- Speaker #0
Bonjour, je suis Jérôme Badie et vous écoutez VCAST, le podcast média de Values. On avait envie de vous raconter les coulisses d'un événement mondial du point de vue de la communication digitale. Bon, ça pose beaucoup de questions. Comment on s'adapte à des normes très strictes, comme celle du Comité international olympique ? Comment on touche tous les publics ? Comment on transmet les valeurs de l'olympisme, en y ajoutant un petit peu celle de la France quand même ? Et la définition finalement du soft power ? Enfin, qu'apportent les réseaux sociaux, souvent décriés, à la communication mondiale, à une communication mondiale aussi visible ? Et quels sont les dangers et les crises à éviter ? Bon ben voilà, c'est toutes ces questions et certainement d'autres que je vais poser à mon invité,
- Speaker #1
Philippe Goavec,
- Speaker #0
qui était le Senior Manager Communication Digitale. Je prends mon souffle. du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
- Speaker #1
Bonjour Philippe. Bonjour Jérôme.
- Speaker #0
Bon alors ma première question est hyper simple, c'était bien ?
- Speaker #1
Ah mais c'était génial, c'était magique même. C'était au-delà de nos espérances. Voir un moment assez dingue de kiff, j'avais jamais vécu ça professionnellement. Tu sais, tu travailles sur un puzzle depuis plus de 5 ans, et puis au moment où tu mets la dernière pièce, tu vois tout en fait qui se passe comme... prévues même au-delà de ce que tu avais pu imaginer. Et soyons honnêtes, c'est un kiff énorme. C'est un kiff absolu. Alors, il ne dure pas longtemps, mais ce petit moment, cette petite adrénaline-là où tu te dis waouh eh bien, on a envie de la revivre parce que c'est magique.
- Speaker #0
Oui, malheureusement, en tout cas dans ces conditions,
- Speaker #1
il y en a peut-être encore à attendre. On dit qu'il y a les jeux chez soi que pour une génération. Donc, on a eu la chance de l'avoir.
- Speaker #0
Et toi, tu as eu la chance de les vivre. Bon, alors, tu vas nous parler un petit peu de tes missions. Je sais qu'elles étaient très nombreuses. Je le sais parce que sur ton profil LinkedIn, il y a une sacrée tartine sur tout ce que tu as pu faire. Est-ce que tu peux nous pitcher en quelques secondes, quelques minutes, tes principales missions pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques ?
- Speaker #1
Alors, même si ça a commencé bien avant, cinq ans avant. Moi, j'arrive à la direction de la communication pour prendre en charge le pôle communication digitale qui, chez Paris 2024, correspond à la gestion des réseaux sociaux. J'arrive tout seul, avec une page blanche. Et puis, mon rôle était de structurer, en fait, l'ensemble de la communication sur ces canaux. Structurer une équipe, l'organiser, et puis structurer aussi des actions de communication. Un de nos premiers objectifs était de créer une communauté. La communauté des Jeux, elle n'existait pas, puisque la dernière fois qu'on avait organisé des Jeux Olympiques en France, c'était en 1924. Donc, il n'y avait pas un seul tweetos, pas un seul percepteur Facebook. Donc, on a eu toute une première phase qui était de comprendre un peu cette communauté, de la créer, de la faire grossir, et puis d'inviter les Français. d'inviter les Français à nous suivre sur ce projet, avec un objectif qui était, faites-nous confiance, voilà notre promesse, et puis après, pendant les Jeux aussi, préparer ce qu'on allait faire et la manière dont on allait délivrer. Nous, au comité, on employait ce mot délivrer on délivrait les Jeux, et nous, sur les réseaux sociaux, on délivrait un acte de communication. Et donc, on préparait en parallèle ce moment qui n'arrive qu'une fois, comme tu disais, et sur lequel on n'était pas prêts, parce qu'on découvrait. Quand je dis qu'on n'était pas prêts, on s'est préparés pour. Mais quand j'arrive et quand on construit l'équipe, on ne sait pas véritablement ce qu'on va vivre. et ce que sont les jeux.
- Speaker #0
C'est un bon sommaire de tout ce dont on va parler, donc c'est super. Et comment on se retrouve à la tête d'un poste comme celui-là ? Tu dis peut-être j'arrive tout seul, mais voilà, comment on se retrouve ? C'est quoi ton parcours ? Qu'est-ce qu'il faut faire pour les gens qui nous écoutent si on veut avoir ce poste un jour dans une nouvelle édition de JO ?
- Speaker #1
Alors déjà, parcours, comment dire ? Moi, j'ai toujours travaillé sur des projets et j'ai toujours voulu être utile. Utile pour mon pays et utile pour les autres. Et dans mon parcours, j'ai eu la chance de travailler au SIG, au service d'information du gouvernement, pendant cinq ans, en charge du digital. Et puis ensuite, j'ai voulu passer à une autre forme d'engagement. J'ai passé un an en tant que directeur de la com pour Expo France 2025, qui était la candidature de la France à l'exposition universelle. Candidature malheureusement avortée, abandonnée, mais peut-être un mal pour un bien, puisqu'ensuite, j'ai pu rebondir dans ce magnifique projet qui était Paris 2024, avec cette volonté de faire rayonner mon pays. de faire rayonner Paris, qui est une ville que j'adore dans le monde, le tout avec le sport. Je suis un fan de sport, le sport donne des émotions qui sont juste dingues, des frissons qu'on a encore, rien que moi des fois, quand je me replonge encore dans ces jeux, les frissons reviennent et je sais qu'ils seront encore là, qu'ils m'accompagneront pendant des années. Et donc j'ai eu l'opportunité d'intégrer ce poste de manière très classique, plusieurs entretiens, une note, voilà. 6 entretiens je crois en tout et j'arrive comme ça au comité en début 2019 matricule 92 vraiment parmi les premiers quand on sait qu'après on était presque 4000, 45 000 avec les volontaires ce sentiment d'avoir été vraiment parmi les premiers au tout début de cette belle aventure la classe,
- Speaker #0
ça donne envie alors par contre on commence quand on doit piloter la stratégie digitale des JOP de Paris j'imagine que tu l'as dit, ça commence plusieurs années en arrière, tu vas nous expliquer ça Est-ce qu'on commence aussi par la création ? Est-ce qu'on réfléchit au message, à l'écosystème ?
- Speaker #1
Alors, la première chose, c'était d'essayer d'avoir une équipe. Tu l'as vu, je n'ai pas le profil du tiktoker ou de l'instagrammeur. Je suis plutôt, entre guillemets, un peu un ancien des réseaux sociaux. Donc, moi, mon rôle était très vite de constituer une équipe de gens qui savent faire, de gens qui sont vraiment des producteurs de contenu. Je suis resté six mois tout seul. Les premiers contenus que j'ai faits, disons... il ne faut pas les regarder parce que c'était vraiment du bricolage.
- Speaker #0
Je le dis pour nos invités, Philippe n'est pas si âgé que ça,
- Speaker #1
je vous rassure. Donc, la première partie était vraiment de se doter d'une équipe. Et puis ensuite, la seconde était d'essayer de comprendre cette communauté. Ce que je disais tout à l'heure, en fait, dans ces quatre premières années, il y a eu trois phases dans l'histoire du comité sur les réseaux sociaux. La première phase, c'est ce que j'appelle l'âge de l'enfant. On a essayé de tester, on a essayé de comprendre. qu'est-ce que cette communauté, ce à quoi elle réagit. Donc, on a tenté énormément de choses. Par exemple ? En mode laboratoire. En mode, on essayait de rentrer dans les conversations, ce qu'on appelait des hacking attentionnels ou ce que j'appelle la stratégie du cheval de Troyes, c'est-à-dire qu'il y a des conversations qui sont soit anticipables, soit déjà structurées, et tu essaies à ce moment-là de rentrer dedans en essayant de faire un pont, un lien avec ton sujet à toi. Donc, c'était soit des compétitions sportives qui étaient déjà organisées en disant Ah, ben ça, on pourra peut-être vivre aussi une grande compétition en France en 2024 ou des choses... totalement à côté autour un peu de cet esprit festif ou de la célébration. Donc, il y a eu ce premier temps-là, qui était vraiment ce temps de test and learn. Et puis ensuite, il y a eu une phase un peu de l'adolescence, c'est-à-dire qu'on a essayé déjà de progresser un peu dans nos contenus, dans leur qualité, dans le respect d'une charte, et puis de commencer à raconter un peu plus notre histoire pour arriver à cette phase adulte qui était à partir du moment où les gens ont acheté des billets, il fallait montrer véritablement la valeur pour laquelle... dans la valeur du projet, la valeur de la promesse. Et là, on était dans une communication plus cadrée qui acculturait au dernier moment les Français sur ce qui allait se passer et ce qu'ils allaient vivre. Donc, il y a vraiment eu ces trois phases-là, avec quand même une ligne directrice qui était les réseaux sociaux, c'est de la vie. Nous, on partait du principe qu'on ne pouvait pas, en cinq ans, construire une énorme marque qui allait être connue comme les Nike ou les Reebok ou dès que tu vois un début d'image ou tu entends un peu un son, tu les reconnais. Nous, on est partis du principe qu'en fait, ce projet, il devait être de la vie, il devait être fédérateur. Et pour fédérer, en fait, il fallait amener les Français à nous en leur montrant qu'on était un peu comme eux et en cherchant déjà à partager quelques émotions. En fait, toute notre ligne directrice, c'était de dire que les timelines et les réseaux sociaux sont très négatifs. On y trouve en ce moment encore plus des contenus, ça part très vite en hystérie, des faux débats, bref. Et nous, on voulait être, avec nos contenus, apporter un sourire, être une bulle, ce qu'on appelait sportive et festive. Et on partait du principe que si dans les timelines, nos contenus arrivaient, ne serait-ce qu'à faire un peu sourire ou apporter un peu d'humanité ou d'émotion, à ce moment-là, on pouvait embarquer avec nous les gens jusqu'à cette grande promesse de cette fête qu'allaient être nos jeux.
- Speaker #0
Et ça, c'est combien de temps en arrière ? Ces trois âges-là, ils se passent sur combien de temps ?
- Speaker #1
Alors, ça commence, l'enfance, je dirais, c'est 2019-2021, sortir du Covid. Ensuite, il y a un 2021-2023. Et puis 2023-2024, là, on est vraiment dans notre âge adulte pour arriver à nos jeux.
- Speaker #0
D'accord. Donc, c'est cette accélération-là d'avant-jeu, l'âge adulte. C'est quoi ? Donc, on imagine que tu commences, tu es tout seul, tu staffes ton équipe. Et donc, à J-6 mois, 5 mois ?
- Speaker #1
Ça commence déjà au J-1 an, ce qu'on appelle le One Year To Go. là vraiment tu commences à te projeter donc là t'es entièrement staffé ? là on n'est pas entièrement staffé à l'époque on commence à avoir ce que j'appelais moi l'équipe historique c'est à dire ceux qui vraiment ont pu participer au projet avant ce qu'on appelait la phase de games time qui est la phase de livraison des jeux qui elle commençait en juin 2024 là on est 8 pas plus que ça non et même pas on est 6 et on est 8 après en début 2024 et après pendant les jeux on grossit puisqu'on arrive à 30 personnes. D'accord. Entre le 1er juin et le début des Jeux, le 26 juillet, on multiplie par 3.
- Speaker #0
Ok. Il y a eu beaucoup de choses à créer, tout à inventer, tu l'as dit, on a pu le vivre chacun. Il y a eu des apps, des sites internet, des comptes réseaux sociaux nouveaux, et ensuite, il fallait les alimenter au quotidien. Qu'est-ce qui définit la ligne éditoriale ? Tu parlais du ton. tu parlais de l'émotion que vous vouliez susciter mais il y a quand même une ligne d'éditorial j'imagine à suivre, il y a des règles à suivre parce qu'ensuite on confie à plein de gens différents qui vont opérer comment on impulse aussi de la créativité à toutes les parties prenantes dont des sacrées parties prenantes comme le CIO, l'état français le CNOSF,
- Speaker #1
les ministères il y a beaucoup de questions la première je dirais, il faut savoir que le comité était une grosse machine avec beaucoup de directions, des enjeux différents et donc on avait un comité éditorial dirigé et leadé par la marque toutes les semaines qui avait pour objectif que chacun puisse mettre autour de la table quels étaient ses enjeux.
- Speaker #0
Donc la marque Paris 24 ?
- Speaker #1
Paris 24, vraiment en interne au Côjou. Donc déjà on avait des réunions, des instances entre nous, un comité éditorial à différents niveaux qui permettaient déjà de choisir un peu les lignes. Ensuite et surtout de préparer nos grands axes de communication. Et sur ces grands axes de communication, que ce soit le reveal des mascottes ou le reveal des pictos, etc., là, véritablement, on avançait groupés et nous, entre guillemets, services réseaux sociaux, on se mettait au service aussi des enjeux des autres directions. Et puis à côté, il y avait le quotidien. On sait, les réseaux sociaux, il faut alimenter la bête. Si on veut avoir des algos chauds quand on sort nos grands moments, nos grands temps forts, il fallait un peu au quotidien avoir toute une ligne de contenu. Et sur ça, je vais être assez honnête et on a eu de la chance, on avait quand même quelques marges de manœuvre. on était assez libre à partir du moment où on ne faisait pas d'erreurs. Mais il y a un point qui est important, et c'est vrai que je n'en ai pas parlé au début, les réseaux sociaux étaient rattachés à la direction de la communication et ce n'était pas anodin. Parce que ça partait du principe qu'en fait, les réseaux sociaux sont des outils de communication au service du projet. Et on y reviendra si on parle tout à l'heure un peu de notre stratégie, c'est-à-dire que très vite, on s'est dit qu'une fois que les messages étaient bien posés, les messages globaux par notre direction, par aussi la direction de la communication. À ce moment-là, nous, notre rôle était de transformer ces messages en contenu social media friendly, comme je dirais. C'est-à-dire, c'était d'adapter ce qu'on devait dire aux Français, voire au monde, et d'en faire des lignes de contenu pensées pour les réseaux sociaux, avec, on le sait, sur les réseaux sociaux, une certaine schizophrénie. Parce que bien évidemment, on ne parle pas sur TikTok comme on parle sur X ou sur Facebook, et on essayait à chaque fois d'adapter l'ensemble de ces messages avec les codes des plateformes.
- Speaker #0
Alors justement, ça, ça m'intéresse. Les codes des plateformes, si tu devais définir un petit peu à grands traits, il ne faut pas tout prendre pour un agent comptant, parce que l'exercice est difficile, mais voilà. C'est quoi le mot d'ordre sur un Facebook ? C'est quoi le mot d'ordre sur un Insta ? X, on pourra le mettre à la fin. Je ne sais pas, sur Snapchat, sur TikTok ?
- Speaker #1
C'est vrai que nous, on avait des communautés qui, au final, par exemple, sur Facebook, on a très vite compris qu'on avait des communautés de gens très territorialisés en France, qui connaissaient les jeux. qui les suivaient, je pense, sur France TV, qui étaient peut-être eux-mêmes bien investis dans les clubs près de chez eux. Et donc, on les voyait, ils avaient une capacité à se mobiliser dès qu'il y avait une actu sportive. Et ils avaient réalisé c'est quoi organiser les Jeux en France et ils étaient déjà, j'aimerais dire, un peu avec nous et ils étaient assez rigoureux sur les informations qu'il fallait donner. Ensuite, je mets totalement à l'inverse TikTok. Je pense que sur TikTok, la communauté ne connaissait pas du tout les Jeux Olympiques et Paralympiques. Et donc, l'objectif était de les embarquer avec nous. dans un délire un peu, puisque tout le délire, pour ceux qui suivent un peu notre compte TikTok, était de montrer nos coulisses, de partir du principe que des Français qui organisent des jeux, rien que ça, c'est un concept. Et en suivant parfois des traînes, mais aussi en essayant d'apporter nos propres histoires et nos propres contenus, on a essayé d'embarquer dans notre délire l'ensemble de cette communauté, qui était une communauté à la fois française et internationale, jusqu'au jeu. Et puis, il y avait Instagram, Instagram où, je pense qu'on avait une communauté à la fois, il y a beaucoup d'athlètes maintenant sur Insta. Oui. Il y a à la fois cette dualité sur ce canal où il y a le beau, il y a l'esthétisme, mais il peut y avoir aussi la tonalité parfois un peu clin d'œil. Je n'emploie pas humour parce que l'humour appartient aux humoristes, mais on essayait par moments d'avoir ces contenus clin d'œil, c'est-à-dire de donner un petit sourire ou de faire un pas de côté qui nous sortait un peu du carcan classique de nos amis du CIO.
- Speaker #0
C'était un peu connivence, d'essayer de créer de la connivence avec l'audience.
- Speaker #1
Exactement. C'était de se mettre au même niveau. Et... Et ta deuxième question était, comment est-ce qu'on fait pour mobiliser autour de nous tout un écosystème ? Puisque Paris 2024, ce n'est pas que le Cojo, c'est des partenaires privés, des partenaires publics, tout un ensemble d'institutions, voire d'acteurs autour de nous. Je pense qu'à partir du moment où on avait défini notre ligne stratégique, qui était faite un peu sur cette tonalité festive, ça nous a permis d'aller les voir et de leur faire une offre qui était différente. En fait, ce projet devait être plaisir pour tout le monde. Il devait être un peu une parenthèse. Et il était aussi, pour ces acteurs-là, ça leur permettait de parler différemment de leur sujet ou de prendre des paroles avec des tonalités différentes. Et donc, nous, on essayait de leur rapporter ça au final. On frappait à leur porte en leur disant, voilà, on a une idée. Il y a peut-être quelque chose qu'on pourrait faire ensemble. Et on partait du message, toujours. On est des acteurs de com, donc on part du message. Et on essayait de voir si on n'avait pas un message commun. Et si on avait ce message commun, à ce moment-là, on réfléchissait ensemble à un contenu. Et nous, ensuite, on pouvait arriver avec la mascotte, on pouvait arriver avec notre tonalité, avec nos assets qui apportaient pour eux une couleur un peu différente. Et donc, à partir de là, c'est ce qu'on appelait nous la cross-post-production. C'est-à-dire qu'on partait du principe, parce qu'au même titre que les plateformes permettent de collaborer, oui, à condition qu'on ait co-pensé et co-produit le contenu. Je me souviens, des fois, il y avait pas mal d'acteurs qui, au début, après, on leur a fait comprendre la manière dont on fonctionnait, qui travaillaient tout seuls dans leurs coins, qui venaient nous voir en nous disant Tiens, est-ce que Paris 24 pourrait faire un retweet ou un repost ? Et on leur répondait non. On disait qu'on n'est pas le McDrive du retweet. C'est-à-dire que non, parce que nous, on essaie d'avoir une ligne édito. Par contre, on a des messages communs, on a des choses à dire ensemble. À ce moment-là, on se met autour d'une table, on pose le message et on voit comment, de concert, on peut trouver la bonne approche. Et on sortait des silos de chacun et ça nous permettait d'avoir des contenus qui pouvaient être plus forts. Je donne un exemple très concret. Quand il y a la vasque qui se lève... Eh bien, on prend attache avec nos amis du musée du Louvre avec qui on travaillait bien et on leur demande, est-ce qu'on ne peut pas avoir un accès au toit du Louvre ? Et on fait venir un créateur et comme ça, on a un regard unique. On a fait ça avec l'Arc de Triomphe. Quand on a un enjeu de sécurité avec pas mal de peur, j'ai envie de dire, qu'il fallait rassurer les Français, on demande à la préfecture de police de Paris, tiens, il y a peut-être un truc à faire ensemble. On amène la mascotte, on la met sur un bateau de la brigade fluviale, elle remonte la Seine et on montre que la Seine est sécurisée. Et ils nous ont suivis. Et on l'a fait ensemble. Et résultat, un message sérieux, mais une tonalité très social media qui a permis en fait de répondre à un message de com.
- Speaker #0
C'est d'ailleurs cette histoire. Il y a deux choses qui me viennent en t'écoutant. C'est la cérémonie d'ouverture, mais je vais te le proposer après. Mais d'abord sur cette mascotte qui avait fait beaucoup parler en amont. Et ça revient à une question. Est-ce que vous avez dû faire face à des bad buzz, à des good buzz ? de buzz, bad buzz, et notamment sur la mascotte, elle a été très décriée par les Français pour finalement être absolument adorée. Je crois que c'est un énorme succès commercial.
- Speaker #1
Elle est devenue culte, en effet. Sur la mascotte, petite parenthèse, c'est vrai que quand on la sort, il y a cette histoire du clito qui prend toute la conversation. Nous, avec du recul sur les réseaux, je pense qu'on a peut-être fait un peu une erreur. On avait anticipé, on avait même prévu un petit message qui était de dire t'as l'esprit mal tourné et puis on le lance. Ce contenu Et in fine, on voit quelques messages qui apparaissent sur le clito. On tente de la petite blague, la petite parade qu'on avait essayée. Et au final, la parade ne fait rien et ça devient assez massif. Et on a pris, en effet, pas mal de choses.
- Speaker #0
Et donc, un petit conseil, on laisse filer. On dit don't feed the troll je crois.
- Speaker #1
Oui, on a laissé filer. Il y a eu après, par contre, une autre stratégie de communication où il y a eu un brut avec le DA Joachim Rensin qui est revenu en disant si les Français ont appris ce que c'était, Un clito, à ce moment-là, c'est une bonne nouvelle. Et donc, ça a permis déjà d'apaiser un peu le débat. Et puis après, ça nous a fait évoluer sur nos autres reveals. Quand on a fait le reveal des pictos, à ce moment-là, on a essayé de mieux maîtriser la conversation et mieux maîtriser l'amplification. Ces pictos, par exemple, on les reveal, nous, sur notre compte, et on avait invité l'ensemble des fédérations nationales et internationales de sport à révéler leurs propres pictos de leurs propres sports. Et en faisant ça sous notre poste, Ça a fait que la conversation un peu négative n'a pas existé et qu'on a amené sous notre poste très rapidement l'ensemble des communautés sportives qui, elles, étaient positives. Donc, ça nous avait fait revoir un peu notre manière de procéder, cette mascotte. Mais pour finir sur la mascotte, après, on a utilisé la mascotte dans certains délires et on s'est lâché de plus en plus. Complètement. On lui a fait atterrir un avion Air France, on l'a mis en direct sur France TV, disons bref. Et puis... partout, elle a fait quelques délires qui ont participé à ce personnage-là. Mais avec du recul, je pense que ces objets-là, à cette de marque, que ce soit un logo, ou on avait eu aussi quelques critiques, que ce soit une mascotte, en fait, quand tu les lances, c'est des objets de design et il y a le j'aime, j'aime pas. C'est pas beau. Mais donc, il faut presque laisser faire. Et en fait, ces objets vivent par rapport à ce que tu vas mettre à l'intérieur. Ils vont être des points de cristallisation d'émotions, ou d'histoire et de narration. Et en fait, plus tu, derrière, tu vas réussir à montrer ce qu'elles sont et plus au final, si tu as réussi et si ce que tu mets à l'intérieur, c'est fort, eh bien, elles prendront leur place dans la société. Ça a été la même chose avec FootX. Oui. Oui, c'est vrai. Donc, ces objets-là vivent par rapport à ce qu'on en fait. Il faut presque se dire au début, je ne dis pas que c'est condamné à un bad buzz ou à quelque chose de négatif, mais il faut presque se dire que ce n'est pas le principal. On les lance, les gens réagissent et derrière, très vite par contre, On essaie de leur donner une incarnation, un rôle, une narration. De la substance,
- Speaker #0
en fait. Exactement. Et je crois que tout le design graphique, il me semble, c'est la personne qui avait fait le Je suis Charlie, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Ça, c'est génial. Quand j'ai appris ça, je trouve que d'un coup, on regarde les choses complètement différemment et avec un a priori beaucoup plus positif. C'est vachement intéressant. Bon, on parlait de Bad Buzz. Il y en a eu d'un certain côté de l'échiquier politique sur la cérémonie d'ouverture. Comment on gère, d'un point de vue social-média, cette cérémonie d'ouverture ? Quels ont été les retours sur le moment et les retours après ? Comment on gère ça ?
- Speaker #1
Alors, en règle générale, nous, on a appris au comité, il ne faut pas confondre entre guillemets bad buzz et polémique. Il y a des choses qu'il faut laisser, il y a du débat. Et nous, notre rôle, c'était de faire en sorte que le débat positif soit toujours supérieur au négatif, en fait. On a très vite opté pour ce que j'appelais la stratégie de la goutte d'eau. C'est-à-dire qu'il ne faut pas... Et j'ai évolué de ce côté-là. Pour être très transparent avec toi, quand je sortais du gouvernement, je pensais que justement, il ne fallait pas laisser tout dire sur les réseaux sociaux. Comme dans un bras de fer, il faut avoir le bras un peu dur. Autrement, si tu as le bras mou, tu perds toujours. Et j'en suis un peu revenu parce que malheureusement, aujourd'hui, il y a une certaine dérive qui fait que si tu essaies de contre-attaquer, tu prêtes le flanc à une autre critique qui va encore plus s'amplifier. La stratégie de la goutte d'eau, elle ne marche pas pour tout le monde. Elle marche selon un peu la polémique ou autre. C'est-à-dire qu'en fait, tu ne peux pas attraper de l'eau. Au bout d'un moment, en effet, peut-être que tu as vu, peut-être que tu reviendras par des contenus un peu plus tard qui prendront le contre-pied des points de critique que tu as pu avoir. Mais à un moment donné, tu avances, tu essayes d'être au-dessus de cette mêlée. Parce que si tu te rabaises, souvent, c'est là que tu prends les coups. Tu coules.
- Speaker #0
C'est intéressant pour les marques qui flippent souvent aussi de faire du bad buzz ou en tout cas d'avoir des critiques sur les réseaux sociaux et du coup, qui sont très effrayées par poster sur les réseaux. C'est un bon conseil. Je dis à Thomas Joly qui va évidemment t'écouter et donc nous écouter que c'est un chef-d'œuvre cette cérémonie d'ouverture.
- Speaker #1
Elle l'était.
- Speaker #0
C'était super. C'était incroyable. Est-ce que vous avez mis en place des campagnes médias ? Est-ce que vous avez à des moments soutenu en médias, donc acheté sur les réseaux sociaux ? Est-ce que vous sponsorisez vos posts ? Comment ça se passait ? Ou est-ce que la marque est suffisamment forte ? Tu peux peut-être nous dire aussi quelle est la taille des communautés ? Est-ce que ça représente ? Est-ce que c'est un...
- Speaker #1
Alors, Nous, sur notre partie, donc sur ce que je dirais les contenus du quotidien, on n'avait pas de budget sponso. On avait tenté un peu au tout début pour essayer de recruter. Oui. Parce que voilà, on voyait qu'il fallait un peu lancer la machine. Mais on a vite arrêté. Il y a eu des campagnes sponso, évidemment, pour des grandes campagnes de billetterie ou pour supporter quelques grands moments, quelques grands assets, lancements d'assets de marques. ou pour du licensing. Mais ça, voilà, il y avait des équipes qui géraient ça et qui géraient ça parfaitement. Mais nous, de notre côté, non, on était vraiment en full organique.
- Speaker #0
D'accord. On a été quand même extrêmement exposés au contenu. Comment on crée cette quantité de contenu au quotidien ? Vous aviez des équipes de vidéaste, vous aviez des équipes... Enfin voilà, comment vous vous êtes outillés ? pour venir nourrir avec de la vidéo. Tu parlais de mettre la mascotte sur un bateau. Comment ça se passe concrètement ? C'est vous, vous allez avec vos petits bras ? Oui,
- Speaker #1
c'est vrai. Nous, on a essayé d'internaliser au maximum nos contenus. Je parle des contenus du quotidien. Ces contenus un peu au make qu'on a pu voir parfois qui mettaient en scène soit la mascotte, soit les équipes. En fait, on a recruté des CM et on a fait des créateurs. C'est-à-dire des personnes qui sont capables d'aller à la fois le mot du poste mais de créer aussi l'image qui va avec. Moi, c'est ce que je leur disais, je trouve qu'il n'y a rien de plus dur que ce métier de community manager. Il n'est pas compris, souvent, et c'est à eux de revendiquer un peu leur place. Et leur place, c'est celle des néo-communicants, des personnes qui font un acte de communication. Et donc, on a essayé de faire en sorte qu'ils maîtrisent les deux. Donc, on a créé par nous-mêmes la plupart de nos contenus et par moments, on prenait le soutien de personnes extérieures et autrement, on essayait de mobiliser aussi des talents. ou alors on essayait d'avoir des personnalités ou des personnes qui travaillaient un peu pour nous. Mais beaucoup d'homemade.
- Speaker #0
J'allais venir justement sur l'influence, ce qu'on appelle l'influence ou les influenceurs. Bon, j'imagine que les sportifs, c'est quand même, qui ont des belles communautés, sont les meilleurs influenceurs. Comment vous avez réussi à les embarquer ? Est-ce que vous les avez utilisés ? Comment ? Et est-ce que vous aviez fait appel à des influenceurs extérieurs ? On pense quand même à ce qu'avait fait Snoop Dogg, qui a été quand même... absolument incroyable et presque une mascotte en lui-même de la délégation américaine. Mais au-delà de ça, comment ça s'est passé avec les personnalités extérieures qui peuvent relayer les messages ?
- Speaker #1
Alors, on avait une direction de l'influence très performante qui a réussi vraiment à mobiliser énormément de personnes. Moi, sur notre partie à nous, sur les réseaux sociaux, en effet, on a essayé de mobiliser de temps à autre plus des personnalités que des créateurs, je dirais. D'accord. Je te prends un exemple très concret. On a essayé de donner nos canaux, de les ouvrir. Parce qu'on avait un slogan, Ouvrons grand les Jeux Donc, il fallait qu'il y ait une matérialité un peu à ce slogan. Et quand on avait surtout des journées olympiques, des journées paralympiques à faire vivre, c'est là où on a utilisé Artus pour les journées paralympiques, Akinji Mili pour la journée olympique. Parce qu'on partait du principe qu'en fait, ces journées-là étaient compliquées sur les réseaux sociaux à faire vivre. Et c'est un peu comme tout événement. Je trouve qu'il y a une sorte d'injonction paradoxale dans les événements. pour tous les community managers, c'est-à-dire qu'on vous demande de partager un événement à des gens qui n'y sont pas. On vous demande de dire, de montrer aux autres comme c'est génial à des gens qui, en fait, sont chez eux sur leur canapé ou en train d'attendre un bus. Et je trouve qu'il n'y a rien de plus frustrant. Oui. Et tant qu'on n'aura pas compris qu'en fait, la promotion d'un événement, ce n'est pas mettre quelqu'un dans une cabine de commentateurs qui raconte, mais c'est plutôt mettre quelqu'un à côté qui ambiance et qui amplifie cet événement. Donc tout ça pour dire que nous, très vite, on s'est dit qu'il faut créer nos propres narrations quand il y a ce genre d'événement. Et on faisait appel à des personnalités pour avoir notre propre petite histoire qui soit une histoire qui se consomme et qui, au final, fasse passer nos messages tout en étant intéressante pour ceux qui n'y sont pas. Et c'est comme ça que, sur les journées paralympiques, on avait invité Artus et Artus s'essayait au sport paralympique. Et c'était drôle et c'était vraiment marrant à regarder. La même chose avec Hakim Gemini. Et in fine, notre message... qui étaient les Français ou les Parisiens essaient les sports des Jeux, eh bien, ils passaient. Et les gens qui le regardaient passaient un bon moment. Et donc, voilà, c'est comme ça qu'on a à chaque fois essayé d'utiliser une personnalité. Quand on voulait avoir une incarnation, on essayait de trouver la bonne personnalité qui nous permettait d'aller un peu plus loin.
- Speaker #0
Et un Snoop Dogg, comment c'est vécu ? Parce que c'est un peu soudain, cette histoire.
- Speaker #1
C'est vrai qu'on était pas trop grands, on voit Snoop Dogg arriver, comme tu disais très bien tout à l'heure, il était une véritable mascotte. Nous, à ce moment-là, on a couru après Snoop Dogg en se disant qu'il faut qu'on arrive à faire la photo avec Snoop Dogg. Donc, on a essayé de contacter ses équipes. C'était vraiment, entre guillemets, notre premier objectif sur notre tableau de chasse. Alors, on a réussi, mais la photo est un peu ratée, malheureusement, parce que ça s'est fait rapidement.
- Speaker #0
Comment tu vois leur stratégie là-dessus ? C'était pensé, tu penses ? Ah oui,
- Speaker #1
oui, oui. D'accord. Ils ont véritablement pensé. Ils l'ont essayé. C'était un coup. Écoute, personnellement, je suis assez partagé. Je ne suis pas... En effet, c'était bien vu, tu avais Snoop Dogg, mais à la fin, il y avait un côté peut-être trop mascotte. Oui. Voilà. Une mascotte, c'est une mascotte. C'est un personnage comme ça, comment dire, à la fois un peu enfantin, objet. Et là, le fait que Snoop Dogg... deviennent presque cet objet, presque à la fin, je trouve un côté un peu, moi, perso, un peu gênant. Ça allait un peu, voilà.
- Speaker #0
Ils préparaient la transmission, en plus,
- Speaker #1
avec le sort de la transmission, voilà.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, comment tu as observé ce qu'ont fait les autres délégations ? Vous aviez une veille particulière sur tout ce qu'ils faisaient, j'imagine, ça remontait dans tous les sens. Comment ça se gère, ça ? Est-ce que vous avez des discussions aussi avec eux ?
- Speaker #1
Alors, on a essayé d'avoir des discussions, même on en a eu, de toute façon, on a essayé de travailler avec tout notre écosystème. On avait des boucles WhatsApp où on essayait d'échanger, on partageait aussi des cross-posts ou autre. On a essayé vraiment de fédérer la communauté. Il faut savoir que nous, un de nos premiers points, c'est de dire qu'il n'y a pas que nos contenus qui comptent. Au contraire, c'est toute la conversation autour des jeux qui est intéressante et importante. Et c'est celle-là qu'il faut valoriser. Et on ne regardera pas nos jeux au regard de nos propres chiffres, mais au global de la conversation. Donc on essayait en effet d'avoir des actions et créer des ponts avec l'ensemble des communautés. Ensuite, sur la veille, en effet, on avait un service de veille. mais qui lui était très structuré sur l'ensemble des actualités, qui remontait ça, qui les catégorisait. C'était vraiment en cas de crise ou de sujet un petit peu négatif ou des signaux faibles. Mais autrement, pendant les jeux, on ne regardait pas trop ce que faisaient les autres. On avançait vraiment dans notre ligne, on essayait de tenir notre ligne de contenu, parce que un, tu n'as pas le temps. tellement de choses à faire que tu n'as pas le temps de regarder les autres.
- Speaker #0
Et puis c'est toi la locomotive aussi. Oui, c'est ça, c'est toi la locomotive.
- Speaker #1
Exactement, il faut rester focus sur ton plan. C'est un peu comme... Comme on disait, nous les Jeux, c'était un peu qu'un genre de compétition. Et on était entre guillemets comme des athlètes à notre niveau. Donc il y avait la problématique de il fallait tenir physiquement, il fallait tenir émotionnellement, il fallait que le groupe vive et puis il fallait...
- Speaker #0
quand tu as un plan de jeu en fait il faut le maintenir et alors évidemment tu peux bouger des curseurs et on faisait tous les matins des points avec l'équipe où on remettait quelques curseurs mais tu peux pas radicalement changer toute ta stratégie et bien justement c'était quoi en live la stratégie digitale donc là on est ça y est la cérémonie d'ouverture c'est parti ça va durer 15 jours est-ce qu'il y avait des différences d'ailleurs est-ce qu'il y a eu des différences avec les paras tu peux nous raconter un petit peu ça alors La stratégie qu'on avait pour Paris 2024, elle part de deux parties prises, qu'on a compris en fait à Tokyo quand on a été couvrir les Jeux là-bas. Le premier parti pris, c'était de dire, on l'a vu, les Jeux, c'est une conversation mondiale énorme. Tout le monde parle des Jeux. Tu as les athlètes, tu as les comités olympiques nationaux, internationaux, tu as le CIO, tu as les médias, la conversation, elle est mondiale. Et donc, quelle est la place de Paris 2024 dans cette conversation ? Et là, très vite, on s'est dit, nous, on doit parler de nos Jeux. Tout le monde parle des Jeux Olympiques et Paralympiques, mais personne ne va parler de Paris 2024, de cette édition. Donc déjà, premier point, c'était de dire, nous, on va parler de nous. Et ce que je te disais tout à l'heure, ce sont des canaux de communication. Donc on est un outil au service du projet. Qu'est-ce que le projet veut dire ? Et une fois qu'on avait nos messages, à ce moment-là, on avait déjà notre propre narration qu'on voulait mettre en avant. Le deuxième point, le deuxième grand parti pris, c'était, si je te mets au défi de me citer un tweet ou un post des réseaux sociaux des grands événements sportifs passés, Tu ne vas pas m'en sortir, tu ne vas pas me dire, je me souviens, tiens, émoji bras fort, bravo Kylian Mbappé, hashtag Coupe du Monde 2022. Tu vas me raconter des images. Tu vas me dire, tiens, je me souviens de Macron en 2018 quand la France gagne la Coupe du Monde, qu'il lève le bras dans la tribune. Je me souviens de la réaction de Mbappé quand Kaye ne rate son pénalty. Bref, tu vas me raconter des images. Pourquoi ? Parce qu'en fait, quand tu es petit, les histoires qu'on te raconte, toi au début, tu n'en retiens que les images. Et les images sont un vecteur. de postérité, d'émotion et de narration. Elle structure en fait le discours. Et donc à partir de là, on s'est dit sur les réseaux sociaux, on fait quoi ? On colle des images à longueur de journée, des images statiques, des images animées, mais on est des colleurs d'images. Donc à partir de là, on s'est dit, l'image est importante. Une fois qu'on avait ces deux convictions, à savoir on va parler de Paris 2024, on va essayer d'avoir nos propres images, on a mis en place ce qu'on appelait le plan de jeu. Et ce plan de jeu, et là encore c'est à Tokyo qu'on a compris, je me souviens d'une... d'une image sur Getty du plongeur d'aisselle et en train de tricoter. Nous, on avait pris cette image sur Getty, on l'avait postée en disant French Tricot. Le CIO avait repris cette même image et avait posté Il se détend La Fédération Internationale de Natation avait pris cette même image et avait tweeté Ça doit lui faire du bien Bref, et là, on a réalisé qu'en fait, on prenait tous les mêmes images. mais qu'on les commentait différemment par rapport à nos enjeux de communication. Et donc, on s'est dit, il faut qu'on ait nos propres images, il faut qu'on ait nos propres photos. Et à partir de là, on a construit toute notre stratégie qui était d'avoir nos propres photographes, nos propres créateurs sur site pour avoir nos propres angles. Et sur ces angles-là, le parti pris, c'était de dire une photo de presse n'est pas une photo RS. Ce n'était pas de cannibaliser le métier des photographes, au contraire. Mais c'était de chercher un angle différent. Là où se mettait le photographe Getty, nous, on essayait d'être ailleurs. On essayait d'être en tribune parce que ce qu'on voulait montrer, c'était un triangle, un triangle qui portait en fait notre communication, qui était le sport, les sites, Paris, la France et le public. Parce que c'était le retour du public après les Jeux de Tokyo et les Jeux de Pékin et qu'il y avait aussi ces carrés des supporters qui ont mis une ambiance de dingue. Et donc, nos photographes ou nos créateurs avaient pour objectif de jouer avec ce triangle. Et sur les paras. on a un peu changé le triangle qui est devenu un carré en rajoutant la dimension handicap parce qu'on partait du principe que si nous on ne le montre pas, si nous on montre qu'on en a peur, on respecte pas en fait le message qu'on veut parler or le handicap est l'attribut du sportif, c'est lui qui explique la performance et donc n'ayons pas peur de montrer une prothèse, n'ayons pas peur de montrer un fauteuil et donc voilà et donc on a envoyé nos propres créateurs on avait choisi tous les jours 4, 5 en fait qui nous paraissait intéressant parce qu'on avait anticipé on pense qu'on pouvait anticiper l'émotion parce que il ya soit un grand athlète qui avait rendez vous avec l'histoire teddy reiner armand duplantis simon bals et là tu sais que la conversation va être forte soit comment dire une épreuve iconique des jeux le 100 m le café le 4 x 400 la course de vélo et donc à partir de là on avait identifié ce qui nous intéressait par jour et on envoyait nos créateurs sur ces épreuves là et on a fait des choix parce que Le problème des réseaux sociaux, mais déjà, c'est qu'il y avait tellement de choses à dire, tellement de médailles. Si tu ne choisis pas, tu ne maîtrises plus ta narration. Et en faisant Ausha en amont, ça nous permettait d'essayer de créer les conditions, d'avoir les images que l'on voulait montrer pour porter le projet. Tu vois, par exemple, il y a cette photo magnifique de Bilal, rue Lepic, comparée à un tableau de monnaie. On savait qu'en fait, on voulait une photo comme ça. Et donc, ça avait été identifié, l'angle. Et donc, il a sonné, il a demandé, est-ce que je peux monter ? Est-ce que je peux me mettre sur votre balcon ? Et on a fait cette image-là. Donc il y a plein d'images comme ça, on savait au début ce qu'on voulait parce que ce seraient nos marqueurs. Nous on connaissait notre projet, on savait ce qu'on voulait dire, et derrière tout notre jeu a été de créer les conditions d'avoir ces images. Ce que je te disais tout à l'heure, tu vois le Louvre pour avoir la vasque qui se levait, on savait que la vasque allait se lever là, et on a cherché derrière tous les angles possibles et inimaginables.
- Speaker #1
Alors ça me fait d'ailleurs penser à une chose, vous étiez au cœur de plein de secrets aussi. Ce n'était pas trop dur à porter ça, parce que ça me fait penser avec ton histoire de base, pardon, on revient un peu en arrière là-dessus.
- Speaker #0
Alors, chez Paris 4, les secrets étaient très bien gardés, et on l'était peu et au dernier moment en fait. Mais ça suffisait pour très vite pouvoir réagir et avoir quand même un temps d'avance. Il y a plein de choses qu'on a découvertes aussi, nous, au fil de l'eau. Et c'était ça aussi, c'est ce qui a permis derrière d'avoir... cette magie et que les secrets tiennent jusqu'au bout.
- Speaker #1
Oui, et puis aussi presque de susciter certainement votre émotion aussi de la révélation, parce que si vous aviez été très en amont au courant. J'aimerais bien qu'on parle des marques. Comment ça s'est passé ? Tu parlais de Crosspost, etc. Les marques ont joué le jeu, les partenaires majeurs. Comment ça s'est passé,
- Speaker #0
le dialogue avec elles ? Écoute, à partir du moment où ils avaient compris cette philosophie que j'évoquais un peu du Crosspost Production, Il faut savoir que dès janvier, on leur a envoyé un formulaire en leur demandant qu'est-ce que vous voulez dire de votre poste d'arrière avec les Jeux ? Est-ce que vous voulez parler de votre savoir-faire, de vos activations, ou alors des Jeux paralympiques ? Et donc, ils nous ont envoyé tous leurs plans, toutes leurs idées. Et à partir de là, on a tout mis sur la table et on est revenu vers eux en disant tiens, ça c'est intéressant, on pourrait le faire ensemble.
- Speaker #1
Vous avez relié quoi. Voilà.
- Speaker #0
Je vous prends un exemple concret. Il y avait un partenaire qui a installé les piscines. À ce moment-là, on s'est dit, tiens, il y a peut-être un truc à faire ensemble. Si tu filmes les installations, nous, on récupère les images, on fait un cross-post, il part de chez nous, et c'est parti, et ça a fait des millions de vues, et on l'avait mis en cross-post, donc lui, il avait eu un contenu comme celui-là. Et donc voilà, on avait essayé d'être très tactique, en fait.
- Speaker #1
D'accord. Et ça représente combien de milliards de vues ? Tu le sais, in fine ?
- Speaker #0
Alors, nous, au global, pendant les Jeux, on a fait 2,5 milliards de vues. Donc, du moment où la flamme est arrivée en France... D'accord. au moment où elle s'est éteinte après les Jeux paralympiques. On ne s'était pas donné d'objectif chiffré. Parce que déjà, on s'est dit, de toute façon, on se barre, donc on compte à rendre. Parce qu'on ne voulait pas rentrer aussi dans cette pression du chiffre. Il y a malheureusement, des fois, sur les réseaux sociaux, un peu, tu sais, ce quantitativisme qui fait qu'en plus, la réponse, elle est mathématique. C'est-à-dire, il suffit juste d'accélérer pour faire les chiffres. Si je me mets à poster toutes les 30 secondes, je ferai plus que si je poste une fois toutes les 10 minutes. Donc, que... on s'était fait un éthique donc 2,5 milliards ce qui pour nous était au-delà quand même on l'avait quand même imaginé un peu mais au-delà fois d'autres j'étais parti plus sur voilà le milliard je trouvais ça bien et là 2,5 milliards on a un écosystème qui a doublé en termes d'abonnés il est passé de 3,6 millions à 8,6 millions d'accord plus que doublé on avait 11 000 postes un taux d'engagement à plus de 7% voilà tous les indicateurs étaient quand même assez forts et là je te parle que des comptes de Paris 2020 si je compte à côté, disons tout ce qui a été fait. C'est assez énorme.
- Speaker #1
C'est énorme, oui. Pour finir, est-ce qu'on peut parler de l'héritage ? Pour toi, pour les équipes, vous avez tous quitté vos fonctions. Oui. Est-ce qu'il n'y a pas un J au blues ?
- Speaker #0
Un petit peu. C'est un peu cette... Là, on est tous un peu en train de vivre, c'est comme si tu as été largué. Tu as vécu un été magnifique, une idylle, c'était magique et puis voilà, on va arrêter là. Alors tu le savais que cette histoire ne pouvait pas durer. Mais voilà, il faut un peu s'en remettre parce que, un, tu montes tellement haut en termes d'émotion que derrière tu redescends. Alors moi j'avais un peu vécu ça parce que j'avais fait des campagnes présidentielles, mais là force est de constater que l'émotion, le curseur émotion était quand même très très très haut. Donc, il y a un peu ce blues, comme tu dis. Je te rassure, on ne passe pas nos journées à regarder. Mais la semaine, il nous vient dessus. On mange des pop-corns sur un canapé. Non, non, non. Mais on aime des fois se retrouver, repartager un peu ces moments. Et puis, on sent qu'on a besoin aussi tous, le besoin de faire le point aussi avec nous-mêmes pour passer à autre chose. Voilà, ça fait partie. On a un petit deuil à faire.
- Speaker #1
Dernière question. S'il fallait retenir un message, quelque chose que tu as appris ou qui te reste des Jeux Olympiques et Paralympiques, ça serait lequel ?
- Speaker #0
Je trouve que, et je l'évoquais un peu tout à l'heure, les réseaux sociaux sont une matière qui ne sont pas encore véritablement comprises. Et il faut que le CM, en fait, lève un peu les épaules, réhausse, disons, réhausse les épaules et lève la tête et explique ce qu'il fait. Je trouve qu'en communication, on ne rêve que d'une chose, c'est de parler directement aux gens. Et ces canaux le permettent. Or, aujourd'hui, le CM passe souvent pour un peu un gratteur de buzz, pour une sorte de clown, un amuseur de timeline. Alors qu'en fait, c'est lui qui peut avoir les clés. Mais pour ça... Il faut qu'il revendique sa place, qu'il revendique son expertise, parce que c'est un métier compliqué, c'est un métier difficile, maîtriser l'image, maîtriser le texte. Et donc moi, c'est un peu ça que je retiens professionnellement, c'est que je trouve qu'on a une matière qui est magnifique et qu'il faut la valoriser, ne serait-ce que pour tous ces gens qui au quotidien y participent, à une seule condition. Ces canaux sont exceptionnels, et une seule condition, c'est qu'on n'oublie pas que ce sont des outils de communication. D'abord le message avant tout, ne pas se laisser griser, ne pas rentrer dans le buzz facile. On connaît en fait le problème de ces plateformes. On pourrait mettre tous les jours une photo de chaque, ça marquerait. Il faut refuser ça. Et à partir du moment où je pense que toute, pas la profession, mais presque, commence à avoir cette rigueur, à ce moment-là, elle aura la reconnaissance qu'elle mérite.
- Speaker #1
Bon, c'est un bel hommage à tous les CM qui vont nous écouter et on les remercie.
- Speaker #0
Allez-y !
- Speaker #1
Et c'est toi que je remercie beaucoup, Philippe, pour ces coulisses, l'explication de ton métier, de tout ce que vous avez fait, et puis à travers toi, merci aussi pour tout ce qu'on a vécu aussi grâce à toi, grâce à vous, pendant ces Jeux qui étaient quand même absolument incroyables.
- Speaker #0
Merci à vous, parce que les Jeux, l'objectif c'était que les Français soient là avec nous, mais vous avez été là, et on a quand même passé un bon moment, et ça montre que quand on est ensemble, c'est quand même sympa.
- Speaker #1
Voilà, on reste sur ce très très beau message et ces belles valeurs qui sont passées. Merci beaucoup Philippe, une fois de plus, d'avoir accepté l'invitation de VKast. Et quant à vous, je vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouveau numéro de VCast.
- Speaker #0
D'ici là,
- Speaker #1
mettez-nous des commentaires, des étoiles, c'est ça l'engagement, sur votre plateforme de podcast préférée. Ciao !