- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur le podcast Voyageurs et Expatriés, le podcast qui donne envie de bouger aux quatre coins du monde. Ici, tu entendras des récits de voyageurs et les aventures d'expatriés qui souhaitent partager leur vécu, avec les avantages et les inconvénients de leur pays de résidence. Ils te partageront même des conseils pour t'aider à te lancer. Alors n'hésite plus et pars à l'aventure ! Bonjour chers voyageurs et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous sommes en compagnie de Chloé et Léo qui habitent au Laos pour projet de développer une agence de voyage et aussi un côté associatif. Chloé, Léo, je vous laisse vous présenter.
- Speaker #1
Moi c'est Léo, j'ai 27 ans. Je vais juste vous présenter ce que je faisais avant. Moi je suis ingénieur de formation, j'ai trois diplômes, j'ai même un diplôme de CAP cuisine à côté. Et j'ai travaillé plusieurs années dans tout ce qui est environnement, social, ce qu'on appelle la RSE en entreprise, la responsabilité sociale des entreprises, où le but c'est de réduire les impacts négatifs, de créer des impacts positifs sur l'environnement, sur le social, etc. Et ça fait combien d'années qu'on est ensemble ? Six ans ? Oui. Six ans qu'on est ensemble avec Chloé, mariée depuis deux ans, trois ans, je ne sais plus. Bientôt trois ans. Bientôt trois ans. Oui.
- Speaker #2
Donc moi je m'appelle Chloé, j'ai 25 ans, j'ai fait pas mal de choses différentes dans ma vie même si j'ai que 25 ans. Mon rêve c'était d'être famille d'accueil en France, qu'on a réussi à faire du coup, on était en famille d'accueil pour la protection judiciaire de la jeunesse, et ensuite on a été éducateur dans une association sur Cholet. Mais du coup on habite maintenant au Laos, même si il y a deux ans on m'aurait dit ça, j'aurais dit... Qui est le fou qui dit ça ? C'est pas possible.
- Speaker #1
Surtout que tu voulais pas partir en voyage trop, de base. On est partis en voyage et l'expatriation c'était encore pire. Jamais je m'expatrierais, c'était ces mots. Jamais je pourrais m'installer dans un autre pays, c'est impossible pour moi.
- Speaker #2
Et finalement c'est moi qui ai poussé pour qu'on vienne s'installer au Laos et qu'on vienne aussi rapidement.
- Speaker #0
Comme quoi il faut jamais dire jamais.
- Speaker #1
Oui, c'est clair.
- Speaker #0
Du coup, vous êtes déjà venu au Laos, parce que là, c'est votre deuxième fois que vous êtes au Laos. Est-ce que vous pouvez raconter un petit peu votre premier périple ? Et peut-être certainement ce qui vous a donné le coup de cœur.
- Speaker #1
On est même venu plusieurs fois au Laos. En fait, on est parti pendant six mois. À la base, on partait pour un projet de voyage pour trois ans de souvenirs à travers le monde. On voulait faire l'Asie, la Céanie la première année, l'Afrique la deuxième année, l'Amérique la dernière. C'est à peu près ce qu'on avait en tête, on avait travaillé pour ça, mis de l'argent de côté. Et l'idée c'était aussi de voyager, on voulait le faire sans avion. Quand on est parti, on était fin de la période de Covid, et donc on a commencé en traversant l'Europe. L'idée c'était pas trop de s'arrêter en Europe parce qu'on ne voulait pas dépenser d'argent. On savait que c'était cher et l'idée c'était de tracer le plus vite possible. Et on se disait qu'on le ferait plus tard en camping-car avec des enfants. Il y avait largement possibilité de le faire, c'est ça.
- Speaker #2
Donc on a traversé pendant une semaine l'Europe.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #2
Bus et un train.
- Speaker #1
Très fatigant. Parce qu'au final, on ne posait que des transports. Et puis c'était des transports à la fois de nuit et de jour. Et puis même ça, on ne se posait pas. On est arrivés en Turquie. Parce que l'idée, c'est de rejoindre le continent asiatique. Donc Turquie. C'était combien ? Deux semaines. Deux semaines. Et pays incroyable. Aujourd'hui, on a envie d'y retourner. Parce qu'on a adoré les gens. La mixité dans la culture. L'ouverture d'esprit. Même tout. C'est super beau, on y mange super bien. De la Turquie, on a commencé à avoir des galères. On devait aller en Iran. À la base, on devait traverser l'Iran. Et le moment où on est arrivé en Turquie, ça a été le début d'une manifestation pour Massa Amini, la femme iranienne qui s'était fait tuer. Et donc, c'était pour nous inenvisageable de traverser le pays au vu de l'ampleur que le mouvement prenait.
- Speaker #2
Et même si on avait un petit peu confiance dans notre idée. Les Turcs nous disaient, vous y allez,
- Speaker #1
vous ne sortirez pas. C'est sûr. Ce n'était vraiment pas le moment pour y aller. C'était trop compliqué. Et la complexité en plus, c'était que la Turquie est entourée de pays qui ne sont pas hyper stables. Donc il y a des pays qui étaient fermés, parce que par exemple la Russie avec l'Ukraine, ce n'était plus possible. Pour certains pays, vous ne pouviez rentrer qu'en avion et pas en frontières terrestres ou maritimes. Il y avait aussi la reprise du conflit avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan. Quand on va au Liban, on ne peut pas se passer en Israël. Bref, impossible de passer. Vraiment, il y avait une barrière entre Assez-Nile, là, on ne pouvait plus passer du tout. Ça a été hyper frustrant pour nous parce qu'on se rendait compte que là, on n'était plus en capacité de pouvoir voyager sans avion, en sachant que notre budget était aussi réduit. et on n'avait pas inclus les avions. On est parti avec une enveloppe de 10 000 euros je crois, au total. Sans compter les sacs et équipements.
- Speaker #2
L'idée c'était de travailler dès qu'on aurait eu besoin d'argent.
- Speaker #1
Et on projetait à travailler plutôt si on avait besoin, côté Polynésie française ou tout ça. Ce qui fait qu'il y avait quand même un peu de marge.
- Speaker #0
Oui, pour y aller.
- Speaker #1
Traverser. Là, ce n'était plus possible. Donc ce qu'on a décidé, c'est de prendre un avion pour l'Inde. On avait fait les demandes pour aller du coup, parce que l'idée c'était de passer, normalement on va faire Iran, Pakistan, Inde. Là on sautait, on allait directement à l'Inde. On a fait le visa sur internet. Le visa. Et je l'ai eu moi en deux jours. Et Chloé, ils ont pas retoqué, mais ils ont demandé plus de trucs.
- Speaker #2
En fait, ils ont redemandé le numéro de téléphone de l'hôtel, alors que c'était le même sur celui de Léo.
- Speaker #1
Ouais, ça avait été validé, des précisions sur ce que tu allais faire.
- Speaker #2
avec qui je voyageais et tout ça. Donc, j'ai donné toutes les informations et au bout de dix jours, je n'avais toujours pas de réponse. J'ai explosé mon forfait français en rappelant les ambassades.
- Speaker #1
On était même passé à l'ambassade à Istanbul ou à Ankara pour essayer d'activer les choses et ce n'était même pas possible de faire bouger les choses. Globalement, les Indiens n'étaient pas très aidants là-dessus. En fait, on avait anticipé. On avait pris une dizaine de jours, une quinzaine de jours, parce que c'était ce qui était recommandé. Je crois que la durée, ce n'était même pas une semaine normalement. Normalement, on avait de la marge. Au final, on ne l'a jamais reçu. On a beau se pointer à l'aéroport d'Istanbul pour reprendre l'avion, pour pouvoir partir, en se disant peut-être que ça va tomber dans les dernières heures, ce n'est jamais arrivé.
- Speaker #2
Du coup, on était à Istanbul. Il faut savoir que pour aller à l'aéroport d'Istanbul, il faut prendre un bus, c'est un petit peu long, tout ça. Et on est arrivé là-bas, il dit Allez, c'est bon, ça fait déjà 5 heures qu'on est à l'aéroport, on ne va pas re-rentrer dans la ville d'Istanbul, viens, on trouve un billet pour aller dans un pays où on n'a pas besoin de visa, où le visa, il ne sera pas arrivé. Et c'est comme ça, du coup, qu'on est arrivé au Népal.
- Speaker #1
Je choisis le Népal, alors qu'on n'avait pas préparé. En général, on préparait les pays avant, on regardait ce qu'on voulait voir, on apprenait les mots à chaque fois, un peu de base pour pouvoir communiquer avec les gens, parce que c'était hyper important pour nous de pouvoir communiquer avec les gens. Et là, c'était complètement à l'arrache.
- Speaker #2
Donc, je crois que trois heures après, on était dans l'avion. Enfin, là, on a eu un gros coup de cœur pour le Népal.
- Speaker #1
Ah oui, c'était trop bien. C'était un des meilleurs choix qu'on ait pu faire. Et puis, le pays... Au final, la Turquie nous permettait d'avoir une sorte de transition douce vers des changements sur elle. Et quand on a quitté la Turquie, au final, on est arrivés au Népal, dans la capitale Katmandou. Et là, plus rien à voir. Tout le sang, c'est le bordel partout. Les câbles électriques, c'est n'importe quoi. Il y a des singes, il y a des chlis. Et c'était fou. Ça faisait vraiment le truc, moi, que je rêvais, de ce côté d'épaisement. Et puis, ça reste des images qu'on a d'un ailleurs, de quelque chose, d'une autre civilisation, d'une autre façon de fonctionner, de penser. Et on était vraiment dedans.
- Speaker #2
On a eu la chance d'arriver en plein pendant des festivals là-bas.
- Speaker #0
Il y avait une belle ambiance et une atmosphère où les gens sont très accueillants et vous vous sentiez à l'aise.
- Speaker #1
Ah bah surtout au Népal, on est retrouvé dans le premier hôtel qu'on a fait, on est arrivé, c'était un jeune qui le tenait, alors c'était pas le propriétaire, mais il était complètement bourré, il y avait ses copains en bas, ils avaient bu, enfin vraiment, et il était en un état pas possible pour nous accueillir, et au final, le lendemain on a vachement discuté avec lui, on est revenu deux ou trois fois à cet hôtel, tellement on s'est liés d'amitié, le gars était trop sympa. Et après, le Népal, on a bougé, on est parti en workaway dans les montagnes. On était dans des conditions, là, on est vraiment poussé un peu plus loin, le dépaysement, on était au bord de la jungle, dans une famille qui était des fermiers. Avec le papa et le fils, ils parlaient anglais, mais la maman et la fille, pas du tout. Ils ne parlaient que népalais. Ils étaient dans des conditions qui, nous, nous semblent très précaires. Mais voilà, c'était une maison juste faite de pierres, de terre. Il dormait sur des lits où c'était de la paille et de la planche, etc. Et au final, c'était des personnes qui m'ont été hyper accueillantes.
- Speaker #2
Ces six mois, c'était un petit peu tout un parcours, ce voyage, qui a fait que je pense qu'on a autant accroché avec le Laos parce qu'au fur et à mesure, on n'a pas eu ce choc très brutal d'arriver au Laos et d'arriver dans ce village. En arrivant directement de la France, je pense qu'on n'aurait pas eu les mêmes visions. Mais après avoir vécu tout ça... On a vraiment accouché avec le Laos. Après le Népal, on a été en Inde pendant un mois. On a un petit peu galéré encore avec l'Ibiza, parce que l'Ibiza ne fonctionne pas en Péresse, donc il fallait reprendre un avion. C'était compliqué.
- Speaker #1
L'histoire de passer sans avion a été vraiment impossible.
- Speaker #2
Ensuite, une fois qu'on est arrivés en Inde, ça a été très compliqué, l'Inde. L'Inde a énormément de choses à offrir. Pour autant, on s'est sentis vraiment en insécurité, on s'est sentis persécutés, donc ça a été très compliqué.
- Speaker #1
Persécutés ?
- Speaker #2
Oui, moi j'irais jusqu'à persécute.
- Speaker #1
Ouais, en fait, notre espace vital n'était vraiment pas respecté, que ce soit des photos qui étaient forcées, des gens qui venaient toquer à nos chambres d'hôtel parce que hier, ils t'avaient vu, ils t'avaient déposé en touc-touc et ils t'ont dit demain, si tu veux, je t'emmène, tu lui dis non, tu verras. Et au final, 7h du matin, ils toquent à ta chambre d'hôtel, on y va, c'est parti maintenant, alors qu'on était en train de dormir. Ça a été plein de choses. Il y a eu énormément de trucs, des attouchements, des gens qui m'ont regardé clouer dans le train. En fait, on a adoré l'Inde du point de vue de la nourriture, des rencontres qu'on a faites, ça a été très riche. La société et les rapports sociaux sont excessivement violents et nous, en fait, notre voyage, on le vit et il est excessivement riche et nous rend heureux par les rencontres et par le bonheur que peuvent renvoyer les gens. Et en Inde, on a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de mal à le retrouver. En fait, c'était tout le temps, c'était très violent, les gens, leur comportement, la façon de fonctionner, devoir s'imposer, les gens qui doublent dans les files d'attente, qui... qui entre eux peuvent lever très fort la voix pour juste quelqu'un qui dort à un endroit ou des choses comme ça. Et ouais, c'était trop pour nous, ça a été trop lourd.
- Speaker #2
Et puis on est des gens qui questionnons. C'est-à-dire que quand il y a quelque chose qui nous intrigue, on ne va pas juste se dire Ah bah, c'est différent On va aller rencontrer les gens, on va poser des questions. Et donc il y a des choses sur lesquelles on est tombés, où plein de gens ne vont pas. C'est-à-dire que nous, on a vraiment questionné les mariages arrangés, les mariages arrangés selon la religion. Plein de choses différentes qui ont fait que, même si c'est différent, même si on essaye le plus possible d'être ouvert d'esprit, il y a des choses qu'on n'arrive pas à intégrer et qui sont trop compliquées pour nous.
- Speaker #1
Ça, c'est plus toi. Moi, je n'ai pas vécu ça comme ça. Chloé a eu vraiment… C'était une femme en as, en fait. C'est ça.
- Speaker #0
C'est très compliqué.
- Speaker #1
Et pour moi, ça a été très difficile, plutôt de soutenir et d'être présent pour Chloé, parce qu'en fait, elle subissait tellement que ça devenait lourd même pour nous. Elle était au point où même je ne pouvais plus du tout être présente avec moi, elle était complètement absente, je ne pouvais plus l'approcher. C'était au point où c'était trop oppressant. En fait, dans les régions de l'art, on a fait la zone de Delhi, on est monté à... A Jastan ? Non.
- Speaker #2
A Bois ?
- Speaker #1
À Rédoire, qui est une zone qui est assez connue plutôt sur la partie spiritualité, au bord du Gange. Ensuite, on allait dans le Rajasthan. On a fait plusieurs villes du Rajasthan, qui est plutôt le côté musulman. Et à la fin, on est descendu jusqu'à Cochin. C'est ça, le nom ? C'est le Tirala, qui est un coin super connu en Inde, qui est super joli. Là, c'est des belles plages paradisiaques, des cocotiers partout. Et les gens sont plus ouverts dans le sud, et on a préféré le sud. Au final, le Nord est très conservateur, très nationaliste, conservateur aussi même dans les us et coutumes. Dans le Sud, disons qu'on se retrouve...