- Speaker #0
Bonjour Valentin, bienvenue sur le podcast Techit Zen.
- Speaker #1
Bonjour Élodie, merci beaucoup pour m'avoir invité.
- Speaker #0
Avec grand plaisir, ça fait un moment qu'on voulait prendre ce temps pour échanger sur ton parcours de vie, qui on va voir est très enrichissant, j'en suis sûre. L'idée c'est qu'on s'est rencontrés sur Instagram. On a échangé un petit peu et effectivement, on a vu qu'on avait des visions, je pense, communes concernant la psychologie. Et donc, j'avais envie de prendre ce moment pour le partager ensemble.
- Speaker #1
Oui, ça fait un moment, je pense qu'on se suit mutuellement sur les réseaux. Ça fait un moment qu'on parle en plus de faire ce podcast, donc ça nous fait plaisir de le faire.
- Speaker #0
Exactement. Alors, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots pour ceux qui nous écoutent ?
- Speaker #1
Alors, du coup, moi, c'est Valentin. Je travaille en tant que psychologue. Alors, j'ai plusieurs postes, on va dire, parce que je travaille aussi bien à l'hôpital dans le sud de la France, à Dignes-les-Bains. Et je travaille aussi pour l'Université de Toulouse. Et aussi, du coup, on a le cabinet en libéral avec un site de téléconsultation qu'on a créé avec ma compagne, qui est...
- Speaker #0
qui est Aline du coup. Oui, et Aline qui a aussi participé au podcast.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Comment ça... Est-ce que tu peux nous dire le nom de ce site de téléconsultation ?
- Speaker #1
Oui, alors c'est Cybernetic parce qu'on a créé ça pendant la crise du Covid parce que c'était un projet qu'on avait à cœur de mener mais... Même si à la base on n'était pas forcément pour faire de la visio, à ce moment-là, on a vu que les qualités d'entretien entre ce qu'on faisait en présentiel et en visio n'avaient pas vraiment beaucoup de différence, voire c'était même mieux en visio quand il y avait les masques et tout ça. Donc ça nous permet aussi de pouvoir bouger, d'avoir des patients de partout, même dans d'autres pays. C'est un peu un avantage maintenant et on aime bien pouvoir le faire comme ça. J'aime bien le présentiel aussi. Je trouve que les deux ont des avantages.
- Speaker #0
Oui, j'ai la même vision. Moi aussi, je propose les deux. Et c'est vrai que je trouve que c'est très complémentaire. Et parfois, ça apporte des choses différentes en fonction des besoins, de l'étape de la thérapie, de plein de choses. Et c'est très riche aussi.
- Speaker #1
Oui, clairement. Puis même avec des... Là, aujourd'hui, on fait de l'EMDR. On est formé sur cette thérapie. Et puis... On la fait même en visio, il y a des protocoles et tout ça pour pouvoir la faire. Donc finalement, presque tout se fait aussi lié en visio. Puis le fait d'avoir le thé, le chat sur les genoux, des fois pour les patients, ça peut être aussi un environnement des fois plus sécure que le cabinet pour certains patients.
- Speaker #0
Oui, tout à fait, tout à fait. Alors rentrons dans le vif du sujet et parlons un petit peu plus de toi. Dis-nous dans quel milieu familial tu as grandi ?
- Speaker #1
Moi, je viens du sud-ouest, ça s'entend peut-être avec mon accent. J'ai grandi près de Toulouse, pas très loin de... Entre Toulouse et le Gers, qui est un département limitrophe. Et du coup, j'étais dans une famille de trois enfants. Moi, je suis au milieu. J'ai une grande sœur qui est infirmière, un petit frère qui est ingénieur, qui vit sur Londres actuellement. Et du coup, je suis né d'un père qui est d'origine indienne et d'une mère qui est d'origine française. Donc, ça a toujours été un peu ce truc de faire le pont entre l'Occident et l'Orient, des fois. Et je crois que ça me parle encore un peu plus maintenant dans ma vie. Mais du coup, j'ai grandi après. J'ai fait du rugby rapidement, à l'âge de 5 ans. Jusqu'à mon accident, on en parlera peut-être tout à l'heure. J'étais plutôt bon élève, on va dire, au primaire et puis au collège. Mais je manquais quand même un peu de confiance en moi. Donc j'ai vite développé le personnage du clown un peu dans la classe pour équilibrer ce manque de confiance en moi, je pense. Et petit à petit, j'ai grandi comme ça dans une ville avec des amis, surtout qui se sont créés au sein du rugby, parce que c'est le sport national un peu dans le sud. Toulouse. Et puis après je suis du coup... Je ne savais pas trop quoi faire au collège. Je me rappelle que je me posais beaucoup, comme je pense beaucoup d'élèves à ce moment-là, on évite la pression pour savoir ce qu'on veut faire, alors qu'on ne se connaît pas déjà soi-même, donc c'est un peu compliqué de vouloir savoir. Donc on se laisse un peu porter, j'étais plutôt bon à maths et tout ça, donc j'ai décidé à la fin du collège de partir... Dans un autre lycée, pas dans celui de ma ville, donc de partir en internat. C'était un choix aussi, pouvoir un peu m'éloigner de la maison. Ce n'était pas si évident que ça à la maison à ce moment-là. Mon père était en dépression, il y avait des choses qui se passaient à la maison. J'avais aussi à 16 ans. Ah, tu ne m'entends plus ?
- Speaker #0
Je t'entends de très loin.
- Speaker #1
C'est vrai ? Ça n'a pas changé à temps pour moi.
- Speaker #0
Trop bizarre.
- Speaker #1
Attends, je vais couper ça. Là c'est reconnecté.
- Speaker #0
C'est bon.
- Speaker #1
Ouais je crois que j'avais un VPN qui tournait, j'avais pas fait gaffe.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et je l'ai coupé. Du coup on sera plus tranquille.
- Speaker #0
Oui parce que j'ai l'impression que le son est même meilleur là.
- Speaker #1
Alors du coup je sais plus où ça a coupé. Ah bah non ça recoupe là J'ai une bonne connexion pourtant
- Speaker #0
Enfin ça coupe pas mais ça En fait le son devient moins fort d'un coup
- Speaker #1
Non j'ai un bon réseau Je suis à fond un peu partout
- Speaker #0
Quand t'as touché un truc C'était remonté vraiment très bon le son Ouais mais j'avais juste coupé le VPN Ou alors c'est moi mon casque Attends, c'est peut-être mon casque. Vas-y, là.
- Speaker #1
Attends, parce que moi, je ne peux même plus cliquer sur les trucs, sur le lien, là, sur le logiciel qu'on utilise. Je voulais régler.
- Speaker #0
Mais je pense que moi, les modifications du son, en fait, c'est mon casque qui bug.
- Speaker #1
C'est ton casque ?
- Speaker #0
Oui, je pense.
- Speaker #1
Par contre, moi, je ne peux plus cliquer sur les réglages du niveau du logiciel.
- Speaker #0
C'est comme ça.
- Speaker #1
Tu m'entends bien, là ?
- Speaker #0
Oui, je t'entends.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Parce que c'est vraiment mon casque. OK. Bon, excuse-moi. Donc, du coup, on était sur le rugby de Toulouse. Et t'étais la famille à l'internat parce que...
- Speaker #1
Ouais, c'était pas... Je vais revenir peut-être au moment où je disais ça. À la fin du collège, je savais pas trop vers quoi m'orienter. Mais comme j'étais bon à maths, justement, je me suis dit... Je voulais plutôt aller... dans un circuit de... dans une orientation plus vers le génie civil parce que ça m'attirait beaucoup. Tout ce qui était construction et tout ça depuis tout petit, c'était des... Je jouais beaucoup à tous ces jeux-là. Donc c'était un lycée qui était un peu plus loin que celui qui était recommandé à côté de là où habitait ma famille. Donc du coup, j'ai dû partir en internat. Ce qui m'arrangeait un peu parce qu'à ce moment-là, j'avais envie de prendre un peu la distance avec l'environnement, la maison, ce n'était pas forcément évident. Puis à 16 ans, on a un peu la crise de l'adolescence chez les garçons, donc on préfère un peu partir, je pense. Donc je suis allé en internat à Hoche, c'est la préfecture du Gers pour ceux qui ne connaissent pas. C'est une petite ville, mais elle est une ville agréable aussi à vivre. Et donc j'étais en internat, alors en internat j'ai vite pris, moi j'étais plutôt, c'était difficile pour moi les règles de l'internat, donc j'étais pas mal collé, mais en même temps j'étais très bon en classe, j'étais dans les premiers de la classe et tout ça, au niveau scolaire ça a été, mais par contre sur la discipline qu'il faut avoir dans les internats et tout ça, c'était plus compliqué. Au début je me rappelle j'ai eu pas mal d'heures de cours, alors c'est bon par rapport à ça. Puis là, le lycée se passe très bien puisque j'ai un très bon dossier en sortant. Donc, je décide de partir en DUT Gini-Chivil à ce moment-là pour pouvoir faire une école d'ingé après et faire ingénieur dans les travaux publics pour pouvoir construire des mosques. Mon rêve, c'est de pouvoir construire un peu des ponts et des vieilles ducs un peu partout dans le monde, faire de l'ouvrage d'art. Donc j'ai décidé de partir en DUT en premier pour pouvoir avoir un bagage technique que je n'aurais pas pu avoir en prépa d'école d'ingé. Et donc je suis pris en DUT du Génie Civil à Toulouse, à ce moment-là, donc je repars un peu plus vers Toulouse. Et je passe ma première année, plutôt, on va dire, j'ai un appart à moi. Bon, depuis 16 ans, après l'internat, j'ai eu un appart avec ma soeur au lycée, mais bon, là, j'avais mon premier appart en colocation avec des amis. Donc, c'était plutôt la fête, les choses comme ça à cet âge-là. Et donc, je n'ai pas forcément, je perds quand même beaucoup au niveau de mes notes et tout ça. Ça se fait un peu ressentir parce que je sors, je passe plus de temps un peu à Saint-Pierre, à Toulouse pour ceux qui connaissent, qu'à réviser mes cours. Mais bon, j'arrive à valider quand même les matières. Et il arrive après, en mai 2011, du coup là on arrive à une autre étape de ma vie, mais c'est le moment où j'ai mon accident du coup de la route.
- Speaker #0
Et du coup on va s'attarder juste un petit peu avant, avec le recul aujourd'hui, est-ce que tu identifies ce qui se jouait dans le fait d'avoir du mal à accepter les règles, le manque de confiance émotionnellement, tu as identifié ce qui se jouait à ce moment-là ?
- Speaker #1
Ouais, il y a plein de choses parce que du coup, le manque de confiance, je pense que j'avais un peu un complexe d'infériorité. Moi, je viens d'une famille plutôt modeste. Et c'est vrai que tout mon entourage avait des familles qui avaient un peu plus les moyens et tout ça. Donc, c'était toujours un peu, pas forcément de honte, mais de sentiment d'infériorité un peu sur ces choses-là. Et puis après, il y avait le fait qu'à la maison, mon père est tombé malade, donc a fait une dépression. Il y avait d'autres choses qui se jouaient, mais ce n'était pas une ambiance qui était hyper sereine, on va dire. Donc ça, je ne le montrais pas trop à l'extérieur. Je pense que mes amis n'étaient vraiment pas au courant de ce qui se passait chez moi. Mais du coup, ça a été dû un peu à tout ça, tout ce qui se passait à la maison. Après, j'ai vite développé le... le personnage du clown en protection de tout ça. C'était plus une stratégie de protection que le fait de pouvoir... Petit à petit, après, ça a changé tout ça parce que mon père, on va dire qu'il y avait des addictions en plus avec la dépression. Aujourd'hui, je le considère vraiment comme un héros, mon père, parce qu'il a arrêté tout ça et notre relation. Et vraiment, ça s'est clairement réparé. Il y a plein de choses. Mes parents, pour moi, sont vraiment des héros pour tout ce qu'ils m'ont amené. Je n'ai pas du tout de honte de là où je viens, ni rien, parce que, justement, je vois la force que ça m'a permis de tirer de cette enfance. Donc, il n'y a pas du tout de ressentiment vis-à-vis de ça. Au contraire, ça m'a forgé aussi. Mais oui, à la maison, mon père, il y avait des addictions, il y avait pas mal de trucs qui faisaient que c'était compliqué. C'était tendu entre moi et lui. En plus, j'ai rentré dans l'adolescence.
- Speaker #0
Et toute cette période, tu dis, mes amis n'étaient pas forcément au courant. Tu gardais, ce qu'on voit beaucoup, surtout du côté des garçons, effectivement, parfois ce masque de clown et... presque j'allais dire, cette incapacité de parler de ses émotions, de ce qui se passe, de le partager. Et parfois, ça m'étonne de voir effectivement des jeunes pendant autant d'années garder autant de choses pour eux. Toi, tu l'as vécu comment, ça ?
- Speaker #1
Il y avait plusieurs soupapes, en fait. Je pense qu'il y avait mes amis, clairement, parce qu'avec eux, j'avais quand même un grand cercle amical. J'avais mes amis du lycée, j'avais mes amis en... Au rugby, j'avais mes amis un peu dans différents cercles comme ça. Donc ça, forcément, ça m'a permis de me construire aussi à travers eux. Il y avait le rugby aussi qui m'a beaucoup aidé parce que tu te dépenses, t'apprends d'autres choses, des valeurs aussi qui sont importantes dans ce sport, l'esprit d'équipe, le dépassement pour les autres et tout ça. Donc c'est des choses qui m'ont permis de me canaliser un peu mon énergie et de pouvoir, oui... sortir un peu tout ça, tout ce qu'il y avait à l'intérieur. Mais c'était toujours forcément après, j'en parlais pas à tout le monde de ce qui se passait à la maison et tout ça.
- Speaker #0
Oui, mais on voit l'importance de développer différents cercles en fait.
- Speaker #1
Oui, clairement.
- Speaker #0
De ne pas s'enfermer dans un seul.
- Speaker #1
Moi, j'ai toujours été un peu comme ça aussi, c'est-à-dire que depuis tout petit, dans mes classes de primaire, collège, lycée, je parlais toujours avec tous les groupes. C'est-à-dire, il y a souvent des groupes qui se font, même à la fac, je voyais, il y a toujours des groupes de personnes et j'aimais pouvoir passer des fois, manger un mardi avec un groupe, un mercredi avec l'autre. Donc, j'ai essayé de faire aussi, je pense que ça venait un peu de ce côté qui... Au sort, quand je te parlais du pont, des points entre Occident et Orient, faire du lien, je pense que c'est un truc qui aujourd'hui me parle encore plus et je vois que c'était présent depuis tout petit. Je n'ai jamais voulu trop m'enfermer dans des groupes et pouvoir parler un peu avec tout le monde. Et jamais me restreindre dans un seul groupe.
- Speaker #0
Oui, on sent cette force chez toi de vouloir construire des ponts au sens propre, comme au sens figuré, comme au sens relationnel. Quelque chose qui a l'air de revenir.
- Speaker #1
Aujourd'hui, oui, je le vois parce que, on va dire, à la base, c'était construire des ponts physiquement en partant dans le génie civil. Et puis après, après tout ce qui s'est passé, mon accident et tout ça, aujourd'hui, je les construis un peu différemment. C'est plus des ponts psychiques ou des points plus invisibles entre les personnes ou entre aussi des concepts, des choses comme ça aussi. J'aime bien les chercher, puiser dans... dans des orientations totalement différentes. Donc ça me parle toujours. C'est ce qui m'habite beaucoup.
- Speaker #0
Alors justement, tu nous parles de cet accident en 2011, si je ne me trompe pas. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Speaker #1
Alors du coup, j'étais, comme tu savais, je faisais quand même pas mal la fête et là j'étais parti à un anniversaire dans les Pyrénées. de ma meilleure amie qui organisait son anniversaire, où on campait. Et à ce moment-là, il y avait des motos qui étaient à disposition. On passait tout un week-end sympathique entre amis. Et puis à un moment, ça va faire un an, 13 ans dans quelques jours, c'est un anniversaire. Je suis parti avec un ami. le soir pour aller chercher du bois, faire du feu. Et puis du coup, au bout de quelques mètres où j'ai repris le quad en main, j'ai fait quelques centaines de mètres, et là, à un virage, on a tiré tout droit, et je suis tombé dans un ravin, dans une sorte de précipice, et je suis tombé en contrebas, voilà. Ça, c'était le premier accès. Je me souviens encore du choc, je me souviens encore du bruit sur les casques, tu sais, parce qu'après, c'était comme une machine à laver le temps de la chute. Donc, c'était un soir de mai 2011.
- Speaker #0
Donc, j'imagine que c'est un choc et qu'il y a des séquelles,
- Speaker #1
du coup, de cette situation. Oui, du coup, il y a eu quand même des grosses séquelles physiques dans le sens où... J'ai eu la chance parce que je suis parti avec un casque, mais c'est une de mes... À la base, un peu dans l'insouciance de mon adolescence, on va dire, c'était pour faire quelques centaines de mètres, je crois que je partais sans casque. Et c'est ma meilleure amie qui m'a rattrapé, qui m'a dit, tu mets le casque. Et heureusement qu'elle a fait ça parce que je pense que je ne serais plus là, par contre, s'il n'y avait pas eu ce geste. Et oui, du coup... les séquelles sont été que quand je me suis réveillé, mon ami, heureusement, il a été éjecté. Lui, il a passé une nuit à l'hôpital en observation, je crois. Mais il s'est abîmé le genou et tout ça. Et il a eu quelques problèmes physiques après. Mais ça a été encore heureusement, parce que je pense que je m'en serais beaucoup vu. Comme c'était moi qui conduisais. Du coup, je me souviens encore de là, de ce précipice. Le temps que les pompiers, c'était en pleine montagne dans les Pyrénées. Donc, le temps que les pompiers arrivent, qu'on me transporte en hélicoptère, que j'arrive à Toulouse.
- Speaker #0
C'était extrêmement long.
- Speaker #1
Oui, ça a été très long. Mais en plus, surtout l'attente. Parce qu'après, une fois que tu es sédaté, tu es un peu perché. Je pense que tu ne comprends plus trop ce qui t'arrive. Mais l'attente, je me souviens très bien. Je me souviens bien. J'ai cru. où j'ai cru que j'allais mourir, je pense, à ce moment-là. Je pensais rester dans le ravincol.
- Speaker #0
Tu pouvais parler ?
- Speaker #1
Oui, j'étais conscient. Alors, j'ai mis un peu de temps à émerger, mais après, à la fin, j'étais plus conscient. Je me rappelle qu'heureusement, il y a un ami qui nous suivait en voiture. Parce que sinon, je pense que les autres auront plus de temps à nous trouver. Et lui, il est venu, il a essayé de me sortir de là, mais c'est à ce moment-là que j'ai vu que mes jambes ne bougeaient plus. Donc quand j'ai vu que mes jambes ne bougeaient plus, j'ai dit, laisse-moi là, appelle les pompiers. Donc ils ont appelé les pompiers. Tant que tout ça, ça a été vraiment, pour moi, long, mais je suis sûr que les pompiers ont été rapides. C'est un peu des héros pour moi, parce qu'ils m'ont sorti quand même. d'un endroit assez compliqué, c'était assez reculé dans les chemins de terre et tout ça donc après, un retour à une fois que t'arrives au moment où j'émerge un peu plus une fois que j'ai été sédaté l'hélicoptère, je m'en souviens pas du tout c'est le seul tour d'hélicoptère que j'ai fait de ma vie, mais je m'en souviens pas et en arrivant je me souviens juste d'une image je l'ai racontée aussi une fois c'était que je me souviens du... Le temps qu'ils m'opèrent, là ils devaient m'opérer en urgence quand ils ont vu que ma colonne était brisée. Heureusement, j'avais que cette blessure finalement. J'ai tapé, bon là où il ne fallait pas, dans le dos, mais pas de traumatisme crânien. Avec le casque, ça m'avait bien protégé. Mais bon, ma colonne était vraiment brisée. Et donc j'ai croisé à ce moment-là, mes parents sont arrivés dans la salle, je me rappelle le temps, c'était dans la nuit je pense. Je ne sais plus trop où on en était, mais dans la nuit et avant que je me fasse opérer, ou juste après, je ne sais pas, mais en tout cas, j'émerge et là, je les vois. Et tu vois que tes parents, ils ont eu le pire appel de leur vie à 11h du soir, minuit, 11h30, minuit, quelqu'un qui les appelle pour dire que son fils vient d'avoir un accident. Donc, il y a eu toute ma famille qui a été prévenue dans le milieu de la nuit. Et là, je croise le regard et je crois que c'est à ce moment-là où vraiment je m'effondre parce que je sors trois mois où juste j'ai tout gâché. Après, j'ai compris que non. Mais bon, là, dans ce moment-là, c'était vraiment ça. J'avais l'impression d'avoir gâché tout ce qui m'attendait. Que tout ce qui était une rupture pour moi dans ma vie, que tout ce que j'avais construit s'arrêtait là.
- Speaker #0
Parce que tu avais déjà conscience.
- Speaker #1
qu'il y aurait au niveau de la marche des séquelles irréversibles Consciemment je savais que ma vie allait changer considérablement à partir de là j'en avais aucun doute, je savais que c'était grave je savais que j'avais fait tu sais le sentiment que tu as comme petit quand tu fais une connerie là je l'avais, je savais que j'avais fait une grosse connerie et du coup le fait de les croiser je pense que ça et de voir leur L'émotion qu'ils traversaient à ce moment-là, la peur qu'ils avaient, ça m'a vraiment touché. C'est peut-être la fois où vraiment tout s'écroule. Après, tout s'est un peu reconstruit à partir de là. Mais ça a été... Parce qu'après, tu passes trois semaines en réanimation. Là, il y a plein de gens qui passent, des amis, tout ça. Mais tu fais la réanimation, puis après, en soins intensifs. Donc en soins intensifs, t'es un peu plus... conscient et tout ça. Et je crois que je suis resté trois, quatre semaines à Purpin et puis après, on ne te prononce pas. On ne va pas dire, vous allez remarcher ou pas. Les chirurgiens, ils ne se prononcent surtout pas. Ils disent, vous allez partir en centre de rééducation pour voir ce qui se passe. Peut-être que vous remarcherez, peut-être pas. Mais en tout cas, moi, je partais dans l'optique du centre de rééducation. En me disant, je vais me battre. J'étais déjà en mode guerrier. Je vais me battre et je vais remarcher. Et je vais sortir en remarchant. Donc, ça ne s'est pas vraiment passé comme ça. Mais en tout cas, c'était à ce moment-là du processus, c'était un peu l'idée que j'avais.
- Speaker #0
Oui, OK. Donc, effectivement, tu pars en rééducation. À ce moment-là, dans tes études, tu en es où ?
- Speaker #1
Alors, du coup, là, j'étais en première année de DUT génie civil. On verra après pourquoi j'ai changé tout ça, mais j'étais plutôt bien accompagné par ceux qui dirigeaient un peu le DIT. Ils m'ont dit, tu t'arrêtes là. Et de toute façon, je savais que je partais au moins 6-7 mois au sein de rééducation. Donc pour l'instant, j'ai mis entre parenthèses à ce moment-là.
- Speaker #0
OK. Et alors, comment se passe la rééducation ?
- Speaker #1
Alors la rééducation, tu arrives dans un centre où des fois tu as 19 ans, moi j'avais l'impression, j'ai dit à mes parents, je crois la première fois, mais vous m'avez envoyé en EHPAD ou en tout comme ça, parce que c'est par vague, des fois tu as des jeunes, des fois tu n'as pas de jeunes, et là il n'y avait vraiment pas de jeunes, j'étais le plus jeune à 19 ans je crois. du centre de rééducation, donc c'est pas évident, tu vois, de tout, tu vois des trucs que t'es jamais confronté à ça, des gens qui ont des traumas crâniens, donc ils ont plus de boîtes, ça leur fait un gros trou le temps d'être opéré, ils ont un gros, ouais, le crâne qui est coupé et tout ça, tu vois, des traplégiques, tu vois des gens qui ont eu des AVC, tu vois des paraplégiques, t'arrives dans un autre monde, t'es pas prêt à ce moment-là de voir tout ça. Mais c'est l'école de la vie pour moi. Ça a vraiment été une école de la vie, tout ça. Tout ce qui s'est passé là-bas. C'est une énergie. Il y a un bon film qui le raconte bien. C'est le film de Grand Corps Malade, tu crois, qui s'appelle Patient. Il raconte quand même bien ce qui se passe dans ces centres d'éducation parce que finalement, il y a beaucoup d'humour. Après, il y a eu une groupe d'amis. On s'est tous un peu rencontrés là-bas. Il y avait un... Voilà, on était... trois, quatre amis de 19, 20 ans là-bas en même temps. Donc après, ça crée des liens qui sont uniques.
- Speaker #0
J'imagine. Ok. Et donc, quel est ton cheminement dans cette rééducation ? Tu pars confiant ?
- Speaker #1
Je pars confiant dans le sens que ça peut remarcher. Je pense que je pars aussi dans l'optique un peu combative. Après, tu as un corset pendant longtemps, donc tu ne peux pas faire tout. Tu restes à l'été une grande partie. Petit à petit, tu arrives à te remettre, tu n'es plus dans le lit. La première fois que tu te redresses, tu prends des vertiges, tu ne comprends pas ce qui t'arrive parce que ton corps n'est même plus habitué à ça, parce que tu as passé tellement de temps à l'été que tu prends des grandes perches, on va dire. Après, la première fois que tu te retrouves sur un fauteuil roulant, Moi, je l'ai pas mal pris à ce moment-là. C'était plus une liberté de nouveau retrouver, pouvoir aller dehors, pouvoir me connecter un peu à la nature dans le centre de rééducation où j'étais. Il y a un grand parc, tu peux aller, tu as quand même pas mal de trucs à faire. Mais c'était vraiment ce côté, moi, retrouver la liberté, c'était passer par le photo. Et ça n'a pas été une mauvaise étape parce que pour moi, c'était une étape importante. pour ressortir, pour être autonome un peu dans tes déplacements, parce qu'au début, c'est que les brancardiers qui te brancardent, à droite, à gauche, et tout ça. Et petit à petit, tu regagnes de l'autonomie, et ça, c'est que des bouffées d'oxygène, des émotions incroyables que tu ressens à ce moment-là, des trucs simples, mais qui sont juste des petits bonheurs.
- Speaker #0
Et il y a une prise en charge du traumatisme aussi dans ces centres, ou pas du tout ?
- Speaker #1
Oui, alors tu as une psychologue. Il y avait une psychologue à l'époque. Il y a toujours, je pense. Et du coup, moi, je ne l'ai pas vue beaucoup de fois parce qu'à ce moment-là, je ne ressentais pas forcément le besoin. Je passais parce que je pense que j'étais bien entouré aussi. C'est-à-dire que j'avais ma famille, la relation avec mes parents, notamment avec mon père, ça s'était bien reconstruit et tout ça. Et puis... Et puis après, avec les amis, j'ai toujours eu de la visite presque. Et ça, ça aide. Je ne me ressentais pas forcément le besoin de... Tu parles avec les autres camarades aussi, ceux qui vivent la même galère que toi. Et ça, pour moi, c'était la transmission. Des fois, tu as des vieux paraplégiques qui te racontent... Tu vois qu'ils ont des compagnes, des femmes. Et tu comprends qu'en fait, la vie, elle ne s'arrête pas là. qu'il y a plein de possibilités derrière, et je pense qu'il y a un truc de transmission qui se passe comme ça entre les anciens et les jeunes qui est important.
- Speaker #0
Oui, j'imagine,
- Speaker #1
parce qu'effectivement... Non, j'allais juste dire que je crois que j'ai fait une ou deux séances, et après j'ai arrêté sur la...
- Speaker #0
Et tu n'avais pas des réminiscences de l'accident où tu as pu petit à petit digérer le choc ?
- Speaker #1
Non, je n'ai pas eu de... Je pense que je n'ai pas eu de stress post-traumatique. J'avais des fois des cauchemars, mais encore, c'était plus des fois des prises de conscience dans mes rêves. J'ai fait des rêves assez bizarres, mais qui étaient hyper importants, même dans ce que j'ai vécu dans les rêves. J'ai compris pas mal de trucs à ce moment-là, que forcément, toutes les images que j'avais de moi, toute la représentation que j'avais de moi-même et tout ça, qui s'était construit beaucoup sur des... des illusions du soir, on va dire.
- Speaker #0
Quand tu prends un choc comme ça, ça vient tellement bouleverser tes fondations que tu n'as plus le choix de comprendre que c'était vraiment des grosses illusions. Et donc, il y a plein de peurs qui sont évacuées finalement dans ce fossé, dans ce ravin. Il y a, bon, il y en a, je veux dire, ça ne va pas tout enlever bien sûr, mais il y a des grandes peurs existentielles et tout ça. La peur du jugement, du regard, des fois, ça s'est même évaporé là-dedans. Donc, même quand je suis sorti la première fois, au bout de 6-7 mois, où tu ressors carrément dans la vie, parce que là, c'est comme si tu étais dans une bulle, tu vois, une bulle où c'était un cocon quand même. C'est comme si t'étais, c'est pas une prison, mais c'est un cocon, quoi, c'est plus un cocon. Et tu vois pas ton chez-toi, tu vois pas le reste pendant 6 mois, quoi. Après, tu commences à avoir des permes à la fin, des permissions sur les week-ends. Mais il y a eu pas mal de prises de conscience, mais je ne pense pas avoir eu de stress post-traumatique sur l'accident.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que tu entends par illusion du coup ? Cette peur, tu dis, du rejet, du regard de l'autre, c'est ça que tu as fait ?
- Speaker #0
En fait, je pense que, je l'ai compris après plus tard, mais moi, ma vie, elle a réellement changé à partir du moment où j'ai compris que... que je n'observais pas la réalité, mais juste une sélection de la réalité qui était filtrée à travers mes propres prismes. Je ne faisais pas l'expérience d'une réalité fixe, immuable, etc. Je fais l'expérience de la réalité de Valentin. Et donc, du coup, je retrouve aussi un pouvoir de changement quand je comprends que ce que je perçois sont filtrés à travers mes propres croyances, à travers mes propres prismes, à travers mes propres personnages. Et qu'à partir de là... je pense que ça m'a ouvert une capacité à comprendre que ce que je percevais du monde, de ma situation même, à ce moment-là, j'avais un réel pouvoir pour que, en changeant ces prismes, le monde dans lequel je vivais changeait automatiquement et je n'avais pas forcément besoin de changer l'extérieur. vous pouvez comprendre que l'état d'esprit était important. Et je pense que dans ce processus, alors ça s'est fait par étapes, mais c'est aussi d'effriter un peu ces illusions, ces croyances qui viennent filtrer ta réalité et qui viennent te conditionner aussi à une réalité différente. Aujourd'hui, ça m'a permis de comprendre un peu aussi. Ça a clairement changé ma vie, de comprendre que j'observais vraiment que ma réalité à moi.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'à partir des croyances que tu as sur toi, sur les autres, sur le monde, tu vas agir d'une certaine manière et donc avoir certaines réponses qui vont soit confirmer ces croyances, soit confirmer ces croyances ?
- Speaker #0
Je ne sais pas, on part tout le temps du principe à vouloir confirmer ses propres croyances. Et donc du coup, imaginons que j'ai vécu une blessure de rejet dans l'enfance. Je vais interpréter ma réalité et sélectionner les informations dans mon quotidien pour distordre ou en tout cas faire en sorte que ça confirme que je suis bien une personne rejetée. Et donc du coup, c'est plein de petites croyances comme ça, mais on en a des milliers. Et le but, c'est de pouvoir bien conscientiser tout ça pour voir qu'en fait, je ne fais qu'interpréter, je ne suis qu'un interprète du monde. Et à partir de là, tu regagnes vraiment un pouvoir intérieur, tu regagnes une assise sur le monde et tu n'es plus victime du monde, tu es acteur, interprète. Et c'est une posture qui est complètement différente.
- Speaker #1
Et qu'est-ce qui t'a permis dans ce temps rééducation de comprendre ça du coup ?
- Speaker #0
Alors ça a été aussi par étapes, parce que du coup j'ai passé ces six premiers mois en centre de rééducation et j'ai fait des rechutes, on va dire. C'est-à-dire que j'ai eu, dans la paraplégie, ce qui peut être difficile, tu as plusieurs trucs qui sont difficiles des fois, c'est le danger, ça peut être les infections urinaires, parce que tu peux en avoir souvent, et les escarves aussi. Les escarves, parce que comme tu as moins de sensibilité sur tes membres inférieurs, si tu ne fais pas attention, on est toujours un peu en train de bouger. inconsciemment notre corps pour pas si tu as des points d'appui pour que le sang puisse circuler mais si tu les sens plus ça peut vite devenir des escarves on appelle ça et moi j'en ai eu du coup j'ai pas fait attention je me suis pas trop écouté sur le moment où je suis sorti du centre de rééducation Et du coup, j'ai eu un escarque. Là, ça te prend des fois 6-7 mois d'hospitalisation en plus. Donc en tout, j'ai fait 3 séjours comme ça en comptant le premier. Et ces séjours, à chaque fois, ça m'a appris à vraiment... Ça a été une expérience à chaque fois d'introspection assez importante. Parce qu'il y en a un, par exemple, le dernier, le troisième, qui est en 2015. Peut-être que je vais sauter un peu des étapes. Parce que je vais peut-être revenir à ce qui s'est passé avant. C'est-à-dire qu'en sortant du centre de rééducation, la première fois, j'ai voulu vraiment vite m'exposer ou à sortir parce qu'il y a le regard des autres. Tu sais, on a tous peur, j'ai l'impression, à ce moment-là, du regard. En plus, tu sors avec un fauteuil et tout ça. Et ça, j'ai voulu vite m'exposer pour justement pas avoir cette peur, cette appréhension de je suis en fauteuil, je suis différent, je suis ci, je suis là. Je voulais casser un peu ces trucs-là, donc je suis vite sorti avec des amis au cinéma, en boîte, au bar, faire une vie comme tout le monde, comme un jeune de 20 ans à l'époque, voilà, pour revivre une vie, faire du sport. Et du coup, ça a été de l'exposition quand même assez importante à chaque fois. J'ai continué, je suis sorti un vendredi, je crois le lundi, je suis reparti en cours. Donc, je n'ai pas pris trop de pause. Et en avril, au moment où j'étais en centre de rééducation, il y avait des amis qui sont passés me voir. Ce n'était pas des amis à l'époque, je ne les connaissais pas, mais des personnes qui venaient de Madagascar et qui m'ont proposé de... Ils m'ont toujours dit, tu viens quand tu veux nous voir à Madagascar. Et en avril, je ne sais pas, j'ai continué mes études et puis je voyais qu'il y avait commencé à y avoir une perte de sens dans ce que je faisais. Donc j'ai dit à mon père, on part. Moi, je veux partir à Madagascar un peu. Donc pendant mes vacances d'avril, j'ai pris une semaine de plus et je suis parti avec mon père. Donc c'était un super voyage. Et en revenant, en fait, j'ai eu un choc un peu culturel. où je me suis dit, c'est bizarre que le choc culturel il y aura un train et pas un alain là-bas, donc je me suis dit peut-être qu'il faudrait que je retente l'expérience. Et à ce moment-là, j'ai fait mon stage de fin d'année dans une grosse boîte, Eiffage, et je me suis dit, il faut que je fasse une pause, et que du coup j'arrête un peu les études. Parce que j'avais une perte de sens dans ce que je faisais, je ne me voyais plus faire le métier que je voulais faire. En fauteuil, c'était un peu plus compliqué. Donc, j'avais besoin d'une pause. Donc, là, j'ai pris la décision. Et je pense que c'est des moments importants dans nos vies, c'est quand on fait une pause aussi. Et là, j'ai dit, je pars un an, je prends une année sabbatique et je pars quelques mois déjà au début d'année à Madagascar. Donc, ça, ça a été un grand voyage d'initiative pour moi parce que ça a été plein de rencontres, de découvertes, de rencontres de soi. de savoir un peu se connecter à un être un peu plus profond à l'intérieur de moi et en rentrant je savais que c'est à ce moment là que j'ai décidé de partir en psychologie c'est après tout ce processus ok
- Speaker #1
et dans tout ce processus justement déjà au niveau du fauteuil t'es pas limité de partir en vacances c'est des questions pratico-pratiques oui c'est vrai même à Madagascar où j'imagine que c'est très peu adapté du coup pour ça est-ce que déjà tu es confronté à des limitations pratico-pratiques et du coup comment tu as vécu le regard des autres ?
- Speaker #0
le fait de partir ça a été plus les premiers voyages en avion un fauteuil c'est plutôt bien organisé bon Il y a quand même des trucs un peu chiants parce que des fois, on casse tes fauteuils. Il y a des gens qui ne font pas forcément attention. Je pense qu'il y a eu beaucoup de polémiques ces derniers temps avec les fauteuils cassés dans les aéroports parce qu'après, on ne peut plus se déplacer, on est bloqué. Moi, c'est comme si je fais tout avec le fauteuil. Donc, si on me le casse... Mais voilà, en arrivant sur Madagascar, en tout cas... C'est sûr que ce n'est pas du tout un pays adapté pour les gens en fauteuil. Tu imagines ? Eh bien, ça a été justement encore plus de découvertes. C'était aussi important de pouvoir demander de l'aide. C'est-à-dire que là, tu fais tout aussi avec des gens qui t'aident. C'est-à-dire que... tu as tout le temps des escaliers, des fois tu pars en brousse, c'est la brousse quoi. Donc tu n'as rien du tout d'adapté et il y a toujours là-bas, après c'est peut-être le pays, mais en France c'est un peu pareil, c'est-à-dire que tu as toujours des gens qui peuvent t'aider si tu as besoin. Et ça il faut savoir demander je pense, il faut lâcher un peu le personnage qui veut tout maîtriser, tout pouvoir être autonome, et non des fois ce n'est pas possible.
- Speaker #1
Donc ça fait partie des expériences qui t'ont permis de lâcher ce qu'on appelait tout à l'heure des illusions, des croyances, c'est-à-dire en fait je ne suis pas quelqu'un d'autre en n'osant pas demander ou en osant demander par exemple.
- Speaker #0
C'est d'accepter ma part, mais en fait je pars aujourd'hui, alors peut-être avec le recul maintenant et tout ça, mais moi je pars du principe qu'on a déjà toutes les facettes de personnalité à nous et qu'on est juste là pour les révéler un peu. Et donc plus tu les accueilles, plus tu deviens entier. Et je pense que des fois, c'est accepter le con en soi. Parce que tant que tu n'as pas accepté ce con, ou l'inculte, ou le faible, ou toutes ces petites parts qu'on ne fait que rejeter, et je pense qu'après on y viendra sur les facettes, mais il y a ce côté dualité, c'est le généreux marche avec le radin. L'altruiste et l'égoïste, c'est que deux faces de la même pièce et que plus tu fais que rejeter tes parts inconscientes comme ça, plus tu te mets à contrôler ta vie et plus tu réagis. Alors qu'une fois que tu as accepté le con et l'inculte en toi, tu peux être en soirée avec des amis, jouer à un jeu de société, dire une connerie et tout le monde rigole de toi. Si le con est intégré, ça ne te touche pas. Si le con n'est pas intégré, tu peux faire la gueule, te mettre à être là sur ton téléphone et à te replier sur toi. Donc, je pense que le but, c'était, et dans ces expériences que j'ai vécues, c'était aussi d'intégrer des parts de moi, d'intégrer du coup la personne qui n'était pas autonome, qui était dépendante, et d'accueillir cette personne dépendante des autres, c'était aussi important.
- Speaker #1
Tout l'enjeu dans ce cheminement, c'est finalement le regard de l'autre et ce qu'on imagine avoir comme impact chez l'autre, c'est-à-dire... Si l'autre me trouve inculte, si l'autre me trouve dépendant ou autre, quelle image ça donne de moi, qu'est-ce qu'on pense de moi ? Et en fait, on va sans cesse agir en fonction de ça. Si à un moment donné, on se rend compte qu'on peut être inculte et quand même apprécié et que ça n'a pas tant d'impact dans le jugement de l'autre, parce qu'on a plein de facettes, en fait, on a plus que celle-ci, c'est là où on arrive. peut-être davantage à l'accepter et à l'intégrer.
- Speaker #0
Oui, c'est tout à fait ça. Puis tu vois, si j'accepte l'inculte, je suis aussi... Ça ne veut pas dire que je suis inculte, ça veut dire que justement, je l'accepte, que des fois, je ne peux pas tout connaître sur tout, etc. Et j'exploite encore mieux le cultiver en moi. Mais tu vois, ça marche tout le temps par paire. De toute façon, on est dans un monde relatif, donc tout est polarisé, tu vois. Plus j'accepte, moi, c'est par les facettes plus sombres, on va dire, ou qu'on ne veut pas montrer en société, plus en fait tu es un entier, plus tu peux jouer avec elle, plus tu peux te comporter un coup avec l'autre, un coup, et beaucoup plus être instinctif dans ce que tu fais au quotidien, sans te poser la question de, ben là, je vais passer pour ci ou pour ça, puisque c'est OK. Oui,
- Speaker #1
et puis, pardon.
- Speaker #0
Non, je disais juste... Tu vois, mais je crois que ça a coupé un peu.
- Speaker #1
Mais c'est une question d'équilibre aussi, parce que finalement, quand on surjoue, par exemple, le généreux, l'idée, c'est que là aussi, on est guidé par l'idée que je ne peux pas être autre chose, sinon je vais être rejetée, moins aimée. Et finalement, d'être surgénéreux est une forme d'égoïsme, puisque je le fais pour moi, alors que quand j'équilibre ça et que j'accepte les deux, alors la générosité devient plus pure finalement.
- Speaker #0
Exactement, c'est tout à fait ça. Puis en plus, tu vois, plus tu es généreux envers les autres, tu vois, tu as énormément... Je pense que dans tes passions, ça doit être pareil, mais j'ai plein de passions. Moi, je donne tout pour les autres et je m'oublie totalement. Mais plus tu es généreux envers les autres, plus tu es radin envers toi-même aussi. Et je pense qu'il y a cet équilibre. Il y a toujours un peu ce côté, peut-être de notre culture judéo-chrétienne, mais de se dire qu'il faut... De prendre soin de soi, c'est être égoïste presque. Il y a un peu cette injonction sociale qui fait qu'en fait, on est tous là en train de s'oublier. Et je pense que si chacun, chaque grain de sable de l'humanité faisait ce travail, au moins, même si ce n'est pas un travail, mais juste d'accueillir en soi toutes ces parts-là. c'est un travail intérieur, je pense. Et puis le monde, c'est environ de là. Mais ça part de là.
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, on sait regarder les choses au travers d'un prisme avec des œillères tout petits petits que de se dire, si je donne tout et qu'au risque de m'oublier, alors les autres seront mieux. En fait, ça ne marche pas parce que je vais accumuler des frustrations. Je vais pouvoir être fatiguée, irritable, ça va abîmer finalement mes relations à long terme. Et peut-être à grande échelle, je vais être moins performante dans ce que je veux faire, dans mon métier, dans plein de choses. Et donc à long terme, ça abîme finalement mes relations.
- Speaker #0
Et puis je fais, moi qui en partant du principe de l'élan, de vouloir améliorer le monde, c'est un peu ça que j'ai l'impression qu'il peut se passer aussi derrière, c'est de vouloir. Mais derrière, en fait, tu fais que rajouter de la souffrance parce que toi-même, tu vois, tu n'es pas forcément le plus apaisé possible, le plus en paix possible avec toi. Et tu es en lutte en permanence pour vouloir montrer des belles facettes de toi. Et du coup, tu n'es pas aligné. Et je pense que tu rajoutes encore plus de souffrance dans le monde finalement. Des fois, c'est déjà faire ce cheminement intérieur. Et après... il émane de nous quelque chose de peut-être plus fluide, peut-être plus spontané, et qui est plus instinctif, et moins de part inconsciente de nous qui va se montrer ou qui va être... Ok,
- Speaker #1
c'était égaré sur un sujet très intéressant. Mais donc là, dans le processus, tu rentres de ton deuxième voyage alors, il me semble qu'on en était là.
- Speaker #0
Oui, le deuxième. Du coup, je pars en fac de psycho. C'est ça, je pars en fac de psycho. Je fais une première année, mais là, justement, c'est là où j'ai le premier escarpe où je ne m'écoute pas vraiment parce que je suis pris dans mes études, justement. Et du coup, ça s'infecte. Je prends une bactérie qui est assez... importante et en fait je passe à quelques heures de la septicémie je pense. Le chirurgien m'a dit si vous venez demain c'était pas sûr que j'ai eu vraiment un truc assez grave. Donc là hospitalisation, retour dans un soin en plus où tu peux plus du tout être assis puisque c'était au niveau de la cuisse donc je pouvais plus de l'esprit donc je pouvais plus être assis. Donc j'étais alité strict pendant... Et là en plus j'ai subi trois ou quatre opérations pour essayer de faire en sorte que l'escar soit à peu près remis et tout ça. Donc opérations, je me rappelle une fois je me réveille avec du sang dans les poumons, moi qui fumais aussi à l'époque, j'ai compris ce que c'était de ne pas pouvoir respirer, je pense que ça m'a fait un gros déclic aussi. Il y a eu des petites étapes importantes pour revenir à ton corps, à t'écouter, à être un peu plus à l'écoute de lui. Là, ça dure quatre mois. J'ai pris plusieurs leçons pour comprendre. Ça dure quatre mois, mais quand je voulais passer mes examens à tout prix, j'étais en première année de psycho. Le semestre, je l'ai fait à l'hôpital, donc j'ai révisé mes cours. en centre de rééducation et tout ça. Et je suis sorti pile pour mes examens en mai, je crois. Et en fait, je suis sorti un peu trop tôt quand même. Alors, j'ai passé mes examens, j'ai validé mon année, mais je suis sorti trop tôt. Et la deuxième année, je voulais la faire à l'étranger. Donc, je voulais repartir à Madagascar une troisième fois et la faire depuis là-bas, en distance. Sauf que là-bas, la cicatrice que je n'avais pas laissée bien refermée, j'ai pris une bactérie qui est en plus sous les tropiques là-bas. Donc les bactéries sont un peu coriaces. Et là, ça a été aussi très vite, ça s'est infecté. Du coup, j'ai dû être rapatrié en urgence en France. Le petit côté sympa, c'est quand même de faire un voyage en première classe. La terre a pas trié, comme je devais être à l'Utah Street, ben t'es... pas bien. Et j'ai pas eu une place de suite en centre de rééducation, mais je vais... Je vais du coup en centre de rééducation quelques semaines après. Et là, c'est à l'ité stricte. Par contre, ils ne voulaient plus. Donc, même manger, c'était à l'ité. Je ne pouvais plus sortir du lit. Comme c'était pendant cinq mois, je suis resté dans, je ne sais pas combien de mètres carrés ça fait un lit, mais peut-être deux mètres carrés. Et je suis resté là-dessus. ma toilette, je faisais tout sur le lit et je n'ai pas le droit de me redresser. Et ça a été là aussi une étape très importante dans ma vie parce que on a plein de stratégies d'évitement quand même. On est dans un monde assez facile pour éviter les choses. On est dans une société de... consommation, donc on peut très vite partir, aller sur son téléphone, jouer aux jeux vidéo, regarder la télé, on peut facilement s'éviter. Là, quand il t'arrive ça, tu ne peux plus. En fait, là, je n'avais pas trop le choix de pouvoir être avec Valentin. Du coup, ça a été 5 mois hyper importants pour moi.
- Speaker #1
T'as vraiment senti que ça te permettait de te rencontrer, finalement ?
- Speaker #0
Clairement, ça a été une période très riche, parce que du coup, il n'y avait que moi et moi à ce moment-là, on va dire. Forcément, il y avait les soignants, il y avait toujours des visites, etc. Mais là, je n'avais pas le choix de m'éviter. Donc ça a été, tu vas voir les ombres aussi, là aussi tu vas voir des parties que tu ne veux pas montrer, justement ces facettes-là, d'essayer de les accueillir, de prendre conscience aussi de tout ce qu'on disait tout à l'heure par rapport à la représentation du monde, au fait que je ne regarde que... Mon monde et pas le monde. Et de voir que j'ai une façon... En travaillant sur ma façon de regarder le monde, je change le monde en quelque sorte, parce que je le vois différemment. Et donc, en quelque sorte, il y a tout ce qui s'est passé, ce qu'on disait tout à l'heure, qui s'est passé un peu à ce moment-là aussi.
- Speaker #1
Est-ce que tu as, peut-être pas, c'est pas obligatoire, mais est-ce que tu as des exemples un peu concrets de cette vision-là qui change ?
- Speaker #0
Je pense que ça ne s'est pas vu de suite. Parce que quand tu es... t'es dedans t'es dedans on va dire là j'étais dans ma bulle de protection aussi dans le dans la chambre quoi puisque je suis pas sorti de la chambre pendant six mois donc si un peu j'avais des lits fauteuils alors tu restes alité mais tu peux te déplacer un peu comme ça c'est un peu bizarre tu peux au bout d'un moment commencer à sortir dehors ça a été une respiration aussi je l'ai ressenti quand je suis revenu chez moi je l'ai ressenti quand j'étais en contact avec les autres à l'extérieur en fait je pense que c'est à ce moment là que tu te rends compte qu'il y a soit un décalage tu vois que tu réagis plus de la même façon même situation et tu vois c'est un peu des situations comme tu le prenais tout à l'heure tant que tu n'as pas intégré le con en toi, il va réagir. Et puis, à un moment donné, tu te rends compte que dans des situations qui te faisaient réagir, où tu avais ton sentiment d'injustice qui montait, où tu avais ci, où tu avais ça qui montait, qu'il réagissait. Et là, tu te rends compte que ça ne réagit plus pareil. Et c'est là que tu vois que ça bouge à l'intérieur de toi. C'est que... en relation avec l'extérieur, en relation avec le monde, avec les autres, que tu peux voir que ça a bougé. Dans la façon dont tu réagis aux certaines situations, dans la façon dont tu te regardes, dans la situation, c'est tout ça que j'ai senti que ça avait bougé. Donc oui, il y avait des trucs d'injustice, des trucs comme ça qui ne réagissaient plus en moi, par exemple, où je ne percevais déjà plus le monde de la même façon.
- Speaker #1
Est-ce que c'est aussi parce que ça te paraissait peut-être plus futile à ce moment-là de réagir à ça par rapport à tout ton parcours ?
- Speaker #0
Il y a aussi de ça, mais c'est le parcours qui a permis de lâcher aussi ces trucs d'injustice, de lâcher un peu ces trucs des fois de peur. Parce que j'ai ce truc un peu de l'injustice. je te disais au début, qui était là aussi. J'ai ce truc profond de justice en moi et la justice me faisait très réagir. Aujourd'hui, ça peut me faire réagir, mais vraiment différemment et c'est à partir d'un autre endroit à l'intérieur de moi que ça réagit, je pense. Mais oui, c'est clair que tu te rends compte de comment ça a bougé par rapport à la réaction que tu vas avoir.
- Speaker #1
Et ce que ça renvoie aussi, tu sais, à... Donc on... on en parle moins aujourd'hui, mais encore beaucoup, de l'hypersensibilité et notamment de l'intolérance à l'injustice. Est-ce que là-dedans, tu as aussi une lecture par le biais de l'insécurité ? C'est-à-dire, si j'ai des insécurités, effectivement, je vais surréagir à l'injustice, y être hypersensible. Et ça, ça peut, à l'aide d'une thérapie, de travail sur ses croyances, s'apaiser, se sécuriser.
- Speaker #0
Oui, oui, mais je pense que ça parle aussi de la conviction. L'injustice, ça t'amène des fois à être presque militantiste et tout ça, tu sais, ça peut t'amener vers là. Et je me rends compte que des fois, il faut pouvoir lâcher ce truc avec le... Alors pas tout le temps, il y a des gens qui jouent très bien leur rôle. Et en tout cas, moi, ça m'a permis de lâcher ça intérieurement dans mon parcours, de lâcher ce truc à vouloir changer les choses par l'extérieur. Parce qu'en fait, plus tu résistes à un système, plus déjà, plus tu le renforces. Je pense qu'il faut mieux pouvoir travailler sur la construction d'un nouveau monde aujourd'hui, dans tout ce qui se passe, etc., où la construction de nouvelles valeurs et d'être en adéquation avec elles et d'essayer de les incarner, plutôt que de lutter contre ce qui est en train de... dans les injustices du monde. Tu agis beaucoup plus de monde où il y a beaucoup plus de mouvements et d'élans de construction en faisant ça que de vouloir... à tout prix militer, résister en tout cas moi c'est mon parcours personnel et je veux pas dire que c'est pas militer bien entendu mais des fois je l'ai vu aussi c'est des patients, c'est de lâcher un peu ce truc de... parce qu'après tu te mets en victime du monde et tu mets le mal est à l'extérieur et tu vas pas voir le mal à l'intérieur de toi et donc du coup en fait ça te fige un peu dans une position toujours... je lutte contre l'extérieur parce que moi je suis le bien et les autres c'est le mal. Et ça, ça m'a permis de lâcher aussi ce processus de voir le mal à l'extérieur et pour moi incarner le bien. Je pense que comme on disait tout à l'heure, on a les deux polarités en nous et il vaut mieux rester, réussir à accueillir ces polarités que de chercher à voir le mal à l'extérieur pour essayer de l'éradiquer parce que c'est ce qui a permis, c'est ce qui a souvent engendré, si tu regardes toutes les guerres, elles sont faites au nom du bien. On a du mal. Donc c'est pareil pour nous intérieurement. Tu fais ce cheminement, je pense que des fois, ça pèse pas mal de trucs.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une notion aussi de se concentrer sur ce sur quoi tu as du contrôle et de lâcher le reste ?
- Speaker #0
C'est un peu la philosophie des stoïciens, je pense aussi, qu'il y a derrière. Il y a des trucs où, et encore, je pense qu'aujourd'hui, plus j'avance, plus je vois qu'on a... j'enlève un peu cette notion de contrôle je pense qu'on a une illusion du contrôle ça c'est sûr mais en tout cas il y a des combats qui sont intéressants à mon nez tu peux mettre de l'énergie vers vraiment ce qui a du sens pour toi mais il y a plein de trucs par contre ça sert à rien de mettre de l'énergie dedans, c'est de vouloir changer les autres, rien que ça et en plus je le dis en étant thérapeute mais rien que ça Ça t'amène souvent à vouloir changer tes parents, à vouloir changer ton patron, ton chef. Ça t'amène que dans de la lutte et dans une sorte de lutte inévitable et de rumination émotionnelle qui se crée à partir de là, qui est pour moi une énergie aujourd'hui futile parce que je préfère essayer de temps en temps. Alors, ça m'arrive d'être dans la lutte, ça m'arrive et c'est OK aussi, tu vois. de temps en temps, de pouvoir plus mettre cette énergie, ce temps disponible vers des choses qui ont vraiment de l'importance pour moi et du sens. C'est ce qui me porte aujourd'hui un peu plus.
- Speaker #1
Oui, dans ce que tu dis, ce que je vois, c'est le fait déjà de t'être retrouvée, bloquée, alitée dans un tout petit rayon qui finalement t'a fait prendre une distance. hyper large et un recul hyper large sur le monde quasiment et donc ça me renvoie en fait en ce moment j'ai pas mal de patientes notamment qui sont dans la demande de réponses de protocoles pour aller mieux sur des problématiques et des insécurités extrêmement profondes et ma vision c'est que alors
- Speaker #0
Je pense qu'il y a des protocoles et des psychothérapies qui vont permettre d'adoucir le quotidien, vraiment d'apaiser certains symptômes, des problématiques pour mieux vivre. Mais qu'à partir du moment où on veut aller plus en profondeur, là, il va falloir prendre du temps, de la réflexion. Et on ne peut pas avoir des réponses toutes faites. Je pense que la société dans laquelle on vit amène aussi à ça. Et je trouve que ton parcours renvoie à cette idée-là, en fait, de pause, de temps.
- Speaker #1
temps d'introspection et de ne pas être dans la solution toute faite je pense que ça a été oui parce qu'en fait de vouloir trouver la solution à tout prix, c'est un peu notre cerveau qui procure ça, c'est à dire on veut tous en plus comme tu dis c'est aussi culturel en Occident on a l'habitude d'appuyer sur un bouton d'avoir la lumière de suite ou de tirer un robinet et d'avoir de l'eau Donc, on est un peu bercé par ce truc. Il faut que ça soit tout de suite. Mais moi, j'ai une part très... Au fond de moi, j'ai aussi une part qui est très impatiente, qui a envie de... Mais ça m'a permis aussi de voir cette part plus patiente à un moment donné. Et puis d'être moins... En fait, à chercher de solutions. C'est-à-dire que je pense que... Tu vois, ce que ça m'a beaucoup appris aussi, c'est qu'il y a des trucs où il n'y a pas de solution. Et c'est ce côté un peu occidental et tout ça qui est présent, c'est-à-dire de vouloir trouver des solutions à tout, de vouloir résoudre les problèmes. Mais plus tu veux résoudre des problèmes, pour résoudre des problèmes, il faut des problèmes. Donc tu crées des problèmes pour pouvoir en résoudre. Donc à un moment dans ma vie, moi, ce qui m'a permis de voir, c'est que j'étais paraplégique. Et tu vois, on n'a pas parlé aussi dans le processus, mais il y a un moment où j'ai compris que je n'allais pas remarcher. Oui,
- Speaker #0
c'est une question qui m'est venue à mon pied. C'est ce moment où on... J'imagine,
- Speaker #1
on te l'annonce, alors. Oui, on te l'annonce. Alors, même si le processus était fait intérieurement un peu, on te l'annonce. Alors, c'est assez particulier comment on te l'annonce, en tout cas, comment ça s'est passé pour moi. On fait une file d'attente et tu sais, le chirurgien qui t'a opéré, qui vient en centre de rééducation et qui a des entretiens avec les patients qu'il a opérés. Et au bout de trois mois, là, tu as la file d'attente. Du coup, le jour où ce médecin vient, Et donc, du coup, tu as des gens qui sortent en pleurant. C'est un peu particulier. Et moi, il y a mon tour qui arrive. Et donc, il me dit... Je me souviens un peu comment il me l'a dit. C'était un peu léger dans le sens où il me tape sur l'épaule. En gros, tu es jeune, maintenant, tu t'en remettras. Ça va aller. En gros, c'était un peu ça, comment je l'ai vécu, en tout cas. Et à ce moment-là, j'avais un peu... forcément un peu de colère en me disant mais quel... Je ne vais pas utiliser le mot, mais on va mettre un mot qui commence par un C et je me dis comment il ose faire ça ? Comment il ose me parler comme ça en tant que chirurgien, encore avec son égo de chirurgien et tout ça, à prendre les gens juste pour des numéros ? Tu vois, il y a ce truc qui était un peu... qui a réagi de suite. Je suis sûr qu'il n'annoncerait jamais comme ça son propre fils. Bon bref, il y avait ce truc, ça réagit un petit temps, mais vraiment très léger. Et après, de suite, il y a eu le... En fait, je me rends compte qu'aujourd'hui, ce mec-là, il a été, malgré son égo, malgré tout son truc de personnage de chirurgien, il a été hyper important parce qu'il y a une amie qui me dit on t'enverra que des anges parce que tout le monde est là pour t'apprendre en même temps. c'est un peu ça, lui ça a été quelqu'un qui m'a appris, parce qu'au moins j'ai lâché peut-être aussi beaucoup le combat à vouloir absolument remarcher. Parce que souvent on te dit ça, on te dit, ouais mais mentalement si tu peux, si tu visualises etc, ben ça va marcher etc, mais des fois non. Et en fait c'est accepter qu'à partir de là ça a été un cheminement plus d'acceptation. de ce qui s'était passé, du fait que j'allais rester en fauteuil. Alors peut-être qu'avec l'avancée de plein de choses, ça peut changer, je ne sais pas. Mais en tout cas, je n'en fais pas un cheval de bataille, je n'en fais pas un truc qui m'aurait pris tellement de temps et d'énergie et je n'aurais pas passé du temps à voyager, à sortir, à vivre une vie tellement plus riche aujourd'hui, à rencontrer, à vivre des rencontres, à vivre... des moments de couple à vivre tout ça. Je serais passé à côté à vouloir me battre contre un truc qui était juste un fait, qui était juste là. Donc il y a plein de moments où il n'y a pas de solution. Et je pense qu'il y a aussi à lâcher le fait de vouloir à tout prix aller mieux. aussi, parce que ça c'est un gros piège c'est que la vie est pour moi une succession de vagues inconforts mais en tout cas tu peux pas lutter contre ces vagues inconforts et plus tu cherches à les supprimer à les rejeter plus tu t'enfermes dans une zone de lutte qui t'emmène pas vers une vie plus riche et pleine de sens pour toi
- Speaker #0
Il y a tous ces processus et j'imagine qu'on est sur un énorme résumé de tout ça dans ton vécu, mais en tout cas des étapes importantes. Tu es en psycho, tu refais plusieurs hospitalisations au milieu de tout ça. Et dans tout ça, comment tu vis justement ? Le regard de l'autre, la vie de couple, toutes ces choses-là, est-ce que c'est des questions qui sont très présentes ou de par toutes ces réflexions que tu arrives à lâcher, finalement, qui ne deviennent plus des questions à un moment donné ?
- Speaker #1
Ça a peut-être été une question quand même au tout début, à 19 ans, en me disant, mais si ça se trouve, je ne pourrais pas être en couple, ou ça a été peut-être les premières semaines des choses qui me trottaient un peu dans la tête. Après, j'ai eu la chance que vite... Il y a des situations qui sont passées dans ma vie, que même en centre de rééducation, j'ai fait des rencontres. Il y a beaucoup de rencontres qui se font dans les centres de rééducation. J'ai des amis qui se sont mis ensemble là-dedans et tout ça. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans ces moments. Tu restes six mois entre soignant, patient, etc. Tout est un peu… Et ça m'a permis de comprendre, de lâcher aussi cette croyance. Là aussi, on parle de croyance, mais que… que je ne pourrais plus rencontrer quelqu'un. Parce que la vie m'a proposé quelque chose et je l'ai accueilli. Et puis après, à 19 ans, finalement, toutes les rencontres se sont faites un peu comme ça. Et puis ça s'est un peu enchaîné. J'ai eu des relations un peu plus longues après. Et là, après le master, j'ai rencontré Aline. maintenant on est ensemble depuis un moment mais ça s'est fait un peu comme ça l'histoire des relations c'est par des moments de vie qui m'ont fait montrer que ben non puis après j'avais aussi l'exemple de l'extérieur c'est à dire des des hommes paraplégiques qui étaient en centre de rééducation avec moi qui avaient des compagnes etc oui en fait quand on est valide c'est souvent un monde invisible
- Speaker #0
Donc on se fait des croyances par rapport à tout ça ? Là où une fois que tu rentres dedans, tout se passe naturellement finalement ?
- Speaker #1
Il y a plein de trucs, moi ce n'est pas du tout un milieu dans lequel j'ai baigné. Des fois quand tu as quelqu'un dans ton environnement qui a un handicap, forcément tu connais un peu mieux les choses, moi ce n'était pas vraiment le cas. Et tu te confrontes à des trucs aussi bien, sortir un peu de certaines illusions. de croire que tu ne peux plus rien faire, etc. J'ai une voiture, je me déplace. J'ai fait du parapente, je fais du ski. Je veux dire, je fais du canoë avec Aline assez souvent. On est souvent à l'extérieur, souvent dans l'aventure. Et tout ça, je ne l'aurais pas cru, je pense, au début. Tu m'avais dit qu'en fauteuil, on pouvait faire tout ça. Je ne t'aurais jamais cru. Mais ça s'est fait par plein de moments aussi où il faut sortir de la zone de connu, de confort. Il y a toujours un peu, quand tu sors de sa zone du connu, un peu d'anxiété, un peu d'appréhension. Mais une fois qu'il est derrière, tu l'agrandis, donc tu respires à nouveau et petit à petit, ta zone de jeu s'agrandit. Et ce que je dis souvent, c'est que je me sens moins handicapé depuis que je suis en fauteuil rond.
- Speaker #0
Ça, c'est beau. Mais parce qu'on sent la libération intérieure, finalement, le cheminement que ça a permis à ce niveau-là.
- Speaker #1
Tu vois, dans la contrainte que ça amène, alors je ne dis pas que c'est tout entourage, quand tu vois le prix d'un fauteuil roulant, quand on parlait des illusions, des fois, moi, je ne savais pas, quand on m'a dit, écoute, il faut sortir 6 000 balles pour un fauteuil, un truc qui ne fait même pas 10 kilos d'aluminium, j'ai dit, mais ils sont sérieux. Tu vois, il y avait aussi...
- Speaker #0
Tu as juste aussi quelques-uns.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, il y a des trucs qui ne sont pas faciles. Tu peux avoir... Justement les escarres comme je t'ai expliqué, c'est pas tout le temps tout rose non plus, mais en tout cas moi je me sens clairement moins handicapé depuis que je suis en fauteuil parce qu'il y a eu tout ce cheminement forcément intérieur. Et puis quand tu vois des fois des simples peurs, la peur du rejet, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ci, la peur... En fait, ça te cloisonne encore plus qu'un fauteuil roulant. C'est beaucoup plus cloisonnant et ça te crée un monde et une zone de jeu beaucoup plus enfermée qu'un fauteuil roulant. Donc c'est pour ça que je dis ça souvent.
- Speaker #0
J'en suis convaincue. Je pense qu'on le voit tous les deux auprès de nos patients et de voir... la conséquence de ces insécurités-là sur le quotidien, dans quoi on peut s'enfermer, autant en termes, effectivement, de pensée que de comportement, où on va s'interdire tellement de choses à cause de ces peurs. C'est très, très impressionnant parfois.
- Speaker #1
Ah ben, c'est ce qui nous enferme le plus. Une fois que tu sors un peu, justement, de cette zone du connu... qui est très enfermante parce qu'au début c'est que des murs de protection. Tu vois, tu vis petit du rejet, tu t'enfermes, forcément tu crées un personnage du rejeté et tout ça, et ça te crée un mur de protection et c'est là pour te protéger tout ça. C'est normal de l'avoir, mais à un moment donné ce mur de protection ça devient des murs de prison. Et le fait de pouvoir sortir la tête, d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté, à chaque fois tu agrandis. Et moi, ça se passe tous les jours. Je veux dire, c'est un processus qui ne s'arrête jamais. Il y a des trucs que je vais redécouvrir, des peurs que je vais essayer d'aller voir derrière ce qui se passe, etc. Ça se passe tous les jours. Et à chaque fois que tu sors un peu de cette zone du connu, tu l'agrandis, ton terrain de jeu s'agrandit dans la vie. Tu peux même faire un podcast, un truc comme ça. Ça pourrait être des choses au début. Il n'y a pas si longtemps, j'ai dû faire un live aussi sur YouTube. Et c'est toujours, tu sors à chaque fois de ta zone de confort. Une fois, j'ai fait une conférence aussi à l'université. J'étais qu'étudiant à ce moment-là. Bien sûr que j'ai ressenti l'anxiété. Bien sûr que j'avais le trac, etc. Mais si je faisais tout pour ne pas ressentir ça, je n'y serais pas allé. Et là aussi, on en revient à notre rapport aux émotions, à notre rapport à l'inconfort.
- Speaker #0
Et justement, est-ce que tu vois en parallèle... dans le fait d'avoir ressenti de l'inconfort extrême dans ton parcours est-ce que ça t'aide à supporter l'inconfort émotionnel parce que finalement dans nos réactions ce qu'on cherche à faire c'est toujours éteindre ce feu d'inconfort qu'on peut ressentir et donc je vais soit éviter soit lutter contre ce que je peux ressentir et agir sur le coup de ça et ne pas attendre de voir comment ça peut être en mouvement, avec de la patience, du recul, accueillir les choses. Est-ce que tu vois un parallèle qui t'a aidé à ça ?
- Speaker #1
Oui, clairement. Je pense que, justement, des fois, je pense que... Là, tu vois, je travaille à l'hôpital de jour, et des fois, en addictologie, à l'hôpital. Et des fois, ce qu'on amène, nous, c'est de vouloir faire sortir les patients de leur zone du connu, leur zone du confort, et tout ça. Et toute l'équipe soignante est un peu dans ce sens, à montrer aussi que... te confronter un peu à l'inconfort, te confronter à des choses qui te... Tu vois que c'est qu'une vague, en fait, et que ça redescend systématiquement à un moment donné, mais que t'es quand même content et satisfait d'avoir fait quelque chose de nouveau, d'avoir osé affronter une peur, d'avoir osé sortir de ta zone du connu. Et je pense que oui, quand t'es confronté dans ta vie à de l'inconfort extrême, et que tu vois que c'est passé. et que tu vois qu'en fait ça passe aussi comme tout inconfort et que rien n'est permanent dans la vie, ça te permet de pouvoir cheminer différemment dans la vie en général et le rapport que tu as avec elle.
- Speaker #0
Oui, complètement. Effectivement, avec l'addiction, ça fait partie des comportements par excellence de vouloir éteindre.
- Speaker #1
Exactement, c'est un comportement de contrôle et d'évitement comme certains pourraient regarder la télé tous les jours, scroller sur les réseaux sociaux. Et je dis pas qu'il faut pas voir de temps en temps, ça peut être ok, mais être conscient que je suis dans l'évitement, c'est déjà plus... Le faire d'une part plus conscient de nous, c'est déjà mieux, tu vois. Je pense que c'est ok des fois d'éviter. On peut pas tout le temps accepter, accueillir et tout ça, c'est ok aussi de l'autre côté. Mais c'est différent quand tu accueilles l'émotion, même aujourd'hui. Je peux être en colère et être ok avec la colère. Je peux ressentir des fois de l'injustice, ressentir ça et être ok avec ça en fait. Ce n'est pas l'émotion le problème, c'est la réaction qu'on a face à elle.
- Speaker #0
C'est toujours une question d'équilibre, c'est-à-dire qu'à partir du moment où mes comportements d'évitement ne provoquent pas des cercles vicieux de culpabilité, de dévalorisation ou de mal-être, alors ça reste des comportements qu'on peut mettre en place en conscience et dont on a besoin aussi. Mais c'est une question d'équilibre dans tout ça.
- Speaker #1
Oui, tout ça. Et c'est un peu l'approche de la thérapie acte, notamment. c'est de sortir un peu du contrôle et de pouvoir accueillir l'inconfort au lieu de vouloir aussi changer les pensées et les émotions, on est plus dans le changer le rapport avec les pensées et les émotions, et donc d'être plus dans l'accueil de nos émotions, de pas considérer qu'il y a des émotions positives et négatives, parce que je pense que ça nous a, je pense que d'accord avec moi, que ça nous a fait beaucoup de mal en termes de société, de vouloir à tout prix, parce que c'est... À partir du moment où tu considères que c'est des émotions négatives, tu fais tout pour essayer de ne pas les ressentir. Mais comme ça fait partie intégrante de la vie humaine, tu luttes en permanence pour ne pas ressentir ça. Et c'est bien des fois de pouvoir ne pas éviter certaines situations qui seraient susceptibles de te faire vivre des émotions négatives. Imaginons que j'aime le théâtre. Quand tu vas au théâtre et que c'est important pour toi, forcément tu ressens une émotion négative qui est le trac et l'anxiété. Et si tu veux à tout prix pas ressentir d'émotions négatives dans ta vie, tu t'enfermes de plus en plus dans une zone de plus en plus restreinte, de plus en plus de prison. Oui,
- Speaker #0
et parfois, dans certaines situations, plus on ressent une émotion négative, plus ça veut dire qu'on en a ressenti une positive avant. Souvent, je donne l'exemple de passer... une semaine génialissime en famille ou avec des amis et d'être très triste que ça se termine, plus on est triste, plus ça veut dire qu'on a passé un bon moment ou plus on a le track, plus ça veut dire qu'on va faire quelque chose qui est important pour nous, qui a de l'enjeu. Et donc, parfois, vivre cet inconfort-là est important pour vivre le confort avant ou après.
- Speaker #1
Clairement. C'est un peu ça l'idée. Tu vois, le fait de, comme on disait tout à l'heure, de vivre... Le côté polarité, si tu veux connaître le chaud, il faut connaître le froid. Pareil pour les émotions, si tu veux connaître la joie, il faut avoir connu des moments de tristesse. Et l'être humain, je pense qu'on est un être émotionnel, donc on vit une gamme d'émotions comme une gamme de notes, de la tristesse la plus absolue à la joie la plus ultime. Et plus tu arrives à accueillir toutes ces émotions, plus finalement ton terrain de jeu s'agrandit parce que tu n'es pas en train d'essayer de contrôler ta vie pour ne pas vivre certaines situations susceptibles de te faire vivre des émotions négatives et là je pense qu'on arrive à du coup accueillir un peu cette gamme d'émotions et plus tu accueilles ça plus finalement t'es libre.
- Speaker #0
J'ai encore mille questions évidemment mais le temps tourne, est-ce que il y a des aspects qu'on n'aurait pas abordés et qui te semblent importants à aborder ou alors un résumé des éléments que tu as retenus de cet échange ?
- Speaker #1
Alors, qu'est-ce que je pourrais dire ? Je pense qu'on a fait un grand tour. Après, je pense que le côté de comprendre, sur ce que je veux insister souvent, c'est vraiment de comprendre qu'on est tous face à notre réalité et que... Et que du coup, ça nous permet de regagner un peu une position d'interprète et pas de plus de victime du monde ou plus de victime de ce qu'on vit. Parce que pour moi, voilà, j'ai été... À chaque fois, c'est les deux faces de la même pièce, le victime, la bourreau et tout ça. Mais de pouvoir accepter l'être humain que je suis, c'est d'accepter toutes ces polarités. Parce que ça me permet d'être de plus en plus entier. Et d'être OK aussi de se lâcher un peu la grappe, parce que je pense qu'on est... Souvent, je dis à mes patients, mais si vous avez un patron qui vous parlerait comme vous vous parlez à vous-même, en termes de pensée, etc., ça ferait longtemps que vous auriez porté plainte pour harcèlement au travail, parce qu'on est vraiment nos propres bourreaux, nos propres... Et donc, des fois, de pouvoir commencer à cheminer, de se lâcher la grappe, on parle souvent d'estime de soi, mais très peu d'autocompassion. et je pense que déjà de commencer à avoir un peu de compassion envers soi, de se traiter en termes d'ami-ami, parce que souvent l'amour de soi, je trouve, peut être un peu galvaudé. le terme en tout cas mais au moins de parler d'amis avec toi moi ça m'a appris tout ça aussi de pouvoir être ok de plus en plus à vivre la vie de Valentin et pas la vie des autres et ça ça
- Speaker #0
fait du bien superbe je te remercie les liens évidemment pour te retrouver seront en description comme d'habitude On peut se quitter sur ces derniers mots alors.
- Speaker #1
Je te remercie beaucoup pour cette expérience. Et puis, je trouve que le format est hyper agréable parce que c'est vrai que nous, on communique beaucoup sur Insta. Et je trouve que je suis tout le temps un peu frustré du fait qu'on est limité en termes de contenu. Et puis maintenant, si tu fais des vidéos de plus de six secondes, les gens ne les regardent même pas. Donc, je trouve que j'ai vraiment apprécié le fait d'échanger avec toi sur un format beaucoup plus long.
- Speaker #0
Merci, c'est pour ça qu'effectivement en ce moment, je suis dans une période où je suis moins sur Instagram, mais par contre le podcast, je le garde précieusement, parce que je trouve que c'est précieux d'avoir aussi ces espaces où on peut prendre le temps et on peut approfondir les sujets. Merci à toi beaucoup.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Égoïne.
- Speaker #0
À bientôt.
- Speaker #1
À bientôt.