- Speaker #0
Terre des érudits, le podcast de l'Institut français en Haïti.
- Speaker #1
Mesdames et messieurs, bienvenue dans le troisième épisode de la troisième saison du podcast Terre des érudits de l'Institut français en Haïti. Pour ce troisième épisode, nous recevons Stéphanie François. Elle est psychopédagogue, comédienne, dramaturge. Elle a été finaliste du prix RFI Théâtre en 2023 avec son texte Fifi. Les timbres et les étoiles. Bonjour Stéphanie.
- Speaker #0
Bonjour Joubert. C'est un plaisir d'être avec toi et c'est un plaisir d'être avec le public.
- Speaker #1
Aujourd'hui, nous allons parler de la représentation de la femme dans les nouvelles écritures dramaturgiques. Stéphanie, selon toi, est-ce que l'avènement des nouvelles écritures dramaturgiques a coïncidé avec une nouvelle représentation de la femme dans le théâtre ?
- Speaker #0
Les femmes dans les nouvelles écritures dramaturgiques, ce sont des femmes qui sont au-devant de la scène, qui parlent, qui décident, qui agissent, qui dénoncent. Pour les auteurs et autrices que je connais, que je lis surtout, nous avons des représentations de femmes. comme Tantiole dans La petite fille que le soleil avait volé, qui autrefois était, elle voulait au coin évoluant, et puis tout à coup, elle ne veut plus. Tantiole, ou bien sa nièce qui revient, qui a une voix au chapitre, qui veut apprendre à découvrir des choses qu'on ne lui avait pas apprises en étant enfant. Et il y a la voix de Tantiole qui s'accompagne du nouveau regard de sa nièce, et qui commence à discuter, et qui commence à s'ouvrir. On a des personnages assez diversifiés dans cette pièce, par exemple, ou des femmes avec différents regards. discutent de ce qui se passe autour d'une famille. Dans ces représentations aussi, nous avons des femmes qui sont prises dans leur famille, dans leur église, dans leur espace de travail. Et puis, le débat se fait non seulement autour de ces femmes, mais autour de leur vie en général. Comme l'histoire de Tantiole, où sa mère était une femme de pasteur, nous pouvons aussi considérer d'un autre côté Ivana Poussière ou Ivana Soleil, un genre d'Amérique avec Abélir les Ténèbres, qui sont des personnages d'église. Et ce sont des personnages qui ont subi des... discriminations, des formes de violence que l'Église porte en elle et qui affectent l'évolution de la femme. Donc, ce sont des personnages, malgré cette oppression, qui discutent, qui parlent et qui trouvent leur voix au chapitre. Donc, ces personnages-là, ces personnages femmes aujourd'hui, ce sont des personnages qui dénoncent, qui disent nous ne voulons pas d'eux, nous voulons plutôt comme Soamise d'Adanta, qui est un personnage qui, elle, dit moi, je veux que ma fille aient le droit à l'avortement. Pour Soamise, dans Danta, Danta n'a pas de droit à mourir. Si Danta n'est pas allée à Samarkand, il a pris une étude pour le faire pour Danta, qui a parlé avec Danta. Donc, c'est une série de femmes qui choisissent pour parler, pour dénoncer, pour dire qu'elles ont eu la vie. Et Soamise, comme personnage, son personnage femme, djame, qui compte feuilles, qui gagne une connaissance, qui compte partager, qui compte la vie. Donc, c'est une série de personnages qui paraîtent insuperficiels, mais qui ont une profondeur qui... construit Tethyo, c'est vraiment des personnages qui ont des histoires, les personnages femmes aujourd'hui, dans les nouvelles dramaturgies.
- Speaker #1
Est-ce que cela veut dire que les femmes ne sont plus invisibilisées dans le théâtre contemporain ?
- Speaker #0
Oui, je dirais que c'est un grand pas parce que cette visibilité donnée aux femmes... Aujourd'hui, je ne pense pas que j'ai vu une pièce de théâtre où il n'y a pas de femmes. Et je n'ai pas vu une pièce de théâtre non plus où la femme n'a pas un rôle... n'a pas un rôle prépondérant ou son rôle n'est pas important. Je crois avoir entendu quelqu'un dire que le monde actuel est féministe et que même si d'autres personnes disent que cette idée que tout rejoint les luttes pour les femmes peut biaiser le bon sens des choses, mais moi, je pense que plutôt que ce soit ainsi, il vaudrait mieux que toutes les idées que nous partageons aillent vers des luttes pour le respect des droits humains, le respect des droits des femmes, pour l'égalité et l'équité. Et donc, en ce sens, Quand nous avons des femmes aujourd'hui au plateau, ce sont des femmes qui portent des paroles qui ont besoin d'être dites et leur présence, on sent le pourquoi. Parce qu'on peut avoir des femmes sur une scène et voilà qu'elles sont juste là pour des rôles moins importants. Mais aujourd'hui, on a des femmes dans des rôles, on se dit ces rôles-là, ils devraient être bien joués et par des femmes aussi.
- Speaker #1
Parlant des rôles prépondérants, nous savons que ce ne sont pas toujours des rôles qui propulsent la femme. au premier plan et ses droits avec des besoins spécifiques. Nous savons que la conception de la femme potomitain est en quelque sorte une conception patriarcale qui est très réductrice. Est-ce qu'aujourd'hui, il y a une remise en question de la femme potomitain dans le théâtre contemporain ?
- Speaker #0
L'idée de la femme potomitain, selon moi, elle est bien partagée dans des textes. Si nous prenons un texte comme Danta, où Sohamis élève seule sa fille, Danta, qu'elle a eue à cause d'un viol, elle est la seule personne à chanter. c'est elle qui s'occupe de tout. Même s'il n'y a pas une dénonciation ouverte de l'idée du potomitan, ces femmes-là qui portent seules le poids de la vie de la famille, on sent que ce poids pèse trop lourd sur elles. Et du coup, par rapport à cela, on peut se poser des questions soi-même sur l'idée du potomitan. Est-ce qu'on peut conserver cette pratique où seules les femmes portent tout ce qu'il y a dans la maison ? On peut se questionner et aller plus loin avec ces pièces aussi pour se dire qu'est-ce qu'on fait de ces femmes potomitans ? Parce que très souvent... dans les représentations où on a ces femmes-là qui sont à charge, ce n'est pas dans l'idée d'embellir, de romantiser comme on avait l'habitude de le faire avant que cela se fait aujourd'hui. C'est une femme qui n'en peut plus, mais qui continue, qui résiste et qui continue à se battre malgré tout. Si je peux prendre un dernier exemple, il y a la pièce Lune de Pamela Guilain qui sera mise en scène. prochainement à l'Institut français par Emmanuella Basile, où la secrétaire, donc on a un personnage qui n'est pas seulement potomitan chez elle, c'est un personnage qui est potomitan aussi, qui est secrétaire et on connaît le poids de la vie des secrétaires tous les jours. C'est cette secrétaire-là qui est à charge du tribunal de première instance. Et donc c'est elle qui s'occupe de tous les dossiers et elle est aussi à charge de ses enfants. Donc cette femme potomitan-là, elle est présentée et elle-même, elle n'est pas au courant de ce qu'elle porte comme poids. C'est alors que vient une femme, l'une, pour dénoncer les inégalités envers les droits hommes-femmes. Et en côtoyant cette femme, elle se rend compte des diverses charges qu'elle porte tout au long de sa vie et se dit peut-être que oui. Mais à aucun moment, elle ne dénonce verbalement tout ce poids qu'elle porte envers quelqu'un. Elle l'accepte, c'est sa vie, c'est comme ça qu'elle l'a toujours vécu. Donc, je pense que c'est un regard dressé sur une femme. potomitant, même si ce n'est pas dans notre culture, mais que nous connaissons très bien. Et dans nos pièces de théâtre, nous avons des personnages femmes avec de lourdes charges et nous savons que ce poids-là, il est trop lourd pour elles.
- Speaker #1
Dans quelle mesure les luttes féministes ont influencé la représentation de la femme dans les nouvelles décritures dramaturgiques ?
- Speaker #0
Les luttes féministes ont apporté cette nouvelle vision de la femme de façon à voir la femme comme un être autonome. indépendante, comme un être émancipé, capable de réfléchir, de produire des réflexions, de contribuer à la vie active. Ainsi, je pense que le théâtre se nourrit de tout ce qui se fait. Et ainsi, le théâtre se nourrit aussi de ces luttes féministes pour, premièrement, dire ce qu'il souhaite, mais aussi pour dire ce qui devrait être fait et comment cela se fait. Si on retourne à Danta, lutte féministe qui prône l'avortement légal. le droit à l'avortement, le droit de choisir si je veux procréer ou non, eh bien le théâtre s'empare de cette lutte féministe et crée une histoire. Et cette histoire qui est créée continue la même démarche de la lutte, pose des questions, dit les agressions, les menaces, dit toutes les formes de discrimination que subissent les femmes en lien à l'avortement. Donc, en ce sens, le théâtre est influencé par les luttes féministes pour les créations, mais aussi... influencés par les luttes féministes pour donner la voix aux femmes dans les représentations théâtrales. Aujourd'hui, on a des femmes émancipées au théâtre parce qu'aussi, on sait qu'à travers les luttes féministes, il y a eu une promotion de la femme émancipée. Et donc, le théâtre aussi s'imprègne de cette lutte-là et donne un pouvoir de la parole aux femmes pour que nous puissions créer dans notre imaginaire et dans notre réalité des personnages femmes qui ont des voix au chapitre.
- Speaker #1
Tu viens de citer des textes assez récents. Est-ce que tu penses que le mouvement Mi tout y est pour quelque chose.
- Speaker #0
Le mouvement Mito, c'est un mouvement qui est extérieur à notre pays. Mais en même temps, nous savons que tout ce qui se fait aujourd'hui est interconnecté via l'Internet et bien sûr que ça a des répercussions. Et aujourd'hui, nous avons dans des pièces de théâtre des dénonciations beaucoup plus fragantes de viols, de violences que subissent les femmes. Il y a une influence, mais je ne peux pas aller en profondeur pour dire que le mouvement Mito a complètement influencé l'écriture dramatique haïtienne, par exemple. parce que nos auteurs, nos autrices ont toujours écrit cette violence et ce n'est pas aujourd'hui que des dénonciations ont commencé pour dénoncer les viols contre les femmes, les diverses violences que subissent les femmes ou bien toute autre personne de catégorie marginalisée. Du coup, le mouvement MeToo a peut-être eu son influence, mais ça n'a pas été pour moi une influence extraordinaire sur les textes dramaturgiques.
- Speaker #1
Le viol, le harcèlement sexuel sont des thèmes très, très mis en avant dans les nouvelles écritures dramaturgiques en Haïti. Est-ce que tu penses que les auteurs, les dramaturges en sont beaucoup plus conscients ?
- Speaker #0
Je pense que les auteurs et les dramaturges en sont beaucoup plus conscients, oui. Et je pense aussi que le public aussi, il est beaucoup plus avisé. Parce qu'à chaque représentation de théâtre, quand moi j'y assiste, je vois des gens, des spectateurs, des spectatrices qui répondent, qui se sentent questionnés par ce qui se fait sur scène et qui... posent des questions ou bien qui sont contre des personnages parce que puisque c'est beaucoup plus parlé, c'est beaucoup plus porté, on a une idée beaucoup plus précise du viol pour les personnes qui vont vers les salles de théâtre et qui regardent des spectacles. Maintenant, quel est l'impact aussi qu'on peut se demander ? Quel est l'impact social de cette conscientisation du viol, du harcèlement qu'on a dans les pièces de théâtre ? Même si on le sait toujours, les pièces de théâtre sont regardées très souvent par un public de théâtre. Mais déjà, c'est assez bien. Ça veut dire qu'on a un public que chaque fois, ils sont conscientisés par ce qui se fait au théâtre. Et oui, en même temps qu'il y a surtout le viol, le harcèlement, des violences récurrentes qui reviennent au théâtre, et ce n'est pas sans raison, c'est parce que ce sont des violences qui sont récurrentes, qui font que ces violences reviennent à chaque fois dans les écritures. Mais on a d'autres écritures comme l'I5 de Fanny Lallin-Syphore, qui parle d'une autre catégorie de violences, parle d'une autre catégorie d'injustice que subissent les gens. dans la voix d'un médecin qui parle et qui raconte les manques, tout ce qui empêche au système de santé de fonctionner en Haïti. Donc oui, je pense que les nouvelles dramaturgies parlent un peu de tout et vont vers divers horizons.
- Speaker #1
Nous savons que la question des droits des femmes est une question sensible aujourd'hui et dans les nouvelles écritures dramaturgiques, le viol, l'harcèlement sexuel sont des thèmes qui sont le plus souvent mis en avant. Est-ce que selon toi, les femmes sont...
- Speaker #0
Je pense que j'ai paraphrasé un proverbe africain. Tant que le lion ne racontera pas sa version de l'histoire, on ne saura pas qui a été le chasseur. Je n'ai pas paraphrasé, j'ai dit dans ma façon. Mais bon, en fait, l'idée pour moi, c'est que ces personnages femmes qui racontent des viols, des harcèlements, bien sûr, elles sont représentées dans leur dignité. Maintenant, c'est le regard avec... lequel le spectateur voit ce personnage-là qui va être modifié. Et c'est ce que nous voulons. Bien sûr que quelqu'un peut voir un personnage qui a interprété un rôle où sa dignité a été écrasée sous le poids de l'autre, bien évidemment. Maintenant, comment se dire que cette dignité-là, elle peut la récupérer ? Comment travailler pour que cette dignité-là ne soit pas perdue à tout jamais ? Et c'est ce que le personnage nous permet, c'est la version didactique du théâtre, c'est de nous permettre une conscience, d'éveiller une conscience face à certains manques dans la société. Et donc, les personnages de théâtre, même si ce sont des personnages qui se font soit violer ou harceler, on a aussi en tête l'idée que nous savons que c'est un personnage, que cela ne se passe pas en réalité. Donc, comme nous le savons, dignité du personnage, mais pas de la personne qui joue, et ça, ça va nous questionner à nous-mêmes sur notre vision de la dignité et voir comment nous concevons les personnes autour de nous qui ne sont pas des personnages et Et ces émotions qui ont été propulsées chez nous, créées chez nous à travers le spectacle que nous avons regardé ou bien lu, puisque les pièces sont maintenant très lues, on se pose des questions sur comment faire en sorte que toute dignité soit préservée. Et c'est pour moi une belle facette de cet aspect de présenter les viols, les harcèlements, de dire les choses et de les dire vraiment. Parce que le viol, il doit être dit vraiment. Je pense qu'aujourd'hui, les viols, il faut qu'ils soient dits comme ils se font. Les harcèlements doivent être dit comme ils se font, comme on les dit dans les rues, pour que les gens puissent se reconnaître et aussi reconnaître leurs proches qui font des actions qu'ils ne devraient pas faire et apprendre à développer une certaine conscience de ce qui doit se faire et de ce qui ne doit pas se faire.
- Speaker #1
Concrètement, quels sont les caractéristiques, les traits ou les similitudes du personnage féminin dans le théâtre contemporain ?
- Speaker #0
Certains auteurs et autrices partagent des points communs dans leur écriture. et surtout dans l'idée de la représentation de la femme. Nous en avons pour des femmes qui sont des personnages ancrés dans une famille avec des problèmes familiaux. Ivana ou dans Le Chêne Indormi, nous avons le personnage principal qui a grandi dans une famille assez difficile jusqu'à laisser sa maison. Nous avons aussi des personnages héroïques, des femmes qui se représentent comme des figures qui parlent, qui... qui se dressent contre tous et qui dénoncent. Nous avons des personnages aussi qui sont de classes différentes. Autant que nous avons des femmes lettrées, poétesses, qui savent lire, qui savent écrire, autant nous avons des personnages qui sont des marchandes, comme dans Rêve Boucané, Femme Chaye, comme dans Danta, ou bien nous avons aussi des personnages comme dans Une ville pour une femme, de Guy Régis, où on a une femme qui sait lire. qui sait bien parler français et une autre femme qui ne sait pas du tout lire. Donc, nous avons un éventail de représentations de femmes et je pense que c'est là une belle portée des nouvelles dramaturgies. On n'a pas une femme fixe. Donc, on a tout un éventail de femmes et on peut se dire OK, même si on peut recadrer tel personnage par rapport à tel autre personnage, mais on sait que toutes les femmes peuvent être représentées dans une pièce de théâtre d'aujourd'hui et autant qu'on a des femmes d'église, autant qu'on a des femmes d'église. Mambour, autant qu'on a des femmes qui savent lire, autant qu'on a des femmes qui ne savent pas lire du tout. Je pense que similitude, s'il y en a, c'est que ce sont des femmes qui se décident un jour à parler. Ce sont des mères. C'est vrai qu'il y a toujours un attachement à une famille, mais ce sont des femmes qui, en gros, parlent et discutent et revendiquent très souvent.
- Speaker #1
Est-ce que cette diversité-là a un impact positif sur la compréhension de la femme dans la société ?
- Speaker #0
Déjà pour moi, cette diversité permet à beaucoup plus de personnes de se reconnaître. Je peux être médecin et me reconnaître. ne pas être médecin et me reconnaître dans une autre pièce. Je peux avoir grandi dans une famille, recomposer une famille avec des soucis et m'identifier à ces personnes-là. Déjà, je pense que cette diversité permet déjà aux spectateurs, aux spectatrices de s'identifier dans les pièces de théâtre et de construire une idée par rapport à cette pièce de théâtre-là. En même temps, cela permet aux personnages de... créer, de se recréer, parce qu'être personnage, aujourd'hui, être une médecin, une femme médecin, et demain être une marchande, ou après être avocate, ou après être ministre, cela fait des possibilités de jeu aussi chez une comédienne, de se recréer à chaque fois pour une nouvelle pièce de théâtre. Et ça permet l'équité aussi, de se dire que tous les personnages peuvent être représentés, et tout le monde peut parler, quel que soit son rôle, quelle que soit sa fonction au sein de la société. Pour moi, oui. ça a un impact très positif. Et surtout, on a des femmes prises hors des assemblées d'églises, comme par exemple dans les pièces de théâtre, des femmes d'églises qui sont prises et qui maintenant parlent. Et nous savons que très souvent, les églises, ce ne sont pas des espaces où les femmes parlent librement, disent leurs pensées. Et Ivana Soleil, qui dit toute son insolence, c'est parce qu'elle s'est libérée de ce poids ecclésial. Du coup, ça permet aussi de se dire, non, il n'y a pas de rang pour la parole. Tout le monde peut parler, quelle que soit sa place, sa position dans la société.
- Speaker #1
Cette diversité fait que la représentation de la femme dans les nouvelles écritures dramaturgiques n'est pas une représentation réductrice.
- Speaker #0
C'est exact. Selon moi, oui, c'est ça. Selon moi, c'est exactement cela. Même si on peut avoir une femme qui joue le rôle d'une femme réduite, mais sa parole, le fait qu'elle soit là, qu'elle joue, on sent que son rôle, elle va... à n'importe quel moment peut être valorisée ou bien peut être dénoncée, il y a quelque chose qu'elle dira par rapport à ce rôle qui va faire qu'on remette en question ce rôle-là que l'on cherche à redéfinir sa position. Quel que soit le rôle d'une femme dans des pièces d'aujourd'hui, ce n'est pas un rôle de... Ce n'est pas un rôle réducteur, je dirais. Par exemple, si nous prenons Opéra poussière, encore de Jean d'Amérique, il y a Sanit Bélair qui revient. Certes, dans l'histoire, Sanit Bélair n'a pas un rôle de... réducteur, mais c'est un rôle qui a été réduit, invisibilisé. Et Sanit revient, exactement, personnage héroïque oublié de l'histoire, et on se repose des questions sur le personnage de Sanit. Elle revient et dit Me voici Longtemps qu'elle a été oubliée, elle ne veut plus l'être et elle revient prendre sa place aux côtés des héros de l'indépendance. Donc, d'un personnage que nous avons oublié, d'un personnage que nous avons réduit à un nom dans l'histoire à un moment donné, ou bien que nous avons réduit à une feuille de monnaie de 10 goudes, Sanit Belair revient et reprend sa place. Se donne la liberté de dire, vous ne m'oublierez pas. Je pense que, comme on le disait tout à l'heure, ces personnages-là font que les personnages femmes ne peuvent être réduits dans des pièces de théâtre et même la considération de la femme en général peut être regardée, revisitée.
- Speaker #1
Nous savons qu'aujourd'hui, nous ne pouvons pas parler de la représentation de la femme. Nous ne pouvons pas parler des droits des femmes dans les nouvelles écritures grammaturgiques sans la question du consentement. Est-ce que selon toi, c'est assez présent ?
- Speaker #0
Je dirais que certaines fois, l'idée du consentement passe sans trop donner l'attention. Mais on sait qu'il n'y a pas eu le consentement puisque nous avons des mots comme viol Ça veut dire que quelque part, il y a un nom qui a été dit ou un nom qu'on n'a pas su dire. Donc... Pour moi, l'idée du consentement, même s'il n'est pas manifestement présenté, mais quelque part, on a dans la tête l'idée que deux personnes sont ensemble et que l'un n'a pas consenti. Peut-être Zelle d'Emmanuela, qui a été mise en scène l'année dernière au Festival Négues Mahon, de cette chaîne que des femmes veulent briser par rapport à tout ce qu'elles ont appris, par rapport à ce que d'autres femmes... de leur généalogie ont partagé avec elles. Et puis, à un jour, elles se sont dit Ok, plus jamais, c'est non. On ne dira pas oui aux violeurs. On ne dira pas oui aux agresseurs. On saura se tenir pour soi-même. Pour moi, même si je n'ai pas dit, même si je n'ai pas dit, il y a des gens qui m'ont dit non. Et moi, je me suis demandé Est-ce que je ne suis pas une pièce de théâtre déjà quand les paroles commencent par un non ? Je pensais que je le faisais déjà. Donc, l'idée pour moi, c'est de dire non, même si je n'ai pas dit, mais non. texte-là, qui est sous-entendu quand même, qui fait qu'on est, qui n'a pas dit, et qui ne m'a pas dit, qui n'a pas partagé, et qui a fait au-delà de. Oui, et je pense que c'est mémoire. Bon, il y a Joan Joseph qui écrit une pièce qui a été l'année passée dans un festival négatif qui est titré Pas Et là-dedans, il parle sous le nom. Il dit à papa Non En fait, le personnage a dit Non, je ne t'attends pas Et c'est à propos de papa pendant toute la période de Pascal. Et puis papa l'a violée plusieurs fois. Et à chaque fois, le personnage l'a appelé papa avant ce que le film l'a dit. Et puis papa l'a appelé à papa. Il dit Papa, mais tu es où ? ou pas tendu. Donc pour moi, oui, c'est un plus bel texte qui est capable de te causer consentement ou bien pas tendu les hommes du jour. Non, pas faire tel bagail, non pas même, pas recommencer, pas frapper peut-être moins dans le mien. Oui, c'est un texte qui parle de ce consentement.
- Speaker #1
D'après tes expériences comme comédienne, est-ce que selon toi, les comédiens eux-mêmes s'imprègnent de cette prise de conscience par rapport aux doigts des femmes, par rapport à cette nouvelle représentation de la femme du personnage féminin dans le théâtre ? contemporain ?
- Speaker #0
Pour ma part, comme comédienne, je dirais oui. Je ne sais pas à quel moment, mais j'ai compris des situations de façon beaucoup plus évidente que je l'aurais fait avant. Moi, j'ai interprété le rôle du personnage principal dans la pièce Le chêne endormi. Et à un moment dans ma vie, je pense que j'ai voulu parler au nom de ma maman pour une situation en lien avec mon père. Et à ce moment, je me suis souvenue que le personnage de la mère a dit à la fille Ne viens pas te couronner en victime avec mon histoire. Parce que c'est moi qui ai vécu les choses, ce n'est pas toi, donc ce n'est pas à toi de parler à ma place. Et là, cela m'est revenu et ça a éveillé une certaine conscience en moi et je me suis dit, OK, ce n'est pas mon histoire. Même si oui, je peux parler au nom d'une autre personne, mais je ne peux pas être la victime d'une histoire que je ne connais qu'en partie. Donc, pour moi particulièrement, il y a ça, mais aussi je pense que les autres personnages aussi, que nous prenions des comédiens avec qui je travaille, je pense qu'ils savent. qu'aujourd'hui, avec cette idée de la représentation de la femme dans les pièces de théâtre, ça fait aussi une nouvelle représentation de la femme pour soi. Et comment on conçoit les femmes autour de soi, comment on voit l'autre, ça a changé, ça a évolué. Il y a un respect dans le regard, il y a des remords que l'on n'entend pas dans son entourage, surtout sur un plateau, parce que certaines fois, même très souvent, les textes sont imprégnés du respect du doigt de l'autre. Donc, comment jouer dans une pièce dans laquelle... où tu ne crois pas aux idéologies de cette pièce-là. Parce que cela demande aussi qu'on croit au respect du doigt de l'autre pour jouer dans une pièce où on demande que tu respectes le doigt de l'autre. Pour moi, les comédiens comprennent mieux cela et à chaque fois qu'on joue dans une pièce, c'est comme un cours, une leçon que l'on fait. Et même regarder une pièce, ça fait un portage, ça fait un cours, ça fait se donner des informations. Donc la pièce de théâtre en question, ça te permet de re-questionner des choses. de redire des phrases. Et souvent, les comédiens, ils font ça. Ils redisent des phrases dans les pièces à un moment donné qui tombe exactement au moment où une telle phrase aurait pu être... Donc, cela fait que les comédiens se recréent et recréent leur vision de la vie. Mais peut-être que l'on pourrait aussi questionner. Pour moi, ce serait bien de questionner cette idée que des hommes aussi prennent le rôle des femmes, des personnages femmes dans des pièces de théâtre. Parce que ça, ça m'a questionné à un moment. Comment... Comment expliquer qu'une pièce de théâtre qui parle d'une femme, du droit de cette femme-là, qui n'est pas respectée, une femme qui a été violée, par exemple, si nous prenons une pièce où une femme a été violée, où elle a perdu son enfant dans des circonstances difficiles, son enfant a été tué par balle, elle raconte comment peut-être qu'elle se culpabilise d'un manque d'amour envers son fils, ce qui n'est peut-être pas le cas. Mais vu que son fils est mort, elle se culpabilise comme toute personne peut se culpabiliser de n'avoir pas fait telle chose à un moment donné. Et voilà que le personnage qui joue cette pièce, c'est un homme. C'est se questionner aussi sur cela, la représentation de la femme dans une pièce de théâtre. Pour moi, c'est demander quel discours peut-on avoir pour se dire, eh bien, moi, je mets un homme dans le rôle de ce personnage parce que c'est un personnage. Oui, je sais que c'est un personnage, mais c'est un personnage femme dans l'histoire. Comment... On re-questionne cette prise de rôle des femmes par des hommes et des rôles importants. Pour moi, je questionnerais cela.
- Speaker #1
Merci Stéphanie d'avoir été avec nous. Merci à toutes et à tous. À la prochaine pour un autre épisode.