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Terre des érudits

Saisir le réel

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31min |14/10/2024
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Description

Pour le deuxième épisode de la 3ème saison du podcast Terre des Érudits de l'Institut Français en Haïti (IFH) sur le Théâtre contemporain haïtien, Joubert Joseph a rencontré Eliézer Guérismé. Au cours de cet entretien, le metteur en scène et co-fondateur de la Brigade d'Intervention Théâtrale (BIT Haïti) fait une introspection sur son parcours personnel et jette un regard sur les enjeux et les défis que pose la mise en scène dans le contexte des nouvelles écritures dramaturgiques.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Terre des érudits, le podcast de l'Institut français en Haïti.

  • Speaker #1

    Mesdames et messieurs, bienvenue dans le deuxième épisode du podcast Terre des érudits de l'Institut français en Haïti. Dans ce deuxième épisode de la troisième saison qui se déroule sur le théâtre contemporain haïtien, nous allons parler de la mise en scène face aux nouvelles écritures dramaturgiques. Mon invité est Eliezer Guérisme. Bonjour Eliezer.

  • Speaker #0

    Bonjour Joubert.

  • Speaker #1

    Eliezer Gerisme est comédien, metteur en scène et cofondateur de la compagnie de théâtre Bitaïtzi. Est-ce que tu as renoncé au slam pour la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je ne le dirais pas de cette manière-là et franchement, je ne pense pas. J'ai arrêté le slam parce que je n'avais plus assez de temps pour... concilier mes projets de théâtre et mes projets de slammeur. Mais cependant, ce choix que j'ai fait en 2016, quand justement j'avais laissé tomber le slam, j'avais à ce moment-là lancé le festival de théâtre En Lisant en 2016. Donc, le fait d'avoir laissé tomber le slam m'avait donné beaucoup plus de temps pour pouvoir travailler sur le festival et me consacrer à tous mes projets de mise en scène. Mais par contre, la mise en scène a toujours été présente dans mon travail de slameur, dans ma carrière de slameur. Par exemple, j'avais créé avec mon collectif de slam à l'époque, Feu Vert, Lettre à minuit, qui était un spectacle avec une dimension, je dirais, plastique, artistique, de mise en scène assez importante. J'avais monté avec Jean d'Amérique et Léo et un spectacle que j'avais dirigé avec eux, Piano Bar, il y avait un travail de mise en scène assez profond à cette période-là. Donc la mise en scène était déjà présente dans ma vie d'artiste.

  • Speaker #1

    Entrons dans le vif du sujet, qu'est-ce qu'un metteur en scène selon toi ?

  • Speaker #0

    C'est une question assez vaste et je pense qu'il y a beaucoup de metteurs en scène qui ont réfléchi là-dessus ou des théoriciens de théâtre ou des critiques. artistiques qui ont réfléchi là-dessus. Pour moi, l'acte créatif en tant que metteur en scène est dans une espèce de perpétuelle recherche, en ce sens que le metteur en scène sur scène, il ne sait pas. Il est dans une recherche artistique. Et même s'il a déjà fait ses notes de mise en scène, il a un texte en main, c'est-à-dire une partition sur laquelle il va travailler. Mais de toutes les manières, c'est dans le corps du comédien et dans la voix du comédien qu'il va découvrir. véritablement son travail de créateur. C'est-à-dire qu'on ne peut pas être remetté en scène sans avoir un projet de mise en scène et des comédiens qui sont réunis sur le plateau. Je pense que dès qu'on est sur le plateau avec un comédien, il y a quelque chose qui se passe. Il y a un événement. Et l'acteur peut être considéré comme étant quelqu'un qui est dirigé par un metteur en scène. et en fonction de ce qu'ils proposent en répétition. C'est-à-dire, moi, quand j'arrive en répétition, j'attends des comédiens, des propositions, des propositions qui sont faites, pas nécessairement dans les étapes de répétition, mais des propositions qu'ils ont réfléchies et qu'ils amènent sur le plateau. Et c'est à partir de cela que je vais commencer à travailler. Bien sûr, j'ai des lignes qui sont tracées, j'ai des notes qui sont écrites dans mon calepin, mais j'attends beaucoup du comédien pour faire mon travail de metteur en scène. Et le travail de mise en scène, ce n'est pas une espèce de copie de la réalité. On tient compte de la réalité pour pouvoir faire notre travail de création, même si on est d'accord que le théâtre, c'est un reflet de la société, un reflet de la réalité. Mais on fait un travail qui s'inspire de la réalité. On ne le trahit pas, on s'en inspire pour pouvoir faire notre travail de mise en scène. C'est-à-dire, la mise en scène doit tenir compte de tout cela.

  • Speaker #1

    Ok, nous allons parler aussi des nouvelles écritures dramaturgiques, surtout en Haïti. Et puisque le thème, c'est le théâtre contemporain haïtien, d'abord, je pense qu'il est nécessaire de définir préalablement ce qu'est les nouvelles écritures dramaturgiques. Selon toi, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Bon, les nouvelles écritures dramaturgiques aujourd'hui, c'est une question assez vaste dans le sens qu'il y a beaucoup de propositions qui existent dans le paysage littéraire, dans le paysage théâtral, dans le monde entier et en Haïti en particulier. Je pense que le texte dramaturgique contemporain aujourd'hui, c'est surtout ce que Pascal Papini appelle l'agonne, c'est-à-dire le conflit, dans ce sens que il doit se passer quelque chose sur le tableau, c'est-à-dire qu'il y a un combat qui est installé entre un père et une mère, père et une fille, un mari et son épouse. Donc il y a déjà là quelque chose qui s'y installe et c'est pour ça que justement je suis d'accord avec ce terme grec, l'agonne, qui signifie le conflit, le combat. Mais je pense que le théâtre grec, contemporain doit être en prise avec le monde d'aujourd'hui, c'est-à-dire c'est un théâtre qui doit parler avec nous-mêmes, c'est-à-dire nous qui vivons cette période-là, on doit être concerné par ce qui est raconté, ce qui est dit dans le texte et on est, on sera d'accord, on n'est pas sans savoir qu'aujourd'hui, dans le monde joubert, le monde est en proie à de nombreux conflits, il y a des guerres partout dans le monde et le théâtre doit parler de ça, c'est-à-dire le théâtre doit être à l'écoute de tout cela. Donc c'est un théâtre elliptique, plus incisif, c'est-à-dire un théâtre qui va directement, qui nous parle directement, c'est-à-dire ce n'est pas un théâtre qui est dans une espèce de détour, c'est-à-dire c'est un théâtre qui est dans une espèce de rapport brutal avec la réalité, qui tient compte des réalités sociales, des réalités politiques. et je dirais même des réalités émotionnelles pour nous parler de manière directe, sans détour. Je pense que c'est ça, aujourd'hui, le théâtre contemporain, contrairement au théâtre classique qui, parfois, peut être révélateur d'une certaine envolée lyrique et qu'on n'est pas dans quelque chose qui est de l'ordre du combat.

  • Speaker #1

    À partir de 1945, C'était la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a eu un tournant dans le théâtre, dans les écritures dramaturgiques. À ce moment, on va parler du théâtre de la crise, parce qu'il y avait en quelque sorte, selon les théoriciens, une difficulté de communiquer, une difficulté de se parler entre nous, humains, puisque la guerre a provoqué pas mal de dégâts et il y avait en quelque sorte un ensemble d'incompréhensions qui ont provoqué tout ça. Et à partir de ce moment, le théâtre de la crise va se diviser en deux catégories, un théâtre engagé et un théâtre dit de l'absurde. Et c'est à partir de ce moment qu'il y a eu vraiment un changement drastique dans la structure des textes et aussi dans la mise en scène. Concrètement, quelles sont les caractéristiques des nouvelles écritures dramaturgiques par rapport aux anciennes écritures ?

  • Speaker #0

    Bon, tout d'abord, je pense que le point que tu as soulevé tout à l'heure par rapport à l'incommunicabilité est très, très important dans le sens qu'aujourd'hui, on est en face de cela. On est en face de cela et c'est cela qui provoque toutes les guerres qu'on connaît et en ce moment, tous les conflits. Aujourd'hui, en Haïti, par exemple, on est en face d'une incommunicabilité. Les différents acteurs politiques n'arrivent pas à se parler. C'est pour ça qu'on connaît une... succession de crises en Haïti. C'est parce que les acteurs politiques n'arrivent pas à se parler, ils n'arrivent pas à se comprendre. Et à partir de cette situation-là, à partir de cette réalité politique, il y a un théâtre qui est né, le théâtre de Wajdi Mouawad est né de cela. Wajdi Mouawad, qui est d'origine libanaise, qui travaille en France actuellement, qui travaille à Paris et qui est le directeur du théâtre La Colline, il propose un théâtre qui raconte cette crise, qui raconte le Proche-Orient. Il essaie en tous les cas, par tous les moyens, à travers son écriture, de parler au monde. Ses pièces, Incendie par exemple, racontent ce qui se passe dans le Proche-Orient. Le théâtre aujourd'hui, le théâtre contemporain, pour revenir à une partie de ta question, se distingue dans sa manière de nous parler. C'est-à-dire, c'est un théâtre qui essaie à travers sa manière d'être, à travers sa manière de se construire, de nous... d'attirer notre attention à ce qui se passe dans le monde et qu'on ne soit pas indifférent à tout ce drame qui nous entoure. Et le théâtre doit être cela, le théâtre a cette responsabilité-là d'attirer notre attention par rapport à ce qui se passe dans le monde. Et le théâtre, c'est quelque part à cette mission. de nous parler en tant qu'humains pour nous dire qu'il est important de nous regarder en face, en tant qu'humains, de nous regarder en face et de pouvoir construire une société différente de celle qu'on connaît aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Revenons à ton travail de mise en scène. Nous savons qu'aujourd'hui, il y a une mise en scène qui se fait dans la rue et il y a une mise en scène qui se fait dans les salles. Nous connaissons l'appellation de théâtre de rue. Qu'est-ce qui différencie ton travail de mise en scène dans la rue ? par rapport à celui qui se fait dans les salles ?

  • Speaker #0

    Bon, déjà, on est en 2024, Joubert. Lorsqu'on avait commencé avec la brigade d'intervention théâtrale Haïti, on était un peu en 2011. Et à l'époque, on pouvait encore aller dans la rue. On pouvait encore prendre la rue. Prendre la rue, mais par tous les moyens. C'est-à-dire, on pouvait prendre la rue pour protester par rapport à la réalité politique, pour faire des manifestations, organiser des sittings. Et donc, du coup, nous... Puisqu'il y avait un problème de salles en Haïti, justement, ce problème-là est beaucoup plus évident. Donc, on avait décidé de monter une compagnie spécialisée dans le théâtre de rue, de proposer un spectacle qui allait vers les gens là où ils sont. Et aujourd'hui, on est d'accord que ce théâtre-là, ce théâtre de rue qu'on avait proposé à l'époque, on ne peut plus la proposer parce qu'à un certain niveau, il y a un niveau de risque qu'on ne peut pas nous permettre. Donc, du coup, à l'époque où on travaillait dans les rues, on avait proposé cette forme de théâtre qui est un théâtre qui s'appuie sur tout ce qui se passe dans la rue, c'est-à-dire l'infrastructure de la rue, le temps, l'environnement, les passants, les badauds, tous les gens qui sont autour de nous sont impliqués dans le spectacle de théâtre. Ils deviennent des spectateurs, comme on les appelle, c'est-à-dire ils sont spectateurs et acteurs à la fois, ils peuvent participer. dans le spectacle. Mais quand on est dans la salle, quand je fais un spectacle dans la salle, je suis obligé, contrairement à la réalité de la rue, d'inventer tout le décor, c'est-à-dire de penser au décor, de penser aux accessoires et de travailler avec que les acteurs qui sont sur la scène, c'est-à-dire il y a le public d'un côté et le spectateur d'un autre côté. Et le spectateur qui est dans la salle, il est différent par rapport au spectateur qui est dans la rue, en ce sens que le spectateur qui est dans la salle... il est dans une espèce de convention. Il doit accepter l'idée qu'il est dans un spectacle. Sinon, il sera décrié par ses pairs. Sinon, il ne sera pas considéré comme étant un spectateur. Il a un comportement qu'il doit avoir. Il doit rire au bon moment. Il doit sourire au bon moment. Il doit réagir dans une espèce de respect par rapport à ses pairs. Sinon, il ne sera pas respecté comme étant un spectateur à part entière. Mais par contre, dans la rue, le public, le spectateur, a une certaine liberté. Il peut laisser l'espace de jeu, il peut quitter à n'importe quel moment et il peut à la limite proposer son propre jeu d'acteur, c'est-à-dire il peut jouer lui également. Donc du coup, ce sont deux approches assez différentes entre ce qu'on propose dans la rue et ce que nous, nous faisons dans la salle. Par exemple, dans la rue, il y a la lumière qui existe déjà, le soleil, il est déjà là. si on décide de faire un spectacle à midi, ce ne sera pas le même spectacle si on le fait à 18 heures, à 6 heures. C'est-à-dire que ce sera un spectacle différent, en ce sens que la lumière ne sera pas pareille. Mais dans la salle, la lumière sera la même. Il sera juste question de choisir l'intensité, de choisir quel projecteur on doit allumer et à quel moment l'allumer. Donc du coup, c'est ce qui différencie dans un certain niveau le théâtre dans la rue et le théâtre dans la salle. Le théâtre haïtien contemporain

  • Speaker #1

    Dans le théâtre contemporain, les spectacles théâtraux mêlent de plus en plus les disciplines. Vidéos, chants, danses, cirques. Cette interdisciplinarité donne-t-elle vraiment plus de liberté au metteur en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je pense que c'est avant tout un choix. Un choix artistique, un choix du metteur en scène, celui-ci dispose d'une certaine liberté par rapport au texte. C'est-à-dire qu'il choisit de monter un texte et il peut réunir les éléments sur lesquels il souhaite travailler. Il peut décider d'intégrer dans son travail de création la musique, la danse, l'audiovisuel. ils peuvent intégrer ce qu'ils veulent. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène. Et ce qui est intéressant, c'est que le théâtre, en tant qu'art pluridisciplinaire, a cette possibilité-là. C'est-à-dire, c'est... L'une des rares disciplines artistiques qui donne la possibilité de réunir autant de disciplines artistiques en même temps. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène de choisir quel élément il va choisir pour enrichir son travail de créateur. Même s'il y a des didascalies dans une pièce, le metteur en scène, à la limite, possède une certaine liberté par rapport à tout cela. Après, tout cela peut être négocié aussi, c'est-à-dire la liberté qu'on va prendre en fonction des didascalies peut se négocier avec l'auteur, l'auteur du texte, on peut toujours négocier avec l'auteur. Et si l'auteur n'est pas vivant, on peut toujours négocier sur des changements par rapport aux didascalies avec les endroits, c'est-à-dire on peut toujours contacter la personne qui dispose des droits par rapport à cette pièce et de négocier les choix auxquels on va faire pour son travail de mise en scène. Je ne pense pas que c'est... le théâtre contemporain en tant que tel qui nous impose cela. Je pense que c'est une question de choix. Je pense que c'est une question d'univers artistique. Il y a des metteurs en scène qui sont beaucoup plus accrochés au texte en tant que tel, c'est-à-dire à la parole. C'est-à-dire, il y a des metteurs en scène, même s'ils travaillent sur des textes contemporains, mais ils restent accrochés à un jeu, à un rapport au corps. C'est-à-dire, les éléments plastiques ne sont pas très présents dans son travail de créateur.

  • Speaker #1

    Cette interdisciplinarité que nous venons d'évoquer rend difficile toute tentative de classification de la production théâtrale contemporaine. Comment mettre en scène dans un tel contexte ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu entends par classification ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire catégoriser une production théâtrale quand cette production mélange danse, chant, sikh et d'autres disciplines ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, non, je ne pense pas. Elle reste du théâtre, même si on... On choisit d'intégrer n'importe quel élément artistique, n'importe quelle discipline artistique. Elle reste du théâtre.

  • Speaker #1

    Par exemple, les arts visuels.

  • Speaker #0

    Même si on est écrite de l'art visuel, ça reste du théâtre. Il y a des spectacles que j'ai vus où il y a des projections d'images à l'écran, mais ça reste du théâtre. Le théâtre, c'est de l'art vivant. Ce n'est pas parce qu'on a amené un élément qui n'est pas de l'ordre de l'art. du vivant. La question que tu viens de poser, elle est intéressante dans ce sens qu'on peut toujours remettre en question le théâtre, la définition du théâtre, parce que le théâtre, en tant que tel, c'est de l'art du vivant, puisqu'on a amené un élément qui ne peut pas être considéré comme étant un élément du vivant.

  • Speaker #1

    Fondamentalement théâtral.

  • Speaker #0

    Fondamentalement du vivant ou fondamentalement théâtral. Je pense que... Ce qui fait du théâtre un art vivant, c'est la présence de l'acteur, la présence de l'acteur vivant sur scène qui dit son texte et qui rend la chose éphémère, c'est-à-dire ce qu'on vient de regarder ne sera pas reproduit de la même manière demain. Et même s'il y a une projection d'une image, une photo ou une vidéo, n'est encore dans l'art vivant. Le rapport que le comédien va avoir avec cette image ne sera pas la même demain. Ce sera toujours l'image figée, l'image qui sera là, mais ce sera le comédien dans une autre réalité, un autre moment, et qui va avoir ce dialogue avec cette image. Donc le dialogue, de toutes les manières, va être différent. C'est pour ça que le théâtre reste, cet art du vivant, un art éphémère.

  • Speaker #1

    Revenons aux écritures dramaturgiques par rapport à la mise en scène Quels sont les impacts des nouvelles écritures dramaturgiques sur la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, chaque époque, une génération d'auteurs apporte son style et ses thématiques Aujourd'hui, de nombreuses pièces sont écrites avec des distributions assez légères Aujourd'hui, on a des spectacles de petite forme Par exemple, aujourd'hui les seules en scène prennent beaucoup de place dans le milieu théâtral. Le monologue occupe une place importante dans l'univers actuel du théâtre et cela peut influencer directement ou indirectement la mise en scène, mais il ne modifie pas notre rapport au plateau et à l'espace. Peut-être qu'il y a des spectacles qui ont moins de distribution, mais je ne sais pas, l'impact de la mise en scène n'est pas évident dans le sens que... les mettez en scène possèdent encore cette liberté de travailler même si les formes restent très différentes. Molière, Racine et tous les autres travaillaient sur des formes beaucoup plus lourdes, c'est-à-dire des distributions et avec des décors, avec des accessoires assez importants. Et peut-être qu'aujourd'hui, on a des accessoires, on a des éléments de décors beaucoup plus légers. Mais comme on vient de le souligner tout à l'heure par rapport à la présence des éléments artistiques. des autres disciplines, c'est peut-être ça qui différencie notre manière de travailler. Parce qu'on peut amener l'audiovisuel, parce qu'on peut amener la musique moderne, la musique contemporaine, tout ce qui est musique électronique. Tout ce qui est musique électronique aujourd'hui est très, très présent dans le théâtre. Peut-être que c'est cela qui fait la différence par rapport à notre manière de travailler aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu insinues que l'époque intérieure était plus contraignante ?

  • Speaker #0

    Rigide.

  • Speaker #1

    Rigide.

  • Speaker #0

    rigide, rigide. Il y avait moins de liberté. Et aujourd'hui, on a beaucoup plus de liberté. Et puis après, ça s'explique aussi. On est dans une société, on est dans une période où les gens cherchent à avoir... une liberté. Donc, bien sûr, on peut sentir cette liberté, ce besoin de liberté dans les créations artistiques également.

  • Speaker #1

    Est-ce que, dans le recense, les nouvelles écritures dramaturgiques ont des caractéristiques qui tendent à faire évoluer la mise en scène ? Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans beaucoup de projets d'écriture que je lis aujourd'hui, il y a des propositions assez modernes qui se font. Il y a des propositions qui se font qui sont très, très modernes et aussi parce qu'on dispose de tout cela. On est quand même influencé dans un certain niveau par rapport à tout ce qu'on a de disponible aujourd'hui en termes de matériaux, je dirais, techniques. Donc, du coup, c'est intéressant de les amener, même si moi, je suis quelqu'un qui s'intéresse beaucoup. beaucoup au corps du comédien. Je m'intéresse beaucoup au corps du comédien, je m'intéresse beaucoup à la parole, je m'intéresse beaucoup à la voix, mais je suis tout à fait ouvert à d'autres formes et je suis tout à fait ouvert à travailler sur des créations qui, en tous les cas, des écritures dramaturgiques, qui proposent des formes assez différentes où on peut explorer. des éléments modernes dans le spectacle théâtral. Mais après, on sait très bien qu'en Haïti, on est assez limité au niveau technique. On n'a pas des salles qui répondent à ces besoins-là. On ne dispose pas des salles qui peuvent donner la possibilité de pouvoir travailler dans ce sens-là. Donc, à un certain niveau, il y a une espèce de... je ne dirais pas sécheresse, mais une espèce de pauvreté dans le travail de création parce qu'on est très, très limité au niveau technique. Il y a des choses qu'on n'arrive pas à faire parce qu'on est limité. On est limité par rapport à la réalité technique des salles, mais on est limité aussi au niveau budget. On n'a pas assez d'argent pour mettre de la technique. On ne peut pas commencer à créer des spectacles avec des néons. Dans toute la salle, on a une salle toute blanche avec la lumière du néon. Donc, on ne peut pas se permettre cela parce qu'on n'a pas les moyens de prendre ces risques-là, de faire ces choix artistiques. Donc, c'est pour ça que le théâtre en Haïti aujourd'hui se repose beaucoup sur le travail du comédien, se repose beaucoup sur le corps du comédien.

  • Speaker #1

    Que devrait-on prioriser dans la mise en scène ? L'esthétique ou le message politique ?

  • Speaker #0

    Je pense que l'œuvre artistique se repose d'abord sur l'esthétique. Cependant, je pense que toute œuvre artistique a un côté engagé, un côté politique. C'est-à-dire la personne, le créateur, celui qui est en train de créer son spectacle, est avant tout quelqu'un qui est impliqué dans la cité. C'est-à-dire qu'il y a... un regard sur ce qui se passe dans la cité. Et on crée parce qu'on a quelque chose à dire, on crée parce que l'on veut s'adresser à un public, on crée parce qu'on est touché par quelque chose qui concerne notre monde, qui nous concerne, qui concerne sa génération. Donc le metteur en scène choisit une pièce non seulement pour sa qualité artistique, mais aussi pour sa portée politique ou engagée.

  • Speaker #1

    Donc on ne devrait ni prioriser l'un ni prioriser l'autre.

  • Speaker #0

    Je pense que les deux se valent. Je pense que les deux ont leur place. On est artiste et on est artiste dans une cité.

  • Speaker #1

    Si je te demandais de parler de certaines mises en scène qui t'ont marqué, par exemple, et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Bon, je vais essayer de prendre des exemples de spectacles que j'ai vus en Haïti. Et comme ça, notre public, le public qui... qui est concerné par rapport à ce podcast pourra se situer. Oui, j'ai vu pas mal de spectacles à l'étranger, mais je préfère me concentrer sur les spectacles que j'ai vus en Haïti. Je peux prendre un spectacle qui date de très longtemps. Monsieur Bonhomme et les incendiaires que Guy Régis Junior avait monté il y a de cela une bonne quinzaine d'années au Festival de théâtre des Quatre Chemins avec des artistes comme Youyou, Billy Midi, Schneider Loan. Et Elisabeth Pierre-Louis avait joué dans ce spectacle. Ce spectacle m'avait parlé parce que j'étais jeune et je sentais qu'il y avait un investissement des comédiens dans le spectacle. Et le spectacle parlait de quelque chose à l'époque qui était d'actualité. Ça parlait de brûler, brûler, brûler, mettre le feu, ce besoin de mettre le feu. ce côté incendiaire que l'on a dans notre société, dans notre société actuelle, notre tendance à mettre le feu tout le temps. Et ce spectacle-là m'avait parlé, et c'est pour ça que j'aime beaucoup ce texte de Guy Régis qui s'appelle Le trophée des capitaux où il parle de Bel Air qui est en train, qui est en feu. Bel Air qu'on incendie, Bel Air qu'on brûle. Et c'est pour cela que... Ce spectacle m'avait parlé et je ne pense pas que je sois pyromane comme James Noël, le pyromane adolescent. C'est un spectacle qui m'avait vraiment marqué à l'époque. Un autre spectacle qui m'a marqué, c'est Vito ou les enfants au pouvoir que Michel Leboine avait monté en 2019 à quatre chemins. faire jouer deux adultes, ou deux jeunes à l'époque, deux adolescents. Je parle de... Néhémie Bastien et Staloff-Troffaut, qui ont interprété sur scène deux adolescents, mais dans le corps de deux jeunes. Et tout le monde voyait qu'il s'agissait de Staloff et de Néhémie, mais on était pris dans le piège de leur jeu. On pensait qu'ils étaient réellement des ados. Et toute l'écriture, toute la signature de Michel Lemoyne était présente dans... dans ce spectacle-là. Michel Lemoyne, c'est la finesse et un travail bien fait. C'est ça le travail de Michel Lemoyne. C'est un travail artistique qui est exigeant, c'est-à-dire où tu vois que la personne a vraiment, vraiment travaillé, a pris le temps de peaufiner, de tout peaufiner, et de vous rendre sur scène un travail fini. Et je respecte cela chez Michel Lemoyne. Et ce spectacle m'avait marqué. Un spectacle qui m'avait marqué également, c'était un texte de Marie Vaud que Jean-René Lemoyne avait monté. Et comment elle s'appelait cette pièce ?

  • Speaker #1

    Le jeu de l'amour et du hasard.

  • Speaker #0

    Le jeu de l'amour et du hasard. Le jeu de l'amour et du hasard que Gérône avait monté avec une belle équipe haïtienne. Cette pièce m'avait vraiment touché. Une autre pièce qui m'avait touché, c'était avec Guido Telusma. Gladimille Chéry, Pascal Julio, et ça s'appelait La demande à mariage Je crois que c'était Pascal Joseph qui avait fait la mise en scène de cette pièce à quatre chemins. Elle m'avait vraiment marqué ce travail parce que j'aimais beaucoup le comique dans la pièce. Après, je peux toujours prendre un exemple d'un spectacle que j'ai monté. un spectacle que j'ai monté, Erzulida Ome, déesse de l'amour, de Jean-René Lemoyne, et il m'avait vraiment marqué en tant que metteur en scène, même si je l'avais monté moi-même, parce qu'on avait fait choix d'un spectacle avec une proposition artistique, toutes les sorties, avec tellement de sorties et d'entrées dans la pièce, que la salle de la focale n'est pas du tout adaptée. à ce genre de spectacle. On avait trouvé la formule pour organiser les entrées et les sorties des comédiens sans que cela ne dérange au public, sans que cela ne dérange au spectacle. Et je me rappelle quand j'avais rencontré, croisé Michel Lemoyne au couloir de la Focal, je lui ai dit franchement, Michel, je ne sais pas comment je vais faire avec cette pièce parce qu'il y a tellement d'entrées et de sorties. Et elle m'a dit, Elisa, est-ce que tu n'avais pas lu la pièce avant de choisir de la monter ? J'ai dit oui, bien sûr, mais je ne savais pas que j'allais être confronté à cette réalité-là, à ce niveau-là. Donc le théâtre, c'est aussi ça, c'est-à-dire trouver les formules en fonction des contraintes pour pouvoir travailler. Et c'était un spectacle assez réussi. On était déjà à la troisième édition du festival en l'isant.

  • Speaker #1

    Merci Elisère d'avoir été avec nous. Merci à tous et à toutes. Rendez-vous pour un prochain épisode.

Description

Pour le deuxième épisode de la 3ème saison du podcast Terre des Érudits de l'Institut Français en Haïti (IFH) sur le Théâtre contemporain haïtien, Joubert Joseph a rencontré Eliézer Guérismé. Au cours de cet entretien, le metteur en scène et co-fondateur de la Brigade d'Intervention Théâtrale (BIT Haïti) fait une introspection sur son parcours personnel et jette un regard sur les enjeux et les défis que pose la mise en scène dans le contexte des nouvelles écritures dramaturgiques.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Terre des érudits, le podcast de l'Institut français en Haïti.

  • Speaker #1

    Mesdames et messieurs, bienvenue dans le deuxième épisode du podcast Terre des érudits de l'Institut français en Haïti. Dans ce deuxième épisode de la troisième saison qui se déroule sur le théâtre contemporain haïtien, nous allons parler de la mise en scène face aux nouvelles écritures dramaturgiques. Mon invité est Eliezer Guérisme. Bonjour Eliezer.

  • Speaker #0

    Bonjour Joubert.

  • Speaker #1

    Eliezer Gerisme est comédien, metteur en scène et cofondateur de la compagnie de théâtre Bitaïtzi. Est-ce que tu as renoncé au slam pour la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je ne le dirais pas de cette manière-là et franchement, je ne pense pas. J'ai arrêté le slam parce que je n'avais plus assez de temps pour... concilier mes projets de théâtre et mes projets de slammeur. Mais cependant, ce choix que j'ai fait en 2016, quand justement j'avais laissé tomber le slam, j'avais à ce moment-là lancé le festival de théâtre En Lisant en 2016. Donc, le fait d'avoir laissé tomber le slam m'avait donné beaucoup plus de temps pour pouvoir travailler sur le festival et me consacrer à tous mes projets de mise en scène. Mais par contre, la mise en scène a toujours été présente dans mon travail de slameur, dans ma carrière de slameur. Par exemple, j'avais créé avec mon collectif de slam à l'époque, Feu Vert, Lettre à minuit, qui était un spectacle avec une dimension, je dirais, plastique, artistique, de mise en scène assez importante. J'avais monté avec Jean d'Amérique et Léo et un spectacle que j'avais dirigé avec eux, Piano Bar, il y avait un travail de mise en scène assez profond à cette période-là. Donc la mise en scène était déjà présente dans ma vie d'artiste.

  • Speaker #1

    Entrons dans le vif du sujet, qu'est-ce qu'un metteur en scène selon toi ?

  • Speaker #0

    C'est une question assez vaste et je pense qu'il y a beaucoup de metteurs en scène qui ont réfléchi là-dessus ou des théoriciens de théâtre ou des critiques. artistiques qui ont réfléchi là-dessus. Pour moi, l'acte créatif en tant que metteur en scène est dans une espèce de perpétuelle recherche, en ce sens que le metteur en scène sur scène, il ne sait pas. Il est dans une recherche artistique. Et même s'il a déjà fait ses notes de mise en scène, il a un texte en main, c'est-à-dire une partition sur laquelle il va travailler. Mais de toutes les manières, c'est dans le corps du comédien et dans la voix du comédien qu'il va découvrir. véritablement son travail de créateur. C'est-à-dire qu'on ne peut pas être remetté en scène sans avoir un projet de mise en scène et des comédiens qui sont réunis sur le plateau. Je pense que dès qu'on est sur le plateau avec un comédien, il y a quelque chose qui se passe. Il y a un événement. Et l'acteur peut être considéré comme étant quelqu'un qui est dirigé par un metteur en scène. et en fonction de ce qu'ils proposent en répétition. C'est-à-dire, moi, quand j'arrive en répétition, j'attends des comédiens, des propositions, des propositions qui sont faites, pas nécessairement dans les étapes de répétition, mais des propositions qu'ils ont réfléchies et qu'ils amènent sur le plateau. Et c'est à partir de cela que je vais commencer à travailler. Bien sûr, j'ai des lignes qui sont tracées, j'ai des notes qui sont écrites dans mon calepin, mais j'attends beaucoup du comédien pour faire mon travail de metteur en scène. Et le travail de mise en scène, ce n'est pas une espèce de copie de la réalité. On tient compte de la réalité pour pouvoir faire notre travail de création, même si on est d'accord que le théâtre, c'est un reflet de la société, un reflet de la réalité. Mais on fait un travail qui s'inspire de la réalité. On ne le trahit pas, on s'en inspire pour pouvoir faire notre travail de mise en scène. C'est-à-dire, la mise en scène doit tenir compte de tout cela.

  • Speaker #1

    Ok, nous allons parler aussi des nouvelles écritures dramaturgiques, surtout en Haïti. Et puisque le thème, c'est le théâtre contemporain haïtien, d'abord, je pense qu'il est nécessaire de définir préalablement ce qu'est les nouvelles écritures dramaturgiques. Selon toi, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Bon, les nouvelles écritures dramaturgiques aujourd'hui, c'est une question assez vaste dans le sens qu'il y a beaucoup de propositions qui existent dans le paysage littéraire, dans le paysage théâtral, dans le monde entier et en Haïti en particulier. Je pense que le texte dramaturgique contemporain aujourd'hui, c'est surtout ce que Pascal Papini appelle l'agonne, c'est-à-dire le conflit, dans ce sens que il doit se passer quelque chose sur le tableau, c'est-à-dire qu'il y a un combat qui est installé entre un père et une mère, père et une fille, un mari et son épouse. Donc il y a déjà là quelque chose qui s'y installe et c'est pour ça que justement je suis d'accord avec ce terme grec, l'agonne, qui signifie le conflit, le combat. Mais je pense que le théâtre grec, contemporain doit être en prise avec le monde d'aujourd'hui, c'est-à-dire c'est un théâtre qui doit parler avec nous-mêmes, c'est-à-dire nous qui vivons cette période-là, on doit être concerné par ce qui est raconté, ce qui est dit dans le texte et on est, on sera d'accord, on n'est pas sans savoir qu'aujourd'hui, dans le monde joubert, le monde est en proie à de nombreux conflits, il y a des guerres partout dans le monde et le théâtre doit parler de ça, c'est-à-dire le théâtre doit être à l'écoute de tout cela. Donc c'est un théâtre elliptique, plus incisif, c'est-à-dire un théâtre qui va directement, qui nous parle directement, c'est-à-dire ce n'est pas un théâtre qui est dans une espèce de détour, c'est-à-dire c'est un théâtre qui est dans une espèce de rapport brutal avec la réalité, qui tient compte des réalités sociales, des réalités politiques. et je dirais même des réalités émotionnelles pour nous parler de manière directe, sans détour. Je pense que c'est ça, aujourd'hui, le théâtre contemporain, contrairement au théâtre classique qui, parfois, peut être révélateur d'une certaine envolée lyrique et qu'on n'est pas dans quelque chose qui est de l'ordre du combat.

  • Speaker #1

    À partir de 1945, C'était la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a eu un tournant dans le théâtre, dans les écritures dramaturgiques. À ce moment, on va parler du théâtre de la crise, parce qu'il y avait en quelque sorte, selon les théoriciens, une difficulté de communiquer, une difficulté de se parler entre nous, humains, puisque la guerre a provoqué pas mal de dégâts et il y avait en quelque sorte un ensemble d'incompréhensions qui ont provoqué tout ça. Et à partir de ce moment, le théâtre de la crise va se diviser en deux catégories, un théâtre engagé et un théâtre dit de l'absurde. Et c'est à partir de ce moment qu'il y a eu vraiment un changement drastique dans la structure des textes et aussi dans la mise en scène. Concrètement, quelles sont les caractéristiques des nouvelles écritures dramaturgiques par rapport aux anciennes écritures ?

  • Speaker #0

    Bon, tout d'abord, je pense que le point que tu as soulevé tout à l'heure par rapport à l'incommunicabilité est très, très important dans le sens qu'aujourd'hui, on est en face de cela. On est en face de cela et c'est cela qui provoque toutes les guerres qu'on connaît et en ce moment, tous les conflits. Aujourd'hui, en Haïti, par exemple, on est en face d'une incommunicabilité. Les différents acteurs politiques n'arrivent pas à se parler. C'est pour ça qu'on connaît une... succession de crises en Haïti. C'est parce que les acteurs politiques n'arrivent pas à se parler, ils n'arrivent pas à se comprendre. Et à partir de cette situation-là, à partir de cette réalité politique, il y a un théâtre qui est né, le théâtre de Wajdi Mouawad est né de cela. Wajdi Mouawad, qui est d'origine libanaise, qui travaille en France actuellement, qui travaille à Paris et qui est le directeur du théâtre La Colline, il propose un théâtre qui raconte cette crise, qui raconte le Proche-Orient. Il essaie en tous les cas, par tous les moyens, à travers son écriture, de parler au monde. Ses pièces, Incendie par exemple, racontent ce qui se passe dans le Proche-Orient. Le théâtre aujourd'hui, le théâtre contemporain, pour revenir à une partie de ta question, se distingue dans sa manière de nous parler. C'est-à-dire, c'est un théâtre qui essaie à travers sa manière d'être, à travers sa manière de se construire, de nous... d'attirer notre attention à ce qui se passe dans le monde et qu'on ne soit pas indifférent à tout ce drame qui nous entoure. Et le théâtre doit être cela, le théâtre a cette responsabilité-là d'attirer notre attention par rapport à ce qui se passe dans le monde. Et le théâtre, c'est quelque part à cette mission. de nous parler en tant qu'humains pour nous dire qu'il est important de nous regarder en face, en tant qu'humains, de nous regarder en face et de pouvoir construire une société différente de celle qu'on connaît aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Revenons à ton travail de mise en scène. Nous savons qu'aujourd'hui, il y a une mise en scène qui se fait dans la rue et il y a une mise en scène qui se fait dans les salles. Nous connaissons l'appellation de théâtre de rue. Qu'est-ce qui différencie ton travail de mise en scène dans la rue ? par rapport à celui qui se fait dans les salles ?

  • Speaker #0

    Bon, déjà, on est en 2024, Joubert. Lorsqu'on avait commencé avec la brigade d'intervention théâtrale Haïti, on était un peu en 2011. Et à l'époque, on pouvait encore aller dans la rue. On pouvait encore prendre la rue. Prendre la rue, mais par tous les moyens. C'est-à-dire, on pouvait prendre la rue pour protester par rapport à la réalité politique, pour faire des manifestations, organiser des sittings. Et donc, du coup, nous... Puisqu'il y avait un problème de salles en Haïti, justement, ce problème-là est beaucoup plus évident. Donc, on avait décidé de monter une compagnie spécialisée dans le théâtre de rue, de proposer un spectacle qui allait vers les gens là où ils sont. Et aujourd'hui, on est d'accord que ce théâtre-là, ce théâtre de rue qu'on avait proposé à l'époque, on ne peut plus la proposer parce qu'à un certain niveau, il y a un niveau de risque qu'on ne peut pas nous permettre. Donc, du coup, à l'époque où on travaillait dans les rues, on avait proposé cette forme de théâtre qui est un théâtre qui s'appuie sur tout ce qui se passe dans la rue, c'est-à-dire l'infrastructure de la rue, le temps, l'environnement, les passants, les badauds, tous les gens qui sont autour de nous sont impliqués dans le spectacle de théâtre. Ils deviennent des spectateurs, comme on les appelle, c'est-à-dire ils sont spectateurs et acteurs à la fois, ils peuvent participer. dans le spectacle. Mais quand on est dans la salle, quand je fais un spectacle dans la salle, je suis obligé, contrairement à la réalité de la rue, d'inventer tout le décor, c'est-à-dire de penser au décor, de penser aux accessoires et de travailler avec que les acteurs qui sont sur la scène, c'est-à-dire il y a le public d'un côté et le spectateur d'un autre côté. Et le spectateur qui est dans la salle, il est différent par rapport au spectateur qui est dans la rue, en ce sens que le spectateur qui est dans la salle... il est dans une espèce de convention. Il doit accepter l'idée qu'il est dans un spectacle. Sinon, il sera décrié par ses pairs. Sinon, il ne sera pas considéré comme étant un spectateur. Il a un comportement qu'il doit avoir. Il doit rire au bon moment. Il doit sourire au bon moment. Il doit réagir dans une espèce de respect par rapport à ses pairs. Sinon, il ne sera pas respecté comme étant un spectateur à part entière. Mais par contre, dans la rue, le public, le spectateur, a une certaine liberté. Il peut laisser l'espace de jeu, il peut quitter à n'importe quel moment et il peut à la limite proposer son propre jeu d'acteur, c'est-à-dire il peut jouer lui également. Donc du coup, ce sont deux approches assez différentes entre ce qu'on propose dans la rue et ce que nous, nous faisons dans la salle. Par exemple, dans la rue, il y a la lumière qui existe déjà, le soleil, il est déjà là. si on décide de faire un spectacle à midi, ce ne sera pas le même spectacle si on le fait à 18 heures, à 6 heures. C'est-à-dire que ce sera un spectacle différent, en ce sens que la lumière ne sera pas pareille. Mais dans la salle, la lumière sera la même. Il sera juste question de choisir l'intensité, de choisir quel projecteur on doit allumer et à quel moment l'allumer. Donc du coup, c'est ce qui différencie dans un certain niveau le théâtre dans la rue et le théâtre dans la salle. Le théâtre haïtien contemporain

  • Speaker #1

    Dans le théâtre contemporain, les spectacles théâtraux mêlent de plus en plus les disciplines. Vidéos, chants, danses, cirques. Cette interdisciplinarité donne-t-elle vraiment plus de liberté au metteur en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je pense que c'est avant tout un choix. Un choix artistique, un choix du metteur en scène, celui-ci dispose d'une certaine liberté par rapport au texte. C'est-à-dire qu'il choisit de monter un texte et il peut réunir les éléments sur lesquels il souhaite travailler. Il peut décider d'intégrer dans son travail de création la musique, la danse, l'audiovisuel. ils peuvent intégrer ce qu'ils veulent. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène. Et ce qui est intéressant, c'est que le théâtre, en tant qu'art pluridisciplinaire, a cette possibilité-là. C'est-à-dire, c'est... L'une des rares disciplines artistiques qui donne la possibilité de réunir autant de disciplines artistiques en même temps. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène de choisir quel élément il va choisir pour enrichir son travail de créateur. Même s'il y a des didascalies dans une pièce, le metteur en scène, à la limite, possède une certaine liberté par rapport à tout cela. Après, tout cela peut être négocié aussi, c'est-à-dire la liberté qu'on va prendre en fonction des didascalies peut se négocier avec l'auteur, l'auteur du texte, on peut toujours négocier avec l'auteur. Et si l'auteur n'est pas vivant, on peut toujours négocier sur des changements par rapport aux didascalies avec les endroits, c'est-à-dire on peut toujours contacter la personne qui dispose des droits par rapport à cette pièce et de négocier les choix auxquels on va faire pour son travail de mise en scène. Je ne pense pas que c'est... le théâtre contemporain en tant que tel qui nous impose cela. Je pense que c'est une question de choix. Je pense que c'est une question d'univers artistique. Il y a des metteurs en scène qui sont beaucoup plus accrochés au texte en tant que tel, c'est-à-dire à la parole. C'est-à-dire, il y a des metteurs en scène, même s'ils travaillent sur des textes contemporains, mais ils restent accrochés à un jeu, à un rapport au corps. C'est-à-dire, les éléments plastiques ne sont pas très présents dans son travail de créateur.

  • Speaker #1

    Cette interdisciplinarité que nous venons d'évoquer rend difficile toute tentative de classification de la production théâtrale contemporaine. Comment mettre en scène dans un tel contexte ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu entends par classification ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire catégoriser une production théâtrale quand cette production mélange danse, chant, sikh et d'autres disciplines ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, non, je ne pense pas. Elle reste du théâtre, même si on... On choisit d'intégrer n'importe quel élément artistique, n'importe quelle discipline artistique. Elle reste du théâtre.

  • Speaker #1

    Par exemple, les arts visuels.

  • Speaker #0

    Même si on est écrite de l'art visuel, ça reste du théâtre. Il y a des spectacles que j'ai vus où il y a des projections d'images à l'écran, mais ça reste du théâtre. Le théâtre, c'est de l'art vivant. Ce n'est pas parce qu'on a amené un élément qui n'est pas de l'ordre de l'art. du vivant. La question que tu viens de poser, elle est intéressante dans ce sens qu'on peut toujours remettre en question le théâtre, la définition du théâtre, parce que le théâtre, en tant que tel, c'est de l'art du vivant, puisqu'on a amené un élément qui ne peut pas être considéré comme étant un élément du vivant.

  • Speaker #1

    Fondamentalement théâtral.

  • Speaker #0

    Fondamentalement du vivant ou fondamentalement théâtral. Je pense que... Ce qui fait du théâtre un art vivant, c'est la présence de l'acteur, la présence de l'acteur vivant sur scène qui dit son texte et qui rend la chose éphémère, c'est-à-dire ce qu'on vient de regarder ne sera pas reproduit de la même manière demain. Et même s'il y a une projection d'une image, une photo ou une vidéo, n'est encore dans l'art vivant. Le rapport que le comédien va avoir avec cette image ne sera pas la même demain. Ce sera toujours l'image figée, l'image qui sera là, mais ce sera le comédien dans une autre réalité, un autre moment, et qui va avoir ce dialogue avec cette image. Donc le dialogue, de toutes les manières, va être différent. C'est pour ça que le théâtre reste, cet art du vivant, un art éphémère.

  • Speaker #1

    Revenons aux écritures dramaturgiques par rapport à la mise en scène Quels sont les impacts des nouvelles écritures dramaturgiques sur la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, chaque époque, une génération d'auteurs apporte son style et ses thématiques Aujourd'hui, de nombreuses pièces sont écrites avec des distributions assez légères Aujourd'hui, on a des spectacles de petite forme Par exemple, aujourd'hui les seules en scène prennent beaucoup de place dans le milieu théâtral. Le monologue occupe une place importante dans l'univers actuel du théâtre et cela peut influencer directement ou indirectement la mise en scène, mais il ne modifie pas notre rapport au plateau et à l'espace. Peut-être qu'il y a des spectacles qui ont moins de distribution, mais je ne sais pas, l'impact de la mise en scène n'est pas évident dans le sens que... les mettez en scène possèdent encore cette liberté de travailler même si les formes restent très différentes. Molière, Racine et tous les autres travaillaient sur des formes beaucoup plus lourdes, c'est-à-dire des distributions et avec des décors, avec des accessoires assez importants. Et peut-être qu'aujourd'hui, on a des accessoires, on a des éléments de décors beaucoup plus légers. Mais comme on vient de le souligner tout à l'heure par rapport à la présence des éléments artistiques. des autres disciplines, c'est peut-être ça qui différencie notre manière de travailler. Parce qu'on peut amener l'audiovisuel, parce qu'on peut amener la musique moderne, la musique contemporaine, tout ce qui est musique électronique. Tout ce qui est musique électronique aujourd'hui est très, très présent dans le théâtre. Peut-être que c'est cela qui fait la différence par rapport à notre manière de travailler aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu insinues que l'époque intérieure était plus contraignante ?

  • Speaker #0

    Rigide.

  • Speaker #1

    Rigide.

  • Speaker #0

    rigide, rigide. Il y avait moins de liberté. Et aujourd'hui, on a beaucoup plus de liberté. Et puis après, ça s'explique aussi. On est dans une société, on est dans une période où les gens cherchent à avoir... une liberté. Donc, bien sûr, on peut sentir cette liberté, ce besoin de liberté dans les créations artistiques également.

  • Speaker #1

    Est-ce que, dans le recense, les nouvelles écritures dramaturgiques ont des caractéristiques qui tendent à faire évoluer la mise en scène ? Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans beaucoup de projets d'écriture que je lis aujourd'hui, il y a des propositions assez modernes qui se font. Il y a des propositions qui se font qui sont très, très modernes et aussi parce qu'on dispose de tout cela. On est quand même influencé dans un certain niveau par rapport à tout ce qu'on a de disponible aujourd'hui en termes de matériaux, je dirais, techniques. Donc, du coup, c'est intéressant de les amener, même si moi, je suis quelqu'un qui s'intéresse beaucoup. beaucoup au corps du comédien. Je m'intéresse beaucoup au corps du comédien, je m'intéresse beaucoup à la parole, je m'intéresse beaucoup à la voix, mais je suis tout à fait ouvert à d'autres formes et je suis tout à fait ouvert à travailler sur des créations qui, en tous les cas, des écritures dramaturgiques, qui proposent des formes assez différentes où on peut explorer. des éléments modernes dans le spectacle théâtral. Mais après, on sait très bien qu'en Haïti, on est assez limité au niveau technique. On n'a pas des salles qui répondent à ces besoins-là. On ne dispose pas des salles qui peuvent donner la possibilité de pouvoir travailler dans ce sens-là. Donc, à un certain niveau, il y a une espèce de... je ne dirais pas sécheresse, mais une espèce de pauvreté dans le travail de création parce qu'on est très, très limité au niveau technique. Il y a des choses qu'on n'arrive pas à faire parce qu'on est limité. On est limité par rapport à la réalité technique des salles, mais on est limité aussi au niveau budget. On n'a pas assez d'argent pour mettre de la technique. On ne peut pas commencer à créer des spectacles avec des néons. Dans toute la salle, on a une salle toute blanche avec la lumière du néon. Donc, on ne peut pas se permettre cela parce qu'on n'a pas les moyens de prendre ces risques-là, de faire ces choix artistiques. Donc, c'est pour ça que le théâtre en Haïti aujourd'hui se repose beaucoup sur le travail du comédien, se repose beaucoup sur le corps du comédien.

  • Speaker #1

    Que devrait-on prioriser dans la mise en scène ? L'esthétique ou le message politique ?

  • Speaker #0

    Je pense que l'œuvre artistique se repose d'abord sur l'esthétique. Cependant, je pense que toute œuvre artistique a un côté engagé, un côté politique. C'est-à-dire la personne, le créateur, celui qui est en train de créer son spectacle, est avant tout quelqu'un qui est impliqué dans la cité. C'est-à-dire qu'il y a... un regard sur ce qui se passe dans la cité. Et on crée parce qu'on a quelque chose à dire, on crée parce que l'on veut s'adresser à un public, on crée parce qu'on est touché par quelque chose qui concerne notre monde, qui nous concerne, qui concerne sa génération. Donc le metteur en scène choisit une pièce non seulement pour sa qualité artistique, mais aussi pour sa portée politique ou engagée.

  • Speaker #1

    Donc on ne devrait ni prioriser l'un ni prioriser l'autre.

  • Speaker #0

    Je pense que les deux se valent. Je pense que les deux ont leur place. On est artiste et on est artiste dans une cité.

  • Speaker #1

    Si je te demandais de parler de certaines mises en scène qui t'ont marqué, par exemple, et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Bon, je vais essayer de prendre des exemples de spectacles que j'ai vus en Haïti. Et comme ça, notre public, le public qui... qui est concerné par rapport à ce podcast pourra se situer. Oui, j'ai vu pas mal de spectacles à l'étranger, mais je préfère me concentrer sur les spectacles que j'ai vus en Haïti. Je peux prendre un spectacle qui date de très longtemps. Monsieur Bonhomme et les incendiaires que Guy Régis Junior avait monté il y a de cela une bonne quinzaine d'années au Festival de théâtre des Quatre Chemins avec des artistes comme Youyou, Billy Midi, Schneider Loan. Et Elisabeth Pierre-Louis avait joué dans ce spectacle. Ce spectacle m'avait parlé parce que j'étais jeune et je sentais qu'il y avait un investissement des comédiens dans le spectacle. Et le spectacle parlait de quelque chose à l'époque qui était d'actualité. Ça parlait de brûler, brûler, brûler, mettre le feu, ce besoin de mettre le feu. ce côté incendiaire que l'on a dans notre société, dans notre société actuelle, notre tendance à mettre le feu tout le temps. Et ce spectacle-là m'avait parlé, et c'est pour ça que j'aime beaucoup ce texte de Guy Régis qui s'appelle Le trophée des capitaux où il parle de Bel Air qui est en train, qui est en feu. Bel Air qu'on incendie, Bel Air qu'on brûle. Et c'est pour cela que... Ce spectacle m'avait parlé et je ne pense pas que je sois pyromane comme James Noël, le pyromane adolescent. C'est un spectacle qui m'avait vraiment marqué à l'époque. Un autre spectacle qui m'a marqué, c'est Vito ou les enfants au pouvoir que Michel Leboine avait monté en 2019 à quatre chemins. faire jouer deux adultes, ou deux jeunes à l'époque, deux adolescents. Je parle de... Néhémie Bastien et Staloff-Troffaut, qui ont interprété sur scène deux adolescents, mais dans le corps de deux jeunes. Et tout le monde voyait qu'il s'agissait de Staloff et de Néhémie, mais on était pris dans le piège de leur jeu. On pensait qu'ils étaient réellement des ados. Et toute l'écriture, toute la signature de Michel Lemoyne était présente dans... dans ce spectacle-là. Michel Lemoyne, c'est la finesse et un travail bien fait. C'est ça le travail de Michel Lemoyne. C'est un travail artistique qui est exigeant, c'est-à-dire où tu vois que la personne a vraiment, vraiment travaillé, a pris le temps de peaufiner, de tout peaufiner, et de vous rendre sur scène un travail fini. Et je respecte cela chez Michel Lemoyne. Et ce spectacle m'avait marqué. Un spectacle qui m'avait marqué également, c'était un texte de Marie Vaud que Jean-René Lemoyne avait monté. Et comment elle s'appelait cette pièce ?

  • Speaker #1

    Le jeu de l'amour et du hasard.

  • Speaker #0

    Le jeu de l'amour et du hasard. Le jeu de l'amour et du hasard que Gérône avait monté avec une belle équipe haïtienne. Cette pièce m'avait vraiment touché. Une autre pièce qui m'avait touché, c'était avec Guido Telusma. Gladimille Chéry, Pascal Julio, et ça s'appelait La demande à mariage Je crois que c'était Pascal Joseph qui avait fait la mise en scène de cette pièce à quatre chemins. Elle m'avait vraiment marqué ce travail parce que j'aimais beaucoup le comique dans la pièce. Après, je peux toujours prendre un exemple d'un spectacle que j'ai monté. un spectacle que j'ai monté, Erzulida Ome, déesse de l'amour, de Jean-René Lemoyne, et il m'avait vraiment marqué en tant que metteur en scène, même si je l'avais monté moi-même, parce qu'on avait fait choix d'un spectacle avec une proposition artistique, toutes les sorties, avec tellement de sorties et d'entrées dans la pièce, que la salle de la focale n'est pas du tout adaptée. à ce genre de spectacle. On avait trouvé la formule pour organiser les entrées et les sorties des comédiens sans que cela ne dérange au public, sans que cela ne dérange au spectacle. Et je me rappelle quand j'avais rencontré, croisé Michel Lemoyne au couloir de la Focal, je lui ai dit franchement, Michel, je ne sais pas comment je vais faire avec cette pièce parce qu'il y a tellement d'entrées et de sorties. Et elle m'a dit, Elisa, est-ce que tu n'avais pas lu la pièce avant de choisir de la monter ? J'ai dit oui, bien sûr, mais je ne savais pas que j'allais être confronté à cette réalité-là, à ce niveau-là. Donc le théâtre, c'est aussi ça, c'est-à-dire trouver les formules en fonction des contraintes pour pouvoir travailler. Et c'était un spectacle assez réussi. On était déjà à la troisième édition du festival en l'isant.

  • Speaker #1

    Merci Elisère d'avoir été avec nous. Merci à tous et à toutes. Rendez-vous pour un prochain épisode.

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Description

Pour le deuxième épisode de la 3ème saison du podcast Terre des Érudits de l'Institut Français en Haïti (IFH) sur le Théâtre contemporain haïtien, Joubert Joseph a rencontré Eliézer Guérismé. Au cours de cet entretien, le metteur en scène et co-fondateur de la Brigade d'Intervention Théâtrale (BIT Haïti) fait une introspection sur son parcours personnel et jette un regard sur les enjeux et les défis que pose la mise en scène dans le contexte des nouvelles écritures dramaturgiques.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Terre des érudits, le podcast de l'Institut français en Haïti.

  • Speaker #1

    Mesdames et messieurs, bienvenue dans le deuxième épisode du podcast Terre des érudits de l'Institut français en Haïti. Dans ce deuxième épisode de la troisième saison qui se déroule sur le théâtre contemporain haïtien, nous allons parler de la mise en scène face aux nouvelles écritures dramaturgiques. Mon invité est Eliezer Guérisme. Bonjour Eliezer.

  • Speaker #0

    Bonjour Joubert.

  • Speaker #1

    Eliezer Gerisme est comédien, metteur en scène et cofondateur de la compagnie de théâtre Bitaïtzi. Est-ce que tu as renoncé au slam pour la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je ne le dirais pas de cette manière-là et franchement, je ne pense pas. J'ai arrêté le slam parce que je n'avais plus assez de temps pour... concilier mes projets de théâtre et mes projets de slammeur. Mais cependant, ce choix que j'ai fait en 2016, quand justement j'avais laissé tomber le slam, j'avais à ce moment-là lancé le festival de théâtre En Lisant en 2016. Donc, le fait d'avoir laissé tomber le slam m'avait donné beaucoup plus de temps pour pouvoir travailler sur le festival et me consacrer à tous mes projets de mise en scène. Mais par contre, la mise en scène a toujours été présente dans mon travail de slameur, dans ma carrière de slameur. Par exemple, j'avais créé avec mon collectif de slam à l'époque, Feu Vert, Lettre à minuit, qui était un spectacle avec une dimension, je dirais, plastique, artistique, de mise en scène assez importante. J'avais monté avec Jean d'Amérique et Léo et un spectacle que j'avais dirigé avec eux, Piano Bar, il y avait un travail de mise en scène assez profond à cette période-là. Donc la mise en scène était déjà présente dans ma vie d'artiste.

  • Speaker #1

    Entrons dans le vif du sujet, qu'est-ce qu'un metteur en scène selon toi ?

  • Speaker #0

    C'est une question assez vaste et je pense qu'il y a beaucoup de metteurs en scène qui ont réfléchi là-dessus ou des théoriciens de théâtre ou des critiques. artistiques qui ont réfléchi là-dessus. Pour moi, l'acte créatif en tant que metteur en scène est dans une espèce de perpétuelle recherche, en ce sens que le metteur en scène sur scène, il ne sait pas. Il est dans une recherche artistique. Et même s'il a déjà fait ses notes de mise en scène, il a un texte en main, c'est-à-dire une partition sur laquelle il va travailler. Mais de toutes les manières, c'est dans le corps du comédien et dans la voix du comédien qu'il va découvrir. véritablement son travail de créateur. C'est-à-dire qu'on ne peut pas être remetté en scène sans avoir un projet de mise en scène et des comédiens qui sont réunis sur le plateau. Je pense que dès qu'on est sur le plateau avec un comédien, il y a quelque chose qui se passe. Il y a un événement. Et l'acteur peut être considéré comme étant quelqu'un qui est dirigé par un metteur en scène. et en fonction de ce qu'ils proposent en répétition. C'est-à-dire, moi, quand j'arrive en répétition, j'attends des comédiens, des propositions, des propositions qui sont faites, pas nécessairement dans les étapes de répétition, mais des propositions qu'ils ont réfléchies et qu'ils amènent sur le plateau. Et c'est à partir de cela que je vais commencer à travailler. Bien sûr, j'ai des lignes qui sont tracées, j'ai des notes qui sont écrites dans mon calepin, mais j'attends beaucoup du comédien pour faire mon travail de metteur en scène. Et le travail de mise en scène, ce n'est pas une espèce de copie de la réalité. On tient compte de la réalité pour pouvoir faire notre travail de création, même si on est d'accord que le théâtre, c'est un reflet de la société, un reflet de la réalité. Mais on fait un travail qui s'inspire de la réalité. On ne le trahit pas, on s'en inspire pour pouvoir faire notre travail de mise en scène. C'est-à-dire, la mise en scène doit tenir compte de tout cela.

  • Speaker #1

    Ok, nous allons parler aussi des nouvelles écritures dramaturgiques, surtout en Haïti. Et puisque le thème, c'est le théâtre contemporain haïtien, d'abord, je pense qu'il est nécessaire de définir préalablement ce qu'est les nouvelles écritures dramaturgiques. Selon toi, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Bon, les nouvelles écritures dramaturgiques aujourd'hui, c'est une question assez vaste dans le sens qu'il y a beaucoup de propositions qui existent dans le paysage littéraire, dans le paysage théâtral, dans le monde entier et en Haïti en particulier. Je pense que le texte dramaturgique contemporain aujourd'hui, c'est surtout ce que Pascal Papini appelle l'agonne, c'est-à-dire le conflit, dans ce sens que il doit se passer quelque chose sur le tableau, c'est-à-dire qu'il y a un combat qui est installé entre un père et une mère, père et une fille, un mari et son épouse. Donc il y a déjà là quelque chose qui s'y installe et c'est pour ça que justement je suis d'accord avec ce terme grec, l'agonne, qui signifie le conflit, le combat. Mais je pense que le théâtre grec, contemporain doit être en prise avec le monde d'aujourd'hui, c'est-à-dire c'est un théâtre qui doit parler avec nous-mêmes, c'est-à-dire nous qui vivons cette période-là, on doit être concerné par ce qui est raconté, ce qui est dit dans le texte et on est, on sera d'accord, on n'est pas sans savoir qu'aujourd'hui, dans le monde joubert, le monde est en proie à de nombreux conflits, il y a des guerres partout dans le monde et le théâtre doit parler de ça, c'est-à-dire le théâtre doit être à l'écoute de tout cela. Donc c'est un théâtre elliptique, plus incisif, c'est-à-dire un théâtre qui va directement, qui nous parle directement, c'est-à-dire ce n'est pas un théâtre qui est dans une espèce de détour, c'est-à-dire c'est un théâtre qui est dans une espèce de rapport brutal avec la réalité, qui tient compte des réalités sociales, des réalités politiques. et je dirais même des réalités émotionnelles pour nous parler de manière directe, sans détour. Je pense que c'est ça, aujourd'hui, le théâtre contemporain, contrairement au théâtre classique qui, parfois, peut être révélateur d'une certaine envolée lyrique et qu'on n'est pas dans quelque chose qui est de l'ordre du combat.

  • Speaker #1

    À partir de 1945, C'était la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a eu un tournant dans le théâtre, dans les écritures dramaturgiques. À ce moment, on va parler du théâtre de la crise, parce qu'il y avait en quelque sorte, selon les théoriciens, une difficulté de communiquer, une difficulté de se parler entre nous, humains, puisque la guerre a provoqué pas mal de dégâts et il y avait en quelque sorte un ensemble d'incompréhensions qui ont provoqué tout ça. Et à partir de ce moment, le théâtre de la crise va se diviser en deux catégories, un théâtre engagé et un théâtre dit de l'absurde. Et c'est à partir de ce moment qu'il y a eu vraiment un changement drastique dans la structure des textes et aussi dans la mise en scène. Concrètement, quelles sont les caractéristiques des nouvelles écritures dramaturgiques par rapport aux anciennes écritures ?

  • Speaker #0

    Bon, tout d'abord, je pense que le point que tu as soulevé tout à l'heure par rapport à l'incommunicabilité est très, très important dans le sens qu'aujourd'hui, on est en face de cela. On est en face de cela et c'est cela qui provoque toutes les guerres qu'on connaît et en ce moment, tous les conflits. Aujourd'hui, en Haïti, par exemple, on est en face d'une incommunicabilité. Les différents acteurs politiques n'arrivent pas à se parler. C'est pour ça qu'on connaît une... succession de crises en Haïti. C'est parce que les acteurs politiques n'arrivent pas à se parler, ils n'arrivent pas à se comprendre. Et à partir de cette situation-là, à partir de cette réalité politique, il y a un théâtre qui est né, le théâtre de Wajdi Mouawad est né de cela. Wajdi Mouawad, qui est d'origine libanaise, qui travaille en France actuellement, qui travaille à Paris et qui est le directeur du théâtre La Colline, il propose un théâtre qui raconte cette crise, qui raconte le Proche-Orient. Il essaie en tous les cas, par tous les moyens, à travers son écriture, de parler au monde. Ses pièces, Incendie par exemple, racontent ce qui se passe dans le Proche-Orient. Le théâtre aujourd'hui, le théâtre contemporain, pour revenir à une partie de ta question, se distingue dans sa manière de nous parler. C'est-à-dire, c'est un théâtre qui essaie à travers sa manière d'être, à travers sa manière de se construire, de nous... d'attirer notre attention à ce qui se passe dans le monde et qu'on ne soit pas indifférent à tout ce drame qui nous entoure. Et le théâtre doit être cela, le théâtre a cette responsabilité-là d'attirer notre attention par rapport à ce qui se passe dans le monde. Et le théâtre, c'est quelque part à cette mission. de nous parler en tant qu'humains pour nous dire qu'il est important de nous regarder en face, en tant qu'humains, de nous regarder en face et de pouvoir construire une société différente de celle qu'on connaît aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Revenons à ton travail de mise en scène. Nous savons qu'aujourd'hui, il y a une mise en scène qui se fait dans la rue et il y a une mise en scène qui se fait dans les salles. Nous connaissons l'appellation de théâtre de rue. Qu'est-ce qui différencie ton travail de mise en scène dans la rue ? par rapport à celui qui se fait dans les salles ?

  • Speaker #0

    Bon, déjà, on est en 2024, Joubert. Lorsqu'on avait commencé avec la brigade d'intervention théâtrale Haïti, on était un peu en 2011. Et à l'époque, on pouvait encore aller dans la rue. On pouvait encore prendre la rue. Prendre la rue, mais par tous les moyens. C'est-à-dire, on pouvait prendre la rue pour protester par rapport à la réalité politique, pour faire des manifestations, organiser des sittings. Et donc, du coup, nous... Puisqu'il y avait un problème de salles en Haïti, justement, ce problème-là est beaucoup plus évident. Donc, on avait décidé de monter une compagnie spécialisée dans le théâtre de rue, de proposer un spectacle qui allait vers les gens là où ils sont. Et aujourd'hui, on est d'accord que ce théâtre-là, ce théâtre de rue qu'on avait proposé à l'époque, on ne peut plus la proposer parce qu'à un certain niveau, il y a un niveau de risque qu'on ne peut pas nous permettre. Donc, du coup, à l'époque où on travaillait dans les rues, on avait proposé cette forme de théâtre qui est un théâtre qui s'appuie sur tout ce qui se passe dans la rue, c'est-à-dire l'infrastructure de la rue, le temps, l'environnement, les passants, les badauds, tous les gens qui sont autour de nous sont impliqués dans le spectacle de théâtre. Ils deviennent des spectateurs, comme on les appelle, c'est-à-dire ils sont spectateurs et acteurs à la fois, ils peuvent participer. dans le spectacle. Mais quand on est dans la salle, quand je fais un spectacle dans la salle, je suis obligé, contrairement à la réalité de la rue, d'inventer tout le décor, c'est-à-dire de penser au décor, de penser aux accessoires et de travailler avec que les acteurs qui sont sur la scène, c'est-à-dire il y a le public d'un côté et le spectateur d'un autre côté. Et le spectateur qui est dans la salle, il est différent par rapport au spectateur qui est dans la rue, en ce sens que le spectateur qui est dans la salle... il est dans une espèce de convention. Il doit accepter l'idée qu'il est dans un spectacle. Sinon, il sera décrié par ses pairs. Sinon, il ne sera pas considéré comme étant un spectateur. Il a un comportement qu'il doit avoir. Il doit rire au bon moment. Il doit sourire au bon moment. Il doit réagir dans une espèce de respect par rapport à ses pairs. Sinon, il ne sera pas respecté comme étant un spectateur à part entière. Mais par contre, dans la rue, le public, le spectateur, a une certaine liberté. Il peut laisser l'espace de jeu, il peut quitter à n'importe quel moment et il peut à la limite proposer son propre jeu d'acteur, c'est-à-dire il peut jouer lui également. Donc du coup, ce sont deux approches assez différentes entre ce qu'on propose dans la rue et ce que nous, nous faisons dans la salle. Par exemple, dans la rue, il y a la lumière qui existe déjà, le soleil, il est déjà là. si on décide de faire un spectacle à midi, ce ne sera pas le même spectacle si on le fait à 18 heures, à 6 heures. C'est-à-dire que ce sera un spectacle différent, en ce sens que la lumière ne sera pas pareille. Mais dans la salle, la lumière sera la même. Il sera juste question de choisir l'intensité, de choisir quel projecteur on doit allumer et à quel moment l'allumer. Donc du coup, c'est ce qui différencie dans un certain niveau le théâtre dans la rue et le théâtre dans la salle. Le théâtre haïtien contemporain

  • Speaker #1

    Dans le théâtre contemporain, les spectacles théâtraux mêlent de plus en plus les disciplines. Vidéos, chants, danses, cirques. Cette interdisciplinarité donne-t-elle vraiment plus de liberté au metteur en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je pense que c'est avant tout un choix. Un choix artistique, un choix du metteur en scène, celui-ci dispose d'une certaine liberté par rapport au texte. C'est-à-dire qu'il choisit de monter un texte et il peut réunir les éléments sur lesquels il souhaite travailler. Il peut décider d'intégrer dans son travail de création la musique, la danse, l'audiovisuel. ils peuvent intégrer ce qu'ils veulent. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène. Et ce qui est intéressant, c'est que le théâtre, en tant qu'art pluridisciplinaire, a cette possibilité-là. C'est-à-dire, c'est... L'une des rares disciplines artistiques qui donne la possibilité de réunir autant de disciplines artistiques en même temps. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène de choisir quel élément il va choisir pour enrichir son travail de créateur. Même s'il y a des didascalies dans une pièce, le metteur en scène, à la limite, possède une certaine liberté par rapport à tout cela. Après, tout cela peut être négocié aussi, c'est-à-dire la liberté qu'on va prendre en fonction des didascalies peut se négocier avec l'auteur, l'auteur du texte, on peut toujours négocier avec l'auteur. Et si l'auteur n'est pas vivant, on peut toujours négocier sur des changements par rapport aux didascalies avec les endroits, c'est-à-dire on peut toujours contacter la personne qui dispose des droits par rapport à cette pièce et de négocier les choix auxquels on va faire pour son travail de mise en scène. Je ne pense pas que c'est... le théâtre contemporain en tant que tel qui nous impose cela. Je pense que c'est une question de choix. Je pense que c'est une question d'univers artistique. Il y a des metteurs en scène qui sont beaucoup plus accrochés au texte en tant que tel, c'est-à-dire à la parole. C'est-à-dire, il y a des metteurs en scène, même s'ils travaillent sur des textes contemporains, mais ils restent accrochés à un jeu, à un rapport au corps. C'est-à-dire, les éléments plastiques ne sont pas très présents dans son travail de créateur.

  • Speaker #1

    Cette interdisciplinarité que nous venons d'évoquer rend difficile toute tentative de classification de la production théâtrale contemporaine. Comment mettre en scène dans un tel contexte ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu entends par classification ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire catégoriser une production théâtrale quand cette production mélange danse, chant, sikh et d'autres disciplines ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, non, je ne pense pas. Elle reste du théâtre, même si on... On choisit d'intégrer n'importe quel élément artistique, n'importe quelle discipline artistique. Elle reste du théâtre.

  • Speaker #1

    Par exemple, les arts visuels.

  • Speaker #0

    Même si on est écrite de l'art visuel, ça reste du théâtre. Il y a des spectacles que j'ai vus où il y a des projections d'images à l'écran, mais ça reste du théâtre. Le théâtre, c'est de l'art vivant. Ce n'est pas parce qu'on a amené un élément qui n'est pas de l'ordre de l'art. du vivant. La question que tu viens de poser, elle est intéressante dans ce sens qu'on peut toujours remettre en question le théâtre, la définition du théâtre, parce que le théâtre, en tant que tel, c'est de l'art du vivant, puisqu'on a amené un élément qui ne peut pas être considéré comme étant un élément du vivant.

  • Speaker #1

    Fondamentalement théâtral.

  • Speaker #0

    Fondamentalement du vivant ou fondamentalement théâtral. Je pense que... Ce qui fait du théâtre un art vivant, c'est la présence de l'acteur, la présence de l'acteur vivant sur scène qui dit son texte et qui rend la chose éphémère, c'est-à-dire ce qu'on vient de regarder ne sera pas reproduit de la même manière demain. Et même s'il y a une projection d'une image, une photo ou une vidéo, n'est encore dans l'art vivant. Le rapport que le comédien va avoir avec cette image ne sera pas la même demain. Ce sera toujours l'image figée, l'image qui sera là, mais ce sera le comédien dans une autre réalité, un autre moment, et qui va avoir ce dialogue avec cette image. Donc le dialogue, de toutes les manières, va être différent. C'est pour ça que le théâtre reste, cet art du vivant, un art éphémère.

  • Speaker #1

    Revenons aux écritures dramaturgiques par rapport à la mise en scène Quels sont les impacts des nouvelles écritures dramaturgiques sur la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, chaque époque, une génération d'auteurs apporte son style et ses thématiques Aujourd'hui, de nombreuses pièces sont écrites avec des distributions assez légères Aujourd'hui, on a des spectacles de petite forme Par exemple, aujourd'hui les seules en scène prennent beaucoup de place dans le milieu théâtral. Le monologue occupe une place importante dans l'univers actuel du théâtre et cela peut influencer directement ou indirectement la mise en scène, mais il ne modifie pas notre rapport au plateau et à l'espace. Peut-être qu'il y a des spectacles qui ont moins de distribution, mais je ne sais pas, l'impact de la mise en scène n'est pas évident dans le sens que... les mettez en scène possèdent encore cette liberté de travailler même si les formes restent très différentes. Molière, Racine et tous les autres travaillaient sur des formes beaucoup plus lourdes, c'est-à-dire des distributions et avec des décors, avec des accessoires assez importants. Et peut-être qu'aujourd'hui, on a des accessoires, on a des éléments de décors beaucoup plus légers. Mais comme on vient de le souligner tout à l'heure par rapport à la présence des éléments artistiques. des autres disciplines, c'est peut-être ça qui différencie notre manière de travailler. Parce qu'on peut amener l'audiovisuel, parce qu'on peut amener la musique moderne, la musique contemporaine, tout ce qui est musique électronique. Tout ce qui est musique électronique aujourd'hui est très, très présent dans le théâtre. Peut-être que c'est cela qui fait la différence par rapport à notre manière de travailler aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu insinues que l'époque intérieure était plus contraignante ?

  • Speaker #0

    Rigide.

  • Speaker #1

    Rigide.

  • Speaker #0

    rigide, rigide. Il y avait moins de liberté. Et aujourd'hui, on a beaucoup plus de liberté. Et puis après, ça s'explique aussi. On est dans une société, on est dans une période où les gens cherchent à avoir... une liberté. Donc, bien sûr, on peut sentir cette liberté, ce besoin de liberté dans les créations artistiques également.

  • Speaker #1

    Est-ce que, dans le recense, les nouvelles écritures dramaturgiques ont des caractéristiques qui tendent à faire évoluer la mise en scène ? Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans beaucoup de projets d'écriture que je lis aujourd'hui, il y a des propositions assez modernes qui se font. Il y a des propositions qui se font qui sont très, très modernes et aussi parce qu'on dispose de tout cela. On est quand même influencé dans un certain niveau par rapport à tout ce qu'on a de disponible aujourd'hui en termes de matériaux, je dirais, techniques. Donc, du coup, c'est intéressant de les amener, même si moi, je suis quelqu'un qui s'intéresse beaucoup. beaucoup au corps du comédien. Je m'intéresse beaucoup au corps du comédien, je m'intéresse beaucoup à la parole, je m'intéresse beaucoup à la voix, mais je suis tout à fait ouvert à d'autres formes et je suis tout à fait ouvert à travailler sur des créations qui, en tous les cas, des écritures dramaturgiques, qui proposent des formes assez différentes où on peut explorer. des éléments modernes dans le spectacle théâtral. Mais après, on sait très bien qu'en Haïti, on est assez limité au niveau technique. On n'a pas des salles qui répondent à ces besoins-là. On ne dispose pas des salles qui peuvent donner la possibilité de pouvoir travailler dans ce sens-là. Donc, à un certain niveau, il y a une espèce de... je ne dirais pas sécheresse, mais une espèce de pauvreté dans le travail de création parce qu'on est très, très limité au niveau technique. Il y a des choses qu'on n'arrive pas à faire parce qu'on est limité. On est limité par rapport à la réalité technique des salles, mais on est limité aussi au niveau budget. On n'a pas assez d'argent pour mettre de la technique. On ne peut pas commencer à créer des spectacles avec des néons. Dans toute la salle, on a une salle toute blanche avec la lumière du néon. Donc, on ne peut pas se permettre cela parce qu'on n'a pas les moyens de prendre ces risques-là, de faire ces choix artistiques. Donc, c'est pour ça que le théâtre en Haïti aujourd'hui se repose beaucoup sur le travail du comédien, se repose beaucoup sur le corps du comédien.

  • Speaker #1

    Que devrait-on prioriser dans la mise en scène ? L'esthétique ou le message politique ?

  • Speaker #0

    Je pense que l'œuvre artistique se repose d'abord sur l'esthétique. Cependant, je pense que toute œuvre artistique a un côté engagé, un côté politique. C'est-à-dire la personne, le créateur, celui qui est en train de créer son spectacle, est avant tout quelqu'un qui est impliqué dans la cité. C'est-à-dire qu'il y a... un regard sur ce qui se passe dans la cité. Et on crée parce qu'on a quelque chose à dire, on crée parce que l'on veut s'adresser à un public, on crée parce qu'on est touché par quelque chose qui concerne notre monde, qui nous concerne, qui concerne sa génération. Donc le metteur en scène choisit une pièce non seulement pour sa qualité artistique, mais aussi pour sa portée politique ou engagée.

  • Speaker #1

    Donc on ne devrait ni prioriser l'un ni prioriser l'autre.

  • Speaker #0

    Je pense que les deux se valent. Je pense que les deux ont leur place. On est artiste et on est artiste dans une cité.

  • Speaker #1

    Si je te demandais de parler de certaines mises en scène qui t'ont marqué, par exemple, et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Bon, je vais essayer de prendre des exemples de spectacles que j'ai vus en Haïti. Et comme ça, notre public, le public qui... qui est concerné par rapport à ce podcast pourra se situer. Oui, j'ai vu pas mal de spectacles à l'étranger, mais je préfère me concentrer sur les spectacles que j'ai vus en Haïti. Je peux prendre un spectacle qui date de très longtemps. Monsieur Bonhomme et les incendiaires que Guy Régis Junior avait monté il y a de cela une bonne quinzaine d'années au Festival de théâtre des Quatre Chemins avec des artistes comme Youyou, Billy Midi, Schneider Loan. Et Elisabeth Pierre-Louis avait joué dans ce spectacle. Ce spectacle m'avait parlé parce que j'étais jeune et je sentais qu'il y avait un investissement des comédiens dans le spectacle. Et le spectacle parlait de quelque chose à l'époque qui était d'actualité. Ça parlait de brûler, brûler, brûler, mettre le feu, ce besoin de mettre le feu. ce côté incendiaire que l'on a dans notre société, dans notre société actuelle, notre tendance à mettre le feu tout le temps. Et ce spectacle-là m'avait parlé, et c'est pour ça que j'aime beaucoup ce texte de Guy Régis qui s'appelle Le trophée des capitaux où il parle de Bel Air qui est en train, qui est en feu. Bel Air qu'on incendie, Bel Air qu'on brûle. Et c'est pour cela que... Ce spectacle m'avait parlé et je ne pense pas que je sois pyromane comme James Noël, le pyromane adolescent. C'est un spectacle qui m'avait vraiment marqué à l'époque. Un autre spectacle qui m'a marqué, c'est Vito ou les enfants au pouvoir que Michel Leboine avait monté en 2019 à quatre chemins. faire jouer deux adultes, ou deux jeunes à l'époque, deux adolescents. Je parle de... Néhémie Bastien et Staloff-Troffaut, qui ont interprété sur scène deux adolescents, mais dans le corps de deux jeunes. Et tout le monde voyait qu'il s'agissait de Staloff et de Néhémie, mais on était pris dans le piège de leur jeu. On pensait qu'ils étaient réellement des ados. Et toute l'écriture, toute la signature de Michel Lemoyne était présente dans... dans ce spectacle-là. Michel Lemoyne, c'est la finesse et un travail bien fait. C'est ça le travail de Michel Lemoyne. C'est un travail artistique qui est exigeant, c'est-à-dire où tu vois que la personne a vraiment, vraiment travaillé, a pris le temps de peaufiner, de tout peaufiner, et de vous rendre sur scène un travail fini. Et je respecte cela chez Michel Lemoyne. Et ce spectacle m'avait marqué. Un spectacle qui m'avait marqué également, c'était un texte de Marie Vaud que Jean-René Lemoyne avait monté. Et comment elle s'appelait cette pièce ?

  • Speaker #1

    Le jeu de l'amour et du hasard.

  • Speaker #0

    Le jeu de l'amour et du hasard. Le jeu de l'amour et du hasard que Gérône avait monté avec une belle équipe haïtienne. Cette pièce m'avait vraiment touché. Une autre pièce qui m'avait touché, c'était avec Guido Telusma. Gladimille Chéry, Pascal Julio, et ça s'appelait La demande à mariage Je crois que c'était Pascal Joseph qui avait fait la mise en scène de cette pièce à quatre chemins. Elle m'avait vraiment marqué ce travail parce que j'aimais beaucoup le comique dans la pièce. Après, je peux toujours prendre un exemple d'un spectacle que j'ai monté. un spectacle que j'ai monté, Erzulida Ome, déesse de l'amour, de Jean-René Lemoyne, et il m'avait vraiment marqué en tant que metteur en scène, même si je l'avais monté moi-même, parce qu'on avait fait choix d'un spectacle avec une proposition artistique, toutes les sorties, avec tellement de sorties et d'entrées dans la pièce, que la salle de la focale n'est pas du tout adaptée. à ce genre de spectacle. On avait trouvé la formule pour organiser les entrées et les sorties des comédiens sans que cela ne dérange au public, sans que cela ne dérange au spectacle. Et je me rappelle quand j'avais rencontré, croisé Michel Lemoyne au couloir de la Focal, je lui ai dit franchement, Michel, je ne sais pas comment je vais faire avec cette pièce parce qu'il y a tellement d'entrées et de sorties. Et elle m'a dit, Elisa, est-ce que tu n'avais pas lu la pièce avant de choisir de la monter ? J'ai dit oui, bien sûr, mais je ne savais pas que j'allais être confronté à cette réalité-là, à ce niveau-là. Donc le théâtre, c'est aussi ça, c'est-à-dire trouver les formules en fonction des contraintes pour pouvoir travailler. Et c'était un spectacle assez réussi. On était déjà à la troisième édition du festival en l'isant.

  • Speaker #1

    Merci Elisère d'avoir été avec nous. Merci à tous et à toutes. Rendez-vous pour un prochain épisode.

Description

Pour le deuxième épisode de la 3ème saison du podcast Terre des Érudits de l'Institut Français en Haïti (IFH) sur le Théâtre contemporain haïtien, Joubert Joseph a rencontré Eliézer Guérismé. Au cours de cet entretien, le metteur en scène et co-fondateur de la Brigade d'Intervention Théâtrale (BIT Haïti) fait une introspection sur son parcours personnel et jette un regard sur les enjeux et les défis que pose la mise en scène dans le contexte des nouvelles écritures dramaturgiques.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Terre des érudits, le podcast de l'Institut français en Haïti.

  • Speaker #1

    Mesdames et messieurs, bienvenue dans le deuxième épisode du podcast Terre des érudits de l'Institut français en Haïti. Dans ce deuxième épisode de la troisième saison qui se déroule sur le théâtre contemporain haïtien, nous allons parler de la mise en scène face aux nouvelles écritures dramaturgiques. Mon invité est Eliezer Guérisme. Bonjour Eliezer.

  • Speaker #0

    Bonjour Joubert.

  • Speaker #1

    Eliezer Gerisme est comédien, metteur en scène et cofondateur de la compagnie de théâtre Bitaïtzi. Est-ce que tu as renoncé au slam pour la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je ne le dirais pas de cette manière-là et franchement, je ne pense pas. J'ai arrêté le slam parce que je n'avais plus assez de temps pour... concilier mes projets de théâtre et mes projets de slammeur. Mais cependant, ce choix que j'ai fait en 2016, quand justement j'avais laissé tomber le slam, j'avais à ce moment-là lancé le festival de théâtre En Lisant en 2016. Donc, le fait d'avoir laissé tomber le slam m'avait donné beaucoup plus de temps pour pouvoir travailler sur le festival et me consacrer à tous mes projets de mise en scène. Mais par contre, la mise en scène a toujours été présente dans mon travail de slameur, dans ma carrière de slameur. Par exemple, j'avais créé avec mon collectif de slam à l'époque, Feu Vert, Lettre à minuit, qui était un spectacle avec une dimension, je dirais, plastique, artistique, de mise en scène assez importante. J'avais monté avec Jean d'Amérique et Léo et un spectacle que j'avais dirigé avec eux, Piano Bar, il y avait un travail de mise en scène assez profond à cette période-là. Donc la mise en scène était déjà présente dans ma vie d'artiste.

  • Speaker #1

    Entrons dans le vif du sujet, qu'est-ce qu'un metteur en scène selon toi ?

  • Speaker #0

    C'est une question assez vaste et je pense qu'il y a beaucoup de metteurs en scène qui ont réfléchi là-dessus ou des théoriciens de théâtre ou des critiques. artistiques qui ont réfléchi là-dessus. Pour moi, l'acte créatif en tant que metteur en scène est dans une espèce de perpétuelle recherche, en ce sens que le metteur en scène sur scène, il ne sait pas. Il est dans une recherche artistique. Et même s'il a déjà fait ses notes de mise en scène, il a un texte en main, c'est-à-dire une partition sur laquelle il va travailler. Mais de toutes les manières, c'est dans le corps du comédien et dans la voix du comédien qu'il va découvrir. véritablement son travail de créateur. C'est-à-dire qu'on ne peut pas être remetté en scène sans avoir un projet de mise en scène et des comédiens qui sont réunis sur le plateau. Je pense que dès qu'on est sur le plateau avec un comédien, il y a quelque chose qui se passe. Il y a un événement. Et l'acteur peut être considéré comme étant quelqu'un qui est dirigé par un metteur en scène. et en fonction de ce qu'ils proposent en répétition. C'est-à-dire, moi, quand j'arrive en répétition, j'attends des comédiens, des propositions, des propositions qui sont faites, pas nécessairement dans les étapes de répétition, mais des propositions qu'ils ont réfléchies et qu'ils amènent sur le plateau. Et c'est à partir de cela que je vais commencer à travailler. Bien sûr, j'ai des lignes qui sont tracées, j'ai des notes qui sont écrites dans mon calepin, mais j'attends beaucoup du comédien pour faire mon travail de metteur en scène. Et le travail de mise en scène, ce n'est pas une espèce de copie de la réalité. On tient compte de la réalité pour pouvoir faire notre travail de création, même si on est d'accord que le théâtre, c'est un reflet de la société, un reflet de la réalité. Mais on fait un travail qui s'inspire de la réalité. On ne le trahit pas, on s'en inspire pour pouvoir faire notre travail de mise en scène. C'est-à-dire, la mise en scène doit tenir compte de tout cela.

  • Speaker #1

    Ok, nous allons parler aussi des nouvelles écritures dramaturgiques, surtout en Haïti. Et puisque le thème, c'est le théâtre contemporain haïtien, d'abord, je pense qu'il est nécessaire de définir préalablement ce qu'est les nouvelles écritures dramaturgiques. Selon toi, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Bon, les nouvelles écritures dramaturgiques aujourd'hui, c'est une question assez vaste dans le sens qu'il y a beaucoup de propositions qui existent dans le paysage littéraire, dans le paysage théâtral, dans le monde entier et en Haïti en particulier. Je pense que le texte dramaturgique contemporain aujourd'hui, c'est surtout ce que Pascal Papini appelle l'agonne, c'est-à-dire le conflit, dans ce sens que il doit se passer quelque chose sur le tableau, c'est-à-dire qu'il y a un combat qui est installé entre un père et une mère, père et une fille, un mari et son épouse. Donc il y a déjà là quelque chose qui s'y installe et c'est pour ça que justement je suis d'accord avec ce terme grec, l'agonne, qui signifie le conflit, le combat. Mais je pense que le théâtre grec, contemporain doit être en prise avec le monde d'aujourd'hui, c'est-à-dire c'est un théâtre qui doit parler avec nous-mêmes, c'est-à-dire nous qui vivons cette période-là, on doit être concerné par ce qui est raconté, ce qui est dit dans le texte et on est, on sera d'accord, on n'est pas sans savoir qu'aujourd'hui, dans le monde joubert, le monde est en proie à de nombreux conflits, il y a des guerres partout dans le monde et le théâtre doit parler de ça, c'est-à-dire le théâtre doit être à l'écoute de tout cela. Donc c'est un théâtre elliptique, plus incisif, c'est-à-dire un théâtre qui va directement, qui nous parle directement, c'est-à-dire ce n'est pas un théâtre qui est dans une espèce de détour, c'est-à-dire c'est un théâtre qui est dans une espèce de rapport brutal avec la réalité, qui tient compte des réalités sociales, des réalités politiques. et je dirais même des réalités émotionnelles pour nous parler de manière directe, sans détour. Je pense que c'est ça, aujourd'hui, le théâtre contemporain, contrairement au théâtre classique qui, parfois, peut être révélateur d'une certaine envolée lyrique et qu'on n'est pas dans quelque chose qui est de l'ordre du combat.

  • Speaker #1

    À partir de 1945, C'était la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a eu un tournant dans le théâtre, dans les écritures dramaturgiques. À ce moment, on va parler du théâtre de la crise, parce qu'il y avait en quelque sorte, selon les théoriciens, une difficulté de communiquer, une difficulté de se parler entre nous, humains, puisque la guerre a provoqué pas mal de dégâts et il y avait en quelque sorte un ensemble d'incompréhensions qui ont provoqué tout ça. Et à partir de ce moment, le théâtre de la crise va se diviser en deux catégories, un théâtre engagé et un théâtre dit de l'absurde. Et c'est à partir de ce moment qu'il y a eu vraiment un changement drastique dans la structure des textes et aussi dans la mise en scène. Concrètement, quelles sont les caractéristiques des nouvelles écritures dramaturgiques par rapport aux anciennes écritures ?

  • Speaker #0

    Bon, tout d'abord, je pense que le point que tu as soulevé tout à l'heure par rapport à l'incommunicabilité est très, très important dans le sens qu'aujourd'hui, on est en face de cela. On est en face de cela et c'est cela qui provoque toutes les guerres qu'on connaît et en ce moment, tous les conflits. Aujourd'hui, en Haïti, par exemple, on est en face d'une incommunicabilité. Les différents acteurs politiques n'arrivent pas à se parler. C'est pour ça qu'on connaît une... succession de crises en Haïti. C'est parce que les acteurs politiques n'arrivent pas à se parler, ils n'arrivent pas à se comprendre. Et à partir de cette situation-là, à partir de cette réalité politique, il y a un théâtre qui est né, le théâtre de Wajdi Mouawad est né de cela. Wajdi Mouawad, qui est d'origine libanaise, qui travaille en France actuellement, qui travaille à Paris et qui est le directeur du théâtre La Colline, il propose un théâtre qui raconte cette crise, qui raconte le Proche-Orient. Il essaie en tous les cas, par tous les moyens, à travers son écriture, de parler au monde. Ses pièces, Incendie par exemple, racontent ce qui se passe dans le Proche-Orient. Le théâtre aujourd'hui, le théâtre contemporain, pour revenir à une partie de ta question, se distingue dans sa manière de nous parler. C'est-à-dire, c'est un théâtre qui essaie à travers sa manière d'être, à travers sa manière de se construire, de nous... d'attirer notre attention à ce qui se passe dans le monde et qu'on ne soit pas indifférent à tout ce drame qui nous entoure. Et le théâtre doit être cela, le théâtre a cette responsabilité-là d'attirer notre attention par rapport à ce qui se passe dans le monde. Et le théâtre, c'est quelque part à cette mission. de nous parler en tant qu'humains pour nous dire qu'il est important de nous regarder en face, en tant qu'humains, de nous regarder en face et de pouvoir construire une société différente de celle qu'on connaît aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Revenons à ton travail de mise en scène. Nous savons qu'aujourd'hui, il y a une mise en scène qui se fait dans la rue et il y a une mise en scène qui se fait dans les salles. Nous connaissons l'appellation de théâtre de rue. Qu'est-ce qui différencie ton travail de mise en scène dans la rue ? par rapport à celui qui se fait dans les salles ?

  • Speaker #0

    Bon, déjà, on est en 2024, Joubert. Lorsqu'on avait commencé avec la brigade d'intervention théâtrale Haïti, on était un peu en 2011. Et à l'époque, on pouvait encore aller dans la rue. On pouvait encore prendre la rue. Prendre la rue, mais par tous les moyens. C'est-à-dire, on pouvait prendre la rue pour protester par rapport à la réalité politique, pour faire des manifestations, organiser des sittings. Et donc, du coup, nous... Puisqu'il y avait un problème de salles en Haïti, justement, ce problème-là est beaucoup plus évident. Donc, on avait décidé de monter une compagnie spécialisée dans le théâtre de rue, de proposer un spectacle qui allait vers les gens là où ils sont. Et aujourd'hui, on est d'accord que ce théâtre-là, ce théâtre de rue qu'on avait proposé à l'époque, on ne peut plus la proposer parce qu'à un certain niveau, il y a un niveau de risque qu'on ne peut pas nous permettre. Donc, du coup, à l'époque où on travaillait dans les rues, on avait proposé cette forme de théâtre qui est un théâtre qui s'appuie sur tout ce qui se passe dans la rue, c'est-à-dire l'infrastructure de la rue, le temps, l'environnement, les passants, les badauds, tous les gens qui sont autour de nous sont impliqués dans le spectacle de théâtre. Ils deviennent des spectateurs, comme on les appelle, c'est-à-dire ils sont spectateurs et acteurs à la fois, ils peuvent participer. dans le spectacle. Mais quand on est dans la salle, quand je fais un spectacle dans la salle, je suis obligé, contrairement à la réalité de la rue, d'inventer tout le décor, c'est-à-dire de penser au décor, de penser aux accessoires et de travailler avec que les acteurs qui sont sur la scène, c'est-à-dire il y a le public d'un côté et le spectateur d'un autre côté. Et le spectateur qui est dans la salle, il est différent par rapport au spectateur qui est dans la rue, en ce sens que le spectateur qui est dans la salle... il est dans une espèce de convention. Il doit accepter l'idée qu'il est dans un spectacle. Sinon, il sera décrié par ses pairs. Sinon, il ne sera pas considéré comme étant un spectateur. Il a un comportement qu'il doit avoir. Il doit rire au bon moment. Il doit sourire au bon moment. Il doit réagir dans une espèce de respect par rapport à ses pairs. Sinon, il ne sera pas respecté comme étant un spectateur à part entière. Mais par contre, dans la rue, le public, le spectateur, a une certaine liberté. Il peut laisser l'espace de jeu, il peut quitter à n'importe quel moment et il peut à la limite proposer son propre jeu d'acteur, c'est-à-dire il peut jouer lui également. Donc du coup, ce sont deux approches assez différentes entre ce qu'on propose dans la rue et ce que nous, nous faisons dans la salle. Par exemple, dans la rue, il y a la lumière qui existe déjà, le soleil, il est déjà là. si on décide de faire un spectacle à midi, ce ne sera pas le même spectacle si on le fait à 18 heures, à 6 heures. C'est-à-dire que ce sera un spectacle différent, en ce sens que la lumière ne sera pas pareille. Mais dans la salle, la lumière sera la même. Il sera juste question de choisir l'intensité, de choisir quel projecteur on doit allumer et à quel moment l'allumer. Donc du coup, c'est ce qui différencie dans un certain niveau le théâtre dans la rue et le théâtre dans la salle. Le théâtre haïtien contemporain

  • Speaker #1

    Dans le théâtre contemporain, les spectacles théâtraux mêlent de plus en plus les disciplines. Vidéos, chants, danses, cirques. Cette interdisciplinarité donne-t-elle vraiment plus de liberté au metteur en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, je pense que c'est avant tout un choix. Un choix artistique, un choix du metteur en scène, celui-ci dispose d'une certaine liberté par rapport au texte. C'est-à-dire qu'il choisit de monter un texte et il peut réunir les éléments sur lesquels il souhaite travailler. Il peut décider d'intégrer dans son travail de création la musique, la danse, l'audiovisuel. ils peuvent intégrer ce qu'ils veulent. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène. Et ce qui est intéressant, c'est que le théâtre, en tant qu'art pluridisciplinaire, a cette possibilité-là. C'est-à-dire, c'est... L'une des rares disciplines artistiques qui donne la possibilité de réunir autant de disciplines artistiques en même temps. Et c'est vraiment à la discrétion du metteur en scène de choisir quel élément il va choisir pour enrichir son travail de créateur. Même s'il y a des didascalies dans une pièce, le metteur en scène, à la limite, possède une certaine liberté par rapport à tout cela. Après, tout cela peut être négocié aussi, c'est-à-dire la liberté qu'on va prendre en fonction des didascalies peut se négocier avec l'auteur, l'auteur du texte, on peut toujours négocier avec l'auteur. Et si l'auteur n'est pas vivant, on peut toujours négocier sur des changements par rapport aux didascalies avec les endroits, c'est-à-dire on peut toujours contacter la personne qui dispose des droits par rapport à cette pièce et de négocier les choix auxquels on va faire pour son travail de mise en scène. Je ne pense pas que c'est... le théâtre contemporain en tant que tel qui nous impose cela. Je pense que c'est une question de choix. Je pense que c'est une question d'univers artistique. Il y a des metteurs en scène qui sont beaucoup plus accrochés au texte en tant que tel, c'est-à-dire à la parole. C'est-à-dire, il y a des metteurs en scène, même s'ils travaillent sur des textes contemporains, mais ils restent accrochés à un jeu, à un rapport au corps. C'est-à-dire, les éléments plastiques ne sont pas très présents dans son travail de créateur.

  • Speaker #1

    Cette interdisciplinarité que nous venons d'évoquer rend difficile toute tentative de classification de la production théâtrale contemporaine. Comment mettre en scène dans un tel contexte ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu entends par classification ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire catégoriser une production théâtrale quand cette production mélange danse, chant, sikh et d'autres disciplines ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, non, je ne pense pas. Elle reste du théâtre, même si on... On choisit d'intégrer n'importe quel élément artistique, n'importe quelle discipline artistique. Elle reste du théâtre.

  • Speaker #1

    Par exemple, les arts visuels.

  • Speaker #0

    Même si on est écrite de l'art visuel, ça reste du théâtre. Il y a des spectacles que j'ai vus où il y a des projections d'images à l'écran, mais ça reste du théâtre. Le théâtre, c'est de l'art vivant. Ce n'est pas parce qu'on a amené un élément qui n'est pas de l'ordre de l'art. du vivant. La question que tu viens de poser, elle est intéressante dans ce sens qu'on peut toujours remettre en question le théâtre, la définition du théâtre, parce que le théâtre, en tant que tel, c'est de l'art du vivant, puisqu'on a amené un élément qui ne peut pas être considéré comme étant un élément du vivant.

  • Speaker #1

    Fondamentalement théâtral.

  • Speaker #0

    Fondamentalement du vivant ou fondamentalement théâtral. Je pense que... Ce qui fait du théâtre un art vivant, c'est la présence de l'acteur, la présence de l'acteur vivant sur scène qui dit son texte et qui rend la chose éphémère, c'est-à-dire ce qu'on vient de regarder ne sera pas reproduit de la même manière demain. Et même s'il y a une projection d'une image, une photo ou une vidéo, n'est encore dans l'art vivant. Le rapport que le comédien va avoir avec cette image ne sera pas la même demain. Ce sera toujours l'image figée, l'image qui sera là, mais ce sera le comédien dans une autre réalité, un autre moment, et qui va avoir ce dialogue avec cette image. Donc le dialogue, de toutes les manières, va être différent. C'est pour ça que le théâtre reste, cet art du vivant, un art éphémère.

  • Speaker #1

    Revenons aux écritures dramaturgiques par rapport à la mise en scène Quels sont les impacts des nouvelles écritures dramaturgiques sur la mise en scène ?

  • Speaker #0

    Bon, chaque époque, une génération d'auteurs apporte son style et ses thématiques Aujourd'hui, de nombreuses pièces sont écrites avec des distributions assez légères Aujourd'hui, on a des spectacles de petite forme Par exemple, aujourd'hui les seules en scène prennent beaucoup de place dans le milieu théâtral. Le monologue occupe une place importante dans l'univers actuel du théâtre et cela peut influencer directement ou indirectement la mise en scène, mais il ne modifie pas notre rapport au plateau et à l'espace. Peut-être qu'il y a des spectacles qui ont moins de distribution, mais je ne sais pas, l'impact de la mise en scène n'est pas évident dans le sens que... les mettez en scène possèdent encore cette liberté de travailler même si les formes restent très différentes. Molière, Racine et tous les autres travaillaient sur des formes beaucoup plus lourdes, c'est-à-dire des distributions et avec des décors, avec des accessoires assez importants. Et peut-être qu'aujourd'hui, on a des accessoires, on a des éléments de décors beaucoup plus légers. Mais comme on vient de le souligner tout à l'heure par rapport à la présence des éléments artistiques. des autres disciplines, c'est peut-être ça qui différencie notre manière de travailler. Parce qu'on peut amener l'audiovisuel, parce qu'on peut amener la musique moderne, la musique contemporaine, tout ce qui est musique électronique. Tout ce qui est musique électronique aujourd'hui est très, très présent dans le théâtre. Peut-être que c'est cela qui fait la différence par rapport à notre manière de travailler aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu insinues que l'époque intérieure était plus contraignante ?

  • Speaker #0

    Rigide.

  • Speaker #1

    Rigide.

  • Speaker #0

    rigide, rigide. Il y avait moins de liberté. Et aujourd'hui, on a beaucoup plus de liberté. Et puis après, ça s'explique aussi. On est dans une société, on est dans une période où les gens cherchent à avoir... une liberté. Donc, bien sûr, on peut sentir cette liberté, ce besoin de liberté dans les créations artistiques également.

  • Speaker #1

    Est-ce que, dans le recense, les nouvelles écritures dramaturgiques ont des caractéristiques qui tendent à faire évoluer la mise en scène ? Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans beaucoup de projets d'écriture que je lis aujourd'hui, il y a des propositions assez modernes qui se font. Il y a des propositions qui se font qui sont très, très modernes et aussi parce qu'on dispose de tout cela. On est quand même influencé dans un certain niveau par rapport à tout ce qu'on a de disponible aujourd'hui en termes de matériaux, je dirais, techniques. Donc, du coup, c'est intéressant de les amener, même si moi, je suis quelqu'un qui s'intéresse beaucoup. beaucoup au corps du comédien. Je m'intéresse beaucoup au corps du comédien, je m'intéresse beaucoup à la parole, je m'intéresse beaucoup à la voix, mais je suis tout à fait ouvert à d'autres formes et je suis tout à fait ouvert à travailler sur des créations qui, en tous les cas, des écritures dramaturgiques, qui proposent des formes assez différentes où on peut explorer. des éléments modernes dans le spectacle théâtral. Mais après, on sait très bien qu'en Haïti, on est assez limité au niveau technique. On n'a pas des salles qui répondent à ces besoins-là. On ne dispose pas des salles qui peuvent donner la possibilité de pouvoir travailler dans ce sens-là. Donc, à un certain niveau, il y a une espèce de... je ne dirais pas sécheresse, mais une espèce de pauvreté dans le travail de création parce qu'on est très, très limité au niveau technique. Il y a des choses qu'on n'arrive pas à faire parce qu'on est limité. On est limité par rapport à la réalité technique des salles, mais on est limité aussi au niveau budget. On n'a pas assez d'argent pour mettre de la technique. On ne peut pas commencer à créer des spectacles avec des néons. Dans toute la salle, on a une salle toute blanche avec la lumière du néon. Donc, on ne peut pas se permettre cela parce qu'on n'a pas les moyens de prendre ces risques-là, de faire ces choix artistiques. Donc, c'est pour ça que le théâtre en Haïti aujourd'hui se repose beaucoup sur le travail du comédien, se repose beaucoup sur le corps du comédien.

  • Speaker #1

    Que devrait-on prioriser dans la mise en scène ? L'esthétique ou le message politique ?

  • Speaker #0

    Je pense que l'œuvre artistique se repose d'abord sur l'esthétique. Cependant, je pense que toute œuvre artistique a un côté engagé, un côté politique. C'est-à-dire la personne, le créateur, celui qui est en train de créer son spectacle, est avant tout quelqu'un qui est impliqué dans la cité. C'est-à-dire qu'il y a... un regard sur ce qui se passe dans la cité. Et on crée parce qu'on a quelque chose à dire, on crée parce que l'on veut s'adresser à un public, on crée parce qu'on est touché par quelque chose qui concerne notre monde, qui nous concerne, qui concerne sa génération. Donc le metteur en scène choisit une pièce non seulement pour sa qualité artistique, mais aussi pour sa portée politique ou engagée.

  • Speaker #1

    Donc on ne devrait ni prioriser l'un ni prioriser l'autre.

  • Speaker #0

    Je pense que les deux se valent. Je pense que les deux ont leur place. On est artiste et on est artiste dans une cité.

  • Speaker #1

    Si je te demandais de parler de certaines mises en scène qui t'ont marqué, par exemple, et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Bon, je vais essayer de prendre des exemples de spectacles que j'ai vus en Haïti. Et comme ça, notre public, le public qui... qui est concerné par rapport à ce podcast pourra se situer. Oui, j'ai vu pas mal de spectacles à l'étranger, mais je préfère me concentrer sur les spectacles que j'ai vus en Haïti. Je peux prendre un spectacle qui date de très longtemps. Monsieur Bonhomme et les incendiaires que Guy Régis Junior avait monté il y a de cela une bonne quinzaine d'années au Festival de théâtre des Quatre Chemins avec des artistes comme Youyou, Billy Midi, Schneider Loan. Et Elisabeth Pierre-Louis avait joué dans ce spectacle. Ce spectacle m'avait parlé parce que j'étais jeune et je sentais qu'il y avait un investissement des comédiens dans le spectacle. Et le spectacle parlait de quelque chose à l'époque qui était d'actualité. Ça parlait de brûler, brûler, brûler, mettre le feu, ce besoin de mettre le feu. ce côté incendiaire que l'on a dans notre société, dans notre société actuelle, notre tendance à mettre le feu tout le temps. Et ce spectacle-là m'avait parlé, et c'est pour ça que j'aime beaucoup ce texte de Guy Régis qui s'appelle Le trophée des capitaux où il parle de Bel Air qui est en train, qui est en feu. Bel Air qu'on incendie, Bel Air qu'on brûle. Et c'est pour cela que... Ce spectacle m'avait parlé et je ne pense pas que je sois pyromane comme James Noël, le pyromane adolescent. C'est un spectacle qui m'avait vraiment marqué à l'époque. Un autre spectacle qui m'a marqué, c'est Vito ou les enfants au pouvoir que Michel Leboine avait monté en 2019 à quatre chemins. faire jouer deux adultes, ou deux jeunes à l'époque, deux adolescents. Je parle de... Néhémie Bastien et Staloff-Troffaut, qui ont interprété sur scène deux adolescents, mais dans le corps de deux jeunes. Et tout le monde voyait qu'il s'agissait de Staloff et de Néhémie, mais on était pris dans le piège de leur jeu. On pensait qu'ils étaient réellement des ados. Et toute l'écriture, toute la signature de Michel Lemoyne était présente dans... dans ce spectacle-là. Michel Lemoyne, c'est la finesse et un travail bien fait. C'est ça le travail de Michel Lemoyne. C'est un travail artistique qui est exigeant, c'est-à-dire où tu vois que la personne a vraiment, vraiment travaillé, a pris le temps de peaufiner, de tout peaufiner, et de vous rendre sur scène un travail fini. Et je respecte cela chez Michel Lemoyne. Et ce spectacle m'avait marqué. Un spectacle qui m'avait marqué également, c'était un texte de Marie Vaud que Jean-René Lemoyne avait monté. Et comment elle s'appelait cette pièce ?

  • Speaker #1

    Le jeu de l'amour et du hasard.

  • Speaker #0

    Le jeu de l'amour et du hasard. Le jeu de l'amour et du hasard que Gérône avait monté avec une belle équipe haïtienne. Cette pièce m'avait vraiment touché. Une autre pièce qui m'avait touché, c'était avec Guido Telusma. Gladimille Chéry, Pascal Julio, et ça s'appelait La demande à mariage Je crois que c'était Pascal Joseph qui avait fait la mise en scène de cette pièce à quatre chemins. Elle m'avait vraiment marqué ce travail parce que j'aimais beaucoup le comique dans la pièce. Après, je peux toujours prendre un exemple d'un spectacle que j'ai monté. un spectacle que j'ai monté, Erzulida Ome, déesse de l'amour, de Jean-René Lemoyne, et il m'avait vraiment marqué en tant que metteur en scène, même si je l'avais monté moi-même, parce qu'on avait fait choix d'un spectacle avec une proposition artistique, toutes les sorties, avec tellement de sorties et d'entrées dans la pièce, que la salle de la focale n'est pas du tout adaptée. à ce genre de spectacle. On avait trouvé la formule pour organiser les entrées et les sorties des comédiens sans que cela ne dérange au public, sans que cela ne dérange au spectacle. Et je me rappelle quand j'avais rencontré, croisé Michel Lemoyne au couloir de la Focal, je lui ai dit franchement, Michel, je ne sais pas comment je vais faire avec cette pièce parce qu'il y a tellement d'entrées et de sorties. Et elle m'a dit, Elisa, est-ce que tu n'avais pas lu la pièce avant de choisir de la monter ? J'ai dit oui, bien sûr, mais je ne savais pas que j'allais être confronté à cette réalité-là, à ce niveau-là. Donc le théâtre, c'est aussi ça, c'est-à-dire trouver les formules en fonction des contraintes pour pouvoir travailler. Et c'était un spectacle assez réussi. On était déjà à la troisième édition du festival en l'isant.

  • Speaker #1

    Merci Elisère d'avoir été avec nous. Merci à tous et à toutes. Rendez-vous pour un prochain épisode.

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