- Speaker #0
Pour lancer cette introduction, je suis tombé sur une citation d'un post LinkedIn qui dit « Ne jugez pas chaque journée sur votre récolte, mais par les graines que vous plantez » . Alors du coup, ça m'a inspiré cette interview avec Jean-François et Yves Servanne. Je suis heureux de t'accueillir aujourd'hui.
- Speaker #1
Merci de m'accueillir. Moi aussi, je suis très heureuse d'être là.
- Speaker #0
Alors bienvenue dans Carte sur table, le podcast pour les dirigeants. On parle RH, on parle vision, on parle organisation. Et aujourd'hui c'est un épisode un peu différent. On reçoit Servane Chauvel de Arpège. Merci d'avoir accepté notre invitation. C'est vraiment un plaisir. Et c'est le moment de vous abonner d'ailleurs. Tu as la petite cloche qui doit être par là. Et de mettre les 5 étoiles sur le podcast. pour le partager au plus grand nombre. Et puis surtout, un petit like pour nous, ce n'est pas grand-chose pour vous, mais c'est énorme pour nous. Donc aujourd'hui, on a Servane. Je vais te laisser faire l'introduction, Jean-François.
- Speaker #2
Pourquoi on est là déjà ? C'est déjà pour faire remonter des expériences terrain. On a besoin aussi de nourrir des expériences du terrain, qu'on voit des engagements qui sont forts pour nous. et qui nous animent au quotidien et aussi pour les partager aux dirigeants et à tous ceux qui nous écoutent et qui nous écouteront demain. Donc, bienvenue à toi, Servane. Je pense que tu peux incarner beaucoup de choses pour un certain nombre d'entre nous et de ceux qui vont nous suivre.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Alors, la première question, c'est qui es-tu ?
- Speaker #1
Il y a plein de façons de se présenter. Mais aujourd'hui, je veux d'abord dire que je suis une Bretonne. Voilà, une vraie Bretonne. que je suis née, j'ai grandi en Bretagne et je suis partie vivre à Paris. Et c'est là où je suis devenue déléguée générale de l'association Arpège, que je dirige aujourd'hui, qui est une association, on y reviendra, mais qui accompagne des jeunes en situation de handicap. Donc, je suis avant tout une femme engagée, bretonne, maman aussi, de petit garçon. et une femme qui aime les rencontres, qui aime aussi pouvoir témoigner, être inspirée des autres, parfois les inspirer, me dit-on. Voilà, donc j'aime l'aventure, j'aime l'inconnu et je suis contente d'être là avec vous parce que je crois qu'on le partage ça ensemble.
- Speaker #0
Oui, c'est très important. D'ailleurs, on va faire un petit clin d'œil à un artiste qui est juste là avec ses petits mignons, c'est Vincent Duchesne. qui nous a fait le plaisir d'avoir un petit mignon breton aujourd'hui pour cet épisode. Donc, merci beaucoup. Tu nous as parlé d'arpège. Sur ton post LinkedIn, j'ai vu un petit jeu de mots avec arpège où tu as parlé d'ambition, résilience, passion, engagement, jeunesse, évolution, humanisme et handicap. Est-ce que tu peux nous présenter ce que c'est qu'arpège et comment tu en es venu à cette description ? C'est bien combien ? Ça fait 10 ans ?
- Speaker #1
Oui, je viens de souffler mes 10 bougies de vie de DG. Alors déjà, Arpège, c'est une association qui a été créée en 2008. Donc elle, elle a plus de 15 ans, en plein âge d'adolescence, en plein âge d'orientation et de questionnement, l'âge où on accompagne nos jeunes. C'est une association qui a été créée par des entreprises, par cinq entreprises à la base, plutôt des grands groupes qui ont... ont, enfin, avaient et ont toujours envie de s'engager sur le sujet du handicap, de la RSE, de la jeunesse, en disant, mais on veut bien s'engager, mais où sont les jeunes ? Et comment faire pour être en lien avec eux ? Donc, l'idée de l'association, c'est d'être vraiment cet intermédiaire entre des jeunes en situation de handicap, qui ont entre 15 et 30 ans, quelle que soit la typologie de handicap, et des entreprises qui s'engagent à nos côtés. Elles étaient cinq, elles sont aujourd'hui un peu plus de 160, des entreprises privées. des TPE, des grands groupes, des employeurs publics, des régions, des villes, des ministères. Et donc, moi, j'ai la chance de diriger cette association avec aujourd'hui 18 salariés qui rayonnent sur cinq territoires en France, dont la Bretagne. Mais on est aussi en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France, en Rhône-Alpes, en Occitanie, et donc en Bretagne, avec des actions très opérationnelles, très terrains, pour reprendre les termes de Jean-François. et des actions qu'on mène soit parce que les jeunes viennent vers nous, soit parce que les entreprises ont envie de s'engager. Et nous, on fait une belle recette d'humanité et de rencontres. J'ai le lien.
- Speaker #2
Raconte-nous, tu n'es pas devenue DG tout de suite ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #2
Le parcours, il n'est pas venu, ce n'est pas un parcours linéaire. Raconte-nous un peu ton parcours avant ces dix années de DG.
- Speaker #1
Moi aussi, déjà, je suis passée par la classe de troisième en me disant qu'est-ce que je veux faire plus tard ? J'ai toujours eu une appétence pour les relations humaines. J'ai fait un bac ES, économique et social, à la base. Une licence. d'AES, Administration Économique Sociale, en disant j'aime la socio, j'aime le droit, j'aime différentes matières, donc je vais tout découvrir. Et puis petit à petit, j'ai commencé à me spécialiser, j'ai fait un master en ressources humaines et puis un autre master au Collège Coopératif de Bretagne avec des personnes en formation continue aussi, parce que j'aime bien être nourrie de gens qui ont de l'expérience. Et là, c'était un master pour diriger des structures d'insertion, de médiation et de prévention. avec toujours une prévalence du handicap qui est assez vite arrivée, du sujet de la diversité, mais plutôt focus sur le handicap. J'ai aussi l'immense joie de vivre quelques mois de ma vie en Inde. Je m'occupais d'enfants en situation de handicap. Je suis partie avec l'émission étrangère de Paris, qui est un organisme qui envoie des missionnaires plutôt en Asie, offrir un peu de son temps. Donc moi, je me suis dit, avant un jour d'avoir un CDI et d'être un peu plus... Voilà. dans une routine, bien qu'on puisse casser un CDI, ce n'est pas le sujet, mais en tout cas, je me dis, voilà, va offrir de ton temps. Donc là-bas, je vivais dans un couvent et je m'occupais d'enfants très lourdement handicapés au fond de l'Inde, du Kerala. Donc évidemment, une vie complètement transformée et qui transforme aussi au retour. J'ai eu la chance après de travailler pendant un an à Binnik, à la commune, enfin à la ville, sur un projet de mission handicap pour travailler... tous les sujets d'accessibilité, que ce soit dans le cadre bâti, que ce soit sur les activités nautiques, artistiques, etc. Et de découvrir à ce moment-là aussi l'enjeu des politiques publiques, des relations agents, élus. Ça, ça a été un bel apprentissage. Et puis, je suis partie à Paris parce que je suis engagée, mais mon mari aussi, il est pompier, donc voilà, son engagement était aussi d'être à Paris. Et donc là, j'ai travaillé pour une association qui s'appelle 20 Clamucovicidos, qui accompagne... exclusivement des jeunes atteints de cette maladie-là. Et puis rapidement, je suis arrivée chez Arpège. Donc j'étais chargée de mission. Moi, je m'occupais d'un territoire où nous ne sommes plus aujourd'hui, mais de la région PACA. J'allais chercher le soleil toutes les semaines en déplacement. Donc c'était une belle découverte aussi. Et puis rapidement, l'ancien délégué général est parti en arrêt. J'ai fait l'intérim. mais l'intérim... Ça ne fait pas dix ans que ça dure, parce que l'intérim s'est transformé en un poste fixe. Mais en tout cas, au début, les premiers mois, j'étais à la fois chargée de mission en PACA et DG par intérim. Certains disaient que c'était complètement fou et que ce n'était pas le même quotidien. Mais moi, ça m'allait à croire qu'il fallait déjà que ça bouge à fond.
- Speaker #2
Et cette prévalence pour le handicap, elle vient de tout, parce que c'est vrai qu'on n'a pas cette appétence. Cet axe fort sur le handicap, il vient d'où ?
- Speaker #1
C'est une question que je me pose toujours. Parce que parfois, on nous demande de manière aussi très personnelle, est-ce que tu as des personnes handicapées dans ta famille ? Est-ce que c'est quelque chose qui te touche ? Pas du tout. En tout cas, pas dans ma sphère familiale. C'est vraiment... Par exemple, moi, quand j'étais jeune, j'ai aussi été hospitalière à Lourdes et je m'occupais des malades et je donnais de mon temps comme ça. Donc c'est plutôt... Dans les lettres que tu décrivais tout à l'heure, Julien, le H d'humanité, c'est un peu de mes missions de vie, de me dire que je vais vers l'autre. Et ça a été les personnes en situation de handicap. Je l'ai vécu en Inde, je l'ai vécu dans mes expériences, et je le vis toujours. Des fois, on ne sait pas exactement pourquoi.
- Speaker #0
Une notion d'alignement par rapport à cette mission de vie, en fait, et ça s'est révélé juste dans ce milieu-là. Et... Et en tant que Didier, un arpège, aujourd'hui, ça se manifeste comment en fait, ça ?
- Speaker #1
Eh bien, ça se manifeste de manière pas du tout routinière, très différente. Alors quand on est DG, ça veut dire quoi ? Ça veut dire déjà diriger une équipe avec des salariés, donc ça veut dire déjà être manager. Moi, quand j'ai pris les fonctions, on était 6. Après, on a eu un grand cap à une rentrée scolaire, on est passé à 14, là à 18. Donc c'est déjà de l'accompagnement humain, gérer de la croissance, gérer de l'humain, gérer des remplacements, des maternités en ce moment. vraiment des sujets de DRH pur et dur. C'est gérer tous des sujets de développement, des sujets comptables, de gestionnaire. En fait, aujourd'hui, je pourrais me définir comme personne qui dirige une PME. C'est exactement ça, en fait. Une PME de 18 personnes, mais je ne fais pas de chiffre d'affaires. Je n'ai rien à vendre. J'ai juste des partenariats à mettre en place et à faire vivre entre... des entreprises et aux bénéfices de jeunes. Une grande partie de mon activité aussi, elle consiste à renseigner des entreprises qui ne sont pas encore dans le réseau et qui se demandent mais qu'est-ce que vous faites et comment vous le faites ? Avec cette joie immense de se dire que je n'ai pas besoin de prospecter d'entreprises et qu'elles viennent à nous et que j'ai déjà une bonne partie de mon temps à consacrer à répondre à tout ça. Je crois que c'est un vrai gage aussi de... de confiance et de reconnaissance de notre travail, donc de leur expliquer ce qu'on fait et comment ça peut s'inscrire dans leur politique handicap, RSE, voilà, recrutement, enfin, quelle que soit la porte d'entrée par laquelle elles viennent, de voir si quelque chose est possible. Donc ça, c'est une partie de mon activité. Et puis, deux autres parties, on va dire, c'est toutes les relations institutionnelles, de représenter Arpège. Voilà, lors d'événements, lors de tables rondes, d'aller porter parfois des messages et une forme de lobbying au sein des ministères. Par exemple, très concrètement, hier matin, j'étais auditionnée par la Cour des comptes sur un sujet de note de faisabilité sur une étude en France sur le sujet des politiques publiques et du handicap dans les ministères et dans les politiques publiques. Donc voilà, en tant que DG d'une association... reconnue dans le milieu, j'ai été auditionnée. Et puis aujourd'hui, on m'appelle pour me dire que demain, je vais signer une convention avec un des ministres sur l'action publique pour que le ministère s'engage à nos côtés. Et au milieu, je m'assure que les payes soient bien versées et que mes salariés vont bien et qu'après demain, on fait une team building en équipe. Et voilà, c'est ça, ma vie de DG.
- Speaker #0
Comment tu fais pour évoluer dans toutes ces sphères-là ? Parce que ce qui est Ce qui est hyper inspirant, je te connais un peu, on a préparé un entretien, il y a une flexibilité. Moi, c'est le premier truc que j'ai vu quand on a commencé à parler, c'est cette flexibilité de passer de sujet en sujet. Tu as fait la comparaison avec une PME et je pense que c'est pour ça aussi qu'on voulait absolument t'avoir avec nous aujourd'hui, c'est d'expliquer comment tu fais pour passer de la cour des comptes. à un ministère, à la gestion d'une paye, à la gestion d'une équipe, à aller voir, donner de l'information, à accompagner même, et switcher en une fraction de seconde à... Alors, je vous explique ce que c'est Carpege. Comment tu... C'est quoi ta routine que tu... Parce qu'en fait, on se rend compte que tu switches, il y a plein de compétences. Mais comment tu fais pour monter et descendre ces leviers, en fait ?
- Speaker #1
Déjà, je me fais confiance. Je me dis que je suis à ma place. Ce n'est pas une question d'ego et ce n'est pas une question de positionnement plus fort. C'est juste de me dire que moi, j'aime les choses différentes et j'ai cette capacité à jongler. Et dans mon équipe, j'apprends aussi et c'est les années qui m'ont appris à mettre aussi des personnes face à des missions avec leurs compétences. Déjà, en tant que dirigeante, c'est aussi tout ce qu'on appelle GPEC. Je ne l'ai jamais nommé comme ça, mais je me rends compte qu'en 10 ans, je l'ai toujours vécu. J'ai, par exemple, fait passer un profil disque à tous mes salariés. On l'a vécu en équipe. Un profil disque, c'est pour avoir...
- Speaker #0
C'est pour avoir des forces motrices et des orientations.
- Speaker #1
Dans nos comportements. Déjà, ça a été un grand soutien pour se comprendre, pour travailler ensemble. Et pour se dire, on n'est pas 50 dans la structure, mais déjà, on va voir comment on interagit ensemble, quelles sont les forces des uns et des autres. Et déjà, d'avoir fait ce travail-là, en fait, ça peut paraître anodin, mais ça a été un vrai socle. Ça clarifie ta vision. Ça clarifie ma vision, ça clarifie comment les uns et les autres fonctionnent, comment je fonctionne. On s'est aussi partagé des infos, donc de se dire, OK, la DG, c'est une jaune, il y a plein d'idées, mais tout va bien se passer. Parce qu'elle peut avoir son petit côté bleu quand il le faut, bleu qui le cadre malgré tout. Donc déjà, ça, ça aide en tant que dirigeant. De s'ouvrir aussi à la connaissance de soi, à la connaissance des autres et d'être un manager qui permet à ses salariés de se connaître. Je crois que derrière, il y a aussi un métier passion. C'est-à-dire que moi, le matin, quand je me réveille, je ne subis pas ce que je fais. Le jour où je subirai, il faudra vraiment que je me dise « ça revient de change » parce qu'il y a des gens qui ont peut-être de l'énergie à donner pour cette mission-là. Moi, j'en ai encore. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas passée par des moments plus difficiles. Je sais que c'est des sujets que vous évoquez beaucoup sur le surmenage. Moi, il y a eu deux moments ces deux dernières années où mon corps m'a dit « hop là, tu m'en demandes un petit peu trop » . Et ça, après, c'est aussi la manière dont on va écouter son corps, dont on accepte de se dire, il vaut mieux s'arrêter deux, trois jours, se reposer, plutôt que de vouloir remettre sa cape de super-héros, alors qu'en fait, c'est juste un bout de tissu et ton corps et ton esprit ne suivent pas. Donc voilà, ça, je me le suis dit. Et j'ai Spider-Man en face de moi, en plus, qui me rappelle. Donc voilà, qui est à moitié explosé et à moitié qui va bien. Donc quand on sent que ça explose à moitié... arrête-toi pour avoir le temps que la cicatrice se fasse vraiment c'est l'image qu'on voit on mettra vraiment le tableau dans la vidéo mais c'est deux tableaux et puis à côté il y a un singe avec plein de choses dans sa tête et c'est moi, mais voilà comment on sait jongler le fait qu'il se passe plein de choses dans le quotidien déjà ce que je disais, qu'on le savoure qu'on aime ce qu'on fait, qu'on le partage en équipe Ouais. Et puis que quand on sent qu'il y a des signaux un peu plus faibles, on s'arrête. Et moi, ce que j'ai aussi mis en place ces derniers mois, c'est aussi d'avoir un bras droit, une numéro 2 qui s'appelle Valérie et qui est là depuis le mois de décembre et qui change évidemment tout mon quotidien. C'est-à-dire qu'il y a un temps pour tout dans une structure, Mais parfois, c'est juste prioritaire d'être... Deux à la tête d'une structure, de déléguer, de ne pas être seule. Prendre des décisions à deux, se questionner. Je pense que le nom de mon intitulé délégué général, il n'a jamais été aussi réel que depuis quelques semaines seulement, alors que ça fait dix ans que je suis déléguée. Mais j'avais la responsabilité. Parce que dans une structure, on ne peut pas toujours déléguer, parce qu'on n'est pas suffisamment nombreux, parce que... on est aussi en méthode agile, on ne sait pas exactement où on va. Et puis, il faut trouver aussi les bonnes personnes. Et moi, j'ai trouvé aussi ma pépite. Et donc ça, ça y contribue grandement.
- Speaker #0
Ça, c'est une clé. Alors déjà, tout ce que tu as dit, ce sont des clés. C'est des clés que moi, je prône depuis des années. François, tu me connais sur ce sujet-là. Et ton témoignage, il est hyper important parce que c'est du terrain, c'est du vécu. Et d'aller à cette étape, parce que beaucoup s'arrêtent. à l'étape que tu viens de nous formuler, avant. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de numéro 2. Il reste. Et donc, à un moment donné, on se retrouve à un moment donné comme Spiderman. Certains pourront dire, il est en train de faire un clin d'œil. Peut-être.
- Speaker #1
Pas très net le clin d'œil.
- Speaker #0
Voilà, pas très net le clin d'œil, en fait. Et là, ça t'a apporté dans ton quotidien, tu viens de prendre vraiment possession de cette notion de DG. Ça s'est manifesté comment sur ces dernières semaines ? Puisque tu as dit que c'est très récent. Comment tu t'es rendue compte en fait ?
- Speaker #1
Je m'en suis rendue compte de quelque chose de très concret. C'est l'agenda. Dans mon agenda, avant j'avais un mélange de one-to-one avec mes salariés. Alors il faut dire que je suis aussi une déléguée générale et une manager qui a toujours été là pour avoir des... des one-to-one, des échanges avec mes salariés individuellement régulièrement. Donc ça prend de la place dans l'agenda quand on veut bien le faire. Moi, j'ai toujours mis un point d'honneur à mon équipe. Et puis, le reste était secondaire. Je répondais aux injonctions extérieures. Mais voilà, pour que l'activité aille bien, il faut que chacun individuellement aille bien et le collectif aussi. Et ça, c'est un vrai travail. C'est-à-dire que je prends aussi beaucoup de temps individuellement. Je fais en sorte aussi qu'on ait des temps d'équipe, des temps de team building. Enfin, voilà, tout ça, ce n'est pas juste des leurres en se disant, ce n'est pas que des paillettes, c'est vraiment un ancrage.
- Speaker #0
Tu es dans la construction. Tu es dans la construction. Et dans la construction de ta vision, tu incarnes ce que tu as là, tu l'incarnes en réel sur ton agenda, dans les réunions, dans les entretiens. Oui,
- Speaker #1
et puis après, c'est aussi parce que je crois profondément au fait que ce soit les échanges qui permettent aussi. Même une demi-heure, trois quarts d'heure, ça permet que chacun se remette un peu au clair, d'échanger, de verbaliser, juste verbaliser avec sa manager. Bon ben voilà, déjà, on trouve les réponses tout seul. Quand on a une numéro deux et quand c'est elle qui devient la manager, évidemment, tout ça... disparaît de son agenda. Et puis, entre deux échanges, il y a aussi un petit Teams, un petit message, une sollicitation sur des aspects opérationnels que je n'ai quasiment plus aujourd'hui. Donc, ça libère aussi une forme de bande passante et une forme de disponibilité d'esprit. La disponibilité d'esprit, elle est essentielle parce que quand on est dirigeant, qu'est-ce qu'on nous demande ? C'est une prise de hauteur. Et de ne pas être les mains dans le cambouis. On peut aimer. Moi, j'ai aimé ça. Sauf qu'il y a un temps pour tout.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Donc, aujourd'hui, ça se manifeste comment ? Par un agenda qui a beaucoup moins de temps lié au management, mais qui a du temps pour répondre à des sollicitations extérieures. On parlait de LinkedIn tout à l'heure. Il y a eu des périodes où je ne postais pas parce que je n'avais pas le temps. Et en même temps, si je veux incarner la structure et incarner ma posture de DG, c'est nécessaire. Mais ça demande aussi de ne pas être parasité, parce que si vous avez à peu près... 18 post-it à la seconde qui défilent devant vous quand vous écrivez votre post LinkedIn, il ne va pas être hyper inspirant pour ceux qui vont le lire. Par exemple, celui sur les 10 ans de ma vie de DG, je l'ai écrit le 31 mars, parce qu'après le mois de mars, ça allait être fini, ça n'allait plus être les 10 ans. Mais parce qu'au cours du mois, ce n'était pas le moment. Et je préfère attendre et bien le faire. Et donc, maintenant, il y aura aussi plus de visibilité extérieure, plus de transmission aussi, quelque part. parce que je sais qu'à côté, quelqu'un le fait. Ce n'est pas que je délaisse, c'est parce que j'ai sécurisé à côté.
- Speaker #2
Sécuriser, partie interne.
- Speaker #0
Là, tu viens de dire un mot qui résonne chez moi, c'est que tu as sécurisé quelque chose. Et moi, mon combat, c'est la saturation mentale des dirigeants. Parce que je me rends compte, avec tous les dirigeants qu'on rencontre, mais même les cadres, les managers, quand je vois que les gens essaient de construire quelque chose sur quelque chose qui est saturé, ça produit un effondrement. Voilà. Et il y a cette notion de sécuriser, en fait. De dire, voilà, ok, j'ai travaillé, j'ai mis les choses en place, c'est aligné, c'est en contrôle. Ça n'empêche pas que vous pouvez travailler en binôme, totalement, sur des thèmes. Mais par contre, tu as cette capacité de pouvoir prendre de la hauteur et d'avoir une vision beaucoup plus globale et de faire, de contribuer différemment, en fait. Et ça, c'est la mission, en fait, de chaque chef d'entreprise. En fait, c'est pas... Chez une entreprise, c'est bien d'être dans l'opérationnel tous les nuits. On doit y passer à un moment donné. Il ne faut pas que ça devienne le quotidien.
- Speaker #1
Et peut-être pour aller un tout petit peu plus loin sur la sécurisation, justement, moi, je la vois aussi à plusieurs niveaux. C'est-à-dire que j'ai d'abord sécurisé ma passation avec Valérie. Je savais que c'était la bonne personne et on a pris le temps aussi quelques mois. Enfin là, vraiment, en trois mois, c'était fait. Donc, c'est quand même rapide à l'échelle de dix ans. de sécuriser sa prise de poste, de sécuriser le fait que ce soit la bonne personne. Après, à côté de l'équipe aussi, pour ceux qui avaient besoin de derniers échanges, entre guillemets, de passation avec moi, on les a faits. Ma porte reste toujours ouverte et ils et elles le savent. Donc, de sécuriser aussi la bonne organisation entre le nouveau manager et les salariés. Et puis, moi aussi, me sécuriser en me disant l'équipe qui a toujours été ma priorité va bien. et bien accompagné. Donc, en fait, toi aussi, maintenant, tu peux sécuriser ton quotidien et sécuriser l'association en reprenant, en fait, tout un tas de développement. Et puis, de développement extérieur. Et reprendre, en gros, c'est comme si... C'est comme, je ne sais pas, j'ai l'image de la chambre de mon fils qui est un peu en bazar. Et du coup, de se dire, en fait, on est quand même tous dans la chambre ou tous les jouets sont dans la chambre. Mais à un moment donné, tout le monde ne peut pas s'y retrouver. Et quand chaque chose, chaque personne, chaque jouet reprend sa place, ça va mieux pour tout le monde. Et je veux dire, on le vit quand même beaucoup mieux. Alors qu'on n'a pas changé les règles du jeu, on n'a pas changé de pièces, on n'a pas transformé tous les jouets. Juste, on a un peu rangé sa chambre. Parce que c'était le moment, parce qu'on en avait envie et parce qu'on s'est dit que même si certains nous diraient que c'est un bazar organisé, Ouais, mais quand même, des fois, c'est quand même mieux que ce soit bien rangé.
- Speaker #2
Ça t'a permis aussi d'avoir un son gros souffle pour toi.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #2
C'est aussi l'arpège, je l'imagine.
- Speaker #1
Ouais, et puis là, je me dis, waouh, c'est trop beau une chambre bien rangée.
- Speaker #0
Ça permet d'avoir de la clarté.
- Speaker #1
Ouais, une forme de lucidité qui est juste fondamentale quand on est dirigeant. Et qui est fondamentale en tant que dirigeant et pour tout salarié, parce que moi, ce que je fais, c'est au service de chaque personne pour que chacun soit bien dans ses baskets.
- Speaker #0
Bah oui, ça c'est... La clarté, c'est quand même, on en parle beaucoup. Il y a trois semaines, un petit mois, on a rencontré... Sur la semaine, à peu près 80 dirigeants. Sur les 80 dirigeants, il y avait moins d'une dizaine qui étaient dans une position de clarté mentale. Moi, ce qui m'a un peu choqué, c'est le nombre de personnes qui allaient arrêter. Des gens qui sont venus me voir en me disant, en fait, on vend la boutique pour payer les deck et on s'en va. D'autres qui me disent, ben non, en fait, c'est trop tard. D'autres qui me disent, comment on fait pour ? on va revenir un petit peu en arrière on va regarder, on va consolider pour aller vers cet objectif de clarté en fait et je trouve que ton témoignage il est super inspirant parce qu'il est inspirant de réalité il n'y a rien d'isotérique il n'y a pas d'usine à gaz je suis au service de mon équipe je suis dans la construction et dans la co-construction pour que tout le monde ait sa place, que chaque jouet je reprends ta métaphore, ait sa place dans la chambre on n'a pas changé de chambre parce que très souvent, on va faire table rase du système. Alors, ce qu'on va appeler en systémie un changement d'ordre 2, c'est-à-dire qu'on va tout changer. Mais est-ce que le système est prêt à tout changer ? Des fois, on va viser à un truc qui est tellement gros que ça fait plouf. Des fois, de réorganiser à l'intérieur, dire voilà, OK, aujourd'hui, je m'occupe des jouets. Demain, je m'occupe des fringues. Après-demain, je m'occupe, tiens, peut-être un meuble pour ranger tout ça. Et ça permet de... de clarifier et d'avoir des vrais objectifs. Ce que j'entends, c'est que tu as une conduite d'objectif aussi. C'est-à-dire, tu as une vision, tu te fixes un objectif et tu fais tout ce qu'il faut pour l'atteindre. Et de façon humaniste.
- Speaker #1
Écolégiale.
- Speaker #0
Et écologique. C'est-à-dire que le système se porte aussi bien, voire mieux, après le changement.
- Speaker #1
Et en fait, ce que tu dis sur le fait de, oui, on ne change pas de chambre, mais déjà, juste la rangée, ça nécessite du changement. Et déjà, ça demande un vrai accompagnement au changement. On pourrait se dire que c'est anodin. Moi, de mon point de vue, je me dis bon, ça va. Mais non, c'est quand même beaucoup de changements qui s'accompagnent déjà.
- Speaker #0
Avec mon œil de systémicien, là, j'ai fait exprès de dire un truc tout à l'heure pour peut-être faire bondir cette personne qui nous y compteront. Le fait de ranger la chambre est un changement d'ordre d'œuvre. Parce que jusque-là, on ne l'avait pas fait. Et il y a plein d'entreprises, ce qu'on expliquait dans différents podcasts qu'on a faits, Yeah. notamment celui du RSE. Beaucoup vont vouloir tout changer, mais ne vont pas prendre en compte le premier changement. Et le premier changement, c'est que tu l'as utilisé, que c'est une métaphore que je trouve géniale. Ok, jusque-là, on ne l'a pas fait, on le fait. Elle se demande de l'énergie, de la flexibilité, une remise en question aussi. Ranger son process d'entreprise, c'est aussi Sabine qui est derrière la caméra aujourd'hui, c'est l'experte de tout ça. C'est qu'elle se confond au quotidien dans les entreprises, dans un centre de formation. Elle a rangé le centre de formation sur les catalogues, sur la façon de fonctionner. Ah tiens, c'est marrant, ça va mieux. Ça commence à prendre un peu plus d'essence, un peu plus de sécurité. Et ça, c'est hyper important en fait. Je trouve ça génial. Ton témoignage, moi, il m'inspire. Et j'espère vraiment qu'il va inspirer d'autres personnes.
- Speaker #2
Ce qui m'inspire, c'est qu'en fin de compte, tu as fait étape par étape. comme on construit une maison, tu as commencé par les fondations, tu as mis tout le monde, c'est vraiment comme si c'était plein d'artisans qui travaillaient ensemble. Ce n'est pas un DG et puis si tu alternes, c'est vraiment toute une équipe que tu emmènes avec toi dans la même direction. Je pense que ces fondations te permettent aujourd'hui certainement de passer ce nouveau cap et de ranger la chambre. parce que tout le monde a trouvé sa place, tout le monde a trouvé ses jouets. Et ça, c'est vrai que souvent, on fait trop directement le choix de tout ranger directement. Alors qu'à un moment donné, il faut les fondations. Et la RSE, c'est ça aussi. Si on n'a pas de fondation, à un moment donné, on peut faire ce qu'on veut. Dès lors que tout le monde n'est pas à sa place et tout le monde... Si chacun d'entre nous n'est pas à sa place, c'est la bonne personne à la bonne place, comme on dit. Et avec les bons outils pour travailler, Et bah... Derrière, on ne peut pas passer à cette étape où tu prends de la hauteur et tu es vraiment dans l'engagement de la mission de l'arpège.
- Speaker #1
Et puis aussi, par exemple, à un moment donné, quand on a grandi, il y a eu un moment où on est passé...
- Speaker #0
de 6-8 à 14. Pareil, ça me fait penser à ça. Je n'ai pas construit l'équipe moi-même dans mon petit carnet. C'est-à-dire qu'ensemble, on a tous dessiné notre équipe et notre organisation idéale. Parce qu'en fait, on était les seuls à savoir ce qui pouvait potentiellement être bon. Alors, ce n'est pas un exercice facile pour tout le monde parce que certains ont plus de facilité à défaire entièrement le cadre pour tout réimaginer. mais c'est là où on s'est dit qu'à nous tous, il y en a qui partaient d'un cadre existant et qui l'ajustaient, d'autres qui repartaient de zéro. Et en fait, on a eu plein de scénarios possibles. C'est là où déjà tu fais vivre tes ressources internes en tant que dirigeant. Tu te dis que les réponses, elles sont en toi. Et c'était chouette parce que déjà, on s'est dit, ouais, on est tous créatifs et on a tous plein d'idées. Et puis, naturellement, en fait, ça on prend, ça peut-être pas maintenant, ça on prend, etc. Et passer... à une équipe de 14, ça veut dire sur tel type de poste. À un moment, on a du coup créé un nouveau pôle. Voilà, et tout ça, en fait, c'est juste prendre le temps et de se dire aussi, moi, je suis là pour coordonner. Je suis là pour animer. Je suis là pour écouter, mais je n'ai pas la solution. Et la solution, quand on est dirigeant et qu'on sait qu'elle est dans son équipe, déjà, il y a une grosse partie qui est gagnée parce qu'on va chercher les réponses là où elles sont. et puis... Tout le monde est trop content de se dire, c'était quand même une bonne idée ce qu'on a fait l'année-là. Bah oui, trop bien !
- Speaker #1
En fait, ce qui est génial, c'est que c'est cette croyance qui pilote tout ton raisonnement. Je n'ai pas la solution, c'est l'équipe qui a la solution. Et je pense que ça résout beaucoup, beaucoup, beaucoup de problèmes, enfin de ce qu'on appelle des adhérences dans la communication. Le fait de dire, en fait, moi je vous questionne. Il y a une direction qui est donnée. Il y a une vision, un sens, mais ensemble, on va construire le truc. On voit plein de situations aujourd'hui où on a des oppositions de vision avant même de construire complètement le système. Là, le système, il est flexible parce qu'il y a cette croyance-là. Moi, ce que tu viens de me dire, ça me rappelle un truc au tout début de ma carrière. Je faisais énormément de consultations individuelles parce que j'avais la croyance qu'il fallait. que je sois performant en one-to-one, alors que ça faisait 14 ans que je faisais ça dans mon entreprise. Et en fait, j'avais une croyance. Et un jour, en supervision, mon superviseur me dit « Mais comment tu fais pour atteindre des résultats aussi rapidement ? » En fait, j'avais une croyance qui était toute bête, c'est que de toute manière, il va forcément se passer quelque chose de bien dans la séance. Donc, ça m'enlevait la pression. Là où tous les autres étaient focus sur le résultat, est-ce qu'il y a eu un changement ? De toute manière, le gars vient passer une heure avec moi. En une heure, je vais peut-être dire un truc intelligent qui va peut-être l'aider. Et là, c'est génial. En fait, ces deux croyances, elles pilotent la même chose. Et j'encourage. Alors, je vais rebondir sur un truc du coup, parce que je suis un peu jaune aussi. Avec un peu de bleu.
- Speaker #0
On va fermer un tiroir, on va rouvrir un.
- Speaker #1
Tu as parlé de connaissance de toi. Et donc, du coup, cette croyance, elle est arrivée. rapidement dans ta vie ? Ou c'est au fur et à mesure de tes formations, de ta connaissance de toi, qu'elle a pris plus de place ?
- Speaker #0
Il y a plein de choses. D'abord, quand on devient dirigeant, on apprend sur le terrain. On apprend à se connaître soi, en disant « là, ça m'impacte beaucoup, il faut aussi que j'apprenne à me détacher, mais pourquoi ça m'impacte autant ? » Voilà, ça vient aussi... se ramener à son sens de l'engagement. Moi, par exemple, je viens d'une famille où on est engagé, où j'ai des parents engagés. Donc, ça vient aussi questionner de là où on vient et de se dire « Ok, ça fait partie de mes missions d'être en partie au service des autres tout en prenant soin de moi. » C'est là où il faut savoir jauger cette difficulté. C'est-à-dire que ce n'est pas parce que je suis au service des autres que je me donne corps et âme au risque de me perdre, parce que je perds les autres en même temps. Donc ça, c'est une connaissance qui arrive au fur et à mesure. Après, moi, je suis devenue maman. Donc comme tous nos parents, quand il y a un petit être qui vous regarde en face, ça devient un peu chatouillé quand même. Ça devient un peu raisonné. Et puis, qui dit aussi congé maternité, dit petit enfant qui vient te faire coucou. Et puis, ça veut dire aussi être absente. Et je pense qu'en tant que femme, on a au final cette chance d'avoir une raison de s'absenter que les hommes ont peut-être moins. un petit peu plus maintenant s'ils prennent leur mois de paternité, et en fait de préparer la passation. Moi, j'ai eu la chance pour mon premier congé maternité de me dire Je vais passer le relais à quelqu'un en mon absence. On organise tout. Pour la petite histoire, j'ai pris l'intérim en mars 2015. Je suis tombée enceinte en septembre 2015. Donc, autant dire que la première chambre, il a fallu...
- Speaker #2
L'intérim de l'intérim. Voilà.
- Speaker #0
Il a fallu... Mais bon, je ne suis partie que l'année après. Enfin, j'ai eu un an d'activité, en fait. Mais ce qui était chouette, parce que j'aurais pu me dire, bon, allez, je vais prendre le temps de structurer ce qu'on a fait. Et puis, ce qu'on n'a jamais fini de structurer en soi. Mais du coup, ça m'a donné aussi un peu une deadline en disant là, tu as clarifié un certain nombre de process. Je suis devenue DG sans passation. Je ne l'ai pas précisé, mais du coup, j'ai dû apprendre à 25 ans toute seule à me dire là, il faut que je fasse une facture. Là, il faut que je... Ah, il y a l'URSSAF. Moi, j'ai eu un contrôle URSAF à trois mois d'activité, ce qui n'est jamais arrivé à un autre moment en 16 ans de vie d'association. On est un peu venu me challenger. Et en même temps, j'ai aussi un administrateur qui m'a dit... il y a un dirigeant de mon entreprise qui va partir à la retraite, qui va être coach et il cherche un poulain dans le cadre de sa formation. J'ai pensé à toi parce qu'il doit coacher quelqu'un d'association. Donc à la fois, j'ai tout eu. J'ai eu les joies du dirigeant, j'ai eu ses difficultés, mais j'ai vécu de manière assez intense. Avec donc ce calendrier de dire je vais partir dans quelques mois. Donc de fait, moi, je n'ai pas eu de passation écrite. Et je souhaite à pas grand monde de vivre ce genre de challenge. Moi, je suis OK de l'avoir vécu, mais ce n'est pas l'exercice le plus simple. Donc la personne à qui je vais passer le relais, elle, elle aura le temps de voir les process établis, de comprendre ce qu'on attend en mon absence, etc. Donc déjà, j'ai vécu ça. Aussi en termes de connaissance de soi, d'apprendre une forme de délégation déjà à ce moment-là, assez rapidement dans ma vie de DG. Après, j'ai eu une deuxième grossesse. Là, on a fêté les 10 ans d'Arpège. C'était au mois de juin en 2018. et je devais accoucher en décembre, donc j'avais le temps. Le lendemain, petit contrôle à la maternité, arrêté, du jour au lendemain. Là, ce n'était pas prévu. Et là, ça fait se dire, OK, on peut le faire aussi en distanciel. Il y a des choses qui sont établies. Le tout, c'est de nommer quelqu'un ou de diviser les missions et de faire confiance et de se dire que ça va bien se passer. On n'est pas dans une période où on veut développer, on est dans une période où juste il faut que la compta soit faite, que l'équipe aille bien. Voilà, une forme de routine. On ne va pas chercher à développer une forme d'expansion. Voilà, donc deuxième temps de passation. Il se trouve qu'à ce moment-là, j'ai une grossesse un peu compliquée, que j'ai aussi perdu un enfant. Et donc, le sujet du deuil périnatal qui vient dans la vie d'une maman et d'une femme dirigeante, vient en plus, évidemment, vous ramener une très grande relativité. aux difficultés. Je me souviens très bien de mes collègues quand je suis revenue. Je suis revenue un petit peu plus d'un an et demi plus tard parce que j'ai quand même eu un bébé parmi mes jumeaux. J'ai appris beaucoup de la vie à ce moment-là et des difficultés associées. Et là, quand je suis revenue, j'ai une collègue qui m'a dit et je m'en souviendrai toute ma vie, c'est fou, chaque petit problème, on a l'impression que c'est rien pour toi. Et ils le savaient, ils connaissaient ma situation. Je ne suis pas... Oui, évidemment. Et donc, en fait, à ce moment-là, dans la connaissance de soi, c'est aussi relativiser. Alors oui, il y a peut-être un partenaire avec qui c'est difficile, un interlocuteur qui nous a pris un peu pour un prestataire de service, un petit sujet comptable ou un petit sujet RH. Mais finalement, dans l'équipe, on va toujours trouver le sujet relatif. Enfin, on va toujours réussir à trouver la solution, plutôt. Et ça va bien se passer. Donc ça, c'est aussi la vie qui nous emmène son lot de surprises, qui nous fait nous renforcer. Évidemment, je ne dis pas que ça a été facile chaque matin. Mais pareil, ça vient aussi dire, c'est un job. Déjà, c'est trop bien ce qu'on fait pour les jeunes. On a l'énergie dans l'équipe. On est une équipe soudée. Après, c'est où est-ce qu'on met son niveau d'exigence ? On va le rabaisser un petit coup. Et déjà, même en le rabaissant, je crois que Sherpej, il est déjà assez haut. Mais aussi...
- Speaker #2
Je dis d'ego, je pense aussi. Je fais penser à la dimension leadership. Tu l'incarnes totalement, tu t'animes, et tu fais aussi monter. C'est aussi le guide. En fin de compte, la personne de l'étoile, on se raccroche quand ça va mal. Mais tu travailles, c'est vraiment le leadership incarné, où tu fais monter l'équipe. Et c'est ça qui compte. Je ne suis pas tout seul, je ne suis pas le chef. Et puis il y a aussi les personnes qui travaillent pour moi. On travaille. tous ensemble. Et c'est ça, un vrai leader, quand on manage une équipe, c'est celui qui emmène l'équipe et qu'on se serre les coudes ensemble. et c'est ça qui est remarquable je pense donc voilà,
- Speaker #0
c'est tout ça qui fait qu'on se développe et puis après des formations aussi parce qu'il faut savoir prendre de la hauteur et se former d'aller rencontrer d'autres personnes là par exemple j'ai eu la chance de vivre une année de formation qui était assez intense aussi qui était le CHESP le cycle des hautes études du service public et donc là j'étais Sortie de mon cadre habituel, on était une promo de 130 personnes et une trentaine de personnes de la fonction publique d'État, une trentaine de la fonction publique territoriale et hospitalière, donc des gens que je ne côtoie pas du tout au quotidien, et neuf dirigeants de l'économie sociale et solidaire dont je faisais partie. Donc voilà, c'était non seulement une formation de deux jours par mois, donc c'est accepter que ces deux jours par mois sont plus importants et de ne pas regarder ses mails, de ne pas répondre. et d'être pleinement dedans pour vivre pleinement et les interventions et les rencontres avec ces personnes d'univers très, très différents, de le faire dans la durée, de se voir évoluer. Et par exemple, la première journée de cette formation, on s'est écrit une lettre à nous-mêmes. Voilà, en se disant, dans un an, on va me la rendre, cette lettre, et qu'est-ce que j'aurais envie de me dire ? Comment tu as envie de vivre cette année ? Comment tu as envie ? de t'imaginer, comment tu as envie d'avoir progressé, appris, profité, kiffé. Et donc cette lettre, moi je l'ai lue il y a quelques jours à l'issue de la formation. Et c'est un exercice génial. C'était un cadeau en fait. C'est trop beau de te dire qu'on s'était fait un cadeau il y a un an. Et j'étais là, waouh ! Mais ce que je me souhaitais, je l'ai atteint au-delà. Et donc ça c'est pareil, j'invite chaque dirigeant aussi à pouvoir s'offrir. Ce cadeau, certains disent, une fois par mois, je bois un café avec moi-même à 8h30 et pendant une heure, il n'existe rien d'autre et après, je vais au bureau. Je vous invite vraiment, pendant un de ces cafés, à vous écrire une lettre à vous-même. Moi, cette lettre, je me l'ai écrite à moi-même, à moi-même, M-O-I-M-E-M-E. Et puis, je me l'ai écrite aussi à moi-même avec de l'amour à moi qui m'aime en me disant, regarde le parcours que tu as fait ou que tu auras peut-être fait. C'était un trop beau cadeau quand ils sont venus.
- Speaker #1
Je vois un bel exercice à faire, que j'ai expérimenté sur la présence. Je suis parti six jours sur une formation exclusivement sur la présence. Comment travailler son état de présence, en fait. Et à un moment donné, on s'est écrit une lettre. Et cette lettre, elle est arrivée de façon totalement aléatoire. Les formateurs nous l'ont envoyée du quatre coins du monde. Du coup, comme ça, ça a brouillé encore plus le truc. Et quand on reçoit cette lettre, un matin, on ouvre la boîte aux lettres et paf, il y a une lettre. En plus, avec un truc qu'on ne connaît pas, on l'ouvre et paf, c'est la lettre qu'on s'est écrite. Et ça, je trouve que c'est... Moi, j'en suis encore vachement ému. Ça ne se verra pas à la caméra. Mais de ce cadeau qu'on est capable de se donner, c'est-à-dire quelque chose de très, très important. C'est d'avoir déjà la volonté de se former. Ça, c'est déjà le premier étage. de magnifier cette formation. C'est-à-dire de dire, OK, j'ai ces deux jours dans le mois. Pendant ces deux jours-là, je ne regarde pas mes mails.
- Speaker #2
Ma présence.
- Speaker #1
Je suis vraiment aligné avec cette formation. Je vois trop, trop, trop de gens qui vont de chaînes d'entreprise. Moi, j'ai fait énormément de formations. J'ai animé énormément de formations. Où à chaque pause, ils sortaient. Avec le téléphone, machin, truc. Puis un jour, j'en ai eu marre. Donc, c'était de l'autre côté. Au départ, il n'y avait pas les antennes comme en réseau. Puis un jour, j'ai vu qu'il y en avait un qui avait chopé le code Wi-Fi. Donc j'ai débranché l'antenne. Et il n'y avait plus de réseau, on était au sous-sol. Et je me suis dit, qu'est-ce qui va se passer ? Et je leur ai demandé de faire un exercice. Là, vous listez tout, toutes vos peurs. Et demain matin, quand vous arrivez, vous décidez d'en enlever une. Et vous regardez, qu'est-ce qui va se passer ? En fait, ils ont tous se récu.
- Speaker #0
Un collant de ta réussie.
- Speaker #1
Un collant de ta réussie. On avait un totem. Tu as dit quelque chose qui est hyper important. Et ce que je trouve génial, c'est que c'est ni Jean-François, ni moi qui l'avons dit. C'est toi.
- Speaker #0
Et on ne m'avait rien dit.
- Speaker #1
Voilà. Parce qu'on a préparé, mais tu ne sais pas la question qu'on avait posée. Tu as dit, pendant deux jours, je me pose, je suis en acte de présence avec cette formation. pour pouvoir en tirer à la quintessence de cette formation. Sinon, aucun intérêt. C'est comme faire ses courses au supermarché avec une visioconférence et dans l'autre main... remplir une to-do list. Bon, je ne suis pas sûr que le caddie soit bien rangé. Déjà, en plus, on sait qu'on en perd dans les formations. Énormément. Si en plus, on n'est pas aligné avec.
- Speaker #2
On est parasité. Là aussi, on est dans la lucidité, dans l'incerté mentale. On est présent à ce qu'on fait et à rien d'autre.
- Speaker #0
J'avais eu la chance d'avoir aussi, lors de cette première journée, le témoignage d'une personne qui avait suivi cette formation. Alors, ça peut être sinon... le formateur qui donne un cadre ou des exemples, des exercices, comme tu dis. Mais certains nous avaient dit, au-delà de la formation, ce que je retiens le plus, c'est les gens que j'ai rencontrés pendant les pauses café et cette richesse. Donc en fait, moi, ça faisait partie du parcours et du programme, quelque part parce qu'on me l'avait dit dès le début, avec une immense conviction et un immense vécu, où je me suis dit, carrément en fait. Et puis, il y a des thématiques qui vous inspirent. plus ou moins. Et d'ailleurs, certaines journées, vous dites, c'est ce que j'ai vécu le midi et pendant les pauses qui étaient trop chouettes. Donc, heureusement que je n'étais pas sur mon téléphone. Mais c'est aussi un chemin en se disant, de toute façon, c'est que deux jours. Moi, j'ai été absente un an, ça allait bien. Donc, deux jours, ça devrait aller. Et puis le soir, vous avez le droit d'en regarder vos mails. Dans la réalité, je le faisais le soir. mais dans l'état de présence de la formation là j'y étais
- Speaker #1
C'est génial parce que du coup, en fait, j'allais...
- Speaker #0
T'as une question, du coup ?
- Speaker #1
Alors, j'en ai plein, moi. Je suis jaune, hein. Mais en fait, j'allais te demander une routine, un tip. Bah voilà, je pense que voilà. Et c'est quoi ta vision du futur ? Là, je te projette.
- Speaker #2
J'en ai une autre, c'est pour moi.
- Speaker #0
Oui. Ma vision du futur, déjà par rapport à Arpège, c'est de continuer notre engagement sur d'autres territoires. C'est-à-dire que maintenant que la chambre est bien rangée, On sait comment on peut soit continuer à développer un territoire, par exemple celui de la Bretagne qui m'est cher, hashtag rayure. Voilà, de se dire que quand on a l'expérience d'un développement, d'une structuration d'équipe, déjà dans la vision, on peut se dire qu'on peut continuer à grandir sur les territoires où on est ou sur d'autres territoires, parce qu'on n'est que sur cinq régions. que, c'est déjà beaucoup, mais ça veut dire qu'il y en a d'autres où nous ne sommes pas. Et puis, ma vision, c'est aussi d'avoir beaucoup plus d'employeurs publics qui nous rejoignent, qui soient engagés. On parlait tout à l'heure de RSE, de politique RH, handicap, diversité. On a beaucoup d'entreprises. Moi, je crois beaucoup à la force de notre développement autour des employeurs publics qui pourraient s'engager aussi à accueillir des jeunes en stage, à être mentors, à ouvrir leurs portes. pour faire des visites, etc. Et comme je viens de le dire, ce n'est pas comme si je sortais d'une année de formation avec plein de nouveaux camarades du service public. Je ne les oublie pas. Si vous êtes là, vous allez recevoir un petit message de ma part. Mais en tout cas, voilà, ça, c'est une vraie vision d'être encore plus ancrée dans les différents territoires parce que c'est aussi ça, l'égalité des chances. C'est-à-dire que notre proposition, elle peut être... un maximum de jeunes et puis à d'autres formes de structures plutôt publiques. Déjà, là, il y a du pain sur la planche.
- Speaker #2
Ma question, c'était comment tu fais pour switcher entre... Parce que tu as des partenaires privés, publics, tu fréquentes beaucoup de ministères, comment ça se passe la vie parisienne pour une bretonne qui fréquente... Tous ces ministères.
- Speaker #0
C'est beaucoup d'organisation. Derrière tout ça, c'est beaucoup de logistique et beaucoup de flexibilité. C'est-à-dire que moi, je sais que toutes les semaines, je vais à Paris, à la fois pour voir mon équipe, à la fois pour des événements partenaires. Par exemple, demain et après-demain, pour donner un exemple très concret, je vais aller signer une convention avec un nouveau ministère, avec le ministre en personne. Donc là, on m'a dit, hier, on m'a dit, ce sera après-demain, l'après-midi, vous êtes dispo. Donc là, il faut savoir gérer ses priorités. Et puis, ce sera le matin, OK aussi, parce que c'est ma priorité. Un grand temps avec Valérie aussi, qui est mon bras droit, de travailler un paperboard plein d'idées, structurées, etc. Et puis, ça va être aussi, par exemple, un temps avec une autre association qui fait des portes ouvertes avec une amie déléguée générale. J'échange beaucoup aussi avec les DG d'autres associations. Ce sont mes pères, quand j'ai une question, moi j'ai créé un groupe WhatsApp, toujours la créatrice des groupes WhatsApp, mais en disant hop là, une question, tiens, et ton CSE t'as fait comment ? Et ta politique de rémunération t'as fait comment ? Et toi, commissaire au compte, c'est qui ? Plutôt que d'aller demander à Google, je trouve ça vachement mieux, ou d'autres moteurs de recherche, de demander à mes amis DG, avec leurs tips aussi, et d'être recommandé. Je crois beaucoup en ça, évidemment. Et puis, par exemple, après-demain, je vais avoir un temps avec mon équipe. On va avoir une formation sur l'accessibilité numérique, parce qu'on parle de sujets qu'on doit aussi maîtriser un max. Voilà. en passant par quelques rendez-vous entreprises, membres ou prospects. Mais voilà, en fait, pour revenir sur ta question, il y a aussi cet équilibre. Qu'est-ce qui est important de faire en physique ? Quelles sont les rencontres où je dois vraiment être présente ? Où il y a une question interpersonnelle qui va se jouer dans un environnement particulier ? Et puis, il y a plein de réunions aussi qu'on peut faire en visio. Donc moi aussi, c'est un peu la base de mon organisation. Quand je suis à Paris... Ce n'est pas pour m'enfermer dans une bulle téléphonique et faire des visios. Et à l'inverse, il y a des jours où je peux faire 7 ou 8 visios d'affilée. C'est un tunnel. Je suis dans mon bureau, je suis en télétravail. Et voilà, aucun intérêt pour mes collègues de me voir dans une bulle. Donc, c'est aussi beaucoup d'organisation. Et puis, voilà, de se laisser porter. Voilà, de se dire que... Je parlais d'incarner tout à l'heure. Moi, je crois que j'aime profondément ce que je fais. Et du coup, les messages, ils sont assez impactants. Voilà. Donc, il y a un bout d'expérience, un bout de confiance, une grosse partie d'organisation et de logistique cachée. Puis quand je disais tout à l'heure, voilà, un travail qui est une passion, en fait. C'est... C'est une ambition aussi,
- Speaker #2
quand même. Ouais. Tu portes quand même un projet, j'imagine, qui te tient à cœur.
- Speaker #0
Ouais, qui me tient à cœur, mais qui se fait, voilà, dans la continuité. Ouais, je crois. J'ai cette chance.
- Speaker #2
Avec le âge d'humilité,
- Speaker #0
je pense. Ouais, ouais, peut-être.
- Speaker #1
et ben voilà, ça fait 51 minutes qu'on est en train de papoter on a légèrement explosé le cadre on va conclure et ben pour conclure je dirais déjà merci merci de ton témoignage parce qu'il est inspirant et c'est vraiment la visée que j'ai dans Carte sur Table avec cette saison 2 où il y a Jean-François et Sabine qui m'ont rejoint c'est de faire remonter tout ça et d'avoir des témoignages inspirants. Et bien, pour conclure, je vais redonner en fait ta citation que tu as donnée, parce que pour moi, elle a vraiment tout son sens. Ne jugez pas chaque journée sur votre récolte, mais sur les graines que vous avez plantées. Et bien, je trouve que tu es une des plus belles planteuses de graines en entreprise que j'ai rencontrée. J'étais vraiment très émue et voilà, j'en ai un peu les frissons aujourd'hui de ton témoignage, de t'avoir eu la... possibilité de voir ta vision avec tes croyances et comment tu les incarnes au quotidien. Et je te dis merci, parce que ça m'encourage encore plus à faire Carte sur Table.
- Speaker #0
Merci. Moi aussi, merci de votre confiance. Merci pour ces échanges. Abonnez-vous pour avoir la prochaine. Merci encore. Merci.
- Speaker #2
Merci Servan.