ne vous a pas accordé suffisamment de dommages d'intérêt vous permettant d'avoir ce suivi parce que ça a un coût et qu'aujourd'hui, les victimes ne sont pas prises en charge après le jugement et pendant le jugement, en tous les cas, pendant la procédure. Et ça, ça vous semble regrettable ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que c'est que mon avis, mais je me dis comment un juge peut, sans se dire que cette personne, cette victime, n'a pas besoin de voir un psychologue après tout ce qu'elle a vécu. C'est très compliqué. C'est compliqué de se reconstruire. Parce que tu fais plus confiance aux gens, t'as peur des hommes. Aujourd'hui, j'ai très peur des hommes. Et c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez pu faire de nouvelles rencontres. Vous sortez, vous avez une vie sociale. Oui,

  • Speaker #1

    je vois ma meilleure amie. J'ai aussi mon copain, aujourd'hui, qui est totalement différent. Ça se passe super bien et j'en suis très contente. C'est totalement différent de la relation que j'avais. Donc forcément, j'ai toujours un peu peur. Je me dis, c'est peut-être idyllique, comme au tout début avec mon ex-compagnon. On ne sait jamais. Ça fait toujours un peu peur.

  • Speaker #0

    Vous êtes sur vos gardes.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais je me suis promis à moi-même que je me passais en priorité.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, avec le recul, si on vous demandait de décrire le caractère de votre ex-compagnon, vous diriez... Quels sont les traits principaux qui surgissent en vous quand vous pensez à lui ?

  • Speaker #1

    Manipulateur.

  • Speaker #0

    Manipulateur.

  • Speaker #1

    Très manipulateur.

  • Speaker #0

    De quelle manière, alors ? De quelle manière il était manipulateur dans la vie de tous les jours avec vous ?

  • Speaker #1

    Bah, si je fais pas ça, il va me quitter. Si je suis pas dans son sens, ça va pas et je suis qu'une débile. C'était vraiment très axé sur le psychologique. Et très... Ouais, si tu fais pas ça pour moi alors que t'es censée m'aimer, bah moi je vais partir, je vais aller voir ailleurs. Parce que moi je sors dans la rue et y'a toutes les filles qui sont à mes pieds. Et toi, bah t'as plus personne, donc... T'as rien sans moi.

  • Speaker #0

    Il vous rabaissait pour mieux exister et pour mettre en avant que lui n'a pas besoin de vous, mais vous, oui.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il vous a fait du chantage aussi ? Si tu me quittes, je me suicide ? Oui, aussi. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ça arrivait maintes et maintes fois. Il me disait ça. Donc forcément... T'aimes quand même la personne, donc tu restes à contre-cœur.

  • Speaker #0

    Car plusieurs fois, vous avez eu envie de partir ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs fois. Mes anciennes copines du collège me disaient très souvent que c'était pas normal. Qu'ils réagissaient d'une certaine manière qui n'était pas comme on devrait réagir. Et même mes parents. Avant que je ne voyais plus mes parents. Plusieurs fois, ils m'ont dit qu'il n'était pas bon pour moi, qu'il fallait le quitter parce que j'avais totalement changé. Mes copines aussi, lors de leur témoignage justement pour le jugement, avaient dit que j'étais une personne très extravertie, très joyeuse, etc. Et à partir du moment où j'étais avec lui... J'ai changé du tout, tout, tout. Je suis devenue une autre personne. Et j'étais plus du tout pareille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est emparé de votre énergie, de votre choix de vivre. Et vous êtes devenue triste.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et surtout, très soumise à ce qu'il vous demandait de faire ou de dire. vis-à-vis de lui, vis-à-vis des autres. Donc il vous avait complètement isolée.

  • Speaker #1

    Oui, c'était son but. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il voulait vraiment me mettre sous cloche, m'avoir avec lui, me garder.

  • Speaker #0

    Vous aviez quelquefois peur de lui ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça arrivait que des fois, il me donnait des petites claques. S'il était petit... Mais j'y prédais pas forcément attention. Mais c'est vrai que ça me faisait peur. Surtout qu'une fois, il s'est ramené avec un glock et qu'il me l'avait posé sur la tête. Donc ouais, c'est pas fort agréable. Donc à partir de ce moment-là, j'ai eu quand même pas mal peur. Sachant qu'il s'amusait à tirer dans la maison.

  • Speaker #0

    Il montrait effectivement sa puissance aussi de cette manière.

  • Speaker #1

    Oui, je pense.

  • Speaker #0

    Il dépendait de vous quelque part, puisque grâce à vous, il vivait confortablement. Il ne travaillait pas, ce que vous nous avez dit. Et malgré tout, vous n'aviez pas le déclic à ce moment-là, en disant que c'est grâce à vous, s'il avait cette vie, c'est grâce à vous, s'il... S'il était réjoui un petit peu de la situation, non, vous pensiez que c'était justement grâce à lui que vous viviez comme vous entendiez vivre.

  • Speaker #1

    Oui, il me le faisait voir comme ça. Et il me disait qu'on avait des projets, qu'on allait voyager avec cet argent, qu'on allait tout faire, que j'allais pouvoir m'acheter tout ce que je voulais. Vous avez été mariés,

  • Speaker #0

    que vous allez avoir des enfants,

  • Speaker #1

    non ? Ouais, aussi. Donc, ouais, on voyait notre avenir ensemble. L'argent, pour moi, je le laissais gérer. Parce qu'il me disait, moi, je gère mieux l'argent. Prenez cette excuse. Et au final, moi, cet argent, j'en ai jamais vu la couleur. J'ai jamais pu me faire plaisir comme il m'avait promis.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez une relation plus normale. Qu'est-ce que vous diriez justement à une meilleure amie qui se confie à vous comme vous vous êtes confiée vous à une de vos amies ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça va aller et qu'on s'en sort. Au final, on s'en sort et qu'il y a toujours meilleur à côté, il y aura toujours meilleur après. Que je suis passée par là et que quand on est dans la relation et qu'on aime la personne, on se dit que la quitter, ça nous fera le plus de mal possible, qu'on s'en remettra jamais. Et Dieu merci, on s'en remet. On s'en remet même mieux que ce qu'on pense. J'ai jamais été autant heureuse de ma vie à aujourd'hui. Si je n'avais pas pris cette décision, franchement, je ne sais pas où je serais aujourd'hui, mais je n'en serais absolument pas là. Et malgré le fait que ça a été difficile, ça a été une année hyper compliquée, on s'en sort. On s'en sort. Ça prend du temps, il y a des séquelles, mais on s'en sort. Parce que je dirais qu'on est plus forte que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Merci. Merci de me faire confiance, de vous livrer.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mélissa

    00:06

  • L'histoire de Mélissa : une relation idyllique qui tourne mal

    00:27

  • Les violences psychologiques et leur impact

    01:39

  • Le déclic pour quitter une relation abusive

    03:45

  • Le processus de porter plainte

    04:49

  • Les pressions et manipulations financières

    06:04

  • Le soutien de la meilleure amie et la reconstruction

    08:26

  • L'expérience au tribunal

    10:09

  • Les leçons tirées et la reconstruction personnelle

    13:30

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Dans cet épisode poignant de Survivant·e·s, Janine Bonaggiunta reçoit Mélissa, une jeune femme au parcours bouleversant, qui nous plonge dans son expérience traumatisante de violences psychologiques, physiques et sexuelles au sein d'une relation abusive qui aura duré 4 ans. Mélissa nous raconte comment une histoire d'amour qui semblait parfaite au départ s'est peu à peu transformée en un véritable cauchemar, empreint d'insultes, d'escroqueries et de comportements violents de la part de son ex-petit ami.


Si vous êtes victime de violences ou connaissez quelqu'un dans cette situation, vous n'êtes pas seul.e. N'hésitez pas à contacter le 3919, numéro national d'écoute pour les victimes, anonyme et gratuit ouvert 24h/24 et 7j/7.


Vous pouvez aussi trouver de l'aide sur le tchat commentonsaime.fr.


Produit par téma.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Derrière chaque dossier judiciaire, il y a une vie, une histoire. Certaines se terminent par des drames, d'autres par des renaissances. Je suis Janine Benet-Chumta et vous écoutez Survivante, là où les récits des rescapés prennent vie. Bonjour Mélissa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je souhaitais aujourd'hui... Pour toutes ces femmes qui nous écoutent, vous posez la question de savoir si vous pouvez nous rappeler votre histoire et dans quelles circonstances vous avez décidé de réagir à ce que vous subissiez.

  • Speaker #1

    C'était une relation de 4 ans qui au début était totalement idyllique, tout se passait bien. vraiment bien. Au fur et à mesure des années, mon ex conjoint était de plus en plus méchant. Il me faisait subir beaucoup de violence psychologique surtout. Il m'insultait beaucoup, me disait que j'étais qu'une moins que rien etc. Et plus ça allait dans les années, plus c'était hard dans les propos. Jusqu'au jour où j'ai décidé que c'était trop. que j'ai eu un soutien et que je me suis raccrochée à cette personne qui était ma meilleure amie et qui m'a fait sortir de ça.

  • Speaker #0

    Vous subissiez des violences psychologiques, vous aviez dit au début. De quelle nature ? C'est-à-dire que vous étiez insultée, humiliée ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer davantage en quoi consistaient ces violences ?

  • Speaker #1

    C'était beaucoup de... très psychologique dans... T'y arriveras pas, sans moi tu n'es rien, t'es qu'une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie, t'es vraiment conne, t'es vraiment débile, beaucoup de choses comme ça. C'était vraiment pour me rabaisser tout le temps. Et c'est vrai que c'était très compliqué de subir ça. Mais au final, après, j'ai fini par m'y faire, en fait, au fur et à mesure de la relation, malheureusement.

  • Speaker #0

    Vous en avez parlé à votre amie. À quel moment de ce que vous subissiez qui était plus supportable ?

  • Speaker #1

    Je l'avais invitée chez moi pour faire une soirée pyjama. Et il y avait mon ex-compagnon. Même devant elle, il m'insultait ou il me disait des propos assez méchants. Et quand elle est partie, elle m'avait renvoyé un message et elle m'avait dit Tu sais ça, c'est pas normal. Ton copain, s'il t'aime, il n'est pas censé te dire ça, te parler comme ça. Et je pense que c'est ça qui m'a... qui m'a fait aussi voir la vraie personne que j'avais en face de moi et qui m'a fait aussi me décrocher de tout ça et qui m'a fait avoir un déclic.

  • Speaker #0

    Alors le déclic, vous ne l'avez pas eu uniquement parce qu'il vous maltraitait, on va dire psychologiquement, verbalement, mais aussi parce qu'il est allé loin dans les violences sexuelles, les violences physiques, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Je sais que très souvent, au niveau des rapports sexuels, ils voulaient en avoir. Moi, je ne voulais pas. Mais si je n'allais pas dans son sens, ça n'allait pas. Je me faisais insulter. Donc forcément, je me forçais. Ce qui n'est pas la meilleure chose, parce que le corps le fait ressentir. Et le dernier truc qui m'a fait partir, ça a été un jour où il m'a frappée, il m'a violentée. Et là, je me suis dit, c'est plus possible, je ne peux plus vivre ça et c'est trop pour moi. Et ce n'est pas grave, on va se reconstruire toute seule, même si je suis vraiment toute seule. Mais on va partir parce que je ne peux pas subir tout ça.

  • Speaker #0

    À part à votre amie, vous n'en aviez... Qui a vu toute seule, d'ailleurs, et vous en avez parlé ensuite. Vous en aviez parlé à votre famille, à d'autres personnes de ce que vous viviez ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, j'avais rencontré ma meilleure amie. Je n'avais qu'elle. Il faut savoir qu'il m'a vraiment extirpée de mes amis, de ma famille, petit à petit. Pendant quatre ans, je n'ai pas vu ma famille, donc je n'avais plus contact avec personne. Il m'a vraiment mis sous cloche pour que je reste avec lui. Et ça ne lui a pas plu, justement, le fait que je trouve ma meilleure amie. Parce qu'il sentait que je commençais à partir. Et il a senti que j'allais m'en aller. Donc ça ne lui a pas plu.

  • Speaker #0

    Vous êtes allée déposer plainte facilement ou ça a été difficile pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très compliqué. C'était très compliqué parce qu'il fallait raconter mon histoire. Il fallait dire justement tout ce que j'avais vécu, tout ce qui m'avait fait faire. Et j'ai eu beaucoup de honte.

  • Speaker #0

    Vous avez envie de nous expliquer ce qui vous a fait faire justement ?

  • Speaker #1

    Un jour il est venu me voir et je travaillais en tant que vendeuse et il m'a dit écoute pour faire plus d'argent faut savoir qu'il ne travaille pas lui et il m'a dit pour faire plus d'argent j'ai trouvé une idée qui marche super bien se mettre sur onlyfan et vendre des photos de toi à caractère pornographique Je ne le voulais pas. Mais au fur et à mesure du temps, il m'en parlait de plus en plus. Et il prenait l'idée de ça gagne bien, donc tu vas pouvoir t'acheter tout ce que tu veux. Donc forcément, je voulais aussi lui faire plaisir. Et j'ai accepté, je l'ai fait, à contre-cœur. Et ça a été très compliqué, parce que... Avoir quelqu'un qui te dirige et juge tout ce que tu fais, c'est dur. C'est dur parce qu'il y a plein de gens après qui voient ces photos et ces vidéos. Et c'est compliqué pour l'image de soi.

  • Speaker #0

    Vous aviez peu d'estime de vous à l'époque ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et... Il vous faisait subir des violences économiques aussi ou pas ?

  • Speaker #1

    Ouais. À chaque fois, du coup, il m'a mis sur ces sites-là, ces plateformes. Et à chaque fois que je recevais de l'argent, il avait accès à mes comptes bancaires et il se faisait des virements récurrents. À la fin de la relation, j'ai regardé, j'ai eu un total de 39 000 euros qui sont partis sur son compte bancaire. Et au moment où je suis partie, où j'ai décidé que c'était trop et je l'ai quitté, moi je me suis retrouvée sans rien. J'avais plus un sou. Et ça a été compliqué, parce qu'il fallait repartir à zéro et que j'avais plus rien. J'avais plus d'estime de moi, j'avais plus de travail, vrai travail. Donc il a fallu repartir à zéro.

  • Speaker #0

    Vous avez trouvé la force de repartir ailleurs, pour vous éloigner de lui, pour trouver un travail. Qu'est-ce qui vous a poussé à tout ça ?

  • Speaker #1

    Je dirais ma meilleure amie, que je remercie énormément. Sans elle, je ne serais pas là. Je pense que je me suis accrochée à elle. Et elle a vraiment été là pour moi. Elle m'a accueillie à bras ouverts avec elle et sa maman. Et on a pu petit à petit faire étape par étape. C'est grâce à elle aussi que j'ai porté plainte. Je me souviens quand la police m'a appelée pour avoir son adresse pour aller l'interpeller. Je ne voulais pas parce que j'avais peur des conséquences derrière. Et c'est ma meilleure amie qui m'a poussée justement à faire les démarches, etc. À aller plus loin, à continuer dans ma lancée. Et je la remercie du fond du cœur pour tout ça.

  • Speaker #0

    Donc les démarches, vous les avez effectuées aussi grâce à elle, à cette main tendue, et vous avez un jour reçu une convocation devant le tribunal correctionnel. en tant que victime, pour que l'on puisse entendre ce que vous avez vécu. Alors, est-ce que vous pouvez nous dire comment ça s'est passé dans cette procédure ? Comment vous avez vécu toute cette procédure ?

  • Speaker #1

    Quand je vous ai rencontré, du coup, maître, déjà, je me suis sentie tout de suite comprise. C'est pour ça que je vous avais choisi. Je me suis vraiment sentie à l'écoute, entendue. Et j'ai trouvé ça hyper important. Pour moi, c'était hyper important. Derrière, on a établi une stratégie pour la convocation, pour aller au tribunal. Et ensuite, quand il y a eu l'audience, c'est vrai que c'était... C'était assez compliqué. Mais comme je sais que vous étiez là et que vous étiez un très bon soutien, une très bonne avocate, que vous m'avez super bien défendue, je dois le dire, ça m'a tout de suite soulagée.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez senti que les magistrats étaient conscients de ce que vous aviez vécu ? Est-ce que vous les avez sentis ? investi dans leur rôle et surtout dans la protection des violences faites aux femmes ?

  • Speaker #1

    Non. Pour être tout à fait honnête, non. Je n'ai pas senti qu'ils avaient eu ne serait-ce qu'une brèche de ce que j'avais vécu. Au-delà de ça, je ne suis pas la seule à vivre ça. Et je pense que, justement, être devant tant de personnes, raconter son histoire, qui est quand même relativement difficile, revoir la personne qui vous a fait du mal, c'est très compliqué. Et se sentir... Je peux pas dire pas écoutée, mais... L'audience, pour moi, je me suis pas sentie... vraiment écoutée par les magistrats. Je n'ai pas eu cette sensation.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été difficile de revoir l'auteur de ces violences ? Pour vous, est-ce que ça a été compliqué ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que j'ai vécu quand même plusieurs années avec lui, que je l'ai aimé. Et de savoir que... Enfin, de le voir et de voir qu'il... Je sais pas. Je sais pas comment dire. Il était normal, comme si rien s'était passé.

  • Speaker #0

    Et dans le déni aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et je me suis dit, waouh ! C'est ouf quand même.

  • Speaker #0

    Ça vous a guéri d'aller jusqu'au bout de la procédure ? Oui,

  • Speaker #1

    j'en ai eu besoin. Je savais que passer devant le magistrat, etc., ça allait être difficile. Je crois que je n'ai jamais eu autant de stress de toute ma vie. Mais au-delà de ça, j'ai pu passer à autre chose après. J'ai pu me dire que ça s'était passé et que je pouvais enfin tourner la page sur l'histoire. Parce que sans être passée devant le juge, j'y pensais tout le temps, tous les jours. Et j'étais jamais bien, je pleurais très souvent. Et à partir du moment où je suis passée devant le juge, j'ai enfin tourné la page. Ça m'a fait du bien. Même si ce n'était pas vraiment ce que j'attendais au jugement. Après, je ne m'attendais pas forcément non plus à quelque chose. Mais ça m'a permis... ou à être passée vraiment à autre chose, et de tourner la page.

  • Speaker #0

    L'auteur a été condamné à une peine qui vous a semblé bien sûr très minorée par rapport à ce que vous avez subi. Aujourd'hui, vous êtes en partie guérie, vous avez eu la chance d'avoir vos parents qui étaient présents à l'audience, qui vous ont soutenus, ce qui n'est pas le cas de toutes les femmes qui subissent des violences. Quels sont vos rapports avec eux ? Est-ce que ça a apaisé les choses ? Est-ce que vous êtes beaucoup plus proche d'eux ?

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai retrouvé mes parents fin d'année dernière. Ça n'a jamais été aussi bien. Je m'entends super bien avec mes parents. Et j'ai quand même perdu 4 ans de ma vie sans eux. J'ai grandi une grande partie sans eux. Donc ça m'a aussi construite, il faut dire ça. Ça m'a forgée. Maintenant, avec mes parents, ça se passe super bien. Je suis hyper proche comme avant, comme si il ne s'était rien passé.

  • Speaker #0

    Vous avez eu besoin d'un suivi psychologique ou non ?

  • Speaker #1

    J'y ai eu besoin, mais au jugement, on ne me l'a pas accordé. Et ça, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'on ne vous a pas accordé suffisamment de dommages d'intérêt vous permettant d'avoir ce suivi parce que ça a un coût et qu'aujourd'hui, les victimes ne sont pas prises en charge après le jugement et pendant le jugement, en tous les cas, pendant la procédure. Et ça, ça vous semble regrettable ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que c'est que mon avis, mais je me dis comment un juge peut, sans se dire que cette personne, cette victime, n'a pas besoin de voir un psychologue après tout ce qu'elle a vécu. C'est très compliqué. C'est compliqué de se reconstruire. Parce que tu fais plus confiance aux gens, t'as peur des hommes. Aujourd'hui, j'ai très peur des hommes. Et c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez pu faire de nouvelles rencontres. Vous sortez, vous avez une vie sociale. Oui,

  • Speaker #1

    je vois ma meilleure amie. J'ai aussi mon copain, aujourd'hui, qui est totalement différent. Ça se passe super bien et j'en suis très contente. C'est totalement différent de la relation que j'avais. Donc forcément, j'ai toujours un peu peur. Je me dis, c'est peut-être idyllique, comme au tout début avec mon ex-compagnon. On ne sait jamais. Ça fait toujours un peu peur.

  • Speaker #0

    Vous êtes sur vos gardes.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais je me suis promis à moi-même que je me passais en priorité.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, avec le recul, si on vous demandait de décrire le caractère de votre ex-compagnon, vous diriez... Quels sont les traits principaux qui surgissent en vous quand vous pensez à lui ?

  • Speaker #1

    Manipulateur.

  • Speaker #0

    Manipulateur.

  • Speaker #1

    Très manipulateur.

  • Speaker #0

    De quelle manière, alors ? De quelle manière il était manipulateur dans la vie de tous les jours avec vous ?

  • Speaker #1

    Bah, si je fais pas ça, il va me quitter. Si je suis pas dans son sens, ça va pas et je suis qu'une débile. C'était vraiment très axé sur le psychologique. Et très... Ouais, si tu fais pas ça pour moi alors que t'es censée m'aimer, bah moi je vais partir, je vais aller voir ailleurs. Parce que moi je sors dans la rue et y'a toutes les filles qui sont à mes pieds. Et toi, bah t'as plus personne, donc... T'as rien sans moi.

  • Speaker #0

    Il vous rabaissait pour mieux exister et pour mettre en avant que lui n'a pas besoin de vous, mais vous, oui.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il vous a fait du chantage aussi ? Si tu me quittes, je me suicide ? Oui, aussi. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ça arrivait maintes et maintes fois. Il me disait ça. Donc forcément... T'aimes quand même la personne, donc tu restes à contre-cœur.

  • Speaker #0

    Car plusieurs fois, vous avez eu envie de partir ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs fois. Mes anciennes copines du collège me disaient très souvent que c'était pas normal. Qu'ils réagissaient d'une certaine manière qui n'était pas comme on devrait réagir. Et même mes parents. Avant que je ne voyais plus mes parents. Plusieurs fois, ils m'ont dit qu'il n'était pas bon pour moi, qu'il fallait le quitter parce que j'avais totalement changé. Mes copines aussi, lors de leur témoignage justement pour le jugement, avaient dit que j'étais une personne très extravertie, très joyeuse, etc. Et à partir du moment où j'étais avec lui... J'ai changé du tout, tout, tout. Je suis devenue une autre personne. Et j'étais plus du tout pareille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est emparé de votre énergie, de votre choix de vivre. Et vous êtes devenue triste.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et surtout, très soumise à ce qu'il vous demandait de faire ou de dire. vis-à-vis de lui, vis-à-vis des autres. Donc il vous avait complètement isolée.

  • Speaker #1

    Oui, c'était son but. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il voulait vraiment me mettre sous cloche, m'avoir avec lui, me garder.

  • Speaker #0

    Vous aviez quelquefois peur de lui ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça arrivait que des fois, il me donnait des petites claques. S'il était petit... Mais j'y prédais pas forcément attention. Mais c'est vrai que ça me faisait peur. Surtout qu'une fois, il s'est ramené avec un glock et qu'il me l'avait posé sur la tête. Donc ouais, c'est pas fort agréable. Donc à partir de ce moment-là, j'ai eu quand même pas mal peur. Sachant qu'il s'amusait à tirer dans la maison.

  • Speaker #0

    Il montrait effectivement sa puissance aussi de cette manière.

  • Speaker #1

    Oui, je pense.

  • Speaker #0

    Il dépendait de vous quelque part, puisque grâce à vous, il vivait confortablement. Il ne travaillait pas, ce que vous nous avez dit. Et malgré tout, vous n'aviez pas le déclic à ce moment-là, en disant que c'est grâce à vous, s'il avait cette vie, c'est grâce à vous, s'il... S'il était réjoui un petit peu de la situation, non, vous pensiez que c'était justement grâce à lui que vous viviez comme vous entendiez vivre.

  • Speaker #1

    Oui, il me le faisait voir comme ça. Et il me disait qu'on avait des projets, qu'on allait voyager avec cet argent, qu'on allait tout faire, que j'allais pouvoir m'acheter tout ce que je voulais. Vous avez été mariés,

  • Speaker #0

    que vous allez avoir des enfants,

  • Speaker #1

    non ? Ouais, aussi. Donc, ouais, on voyait notre avenir ensemble. L'argent, pour moi, je le laissais gérer. Parce qu'il me disait, moi, je gère mieux l'argent. Prenez cette excuse. Et au final, moi, cet argent, j'en ai jamais vu la couleur. J'ai jamais pu me faire plaisir comme il m'avait promis.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez une relation plus normale. Qu'est-ce que vous diriez justement à une meilleure amie qui se confie à vous comme vous vous êtes confiée vous à une de vos amies ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça va aller et qu'on s'en sort. Au final, on s'en sort et qu'il y a toujours meilleur à côté, il y aura toujours meilleur après. Que je suis passée par là et que quand on est dans la relation et qu'on aime la personne, on se dit que la quitter, ça nous fera le plus de mal possible, qu'on s'en remettra jamais. Et Dieu merci, on s'en remet. On s'en remet même mieux que ce qu'on pense. J'ai jamais été autant heureuse de ma vie à aujourd'hui. Si je n'avais pas pris cette décision, franchement, je ne sais pas où je serais aujourd'hui, mais je n'en serais absolument pas là. Et malgré le fait que ça a été difficile, ça a été une année hyper compliquée, on s'en sort. On s'en sort. Ça prend du temps, il y a des séquelles, mais on s'en sort. Parce que je dirais qu'on est plus forte que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Merci. Merci de me faire confiance, de vous livrer.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mélissa

    00:06

  • L'histoire de Mélissa : une relation idyllique qui tourne mal

    00:27

  • Les violences psychologiques et leur impact

    01:39

  • Le déclic pour quitter une relation abusive

    03:45

  • Le processus de porter plainte

    04:49

  • Les pressions et manipulations financières

    06:04

  • Le soutien de la meilleure amie et la reconstruction

    08:26

  • L'expérience au tribunal

    10:09

  • Les leçons tirées et la reconstruction personnelle

    13:30

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Description

Dans cet épisode poignant de Survivant·e·s, Janine Bonaggiunta reçoit Mélissa, une jeune femme au parcours bouleversant, qui nous plonge dans son expérience traumatisante de violences psychologiques, physiques et sexuelles au sein d'une relation abusive qui aura duré 4 ans. Mélissa nous raconte comment une histoire d'amour qui semblait parfaite au départ s'est peu à peu transformée en un véritable cauchemar, empreint d'insultes, d'escroqueries et de comportements violents de la part de son ex-petit ami.


Si vous êtes victime de violences ou connaissez quelqu'un dans cette situation, vous n'êtes pas seul.e. N'hésitez pas à contacter le 3919, numéro national d'écoute pour les victimes, anonyme et gratuit ouvert 24h/24 et 7j/7.


Vous pouvez aussi trouver de l'aide sur le tchat commentonsaime.fr.


Produit par téma.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Derrière chaque dossier judiciaire, il y a une vie, une histoire. Certaines se terminent par des drames, d'autres par des renaissances. Je suis Janine Benet-Chumta et vous écoutez Survivante, là où les récits des rescapés prennent vie. Bonjour Mélissa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je souhaitais aujourd'hui... Pour toutes ces femmes qui nous écoutent, vous posez la question de savoir si vous pouvez nous rappeler votre histoire et dans quelles circonstances vous avez décidé de réagir à ce que vous subissiez.

  • Speaker #1

    C'était une relation de 4 ans qui au début était totalement idyllique, tout se passait bien. vraiment bien. Au fur et à mesure des années, mon ex conjoint était de plus en plus méchant. Il me faisait subir beaucoup de violence psychologique surtout. Il m'insultait beaucoup, me disait que j'étais qu'une moins que rien etc. Et plus ça allait dans les années, plus c'était hard dans les propos. Jusqu'au jour où j'ai décidé que c'était trop. que j'ai eu un soutien et que je me suis raccrochée à cette personne qui était ma meilleure amie et qui m'a fait sortir de ça.

  • Speaker #0

    Vous subissiez des violences psychologiques, vous aviez dit au début. De quelle nature ? C'est-à-dire que vous étiez insultée, humiliée ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer davantage en quoi consistaient ces violences ?

  • Speaker #1

    C'était beaucoup de... très psychologique dans... T'y arriveras pas, sans moi tu n'es rien, t'es qu'une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie, t'es vraiment conne, t'es vraiment débile, beaucoup de choses comme ça. C'était vraiment pour me rabaisser tout le temps. Et c'est vrai que c'était très compliqué de subir ça. Mais au final, après, j'ai fini par m'y faire, en fait, au fur et à mesure de la relation, malheureusement.

  • Speaker #0

    Vous en avez parlé à votre amie. À quel moment de ce que vous subissiez qui était plus supportable ?

  • Speaker #1

    Je l'avais invitée chez moi pour faire une soirée pyjama. Et il y avait mon ex-compagnon. Même devant elle, il m'insultait ou il me disait des propos assez méchants. Et quand elle est partie, elle m'avait renvoyé un message et elle m'avait dit Tu sais ça, c'est pas normal. Ton copain, s'il t'aime, il n'est pas censé te dire ça, te parler comme ça. Et je pense que c'est ça qui m'a... qui m'a fait aussi voir la vraie personne que j'avais en face de moi et qui m'a fait aussi me décrocher de tout ça et qui m'a fait avoir un déclic.

  • Speaker #0

    Alors le déclic, vous ne l'avez pas eu uniquement parce qu'il vous maltraitait, on va dire psychologiquement, verbalement, mais aussi parce qu'il est allé loin dans les violences sexuelles, les violences physiques, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Je sais que très souvent, au niveau des rapports sexuels, ils voulaient en avoir. Moi, je ne voulais pas. Mais si je n'allais pas dans son sens, ça n'allait pas. Je me faisais insulter. Donc forcément, je me forçais. Ce qui n'est pas la meilleure chose, parce que le corps le fait ressentir. Et le dernier truc qui m'a fait partir, ça a été un jour où il m'a frappée, il m'a violentée. Et là, je me suis dit, c'est plus possible, je ne peux plus vivre ça et c'est trop pour moi. Et ce n'est pas grave, on va se reconstruire toute seule, même si je suis vraiment toute seule. Mais on va partir parce que je ne peux pas subir tout ça.

  • Speaker #0

    À part à votre amie, vous n'en aviez... Qui a vu toute seule, d'ailleurs, et vous en avez parlé ensuite. Vous en aviez parlé à votre famille, à d'autres personnes de ce que vous viviez ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, j'avais rencontré ma meilleure amie. Je n'avais qu'elle. Il faut savoir qu'il m'a vraiment extirpée de mes amis, de ma famille, petit à petit. Pendant quatre ans, je n'ai pas vu ma famille, donc je n'avais plus contact avec personne. Il m'a vraiment mis sous cloche pour que je reste avec lui. Et ça ne lui a pas plu, justement, le fait que je trouve ma meilleure amie. Parce qu'il sentait que je commençais à partir. Et il a senti que j'allais m'en aller. Donc ça ne lui a pas plu.

  • Speaker #0

    Vous êtes allée déposer plainte facilement ou ça a été difficile pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très compliqué. C'était très compliqué parce qu'il fallait raconter mon histoire. Il fallait dire justement tout ce que j'avais vécu, tout ce qui m'avait fait faire. Et j'ai eu beaucoup de honte.

  • Speaker #0

    Vous avez envie de nous expliquer ce qui vous a fait faire justement ?

  • Speaker #1

    Un jour il est venu me voir et je travaillais en tant que vendeuse et il m'a dit écoute pour faire plus d'argent faut savoir qu'il ne travaille pas lui et il m'a dit pour faire plus d'argent j'ai trouvé une idée qui marche super bien se mettre sur onlyfan et vendre des photos de toi à caractère pornographique Je ne le voulais pas. Mais au fur et à mesure du temps, il m'en parlait de plus en plus. Et il prenait l'idée de ça gagne bien, donc tu vas pouvoir t'acheter tout ce que tu veux. Donc forcément, je voulais aussi lui faire plaisir. Et j'ai accepté, je l'ai fait, à contre-cœur. Et ça a été très compliqué, parce que... Avoir quelqu'un qui te dirige et juge tout ce que tu fais, c'est dur. C'est dur parce qu'il y a plein de gens après qui voient ces photos et ces vidéos. Et c'est compliqué pour l'image de soi.

  • Speaker #0

    Vous aviez peu d'estime de vous à l'époque ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et... Il vous faisait subir des violences économiques aussi ou pas ?

  • Speaker #1

    Ouais. À chaque fois, du coup, il m'a mis sur ces sites-là, ces plateformes. Et à chaque fois que je recevais de l'argent, il avait accès à mes comptes bancaires et il se faisait des virements récurrents. À la fin de la relation, j'ai regardé, j'ai eu un total de 39 000 euros qui sont partis sur son compte bancaire. Et au moment où je suis partie, où j'ai décidé que c'était trop et je l'ai quitté, moi je me suis retrouvée sans rien. J'avais plus un sou. Et ça a été compliqué, parce qu'il fallait repartir à zéro et que j'avais plus rien. J'avais plus d'estime de moi, j'avais plus de travail, vrai travail. Donc il a fallu repartir à zéro.

  • Speaker #0

    Vous avez trouvé la force de repartir ailleurs, pour vous éloigner de lui, pour trouver un travail. Qu'est-ce qui vous a poussé à tout ça ?

  • Speaker #1

    Je dirais ma meilleure amie, que je remercie énormément. Sans elle, je ne serais pas là. Je pense que je me suis accrochée à elle. Et elle a vraiment été là pour moi. Elle m'a accueillie à bras ouverts avec elle et sa maman. Et on a pu petit à petit faire étape par étape. C'est grâce à elle aussi que j'ai porté plainte. Je me souviens quand la police m'a appelée pour avoir son adresse pour aller l'interpeller. Je ne voulais pas parce que j'avais peur des conséquences derrière. Et c'est ma meilleure amie qui m'a poussée justement à faire les démarches, etc. À aller plus loin, à continuer dans ma lancée. Et je la remercie du fond du cœur pour tout ça.

  • Speaker #0

    Donc les démarches, vous les avez effectuées aussi grâce à elle, à cette main tendue, et vous avez un jour reçu une convocation devant le tribunal correctionnel. en tant que victime, pour que l'on puisse entendre ce que vous avez vécu. Alors, est-ce que vous pouvez nous dire comment ça s'est passé dans cette procédure ? Comment vous avez vécu toute cette procédure ?

  • Speaker #1

    Quand je vous ai rencontré, du coup, maître, déjà, je me suis sentie tout de suite comprise. C'est pour ça que je vous avais choisi. Je me suis vraiment sentie à l'écoute, entendue. Et j'ai trouvé ça hyper important. Pour moi, c'était hyper important. Derrière, on a établi une stratégie pour la convocation, pour aller au tribunal. Et ensuite, quand il y a eu l'audience, c'est vrai que c'était... C'était assez compliqué. Mais comme je sais que vous étiez là et que vous étiez un très bon soutien, une très bonne avocate, que vous m'avez super bien défendue, je dois le dire, ça m'a tout de suite soulagée.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez senti que les magistrats étaient conscients de ce que vous aviez vécu ? Est-ce que vous les avez sentis ? investi dans leur rôle et surtout dans la protection des violences faites aux femmes ?

  • Speaker #1

    Non. Pour être tout à fait honnête, non. Je n'ai pas senti qu'ils avaient eu ne serait-ce qu'une brèche de ce que j'avais vécu. Au-delà de ça, je ne suis pas la seule à vivre ça. Et je pense que, justement, être devant tant de personnes, raconter son histoire, qui est quand même relativement difficile, revoir la personne qui vous a fait du mal, c'est très compliqué. Et se sentir... Je peux pas dire pas écoutée, mais... L'audience, pour moi, je me suis pas sentie... vraiment écoutée par les magistrats. Je n'ai pas eu cette sensation.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été difficile de revoir l'auteur de ces violences ? Pour vous, est-ce que ça a été compliqué ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que j'ai vécu quand même plusieurs années avec lui, que je l'ai aimé. Et de savoir que... Enfin, de le voir et de voir qu'il... Je sais pas. Je sais pas comment dire. Il était normal, comme si rien s'était passé.

  • Speaker #0

    Et dans le déni aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et je me suis dit, waouh ! C'est ouf quand même.

  • Speaker #0

    Ça vous a guéri d'aller jusqu'au bout de la procédure ? Oui,

  • Speaker #1

    j'en ai eu besoin. Je savais que passer devant le magistrat, etc., ça allait être difficile. Je crois que je n'ai jamais eu autant de stress de toute ma vie. Mais au-delà de ça, j'ai pu passer à autre chose après. J'ai pu me dire que ça s'était passé et que je pouvais enfin tourner la page sur l'histoire. Parce que sans être passée devant le juge, j'y pensais tout le temps, tous les jours. Et j'étais jamais bien, je pleurais très souvent. Et à partir du moment où je suis passée devant le juge, j'ai enfin tourné la page. Ça m'a fait du bien. Même si ce n'était pas vraiment ce que j'attendais au jugement. Après, je ne m'attendais pas forcément non plus à quelque chose. Mais ça m'a permis... ou à être passée vraiment à autre chose, et de tourner la page.

  • Speaker #0

    L'auteur a été condamné à une peine qui vous a semblé bien sûr très minorée par rapport à ce que vous avez subi. Aujourd'hui, vous êtes en partie guérie, vous avez eu la chance d'avoir vos parents qui étaient présents à l'audience, qui vous ont soutenus, ce qui n'est pas le cas de toutes les femmes qui subissent des violences. Quels sont vos rapports avec eux ? Est-ce que ça a apaisé les choses ? Est-ce que vous êtes beaucoup plus proche d'eux ?

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai retrouvé mes parents fin d'année dernière. Ça n'a jamais été aussi bien. Je m'entends super bien avec mes parents. Et j'ai quand même perdu 4 ans de ma vie sans eux. J'ai grandi une grande partie sans eux. Donc ça m'a aussi construite, il faut dire ça. Ça m'a forgée. Maintenant, avec mes parents, ça se passe super bien. Je suis hyper proche comme avant, comme si il ne s'était rien passé.

  • Speaker #0

    Vous avez eu besoin d'un suivi psychologique ou non ?

  • Speaker #1

    J'y ai eu besoin, mais au jugement, on ne me l'a pas accordé. Et ça, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'on ne vous a pas accordé suffisamment de dommages d'intérêt vous permettant d'avoir ce suivi parce que ça a un coût et qu'aujourd'hui, les victimes ne sont pas prises en charge après le jugement et pendant le jugement, en tous les cas, pendant la procédure. Et ça, ça vous semble regrettable ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que c'est que mon avis, mais je me dis comment un juge peut, sans se dire que cette personne, cette victime, n'a pas besoin de voir un psychologue après tout ce qu'elle a vécu. C'est très compliqué. C'est compliqué de se reconstruire. Parce que tu fais plus confiance aux gens, t'as peur des hommes. Aujourd'hui, j'ai très peur des hommes. Et c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez pu faire de nouvelles rencontres. Vous sortez, vous avez une vie sociale. Oui,

  • Speaker #1

    je vois ma meilleure amie. J'ai aussi mon copain, aujourd'hui, qui est totalement différent. Ça se passe super bien et j'en suis très contente. C'est totalement différent de la relation que j'avais. Donc forcément, j'ai toujours un peu peur. Je me dis, c'est peut-être idyllique, comme au tout début avec mon ex-compagnon. On ne sait jamais. Ça fait toujours un peu peur.

  • Speaker #0

    Vous êtes sur vos gardes.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais je me suis promis à moi-même que je me passais en priorité.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, avec le recul, si on vous demandait de décrire le caractère de votre ex-compagnon, vous diriez... Quels sont les traits principaux qui surgissent en vous quand vous pensez à lui ?

  • Speaker #1

    Manipulateur.

  • Speaker #0

    Manipulateur.

  • Speaker #1

    Très manipulateur.

  • Speaker #0

    De quelle manière, alors ? De quelle manière il était manipulateur dans la vie de tous les jours avec vous ?

  • Speaker #1

    Bah, si je fais pas ça, il va me quitter. Si je suis pas dans son sens, ça va pas et je suis qu'une débile. C'était vraiment très axé sur le psychologique. Et très... Ouais, si tu fais pas ça pour moi alors que t'es censée m'aimer, bah moi je vais partir, je vais aller voir ailleurs. Parce que moi je sors dans la rue et y'a toutes les filles qui sont à mes pieds. Et toi, bah t'as plus personne, donc... T'as rien sans moi.

  • Speaker #0

    Il vous rabaissait pour mieux exister et pour mettre en avant que lui n'a pas besoin de vous, mais vous, oui.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il vous a fait du chantage aussi ? Si tu me quittes, je me suicide ? Oui, aussi. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ça arrivait maintes et maintes fois. Il me disait ça. Donc forcément... T'aimes quand même la personne, donc tu restes à contre-cœur.

  • Speaker #0

    Car plusieurs fois, vous avez eu envie de partir ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs fois. Mes anciennes copines du collège me disaient très souvent que c'était pas normal. Qu'ils réagissaient d'une certaine manière qui n'était pas comme on devrait réagir. Et même mes parents. Avant que je ne voyais plus mes parents. Plusieurs fois, ils m'ont dit qu'il n'était pas bon pour moi, qu'il fallait le quitter parce que j'avais totalement changé. Mes copines aussi, lors de leur témoignage justement pour le jugement, avaient dit que j'étais une personne très extravertie, très joyeuse, etc. Et à partir du moment où j'étais avec lui... J'ai changé du tout, tout, tout. Je suis devenue une autre personne. Et j'étais plus du tout pareille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est emparé de votre énergie, de votre choix de vivre. Et vous êtes devenue triste.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et surtout, très soumise à ce qu'il vous demandait de faire ou de dire. vis-à-vis de lui, vis-à-vis des autres. Donc il vous avait complètement isolée.

  • Speaker #1

    Oui, c'était son but. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il voulait vraiment me mettre sous cloche, m'avoir avec lui, me garder.

  • Speaker #0

    Vous aviez quelquefois peur de lui ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça arrivait que des fois, il me donnait des petites claques. S'il était petit... Mais j'y prédais pas forcément attention. Mais c'est vrai que ça me faisait peur. Surtout qu'une fois, il s'est ramené avec un glock et qu'il me l'avait posé sur la tête. Donc ouais, c'est pas fort agréable. Donc à partir de ce moment-là, j'ai eu quand même pas mal peur. Sachant qu'il s'amusait à tirer dans la maison.

  • Speaker #0

    Il montrait effectivement sa puissance aussi de cette manière.

  • Speaker #1

    Oui, je pense.

  • Speaker #0

    Il dépendait de vous quelque part, puisque grâce à vous, il vivait confortablement. Il ne travaillait pas, ce que vous nous avez dit. Et malgré tout, vous n'aviez pas le déclic à ce moment-là, en disant que c'est grâce à vous, s'il avait cette vie, c'est grâce à vous, s'il... S'il était réjoui un petit peu de la situation, non, vous pensiez que c'était justement grâce à lui que vous viviez comme vous entendiez vivre.

  • Speaker #1

    Oui, il me le faisait voir comme ça. Et il me disait qu'on avait des projets, qu'on allait voyager avec cet argent, qu'on allait tout faire, que j'allais pouvoir m'acheter tout ce que je voulais. Vous avez été mariés,

  • Speaker #0

    que vous allez avoir des enfants,

  • Speaker #1

    non ? Ouais, aussi. Donc, ouais, on voyait notre avenir ensemble. L'argent, pour moi, je le laissais gérer. Parce qu'il me disait, moi, je gère mieux l'argent. Prenez cette excuse. Et au final, moi, cet argent, j'en ai jamais vu la couleur. J'ai jamais pu me faire plaisir comme il m'avait promis.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez une relation plus normale. Qu'est-ce que vous diriez justement à une meilleure amie qui se confie à vous comme vous vous êtes confiée vous à une de vos amies ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça va aller et qu'on s'en sort. Au final, on s'en sort et qu'il y a toujours meilleur à côté, il y aura toujours meilleur après. Que je suis passée par là et que quand on est dans la relation et qu'on aime la personne, on se dit que la quitter, ça nous fera le plus de mal possible, qu'on s'en remettra jamais. Et Dieu merci, on s'en remet. On s'en remet même mieux que ce qu'on pense. J'ai jamais été autant heureuse de ma vie à aujourd'hui. Si je n'avais pas pris cette décision, franchement, je ne sais pas où je serais aujourd'hui, mais je n'en serais absolument pas là. Et malgré le fait que ça a été difficile, ça a été une année hyper compliquée, on s'en sort. On s'en sort. Ça prend du temps, il y a des séquelles, mais on s'en sort. Parce que je dirais qu'on est plus forte que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Merci. Merci de me faire confiance, de vous livrer.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mélissa

    00:06

  • L'histoire de Mélissa : une relation idyllique qui tourne mal

    00:27

  • Les violences psychologiques et leur impact

    01:39

  • Le déclic pour quitter une relation abusive

    03:45

  • Le processus de porter plainte

    04:49

  • Les pressions et manipulations financières

    06:04

  • Le soutien de la meilleure amie et la reconstruction

    08:26

  • L'expérience au tribunal

    10:09

  • Les leçons tirées et la reconstruction personnelle

    13:30

Description

Dans cet épisode poignant de Survivant·e·s, Janine Bonaggiunta reçoit Mélissa, une jeune femme au parcours bouleversant, qui nous plonge dans son expérience traumatisante de violences psychologiques, physiques et sexuelles au sein d'une relation abusive qui aura duré 4 ans. Mélissa nous raconte comment une histoire d'amour qui semblait parfaite au départ s'est peu à peu transformée en un véritable cauchemar, empreint d'insultes, d'escroqueries et de comportements violents de la part de son ex-petit ami.


Si vous êtes victime de violences ou connaissez quelqu'un dans cette situation, vous n'êtes pas seul.e. N'hésitez pas à contacter le 3919, numéro national d'écoute pour les victimes, anonyme et gratuit ouvert 24h/24 et 7j/7.


Vous pouvez aussi trouver de l'aide sur le tchat commentonsaime.fr.


Produit par téma.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Derrière chaque dossier judiciaire, il y a une vie, une histoire. Certaines se terminent par des drames, d'autres par des renaissances. Je suis Janine Benet-Chumta et vous écoutez Survivante, là où les récits des rescapés prennent vie. Bonjour Mélissa.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Je souhaitais aujourd'hui... Pour toutes ces femmes qui nous écoutent, vous posez la question de savoir si vous pouvez nous rappeler votre histoire et dans quelles circonstances vous avez décidé de réagir à ce que vous subissiez.

  • Speaker #1

    C'était une relation de 4 ans qui au début était totalement idyllique, tout se passait bien. vraiment bien. Au fur et à mesure des années, mon ex conjoint était de plus en plus méchant. Il me faisait subir beaucoup de violence psychologique surtout. Il m'insultait beaucoup, me disait que j'étais qu'une moins que rien etc. Et plus ça allait dans les années, plus c'était hard dans les propos. Jusqu'au jour où j'ai décidé que c'était trop. que j'ai eu un soutien et que je me suis raccrochée à cette personne qui était ma meilleure amie et qui m'a fait sortir de ça.

  • Speaker #0

    Vous subissiez des violences psychologiques, vous aviez dit au début. De quelle nature ? C'est-à-dire que vous étiez insultée, humiliée ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer davantage en quoi consistaient ces violences ?

  • Speaker #1

    C'était beaucoup de... très psychologique dans... T'y arriveras pas, sans moi tu n'es rien, t'es qu'une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie, t'es vraiment conne, t'es vraiment débile, beaucoup de choses comme ça. C'était vraiment pour me rabaisser tout le temps. Et c'est vrai que c'était très compliqué de subir ça. Mais au final, après, j'ai fini par m'y faire, en fait, au fur et à mesure de la relation, malheureusement.

  • Speaker #0

    Vous en avez parlé à votre amie. À quel moment de ce que vous subissiez qui était plus supportable ?

  • Speaker #1

    Je l'avais invitée chez moi pour faire une soirée pyjama. Et il y avait mon ex-compagnon. Même devant elle, il m'insultait ou il me disait des propos assez méchants. Et quand elle est partie, elle m'avait renvoyé un message et elle m'avait dit Tu sais ça, c'est pas normal. Ton copain, s'il t'aime, il n'est pas censé te dire ça, te parler comme ça. Et je pense que c'est ça qui m'a... qui m'a fait aussi voir la vraie personne que j'avais en face de moi et qui m'a fait aussi me décrocher de tout ça et qui m'a fait avoir un déclic.

  • Speaker #0

    Alors le déclic, vous ne l'avez pas eu uniquement parce qu'il vous maltraitait, on va dire psychologiquement, verbalement, mais aussi parce qu'il est allé loin dans les violences sexuelles, les violences physiques, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Je sais que très souvent, au niveau des rapports sexuels, ils voulaient en avoir. Moi, je ne voulais pas. Mais si je n'allais pas dans son sens, ça n'allait pas. Je me faisais insulter. Donc forcément, je me forçais. Ce qui n'est pas la meilleure chose, parce que le corps le fait ressentir. Et le dernier truc qui m'a fait partir, ça a été un jour où il m'a frappée, il m'a violentée. Et là, je me suis dit, c'est plus possible, je ne peux plus vivre ça et c'est trop pour moi. Et ce n'est pas grave, on va se reconstruire toute seule, même si je suis vraiment toute seule. Mais on va partir parce que je ne peux pas subir tout ça.

  • Speaker #0

    À part à votre amie, vous n'en aviez... Qui a vu toute seule, d'ailleurs, et vous en avez parlé ensuite. Vous en aviez parlé à votre famille, à d'autres personnes de ce que vous viviez ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, j'avais rencontré ma meilleure amie. Je n'avais qu'elle. Il faut savoir qu'il m'a vraiment extirpée de mes amis, de ma famille, petit à petit. Pendant quatre ans, je n'ai pas vu ma famille, donc je n'avais plus contact avec personne. Il m'a vraiment mis sous cloche pour que je reste avec lui. Et ça ne lui a pas plu, justement, le fait que je trouve ma meilleure amie. Parce qu'il sentait que je commençais à partir. Et il a senti que j'allais m'en aller. Donc ça ne lui a pas plu.

  • Speaker #0

    Vous êtes allée déposer plainte facilement ou ça a été difficile pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très compliqué. C'était très compliqué parce qu'il fallait raconter mon histoire. Il fallait dire justement tout ce que j'avais vécu, tout ce qui m'avait fait faire. Et j'ai eu beaucoup de honte.

  • Speaker #0

    Vous avez envie de nous expliquer ce qui vous a fait faire justement ?

  • Speaker #1

    Un jour il est venu me voir et je travaillais en tant que vendeuse et il m'a dit écoute pour faire plus d'argent faut savoir qu'il ne travaille pas lui et il m'a dit pour faire plus d'argent j'ai trouvé une idée qui marche super bien se mettre sur onlyfan et vendre des photos de toi à caractère pornographique Je ne le voulais pas. Mais au fur et à mesure du temps, il m'en parlait de plus en plus. Et il prenait l'idée de ça gagne bien, donc tu vas pouvoir t'acheter tout ce que tu veux. Donc forcément, je voulais aussi lui faire plaisir. Et j'ai accepté, je l'ai fait, à contre-cœur. Et ça a été très compliqué, parce que... Avoir quelqu'un qui te dirige et juge tout ce que tu fais, c'est dur. C'est dur parce qu'il y a plein de gens après qui voient ces photos et ces vidéos. Et c'est compliqué pour l'image de soi.

  • Speaker #0

    Vous aviez peu d'estime de vous à l'époque ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et... Il vous faisait subir des violences économiques aussi ou pas ?

  • Speaker #1

    Ouais. À chaque fois, du coup, il m'a mis sur ces sites-là, ces plateformes. Et à chaque fois que je recevais de l'argent, il avait accès à mes comptes bancaires et il se faisait des virements récurrents. À la fin de la relation, j'ai regardé, j'ai eu un total de 39 000 euros qui sont partis sur son compte bancaire. Et au moment où je suis partie, où j'ai décidé que c'était trop et je l'ai quitté, moi je me suis retrouvée sans rien. J'avais plus un sou. Et ça a été compliqué, parce qu'il fallait repartir à zéro et que j'avais plus rien. J'avais plus d'estime de moi, j'avais plus de travail, vrai travail. Donc il a fallu repartir à zéro.

  • Speaker #0

    Vous avez trouvé la force de repartir ailleurs, pour vous éloigner de lui, pour trouver un travail. Qu'est-ce qui vous a poussé à tout ça ?

  • Speaker #1

    Je dirais ma meilleure amie, que je remercie énormément. Sans elle, je ne serais pas là. Je pense que je me suis accrochée à elle. Et elle a vraiment été là pour moi. Elle m'a accueillie à bras ouverts avec elle et sa maman. Et on a pu petit à petit faire étape par étape. C'est grâce à elle aussi que j'ai porté plainte. Je me souviens quand la police m'a appelée pour avoir son adresse pour aller l'interpeller. Je ne voulais pas parce que j'avais peur des conséquences derrière. Et c'est ma meilleure amie qui m'a poussée justement à faire les démarches, etc. À aller plus loin, à continuer dans ma lancée. Et je la remercie du fond du cœur pour tout ça.

  • Speaker #0

    Donc les démarches, vous les avez effectuées aussi grâce à elle, à cette main tendue, et vous avez un jour reçu une convocation devant le tribunal correctionnel. en tant que victime, pour que l'on puisse entendre ce que vous avez vécu. Alors, est-ce que vous pouvez nous dire comment ça s'est passé dans cette procédure ? Comment vous avez vécu toute cette procédure ?

  • Speaker #1

    Quand je vous ai rencontré, du coup, maître, déjà, je me suis sentie tout de suite comprise. C'est pour ça que je vous avais choisi. Je me suis vraiment sentie à l'écoute, entendue. Et j'ai trouvé ça hyper important. Pour moi, c'était hyper important. Derrière, on a établi une stratégie pour la convocation, pour aller au tribunal. Et ensuite, quand il y a eu l'audience, c'est vrai que c'était... C'était assez compliqué. Mais comme je sais que vous étiez là et que vous étiez un très bon soutien, une très bonne avocate, que vous m'avez super bien défendue, je dois le dire, ça m'a tout de suite soulagée.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez senti que les magistrats étaient conscients de ce que vous aviez vécu ? Est-ce que vous les avez sentis ? investi dans leur rôle et surtout dans la protection des violences faites aux femmes ?

  • Speaker #1

    Non. Pour être tout à fait honnête, non. Je n'ai pas senti qu'ils avaient eu ne serait-ce qu'une brèche de ce que j'avais vécu. Au-delà de ça, je ne suis pas la seule à vivre ça. Et je pense que, justement, être devant tant de personnes, raconter son histoire, qui est quand même relativement difficile, revoir la personne qui vous a fait du mal, c'est très compliqué. Et se sentir... Je peux pas dire pas écoutée, mais... L'audience, pour moi, je me suis pas sentie... vraiment écoutée par les magistrats. Je n'ai pas eu cette sensation.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été difficile de revoir l'auteur de ces violences ? Pour vous, est-ce que ça a été compliqué ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que j'ai vécu quand même plusieurs années avec lui, que je l'ai aimé. Et de savoir que... Enfin, de le voir et de voir qu'il... Je sais pas. Je sais pas comment dire. Il était normal, comme si rien s'était passé.

  • Speaker #0

    Et dans le déni aussi.

  • Speaker #1

    Ouais. Et je me suis dit, waouh ! C'est ouf quand même.

  • Speaker #0

    Ça vous a guéri d'aller jusqu'au bout de la procédure ? Oui,

  • Speaker #1

    j'en ai eu besoin. Je savais que passer devant le magistrat, etc., ça allait être difficile. Je crois que je n'ai jamais eu autant de stress de toute ma vie. Mais au-delà de ça, j'ai pu passer à autre chose après. J'ai pu me dire que ça s'était passé et que je pouvais enfin tourner la page sur l'histoire. Parce que sans être passée devant le juge, j'y pensais tout le temps, tous les jours. Et j'étais jamais bien, je pleurais très souvent. Et à partir du moment où je suis passée devant le juge, j'ai enfin tourné la page. Ça m'a fait du bien. Même si ce n'était pas vraiment ce que j'attendais au jugement. Après, je ne m'attendais pas forcément non plus à quelque chose. Mais ça m'a permis... ou à être passée vraiment à autre chose, et de tourner la page.

  • Speaker #0

    L'auteur a été condamné à une peine qui vous a semblé bien sûr très minorée par rapport à ce que vous avez subi. Aujourd'hui, vous êtes en partie guérie, vous avez eu la chance d'avoir vos parents qui étaient présents à l'audience, qui vous ont soutenus, ce qui n'est pas le cas de toutes les femmes qui subissent des violences. Quels sont vos rapports avec eux ? Est-ce que ça a apaisé les choses ? Est-ce que vous êtes beaucoup plus proche d'eux ?

  • Speaker #1

    Ouais, j'ai retrouvé mes parents fin d'année dernière. Ça n'a jamais été aussi bien. Je m'entends super bien avec mes parents. Et j'ai quand même perdu 4 ans de ma vie sans eux. J'ai grandi une grande partie sans eux. Donc ça m'a aussi construite, il faut dire ça. Ça m'a forgée. Maintenant, avec mes parents, ça se passe super bien. Je suis hyper proche comme avant, comme si il ne s'était rien passé.

  • Speaker #0

    Vous avez eu besoin d'un suivi psychologique ou non ?

  • Speaker #1

    J'y ai eu besoin, mais au jugement, on ne me l'a pas accordé. Et ça, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'on ne vous a pas accordé suffisamment de dommages d'intérêt vous permettant d'avoir ce suivi parce que ça a un coût et qu'aujourd'hui, les victimes ne sont pas prises en charge après le jugement et pendant le jugement, en tous les cas, pendant la procédure. Et ça, ça vous semble regrettable ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que c'est que mon avis, mais je me dis comment un juge peut, sans se dire que cette personne, cette victime, n'a pas besoin de voir un psychologue après tout ce qu'elle a vécu. C'est très compliqué. C'est compliqué de se reconstruire. Parce que tu fais plus confiance aux gens, t'as peur des hommes. Aujourd'hui, j'ai très peur des hommes. Et c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez pu faire de nouvelles rencontres. Vous sortez, vous avez une vie sociale. Oui,

  • Speaker #1

    je vois ma meilleure amie. J'ai aussi mon copain, aujourd'hui, qui est totalement différent. Ça se passe super bien et j'en suis très contente. C'est totalement différent de la relation que j'avais. Donc forcément, j'ai toujours un peu peur. Je me dis, c'est peut-être idyllique, comme au tout début avec mon ex-compagnon. On ne sait jamais. Ça fait toujours un peu peur.

  • Speaker #0

    Vous êtes sur vos gardes.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais je me suis promis à moi-même que je me passais en priorité.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, avec le recul, si on vous demandait de décrire le caractère de votre ex-compagnon, vous diriez... Quels sont les traits principaux qui surgissent en vous quand vous pensez à lui ?

  • Speaker #1

    Manipulateur.

  • Speaker #0

    Manipulateur.

  • Speaker #1

    Très manipulateur.

  • Speaker #0

    De quelle manière, alors ? De quelle manière il était manipulateur dans la vie de tous les jours avec vous ?

  • Speaker #1

    Bah, si je fais pas ça, il va me quitter. Si je suis pas dans son sens, ça va pas et je suis qu'une débile. C'était vraiment très axé sur le psychologique. Et très... Ouais, si tu fais pas ça pour moi alors que t'es censée m'aimer, bah moi je vais partir, je vais aller voir ailleurs. Parce que moi je sors dans la rue et y'a toutes les filles qui sont à mes pieds. Et toi, bah t'as plus personne, donc... T'as rien sans moi.

  • Speaker #0

    Il vous rabaissait pour mieux exister et pour mettre en avant que lui n'a pas besoin de vous, mais vous, oui.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il vous a fait du chantage aussi ? Si tu me quittes, je me suicide ? Oui, aussi. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Ça arrivait maintes et maintes fois. Il me disait ça. Donc forcément... T'aimes quand même la personne, donc tu restes à contre-cœur.

  • Speaker #0

    Car plusieurs fois, vous avez eu envie de partir ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs fois. Mes anciennes copines du collège me disaient très souvent que c'était pas normal. Qu'ils réagissaient d'une certaine manière qui n'était pas comme on devrait réagir. Et même mes parents. Avant que je ne voyais plus mes parents. Plusieurs fois, ils m'ont dit qu'il n'était pas bon pour moi, qu'il fallait le quitter parce que j'avais totalement changé. Mes copines aussi, lors de leur témoignage justement pour le jugement, avaient dit que j'étais une personne très extravertie, très joyeuse, etc. Et à partir du moment où j'étais avec lui... J'ai changé du tout, tout, tout. Je suis devenue une autre personne. Et j'étais plus du tout pareille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est emparé de votre énergie, de votre choix de vivre. Et vous êtes devenue triste.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Et surtout, très soumise à ce qu'il vous demandait de faire ou de dire. vis-à-vis de lui, vis-à-vis des autres. Donc il vous avait complètement isolée.

  • Speaker #1

    Oui, c'était son but. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il voulait vraiment me mettre sous cloche, m'avoir avec lui, me garder.

  • Speaker #0

    Vous aviez quelquefois peur de lui ou pas ?

  • Speaker #1

    Ça arrivait que des fois, il me donnait des petites claques. S'il était petit... Mais j'y prédais pas forcément attention. Mais c'est vrai que ça me faisait peur. Surtout qu'une fois, il s'est ramené avec un glock et qu'il me l'avait posé sur la tête. Donc ouais, c'est pas fort agréable. Donc à partir de ce moment-là, j'ai eu quand même pas mal peur. Sachant qu'il s'amusait à tirer dans la maison.

  • Speaker #0

    Il montrait effectivement sa puissance aussi de cette manière.

  • Speaker #1

    Oui, je pense.

  • Speaker #0

    Il dépendait de vous quelque part, puisque grâce à vous, il vivait confortablement. Il ne travaillait pas, ce que vous nous avez dit. Et malgré tout, vous n'aviez pas le déclic à ce moment-là, en disant que c'est grâce à vous, s'il avait cette vie, c'est grâce à vous, s'il... S'il était réjoui un petit peu de la situation, non, vous pensiez que c'était justement grâce à lui que vous viviez comme vous entendiez vivre.

  • Speaker #1

    Oui, il me le faisait voir comme ça. Et il me disait qu'on avait des projets, qu'on allait voyager avec cet argent, qu'on allait tout faire, que j'allais pouvoir m'acheter tout ce que je voulais. Vous avez été mariés,

  • Speaker #0

    que vous allez avoir des enfants,

  • Speaker #1

    non ? Ouais, aussi. Donc, ouais, on voyait notre avenir ensemble. L'argent, pour moi, je le laissais gérer. Parce qu'il me disait, moi, je gère mieux l'argent. Prenez cette excuse. Et au final, moi, cet argent, j'en ai jamais vu la couleur. J'ai jamais pu me faire plaisir comme il m'avait promis.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous avez une relation plus normale. Qu'est-ce que vous diriez justement à une meilleure amie qui se confie à vous comme vous vous êtes confiée vous à une de vos amies ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça va aller et qu'on s'en sort. Au final, on s'en sort et qu'il y a toujours meilleur à côté, il y aura toujours meilleur après. Que je suis passée par là et que quand on est dans la relation et qu'on aime la personne, on se dit que la quitter, ça nous fera le plus de mal possible, qu'on s'en remettra jamais. Et Dieu merci, on s'en remet. On s'en remet même mieux que ce qu'on pense. J'ai jamais été autant heureuse de ma vie à aujourd'hui. Si je n'avais pas pris cette décision, franchement, je ne sais pas où je serais aujourd'hui, mais je n'en serais absolument pas là. Et malgré le fait que ça a été difficile, ça a été une année hyper compliquée, on s'en sort. On s'en sort. Ça prend du temps, il y a des séquelles, mais on s'en sort. Parce que je dirais qu'on est plus forte que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Merci. Merci de me faire confiance, de vous livrer.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mélissa

    00:06

  • L'histoire de Mélissa : une relation idyllique qui tourne mal

    00:27

  • Les violences psychologiques et leur impact

    01:39

  • Le déclic pour quitter une relation abusive

    03:45

  • Le processus de porter plainte

    04:49

  • Les pressions et manipulations financières

    06:04

  • Le soutien de la meilleure amie et la reconstruction

    08:26

  • L'expérience au tribunal

    10:09

  • Les leçons tirées et la reconstruction personnelle

    13:30

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