La nuit est noire, de grosses gouttes tombent sur le village, il ramasse quelques affaires, se retourne une dernière fois vers sa famille, et sors sous la pluie retrouver le chauffeur d’un camion qui va l’emmener à Niamey. L’aventure commence…                    

 C’est le désert, un vieux bus fatigué menant une petite troupe de gens harassés. Ce sont des militaires, cruels, qui abandonnent une mère et son fils dans les dunes surchauffées. C’est enfin Niamey et un sinistre fortin où l’on attend le grand départ, le moment de prendre la périlleuse route qui mène jusqu’en Lybie.                   

Tous attendent, désœuvrés, que les passeurs les emmènent à l’assaut du désert dans de vieux pickups rouillés. Ils se racontent leurs vies fracturées, leurs espoirs, leurs rêves. Le temps s’écoule lentement, jusque sonne l’heure du départ, le long cheminement silencieux sous la lune, le vrombissement des moteurs qui les catapultent dans les sables.                 

C’est un calvaire, les corps sont meurtris par l’inconfort et la chaleur, par la peur aussi d’être abandonné en plein désert par les passeurs, qui, le temps passant découvrent leur avidité et leur cynisme. Une halte bienfaitrice les rapprochent, les soudent, l’amitié est là.                          

 Des miliciens leur font découvrir l’extrême violence, les blessures, le meurtre. Personne n’est jamais préparé à tout cela, et ce chemin de croix ne s’achèvera que parqués dans une sinistre prison libyenne.                      

Si le cynisme des passeurs, autant que la cruauté des miliciens avaient été pour tous de tragiques découvertes, une nouvelle escalade de violence les attendait là, dans cette prison. Ils ne devront leur salut qu’au reste d’humanité d’un gardien, peut être lui-même au fond, désemparé d’un chaos toujours plus vif et sans limites.                     

 Les djihadistes attaquent la prison à l’arme lourde. Le gardien compatissant leur fait fuir ce qui est devenu un enfer, les emmènent vers la mer Faim. Soif. Terreur. Sous le soleil infernal, sans eau, sans nourriture, la souffrance est extrême, et les petits bateaux motorisés qui apparaissent bientôt n’apporteront que la mort et la désolation. Plus tard Ils seront secourus, mais laisseront sur cette mer, sur ces vagues, leurs illusions, leur naïveté.                            

C’est un autre camp, un camp de toile, celui où les militaires italiens parquent les migrants avant de les renvoyer dans leurs pays d’origine. Bien sûr, ils sont pansés, nourris, mais tristes aussi d’avoir traversé tous ces périls pour rien. Armés d’un courage peu commun, ils s’échappent vers la gare et arrivent à prendre un train pour Rome…                       

Ils dorment à Rome à même l’asphalte, ils quémandent quelques pièces pour se nourrir, reprennent un train pour Vintimille et y découvrent l’hospitalité de bénévoles, de gens simples, animés par le sens de l’entraide et de la convivialité. Ils vont les aider à traverser les Alpes pour tenter d’arriver en France…                    

Ils cheminent dans la montagne, et passent un col sous une neige drue. La police les poursuivent, ils se cachent et atteignent finalement un havre de paix, la maison d’un membre d’une association d’aide aux migrants. Peut-être atteindront-ils finalement la France ?