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Tous les chemins mènent à Barcelone

52. Yassir Rais (Syra Coffee) : "Tout est né d'une intuition, je n'avais pas de business plan"

52. Yassir Rais (Syra Coffee) : "Tout est né d'une intuition, je n'avais pas de business plan"

25min |07/05/2025
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52. Yassir Rais (Syra Coffee) : "Tout est né d'une intuition, je n'avais pas de business plan"

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25min |07/05/2025
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Description

Pour ce nouvel épisode, rencontre avec Yassir Rais, fondateur de Syra Coffee, ces petites adresses de cafés de spécialité devenues incontournables à Barcelone. Recommandé par mes collègues amateurs de bon café (pour ne pas dire accros au Syra), l'entrepreneur a accepté avec enthousiasme de partager son parcours.


Yassir est né en France et a grandi à Barcelone, c'est son premier podcast en français. On y parle d’intuition, de design, de Barcelone, Madrid et Bilbao, de l’art de dire non et des gens qui mettent du sucre dans leur café.


👉 Un épisode à déguster, sans filtre.


Retrouvez-nous

Sur Linkedin : Aurélie Chamerois, Equinox Barcelone

Sur Instagram : @aureliecham @equinoxbarcelone


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Si vous avez des questions ou des thèmes que vous aimeriez que l’on aborde, écrivez-moi à aurelie@equinoxmagazine.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « Tous les chemins mènent à Barcelone » , le podcast qui explore les parcours d'entrepreneurs francophones en Catalogne. Je suis Aurélie Chameroy, cofondatrice d'Equinox, le média français de Barcelone, journaliste par passion et entrepreneuse par hasard. J'ai voulu comprendre comment d'autres avaient vécu cette drôle d'aventure qu'est la création et la gestion d'une entreprise qui plus est en Espagne. Alors depuis 2018, jetons le micro aux Français et francophones qui se sont lancés ici à Barcelone. Des échanges sans langue de bois, des conseils utiles et surtout des parcours qui éclairent les coulisses de l'entrepreneuriat avec ses doutes, ses défis et ses petites victoires. Et qui note ?

  • Speaker #1

    Il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire que... Il n'y avait pas d'études de marché, de business plan. C'est tout est né de j'aimerais bien monter un café ou lequel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #0

    Pour ce nouvel épisode, j'ai contacté Yassir Haïs sur les recommandations de mes collègues fans du Syracofi. Ces petites échoppes de café de spécialité qui font fureur aux quatre points de Barcelone. Yassir est né en France et a grandi à Barcelone. Il a répondu avec enthousiasme à mon invitation. C'est d'ailleurs son premier podcast en français. On y parle. d'intuition, de design, de Bilbao, de l'art de dire non et de café sans sucre. Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Yassir, bonjour ! Bonjour ! Merci d'être avec nous sur Equinox. Alors toi, si j'ai bien fait mes recherches, tu es né en France, arrivé ici à Barcelone à deux ans, tu es reparti en France pour tes études et tes parents sont d'origine marocaine. Exactement. Donc le mélange de cultures, c'est un quotidien chez toi.

  • Speaker #1

    100%. Moi, je suis né à Bordeaux. Dans le Bousca d'ailleurs, dans la clinique du Bousca qui est en banlieue de Bordeaux. Et quand mes parents ont fini leur cursus de biochimie, mon père il est docteur en biochimie, d'ailleurs j'ai assisté à sa thèse quand j'avais un an et demi. On est rentrés, enfin on est rentrés, on est partis à Barcelone, au début pour le boulot de mon papa et au final on est restés. Mais oui, mes premiers mots ils ont été en espagnol, catalan, marocain et français à la fois.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? Et t'as toujours gardé toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    100% ouais.

  • Speaker #2

    Vous parlez quoi à la maison ?

  • Speaker #1

    À la maison, enfin avec mes parents c'est un mélange d'un peu de tout. Ça dépend un peu de l'humeur et de ce qu'on veut se dire, mais c'est un mélange surtout de français, dialecte marocain. Avec ma sœur, on ajoute à ça l'espagnol, parce qu'elle est née à Barcelone. Et avec ma petite famille, c'est un peu la même chose.

  • Speaker #2

    Mélange aussi. Et d'ailleurs, tu me disais en arrivant, l'école Lesseps, lycée français, tu as fait tout le cursus en français ici à Barcelone.

  • Speaker #1

    Exactement. Je suis très content et je suis très précurseur de ces deux écoles.

  • Speaker #2

    Alors toi, tu as fait des études d'architecture. Oui. Ce qui peut paraître étonnant pour le créateur d'une chaîne de cafétéria. Comment t'es venue cette idée du Syrah Coffee ?

  • Speaker #1

    On va dire que c'est limite ironique d'être archi et de créer une chaîne. Moi j'aime bien dire ça une collection, parce que tous nos cafés sont propres, on ne franchisse pas. Et il y a un contrôle vraiment du produit du début à la fin de chaque moyen de la chaîne. Mais l'architecture elle a un rôle qui est essentiel. Au final nous on a grandi à travers nos boutiques. Nos boutiques, j'aime bien dire qu'elles ont de l'âme. Chacune est différente, elle a des matériaux différents, une manière différente de communiquer avec chaque quartier, qui est un peu notre mantra. On vise à être le point de référence du bon café dans un quartier. Et du coup, l'architecture comme premier, un peu palier, ou première étape pour connaître nos clients est essentielle. Pour moi, l'architecture, je l'utilise encore une fois parce qu'on en a 42 de Syrah, chacun est différent. On est en pleine croissance, du coup l'architecture est clé. Ici, l'idée c'est d'arriver à que l'architecture extérieure et intérieure soit une espèce de miroir de ce qu'on fait au quotidien, dans ce qui nous plaît le plus, qui est le café.

  • Speaker #2

    Mais comment t'es venue cette idée, toi, qui étais architecte ? Justement, le premier café ?

  • Speaker #1

    Alors, nous ce qu'on fait, c'est on torréfie en vain ce qu'on appelle du café de spécialité. Alors un peu pour la faire courte et ne pas passer trois heures à expliquer, c'est un peu le simile qu'il y a avec les vins naturels ou avec, par exemple, les bières artisanales, on va dire, mais pour le café qui a une récurrence et une consommation beaucoup plus forte que ces deux produits que je viens de citer. Au final, c'est arrivé à un processus artisanal. depuis sa production avec les agriculteurs et coopératifs avec lesquels on travaille, en passant par la torréfaction et jusqu'à servir aux clients final. Il faut commencer par là. Alors moi j'étais très consommateur de café spécialité quand je faisais mes études à Paris. D'accord. Et je rêvais d'ouvrir un café à Barcelone. Alors tout est né un peu de l'intuition, c'est-à-dire que l'expérience que moi je pouvais vivre dans des petits coffee shop à Paris, je ne la trouvais pas ici quand je retournais chaque été. Et tout est né à travers une intuition. En 2015, au quartier de Gracia, j'ai découvert un petit local dans la rue Sillacoussa. C'est d'ici le nom de Sierra qui est venu.

  • Speaker #2

    D'accord,

  • Speaker #1

    c'est là. C'est allé très vite. C'est-à-dire que je l'ai loué, j'ai appelé mon pote qui est architecte aussi, qui s'appelle Thomas, qui était mon binôme en archi. Et en dix jours, on a fait les plans. En dix jours, le matin, on va dire chaque matin, on a exécuté les plans, on a fait nous-mêmes les travaux et jusqu'à ouvrir le premier Sierra.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    22 ans.

  • Speaker #2

    T'avais quand même un esprit entrepreneur.

  • Speaker #1

    Oui, mais il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'études de marché, de business plan, c'est tout est né de, j'aimerais bien monter un café auquel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #2

    Et d'y aller.

  • Speaker #1

    Oui. j'ai foncé.

  • Speaker #2

    Et t'as pris un employé comment t'as fait ?

  • Speaker #1

    Alors au début ouais parce que le premier CIRA je l'ai ouvert à cheval entre mon degré d'architecture, enfin ma licence d'archi et mon master, c'est à dire que je faisais des allers-retours à Barcelone-Paris tous les 2-3 semaines, du coup j'avais un employé, c'était très stressant parce que j'étais collé un peu enfin je faisais confiance bien évidemment, c'était mon premier business et quand j'ai fini ma carrière d'architecture, c'est à dire un an et demi plus tard, je suis rentré et je me suis dédié à fond Du coup, c'était moi qui étais avec ma petite équipe à gérer le café.

  • Speaker #2

    Incroyable. Donc, c'était toi qui faisais le café ? Oui. Ok.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    100%. Et alors, comment ça a grandi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors, 2015, on ouvre le premier Sierra. 2019, moi, je rentre de Paris et je me dis qu'il y a un truc à faire. Du coup, c'est grandi. On a grandi d'abord à Barcelone. On a ouvert... Enfin, au milieu, il y a eu le Covid. Le Covid nous a appris énormément de trucs. On a commencé à faire de l'e-commerce. L'e-commerce nous a donné beaucoup de données sur plein de clients qu'on ne connaissait pas et qui n'étaient pas à la portée de ce premier café qui était à Gracia. Et ça nous a permis d'ouvrir le deuxième à Poblasec, le troisième à passer au Saint-Juan, jusqu'à ouvrir 13 coffee shop à Barcelone et après à passer la frontière d'autres villes comme Madrid, Malaga, Séville, etc.

  • Speaker #2

    Mais qu'est-ce qui se passe les premières années entre le moment où tu as cette intuition, où tu lances ton café un peu par passion, et le moment où tu te dis je vais en faire un business, je vais m'y mettre à fond ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que je me dis c'est de voir un peu l'engouement qu'il y avait dans le premier serat par rapport au client. C'est-à-dire que ce qui est d'une intuition avec la simple idée de me faire plaisir moi et de me dire qu'est-ce que je veux offrir et à quel prix, et voir qu'il y avait de la queue tous les jours à Gracia, qui est le premier sierra, de me dire, il est possible qu'il y ait... De la queue dans d'autres serrasses, ils utilisent un peu cette même intuition. Du coup, on ouvre le deuxième, troisième, quatrième, il y avait de la queue tout le temps. Du coup, je me suis dit, bon, il y a un truc à faire.

  • Speaker #2

    Il y a un truc qui se passe.

  • Speaker #1

    Oui. Et moi, j'étais très content parce que comme architecte, j'utilise l'architecture à fond. Nous, nous sommes un passionné du café de spécialité. Du coup, on travaille avec des produits qu'on aime, qu'on aime, qui nous passionnent, avec lesquels on a beaucoup de relations par rapport et aux producteurs, aux baristas et aux clients finales. Et j'ai vu qu'il y avait une opportunité et j'ai foncé. Mais ce qui m'a guidé un peu, c'est cette idée de voir que cette communauté qu'on créait, elle grandissait. Qu'on avait une fidélité, on va dire, de notre communauté qui était très grande. C'est-à-dire que nous, on était très près de savoir dans tous les coffee shops, quel était le taux de récurrence de nos clients. Et c'est surtout de travailler avec des personnes qui sont passionnées dans toute cette chaîne. et de grandir. C'est-à-dire que la croissance a été clé depuis le début parce que c'est le seul moyen qu'on a vu objectivement de donner des meilleures conditions à tous ces maillons de la chaîne, en passant du producteur par le barista et au client final avec un prix qui est abordable.

  • Speaker #2

    La communauté, c'est quelque chose qui est venu après ou c'est quelque chose que tu avais en tête dès le début ? rassembler des gens autour d'une même passion, autour d'une marque.

  • Speaker #1

    C'est venu à la fois, c'est-à-dire que l'aspect de la marque était présent même avant de louer le premier local. C'est-à-dire que ce logo de Petit Vert avec l'éclair, moi je l'ai créé, après il a été un peu modifié, mais l'essence de ce logo a été faite une dizaine de jours avant de louer le premier local. C'est-à-dire qu'il y avait un esprit de marque depuis le début et de présence de marque. C'est-à-dire que maintenant quand tu rentres dans un Syrah, il n'y a pas d'autre marque. qui sautent aux yeux à part celle de Syrah, dans les verres, dans le packaging, dans tout, dans l'uniforme de nos baristas. Ça, c'était très présent. Et l'aspect de communauté aussi. C'est-à-dire que si on voit un peu la localisation de tous nos Syrah, c'est des localisations qui sont clés. Dans chaque quartier, on y va. On n'a pas d'intérêt à être dans la rue la plus patiente au niveau touristique, mais la plus connue au niveau quartier. Parce qu'on trouve que notre métier est celui de... d'améliorer un peu les limites, les matins de chacun de nos clients.

  • Speaker #2

    Quelle est pour toi l'importance de travailler et prendre soin de cette communauté ?

  • Speaker #1

    Alors l'importance, et c'est un challenge, c'est de ne pas perdre la qualité à la fois qu'on grandit. C'est-à-dire qu'au final, et c'est pour ça que j'ai parlé de la main de chacun de nos locaux et le rôle qu'a l'architecture dans tout ça. Je trouve que depuis le début, ça aurait été très facile de faire un copier-coller dans chacun de nos locaux. Et dans chaque manière de travailler qu'on a, on aurait gagné beaucoup plus d'argent parce qu'on aurait optimisé les coûts partout. On aurait gagné des charges qui sont beaucoup plus clean. Alors que nous, on a pris dans ces 42 serats qu'on a, évidemment, on a une ligne directrice de comment doivent être les comptoirs au niveau structurel. Mais au niveau matériel, au niveau intérêt de la façade et au niveau communication avec le quartier, c'est-à-dire, on ne doute pas une seule seconde à faire des expositions. avec des artistes locaux en fonction d'un local. Nous, chaque Syrah, au niveau communauté, prend soin de sa propre clientèle. Je trouve que l'interaction barista-client est très forte. Parce que limite, c'est quelqu'un comme client que tu vas voir deux, trois fois par jour,

  • Speaker #2

    tous les jours. Oui, il y a une récurrence énorme sur ce produit.

  • Speaker #1

    C'est la récurrence qu'a le produit. Au final, le risque aussi, c'est qu'avec un processus qui est extrêmement artisanal, depuis la torréfaction jusqu'à la préparation du café, parce que nos machines sont complètement mécaniques, elles ne sont pas automatiques. Moi, ce que j'essaie de dire tout le temps à l'équipe, c'est qu'à part l'eau, le café, c'est dans le monde, le produit qui est, une, le plus consommé, et deux, qui a cet aspect où, quand tu consommes du café, ou tu en bois deux, trois fois par jour, ou tu n'en bois pas. Ce n'est pas un burger que tu peux consommer une fois par mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai qu'on n'y pense pas.

  • Speaker #1

    Et c'est des récurrences, indépendamment que ça soit stira ou pas. Et ça, c'est une chance, mais c'est une chance qui peut devenir des fois difficile à gérer parce qu'il faut qu'on ait cette récurrence, pas que avec le service du client, mais aussi avec la qualité.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Il y a une demande de qualité assez haute, irrégulière, constante. Donc, tu dis que forcément, tu gagnes peut-être moins d'argent, mais tu investis sur l'avenir puisque fidéliser les clients, c'est quand même la base.

  • Speaker #1

    C'est la base. Nous, ce qu'on essaie, c'est de le fidéliser au-delà de ce qu'on appelle offline, c'est de la consommation au magasin. Depuis le Covid, on a vu que l'intérêt était de pouvoir créer une marque qui soit présente en magasin, mais aussi à la maison. Et c'est pour ça que notre focus a été à la fois de grandir au niveau magasin et territoire en Espagne, mais aussi au niveau online. C'est-à-dire que ce café puisse se consommer aussi à la maison. C'est quelque chose qui nous demandait beaucoup nos clients et qu'au tout début, on n'avait pas en tête. Et que ça s'est développé jusqu'à être un de notre chaîne les plus importantes de vente.

  • Speaker #2

    Oui, ça représente quoi dans le business aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un 15 et 20%. Ah oui ? C'est-à-dire que c'est... Mais nous, on le voit comme une manière de... Enfin, c'est un terme un peu anglais, c'est le omnichannel. C'est d'être présent vraiment dans tout l'aspect un peu de la vie de notre client. Pas que en magasin. Et ça, c'est beaucoup plus important.

  • Speaker #2

    Comment tu as fait aussi pour grandir assez rapidement quand même ? que tu as fait ? Venir des investisseurs, est-ce que tu as des associés, est-ce que tu as eu des financements, quels ont été tes choix à ce niveau-

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis ce qu'on appelle solo founder. Je suis le seul fondateur de Serab. Et au final, après le premier local que j'ai fait en fonds propres, avec des économies que j'avais faites comme architecte, parce qu'au final, on commence à travailler très tôt avec une séance d'architecture. Il y a tout le temps des personnes à ta famille qui te demandent est-ce que tu m'aides à faire ça ou ça ? On m'amène un logo parce qu'on touche pas mal de graphismes. Bref, du coup, j'avais un peu d'économies. Du coup, les deux premiers Serab, je les fais avec les moyens du bord. ok c'est avec tes fonds propres oui oui c'est à dire que les travaux c'est moi qui les ai fait ta femme faisait tout oui mais parce que c'était parce que le peu que j'avais était mis dans la qualité du produit au final et au final moi je savais qu'il fallait grandir et on a été approché par des business angels au début c'était Bernat et Jordi c'est les fondateurs d'une boîte ici à Barcelone qui s'appelle Factorial enfin je dis à Barcelone mais qui est mondiale actuellement ils ont un petit fonds d'investissement comme des business angels et Et on a fait une première levée, c'était même pas une levée parce que ça s'est fait naturellement. Eux ils investissaient exclusivement dans la technologie, nous on était zéro technologique, on avait un coffee shop à Gracia. Et il y a eu un match, moi j'ai montré que je voulais grandir et du coup ça a été des mentors pour moi. Alors ça c'était la première levée de fonds.

  • Speaker #2

    C'est génial d'avoir des mentors qui t'accompagnent aussi pour grandir.

  • Speaker #1

    Alors j'ai tellement aimé. qu'au tout début la croissance de Sierra elle s'est faite en créant un peu une communauté de business angels qui était une cliente de Sierra, c'était très important parce qu'il faut vraiment qu'ils comprennent la mission de ce qu'on fait et de puissent apporter un peu de connaissances parce que moi comme fraîchement diplômé d'architecture j'ai plein de carences, au final il fallait avoir la capacité de m'entourer de personnes qui puissent aider un moment ou l'autre dans Sierra. Et c'est surtout qu'on n'était pas éligible à la banque traditionnelle. C'est-à-dire qu'on était une très jeune entreprise, ici en Espagne. Ça s'appelle « Empresa de joven creación » . Les deux premières années d'une création d'entreprise, c'est vraiment très dur d'avoir des...

  • Speaker #2

    C'est galère,

  • Speaker #1

    oui. Très galère. Enfin, pardon, c'est galère en fonction de la croissance qu'on veut faire. C'est-à-dire que si on veut ouvrir 10 coffee shops et la banque nous prête, je ne sais pas, 2000 euros, on n'arrivera pas à le faire.

  • Speaker #2

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Du coup, au final, j'ai un peu joué à l'outil agréable. J'ai permis à plein de business angels de rentrer dans le capital de Syrah tout en restant. actionnaire majoritaire, avoir le contrôle de Sierra et être complètement indépendant.

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai l'impression que Sierra, comme tu disais, est très ancrée dans le territoire, très ancrée dans les quartiers. Tu as commencé à ouvrir d'autres villes. Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Avec une belle équipe. Alors nous, comme on est né à Barcelone, on a une vingtaine d'empreintes. Au total, on a 42. Après Barcelone, on a ouvert rapidement Madrid. Et après, ça en est suivi Valence, Séville, Malaga. San Sebastian, Bilbao et Gironne. Du coup, ce qu'on fait, c'est notre stratégie de croissance vraiment capillaire. C'est-à-dire que nous, on n'ouvre pas sans savoir qu'il y aura une personne de l'équipe qui prend le risque d'aller nous aider à ouvrir là-bas. C'est-à-dire que cette idée de promotion interne aussi doit aider un peu à cette mobilité un peu géographique. Et comment je le fais ? Je ne sais pas, c'est un défi tous les jours. Et c'est une belle mission parce qu'au final aussi, ça nous a un peu permis de savoir comment nous adapter à chacune des villes. Parce que ce n'est pas la même chose d'avoir dix ans d'histoire à Barcelone que d'arriver dans une ville comme Bilbao et de voir nous adapter. Oui,

  • Speaker #2

    personne ne t'attend.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Mais c'est clé finalement d'avoir des gens sur place sur qui tu peux t'appuyer.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce qu'au final, on n'a rien inventé de nouveau. Au final, c'est des coffee shops. Et cet aspect qui est un peu intangible de la marque, de la communauté, c'est difficile de le transmettre verbalement. Il faut le vivre. Et la manière de le vivre, c'est d'être un employé clé un peu dans l'équipe qui est passée peut-être depuis le début de barista temps partiel à barista full time, manager. Cette connaissance un peu du quotidien, c'est celle qui te donne un peu cette confiance.

  • Speaker #2

    Donc, il y a une forte culture d'entreprise aussi. Oui,

  • Speaker #1

    très forte. C'est important.

  • Speaker #2

    Yassir, je pense que c'est l'heure du café. Oui. Nous, on est là au studio d'Ekinox et on a évidemment un Syrah Coffee juste en bas. Est-ce qu'on n'irait pas ensemble ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Allez, on y va. Alors, on est passé chez Sam John, on voit le Syrah Coffee. Celui-là, c'était le deuxième.

  • Speaker #3

    Celui-là, c'était... Non, pardon, le troisième. Le deuxième, c'était au quartier de Poblasek et le troisième, celui-là.

  • Speaker #2

    Et donc, par rapport à l'implantation dans d'autres villes, tu me disais dans l'ascenseur, que finalement, Madrid, ce n'était pas si facile que ça.

  • Speaker #3

    Au final... Madrid, c'est une très très grande ville. On a tendance à penser depuis Barcelone que les villes sont comparables, mais pas du tout. L'empreinte de Madrid, son urbanisme, sa taille, fait que notre présence qui peut être beaucoup plus forte dans une ville comme Barcelone qui est plus petite, on doit faire le double d'efforts. Ce qui n'est pas le cas dans des villes moyennes ou petites comme Valence ou Saint-Sébastien ou Malaga. ou au niveau, on va dire, réputationnel ou présence, avec deux, trois magasins, on a pu être beaucoup plus présents.

  • Speaker #2

    C'est plus facile finalement de s'implanter dans d'autres villes en Espagne, quand c'est la deuxième par exemple, quand c'est plus petit en fait.

  • Speaker #3

    C'est du moins l'impression qu'on a eue. Parce que, et au final, je trouve ça logique, parce qu'au final, on va dire que c'est beaucoup plus facile de trouver la bonne adresse dans des petites villes. que dans une plus grande ville où il y aura forcément beaucoup plus de concurrence, beaucoup plus de présence de concurrence que dans des villes d'une taille inférieure.

  • Speaker #2

    Et c'est plus facile de sortir du lot.

  • Speaker #3

    Oui, complètement.

  • Speaker #2

    Alors là, on arrive au Sierra Coffee. Alors moi, je voulais te demander pourquoi avoir tout mis en anglais ? Parce que toi, tu es multilingue, mais en plus, tu n'es pas anglophone.

  • Speaker #3

    Alors pourquoi ? Ça, c'est une belle question. Et nous, on utilise dans ce cas-là beaucoup de data. Alors nous on a comme ambition d'être compris par tout le monde, avec un focus très grand dans le client local. Dans ce client local, il faut dire que ça dépend du quartier, bien évidemment, mais il y a une grande partie d'expatriés. Et ces expatriés, pour faire comprendre un peu le produit qu'on sert, on passe beaucoup plus rapidement à cette compréhension si on transmet en anglais que si on transmet dans notre langue. On commence à faire des changements. dans des communautés autonomes comme le Pays Basque et la Catalogne. Ce qu'il faut comprendre, c'est que toutes nos équipes peuvent se transmettre en catalan sans aucun problème à Barcelone et en Basque. Pas toute l'équipe dans le Pays Basque. Mais oui, c'était une idée. Et nous, ce qu'on fait, c'est des études avec notre newsletter limite mensuellement pour savoir si ça vaut la peine. C'est avec quelle langue ? on peut transmettre le mieux notre message. Et pour le moment, c'est l'anglais.

  • Speaker #2

    Et dès le début, ça a été l'anglais ?

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Donc toujours destiné aux expats, en fait ?

  • Speaker #3

    Au final, je crois qu'au début, on a commencé en anglais parce que cette tendance du café de spécialité, comme n'importe quelle tendance, comme celle qu'on a pu en parler avant, commence dans le nord de l'Europe et finit en Espagne, au niveau européen. Et après, se transmettre en Afrique, etc. C'est-à-dire que tout ce qui se passe au niveau scène, café spécialité maintenant à Barcelone. ce n'est rien de bizarre, c'est ce qui s'est passé à Londres il y a 10-15 ans. Du coup, au final, comme ça vient de là-bas, c'était aussi, on va dire, plus qu'un appel, c'était de comprendre que c'était cette même tendance qu'on essayait ici de suivre.

  • Speaker #2

    Ok, on rentre ? Ah, pas de dame. C'est ce que tu veux. Je prends un solo. Expresso. Toi tu prends quoi ?

  • Speaker #3

    Moi je vais prendre... Moi j'ai pris beaucoup de café ce matin. Du coup, je vais prendre un cortado. Si, je prends un cortado. Je demande au micro. Un cortado, un solo, et un cortado.

  • Speaker #2

    Un cortado.

  • Speaker #1

    Pas poquito en anglais.

  • Speaker #2

    C'est vrai, les titres sont en anglais. Moitié-moitié.

  • Speaker #1

    Mais au final, au niveau des boissons,

  • Speaker #3

    on a laissé en anglais celles qui ont un nom propre. Flatwhite,

  • Speaker #1

    Badge Brew.

  • Speaker #3

    Et après, on a même des références qui sont beaucoup plus internationales. C'est-à-dire qu'on parle d'un latte pour un café au lait, qui est italien. C'est plus au niveau de transmission de messages qu'autre chose.

  • Speaker #1

    Gracias.

  • Speaker #2

    Gracias. Est-ce que c'est mal de mettre du sucre dans son café ?

  • Speaker #3

    Alors moi, je t'invite premièrement à le goûter.

  • Speaker #1

    Sans sucre. Pourquoi ?

  • Speaker #3

    C'est ce que je te disais avant par rapport à la culture du café. On a une culture ici en Espagne et dans le sud de l'Europe du café industriellement produit, qui est un café qui est amer, pas acide. Cette amertume vient normalement d'un café qui est sur-torréfié, de qualité inférieure à celui du nôtre. Notre café qui est frais, et déjà le café c'est un fruit, un fruit normalement c'est sucré. Du coup, moi j'invite toujours à le goûter avant. Parce qu'il y a des notes que le sucre peut tuer. Après, si tu veux du sucre, on en a à disposition.

  • Speaker #2

    Non, non, ça va, c'est vrai que c'est bon. Les petites questions rituelles à la fin des interviews. Quand tu regardes ces dix années passées, parce que ça fait dix ans presque, qu'est-ce que tu aurais fait différemment ?

  • Speaker #3

    Qu'est-ce que j'aurais fait différemment ? J'aurais peut-être, et ça on en parle avant, j'aurais peut-être... focaliser notre croissance à la fois dans des grandes villes comme Madrid, comme dans les villes petites, à la fois. Ou porter plus d'intérêt dans les villes petites. Parce que je trouve que cette polarisation qu'on peut avoir ici, Madrid-Barcelone, ou même en France avec Paris, au fil du temps, elle s'est cassée et que les adeptes, par exemple, de Bon Café,

  • Speaker #1

    on peut les trouver partout dans le territoire. Alors ça d'abord, et pour le reste, non, rien. Moi, j'aime beaucoup ce que je fais.

  • Speaker #2

    Et quels conseils tu donnerais à des entrepreneurs français, francophones, qui viennent ici, qui ne sont pas forcément catalans comme toi, qui a grandi ici, tu l'es. Quels conseils tu leur donnerais, les expats qui viennent ici ?

  • Speaker #3

    Parce que tu l'as dit, mais apprendre le catalan, c'est clé. S'ils veulent grandir ici, ce n'est pas une condition,

  • Speaker #1

    mais ça aide. Ça aide vraiment.

  • Speaker #3

    Parce que ça donne un peu cette légitimité, on va dire, que quelqu'un qui ne parle pas le catalan l'a. Après, je le dis dans une position de privilège parce que je suis un peu plus je suis un peu Et nous, ça nous a beaucoup aidé. C'est-à-dire qu'on a eu beaucoup d'opportunités au milieu, par exemple, de franchiser, d'ouvrir des concepts qui ne nous plaisaient pas,

  • Speaker #1

    etc. Et faire un chiffre d'affaires supérieur.

  • Speaker #3

    Mais je trouve que notre réussite, on va dire, on touche du bois pour qu'on continue à grandir, c'était d'avoir un modèle dans lequel on est convaincu,

  • Speaker #1

    qui nous plaît,

  • Speaker #3

    et être focus dans ça.

  • Speaker #2

    Super, merci beaucoup Yassir pour tous tes conseils.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté tous les chemins Menta Barcelone. Cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser 5 étoiles ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée, ça m'aide vraiment à faire connaître le podcast. Pour suivre les prochains épisodes, abonnez-vous ou suivez-nous sur les réseaux sociaux d'Equinox. A très vite pour de nouveaux chemins !

Description

Pour ce nouvel épisode, rencontre avec Yassir Rais, fondateur de Syra Coffee, ces petites adresses de cafés de spécialité devenues incontournables à Barcelone. Recommandé par mes collègues amateurs de bon café (pour ne pas dire accros au Syra), l'entrepreneur a accepté avec enthousiasme de partager son parcours.


Yassir est né en France et a grandi à Barcelone, c'est son premier podcast en français. On y parle d’intuition, de design, de Barcelone, Madrid et Bilbao, de l’art de dire non et des gens qui mettent du sucre dans leur café.


👉 Un épisode à déguster, sans filtre.


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Sur Linkedin : Aurélie Chamerois, Equinox Barcelone

Sur Instagram : @aureliecham @equinoxbarcelone


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Si vous avez des questions ou des thèmes que vous aimeriez que l’on aborde, écrivez-moi à aurelie@equinoxmagazine.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « Tous les chemins mènent à Barcelone » , le podcast qui explore les parcours d'entrepreneurs francophones en Catalogne. Je suis Aurélie Chameroy, cofondatrice d'Equinox, le média français de Barcelone, journaliste par passion et entrepreneuse par hasard. J'ai voulu comprendre comment d'autres avaient vécu cette drôle d'aventure qu'est la création et la gestion d'une entreprise qui plus est en Espagne. Alors depuis 2018, jetons le micro aux Français et francophones qui se sont lancés ici à Barcelone. Des échanges sans langue de bois, des conseils utiles et surtout des parcours qui éclairent les coulisses de l'entrepreneuriat avec ses doutes, ses défis et ses petites victoires. Et qui note ?

  • Speaker #1

    Il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire que... Il n'y avait pas d'études de marché, de business plan. C'est tout est né de j'aimerais bien monter un café ou lequel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #0

    Pour ce nouvel épisode, j'ai contacté Yassir Haïs sur les recommandations de mes collègues fans du Syracofi. Ces petites échoppes de café de spécialité qui font fureur aux quatre points de Barcelone. Yassir est né en France et a grandi à Barcelone. Il a répondu avec enthousiasme à mon invitation. C'est d'ailleurs son premier podcast en français. On y parle. d'intuition, de design, de Bilbao, de l'art de dire non et de café sans sucre. Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Yassir, bonjour ! Bonjour ! Merci d'être avec nous sur Equinox. Alors toi, si j'ai bien fait mes recherches, tu es né en France, arrivé ici à Barcelone à deux ans, tu es reparti en France pour tes études et tes parents sont d'origine marocaine. Exactement. Donc le mélange de cultures, c'est un quotidien chez toi.

  • Speaker #1

    100%. Moi, je suis né à Bordeaux. Dans le Bousca d'ailleurs, dans la clinique du Bousca qui est en banlieue de Bordeaux. Et quand mes parents ont fini leur cursus de biochimie, mon père il est docteur en biochimie, d'ailleurs j'ai assisté à sa thèse quand j'avais un an et demi. On est rentrés, enfin on est rentrés, on est partis à Barcelone, au début pour le boulot de mon papa et au final on est restés. Mais oui, mes premiers mots ils ont été en espagnol, catalan, marocain et français à la fois.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? Et t'as toujours gardé toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    100% ouais.

  • Speaker #2

    Vous parlez quoi à la maison ?

  • Speaker #1

    À la maison, enfin avec mes parents c'est un mélange d'un peu de tout. Ça dépend un peu de l'humeur et de ce qu'on veut se dire, mais c'est un mélange surtout de français, dialecte marocain. Avec ma sœur, on ajoute à ça l'espagnol, parce qu'elle est née à Barcelone. Et avec ma petite famille, c'est un peu la même chose.

  • Speaker #2

    Mélange aussi. Et d'ailleurs, tu me disais en arrivant, l'école Lesseps, lycée français, tu as fait tout le cursus en français ici à Barcelone.

  • Speaker #1

    Exactement. Je suis très content et je suis très précurseur de ces deux écoles.

  • Speaker #2

    Alors toi, tu as fait des études d'architecture. Oui. Ce qui peut paraître étonnant pour le créateur d'une chaîne de cafétéria. Comment t'es venue cette idée du Syrah Coffee ?

  • Speaker #1

    On va dire que c'est limite ironique d'être archi et de créer une chaîne. Moi j'aime bien dire ça une collection, parce que tous nos cafés sont propres, on ne franchisse pas. Et il y a un contrôle vraiment du produit du début à la fin de chaque moyen de la chaîne. Mais l'architecture elle a un rôle qui est essentiel. Au final nous on a grandi à travers nos boutiques. Nos boutiques, j'aime bien dire qu'elles ont de l'âme. Chacune est différente, elle a des matériaux différents, une manière différente de communiquer avec chaque quartier, qui est un peu notre mantra. On vise à être le point de référence du bon café dans un quartier. Et du coup, l'architecture comme premier, un peu palier, ou première étape pour connaître nos clients est essentielle. Pour moi, l'architecture, je l'utilise encore une fois parce qu'on en a 42 de Syrah, chacun est différent. On est en pleine croissance, du coup l'architecture est clé. Ici, l'idée c'est d'arriver à que l'architecture extérieure et intérieure soit une espèce de miroir de ce qu'on fait au quotidien, dans ce qui nous plaît le plus, qui est le café.

  • Speaker #2

    Mais comment t'es venue cette idée, toi, qui étais architecte ? Justement, le premier café ?

  • Speaker #1

    Alors, nous ce qu'on fait, c'est on torréfie en vain ce qu'on appelle du café de spécialité. Alors un peu pour la faire courte et ne pas passer trois heures à expliquer, c'est un peu le simile qu'il y a avec les vins naturels ou avec, par exemple, les bières artisanales, on va dire, mais pour le café qui a une récurrence et une consommation beaucoup plus forte que ces deux produits que je viens de citer. Au final, c'est arrivé à un processus artisanal. depuis sa production avec les agriculteurs et coopératifs avec lesquels on travaille, en passant par la torréfaction et jusqu'à servir aux clients final. Il faut commencer par là. Alors moi j'étais très consommateur de café spécialité quand je faisais mes études à Paris. D'accord. Et je rêvais d'ouvrir un café à Barcelone. Alors tout est né un peu de l'intuition, c'est-à-dire que l'expérience que moi je pouvais vivre dans des petits coffee shop à Paris, je ne la trouvais pas ici quand je retournais chaque été. Et tout est né à travers une intuition. En 2015, au quartier de Gracia, j'ai découvert un petit local dans la rue Sillacoussa. C'est d'ici le nom de Sierra qui est venu.

  • Speaker #2

    D'accord,

  • Speaker #1

    c'est là. C'est allé très vite. C'est-à-dire que je l'ai loué, j'ai appelé mon pote qui est architecte aussi, qui s'appelle Thomas, qui était mon binôme en archi. Et en dix jours, on a fait les plans. En dix jours, le matin, on va dire chaque matin, on a exécuté les plans, on a fait nous-mêmes les travaux et jusqu'à ouvrir le premier Sierra.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    22 ans.

  • Speaker #2

    T'avais quand même un esprit entrepreneur.

  • Speaker #1

    Oui, mais il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'études de marché, de business plan, c'est tout est né de, j'aimerais bien monter un café auquel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #2

    Et d'y aller.

  • Speaker #1

    Oui. j'ai foncé.

  • Speaker #2

    Et t'as pris un employé comment t'as fait ?

  • Speaker #1

    Alors au début ouais parce que le premier CIRA je l'ai ouvert à cheval entre mon degré d'architecture, enfin ma licence d'archi et mon master, c'est à dire que je faisais des allers-retours à Barcelone-Paris tous les 2-3 semaines, du coup j'avais un employé, c'était très stressant parce que j'étais collé un peu enfin je faisais confiance bien évidemment, c'était mon premier business et quand j'ai fini ma carrière d'architecture, c'est à dire un an et demi plus tard, je suis rentré et je me suis dédié à fond Du coup, c'était moi qui étais avec ma petite équipe à gérer le café.

  • Speaker #2

    Incroyable. Donc, c'était toi qui faisais le café ? Oui. Ok.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    100%. Et alors, comment ça a grandi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors, 2015, on ouvre le premier Sierra. 2019, moi, je rentre de Paris et je me dis qu'il y a un truc à faire. Du coup, c'est grandi. On a grandi d'abord à Barcelone. On a ouvert... Enfin, au milieu, il y a eu le Covid. Le Covid nous a appris énormément de trucs. On a commencé à faire de l'e-commerce. L'e-commerce nous a donné beaucoup de données sur plein de clients qu'on ne connaissait pas et qui n'étaient pas à la portée de ce premier café qui était à Gracia. Et ça nous a permis d'ouvrir le deuxième à Poblasec, le troisième à passer au Saint-Juan, jusqu'à ouvrir 13 coffee shop à Barcelone et après à passer la frontière d'autres villes comme Madrid, Malaga, Séville, etc.

  • Speaker #2

    Mais qu'est-ce qui se passe les premières années entre le moment où tu as cette intuition, où tu lances ton café un peu par passion, et le moment où tu te dis je vais en faire un business, je vais m'y mettre à fond ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que je me dis c'est de voir un peu l'engouement qu'il y avait dans le premier serat par rapport au client. C'est-à-dire que ce qui est d'une intuition avec la simple idée de me faire plaisir moi et de me dire qu'est-ce que je veux offrir et à quel prix, et voir qu'il y avait de la queue tous les jours à Gracia, qui est le premier sierra, de me dire, il est possible qu'il y ait... De la queue dans d'autres serrasses, ils utilisent un peu cette même intuition. Du coup, on ouvre le deuxième, troisième, quatrième, il y avait de la queue tout le temps. Du coup, je me suis dit, bon, il y a un truc à faire.

  • Speaker #2

    Il y a un truc qui se passe.

  • Speaker #1

    Oui. Et moi, j'étais très content parce que comme architecte, j'utilise l'architecture à fond. Nous, nous sommes un passionné du café de spécialité. Du coup, on travaille avec des produits qu'on aime, qu'on aime, qui nous passionnent, avec lesquels on a beaucoup de relations par rapport et aux producteurs, aux baristas et aux clients finales. Et j'ai vu qu'il y avait une opportunité et j'ai foncé. Mais ce qui m'a guidé un peu, c'est cette idée de voir que cette communauté qu'on créait, elle grandissait. Qu'on avait une fidélité, on va dire, de notre communauté qui était très grande. C'est-à-dire que nous, on était très près de savoir dans tous les coffee shops, quel était le taux de récurrence de nos clients. Et c'est surtout de travailler avec des personnes qui sont passionnées dans toute cette chaîne. et de grandir. C'est-à-dire que la croissance a été clé depuis le début parce que c'est le seul moyen qu'on a vu objectivement de donner des meilleures conditions à tous ces maillons de la chaîne, en passant du producteur par le barista et au client final avec un prix qui est abordable.

  • Speaker #2

    La communauté, c'est quelque chose qui est venu après ou c'est quelque chose que tu avais en tête dès le début ? rassembler des gens autour d'une même passion, autour d'une marque.

  • Speaker #1

    C'est venu à la fois, c'est-à-dire que l'aspect de la marque était présent même avant de louer le premier local. C'est-à-dire que ce logo de Petit Vert avec l'éclair, moi je l'ai créé, après il a été un peu modifié, mais l'essence de ce logo a été faite une dizaine de jours avant de louer le premier local. C'est-à-dire qu'il y avait un esprit de marque depuis le début et de présence de marque. C'est-à-dire que maintenant quand tu rentres dans un Syrah, il n'y a pas d'autre marque. qui sautent aux yeux à part celle de Syrah, dans les verres, dans le packaging, dans tout, dans l'uniforme de nos baristas. Ça, c'était très présent. Et l'aspect de communauté aussi. C'est-à-dire que si on voit un peu la localisation de tous nos Syrah, c'est des localisations qui sont clés. Dans chaque quartier, on y va. On n'a pas d'intérêt à être dans la rue la plus patiente au niveau touristique, mais la plus connue au niveau quartier. Parce qu'on trouve que notre métier est celui de... d'améliorer un peu les limites, les matins de chacun de nos clients.

  • Speaker #2

    Quelle est pour toi l'importance de travailler et prendre soin de cette communauté ?

  • Speaker #1

    Alors l'importance, et c'est un challenge, c'est de ne pas perdre la qualité à la fois qu'on grandit. C'est-à-dire qu'au final, et c'est pour ça que j'ai parlé de la main de chacun de nos locaux et le rôle qu'a l'architecture dans tout ça. Je trouve que depuis le début, ça aurait été très facile de faire un copier-coller dans chacun de nos locaux. Et dans chaque manière de travailler qu'on a, on aurait gagné beaucoup plus d'argent parce qu'on aurait optimisé les coûts partout. On aurait gagné des charges qui sont beaucoup plus clean. Alors que nous, on a pris dans ces 42 serats qu'on a, évidemment, on a une ligne directrice de comment doivent être les comptoirs au niveau structurel. Mais au niveau matériel, au niveau intérêt de la façade et au niveau communication avec le quartier, c'est-à-dire, on ne doute pas une seule seconde à faire des expositions. avec des artistes locaux en fonction d'un local. Nous, chaque Syrah, au niveau communauté, prend soin de sa propre clientèle. Je trouve que l'interaction barista-client est très forte. Parce que limite, c'est quelqu'un comme client que tu vas voir deux, trois fois par jour,

  • Speaker #2

    tous les jours. Oui, il y a une récurrence énorme sur ce produit.

  • Speaker #1

    C'est la récurrence qu'a le produit. Au final, le risque aussi, c'est qu'avec un processus qui est extrêmement artisanal, depuis la torréfaction jusqu'à la préparation du café, parce que nos machines sont complètement mécaniques, elles ne sont pas automatiques. Moi, ce que j'essaie de dire tout le temps à l'équipe, c'est qu'à part l'eau, le café, c'est dans le monde, le produit qui est, une, le plus consommé, et deux, qui a cet aspect où, quand tu consommes du café, ou tu en bois deux, trois fois par jour, ou tu n'en bois pas. Ce n'est pas un burger que tu peux consommer une fois par mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai qu'on n'y pense pas.

  • Speaker #1

    Et c'est des récurrences, indépendamment que ça soit stira ou pas. Et ça, c'est une chance, mais c'est une chance qui peut devenir des fois difficile à gérer parce qu'il faut qu'on ait cette récurrence, pas que avec le service du client, mais aussi avec la qualité.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Il y a une demande de qualité assez haute, irrégulière, constante. Donc, tu dis que forcément, tu gagnes peut-être moins d'argent, mais tu investis sur l'avenir puisque fidéliser les clients, c'est quand même la base.

  • Speaker #1

    C'est la base. Nous, ce qu'on essaie, c'est de le fidéliser au-delà de ce qu'on appelle offline, c'est de la consommation au magasin. Depuis le Covid, on a vu que l'intérêt était de pouvoir créer une marque qui soit présente en magasin, mais aussi à la maison. Et c'est pour ça que notre focus a été à la fois de grandir au niveau magasin et territoire en Espagne, mais aussi au niveau online. C'est-à-dire que ce café puisse se consommer aussi à la maison. C'est quelque chose qui nous demandait beaucoup nos clients et qu'au tout début, on n'avait pas en tête. Et que ça s'est développé jusqu'à être un de notre chaîne les plus importantes de vente.

  • Speaker #2

    Oui, ça représente quoi dans le business aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un 15 et 20%. Ah oui ? C'est-à-dire que c'est... Mais nous, on le voit comme une manière de... Enfin, c'est un terme un peu anglais, c'est le omnichannel. C'est d'être présent vraiment dans tout l'aspect un peu de la vie de notre client. Pas que en magasin. Et ça, c'est beaucoup plus important.

  • Speaker #2

    Comment tu as fait aussi pour grandir assez rapidement quand même ? que tu as fait ? Venir des investisseurs, est-ce que tu as des associés, est-ce que tu as eu des financements, quels ont été tes choix à ce niveau-

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis ce qu'on appelle solo founder. Je suis le seul fondateur de Serab. Et au final, après le premier local que j'ai fait en fonds propres, avec des économies que j'avais faites comme architecte, parce qu'au final, on commence à travailler très tôt avec une séance d'architecture. Il y a tout le temps des personnes à ta famille qui te demandent est-ce que tu m'aides à faire ça ou ça ? On m'amène un logo parce qu'on touche pas mal de graphismes. Bref, du coup, j'avais un peu d'économies. Du coup, les deux premiers Serab, je les fais avec les moyens du bord. ok c'est avec tes fonds propres oui oui c'est à dire que les travaux c'est moi qui les ai fait ta femme faisait tout oui mais parce que c'était parce que le peu que j'avais était mis dans la qualité du produit au final et au final moi je savais qu'il fallait grandir et on a été approché par des business angels au début c'était Bernat et Jordi c'est les fondateurs d'une boîte ici à Barcelone qui s'appelle Factorial enfin je dis à Barcelone mais qui est mondiale actuellement ils ont un petit fonds d'investissement comme des business angels et Et on a fait une première levée, c'était même pas une levée parce que ça s'est fait naturellement. Eux ils investissaient exclusivement dans la technologie, nous on était zéro technologique, on avait un coffee shop à Gracia. Et il y a eu un match, moi j'ai montré que je voulais grandir et du coup ça a été des mentors pour moi. Alors ça c'était la première levée de fonds.

  • Speaker #2

    C'est génial d'avoir des mentors qui t'accompagnent aussi pour grandir.

  • Speaker #1

    Alors j'ai tellement aimé. qu'au tout début la croissance de Sierra elle s'est faite en créant un peu une communauté de business angels qui était une cliente de Sierra, c'était très important parce qu'il faut vraiment qu'ils comprennent la mission de ce qu'on fait et de puissent apporter un peu de connaissances parce que moi comme fraîchement diplômé d'architecture j'ai plein de carences, au final il fallait avoir la capacité de m'entourer de personnes qui puissent aider un moment ou l'autre dans Sierra. Et c'est surtout qu'on n'était pas éligible à la banque traditionnelle. C'est-à-dire qu'on était une très jeune entreprise, ici en Espagne. Ça s'appelle « Empresa de joven creación » . Les deux premières années d'une création d'entreprise, c'est vraiment très dur d'avoir des...

  • Speaker #2

    C'est galère,

  • Speaker #1

    oui. Très galère. Enfin, pardon, c'est galère en fonction de la croissance qu'on veut faire. C'est-à-dire que si on veut ouvrir 10 coffee shops et la banque nous prête, je ne sais pas, 2000 euros, on n'arrivera pas à le faire.

  • Speaker #2

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Du coup, au final, j'ai un peu joué à l'outil agréable. J'ai permis à plein de business angels de rentrer dans le capital de Syrah tout en restant. actionnaire majoritaire, avoir le contrôle de Sierra et être complètement indépendant.

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai l'impression que Sierra, comme tu disais, est très ancrée dans le territoire, très ancrée dans les quartiers. Tu as commencé à ouvrir d'autres villes. Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Avec une belle équipe. Alors nous, comme on est né à Barcelone, on a une vingtaine d'empreintes. Au total, on a 42. Après Barcelone, on a ouvert rapidement Madrid. Et après, ça en est suivi Valence, Séville, Malaga. San Sebastian, Bilbao et Gironne. Du coup, ce qu'on fait, c'est notre stratégie de croissance vraiment capillaire. C'est-à-dire que nous, on n'ouvre pas sans savoir qu'il y aura une personne de l'équipe qui prend le risque d'aller nous aider à ouvrir là-bas. C'est-à-dire que cette idée de promotion interne aussi doit aider un peu à cette mobilité un peu géographique. Et comment je le fais ? Je ne sais pas, c'est un défi tous les jours. Et c'est une belle mission parce qu'au final aussi, ça nous a un peu permis de savoir comment nous adapter à chacune des villes. Parce que ce n'est pas la même chose d'avoir dix ans d'histoire à Barcelone que d'arriver dans une ville comme Bilbao et de voir nous adapter. Oui,

  • Speaker #2

    personne ne t'attend.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Mais c'est clé finalement d'avoir des gens sur place sur qui tu peux t'appuyer.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce qu'au final, on n'a rien inventé de nouveau. Au final, c'est des coffee shops. Et cet aspect qui est un peu intangible de la marque, de la communauté, c'est difficile de le transmettre verbalement. Il faut le vivre. Et la manière de le vivre, c'est d'être un employé clé un peu dans l'équipe qui est passée peut-être depuis le début de barista temps partiel à barista full time, manager. Cette connaissance un peu du quotidien, c'est celle qui te donne un peu cette confiance.

  • Speaker #2

    Donc, il y a une forte culture d'entreprise aussi. Oui,

  • Speaker #1

    très forte. C'est important.

  • Speaker #2

    Yassir, je pense que c'est l'heure du café. Oui. Nous, on est là au studio d'Ekinox et on a évidemment un Syrah Coffee juste en bas. Est-ce qu'on n'irait pas ensemble ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Allez, on y va. Alors, on est passé chez Sam John, on voit le Syrah Coffee. Celui-là, c'était le deuxième.

  • Speaker #3

    Celui-là, c'était... Non, pardon, le troisième. Le deuxième, c'était au quartier de Poblasek et le troisième, celui-là.

  • Speaker #2

    Et donc, par rapport à l'implantation dans d'autres villes, tu me disais dans l'ascenseur, que finalement, Madrid, ce n'était pas si facile que ça.

  • Speaker #3

    Au final... Madrid, c'est une très très grande ville. On a tendance à penser depuis Barcelone que les villes sont comparables, mais pas du tout. L'empreinte de Madrid, son urbanisme, sa taille, fait que notre présence qui peut être beaucoup plus forte dans une ville comme Barcelone qui est plus petite, on doit faire le double d'efforts. Ce qui n'est pas le cas dans des villes moyennes ou petites comme Valence ou Saint-Sébastien ou Malaga. ou au niveau, on va dire, réputationnel ou présence, avec deux, trois magasins, on a pu être beaucoup plus présents.

  • Speaker #2

    C'est plus facile finalement de s'implanter dans d'autres villes en Espagne, quand c'est la deuxième par exemple, quand c'est plus petit en fait.

  • Speaker #3

    C'est du moins l'impression qu'on a eue. Parce que, et au final, je trouve ça logique, parce qu'au final, on va dire que c'est beaucoup plus facile de trouver la bonne adresse dans des petites villes. que dans une plus grande ville où il y aura forcément beaucoup plus de concurrence, beaucoup plus de présence de concurrence que dans des villes d'une taille inférieure.

  • Speaker #2

    Et c'est plus facile de sortir du lot.

  • Speaker #3

    Oui, complètement.

  • Speaker #2

    Alors là, on arrive au Sierra Coffee. Alors moi, je voulais te demander pourquoi avoir tout mis en anglais ? Parce que toi, tu es multilingue, mais en plus, tu n'es pas anglophone.

  • Speaker #3

    Alors pourquoi ? Ça, c'est une belle question. Et nous, on utilise dans ce cas-là beaucoup de data. Alors nous on a comme ambition d'être compris par tout le monde, avec un focus très grand dans le client local. Dans ce client local, il faut dire que ça dépend du quartier, bien évidemment, mais il y a une grande partie d'expatriés. Et ces expatriés, pour faire comprendre un peu le produit qu'on sert, on passe beaucoup plus rapidement à cette compréhension si on transmet en anglais que si on transmet dans notre langue. On commence à faire des changements. dans des communautés autonomes comme le Pays Basque et la Catalogne. Ce qu'il faut comprendre, c'est que toutes nos équipes peuvent se transmettre en catalan sans aucun problème à Barcelone et en Basque. Pas toute l'équipe dans le Pays Basque. Mais oui, c'était une idée. Et nous, ce qu'on fait, c'est des études avec notre newsletter limite mensuellement pour savoir si ça vaut la peine. C'est avec quelle langue ? on peut transmettre le mieux notre message. Et pour le moment, c'est l'anglais.

  • Speaker #2

    Et dès le début, ça a été l'anglais ?

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Donc toujours destiné aux expats, en fait ?

  • Speaker #3

    Au final, je crois qu'au début, on a commencé en anglais parce que cette tendance du café de spécialité, comme n'importe quelle tendance, comme celle qu'on a pu en parler avant, commence dans le nord de l'Europe et finit en Espagne, au niveau européen. Et après, se transmettre en Afrique, etc. C'est-à-dire que tout ce qui se passe au niveau scène, café spécialité maintenant à Barcelone. ce n'est rien de bizarre, c'est ce qui s'est passé à Londres il y a 10-15 ans. Du coup, au final, comme ça vient de là-bas, c'était aussi, on va dire, plus qu'un appel, c'était de comprendre que c'était cette même tendance qu'on essayait ici de suivre.

  • Speaker #2

    Ok, on rentre ? Ah, pas de dame. C'est ce que tu veux. Je prends un solo. Expresso. Toi tu prends quoi ?

  • Speaker #3

    Moi je vais prendre... Moi j'ai pris beaucoup de café ce matin. Du coup, je vais prendre un cortado. Si, je prends un cortado. Je demande au micro. Un cortado, un solo, et un cortado.

  • Speaker #2

    Un cortado.

  • Speaker #1

    Pas poquito en anglais.

  • Speaker #2

    C'est vrai, les titres sont en anglais. Moitié-moitié.

  • Speaker #1

    Mais au final, au niveau des boissons,

  • Speaker #3

    on a laissé en anglais celles qui ont un nom propre. Flatwhite,

  • Speaker #1

    Badge Brew.

  • Speaker #3

    Et après, on a même des références qui sont beaucoup plus internationales. C'est-à-dire qu'on parle d'un latte pour un café au lait, qui est italien. C'est plus au niveau de transmission de messages qu'autre chose.

  • Speaker #1

    Gracias.

  • Speaker #2

    Gracias. Est-ce que c'est mal de mettre du sucre dans son café ?

  • Speaker #3

    Alors moi, je t'invite premièrement à le goûter.

  • Speaker #1

    Sans sucre. Pourquoi ?

  • Speaker #3

    C'est ce que je te disais avant par rapport à la culture du café. On a une culture ici en Espagne et dans le sud de l'Europe du café industriellement produit, qui est un café qui est amer, pas acide. Cette amertume vient normalement d'un café qui est sur-torréfié, de qualité inférieure à celui du nôtre. Notre café qui est frais, et déjà le café c'est un fruit, un fruit normalement c'est sucré. Du coup, moi j'invite toujours à le goûter avant. Parce qu'il y a des notes que le sucre peut tuer. Après, si tu veux du sucre, on en a à disposition.

  • Speaker #2

    Non, non, ça va, c'est vrai que c'est bon. Les petites questions rituelles à la fin des interviews. Quand tu regardes ces dix années passées, parce que ça fait dix ans presque, qu'est-ce que tu aurais fait différemment ?

  • Speaker #3

    Qu'est-ce que j'aurais fait différemment ? J'aurais peut-être, et ça on en parle avant, j'aurais peut-être... focaliser notre croissance à la fois dans des grandes villes comme Madrid, comme dans les villes petites, à la fois. Ou porter plus d'intérêt dans les villes petites. Parce que je trouve que cette polarisation qu'on peut avoir ici, Madrid-Barcelone, ou même en France avec Paris, au fil du temps, elle s'est cassée et que les adeptes, par exemple, de Bon Café,

  • Speaker #1

    on peut les trouver partout dans le territoire. Alors ça d'abord, et pour le reste, non, rien. Moi, j'aime beaucoup ce que je fais.

  • Speaker #2

    Et quels conseils tu donnerais à des entrepreneurs français, francophones, qui viennent ici, qui ne sont pas forcément catalans comme toi, qui a grandi ici, tu l'es. Quels conseils tu leur donnerais, les expats qui viennent ici ?

  • Speaker #3

    Parce que tu l'as dit, mais apprendre le catalan, c'est clé. S'ils veulent grandir ici, ce n'est pas une condition,

  • Speaker #1

    mais ça aide. Ça aide vraiment.

  • Speaker #3

    Parce que ça donne un peu cette légitimité, on va dire, que quelqu'un qui ne parle pas le catalan l'a. Après, je le dis dans une position de privilège parce que je suis un peu plus je suis un peu Et nous, ça nous a beaucoup aidé. C'est-à-dire qu'on a eu beaucoup d'opportunités au milieu, par exemple, de franchiser, d'ouvrir des concepts qui ne nous plaisaient pas,

  • Speaker #1

    etc. Et faire un chiffre d'affaires supérieur.

  • Speaker #3

    Mais je trouve que notre réussite, on va dire, on touche du bois pour qu'on continue à grandir, c'était d'avoir un modèle dans lequel on est convaincu,

  • Speaker #1

    qui nous plaît,

  • Speaker #3

    et être focus dans ça.

  • Speaker #2

    Super, merci beaucoup Yassir pour tous tes conseils.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté tous les chemins Menta Barcelone. Cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser 5 étoiles ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée, ça m'aide vraiment à faire connaître le podcast. Pour suivre les prochains épisodes, abonnez-vous ou suivez-nous sur les réseaux sociaux d'Equinox. A très vite pour de nouveaux chemins !

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Description

Pour ce nouvel épisode, rencontre avec Yassir Rais, fondateur de Syra Coffee, ces petites adresses de cafés de spécialité devenues incontournables à Barcelone. Recommandé par mes collègues amateurs de bon café (pour ne pas dire accros au Syra), l'entrepreneur a accepté avec enthousiasme de partager son parcours.


Yassir est né en France et a grandi à Barcelone, c'est son premier podcast en français. On y parle d’intuition, de design, de Barcelone, Madrid et Bilbao, de l’art de dire non et des gens qui mettent du sucre dans leur café.


👉 Un épisode à déguster, sans filtre.


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Sur Linkedin : Aurélie Chamerois, Equinox Barcelone

Sur Instagram : @aureliecham @equinoxbarcelone


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « Tous les chemins mènent à Barcelone » , le podcast qui explore les parcours d'entrepreneurs francophones en Catalogne. Je suis Aurélie Chameroy, cofondatrice d'Equinox, le média français de Barcelone, journaliste par passion et entrepreneuse par hasard. J'ai voulu comprendre comment d'autres avaient vécu cette drôle d'aventure qu'est la création et la gestion d'une entreprise qui plus est en Espagne. Alors depuis 2018, jetons le micro aux Français et francophones qui se sont lancés ici à Barcelone. Des échanges sans langue de bois, des conseils utiles et surtout des parcours qui éclairent les coulisses de l'entrepreneuriat avec ses doutes, ses défis et ses petites victoires. Et qui note ?

  • Speaker #1

    Il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire que... Il n'y avait pas d'études de marché, de business plan. C'est tout est né de j'aimerais bien monter un café ou lequel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #0

    Pour ce nouvel épisode, j'ai contacté Yassir Haïs sur les recommandations de mes collègues fans du Syracofi. Ces petites échoppes de café de spécialité qui font fureur aux quatre points de Barcelone. Yassir est né en France et a grandi à Barcelone. Il a répondu avec enthousiasme à mon invitation. C'est d'ailleurs son premier podcast en français. On y parle. d'intuition, de design, de Bilbao, de l'art de dire non et de café sans sucre. Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Yassir, bonjour ! Bonjour ! Merci d'être avec nous sur Equinox. Alors toi, si j'ai bien fait mes recherches, tu es né en France, arrivé ici à Barcelone à deux ans, tu es reparti en France pour tes études et tes parents sont d'origine marocaine. Exactement. Donc le mélange de cultures, c'est un quotidien chez toi.

  • Speaker #1

    100%. Moi, je suis né à Bordeaux. Dans le Bousca d'ailleurs, dans la clinique du Bousca qui est en banlieue de Bordeaux. Et quand mes parents ont fini leur cursus de biochimie, mon père il est docteur en biochimie, d'ailleurs j'ai assisté à sa thèse quand j'avais un an et demi. On est rentrés, enfin on est rentrés, on est partis à Barcelone, au début pour le boulot de mon papa et au final on est restés. Mais oui, mes premiers mots ils ont été en espagnol, catalan, marocain et français à la fois.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? Et t'as toujours gardé toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    100% ouais.

  • Speaker #2

    Vous parlez quoi à la maison ?

  • Speaker #1

    À la maison, enfin avec mes parents c'est un mélange d'un peu de tout. Ça dépend un peu de l'humeur et de ce qu'on veut se dire, mais c'est un mélange surtout de français, dialecte marocain. Avec ma sœur, on ajoute à ça l'espagnol, parce qu'elle est née à Barcelone. Et avec ma petite famille, c'est un peu la même chose.

  • Speaker #2

    Mélange aussi. Et d'ailleurs, tu me disais en arrivant, l'école Lesseps, lycée français, tu as fait tout le cursus en français ici à Barcelone.

  • Speaker #1

    Exactement. Je suis très content et je suis très précurseur de ces deux écoles.

  • Speaker #2

    Alors toi, tu as fait des études d'architecture. Oui. Ce qui peut paraître étonnant pour le créateur d'une chaîne de cafétéria. Comment t'es venue cette idée du Syrah Coffee ?

  • Speaker #1

    On va dire que c'est limite ironique d'être archi et de créer une chaîne. Moi j'aime bien dire ça une collection, parce que tous nos cafés sont propres, on ne franchisse pas. Et il y a un contrôle vraiment du produit du début à la fin de chaque moyen de la chaîne. Mais l'architecture elle a un rôle qui est essentiel. Au final nous on a grandi à travers nos boutiques. Nos boutiques, j'aime bien dire qu'elles ont de l'âme. Chacune est différente, elle a des matériaux différents, une manière différente de communiquer avec chaque quartier, qui est un peu notre mantra. On vise à être le point de référence du bon café dans un quartier. Et du coup, l'architecture comme premier, un peu palier, ou première étape pour connaître nos clients est essentielle. Pour moi, l'architecture, je l'utilise encore une fois parce qu'on en a 42 de Syrah, chacun est différent. On est en pleine croissance, du coup l'architecture est clé. Ici, l'idée c'est d'arriver à que l'architecture extérieure et intérieure soit une espèce de miroir de ce qu'on fait au quotidien, dans ce qui nous plaît le plus, qui est le café.

  • Speaker #2

    Mais comment t'es venue cette idée, toi, qui étais architecte ? Justement, le premier café ?

  • Speaker #1

    Alors, nous ce qu'on fait, c'est on torréfie en vain ce qu'on appelle du café de spécialité. Alors un peu pour la faire courte et ne pas passer trois heures à expliquer, c'est un peu le simile qu'il y a avec les vins naturels ou avec, par exemple, les bières artisanales, on va dire, mais pour le café qui a une récurrence et une consommation beaucoup plus forte que ces deux produits que je viens de citer. Au final, c'est arrivé à un processus artisanal. depuis sa production avec les agriculteurs et coopératifs avec lesquels on travaille, en passant par la torréfaction et jusqu'à servir aux clients final. Il faut commencer par là. Alors moi j'étais très consommateur de café spécialité quand je faisais mes études à Paris. D'accord. Et je rêvais d'ouvrir un café à Barcelone. Alors tout est né un peu de l'intuition, c'est-à-dire que l'expérience que moi je pouvais vivre dans des petits coffee shop à Paris, je ne la trouvais pas ici quand je retournais chaque été. Et tout est né à travers une intuition. En 2015, au quartier de Gracia, j'ai découvert un petit local dans la rue Sillacoussa. C'est d'ici le nom de Sierra qui est venu.

  • Speaker #2

    D'accord,

  • Speaker #1

    c'est là. C'est allé très vite. C'est-à-dire que je l'ai loué, j'ai appelé mon pote qui est architecte aussi, qui s'appelle Thomas, qui était mon binôme en archi. Et en dix jours, on a fait les plans. En dix jours, le matin, on va dire chaque matin, on a exécuté les plans, on a fait nous-mêmes les travaux et jusqu'à ouvrir le premier Sierra.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    22 ans.

  • Speaker #2

    T'avais quand même un esprit entrepreneur.

  • Speaker #1

    Oui, mais il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'études de marché, de business plan, c'est tout est né de, j'aimerais bien monter un café auquel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #2

    Et d'y aller.

  • Speaker #1

    Oui. j'ai foncé.

  • Speaker #2

    Et t'as pris un employé comment t'as fait ?

  • Speaker #1

    Alors au début ouais parce que le premier CIRA je l'ai ouvert à cheval entre mon degré d'architecture, enfin ma licence d'archi et mon master, c'est à dire que je faisais des allers-retours à Barcelone-Paris tous les 2-3 semaines, du coup j'avais un employé, c'était très stressant parce que j'étais collé un peu enfin je faisais confiance bien évidemment, c'était mon premier business et quand j'ai fini ma carrière d'architecture, c'est à dire un an et demi plus tard, je suis rentré et je me suis dédié à fond Du coup, c'était moi qui étais avec ma petite équipe à gérer le café.

  • Speaker #2

    Incroyable. Donc, c'était toi qui faisais le café ? Oui. Ok.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    100%. Et alors, comment ça a grandi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors, 2015, on ouvre le premier Sierra. 2019, moi, je rentre de Paris et je me dis qu'il y a un truc à faire. Du coup, c'est grandi. On a grandi d'abord à Barcelone. On a ouvert... Enfin, au milieu, il y a eu le Covid. Le Covid nous a appris énormément de trucs. On a commencé à faire de l'e-commerce. L'e-commerce nous a donné beaucoup de données sur plein de clients qu'on ne connaissait pas et qui n'étaient pas à la portée de ce premier café qui était à Gracia. Et ça nous a permis d'ouvrir le deuxième à Poblasec, le troisième à passer au Saint-Juan, jusqu'à ouvrir 13 coffee shop à Barcelone et après à passer la frontière d'autres villes comme Madrid, Malaga, Séville, etc.

  • Speaker #2

    Mais qu'est-ce qui se passe les premières années entre le moment où tu as cette intuition, où tu lances ton café un peu par passion, et le moment où tu te dis je vais en faire un business, je vais m'y mettre à fond ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que je me dis c'est de voir un peu l'engouement qu'il y avait dans le premier serat par rapport au client. C'est-à-dire que ce qui est d'une intuition avec la simple idée de me faire plaisir moi et de me dire qu'est-ce que je veux offrir et à quel prix, et voir qu'il y avait de la queue tous les jours à Gracia, qui est le premier sierra, de me dire, il est possible qu'il y ait... De la queue dans d'autres serrasses, ils utilisent un peu cette même intuition. Du coup, on ouvre le deuxième, troisième, quatrième, il y avait de la queue tout le temps. Du coup, je me suis dit, bon, il y a un truc à faire.

  • Speaker #2

    Il y a un truc qui se passe.

  • Speaker #1

    Oui. Et moi, j'étais très content parce que comme architecte, j'utilise l'architecture à fond. Nous, nous sommes un passionné du café de spécialité. Du coup, on travaille avec des produits qu'on aime, qu'on aime, qui nous passionnent, avec lesquels on a beaucoup de relations par rapport et aux producteurs, aux baristas et aux clients finales. Et j'ai vu qu'il y avait une opportunité et j'ai foncé. Mais ce qui m'a guidé un peu, c'est cette idée de voir que cette communauté qu'on créait, elle grandissait. Qu'on avait une fidélité, on va dire, de notre communauté qui était très grande. C'est-à-dire que nous, on était très près de savoir dans tous les coffee shops, quel était le taux de récurrence de nos clients. Et c'est surtout de travailler avec des personnes qui sont passionnées dans toute cette chaîne. et de grandir. C'est-à-dire que la croissance a été clé depuis le début parce que c'est le seul moyen qu'on a vu objectivement de donner des meilleures conditions à tous ces maillons de la chaîne, en passant du producteur par le barista et au client final avec un prix qui est abordable.

  • Speaker #2

    La communauté, c'est quelque chose qui est venu après ou c'est quelque chose que tu avais en tête dès le début ? rassembler des gens autour d'une même passion, autour d'une marque.

  • Speaker #1

    C'est venu à la fois, c'est-à-dire que l'aspect de la marque était présent même avant de louer le premier local. C'est-à-dire que ce logo de Petit Vert avec l'éclair, moi je l'ai créé, après il a été un peu modifié, mais l'essence de ce logo a été faite une dizaine de jours avant de louer le premier local. C'est-à-dire qu'il y avait un esprit de marque depuis le début et de présence de marque. C'est-à-dire que maintenant quand tu rentres dans un Syrah, il n'y a pas d'autre marque. qui sautent aux yeux à part celle de Syrah, dans les verres, dans le packaging, dans tout, dans l'uniforme de nos baristas. Ça, c'était très présent. Et l'aspect de communauté aussi. C'est-à-dire que si on voit un peu la localisation de tous nos Syrah, c'est des localisations qui sont clés. Dans chaque quartier, on y va. On n'a pas d'intérêt à être dans la rue la plus patiente au niveau touristique, mais la plus connue au niveau quartier. Parce qu'on trouve que notre métier est celui de... d'améliorer un peu les limites, les matins de chacun de nos clients.

  • Speaker #2

    Quelle est pour toi l'importance de travailler et prendre soin de cette communauté ?

  • Speaker #1

    Alors l'importance, et c'est un challenge, c'est de ne pas perdre la qualité à la fois qu'on grandit. C'est-à-dire qu'au final, et c'est pour ça que j'ai parlé de la main de chacun de nos locaux et le rôle qu'a l'architecture dans tout ça. Je trouve que depuis le début, ça aurait été très facile de faire un copier-coller dans chacun de nos locaux. Et dans chaque manière de travailler qu'on a, on aurait gagné beaucoup plus d'argent parce qu'on aurait optimisé les coûts partout. On aurait gagné des charges qui sont beaucoup plus clean. Alors que nous, on a pris dans ces 42 serats qu'on a, évidemment, on a une ligne directrice de comment doivent être les comptoirs au niveau structurel. Mais au niveau matériel, au niveau intérêt de la façade et au niveau communication avec le quartier, c'est-à-dire, on ne doute pas une seule seconde à faire des expositions. avec des artistes locaux en fonction d'un local. Nous, chaque Syrah, au niveau communauté, prend soin de sa propre clientèle. Je trouve que l'interaction barista-client est très forte. Parce que limite, c'est quelqu'un comme client que tu vas voir deux, trois fois par jour,

  • Speaker #2

    tous les jours. Oui, il y a une récurrence énorme sur ce produit.

  • Speaker #1

    C'est la récurrence qu'a le produit. Au final, le risque aussi, c'est qu'avec un processus qui est extrêmement artisanal, depuis la torréfaction jusqu'à la préparation du café, parce que nos machines sont complètement mécaniques, elles ne sont pas automatiques. Moi, ce que j'essaie de dire tout le temps à l'équipe, c'est qu'à part l'eau, le café, c'est dans le monde, le produit qui est, une, le plus consommé, et deux, qui a cet aspect où, quand tu consommes du café, ou tu en bois deux, trois fois par jour, ou tu n'en bois pas. Ce n'est pas un burger que tu peux consommer une fois par mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai qu'on n'y pense pas.

  • Speaker #1

    Et c'est des récurrences, indépendamment que ça soit stira ou pas. Et ça, c'est une chance, mais c'est une chance qui peut devenir des fois difficile à gérer parce qu'il faut qu'on ait cette récurrence, pas que avec le service du client, mais aussi avec la qualité.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Il y a une demande de qualité assez haute, irrégulière, constante. Donc, tu dis que forcément, tu gagnes peut-être moins d'argent, mais tu investis sur l'avenir puisque fidéliser les clients, c'est quand même la base.

  • Speaker #1

    C'est la base. Nous, ce qu'on essaie, c'est de le fidéliser au-delà de ce qu'on appelle offline, c'est de la consommation au magasin. Depuis le Covid, on a vu que l'intérêt était de pouvoir créer une marque qui soit présente en magasin, mais aussi à la maison. Et c'est pour ça que notre focus a été à la fois de grandir au niveau magasin et territoire en Espagne, mais aussi au niveau online. C'est-à-dire que ce café puisse se consommer aussi à la maison. C'est quelque chose qui nous demandait beaucoup nos clients et qu'au tout début, on n'avait pas en tête. Et que ça s'est développé jusqu'à être un de notre chaîne les plus importantes de vente.

  • Speaker #2

    Oui, ça représente quoi dans le business aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un 15 et 20%. Ah oui ? C'est-à-dire que c'est... Mais nous, on le voit comme une manière de... Enfin, c'est un terme un peu anglais, c'est le omnichannel. C'est d'être présent vraiment dans tout l'aspect un peu de la vie de notre client. Pas que en magasin. Et ça, c'est beaucoup plus important.

  • Speaker #2

    Comment tu as fait aussi pour grandir assez rapidement quand même ? que tu as fait ? Venir des investisseurs, est-ce que tu as des associés, est-ce que tu as eu des financements, quels ont été tes choix à ce niveau-

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis ce qu'on appelle solo founder. Je suis le seul fondateur de Serab. Et au final, après le premier local que j'ai fait en fonds propres, avec des économies que j'avais faites comme architecte, parce qu'au final, on commence à travailler très tôt avec une séance d'architecture. Il y a tout le temps des personnes à ta famille qui te demandent est-ce que tu m'aides à faire ça ou ça ? On m'amène un logo parce qu'on touche pas mal de graphismes. Bref, du coup, j'avais un peu d'économies. Du coup, les deux premiers Serab, je les fais avec les moyens du bord. ok c'est avec tes fonds propres oui oui c'est à dire que les travaux c'est moi qui les ai fait ta femme faisait tout oui mais parce que c'était parce que le peu que j'avais était mis dans la qualité du produit au final et au final moi je savais qu'il fallait grandir et on a été approché par des business angels au début c'était Bernat et Jordi c'est les fondateurs d'une boîte ici à Barcelone qui s'appelle Factorial enfin je dis à Barcelone mais qui est mondiale actuellement ils ont un petit fonds d'investissement comme des business angels et Et on a fait une première levée, c'était même pas une levée parce que ça s'est fait naturellement. Eux ils investissaient exclusivement dans la technologie, nous on était zéro technologique, on avait un coffee shop à Gracia. Et il y a eu un match, moi j'ai montré que je voulais grandir et du coup ça a été des mentors pour moi. Alors ça c'était la première levée de fonds.

  • Speaker #2

    C'est génial d'avoir des mentors qui t'accompagnent aussi pour grandir.

  • Speaker #1

    Alors j'ai tellement aimé. qu'au tout début la croissance de Sierra elle s'est faite en créant un peu une communauté de business angels qui était une cliente de Sierra, c'était très important parce qu'il faut vraiment qu'ils comprennent la mission de ce qu'on fait et de puissent apporter un peu de connaissances parce que moi comme fraîchement diplômé d'architecture j'ai plein de carences, au final il fallait avoir la capacité de m'entourer de personnes qui puissent aider un moment ou l'autre dans Sierra. Et c'est surtout qu'on n'était pas éligible à la banque traditionnelle. C'est-à-dire qu'on était une très jeune entreprise, ici en Espagne. Ça s'appelle « Empresa de joven creación » . Les deux premières années d'une création d'entreprise, c'est vraiment très dur d'avoir des...

  • Speaker #2

    C'est galère,

  • Speaker #1

    oui. Très galère. Enfin, pardon, c'est galère en fonction de la croissance qu'on veut faire. C'est-à-dire que si on veut ouvrir 10 coffee shops et la banque nous prête, je ne sais pas, 2000 euros, on n'arrivera pas à le faire.

  • Speaker #2

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Du coup, au final, j'ai un peu joué à l'outil agréable. J'ai permis à plein de business angels de rentrer dans le capital de Syrah tout en restant. actionnaire majoritaire, avoir le contrôle de Sierra et être complètement indépendant.

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai l'impression que Sierra, comme tu disais, est très ancrée dans le territoire, très ancrée dans les quartiers. Tu as commencé à ouvrir d'autres villes. Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Avec une belle équipe. Alors nous, comme on est né à Barcelone, on a une vingtaine d'empreintes. Au total, on a 42. Après Barcelone, on a ouvert rapidement Madrid. Et après, ça en est suivi Valence, Séville, Malaga. San Sebastian, Bilbao et Gironne. Du coup, ce qu'on fait, c'est notre stratégie de croissance vraiment capillaire. C'est-à-dire que nous, on n'ouvre pas sans savoir qu'il y aura une personne de l'équipe qui prend le risque d'aller nous aider à ouvrir là-bas. C'est-à-dire que cette idée de promotion interne aussi doit aider un peu à cette mobilité un peu géographique. Et comment je le fais ? Je ne sais pas, c'est un défi tous les jours. Et c'est une belle mission parce qu'au final aussi, ça nous a un peu permis de savoir comment nous adapter à chacune des villes. Parce que ce n'est pas la même chose d'avoir dix ans d'histoire à Barcelone que d'arriver dans une ville comme Bilbao et de voir nous adapter. Oui,

  • Speaker #2

    personne ne t'attend.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Mais c'est clé finalement d'avoir des gens sur place sur qui tu peux t'appuyer.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce qu'au final, on n'a rien inventé de nouveau. Au final, c'est des coffee shops. Et cet aspect qui est un peu intangible de la marque, de la communauté, c'est difficile de le transmettre verbalement. Il faut le vivre. Et la manière de le vivre, c'est d'être un employé clé un peu dans l'équipe qui est passée peut-être depuis le début de barista temps partiel à barista full time, manager. Cette connaissance un peu du quotidien, c'est celle qui te donne un peu cette confiance.

  • Speaker #2

    Donc, il y a une forte culture d'entreprise aussi. Oui,

  • Speaker #1

    très forte. C'est important.

  • Speaker #2

    Yassir, je pense que c'est l'heure du café. Oui. Nous, on est là au studio d'Ekinox et on a évidemment un Syrah Coffee juste en bas. Est-ce qu'on n'irait pas ensemble ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Allez, on y va. Alors, on est passé chez Sam John, on voit le Syrah Coffee. Celui-là, c'était le deuxième.

  • Speaker #3

    Celui-là, c'était... Non, pardon, le troisième. Le deuxième, c'était au quartier de Poblasek et le troisième, celui-là.

  • Speaker #2

    Et donc, par rapport à l'implantation dans d'autres villes, tu me disais dans l'ascenseur, que finalement, Madrid, ce n'était pas si facile que ça.

  • Speaker #3

    Au final... Madrid, c'est une très très grande ville. On a tendance à penser depuis Barcelone que les villes sont comparables, mais pas du tout. L'empreinte de Madrid, son urbanisme, sa taille, fait que notre présence qui peut être beaucoup plus forte dans une ville comme Barcelone qui est plus petite, on doit faire le double d'efforts. Ce qui n'est pas le cas dans des villes moyennes ou petites comme Valence ou Saint-Sébastien ou Malaga. ou au niveau, on va dire, réputationnel ou présence, avec deux, trois magasins, on a pu être beaucoup plus présents.

  • Speaker #2

    C'est plus facile finalement de s'implanter dans d'autres villes en Espagne, quand c'est la deuxième par exemple, quand c'est plus petit en fait.

  • Speaker #3

    C'est du moins l'impression qu'on a eue. Parce que, et au final, je trouve ça logique, parce qu'au final, on va dire que c'est beaucoup plus facile de trouver la bonne adresse dans des petites villes. que dans une plus grande ville où il y aura forcément beaucoup plus de concurrence, beaucoup plus de présence de concurrence que dans des villes d'une taille inférieure.

  • Speaker #2

    Et c'est plus facile de sortir du lot.

  • Speaker #3

    Oui, complètement.

  • Speaker #2

    Alors là, on arrive au Sierra Coffee. Alors moi, je voulais te demander pourquoi avoir tout mis en anglais ? Parce que toi, tu es multilingue, mais en plus, tu n'es pas anglophone.

  • Speaker #3

    Alors pourquoi ? Ça, c'est une belle question. Et nous, on utilise dans ce cas-là beaucoup de data. Alors nous on a comme ambition d'être compris par tout le monde, avec un focus très grand dans le client local. Dans ce client local, il faut dire que ça dépend du quartier, bien évidemment, mais il y a une grande partie d'expatriés. Et ces expatriés, pour faire comprendre un peu le produit qu'on sert, on passe beaucoup plus rapidement à cette compréhension si on transmet en anglais que si on transmet dans notre langue. On commence à faire des changements. dans des communautés autonomes comme le Pays Basque et la Catalogne. Ce qu'il faut comprendre, c'est que toutes nos équipes peuvent se transmettre en catalan sans aucun problème à Barcelone et en Basque. Pas toute l'équipe dans le Pays Basque. Mais oui, c'était une idée. Et nous, ce qu'on fait, c'est des études avec notre newsletter limite mensuellement pour savoir si ça vaut la peine. C'est avec quelle langue ? on peut transmettre le mieux notre message. Et pour le moment, c'est l'anglais.

  • Speaker #2

    Et dès le début, ça a été l'anglais ?

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Donc toujours destiné aux expats, en fait ?

  • Speaker #3

    Au final, je crois qu'au début, on a commencé en anglais parce que cette tendance du café de spécialité, comme n'importe quelle tendance, comme celle qu'on a pu en parler avant, commence dans le nord de l'Europe et finit en Espagne, au niveau européen. Et après, se transmettre en Afrique, etc. C'est-à-dire que tout ce qui se passe au niveau scène, café spécialité maintenant à Barcelone. ce n'est rien de bizarre, c'est ce qui s'est passé à Londres il y a 10-15 ans. Du coup, au final, comme ça vient de là-bas, c'était aussi, on va dire, plus qu'un appel, c'était de comprendre que c'était cette même tendance qu'on essayait ici de suivre.

  • Speaker #2

    Ok, on rentre ? Ah, pas de dame. C'est ce que tu veux. Je prends un solo. Expresso. Toi tu prends quoi ?

  • Speaker #3

    Moi je vais prendre... Moi j'ai pris beaucoup de café ce matin. Du coup, je vais prendre un cortado. Si, je prends un cortado. Je demande au micro. Un cortado, un solo, et un cortado.

  • Speaker #2

    Un cortado.

  • Speaker #1

    Pas poquito en anglais.

  • Speaker #2

    C'est vrai, les titres sont en anglais. Moitié-moitié.

  • Speaker #1

    Mais au final, au niveau des boissons,

  • Speaker #3

    on a laissé en anglais celles qui ont un nom propre. Flatwhite,

  • Speaker #1

    Badge Brew.

  • Speaker #3

    Et après, on a même des références qui sont beaucoup plus internationales. C'est-à-dire qu'on parle d'un latte pour un café au lait, qui est italien. C'est plus au niveau de transmission de messages qu'autre chose.

  • Speaker #1

    Gracias.

  • Speaker #2

    Gracias. Est-ce que c'est mal de mettre du sucre dans son café ?

  • Speaker #3

    Alors moi, je t'invite premièrement à le goûter.

  • Speaker #1

    Sans sucre. Pourquoi ?

  • Speaker #3

    C'est ce que je te disais avant par rapport à la culture du café. On a une culture ici en Espagne et dans le sud de l'Europe du café industriellement produit, qui est un café qui est amer, pas acide. Cette amertume vient normalement d'un café qui est sur-torréfié, de qualité inférieure à celui du nôtre. Notre café qui est frais, et déjà le café c'est un fruit, un fruit normalement c'est sucré. Du coup, moi j'invite toujours à le goûter avant. Parce qu'il y a des notes que le sucre peut tuer. Après, si tu veux du sucre, on en a à disposition.

  • Speaker #2

    Non, non, ça va, c'est vrai que c'est bon. Les petites questions rituelles à la fin des interviews. Quand tu regardes ces dix années passées, parce que ça fait dix ans presque, qu'est-ce que tu aurais fait différemment ?

  • Speaker #3

    Qu'est-ce que j'aurais fait différemment ? J'aurais peut-être, et ça on en parle avant, j'aurais peut-être... focaliser notre croissance à la fois dans des grandes villes comme Madrid, comme dans les villes petites, à la fois. Ou porter plus d'intérêt dans les villes petites. Parce que je trouve que cette polarisation qu'on peut avoir ici, Madrid-Barcelone, ou même en France avec Paris, au fil du temps, elle s'est cassée et que les adeptes, par exemple, de Bon Café,

  • Speaker #1

    on peut les trouver partout dans le territoire. Alors ça d'abord, et pour le reste, non, rien. Moi, j'aime beaucoup ce que je fais.

  • Speaker #2

    Et quels conseils tu donnerais à des entrepreneurs français, francophones, qui viennent ici, qui ne sont pas forcément catalans comme toi, qui a grandi ici, tu l'es. Quels conseils tu leur donnerais, les expats qui viennent ici ?

  • Speaker #3

    Parce que tu l'as dit, mais apprendre le catalan, c'est clé. S'ils veulent grandir ici, ce n'est pas une condition,

  • Speaker #1

    mais ça aide. Ça aide vraiment.

  • Speaker #3

    Parce que ça donne un peu cette légitimité, on va dire, que quelqu'un qui ne parle pas le catalan l'a. Après, je le dis dans une position de privilège parce que je suis un peu plus je suis un peu Et nous, ça nous a beaucoup aidé. C'est-à-dire qu'on a eu beaucoup d'opportunités au milieu, par exemple, de franchiser, d'ouvrir des concepts qui ne nous plaisaient pas,

  • Speaker #1

    etc. Et faire un chiffre d'affaires supérieur.

  • Speaker #3

    Mais je trouve que notre réussite, on va dire, on touche du bois pour qu'on continue à grandir, c'était d'avoir un modèle dans lequel on est convaincu,

  • Speaker #1

    qui nous plaît,

  • Speaker #3

    et être focus dans ça.

  • Speaker #2

    Super, merci beaucoup Yassir pour tous tes conseils.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté tous les chemins Menta Barcelone. Cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser 5 étoiles ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée, ça m'aide vraiment à faire connaître le podcast. Pour suivre les prochains épisodes, abonnez-vous ou suivez-nous sur les réseaux sociaux d'Equinox. A très vite pour de nouveaux chemins !

Description

Pour ce nouvel épisode, rencontre avec Yassir Rais, fondateur de Syra Coffee, ces petites adresses de cafés de spécialité devenues incontournables à Barcelone. Recommandé par mes collègues amateurs de bon café (pour ne pas dire accros au Syra), l'entrepreneur a accepté avec enthousiasme de partager son parcours.


Yassir est né en France et a grandi à Barcelone, c'est son premier podcast en français. On y parle d’intuition, de design, de Barcelone, Madrid et Bilbao, de l’art de dire non et des gens qui mettent du sucre dans leur café.


👉 Un épisode à déguster, sans filtre.


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Sur Linkedin : Aurélie Chamerois, Equinox Barcelone

Sur Instagram : @aureliecham @equinoxbarcelone


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Si vous avez des questions ou des thèmes que vous aimeriez que l’on aborde, écrivez-moi à aurelie@equinoxmagazine.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « Tous les chemins mènent à Barcelone » , le podcast qui explore les parcours d'entrepreneurs francophones en Catalogne. Je suis Aurélie Chameroy, cofondatrice d'Equinox, le média français de Barcelone, journaliste par passion et entrepreneuse par hasard. J'ai voulu comprendre comment d'autres avaient vécu cette drôle d'aventure qu'est la création et la gestion d'une entreprise qui plus est en Espagne. Alors depuis 2018, jetons le micro aux Français et francophones qui se sont lancés ici à Barcelone. Des échanges sans langue de bois, des conseils utiles et surtout des parcours qui éclairent les coulisses de l'entrepreneuriat avec ses doutes, ses défis et ses petites victoires. Et qui note ?

  • Speaker #1

    Il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire que... Il n'y avait pas d'études de marché, de business plan. C'est tout est né de j'aimerais bien monter un café ou lequel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #0

    Pour ce nouvel épisode, j'ai contacté Yassir Haïs sur les recommandations de mes collègues fans du Syracofi. Ces petites échoppes de café de spécialité qui font fureur aux quatre points de Barcelone. Yassir est né en France et a grandi à Barcelone. Il a répondu avec enthousiasme à mon invitation. C'est d'ailleurs son premier podcast en français. On y parle. d'intuition, de design, de Bilbao, de l'art de dire non et de café sans sucre. Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Yassir, bonjour ! Bonjour ! Merci d'être avec nous sur Equinox. Alors toi, si j'ai bien fait mes recherches, tu es né en France, arrivé ici à Barcelone à deux ans, tu es reparti en France pour tes études et tes parents sont d'origine marocaine. Exactement. Donc le mélange de cultures, c'est un quotidien chez toi.

  • Speaker #1

    100%. Moi, je suis né à Bordeaux. Dans le Bousca d'ailleurs, dans la clinique du Bousca qui est en banlieue de Bordeaux. Et quand mes parents ont fini leur cursus de biochimie, mon père il est docteur en biochimie, d'ailleurs j'ai assisté à sa thèse quand j'avais un an et demi. On est rentrés, enfin on est rentrés, on est partis à Barcelone, au début pour le boulot de mon papa et au final on est restés. Mais oui, mes premiers mots ils ont été en espagnol, catalan, marocain et français à la fois.

  • Speaker #2

    Ah ouais ? Et t'as toujours gardé toutes ces langues ?

  • Speaker #1

    100% ouais.

  • Speaker #2

    Vous parlez quoi à la maison ?

  • Speaker #1

    À la maison, enfin avec mes parents c'est un mélange d'un peu de tout. Ça dépend un peu de l'humeur et de ce qu'on veut se dire, mais c'est un mélange surtout de français, dialecte marocain. Avec ma sœur, on ajoute à ça l'espagnol, parce qu'elle est née à Barcelone. Et avec ma petite famille, c'est un peu la même chose.

  • Speaker #2

    Mélange aussi. Et d'ailleurs, tu me disais en arrivant, l'école Lesseps, lycée français, tu as fait tout le cursus en français ici à Barcelone.

  • Speaker #1

    Exactement. Je suis très content et je suis très précurseur de ces deux écoles.

  • Speaker #2

    Alors toi, tu as fait des études d'architecture. Oui. Ce qui peut paraître étonnant pour le créateur d'une chaîne de cafétéria. Comment t'es venue cette idée du Syrah Coffee ?

  • Speaker #1

    On va dire que c'est limite ironique d'être archi et de créer une chaîne. Moi j'aime bien dire ça une collection, parce que tous nos cafés sont propres, on ne franchisse pas. Et il y a un contrôle vraiment du produit du début à la fin de chaque moyen de la chaîne. Mais l'architecture elle a un rôle qui est essentiel. Au final nous on a grandi à travers nos boutiques. Nos boutiques, j'aime bien dire qu'elles ont de l'âme. Chacune est différente, elle a des matériaux différents, une manière différente de communiquer avec chaque quartier, qui est un peu notre mantra. On vise à être le point de référence du bon café dans un quartier. Et du coup, l'architecture comme premier, un peu palier, ou première étape pour connaître nos clients est essentielle. Pour moi, l'architecture, je l'utilise encore une fois parce qu'on en a 42 de Syrah, chacun est différent. On est en pleine croissance, du coup l'architecture est clé. Ici, l'idée c'est d'arriver à que l'architecture extérieure et intérieure soit une espèce de miroir de ce qu'on fait au quotidien, dans ce qui nous plaît le plus, qui est le café.

  • Speaker #2

    Mais comment t'es venue cette idée, toi, qui étais architecte ? Justement, le premier café ?

  • Speaker #1

    Alors, nous ce qu'on fait, c'est on torréfie en vain ce qu'on appelle du café de spécialité. Alors un peu pour la faire courte et ne pas passer trois heures à expliquer, c'est un peu le simile qu'il y a avec les vins naturels ou avec, par exemple, les bières artisanales, on va dire, mais pour le café qui a une récurrence et une consommation beaucoup plus forte que ces deux produits que je viens de citer. Au final, c'est arrivé à un processus artisanal. depuis sa production avec les agriculteurs et coopératifs avec lesquels on travaille, en passant par la torréfaction et jusqu'à servir aux clients final. Il faut commencer par là. Alors moi j'étais très consommateur de café spécialité quand je faisais mes études à Paris. D'accord. Et je rêvais d'ouvrir un café à Barcelone. Alors tout est né un peu de l'intuition, c'est-à-dire que l'expérience que moi je pouvais vivre dans des petits coffee shop à Paris, je ne la trouvais pas ici quand je retournais chaque été. Et tout est né à travers une intuition. En 2015, au quartier de Gracia, j'ai découvert un petit local dans la rue Sillacoussa. C'est d'ici le nom de Sierra qui est venu.

  • Speaker #2

    D'accord,

  • Speaker #1

    c'est là. C'est allé très vite. C'est-à-dire que je l'ai loué, j'ai appelé mon pote qui est architecte aussi, qui s'appelle Thomas, qui était mon binôme en archi. Et en dix jours, on a fait les plans. En dix jours, le matin, on va dire chaque matin, on a exécuté les plans, on a fait nous-mêmes les travaux et jusqu'à ouvrir le premier Sierra.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    22 ans.

  • Speaker #2

    T'avais quand même un esprit entrepreneur.

  • Speaker #1

    Oui, mais il n'y avait pas de business plan, il y avait plutôt de l'intuition. C'est-à-dire que, et c'est très important à se dire actuellement, on utilise beaucoup de data maintenant, mais l'aspect intuitif de se dire, moi je veux monter quelque chose où je sois fier vraiment d'être client, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'études de marché, de business plan, c'est tout est né de, j'aimerais bien monter un café auquel je serais très content d'y aller chaque jour, plusieurs fois par jour.

  • Speaker #2

    Et d'y aller.

  • Speaker #1

    Oui. j'ai foncé.

  • Speaker #2

    Et t'as pris un employé comment t'as fait ?

  • Speaker #1

    Alors au début ouais parce que le premier CIRA je l'ai ouvert à cheval entre mon degré d'architecture, enfin ma licence d'archi et mon master, c'est à dire que je faisais des allers-retours à Barcelone-Paris tous les 2-3 semaines, du coup j'avais un employé, c'était très stressant parce que j'étais collé un peu enfin je faisais confiance bien évidemment, c'était mon premier business et quand j'ai fini ma carrière d'architecture, c'est à dire un an et demi plus tard, je suis rentré et je me suis dédié à fond Du coup, c'était moi qui étais avec ma petite équipe à gérer le café.

  • Speaker #2

    Incroyable. Donc, c'était toi qui faisais le café ? Oui. Ok.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    100%. Et alors, comment ça a grandi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors, 2015, on ouvre le premier Sierra. 2019, moi, je rentre de Paris et je me dis qu'il y a un truc à faire. Du coup, c'est grandi. On a grandi d'abord à Barcelone. On a ouvert... Enfin, au milieu, il y a eu le Covid. Le Covid nous a appris énormément de trucs. On a commencé à faire de l'e-commerce. L'e-commerce nous a donné beaucoup de données sur plein de clients qu'on ne connaissait pas et qui n'étaient pas à la portée de ce premier café qui était à Gracia. Et ça nous a permis d'ouvrir le deuxième à Poblasec, le troisième à passer au Saint-Juan, jusqu'à ouvrir 13 coffee shop à Barcelone et après à passer la frontière d'autres villes comme Madrid, Malaga, Séville, etc.

  • Speaker #2

    Mais qu'est-ce qui se passe les premières années entre le moment où tu as cette intuition, où tu lances ton café un peu par passion, et le moment où tu te dis je vais en faire un business, je vais m'y mettre à fond ?

  • Speaker #1

    Je crois que ce que je me dis c'est de voir un peu l'engouement qu'il y avait dans le premier serat par rapport au client. C'est-à-dire que ce qui est d'une intuition avec la simple idée de me faire plaisir moi et de me dire qu'est-ce que je veux offrir et à quel prix, et voir qu'il y avait de la queue tous les jours à Gracia, qui est le premier sierra, de me dire, il est possible qu'il y ait... De la queue dans d'autres serrasses, ils utilisent un peu cette même intuition. Du coup, on ouvre le deuxième, troisième, quatrième, il y avait de la queue tout le temps. Du coup, je me suis dit, bon, il y a un truc à faire.

  • Speaker #2

    Il y a un truc qui se passe.

  • Speaker #1

    Oui. Et moi, j'étais très content parce que comme architecte, j'utilise l'architecture à fond. Nous, nous sommes un passionné du café de spécialité. Du coup, on travaille avec des produits qu'on aime, qu'on aime, qui nous passionnent, avec lesquels on a beaucoup de relations par rapport et aux producteurs, aux baristas et aux clients finales. Et j'ai vu qu'il y avait une opportunité et j'ai foncé. Mais ce qui m'a guidé un peu, c'est cette idée de voir que cette communauté qu'on créait, elle grandissait. Qu'on avait une fidélité, on va dire, de notre communauté qui était très grande. C'est-à-dire que nous, on était très près de savoir dans tous les coffee shops, quel était le taux de récurrence de nos clients. Et c'est surtout de travailler avec des personnes qui sont passionnées dans toute cette chaîne. et de grandir. C'est-à-dire que la croissance a été clé depuis le début parce que c'est le seul moyen qu'on a vu objectivement de donner des meilleures conditions à tous ces maillons de la chaîne, en passant du producteur par le barista et au client final avec un prix qui est abordable.

  • Speaker #2

    La communauté, c'est quelque chose qui est venu après ou c'est quelque chose que tu avais en tête dès le début ? rassembler des gens autour d'une même passion, autour d'une marque.

  • Speaker #1

    C'est venu à la fois, c'est-à-dire que l'aspect de la marque était présent même avant de louer le premier local. C'est-à-dire que ce logo de Petit Vert avec l'éclair, moi je l'ai créé, après il a été un peu modifié, mais l'essence de ce logo a été faite une dizaine de jours avant de louer le premier local. C'est-à-dire qu'il y avait un esprit de marque depuis le début et de présence de marque. C'est-à-dire que maintenant quand tu rentres dans un Syrah, il n'y a pas d'autre marque. qui sautent aux yeux à part celle de Syrah, dans les verres, dans le packaging, dans tout, dans l'uniforme de nos baristas. Ça, c'était très présent. Et l'aspect de communauté aussi. C'est-à-dire que si on voit un peu la localisation de tous nos Syrah, c'est des localisations qui sont clés. Dans chaque quartier, on y va. On n'a pas d'intérêt à être dans la rue la plus patiente au niveau touristique, mais la plus connue au niveau quartier. Parce qu'on trouve que notre métier est celui de... d'améliorer un peu les limites, les matins de chacun de nos clients.

  • Speaker #2

    Quelle est pour toi l'importance de travailler et prendre soin de cette communauté ?

  • Speaker #1

    Alors l'importance, et c'est un challenge, c'est de ne pas perdre la qualité à la fois qu'on grandit. C'est-à-dire qu'au final, et c'est pour ça que j'ai parlé de la main de chacun de nos locaux et le rôle qu'a l'architecture dans tout ça. Je trouve que depuis le début, ça aurait été très facile de faire un copier-coller dans chacun de nos locaux. Et dans chaque manière de travailler qu'on a, on aurait gagné beaucoup plus d'argent parce qu'on aurait optimisé les coûts partout. On aurait gagné des charges qui sont beaucoup plus clean. Alors que nous, on a pris dans ces 42 serats qu'on a, évidemment, on a une ligne directrice de comment doivent être les comptoirs au niveau structurel. Mais au niveau matériel, au niveau intérêt de la façade et au niveau communication avec le quartier, c'est-à-dire, on ne doute pas une seule seconde à faire des expositions. avec des artistes locaux en fonction d'un local. Nous, chaque Syrah, au niveau communauté, prend soin de sa propre clientèle. Je trouve que l'interaction barista-client est très forte. Parce que limite, c'est quelqu'un comme client que tu vas voir deux, trois fois par jour,

  • Speaker #2

    tous les jours. Oui, il y a une récurrence énorme sur ce produit.

  • Speaker #1

    C'est la récurrence qu'a le produit. Au final, le risque aussi, c'est qu'avec un processus qui est extrêmement artisanal, depuis la torréfaction jusqu'à la préparation du café, parce que nos machines sont complètement mécaniques, elles ne sont pas automatiques. Moi, ce que j'essaie de dire tout le temps à l'équipe, c'est qu'à part l'eau, le café, c'est dans le monde, le produit qui est, une, le plus consommé, et deux, qui a cet aspect où, quand tu consommes du café, ou tu en bois deux, trois fois par jour, ou tu n'en bois pas. Ce n'est pas un burger que tu peux consommer une fois par mois.

  • Speaker #2

    C'est vrai qu'on n'y pense pas.

  • Speaker #1

    Et c'est des récurrences, indépendamment que ça soit stira ou pas. Et ça, c'est une chance, mais c'est une chance qui peut devenir des fois difficile à gérer parce qu'il faut qu'on ait cette récurrence, pas que avec le service du client, mais aussi avec la qualité.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Il y a une demande de qualité assez haute, irrégulière, constante. Donc, tu dis que forcément, tu gagnes peut-être moins d'argent, mais tu investis sur l'avenir puisque fidéliser les clients, c'est quand même la base.

  • Speaker #1

    C'est la base. Nous, ce qu'on essaie, c'est de le fidéliser au-delà de ce qu'on appelle offline, c'est de la consommation au magasin. Depuis le Covid, on a vu que l'intérêt était de pouvoir créer une marque qui soit présente en magasin, mais aussi à la maison. Et c'est pour ça que notre focus a été à la fois de grandir au niveau magasin et territoire en Espagne, mais aussi au niveau online. C'est-à-dire que ce café puisse se consommer aussi à la maison. C'est quelque chose qui nous demandait beaucoup nos clients et qu'au tout début, on n'avait pas en tête. Et que ça s'est développé jusqu'à être un de notre chaîne les plus importantes de vente.

  • Speaker #2

    Oui, ça représente quoi dans le business aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un 15 et 20%. Ah oui ? C'est-à-dire que c'est... Mais nous, on le voit comme une manière de... Enfin, c'est un terme un peu anglais, c'est le omnichannel. C'est d'être présent vraiment dans tout l'aspect un peu de la vie de notre client. Pas que en magasin. Et ça, c'est beaucoup plus important.

  • Speaker #2

    Comment tu as fait aussi pour grandir assez rapidement quand même ? que tu as fait ? Venir des investisseurs, est-ce que tu as des associés, est-ce que tu as eu des financements, quels ont été tes choix à ce niveau-

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis ce qu'on appelle solo founder. Je suis le seul fondateur de Serab. Et au final, après le premier local que j'ai fait en fonds propres, avec des économies que j'avais faites comme architecte, parce qu'au final, on commence à travailler très tôt avec une séance d'architecture. Il y a tout le temps des personnes à ta famille qui te demandent est-ce que tu m'aides à faire ça ou ça ? On m'amène un logo parce qu'on touche pas mal de graphismes. Bref, du coup, j'avais un peu d'économies. Du coup, les deux premiers Serab, je les fais avec les moyens du bord. ok c'est avec tes fonds propres oui oui c'est à dire que les travaux c'est moi qui les ai fait ta femme faisait tout oui mais parce que c'était parce que le peu que j'avais était mis dans la qualité du produit au final et au final moi je savais qu'il fallait grandir et on a été approché par des business angels au début c'était Bernat et Jordi c'est les fondateurs d'une boîte ici à Barcelone qui s'appelle Factorial enfin je dis à Barcelone mais qui est mondiale actuellement ils ont un petit fonds d'investissement comme des business angels et Et on a fait une première levée, c'était même pas une levée parce que ça s'est fait naturellement. Eux ils investissaient exclusivement dans la technologie, nous on était zéro technologique, on avait un coffee shop à Gracia. Et il y a eu un match, moi j'ai montré que je voulais grandir et du coup ça a été des mentors pour moi. Alors ça c'était la première levée de fonds.

  • Speaker #2

    C'est génial d'avoir des mentors qui t'accompagnent aussi pour grandir.

  • Speaker #1

    Alors j'ai tellement aimé. qu'au tout début la croissance de Sierra elle s'est faite en créant un peu une communauté de business angels qui était une cliente de Sierra, c'était très important parce qu'il faut vraiment qu'ils comprennent la mission de ce qu'on fait et de puissent apporter un peu de connaissances parce que moi comme fraîchement diplômé d'architecture j'ai plein de carences, au final il fallait avoir la capacité de m'entourer de personnes qui puissent aider un moment ou l'autre dans Sierra. Et c'est surtout qu'on n'était pas éligible à la banque traditionnelle. C'est-à-dire qu'on était une très jeune entreprise, ici en Espagne. Ça s'appelle « Empresa de joven creación » . Les deux premières années d'une création d'entreprise, c'est vraiment très dur d'avoir des...

  • Speaker #2

    C'est galère,

  • Speaker #1

    oui. Très galère. Enfin, pardon, c'est galère en fonction de la croissance qu'on veut faire. C'est-à-dire que si on veut ouvrir 10 coffee shops et la banque nous prête, je ne sais pas, 2000 euros, on n'arrivera pas à le faire.

  • Speaker #2

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Du coup, au final, j'ai un peu joué à l'outil agréable. J'ai permis à plein de business angels de rentrer dans le capital de Syrah tout en restant. actionnaire majoritaire, avoir le contrôle de Sierra et être complètement indépendant.

  • Speaker #2

    Alors moi, j'ai l'impression que Sierra, comme tu disais, est très ancrée dans le territoire, très ancrée dans les quartiers. Tu as commencé à ouvrir d'autres villes. Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Avec une belle équipe. Alors nous, comme on est né à Barcelone, on a une vingtaine d'empreintes. Au total, on a 42. Après Barcelone, on a ouvert rapidement Madrid. Et après, ça en est suivi Valence, Séville, Malaga. San Sebastian, Bilbao et Gironne. Du coup, ce qu'on fait, c'est notre stratégie de croissance vraiment capillaire. C'est-à-dire que nous, on n'ouvre pas sans savoir qu'il y aura une personne de l'équipe qui prend le risque d'aller nous aider à ouvrir là-bas. C'est-à-dire que cette idée de promotion interne aussi doit aider un peu à cette mobilité un peu géographique. Et comment je le fais ? Je ne sais pas, c'est un défi tous les jours. Et c'est une belle mission parce qu'au final aussi, ça nous a un peu permis de savoir comment nous adapter à chacune des villes. Parce que ce n'est pas la même chose d'avoir dix ans d'histoire à Barcelone que d'arriver dans une ville comme Bilbao et de voir nous adapter. Oui,

  • Speaker #2

    personne ne t'attend.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Mais c'est clé finalement d'avoir des gens sur place sur qui tu peux t'appuyer.

  • Speaker #1

    Oui, c'est très important parce qu'au final, on n'a rien inventé de nouveau. Au final, c'est des coffee shops. Et cet aspect qui est un peu intangible de la marque, de la communauté, c'est difficile de le transmettre verbalement. Il faut le vivre. Et la manière de le vivre, c'est d'être un employé clé un peu dans l'équipe qui est passée peut-être depuis le début de barista temps partiel à barista full time, manager. Cette connaissance un peu du quotidien, c'est celle qui te donne un peu cette confiance.

  • Speaker #2

    Donc, il y a une forte culture d'entreprise aussi. Oui,

  • Speaker #1

    très forte. C'est important.

  • Speaker #2

    Yassir, je pense que c'est l'heure du café. Oui. Nous, on est là au studio d'Ekinox et on a évidemment un Syrah Coffee juste en bas. Est-ce qu'on n'irait pas ensemble ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Allez, on y va. Alors, on est passé chez Sam John, on voit le Syrah Coffee. Celui-là, c'était le deuxième.

  • Speaker #3

    Celui-là, c'était... Non, pardon, le troisième. Le deuxième, c'était au quartier de Poblasek et le troisième, celui-là.

  • Speaker #2

    Et donc, par rapport à l'implantation dans d'autres villes, tu me disais dans l'ascenseur, que finalement, Madrid, ce n'était pas si facile que ça.

  • Speaker #3

    Au final... Madrid, c'est une très très grande ville. On a tendance à penser depuis Barcelone que les villes sont comparables, mais pas du tout. L'empreinte de Madrid, son urbanisme, sa taille, fait que notre présence qui peut être beaucoup plus forte dans une ville comme Barcelone qui est plus petite, on doit faire le double d'efforts. Ce qui n'est pas le cas dans des villes moyennes ou petites comme Valence ou Saint-Sébastien ou Malaga. ou au niveau, on va dire, réputationnel ou présence, avec deux, trois magasins, on a pu être beaucoup plus présents.

  • Speaker #2

    C'est plus facile finalement de s'implanter dans d'autres villes en Espagne, quand c'est la deuxième par exemple, quand c'est plus petit en fait.

  • Speaker #3

    C'est du moins l'impression qu'on a eue. Parce que, et au final, je trouve ça logique, parce qu'au final, on va dire que c'est beaucoup plus facile de trouver la bonne adresse dans des petites villes. que dans une plus grande ville où il y aura forcément beaucoup plus de concurrence, beaucoup plus de présence de concurrence que dans des villes d'une taille inférieure.

  • Speaker #2

    Et c'est plus facile de sortir du lot.

  • Speaker #3

    Oui, complètement.

  • Speaker #2

    Alors là, on arrive au Sierra Coffee. Alors moi, je voulais te demander pourquoi avoir tout mis en anglais ? Parce que toi, tu es multilingue, mais en plus, tu n'es pas anglophone.

  • Speaker #3

    Alors pourquoi ? Ça, c'est une belle question. Et nous, on utilise dans ce cas-là beaucoup de data. Alors nous on a comme ambition d'être compris par tout le monde, avec un focus très grand dans le client local. Dans ce client local, il faut dire que ça dépend du quartier, bien évidemment, mais il y a une grande partie d'expatriés. Et ces expatriés, pour faire comprendre un peu le produit qu'on sert, on passe beaucoup plus rapidement à cette compréhension si on transmet en anglais que si on transmet dans notre langue. On commence à faire des changements. dans des communautés autonomes comme le Pays Basque et la Catalogne. Ce qu'il faut comprendre, c'est que toutes nos équipes peuvent se transmettre en catalan sans aucun problème à Barcelone et en Basque. Pas toute l'équipe dans le Pays Basque. Mais oui, c'était une idée. Et nous, ce qu'on fait, c'est des études avec notre newsletter limite mensuellement pour savoir si ça vaut la peine. C'est avec quelle langue ? on peut transmettre le mieux notre message. Et pour le moment, c'est l'anglais.

  • Speaker #2

    Et dès le début, ça a été l'anglais ?

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Donc toujours destiné aux expats, en fait ?

  • Speaker #3

    Au final, je crois qu'au début, on a commencé en anglais parce que cette tendance du café de spécialité, comme n'importe quelle tendance, comme celle qu'on a pu en parler avant, commence dans le nord de l'Europe et finit en Espagne, au niveau européen. Et après, se transmettre en Afrique, etc. C'est-à-dire que tout ce qui se passe au niveau scène, café spécialité maintenant à Barcelone. ce n'est rien de bizarre, c'est ce qui s'est passé à Londres il y a 10-15 ans. Du coup, au final, comme ça vient de là-bas, c'était aussi, on va dire, plus qu'un appel, c'était de comprendre que c'était cette même tendance qu'on essayait ici de suivre.

  • Speaker #2

    Ok, on rentre ? Ah, pas de dame. C'est ce que tu veux. Je prends un solo. Expresso. Toi tu prends quoi ?

  • Speaker #3

    Moi je vais prendre... Moi j'ai pris beaucoup de café ce matin. Du coup, je vais prendre un cortado. Si, je prends un cortado. Je demande au micro. Un cortado, un solo, et un cortado.

  • Speaker #2

    Un cortado.

  • Speaker #1

    Pas poquito en anglais.

  • Speaker #2

    C'est vrai, les titres sont en anglais. Moitié-moitié.

  • Speaker #1

    Mais au final, au niveau des boissons,

  • Speaker #3

    on a laissé en anglais celles qui ont un nom propre. Flatwhite,

  • Speaker #1

    Badge Brew.

  • Speaker #3

    Et après, on a même des références qui sont beaucoup plus internationales. C'est-à-dire qu'on parle d'un latte pour un café au lait, qui est italien. C'est plus au niveau de transmission de messages qu'autre chose.

  • Speaker #1

    Gracias.

  • Speaker #2

    Gracias. Est-ce que c'est mal de mettre du sucre dans son café ?

  • Speaker #3

    Alors moi, je t'invite premièrement à le goûter.

  • Speaker #1

    Sans sucre. Pourquoi ?

  • Speaker #3

    C'est ce que je te disais avant par rapport à la culture du café. On a une culture ici en Espagne et dans le sud de l'Europe du café industriellement produit, qui est un café qui est amer, pas acide. Cette amertume vient normalement d'un café qui est sur-torréfié, de qualité inférieure à celui du nôtre. Notre café qui est frais, et déjà le café c'est un fruit, un fruit normalement c'est sucré. Du coup, moi j'invite toujours à le goûter avant. Parce qu'il y a des notes que le sucre peut tuer. Après, si tu veux du sucre, on en a à disposition.

  • Speaker #2

    Non, non, ça va, c'est vrai que c'est bon. Les petites questions rituelles à la fin des interviews. Quand tu regardes ces dix années passées, parce que ça fait dix ans presque, qu'est-ce que tu aurais fait différemment ?

  • Speaker #3

    Qu'est-ce que j'aurais fait différemment ? J'aurais peut-être, et ça on en parle avant, j'aurais peut-être... focaliser notre croissance à la fois dans des grandes villes comme Madrid, comme dans les villes petites, à la fois. Ou porter plus d'intérêt dans les villes petites. Parce que je trouve que cette polarisation qu'on peut avoir ici, Madrid-Barcelone, ou même en France avec Paris, au fil du temps, elle s'est cassée et que les adeptes, par exemple, de Bon Café,

  • Speaker #1

    on peut les trouver partout dans le territoire. Alors ça d'abord, et pour le reste, non, rien. Moi, j'aime beaucoup ce que je fais.

  • Speaker #2

    Et quels conseils tu donnerais à des entrepreneurs français, francophones, qui viennent ici, qui ne sont pas forcément catalans comme toi, qui a grandi ici, tu l'es. Quels conseils tu leur donnerais, les expats qui viennent ici ?

  • Speaker #3

    Parce que tu l'as dit, mais apprendre le catalan, c'est clé. S'ils veulent grandir ici, ce n'est pas une condition,

  • Speaker #1

    mais ça aide. Ça aide vraiment.

  • Speaker #3

    Parce que ça donne un peu cette légitimité, on va dire, que quelqu'un qui ne parle pas le catalan l'a. Après, je le dis dans une position de privilège parce que je suis un peu plus je suis un peu Et nous, ça nous a beaucoup aidé. C'est-à-dire qu'on a eu beaucoup d'opportunités au milieu, par exemple, de franchiser, d'ouvrir des concepts qui ne nous plaisaient pas,

  • Speaker #1

    etc. Et faire un chiffre d'affaires supérieur.

  • Speaker #3

    Mais je trouve que notre réussite, on va dire, on touche du bois pour qu'on continue à grandir, c'était d'avoir un modèle dans lequel on est convaincu,

  • Speaker #1

    qui nous plaît,

  • Speaker #3

    et être focus dans ça.

  • Speaker #2

    Super, merci beaucoup Yassir pour tous tes conseils.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté tous les chemins Menta Barcelone. Cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser 5 étoiles ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée, ça m'aide vraiment à faire connaître le podcast. Pour suivre les prochains épisodes, abonnez-vous ou suivez-nous sur les réseaux sociaux d'Equinox. A très vite pour de nouveaux chemins !

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