- Speaker #0
Bonjour à tous, nous voici dans ce premier numéro d'une longue série de conversations autour du thème Être soi pour réussir sa vie des conversations qui nous transforment. Alors aujourd'hui, je reçois Lisa. Bonjour Lisa.
- Speaker #1
Bonjour Christophe.
- Speaker #0
Tu es ma première invitée de ces conversations.
- Speaker #1
J'en suis honorée.
- Speaker #0
C'est avec plaisir. Donc Lisa, tu es docteur en psychologie, chercheuse dans le domaine des émotions. Tu interviens dans le monde de l'entreprise en tant que consultante, formatrice et coach. Et tu es co-auteur avec Christophe Hag d'un test de caution émotionnelle, le QEPRO, élaboré avec la collaboration de l'EM Lyon. Tu es donc une grande spécialiste scientifique du sujet des émotions. Et je me rappelle que la première fois que nous nous sommes rencontrés, j'avais découvert le détail de ta compréhension du sujet qui m'avait passionné. C'est pour ça que nous sommes aujourd'hui ensemble.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Alors aujourd'hui je te reçois donc pour parler de tout le domaine des émotions, qu'elles soient intenses ou moins intenses, déplaisantes ou plaisantes, comme tu préfères le dire, déplaisantes plutôt que positives et négatives, si j'ai bien compris, et puis voir leurs origines, les manières de les mettre à profit et de réguler les plus intenses, qui sont souvent source de problèmes pour tout le monde. Parce qu'en définitive, être soi, c'est aussi vivre ses émotions en parfait équilibre. les gérer, les réguler, et passer, vivre avec ces émotions tout au long de sa vie, normalement. Alors, on m'en prend en bulle, j'ai un petit rituel de quelques questions personnelles, si tu veux bien te prêter au jeu, qui est un peu quand même lié à notre sujet. Donc, est-ce que tu es d'accord pour te prêter à ce petit jeu ?
- Speaker #1
Bien volontiers.
- Speaker #0
Alors, petit rituel donc. Qui était Lisa quand elle était petite ? Quel enfant étais-tu ?
- Speaker #1
Alors, quel enfant j'étais petite ? Grande question. Alors, je crois que j'étais en tous les cas un enfant qui était vraiment à adorer la vie. Donc j'avais toujours, que ce soit à adorer les fleurs, les papillons, tout ce qui est nature, et l'humain très curieux de tout. Et en même temps, je sais que déjà à l'époque, j'avais aussi des moments de colère ou d'émotions intenses, comme tu l'as dit un peu en introduction. qui posait surtout des problèmes à mes parents, je crois. Du coup, d'un côté très énergétique, curieux de tout, et en même temps, ce côté où la gestion des frustrations, des peurs, ça pouvait partir dans des intensités. Donc, je pense là-dessus, je vivais plutôt mes émotions fortement intenses quand j'étais petite. plutôt en forme arc-en-ciel, fluo, qui donnait peut-être pas mal de, comment vous dites en français, de grains à moudre à mes parents.
- Speaker #0
D'accord, donc ils s'en plaignaient.
- Speaker #1
Oui, en tous les cas, les histoires familiales peuvent parfois être un peu autour d'une colère ou un moment, je deviens bleue parce que j'arrête de respirer, je suis tellement en colère. Et la seule stratégie de ma mère, c'était l'eau froide pour me redescendre. Donc les joies intenses, ça la posait moins de problèmes, mais oui, c'était une variété d'émotions très intenses qui m'animaient petite.
- Speaker #0
Quel adulte es-tu devenu depuis ?
- Speaker #1
Hum, quel adulte je suis devenue ! Alors je crois qu'il y a quand même quelque chose qui est caractéristique, c'est que j'ai une rage de vivre qui m'habite et qui me pousse à aller de l'avant, etc. et qui est vraiment quelque chose qui m'habite en tant qu'adulte. Et puis je suis devenue quelqu'un de hautement précis. Voilà, ce côté recherche scientifique, vraiment j'ai cet esprit très scientifique, structuré. J'aime bien prendre par exemple la métaphore du scalpel. Moi j'aime bien le scalpel parce que c'est très précis, détail, etc. Et en même temps, et c'est aussi parfois, on me le dit, on me dit, voilà, t'es devenu un scientifique, mais pas du tout froid. Alors c'est comme si les gens, ça étonne, parce que je suis vraiment plutôt émotionnelle. Donc mes enfants rigolent parfois parce que je peux pleurer devant un film comme La Reine des Neiges 2. Et donc j'ai aussi aujourd'hui, j'assume mon hyper sensibilité au monde émotionnel. Et donc j'ai un côté très sensible, très bienveillant aussi. Je vois... Un adulte, un enfant dans la rue, ça ne va pas, je suis la première à m'arrêter, même mon boulanger préféré, si ce jour-là... Il n'a pas le sourire, je vais prendre le soin. Et donc je crois que je suis devenue une adulte qui vraiment, j'ai besoin des bases scientifiques, de la rigueur, du côté structuré, validé, méthodique. Et en même temps, j'ai ce côté très chaleureux, très bienveillant, très dans l'empathie qui me caractérise peut-être dans mon côté adulte. Et du coup, tu vois, parlant des enfants, je sais aussi aujourd'hui la place de mes enfants, elle est avant le travail. Ça aussi, c'est quelque chose peut-être, quand j'ai commencé à devenir adulte et à travailler, parce que je n'avais pas d'enfants, le travail, tout ça, ça a été vraiment quelque chose de très important. Ça l'est vraiment encore toujours, parce que le nombre de fois que je travaille, le soir ou l'autre.
- Speaker #0
Donc prochaine question, que veut dire être soi pour toi ?
- Speaker #1
Être soi, pour moi, c'est pas la définition d'aujourd'hui, elle a construit depuis un certain temps, c'est quoi être soi ? Et je crois, déjà, une première chose, c'est être sensible aux choses qui nous nourrissent vraiment profondément. Et donc, être soi, c'est comprendre vraiment les choses qui nous nourrissent au profond de nous. Mais aussi en nous, mais aussi dans la relation, parce qu'on est quand même un animal grégaire. Et c'est quoi ce qui nous nourrit dans la relation à l'autre ? Et c'est aussi après se poser la question, c'est quoi l'environnement qui me nourrit ? Et peut-être être soi, c'est déjà identifier ce qui nous nourrit dans ces trois sphères, c'est ce qui me nourrit moi, ce qui me nourrit dans les relations, ce qui me nourrit dans mon environnement. Et une fois j'ai compris ça, c'est de travailler sur cette cohérence, cette harmonie. Et du coup, être soi, ça peut être plein de choses. Moi, je sais, si je me définis, être moi, c'est apporter, rallumer les lumières en chacun. C'est pour ça que je suis dans un métier d'aide. Et si je revois parfois la flamme qui s'éteint, un échange et la lumière regrandit, tu vois, et là-dedans, je suis vraiment moi. Mais c'est aussi, par exemple, la douceur. J'élève seule mes enfants et voilà, mais mes enfants parfois il y a l'agacement qui arrive, mais ça c'est pas moi, je suis pas quelqu'un d'agacé qui crie. Donc ok il y a ces déclencheurs là, mais c'est pas ma réaction à ça, c'est pas ma vision harmonieuse de ma vie, de mon environnement. Donc c'est comment je réduis ces déclencheurs pour venir créer cet environnement qui me permet d'être moi. Je crois que c'est un peu un moment de se poser face à l'observation du terrain, qui suis-je, qu'est-ce que j'aime, et ensuite de créer le plan d'action pour pouvoir le réaliser. Et après, il y a plein de choses très différentes pour chacun de nous. Du coup, il y a ce temps d'observation de soi. Et donc, être soi, c'est vraiment quand on se connecte à nos vocations quelque part.
- Speaker #0
D'accord. Alors, question suivante. Durant quel moment te sens-tu vraiment être toi-même ?
- Speaker #1
Alors il y a plusieurs, parce que j'ai un moi professionnel très développé. Donc je sais, j'ai été il y a une semaine, même pas, en intervention d'entreprise. Et tu vois, avec Covid, ça faisait longtemps, j'ai pas fait une animation en vrai, parce que c'est à distance, c'est le zoom. Et là, d'avoir un vrai groupe, des vrais gens, et là j'étais moi pendant l'animation. J'oublie le temps, je suis dedans, il y a le flow. Il y a des moments d'animation ou aussi en coaching où vraiment, voilà, je suis moi et il y a ce travail. Puis il y a des moments aussi dans ma vie pro de recherche. Parfois quand je passe ma vie, maintenant ce n'est plus ma vie, mais parfois si je me perds dans des articles, des livres, pour essayer de comprendre quelque chose, tu vois le dernier week-end mon menu c'était dégoût et colère, qu'il fallait vraiment que je comprenne au regard des dernières recherches, parce que ça faisait un moment que je n'avais pas mis à jour. Et là j'ai passé dix heures à travailler dégoût et colère, et là j'étais pleinement moi. Voilà, c'est les livres, c'était les pages partout, les pages internet, il y avait trois écrans avec des articles et je commence à synthétiser. Et là, je suis juste dans mon moi de chercheuse qui oublie le temps, qui compose, qui retranscrit. Donc ça aussi. Et puis après, dans ma vie personnelle aussi, je ne suis jamais plus moi-même comme dans une balade dans la montagne, au regard d'un paysage. Moi, quand on a l'horizon, j'ai adoré les montagnes en Afrique du dragon, tu as une vue extraordinaire et il y a de la respiration. Et là aussi, quand je suis connectée aux éléments. Parfois je veille d'aller dans des endroits où il n'y a pas internet, il y a à peine de l'eau courante, où c'est vraiment roots, et là aussi je reconnecte à vraiment moi, juste dans les éléments avec mes proches, et là aussi j'ai cette sensation profonde d'être moi. Alors,
- Speaker #0
que veut dire réussir ou réussir sa vie pour toi ? Alors,
- Speaker #1
pour moi, réussir sa vie, tu vois, j'ai peut-être envie de citer Vinnie Cote. Tu vois qu'il y a un moment dans le développement de l'enfant, il y a des couacs qui peuvent arriver et l'enfant va développer un faux self. Donc, une image que la société a envie de voir, mais qui ne correspond pas à lui-même. Mais cette image, il la construit souvent par des voies de protection. Parce qu'il sait, s'il montre cette image, il n'y a pas de punition, il n'y a pas ceci. Mais en fait, cette construction de l'image l'éloigne terriblement du fait d'être soi. Donc pour moi, j'aime beaucoup Vinicote sur ce point-là, parce qu'il dit vraiment, quand on peut être celui qu'on est dedans, aussi bien... En rendez-vous pro, en rendez-vous avec d'autres, quand il y a du monde, quand il n'y a pas de monde autour, c'est on est toujours dans l'unicité de soi, peu importe dans quel environnement tu es. Évidemment, je pense qu'en entreprise, on a une bonne nouvelle, on ne va pas se mettre à danser peut-être, mais si je suis joyeux de ça, je le montre avec l'authenticité. Et pour moi, c'est peut-être ça, quand on réussit. Voilà, sa vie, c'est qu'on peut être aligné dans ses valeurs profondes, on est au clair avec ses limites éthiques, ce qui est juste, ce qui est injuste, et que nous là-dedans, on ne se tord pas selon les environnements pour paraître bien. Il n'y a pas ce souci-là, cette préoccupation, non. C'est je suis aligné en moi-même Et pour moi, c'est ce que j'essaie d'apporter quand j'accompagne, c'est cette connexion profonde à… Tu es OK tel que tu es et ne te tords pas dans aucun des environnements. Si l'environnement t'emmène à te tordre, pose-toi la question, qu'est-ce qui t'emmène à te tordre ? Est-ce que tu peux, dans cet environnement, rester aligné et authentique ? Et si la réponse est non, la réponse intelligente pour réussir sa vie, c'est je change d'environnement Évidemment plus facile à dire qu'à faire, mais voilà, c'est pour moi ce profond alignement avec qui on est, côté valeur, côté vocation, et que ça on peut rester soi-même, peu importe dans les environnements où on est.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui en fin de vie te permettrait de quitter cette terre sans regret ?
- Speaker #1
C'est une sacrée question. Et heureusement, je la travaille parce que parfois, on fait l'exercice de faire écrire aux personnes qu'on accompagne le speech qu'ils aimeraient qu'on lise et qu'on dit d'eux lors de leur enterrement. Donc, je me suis un peu posé la question. Alors déjà, évidemment, je suis maman. Donc, pour moi, avant que mes enfants soient tous indépendants, installés financièrement, etc., ce n'est même pas question que je quitte la terre. Ma rage de vie, elle fera en sorte que ça n'arrivera pas. Mais qu'est-ce qui me permettra, c'est quand chacun de mes enfants a trouvé sa vocation, que peut-être aussi que j'ai encore deux, trois choses sur lesquelles je vais devoir trouver ma paix. Donc ces deux, trois choses sont encore là, donc voilà. Et qu'est-ce qui me permet de partir, si c'est le moment de partir, c'est que... J'ai une image un peu... Mais j'ai quelques personnes avec qui j'ai envie, à un moment, d'être dans le jardin, de voir nos petits-enfants jouer et d'apprécier l'instant présent, mettre les mains dans le potager, de continuer des conférences, la recherche. Et ça, je voudrais bien en profiter quand même quelques années. Donc ça, c'est aussi sur ma liste des choses. Et peut-être un doctorat. Je voudrais bien encore refaire un autre doctorat. Il y a encore des petites choses que j'ai envie de faire avant de quitter ma vie. Mais ça, c'est plus des choses peut-être un peu utopiques, comme si on pourrait choisir le moment qu'on part. Ce qui me permettra, peu importe quand l'univers choisira le moment quand je dois partir, c'est que j'ai densifié mes enfants. pour qu'elles peuvent s'épanouir dans la vie. Et là, la mission sur Terre, je crois que j'ai accompli ma mission. J'ai envie de densifier, d'aider quelques autres, même connus ou inconnus aujourd'hui, ce serait un plus. Mais si de ce côté-là, ma mission serait réussie sur cette Terre. Et du coup,
- Speaker #0
quelles émotions aurais-tu ressenties juste avant de quitter cette terre ? Qu'est-ce que tu aimerais ressentir comme émotion avant de quitter cette terre ?
- Speaker #1
Alors je le sais même très précisément, parce que dans ma famille, on a la convention d'accompagner les personnes qui meurent dans la mort. Donc généralement, on est tous réunis autour du lit, on tient la main, on est là. Et donc c'est ça que je voudrais partir avec sérénité et satisfaction. Un grand sourire, entourée de mes proches. et si ça l'univers me l'offre pas je voudrais partir avec un énorme éclat de rire et là ce serait ok aussi je sais pas, un fou rire qui fait péter mon coeur et là c'est ok aussi mon état cible si je dois quitter cette terre joie, satisfaction et là je pourrais dire j'ai réussi
- Speaker #0
Maintenant on va rentrer un peu dans le sujet des émotions avec toi. Moi j'aimerais partager quelque chose à ce sujet. En fait, si les émotions m'intéressent, c'est parce que quand j'étais plus jeune, j'étais assez hypersensible, émotif même. On l'écrivait souvent sur mon relevé de notes, enfant hyper émotif, hypersensible, etc. Et moi j'ai appris à gérer ces émotions un peu sur le terrain, mais sans les étudier scientifiquement comme toi. Donc j'ai essayé de les réguler à travers le corps, à travers les pensées, en faisant des exercices de relaxation. Et donc c'est le sujet qui m'a intéressé dès le plus jeune âge parce qu'il m'a impacté un peu négativement, il m'a un peu bloqué dans ma vie de départ.
- Speaker #1
Et je me demandais si toi,
- Speaker #0
c'était aussi peut-être un peu l'origine de tes recherches, cette volonté de vouloir faire rentrer les émotions dans des cases, tel un scientifique qui trie les données, qui les met au bon endroit pour pouvoir les contrôler. D'où vient tout chez toi, ce besoin d'aller étudier les émotions ? Tu veux une réponse,
- Speaker #1
une vraie réponse ? Oui. Alors oui, moi ça a été vraiment... Ça me parle beaucoup ce que tu dis, parce que moi, l'émotion, en fait, ça m'envahissait. Et aussi, le côté hypersensible, c'est que parfois on attrape les émotions des autres, et on n'arrive pas à faire la différence, donc on les prend pour siennes, en plus. Donc oui, ça a été pour moi très compliqué. L'adolescence était pour moi vraiment... J'aimerais pas m'avoir comme ado. Donc ça a été très très compliqué. Et du coup, moi la porte que j'ai trouvée, c'était vraiment l'émotion. Mais en fait, l'objectif c'était pas de mettre les émotions dans les cases. Parce qu'en fait, moi les émotions, je les comprenais pas. Donc en fait, je comprenais pas ce qu'ils devaient me dire. Il y avait vraiment ce côté-là, ok il y a colère, mais de quoi ça me parle ? Parce que moi je pouvais avoir des colères, et je sais, j'ai encore une personne auquel je pense, j'ai vraiment explosé de colère et je l'ai terriblement blessée. Et du coup, ce n'est pas une colère qui est de 1, qui monte à 2, à 3, qui peut s'exprimer à 4, c'était sur une échelle de 7, on était à 10. Et donc ces moments-là, ou pareil de peur, ça pouvait vraiment... Tu vois,
- Speaker #0
ça a été vraiment,
- Speaker #1
vraiment violent. Et donc, en fait, moi, d'abord, j'ai comme toi, OK, c'est quoi les premières régulations ? Mais ensuite, c'était vraiment, c'est quoi le message ? Si elles sont venues là, c'est qu'elles sont venues pour me raconter un truc. Et moi, c'est là où j'ai commencé la recherche à la fois scientifique et pratique, parce qu'il faut que je le remouline par l'expérientiel pour que ça connecte. Mais tu vois, la colère, c'était de quoi elle me parle ? Ma mère, elle me disait, elle m'a dit, bon d'accord, aujourd'hui on a compris, c'est ta journée fin du monde, tant qu'on va attendre demain, ça ira mieux. Tu vois, en termes d'exemplarité de gestion émotionnelle. Je pense qu'elle a fait comme elle pouvait, mais moi ça ne m'aidait pas. Tu as aujourd'hui une journée douleur du monde. C'est compliqué à comprendre. C'est quoi un déclencheur de douleur du monde ? Du coup, je suis vraiment allée à essayer de comprendre chaque émotion. Ok, la colère, elle me parle de quoi ? Elle me parle d'une offense de limite. Du coup, déjà, comprendre ça d'un point de vue scientifique, moi ça m'a aidée. Mais du coup, il me manquait encore une case. Parce que c'est quoi pour moi une offense de limite ? Et est-ce que toutes les offenses de limite ont le même poids ? Et du coup, en fait, à un moment, c'est là où j'ai commencé vraiment à ranger et à reconstruire l'émotion de manière fonctionnelle chez moi et ensuite chez les autres personnes. Alors, par exemple, je ne sais pas, je travaille, je suis en coaching et mon enfant passe, et il est supposé ne pas passer, ça mérite quoi comme intensité de colère ? Tu vois,
- Speaker #0
ces questions-là,
- Speaker #1
je ne me suis pas posées. Et du coup, je me suis vraiment posée un collègue qui m'aura un dossier en retard. Ça mérite quelle intensité ? Quand ça arrive la première, la deuxième. Et puis, une fois j'ai compris que ça touche une valeur à telle intensité, qu'est-ce que j'en ai comme conséquence en plan d'action ? Moi, je pouvais, quand il y avait des personnes qui travaillaient avec moi, ils touchaient un ou deux points, mais je pouvais couper la relation. Du coup, ce n'est pas non plus la seule option. Mais il faut en même temps avoir des critères. Quand est-ce qu'on coupe la relation ? Et là, c'est par exemple quand tu t'intéresses à mépris, dégoût. Quand c'est ça, des gens viennent te chercher là-dedans à des intensités 5, 6, 7, ben là, la relation, elle est toxique. Donc là, oui, dégoût te dit à 5, 6, 7, quand c'est en relationnel, c'est bon coup, la bonne réponse, c'est t'éloigner de la relation. Mais du coup, tu vois, je ne comprenais pas ce système, les émotions. On me disait, parce que Damasio l'a écrit, c'est des informations. Mais oui, c'est des informations. Mais personne ne m'a éduquée à quelles informations c'est. Et du coup, ce qui m'a aidée pour apprivoiser mon hypersensibilité, c'était un peu comme toi, c'était plutôt un truc gênant pour tout le monde. Alors que moi, aujourd'hui, j'essaie de dire, c'est plutôt un super pouvoir de dingue. Pas pour manipuler les autres, mais pour comprendre et lire les autres. On a un don extraordinaire. Mais si on n'arrive pas à faire sens des émotions, en fait on en voit partout, mais on ne sait pas dans quelle direction les traiter, dans quelle signification les comprendre. Et donc c'est ça vraiment qui m'a aidée, j'ai envie de dire, de sortir quelque chose de positif de mon hypersensibilité. C'est ce côté-là. Et du coup, j'ai commencé avec les grandes émotions, ensuite sur 16 émotions, 20 émotions, et on peut en rajouter. Mais du coup, je suis partie vraiment aller cartographier pour, dès qu'elles apparaissent, comprendre le sens qu'elles m'envoient. Ce qui fait qu'aujourd'hui, c'est une lecture très très rapide et j'arrive tout de suite à voilà le message, le plan d'action Mais du coup,
- Speaker #0
ma porte de sortie,
- Speaker #1
c'était… et du coup, la science, c'était le détour. C'est de comprendre individuellement chacune des émotions pour pouvoir ensuite les apprivoiser.
- Speaker #0
Est-ce qu'il faut justement toutes les comprendre dans leur intensité, les mesurer, pour pouvoir les intégrer et gérer celles des autres et les siennes et la relation ? Est-ce que c'est... Il y a beaucoup de gens qui vivent ça naturellement, de manière intuitive. Est-ce qu'il faut passer par l'étude, passer par le cortex préfrontal et analyser ça pour pouvoir les gérer correctement ? Est-ce qu'il n'y a pas une manière intuitive ? Alors, évidemment,
- Speaker #1
il y a des manières intuitives. Et moi, parfois, je coach aussi des experts qui ont vraiment des très bons profils. Par contre, quand c'est intuitif... Tu ne peux pas forcément consciemment le reproduire. Ou consciemment le reproduire chez quelqu'un d'autre. Tu es dans l'intuitif. Et souvent avec ces personnes, on rend conscient l'intuitif. Et du coup, c'est poser consciemment les choses. Et là, c'est comme... Ça sert à quoi de les poser consciemment ?
- Speaker #0
C'est que du coup, à un moment,
- Speaker #1
tu peux les choisir. Et à un moment, tu peux aussi émo-éduquer ton environnement. Parce que c'est ça aussi qui est chouette. Moi j'ai eu une petite crise intense à gérer jeudi dernier. Et voilà, je sentais que mon anxiété montait, montait. Et j'étais en voiture. Et là je sais tout de suite, en voiture, intensité, peur, c'est pas une bonne équation. Donc je sais tout de suite que moi, l'évaluation cognitive c'est un truc qui marche. Par contre là, j'arrivais pas à le faire toute seule. Donc du coup j'ai appelé une amie, je lui ai dit écoute, Je suis en intensité de peur, anxiété qui se mélange très très fort, je suis en voiture, j'ai besoin d'une réévaluation cognitive de ma situation, voilà les éléments. Elle me répond, j'ai compris, attends, réévaluation que je te propose. Ah ça marche. Donc je suis aussi d'une clarté extraordinaire quand je demande du soutien. Et ça c'est très aidant aussi parce que tu sais tout de suite, voilà mon besoin. Parfois on n'y arrive pas, il y répond de toute seule. Du coup tu peux appeler ton entourage. qui est un peu sensibilisé à ça, et dans les équipes au travail, c'est extraordinaire. Parce que du coup, tout d'un coup, il commence à parler comme ça. Il dit c'est quoi ton déclencheur là ? Je vois bien que tu es inquiet. C'est quoi ton déclencheur ? Ah oui, c'est ça. Et ton besoin ? Là, ok. Et comment je peux t'aider pour nourrir le besoin ? Et en fait, on a tout d'un coup une facilité de langage qui parfois nous fait déjà gagner du temps dans la régulation, et ça évite les surincidents. Parce que parfois on peut partir d'un besoin qui n'est peut-être pas celui de la personne vraiment à besoin. Donc du coup, ce côté intuitif, vraiment chouette, nous on fait juste le conscientiser davantage pour pouvoir l'utiliser consciemment quand c'est nécessaire, voire du coup aussi être promoteur de l'intelligence émotionnelle, parce que j'ai quand même ce côté de transformer un peu la société avec les bonnes pratiques de l'intelligence émotionnelle. Et du coup, conscientiser, ça passe tout à coup comme un langage dans les familles, comme un langage dans les équipes. Entre un manager et un collaborateur, entre collaborateurs, et du coup vu qu'on parle le même langage, ça facilite beaucoup l'interaction et la communication. D'accord,
- Speaker #0
mais si on n'est pas un spécialiste de l'intelligence émotionnelle, et qu'on ne décortique pas à ce point, qu'est-ce qui peut être pratique pour quelqu'un lambda, pour bien comprendre ses émotions et les émotions de l'autre, et éventuellement quelques déclencheurs ? Mais comment on peut avoir une approche un peu simplifiée ? Parce que toi, tu es une spécialiste, donc tu peux sortir les outils, les utiliser à bon escient au bon moment, mais quelqu'un qui n'est pas un spécialiste, qui ne l'est pas étudié comme toi, comment il peut faire pour s'en sortir ? Le non spécialiste,
- Speaker #1
comment il peut s'en sortir ? Pour moi, c'est déjà prendre les réflexes de se poser quelques questions. Parce que beaucoup de personnes, par exemple, ils voient les yeux qui sourient. En même temps, avec les masques aujourd'hui, c'est parfois compliqué. Mais on voit les yeux qui sourient et c'est tout de suite, c'est la joie. Et donc attention, moi je crois, en tant que non spécialiste, on peut tout de suite aussi se poser la question, est-ce la joie ou est-ce peut-être une autre émotion plaisante ? Et ça, c'est un réflexe intéressant à prendre. C'est ma première intuition, c'est ça. Et je fais une petite boucle de vérification. Est-ce que c'est ça ou ça donne hypothèse à d'autres émotions ? Donc ça, c'est vraiment un beau réflexe à prendre, que ce soit pour du plaisant ou du déplaisant. Et après, il y a un deuxième réflexe, c'est en quoi l'état émotionnel peut être utile. Je ressens de la colère, en quoi c'est utile ? C'est quoi le message ? Ça m'aiderait à faire quoi ? J'ai un collègue qui est en colère. Ce n'est peut-être pas agréable pour moi à vivre, mais attends, je vais lui poser deux questions. Ta colère, elle parle de quoi ? C'est quoi le message qu'elle t'envoie ? On va creuser, ok. Et puis, en quoi elle pourrait être utile ? J'ai vécu une injustice, c'est peut-être l'énergie pour rétablir, pour être dans l'affirmation. Super ! Et là, la personne, elle part déjà avec quelques grilles. Donc pour moi, ça, c'est vraiment des questions clés. C'est... Est-ce que je suis sur la bonne émotion ou est-ce que peut-être il y a une autre ? Donc sensibiliser à ce fait d'ouvrir les chakras, qu'on n'a pas juste une émotion mais plusieurs.
- Speaker #0
Il y a aussi les croyances sur les émotions qui ne sont pas nécessairement négatives. C'est plutôt utile dans tous les cas. Clairement. Il y a une croyance autour de ces émotions. À une époque, les émotions, ce n'était pas bien de les exprimer, ce n'était pas bien de les avoir, il fallait les cacher. Aujourd'hui, on a un peu évolué par rapport à ça. Heureusement. Après,
- Speaker #1
il y en a encore certains qu'on ne considère pas trop chic à ressentir. Le dégoût relationnel, par exemple. Mais tout à fait, il y a ce changement de croyance qui est d'ailleurs, je crois, la première étape. Parce que si tu ne crois pas dans l'utilité de l'émotion, Ça va être très compliqué de les accueillir et aussi d'en faire sens. Ça surtout aussi pour les déplaisantes. Et en même temps aussi parfois se poser la question, est-ce que les plaisantes ne peuvent pas avoir des risques ? Parce que peu de personnes se méfient par exemple d'une joie, alors que quand je leur donne l'exemple extase au volant tout le monde me dit c'est pas une bonne équation Donc on a quand même implicitement cette idée que même les plaisantes peuvent être risquées parfois. Donc vraiment ce côté, oui, utilité, et en même temps de se dire tiens, je vois souvent les déplaisantes avec des risques, mais ces risques existent aussi bien sur les plaisantes Quelque chose qui est important quand même, c'est qu'on se densifie émotionnellement. On est dans une société, surtout maintenant depuis un mois, où on se confronte de moins en moins à nos limites. Évidemment on se confronte à nos limites parce qu'on est confiné ou des choses comme ça, mais je crois qu'on a besoin de se densifier émotionnellement parce que... Alors, j'ai un dirigeant que j'ai coaché, à l'époque il avait déjà 70 ans, et il me disait, il dit, mais vos générations, dans nos générations, en entreprise, parfois on gérait une ou deux grandes crises, et la troisième c'était vraiment pas de bol. Alors qu'aujourd'hui, je crois qu'on est amené à gérer des crises et des situations aversives avec une fréquence beaucoup plus élevée. Et donc je crois qu'on gagnerait tous quand même à se densifier du point de vue émotionnel. Peut-être pas tous devenir des experts, mais je crois qu'on a tous besoin à un moment d'apprivoiser nos peurs. Parce que le moment, quand on est dans une situation aversive et on part en panique, en terreur, avec panique, on ne va plus être fonctionnel. Donc du coup, on a quand même besoin, on l'a vu avec les attentats. Si il y a attentat de Nice et je suis là et je pars en panique, je ne peux même plus aider. Je ne peux pas me mettre à l'abri. Donc je ne dis pas qu'il faut se préparer à gérer émotionnellement si vous tombez dans un attentat. Mais en même temps, il faut se préparer émotionnellement quand vous vous retrouvez trois mois confinés. C'est ce qu'on a vécu au mois de mars. Moi, j'étais confinée avec trois enfants toute seule. émotionnellement, il faut pouvoir l'assumer. Donc je crois qu'on gagnerait tous dans notre société, bien qu'arriver à mon niveau d'expertise, c'est un sujet aussi, je forme des professionnels, donc j'ai besoin d'avoir un niveau d'expertise, et puis j'avais vraiment besoin de comprendre le truc. Mais du coup, je crois quand même qu'il nous faut tous un niveau d'intelligence émotionnelle de base pour pouvoir apprivoiser les émotions très intenses en situation de crise. pour rester opérationnel. Et puis, on a besoin d'avoir aussi une capacité à faire des émotions des alliés, parce que je crois que plus que jamais, on a besoin de nourrir le lien et d'avoir des relations sociales significatives, parce que dans les périodes difficiles, aversives, c'est quand même beaucoup plus aisé de les traverser quand on a du soutien que quand on doit les affronter seul. Du coup, je crois que l'intelligence émotionnelle... J'ai envie de dire qu'on a une responsabilité sociétale, qu'aujourd'hui ces compétences se développent, parce que l'environnement, je ne veux pas être trop pessimiste, mais je pense qu'il nous réserve quand même encore quelques situations aversives dans notre futur proche.
- Speaker #0
oui d'ailleurs aujourd'hui les plupart des gens sont plutôt des victimes de leurs émotions, plutôt qu'elles s'en servent ou elles les trouvent utiles. Et je crois que notre société est là pour tout le temps les remettre à cette place de victime de leurs émotions et créer des émotions pour les laisser en tant que victimes. Je pense qu'effectivement, il est utile aujourd'hui que cette intelligence émotionnelle se développe et se diffuse un peu plus dans notre société. Et pour autant, on est tous... Beaucoup exposées à des émotions particulièrement intenses, liées à des événements comme les attentats, le Covid, etc. Et aujourd'hui, fonctionnellement, à quoi servent ces émotions intenses ? Si elles existent, c'est qu'elles sont utiles pour l'être. Donc, est-ce qu'il faut tout le temps les contrôler ? Est-ce qu'il faut tout le temps les réguler ou pas ? À quoi elles servent, ces émotions intenses ?
- Speaker #1
Alors, j'ai pas mal un bon moment. Je pensais que vraiment les émotions intenses ne soutiennent pas forcément la performance au sens très très large, vraiment très large. Ça peut être, voilà, c'est pas juste performer dans une tâche, mais performer dans sa vie. Et donc je pensais vraiment pendant un bon moment à ce qu'elles sont plutôt troublantes. Et après il y a quelques rencontres, quelques moments, j'ai rencontré un danseur, j'ai fait une fois une intervention, une conférence avec un danseur. Et il a écrit la rage de vivre. Et donc là aussi, ça pose question. Rage, vivre, joie. Du coup, voilà. Après, moi j'ai eu plusieurs moments aussi d'émotions très intenses. C'était plutôt parasitaire. Et après, voilà, ce chemin a continué. Et je crois que les émotions intenses, ils ont vraiment leur utilité. Alors moi je me suis par exemple séparée et en fait j'ai eu une sacrée rage à ce moment là. Et en fait cette rage m'a permis de traverser les prochains dix mois et de tout gérer, de tout remettre en place, de trouver un nouvel appartement pour mes enfants etc. Et de trouver l'énergie. de différer quelque part la tristesse, parce qu'à ce moment-là, ça n'aurait pas été fonctionnel, mais de recréer le nouvel environnement favorable, et ensuite me poser. Donc du coup, il y a aussi ces émotions-là, il y a des émotions intenses aussi, où je pense à... Ma fille, elle a eu une situation un peu critique avec sa sœur et elle n'était pas bien. Et elle a eu une telle peur en fait qu'elle a pris sa petite sœur sur le dos et elle a couru dix minutes avec sa petite sœur pour l'emmener auprès d'un adulte qui prend charge. Donc là, on voit clairement la fonctionnalité des émotions intenses. On le vit aussi parfois en entreprise. Voilà, il y a un dernier coup de boost, il faut finir un projet et là on met vraiment l'envie, pourquoi pas colère et on n'est pas dans du moderne étroit, on a besoin là, c'est je tunnelise, j'y vais coûte que coûte. Je ne sais pas, je prends un exemple, certains projets, mon doctorat c'était ça aussi, la dernière année on tunnelise et donc il y a des émotions intenses qui du coup vont réduire notre champ attentionnel, focaliser plus que ce qui est important. et en fait donner l'énergie de l'atteindre. Par contre, du coup, il faut veiller à ce que ce n'est pas… Imaginons, c'est un objectif dans trois ans, je ne peux pas marcher avec une rage pour un objectif à trois ans. Ça, c'est complètement dysfonctionnant. Donc du coup, pour moi, en fait, la conclusion de mon investigation des émotions intenses, d'ailleurs, je joue en ce moment avec, je me suis fait aussi une gratitude à 7 sur 7 très récemment parce que… J'avais jamais expérimenté la gratitude au-delà de 3-4, tu vois. Et là, je me suis fait, ah waouh, une gratitude de 7. Maintenant aussi, parfois, la joie... C'est quoi une gratitude de 7,
- Speaker #0
toi ?
- Speaker #1
Alors, déjà, il faut trouver le déclencheur. Et moi, le déclencheur, c'était... Il y a mon beau-père, quand j'ai eu mon bac, j'avais un bac franco-allemand, il m'a dit, je crois que ta vie, elle n'est pas à Cologne. Je tente les choses et pars à Paris. Et en fait, ça a donné une direction à ma vie que maintenant, 20 ans plus tard, j'ai regardé avec ma thérapeute. Et là, je sentais cette gratitude. Et tu vois comment elle arrive. Et en fait, elle arrivait à deux, trois pour mon beau-père qui m'a parlé à ce moment-là. Et en fait, il l'a fait, juste avec un mouvement de bonté, sans attendre rien en retour. Ça lui a demandé de l'effort parce qu'il a creusé aussi avec moi. Ce serait quoi un environnement où j'épanouis, où je peux fleurir, etc. Et à un moment, on a trouvé Paris comme ça. Et je n'ai pas eu de la gratitude il y a 20 ans. Je l'ai vécu vraiment à décaler de 20 ans et je lui ai remercié. Et j'étais à 3, 4 et là, j'étais avec ma thérapeute, j'ai dit, et là je vais la laisser monter. Et donc je suis allée parce qu'elle se manifeste dans le corps. Donc j'ai augmenté et laissé envahir la chaleur, la posture. Tu vois, je me mets en arrière et c'était vraiment... À un moment, j'étais juste plongée là-dedans, plus rien n'existait. Et ça a donné un lien finalement, parce que là, ça a renforcé la relation que j'ai avec lui. Et aussi, ça m'a remis à combien ce pas était important et a mis une perspective dans ma vie qui est juste aujourd'hui. Waouh, voilà, j'en suis ravie. Et donc du coup, c'est ça aussi. Et de la laisser monter comme ça, c'est fort d'enseignement. Parce que ça valide l'importance de la relation, de ce tuteur de résilience qui était là à l'instant où je pouvais l'entendre, j'ai pris, et du coup ça nourrit ce lien avec cette personne. Ça nourrit aussi le fait à combien c'est un cadeau que je suis là aujourd'hui à te parler, que j'ai fait mes études, que j'ai fait mon chemin, waouh quoi ! Et du coup ça donne confiance, ça nourrit l'estime. Et du coup, c'est ça, tu vois, ça demande la présence de le capter, ça demande de te dire, est-ce que je suis dans l'environnement pour la savourer pleinement ? Et ensuite, on parlait de la connaissance fine des émotions, si je ne sais pas prêter attention où elle est dans mon corps, comment elle est dans ma posture, c'est quoi le déclencheur ? Je ne peux pas aller savourer et augmenter l'intensité et expérimenter ce que ça donne. Et puis, ça te permet de vérifier. Parce que j'aurais pu aussi à 5 me dire, c'est complètement ridicule ce que tu fais. Et ce qu'il m'aurait dit peut-être, ce déclencheur ne le mérite pas. Et ça me permet aussi de calibrer en fait l'émotion à mon déclencheur et de dire, si tu as rencontré à ce moment-là... Cette rencontre, elle a joué 20 ans de ma vie. C'est même le papa des enfants, il était en France. Donc c'est ma vie familiale, ma vie professionnelle, dans ce moment qui se sent jouer sans que personne ne le savait. Donc du coup, c'est toutes ces informations que je peux attraper. Toute cette connaissance de l'émotion me permet du coup de vraiment en profiter pleinement. Et du coup, de me ressourcer, de renforcer mon estime. Tu parlais tout à l'heure, c'est quoi être authentique soi ? C'est aussi poser l'authenticité de moi dans cette relation-là. Mais revenons aux hypersensibles.
- Speaker #0
Si on est hypersensible, on peut être soumis à ces émotions sans les réfléchir. D'un coup, on se rappelle, il y a 20 ans, de cette orientation, ou de cette proposition qui a fait qu'aujourd'hui, tu en es là, et tu peux ressentir ça spontanément, parce que tu es hypersensible, parce que tu ressens les choses et que tu laisses monter ton émotion. Et pour autant, tu n'es pas allé analyser nécessairement... les déclencheurs, tes besoins, etc. Et tu as juste ressenti les choses. Les hypersensibles ressentent, j'imagine, tout aussi bien les émotions positives que négatives. Plaisantes et déplaisantes.
- Speaker #1
Par contre, ils n'ont pas cette... Pour beaucoup, ils n'ont pas cette capacité à passer au conscient et faire sens. Et moi, en fait, mon hypersensibilité, elle pouvait... partir n'importe comment, n'importe où, sans prévenir. Et ça, c'est quelque chose de compliqué à gérer. Tu vois, on a regardé un film la dernière fois avec mes enfants, et là, tchac tchac, tu vois l'émotion qui arrive. Et en fait, avec mon côté de travail, c'est OK, c'est venu te chercher là, tac. C'est ça, ok. Là, si tu ne fais rien, l'intensité part là. Donc je sais maintenant les paramétrer, la tenir et dire, écoute, il faut qu'on y aille parce que l'hypersensible, c'est ça aussi. L'hypersensible, moi, ça ne m'apaise pas si je la reste à trois. Si j'ai une émotion à travailler, je peux pendant la journée, parce que je suis en intervention, la compartimenter, la garder dans une boîte à trois, mais le soir, il va falloir que je la visite et je la laisse sortir à sept. Donc du coup, c'est ça. Tu vois, pour moi, mon hypersensibilité, j'ai envie de dire, j'arrive à l'apprivoiser maintenant pour qu'elle me serre. L'hypersensibilité m'a conduit, quand j'étais ado, à aller trouver aussi, tu vois, je pouvais fumer, je pouvais avoir des moyens pour me calmer parce que je n'y arrivais pas. Ça m'est arrivé d'avoir des idées suicidaires parce que ma tristesse c'était un fond. Non, il n'y avait pas de fond, c'est notamment ça le problème. Je pouvais tomber dans des tristesses mais où il n'y avait plus de fil, de fond ni rien. Et du coup, tu vois, l'hypersensibilité pour moi c'est ça aussi. Tout à coup l'émotion t'attrape, elle t'embarque. Tu vois là, moi aujourd'hui, non, idée suicidaire, c'est quelque chose qui maintenant dans ma vie, j'ai plus. Parce que je sais aujourd'hui accueillir mes émotions et je me suis posé la question quel déclencheur dans ta vie, pour toi conceptuellement, peut être une tristesse aussi terrible que tu peux imaginer de quitter la terre. Et le seul que j'ai trouvé, c'est que mes trois enfants meurent en même temps du même coup et je survis. Vous voyez, c'est quand même un événement très rare. Parce que si mes trois, généralement je suis avec dans la voiture, et j'espère, si ça arrive, que je pars avec eux. Mais ça serait le seul qui aujourd'hui, dans ma réflexion consciente que j'ai pratiquée, mérite que je me suicide. Là je peux dire, ok, là la vie n'a plus de sens. Mais je suis alignée avec. Donc tant que ça ne s'est pas arrivé, idée suicidaire, tu n'as pas lieu d'arriver. Et donc si elle arrive, moi aujourd'hui je dis ok, la dernière fois, bon on arrive sur des terrains, mais je crois l'hypersensible c'est aussi ça, parce qu'on vit les émotions jusqu'au fond des choses. Et moi je me suis retrouvée à La Réunion pour travailler et là il y avait l'annonce du deuxième lockdown. J'allais rentrer en métropole en lockdown. Et j'étais en fait face à ce magnifique paysage, il y a les arbres, tu vois, au vent, je sens l'air salé, tu vois, c'était... Ah, c'était juste... J'étais juste bien, serein, en harmonie. Et là, il y a ces annonces. Et ça ne m'est pas arrivé depuis une éternité, vraiment. Et là, m'arrive cette idée qui me dit Et là, si tout s'arrête, et la sérénité est éternelle. Au fond, c'est une idée suicidaire sous format émotion plaisante, parlons de ce que c'est. Et là, je fais ok, qu'est-ce que ça te dit ? C'est quoi le message de ça ? Et le message de la joie, c'est le lien. Le message de la joie, c'est la sécurité de l'environnement. Et du coup, c'était ce besoin-là, quand tu rentres en métropole, c'est de là, risque de ne pas être nourri. Donc, en fait... Ce moment-là m'a mis en vigilance là-dessus. Alors tu vas sourire, mais je suis rentrée, j'ai appelé une amie, je dis Là, on va acheter un oasis. À une heure et demie de Lyon, je veux un oasis. On est OK ? Elle me dit Oui, pas de souci, moi aussi je veux un oasis. Et on veut des yurtes pour accueillir les plus proches. Parce qu'il y a le lien. Et toute cette situation m'a parlé de lien. Et moi me retrouver confinée avec trois petits-enfants tout seul, je sais, c'est à ma limite. Évidemment, je gère et tout, mais c'est hard quand même. Donc, je sais que je peux gérer, mais j'ai besoin de liens, ça me nourrit, j'ai besoin de ça. Donc, c'était clair qu'il fallait acheter l'Oasis à plusieurs. Donc, on a maintenant le projet, on est au seuil de signer le compromis. Et ça, c'était, tu vois, le 20 octobre, je peux te dire, c'était le 29 octobre. Et donc la décision était prise. Et c'est ça ce qui toutes ces années d'études, de compréhension m'ont permis. C'est que du coup, tu vois, je suis là et peut-être quelqu'un d'autre aurait sauté. Et ça aurait été un drame. Mais c'est de comprendre le message. Mon message à ce moment-là, ce n'était pas saute, c'était comprend. C'est quoi ? Besoin de lien et de sécurité. Je repars avec ces deux messages, j'ai mon plan d'action. Et c'est ça que j'ai envie de dire, ça m'a énormément pacifiée, ça m'a donné un pouvoir d'agir, je décode l'émotion, je sais ce qu'il y a comme plan d'action à faire. Et là je te donne le côté perso, en émotions très très intenses, mais c'est les mêmes, et les gens qu'on accompagne, ils nous disent, ils disent mais je suis venue pour du pro et en fait je pacifie ma vie et tu peux... Tu vois, on est une unité psychocorporelle, sociale, et tout d'un coup, ces lectures-là, elles te donnent les clés pour ne pas te faire embarquer sur des mauvaises compréhensions des émotions, pour trouver le sens. Et le sens, c'est le sens. Tu sais, c'est Gérard Chaput qui m'a enseigné ça, il y a toujours trois significations. C'est le sens de signification, de direction et de sens-réalité. Et quand ça s'aligne, quand tu as décodé l'émotion, tu as trouvé la sortie par le haut. Et du coup, tu vois, pour moi, c'est ça à quoi tout ça sert. Et du coup, quand on est hypersensible, c'est déjà super parce que du coup, tu peux décoder et c'est facile. Moi, j'arrive aussi des gens qui ont dû faire tellement taire tout qu'en fait, ils n'ont plus accès aux émotions. Et là, nous, on leur réouvre ce champ pour aller comprendre leur vie, les aspirations, les plans d'action alignés. Tu sais que dans les méthodes de pleine conscience,
- Speaker #0
on dit qu'il faut accueillir les émotions, les ressentir pour les laisser passer, surtout quand elles sont trop intenses ou qu'elles sont déplaisantes. Et là, on ne fait pas appel à la rationalisation ou l'analyse de l'émotion. On la ressent, elle passe. Alors dans un cas un peu extrême, si elle passe trop loin dans la tristesse, par exemple, elle peut passer à l'action, parce que tu l'expliques aussi, par ailleurs, une émotion sert à pousser à l'action. Donc quand tu es dans une tristesse profonde, tu peux passer au suicide. Si tu ne traites pas cette émotion correctement, c'est que tu crées une action derrière qui est inappropriée. ou contexte, pour ta vie en tout cas, ton mode de survie. Donc, entre ressentir l'émotion pleinement conscient et puis analyser l'émotion pour en faire quelque chose d'utile, c'est quoi la vérité entre guillemets, ou le plus utile ou le plus adapté ? Est-ce qu'il y a des gens qui arrivent à sentir les émotions sans les analyser et ils arrivent à vivre avec et ils passent à autre chose ? toi tu préconises plutôt de comprendre pourquoi elle est là et quelle est son utilité qu'est-ce qui l'a déclenché et qu'est-ce que du coup tu dois en faire dans la situation c'est un peu deux méthodes opposées moi je trouve alors
- Speaker #1
moi j'aurais envie plutôt de te proposer une lecture complémentaire parce que tu vois la première chose c'est il faut apprendre à réguler les grandes intensités parce que si c'est trop intense on ne peut pas basculer en mode pensée Et donc il y a les méthodes de pleine conscience, c'est très important pour ça. C'est d'apprendre finalement à avoir un outil pour baisser les intensités. C'est aussi les techniques de respiration, toutes les techniques corporelles, sofros, et c'est vraiment important. Par contre, il y a pour moi une deuxième étape, c'est ce décodage de sens. Tout à l'heure, tout au début, tu me parlais, c'est quoi l'authenticité ? Non, c'est être soi, c'est ça. Et l'émotion, c'est la porte d'accès par excellence pour comprendre ce que c'est être soi. Et du coup, si je ne fais pas le processus de décodage par la suite, tu vois, je trouve bien la pleine conscience, ça me dit, j'ai l'émotion. Bon, je la laisse passer parce que là, ok. Par contre, ensuite, je note, j'ai eu cette émotion, je la prends, je la traite. Exemple, au travail, je sens un léger mépris. Donc, pleine conscience, je la laisse partir, pourquoi pas ? Mais si je ne la traite pas, je ne vais pas comprendre que j'ai été face à un comportement déviant. que j'ai tolérée, mais qui me gratte quand même, et qui dévie par rapport à mes standards de valeur et de normes. Et là, pour moi, c'est quand même extrêmement important, si je suis manager, collaborateur, dirigeant, comprendre que j'ai quelque chose. Des comportements déviants dans mon entreprise, c'est une information extrêmement utile parce que si ça, je ne l'ai pas entendu, ça risque de continuer à grandir et de me retourner mon entreprise. Donc, c'est là où moi, je pense, on a pleine conscience. Oui, attrapons les choses. Parfois, ça laisse passer les choses pour pouvoir les traiter après, mais surtout pas laisser passer. Une fois j'ai le temps, je prends rendez-vous. Moi je conseille aux gens que j'accompagne, je le fais avec moi-même, je prends rendez-vous avec des émotions. Ah j'ai eu un moment de dégoût dans la matinée, je ne peux pas le traiter, rendez-vous à 17h, j'ai une demi-heure. Je reviens, c'était quoi ? C'est quoi le... parce que le dégoût dit bien, mal, mauvais, bon, risque d'empoisonnement, toxicité. Donc c'est quand même une information, si j'ai vécu quelque chose qui m'a réveillée là-dedans, je me pose... À 17h dans mon rendez-vous avec l'émotion, la question c'était quoi le côté toxique ? C'est quoi le côté risque d'empoisonnement que tu as eu dans cette situation ? Il se situe où ? Et consciemment je le valide. ou pas, en disant peut-être que c'était un peu trop, mais du coup je garde une vigilance, pour derrière gérer la relation à l'autre, si c'était un dégoût relationnel, j'ai rendez-vous le lendemain avec la personne pour le clarifier, pour travailler la relation, la faire grandir, ou si ça ne change pas, d'arrêter la relation. Parce que si quelqu'un m'éveille du dégoût parce qu'il a des comportements toxiques, ce n'est pas quelqu'un qui doit être dans mon équipe. Donc moi oui, pour moi c'est complémentaire, mais cette étape d'analyse de faire sens, pour moi, en ne faisant pas économie. Ce qui nous arrive dans la vie est beaucoup le fruit des émotions.
- Speaker #0
Selon la vibration qu'on émet, il nous arrive un certain nombre de choses, du fait de nos propres actions, mais aussi des actions des autres et comment on gère ces actions. C'est ça. Ensuite, un certain nombre d'événements arrivent. Donc apprendre à gérer ses émotions, j'imagine que ça peut aussi apprendre à gérer sa destinée. Tu vois ? Oui. Et d'une certaine manière, ça permet donc de faire son chemin de vie et de réussir sa vie. Oui, tout à fait. Avec ce côté que tu disais tout à l'heure,
- Speaker #1
c'est vraiment être soi. Voilà, être soi, indépendamment de toutes les émotions qui te perturbent. Voilà,
- Speaker #0
et gérer ces perturbations, etc. Ça me fait penser à une chose, parce qu'effectivement,
- Speaker #1
il y a le niveau de nos compétences émotionnelles, comment on les utilise pour aller vers notre destinée. J'aime beaucoup ça, ce côté vocation-destinée. Et en même temps, on a parfois vécu des événements ou dans des moments familiales où le fonctionnement de l'émotion a été déstructuré. Tu vois, là j'ai accompagné une personne et on commençait à travailler sur la tristesse et je me dis bien... C'est une émotion, tout de suite il me dit, grande tristesse, c'est de la dépression et tout. Et du coup, en creusant, il n'a vraiment pas eu de chance. Il a eu trois personnes, meilleurs amis, très très proches, et puis qui se sont tous suicidés à intervalles d'un an. Après, il s'est marié avec une femme bipolaire, donc là c'était compliqué aussi. Et le dernier mariage en cours, c'est avec un pervers narcissique. Donc du coup, en fait... Ici, tu vois, tu as une émotion souffrante. Donc c'est une émotion qui a été déstructurée, qui ne s'est pas configurée de manière aidante pour interagir avec le monde. Donc du coup, cette désorganisation de la tristesse avec des moments d'abandon terrible ont conduit à ce que maintenant, même la joie, qui est l'autre marqueur plaisant de je suis en relation en fait, il ne vit plus de joie. Parce que c'est tout de suite l'anticipation, je vais tomber en dépression quand je perds le lien. Et du coup, il y a aussi parfois ces moments-là où il y a des émotions vraiment souffrantes. Et tout à l'heure, tu disais, parfois on a des événements de vie qui se répètent. Et donc, c'est de comprendre l'émotion souffrante dans ces événements de vie qui du coup peuvent nous parler de certains traumatismes. Tu vois, traumatisme d'abandon ou autre, des choses comme ça. Et là aussi, c'est quand on recommence à structurer les cartes de manière fonctionnelle, en fait, tout à coup, on voit que... Comme, je ne sais pas, j'ai l'image de quelqu'un qui travaille les montres, orfèvrerie, c'est ça ? Et tout d'un coup, on tourne là une vis, là une vis et... Le mécanisme commence à repartir de manière fonctionnelle. Et donc on a ce niveau-là, parce que là, nous, on parle plutôt du niveau adaptatif de l'émotion, mais parfois les émotions souffrantes, on arrive aussi à les restructurer pour qu'elles redeviennent adaptatives derrière par cette approche. Donc ce n'est pas ce qu'on pratique en entreprise, ça c'est vraiment plutôt la partie individuelle. Mais tu peux aller jusqu'à ce côté développement personnel où tu restructures les émotions souffrantes. Parce que réussir sa vie, c'est aussi être en action, beaucoup,
- Speaker #0
et donc avoir la bonne émotion en amont de ses actions. Tout à fait. Donc bien gérer ses émotions pour bien agir, c'est aussi l'intérêt d'avoir une bonne intelligence émotionnelle. Entièrement. Et du coup, c'est là où parfois on a ce côté connaissance qui intervient.
- Speaker #1
Si je ne sais pas que la créativité est soutenue par l'angoisse modérée, Je ne vais pas faire le bon match. Donc on a quand même vraiment à cartographier ces questions d'utilité, quelle émotion produit quel comportement, parce que du coup, dans certains contextes, je peux faire appel à l'émotion pour aller vers le comportement que je souhaite avoir, ou qui est important d'avoir dans cette situation. Souvent, on vit des émotions contradictoires aussi.
- Speaker #0
Donc ça nous met dans des difficultés. Tu disais que l'être humain est le seul être à avoir des émotions multiples en même temps. C'est assez compliqué à gérer. Souvent, on est un peu victime de tout ça. Comment on gère quand on a plusieurs émotions en même temps ? Pareil, tu prends tous les messages. Vraiment,
- Speaker #1
moi ce côté message, je trouve que c'est vraiment une clé. Tu vois, je ne sais pas, on est à table, le petit enfant commence à manger tout seul, et là vous avez eu le malheur de faire, je ne sais pas, une soupe, et donc du coup vous pouvez être joyeusement dégoûté, parce que vous êtes joyeux, votre enfant mange en autonomie. Et en même temps, c'est assez dégoûtant d'avoir partout un monde, il essaye de manger la soupe avec les mains, tout ça. Vous voyez, mais du coup, on peut, quand on décode, c'est Ah oui, je suis joyeux parce qu'il grandit. Et en même temps, ça, ça me dégoûte. Peut-être la prochaine fois, je ne fais pas de soupe, mais des bouts de légumes en carré facilement à attraper. Et du coup, c'est ça aussi. Je décode chacune et je commence à extraire le plan d'action. C'est aussi, je ne sais pas, je pense, ce n'est pas encore mon âge, mais quand on a des grands enfants qui partent étudier, peut-être on est un peu triste qu'ils partent, et en même temps on est fiers, parce qu'on a réussi quand même à les rendre autonomes pour qu'ils partent. En tous les cas, c'est ce que je m'imagine ressentir le moment que j'ai l'annonce que mon enfant part de chez moi. Et du coup, là, pareil, deux grands messages. Si on ressent de la tristesse, ça veut dire, attention, il y a du risque de perte de lien. Donc qu'est-ce que tu vas faire à partir de maintenant quand ton ado déménage ou ton jeune adulte déménage pour garder le lien ? Peut-être je lui offre un ticket aller-retour entre la ville où il étudiait jusqu'à chez moi, aller tous les deux mois. Mais du coup, de consciemment le penser. Et en même temps, fierté, ça veut dire, attends, prends conscience de toutes les ressources que tu as, que tu as mis en place une éducation quand même qui semble emmener ton enfant vers l'autonomie. Donc, waouh, attends, tu as quand même des sacrées ressources. Et du coup, là aussi, qu'on est mono-émotion ou multi-émotion, Moi je trouve, quand on attrape le message, tout de suite on voit aussi, attends, la fierté, mon enfant part, ça veut dire que j'ai confiance en ses ressources de réussir. C'est peut-être quelque chose à lui dire, c'est peut-être aussi qu'une fierté collective, donc on a mutuellement les ressources. Donc s'il y a quoi que ce soit qui arrive, ça on l'a, donc on arrivera à l'affronter. Du coup, quand on les décode, on prend les messages, on voit tout de suite quelles actions pour nourrir le besoin et du coup créer cette pacification. Alors moi, il y a une émotion qui m'intéresse particulièrement, c'est la peur.
- Speaker #0
Parce qu'on parlait de nos jeunesses respectives, et à une époque, j'étais hypersensible. Je suis toujours hypersensible, mais je me suis blindé entre temps. Et j'étais aussi timide, donc j'avais la peur du regard des autres, du jugement, etc. Donc ça venait avec mon hypersensibilité, bien sûr. Et là aujourd'hui je trouve que la peur, bon c'est un de mes sujets, c'est encore un de mes sujets, parce que la peur chez les autres aujourd'hui, je trouve que c'est vraiment handicapant. C'est une émotion qui est assez handicapante dans notre société, qui l'entretient en plus particulièrement en ce moment. Et j'aimerais qu'on approfondisse cette émotion parce qu'elle est quand même fondamentale. Une sorte de résistance que tout le monde met en place et qui rend les gens un peu en incapacité d'agir. qu'est-ce que tu penses de ta capacité d'agir qui est générée par la peur ?
- Speaker #1
je vais répondre en deux temps déjà chez toi si tu veux il y a peut-être quelque chose où tu dis enfant hypersensible timide et la peur du regard de l'autre généralement cette situation ne parle pas de peur de quelle émotion pourrait-elle parler ?
- Speaker #0
La honte ?
- Speaker #1
Eh oui, la honte. En fait, dans cette configuration, ça ne nous parle pas de peur, mais de honte. Et de quoi nous parle la honte ? C'est que peut-être l'autre a une image négative de moi. Et si on arrive une seconde, il suffit de croire que cette image négative pourrait être vraie, c'est là où la honte prend. Et donc ça vient chercher l'estime. Donc du coup, là, la grande question c'est, est-ce qu'aujourd'hui, consciemment, tu dis que tu valides cette mauvaise image potentielle de toi qu'il projette ? Ou est-ce que toi aujourd'hui tu dis, j'étais un enfant hypersensible, timide, et est-ce que ça mérite cet étiquettage par les autres ? C'est comme ça la honte, elle prend en fait le pouvoir. C'est que quand je suis enfant, moi c'était ça, j'étais hypersensible, donc je pouvais partir dans tous les sens, et parfois on pouvait avoir des regards pas très bienveillants. Et du coup c'était comme si je voyais dans le regard des autres cette image négative de moi. Et du coup, je pouvais m'y reconnaître. Et en fait, moi, adulte, je suis venue aller... Parler à mon enfant en tant que thérapeute, évidemment, on a ce côté schizophrène parfois, mais du coup je lui ai expliqué, non, un enfant hypersensible qui a des difficultés à exprimer ses émotions, de ma éthique aujourd'hui, ça aurait mérité des regards bienveillants. Donc je n'accepte pas que vous invalidiez moi à ce moment en difficulté, et que vous mettez que ça mérite une honte. Donc du coup ça c'est une configuration où... Voilà, avec la honte, on a vraiment le regard de l'autre. C'est souvent, ça vient nous chercher sur l'estime et l'image idéale de nous-mêmes. Et donc, quand ça arrive, c'est une configuration particulière, c'est de dire, attention, cette image négative que l'autre projette, est-ce que moi... Je pense qu'elle peut être vraie de moi ou pas. Et si la conclusion est oui, ça mérite une petite honte. Si la conclusion est non, ça ne mérite pas l'émotion de honte, que je la laisse s'installer. Donc du coup, ça, comme premier élément, autour de cette question où parfois on dit peur des autres. Souvent, c'est honte du regard. Après, la peur des autres aujourd'hui en contexte sanitaire, elle a été terriblement installée avec la communication où... On peut potentiellement être porteur de virus. Je dis bonjour à quelqu'un et je n'ai pas tous les gestes barrières, etc. ou ô combien je les ai, il y a toujours un risque. J'infecte l'autre qui peut mourir de la maladie. Là, on est vraiment dans la peur des autres parce qu'on est dans... Il y a un danger potentiel, c'est l'autre peut être porteur du virus et aller me contaminer ou contaminer quelqu'un. Donc là aussi, pour agir dessus, pour moi, c'est vraiment repositionner les déclencheurs. Parce que déjà... D'ailleurs, est-ce qu'on est plutôt peur ou angoisse ? Parce que là, on est beaucoup aussi dans l'anticipation des dangers. On n'est pas à des dangers réels. Danger réel, c'est quelqu'un qui a du Covid, il est devant moi, là, il y a un danger réel. Là, pour l'instant, on est plutôt dans des zones d'angoisse à anticiper des dangers. Donc, c'est aussi à revenir sur les bases. C'est de dire, OK, j'ai quelle catégorie d'âge ? Quel est le risque de mortalité à cet âge ? Et donc de repositionner déjà les risques et de ne pas laisser partir la peur comme si c'est du Ebola. On n'a pas du tout cette gravité. Donc là, il y a un premier recadrage qui nous invite à vérifier la véracité des informations parce que souvent l'angoisse nous emmène à surestimer la probabilité des informations. Ça c'est une première chose. Après, je pense aussi, attention à ne pas mettre trop d'intensité, parce que du coup, il y a des gens qui ne respectent plus rien, parce qu'ils se disent de toute façon c'est tellement contraignant, ou c'est tellement, ils partent en peur, et du coup ils oublient tous les gestes. Donc ça c'est d'un côté important qu'on est à la bonne intensité, et aussi pas trop bas, parce qu'il y a des gens quand même, moi je suis toujours étonnée, je prends l'ascenseur pour prendre le métro, il y a toujours des gens qui veulent venir dans mon ascenseur. Alors maintenant... Je les pratique à un moment, maintenant je leur dis attention j'ai le Covid et plus personne veut prendre l'ascenseur avec moi. Donc j'ai trouvé, mais moi je trouve que c'est pas tu vois, c'est oppressant l'ascenseur en ce moment à plusieurs dans les transports publics.
- Speaker #0
Mais en même temps, tu n'es pas à risque.
- Speaker #1
Je ne suis pas à risque. Par contre, avoir un arrêt de travail de 2-3 semaines en étant mère seule au foyer. Ça sera compliqué à gérer. Donc je fais de la prévention. Donc c'est pas tant que moi je... Si je peux éviter de l'attraper, avoir trois semaines d'arrêt en termes d'indépendante et trois enfants à gérer, je m'imagine pas très confortable cette situation. Donc je fais de la prévention. Mais là pareil, tu vois, donc c'est angoisse au bon niveau. Moi c'est pas une angoisse de peur de vie de mort, c'est une angoisse, trois semaines d'arrêt de travail, compliqué à gérer. Donc je fais ma prévention. Et je pense que c'est ça aussi, c'est attention à pas... Ce serait quoi votre pire angoisse ? Et par rapport à la pire angoisse, ce qu'on vit aujourd'hui, c'est quoi ? Et c'est là où la communication... On ne peut pas communiquer à ce que l'autre est en danger de mort, non. On peut être, si on va voir une personne âgée qui a des facteurs de comorbidité, là je comprends, on met peut-être même en plus des gants, et on ne fait pas d'accolade, on ne s'embrasse pas, on garde des distances, ok. Mais après, c'est une personne à risque, etc. Sinon, je pense qu'il faut remettre le déclencheur au bon niveau, Et ensuite, l'intensité de l'émotion va aussi sortir au bon niveau.
- Speaker #0
Mais cette crise sanitaire, elle montre un peu l'extrême de ce qu'on vit aujourd'hui dans notre société, sur la peur. Les gens ont beaucoup peur et du coup suivent les règles de la société plutôt qu'essayer d'avancer dans la vie. plus naturellement, de manière plus libre. Je trouve que la peur réduit les libertés, et c'est une émotion qui est très présente dans notre société. Oui. Comment aujourd'hui réduire cette peur à un niveau individuel pour que la société ait un peu moins peur en général ?
- Speaker #1
Je pense que c'est aussi se connecter aux ressources. Parce que tu peux réguler la peur en agissant sur l'intensité. Tu vas parler de pleine conscience, technique corporelle. Là on a reparlé de mettre le déclencheur au bon niveau, dire en quoi c'est utile. Oui, les gestes un peu barrières, on se met du gel, etc. Ok, j'agis sur l'émotion directe. Mais je peux aussi agir en cherchant des émotions ressources. Et face à ces émotions-là, d'anxiété, de peur, il y a une vraie émotion ressource, c'est la fierté. Parce que tu vois, la peur, j'ai envie d'éviter, je suis en protection, fierté dit attends, j'ai des ressources, j'ai déjà géré pire, bon, ça on va réussir aussi à le gérer. Donc du coup, je pense que c'est une piste, c'est de voir nos fiertés. C'est quoi votre fierté des trois mois de confinement total ou deux, je ne sais même plus. Voilà, moi je me dis, une grande fierté c'est que mes enfants et moi on en est sortis à peu près indemnes. C'est déjà une fierté. Et des collègues, etc. Donc c'est aussi se remémorer. Attends, ok, on a peut-être des difficultés, on bosse à distance, etc. Mais attends, on a du boulot. C'est se reconnecter aux ressources. Puis... On est passé à faire des choses en télétravail, à trouver des nouvelles organisations, on était créatif. Je valorise, je suis satisfait, j'ancre les choses. Et puis il y a une autre émotion, c'est aussi la joie. La joie c'est, parfois on me dit comment être joyeux quand j'ai peur, mais c'est là où...
- Speaker #0
Comme l'estime de soi, c'est compliqué. d'avoir de l'estime de soi déjà quand on part avec une estime de soi faible c'est compliqué d'être fier pour pouvoir sortir de la peur souvent les gens qui ont une estime de soi assez faible sont beaucoup dans la peur de faire,
- Speaker #1
d'agir oui et du coup les régulations c'est pour ça que quand je connais les déclencheurs et quand je connais les postures les manifestations je peux les activer les émotions tu vois si je te parle donne moi tes Allez, 4-5 ressources fondamentaux qui te permettent de naviguer dans toutes tes situations critiques. C'est quoi ces pépites d'or là, qui t'ont permis de sortir haut de tes crises de vie pro-perso, des moments difficiles ? Tu vas voir quand tu m'en parles, c'est Ah oui, là, j'ai connecté ça, j'ai connecté ça. Ok, donc tu vois naître la posture. Reste dans la posture, ancre les ressources, savoure. Et c'est ça, c'est pas… On peut tous avoir des moments d'estime plus ou moins fort ou peut-être on a une estime plus basse, mais c'est souvent la technique qui manque. Si je peux avoir quelqu'un que j'accompagne qui a une estime, je ne sais pas, dans les chaussettes, tu vois, mais je le fais parler de ses ressources, de situations difficiles, la fierté va naître. Tu vois, et c'est là où je pense, ouais. Éduquons-nous à ces quelques grilles parce qu'on a des émotions ressources très importantes. La fierté qui nous connecte à confiance ressource. On a la joie qui reconnecte le lien. Je ne suis pas toute seule. Et ça, c'est quand même aussi quelque chose d'hyper important en ce moment. C'est prévenant l'isolement. C'est se connecter à la joie du lien. Autre émotion, satisfaction. La satisfaction, ça nous donne le sentiment d'avoir un contrôle sur la vie. Et dans des moments où on a une incertitude quand même plutôt grande, c'est moi, je savais toujours, à 30 ans je voulais être docteur, là à 40, 45, j'ai encore la lignée de vie, mais on est dans une incertitude. Et là, effectivement, satisfaction, j'ai fait ça, petit pas, j'ancre, je pose. Ça nourrit mon estime, ça nourrit mes ressources et ça coupe les niveaux de stress, d'anxiété pour régénérer le corps aussi. Donc jouons avec ces émotions pour cadrer la peur ou l'angoisse, parce que du coup tu n'es pas mon émotion mais tu es tout d'un coup, anxiété, un peu de fierté, un peu de joie, un peu de ça, tout d'un coup elle prend beaucoup moins de poids dans ton cocktail émotionnel. Oui,
- Speaker #0
on est soumis en permanence à des déclencheurs de peur dans notre société, différents événements climatiques et autres. Comment fait-on pour en permanence rééquiper nos émotions de quelque chose de plaisant pour faire face à tout ça ? Est-ce que c'est une éducation permanente qu'on doit avoir pour être toujours à la hauteur de ce qui nous arrive ? Merci. À moi,
- Speaker #1
il y a un peu deux niveaux de réponse. Il y a déjà le niveau hygiène de vie émotionnelle. Et évidemment, quand on est dans des périodes de crise, le problème, c'est effectivement que c'est des situations à chocs multiples, comme des tremblements de terre. Et là, on le voit bien, on a eu des premiers pics, des deuxièmes, des troisièmes, et on ne sait pas quand ça finit. Donc on est typiquement dans une cinétique de crise avec cet effet tremblement, les tremblements post-tremblements. de terre, c'est vraiment ça. Donc du coup, dans ces moments-là, il faut une hygiène de vie émotionnelle d'enfer. C'est vraiment, ok, le matin, déjà on ne se lève pas du mauvais pied. Si le matin on se lève avec des ruminations, c'est tout de suite, je ne sais pas, moi c'est jus de fruits frais pressés, voilà, c'est le petit-déj de mes rêves. C'est là qu'on prend vraiment le temps, ensemble avec les enfants, de se connecter au beau, à quelque chose de sympa. Pour créer un buffer, parce que commencer la journée avec des angoisses, non, surtout pas. Donc là, tout de suite, on régule, on prend le temps, on se met dans une zone de bien-être. Et moi, j'ai une sorte de thermomètre où je vérifie plusieurs fois par jour moi-même et mes personnes proches que je croise pour voir est-ce qu'on est dans une zone de bien-être.
- Speaker #0
Alors à quoi elle sert cette émotion de colère initiale ?
- Speaker #1
Je pense que ça sert à ne pas abandonner. Tu vois, la colère, c'est peut-être qu'on se bat quand même pour un contrat. Ou la colère, c'est un peu aussi la rage de vivre. Nous, en psycho, on est beaucoup plus inquiet des gens qui, en situation d'aversité, tombent dans la tristesse que dans la colère, parce que c'est la pulsion de vie. Donc la colère sert à la combativité, ça sert à l'affirmation de soi, et de dire peut-être aussi, voilà ce qui est dans mon pouvoir. Elle nous invite sur... C'est quoi sur quoi j'ai la main ? J'ai la main peut-être de faire un footing trois fois par semaine parce que c'est possible. Oui, le lien, on est coupé, je ne peux pas voir les gens, ça peut me mettre en colère. Mais du coup, peut-être ça me donne l'énergie de faire des apéros zoom, bien qu'on préfère tous à un apéro en présentiel. Mais peut-être ça, ça me pousse quand même dans l'action et avec les moyens qui me restent de nourrir les choses.
- Speaker #0
Une des émotions que je contrôle le moins, c'est la colère. Et pour revenir à la peur de tout à l'heure, souvent la peur me met en colère, la peur des autres me met en colère. C'est-à-dire que j'ai du mal à accepter que les gens aient peur, aient peur d'agir, soient paralysés, etc. Donc moi, ça me rend en colère. Il n'y a pas que ça qui me rend en colère. Et donc, ce plan de la société, c'est quelque chose qui me met en colère. Et puis après je peux me mettre en colère pour d'autres raisons et je me rends compte que souvent la colère a une utilité, par exemple dans un rapport de force commercial ou professionnel ou même dans un couple, par moment on se met en colère pour rééquilibrer la relation. Et là elle a aussi cette utilité-là, c'est-à-dire qu'elle rééquilibre les choses. Je ne sais pas si tu partages... cette perception de ça, mais moi je le ressens comme ça. Donc c'est pour ça que souvent, je n'ai pas trop cherché à réduire mes colères, parce que j'ai vu une utilité à ces colères. Il y a plein de bénéfices à la colère.
- Speaker #1
Par contre, attention à la fréquence et à l'intensité. Mais il y a plein de bénéfices parce que c'est l'émotion de la combativité. C'est, je ne sais pas, sociétalement parlant, aujourd'hui qu'on a des vacances payées par un employeur, c'est bien des choses qui ont été demandées par la colère. C'est que les conditions de travail, on travaille dessus, etc. Donc elle a vraiment des vertus. Elle nous donne l'énergie, elle nous focalise, ce qui nous permet de surmonter l'obstacle qui est devant nous. Donc elle a vraiment plein de vertus. Après, ce qui est important, je crois, c'est de clairement marquer qu'est-ce qui mérite quelle intensité. Parce qu'il y a des choses, je ne sais pas, voilà... Un verre d'eau renversé, est-ce que ça mérite ? Ou un mensonge, un mensonge mais de quelle intensité ? Mensonge pour un bonbon ? Mensonge parce qu'on a caché un cahier de notes ? Mensonge parce qu'on a volé dans la caisse ? C'est bien des intensités différentes. Et je crois que c'est ça aussi qui nous aide à un moment à apprivoiser nos colères. C'est quand on pose, mais qu'est-ce qui mérite quelque part ? Quelle intensité ? Et moi ça, ça m'a beaucoup aidé à gérer mes colères sur ce côté, ok, là-dessus, c'est dans mon pouvoir de changement ou pas, parce que si je ne peux rien échanger, la colère n'est pas adaptée parce qu'elle me donne l'énergie pour changer, première chose. Et après une réflexion assez consciente sur est-ce que l'intensité que tu déploies est cohérente avec le déclencheur que tu rencontres. Moi, je pouvais avoir des intensités décalées de mon déclencheur, d'ailleurs dans les deux sens. Je pouvais avoir des déclencheurs très forts, que je considère intenses aujourd'hui, mais répondre très bas. Et parfois l'inverse. Et en fait, ce calibrage-là, de poser les colères au bon moment, ça m'a aidée à enlever énormément de colère, finalement. Et c'est quoi les différentes intensités de la colère ? Je pourrais te demander par exemple de noter les 20 déclencheurs de colère que tu rencontres au quotidien et ensuite de voir, de les prioriser l'un par rapport à l'autre. Parce que c'est quelque chose de plutôt subjectif, tu vois. La grande catégorie c'est toujours ça touche les limites et tu perçois ça comme intentionnel. Après, c'est quoi tous tes déclencheurs ? Et c'est intéressant de le faire d'un à sept, si tu essaies vraiment de les hiérarchiser, prioriser. Qu'est-ce qui serait ton plus petit déclencheur, celui qui t'irrite ? Et ce serait quoi le truc qui te met en rase ? Personnellement,
- Speaker #0
le petit truc qui m'irrite, c'est... Je ne sais pas, je parle et on ne m'écoute pas, on ne me répond pas. C'est petit à combien, ça ?
- Speaker #1
C'est un.
- Speaker #0
Ah bon ?
- Speaker #1
Quand ton enfant, tu lui parles et il ne t'écoute pas, ça fait juste un 1 ? J'ai l'habitude, je pense. Ah,
- Speaker #0
ok.
- Speaker #1
Tu l'as apprivoisé ce déclencheur. Parce que c'est vrai que tu vois, et là tu vois à combien c'est subjectif. Moi, c'est déjà un 2-3 quand ça arrive. Je ne suis pas encore assez habituée. Mais du coup, c'est ça. Et ce serait quoi un 7 ? Un 7,
- Speaker #0
une colère maximale, une rage. Je ne sais pas si on touchait à un de mes proches, à mes enfants, qu'on atteignait l'intégrité physique ou psychologique de mes enfants. Là, je rentrerais vraiment dans une colère rageuse. Rageuse, ok.
- Speaker #1
Du coup, tu vois, ce qui va être intéressant, c'est de graduer tout le milieu.
- Speaker #0
Et du coup,
- Speaker #1
c'est aussi quelque chose qui va poser. Parce que quand le déclencheur arrive, tu l'as associé par exemple à un 2 ou à un 3. Et du coup, il commence tout de suite à récupérer la bonne intensité. Et en plus, on les hiérarchise. Et là aussi, ce que j'aime bien dans ton exemple, est-ce que c'est déjà arrivé qu'on a touché à l'intégrité physique-psychique de tes enfants ? Oui, c'est déjà arrivé.
- Speaker #0
C'est déjà arrivé, donc tu l'as expérimenté.
- Speaker #1
Parce que parfois, avec les personnes en coaching, on peut en rajouter encore un. Ce serait quoi ? Moi, je sais que j'ai des dimensions de colère. Ce qui me permet aussi de réviser mon échelle, parce que du coup, je me dis, il y a des situations qui pourraient se produire où tu as encore besoin d'une marge d'intensité en termes de réaction. Et si j'ai déjà grignoté cette marge, je ne peux plus la mobiliser face à la marge. Au plus extrême que je pourrais imaginer. Donc je me garde cette marge. Par exemple, moi je ne sais pas, je me dis un jour si la police m'appelle parce qu'ils me disent votre fille a fait une connerie, je me dis ça c'est encore un déclencheur de colère dans l'environnement familial qui pourrait être maximal et que je n'ai pas encore exploré. Donc je me laisse la marge d'y arriver. Bon, je n'espère pas qu'il arrivera. Mais voilà, on peut du coup comme ça poser les choses, ce qui fait pour beaucoup qu'ils vivent beaucoup moins de colère en fréquence. et aussi beaucoup des colères beaucoup moins intenses. Et quand l'intensité arrive, c'est qu'elle est fonctionnelle. Quand ça arrive parce que quelqu'un touche l'intégrité physique, psychique de tes enfants, une rage est complètement justifiée. Après, comment elle doit être pour être fonctionnelle ? C'est une question que tu peux aussi travailler en coaching, à imaginer cette partie-là. Parce que c'est aussi parce qu'on a imaginé des choses qu'on va pouvoir les activer le jour J. Pour finir sur la colère,
- Speaker #0
quelle a été ta plus grande colère ?
- Speaker #1
Ma plus grande colère, en toute honnêteté, c'est que je me suis séparée et j'ai découvert des trucs. Et quand j'ai découvert ces trucs-là, j'ai rencontré la rage. J'avais pensé avant d'avoir rencontré déjà la rage, mais non. Et tu as su la gérer, cette rage ?
- Speaker #0
Je suis là.
- Speaker #1
Et le papa de mes enfants est en vie. Donc, je me dis...
- Speaker #0
Donc, ça va.
- Speaker #1
Mais j'ai pris du temps à la digérer. Bon,
- Speaker #0
tous ces sujets sur l'émotion, ils sont passionnants, on pourrait en parler des heures. Donc merci Lisa déjà pour ces temps, ces heures-là de discussion, et certainement à bientôt alors. Merci beaucoup, très riche aussi pour moi.
- Speaker #1
Merci Lisa. Merci à vous.