Description
A l’occasion d’un voyage en Italie, j’ai eu l’occasion d’admirer les fresques de la collégiale de San Giminiano, en Toscane. Une de ces fresques m’a bien amusée et intéressée. Elle décrit la scène du manteau de Noé.
Selon la parole biblique, Noé, ignorant les effets du jus de la vigne, s’était enivré et une fois endormi, avait laissé voir tous ses attributs virils à ses trois fils. Sur cette fresque, on y voit donc en clair l’objet de l’interdit à savoir le pauvre petit zizi du père, avant qu’il ne soit vivement recouvert de son manteau par deux de ses fils respectueux, Sem et Japhet. D’après cette fresque on ne peut pas deviner que le troisième des fils, Cham, s’est, quant à lui, risqué à en avoir le cœur net et à jeter un petit coup d'œil sur la nudité du père. Il a même incité ses frères à braver cet interdit.
Sans doute ce coup d'œil n’est-il pas loin de là, admiratif, puisque pour cette outrecuidance, Cham sera lourdement puni. Noé, sorti de son ivresse, le maudit et surtout le condamne à devenir l’esclave de ses deux frères. J’ai relu tout ce qu’il en est raconté dans la Genèse. Il y est décrit notamment comment les deux frères, pour recouvrir le corps du père de son manteau et mettre ainsi fin à cet intolérable spectacle, lui tournent le dos et marchent donc à reculons pour ne pas avoir à le regarder en face. Avec ce mythe du manteau de Noé, il semble bien que ce soit l’insuffisance de l’organe viril du père au regard du signifiant phallique que les fils ne doivent constater à aucun prix, pour pouvoir continuer à se soutenir de sa fonction d’exception et trouver ainsi leur statut d’hommes.
Cette si amusante mise en scène ainsi que toutes les descriptions bibliques de la vie de Noé peuvent servir de points d’appuis pour aborder les trois registres dans lesquels intervient la fonction paternelle, le registre du réel, de l’imaginaire et du symbolique.
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