Adapter les outils de travail pour les personnes en situation de handicap - Tangata Waikaha cover
Adapter les outils de travail pour les personnes en situation de handicap - Tangata Waikaha cover
Tangata Waikaha - Faisons parler les différences

Adapter les outils de travail pour les personnes en situation de handicap - Tangata Waikaha

Adapter les outils de travail pour les personnes en situation de handicap - Tangata Waikaha

22min |09/11/2021
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Description

Bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les entreprises, avec pour objectif de faire parler LES différences.

Aujourd'hui, Sébastien Delorme - Expert et consultant en accessibilité numérique chez Ideance et Olivier Jeannel - fondateur et CEO de RogerVoice, évoquent l'accessibilité en entreprise et nous présentent quelques solutions et outils.

Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi LinkedIn, Facebook et Twitter ou sur notre marketplace emploi.tangata.net pour faire bouger les choses, ensemble ! 

____________________________________________________________________

Merci aux équipes de Ideance pour la retranscription de cet épisode ! 


Tangata Emploi : 

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les référents handicap et toutes les personnes en charge de l'inclusion en entreprise. L'objectif est de faire parler les différences et nous allons évoquer ensemble la diversité, l'emploi bien-sûr, la fiabilité, la qualité et la confiance, l'impact social, la reconnaissance de nos singularités et la co-construction. 

Aujourd'hui, j'ai deux invités Sébastien Delorme, expert et consultant en accessibilité numérique au sein de Ideance, et Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Ils vont vous parler de l'accessibilité en entreprise nécessaire au recrutement et à l'accueil d'une personne en situation de handicap et de comment ils ont pensé, à leur échelle, à créer des outils adaptés. Tout de suite, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Delorme. Est-ce que vous pouvez, pour commencer, nous présenter un peu votre activité ?  

Sébastien Delorme, Ideance : 

Alors, mon activité tourne autour du numérique et du handicap. Ça fait douze ans que je travaille sur un sujet qui s'appelle l'accessibilité numérique. C'est la prise en compte du handicap dans la conception et le développement de solutions numériques. Donc, faire en sorte, en gros, qu'une interface soit utilisable par une personne aveugle, compréhensible par une personne sourde, etc. Et mon activité, c'est d'accompagner des entreprises, des organismes publics dans la prise en compte de ces enjeux là par de l'audit, de la formation, de la montée en compétence et de l'accompagnement de projets.  

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que quel est l'état des lieux ? Il y a encore beaucoup de choses à faire ? Il y a peu d'outils ? Ou, au contraire, ça se développe et les entreprises sont à peu près équipées ?  

Sébastien Delorme : 

Il y a encore beaucoup de choses à faire. Aujourd'hui, les choses s'améliorent et commencent à se développer, notamment avec l'appui de la loi, puisqu'il est aujourd'hui obligatoire pour des organismes publics et certaines grandes entreprises privées de prendre en compte ces questions de handicap face au numérique pour leurs salariés, pour leurs clients, pour le grand public, de manière générale. Donc, les choses évoluent. Maintenant, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup de retard. On a un énorme majorité, par exemple des sites Internet qui, aujourd'hui, ne sont pas pleinement accessibles et compatibles avec tous les besoins des personnes en situation de handicap.   

Tangata Emploi : 

J'imagine que les besoins sont de plus en plus nombreux avec la numérisation croissante des besoins ? 

Sébastien Delorme : 

Alors oui, évidemment, rien qu'avec la mise en place du télétravail, on a certaines entreprises qui se sont rendues compte que les enjeux étaient fort. Parfois, quand des collaborateurs peuvent avoir des difficultés… Prenons un exemple quelqu'un avec qui peut avoir des difficultés pour consulter les informations ou déposer ses demandes de congés en ligne. Malheureusement, ce n'est pas accessible. Il n'est pas autonome pour le faire. Il peut éventuellement s'appuyer sur un collègue qui est à côté pour s'aider. Ce n'est pas la solution idéale, mais on peut être dépanné comme ça. Quand on se retrouve en télétravail, on est face à son ordinateur seul. Donc effectivement, là, les enjeux sont encore plus encore plus importants. Et puis, ça se développe aussi avec la visioconférence. Participer à une réunion de travail avec des collègues dans un bureau, c'est quelque chose de plus souple, de plus simple pour quelqu'un qui a un bug, par exemple pour quelqu'un qui a un handicap moteur, si les locaux sont accessibles, ou pour quelqu'un de sourd ou malentendant qui, par exemple, pourrait pratiquer la lecture labiale et qui arriverait à lire sur les lèvres avec ses collègues. En visioconférence,  une image de mauvaise qualité et tout de suite, on ne peut plus lire sur les lèvres. Donc on a besoin clairement de sous-titrage ou de traduction en langue des signes.   

Tangata Emploi :

J'imagine que les outils se développent. 

Sébastien Delorme :

Donc les outils se développent. Il y a plusieurs types d'outils. Il y a des outils méthodologiques. Aujourd'hui, en France, on a un document qui s'appelle le RGAA, le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité. C'est un socle plus normatif et légal, dans le sens où il va expliquer ce qu'on peut faire et ce qu'on doit faire pour être accessible. Donc ça, c'est des choses qu'on n'avait pas forcément il y a quelques années, qu'on commence à avoir en France et dans la plupart de l'Europe. On a des outils qui permettent de s'évaluer, de savoir comment on peut être accessible, est ce qu'on l'est ou pas ? Est ce que nos interfaces sont compatibles avec les besoins des personnes en situation de handicap ? Ces choses là se développent et effectivement, on a des outils, des solutions qui vont améliorer encore plus de confort pour l'utilisateur et qui se développent également. Pour prendre des petits exemples sur tout ce qui est visioconférence, depuis un ou deux ans, on a la chance d'avoir du sous titrage automatique, que ce soit Teams, Skype ou Zoom. On a la possibilité d'activer des options de sous titrage automatique pour les personnes sourdes et malentendantes, chose qu'on n'avait pas forcément il y a deux ou trois ans. C'est encore perfectible, mais ça s'améliore très, très rapidement. Et puis des applications mobiles, des services qu'on trouve de plus en plus et qui répondent à des besoins parfois très spécifiques. 

Tangata Emploi : 

Comment réagissent ces entreprises ? Elles sont à l'écoute de développer tous ces nouveaux outils, en tout cas de les installer.   

Sébastien Delorme :

Oui, elles sont à l'écoute. Souvent, il ne s'agit pas spécialement d'outils à installer, mais de normes à respecter. Donc, c'est là où se joue parfois la difficulté, c'est que si on a un intranet ou un outil de gestion comptable qu'on veut rendre accessible et compatible à ses salariés en situation de handicap, la question, c'est, premièrement d'installer des outils pour les collaborateurs pour qu'ils puissent utiliser leur ordinateur, une synthèse vocale ou une plage braille pour une personne aveugle. Ça, c'est relativement simple. De toute façon, c'est absolument indispensable pour que la personne puisse travailler. Puis ensuite, il y a la question de la compatibilité. Est ce que mon intranet est compatible avec les systèmes qu'utilisent les salariés en situation de handicap ? Là, c'est plus un travail de fond. Il faut effectivement améliorer les interfaces et les modifier. Si on achète une solution, il faut demander à ce que son prestataire nous fournisse une solution qui soit compatible. Et si on les fait développer, il faut effectivement respecter des contraintes ou en tout cas des règles d'accessibilité. Comme dans le bâtiment, quand on construit un immeuble, on a des règles à respecter sur des largeurs de portes, les rampes d'accès, la vocalisation dans les ascenseurs. C'est la même chose sur une interface numérique. On a des règles à respecter. Donc, les entreprises sont à l'écoute parce qu'elles ont une obligation légale. On n'est plus dans une phase de constat aujourd'hui, où les entreprises vont plutôt analyser là où elles en sont le retard qu'elles ont pris, essayer d'être transparentes sur ce qui va, ce qui ne va pas dans l'entreprise. Et puis, on commence à avoir un mouvement de fond qui va plutôt être, bon maintenant, on forme les équipes, on s'améliore, on demande à nos prestataires de prendre en compte ce sujet là et on sent qu'effectivement, on arrive sur cette tendance là. Donc, les entreprises sont assez ouvertes. C'est des enjeux forts, à la fois pour leurs collaborateurs, mais également pour leurs clients. Aujourd'hui, on a assez peu de services bancaires en ligne qui sont parfaitement accessibles, assez peu de e-commerçants qui sont parfaitement accessibles. L'enjeu est double répondre à une obligation légale, mais c'est aussi avoir un avantage concurrentiel non négligeable par rapport à ses confrères ou concurrents. Et aujourd'hui, si on est dans la grande distribution, par exemple, c'est un enjeu fort de se rendre, voilà on est le premier site e-commerce pleinement accessible. Donc, clairement, ça commence à être identifié et on sent que les entreprises se lancent sur ces sujets là.   

Tangata Emploi : 

C'est un véritable axe. C'est une véritable réponse à la question du coût parce que j'imagine que tout cela a un coût. Vous me parlez de prestataires d'installations. Ça coûte cher. Ce genre d'outil ? 

Sébastien Delorme :

Ce qui va coûter c'est effectivement la prise en compte de l'accessibilité. On n'est pas vraiment sur des outils à déployer. On est encore une fois plutôt sur des respect de normes. Donc, ce qui va coûter cher, c'est le temps d'apprentissage, de monter en compétence. En soit, produire un site Web accessible versus un qui ne le serait pas l'impact de coût est très léger, voire quasi nul, ou presque. Ce qui est ce qui va coûter cher, c'est le changement. Aujourd'hui, la plupart des sociétés, des développeurs, des développeuses qui créent des sites web ne savent pas le faire de manière accessible et donc, du coup, elles ont besoin de se former. On a besoin de les sensibiliser. Ils ont besoin de se former, de monter en compétences. Quand on s'essaye à l'exercice une première fois, c'est toujours un peu plus long, donc on se fait accompagner, etc. Donc, c'est ça aujourd'hui qui va coûter. D'expérience sur un projet numérique, prendre en compte le sujet. L'accessibilité, c'est 5 à 10% de budget en plus sur toute la partie conception de l'interface. Parce qu'il y a le temps de monter en compétences, de formation, d'accompagnement par des experts, ce qui est notre métier du coup. Quand on intervient forcément, du coup, on représente un surcoût sur un projet. Et à terme, ça peut être quasi nul, aujourd'hui, si les équipes savent le faire prendre en compte globalement, à moyen terme, c'est peut devenir quasi nul.   

Tangata Emploi : 

Je reviens sur un sujet que vous avez commencé à évoquer et qui est un mot moche, mais qui est quand même un modèle business, un business model. Et notamment, j'ai eu la chance de discuter il n'y a pas longtemps avec un intervenant qui a développé une application pour que les malentendants puissent avoir les sous titres sur leur téléphone et sur tout un tas d'applications comme de la visio conférence. Et il me disait qu'il y avait à peu près 500 000 personnes aujourd'hui qui passaient pas d'appels parce que vous avez des problèmes d'audition et qui du coup ne pouvaient pas téléphoner et que son application, y répondait. Et là, on voyait bien que au delà de l'inclusion, il y avait une forme de marché ou en tout cas de potentiel économique. Est ce que ça, on arrive à le mesurer, ce potentiel économique du monde du handicap ?   

Sébastien Delorme :

Il est difficilement évaluable pour plusieurs raisons. C'est à dire qu'aujourd'hui, on a, on a des utilisateurs qui ne sont pas présents sur ce marché là parce qu'effectivement, les interfaces, les solutions ne sont pas accessibles. Le numérique est pas adapté à leurs besoins ou faiblement adapté. Donc aujourd'hui, ce sont des utilisateurs qu'on peut avoir du mal à identifier. Sur ces sujets d'accessibilité numérique. De plus en plus, les associations revendiquent et sensibilisent aussi largement. Mais il y a encore assez peu de retours qui sont faits. Si, par exemple, une interface est pas accessible, pas compatible avec une personne qui en situation de handicap, il est aussi possible que pour cette personne là, ce soit pas possible d'aller contacter le propriétaire du site. Si effectivement, le formulaire de contact n'est pas compatible avec ces systèmes là . Ensuite, l'accessibilité comme dans le bâti, c'est indispensable pour certaines personnes en situation de handicap, mais c'est aussi un confort pour tous. Je pense aux trottoirs bateaux pour traverser la rue, les petits rabaissements de trottoir au niveau des passages piétons. Si on est en fauteuil roulant, on est quasi, voire totalement bloqué et on ne peut pas traverser si le trottoir n'est pas rabaissé. À l'inverse, si on le fait, on va apporter du confort au-delà les personnes qui sont en fauteuil roulant à toutes les personnes qui sont effectivement en situation de handicap moteur, mais qui peuvent avoir des béquilles, des difficultés pour se déplacer et plus largement aux personnes âgées, aux personnes qui vont se promener avec une poussette, avec une valise à roulettes, etc. En fait, tous les enjeux autour du handicap, il y a un objectif direct qui est effectivement les personnes en situation de handicap. Généralement, j'ai l'habitude de dire que si on travaille dans ces questions d'accessibilité, c'est pas tant pour le volume que ça représente. C'est juste pour effectivement se dire on sait qu'on est accessible à tous. Si c'est juste une personne qui évite d'être bloquée et mise de côté, eh bien c'est ça de gagné. Mais de manière générale, quand on va prendre en compte le sujet, on se rend compte qu'on apporte du confort pour tous. Et donc, c'est là où c'est difficile de quantifier. Oui, il y a des utilisateurs pour qui c'est absolument indispensable. Ce sera un besoin direct. Il y en aura d'autres pour lesquels c'est aussi un confort non négligeable. En parlant effectivement de solutions pour des sourds et malentendants. Le sous titrage en est l'exemple parfait. Si une vidéo n'est pas sous titrée, elle est par défaut totalement inaccessible à quelqu'un qui est sourd. Si elle est sous titrée, elle est accessible à des personnes sourdes, mais en plus potentiellement à toute personne qui aurait du mal à comprendre la langue de la vidéo. J'ai toujours plus d'aisance à écouter une vidéo en anglais si elle est sous titrée, parce que ça me permettra de la comprendre plus facilement. Là où l'anglais étant pas ma langue natale. 

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que les besoins sont énormes dans ce que vous dites. Finalement, on aurait tous intérêt à ce que, notamment dans le monde du numérique, ce soit favorable aux personnes en situation de handicap.   

Sébastien Delorme : 

Tout à fait. Parce que, pour la double raison qui est qu'effectivement, on peut être concerné à tout moment, on a forcément des utilisateurs qui sont concernés également et qui vont se retrouver bloqués. Et parce que cette prise en compte du handicap va profiter largement à, presque tout le monde, finalement. 

Tangata Emploi :   

Très bien. Eh bien, merci beaucoup en tout cas. 

Sébastien Delorme :

Merci à vous.  

Tangata Emploi :   

Et maintenant, place à Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Olivier Jeannel, bonjour. 

Olivier Jeannel :

Bonjour. 

Tangata Emploi : 

Olivier Jeannel, peut être, pour commencer, je vais vous demander simplement de vous vous présenter en quelques mots, en quelques phrases, de façon à ce que les auditeurs et auditrices puissent vous connaître.   

Olivier Jeannel :

RogerVoice, c'est une entreprise que j'ai créée il y a quelques années en 2014 et qui permet aux personnes sourdes, comme moi, de pouvoir téléphoner. Comment est-ce qu'on fait ça ? Car effectivement une personne sourde lit sur les lèvres ou utilise autre communication visuelle comme lan langue des signes ou le code LPC. Le téléphone, en l'occurence ne rend pas ça possible et du coup on utilise la reconaissance vocale, on utilise également des professionnels de l'écrit, des professionnels de la langue des signes, des interprètes diplômés et nous avons des codeurs en langue parlée complétée. Nous avons donc tout un nombre de services qui permettent aux personnes sourdes ou malentendantes en France de pouvoir téléphoner, et également dans d'autres pays. 

Tangata Emploi :   

C'est une solution qui est facile à proposer aux entreprises ? Elles sont plutôt ouvertes en France, c'est à dire, ah bah tiens, je vais utiliser cet outil là pour mes salariés qui seraient en situation de handicap ? 

Olivier Jeannel :

Exactement. Les salariés peuvent utiliser cet outil. C'est formidable pour l'inclusion dans une entreprise, on peut passer des entretiens, on peut passer des appels avec des clients ou des fournisseurs.  

Tangata Emploi :   

Je lisais une interview de vous il y a pas longtemps sur un site internet. Vous parliez d'inclusion en entreprise. Vous parliez évidemment de matériel et de condition pour pouvoir travailler et dans ce sens, votre application elle rentre totalement là dedans, mMais vous parliez aussi d'enjeux administratifs et financiers. Je voudrais que vous rebondissiez, vous complétiez peut être un peu ça, que vous m'expliquiez ça ?   

Olivier Jeannel :

Alors effectivement, en termes d'inclusion dans l'entreprise pour une personne sourde comme moi, ça peut être aussi en terme d'autres handicaps, on va parler d'acceptation vis à vis des collègues et en premier pas, que tout le monde soit informé que ce soit transparent. On peut ne pas en avoir envie d'en parler. C'est un choix personnel, mais plus c'est compris par de personnes, mieux ça se passe. Ça c'est une première étape. Après, il peut y avoir des enjeux financiers ou administratifs tel que faire accepter des dossiers de financement, tels que obtenir les bons outils. Il y a le coût associé à ça, donc effectivement, ce n'est pas toujours facile en fonction de l'entreprise où vous vous trouvez, de la phobie administrative, si c'est le cas. Ça peut paraître très long, assez fastidieux. Apprendre s'il y a de nombreux soutiens financiers, ce n'est pas ça qui manque. C'est bien le problème de faire joindre ces bouts où se trouve le noyau du problème, là entre la demande et les moyens. Encore une fois, je pense que c'est encore dû à la créativité des entrepreneurs et à la volonté des personnes de trouver les solutions, de les proposer.   

Tangata Emploi :   

Et pour RogerVoice, je vais peut-être le prononcer à l'anglaise à l'américaine RogerVoice, puisque Roger vous l'avez fait sur notamment l'aviation. Quelles sont vos prochaines étapes dans le développement de votre société  ? 

Olivier Jeannel :

Alors je vais revenir sur ce que vous disiez par rapport à l'aviation, c'est un terme très anglais. Roger, j'ai compris à la radio. RogerVoice, c'est j'ai compris la voix, ça permet à la voix d'être transformée visuellement, à l'écrit, en langue des signes ou en LPC. Nous proposons également aujourd'hui aux personnes sourdes-aveugles d'avoir une compatibilité avec leurs claviers braille avec l'application on peut suivre ce qui est écrit. Nous avons également une autre solution comme la messagerie transcrite, quand on reçoit un message vocal sur répondeur ça permet de transcrire ce qui a été dit. Oui, c'est vraiment une approche très totale que nous avons, tous les moyens et nous cherchons toujours à aller plus loin. Je sais qu'aux États-Unis, ça fait longtemps que j'ai utilisé le téléphone, j'ai grandi en Californie, à Los Angeles précisément. Ça fait 25 ans, qu'aux États-Unis l'accessibilité téléphonique est en place. À mon arrivée en France, je me dis, ok comment est-ce que ça se passe. C'est vraiemnt grâce à une législation en 2018 que ça a changé la donne. Comme aux États-Unis d'ailleurs, car c'est une législation qui rend obligatoire l'accessibilité téléphonique. Et ça, c'est vraiment une étape très importante dans le développement de la société que d'avoir conçu une application qui répondait ouvertement aux besoins d'accessibilité individuelle des particuliers. Et on souhaite continuer dans cet élan. Donc effectivement que davantage de personnes découvrent et utilisent ce service en France et aussi à l'étranger. En l'occurrence, RogerVoice est disponible aujourd'hui dans 52 pays, nous avons des personnes qui sont en Afrique du Sud, au Mexique, en Australie, qui utilisent notre service. Qu'est-ce qu'on peut faire pour que davantage de personnes connaissent et utilisent ce service. Comme le modèle en France marche vraiment bien, on aimerait le répéter.   

Tangata Emploi :   

Ça veut dire beaucoup de langues, le français, l'anglais, l'espagnol, si j'ai bien tout suivi. Vous êtes en combien de langues ? 52 pays, ça fait combien de langues ? Et j'imagine que ça oblige à des programmations différentes, peut être.   

Olivier Jeannel :

Alors il y a plus de 80 langues disponibles et il y a des variations dans la langue. Par exemple, l'anglais américain avec l'anglais britannique. Nous sommes effectivement confrontés à des cas d'usage où la personne se trompe de langue, ça arrive. Nous sommes effectivement très orienté vers la possibilité d'avoir à moindre coût, faciliter toujours à chaque fois l'accès à cette technologie. C'est aussi les freins qui peuvent être financiers ou administratifs comme vous l'avez dit. 

Tangata Emploi :   

Et bah très bien, merci beaucoup en tout cas. Olivier Jeannel pour  cette présentation. C'est disponible, vous l'avez dit sur tous les stores, aussi bien Apple que que que les autres smartphones, je vais y arriver. Je vais retrouver mes mots. On le trouve absolument partout et on peut y avoir accès partout ? 

Olivier Jeannel :

RogerVoice peut se télécharger sur App Store et Play Store. N'hésitez pas à aller sur le site Internet et également sur les réseaux sociaux. Il y a plus de 500 000 personnes en France dont la surdité empêcherait de pouvoir téléphoner, donc c'est très important qu'on trouve ça disponible partout à tout moment.   

Tangata Emploi :   

Eh bien, merci beaucoup. En tout cas.  

Olivier Jeannel :

Merci beaucoup. 

Tangata Emploi :   

Maintenant, vous venez d'écouter notre nouvel épisode, Tangata Waikaha, en compagnie de Sébastien Delorme et d'Olivier Jeannel. Un grand merci à eux deux pour leur expertise. Ce qu'on retient, c'est que l'accessibilité est de plus en plus prise en compte au sein des entreprises aujourd'hui et qu'il existe une multitude d'outils pour les aider dans l'inclusion d'une personne en situation de handicap. Pour en savoir plus sur ces prestations, rendez vous sur notre Marketplace emploi.tangata.net et retrouvez nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi, LinkedIn, Facebook et Twitter pour faire bouger les choses ensemble. 

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Bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les entreprises, avec pour objectif de faire parler LES différences.

Aujourd'hui, Sébastien Delorme - Expert et consultant en accessibilité numérique chez Ideance et Olivier Jeannel - fondateur et CEO de RogerVoice, évoquent l'accessibilité en entreprise et nous présentent quelques solutions et outils.

Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi LinkedIn, Facebook et Twitter ou sur notre marketplace emploi.tangata.net pour faire bouger les choses, ensemble ! 

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Merci aux équipes de Ideance pour la retranscription de cet épisode ! 


Tangata Emploi : 

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les référents handicap et toutes les personnes en charge de l'inclusion en entreprise. L'objectif est de faire parler les différences et nous allons évoquer ensemble la diversité, l'emploi bien-sûr, la fiabilité, la qualité et la confiance, l'impact social, la reconnaissance de nos singularités et la co-construction. 

Aujourd'hui, j'ai deux invités Sébastien Delorme, expert et consultant en accessibilité numérique au sein de Ideance, et Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Ils vont vous parler de l'accessibilité en entreprise nécessaire au recrutement et à l'accueil d'une personne en situation de handicap et de comment ils ont pensé, à leur échelle, à créer des outils adaptés. Tout de suite, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Delorme. Est-ce que vous pouvez, pour commencer, nous présenter un peu votre activité ?  

Sébastien Delorme, Ideance : 

Alors, mon activité tourne autour du numérique et du handicap. Ça fait douze ans que je travaille sur un sujet qui s'appelle l'accessibilité numérique. C'est la prise en compte du handicap dans la conception et le développement de solutions numériques. Donc, faire en sorte, en gros, qu'une interface soit utilisable par une personne aveugle, compréhensible par une personne sourde, etc. Et mon activité, c'est d'accompagner des entreprises, des organismes publics dans la prise en compte de ces enjeux là par de l'audit, de la formation, de la montée en compétence et de l'accompagnement de projets.  

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que quel est l'état des lieux ? Il y a encore beaucoup de choses à faire ? Il y a peu d'outils ? Ou, au contraire, ça se développe et les entreprises sont à peu près équipées ?  

Sébastien Delorme : 

Il y a encore beaucoup de choses à faire. Aujourd'hui, les choses s'améliorent et commencent à se développer, notamment avec l'appui de la loi, puisqu'il est aujourd'hui obligatoire pour des organismes publics et certaines grandes entreprises privées de prendre en compte ces questions de handicap face au numérique pour leurs salariés, pour leurs clients, pour le grand public, de manière générale. Donc, les choses évoluent. Maintenant, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup de retard. On a un énorme majorité, par exemple des sites Internet qui, aujourd'hui, ne sont pas pleinement accessibles et compatibles avec tous les besoins des personnes en situation de handicap.   

Tangata Emploi : 

J'imagine que les besoins sont de plus en plus nombreux avec la numérisation croissante des besoins ? 

Sébastien Delorme : 

Alors oui, évidemment, rien qu'avec la mise en place du télétravail, on a certaines entreprises qui se sont rendues compte que les enjeux étaient fort. Parfois, quand des collaborateurs peuvent avoir des difficultés… Prenons un exemple quelqu'un avec qui peut avoir des difficultés pour consulter les informations ou déposer ses demandes de congés en ligne. Malheureusement, ce n'est pas accessible. Il n'est pas autonome pour le faire. Il peut éventuellement s'appuyer sur un collègue qui est à côté pour s'aider. Ce n'est pas la solution idéale, mais on peut être dépanné comme ça. Quand on se retrouve en télétravail, on est face à son ordinateur seul. Donc effectivement, là, les enjeux sont encore plus encore plus importants. Et puis, ça se développe aussi avec la visioconférence. Participer à une réunion de travail avec des collègues dans un bureau, c'est quelque chose de plus souple, de plus simple pour quelqu'un qui a un bug, par exemple pour quelqu'un qui a un handicap moteur, si les locaux sont accessibles, ou pour quelqu'un de sourd ou malentendant qui, par exemple, pourrait pratiquer la lecture labiale et qui arriverait à lire sur les lèvres avec ses collègues. En visioconférence,  une image de mauvaise qualité et tout de suite, on ne peut plus lire sur les lèvres. Donc on a besoin clairement de sous-titrage ou de traduction en langue des signes.   

Tangata Emploi :

J'imagine que les outils se développent. 

Sébastien Delorme :

Donc les outils se développent. Il y a plusieurs types d'outils. Il y a des outils méthodologiques. Aujourd'hui, en France, on a un document qui s'appelle le RGAA, le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité. C'est un socle plus normatif et légal, dans le sens où il va expliquer ce qu'on peut faire et ce qu'on doit faire pour être accessible. Donc ça, c'est des choses qu'on n'avait pas forcément il y a quelques années, qu'on commence à avoir en France et dans la plupart de l'Europe. On a des outils qui permettent de s'évaluer, de savoir comment on peut être accessible, est ce qu'on l'est ou pas ? Est ce que nos interfaces sont compatibles avec les besoins des personnes en situation de handicap ? Ces choses là se développent et effectivement, on a des outils, des solutions qui vont améliorer encore plus de confort pour l'utilisateur et qui se développent également. Pour prendre des petits exemples sur tout ce qui est visioconférence, depuis un ou deux ans, on a la chance d'avoir du sous titrage automatique, que ce soit Teams, Skype ou Zoom. On a la possibilité d'activer des options de sous titrage automatique pour les personnes sourdes et malentendantes, chose qu'on n'avait pas forcément il y a deux ou trois ans. C'est encore perfectible, mais ça s'améliore très, très rapidement. Et puis des applications mobiles, des services qu'on trouve de plus en plus et qui répondent à des besoins parfois très spécifiques. 

Tangata Emploi : 

Comment réagissent ces entreprises ? Elles sont à l'écoute de développer tous ces nouveaux outils, en tout cas de les installer.   

Sébastien Delorme :

Oui, elles sont à l'écoute. Souvent, il ne s'agit pas spécialement d'outils à installer, mais de normes à respecter. Donc, c'est là où se joue parfois la difficulté, c'est que si on a un intranet ou un outil de gestion comptable qu'on veut rendre accessible et compatible à ses salariés en situation de handicap, la question, c'est, premièrement d'installer des outils pour les collaborateurs pour qu'ils puissent utiliser leur ordinateur, une synthèse vocale ou une plage braille pour une personne aveugle. Ça, c'est relativement simple. De toute façon, c'est absolument indispensable pour que la personne puisse travailler. Puis ensuite, il y a la question de la compatibilité. Est ce que mon intranet est compatible avec les systèmes qu'utilisent les salariés en situation de handicap ? Là, c'est plus un travail de fond. Il faut effectivement améliorer les interfaces et les modifier. Si on achète une solution, il faut demander à ce que son prestataire nous fournisse une solution qui soit compatible. Et si on les fait développer, il faut effectivement respecter des contraintes ou en tout cas des règles d'accessibilité. Comme dans le bâtiment, quand on construit un immeuble, on a des règles à respecter sur des largeurs de portes, les rampes d'accès, la vocalisation dans les ascenseurs. C'est la même chose sur une interface numérique. On a des règles à respecter. Donc, les entreprises sont à l'écoute parce qu'elles ont une obligation légale. On n'est plus dans une phase de constat aujourd'hui, où les entreprises vont plutôt analyser là où elles en sont le retard qu'elles ont pris, essayer d'être transparentes sur ce qui va, ce qui ne va pas dans l'entreprise. Et puis, on commence à avoir un mouvement de fond qui va plutôt être, bon maintenant, on forme les équipes, on s'améliore, on demande à nos prestataires de prendre en compte ce sujet là et on sent qu'effectivement, on arrive sur cette tendance là. Donc, les entreprises sont assez ouvertes. C'est des enjeux forts, à la fois pour leurs collaborateurs, mais également pour leurs clients. Aujourd'hui, on a assez peu de services bancaires en ligne qui sont parfaitement accessibles, assez peu de e-commerçants qui sont parfaitement accessibles. L'enjeu est double répondre à une obligation légale, mais c'est aussi avoir un avantage concurrentiel non négligeable par rapport à ses confrères ou concurrents. Et aujourd'hui, si on est dans la grande distribution, par exemple, c'est un enjeu fort de se rendre, voilà on est le premier site e-commerce pleinement accessible. Donc, clairement, ça commence à être identifié et on sent que les entreprises se lancent sur ces sujets là.   

Tangata Emploi : 

C'est un véritable axe. C'est une véritable réponse à la question du coût parce que j'imagine que tout cela a un coût. Vous me parlez de prestataires d'installations. Ça coûte cher. Ce genre d'outil ? 

Sébastien Delorme :

Ce qui va coûter c'est effectivement la prise en compte de l'accessibilité. On n'est pas vraiment sur des outils à déployer. On est encore une fois plutôt sur des respect de normes. Donc, ce qui va coûter cher, c'est le temps d'apprentissage, de monter en compétence. En soit, produire un site Web accessible versus un qui ne le serait pas l'impact de coût est très léger, voire quasi nul, ou presque. Ce qui est ce qui va coûter cher, c'est le changement. Aujourd'hui, la plupart des sociétés, des développeurs, des développeuses qui créent des sites web ne savent pas le faire de manière accessible et donc, du coup, elles ont besoin de se former. On a besoin de les sensibiliser. Ils ont besoin de se former, de monter en compétences. Quand on s'essaye à l'exercice une première fois, c'est toujours un peu plus long, donc on se fait accompagner, etc. Donc, c'est ça aujourd'hui qui va coûter. D'expérience sur un projet numérique, prendre en compte le sujet. L'accessibilité, c'est 5 à 10% de budget en plus sur toute la partie conception de l'interface. Parce qu'il y a le temps de monter en compétences, de formation, d'accompagnement par des experts, ce qui est notre métier du coup. Quand on intervient forcément, du coup, on représente un surcoût sur un projet. Et à terme, ça peut être quasi nul, aujourd'hui, si les équipes savent le faire prendre en compte globalement, à moyen terme, c'est peut devenir quasi nul.   

Tangata Emploi : 

Je reviens sur un sujet que vous avez commencé à évoquer et qui est un mot moche, mais qui est quand même un modèle business, un business model. Et notamment, j'ai eu la chance de discuter il n'y a pas longtemps avec un intervenant qui a développé une application pour que les malentendants puissent avoir les sous titres sur leur téléphone et sur tout un tas d'applications comme de la visio conférence. Et il me disait qu'il y avait à peu près 500 000 personnes aujourd'hui qui passaient pas d'appels parce que vous avez des problèmes d'audition et qui du coup ne pouvaient pas téléphoner et que son application, y répondait. Et là, on voyait bien que au delà de l'inclusion, il y avait une forme de marché ou en tout cas de potentiel économique. Est ce que ça, on arrive à le mesurer, ce potentiel économique du monde du handicap ?   

Sébastien Delorme :

Il est difficilement évaluable pour plusieurs raisons. C'est à dire qu'aujourd'hui, on a, on a des utilisateurs qui ne sont pas présents sur ce marché là parce qu'effectivement, les interfaces, les solutions ne sont pas accessibles. Le numérique est pas adapté à leurs besoins ou faiblement adapté. Donc aujourd'hui, ce sont des utilisateurs qu'on peut avoir du mal à identifier. Sur ces sujets d'accessibilité numérique. De plus en plus, les associations revendiquent et sensibilisent aussi largement. Mais il y a encore assez peu de retours qui sont faits. Si, par exemple, une interface est pas accessible, pas compatible avec une personne qui en situation de handicap, il est aussi possible que pour cette personne là, ce soit pas possible d'aller contacter le propriétaire du site. Si effectivement, le formulaire de contact n'est pas compatible avec ces systèmes là . Ensuite, l'accessibilité comme dans le bâti, c'est indispensable pour certaines personnes en situation de handicap, mais c'est aussi un confort pour tous. Je pense aux trottoirs bateaux pour traverser la rue, les petits rabaissements de trottoir au niveau des passages piétons. Si on est en fauteuil roulant, on est quasi, voire totalement bloqué et on ne peut pas traverser si le trottoir n'est pas rabaissé. À l'inverse, si on le fait, on va apporter du confort au-delà les personnes qui sont en fauteuil roulant à toutes les personnes qui sont effectivement en situation de handicap moteur, mais qui peuvent avoir des béquilles, des difficultés pour se déplacer et plus largement aux personnes âgées, aux personnes qui vont se promener avec une poussette, avec une valise à roulettes, etc. En fait, tous les enjeux autour du handicap, il y a un objectif direct qui est effectivement les personnes en situation de handicap. Généralement, j'ai l'habitude de dire que si on travaille dans ces questions d'accessibilité, c'est pas tant pour le volume que ça représente. C'est juste pour effectivement se dire on sait qu'on est accessible à tous. Si c'est juste une personne qui évite d'être bloquée et mise de côté, eh bien c'est ça de gagné. Mais de manière générale, quand on va prendre en compte le sujet, on se rend compte qu'on apporte du confort pour tous. Et donc, c'est là où c'est difficile de quantifier. Oui, il y a des utilisateurs pour qui c'est absolument indispensable. Ce sera un besoin direct. Il y en aura d'autres pour lesquels c'est aussi un confort non négligeable. En parlant effectivement de solutions pour des sourds et malentendants. Le sous titrage en est l'exemple parfait. Si une vidéo n'est pas sous titrée, elle est par défaut totalement inaccessible à quelqu'un qui est sourd. Si elle est sous titrée, elle est accessible à des personnes sourdes, mais en plus potentiellement à toute personne qui aurait du mal à comprendre la langue de la vidéo. J'ai toujours plus d'aisance à écouter une vidéo en anglais si elle est sous titrée, parce que ça me permettra de la comprendre plus facilement. Là où l'anglais étant pas ma langue natale. 

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que les besoins sont énormes dans ce que vous dites. Finalement, on aurait tous intérêt à ce que, notamment dans le monde du numérique, ce soit favorable aux personnes en situation de handicap.   

Sébastien Delorme : 

Tout à fait. Parce que, pour la double raison qui est qu'effectivement, on peut être concerné à tout moment, on a forcément des utilisateurs qui sont concernés également et qui vont se retrouver bloqués. Et parce que cette prise en compte du handicap va profiter largement à, presque tout le monde, finalement. 

Tangata Emploi :   

Très bien. Eh bien, merci beaucoup en tout cas. 

Sébastien Delorme :

Merci à vous.  

Tangata Emploi :   

Et maintenant, place à Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Olivier Jeannel, bonjour. 

Olivier Jeannel :

Bonjour. 

Tangata Emploi : 

Olivier Jeannel, peut être, pour commencer, je vais vous demander simplement de vous vous présenter en quelques mots, en quelques phrases, de façon à ce que les auditeurs et auditrices puissent vous connaître.   

Olivier Jeannel :

RogerVoice, c'est une entreprise que j'ai créée il y a quelques années en 2014 et qui permet aux personnes sourdes, comme moi, de pouvoir téléphoner. Comment est-ce qu'on fait ça ? Car effectivement une personne sourde lit sur les lèvres ou utilise autre communication visuelle comme lan langue des signes ou le code LPC. Le téléphone, en l'occurence ne rend pas ça possible et du coup on utilise la reconaissance vocale, on utilise également des professionnels de l'écrit, des professionnels de la langue des signes, des interprètes diplômés et nous avons des codeurs en langue parlée complétée. Nous avons donc tout un nombre de services qui permettent aux personnes sourdes ou malentendantes en France de pouvoir téléphoner, et également dans d'autres pays. 

Tangata Emploi :   

C'est une solution qui est facile à proposer aux entreprises ? Elles sont plutôt ouvertes en France, c'est à dire, ah bah tiens, je vais utiliser cet outil là pour mes salariés qui seraient en situation de handicap ? 

Olivier Jeannel :

Exactement. Les salariés peuvent utiliser cet outil. C'est formidable pour l'inclusion dans une entreprise, on peut passer des entretiens, on peut passer des appels avec des clients ou des fournisseurs.  

Tangata Emploi :   

Je lisais une interview de vous il y a pas longtemps sur un site internet. Vous parliez d'inclusion en entreprise. Vous parliez évidemment de matériel et de condition pour pouvoir travailler et dans ce sens, votre application elle rentre totalement là dedans, mMais vous parliez aussi d'enjeux administratifs et financiers. Je voudrais que vous rebondissiez, vous complétiez peut être un peu ça, que vous m'expliquiez ça ?   

Olivier Jeannel :

Alors effectivement, en termes d'inclusion dans l'entreprise pour une personne sourde comme moi, ça peut être aussi en terme d'autres handicaps, on va parler d'acceptation vis à vis des collègues et en premier pas, que tout le monde soit informé que ce soit transparent. On peut ne pas en avoir envie d'en parler. C'est un choix personnel, mais plus c'est compris par de personnes, mieux ça se passe. Ça c'est une première étape. Après, il peut y avoir des enjeux financiers ou administratifs tel que faire accepter des dossiers de financement, tels que obtenir les bons outils. Il y a le coût associé à ça, donc effectivement, ce n'est pas toujours facile en fonction de l'entreprise où vous vous trouvez, de la phobie administrative, si c'est le cas. Ça peut paraître très long, assez fastidieux. Apprendre s'il y a de nombreux soutiens financiers, ce n'est pas ça qui manque. C'est bien le problème de faire joindre ces bouts où se trouve le noyau du problème, là entre la demande et les moyens. Encore une fois, je pense que c'est encore dû à la créativité des entrepreneurs et à la volonté des personnes de trouver les solutions, de les proposer.   

Tangata Emploi :   

Et pour RogerVoice, je vais peut-être le prononcer à l'anglaise à l'américaine RogerVoice, puisque Roger vous l'avez fait sur notamment l'aviation. Quelles sont vos prochaines étapes dans le développement de votre société  ? 

Olivier Jeannel :

Alors je vais revenir sur ce que vous disiez par rapport à l'aviation, c'est un terme très anglais. Roger, j'ai compris à la radio. RogerVoice, c'est j'ai compris la voix, ça permet à la voix d'être transformée visuellement, à l'écrit, en langue des signes ou en LPC. Nous proposons également aujourd'hui aux personnes sourdes-aveugles d'avoir une compatibilité avec leurs claviers braille avec l'application on peut suivre ce qui est écrit. Nous avons également une autre solution comme la messagerie transcrite, quand on reçoit un message vocal sur répondeur ça permet de transcrire ce qui a été dit. Oui, c'est vraiment une approche très totale que nous avons, tous les moyens et nous cherchons toujours à aller plus loin. Je sais qu'aux États-Unis, ça fait longtemps que j'ai utilisé le téléphone, j'ai grandi en Californie, à Los Angeles précisément. Ça fait 25 ans, qu'aux États-Unis l'accessibilité téléphonique est en place. À mon arrivée en France, je me dis, ok comment est-ce que ça se passe. C'est vraiemnt grâce à une législation en 2018 que ça a changé la donne. Comme aux États-Unis d'ailleurs, car c'est une législation qui rend obligatoire l'accessibilité téléphonique. Et ça, c'est vraiment une étape très importante dans le développement de la société que d'avoir conçu une application qui répondait ouvertement aux besoins d'accessibilité individuelle des particuliers. Et on souhaite continuer dans cet élan. Donc effectivement que davantage de personnes découvrent et utilisent ce service en France et aussi à l'étranger. En l'occurrence, RogerVoice est disponible aujourd'hui dans 52 pays, nous avons des personnes qui sont en Afrique du Sud, au Mexique, en Australie, qui utilisent notre service. Qu'est-ce qu'on peut faire pour que davantage de personnes connaissent et utilisent ce service. Comme le modèle en France marche vraiment bien, on aimerait le répéter.   

Tangata Emploi :   

Ça veut dire beaucoup de langues, le français, l'anglais, l'espagnol, si j'ai bien tout suivi. Vous êtes en combien de langues ? 52 pays, ça fait combien de langues ? Et j'imagine que ça oblige à des programmations différentes, peut être.   

Olivier Jeannel :

Alors il y a plus de 80 langues disponibles et il y a des variations dans la langue. Par exemple, l'anglais américain avec l'anglais britannique. Nous sommes effectivement confrontés à des cas d'usage où la personne se trompe de langue, ça arrive. Nous sommes effectivement très orienté vers la possibilité d'avoir à moindre coût, faciliter toujours à chaque fois l'accès à cette technologie. C'est aussi les freins qui peuvent être financiers ou administratifs comme vous l'avez dit. 

Tangata Emploi :   

Et bah très bien, merci beaucoup en tout cas. Olivier Jeannel pour  cette présentation. C'est disponible, vous l'avez dit sur tous les stores, aussi bien Apple que que que les autres smartphones, je vais y arriver. Je vais retrouver mes mots. On le trouve absolument partout et on peut y avoir accès partout ? 

Olivier Jeannel :

RogerVoice peut se télécharger sur App Store et Play Store. N'hésitez pas à aller sur le site Internet et également sur les réseaux sociaux. Il y a plus de 500 000 personnes en France dont la surdité empêcherait de pouvoir téléphoner, donc c'est très important qu'on trouve ça disponible partout à tout moment.   

Tangata Emploi :   

Eh bien, merci beaucoup. En tout cas.  

Olivier Jeannel :

Merci beaucoup. 

Tangata Emploi :   

Maintenant, vous venez d'écouter notre nouvel épisode, Tangata Waikaha, en compagnie de Sébastien Delorme et d'Olivier Jeannel. Un grand merci à eux deux pour leur expertise. Ce qu'on retient, c'est que l'accessibilité est de plus en plus prise en compte au sein des entreprises aujourd'hui et qu'il existe une multitude d'outils pour les aider dans l'inclusion d'une personne en situation de handicap. Pour en savoir plus sur ces prestations, rendez vous sur notre Marketplace emploi.tangata.net et retrouvez nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi, LinkedIn, Facebook et Twitter pour faire bouger les choses ensemble. 

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Bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les entreprises, avec pour objectif de faire parler LES différences.

Aujourd'hui, Sébastien Delorme - Expert et consultant en accessibilité numérique chez Ideance et Olivier Jeannel - fondateur et CEO de RogerVoice, évoquent l'accessibilité en entreprise et nous présentent quelques solutions et outils.

Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi LinkedIn, Facebook et Twitter ou sur notre marketplace emploi.tangata.net pour faire bouger les choses, ensemble ! 

____________________________________________________________________

Merci aux équipes de Ideance pour la retranscription de cet épisode ! 


Tangata Emploi : 

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les référents handicap et toutes les personnes en charge de l'inclusion en entreprise. L'objectif est de faire parler les différences et nous allons évoquer ensemble la diversité, l'emploi bien-sûr, la fiabilité, la qualité et la confiance, l'impact social, la reconnaissance de nos singularités et la co-construction. 

Aujourd'hui, j'ai deux invités Sébastien Delorme, expert et consultant en accessibilité numérique au sein de Ideance, et Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Ils vont vous parler de l'accessibilité en entreprise nécessaire au recrutement et à l'accueil d'une personne en situation de handicap et de comment ils ont pensé, à leur échelle, à créer des outils adaptés. Tout de suite, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Delorme. Est-ce que vous pouvez, pour commencer, nous présenter un peu votre activité ?  

Sébastien Delorme, Ideance : 

Alors, mon activité tourne autour du numérique et du handicap. Ça fait douze ans que je travaille sur un sujet qui s'appelle l'accessibilité numérique. C'est la prise en compte du handicap dans la conception et le développement de solutions numériques. Donc, faire en sorte, en gros, qu'une interface soit utilisable par une personne aveugle, compréhensible par une personne sourde, etc. Et mon activité, c'est d'accompagner des entreprises, des organismes publics dans la prise en compte de ces enjeux là par de l'audit, de la formation, de la montée en compétence et de l'accompagnement de projets.  

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que quel est l'état des lieux ? Il y a encore beaucoup de choses à faire ? Il y a peu d'outils ? Ou, au contraire, ça se développe et les entreprises sont à peu près équipées ?  

Sébastien Delorme : 

Il y a encore beaucoup de choses à faire. Aujourd'hui, les choses s'améliorent et commencent à se développer, notamment avec l'appui de la loi, puisqu'il est aujourd'hui obligatoire pour des organismes publics et certaines grandes entreprises privées de prendre en compte ces questions de handicap face au numérique pour leurs salariés, pour leurs clients, pour le grand public, de manière générale. Donc, les choses évoluent. Maintenant, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup de retard. On a un énorme majorité, par exemple des sites Internet qui, aujourd'hui, ne sont pas pleinement accessibles et compatibles avec tous les besoins des personnes en situation de handicap.   

Tangata Emploi : 

J'imagine que les besoins sont de plus en plus nombreux avec la numérisation croissante des besoins ? 

Sébastien Delorme : 

Alors oui, évidemment, rien qu'avec la mise en place du télétravail, on a certaines entreprises qui se sont rendues compte que les enjeux étaient fort. Parfois, quand des collaborateurs peuvent avoir des difficultés… Prenons un exemple quelqu'un avec qui peut avoir des difficultés pour consulter les informations ou déposer ses demandes de congés en ligne. Malheureusement, ce n'est pas accessible. Il n'est pas autonome pour le faire. Il peut éventuellement s'appuyer sur un collègue qui est à côté pour s'aider. Ce n'est pas la solution idéale, mais on peut être dépanné comme ça. Quand on se retrouve en télétravail, on est face à son ordinateur seul. Donc effectivement, là, les enjeux sont encore plus encore plus importants. Et puis, ça se développe aussi avec la visioconférence. Participer à une réunion de travail avec des collègues dans un bureau, c'est quelque chose de plus souple, de plus simple pour quelqu'un qui a un bug, par exemple pour quelqu'un qui a un handicap moteur, si les locaux sont accessibles, ou pour quelqu'un de sourd ou malentendant qui, par exemple, pourrait pratiquer la lecture labiale et qui arriverait à lire sur les lèvres avec ses collègues. En visioconférence,  une image de mauvaise qualité et tout de suite, on ne peut plus lire sur les lèvres. Donc on a besoin clairement de sous-titrage ou de traduction en langue des signes.   

Tangata Emploi :

J'imagine que les outils se développent. 

Sébastien Delorme :

Donc les outils se développent. Il y a plusieurs types d'outils. Il y a des outils méthodologiques. Aujourd'hui, en France, on a un document qui s'appelle le RGAA, le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité. C'est un socle plus normatif et légal, dans le sens où il va expliquer ce qu'on peut faire et ce qu'on doit faire pour être accessible. Donc ça, c'est des choses qu'on n'avait pas forcément il y a quelques années, qu'on commence à avoir en France et dans la plupart de l'Europe. On a des outils qui permettent de s'évaluer, de savoir comment on peut être accessible, est ce qu'on l'est ou pas ? Est ce que nos interfaces sont compatibles avec les besoins des personnes en situation de handicap ? Ces choses là se développent et effectivement, on a des outils, des solutions qui vont améliorer encore plus de confort pour l'utilisateur et qui se développent également. Pour prendre des petits exemples sur tout ce qui est visioconférence, depuis un ou deux ans, on a la chance d'avoir du sous titrage automatique, que ce soit Teams, Skype ou Zoom. On a la possibilité d'activer des options de sous titrage automatique pour les personnes sourdes et malentendantes, chose qu'on n'avait pas forcément il y a deux ou trois ans. C'est encore perfectible, mais ça s'améliore très, très rapidement. Et puis des applications mobiles, des services qu'on trouve de plus en plus et qui répondent à des besoins parfois très spécifiques. 

Tangata Emploi : 

Comment réagissent ces entreprises ? Elles sont à l'écoute de développer tous ces nouveaux outils, en tout cas de les installer.   

Sébastien Delorme :

Oui, elles sont à l'écoute. Souvent, il ne s'agit pas spécialement d'outils à installer, mais de normes à respecter. Donc, c'est là où se joue parfois la difficulté, c'est que si on a un intranet ou un outil de gestion comptable qu'on veut rendre accessible et compatible à ses salariés en situation de handicap, la question, c'est, premièrement d'installer des outils pour les collaborateurs pour qu'ils puissent utiliser leur ordinateur, une synthèse vocale ou une plage braille pour une personne aveugle. Ça, c'est relativement simple. De toute façon, c'est absolument indispensable pour que la personne puisse travailler. Puis ensuite, il y a la question de la compatibilité. Est ce que mon intranet est compatible avec les systèmes qu'utilisent les salariés en situation de handicap ? Là, c'est plus un travail de fond. Il faut effectivement améliorer les interfaces et les modifier. Si on achète une solution, il faut demander à ce que son prestataire nous fournisse une solution qui soit compatible. Et si on les fait développer, il faut effectivement respecter des contraintes ou en tout cas des règles d'accessibilité. Comme dans le bâtiment, quand on construit un immeuble, on a des règles à respecter sur des largeurs de portes, les rampes d'accès, la vocalisation dans les ascenseurs. C'est la même chose sur une interface numérique. On a des règles à respecter. Donc, les entreprises sont à l'écoute parce qu'elles ont une obligation légale. On n'est plus dans une phase de constat aujourd'hui, où les entreprises vont plutôt analyser là où elles en sont le retard qu'elles ont pris, essayer d'être transparentes sur ce qui va, ce qui ne va pas dans l'entreprise. Et puis, on commence à avoir un mouvement de fond qui va plutôt être, bon maintenant, on forme les équipes, on s'améliore, on demande à nos prestataires de prendre en compte ce sujet là et on sent qu'effectivement, on arrive sur cette tendance là. Donc, les entreprises sont assez ouvertes. C'est des enjeux forts, à la fois pour leurs collaborateurs, mais également pour leurs clients. Aujourd'hui, on a assez peu de services bancaires en ligne qui sont parfaitement accessibles, assez peu de e-commerçants qui sont parfaitement accessibles. L'enjeu est double répondre à une obligation légale, mais c'est aussi avoir un avantage concurrentiel non négligeable par rapport à ses confrères ou concurrents. Et aujourd'hui, si on est dans la grande distribution, par exemple, c'est un enjeu fort de se rendre, voilà on est le premier site e-commerce pleinement accessible. Donc, clairement, ça commence à être identifié et on sent que les entreprises se lancent sur ces sujets là.   

Tangata Emploi : 

C'est un véritable axe. C'est une véritable réponse à la question du coût parce que j'imagine que tout cela a un coût. Vous me parlez de prestataires d'installations. Ça coûte cher. Ce genre d'outil ? 

Sébastien Delorme :

Ce qui va coûter c'est effectivement la prise en compte de l'accessibilité. On n'est pas vraiment sur des outils à déployer. On est encore une fois plutôt sur des respect de normes. Donc, ce qui va coûter cher, c'est le temps d'apprentissage, de monter en compétence. En soit, produire un site Web accessible versus un qui ne le serait pas l'impact de coût est très léger, voire quasi nul, ou presque. Ce qui est ce qui va coûter cher, c'est le changement. Aujourd'hui, la plupart des sociétés, des développeurs, des développeuses qui créent des sites web ne savent pas le faire de manière accessible et donc, du coup, elles ont besoin de se former. On a besoin de les sensibiliser. Ils ont besoin de se former, de monter en compétences. Quand on s'essaye à l'exercice une première fois, c'est toujours un peu plus long, donc on se fait accompagner, etc. Donc, c'est ça aujourd'hui qui va coûter. D'expérience sur un projet numérique, prendre en compte le sujet. L'accessibilité, c'est 5 à 10% de budget en plus sur toute la partie conception de l'interface. Parce qu'il y a le temps de monter en compétences, de formation, d'accompagnement par des experts, ce qui est notre métier du coup. Quand on intervient forcément, du coup, on représente un surcoût sur un projet. Et à terme, ça peut être quasi nul, aujourd'hui, si les équipes savent le faire prendre en compte globalement, à moyen terme, c'est peut devenir quasi nul.   

Tangata Emploi : 

Je reviens sur un sujet que vous avez commencé à évoquer et qui est un mot moche, mais qui est quand même un modèle business, un business model. Et notamment, j'ai eu la chance de discuter il n'y a pas longtemps avec un intervenant qui a développé une application pour que les malentendants puissent avoir les sous titres sur leur téléphone et sur tout un tas d'applications comme de la visio conférence. Et il me disait qu'il y avait à peu près 500 000 personnes aujourd'hui qui passaient pas d'appels parce que vous avez des problèmes d'audition et qui du coup ne pouvaient pas téléphoner et que son application, y répondait. Et là, on voyait bien que au delà de l'inclusion, il y avait une forme de marché ou en tout cas de potentiel économique. Est ce que ça, on arrive à le mesurer, ce potentiel économique du monde du handicap ?   

Sébastien Delorme :

Il est difficilement évaluable pour plusieurs raisons. C'est à dire qu'aujourd'hui, on a, on a des utilisateurs qui ne sont pas présents sur ce marché là parce qu'effectivement, les interfaces, les solutions ne sont pas accessibles. Le numérique est pas adapté à leurs besoins ou faiblement adapté. Donc aujourd'hui, ce sont des utilisateurs qu'on peut avoir du mal à identifier. Sur ces sujets d'accessibilité numérique. De plus en plus, les associations revendiquent et sensibilisent aussi largement. Mais il y a encore assez peu de retours qui sont faits. Si, par exemple, une interface est pas accessible, pas compatible avec une personne qui en situation de handicap, il est aussi possible que pour cette personne là, ce soit pas possible d'aller contacter le propriétaire du site. Si effectivement, le formulaire de contact n'est pas compatible avec ces systèmes là . Ensuite, l'accessibilité comme dans le bâti, c'est indispensable pour certaines personnes en situation de handicap, mais c'est aussi un confort pour tous. Je pense aux trottoirs bateaux pour traverser la rue, les petits rabaissements de trottoir au niveau des passages piétons. Si on est en fauteuil roulant, on est quasi, voire totalement bloqué et on ne peut pas traverser si le trottoir n'est pas rabaissé. À l'inverse, si on le fait, on va apporter du confort au-delà les personnes qui sont en fauteuil roulant à toutes les personnes qui sont effectivement en situation de handicap moteur, mais qui peuvent avoir des béquilles, des difficultés pour se déplacer et plus largement aux personnes âgées, aux personnes qui vont se promener avec une poussette, avec une valise à roulettes, etc. En fait, tous les enjeux autour du handicap, il y a un objectif direct qui est effectivement les personnes en situation de handicap. Généralement, j'ai l'habitude de dire que si on travaille dans ces questions d'accessibilité, c'est pas tant pour le volume que ça représente. C'est juste pour effectivement se dire on sait qu'on est accessible à tous. Si c'est juste une personne qui évite d'être bloquée et mise de côté, eh bien c'est ça de gagné. Mais de manière générale, quand on va prendre en compte le sujet, on se rend compte qu'on apporte du confort pour tous. Et donc, c'est là où c'est difficile de quantifier. Oui, il y a des utilisateurs pour qui c'est absolument indispensable. Ce sera un besoin direct. Il y en aura d'autres pour lesquels c'est aussi un confort non négligeable. En parlant effectivement de solutions pour des sourds et malentendants. Le sous titrage en est l'exemple parfait. Si une vidéo n'est pas sous titrée, elle est par défaut totalement inaccessible à quelqu'un qui est sourd. Si elle est sous titrée, elle est accessible à des personnes sourdes, mais en plus potentiellement à toute personne qui aurait du mal à comprendre la langue de la vidéo. J'ai toujours plus d'aisance à écouter une vidéo en anglais si elle est sous titrée, parce que ça me permettra de la comprendre plus facilement. Là où l'anglais étant pas ma langue natale. 

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que les besoins sont énormes dans ce que vous dites. Finalement, on aurait tous intérêt à ce que, notamment dans le monde du numérique, ce soit favorable aux personnes en situation de handicap.   

Sébastien Delorme : 

Tout à fait. Parce que, pour la double raison qui est qu'effectivement, on peut être concerné à tout moment, on a forcément des utilisateurs qui sont concernés également et qui vont se retrouver bloqués. Et parce que cette prise en compte du handicap va profiter largement à, presque tout le monde, finalement. 

Tangata Emploi :   

Très bien. Eh bien, merci beaucoup en tout cas. 

Sébastien Delorme :

Merci à vous.  

Tangata Emploi :   

Et maintenant, place à Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Olivier Jeannel, bonjour. 

Olivier Jeannel :

Bonjour. 

Tangata Emploi : 

Olivier Jeannel, peut être, pour commencer, je vais vous demander simplement de vous vous présenter en quelques mots, en quelques phrases, de façon à ce que les auditeurs et auditrices puissent vous connaître.   

Olivier Jeannel :

RogerVoice, c'est une entreprise que j'ai créée il y a quelques années en 2014 et qui permet aux personnes sourdes, comme moi, de pouvoir téléphoner. Comment est-ce qu'on fait ça ? Car effectivement une personne sourde lit sur les lèvres ou utilise autre communication visuelle comme lan langue des signes ou le code LPC. Le téléphone, en l'occurence ne rend pas ça possible et du coup on utilise la reconaissance vocale, on utilise également des professionnels de l'écrit, des professionnels de la langue des signes, des interprètes diplômés et nous avons des codeurs en langue parlée complétée. Nous avons donc tout un nombre de services qui permettent aux personnes sourdes ou malentendantes en France de pouvoir téléphoner, et également dans d'autres pays. 

Tangata Emploi :   

C'est une solution qui est facile à proposer aux entreprises ? Elles sont plutôt ouvertes en France, c'est à dire, ah bah tiens, je vais utiliser cet outil là pour mes salariés qui seraient en situation de handicap ? 

Olivier Jeannel :

Exactement. Les salariés peuvent utiliser cet outil. C'est formidable pour l'inclusion dans une entreprise, on peut passer des entretiens, on peut passer des appels avec des clients ou des fournisseurs.  

Tangata Emploi :   

Je lisais une interview de vous il y a pas longtemps sur un site internet. Vous parliez d'inclusion en entreprise. Vous parliez évidemment de matériel et de condition pour pouvoir travailler et dans ce sens, votre application elle rentre totalement là dedans, mMais vous parliez aussi d'enjeux administratifs et financiers. Je voudrais que vous rebondissiez, vous complétiez peut être un peu ça, que vous m'expliquiez ça ?   

Olivier Jeannel :

Alors effectivement, en termes d'inclusion dans l'entreprise pour une personne sourde comme moi, ça peut être aussi en terme d'autres handicaps, on va parler d'acceptation vis à vis des collègues et en premier pas, que tout le monde soit informé que ce soit transparent. On peut ne pas en avoir envie d'en parler. C'est un choix personnel, mais plus c'est compris par de personnes, mieux ça se passe. Ça c'est une première étape. Après, il peut y avoir des enjeux financiers ou administratifs tel que faire accepter des dossiers de financement, tels que obtenir les bons outils. Il y a le coût associé à ça, donc effectivement, ce n'est pas toujours facile en fonction de l'entreprise où vous vous trouvez, de la phobie administrative, si c'est le cas. Ça peut paraître très long, assez fastidieux. Apprendre s'il y a de nombreux soutiens financiers, ce n'est pas ça qui manque. C'est bien le problème de faire joindre ces bouts où se trouve le noyau du problème, là entre la demande et les moyens. Encore une fois, je pense que c'est encore dû à la créativité des entrepreneurs et à la volonté des personnes de trouver les solutions, de les proposer.   

Tangata Emploi :   

Et pour RogerVoice, je vais peut-être le prononcer à l'anglaise à l'américaine RogerVoice, puisque Roger vous l'avez fait sur notamment l'aviation. Quelles sont vos prochaines étapes dans le développement de votre société  ? 

Olivier Jeannel :

Alors je vais revenir sur ce que vous disiez par rapport à l'aviation, c'est un terme très anglais. Roger, j'ai compris à la radio. RogerVoice, c'est j'ai compris la voix, ça permet à la voix d'être transformée visuellement, à l'écrit, en langue des signes ou en LPC. Nous proposons également aujourd'hui aux personnes sourdes-aveugles d'avoir une compatibilité avec leurs claviers braille avec l'application on peut suivre ce qui est écrit. Nous avons également une autre solution comme la messagerie transcrite, quand on reçoit un message vocal sur répondeur ça permet de transcrire ce qui a été dit. Oui, c'est vraiment une approche très totale que nous avons, tous les moyens et nous cherchons toujours à aller plus loin. Je sais qu'aux États-Unis, ça fait longtemps que j'ai utilisé le téléphone, j'ai grandi en Californie, à Los Angeles précisément. Ça fait 25 ans, qu'aux États-Unis l'accessibilité téléphonique est en place. À mon arrivée en France, je me dis, ok comment est-ce que ça se passe. C'est vraiemnt grâce à une législation en 2018 que ça a changé la donne. Comme aux États-Unis d'ailleurs, car c'est une législation qui rend obligatoire l'accessibilité téléphonique. Et ça, c'est vraiment une étape très importante dans le développement de la société que d'avoir conçu une application qui répondait ouvertement aux besoins d'accessibilité individuelle des particuliers. Et on souhaite continuer dans cet élan. Donc effectivement que davantage de personnes découvrent et utilisent ce service en France et aussi à l'étranger. En l'occurrence, RogerVoice est disponible aujourd'hui dans 52 pays, nous avons des personnes qui sont en Afrique du Sud, au Mexique, en Australie, qui utilisent notre service. Qu'est-ce qu'on peut faire pour que davantage de personnes connaissent et utilisent ce service. Comme le modèle en France marche vraiment bien, on aimerait le répéter.   

Tangata Emploi :   

Ça veut dire beaucoup de langues, le français, l'anglais, l'espagnol, si j'ai bien tout suivi. Vous êtes en combien de langues ? 52 pays, ça fait combien de langues ? Et j'imagine que ça oblige à des programmations différentes, peut être.   

Olivier Jeannel :

Alors il y a plus de 80 langues disponibles et il y a des variations dans la langue. Par exemple, l'anglais américain avec l'anglais britannique. Nous sommes effectivement confrontés à des cas d'usage où la personne se trompe de langue, ça arrive. Nous sommes effectivement très orienté vers la possibilité d'avoir à moindre coût, faciliter toujours à chaque fois l'accès à cette technologie. C'est aussi les freins qui peuvent être financiers ou administratifs comme vous l'avez dit. 

Tangata Emploi :   

Et bah très bien, merci beaucoup en tout cas. Olivier Jeannel pour  cette présentation. C'est disponible, vous l'avez dit sur tous les stores, aussi bien Apple que que que les autres smartphones, je vais y arriver. Je vais retrouver mes mots. On le trouve absolument partout et on peut y avoir accès partout ? 

Olivier Jeannel :

RogerVoice peut se télécharger sur App Store et Play Store. N'hésitez pas à aller sur le site Internet et également sur les réseaux sociaux. Il y a plus de 500 000 personnes en France dont la surdité empêcherait de pouvoir téléphoner, donc c'est très important qu'on trouve ça disponible partout à tout moment.   

Tangata Emploi :   

Eh bien, merci beaucoup. En tout cas.  

Olivier Jeannel :

Merci beaucoup. 

Tangata Emploi :   

Maintenant, vous venez d'écouter notre nouvel épisode, Tangata Waikaha, en compagnie de Sébastien Delorme et d'Olivier Jeannel. Un grand merci à eux deux pour leur expertise. Ce qu'on retient, c'est que l'accessibilité est de plus en plus prise en compte au sein des entreprises aujourd'hui et qu'il existe une multitude d'outils pour les aider dans l'inclusion d'une personne en situation de handicap. Pour en savoir plus sur ces prestations, rendez vous sur notre Marketplace emploi.tangata.net et retrouvez nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi, LinkedIn, Facebook et Twitter pour faire bouger les choses ensemble. 

Description

Bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les entreprises, avec pour objectif de faire parler LES différences.

Aujourd'hui, Sébastien Delorme - Expert et consultant en accessibilité numérique chez Ideance et Olivier Jeannel - fondateur et CEO de RogerVoice, évoquent l'accessibilité en entreprise et nous présentent quelques solutions et outils.

Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi LinkedIn, Facebook et Twitter ou sur notre marketplace emploi.tangata.net pour faire bouger les choses, ensemble ! 

____________________________________________________________________

Merci aux équipes de Ideance pour la retranscription de cet épisode ! 


Tangata Emploi : 

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue à vous dans ce podcast imaginé par Tangata Emploi pour les référents handicap et toutes les personnes en charge de l'inclusion en entreprise. L'objectif est de faire parler les différences et nous allons évoquer ensemble la diversité, l'emploi bien-sûr, la fiabilité, la qualité et la confiance, l'impact social, la reconnaissance de nos singularités et la co-construction. 

Aujourd'hui, j'ai deux invités Sébastien Delorme, expert et consultant en accessibilité numérique au sein de Ideance, et Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Ils vont vous parler de l'accessibilité en entreprise nécessaire au recrutement et à l'accueil d'une personne en situation de handicap et de comment ils ont pensé, à leur échelle, à créer des outils adaptés. Tout de suite, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Delorme. Est-ce que vous pouvez, pour commencer, nous présenter un peu votre activité ?  

Sébastien Delorme, Ideance : 

Alors, mon activité tourne autour du numérique et du handicap. Ça fait douze ans que je travaille sur un sujet qui s'appelle l'accessibilité numérique. C'est la prise en compte du handicap dans la conception et le développement de solutions numériques. Donc, faire en sorte, en gros, qu'une interface soit utilisable par une personne aveugle, compréhensible par une personne sourde, etc. Et mon activité, c'est d'accompagner des entreprises, des organismes publics dans la prise en compte de ces enjeux là par de l'audit, de la formation, de la montée en compétence et de l'accompagnement de projets.  

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que quel est l'état des lieux ? Il y a encore beaucoup de choses à faire ? Il y a peu d'outils ? Ou, au contraire, ça se développe et les entreprises sont à peu près équipées ?  

Sébastien Delorme : 

Il y a encore beaucoup de choses à faire. Aujourd'hui, les choses s'améliorent et commencent à se développer, notamment avec l'appui de la loi, puisqu'il est aujourd'hui obligatoire pour des organismes publics et certaines grandes entreprises privées de prendre en compte ces questions de handicap face au numérique pour leurs salariés, pour leurs clients, pour le grand public, de manière générale. Donc, les choses évoluent. Maintenant, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup de retard. On a un énorme majorité, par exemple des sites Internet qui, aujourd'hui, ne sont pas pleinement accessibles et compatibles avec tous les besoins des personnes en situation de handicap.   

Tangata Emploi : 

J'imagine que les besoins sont de plus en plus nombreux avec la numérisation croissante des besoins ? 

Sébastien Delorme : 

Alors oui, évidemment, rien qu'avec la mise en place du télétravail, on a certaines entreprises qui se sont rendues compte que les enjeux étaient fort. Parfois, quand des collaborateurs peuvent avoir des difficultés… Prenons un exemple quelqu'un avec qui peut avoir des difficultés pour consulter les informations ou déposer ses demandes de congés en ligne. Malheureusement, ce n'est pas accessible. Il n'est pas autonome pour le faire. Il peut éventuellement s'appuyer sur un collègue qui est à côté pour s'aider. Ce n'est pas la solution idéale, mais on peut être dépanné comme ça. Quand on se retrouve en télétravail, on est face à son ordinateur seul. Donc effectivement, là, les enjeux sont encore plus encore plus importants. Et puis, ça se développe aussi avec la visioconférence. Participer à une réunion de travail avec des collègues dans un bureau, c'est quelque chose de plus souple, de plus simple pour quelqu'un qui a un bug, par exemple pour quelqu'un qui a un handicap moteur, si les locaux sont accessibles, ou pour quelqu'un de sourd ou malentendant qui, par exemple, pourrait pratiquer la lecture labiale et qui arriverait à lire sur les lèvres avec ses collègues. En visioconférence,  une image de mauvaise qualité et tout de suite, on ne peut plus lire sur les lèvres. Donc on a besoin clairement de sous-titrage ou de traduction en langue des signes.   

Tangata Emploi :

J'imagine que les outils se développent. 

Sébastien Delorme :

Donc les outils se développent. Il y a plusieurs types d'outils. Il y a des outils méthodologiques. Aujourd'hui, en France, on a un document qui s'appelle le RGAA, le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité. C'est un socle plus normatif et légal, dans le sens où il va expliquer ce qu'on peut faire et ce qu'on doit faire pour être accessible. Donc ça, c'est des choses qu'on n'avait pas forcément il y a quelques années, qu'on commence à avoir en France et dans la plupart de l'Europe. On a des outils qui permettent de s'évaluer, de savoir comment on peut être accessible, est ce qu'on l'est ou pas ? Est ce que nos interfaces sont compatibles avec les besoins des personnes en situation de handicap ? Ces choses là se développent et effectivement, on a des outils, des solutions qui vont améliorer encore plus de confort pour l'utilisateur et qui se développent également. Pour prendre des petits exemples sur tout ce qui est visioconférence, depuis un ou deux ans, on a la chance d'avoir du sous titrage automatique, que ce soit Teams, Skype ou Zoom. On a la possibilité d'activer des options de sous titrage automatique pour les personnes sourdes et malentendantes, chose qu'on n'avait pas forcément il y a deux ou trois ans. C'est encore perfectible, mais ça s'améliore très, très rapidement. Et puis des applications mobiles, des services qu'on trouve de plus en plus et qui répondent à des besoins parfois très spécifiques. 

Tangata Emploi : 

Comment réagissent ces entreprises ? Elles sont à l'écoute de développer tous ces nouveaux outils, en tout cas de les installer.   

Sébastien Delorme :

Oui, elles sont à l'écoute. Souvent, il ne s'agit pas spécialement d'outils à installer, mais de normes à respecter. Donc, c'est là où se joue parfois la difficulté, c'est que si on a un intranet ou un outil de gestion comptable qu'on veut rendre accessible et compatible à ses salariés en situation de handicap, la question, c'est, premièrement d'installer des outils pour les collaborateurs pour qu'ils puissent utiliser leur ordinateur, une synthèse vocale ou une plage braille pour une personne aveugle. Ça, c'est relativement simple. De toute façon, c'est absolument indispensable pour que la personne puisse travailler. Puis ensuite, il y a la question de la compatibilité. Est ce que mon intranet est compatible avec les systèmes qu'utilisent les salariés en situation de handicap ? Là, c'est plus un travail de fond. Il faut effectivement améliorer les interfaces et les modifier. Si on achète une solution, il faut demander à ce que son prestataire nous fournisse une solution qui soit compatible. Et si on les fait développer, il faut effectivement respecter des contraintes ou en tout cas des règles d'accessibilité. Comme dans le bâtiment, quand on construit un immeuble, on a des règles à respecter sur des largeurs de portes, les rampes d'accès, la vocalisation dans les ascenseurs. C'est la même chose sur une interface numérique. On a des règles à respecter. Donc, les entreprises sont à l'écoute parce qu'elles ont une obligation légale. On n'est plus dans une phase de constat aujourd'hui, où les entreprises vont plutôt analyser là où elles en sont le retard qu'elles ont pris, essayer d'être transparentes sur ce qui va, ce qui ne va pas dans l'entreprise. Et puis, on commence à avoir un mouvement de fond qui va plutôt être, bon maintenant, on forme les équipes, on s'améliore, on demande à nos prestataires de prendre en compte ce sujet là et on sent qu'effectivement, on arrive sur cette tendance là. Donc, les entreprises sont assez ouvertes. C'est des enjeux forts, à la fois pour leurs collaborateurs, mais également pour leurs clients. Aujourd'hui, on a assez peu de services bancaires en ligne qui sont parfaitement accessibles, assez peu de e-commerçants qui sont parfaitement accessibles. L'enjeu est double répondre à une obligation légale, mais c'est aussi avoir un avantage concurrentiel non négligeable par rapport à ses confrères ou concurrents. Et aujourd'hui, si on est dans la grande distribution, par exemple, c'est un enjeu fort de se rendre, voilà on est le premier site e-commerce pleinement accessible. Donc, clairement, ça commence à être identifié et on sent que les entreprises se lancent sur ces sujets là.   

Tangata Emploi : 

C'est un véritable axe. C'est une véritable réponse à la question du coût parce que j'imagine que tout cela a un coût. Vous me parlez de prestataires d'installations. Ça coûte cher. Ce genre d'outil ? 

Sébastien Delorme :

Ce qui va coûter c'est effectivement la prise en compte de l'accessibilité. On n'est pas vraiment sur des outils à déployer. On est encore une fois plutôt sur des respect de normes. Donc, ce qui va coûter cher, c'est le temps d'apprentissage, de monter en compétence. En soit, produire un site Web accessible versus un qui ne le serait pas l'impact de coût est très léger, voire quasi nul, ou presque. Ce qui est ce qui va coûter cher, c'est le changement. Aujourd'hui, la plupart des sociétés, des développeurs, des développeuses qui créent des sites web ne savent pas le faire de manière accessible et donc, du coup, elles ont besoin de se former. On a besoin de les sensibiliser. Ils ont besoin de se former, de monter en compétences. Quand on s'essaye à l'exercice une première fois, c'est toujours un peu plus long, donc on se fait accompagner, etc. Donc, c'est ça aujourd'hui qui va coûter. D'expérience sur un projet numérique, prendre en compte le sujet. L'accessibilité, c'est 5 à 10% de budget en plus sur toute la partie conception de l'interface. Parce qu'il y a le temps de monter en compétences, de formation, d'accompagnement par des experts, ce qui est notre métier du coup. Quand on intervient forcément, du coup, on représente un surcoût sur un projet. Et à terme, ça peut être quasi nul, aujourd'hui, si les équipes savent le faire prendre en compte globalement, à moyen terme, c'est peut devenir quasi nul.   

Tangata Emploi : 

Je reviens sur un sujet que vous avez commencé à évoquer et qui est un mot moche, mais qui est quand même un modèle business, un business model. Et notamment, j'ai eu la chance de discuter il n'y a pas longtemps avec un intervenant qui a développé une application pour que les malentendants puissent avoir les sous titres sur leur téléphone et sur tout un tas d'applications comme de la visio conférence. Et il me disait qu'il y avait à peu près 500 000 personnes aujourd'hui qui passaient pas d'appels parce que vous avez des problèmes d'audition et qui du coup ne pouvaient pas téléphoner et que son application, y répondait. Et là, on voyait bien que au delà de l'inclusion, il y avait une forme de marché ou en tout cas de potentiel économique. Est ce que ça, on arrive à le mesurer, ce potentiel économique du monde du handicap ?   

Sébastien Delorme :

Il est difficilement évaluable pour plusieurs raisons. C'est à dire qu'aujourd'hui, on a, on a des utilisateurs qui ne sont pas présents sur ce marché là parce qu'effectivement, les interfaces, les solutions ne sont pas accessibles. Le numérique est pas adapté à leurs besoins ou faiblement adapté. Donc aujourd'hui, ce sont des utilisateurs qu'on peut avoir du mal à identifier. Sur ces sujets d'accessibilité numérique. De plus en plus, les associations revendiquent et sensibilisent aussi largement. Mais il y a encore assez peu de retours qui sont faits. Si, par exemple, une interface est pas accessible, pas compatible avec une personne qui en situation de handicap, il est aussi possible que pour cette personne là, ce soit pas possible d'aller contacter le propriétaire du site. Si effectivement, le formulaire de contact n'est pas compatible avec ces systèmes là . Ensuite, l'accessibilité comme dans le bâti, c'est indispensable pour certaines personnes en situation de handicap, mais c'est aussi un confort pour tous. Je pense aux trottoirs bateaux pour traverser la rue, les petits rabaissements de trottoir au niveau des passages piétons. Si on est en fauteuil roulant, on est quasi, voire totalement bloqué et on ne peut pas traverser si le trottoir n'est pas rabaissé. À l'inverse, si on le fait, on va apporter du confort au-delà les personnes qui sont en fauteuil roulant à toutes les personnes qui sont effectivement en situation de handicap moteur, mais qui peuvent avoir des béquilles, des difficultés pour se déplacer et plus largement aux personnes âgées, aux personnes qui vont se promener avec une poussette, avec une valise à roulettes, etc. En fait, tous les enjeux autour du handicap, il y a un objectif direct qui est effectivement les personnes en situation de handicap. Généralement, j'ai l'habitude de dire que si on travaille dans ces questions d'accessibilité, c'est pas tant pour le volume que ça représente. C'est juste pour effectivement se dire on sait qu'on est accessible à tous. Si c'est juste une personne qui évite d'être bloquée et mise de côté, eh bien c'est ça de gagné. Mais de manière générale, quand on va prendre en compte le sujet, on se rend compte qu'on apporte du confort pour tous. Et donc, c'est là où c'est difficile de quantifier. Oui, il y a des utilisateurs pour qui c'est absolument indispensable. Ce sera un besoin direct. Il y en aura d'autres pour lesquels c'est aussi un confort non négligeable. En parlant effectivement de solutions pour des sourds et malentendants. Le sous titrage en est l'exemple parfait. Si une vidéo n'est pas sous titrée, elle est par défaut totalement inaccessible à quelqu'un qui est sourd. Si elle est sous titrée, elle est accessible à des personnes sourdes, mais en plus potentiellement à toute personne qui aurait du mal à comprendre la langue de la vidéo. J'ai toujours plus d'aisance à écouter une vidéo en anglais si elle est sous titrée, parce que ça me permettra de la comprendre plus facilement. Là où l'anglais étant pas ma langue natale. 

Tangata Emploi : 

Ça veut dire que les besoins sont énormes dans ce que vous dites. Finalement, on aurait tous intérêt à ce que, notamment dans le monde du numérique, ce soit favorable aux personnes en situation de handicap.   

Sébastien Delorme : 

Tout à fait. Parce que, pour la double raison qui est qu'effectivement, on peut être concerné à tout moment, on a forcément des utilisateurs qui sont concernés également et qui vont se retrouver bloqués. Et parce que cette prise en compte du handicap va profiter largement à, presque tout le monde, finalement. 

Tangata Emploi :   

Très bien. Eh bien, merci beaucoup en tout cas. 

Sébastien Delorme :

Merci à vous.  

Tangata Emploi :   

Et maintenant, place à Olivier Jeannel, fondateur et CEO de RogerVoice. Olivier Jeannel, bonjour. 

Olivier Jeannel :

Bonjour. 

Tangata Emploi : 

Olivier Jeannel, peut être, pour commencer, je vais vous demander simplement de vous vous présenter en quelques mots, en quelques phrases, de façon à ce que les auditeurs et auditrices puissent vous connaître.   

Olivier Jeannel :

RogerVoice, c'est une entreprise que j'ai créée il y a quelques années en 2014 et qui permet aux personnes sourdes, comme moi, de pouvoir téléphoner. Comment est-ce qu'on fait ça ? Car effectivement une personne sourde lit sur les lèvres ou utilise autre communication visuelle comme lan langue des signes ou le code LPC. Le téléphone, en l'occurence ne rend pas ça possible et du coup on utilise la reconaissance vocale, on utilise également des professionnels de l'écrit, des professionnels de la langue des signes, des interprètes diplômés et nous avons des codeurs en langue parlée complétée. Nous avons donc tout un nombre de services qui permettent aux personnes sourdes ou malentendantes en France de pouvoir téléphoner, et également dans d'autres pays. 

Tangata Emploi :   

C'est une solution qui est facile à proposer aux entreprises ? Elles sont plutôt ouvertes en France, c'est à dire, ah bah tiens, je vais utiliser cet outil là pour mes salariés qui seraient en situation de handicap ? 

Olivier Jeannel :

Exactement. Les salariés peuvent utiliser cet outil. C'est formidable pour l'inclusion dans une entreprise, on peut passer des entretiens, on peut passer des appels avec des clients ou des fournisseurs.  

Tangata Emploi :   

Je lisais une interview de vous il y a pas longtemps sur un site internet. Vous parliez d'inclusion en entreprise. Vous parliez évidemment de matériel et de condition pour pouvoir travailler et dans ce sens, votre application elle rentre totalement là dedans, mMais vous parliez aussi d'enjeux administratifs et financiers. Je voudrais que vous rebondissiez, vous complétiez peut être un peu ça, que vous m'expliquiez ça ?   

Olivier Jeannel :

Alors effectivement, en termes d'inclusion dans l'entreprise pour une personne sourde comme moi, ça peut être aussi en terme d'autres handicaps, on va parler d'acceptation vis à vis des collègues et en premier pas, que tout le monde soit informé que ce soit transparent. On peut ne pas en avoir envie d'en parler. C'est un choix personnel, mais plus c'est compris par de personnes, mieux ça se passe. Ça c'est une première étape. Après, il peut y avoir des enjeux financiers ou administratifs tel que faire accepter des dossiers de financement, tels que obtenir les bons outils. Il y a le coût associé à ça, donc effectivement, ce n'est pas toujours facile en fonction de l'entreprise où vous vous trouvez, de la phobie administrative, si c'est le cas. Ça peut paraître très long, assez fastidieux. Apprendre s'il y a de nombreux soutiens financiers, ce n'est pas ça qui manque. C'est bien le problème de faire joindre ces bouts où se trouve le noyau du problème, là entre la demande et les moyens. Encore une fois, je pense que c'est encore dû à la créativité des entrepreneurs et à la volonté des personnes de trouver les solutions, de les proposer.   

Tangata Emploi :   

Et pour RogerVoice, je vais peut-être le prononcer à l'anglaise à l'américaine RogerVoice, puisque Roger vous l'avez fait sur notamment l'aviation. Quelles sont vos prochaines étapes dans le développement de votre société  ? 

Olivier Jeannel :

Alors je vais revenir sur ce que vous disiez par rapport à l'aviation, c'est un terme très anglais. Roger, j'ai compris à la radio. RogerVoice, c'est j'ai compris la voix, ça permet à la voix d'être transformée visuellement, à l'écrit, en langue des signes ou en LPC. Nous proposons également aujourd'hui aux personnes sourdes-aveugles d'avoir une compatibilité avec leurs claviers braille avec l'application on peut suivre ce qui est écrit. Nous avons également une autre solution comme la messagerie transcrite, quand on reçoit un message vocal sur répondeur ça permet de transcrire ce qui a été dit. Oui, c'est vraiment une approche très totale que nous avons, tous les moyens et nous cherchons toujours à aller plus loin. Je sais qu'aux États-Unis, ça fait longtemps que j'ai utilisé le téléphone, j'ai grandi en Californie, à Los Angeles précisément. Ça fait 25 ans, qu'aux États-Unis l'accessibilité téléphonique est en place. À mon arrivée en France, je me dis, ok comment est-ce que ça se passe. C'est vraiemnt grâce à une législation en 2018 que ça a changé la donne. Comme aux États-Unis d'ailleurs, car c'est une législation qui rend obligatoire l'accessibilité téléphonique. Et ça, c'est vraiment une étape très importante dans le développement de la société que d'avoir conçu une application qui répondait ouvertement aux besoins d'accessibilité individuelle des particuliers. Et on souhaite continuer dans cet élan. Donc effectivement que davantage de personnes découvrent et utilisent ce service en France et aussi à l'étranger. En l'occurrence, RogerVoice est disponible aujourd'hui dans 52 pays, nous avons des personnes qui sont en Afrique du Sud, au Mexique, en Australie, qui utilisent notre service. Qu'est-ce qu'on peut faire pour que davantage de personnes connaissent et utilisent ce service. Comme le modèle en France marche vraiment bien, on aimerait le répéter.   

Tangata Emploi :   

Ça veut dire beaucoup de langues, le français, l'anglais, l'espagnol, si j'ai bien tout suivi. Vous êtes en combien de langues ? 52 pays, ça fait combien de langues ? Et j'imagine que ça oblige à des programmations différentes, peut être.   

Olivier Jeannel :

Alors il y a plus de 80 langues disponibles et il y a des variations dans la langue. Par exemple, l'anglais américain avec l'anglais britannique. Nous sommes effectivement confrontés à des cas d'usage où la personne se trompe de langue, ça arrive. Nous sommes effectivement très orienté vers la possibilité d'avoir à moindre coût, faciliter toujours à chaque fois l'accès à cette technologie. C'est aussi les freins qui peuvent être financiers ou administratifs comme vous l'avez dit. 

Tangata Emploi :   

Et bah très bien, merci beaucoup en tout cas. Olivier Jeannel pour  cette présentation. C'est disponible, vous l'avez dit sur tous les stores, aussi bien Apple que que que les autres smartphones, je vais y arriver. Je vais retrouver mes mots. On le trouve absolument partout et on peut y avoir accès partout ? 

Olivier Jeannel :

RogerVoice peut se télécharger sur App Store et Play Store. N'hésitez pas à aller sur le site Internet et également sur les réseaux sociaux. Il y a plus de 500 000 personnes en France dont la surdité empêcherait de pouvoir téléphoner, donc c'est très important qu'on trouve ça disponible partout à tout moment.   

Tangata Emploi :   

Eh bien, merci beaucoup. En tout cas.  

Olivier Jeannel :

Merci beaucoup. 

Tangata Emploi :   

Maintenant, vous venez d'écouter notre nouvel épisode, Tangata Waikaha, en compagnie de Sébastien Delorme et d'Olivier Jeannel. Un grand merci à eux deux pour leur expertise. Ce qu'on retient, c'est que l'accessibilité est de plus en plus prise en compte au sein des entreprises aujourd'hui et qu'il existe une multitude d'outils pour les aider dans l'inclusion d'une personne en situation de handicap. Pour en savoir plus sur ces prestations, rendez vous sur notre Marketplace emploi.tangata.net et retrouvez nous sur nos réseaux sociaux Tangata Emploi, LinkedIn, Facebook et Twitter pour faire bouger les choses ensemble. 

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