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Julie Lardon et Valentin Mathé pour Journal Albert cover
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The Fabricants

Julie Lardon et Valentin Mathé pour Journal Albert

Julie Lardon et Valentin Mathé pour Journal Albert

45min |11/07/2024
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Julie Lardon et Valentin Mathé pour Journal Albert

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45min |11/07/2024
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Description

Un vrai journal papier pour les 9-14 ans, pour comprendre le monde et se forger ses opinions avec une actu vérifiée, recoupée, variée et illustrée ? Albert l'a fait ! En choisissant l'indépendance, une maquette sobre, un rédactionnel limpide et l'illustration plutôt que la photo de presse, Albert apporte tous les 15 jours, sur abonnement, les clés d'une actualité complexe, en proposant différents points de vue et une entrée en douceur et en dessin dans l'actu de fond.

Rencontre avec les fondateurs Julie Lardon et Valentin Mathé, pour parler choix éditoriaux, neutralité, citoyenneté, et petit journal illustré. Régalade !
Image de couverture : une du journal Albert n°158 illustré par Sarah Vieille :

https://sarahvieille.com/accueil-1

Instagram : https://www.instagram.com/sarahvelha/?hl=fr


Retrouvez ALBERT sur :
Le site web : www.journal-albert.fr
Instagram : @albert_lejournal https://www.instagram.com/albert_lejournal/


Et la maison d'édition jeunesse de Valentin Mathé, La Poule qui pond :
https://www.lapoulequipond.fr/

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Cheers!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur The Fabricants. Dans ce podcast, sous forme d'interview ou en solo, je vous présente des créateurs, créatrices et porteurs de projets qui imaginent des objets, de nouvelles matières, de nouveaux regards et de nouveaux espaces vers de nouveaux possibles. Vos gestes, design, santé, tradition ou innovation, dans cette saison 1 de The Fabricants que j'ai appelée Foisonnement, on décloise, on dessilote, on découvre des projets reliés par leurs belles intentions et l'excellence de leur réalisation. Je suis Priscillia Guillot, marketer et copywriter, curieuse et sensible aux projets pleins de sens. Aujourd'hui, je reçois Julie Lardon et Valentin Maté pour Albert, un très beau journal d'actualité illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Bienvenue sur The Fabricants. Bonjour Julie, bonjour Valentin, comment allez-vous aujourd'hui depuis Clermont-Ferrand ?

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour, on va dire que ça va.

  • Speaker #2

    Bonjour Priscilla, ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour parler d'Albert, petit journal illustré pour les 9-14 ans, qui paraît tous les 15 jours. auxquels je suis abonnée, et que j'attends chaque fois avec une grande impatience. Mais je vais vous laisser vous présenter en quelques mots chacun votre tour avant de parler du journal. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

  • Speaker #1

    Moi, je commence. Je suis éditeur jeunesse. J'aime mes enfants. J'aime ma femme, surtout qu'elle est à côté. Alors, il faut faire gaffe. J'ai participé à la création du journal jeunesse Albert. Je te rappelle que c'est un journal de jeunesse puisque tu es abonnée et tu n'es pas une enfant.

  • Speaker #0

    Absolument, tu fais bien de le rappeler, j'ai 44 ans, donc il n'y a vraiment pas de limite d'âge pour lire Albert. Et toi, Julie, si tu devais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #2

    Moi, je suis journaliste. J'ai un diplôme de journaliste, j'ai travaillé dans des médias. Et après, je me suis dit, si je faisais mon propre média pour les enfants, parce que j'ai l'impression d'être plus utile en... décryptant l'actualité pour les jeunes, qu'en répétant, c'est ce qui se dit de la même manière partout. Donc voilà, avec Valentin, on a fondé ensemble le journal Albert. Il est paru pour la première fois en 2016, donc ça fait depuis 2015 à peu près qu'on... On travaille au projet.

  • Speaker #0

    Alors Albert, c'est un journal illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Moi j'ai été emballée par la maquette et l'esthétique du journal. Comment le décrirais-tu juste à la voix ?

  • Speaker #2

    Déjà il est grand, c'est un format A3 et il est illustré. Les deux principales caractéristiques qui font que si un jour... Vous voyez, un grand journal avec des illustrations, c'est Albert. C'est vraiment ça qui nous définit. Et c'est ça aussi qui vient puiser dans nos deux identités, à chacun, à Valentin et à moi. C'est-à-dire que moi, j'ai apporté dans la création de ce journal la partie journalistique avec tout ce qu'on connaît du journalisme, des infos vérifiées, regroupées. du décryptage d'actualité. Valentin, lui, a apporté plutôt la fibre artistique, son goût pour l'illustration. On précise que ce n'est pas lui qui dessine, parce que sinon, on n'aurait pas beau...

  • Speaker #1

    C'est bien dit, la fibre artistique. En gros, moi, dans les livres, je regarde les dessins.

  • Speaker #2

    Parce qu'il est éditeur de livres à côté, il ne l'a pas précisé. Mais tu as dit, je suis éditeur de livres, mais tu as une maison d'édition jeunesse.

  • Speaker #1

    La poule qui pond. Il faut aller en librairie et acheter plein de livres.

  • Speaker #2

    petite page de pub. Et en fait, la maison d'édition existait avant le journal, et c'est se travailler déjà avec beaucoup d'illustrateurs avant pour l'édition de livres. Et en fait, le journal a débuté avec les illustrateurs, comme Maison, Capoultipon, avant, après, de s'élargir à plein d'autres illustrateurs. Mais voilà, au gros... Les deux caractéristiques principales viennent de chacun d'entre nous.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'il faut du coup quand on présente l'équipe, donc il y a Julie, il y a moi, et il y a la vingtaine d'illustrateurs, parce qu'à chaque numéro c'est un illustrateur différent.

  • Speaker #2

    La vingtaine par an.

  • Speaker #1

    La vingtaine par an. Et du coup la cent cinquantaine.

  • Speaker #0

    Oui, je voulais justement y revenir parce qu'en effet, à chaque nouveau numéro d'Albert, vous invitez un illustrateur ou une illustratrice à venir rendre compte de l'actualité avec son propre point de vue sur une très grande une qui prend une pleine page. Et puis cette une, elle se retrouve à l'intérieur du journal puisqu'elle vient illustrer par petits morceaux tous les articles du journal. Pourquoi ? avoir fait le choix de l'illustration exclusivement et non pas par exemple un mélange entre l'illustration et la photo.

  • Speaker #1

    Déjà c'est un choix de situation, comme disait Julie, je suis éditeur jeunesse, je connais des illustrateurs, je travaille avec beaucoup d'illustrateurs et c'est vraiment ça moi qui m'attirait. Et après c'est aussi un choix qui est venu, et Julie en parlera peut-être mieux que moi, qui est intéressant par rapport au traitement de l'actualité pour les enfants.

  • Speaker #2

    Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on s'est dit que plutôt que de reprendre les mêmes photos qu'on voit partout, parce qu'on a beaucoup de concurrents, de confrères, qui font de l'actualité pour les enfants, c'est souvent des gros groupes qui sont financièrement solides et qui ont aussi de quoi s'acheter le fil de photo AFP qui coûte 5 000 euros par an. Nous, déjà économiquement, c'était clairement pas possible. et on ne voyait pas en plus la valeur ajoutée de notre produit si on faisait la même chose. On allait écrire des articles qui seraient certes différents, sur des sujets peut-être différents, mais si c'était au final pour revoir la même photo qu'on voit dans les journaux, et pour enfants et même pour adultes, puisque un fil AFP ou un fil d'une grande agence de presse permet à plein de journaux d'avoir accès aux mêmes photos parce qu'ils n'ont eux-mêmes pas les photographes maison pour un moment. pour illustrer leurs articles. On ne voyait pas trop l'intérêt. Donc, on a choisi l'illustration à la fois par choix et à la fois par contrainte. et en en faisant une force, en se disant, ben voilà, les enfants, plutôt que de voir une photo qui sera peut-être pas très parlante, ou qui sera cadrée de telle ou telle façon qu'elle ne dira pas forcément exactement la réalité, nous, on va carrément partir dans un autre monde, parfois même dans l'imaginaire, avec l'illustration. On demande à ce que les illustrations soient colorées, donc après c'est plus ou moins à l'aspecté selon les styles, mais... C'est quand même une demande qu'on a, que ça soit attirant pour les enfants. Et en fait, ça leur permet de plonger dans l'actualité par un chemin de traverse, plutôt que d'aller directement au fait qu'on a parfois des choses un peu détournées. On peut jouer sur l'humour, on peut jouer sur la symbolique. Ça permet énormément de liberté, beaucoup plus qu'une photo qui va représenter quelque chose de figé.

  • Speaker #1

    Ça apporte aussi un côté un peu détendu, plaisant à l'actualité, parce qu'on ne va pas se mentir, à l'actualité. C'est pas toujours très fun. Et pourtant, il y a ce côté découvert de l'illustration, surprise, avec l'illustrateur différent à chaque fois. Et le retour qu'on nous fait, notamment des enseignants, c'est que c'est le chemin de passer de la première rencontre avec l'actu sur une illustration qui est un imaginaire d'artiste. On passe par l'artiste, par l'éducation à l'image. Ensuite, il y a la lecture du texte qui vient donner les clés, qui comprend le sujet. Et après, les enfants... Ils peuvent aller sur internet avec l'enseignant par exemple pour voir les images. Et cette entrée dans les images après être passée par ce chemin, illustration, imaginaire, représentation des symboliques. texte de compréhension puis image est vachement plus intéressant d'après les retours qu'on nous fait sur que de rentrer directement par l'image, et de toute façon la rentrée directe par l'image elle est extrêmement faite par les enfants, ils en sont abreuvés tous les jours, notre public il a 9 à 14 ans, une partie de notre public est sur les réseaux sociaux, et là ils ont de l'image à foison, et de l'image de la fake news, de l'image non commentée, de l'image non décrite, et au moins l'illustration. On voit que c'est pas la réalité, tout de suite, parce que c'est dessiné.

  • Speaker #2

    On assume que c'est pas vraiment contextualisé, alors que sur les réseaux sociaux... Je pense notamment aux collégiens, ils sont beaucoup déjà sur TikTok et tout ça, même si les réglementations ne permettent pas forcément, mais bon, les faits sont là. Quand en quatrième, ils nous parlent de vidéos qu'ils ont vues sur TikTok, alors qu'en fait, d'autres confrères qui font ce travail de décryptage, de vérification, disent Ah oui, cette vidéo, elle a beaucoup circulé, mais en fait, on sait qu'elle date d'il y a 10 ans, et en plus, ce n'est pas du tout dans le pays Mais non, enfin voilà, le fait que ça soit parfois sorti de son contexte et tout ça, mais qu'on le présente comme étant l'actualité, ça peut être gênant. Nous au moins, oui, on montre pas le sujet par photo, par vidéo, mais c'est assumé. Et après, comme disait Valentin, on a toute une partie revue de presse numérique, où là en fait on sélectionne, enfin c'est moi qui le fais, c'est un travail de direction, je sélectionne des vidéos. que j'estime pertinentes pour aller plus loin dans le sujet et là pour voir des images réelles et contextualisées du sujet qui est évoqué dans le journal.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant, c'est vrai que moi je n'avais même pas eu ce niveau d'analyse. Je lis Albert très régulièrement, je suis vraiment une lectrice assidue justement parce que ça me permet de découvrir l'actualité de manière factuelle sans souffrir de la violence ou de la redondance des images dont on est abreuvé par ailleurs. Mais c'est vrai que cette lecture par couche, je ne l'avais même pas... Je n'avais même pas anticipé en fait, et je trouve ça très intéressant, cette entrée en douceur par la une entièrement illustrée, puis ensuite par des zooms de la une qui viennent illustrer les textes factuels, et ensuite éventuellement sur la base du volontariat, accompagné ou en autonomie si on en est capable, d'aller voir les vraies images. C'est vraiment un prisme intéressant, je n'étais pas allée à ce degré d'analyse. Et justement pour en revenir au texte, parce qu'Albert c'est l'illustration, mais c'est aussi beaucoup de texte, dans chaque numéro, donc ça se présente, c'est un format A3, c'est une double page recto verso A3, donc 4 pages A3, et à chaque fois on a donc cette une illustrée, un article de fond en 5 questions, en 5 points clés, un gros plan avec un encadré, un article scientifique, lui aussi avec donc illustration encadrée, Un article historique, La machine à remonter le temps, qui fait la part belle aux personnages féminins qui ont marqué l'histoire d'ailleurs. Et puis les actus internationales, en général trois actus internationales et les actus insolites. Comment est-ce que vous choisissez de nourrir cette maquette ? Comment est-ce que vous choisissez les sujets ?

  • Speaker #2

    En fait, moi je suis très autoritaire, donc je n'impose mes choix. On croit beaucoup que le travail de journaliste ça consiste à écrire des articles, en tout cas en presse écrite. En fait, c'est vraiment le dernier truc qu'on fait. Le gros gros du travail c'est de la veille d'actualité, c'est-à-dire que tous les jours, mon premier travail c'est d'ouvrir les journaux, d'écouter l'radio. éventuellement parfois de regarder des reportages télé, des extraits de cités, tout ça, et en fait de m'imprégner de ça, de ce qui se passe dans l'actualité, dans la société. près, loin, de marrants, de moins marrants, de scientifiques, et de faire une espèce de méli-mélo, tout ça, et puis je tire des fils à partir de ça. Très concrètement, on a avec Valentin une sorte de plateforme partagée où on note nos idées en disant, par rubrique, pour la rubrique scientifique, on pourrait parler de ça, pour la rubrique historique, on pourrait parler de ça. Et en fait on se réunit comme après le fonctionnement classique d'un journal, deux semaines avant l'apparition, dès qu'un numéro est sorti on attaque le suivant, on choisit les sujets à ce moment-là, on part de cette liste qu'on a préétablie pendant tout le temps avant. Alors parfois il y a des sujets qui sont proposés un an à l'avance, par exemple je sais que dans un an il y aura un an.

  • Speaker #1

    Il va y avoir des élections aux États-Unis.

  • Speaker #2

    Voilà. Par exemple. Pour comprendre, on sait déjà qu'il y aura à minima un gros plan, voire sûrement un article en cinq questions, un gros article en format, sur les élections américaines. Ça, on ne pourra pas y couper. Et ça, il est déjà inscrit dans notre liste d'idées. Et quand on arrive à la proférence de rédaction, on a cette liste d'idées qu'on a notée et on en discute. Alors ça, est-ce que c'est pertinent ? Est-ce que ce n'est pas pertinent ? Si on fait ça, il faut le faire absolument à ce numéro-là, parce qu'après ça sera passé et ça ne sera plus la peine d'en parler. Donc c'est forcément par anticipation maintenant. Alors que celui-là, on a le choix, on peut peut-être le repousser un peu. Et au final, c'est comme ça qu'on se... qu'on finit par arriver à... Et puis parfois, il faut faire des choix, c'est malheureux. Il y a deux sujets qui nous plaisent. Et bien, on choisit en essayant de trouver des arguments qui font que pourquoi celui-là plutôt que celui-là. Et en ayant toujours à l'esprit, et parfois ça nous arrive, c'est pas systématique, mais de demander conseil à des gens qui sont plus près de nous, de ce public-là. des parents, des enseignants, est-ce que ton enfant, il te pose des questions sur ça ? Est-ce que tu penses que ça serait intéressant ? Est-ce que vos élèves parlent de ça dans la cour ? Est-ce que, voilà, et ça, ça permet aussi parfois de trancher ou même d'avoir des idées. Vous ne pouvez pas faire un article sur ça parce que les élèves, ils... Et puis souvent avec beaucoup de désinformation, de déformation, d'idées reçues, etc. Donc ça aussi, ça nous guide.

  • Speaker #1

    Voilà, et puis on a quelques lignes directrices. Éviter de parler, de faire que des sujets autour de l'économie ou que des sujets autour de l'écologie. D'essayer de montrer que l'actu est très diversifié pour montrer qu'il y a tout l'université. Par exemple, sur les actus internationales, on a une règle qu'on tient depuis plus de 150 numéros. Si on parle d'un pays dans un continent. on doit parler d'un pays dans un autre continent et encore d'un troisième pays dans un autre continent. Pour être sûr qu'on va à chaque fois... Parce que sinon, on se laisse très vite enfermer, et vous pouvez voir sur les sites d'information, on peut se laisser très vite enfermer dans l'actu internationale qui va se résoudre à juste... En fait, qu'est-ce qui s'est passé en Angleterre, en Allemagne et en Italie ? Et aux Etats-Unis. Alors l'actu internationale, oui, c'est les Etats-Unis.

  • Speaker #2

    C'est pour faire Allemagne, Italie, Etats-Unis...

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #2

    On essaye de varier, et parfois on prend une actu qui est... Pardon, je t'ai coupé. Pas forcément très importante du point de vue de l'actualité, mais juste parce que ça se passe dans un pays dont on ne parle jamais. Par exemple, ils ont interdit TikTok au Kirghizistan. On s'est dit, ah, mais ce pays, personne ne sait qu'il existe. Il faut absolument qu'on parle de ça.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, ces actus qui sont dans les pays, à la fois ça vient être intéressant en termes de culture générale, de parler de ces pays-là, Mais c'est des actus qui font écho. Oui. Qui font écho à ce qui se passe. Alors souvent les actus internationales sont très intéressantes parce qu'elles montrent la diversité du monde, mais elles font vachement écho. Quand on parle d'un pays où le rock est interdit parce que c'est une musique sataniste, c'est intéressant par rapport à des jeunes qui vont dire Ah là là, on n'a plus aucune liberté en France Il y a des choses que ça permet de mettre en contexte, de montrer quand on parle de la position des femmes en Afghanistan, on parle aussi de la position des femmes en France. Il y a un effet miroir qui est chouette. Donc on a ces lignes directrices qui nous obligent dans le choix des sujets, et en tout cas il y en a une qu'on n'a pas, c'est de choisir des sujets pour faire plaisir à notre lecteur. On ne cherche pas, non pas qu'on n'en a rien à faire, pardon, qu'il soit heureux en lisant notre journal, mais... On pense que dans n'importe quel sujet, en tout cas qu'il y a des sujets qui sont importants, qu'il faut traiter, qui ne sont pas forcément plaisants. Une fusillade par exemple, une fois il y a une lectrice qui nous a demandé pourquoi vous avez parlé de la fusillade aux États-Unis dans une école. Et effectivement on pourrait ne pas en parler parce que c'est anxiogène, parce que c'est tout ça, mais en fait l'idée justement nous on pense qu'il faut en parler, justement parce que c'est anxiogène et que les enfants ils sont pas dans une bulle, et qu'eux ils vont en entendre parler, et que si tu t'emportes pas toi en tant que média jeunesse de ces sujets là, Pour en parler, pour dédramatiser, pour expliquer, pour comprendre, pour voir les ressorts, pour rassurer aussi. Sur ce sujet-là,

  • Speaker #2

    on avait aussi mis en avant l'argument qu'on en parle pour que les enfants français ne s'imaginent pas que demain, n'importe qui peut rentrer avec un fusil mitrailleur dans leur école. Parce que la demande d'armes n'est pas autorisée en France. Et que, contrairement aux États-Unis, où elle est quand même relativement libre.

  • Speaker #1

    Voilà. En tant qu'adulte, on a des fois du mal à se rendre compte des raccourcis qui peuvent se faire. Alors qu'on en fait plein des raccourcis aussi nous, mais qu'est-ce qu'on peut faire dans la tête d'un enfant ? Je me souviens, mon neveu, un lendemain de 14 juillet, les attentats à Nice, moi je suis dans l'allié, et du coup je vais chez mon neveu et je lui dis hier j'étais au feu d'artifice, mais j'étais au feu d'artifice à Clermont-Ferrand. Et du coup, pour lui, j'avais vu les terroristes, puisque j'étais au feu d'artifice. Alors que, ben non. Et là, ça c'est des choses qui aujourd'hui nourrissent ma façon de voir et de dire, tiens, tel sujet ou tel sujet, rencontrer nos lecteurs, on fait des rencontres dans les établissements scolaires, ça permet aussi de voir, de sentir le pouls, comme on dit quand on est une grande personne, sentir le pouls de notre lectorat. Donc voilà, tout ça, ça rentre en ligne de compte pour le choix de nos sujets. Et puis des fois, ça se passe bien, on est tout à fait d'accord, des fois on n'est pas d'accord.

  • Speaker #2

    Et comme le disait Valérie, comme une ligne éditoriale qui nous impose des grandes thématiques, on s'adresse aux enfants, donc en fait, notre but, c'est de, on peut dire comme ça, mais de former un peu les citoyens de demain, c'est-à-dire, il faut qu'ils se posent la question de comprendre. dans quel monde ils vont vivre demain et dans quel monde ils veulent vivre demain. Donc on ne peut pas se passer de parler de tous les problèmes climatiques qu'il y a. On parle aussi des problèmes économiques, des problèmes politiques, tout ça distillé un peu parmi les numéros. Et ce n'est pas systématique à chaque numéro. Ils font qu'ils commencent à émerger, enfin c'est notre objectif en tout cas, qu'émerge chez eux un... un début de conscience, pas forcément politique, mais en tout cas citoyenne.

  • Speaker #1

    Et avec tout cet enjeu, dans la façon dont on traite les sujets, les gens ont choisi d'avoir au maximum, et je crois qu'on y arrive, une neutralité. C'est pas un journal pour dire, sur tel sujet, c'est ça qu'il faut penser.

  • Speaker #2

    Oui, vraiment, l'idée c'est de présenter les différents points de vue sur un sujet, sans parti pris. de parler des faits en fait, et pas forcément... Nous en tout cas on ne fait pas de journées signées d'opinions, on ne leur dit pas qu'il faut penser comme on fait, un tel, un tel... On leur dit un tel pense comme ça, un tel pense comme ça, un tel pense comme ça... Après, à l'enfant de juger lui-même ce qu'il en pense à la lecture de l'article, est-ce qu'il pense que les bonnes idées sont plutôt de ce côté ou de ce côté, ou qu'il y a des bonnes idées partout, ou... Voilà, et qu'il se pose en fait des questions. à la fin. Qu'il ait eu des réponses, bien sûr, mais qu'il se pose d'autres questions.

  • Speaker #1

    Oui, l'heure où on se dit qu'on a gagné, c'est quand on a des parents qui nous disent Ah ben, c'est chouette parce que mon enfant m'a posé des questions sur tel sujet. Ou quand je demande à mon enfant Tiens, comment il sait ça ? et qu'il me répond C'est parce que je l'ai lu dans Albert. Ou quand Albert sert de base pour une discussion entre les parents et les enfants, ou entre des grands-parents qui vont abonner leurs petits-enfants et qui s'appellent au téléphone et que l'enfant leur parle des sujets choisis.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'un des aspects... d'Albert qui m'a impressionnée dès le départ, c'est cette capacité à raconter autant de choses sur le monde contemporain et le monde de demain. en si peu d'espace finalement parce qu'effectivement Albert a le format d'un vrai journal mais il a beaucoup moins de pages et néanmoins vous arrivez à raconter énormément de choses en traitant des sujets très très variés pour moi c'est en partie dû à la maquette qui est très sobre et très apaisante on retrouve ces articles il y a toujours le même ratio entre le texte et l'illustration et il y a un côté très facile je trouve dans la lecture d'Albert on n'a pas envie de passer du point A au point C on peut lire les articles dans le désordre bien sûr mais une fois qu'on a commencé un article on va jusqu'au bout, on va jusqu'à son encart on regarde l'illustration la lecture se fait de manière... Tout à fait naturel. Est-ce que, vous avez commencé à travailler sur Albert en 2015, est-ce que la maquette a évolué ? Est-ce qu'il y a eu plusieurs versions de cette maquette ?

  • Speaker #2

    C'est vrai que la première maquette, si la toute première maquette, elle ressemblait un peu à ça. Ça c'est mon petit côté psychorigide un peu, j'aime bien qu'il y ait des lignes, des colonnes, et la présentation d'un journal type avec des colonnes. On a quand même aéré le texte, on le disait tout à l'heure, parce qu'on s'adresse quand même à des enfants, donc on a un interlignage qui est assez important, des caractères qui sont quand même assez gros. Pour faciliter la lecture, c'est pas le monde non plus. On a essayé d'en faire quelque chose de pas trop indigeste, mais de très...

  • Speaker #1

    C'est un journal quoi, c'est un journal. Mais voilà, c'est pas parce que c'est un journal pour les enfants que ça doit avoir des petits personnages, des bulles, des machins, des flèches dans tous sens.

  • Speaker #2

    Ce que je disais c'est que la première maquette ressemblait à ça, puis après on en a essayé une deuxième où on avait un peu tout éclaté. Donc les images étaient pas dans des encadrés carrés comme elles sont aujourd'hui, elles étaient un peu détourées. Voilà, ça avait un petit côté un peu plus fun. Mais ça faisait moins journal. Et c'était pas hyper pratique. Et en plus, ça nous obligeait à mettre la lune dans l'autre sens pour quand même avoir la grande image. Enfin, ça le faisait pas. On avait essayé, on avait demandé à des lecteurs, ils s'y retrouvaient pas, ils ne savaient plus dans quel sens prendre le journal. Enfin, c'était pas très pratique. Et on en est revenus, en fait, à... à cette maquette-là, qui fait qu'on a un texte classique, clair, avec un début, une fin. Ce ne sont pas des petits blocs de paragraphes. Ça, ça fait plus livre documentaire pour les jeunes, en fait, où on va piocher des infos par-ci, par-là. Moi, j'avais envie d'un texte aussi où, justement, on pouvait dérouler. pas une argumentation parce que justement c'est pas le but de leur dire quoi penser, mais dérouler le propos, c'est-à-dire de dire, ben voilà, on est obligé de suivre ce fil. Le format oblige à prendre le texte au début et à aller jusqu'à la fin, donc on a des intertics pour faire respirer un peu le texte. Enfin voilà, ça c'est des processus classiques de journaux qu'on retrouve dans toutes les maquettes. Mais voilà, on ne peut pas s'arrêter en plein milieu et dire c'est bon, j'ai compris. Non, il faut vraiment aller jusqu'au bout pour saisir la globalité du sujet, de ses enjeux, et avoir in fine cet esprit critique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une mise en page qui est classique, mais du coup qui est efficace, du coup qui répond à... toutes les normes, on va dire, tous les fonctionnements habituels d'un journal, ce qui fait qu'en un enseignant, quand on va utiliser le journal en classe, le titre est à l'emplacement du titre, le sous-titre est à l'emplacement du sous-titre, l'intertitre est au bon emplacement, les chapeaux sont là où ils devraient être, les encarts sont là où ils devraient être. Et en fait, on se dit que si c'est pour plonger l'enfant dans l'univers de la presse, autant partir sur les bases classiques et autant partir sur... que ça ressemble à un journal. Et puis l'idée, c'est que c'est un journal qui est sérieux, donc où l'enfant va apprendre des choses, on les sert dans le contenu, dans la mise en forme, et ça laisse une grande place à l'illustration aussi.

  • Speaker #0

    Comment se passe le travail, la collaboration avec les illustrateurs et illustratrices pour le journal, justement depuis le choix du sujet en conférence de rédaction jusqu'à la validation finale de l'illustration, puisque vous invitez à chaque nouveau numéro une nouvelle personne à contribuer au journal ?

  • Speaker #2

    Les articles ne sont pas écrits quand eux, ils ont les consignes. En fait, ils illustrent en même temps que moi, je vais écrire les articles. Donc on travaille en parallèle. Simplement, quand on a choisi et le sujet et l'angle, c'est-à-dire la façon dont on va traiter le sujet, dont on va l'aborder, moi je leur fais un petit résumé de ce qu'il va y avoir dans l'article. et de quoi on parle et présenter les personnages si besoin, etc. Et ensuite, je leur mets dessous une petite consigne. Donc, ils sont très libres dans leur interprétation, dans leur technique, dans leur choix de couleur. On ne leur demande rien. Simplement, parfois, on leur dit, ben voilà, là, on parle d'un personnage. Donc, c'est évident, il faut qu'il y ait quelque part la tête du personnage, qu'on visualise à peu près à quoi il ressemble. Ou très exceptionnellement, ça m'arrive. de dire t'es libre dans ce que tu fais mais ça on ne peut pas. Par exemple, en cas de guerre, moi je leur dis ça ne m'intéresse pas de voir des chars des soldats et des bombes qui explosent. Ce n'est pas le propos, tout le monde sait que la guerre c'est violent, enfin ce n'est pas la peine. Donc on cherche parfois des choses encore plus subtiles, de la symbolique. Des choses qui permettent aussi après de faire de la lecture d'image avec les enfants, qui questionnent leur sensibilité et leur compréhension de l'image. Donc voilà, on leur envoie ce brief là et ensuite le travail est ajusté tout au long de la collaboration qui dure à peu près 10 jours. Eux ils envoient des croquis, enfin un croquis généralement, que moi je réoriente en fonction de la symbolique justement, bien ou pas. Et la seule vraiment ligne de conduite c'est que j'exige que l'illustration ne... ne permettent pas de contredire le texte. Parce que sinon on envoie deux infos différentes et en fait pour les lecteurs ce n'est pas possible. Donc il faut absolument que l'illustration vienne compléter le propos, l'enrichir, mais surtout pas permettre de le contredire. Après pour le reste ils sont totalement libres.

  • Speaker #0

    Je trouve très important et poétique aussi la manière dont Albert, à travers l'illustration, va sans doute favoriser, en tout cas c'est mon analyse, les discussions, notamment entre générations, parce que les enfants vont avoir accès à un point de vue, à une information. que d'autres adultes n'auront pas. C'est-à-dire qu'ils vont pouvoir se baser sur le point de vue d'un illustrateur pour évoquer en famille un sujet d'actualité et partager ce point de vue avec des adultes qui n'auront pas le même niveau d'information qu'eux. Et je trouve ça assez intéressant parce que quelque part, ça apporte une dimension sans doute de fierté de l'enfant aussi à avoir une information qu'un adulte n'a pas.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée c'est de mettre le texte, de provoquer la discussion entre lecteurs, qu'ils soient enfants, parents. Parfois c'est les parents qui nous disent c'est moi qui lis Albert Dabow, ça me paraît d'avoir des clés pour répondre aux questions de mes enfants Donc voilà, que ce soit par le texte, que ce soit par l'image, encore une fois ça se complète, c'est vraiment le but. de permettre d'amorcer des discussions. Et cette commande 1, elle est bien aussi parce qu'elle permet de montrer que dans la lecture du journal, il y en a beaucoup qui s'amusent à faire ça, alors qu'ils soient soit en classe, soit particuliers à la maison, d'essayer de deviner avec l'image, avant d'ouvrir le journal, de quoi on parle à l'intérieur. Voilà, et donc ça, c'est le petit côté qu'on aime bien aussi, ludique, c'est d'essayer de comprendre. Chaque fois on voyait une image, ah bah alors ça parle de quoi cette fois-ci ?

  • Speaker #2

    D'ailleurs, pour ceux qui aiment jouer à ce petit jeu, Julie fait à chaque numéro une vidéo qui vient donner la solution, la soluce. On peut juste ouvrir le journal, mais en même temps, tu viens aussi parler un peu de la technique de l'illustratrice ou de l'illustrateur. Tu viens parler aussi un peu de pourquoi t'es symbolique, pourquoi t'es symbolique.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, en 2024, combien Albert a d'abonnés ? Principalement des enfants, mais il y a sans doute dans le lot quelques adultes. Comme moi aussi. Combien avez-vous d'abonnés ?

  • Speaker #1

    Autour de 2000. C'est assez variable selon les saisons de l'année. En été, c'est un petit peu moins. Les gens attendent la rentrée pour se réabonner. Donc là, on est un petit peu dans le creux de la vague, mais on est autour de 2000 abonnés. Dans les bonnes périodes où on a plus d'abonnés, on est autour de 3 000. Mais on est aussi entre 2 000 et 3 000 depuis plusieurs années.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est important de dire que ce sont les abonnés qui financent exclusivement Albert. Vous ne faites absolument pas de public rédactionnel ou de publicité, notamment pour conserver votre indépendance et votre neutralité. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est difficile d'être neutre. Tout en faisant de la publicité. On peut le faire, mais par exemple, j'ai un exemple sur un quotidien jeunesse. C'est pas forcément un quotidien, parce qu'il y a tellement de postes. Voilà, sur un titre de la presse jeunesse qui faisait du public reportage, mais au final il s'était décrypté l'impact de la viande sur l'écologie. Mais c'était financé par j'aime la viande.com. Du coup c'est un peu difficile. Et donc ça expliquait que la PAC de la viande sur l'élevage intensif était très faible par rapport aux avions. C'est des trucs comme ça et c'est pas ce qu'on veut faire. Parce que même sans dire de mensonge, même si tout ce qu'on dit, si on choisit un angle en particulier parce que notre financeur c'est telle ou telle personne... Bah c'est pas la même mission quoi.

  • Speaker #1

    Oui bah disons qu'on n'a pas trop le choix ensuite de contredire le propos. Parce que là, dans le cadre de ce public reportage, effectivement, ce qu'il donnait c'était de l'information brute et chiffrée. C'est-à-dire oui, l'impact de l'élevage c'est je sais plus combien de fois moins que l'impact de l'avion, certes. mais après on ne dit pas que peut-être avec les litres d'eau économisés par l'élevage bovin, on pouvait aussi cultiver tant de tonnes de riz pour nourrir tant de personnes. En fait, tout ça, nous on aime bien, quand on fait des articles, remettre en perspective les choses et dire, oui les agriculteurs bovins ont besoin de vivre, et il ne s'agit pas que tout le monde devienne végétarien du jour au lendemain pour sauver la planète, mais peut-être qu'il y a des systèmes qu'on peut mettre en place pour les aider, et à la fois aussi à l'élargir les transitions écologiques. Voilà, en fait, tout est une question de mesure, et nous on aime bien. remettre les choses en perspective, alors que dans le cadre du public reportage, effectivement, ça ne l'était pas du tout. Et la publicité, n'en parlons même pas, parce que c'est... De toute façon, la question ne se posait même pas, parce que pour vendre de la publicité, il faut qu'il y ait quelqu'un qui sache que la publicité, nous, ce n'est pas notre métier. Ça voulait dire embaucher un commercial, ça voulait dire payer une personne... pour qu'elle ramène de l'argent, et pour payer son salaire, et pour payer le journal. Au final, ça n'a aucun sens. Oui,

  • Speaker #2

    c'est plutôt qu'on vise un public, 9-14 ans, qui est jeune, très jeune, et qui ne fait pas forcément la différence entre ce qui est du public reportage, ce qui est de la publicité, ce qui est de l'information. Et ça, ça nous paraît dangereux. En tout cas, on ne peut pas se retrouver dans la situation où on soit gêné. par une publicité qui va dire quelque chose qui n'est pas factuel, ou une publicité qui va venir en contradiction avec un article. On ne veut pas se retourner dans la situation et se dire est-ce qu'on parle de ça parce qu'on a tel financeur en pub ?

  • Speaker #1

    Même quand il n'y a pas vraiment d'enjeu, par exemple un théâtre qui voudrait venir faire de la pub parce qu'ils ont tel spectacle à l'affiche, c'est quelque chose où il n'y a pas d'enjeu politique ou économique énorme, mais simplement culturel. Mais il y a d'une part, oui, le fait qu'on n'a pas envie d'être lié. Alors, financeur quel qu'il soit, même si la cause va être tout à fait noble, et aussi il y a un manque de place, c'est-à-dire que là où on va mettre une pub, on ne pourra pas mettre un article. En fait, il y a toute une myriade de choses qui font que, en fait, par essence, la pub n'a pas sa place dans Albert.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous êtes entouré depuis les débuts d'Albert ? Puisqu'un journal, c'est aussi beaucoup de logistique, comment avez-vous trouvé vos prestataires, vos partenaires ?

  • Speaker #2

    On a pris nos petites pattes. Bien des petites pattes, ce n'est pas forcément la voiture, parce qu'on s'est entouré proche de chez nous. L'idée, c'était d'avoir des gens en qui on pouvait avoir confiance, avec qui on pouvait faire un travail sur le long terme. Je crois que pour avoir confiance aux gens, dans les gens, et faire un travail de long terme avec eux, c'est important de pouvoir boire des cafés. Avec eux, l'imprimerie qui imprime le journal est à côté, on les connaît, on travaille avec un CAT, c'est une société qui emploie des travailleurs handicapés, on travaille avec eux aussi depuis le début, en bonne entente.

  • Speaker #1

    Tout a été fait, c'était très artisanal et puis quand on a commencé à augmenter le volume des abonnés, on a... On a fait appel à cet exact qu'on ne connaissait pas en fait et dont on a eu contact par l'imprimeur. Donc tout ce réseau local s'est constitué aussi par un contact. locaux. Les aides, ça fait depuis 2018 qu'on travaille avec eux. Maintenant, ils travaillent de concert avec l'imprimeur, ils se font livrer directement les journaux et c'est eux qui, avec des machines un peu plus professionnelles que ce qu'on avait, impriment les enveloppes et après, les travailleurs font la mise sous pli, le routage et apportent les exemplaires à la poste.

  • Speaker #0

    Donc un réseau local, durable et fidèle, si je comprends bien.

  • Speaker #2

    Oui, on a cette chance d'être entouré de gens fidèles, que ce soit notre imprimeur, le CAT, les AT, nos lecteurs, nos abonnés sont aussi fidèles, donc ça c'est une grande chance.

  • Speaker #0

    Alors, on l'aura compris, Albert est un journal qui a des abonnés dans toute la France, mais qui est quand même très ancré dans une histoire locale. Revenons justement sur le nom du journal. Pourquoi Albert ?

  • Speaker #2

    Alors, à une époque est né un monsieur qui s'appelle Albert Londres. Et il a vécu à Vichy. Donc Vichy qui est dans... Il est né même à Vichy, dans l'Allier. Qui est la région où je suis né, moi aussi. Qui est la même région dans laquelle est né le journal Albert. Donc Albert est né dans le Puy de Dôme, donc en Auvergne. Et cette personne, Albert Londres, ce journaliste, a fait du journalisme différemment, et du journalisme qui fait écho au journalisme d'aujourd'hui, au journalisme qu'on veut faire avec Albert.

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, il y a un prix du journalisme qui s'appelle le prix Albert Londres qui est avec Pulitzer, je pense, le prix le plus prestigieux que peut recevoir un journaliste. C'est dire si l'image de l'Albert Londres est importante pour la communauté des journalistes. Donc effectivement, comme l'a dit Valentine, c'est à la fois le plein d'œil local de ce journaliste qui est né à 50 kilomètres de chez nous, et en même temps de ce journaliste ultra célèbre qui a fait le tour du monde. et qui a en fait pour la première fois fait du journalisme comme on le pratique aujourd'hui, c'est-à-dire du journalisme de terrain. Il est sorti de chez lui, il est allé voir comment ça se passait, et il a raconté sur le terrain. ce qui se passait. Après, lui, c'était un journaliste engagé, ce qui n'est pas le cas, puisqu'on n'est pas militant, mais avec une fibre sociale, une volonté de raconter la société, de raconter comment ça se passe dans les bagnes de Cayenne. Il a raconté en direct les bombardements dans la Marne, enfin. Voilà, ça, les journalistes ne le faisaient pas à l'époque. Ils étaient à Paris, dans un bureau, ils recevaient les nouvelles et ils les transcrivaient. Et souvent, ils les commentaient, c'était du journalisme d'opinion, pas du journalisme où on raconte le monde. Et Albert Londes, c'est le premier qui a vraiment fait ça. Et nous, on reste un peu dans cette veine-là, dans on raconte le monde Ouvrez-nous, les enfants, ouvrez le journal, on va vous raconter. Le monde, on va s'expliquer le monde.

  • Speaker #2

    Avec Albert Londres, on est sur un journalisme de curiosité et un journalisme d'explication, où le journaliste va aller voir, aller comprendre, aller découvrir, interroger, se questionner, et après va faire le compte-rendu pour permettre à ses lecteurs de faire ce même schéma, comprendre, découvrir, être curieux, se questionner et se faire ses opinions. Et ça, ça fait complètement écho à ce que fait Albert, pas le Londres, mais Albert, le journal papier pour les enfants de 9-14 ans. Voilà, soyez curieux, essayez de comprendre, on vous donne quelques clés, essayez d'aller voir plus loin, parlez-en autour de vous, échangez, l'actu ça crée du lien aussi, et tout ça, tout ce que représente pour le journalisme Albert Londres, nous paraît bien faire écho. à ce qu'on voudrait que représente ce journal.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de cet entretien. Une question que j'aime bien poser, comme le podcast s'appelle The Fabricants, qu'est-ce que vous avez envie de fabriquer pour le futur avec Albert ?

  • Speaker #2

    L'envie que j'ai pour le futur avec le journal, c'est déjà de continuer à faire ce journal. Et après, c'est de le mettre dans les mains de plein d'enfants. de le rendre accessible, parce qu'avec Albert on rend l'actualité accessible, et maintenant j'aimerais que Albert soit lui-même accessible, et donc c'est d'aller essayer de travailler avec des intermédiaires, avec des médiathèques, avec des établissements scolaires, avec des associations d'éducation aux médias, avec des associations d'éducation populaire, avec pourquoi pas des départements, pourquoi pas, enfin voilà, avec toutes les bonnes volontés, pour essayer de... de rendre ce journal accessible et dans l'idéal, un monde merveilleux, d'enlever une barrière à l'achat du journal, parce que comme on n'a pas de publicité, il faut bien financer quelque part les choses. C'est pas ingratuit. Ne pas être ingratuit, c'est le coût de l'indépendance, mais du coup c'est pas ingratuit et ça peut être une barrière à l'entrée. Et c'est vrai que c'est dommage qu'il y ait cette barrière à l'entrée dans notre mission, dans ce qu'on a envie de faire, dans nos valeurs. Donc ça serait ça, mon envie de fabriquer, c'est un... un monde où quelqu'un qui veut découvrir Albert puisse le faire sans être bloqué par le prix.

  • Speaker #0

    Et pour toi, Julie ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est un peu comme aujourd'hui. Ce qu'on fabrique, à mon sens, c'est pas matériel. On fabrique de l'esprit critique, on fabrique une conscience. Et comme le dit Valentin, ce qui... Ce qui serait idéal, c'est qu'on soit accessibles au plus grand nombre possible pour parler au plus grand nombre possible et permettre à tous de se forger une opinion. Et si possible, pourquoi pas des opinions différentes, parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'une société, c'est que les gens pensent différemment, débattent, argumentent, et puis apprennent à vivre ensemble pour aller vers le meilleur. Donc voilà, on a une grosse responsabilité parce qu'on parle à des futurs citoyens et durant quelques années c'est eux qui vont choisir notre futur à tous, enfin en tout cas ils vont contribuer donc à nous d'aider à dire tu es un enfant mais tu as aussi le droit d'avoir un avis sur… sur des questions et tu as le droit de t'exprimer et tu vas avoir plus tard le droit de t'exprimer en votant, en manifestant peut-être, en militant, en faisant des actions associatives ou autres. Et voilà, faire le droit. va faire grandir un peu ces enfants.

  • Speaker #0

    Eh bien, on arrive à la fin de cet entretien. Je propose qu'on reste sur ces jolis mots de fin, Julie. Merci à vous deux, Julie Lardon, journaliste, Valentin Maté, éditeur et éditeur jeunesse à la poule qui pompe. On peut trouver vos superbes livres en librairie. On peut retrouver le journal Albert sur votre site. Je mettrai tous les liens dans les notes de l'épisode. Le site, c'est journal-albert.fr pour en savoir un petit peu plus sur le journal, pour revoir tout ce qu'on vient de se dire et surtout pour s'abonner. Je vous remercie infiniment pour votre temps et pour cet échange. encore une fois je mets tous les liens dans les notes de l'épisode merci beaucoup à vous deux et j'attends mon prochain numéro d'Albert avec impatience merci beaucoup à bientôt merci c'est la fin de cet épisode merci de votre écoute si ça vous a plu n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir et permet une plus grande visibilité au podcast mais aussi au projet présenté Vous pouvez suivre l'actualité de The Fabricants en vous abonnant à la newsletter ou en me suivant sur LinkedIn ou Instagram. Je vous laisse tous les liens dans les notes de l'épisode. Cheers et à bientôt pour la suite de la saison 1, Poisonnement de The Fabricants. Oyez, oyez, le podcast sera en pause cet été, au mois d'août, mais je vous retrouve dès la rentrée le 5 septembre. A bientôt sur The Fabricants.

Description

Un vrai journal papier pour les 9-14 ans, pour comprendre le monde et se forger ses opinions avec une actu vérifiée, recoupée, variée et illustrée ? Albert l'a fait ! En choisissant l'indépendance, une maquette sobre, un rédactionnel limpide et l'illustration plutôt que la photo de presse, Albert apporte tous les 15 jours, sur abonnement, les clés d'une actualité complexe, en proposant différents points de vue et une entrée en douceur et en dessin dans l'actu de fond.

Rencontre avec les fondateurs Julie Lardon et Valentin Mathé, pour parler choix éditoriaux, neutralité, citoyenneté, et petit journal illustré. Régalade !
Image de couverture : une du journal Albert n°158 illustré par Sarah Vieille :

https://sarahvieille.com/accueil-1

Instagram : https://www.instagram.com/sarahvelha/?hl=fr


Retrouvez ALBERT sur :
Le site web : www.journal-albert.fr
Instagram : @albert_lejournal https://www.instagram.com/albert_lejournal/


Et la maison d'édition jeunesse de Valentin Mathé, La Poule qui pond :
https://www.lapoulequipond.fr/

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Cheers!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur The Fabricants. Dans ce podcast, sous forme d'interview ou en solo, je vous présente des créateurs, créatrices et porteurs de projets qui imaginent des objets, de nouvelles matières, de nouveaux regards et de nouveaux espaces vers de nouveaux possibles. Vos gestes, design, santé, tradition ou innovation, dans cette saison 1 de The Fabricants que j'ai appelée Foisonnement, on décloise, on dessilote, on découvre des projets reliés par leurs belles intentions et l'excellence de leur réalisation. Je suis Priscillia Guillot, marketer et copywriter, curieuse et sensible aux projets pleins de sens. Aujourd'hui, je reçois Julie Lardon et Valentin Maté pour Albert, un très beau journal d'actualité illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Bienvenue sur The Fabricants. Bonjour Julie, bonjour Valentin, comment allez-vous aujourd'hui depuis Clermont-Ferrand ?

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour, on va dire que ça va.

  • Speaker #2

    Bonjour Priscilla, ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour parler d'Albert, petit journal illustré pour les 9-14 ans, qui paraît tous les 15 jours. auxquels je suis abonnée, et que j'attends chaque fois avec une grande impatience. Mais je vais vous laisser vous présenter en quelques mots chacun votre tour avant de parler du journal. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

  • Speaker #1

    Moi, je commence. Je suis éditeur jeunesse. J'aime mes enfants. J'aime ma femme, surtout qu'elle est à côté. Alors, il faut faire gaffe. J'ai participé à la création du journal jeunesse Albert. Je te rappelle que c'est un journal de jeunesse puisque tu es abonnée et tu n'es pas une enfant.

  • Speaker #0

    Absolument, tu fais bien de le rappeler, j'ai 44 ans, donc il n'y a vraiment pas de limite d'âge pour lire Albert. Et toi, Julie, si tu devais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #2

    Moi, je suis journaliste. J'ai un diplôme de journaliste, j'ai travaillé dans des médias. Et après, je me suis dit, si je faisais mon propre média pour les enfants, parce que j'ai l'impression d'être plus utile en... décryptant l'actualité pour les jeunes, qu'en répétant, c'est ce qui se dit de la même manière partout. Donc voilà, avec Valentin, on a fondé ensemble le journal Albert. Il est paru pour la première fois en 2016, donc ça fait depuis 2015 à peu près qu'on... On travaille au projet.

  • Speaker #0

    Alors Albert, c'est un journal illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Moi j'ai été emballée par la maquette et l'esthétique du journal. Comment le décrirais-tu juste à la voix ?

  • Speaker #2

    Déjà il est grand, c'est un format A3 et il est illustré. Les deux principales caractéristiques qui font que si un jour... Vous voyez, un grand journal avec des illustrations, c'est Albert. C'est vraiment ça qui nous définit. Et c'est ça aussi qui vient puiser dans nos deux identités, à chacun, à Valentin et à moi. C'est-à-dire que moi, j'ai apporté dans la création de ce journal la partie journalistique avec tout ce qu'on connaît du journalisme, des infos vérifiées, regroupées. du décryptage d'actualité. Valentin, lui, a apporté plutôt la fibre artistique, son goût pour l'illustration. On précise que ce n'est pas lui qui dessine, parce que sinon, on n'aurait pas beau...

  • Speaker #1

    C'est bien dit, la fibre artistique. En gros, moi, dans les livres, je regarde les dessins.

  • Speaker #2

    Parce qu'il est éditeur de livres à côté, il ne l'a pas précisé. Mais tu as dit, je suis éditeur de livres, mais tu as une maison d'édition jeunesse.

  • Speaker #1

    La poule qui pond. Il faut aller en librairie et acheter plein de livres.

  • Speaker #2

    petite page de pub. Et en fait, la maison d'édition existait avant le journal, et c'est se travailler déjà avec beaucoup d'illustrateurs avant pour l'édition de livres. Et en fait, le journal a débuté avec les illustrateurs, comme Maison, Capoultipon, avant, après, de s'élargir à plein d'autres illustrateurs. Mais voilà, au gros... Les deux caractéristiques principales viennent de chacun d'entre nous.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'il faut du coup quand on présente l'équipe, donc il y a Julie, il y a moi, et il y a la vingtaine d'illustrateurs, parce qu'à chaque numéro c'est un illustrateur différent.

  • Speaker #2

    La vingtaine par an.

  • Speaker #1

    La vingtaine par an. Et du coup la cent cinquantaine.

  • Speaker #0

    Oui, je voulais justement y revenir parce qu'en effet, à chaque nouveau numéro d'Albert, vous invitez un illustrateur ou une illustratrice à venir rendre compte de l'actualité avec son propre point de vue sur une très grande une qui prend une pleine page. Et puis cette une, elle se retrouve à l'intérieur du journal puisqu'elle vient illustrer par petits morceaux tous les articles du journal. Pourquoi ? avoir fait le choix de l'illustration exclusivement et non pas par exemple un mélange entre l'illustration et la photo.

  • Speaker #1

    Déjà c'est un choix de situation, comme disait Julie, je suis éditeur jeunesse, je connais des illustrateurs, je travaille avec beaucoup d'illustrateurs et c'est vraiment ça moi qui m'attirait. Et après c'est aussi un choix qui est venu, et Julie en parlera peut-être mieux que moi, qui est intéressant par rapport au traitement de l'actualité pour les enfants.

  • Speaker #2

    Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on s'est dit que plutôt que de reprendre les mêmes photos qu'on voit partout, parce qu'on a beaucoup de concurrents, de confrères, qui font de l'actualité pour les enfants, c'est souvent des gros groupes qui sont financièrement solides et qui ont aussi de quoi s'acheter le fil de photo AFP qui coûte 5 000 euros par an. Nous, déjà économiquement, c'était clairement pas possible. et on ne voyait pas en plus la valeur ajoutée de notre produit si on faisait la même chose. On allait écrire des articles qui seraient certes différents, sur des sujets peut-être différents, mais si c'était au final pour revoir la même photo qu'on voit dans les journaux, et pour enfants et même pour adultes, puisque un fil AFP ou un fil d'une grande agence de presse permet à plein de journaux d'avoir accès aux mêmes photos parce qu'ils n'ont eux-mêmes pas les photographes maison pour un moment. pour illustrer leurs articles. On ne voyait pas trop l'intérêt. Donc, on a choisi l'illustration à la fois par choix et à la fois par contrainte. et en en faisant une force, en se disant, ben voilà, les enfants, plutôt que de voir une photo qui sera peut-être pas très parlante, ou qui sera cadrée de telle ou telle façon qu'elle ne dira pas forcément exactement la réalité, nous, on va carrément partir dans un autre monde, parfois même dans l'imaginaire, avec l'illustration. On demande à ce que les illustrations soient colorées, donc après c'est plus ou moins à l'aspecté selon les styles, mais... C'est quand même une demande qu'on a, que ça soit attirant pour les enfants. Et en fait, ça leur permet de plonger dans l'actualité par un chemin de traverse, plutôt que d'aller directement au fait qu'on a parfois des choses un peu détournées. On peut jouer sur l'humour, on peut jouer sur la symbolique. Ça permet énormément de liberté, beaucoup plus qu'une photo qui va représenter quelque chose de figé.

  • Speaker #1

    Ça apporte aussi un côté un peu détendu, plaisant à l'actualité, parce qu'on ne va pas se mentir, à l'actualité. C'est pas toujours très fun. Et pourtant, il y a ce côté découvert de l'illustration, surprise, avec l'illustrateur différent à chaque fois. Et le retour qu'on nous fait, notamment des enseignants, c'est que c'est le chemin de passer de la première rencontre avec l'actu sur une illustration qui est un imaginaire d'artiste. On passe par l'artiste, par l'éducation à l'image. Ensuite, il y a la lecture du texte qui vient donner les clés, qui comprend le sujet. Et après, les enfants... Ils peuvent aller sur internet avec l'enseignant par exemple pour voir les images. Et cette entrée dans les images après être passée par ce chemin, illustration, imaginaire, représentation des symboliques. texte de compréhension puis image est vachement plus intéressant d'après les retours qu'on nous fait sur que de rentrer directement par l'image, et de toute façon la rentrée directe par l'image elle est extrêmement faite par les enfants, ils en sont abreuvés tous les jours, notre public il a 9 à 14 ans, une partie de notre public est sur les réseaux sociaux, et là ils ont de l'image à foison, et de l'image de la fake news, de l'image non commentée, de l'image non décrite, et au moins l'illustration. On voit que c'est pas la réalité, tout de suite, parce que c'est dessiné.

  • Speaker #2

    On assume que c'est pas vraiment contextualisé, alors que sur les réseaux sociaux... Je pense notamment aux collégiens, ils sont beaucoup déjà sur TikTok et tout ça, même si les réglementations ne permettent pas forcément, mais bon, les faits sont là. Quand en quatrième, ils nous parlent de vidéos qu'ils ont vues sur TikTok, alors qu'en fait, d'autres confrères qui font ce travail de décryptage, de vérification, disent Ah oui, cette vidéo, elle a beaucoup circulé, mais en fait, on sait qu'elle date d'il y a 10 ans, et en plus, ce n'est pas du tout dans le pays Mais non, enfin voilà, le fait que ça soit parfois sorti de son contexte et tout ça, mais qu'on le présente comme étant l'actualité, ça peut être gênant. Nous au moins, oui, on montre pas le sujet par photo, par vidéo, mais c'est assumé. Et après, comme disait Valentin, on a toute une partie revue de presse numérique, où là en fait on sélectionne, enfin c'est moi qui le fais, c'est un travail de direction, je sélectionne des vidéos. que j'estime pertinentes pour aller plus loin dans le sujet et là pour voir des images réelles et contextualisées du sujet qui est évoqué dans le journal.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant, c'est vrai que moi je n'avais même pas eu ce niveau d'analyse. Je lis Albert très régulièrement, je suis vraiment une lectrice assidue justement parce que ça me permet de découvrir l'actualité de manière factuelle sans souffrir de la violence ou de la redondance des images dont on est abreuvé par ailleurs. Mais c'est vrai que cette lecture par couche, je ne l'avais même pas... Je n'avais même pas anticipé en fait, et je trouve ça très intéressant, cette entrée en douceur par la une entièrement illustrée, puis ensuite par des zooms de la une qui viennent illustrer les textes factuels, et ensuite éventuellement sur la base du volontariat, accompagné ou en autonomie si on en est capable, d'aller voir les vraies images. C'est vraiment un prisme intéressant, je n'étais pas allée à ce degré d'analyse. Et justement pour en revenir au texte, parce qu'Albert c'est l'illustration, mais c'est aussi beaucoup de texte, dans chaque numéro, donc ça se présente, c'est un format A3, c'est une double page recto verso A3, donc 4 pages A3, et à chaque fois on a donc cette une illustrée, un article de fond en 5 questions, en 5 points clés, un gros plan avec un encadré, un article scientifique, lui aussi avec donc illustration encadrée, Un article historique, La machine à remonter le temps, qui fait la part belle aux personnages féminins qui ont marqué l'histoire d'ailleurs. Et puis les actus internationales, en général trois actus internationales et les actus insolites. Comment est-ce que vous choisissez de nourrir cette maquette ? Comment est-ce que vous choisissez les sujets ?

  • Speaker #2

    En fait, moi je suis très autoritaire, donc je n'impose mes choix. On croit beaucoup que le travail de journaliste ça consiste à écrire des articles, en tout cas en presse écrite. En fait, c'est vraiment le dernier truc qu'on fait. Le gros gros du travail c'est de la veille d'actualité, c'est-à-dire que tous les jours, mon premier travail c'est d'ouvrir les journaux, d'écouter l'radio. éventuellement parfois de regarder des reportages télé, des extraits de cités, tout ça, et en fait de m'imprégner de ça, de ce qui se passe dans l'actualité, dans la société. près, loin, de marrants, de moins marrants, de scientifiques, et de faire une espèce de méli-mélo, tout ça, et puis je tire des fils à partir de ça. Très concrètement, on a avec Valentin une sorte de plateforme partagée où on note nos idées en disant, par rubrique, pour la rubrique scientifique, on pourrait parler de ça, pour la rubrique historique, on pourrait parler de ça. Et en fait on se réunit comme après le fonctionnement classique d'un journal, deux semaines avant l'apparition, dès qu'un numéro est sorti on attaque le suivant, on choisit les sujets à ce moment-là, on part de cette liste qu'on a préétablie pendant tout le temps avant. Alors parfois il y a des sujets qui sont proposés un an à l'avance, par exemple je sais que dans un an il y aura un an.

  • Speaker #1

    Il va y avoir des élections aux États-Unis.

  • Speaker #2

    Voilà. Par exemple. Pour comprendre, on sait déjà qu'il y aura à minima un gros plan, voire sûrement un article en cinq questions, un gros article en format, sur les élections américaines. Ça, on ne pourra pas y couper. Et ça, il est déjà inscrit dans notre liste d'idées. Et quand on arrive à la proférence de rédaction, on a cette liste d'idées qu'on a notée et on en discute. Alors ça, est-ce que c'est pertinent ? Est-ce que ce n'est pas pertinent ? Si on fait ça, il faut le faire absolument à ce numéro-là, parce qu'après ça sera passé et ça ne sera plus la peine d'en parler. Donc c'est forcément par anticipation maintenant. Alors que celui-là, on a le choix, on peut peut-être le repousser un peu. Et au final, c'est comme ça qu'on se... qu'on finit par arriver à... Et puis parfois, il faut faire des choix, c'est malheureux. Il y a deux sujets qui nous plaisent. Et bien, on choisit en essayant de trouver des arguments qui font que pourquoi celui-là plutôt que celui-là. Et en ayant toujours à l'esprit, et parfois ça nous arrive, c'est pas systématique, mais de demander conseil à des gens qui sont plus près de nous, de ce public-là. des parents, des enseignants, est-ce que ton enfant, il te pose des questions sur ça ? Est-ce que tu penses que ça serait intéressant ? Est-ce que vos élèves parlent de ça dans la cour ? Est-ce que, voilà, et ça, ça permet aussi parfois de trancher ou même d'avoir des idées. Vous ne pouvez pas faire un article sur ça parce que les élèves, ils... Et puis souvent avec beaucoup de désinformation, de déformation, d'idées reçues, etc. Donc ça aussi, ça nous guide.

  • Speaker #1

    Voilà, et puis on a quelques lignes directrices. Éviter de parler, de faire que des sujets autour de l'économie ou que des sujets autour de l'écologie. D'essayer de montrer que l'actu est très diversifié pour montrer qu'il y a tout l'université. Par exemple, sur les actus internationales, on a une règle qu'on tient depuis plus de 150 numéros. Si on parle d'un pays dans un continent. on doit parler d'un pays dans un autre continent et encore d'un troisième pays dans un autre continent. Pour être sûr qu'on va à chaque fois... Parce que sinon, on se laisse très vite enfermer, et vous pouvez voir sur les sites d'information, on peut se laisser très vite enfermer dans l'actu internationale qui va se résoudre à juste... En fait, qu'est-ce qui s'est passé en Angleterre, en Allemagne et en Italie ? Et aux Etats-Unis. Alors l'actu internationale, oui, c'est les Etats-Unis.

  • Speaker #2

    C'est pour faire Allemagne, Italie, Etats-Unis...

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #2

    On essaye de varier, et parfois on prend une actu qui est... Pardon, je t'ai coupé. Pas forcément très importante du point de vue de l'actualité, mais juste parce que ça se passe dans un pays dont on ne parle jamais. Par exemple, ils ont interdit TikTok au Kirghizistan. On s'est dit, ah, mais ce pays, personne ne sait qu'il existe. Il faut absolument qu'on parle de ça.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, ces actus qui sont dans les pays, à la fois ça vient être intéressant en termes de culture générale, de parler de ces pays-là, Mais c'est des actus qui font écho. Oui. Qui font écho à ce qui se passe. Alors souvent les actus internationales sont très intéressantes parce qu'elles montrent la diversité du monde, mais elles font vachement écho. Quand on parle d'un pays où le rock est interdit parce que c'est une musique sataniste, c'est intéressant par rapport à des jeunes qui vont dire Ah là là, on n'a plus aucune liberté en France Il y a des choses que ça permet de mettre en contexte, de montrer quand on parle de la position des femmes en Afghanistan, on parle aussi de la position des femmes en France. Il y a un effet miroir qui est chouette. Donc on a ces lignes directrices qui nous obligent dans le choix des sujets, et en tout cas il y en a une qu'on n'a pas, c'est de choisir des sujets pour faire plaisir à notre lecteur. On ne cherche pas, non pas qu'on n'en a rien à faire, pardon, qu'il soit heureux en lisant notre journal, mais... On pense que dans n'importe quel sujet, en tout cas qu'il y a des sujets qui sont importants, qu'il faut traiter, qui ne sont pas forcément plaisants. Une fusillade par exemple, une fois il y a une lectrice qui nous a demandé pourquoi vous avez parlé de la fusillade aux États-Unis dans une école. Et effectivement on pourrait ne pas en parler parce que c'est anxiogène, parce que c'est tout ça, mais en fait l'idée justement nous on pense qu'il faut en parler, justement parce que c'est anxiogène et que les enfants ils sont pas dans une bulle, et qu'eux ils vont en entendre parler, et que si tu t'emportes pas toi en tant que média jeunesse de ces sujets là, Pour en parler, pour dédramatiser, pour expliquer, pour comprendre, pour voir les ressorts, pour rassurer aussi. Sur ce sujet-là,

  • Speaker #2

    on avait aussi mis en avant l'argument qu'on en parle pour que les enfants français ne s'imaginent pas que demain, n'importe qui peut rentrer avec un fusil mitrailleur dans leur école. Parce que la demande d'armes n'est pas autorisée en France. Et que, contrairement aux États-Unis, où elle est quand même relativement libre.

  • Speaker #1

    Voilà. En tant qu'adulte, on a des fois du mal à se rendre compte des raccourcis qui peuvent se faire. Alors qu'on en fait plein des raccourcis aussi nous, mais qu'est-ce qu'on peut faire dans la tête d'un enfant ? Je me souviens, mon neveu, un lendemain de 14 juillet, les attentats à Nice, moi je suis dans l'allié, et du coup je vais chez mon neveu et je lui dis hier j'étais au feu d'artifice, mais j'étais au feu d'artifice à Clermont-Ferrand. Et du coup, pour lui, j'avais vu les terroristes, puisque j'étais au feu d'artifice. Alors que, ben non. Et là, ça c'est des choses qui aujourd'hui nourrissent ma façon de voir et de dire, tiens, tel sujet ou tel sujet, rencontrer nos lecteurs, on fait des rencontres dans les établissements scolaires, ça permet aussi de voir, de sentir le pouls, comme on dit quand on est une grande personne, sentir le pouls de notre lectorat. Donc voilà, tout ça, ça rentre en ligne de compte pour le choix de nos sujets. Et puis des fois, ça se passe bien, on est tout à fait d'accord, des fois on n'est pas d'accord.

  • Speaker #2

    Et comme le disait Valérie, comme une ligne éditoriale qui nous impose des grandes thématiques, on s'adresse aux enfants, donc en fait, notre but, c'est de, on peut dire comme ça, mais de former un peu les citoyens de demain, c'est-à-dire, il faut qu'ils se posent la question de comprendre. dans quel monde ils vont vivre demain et dans quel monde ils veulent vivre demain. Donc on ne peut pas se passer de parler de tous les problèmes climatiques qu'il y a. On parle aussi des problèmes économiques, des problèmes politiques, tout ça distillé un peu parmi les numéros. Et ce n'est pas systématique à chaque numéro. Ils font qu'ils commencent à émerger, enfin c'est notre objectif en tout cas, qu'émerge chez eux un... un début de conscience, pas forcément politique, mais en tout cas citoyenne.

  • Speaker #1

    Et avec tout cet enjeu, dans la façon dont on traite les sujets, les gens ont choisi d'avoir au maximum, et je crois qu'on y arrive, une neutralité. C'est pas un journal pour dire, sur tel sujet, c'est ça qu'il faut penser.

  • Speaker #2

    Oui, vraiment, l'idée c'est de présenter les différents points de vue sur un sujet, sans parti pris. de parler des faits en fait, et pas forcément... Nous en tout cas on ne fait pas de journées signées d'opinions, on ne leur dit pas qu'il faut penser comme on fait, un tel, un tel... On leur dit un tel pense comme ça, un tel pense comme ça, un tel pense comme ça... Après, à l'enfant de juger lui-même ce qu'il en pense à la lecture de l'article, est-ce qu'il pense que les bonnes idées sont plutôt de ce côté ou de ce côté, ou qu'il y a des bonnes idées partout, ou... Voilà, et qu'il se pose en fait des questions. à la fin. Qu'il ait eu des réponses, bien sûr, mais qu'il se pose d'autres questions.

  • Speaker #1

    Oui, l'heure où on se dit qu'on a gagné, c'est quand on a des parents qui nous disent Ah ben, c'est chouette parce que mon enfant m'a posé des questions sur tel sujet. Ou quand je demande à mon enfant Tiens, comment il sait ça ? et qu'il me répond C'est parce que je l'ai lu dans Albert. Ou quand Albert sert de base pour une discussion entre les parents et les enfants, ou entre des grands-parents qui vont abonner leurs petits-enfants et qui s'appellent au téléphone et que l'enfant leur parle des sujets choisis.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'un des aspects... d'Albert qui m'a impressionnée dès le départ, c'est cette capacité à raconter autant de choses sur le monde contemporain et le monde de demain. en si peu d'espace finalement parce qu'effectivement Albert a le format d'un vrai journal mais il a beaucoup moins de pages et néanmoins vous arrivez à raconter énormément de choses en traitant des sujets très très variés pour moi c'est en partie dû à la maquette qui est très sobre et très apaisante on retrouve ces articles il y a toujours le même ratio entre le texte et l'illustration et il y a un côté très facile je trouve dans la lecture d'Albert on n'a pas envie de passer du point A au point C on peut lire les articles dans le désordre bien sûr mais une fois qu'on a commencé un article on va jusqu'au bout, on va jusqu'à son encart on regarde l'illustration la lecture se fait de manière... Tout à fait naturel. Est-ce que, vous avez commencé à travailler sur Albert en 2015, est-ce que la maquette a évolué ? Est-ce qu'il y a eu plusieurs versions de cette maquette ?

  • Speaker #2

    C'est vrai que la première maquette, si la toute première maquette, elle ressemblait un peu à ça. Ça c'est mon petit côté psychorigide un peu, j'aime bien qu'il y ait des lignes, des colonnes, et la présentation d'un journal type avec des colonnes. On a quand même aéré le texte, on le disait tout à l'heure, parce qu'on s'adresse quand même à des enfants, donc on a un interlignage qui est assez important, des caractères qui sont quand même assez gros. Pour faciliter la lecture, c'est pas le monde non plus. On a essayé d'en faire quelque chose de pas trop indigeste, mais de très...

  • Speaker #1

    C'est un journal quoi, c'est un journal. Mais voilà, c'est pas parce que c'est un journal pour les enfants que ça doit avoir des petits personnages, des bulles, des machins, des flèches dans tous sens.

  • Speaker #2

    Ce que je disais c'est que la première maquette ressemblait à ça, puis après on en a essayé une deuxième où on avait un peu tout éclaté. Donc les images étaient pas dans des encadrés carrés comme elles sont aujourd'hui, elles étaient un peu détourées. Voilà, ça avait un petit côté un peu plus fun. Mais ça faisait moins journal. Et c'était pas hyper pratique. Et en plus, ça nous obligeait à mettre la lune dans l'autre sens pour quand même avoir la grande image. Enfin, ça le faisait pas. On avait essayé, on avait demandé à des lecteurs, ils s'y retrouvaient pas, ils ne savaient plus dans quel sens prendre le journal. Enfin, c'était pas très pratique. Et on en est revenus, en fait, à... à cette maquette-là, qui fait qu'on a un texte classique, clair, avec un début, une fin. Ce ne sont pas des petits blocs de paragraphes. Ça, ça fait plus livre documentaire pour les jeunes, en fait, où on va piocher des infos par-ci, par-là. Moi, j'avais envie d'un texte aussi où, justement, on pouvait dérouler. pas une argumentation parce que justement c'est pas le but de leur dire quoi penser, mais dérouler le propos, c'est-à-dire de dire, ben voilà, on est obligé de suivre ce fil. Le format oblige à prendre le texte au début et à aller jusqu'à la fin, donc on a des intertics pour faire respirer un peu le texte. Enfin voilà, ça c'est des processus classiques de journaux qu'on retrouve dans toutes les maquettes. Mais voilà, on ne peut pas s'arrêter en plein milieu et dire c'est bon, j'ai compris. Non, il faut vraiment aller jusqu'au bout pour saisir la globalité du sujet, de ses enjeux, et avoir in fine cet esprit critique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une mise en page qui est classique, mais du coup qui est efficace, du coup qui répond à... toutes les normes, on va dire, tous les fonctionnements habituels d'un journal, ce qui fait qu'en un enseignant, quand on va utiliser le journal en classe, le titre est à l'emplacement du titre, le sous-titre est à l'emplacement du sous-titre, l'intertitre est au bon emplacement, les chapeaux sont là où ils devraient être, les encarts sont là où ils devraient être. Et en fait, on se dit que si c'est pour plonger l'enfant dans l'univers de la presse, autant partir sur les bases classiques et autant partir sur... que ça ressemble à un journal. Et puis l'idée, c'est que c'est un journal qui est sérieux, donc où l'enfant va apprendre des choses, on les sert dans le contenu, dans la mise en forme, et ça laisse une grande place à l'illustration aussi.

  • Speaker #0

    Comment se passe le travail, la collaboration avec les illustrateurs et illustratrices pour le journal, justement depuis le choix du sujet en conférence de rédaction jusqu'à la validation finale de l'illustration, puisque vous invitez à chaque nouveau numéro une nouvelle personne à contribuer au journal ?

  • Speaker #2

    Les articles ne sont pas écrits quand eux, ils ont les consignes. En fait, ils illustrent en même temps que moi, je vais écrire les articles. Donc on travaille en parallèle. Simplement, quand on a choisi et le sujet et l'angle, c'est-à-dire la façon dont on va traiter le sujet, dont on va l'aborder, moi je leur fais un petit résumé de ce qu'il va y avoir dans l'article. et de quoi on parle et présenter les personnages si besoin, etc. Et ensuite, je leur mets dessous une petite consigne. Donc, ils sont très libres dans leur interprétation, dans leur technique, dans leur choix de couleur. On ne leur demande rien. Simplement, parfois, on leur dit, ben voilà, là, on parle d'un personnage. Donc, c'est évident, il faut qu'il y ait quelque part la tête du personnage, qu'on visualise à peu près à quoi il ressemble. Ou très exceptionnellement, ça m'arrive. de dire t'es libre dans ce que tu fais mais ça on ne peut pas. Par exemple, en cas de guerre, moi je leur dis ça ne m'intéresse pas de voir des chars des soldats et des bombes qui explosent. Ce n'est pas le propos, tout le monde sait que la guerre c'est violent, enfin ce n'est pas la peine. Donc on cherche parfois des choses encore plus subtiles, de la symbolique. Des choses qui permettent aussi après de faire de la lecture d'image avec les enfants, qui questionnent leur sensibilité et leur compréhension de l'image. Donc voilà, on leur envoie ce brief là et ensuite le travail est ajusté tout au long de la collaboration qui dure à peu près 10 jours. Eux ils envoient des croquis, enfin un croquis généralement, que moi je réoriente en fonction de la symbolique justement, bien ou pas. Et la seule vraiment ligne de conduite c'est que j'exige que l'illustration ne... ne permettent pas de contredire le texte. Parce que sinon on envoie deux infos différentes et en fait pour les lecteurs ce n'est pas possible. Donc il faut absolument que l'illustration vienne compléter le propos, l'enrichir, mais surtout pas permettre de le contredire. Après pour le reste ils sont totalement libres.

  • Speaker #0

    Je trouve très important et poétique aussi la manière dont Albert, à travers l'illustration, va sans doute favoriser, en tout cas c'est mon analyse, les discussions, notamment entre générations, parce que les enfants vont avoir accès à un point de vue, à une information. que d'autres adultes n'auront pas. C'est-à-dire qu'ils vont pouvoir se baser sur le point de vue d'un illustrateur pour évoquer en famille un sujet d'actualité et partager ce point de vue avec des adultes qui n'auront pas le même niveau d'information qu'eux. Et je trouve ça assez intéressant parce que quelque part, ça apporte une dimension sans doute de fierté de l'enfant aussi à avoir une information qu'un adulte n'a pas.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée c'est de mettre le texte, de provoquer la discussion entre lecteurs, qu'ils soient enfants, parents. Parfois c'est les parents qui nous disent c'est moi qui lis Albert Dabow, ça me paraît d'avoir des clés pour répondre aux questions de mes enfants Donc voilà, que ce soit par le texte, que ce soit par l'image, encore une fois ça se complète, c'est vraiment le but. de permettre d'amorcer des discussions. Et cette commande 1, elle est bien aussi parce qu'elle permet de montrer que dans la lecture du journal, il y en a beaucoup qui s'amusent à faire ça, alors qu'ils soient soit en classe, soit particuliers à la maison, d'essayer de deviner avec l'image, avant d'ouvrir le journal, de quoi on parle à l'intérieur. Voilà, et donc ça, c'est le petit côté qu'on aime bien aussi, ludique, c'est d'essayer de comprendre. Chaque fois on voyait une image, ah bah alors ça parle de quoi cette fois-ci ?

  • Speaker #2

    D'ailleurs, pour ceux qui aiment jouer à ce petit jeu, Julie fait à chaque numéro une vidéo qui vient donner la solution, la soluce. On peut juste ouvrir le journal, mais en même temps, tu viens aussi parler un peu de la technique de l'illustratrice ou de l'illustrateur. Tu viens parler aussi un peu de pourquoi t'es symbolique, pourquoi t'es symbolique.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, en 2024, combien Albert a d'abonnés ? Principalement des enfants, mais il y a sans doute dans le lot quelques adultes. Comme moi aussi. Combien avez-vous d'abonnés ?

  • Speaker #1

    Autour de 2000. C'est assez variable selon les saisons de l'année. En été, c'est un petit peu moins. Les gens attendent la rentrée pour se réabonner. Donc là, on est un petit peu dans le creux de la vague, mais on est autour de 2000 abonnés. Dans les bonnes périodes où on a plus d'abonnés, on est autour de 3 000. Mais on est aussi entre 2 000 et 3 000 depuis plusieurs années.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est important de dire que ce sont les abonnés qui financent exclusivement Albert. Vous ne faites absolument pas de public rédactionnel ou de publicité, notamment pour conserver votre indépendance et votre neutralité. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est difficile d'être neutre. Tout en faisant de la publicité. On peut le faire, mais par exemple, j'ai un exemple sur un quotidien jeunesse. C'est pas forcément un quotidien, parce qu'il y a tellement de postes. Voilà, sur un titre de la presse jeunesse qui faisait du public reportage, mais au final il s'était décrypté l'impact de la viande sur l'écologie. Mais c'était financé par j'aime la viande.com. Du coup c'est un peu difficile. Et donc ça expliquait que la PAC de la viande sur l'élevage intensif était très faible par rapport aux avions. C'est des trucs comme ça et c'est pas ce qu'on veut faire. Parce que même sans dire de mensonge, même si tout ce qu'on dit, si on choisit un angle en particulier parce que notre financeur c'est telle ou telle personne... Bah c'est pas la même mission quoi.

  • Speaker #1

    Oui bah disons qu'on n'a pas trop le choix ensuite de contredire le propos. Parce que là, dans le cadre de ce public reportage, effectivement, ce qu'il donnait c'était de l'information brute et chiffrée. C'est-à-dire oui, l'impact de l'élevage c'est je sais plus combien de fois moins que l'impact de l'avion, certes. mais après on ne dit pas que peut-être avec les litres d'eau économisés par l'élevage bovin, on pouvait aussi cultiver tant de tonnes de riz pour nourrir tant de personnes. En fait, tout ça, nous on aime bien, quand on fait des articles, remettre en perspective les choses et dire, oui les agriculteurs bovins ont besoin de vivre, et il ne s'agit pas que tout le monde devienne végétarien du jour au lendemain pour sauver la planète, mais peut-être qu'il y a des systèmes qu'on peut mettre en place pour les aider, et à la fois aussi à l'élargir les transitions écologiques. Voilà, en fait, tout est une question de mesure, et nous on aime bien. remettre les choses en perspective, alors que dans le cadre du public reportage, effectivement, ça ne l'était pas du tout. Et la publicité, n'en parlons même pas, parce que c'est... De toute façon, la question ne se posait même pas, parce que pour vendre de la publicité, il faut qu'il y ait quelqu'un qui sache que la publicité, nous, ce n'est pas notre métier. Ça voulait dire embaucher un commercial, ça voulait dire payer une personne... pour qu'elle ramène de l'argent, et pour payer son salaire, et pour payer le journal. Au final, ça n'a aucun sens. Oui,

  • Speaker #2

    c'est plutôt qu'on vise un public, 9-14 ans, qui est jeune, très jeune, et qui ne fait pas forcément la différence entre ce qui est du public reportage, ce qui est de la publicité, ce qui est de l'information. Et ça, ça nous paraît dangereux. En tout cas, on ne peut pas se retrouver dans la situation où on soit gêné. par une publicité qui va dire quelque chose qui n'est pas factuel, ou une publicité qui va venir en contradiction avec un article. On ne veut pas se retourner dans la situation et se dire est-ce qu'on parle de ça parce qu'on a tel financeur en pub ?

  • Speaker #1

    Même quand il n'y a pas vraiment d'enjeu, par exemple un théâtre qui voudrait venir faire de la pub parce qu'ils ont tel spectacle à l'affiche, c'est quelque chose où il n'y a pas d'enjeu politique ou économique énorme, mais simplement culturel. Mais il y a d'une part, oui, le fait qu'on n'a pas envie d'être lié. Alors, financeur quel qu'il soit, même si la cause va être tout à fait noble, et aussi il y a un manque de place, c'est-à-dire que là où on va mettre une pub, on ne pourra pas mettre un article. En fait, il y a toute une myriade de choses qui font que, en fait, par essence, la pub n'a pas sa place dans Albert.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous êtes entouré depuis les débuts d'Albert ? Puisqu'un journal, c'est aussi beaucoup de logistique, comment avez-vous trouvé vos prestataires, vos partenaires ?

  • Speaker #2

    On a pris nos petites pattes. Bien des petites pattes, ce n'est pas forcément la voiture, parce qu'on s'est entouré proche de chez nous. L'idée, c'était d'avoir des gens en qui on pouvait avoir confiance, avec qui on pouvait faire un travail sur le long terme. Je crois que pour avoir confiance aux gens, dans les gens, et faire un travail de long terme avec eux, c'est important de pouvoir boire des cafés. Avec eux, l'imprimerie qui imprime le journal est à côté, on les connaît, on travaille avec un CAT, c'est une société qui emploie des travailleurs handicapés, on travaille avec eux aussi depuis le début, en bonne entente.

  • Speaker #1

    Tout a été fait, c'était très artisanal et puis quand on a commencé à augmenter le volume des abonnés, on a... On a fait appel à cet exact qu'on ne connaissait pas en fait et dont on a eu contact par l'imprimeur. Donc tout ce réseau local s'est constitué aussi par un contact. locaux. Les aides, ça fait depuis 2018 qu'on travaille avec eux. Maintenant, ils travaillent de concert avec l'imprimeur, ils se font livrer directement les journaux et c'est eux qui, avec des machines un peu plus professionnelles que ce qu'on avait, impriment les enveloppes et après, les travailleurs font la mise sous pli, le routage et apportent les exemplaires à la poste.

  • Speaker #0

    Donc un réseau local, durable et fidèle, si je comprends bien.

  • Speaker #2

    Oui, on a cette chance d'être entouré de gens fidèles, que ce soit notre imprimeur, le CAT, les AT, nos lecteurs, nos abonnés sont aussi fidèles, donc ça c'est une grande chance.

  • Speaker #0

    Alors, on l'aura compris, Albert est un journal qui a des abonnés dans toute la France, mais qui est quand même très ancré dans une histoire locale. Revenons justement sur le nom du journal. Pourquoi Albert ?

  • Speaker #2

    Alors, à une époque est né un monsieur qui s'appelle Albert Londres. Et il a vécu à Vichy. Donc Vichy qui est dans... Il est né même à Vichy, dans l'Allier. Qui est la région où je suis né, moi aussi. Qui est la même région dans laquelle est né le journal Albert. Donc Albert est né dans le Puy de Dôme, donc en Auvergne. Et cette personne, Albert Londres, ce journaliste, a fait du journalisme différemment, et du journalisme qui fait écho au journalisme d'aujourd'hui, au journalisme qu'on veut faire avec Albert.

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, il y a un prix du journalisme qui s'appelle le prix Albert Londres qui est avec Pulitzer, je pense, le prix le plus prestigieux que peut recevoir un journaliste. C'est dire si l'image de l'Albert Londres est importante pour la communauté des journalistes. Donc effectivement, comme l'a dit Valentine, c'est à la fois le plein d'œil local de ce journaliste qui est né à 50 kilomètres de chez nous, et en même temps de ce journaliste ultra célèbre qui a fait le tour du monde. et qui a en fait pour la première fois fait du journalisme comme on le pratique aujourd'hui, c'est-à-dire du journalisme de terrain. Il est sorti de chez lui, il est allé voir comment ça se passait, et il a raconté sur le terrain. ce qui se passait. Après, lui, c'était un journaliste engagé, ce qui n'est pas le cas, puisqu'on n'est pas militant, mais avec une fibre sociale, une volonté de raconter la société, de raconter comment ça se passe dans les bagnes de Cayenne. Il a raconté en direct les bombardements dans la Marne, enfin. Voilà, ça, les journalistes ne le faisaient pas à l'époque. Ils étaient à Paris, dans un bureau, ils recevaient les nouvelles et ils les transcrivaient. Et souvent, ils les commentaient, c'était du journalisme d'opinion, pas du journalisme où on raconte le monde. Et Albert Londes, c'est le premier qui a vraiment fait ça. Et nous, on reste un peu dans cette veine-là, dans on raconte le monde Ouvrez-nous, les enfants, ouvrez le journal, on va vous raconter. Le monde, on va s'expliquer le monde.

  • Speaker #2

    Avec Albert Londres, on est sur un journalisme de curiosité et un journalisme d'explication, où le journaliste va aller voir, aller comprendre, aller découvrir, interroger, se questionner, et après va faire le compte-rendu pour permettre à ses lecteurs de faire ce même schéma, comprendre, découvrir, être curieux, se questionner et se faire ses opinions. Et ça, ça fait complètement écho à ce que fait Albert, pas le Londres, mais Albert, le journal papier pour les enfants de 9-14 ans. Voilà, soyez curieux, essayez de comprendre, on vous donne quelques clés, essayez d'aller voir plus loin, parlez-en autour de vous, échangez, l'actu ça crée du lien aussi, et tout ça, tout ce que représente pour le journalisme Albert Londres, nous paraît bien faire écho. à ce qu'on voudrait que représente ce journal.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de cet entretien. Une question que j'aime bien poser, comme le podcast s'appelle The Fabricants, qu'est-ce que vous avez envie de fabriquer pour le futur avec Albert ?

  • Speaker #2

    L'envie que j'ai pour le futur avec le journal, c'est déjà de continuer à faire ce journal. Et après, c'est de le mettre dans les mains de plein d'enfants. de le rendre accessible, parce qu'avec Albert on rend l'actualité accessible, et maintenant j'aimerais que Albert soit lui-même accessible, et donc c'est d'aller essayer de travailler avec des intermédiaires, avec des médiathèques, avec des établissements scolaires, avec des associations d'éducation aux médias, avec des associations d'éducation populaire, avec pourquoi pas des départements, pourquoi pas, enfin voilà, avec toutes les bonnes volontés, pour essayer de... de rendre ce journal accessible et dans l'idéal, un monde merveilleux, d'enlever une barrière à l'achat du journal, parce que comme on n'a pas de publicité, il faut bien financer quelque part les choses. C'est pas ingratuit. Ne pas être ingratuit, c'est le coût de l'indépendance, mais du coup c'est pas ingratuit et ça peut être une barrière à l'entrée. Et c'est vrai que c'est dommage qu'il y ait cette barrière à l'entrée dans notre mission, dans ce qu'on a envie de faire, dans nos valeurs. Donc ça serait ça, mon envie de fabriquer, c'est un... un monde où quelqu'un qui veut découvrir Albert puisse le faire sans être bloqué par le prix.

  • Speaker #0

    Et pour toi, Julie ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est un peu comme aujourd'hui. Ce qu'on fabrique, à mon sens, c'est pas matériel. On fabrique de l'esprit critique, on fabrique une conscience. Et comme le dit Valentin, ce qui... Ce qui serait idéal, c'est qu'on soit accessibles au plus grand nombre possible pour parler au plus grand nombre possible et permettre à tous de se forger une opinion. Et si possible, pourquoi pas des opinions différentes, parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'une société, c'est que les gens pensent différemment, débattent, argumentent, et puis apprennent à vivre ensemble pour aller vers le meilleur. Donc voilà, on a une grosse responsabilité parce qu'on parle à des futurs citoyens et durant quelques années c'est eux qui vont choisir notre futur à tous, enfin en tout cas ils vont contribuer donc à nous d'aider à dire tu es un enfant mais tu as aussi le droit d'avoir un avis sur… sur des questions et tu as le droit de t'exprimer et tu vas avoir plus tard le droit de t'exprimer en votant, en manifestant peut-être, en militant, en faisant des actions associatives ou autres. Et voilà, faire le droit. va faire grandir un peu ces enfants.

  • Speaker #0

    Eh bien, on arrive à la fin de cet entretien. Je propose qu'on reste sur ces jolis mots de fin, Julie. Merci à vous deux, Julie Lardon, journaliste, Valentin Maté, éditeur et éditeur jeunesse à la poule qui pompe. On peut trouver vos superbes livres en librairie. On peut retrouver le journal Albert sur votre site. Je mettrai tous les liens dans les notes de l'épisode. Le site, c'est journal-albert.fr pour en savoir un petit peu plus sur le journal, pour revoir tout ce qu'on vient de se dire et surtout pour s'abonner. Je vous remercie infiniment pour votre temps et pour cet échange. encore une fois je mets tous les liens dans les notes de l'épisode merci beaucoup à vous deux et j'attends mon prochain numéro d'Albert avec impatience merci beaucoup à bientôt merci c'est la fin de cet épisode merci de votre écoute si ça vous a plu n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir et permet une plus grande visibilité au podcast mais aussi au projet présenté Vous pouvez suivre l'actualité de The Fabricants en vous abonnant à la newsletter ou en me suivant sur LinkedIn ou Instagram. Je vous laisse tous les liens dans les notes de l'épisode. Cheers et à bientôt pour la suite de la saison 1, Poisonnement de The Fabricants. Oyez, oyez, le podcast sera en pause cet été, au mois d'août, mais je vous retrouve dès la rentrée le 5 septembre. A bientôt sur The Fabricants.

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Description

Un vrai journal papier pour les 9-14 ans, pour comprendre le monde et se forger ses opinions avec une actu vérifiée, recoupée, variée et illustrée ? Albert l'a fait ! En choisissant l'indépendance, une maquette sobre, un rédactionnel limpide et l'illustration plutôt que la photo de presse, Albert apporte tous les 15 jours, sur abonnement, les clés d'une actualité complexe, en proposant différents points de vue et une entrée en douceur et en dessin dans l'actu de fond.

Rencontre avec les fondateurs Julie Lardon et Valentin Mathé, pour parler choix éditoriaux, neutralité, citoyenneté, et petit journal illustré. Régalade !
Image de couverture : une du journal Albert n°158 illustré par Sarah Vieille :

https://sarahvieille.com/accueil-1

Instagram : https://www.instagram.com/sarahvelha/?hl=fr


Retrouvez ALBERT sur :
Le site web : www.journal-albert.fr
Instagram : @albert_lejournal https://www.instagram.com/albert_lejournal/


Et la maison d'édition jeunesse de Valentin Mathé, La Poule qui pond :
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur The Fabricants. Dans ce podcast, sous forme d'interview ou en solo, je vous présente des créateurs, créatrices et porteurs de projets qui imaginent des objets, de nouvelles matières, de nouveaux regards et de nouveaux espaces vers de nouveaux possibles. Vos gestes, design, santé, tradition ou innovation, dans cette saison 1 de The Fabricants que j'ai appelée Foisonnement, on décloise, on dessilote, on découvre des projets reliés par leurs belles intentions et l'excellence de leur réalisation. Je suis Priscillia Guillot, marketer et copywriter, curieuse et sensible aux projets pleins de sens. Aujourd'hui, je reçois Julie Lardon et Valentin Maté pour Albert, un très beau journal d'actualité illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Bienvenue sur The Fabricants. Bonjour Julie, bonjour Valentin, comment allez-vous aujourd'hui depuis Clermont-Ferrand ?

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour, on va dire que ça va.

  • Speaker #2

    Bonjour Priscilla, ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour parler d'Albert, petit journal illustré pour les 9-14 ans, qui paraît tous les 15 jours. auxquels je suis abonnée, et que j'attends chaque fois avec une grande impatience. Mais je vais vous laisser vous présenter en quelques mots chacun votre tour avant de parler du journal. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

  • Speaker #1

    Moi, je commence. Je suis éditeur jeunesse. J'aime mes enfants. J'aime ma femme, surtout qu'elle est à côté. Alors, il faut faire gaffe. J'ai participé à la création du journal jeunesse Albert. Je te rappelle que c'est un journal de jeunesse puisque tu es abonnée et tu n'es pas une enfant.

  • Speaker #0

    Absolument, tu fais bien de le rappeler, j'ai 44 ans, donc il n'y a vraiment pas de limite d'âge pour lire Albert. Et toi, Julie, si tu devais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #2

    Moi, je suis journaliste. J'ai un diplôme de journaliste, j'ai travaillé dans des médias. Et après, je me suis dit, si je faisais mon propre média pour les enfants, parce que j'ai l'impression d'être plus utile en... décryptant l'actualité pour les jeunes, qu'en répétant, c'est ce qui se dit de la même manière partout. Donc voilà, avec Valentin, on a fondé ensemble le journal Albert. Il est paru pour la première fois en 2016, donc ça fait depuis 2015 à peu près qu'on... On travaille au projet.

  • Speaker #0

    Alors Albert, c'est un journal illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Moi j'ai été emballée par la maquette et l'esthétique du journal. Comment le décrirais-tu juste à la voix ?

  • Speaker #2

    Déjà il est grand, c'est un format A3 et il est illustré. Les deux principales caractéristiques qui font que si un jour... Vous voyez, un grand journal avec des illustrations, c'est Albert. C'est vraiment ça qui nous définit. Et c'est ça aussi qui vient puiser dans nos deux identités, à chacun, à Valentin et à moi. C'est-à-dire que moi, j'ai apporté dans la création de ce journal la partie journalistique avec tout ce qu'on connaît du journalisme, des infos vérifiées, regroupées. du décryptage d'actualité. Valentin, lui, a apporté plutôt la fibre artistique, son goût pour l'illustration. On précise que ce n'est pas lui qui dessine, parce que sinon, on n'aurait pas beau...

  • Speaker #1

    C'est bien dit, la fibre artistique. En gros, moi, dans les livres, je regarde les dessins.

  • Speaker #2

    Parce qu'il est éditeur de livres à côté, il ne l'a pas précisé. Mais tu as dit, je suis éditeur de livres, mais tu as une maison d'édition jeunesse.

  • Speaker #1

    La poule qui pond. Il faut aller en librairie et acheter plein de livres.

  • Speaker #2

    petite page de pub. Et en fait, la maison d'édition existait avant le journal, et c'est se travailler déjà avec beaucoup d'illustrateurs avant pour l'édition de livres. Et en fait, le journal a débuté avec les illustrateurs, comme Maison, Capoultipon, avant, après, de s'élargir à plein d'autres illustrateurs. Mais voilà, au gros... Les deux caractéristiques principales viennent de chacun d'entre nous.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'il faut du coup quand on présente l'équipe, donc il y a Julie, il y a moi, et il y a la vingtaine d'illustrateurs, parce qu'à chaque numéro c'est un illustrateur différent.

  • Speaker #2

    La vingtaine par an.

  • Speaker #1

    La vingtaine par an. Et du coup la cent cinquantaine.

  • Speaker #0

    Oui, je voulais justement y revenir parce qu'en effet, à chaque nouveau numéro d'Albert, vous invitez un illustrateur ou une illustratrice à venir rendre compte de l'actualité avec son propre point de vue sur une très grande une qui prend une pleine page. Et puis cette une, elle se retrouve à l'intérieur du journal puisqu'elle vient illustrer par petits morceaux tous les articles du journal. Pourquoi ? avoir fait le choix de l'illustration exclusivement et non pas par exemple un mélange entre l'illustration et la photo.

  • Speaker #1

    Déjà c'est un choix de situation, comme disait Julie, je suis éditeur jeunesse, je connais des illustrateurs, je travaille avec beaucoup d'illustrateurs et c'est vraiment ça moi qui m'attirait. Et après c'est aussi un choix qui est venu, et Julie en parlera peut-être mieux que moi, qui est intéressant par rapport au traitement de l'actualité pour les enfants.

  • Speaker #2

    Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on s'est dit que plutôt que de reprendre les mêmes photos qu'on voit partout, parce qu'on a beaucoup de concurrents, de confrères, qui font de l'actualité pour les enfants, c'est souvent des gros groupes qui sont financièrement solides et qui ont aussi de quoi s'acheter le fil de photo AFP qui coûte 5 000 euros par an. Nous, déjà économiquement, c'était clairement pas possible. et on ne voyait pas en plus la valeur ajoutée de notre produit si on faisait la même chose. On allait écrire des articles qui seraient certes différents, sur des sujets peut-être différents, mais si c'était au final pour revoir la même photo qu'on voit dans les journaux, et pour enfants et même pour adultes, puisque un fil AFP ou un fil d'une grande agence de presse permet à plein de journaux d'avoir accès aux mêmes photos parce qu'ils n'ont eux-mêmes pas les photographes maison pour un moment. pour illustrer leurs articles. On ne voyait pas trop l'intérêt. Donc, on a choisi l'illustration à la fois par choix et à la fois par contrainte. et en en faisant une force, en se disant, ben voilà, les enfants, plutôt que de voir une photo qui sera peut-être pas très parlante, ou qui sera cadrée de telle ou telle façon qu'elle ne dira pas forcément exactement la réalité, nous, on va carrément partir dans un autre monde, parfois même dans l'imaginaire, avec l'illustration. On demande à ce que les illustrations soient colorées, donc après c'est plus ou moins à l'aspecté selon les styles, mais... C'est quand même une demande qu'on a, que ça soit attirant pour les enfants. Et en fait, ça leur permet de plonger dans l'actualité par un chemin de traverse, plutôt que d'aller directement au fait qu'on a parfois des choses un peu détournées. On peut jouer sur l'humour, on peut jouer sur la symbolique. Ça permet énormément de liberté, beaucoup plus qu'une photo qui va représenter quelque chose de figé.

  • Speaker #1

    Ça apporte aussi un côté un peu détendu, plaisant à l'actualité, parce qu'on ne va pas se mentir, à l'actualité. C'est pas toujours très fun. Et pourtant, il y a ce côté découvert de l'illustration, surprise, avec l'illustrateur différent à chaque fois. Et le retour qu'on nous fait, notamment des enseignants, c'est que c'est le chemin de passer de la première rencontre avec l'actu sur une illustration qui est un imaginaire d'artiste. On passe par l'artiste, par l'éducation à l'image. Ensuite, il y a la lecture du texte qui vient donner les clés, qui comprend le sujet. Et après, les enfants... Ils peuvent aller sur internet avec l'enseignant par exemple pour voir les images. Et cette entrée dans les images après être passée par ce chemin, illustration, imaginaire, représentation des symboliques. texte de compréhension puis image est vachement plus intéressant d'après les retours qu'on nous fait sur que de rentrer directement par l'image, et de toute façon la rentrée directe par l'image elle est extrêmement faite par les enfants, ils en sont abreuvés tous les jours, notre public il a 9 à 14 ans, une partie de notre public est sur les réseaux sociaux, et là ils ont de l'image à foison, et de l'image de la fake news, de l'image non commentée, de l'image non décrite, et au moins l'illustration. On voit que c'est pas la réalité, tout de suite, parce que c'est dessiné.

  • Speaker #2

    On assume que c'est pas vraiment contextualisé, alors que sur les réseaux sociaux... Je pense notamment aux collégiens, ils sont beaucoup déjà sur TikTok et tout ça, même si les réglementations ne permettent pas forcément, mais bon, les faits sont là. Quand en quatrième, ils nous parlent de vidéos qu'ils ont vues sur TikTok, alors qu'en fait, d'autres confrères qui font ce travail de décryptage, de vérification, disent Ah oui, cette vidéo, elle a beaucoup circulé, mais en fait, on sait qu'elle date d'il y a 10 ans, et en plus, ce n'est pas du tout dans le pays Mais non, enfin voilà, le fait que ça soit parfois sorti de son contexte et tout ça, mais qu'on le présente comme étant l'actualité, ça peut être gênant. Nous au moins, oui, on montre pas le sujet par photo, par vidéo, mais c'est assumé. Et après, comme disait Valentin, on a toute une partie revue de presse numérique, où là en fait on sélectionne, enfin c'est moi qui le fais, c'est un travail de direction, je sélectionne des vidéos. que j'estime pertinentes pour aller plus loin dans le sujet et là pour voir des images réelles et contextualisées du sujet qui est évoqué dans le journal.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant, c'est vrai que moi je n'avais même pas eu ce niveau d'analyse. Je lis Albert très régulièrement, je suis vraiment une lectrice assidue justement parce que ça me permet de découvrir l'actualité de manière factuelle sans souffrir de la violence ou de la redondance des images dont on est abreuvé par ailleurs. Mais c'est vrai que cette lecture par couche, je ne l'avais même pas... Je n'avais même pas anticipé en fait, et je trouve ça très intéressant, cette entrée en douceur par la une entièrement illustrée, puis ensuite par des zooms de la une qui viennent illustrer les textes factuels, et ensuite éventuellement sur la base du volontariat, accompagné ou en autonomie si on en est capable, d'aller voir les vraies images. C'est vraiment un prisme intéressant, je n'étais pas allée à ce degré d'analyse. Et justement pour en revenir au texte, parce qu'Albert c'est l'illustration, mais c'est aussi beaucoup de texte, dans chaque numéro, donc ça se présente, c'est un format A3, c'est une double page recto verso A3, donc 4 pages A3, et à chaque fois on a donc cette une illustrée, un article de fond en 5 questions, en 5 points clés, un gros plan avec un encadré, un article scientifique, lui aussi avec donc illustration encadrée, Un article historique, La machine à remonter le temps, qui fait la part belle aux personnages féminins qui ont marqué l'histoire d'ailleurs. Et puis les actus internationales, en général trois actus internationales et les actus insolites. Comment est-ce que vous choisissez de nourrir cette maquette ? Comment est-ce que vous choisissez les sujets ?

  • Speaker #2

    En fait, moi je suis très autoritaire, donc je n'impose mes choix. On croit beaucoup que le travail de journaliste ça consiste à écrire des articles, en tout cas en presse écrite. En fait, c'est vraiment le dernier truc qu'on fait. Le gros gros du travail c'est de la veille d'actualité, c'est-à-dire que tous les jours, mon premier travail c'est d'ouvrir les journaux, d'écouter l'radio. éventuellement parfois de regarder des reportages télé, des extraits de cités, tout ça, et en fait de m'imprégner de ça, de ce qui se passe dans l'actualité, dans la société. près, loin, de marrants, de moins marrants, de scientifiques, et de faire une espèce de méli-mélo, tout ça, et puis je tire des fils à partir de ça. Très concrètement, on a avec Valentin une sorte de plateforme partagée où on note nos idées en disant, par rubrique, pour la rubrique scientifique, on pourrait parler de ça, pour la rubrique historique, on pourrait parler de ça. Et en fait on se réunit comme après le fonctionnement classique d'un journal, deux semaines avant l'apparition, dès qu'un numéro est sorti on attaque le suivant, on choisit les sujets à ce moment-là, on part de cette liste qu'on a préétablie pendant tout le temps avant. Alors parfois il y a des sujets qui sont proposés un an à l'avance, par exemple je sais que dans un an il y aura un an.

  • Speaker #1

    Il va y avoir des élections aux États-Unis.

  • Speaker #2

    Voilà. Par exemple. Pour comprendre, on sait déjà qu'il y aura à minima un gros plan, voire sûrement un article en cinq questions, un gros article en format, sur les élections américaines. Ça, on ne pourra pas y couper. Et ça, il est déjà inscrit dans notre liste d'idées. Et quand on arrive à la proférence de rédaction, on a cette liste d'idées qu'on a notée et on en discute. Alors ça, est-ce que c'est pertinent ? Est-ce que ce n'est pas pertinent ? Si on fait ça, il faut le faire absolument à ce numéro-là, parce qu'après ça sera passé et ça ne sera plus la peine d'en parler. Donc c'est forcément par anticipation maintenant. Alors que celui-là, on a le choix, on peut peut-être le repousser un peu. Et au final, c'est comme ça qu'on se... qu'on finit par arriver à... Et puis parfois, il faut faire des choix, c'est malheureux. Il y a deux sujets qui nous plaisent. Et bien, on choisit en essayant de trouver des arguments qui font que pourquoi celui-là plutôt que celui-là. Et en ayant toujours à l'esprit, et parfois ça nous arrive, c'est pas systématique, mais de demander conseil à des gens qui sont plus près de nous, de ce public-là. des parents, des enseignants, est-ce que ton enfant, il te pose des questions sur ça ? Est-ce que tu penses que ça serait intéressant ? Est-ce que vos élèves parlent de ça dans la cour ? Est-ce que, voilà, et ça, ça permet aussi parfois de trancher ou même d'avoir des idées. Vous ne pouvez pas faire un article sur ça parce que les élèves, ils... Et puis souvent avec beaucoup de désinformation, de déformation, d'idées reçues, etc. Donc ça aussi, ça nous guide.

  • Speaker #1

    Voilà, et puis on a quelques lignes directrices. Éviter de parler, de faire que des sujets autour de l'économie ou que des sujets autour de l'écologie. D'essayer de montrer que l'actu est très diversifié pour montrer qu'il y a tout l'université. Par exemple, sur les actus internationales, on a une règle qu'on tient depuis plus de 150 numéros. Si on parle d'un pays dans un continent. on doit parler d'un pays dans un autre continent et encore d'un troisième pays dans un autre continent. Pour être sûr qu'on va à chaque fois... Parce que sinon, on se laisse très vite enfermer, et vous pouvez voir sur les sites d'information, on peut se laisser très vite enfermer dans l'actu internationale qui va se résoudre à juste... En fait, qu'est-ce qui s'est passé en Angleterre, en Allemagne et en Italie ? Et aux Etats-Unis. Alors l'actu internationale, oui, c'est les Etats-Unis.

  • Speaker #2

    C'est pour faire Allemagne, Italie, Etats-Unis...

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #2

    On essaye de varier, et parfois on prend une actu qui est... Pardon, je t'ai coupé. Pas forcément très importante du point de vue de l'actualité, mais juste parce que ça se passe dans un pays dont on ne parle jamais. Par exemple, ils ont interdit TikTok au Kirghizistan. On s'est dit, ah, mais ce pays, personne ne sait qu'il existe. Il faut absolument qu'on parle de ça.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, ces actus qui sont dans les pays, à la fois ça vient être intéressant en termes de culture générale, de parler de ces pays-là, Mais c'est des actus qui font écho. Oui. Qui font écho à ce qui se passe. Alors souvent les actus internationales sont très intéressantes parce qu'elles montrent la diversité du monde, mais elles font vachement écho. Quand on parle d'un pays où le rock est interdit parce que c'est une musique sataniste, c'est intéressant par rapport à des jeunes qui vont dire Ah là là, on n'a plus aucune liberté en France Il y a des choses que ça permet de mettre en contexte, de montrer quand on parle de la position des femmes en Afghanistan, on parle aussi de la position des femmes en France. Il y a un effet miroir qui est chouette. Donc on a ces lignes directrices qui nous obligent dans le choix des sujets, et en tout cas il y en a une qu'on n'a pas, c'est de choisir des sujets pour faire plaisir à notre lecteur. On ne cherche pas, non pas qu'on n'en a rien à faire, pardon, qu'il soit heureux en lisant notre journal, mais... On pense que dans n'importe quel sujet, en tout cas qu'il y a des sujets qui sont importants, qu'il faut traiter, qui ne sont pas forcément plaisants. Une fusillade par exemple, une fois il y a une lectrice qui nous a demandé pourquoi vous avez parlé de la fusillade aux États-Unis dans une école. Et effectivement on pourrait ne pas en parler parce que c'est anxiogène, parce que c'est tout ça, mais en fait l'idée justement nous on pense qu'il faut en parler, justement parce que c'est anxiogène et que les enfants ils sont pas dans une bulle, et qu'eux ils vont en entendre parler, et que si tu t'emportes pas toi en tant que média jeunesse de ces sujets là, Pour en parler, pour dédramatiser, pour expliquer, pour comprendre, pour voir les ressorts, pour rassurer aussi. Sur ce sujet-là,

  • Speaker #2

    on avait aussi mis en avant l'argument qu'on en parle pour que les enfants français ne s'imaginent pas que demain, n'importe qui peut rentrer avec un fusil mitrailleur dans leur école. Parce que la demande d'armes n'est pas autorisée en France. Et que, contrairement aux États-Unis, où elle est quand même relativement libre.

  • Speaker #1

    Voilà. En tant qu'adulte, on a des fois du mal à se rendre compte des raccourcis qui peuvent se faire. Alors qu'on en fait plein des raccourcis aussi nous, mais qu'est-ce qu'on peut faire dans la tête d'un enfant ? Je me souviens, mon neveu, un lendemain de 14 juillet, les attentats à Nice, moi je suis dans l'allié, et du coup je vais chez mon neveu et je lui dis hier j'étais au feu d'artifice, mais j'étais au feu d'artifice à Clermont-Ferrand. Et du coup, pour lui, j'avais vu les terroristes, puisque j'étais au feu d'artifice. Alors que, ben non. Et là, ça c'est des choses qui aujourd'hui nourrissent ma façon de voir et de dire, tiens, tel sujet ou tel sujet, rencontrer nos lecteurs, on fait des rencontres dans les établissements scolaires, ça permet aussi de voir, de sentir le pouls, comme on dit quand on est une grande personne, sentir le pouls de notre lectorat. Donc voilà, tout ça, ça rentre en ligne de compte pour le choix de nos sujets. Et puis des fois, ça se passe bien, on est tout à fait d'accord, des fois on n'est pas d'accord.

  • Speaker #2

    Et comme le disait Valérie, comme une ligne éditoriale qui nous impose des grandes thématiques, on s'adresse aux enfants, donc en fait, notre but, c'est de, on peut dire comme ça, mais de former un peu les citoyens de demain, c'est-à-dire, il faut qu'ils se posent la question de comprendre. dans quel monde ils vont vivre demain et dans quel monde ils veulent vivre demain. Donc on ne peut pas se passer de parler de tous les problèmes climatiques qu'il y a. On parle aussi des problèmes économiques, des problèmes politiques, tout ça distillé un peu parmi les numéros. Et ce n'est pas systématique à chaque numéro. Ils font qu'ils commencent à émerger, enfin c'est notre objectif en tout cas, qu'émerge chez eux un... un début de conscience, pas forcément politique, mais en tout cas citoyenne.

  • Speaker #1

    Et avec tout cet enjeu, dans la façon dont on traite les sujets, les gens ont choisi d'avoir au maximum, et je crois qu'on y arrive, une neutralité. C'est pas un journal pour dire, sur tel sujet, c'est ça qu'il faut penser.

  • Speaker #2

    Oui, vraiment, l'idée c'est de présenter les différents points de vue sur un sujet, sans parti pris. de parler des faits en fait, et pas forcément... Nous en tout cas on ne fait pas de journées signées d'opinions, on ne leur dit pas qu'il faut penser comme on fait, un tel, un tel... On leur dit un tel pense comme ça, un tel pense comme ça, un tel pense comme ça... Après, à l'enfant de juger lui-même ce qu'il en pense à la lecture de l'article, est-ce qu'il pense que les bonnes idées sont plutôt de ce côté ou de ce côté, ou qu'il y a des bonnes idées partout, ou... Voilà, et qu'il se pose en fait des questions. à la fin. Qu'il ait eu des réponses, bien sûr, mais qu'il se pose d'autres questions.

  • Speaker #1

    Oui, l'heure où on se dit qu'on a gagné, c'est quand on a des parents qui nous disent Ah ben, c'est chouette parce que mon enfant m'a posé des questions sur tel sujet. Ou quand je demande à mon enfant Tiens, comment il sait ça ? et qu'il me répond C'est parce que je l'ai lu dans Albert. Ou quand Albert sert de base pour une discussion entre les parents et les enfants, ou entre des grands-parents qui vont abonner leurs petits-enfants et qui s'appellent au téléphone et que l'enfant leur parle des sujets choisis.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'un des aspects... d'Albert qui m'a impressionnée dès le départ, c'est cette capacité à raconter autant de choses sur le monde contemporain et le monde de demain. en si peu d'espace finalement parce qu'effectivement Albert a le format d'un vrai journal mais il a beaucoup moins de pages et néanmoins vous arrivez à raconter énormément de choses en traitant des sujets très très variés pour moi c'est en partie dû à la maquette qui est très sobre et très apaisante on retrouve ces articles il y a toujours le même ratio entre le texte et l'illustration et il y a un côté très facile je trouve dans la lecture d'Albert on n'a pas envie de passer du point A au point C on peut lire les articles dans le désordre bien sûr mais une fois qu'on a commencé un article on va jusqu'au bout, on va jusqu'à son encart on regarde l'illustration la lecture se fait de manière... Tout à fait naturel. Est-ce que, vous avez commencé à travailler sur Albert en 2015, est-ce que la maquette a évolué ? Est-ce qu'il y a eu plusieurs versions de cette maquette ?

  • Speaker #2

    C'est vrai que la première maquette, si la toute première maquette, elle ressemblait un peu à ça. Ça c'est mon petit côté psychorigide un peu, j'aime bien qu'il y ait des lignes, des colonnes, et la présentation d'un journal type avec des colonnes. On a quand même aéré le texte, on le disait tout à l'heure, parce qu'on s'adresse quand même à des enfants, donc on a un interlignage qui est assez important, des caractères qui sont quand même assez gros. Pour faciliter la lecture, c'est pas le monde non plus. On a essayé d'en faire quelque chose de pas trop indigeste, mais de très...

  • Speaker #1

    C'est un journal quoi, c'est un journal. Mais voilà, c'est pas parce que c'est un journal pour les enfants que ça doit avoir des petits personnages, des bulles, des machins, des flèches dans tous sens.

  • Speaker #2

    Ce que je disais c'est que la première maquette ressemblait à ça, puis après on en a essayé une deuxième où on avait un peu tout éclaté. Donc les images étaient pas dans des encadrés carrés comme elles sont aujourd'hui, elles étaient un peu détourées. Voilà, ça avait un petit côté un peu plus fun. Mais ça faisait moins journal. Et c'était pas hyper pratique. Et en plus, ça nous obligeait à mettre la lune dans l'autre sens pour quand même avoir la grande image. Enfin, ça le faisait pas. On avait essayé, on avait demandé à des lecteurs, ils s'y retrouvaient pas, ils ne savaient plus dans quel sens prendre le journal. Enfin, c'était pas très pratique. Et on en est revenus, en fait, à... à cette maquette-là, qui fait qu'on a un texte classique, clair, avec un début, une fin. Ce ne sont pas des petits blocs de paragraphes. Ça, ça fait plus livre documentaire pour les jeunes, en fait, où on va piocher des infos par-ci, par-là. Moi, j'avais envie d'un texte aussi où, justement, on pouvait dérouler. pas une argumentation parce que justement c'est pas le but de leur dire quoi penser, mais dérouler le propos, c'est-à-dire de dire, ben voilà, on est obligé de suivre ce fil. Le format oblige à prendre le texte au début et à aller jusqu'à la fin, donc on a des intertics pour faire respirer un peu le texte. Enfin voilà, ça c'est des processus classiques de journaux qu'on retrouve dans toutes les maquettes. Mais voilà, on ne peut pas s'arrêter en plein milieu et dire c'est bon, j'ai compris. Non, il faut vraiment aller jusqu'au bout pour saisir la globalité du sujet, de ses enjeux, et avoir in fine cet esprit critique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une mise en page qui est classique, mais du coup qui est efficace, du coup qui répond à... toutes les normes, on va dire, tous les fonctionnements habituels d'un journal, ce qui fait qu'en un enseignant, quand on va utiliser le journal en classe, le titre est à l'emplacement du titre, le sous-titre est à l'emplacement du sous-titre, l'intertitre est au bon emplacement, les chapeaux sont là où ils devraient être, les encarts sont là où ils devraient être. Et en fait, on se dit que si c'est pour plonger l'enfant dans l'univers de la presse, autant partir sur les bases classiques et autant partir sur... que ça ressemble à un journal. Et puis l'idée, c'est que c'est un journal qui est sérieux, donc où l'enfant va apprendre des choses, on les sert dans le contenu, dans la mise en forme, et ça laisse une grande place à l'illustration aussi.

  • Speaker #0

    Comment se passe le travail, la collaboration avec les illustrateurs et illustratrices pour le journal, justement depuis le choix du sujet en conférence de rédaction jusqu'à la validation finale de l'illustration, puisque vous invitez à chaque nouveau numéro une nouvelle personne à contribuer au journal ?

  • Speaker #2

    Les articles ne sont pas écrits quand eux, ils ont les consignes. En fait, ils illustrent en même temps que moi, je vais écrire les articles. Donc on travaille en parallèle. Simplement, quand on a choisi et le sujet et l'angle, c'est-à-dire la façon dont on va traiter le sujet, dont on va l'aborder, moi je leur fais un petit résumé de ce qu'il va y avoir dans l'article. et de quoi on parle et présenter les personnages si besoin, etc. Et ensuite, je leur mets dessous une petite consigne. Donc, ils sont très libres dans leur interprétation, dans leur technique, dans leur choix de couleur. On ne leur demande rien. Simplement, parfois, on leur dit, ben voilà, là, on parle d'un personnage. Donc, c'est évident, il faut qu'il y ait quelque part la tête du personnage, qu'on visualise à peu près à quoi il ressemble. Ou très exceptionnellement, ça m'arrive. de dire t'es libre dans ce que tu fais mais ça on ne peut pas. Par exemple, en cas de guerre, moi je leur dis ça ne m'intéresse pas de voir des chars des soldats et des bombes qui explosent. Ce n'est pas le propos, tout le monde sait que la guerre c'est violent, enfin ce n'est pas la peine. Donc on cherche parfois des choses encore plus subtiles, de la symbolique. Des choses qui permettent aussi après de faire de la lecture d'image avec les enfants, qui questionnent leur sensibilité et leur compréhension de l'image. Donc voilà, on leur envoie ce brief là et ensuite le travail est ajusté tout au long de la collaboration qui dure à peu près 10 jours. Eux ils envoient des croquis, enfin un croquis généralement, que moi je réoriente en fonction de la symbolique justement, bien ou pas. Et la seule vraiment ligne de conduite c'est que j'exige que l'illustration ne... ne permettent pas de contredire le texte. Parce que sinon on envoie deux infos différentes et en fait pour les lecteurs ce n'est pas possible. Donc il faut absolument que l'illustration vienne compléter le propos, l'enrichir, mais surtout pas permettre de le contredire. Après pour le reste ils sont totalement libres.

  • Speaker #0

    Je trouve très important et poétique aussi la manière dont Albert, à travers l'illustration, va sans doute favoriser, en tout cas c'est mon analyse, les discussions, notamment entre générations, parce que les enfants vont avoir accès à un point de vue, à une information. que d'autres adultes n'auront pas. C'est-à-dire qu'ils vont pouvoir se baser sur le point de vue d'un illustrateur pour évoquer en famille un sujet d'actualité et partager ce point de vue avec des adultes qui n'auront pas le même niveau d'information qu'eux. Et je trouve ça assez intéressant parce que quelque part, ça apporte une dimension sans doute de fierté de l'enfant aussi à avoir une information qu'un adulte n'a pas.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée c'est de mettre le texte, de provoquer la discussion entre lecteurs, qu'ils soient enfants, parents. Parfois c'est les parents qui nous disent c'est moi qui lis Albert Dabow, ça me paraît d'avoir des clés pour répondre aux questions de mes enfants Donc voilà, que ce soit par le texte, que ce soit par l'image, encore une fois ça se complète, c'est vraiment le but. de permettre d'amorcer des discussions. Et cette commande 1, elle est bien aussi parce qu'elle permet de montrer que dans la lecture du journal, il y en a beaucoup qui s'amusent à faire ça, alors qu'ils soient soit en classe, soit particuliers à la maison, d'essayer de deviner avec l'image, avant d'ouvrir le journal, de quoi on parle à l'intérieur. Voilà, et donc ça, c'est le petit côté qu'on aime bien aussi, ludique, c'est d'essayer de comprendre. Chaque fois on voyait une image, ah bah alors ça parle de quoi cette fois-ci ?

  • Speaker #2

    D'ailleurs, pour ceux qui aiment jouer à ce petit jeu, Julie fait à chaque numéro une vidéo qui vient donner la solution, la soluce. On peut juste ouvrir le journal, mais en même temps, tu viens aussi parler un peu de la technique de l'illustratrice ou de l'illustrateur. Tu viens parler aussi un peu de pourquoi t'es symbolique, pourquoi t'es symbolique.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, en 2024, combien Albert a d'abonnés ? Principalement des enfants, mais il y a sans doute dans le lot quelques adultes. Comme moi aussi. Combien avez-vous d'abonnés ?

  • Speaker #1

    Autour de 2000. C'est assez variable selon les saisons de l'année. En été, c'est un petit peu moins. Les gens attendent la rentrée pour se réabonner. Donc là, on est un petit peu dans le creux de la vague, mais on est autour de 2000 abonnés. Dans les bonnes périodes où on a plus d'abonnés, on est autour de 3 000. Mais on est aussi entre 2 000 et 3 000 depuis plusieurs années.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est important de dire que ce sont les abonnés qui financent exclusivement Albert. Vous ne faites absolument pas de public rédactionnel ou de publicité, notamment pour conserver votre indépendance et votre neutralité. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est difficile d'être neutre. Tout en faisant de la publicité. On peut le faire, mais par exemple, j'ai un exemple sur un quotidien jeunesse. C'est pas forcément un quotidien, parce qu'il y a tellement de postes. Voilà, sur un titre de la presse jeunesse qui faisait du public reportage, mais au final il s'était décrypté l'impact de la viande sur l'écologie. Mais c'était financé par j'aime la viande.com. Du coup c'est un peu difficile. Et donc ça expliquait que la PAC de la viande sur l'élevage intensif était très faible par rapport aux avions. C'est des trucs comme ça et c'est pas ce qu'on veut faire. Parce que même sans dire de mensonge, même si tout ce qu'on dit, si on choisit un angle en particulier parce que notre financeur c'est telle ou telle personne... Bah c'est pas la même mission quoi.

  • Speaker #1

    Oui bah disons qu'on n'a pas trop le choix ensuite de contredire le propos. Parce que là, dans le cadre de ce public reportage, effectivement, ce qu'il donnait c'était de l'information brute et chiffrée. C'est-à-dire oui, l'impact de l'élevage c'est je sais plus combien de fois moins que l'impact de l'avion, certes. mais après on ne dit pas que peut-être avec les litres d'eau économisés par l'élevage bovin, on pouvait aussi cultiver tant de tonnes de riz pour nourrir tant de personnes. En fait, tout ça, nous on aime bien, quand on fait des articles, remettre en perspective les choses et dire, oui les agriculteurs bovins ont besoin de vivre, et il ne s'agit pas que tout le monde devienne végétarien du jour au lendemain pour sauver la planète, mais peut-être qu'il y a des systèmes qu'on peut mettre en place pour les aider, et à la fois aussi à l'élargir les transitions écologiques. Voilà, en fait, tout est une question de mesure, et nous on aime bien. remettre les choses en perspective, alors que dans le cadre du public reportage, effectivement, ça ne l'était pas du tout. Et la publicité, n'en parlons même pas, parce que c'est... De toute façon, la question ne se posait même pas, parce que pour vendre de la publicité, il faut qu'il y ait quelqu'un qui sache que la publicité, nous, ce n'est pas notre métier. Ça voulait dire embaucher un commercial, ça voulait dire payer une personne... pour qu'elle ramène de l'argent, et pour payer son salaire, et pour payer le journal. Au final, ça n'a aucun sens. Oui,

  • Speaker #2

    c'est plutôt qu'on vise un public, 9-14 ans, qui est jeune, très jeune, et qui ne fait pas forcément la différence entre ce qui est du public reportage, ce qui est de la publicité, ce qui est de l'information. Et ça, ça nous paraît dangereux. En tout cas, on ne peut pas se retrouver dans la situation où on soit gêné. par une publicité qui va dire quelque chose qui n'est pas factuel, ou une publicité qui va venir en contradiction avec un article. On ne veut pas se retourner dans la situation et se dire est-ce qu'on parle de ça parce qu'on a tel financeur en pub ?

  • Speaker #1

    Même quand il n'y a pas vraiment d'enjeu, par exemple un théâtre qui voudrait venir faire de la pub parce qu'ils ont tel spectacle à l'affiche, c'est quelque chose où il n'y a pas d'enjeu politique ou économique énorme, mais simplement culturel. Mais il y a d'une part, oui, le fait qu'on n'a pas envie d'être lié. Alors, financeur quel qu'il soit, même si la cause va être tout à fait noble, et aussi il y a un manque de place, c'est-à-dire que là où on va mettre une pub, on ne pourra pas mettre un article. En fait, il y a toute une myriade de choses qui font que, en fait, par essence, la pub n'a pas sa place dans Albert.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous êtes entouré depuis les débuts d'Albert ? Puisqu'un journal, c'est aussi beaucoup de logistique, comment avez-vous trouvé vos prestataires, vos partenaires ?

  • Speaker #2

    On a pris nos petites pattes. Bien des petites pattes, ce n'est pas forcément la voiture, parce qu'on s'est entouré proche de chez nous. L'idée, c'était d'avoir des gens en qui on pouvait avoir confiance, avec qui on pouvait faire un travail sur le long terme. Je crois que pour avoir confiance aux gens, dans les gens, et faire un travail de long terme avec eux, c'est important de pouvoir boire des cafés. Avec eux, l'imprimerie qui imprime le journal est à côté, on les connaît, on travaille avec un CAT, c'est une société qui emploie des travailleurs handicapés, on travaille avec eux aussi depuis le début, en bonne entente.

  • Speaker #1

    Tout a été fait, c'était très artisanal et puis quand on a commencé à augmenter le volume des abonnés, on a... On a fait appel à cet exact qu'on ne connaissait pas en fait et dont on a eu contact par l'imprimeur. Donc tout ce réseau local s'est constitué aussi par un contact. locaux. Les aides, ça fait depuis 2018 qu'on travaille avec eux. Maintenant, ils travaillent de concert avec l'imprimeur, ils se font livrer directement les journaux et c'est eux qui, avec des machines un peu plus professionnelles que ce qu'on avait, impriment les enveloppes et après, les travailleurs font la mise sous pli, le routage et apportent les exemplaires à la poste.

  • Speaker #0

    Donc un réseau local, durable et fidèle, si je comprends bien.

  • Speaker #2

    Oui, on a cette chance d'être entouré de gens fidèles, que ce soit notre imprimeur, le CAT, les AT, nos lecteurs, nos abonnés sont aussi fidèles, donc ça c'est une grande chance.

  • Speaker #0

    Alors, on l'aura compris, Albert est un journal qui a des abonnés dans toute la France, mais qui est quand même très ancré dans une histoire locale. Revenons justement sur le nom du journal. Pourquoi Albert ?

  • Speaker #2

    Alors, à une époque est né un monsieur qui s'appelle Albert Londres. Et il a vécu à Vichy. Donc Vichy qui est dans... Il est né même à Vichy, dans l'Allier. Qui est la région où je suis né, moi aussi. Qui est la même région dans laquelle est né le journal Albert. Donc Albert est né dans le Puy de Dôme, donc en Auvergne. Et cette personne, Albert Londres, ce journaliste, a fait du journalisme différemment, et du journalisme qui fait écho au journalisme d'aujourd'hui, au journalisme qu'on veut faire avec Albert.

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, il y a un prix du journalisme qui s'appelle le prix Albert Londres qui est avec Pulitzer, je pense, le prix le plus prestigieux que peut recevoir un journaliste. C'est dire si l'image de l'Albert Londres est importante pour la communauté des journalistes. Donc effectivement, comme l'a dit Valentine, c'est à la fois le plein d'œil local de ce journaliste qui est né à 50 kilomètres de chez nous, et en même temps de ce journaliste ultra célèbre qui a fait le tour du monde. et qui a en fait pour la première fois fait du journalisme comme on le pratique aujourd'hui, c'est-à-dire du journalisme de terrain. Il est sorti de chez lui, il est allé voir comment ça se passait, et il a raconté sur le terrain. ce qui se passait. Après, lui, c'était un journaliste engagé, ce qui n'est pas le cas, puisqu'on n'est pas militant, mais avec une fibre sociale, une volonté de raconter la société, de raconter comment ça se passe dans les bagnes de Cayenne. Il a raconté en direct les bombardements dans la Marne, enfin. Voilà, ça, les journalistes ne le faisaient pas à l'époque. Ils étaient à Paris, dans un bureau, ils recevaient les nouvelles et ils les transcrivaient. Et souvent, ils les commentaient, c'était du journalisme d'opinion, pas du journalisme où on raconte le monde. Et Albert Londes, c'est le premier qui a vraiment fait ça. Et nous, on reste un peu dans cette veine-là, dans on raconte le monde Ouvrez-nous, les enfants, ouvrez le journal, on va vous raconter. Le monde, on va s'expliquer le monde.

  • Speaker #2

    Avec Albert Londres, on est sur un journalisme de curiosité et un journalisme d'explication, où le journaliste va aller voir, aller comprendre, aller découvrir, interroger, se questionner, et après va faire le compte-rendu pour permettre à ses lecteurs de faire ce même schéma, comprendre, découvrir, être curieux, se questionner et se faire ses opinions. Et ça, ça fait complètement écho à ce que fait Albert, pas le Londres, mais Albert, le journal papier pour les enfants de 9-14 ans. Voilà, soyez curieux, essayez de comprendre, on vous donne quelques clés, essayez d'aller voir plus loin, parlez-en autour de vous, échangez, l'actu ça crée du lien aussi, et tout ça, tout ce que représente pour le journalisme Albert Londres, nous paraît bien faire écho. à ce qu'on voudrait que représente ce journal.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de cet entretien. Une question que j'aime bien poser, comme le podcast s'appelle The Fabricants, qu'est-ce que vous avez envie de fabriquer pour le futur avec Albert ?

  • Speaker #2

    L'envie que j'ai pour le futur avec le journal, c'est déjà de continuer à faire ce journal. Et après, c'est de le mettre dans les mains de plein d'enfants. de le rendre accessible, parce qu'avec Albert on rend l'actualité accessible, et maintenant j'aimerais que Albert soit lui-même accessible, et donc c'est d'aller essayer de travailler avec des intermédiaires, avec des médiathèques, avec des établissements scolaires, avec des associations d'éducation aux médias, avec des associations d'éducation populaire, avec pourquoi pas des départements, pourquoi pas, enfin voilà, avec toutes les bonnes volontés, pour essayer de... de rendre ce journal accessible et dans l'idéal, un monde merveilleux, d'enlever une barrière à l'achat du journal, parce que comme on n'a pas de publicité, il faut bien financer quelque part les choses. C'est pas ingratuit. Ne pas être ingratuit, c'est le coût de l'indépendance, mais du coup c'est pas ingratuit et ça peut être une barrière à l'entrée. Et c'est vrai que c'est dommage qu'il y ait cette barrière à l'entrée dans notre mission, dans ce qu'on a envie de faire, dans nos valeurs. Donc ça serait ça, mon envie de fabriquer, c'est un... un monde où quelqu'un qui veut découvrir Albert puisse le faire sans être bloqué par le prix.

  • Speaker #0

    Et pour toi, Julie ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est un peu comme aujourd'hui. Ce qu'on fabrique, à mon sens, c'est pas matériel. On fabrique de l'esprit critique, on fabrique une conscience. Et comme le dit Valentin, ce qui... Ce qui serait idéal, c'est qu'on soit accessibles au plus grand nombre possible pour parler au plus grand nombre possible et permettre à tous de se forger une opinion. Et si possible, pourquoi pas des opinions différentes, parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'une société, c'est que les gens pensent différemment, débattent, argumentent, et puis apprennent à vivre ensemble pour aller vers le meilleur. Donc voilà, on a une grosse responsabilité parce qu'on parle à des futurs citoyens et durant quelques années c'est eux qui vont choisir notre futur à tous, enfin en tout cas ils vont contribuer donc à nous d'aider à dire tu es un enfant mais tu as aussi le droit d'avoir un avis sur… sur des questions et tu as le droit de t'exprimer et tu vas avoir plus tard le droit de t'exprimer en votant, en manifestant peut-être, en militant, en faisant des actions associatives ou autres. Et voilà, faire le droit. va faire grandir un peu ces enfants.

  • Speaker #0

    Eh bien, on arrive à la fin de cet entretien. Je propose qu'on reste sur ces jolis mots de fin, Julie. Merci à vous deux, Julie Lardon, journaliste, Valentin Maté, éditeur et éditeur jeunesse à la poule qui pompe. On peut trouver vos superbes livres en librairie. On peut retrouver le journal Albert sur votre site. Je mettrai tous les liens dans les notes de l'épisode. Le site, c'est journal-albert.fr pour en savoir un petit peu plus sur le journal, pour revoir tout ce qu'on vient de se dire et surtout pour s'abonner. Je vous remercie infiniment pour votre temps et pour cet échange. encore une fois je mets tous les liens dans les notes de l'épisode merci beaucoup à vous deux et j'attends mon prochain numéro d'Albert avec impatience merci beaucoup à bientôt merci c'est la fin de cet épisode merci de votre écoute si ça vous a plu n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir et permet une plus grande visibilité au podcast mais aussi au projet présenté Vous pouvez suivre l'actualité de The Fabricants en vous abonnant à la newsletter ou en me suivant sur LinkedIn ou Instagram. Je vous laisse tous les liens dans les notes de l'épisode. Cheers et à bientôt pour la suite de la saison 1, Poisonnement de The Fabricants. Oyez, oyez, le podcast sera en pause cet été, au mois d'août, mais je vous retrouve dès la rentrée le 5 septembre. A bientôt sur The Fabricants.

Description

Un vrai journal papier pour les 9-14 ans, pour comprendre le monde et se forger ses opinions avec une actu vérifiée, recoupée, variée et illustrée ? Albert l'a fait ! En choisissant l'indépendance, une maquette sobre, un rédactionnel limpide et l'illustration plutôt que la photo de presse, Albert apporte tous les 15 jours, sur abonnement, les clés d'une actualité complexe, en proposant différents points de vue et une entrée en douceur et en dessin dans l'actu de fond.

Rencontre avec les fondateurs Julie Lardon et Valentin Mathé, pour parler choix éditoriaux, neutralité, citoyenneté, et petit journal illustré. Régalade !
Image de couverture : une du journal Albert n°158 illustré par Sarah Vieille :

https://sarahvieille.com/accueil-1

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Le site web : www.journal-albert.fr
Instagram : @albert_lejournal https://www.instagram.com/albert_lejournal/


Et la maison d'édition jeunesse de Valentin Mathé, La Poule qui pond :
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Cheers!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur The Fabricants. Dans ce podcast, sous forme d'interview ou en solo, je vous présente des créateurs, créatrices et porteurs de projets qui imaginent des objets, de nouvelles matières, de nouveaux regards et de nouveaux espaces vers de nouveaux possibles. Vos gestes, design, santé, tradition ou innovation, dans cette saison 1 de The Fabricants que j'ai appelée Foisonnement, on décloise, on dessilote, on découvre des projets reliés par leurs belles intentions et l'excellence de leur réalisation. Je suis Priscillia Guillot, marketer et copywriter, curieuse et sensible aux projets pleins de sens. Aujourd'hui, je reçois Julie Lardon et Valentin Maté pour Albert, un très beau journal d'actualité illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Bienvenue sur The Fabricants. Bonjour Julie, bonjour Valentin, comment allez-vous aujourd'hui depuis Clermont-Ferrand ?

  • Speaker #1

    Bonjour, bonjour, on va dire que ça va.

  • Speaker #2

    Bonjour Priscilla, ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui pour parler d'Albert, petit journal illustré pour les 9-14 ans, qui paraît tous les 15 jours. auxquels je suis abonnée, et que j'attends chaque fois avec une grande impatience. Mais je vais vous laisser vous présenter en quelques mots chacun votre tour avant de parler du journal. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

  • Speaker #1

    Moi, je commence. Je suis éditeur jeunesse. J'aime mes enfants. J'aime ma femme, surtout qu'elle est à côté. Alors, il faut faire gaffe. J'ai participé à la création du journal jeunesse Albert. Je te rappelle que c'est un journal de jeunesse puisque tu es abonnée et tu n'es pas une enfant.

  • Speaker #0

    Absolument, tu fais bien de le rappeler, j'ai 44 ans, donc il n'y a vraiment pas de limite d'âge pour lire Albert. Et toi, Julie, si tu devais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #2

    Moi, je suis journaliste. J'ai un diplôme de journaliste, j'ai travaillé dans des médias. Et après, je me suis dit, si je faisais mon propre média pour les enfants, parce que j'ai l'impression d'être plus utile en... décryptant l'actualité pour les jeunes, qu'en répétant, c'est ce qui se dit de la même manière partout. Donc voilà, avec Valentin, on a fondé ensemble le journal Albert. Il est paru pour la première fois en 2016, donc ça fait depuis 2015 à peu près qu'on... On travaille au projet.

  • Speaker #0

    Alors Albert, c'est un journal illustré pour les 9-14 ans qui paraît tous les 15 jours. Moi j'ai été emballée par la maquette et l'esthétique du journal. Comment le décrirais-tu juste à la voix ?

  • Speaker #2

    Déjà il est grand, c'est un format A3 et il est illustré. Les deux principales caractéristiques qui font que si un jour... Vous voyez, un grand journal avec des illustrations, c'est Albert. C'est vraiment ça qui nous définit. Et c'est ça aussi qui vient puiser dans nos deux identités, à chacun, à Valentin et à moi. C'est-à-dire que moi, j'ai apporté dans la création de ce journal la partie journalistique avec tout ce qu'on connaît du journalisme, des infos vérifiées, regroupées. du décryptage d'actualité. Valentin, lui, a apporté plutôt la fibre artistique, son goût pour l'illustration. On précise que ce n'est pas lui qui dessine, parce que sinon, on n'aurait pas beau...

  • Speaker #1

    C'est bien dit, la fibre artistique. En gros, moi, dans les livres, je regarde les dessins.

  • Speaker #2

    Parce qu'il est éditeur de livres à côté, il ne l'a pas précisé. Mais tu as dit, je suis éditeur de livres, mais tu as une maison d'édition jeunesse.

  • Speaker #1

    La poule qui pond. Il faut aller en librairie et acheter plein de livres.

  • Speaker #2

    petite page de pub. Et en fait, la maison d'édition existait avant le journal, et c'est se travailler déjà avec beaucoup d'illustrateurs avant pour l'édition de livres. Et en fait, le journal a débuté avec les illustrateurs, comme Maison, Capoultipon, avant, après, de s'élargir à plein d'autres illustrateurs. Mais voilà, au gros... Les deux caractéristiques principales viennent de chacun d'entre nous.

  • Speaker #1

    Oui, et ce qu'il faut du coup quand on présente l'équipe, donc il y a Julie, il y a moi, et il y a la vingtaine d'illustrateurs, parce qu'à chaque numéro c'est un illustrateur différent.

  • Speaker #2

    La vingtaine par an.

  • Speaker #1

    La vingtaine par an. Et du coup la cent cinquantaine.

  • Speaker #0

    Oui, je voulais justement y revenir parce qu'en effet, à chaque nouveau numéro d'Albert, vous invitez un illustrateur ou une illustratrice à venir rendre compte de l'actualité avec son propre point de vue sur une très grande une qui prend une pleine page. Et puis cette une, elle se retrouve à l'intérieur du journal puisqu'elle vient illustrer par petits morceaux tous les articles du journal. Pourquoi ? avoir fait le choix de l'illustration exclusivement et non pas par exemple un mélange entre l'illustration et la photo.

  • Speaker #1

    Déjà c'est un choix de situation, comme disait Julie, je suis éditeur jeunesse, je connais des illustrateurs, je travaille avec beaucoup d'illustrateurs et c'est vraiment ça moi qui m'attirait. Et après c'est aussi un choix qui est venu, et Julie en parlera peut-être mieux que moi, qui est intéressant par rapport au traitement de l'actualité pour les enfants.

  • Speaker #2

    Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on s'est dit que plutôt que de reprendre les mêmes photos qu'on voit partout, parce qu'on a beaucoup de concurrents, de confrères, qui font de l'actualité pour les enfants, c'est souvent des gros groupes qui sont financièrement solides et qui ont aussi de quoi s'acheter le fil de photo AFP qui coûte 5 000 euros par an. Nous, déjà économiquement, c'était clairement pas possible. et on ne voyait pas en plus la valeur ajoutée de notre produit si on faisait la même chose. On allait écrire des articles qui seraient certes différents, sur des sujets peut-être différents, mais si c'était au final pour revoir la même photo qu'on voit dans les journaux, et pour enfants et même pour adultes, puisque un fil AFP ou un fil d'une grande agence de presse permet à plein de journaux d'avoir accès aux mêmes photos parce qu'ils n'ont eux-mêmes pas les photographes maison pour un moment. pour illustrer leurs articles. On ne voyait pas trop l'intérêt. Donc, on a choisi l'illustration à la fois par choix et à la fois par contrainte. et en en faisant une force, en se disant, ben voilà, les enfants, plutôt que de voir une photo qui sera peut-être pas très parlante, ou qui sera cadrée de telle ou telle façon qu'elle ne dira pas forcément exactement la réalité, nous, on va carrément partir dans un autre monde, parfois même dans l'imaginaire, avec l'illustration. On demande à ce que les illustrations soient colorées, donc après c'est plus ou moins à l'aspecté selon les styles, mais... C'est quand même une demande qu'on a, que ça soit attirant pour les enfants. Et en fait, ça leur permet de plonger dans l'actualité par un chemin de traverse, plutôt que d'aller directement au fait qu'on a parfois des choses un peu détournées. On peut jouer sur l'humour, on peut jouer sur la symbolique. Ça permet énormément de liberté, beaucoup plus qu'une photo qui va représenter quelque chose de figé.

  • Speaker #1

    Ça apporte aussi un côté un peu détendu, plaisant à l'actualité, parce qu'on ne va pas se mentir, à l'actualité. C'est pas toujours très fun. Et pourtant, il y a ce côté découvert de l'illustration, surprise, avec l'illustrateur différent à chaque fois. Et le retour qu'on nous fait, notamment des enseignants, c'est que c'est le chemin de passer de la première rencontre avec l'actu sur une illustration qui est un imaginaire d'artiste. On passe par l'artiste, par l'éducation à l'image. Ensuite, il y a la lecture du texte qui vient donner les clés, qui comprend le sujet. Et après, les enfants... Ils peuvent aller sur internet avec l'enseignant par exemple pour voir les images. Et cette entrée dans les images après être passée par ce chemin, illustration, imaginaire, représentation des symboliques. texte de compréhension puis image est vachement plus intéressant d'après les retours qu'on nous fait sur que de rentrer directement par l'image, et de toute façon la rentrée directe par l'image elle est extrêmement faite par les enfants, ils en sont abreuvés tous les jours, notre public il a 9 à 14 ans, une partie de notre public est sur les réseaux sociaux, et là ils ont de l'image à foison, et de l'image de la fake news, de l'image non commentée, de l'image non décrite, et au moins l'illustration. On voit que c'est pas la réalité, tout de suite, parce que c'est dessiné.

  • Speaker #2

    On assume que c'est pas vraiment contextualisé, alors que sur les réseaux sociaux... Je pense notamment aux collégiens, ils sont beaucoup déjà sur TikTok et tout ça, même si les réglementations ne permettent pas forcément, mais bon, les faits sont là. Quand en quatrième, ils nous parlent de vidéos qu'ils ont vues sur TikTok, alors qu'en fait, d'autres confrères qui font ce travail de décryptage, de vérification, disent Ah oui, cette vidéo, elle a beaucoup circulé, mais en fait, on sait qu'elle date d'il y a 10 ans, et en plus, ce n'est pas du tout dans le pays Mais non, enfin voilà, le fait que ça soit parfois sorti de son contexte et tout ça, mais qu'on le présente comme étant l'actualité, ça peut être gênant. Nous au moins, oui, on montre pas le sujet par photo, par vidéo, mais c'est assumé. Et après, comme disait Valentin, on a toute une partie revue de presse numérique, où là en fait on sélectionne, enfin c'est moi qui le fais, c'est un travail de direction, je sélectionne des vidéos. que j'estime pertinentes pour aller plus loin dans le sujet et là pour voir des images réelles et contextualisées du sujet qui est évoqué dans le journal.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant, c'est vrai que moi je n'avais même pas eu ce niveau d'analyse. Je lis Albert très régulièrement, je suis vraiment une lectrice assidue justement parce que ça me permet de découvrir l'actualité de manière factuelle sans souffrir de la violence ou de la redondance des images dont on est abreuvé par ailleurs. Mais c'est vrai que cette lecture par couche, je ne l'avais même pas... Je n'avais même pas anticipé en fait, et je trouve ça très intéressant, cette entrée en douceur par la une entièrement illustrée, puis ensuite par des zooms de la une qui viennent illustrer les textes factuels, et ensuite éventuellement sur la base du volontariat, accompagné ou en autonomie si on en est capable, d'aller voir les vraies images. C'est vraiment un prisme intéressant, je n'étais pas allée à ce degré d'analyse. Et justement pour en revenir au texte, parce qu'Albert c'est l'illustration, mais c'est aussi beaucoup de texte, dans chaque numéro, donc ça se présente, c'est un format A3, c'est une double page recto verso A3, donc 4 pages A3, et à chaque fois on a donc cette une illustrée, un article de fond en 5 questions, en 5 points clés, un gros plan avec un encadré, un article scientifique, lui aussi avec donc illustration encadrée, Un article historique, La machine à remonter le temps, qui fait la part belle aux personnages féminins qui ont marqué l'histoire d'ailleurs. Et puis les actus internationales, en général trois actus internationales et les actus insolites. Comment est-ce que vous choisissez de nourrir cette maquette ? Comment est-ce que vous choisissez les sujets ?

  • Speaker #2

    En fait, moi je suis très autoritaire, donc je n'impose mes choix. On croit beaucoup que le travail de journaliste ça consiste à écrire des articles, en tout cas en presse écrite. En fait, c'est vraiment le dernier truc qu'on fait. Le gros gros du travail c'est de la veille d'actualité, c'est-à-dire que tous les jours, mon premier travail c'est d'ouvrir les journaux, d'écouter l'radio. éventuellement parfois de regarder des reportages télé, des extraits de cités, tout ça, et en fait de m'imprégner de ça, de ce qui se passe dans l'actualité, dans la société. près, loin, de marrants, de moins marrants, de scientifiques, et de faire une espèce de méli-mélo, tout ça, et puis je tire des fils à partir de ça. Très concrètement, on a avec Valentin une sorte de plateforme partagée où on note nos idées en disant, par rubrique, pour la rubrique scientifique, on pourrait parler de ça, pour la rubrique historique, on pourrait parler de ça. Et en fait on se réunit comme après le fonctionnement classique d'un journal, deux semaines avant l'apparition, dès qu'un numéro est sorti on attaque le suivant, on choisit les sujets à ce moment-là, on part de cette liste qu'on a préétablie pendant tout le temps avant. Alors parfois il y a des sujets qui sont proposés un an à l'avance, par exemple je sais que dans un an il y aura un an.

  • Speaker #1

    Il va y avoir des élections aux États-Unis.

  • Speaker #2

    Voilà. Par exemple. Pour comprendre, on sait déjà qu'il y aura à minima un gros plan, voire sûrement un article en cinq questions, un gros article en format, sur les élections américaines. Ça, on ne pourra pas y couper. Et ça, il est déjà inscrit dans notre liste d'idées. Et quand on arrive à la proférence de rédaction, on a cette liste d'idées qu'on a notée et on en discute. Alors ça, est-ce que c'est pertinent ? Est-ce que ce n'est pas pertinent ? Si on fait ça, il faut le faire absolument à ce numéro-là, parce qu'après ça sera passé et ça ne sera plus la peine d'en parler. Donc c'est forcément par anticipation maintenant. Alors que celui-là, on a le choix, on peut peut-être le repousser un peu. Et au final, c'est comme ça qu'on se... qu'on finit par arriver à... Et puis parfois, il faut faire des choix, c'est malheureux. Il y a deux sujets qui nous plaisent. Et bien, on choisit en essayant de trouver des arguments qui font que pourquoi celui-là plutôt que celui-là. Et en ayant toujours à l'esprit, et parfois ça nous arrive, c'est pas systématique, mais de demander conseil à des gens qui sont plus près de nous, de ce public-là. des parents, des enseignants, est-ce que ton enfant, il te pose des questions sur ça ? Est-ce que tu penses que ça serait intéressant ? Est-ce que vos élèves parlent de ça dans la cour ? Est-ce que, voilà, et ça, ça permet aussi parfois de trancher ou même d'avoir des idées. Vous ne pouvez pas faire un article sur ça parce que les élèves, ils... Et puis souvent avec beaucoup de désinformation, de déformation, d'idées reçues, etc. Donc ça aussi, ça nous guide.

  • Speaker #1

    Voilà, et puis on a quelques lignes directrices. Éviter de parler, de faire que des sujets autour de l'économie ou que des sujets autour de l'écologie. D'essayer de montrer que l'actu est très diversifié pour montrer qu'il y a tout l'université. Par exemple, sur les actus internationales, on a une règle qu'on tient depuis plus de 150 numéros. Si on parle d'un pays dans un continent. on doit parler d'un pays dans un autre continent et encore d'un troisième pays dans un autre continent. Pour être sûr qu'on va à chaque fois... Parce que sinon, on se laisse très vite enfermer, et vous pouvez voir sur les sites d'information, on peut se laisser très vite enfermer dans l'actu internationale qui va se résoudre à juste... En fait, qu'est-ce qui s'est passé en Angleterre, en Allemagne et en Italie ? Et aux Etats-Unis. Alors l'actu internationale, oui, c'est les Etats-Unis.

  • Speaker #2

    C'est pour faire Allemagne, Italie, Etats-Unis...

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #2

    On essaye de varier, et parfois on prend une actu qui est... Pardon, je t'ai coupé. Pas forcément très importante du point de vue de l'actualité, mais juste parce que ça se passe dans un pays dont on ne parle jamais. Par exemple, ils ont interdit TikTok au Kirghizistan. On s'est dit, ah, mais ce pays, personne ne sait qu'il existe. Il faut absolument qu'on parle de ça.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, ces actus qui sont dans les pays, à la fois ça vient être intéressant en termes de culture générale, de parler de ces pays-là, Mais c'est des actus qui font écho. Oui. Qui font écho à ce qui se passe. Alors souvent les actus internationales sont très intéressantes parce qu'elles montrent la diversité du monde, mais elles font vachement écho. Quand on parle d'un pays où le rock est interdit parce que c'est une musique sataniste, c'est intéressant par rapport à des jeunes qui vont dire Ah là là, on n'a plus aucune liberté en France Il y a des choses que ça permet de mettre en contexte, de montrer quand on parle de la position des femmes en Afghanistan, on parle aussi de la position des femmes en France. Il y a un effet miroir qui est chouette. Donc on a ces lignes directrices qui nous obligent dans le choix des sujets, et en tout cas il y en a une qu'on n'a pas, c'est de choisir des sujets pour faire plaisir à notre lecteur. On ne cherche pas, non pas qu'on n'en a rien à faire, pardon, qu'il soit heureux en lisant notre journal, mais... On pense que dans n'importe quel sujet, en tout cas qu'il y a des sujets qui sont importants, qu'il faut traiter, qui ne sont pas forcément plaisants. Une fusillade par exemple, une fois il y a une lectrice qui nous a demandé pourquoi vous avez parlé de la fusillade aux États-Unis dans une école. Et effectivement on pourrait ne pas en parler parce que c'est anxiogène, parce que c'est tout ça, mais en fait l'idée justement nous on pense qu'il faut en parler, justement parce que c'est anxiogène et que les enfants ils sont pas dans une bulle, et qu'eux ils vont en entendre parler, et que si tu t'emportes pas toi en tant que média jeunesse de ces sujets là, Pour en parler, pour dédramatiser, pour expliquer, pour comprendre, pour voir les ressorts, pour rassurer aussi. Sur ce sujet-là,

  • Speaker #2

    on avait aussi mis en avant l'argument qu'on en parle pour que les enfants français ne s'imaginent pas que demain, n'importe qui peut rentrer avec un fusil mitrailleur dans leur école. Parce que la demande d'armes n'est pas autorisée en France. Et que, contrairement aux États-Unis, où elle est quand même relativement libre.

  • Speaker #1

    Voilà. En tant qu'adulte, on a des fois du mal à se rendre compte des raccourcis qui peuvent se faire. Alors qu'on en fait plein des raccourcis aussi nous, mais qu'est-ce qu'on peut faire dans la tête d'un enfant ? Je me souviens, mon neveu, un lendemain de 14 juillet, les attentats à Nice, moi je suis dans l'allié, et du coup je vais chez mon neveu et je lui dis hier j'étais au feu d'artifice, mais j'étais au feu d'artifice à Clermont-Ferrand. Et du coup, pour lui, j'avais vu les terroristes, puisque j'étais au feu d'artifice. Alors que, ben non. Et là, ça c'est des choses qui aujourd'hui nourrissent ma façon de voir et de dire, tiens, tel sujet ou tel sujet, rencontrer nos lecteurs, on fait des rencontres dans les établissements scolaires, ça permet aussi de voir, de sentir le pouls, comme on dit quand on est une grande personne, sentir le pouls de notre lectorat. Donc voilà, tout ça, ça rentre en ligne de compte pour le choix de nos sujets. Et puis des fois, ça se passe bien, on est tout à fait d'accord, des fois on n'est pas d'accord.

  • Speaker #2

    Et comme le disait Valérie, comme une ligne éditoriale qui nous impose des grandes thématiques, on s'adresse aux enfants, donc en fait, notre but, c'est de, on peut dire comme ça, mais de former un peu les citoyens de demain, c'est-à-dire, il faut qu'ils se posent la question de comprendre. dans quel monde ils vont vivre demain et dans quel monde ils veulent vivre demain. Donc on ne peut pas se passer de parler de tous les problèmes climatiques qu'il y a. On parle aussi des problèmes économiques, des problèmes politiques, tout ça distillé un peu parmi les numéros. Et ce n'est pas systématique à chaque numéro. Ils font qu'ils commencent à émerger, enfin c'est notre objectif en tout cas, qu'émerge chez eux un... un début de conscience, pas forcément politique, mais en tout cas citoyenne.

  • Speaker #1

    Et avec tout cet enjeu, dans la façon dont on traite les sujets, les gens ont choisi d'avoir au maximum, et je crois qu'on y arrive, une neutralité. C'est pas un journal pour dire, sur tel sujet, c'est ça qu'il faut penser.

  • Speaker #2

    Oui, vraiment, l'idée c'est de présenter les différents points de vue sur un sujet, sans parti pris. de parler des faits en fait, et pas forcément... Nous en tout cas on ne fait pas de journées signées d'opinions, on ne leur dit pas qu'il faut penser comme on fait, un tel, un tel... On leur dit un tel pense comme ça, un tel pense comme ça, un tel pense comme ça... Après, à l'enfant de juger lui-même ce qu'il en pense à la lecture de l'article, est-ce qu'il pense que les bonnes idées sont plutôt de ce côté ou de ce côté, ou qu'il y a des bonnes idées partout, ou... Voilà, et qu'il se pose en fait des questions. à la fin. Qu'il ait eu des réponses, bien sûr, mais qu'il se pose d'autres questions.

  • Speaker #1

    Oui, l'heure où on se dit qu'on a gagné, c'est quand on a des parents qui nous disent Ah ben, c'est chouette parce que mon enfant m'a posé des questions sur tel sujet. Ou quand je demande à mon enfant Tiens, comment il sait ça ? et qu'il me répond C'est parce que je l'ai lu dans Albert. Ou quand Albert sert de base pour une discussion entre les parents et les enfants, ou entre des grands-parents qui vont abonner leurs petits-enfants et qui s'appellent au téléphone et que l'enfant leur parle des sujets choisis.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'un des aspects... d'Albert qui m'a impressionnée dès le départ, c'est cette capacité à raconter autant de choses sur le monde contemporain et le monde de demain. en si peu d'espace finalement parce qu'effectivement Albert a le format d'un vrai journal mais il a beaucoup moins de pages et néanmoins vous arrivez à raconter énormément de choses en traitant des sujets très très variés pour moi c'est en partie dû à la maquette qui est très sobre et très apaisante on retrouve ces articles il y a toujours le même ratio entre le texte et l'illustration et il y a un côté très facile je trouve dans la lecture d'Albert on n'a pas envie de passer du point A au point C on peut lire les articles dans le désordre bien sûr mais une fois qu'on a commencé un article on va jusqu'au bout, on va jusqu'à son encart on regarde l'illustration la lecture se fait de manière... Tout à fait naturel. Est-ce que, vous avez commencé à travailler sur Albert en 2015, est-ce que la maquette a évolué ? Est-ce qu'il y a eu plusieurs versions de cette maquette ?

  • Speaker #2

    C'est vrai que la première maquette, si la toute première maquette, elle ressemblait un peu à ça. Ça c'est mon petit côté psychorigide un peu, j'aime bien qu'il y ait des lignes, des colonnes, et la présentation d'un journal type avec des colonnes. On a quand même aéré le texte, on le disait tout à l'heure, parce qu'on s'adresse quand même à des enfants, donc on a un interlignage qui est assez important, des caractères qui sont quand même assez gros. Pour faciliter la lecture, c'est pas le monde non plus. On a essayé d'en faire quelque chose de pas trop indigeste, mais de très...

  • Speaker #1

    C'est un journal quoi, c'est un journal. Mais voilà, c'est pas parce que c'est un journal pour les enfants que ça doit avoir des petits personnages, des bulles, des machins, des flèches dans tous sens.

  • Speaker #2

    Ce que je disais c'est que la première maquette ressemblait à ça, puis après on en a essayé une deuxième où on avait un peu tout éclaté. Donc les images étaient pas dans des encadrés carrés comme elles sont aujourd'hui, elles étaient un peu détourées. Voilà, ça avait un petit côté un peu plus fun. Mais ça faisait moins journal. Et c'était pas hyper pratique. Et en plus, ça nous obligeait à mettre la lune dans l'autre sens pour quand même avoir la grande image. Enfin, ça le faisait pas. On avait essayé, on avait demandé à des lecteurs, ils s'y retrouvaient pas, ils ne savaient plus dans quel sens prendre le journal. Enfin, c'était pas très pratique. Et on en est revenus, en fait, à... à cette maquette-là, qui fait qu'on a un texte classique, clair, avec un début, une fin. Ce ne sont pas des petits blocs de paragraphes. Ça, ça fait plus livre documentaire pour les jeunes, en fait, où on va piocher des infos par-ci, par-là. Moi, j'avais envie d'un texte aussi où, justement, on pouvait dérouler. pas une argumentation parce que justement c'est pas le but de leur dire quoi penser, mais dérouler le propos, c'est-à-dire de dire, ben voilà, on est obligé de suivre ce fil. Le format oblige à prendre le texte au début et à aller jusqu'à la fin, donc on a des intertics pour faire respirer un peu le texte. Enfin voilà, ça c'est des processus classiques de journaux qu'on retrouve dans toutes les maquettes. Mais voilà, on ne peut pas s'arrêter en plein milieu et dire c'est bon, j'ai compris. Non, il faut vraiment aller jusqu'au bout pour saisir la globalité du sujet, de ses enjeux, et avoir in fine cet esprit critique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une mise en page qui est classique, mais du coup qui est efficace, du coup qui répond à... toutes les normes, on va dire, tous les fonctionnements habituels d'un journal, ce qui fait qu'en un enseignant, quand on va utiliser le journal en classe, le titre est à l'emplacement du titre, le sous-titre est à l'emplacement du sous-titre, l'intertitre est au bon emplacement, les chapeaux sont là où ils devraient être, les encarts sont là où ils devraient être. Et en fait, on se dit que si c'est pour plonger l'enfant dans l'univers de la presse, autant partir sur les bases classiques et autant partir sur... que ça ressemble à un journal. Et puis l'idée, c'est que c'est un journal qui est sérieux, donc où l'enfant va apprendre des choses, on les sert dans le contenu, dans la mise en forme, et ça laisse une grande place à l'illustration aussi.

  • Speaker #0

    Comment se passe le travail, la collaboration avec les illustrateurs et illustratrices pour le journal, justement depuis le choix du sujet en conférence de rédaction jusqu'à la validation finale de l'illustration, puisque vous invitez à chaque nouveau numéro une nouvelle personne à contribuer au journal ?

  • Speaker #2

    Les articles ne sont pas écrits quand eux, ils ont les consignes. En fait, ils illustrent en même temps que moi, je vais écrire les articles. Donc on travaille en parallèle. Simplement, quand on a choisi et le sujet et l'angle, c'est-à-dire la façon dont on va traiter le sujet, dont on va l'aborder, moi je leur fais un petit résumé de ce qu'il va y avoir dans l'article. et de quoi on parle et présenter les personnages si besoin, etc. Et ensuite, je leur mets dessous une petite consigne. Donc, ils sont très libres dans leur interprétation, dans leur technique, dans leur choix de couleur. On ne leur demande rien. Simplement, parfois, on leur dit, ben voilà, là, on parle d'un personnage. Donc, c'est évident, il faut qu'il y ait quelque part la tête du personnage, qu'on visualise à peu près à quoi il ressemble. Ou très exceptionnellement, ça m'arrive. de dire t'es libre dans ce que tu fais mais ça on ne peut pas. Par exemple, en cas de guerre, moi je leur dis ça ne m'intéresse pas de voir des chars des soldats et des bombes qui explosent. Ce n'est pas le propos, tout le monde sait que la guerre c'est violent, enfin ce n'est pas la peine. Donc on cherche parfois des choses encore plus subtiles, de la symbolique. Des choses qui permettent aussi après de faire de la lecture d'image avec les enfants, qui questionnent leur sensibilité et leur compréhension de l'image. Donc voilà, on leur envoie ce brief là et ensuite le travail est ajusté tout au long de la collaboration qui dure à peu près 10 jours. Eux ils envoient des croquis, enfin un croquis généralement, que moi je réoriente en fonction de la symbolique justement, bien ou pas. Et la seule vraiment ligne de conduite c'est que j'exige que l'illustration ne... ne permettent pas de contredire le texte. Parce que sinon on envoie deux infos différentes et en fait pour les lecteurs ce n'est pas possible. Donc il faut absolument que l'illustration vienne compléter le propos, l'enrichir, mais surtout pas permettre de le contredire. Après pour le reste ils sont totalement libres.

  • Speaker #0

    Je trouve très important et poétique aussi la manière dont Albert, à travers l'illustration, va sans doute favoriser, en tout cas c'est mon analyse, les discussions, notamment entre générations, parce que les enfants vont avoir accès à un point de vue, à une information. que d'autres adultes n'auront pas. C'est-à-dire qu'ils vont pouvoir se baser sur le point de vue d'un illustrateur pour évoquer en famille un sujet d'actualité et partager ce point de vue avec des adultes qui n'auront pas le même niveau d'information qu'eux. Et je trouve ça assez intéressant parce que quelque part, ça apporte une dimension sans doute de fierté de l'enfant aussi à avoir une information qu'un adulte n'a pas.

  • Speaker #1

    Oui, l'idée c'est de mettre le texte, de provoquer la discussion entre lecteurs, qu'ils soient enfants, parents. Parfois c'est les parents qui nous disent c'est moi qui lis Albert Dabow, ça me paraît d'avoir des clés pour répondre aux questions de mes enfants Donc voilà, que ce soit par le texte, que ce soit par l'image, encore une fois ça se complète, c'est vraiment le but. de permettre d'amorcer des discussions. Et cette commande 1, elle est bien aussi parce qu'elle permet de montrer que dans la lecture du journal, il y en a beaucoup qui s'amusent à faire ça, alors qu'ils soient soit en classe, soit particuliers à la maison, d'essayer de deviner avec l'image, avant d'ouvrir le journal, de quoi on parle à l'intérieur. Voilà, et donc ça, c'est le petit côté qu'on aime bien aussi, ludique, c'est d'essayer de comprendre. Chaque fois on voyait une image, ah bah alors ça parle de quoi cette fois-ci ?

  • Speaker #2

    D'ailleurs, pour ceux qui aiment jouer à ce petit jeu, Julie fait à chaque numéro une vidéo qui vient donner la solution, la soluce. On peut juste ouvrir le journal, mais en même temps, tu viens aussi parler un peu de la technique de l'illustratrice ou de l'illustrateur. Tu viens parler aussi un peu de pourquoi t'es symbolique, pourquoi t'es symbolique.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, en 2024, combien Albert a d'abonnés ? Principalement des enfants, mais il y a sans doute dans le lot quelques adultes. Comme moi aussi. Combien avez-vous d'abonnés ?

  • Speaker #1

    Autour de 2000. C'est assez variable selon les saisons de l'année. En été, c'est un petit peu moins. Les gens attendent la rentrée pour se réabonner. Donc là, on est un petit peu dans le creux de la vague, mais on est autour de 2000 abonnés. Dans les bonnes périodes où on a plus d'abonnés, on est autour de 3 000. Mais on est aussi entre 2 000 et 3 000 depuis plusieurs années.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est important de dire que ce sont les abonnés qui financent exclusivement Albert. Vous ne faites absolument pas de public rédactionnel ou de publicité, notamment pour conserver votre indépendance et votre neutralité. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est difficile d'être neutre. Tout en faisant de la publicité. On peut le faire, mais par exemple, j'ai un exemple sur un quotidien jeunesse. C'est pas forcément un quotidien, parce qu'il y a tellement de postes. Voilà, sur un titre de la presse jeunesse qui faisait du public reportage, mais au final il s'était décrypté l'impact de la viande sur l'écologie. Mais c'était financé par j'aime la viande.com. Du coup c'est un peu difficile. Et donc ça expliquait que la PAC de la viande sur l'élevage intensif était très faible par rapport aux avions. C'est des trucs comme ça et c'est pas ce qu'on veut faire. Parce que même sans dire de mensonge, même si tout ce qu'on dit, si on choisit un angle en particulier parce que notre financeur c'est telle ou telle personne... Bah c'est pas la même mission quoi.

  • Speaker #1

    Oui bah disons qu'on n'a pas trop le choix ensuite de contredire le propos. Parce que là, dans le cadre de ce public reportage, effectivement, ce qu'il donnait c'était de l'information brute et chiffrée. C'est-à-dire oui, l'impact de l'élevage c'est je sais plus combien de fois moins que l'impact de l'avion, certes. mais après on ne dit pas que peut-être avec les litres d'eau économisés par l'élevage bovin, on pouvait aussi cultiver tant de tonnes de riz pour nourrir tant de personnes. En fait, tout ça, nous on aime bien, quand on fait des articles, remettre en perspective les choses et dire, oui les agriculteurs bovins ont besoin de vivre, et il ne s'agit pas que tout le monde devienne végétarien du jour au lendemain pour sauver la planète, mais peut-être qu'il y a des systèmes qu'on peut mettre en place pour les aider, et à la fois aussi à l'élargir les transitions écologiques. Voilà, en fait, tout est une question de mesure, et nous on aime bien. remettre les choses en perspective, alors que dans le cadre du public reportage, effectivement, ça ne l'était pas du tout. Et la publicité, n'en parlons même pas, parce que c'est... De toute façon, la question ne se posait même pas, parce que pour vendre de la publicité, il faut qu'il y ait quelqu'un qui sache que la publicité, nous, ce n'est pas notre métier. Ça voulait dire embaucher un commercial, ça voulait dire payer une personne... pour qu'elle ramène de l'argent, et pour payer son salaire, et pour payer le journal. Au final, ça n'a aucun sens. Oui,

  • Speaker #2

    c'est plutôt qu'on vise un public, 9-14 ans, qui est jeune, très jeune, et qui ne fait pas forcément la différence entre ce qui est du public reportage, ce qui est de la publicité, ce qui est de l'information. Et ça, ça nous paraît dangereux. En tout cas, on ne peut pas se retrouver dans la situation où on soit gêné. par une publicité qui va dire quelque chose qui n'est pas factuel, ou une publicité qui va venir en contradiction avec un article. On ne veut pas se retourner dans la situation et se dire est-ce qu'on parle de ça parce qu'on a tel financeur en pub ?

  • Speaker #1

    Même quand il n'y a pas vraiment d'enjeu, par exemple un théâtre qui voudrait venir faire de la pub parce qu'ils ont tel spectacle à l'affiche, c'est quelque chose où il n'y a pas d'enjeu politique ou économique énorme, mais simplement culturel. Mais il y a d'une part, oui, le fait qu'on n'a pas envie d'être lié. Alors, financeur quel qu'il soit, même si la cause va être tout à fait noble, et aussi il y a un manque de place, c'est-à-dire que là où on va mettre une pub, on ne pourra pas mettre un article. En fait, il y a toute une myriade de choses qui font que, en fait, par essence, la pub n'a pas sa place dans Albert.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous êtes entouré depuis les débuts d'Albert ? Puisqu'un journal, c'est aussi beaucoup de logistique, comment avez-vous trouvé vos prestataires, vos partenaires ?

  • Speaker #2

    On a pris nos petites pattes. Bien des petites pattes, ce n'est pas forcément la voiture, parce qu'on s'est entouré proche de chez nous. L'idée, c'était d'avoir des gens en qui on pouvait avoir confiance, avec qui on pouvait faire un travail sur le long terme. Je crois que pour avoir confiance aux gens, dans les gens, et faire un travail de long terme avec eux, c'est important de pouvoir boire des cafés. Avec eux, l'imprimerie qui imprime le journal est à côté, on les connaît, on travaille avec un CAT, c'est une société qui emploie des travailleurs handicapés, on travaille avec eux aussi depuis le début, en bonne entente.

  • Speaker #1

    Tout a été fait, c'était très artisanal et puis quand on a commencé à augmenter le volume des abonnés, on a... On a fait appel à cet exact qu'on ne connaissait pas en fait et dont on a eu contact par l'imprimeur. Donc tout ce réseau local s'est constitué aussi par un contact. locaux. Les aides, ça fait depuis 2018 qu'on travaille avec eux. Maintenant, ils travaillent de concert avec l'imprimeur, ils se font livrer directement les journaux et c'est eux qui, avec des machines un peu plus professionnelles que ce qu'on avait, impriment les enveloppes et après, les travailleurs font la mise sous pli, le routage et apportent les exemplaires à la poste.

  • Speaker #0

    Donc un réseau local, durable et fidèle, si je comprends bien.

  • Speaker #2

    Oui, on a cette chance d'être entouré de gens fidèles, que ce soit notre imprimeur, le CAT, les AT, nos lecteurs, nos abonnés sont aussi fidèles, donc ça c'est une grande chance.

  • Speaker #0

    Alors, on l'aura compris, Albert est un journal qui a des abonnés dans toute la France, mais qui est quand même très ancré dans une histoire locale. Revenons justement sur le nom du journal. Pourquoi Albert ?

  • Speaker #2

    Alors, à une époque est né un monsieur qui s'appelle Albert Londres. Et il a vécu à Vichy. Donc Vichy qui est dans... Il est né même à Vichy, dans l'Allier. Qui est la région où je suis né, moi aussi. Qui est la même région dans laquelle est né le journal Albert. Donc Albert est né dans le Puy de Dôme, donc en Auvergne. Et cette personne, Albert Londres, ce journaliste, a fait du journalisme différemment, et du journalisme qui fait écho au journalisme d'aujourd'hui, au journalisme qu'on veut faire avec Albert.

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, il y a un prix du journalisme qui s'appelle le prix Albert Londres qui est avec Pulitzer, je pense, le prix le plus prestigieux que peut recevoir un journaliste. C'est dire si l'image de l'Albert Londres est importante pour la communauté des journalistes. Donc effectivement, comme l'a dit Valentine, c'est à la fois le plein d'œil local de ce journaliste qui est né à 50 kilomètres de chez nous, et en même temps de ce journaliste ultra célèbre qui a fait le tour du monde. et qui a en fait pour la première fois fait du journalisme comme on le pratique aujourd'hui, c'est-à-dire du journalisme de terrain. Il est sorti de chez lui, il est allé voir comment ça se passait, et il a raconté sur le terrain. ce qui se passait. Après, lui, c'était un journaliste engagé, ce qui n'est pas le cas, puisqu'on n'est pas militant, mais avec une fibre sociale, une volonté de raconter la société, de raconter comment ça se passe dans les bagnes de Cayenne. Il a raconté en direct les bombardements dans la Marne, enfin. Voilà, ça, les journalistes ne le faisaient pas à l'époque. Ils étaient à Paris, dans un bureau, ils recevaient les nouvelles et ils les transcrivaient. Et souvent, ils les commentaient, c'était du journalisme d'opinion, pas du journalisme où on raconte le monde. Et Albert Londes, c'est le premier qui a vraiment fait ça. Et nous, on reste un peu dans cette veine-là, dans on raconte le monde Ouvrez-nous, les enfants, ouvrez le journal, on va vous raconter. Le monde, on va s'expliquer le monde.

  • Speaker #2

    Avec Albert Londres, on est sur un journalisme de curiosité et un journalisme d'explication, où le journaliste va aller voir, aller comprendre, aller découvrir, interroger, se questionner, et après va faire le compte-rendu pour permettre à ses lecteurs de faire ce même schéma, comprendre, découvrir, être curieux, se questionner et se faire ses opinions. Et ça, ça fait complètement écho à ce que fait Albert, pas le Londres, mais Albert, le journal papier pour les enfants de 9-14 ans. Voilà, soyez curieux, essayez de comprendre, on vous donne quelques clés, essayez d'aller voir plus loin, parlez-en autour de vous, échangez, l'actu ça crée du lien aussi, et tout ça, tout ce que représente pour le journalisme Albert Londres, nous paraît bien faire écho. à ce qu'on voudrait que représente ce journal.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de cet entretien. Une question que j'aime bien poser, comme le podcast s'appelle The Fabricants, qu'est-ce que vous avez envie de fabriquer pour le futur avec Albert ?

  • Speaker #2

    L'envie que j'ai pour le futur avec le journal, c'est déjà de continuer à faire ce journal. Et après, c'est de le mettre dans les mains de plein d'enfants. de le rendre accessible, parce qu'avec Albert on rend l'actualité accessible, et maintenant j'aimerais que Albert soit lui-même accessible, et donc c'est d'aller essayer de travailler avec des intermédiaires, avec des médiathèques, avec des établissements scolaires, avec des associations d'éducation aux médias, avec des associations d'éducation populaire, avec pourquoi pas des départements, pourquoi pas, enfin voilà, avec toutes les bonnes volontés, pour essayer de... de rendre ce journal accessible et dans l'idéal, un monde merveilleux, d'enlever une barrière à l'achat du journal, parce que comme on n'a pas de publicité, il faut bien financer quelque part les choses. C'est pas ingratuit. Ne pas être ingratuit, c'est le coût de l'indépendance, mais du coup c'est pas ingratuit et ça peut être une barrière à l'entrée. Et c'est vrai que c'est dommage qu'il y ait cette barrière à l'entrée dans notre mission, dans ce qu'on a envie de faire, dans nos valeurs. Donc ça serait ça, mon envie de fabriquer, c'est un... un monde où quelqu'un qui veut découvrir Albert puisse le faire sans être bloqué par le prix.

  • Speaker #0

    Et pour toi, Julie ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est un peu comme aujourd'hui. Ce qu'on fabrique, à mon sens, c'est pas matériel. On fabrique de l'esprit critique, on fabrique une conscience. Et comme le dit Valentin, ce qui... Ce qui serait idéal, c'est qu'on soit accessibles au plus grand nombre possible pour parler au plus grand nombre possible et permettre à tous de se forger une opinion. Et si possible, pourquoi pas des opinions différentes, parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'une société, c'est que les gens pensent différemment, débattent, argumentent, et puis apprennent à vivre ensemble pour aller vers le meilleur. Donc voilà, on a une grosse responsabilité parce qu'on parle à des futurs citoyens et durant quelques années c'est eux qui vont choisir notre futur à tous, enfin en tout cas ils vont contribuer donc à nous d'aider à dire tu es un enfant mais tu as aussi le droit d'avoir un avis sur… sur des questions et tu as le droit de t'exprimer et tu vas avoir plus tard le droit de t'exprimer en votant, en manifestant peut-être, en militant, en faisant des actions associatives ou autres. Et voilà, faire le droit. va faire grandir un peu ces enfants.

  • Speaker #0

    Eh bien, on arrive à la fin de cet entretien. Je propose qu'on reste sur ces jolis mots de fin, Julie. Merci à vous deux, Julie Lardon, journaliste, Valentin Maté, éditeur et éditeur jeunesse à la poule qui pompe. On peut trouver vos superbes livres en librairie. On peut retrouver le journal Albert sur votre site. Je mettrai tous les liens dans les notes de l'épisode. Le site, c'est journal-albert.fr pour en savoir un petit peu plus sur le journal, pour revoir tout ce qu'on vient de se dire et surtout pour s'abonner. Je vous remercie infiniment pour votre temps et pour cet échange. encore une fois je mets tous les liens dans les notes de l'épisode merci beaucoup à vous deux et j'attends mon prochain numéro d'Albert avec impatience merci beaucoup à bientôt merci c'est la fin de cet épisode merci de votre écoute si ça vous a plu n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir et permet une plus grande visibilité au podcast mais aussi au projet présenté Vous pouvez suivre l'actualité de The Fabricants en vous abonnant à la newsletter ou en me suivant sur LinkedIn ou Instagram. Je vous laisse tous les liens dans les notes de l'épisode. Cheers et à bientôt pour la suite de la saison 1, Poisonnement de The Fabricants. Oyez, oyez, le podcast sera en pause cet été, au mois d'août, mais je vous retrouve dès la rentrée le 5 septembre. A bientôt sur The Fabricants.

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