Chômage des frontaliers en Suisse : l’oubli qui valait 7 milliards | Ep. #50 cover
Chômage des frontaliers en Suisse : l’oubli qui valait 7 milliards | Ep. #50 cover
Travailler et vivre en Suisse - le podcast de David Talerman

Chômage des frontaliers en Suisse : l’oubli qui valait 7 milliards | Ep. #50

Chômage des frontaliers en Suisse : l’oubli qui valait 7 milliards | Ep. #50

06min |17/05/2024|

1197

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Description

Il est question dans cet épisode de l'assurance chômage des travailleurs frontaliers et de la polémique entourant la rétrocession des cotisations chômage de la Suisse à la France.

Historiquement, la Suisse rétrocédait la totalité des cotisations chômage des frontaliers à la France. Mais depuis un changement dans les règles européennes en 2010, la rétrocession est en moyenne de 20%.

La France aurait pu contester à l'époque cette nouvelle réglementation et faire recours, mais elle ne l'a pas fait.

La raison ? Pôle emploi n'a pas pu estimer ni communiquer les montants dus dans les délais impartis par la Commission européenne.


Ce manquement administratif français a coûté des milliards à l'Unédic, aggravant le déficit de l'assurance chômage.

Les parlementaires français qui dénoncent aujourd'hui cette situation feraient mieux de dénoncer leur propre inaction (certains étant en place depuis 2014) tout comme l'incompétence des fonctionnaires français responsables de cette situation.

Le syndicat FO et certains députés blâment la Suisse, mais ils oublient ou ignorent l'histoire et les responsabilités réelles.


Les récentes accusations coïncident opportunément avec les élections européennes.


En conclusion, la véritable cause du déficit lié aux frontaliers est un oubli administratif coûteux de la France, et non une faute de la Suisse.

Les contribuables français payent le prix de cette incompétence. Les politiciens devraient se concentrer sur des solutions plutôt que de chercher des boucs émissaires à des fins électorales.

🔥🔥🔥 Intéressé par la Suisse ? Contactez moi sur Linkedin ;-)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A la veille des élections européennes, des parlementaires français pointent du doigt la Suisse sur le sujet de l'assurance chômage des frontaliers dans un contexte de lourd déficit français. Leur discours ? Les frontaliers cotisant Suisse pour l'assurance chômage sont pris en charge par la France et coûtent des milliards à l'État français. La Suisse doit payer. C'est vrai. Mais ce qu'ils ne disent pas, c'est qui est responsable de cette situation. Allez, je vous explique tout ça.

  • Speaker #1

    Bienvenue sur Travailler et vivre en Suisse, le seul podcast entièrement dédié à l'emploi et à l'expatriation en Suisse. Nous vous aidons à mieux comprendre la Suisse et à concrétiser votre projet professionnel avec des conseils et des infos pratiques. Résident expatrié, frontalier, écoutez dès maintenant notre spécialiste David Tallerman.

  • Speaker #0

    Ces derniers jours, un article de l'Express avec un titre accrocheur Assurance chômage "et si l'on s'intéressait enfin aux milliards qui s'échappent vers la Suisse" a mis sur la table le délicat sujet de la prise en charge de l'assurance chômage des frontaliers. Alors vous ne le savez peut-être pas, mais un frontalier français travaillant en Suisse qui se retrouve au chômage est indemnisé par la France alors même que les travailleurs frontaliers cotisent pour l'assurance chômage en Suisse. Cela concerne la Suisse, mais aussi d'autres pays et notamment le Luxembourg. Le problème, c'est que ce mécanisme pèse lourd dans les caisses françaises, notamment parce que le salaire moyen d'un frontalier représente plus du double de celui d'un salarié en France. Je vous en parlais d'ailleurs déjà en 2016 sur mon blog. On considérait même à l'époque que les frontaliers représentaient les deuxièmes plus grosses dépenses de l'UNEDIC après les intermittents du spectacle. Selon l'Express, en 2020, le déficit de l'UNEDIC lié au chômage des frontaliers est d'un peu moins d'un milliard d'euros et le déficit cumulé depuis 2011, c'est 7 milliards. Le journaliste indique d'ailleurs à juste titre que tout ceci est régi par un règlement européen, le règlement européen 883. D'ailleurs, le mécanisme entre-États prévoit toutefois que la Suisse rétrocède une partie des cotisations chômage des frontaliers à la France, soit en moyenne moins de 20%. En clair, 80% de la note de l'assurance chômage des frontaliers est prise en charge par la France. Dans un contexte où le déficit français atteint des sommets, ce sujet tombe à point nommé et il n'en fallait pas plus pour que les politiques français se saisissent de cette formidable opportunité de détourner l'attention sur la Suisse. Les parlementaires français sont donc partis en croisade avec en tête le député de Haute-Savoie, Xavier Roseren, qui, cité dans un article d'ODS Radio, déclare Cette situation, dans un contexte de plein emploi en Haute-Savoie et de réduction du déficit public, est inacceptable Le syndicat français Force Ouvrière, par la voix de Michel Boga, assesseur de l'UNEDIC, cloue pour sa part au pilori la Suisse dans l'article de l'Express, déclarant Côté Suisse, on joue la montre et la mauvaise foi Inacceptable, mauvaise foi, ok. Tous ces politiques, députés et autres acteurs gravitant autour de la cause frontalière et cités dans ces articles ont une bien mauvaise mémoire ou connaissent fort mal leur dossier, ou les deux. Car si la Suisse rétrocète si peu à la France, moins de 20% de ce qu'elle a encaissé en cotisation chômage des frontaliers, c'est bien la France qui en est responsable. Je vous explique. Historiquement, la rétrocession de la Suisse à la France était totale. Mais quand le droit européen a changé les règles en 2010, pour réduire la rétrocession entre pays, la France aurait pu faire recours. Mais elle ne l'a pas fait, comme le précise très justement le journal Le Temps dans un article de 2013. Mais pourquoi donc la France n'a-t-elle pas fait recours alors même que les enjeux financiers étaient colossaux ? Tout simplement parce que Pôle emploi, à l'époque, n'a pas été capable d'estimer ni de communiquer à la Commission européenne, dans les délais impartis, le montant à rembourser. La Suisse n'a donc pas grand-chose à voir là-dedans et doit finalement bien rigoler. Les contribuables français, pour leur part, apprécieront cette incapacité de notre administration qui coûte aujourd'hui plusieurs milliards d'euros aux Français. Comme l'indique Xavier Roseren, la situation est en effet inacceptable, mais pas pour les raisons qu'on imagine. Des fonctionnaires de l'État n'ont, à l'époque, pas fait leur travail. Ces mêmes fonctionnaires ont été couverts par leur ministère et donc par des hauts fonctionnaires. Ce qui est inacceptable ici, c'est de ne absolument rien faire. On est en présence ici du retard administratif le plus cher de l'histoire française. Un retard administratif qui coûte plusieurs milliards d'euros, on n'en voit quand même pas tous les jours. à moins qu'il y en ait d'autres. C'est peut-être ça que nos politiciens professionnels devraient chercher à combattre, si vous voulez mon avis. Mais revenons à eux, justement. Alors finalement, que dire de ces élus parlementaires Haut-Savoyards, certains étant élus depuis 2014, qui savaient, qui ont peut-être agi, mais qui n'ont finalement rien fait au total, puisqu'il n'y a pas eu d'effet, il n'y a pas eu de mesure, il n'y a pas eu d'impact, et la France continue à payer. Faut-il se réveiller dans une situation financière catastrophique pour pointer du doigt un fautif qui n'en est pas un ? Et pourquoi ces politiciens professionnels se réveillent-ils maintenant à l'aube des élections européennes ? Et bien la réponse est dans la question. Allez, tchuss !

  • Speaker #1

    Merci de nous avoir rejoints pour cet épisode de Travailler et vivre en Suisse. Abonnez-vous à ce podcast et notez-le. Visitez le site www.travailler-en-suisse.ch pour plus d'informations sur le sujet abordé aujourd'hui et pour accéder à encore plus de ressources et d'informations.

Description

Il est question dans cet épisode de l'assurance chômage des travailleurs frontaliers et de la polémique entourant la rétrocession des cotisations chômage de la Suisse à la France.

Historiquement, la Suisse rétrocédait la totalité des cotisations chômage des frontaliers à la France. Mais depuis un changement dans les règles européennes en 2010, la rétrocession est en moyenne de 20%.

La France aurait pu contester à l'époque cette nouvelle réglementation et faire recours, mais elle ne l'a pas fait.

La raison ? Pôle emploi n'a pas pu estimer ni communiquer les montants dus dans les délais impartis par la Commission européenne.


Ce manquement administratif français a coûté des milliards à l'Unédic, aggravant le déficit de l'assurance chômage.

Les parlementaires français qui dénoncent aujourd'hui cette situation feraient mieux de dénoncer leur propre inaction (certains étant en place depuis 2014) tout comme l'incompétence des fonctionnaires français responsables de cette situation.

Le syndicat FO et certains députés blâment la Suisse, mais ils oublient ou ignorent l'histoire et les responsabilités réelles.


Les récentes accusations coïncident opportunément avec les élections européennes.


En conclusion, la véritable cause du déficit lié aux frontaliers est un oubli administratif coûteux de la France, et non une faute de la Suisse.

Les contribuables français payent le prix de cette incompétence. Les politiciens devraient se concentrer sur des solutions plutôt que de chercher des boucs émissaires à des fins électorales.

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    A la veille des élections européennes, des parlementaires français pointent du doigt la Suisse sur le sujet de l'assurance chômage des frontaliers dans un contexte de lourd déficit français. Leur discours ? Les frontaliers cotisant Suisse pour l'assurance chômage sont pris en charge par la France et coûtent des milliards à l'État français. La Suisse doit payer. C'est vrai. Mais ce qu'ils ne disent pas, c'est qui est responsable de cette situation. Allez, je vous explique tout ça.

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Historiquement, la Suisse rétrocédait la totalité des cotisations chômage des frontaliers à la France. Mais depuis un changement dans les règles européennes en 2010, la rétrocession est en moyenne de 20%.

La France aurait pu contester à l'époque cette nouvelle réglementation et faire recours, mais elle ne l'a pas fait.

La raison ? Pôle emploi n'a pas pu estimer ni communiquer les montants dus dans les délais impartis par la Commission européenne.


Ce manquement administratif français a coûté des milliards à l'Unédic, aggravant le déficit de l'assurance chômage.

Les parlementaires français qui dénoncent aujourd'hui cette situation feraient mieux de dénoncer leur propre inaction (certains étant en place depuis 2014) tout comme l'incompétence des fonctionnaires français responsables de cette situation.

Le syndicat FO et certains députés blâment la Suisse, mais ils oublient ou ignorent l'histoire et les responsabilités réelles.


Les récentes accusations coïncident opportunément avec les élections européennes.


En conclusion, la véritable cause du déficit lié aux frontaliers est un oubli administratif coûteux de la France, et non une faute de la Suisse.

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    Ces derniers jours, un article de l'Express avec un titre accrocheur Assurance chômage "et si l'on s'intéressait enfin aux milliards qui s'échappent vers la Suisse" a mis sur la table le délicat sujet de la prise en charge de l'assurance chômage des frontaliers. Alors vous ne le savez peut-être pas, mais un frontalier français travaillant en Suisse qui se retrouve au chômage est indemnisé par la France alors même que les travailleurs frontaliers cotisent pour l'assurance chômage en Suisse. Cela concerne la Suisse, mais aussi d'autres pays et notamment le Luxembourg. Le problème, c'est que ce mécanisme pèse lourd dans les caisses françaises, notamment parce que le salaire moyen d'un frontalier représente plus du double de celui d'un salarié en France. Je vous en parlais d'ailleurs déjà en 2016 sur mon blog. On considérait même à l'époque que les frontaliers représentaient les deuxièmes plus grosses dépenses de l'UNEDIC après les intermittents du spectacle. Selon l'Express, en 2020, le déficit de l'UNEDIC lié au chômage des frontaliers est d'un peu moins d'un milliard d'euros et le déficit cumulé depuis 2011, c'est 7 milliards. Le journaliste indique d'ailleurs à juste titre que tout ceci est régi par un règlement européen, le règlement européen 883. D'ailleurs, le mécanisme entre-États prévoit toutefois que la Suisse rétrocède une partie des cotisations chômage des frontaliers à la France, soit en moyenne moins de 20%. En clair, 80% de la note de l'assurance chômage des frontaliers est prise en charge par la France. Dans un contexte où le déficit français atteint des sommets, ce sujet tombe à point nommé et il n'en fallait pas plus pour que les politiques français se saisissent de cette formidable opportunité de détourner l'attention sur la Suisse. Les parlementaires français sont donc partis en croisade avec en tête le député de Haute-Savoie, Xavier Roseren, qui, cité dans un article d'ODS Radio, déclare Cette situation, dans un contexte de plein emploi en Haute-Savoie et de réduction du déficit public, est inacceptable Le syndicat français Force Ouvrière, par la voix de Michel Boga, assesseur de l'UNEDIC, cloue pour sa part au pilori la Suisse dans l'article de l'Express, déclarant Côté Suisse, on joue la montre et la mauvaise foi Inacceptable, mauvaise foi, ok. Tous ces politiques, députés et autres acteurs gravitant autour de la cause frontalière et cités dans ces articles ont une bien mauvaise mémoire ou connaissent fort mal leur dossier, ou les deux. Car si la Suisse rétrocète si peu à la France, moins de 20% de ce qu'elle a encaissé en cotisation chômage des frontaliers, c'est bien la France qui en est responsable. Je vous explique. Historiquement, la rétrocession de la Suisse à la France était totale. Mais quand le droit européen a changé les règles en 2010, pour réduire la rétrocession entre pays, la France aurait pu faire recours. Mais elle ne l'a pas fait, comme le précise très justement le journal Le Temps dans un article de 2013. Mais pourquoi donc la France n'a-t-elle pas fait recours alors même que les enjeux financiers étaient colossaux ? Tout simplement parce que Pôle emploi, à l'époque, n'a pas été capable d'estimer ni de communiquer à la Commission européenne, dans les délais impartis, le montant à rembourser. La Suisse n'a donc pas grand-chose à voir là-dedans et doit finalement bien rigoler. Les contribuables français, pour leur part, apprécieront cette incapacité de notre administration qui coûte aujourd'hui plusieurs milliards d'euros aux Français. Comme l'indique Xavier Roseren, la situation est en effet inacceptable, mais pas pour les raisons qu'on imagine. Des fonctionnaires de l'État n'ont, à l'époque, pas fait leur travail. Ces mêmes fonctionnaires ont été couverts par leur ministère et donc par des hauts fonctionnaires. Ce qui est inacceptable ici, c'est de ne absolument rien faire. On est en présence ici du retard administratif le plus cher de l'histoire française. Un retard administratif qui coûte plusieurs milliards d'euros, on n'en voit quand même pas tous les jours. à moins qu'il y en ait d'autres. C'est peut-être ça que nos politiciens professionnels devraient chercher à combattre, si vous voulez mon avis. Mais revenons à eux, justement. Alors finalement, que dire de ces élus parlementaires Haut-Savoyards, certains étant élus depuis 2014, qui savaient, qui ont peut-être agi, mais qui n'ont finalement rien fait au total, puisqu'il n'y a pas eu d'effet, il n'y a pas eu de mesure, il n'y a pas eu d'impact, et la France continue à payer. Faut-il se réveiller dans une situation financière catastrophique pour pointer du doigt un fautif qui n'en est pas un ? Et pourquoi ces politiciens professionnels se réveillent-ils maintenant à l'aube des élections européennes ? Et bien la réponse est dans la question. Allez, tchuss !

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Il est question dans cet épisode de l'assurance chômage des travailleurs frontaliers et de la polémique entourant la rétrocession des cotisations chômage de la Suisse à la France.

Historiquement, la Suisse rétrocédait la totalité des cotisations chômage des frontaliers à la France. Mais depuis un changement dans les règles européennes en 2010, la rétrocession est en moyenne de 20%.

La France aurait pu contester à l'époque cette nouvelle réglementation et faire recours, mais elle ne l'a pas fait.

La raison ? Pôle emploi n'a pas pu estimer ni communiquer les montants dus dans les délais impartis par la Commission européenne.


Ce manquement administratif français a coûté des milliards à l'Unédic, aggravant le déficit de l'assurance chômage.

Les parlementaires français qui dénoncent aujourd'hui cette situation feraient mieux de dénoncer leur propre inaction (certains étant en place depuis 2014) tout comme l'incompétence des fonctionnaires français responsables de cette situation.

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  • Speaker #0

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  • Speaker #1

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