Angélique Mbelu est juriste et facilitatrice nationale de la Coalition Foncière en République Démocratique du Congo. Mais avant tout, c’est une femme qui a appris à faire entendre sa voix dans des espaces qui, trop souvent, la préféraient discrète, polie, esthétique. Elle a longtemps été cette présence « acceptable », invitée sans être écoutée, regardée avant d’être prise au sérieux. Face aux regards qui réduisent, aux silences qu’on impose, elle a choisi de ne pas s’effacer, de « naviguer », comme elle dit, en élaborant ses propres stratégies pour exister sans se trahir.
Elle raconte, sans détour, ce que c’est d’être une femme dans des espaces de pouvoir — regardée comme un corps avant d’être écoutée comme une pensée. Elle nomme les stratégies pour rester debout, les blessures silencieuses, les petites résistances quotidiennes, et cette fatigue profonde que tant de femmes connaissent : devoir toujours faire plus, tout en étant invisibles.
Ce parcours intime, fait de résistances discrètes et de douleurs transformées en conscience, nourrit un engagement politique radical : on ne peut pas protéger la nature sans reconnaître les droits fonciers des communautés, ni parler d’environnement sans entendre les voix des femmes.
Depuis plus de 15 ans, Angélique travaille à la croisée des chemins entre écologie, justice sociale et reconnaissance des savoirs vivants. Elle relie la terre, les corps, et les luttes — et surtout, elle les défend là où elles sont le plus invisibilisées : dans les marges, les villages reculés, ou les salles de réunion où seules les secrétaires sont des femmes.
Elle parle d’un Congo réel, traversé par des tensions violentes entre extractivisme moderne et mémoire ancestrale. Mais surtout, elle refuse la résignation. Elle agit. Elle rêve. Une ferme. Un crédit agricole pour les femmes. Des réseaux de jeunes. Un projet comme Rêver Kinshasa, où elle invite la jeunesse à imaginer leur ville autrement, à rêver pour transformer.
Ce qu’elle nous dit au fond, c’est ceci : la terre n’est pas un bien à exploiter, elle est un lien. Et pour la protéger, il faut écouter celles qui vivent avec elle.
Et elle le dit en étant pleinement femme. Pas en s’excusant. Pas en se cachant. Mais en avançant — avec la force douce de celles qui refusent de choisir entre dignité, puissance et féminité.
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