Speaker #0En quoi le simple fait de dire oui peut changer votre vie ? 24 000 euros la nuit dans la suite impériale du Bristol à Paris. 28 000 euros à la suite Necker du Grand Contrôle à Versailles. C'est le prix d'une Audi A1 flambant neuve ou de 6 fois le budget alimentaire annuel d'un foyer français. Et à ce prix-là, c'est difficile de dire non à un client. Dans les palaces, le non n'existe pas. C'est une des premières choses que j'ai apprises dans ce milieu dès mon premier stage. Et c'est ce qui en font des lieux qui font rêver. Parce que tout est possible. On peut se dire que c'est triste. Parce que oui, l'argent achète tout. Ou on peut se demander comment appliquer la même philosophie à notre quotidien. En réalité, tout n'est pas chiffré. Alors oui, je peux vous sortir quelques exemples, ça permet de goûter à des produits d'exception ou à accéder à des lieux ultra privés. Par exemple, j'ai travaillé pour l'hôtel RL Le Grand Contrôle, qui est situé sur le domaine du château de Versailles. Et là-bas, on ouvre les portes du palais le plus célèbre au monde à nos clients après les heures d'ouverture. C'est-à-dire que le temps d'une heure, ils sont seuls, avec le guide, et ils parcourent librement la galerie des glaces. Tout seul. À Paris, vous avez d'autres hôtels qui ont les clés du Louvre, par exemple. Je me souviens aussi d'une cliente du Moyen-Orient qui avait privatisé la cuisine de l'un des plus beaux hôtels de Courchevel, qui s'appelle Amman-le-Ménézin. Elle a privatisé la cuisine, mais aussi le chef et sa brigade. Et son intention, elle était bonne. Elle voulait simplement préparer un repas pour sa famille. Mais elle supervisait les fourneaux et elle donnait des ordres aux cuisiniers. Et en vrai, c'était drôle. Parce que les chefs ont souvent un égo... important, pour ne pas dire surdimensionné. Et voir le rapport de force s'inverser, c'était marrant. Et ça fait une bonne anecdote à raconter. Dans d'autres établissements, vous pouvez, je sais pas moi, prendre un cours de tennis avec Roger Federer. ou aller observer les étoiles avec un astrophysicien, tout est possible. Dans ces palaces, chaque « oui » transforme le rêve en réalité, ouvrant la porte à des expériences qui semblent impossibles ailleurs. Dans la majorité des cas, je sais par expérience que la plupart des requêtes sont réalisables. Elles sortent juste des habitudes, de notre routine. C'est souvent la logistique derrière l'action qui nous freine. Il n'y a pas réellement de limite à l'imagination. Les raisons peuvent être multiples, peur de l'inconnu, manque de confiance en soi, flemme. Le moment parfait pour analyser ce phénomène, c'est le festival de Cannes. Pour avoir vécu cet événement à travers le prisme d'un hôtel, je sais que c'est aussi le festival des requêtes très spécial. Toutes les stars se donnant rendez-vous dans un même lieu, Ça peut faire beaucoup de divas. Une actrice française qui ne prend son bain qu'à l'eau minérale, par exemple, ou une autre qui veut tester un bain au chocolat au lait. Qui dit mieux ? En vrai, qu'est-ce qui vous empêche de vous baigner dans du chocolat ? Le ridicule ? L'éthique, peut-être ? D'autres demandent aux concierges de ramener des chèvres en pleine nuit dans la capitale pour faire, je cite, une blague à un pote. Vous verrez ça que dans un palace. Et pourtant ! Rien ne nous empêche physiquement de réaliser les mêmes actions chez nous. Là je prends en exemple les cas les plus drôles, mais on peut l'appliquer à tout choix de notre vie. Genre quand votre pote vous a proposé d'essayer le hot yoga avec elle et que vous avez refusé, non. Ou qu'on vous a proposé un date sur Tinder et que vous avez trouvé une excuse pour ne pas y aller, non. Ou que vous vouliez vous mettre à la peinture mais que vous repoussez le moment d'acheter des pinceaux. Non, on peut continuer comme ça longtemps. Et je pense qu'on est tous concernés par ce phénomène. Moi la première. Mais je me force constamment à repousser mes limites et à sortir de ma zone de confort. C'est grâce à cette philosophie que vous écoutez ce podcast aujourd'hui. Il y a encore quelques années, j'en aurais pas eu l'audace. La peur de l'échec, la peur du jugement des autres, un manque de confiance en moi. Mais pourquoi, dans notre quotidien, avons-nous toujours tendance à dire non ? Il y a plusieurs explications plausibles. Déjà, l'être humain est rempli de biais. Des biais cognitifs sont des filtres ou des mécanismes automatiques qui influencent notre façon de penser. L'un de ces biais s'appelle la pensée polarisée. En gros, on voit en noir ou en blanc. C'est tout ou c'est rien. C'est possible, c'est impossible. On a du mal à prendre conscience des nuances. Par exemple, je ne suis pas bon ou mauvais en peinture, mais j'ai juste besoin de m'exercer. Il n'est pas impossible que je fasse du hot yoga, je peux le faire. Je serais peut-être nulle au début, ok, mais je peux littéralement me rendre sur place, enfiler mes vêtements de sport, me pointer au cours, et faire les mouvements. Ils seront plus ou moins réussis, je suis d'accord, mais ça, c'est une autre histoire. Quand je me projette dans une situation, j'ai tendance à me dire impossible. Alors qu'en fait, c'est juste compliqué à mettre en place. Tout dépend de ma motivation. Et ça, ça se travaille. En prendre conscience, c'est déjà un premier pas pour briser le biais. Une autre raison que je vois, c'est la mentalité à la française. J'ai pris conscience de ce phénomène quand j'ai rejoint le lycée, qui est un lycée international, où j'étais en section anglaise et que mes profs étaient majoritairement américains. En France, on nous apprend à l'école le schéma thèse-antithèse-synthèse. Pour tout ce qu'on pense ou qu'on écrit, on s'oblige à confronter l'opposition, parce que c'est plus sain de débattre. Au lycée, j'ai appris à déconstruire ce schéma, parce que mes profs me disaient Je comprends pas Julie, tu te contredis complètement d'un paragraphe à l'autre. Sois sûre de ce que t'avances, prends confiance en toi. Alors je dis pas qu'une méthode est meilleure que l'autre, mais ça explique sûrement pourquoi on est moins radicaux que dans d'autres pays, qu'aux Etats-Unis par exemple. On pèse le pour et le contre au lieu de se lancer. Et souvent, le non l'emporte sur le oui. La troisième possible explication c'est justement ça. Le non pèse... plus lourds que le oui. Par exemple, si vous faites une liste des pour et des contre pour un voyage, vous allez vous dire « pour, ça va m'apporter énormément en culture et développement personnel » , « je vais apprendre une autre langue » , « je vais avoir du temps pour moi » . « Contre, c'est trop cher » , « j'ai peur de partir seule » , « ma famille va me manquer » . En gros, vous avez le même nombre d'arguments de chaque côté. mais vous risquez de ne pas partir du tout. Parce que tout ce qui se situe dans la colonne contre vous paraît insurmontable. Alors qu'en fait, le pour pourrait tellement vous apporter que ces inconvénients devraient vous sembler dérisoires. Si c'est trop cher, revoyez votre budget voyage à la baisse, trouvez une activité temporaire pour arrondir vos fins de mois ou faites une cagnotte en ligne. Peur de partir seul ? Trouvez-vous des acolytes ? Protégez-vous avec des systèmes de sécurité ? Faites-vous traquer ? Si votre famille vous manque, c'est qu'un voyage, donc c'est pas pour toujours. Et avec les moyens d'aujourd'hui, on garde le contact hyper facilement. Problème résolu, voilà. Et derrière, votre développement personnel, cette nouvelle langue et ce temps pour vous sera sûrement très bénéfique. Vous allez peut-être y rencontrer les potes d'une vie, avoir une opportunité de boulot inédite ou juste en sortir plus heureux. Et si le oui pouvait transformer votre vie de manière radicale ? Comment j'applique ça, moi, dans ma vie perso et pro ? Écoutez, ça me fait penser au livre Atomic Habits, où un rien peut tout changer de James Clear. Le sujet tourne autour de l'adoption de bonnes habitudes et de l'abandon des mauvaises. Mais surtout, d'ancrer ces nouvelles habitudes pour ne plus les lâcher. L'une de ses recettes secrètes, c'est de mettre en place des facilitateurs pour se motiver. Par exemple, si vous voulez aller à la salle de sport, mais que vous ne trouvez jamais la motivation, parce qu'il faut faire son sac, s'habiller, faire la route dans le froid, refuser d'aller boire un verre avec des potes qui m'ont invité entre-temps. Non, désolé, impossible pour moi d'aller à la salle ce soir. James, lui, il conseille de faire son sac la veille, de le poser dans l'entrée, ou de mettre ses chaussures de running bien en évidence. Comme ça, vous n'avez plus d'excuses, tout est facilité. C'est vachement plus simple de dire oui quand c'est facile. En fait, il faut arnaquer son cerveau en anticipant certaines tâches ou en mettant des objets plus en évidence que d'autres. L'action semble alors à portée de main. Pareil pour la peinture. Achetez ces pinceaux, ça sera plus simple pour peindre. À l'hôtel, en fait, les requêtes ne sont pas plus contraignantes qu'ailleurs. Mais il y a le matériel, les concierges qui ont le bras long et la main d'œuf qualifiée pour les réaliser. Donnez-vous les moyens de vos ambitions. Ce qui coûte cher dans le service 5 étoiles, c'est la main-d'œuvre. Mais dans votre vie, l'acteur principal, c'est vous. Vous avez déjà vu le film Yes Man avec Jim Carrey ? Si vous n'êtes toujours pas convaincu, allez le voir. Comment ne pas mentionner ce banger dans notre épisode du jour ? Au départ, c'est un livre du même nom de Danny Wallace, mais bon, moi j'adore Jim Carrey et le film n'aurait pas la même saveur sans lui. En gros, on suit Carl Allen, un homme qui dit toujours non. Il est seul, il est malheureux. Un jour, il assiste à un séminaire. Vous voyez le style de conférence américaine là, avec un gourou qui parle hyper fort ? Voilà. Et il décide d'écouter son conseil, c'est-à-dire de dire oui à tout. Ça l'entraîne dans des aventures totalement imprévues, et bien sûr, ça lui ouvre les portes d'opportunités qu'il n'aurait jamais osé saisir avant. Par exemple, il se met à jouer de la guitare et rejoint un groupe de musique. Il prend des cours de danse et se retrouve à danser dans un club. Il prête de l'argent à un inconnu, il part en road trip avec des inconnus. Bref, je vous spoil pas trop. je vous laisse aller voir comment ça se termine. Et bien sûr, c'est une comédie. Mais je trouve que c'est plutôt représentatif de ce qui peut se passer dans la vraie vie. Chaque oui encourage d'autres oui. C'est un cercle vertueux. Du moment où vous prendrez cette décision dans votre vie, tout se mettra en place facilement, de façon fluide. Mais comment adopter cette mentalité au quotidien ? Déjà, essayez de remplacer le nom par comment, pour faciliter les solutions. Remplacez le « non, c'est pas possible » par « comment je pourrais rendre ça possible ? » Par exemple, pour le road trip que vous repoussez sans cesse parce que c'est trop cher, dites-vous « combien il me faut ? » « Quel job temporaire je pourrais prendre ? » ou « comment je pourrais réduire les coûts ? » En dormant dans des hôtels plus accessibles ? En trouvant des compagnons de voyage ? Est-ce que je peux me faire sponsoriser ? En fait, il ne faut pas se décourager trop vite. Je me force toujours à... théoriser pour rationaliser mon esprit de simplement qui a tendance à paniquer. Beaucoup. Une autre cure possible, c'est de faire l'expérience du oui sur une journée. Observez les opportunités qui s'offrent à vous. Devenez votre propre yes man ou yes woman. Et si ça ne vous fait même pas peur, faites le test sur une semaine et puis à vie. Bon bien sûr, prenez des risques calculés. Lancez-vous tout en étant réfléchi. Mais faites pas un all-in où vous quittez votre boulot du jour au lendemain, s'il vous plaît. Donnez pas votre numéro au mec bizarre du fond du métro. Voilà. Voilà, je crois que vous avez toutes les clés en main pour faire fleurir de nouvelles opportunités inattendues. Mais pour les fleurs à proprement parler, rendez-vous dans le prochain épisode.