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#23 - Thomas TIHY - Les enjeux RH dans un secteur en profonde mutation

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24min |04/11/2024
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Description

En ce mois de novembre, j’ai eu le plaisir de recevoir Thomas TIHY, au micro de WE ❤️ MOBILITY.

Thomas est Adjoint du directeur des Ressources humaines Groupe chez TESCA.



Au programme de cet épisode : 

👉 Les enjeux pour le groupe TESCA, dans un secteur en profonde mutation 

👉 L’importance de la communication RH

👉 L’internationalisation des RH



Qui est Thomas ? 

Découvrez son parcours professionnel en consultant son profil LinkedIn.



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Crédits :

Production : Caroline Treuillard et Marion Letellier

Musique : Amarià - Lovely Swindler

Graphisme : Marion Letellier


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, le premier podcast dédié aux tendances de la mobilité internationale et de la gestion des talents. Chaque premier lundi du mois, je reçois un invité avec qui on va discuter des tendances et du futur de la mobilité internationale, du recrutement et de la gestion des talents étrangers. Moi, c'est Caroline Treillard, directrice générale du groupe Mobility Compliance, acteur incontournable de la mobilité internationale, dans laquelle j'évolue depuis presque 20 ans. Retrouvez-nous sur LinkedIn et Instagram pour suivre l'actualité du podcast et interagir avec nous. Au programme de cet épisode, les enjeux pour le groupe Tesca dans un secteur en profonde mutation, les grands projets RH du moment et la mobilité internationale dans le groupe, peu de MI, mais des mobilités toutes différentes. Bonjour Thomas.

  • Thomas TIHY

    Bonjour Caroline.

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui. Alors Thomas, vous êtes adjoint du directeur des ressources humaines de Tesca Group. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Thomas TIHY

    Avec plaisir, merci pour votre accueil. Moi, je suis dans les ressources humaines depuis une dizaine d'années, et comme vous l'avez dit, je suis à Tesca, qui est une entreprise équipementier automobile. Avant TESCA, j'ai travaillé déjà dans l'industrie, au chantier de l'Atlantique, et je suis issu d'une formation en droit du travail. J'ai fait un master en droit du travail que j'ai complété par un master en management des ressources humaines. Et donc je travaille depuis une dizaine d'années en entreprise, au service des directions des ressources humaines. Et depuis quelques années, donc là depuis cinq ans, je suis enseignant aussi à l'université, j'interviens dans mon ancien master RH, l'IAE Nantes. Je suis aussi intervenu pendant deux ans à l'IES en Vendée au sein du Master RH également. Et là, depuis début 2023, je suis conseiller prud'homme, collège employeur au conseil de prud'homme de Nanterre. Toutes ces activités, ça me permet finalement de lier mon emploi à travers divers environnements. Donc, bien évidemment, mon emploi principal qui est le monde de l'entreprise que je complète avec à la fois cette activité auprès des plus jeunes, des personnes qui aspirent à devenir RH. Et puis également cet aspect juridique, le conseil de prud'homme, c'est... un tribunal, des relations de travail entre les salariés et les entreprises. Et c'est pour moi le juriste que je suis de formation, un très bon moyen de toujours rester en veille et puis de continuer d'apprendre et de mettre au service de la justice en France également mon expérience et ma façon de voir les choses.

  • Caroline TREUILLARD

    Donc ce sont des activités qui sont complémentaires à ce que vous faites principalement.

  • Thomas TIHY

    Tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Est-ce que vous pouvez nous présenter Tesca ?

  • Thomas TIHY

    Alors Tesca Group, c'est donc une entreprise française. Dont le siège social est basé à la Défense. C'est un groupe international qui est composé de plus de 5000 collaborateurs à travers le monde. Nous avons passé la barre des 5000 cette année. Nous sommes présents dans 17 pays, dont deux principaux pays de par l'effectif, qui sont le Maroc et la Tunisie. Nous avons presque 80% de l'effectif dans ces deux pays, puisque nous avons beaucoup de main-d'œuvre. Nous sommes donc un équipementier automobile. Nous fabriquons du textile pour les voitures, donc tout le textile que vous trouvez dans un véhicule, le textile qui recouvre les sièges, mais également à l'intérieur du véhicule. Et nous construisons également les composants du siège, donc pas le siège complet, mais les composants comme l'appuie-tête, l'accoudoir. No us fabriquons et vendons nos produits pour près de 50 constructeurs automobiles à travers le monde, de marques connues européennes que vous avez peut-être, et puis il y a des marques à l'autre bout du monde, plus ou moins méconnues également en Europe. Voilà, et donc Tesca, c'est une entreprise qui existe sous ce nom depuis 2016, puisque c'est une entreprise qui est issue d'une entreprise qui, elle, est plus ancienne et existe toujours, mais qui s'est séparée de ses activités de production textile automobile et composante siège. Donc la marque Tesca existe, mais nous sommes issus d'un outil industriel et d'un savoir-faire qui remonte au 19e siècle, puisque c'était une entreprise également du textile. Et donc voilà, et donc Tesca passe les étapes, puisque quand je suis arrivé en 2019 à Tesca, Nous avions moins de 3000 collaborateurs, on n'était pas forcément présent dans autant de pays, on n'avait pas autant de clients. Et maintenant, comme je vous l'ai dit, on a largement aussi progressé, on s'est pas mal développé.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien, merci pour ces explications. Quels sont les principaux enjeux actuels de l'entreprise ?

  • Thomas TIHY

    Alors les principaux enjeux, ils sont liés au secteur d'activité dans lequel nous sommes, puisque nous sommes un textilien et fabricant de composants de sièges, mais pour quel secteur ? L'automobile. Donc on est totalement liés aux actualités de ce secteur. Ce secteur, c'est un secteur en profonde mutation qui connaît très bien les crises, un secteur très exigeant. Parfois, on dit, j'ai souvent pu entendre dire ça, que quand on est dans l'industrie, qu'on est passé par l'automobile, c'est un peu comme si on était passé, en effet, peut-être, c'est un peu comme un soldat qui serait allé au combat. Il y a la différence entre ceux qui ont été à la guerre et pas à la guerre. Voilà, c'est quand même un secteur avec des coups d'accélérateur, des freins à tout moment, on se prend des coups. Donc, les enjeux, quels sont-ils ? En fait... Nous avons pas mal d'enjeux, c'est-à-dire à la fois, il y a une baisse générale de vente de véhicules dans le monde. Le secteur global n'a pas retrouvé les ventes d'avant Covid. Vous avez tout l'enjeu de la transition écologique, puisque vous le savez, que ce soit les réglementations des pays, mais également les exigences du client, et puis tout simplement l'impératif environnemental. Vous avez tout le sujet d'arrêt du diesel ou pas, passer à l'électrique. Vous avez également l'enjeu de la voiture. de plus en plus autonome, qui peut-être conduira vraiment tout seul de façon plus généralisée. Donc tout ça, c'est les enjeux de ce secteur, mais l'avantage et l'intérêt et la force de Tesca, c'est que nous, étant donné que nous sommes textiliens, nous, que la voiture soit électrique ou qu'elle soit au diesel, finalement, il y a toujours besoin de cet équipement, voire plus, puisque à terme, si on parle d'un véhicule autonome, c'est un véhicule dont le passager a plus de temps pour discuter, profiter de l'intérieur. Et qui dit profiter de l'intérieur, c'est donc, ça sera de plus en plus un salon. Et donc, il faut au contraire que ce soit à la fois confortable, esthétique et que ça plaise au client. Donc, une fois que j'ai dit ça, en fait, quels sont les autres sujets ? Je vous ai parlé de l'environnement, peut-être la transition environnementale, qui pour nous, en effet, a peut-être moins de conséquences en termes d'énergie, je veux dire, que vous utilisez pour le véhicule. Mais en revanche, l'enjeu, parce qu'on est textilien, c'est notamment d'où viennent nos produits ? Sont-ils recyclables ? Est-ce que c'est déjà des produits recyclés ? L'industrie textile en général, c'est une industrie qui est connue pour être assez polluante, que ce soit de par les produits qu'elle utilise, mais également de par ce que l'on peut faire finalement des déchets de cette industrie. Beaucoup de vêtements finalement ne sont pas recyclés, et c'est aussi un sujet pour l'automobile. Donc nous on a cet enjeu-là parce qu'il y a à la fois un enjeu de décarbonation qui est une exigence légale ou imposée aussi par nos clients, et puis vous avez l'enjeu aussi de nos produits, donc l'analyse de cycle de vie, connaître toute la vie de votre produit. Donc il y a cet enjeu-là qui est très fort, et notamment, ça c'est l'enjeu final sur notre activité, mais dans nos enjeux d'organisation, comme je vous l'ai dit, Tesca est une entreprise qui a grandi assez fortement, moins de 3 000 en 2019, plus de 5 000 aujourd'hui, donc on a aussi des enjeux industriels. C'est une entreprise qui continue sa croissance et qui doit essayer de l'accompagner parce que grandir c'est facile, c'est facile, c'est possible. En tout cas, ça peut être aussi compliqué si vous n'accompagnez pas votre organisation, votre management, votre structure, votre outil industriel. Le recrutement, c'est donc que vous devez former des personnes, que vous devez aussi les garder. Donc on a de nombreux enjeux qui va de la transformation numérique. Il faut absolument se moderniser à ce niveau-là. Il faut numériser nos process, numériser nos outils. Et on a aussi l'enjeu de l'international. On est présent dans 17 pays. Vous avez cet enjeu multiculturel, cet enjeu de la langue, cet enjeu de l'efficacité. Donc voilà, de nombreux challenges à relever, que ce soit sur la partie environnementale, transformation numérique, management, organisation.

  • Caroline TREUILLARD

    Et du coup, ça me permet d'aller sur vos grands projets du moment, les grands sujets du moment, ce qui vous occupe là en cette rentrée. Est-ce que vous pouvez nous en parler rapidement ?

  • Thomas TIHY

    Alors moi, donc à titre personnel, j'ai évolué récemment puisque vous avez cité mon emploi actuel, mais j'ai changé de poste cet été. puisque pendant cinq ans, j'étais le responsable RH uniquement pour la France, pour la gestion du personnel français de Tesca. Tesca, donc je vous ai dit 5 000 salariés dans le monde, mais c'était, et c'est toujours, une centaine de salariés en France. Et là, je suis maintenant sur des sujets groupes pour assister le directeur des ressources humaines. C'est un nouveau poste, puisque précisément, l'entreprise continue de se structurer pour accompagner sa croissance. Et donc là, en fait, c'est passionnant, puisque... on va vraiment pouvoir essayer de mettre en place de plus en plus de procédures, de dispositifs RH, pas simplement au niveau des pays, qui est donc forcément localisé, qui est adapté aux droits locaux, qui correspond à la culture locale, mais vraiment avoir aussi de plus en plus de process et de dispositifs RH au niveau groupe. Et notamment deux grands chantiers que je peux vous dire aujourd'hui, puisqu'on est vraiment en cours et bientôt les annoncer aussi en interne à toutes les parties prenantes, c'est en fait la mise en place d'un outil unique au groupe de e-learning, donc de formation en ligne, pour l'ensemble du personnel, et donc outil mondial. Pourquoi ? Parce que précisément, dans un groupe international, que vous soyez au Maroc, en Inde, en Chine ou en France, si vous êtes un commercial, un acheteur, un ingénieur, vous avez certainement besoin d'avoir les mêmes messages, la même formation, la même culture d'entreprise. Donc ça, c'est vraiment typiquement la transformation numérique appliquée au RH. Ça peut paraître anecdotique pour des entreprises qui le font depuis longtemps, mais quand vous êtes dans un groupe de 5000, dans 17 pays, ce n'est pas forcément évident. Donc ça, c'est un beau chantier, de développement des compétences en passant par un outil moderne qui va permettre que où que vous soyez, quel que soit votre fuseau horaire, votre créneau, votre langue, de pouvoir vous former. Et donc aussi d'étoffer la formation. Et puis l'autre chantier intéressant que je connais, puisque j'ai déjà pu participer à le mettre en œuvre dans une entreprise, c'est une enquête d'opinion. Alors ça, c'est quelque chose aussi de très connu dans le milieu RH. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais c'est un très beau sujet puisque ce serait la première enquête d'opinion du groupe Tesca, puisque ce groupe depuis 2016 n'en a jamais fait. Il y a parfois des enquêtes d'opinion locale qui dépendent du service RH local, mais il n'y a pas eu d'enquête d'opinion unique pour l'ensemble du groupe. Et donc là, pour nous, c'est vraiment très intéressant de pouvoir évaluer l'état d'esprit, la mentalité, l'opinion que le personnel a de l'entreprise sur son avenir, sur les choix qu'elle fait. Ça va des conditions de travail, on va pouvoir interroger sur des choses très pratiques qui vont pouvoir alimenter nos plans d'action en général. Mais également, la stratégie, la situation de l'entreprise, qu'est-ce que vous en pensez ? Et ça, en fait aussi, moi qui ai pu mener déjà en place une telle enquête, je l'ai fait dans une entreprise où tout le monde était sur le même site, parlait la même langue. C'était plus simple. Là, on parle, comme je vous ai dit, 17 pays, autant de nationalités, des langues. Il y a quand même cet enjeu-là qu'il faut qu'on puisse organiser. Et c'est vrai que c'est aussi pour ça qu'il était nécessaire que je puisse aider le directeur des ressources humaines pour qu'on ait vraiment plus de ressources en centrale pour le faire.

  • Caroline TREUILLARD

    Et quand on préparait ce rendez-vous, vous m'aviez dit qu'un certain nombre de collaborateurs dans le groupe n'avaient pas accès à un e-mail,

  • Thomas TIHY

    par exemple. C'est ça, c'est l'enjeu. C'est-à-dire que... On a beau être un groupe moderne, forcément, un groupe moderne ne veut pas forcément dire que vous attribuez un ordinateur et une adresse email à tout le monde, surtout lorsque ce n'est pas forcément nécessaire dans votre travail. C'est le cas de beaucoup d'ouvriers, d'opérateurs, de couturiers. Ce sont des populations qui n'ont pas forcément besoin et n'en ont pas. Donc, en effet, il y a cet enjeu-là, c'est-à-dire que là, l'enquête d'opinion, il va peut-être falloir qu'on la fasse en deux temps. D'abord, toutes les personnes qui ont accès à l'adresse email. Et puis, dans un second temps, il faudra qu'on réfléchisse aussi à ça. Puisqu'en fait, l'enjeu aussi, c'est que les réponses soient de qualité, ce n'est pas de... d'avoir un taux de participation pour avoir un taux de participation. Il faut aussi que ces personnels aient aussi le temps d'y répondre. Et puis aussi, c'est une enquête confidentielle, donc on ne veut pas aussi que ce soit sous l'influence des autres collègues, dérangés par les autres, etc. Donc ça, c'est un enjeu.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Alors là, on va parler de votre lien avec l'international. Quand on a préparé cette interview, on a parlé des VIE, qui était une super opportunité dans l'entreprise, et de la personnalisation, l'expatriation. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu comment ça se passe ?

  • Thomas TIHY

    Oui, alors l'international, j'en fais uniquement depuis que je suis à Tesca, donc depuis 2019. Même dans ma formation RH, je n'ai pas eu forcément de spécialisation sur ce sujet. Sujet très intéressant, puisqu'en effet, on retrouve bien sûr des éléments de gestion du personnel que vous pouvez avoir dans un pays, mais vous l'appliquez avec cet aspect, voilà, plusieurs pays, donc des droits différents. Et puis une population spécifique, puisque la mobilité internationale, en effet, elle est naturellement plutôt... éligible à des populations cadres, supérieures, de direction, de responsabilité importante, à forte valeur ajoutée. Donc ça permet en effet d'accompagner des populations pour lesquelles c'est un moment important de leur vie. Ils partent parfois avec une famille, c'est une étape forte dans leur carrière. Donc il faut aussi sécuriser, rassurer tout ça. Et donc en fait, à Tesca, nous avons une bonne dizaine au total de personnes en mobilité internationale. Donc à la fois c'est peu, dans un groupe de 5000. Mais c'est suffisant pour que ça puisse aussi bien nous occuper, puisque finalement, quasiment aucune de ces mobilités est identique. Ce sont soit des expatriations, des détachements, ça peut être en Europe, en Union Européenne ou à l'autre bout du monde. Ce n'est pas forcément la même séniorité, le même type de responsabilité. C'est parfois des célibataires comme ça peut être des familles. Donc c'est vrai que là-dessus, j'ai trouvé ça à la fois très intéressant, puisqu'on essaye quand même d'avoir une politique commune. Il y a des bases communes, un socle commun qu'on a mis en place, que le DRH de Tesca... quand il est arrivé, il lui a fait en sorte de pouvoir mettre en œuvre. Mais en revanche, il y a cette personnalisation qui permet vraiment de pouvoir adapter au mieux possible par rapport aux besoins du service, par rapport au profil des uns et des autres. Donc là, avec ma nouvelle casquette, je reste l'interlocuteur de cette population-là, précisément parce que c'est une population en mobilité, qui a donc finalement deux services RH, le service RH qui la reçoit, le service RH qui envoi, mais entre les deux, il faut quand même une cohérence, il faut quelqu'un qui suive ça, et il faut que ces personnes puissent avoir toujours un lien fort avec le siège social. précisément parce que souvent, le coup d'après, c'est parfois de revenir à Paris ou de partir dans un autre pays. Donc, il faut quand même garder ce lien.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Et sur la partie VIE ?

  • Thomas TIHY

    Alors, les VIE, le volontariat international en entreprise, nous l'utilisons également. Là aussi, nous en avons peu. Je crois que de tête, aujourd'hui, nous en avons cinq. Donc, vous voyez, ce n'est pas nombreux. Mais alors là aussi, on le fait de façon vraiment de manière qualitative. C'est-à-dire qu'on n'a pas d'enjeu d'en prendre beaucoup. naturellement, c'est plutôt en effet des profils de Bac plus 5, ça va être des ingénieurs, ça peut être des jeunes financiers, des jeunes commerciaux, des chefs de projet. Et là, en fait, le VIE, pour nous, c'est un véritable vivier de talent. Alors, le mot talent est parfois galvaudé, mais là, c'est vraiment le cas, c'est-à-dire qu'on essaie vraiment de former et également d'identifier où est-ce que ces jeunes sont aussi les mieux à même de pouvoir ensuite continuer, puisque... L'idée, c'est qu'après un ou deux ans de VIE, si possible, on les recrute. Et vous voyez, depuis que je suis à Tesca, j'ai eu pareil une bonne dizaine, presque 15, je crois, VIE. Quasiment tous ont une proposition de CDI à la clé. Si ça s'est fait ou pas fait, souvent c'est aussi parce qu'eux-mêmes ont fait des changements. On fait des changements de choix, de pays, de métiers ou autres. Mais vous voyez, il y a vraiment cette idée-là. C'est un peu comme l'apprentissage. Où, on l'emplace, on le favorise. Et l'idée, c'est aussi de préparer les futurs cadres de demain. Après un ou deux ans de VIE, on essaye si possible de garder les gens. Et en fait, pour nous, c'est hyper important parce que c'est un pont entre la France, qui est la société mère, et nos filiales. Ça permet vraiment d'avoir un lien parfois plus fort, de passer aussi des messages. Et donc pour nous, c'est une véritable conviction. C'est quelque chose de vraiment… C'est un peu comme des ambassadeurs, finalement. C'est des ambassadeurs, c'est parfois des représentants, c'est une courroie de transmission aussi de certaines informations. Et pour eux, c'est sûr que c'est un dispositif… vraiment adapté, c'est assez simple de mise en place quand on compare à une expatriation. C'est bien cadré par l'État, par les gouvernements. Et puis, ça sécurise même la relation de travail, puisque il n'y a pas de discussion sur la nature juridique du contrat. C'est très encadré, c'est très clair.

  • Caroline TREUILLARD

    Ça permet de fidéliser les collaborateurs.

  • Thomas TIHY

    Et c'est ça, tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Si on en revient au point RH, faire plus un focus RH, quel conseil donneriez-vous à un jeune qui prend un poste aujourd'hui en ressources humaines ?

  • Thomas TIHY

    Alors, cette question, en effet, c'est... Je la connais bien, puisque notamment dans le master auquel j'interviens, j'ai notamment une intervention là-dessus, qui est vraiment ses conseils de début de carrière sur comment se positionner. Alors, bien sûr, vous ne vous positionnez pas de la même façon si vous aspirez à des postes plutôt de technicien ou d'exécution RH, ou des postes vraiment de responsabilité RH à terme. Moi, je pense qu'il y a un vrai sujet, c'est qu'il faut vraiment organiser et bien définir quelles sont vos convictions. ce que vous souhaitez apporter à l'entreprise, quelle est votre conception de la fonction RH. Certaines personnes, vous le savez, beaucoup de gens, c'est une fonction qui est très décriée, pas forcément très populaire, parfois très méconnue, et là-dessus on le comprend, mais il est vrai que les gens ont tendance à réduire le RH. Alors soit d'un côté c'est la nounou, l'assistant social, soit c'est les grands méchants, toujours du côté des patrons. En fait, ce métier, moi, je l'ai découvert un peu par hasard. J'ai découvert ça par le droit du travail, j'ai découvert ça par mes expériences en entreprise. Jamais à l'issue du bac ou en première année de droit, j'aurais pensé de venir, aller aspirer à des postes de RH. C'était pas une vocation ? Pas du tout, et finalement, ça l'est devenu, parce que j'ai trouvé vraiment que c'était un très bon moyen de concilier des compétences qui sont techniques, que ce soit juridiques, administratives, de gestion des personnels. et puis également accompagner la stratégie, une politique d'entreprise, être au service d'une organisation. Et voyez, un des éléments qui, pour moi, contribue parfois à une forme d'impopularité des RH, c'est le fait que les ressources humaines ne font pas forcément assez savoir ce qu'elles font. Ce ne sont pas des experts en communication. Et moi, c'est le grand conseil, c'est-à-dire qu'un projet, quel qu'il soit, RH ou pas RH, mais en l'occurrence, on parle des ressources humaines. il doit être considéré comme terminé une fois que vous avez aussi fait votre communication qui va derrière. Il faut faire savoir à vos parties prenantes, ça va des syndicats, des représentants du personnel, des managers de votre comité de direction, mais également l'ensemble des personnels. Alors bien sûr, à la hauteur de l'information dont ils ont besoin, je ne dis pas qu'il faut noyer les gens, la bonne communication ce n'est pas ça, mais vraiment pour moi il y a un enjeu de com'interne, il faut prendre en main la communication interne en général, qui parfois est délaissée à d'autres services, comme le service communication et d'autres. Parce que précisément, on dit, ils savent faire, ils ont le temps. Ils savent peut-être faire, ils ont la technique, mais ils ont les outils, mais les messages, ça doit être des messages qui doivent venir de la direction des ressources humaines. Je pense que ça répond à votre question.

  • Caroline TREUILLARD

    Absolument.

  • Thomas TIHY

    Mais vous voyez, il y a aussi un autre aspect important, c'est de faire attention à toutes les modes RH. Et c'est ce que je vous disais avant cet entretien. Aujourd'hui sort dans l'Express tout un article, une interview de Julia de Funès, qui est de plus en plus connue dans le métier. RH qui est philosophe, et vous voyez, ça pour moi c'est très intéressant, c'est souvent ce que je conseille, c'est-à-dire qu'il faut quand même questionner les modes au niveau RH, et précisément, ce que l'on voit, c'est qu'au bout du bout, les personnes qui peuvent aspirer au poste la plus grande responsabilité, c'est souvent celles qui prennent aussi ce recul, qui ont la culture générale qui leur permet aussi, indépendamment de toutes ces modes RH, de toutes ces tendances, de pouvoir voir ce qui est vraiment garder l'essentiel, et parfois souvent, les ressources humaines, les choses sont assez simples. avec du bon sens, du pragmatisme, du respect. Vous avez, je pense, souvent l'essentiel pour faire compromis et de pouvoir avancer. Et voilà, donc faire très attention à toutes ces modes, toutes ces tendances et prendre un peu de recul.

  • Caroline TREUILLARD

    Merci beaucoup. Et votre métier dans 20 ans, vous le voyez comment, Thomas ?

  • Thomas TIHY

    Alors c'est vrai que ça, c'est une très bonne question parce que, comment dire, on voit bien que tout le monde est inquiet avec l'intelligence artificielle, que je pense quel que soit le métier. Encore une fois, souvent en plus, déjà, à quoi sert ce métier maintenant ? Donc à quoi il servirait dans 20 ans si on écoute... l'homme de la rue. Moi, comment je le vois, je pense que de toute façon, ce qui est certain, c'est que de toute façon, il va se techniciser encore plus et il sera encore de plus en plus exigeant parce que précisément, la fonction administrative pure sera de plus en plus automatisée, informatisée. Donc, de toute façon, on va vraiment attendre les ressources humaines sur la décision, sur les choix qui sont faits, également sur la stratégie, l'anticipation des besoins. Mais ce qui est certain, c'est que c'est un métier qui ne va pas échapper à la numérisation. Et au contraire, c'est très bien. On va pouvoir se libérer du temps, de toute dimension administrative. On va pouvoir avoir des outils de plus en plus efficaces. Ces outils doivent, pour moi, participer à œuvrer pour le bien commun. Le bien commun, c'est dans l'entreprise, mais aussi le bien commun en général. Et donc, il faut qu'il soit au service de l'Homme, avec un grand H. Donc, il faut en effet faire attention, je pense, à certaines dérives. L'idée, ce n'est pas de brider le développement. Moi, je suis vraiment pour le développement technologique, scientifique en général. Mais il va falloir quand même l'accompagner en ayant la réflexion qu'il faut bien. Vous voyez, l'intelligence artificielle, typiquement, demain, il y a quand même des inquiétudes et il ne faut pas les sous-estimer. Elles vont arriver en entreprise. Il va falloir peut-être se doter de codes d'utilisation d'intelligence artificielle. Il va falloir quand même réguler, etc. Cadrer. Cadrer ces choses. Donc, voilà, ça, c'est pour moi un enjeu. Après, sur d'autres aspects, ce qui est certain, c'est que l'internationalisation ne va que s'étoffer. Ça ne va... que continuer, ça c'est certain. Donc en effet, le RH, il sera de plus en plus nécessairement à l'international. Donc ça, c'est évident, c'est ce que je dis aussi aux étudiants. Il faut apprendre l'anglais, il faut se mettre à l'anglais. Ça vient de quelqu'un qui ne parlait pas du tout anglais il y a encore quelques années, j'y me suis mis parce qu'il n'y a pas le choix, il faut s'y mettre. Il faut continuer. Et puis voyez, le droit, pareil, je pense que le droit ne va pas être plus simple. Le droit va continuer à s'étoffer, à se complexifier. Donc là aussi, il va falloir continuer à naviguer dans un environnement juridique complexe. On a l'impression que les frontières disparaissent avec le numérique, avec les réseaux, avec les moyens de communication, mais les frontières existeront toujours. Et donc voilà, une entreprise, elle a beau être internationale, elle a beau envoyer des gens un peu partout, n'empêche que le droit, lui, ne va pas se simplifier. Donc ça, je pense qu'en effet, il y aura toujours une valeur ajoutée. à pouvoir être, par exemple, juriste en droit du travail, mais pas que juriste français en droit du travail, essayer d'étoffer aussi...

  • Caroline TREUILLARD

    Il y aura peut-être des nouveaux métiers.

  • Thomas TIHY

    Et puis après, je pense qu'en effet, il y a un aspect générationnel, c'est-à-dire que les générations évoluent de plus en plus vite, on sent qu'il y a de plus en plus de clivages et de différentes façons de travailler, de mentalité d'une génération à l'autre, et ça s'accélère, c'est-à-dire qu'on voit vraiment de plus en plus d'écarts, même entre des jeunes qu'on peut penser être de la même génération, quand ils ont deux ou trois ans d'écart, déjà, on commence à voir des choses différentes. Donc je pense qu'il faut aussi rester ouvert d'esprit, c'est-à-dire que, moi, ce que je dis, on a nos principes, moi, les principes sont intangibles, quelle que soit l'époque, là où on est, les principes n'ont pas vocation à évoluer, mais après, bien sûr, on doit adapter la façon aussi de les mettre en œuvre, et donc, vous voyez, il faut être à l'écoute de cette génération qui a des choses à apporter. Moi, j'ai 34 ans, je ne suis pas un vieux, mais je ne suis pas non plus, je suis parfois aussi assez éloigné de certaines personnes plus jeunes, mais en même temps, voilà, il va falloir aussi la cadrer parce que... On voit quand même qu'il y a un décalage de plus en plus fort entre le monde de l'entreprise, qui en effet reste un monde hiérarchisé, exigeant, avec des objectifs, avec des attentes, que ce soit de qualité du travail, mais aussi de savoir-être. Et on se rend compte qu'il y a parfois de plus en plus ce décalage. Donc je pense que c'est pour ça, les ressources humaines doivent aider les plus jeunes à s'intégrer à l'entreprise, parce qu'en fait, ils ont beaucoup de choses à offrir. Et moi, je le crois, quand on leur parle, ils sont très intéressants, ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. Mais il faut une phase transitoire, et ça, je pense que c'est pour ça aussi, notamment, que je crois dans l'apprentissage, qui est vraiment, pour moi, la clé pour se professionnaliser et être un professionnel aguerri.

  • Caroline TREUILLARD

    Pour conclure, Thomas, pour vous, il faut faire attention aux modes et aux tendances RH qui tentent à se généraliser et qui ne vont pas toujours forcément dans la bonne direction. L'importance de la com RH, les RH doivent prendre en main la com interne et faire passer les bons messages. Et enfin, votre vision du futur des RH. Ce sont de bons outils, l'intégration de l'IA à bon escient et avec le bon cadrage, et surtout l'importance de l'internationalisation des RH. Merci beaucoup Thomas.

  • Thomas TIHY

    Merci à vous, merci pour le temps que vous m'avez accordé.

  • Caroline TREUILLARD

    C'est la fin de cet épisode, merci de l'avoir suivi. On se retrouve le mois prochain avec un nouvel invité. D'ici là, n'hésitez pas à partager le podcast avec quelqu'un qui pourrait être intéressé.

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En ce mois de novembre, j’ai eu le plaisir de recevoir Thomas TIHY, au micro de WE ❤️ MOBILITY.

Thomas est Adjoint du directeur des Ressources humaines Groupe chez TESCA.



Au programme de cet épisode : 

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👉 L’importance de la communication RH

👉 L’internationalisation des RH



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Production : Caroline Treuillard et Marion Letellier

Musique : Amarià - Lovely Swindler

Graphisme : Marion Letellier


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Transcription

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, le premier podcast dédié aux tendances de la mobilité internationale et de la gestion des talents. Chaque premier lundi du mois, je reçois un invité avec qui on va discuter des tendances et du futur de la mobilité internationale, du recrutement et de la gestion des talents étrangers. Moi, c'est Caroline Treillard, directrice générale du groupe Mobility Compliance, acteur incontournable de la mobilité internationale, dans laquelle j'évolue depuis presque 20 ans. Retrouvez-nous sur LinkedIn et Instagram pour suivre l'actualité du podcast et interagir avec nous. Au programme de cet épisode, les enjeux pour le groupe Tesca dans un secteur en profonde mutation, les grands projets RH du moment et la mobilité internationale dans le groupe, peu de MI, mais des mobilités toutes différentes. Bonjour Thomas.

  • Thomas TIHY

    Bonjour Caroline.

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui. Alors Thomas, vous êtes adjoint du directeur des ressources humaines de Tesca Group. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Thomas TIHY

    Avec plaisir, merci pour votre accueil. Moi, je suis dans les ressources humaines depuis une dizaine d'années, et comme vous l'avez dit, je suis à Tesca, qui est une entreprise équipementier automobile. Avant TESCA, j'ai travaillé déjà dans l'industrie, au chantier de l'Atlantique, et je suis issu d'une formation en droit du travail. J'ai fait un master en droit du travail que j'ai complété par un master en management des ressources humaines. Et donc je travaille depuis une dizaine d'années en entreprise, au service des directions des ressources humaines. Et depuis quelques années, donc là depuis cinq ans, je suis enseignant aussi à l'université, j'interviens dans mon ancien master RH, l'IAE Nantes. Je suis aussi intervenu pendant deux ans à l'IES en Vendée au sein du Master RH également. Et là, depuis début 2023, je suis conseiller prud'homme, collège employeur au conseil de prud'homme de Nanterre. Toutes ces activités, ça me permet finalement de lier mon emploi à travers divers environnements. Donc, bien évidemment, mon emploi principal qui est le monde de l'entreprise que je complète avec à la fois cette activité auprès des plus jeunes, des personnes qui aspirent à devenir RH. Et puis également cet aspect juridique, le conseil de prud'homme, c'est... un tribunal, des relations de travail entre les salariés et les entreprises. Et c'est pour moi le juriste que je suis de formation, un très bon moyen de toujours rester en veille et puis de continuer d'apprendre et de mettre au service de la justice en France également mon expérience et ma façon de voir les choses.

  • Caroline TREUILLARD

    Donc ce sont des activités qui sont complémentaires à ce que vous faites principalement.

  • Thomas TIHY

    Tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Est-ce que vous pouvez nous présenter Tesca ?

  • Thomas TIHY

    Alors Tesca Group, c'est donc une entreprise française. Dont le siège social est basé à la Défense. C'est un groupe international qui est composé de plus de 5000 collaborateurs à travers le monde. Nous avons passé la barre des 5000 cette année. Nous sommes présents dans 17 pays, dont deux principaux pays de par l'effectif, qui sont le Maroc et la Tunisie. Nous avons presque 80% de l'effectif dans ces deux pays, puisque nous avons beaucoup de main-d'œuvre. Nous sommes donc un équipementier automobile. Nous fabriquons du textile pour les voitures, donc tout le textile que vous trouvez dans un véhicule, le textile qui recouvre les sièges, mais également à l'intérieur du véhicule. Et nous construisons également les composants du siège, donc pas le siège complet, mais les composants comme l'appuie-tête, l'accoudoir. No us fabriquons et vendons nos produits pour près de 50 constructeurs automobiles à travers le monde, de marques connues européennes que vous avez peut-être, et puis il y a des marques à l'autre bout du monde, plus ou moins méconnues également en Europe. Voilà, et donc Tesca, c'est une entreprise qui existe sous ce nom depuis 2016, puisque c'est une entreprise qui est issue d'une entreprise qui, elle, est plus ancienne et existe toujours, mais qui s'est séparée de ses activités de production textile automobile et composante siège. Donc la marque Tesca existe, mais nous sommes issus d'un outil industriel et d'un savoir-faire qui remonte au 19e siècle, puisque c'était une entreprise également du textile. Et donc voilà, et donc Tesca passe les étapes, puisque quand je suis arrivé en 2019 à Tesca, Nous avions moins de 3000 collaborateurs, on n'était pas forcément présent dans autant de pays, on n'avait pas autant de clients. Et maintenant, comme je vous l'ai dit, on a largement aussi progressé, on s'est pas mal développé.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien, merci pour ces explications. Quels sont les principaux enjeux actuels de l'entreprise ?

  • Thomas TIHY

    Alors les principaux enjeux, ils sont liés au secteur d'activité dans lequel nous sommes, puisque nous sommes un textilien et fabricant de composants de sièges, mais pour quel secteur ? L'automobile. Donc on est totalement liés aux actualités de ce secteur. Ce secteur, c'est un secteur en profonde mutation qui connaît très bien les crises, un secteur très exigeant. Parfois, on dit, j'ai souvent pu entendre dire ça, que quand on est dans l'industrie, qu'on est passé par l'automobile, c'est un peu comme si on était passé, en effet, peut-être, c'est un peu comme un soldat qui serait allé au combat. Il y a la différence entre ceux qui ont été à la guerre et pas à la guerre. Voilà, c'est quand même un secteur avec des coups d'accélérateur, des freins à tout moment, on se prend des coups. Donc, les enjeux, quels sont-ils ? En fait... Nous avons pas mal d'enjeux, c'est-à-dire à la fois, il y a une baisse générale de vente de véhicules dans le monde. Le secteur global n'a pas retrouvé les ventes d'avant Covid. Vous avez tout l'enjeu de la transition écologique, puisque vous le savez, que ce soit les réglementations des pays, mais également les exigences du client, et puis tout simplement l'impératif environnemental. Vous avez tout le sujet d'arrêt du diesel ou pas, passer à l'électrique. Vous avez également l'enjeu de la voiture. de plus en plus autonome, qui peut-être conduira vraiment tout seul de façon plus généralisée. Donc tout ça, c'est les enjeux de ce secteur, mais l'avantage et l'intérêt et la force de Tesca, c'est que nous, étant donné que nous sommes textiliens, nous, que la voiture soit électrique ou qu'elle soit au diesel, finalement, il y a toujours besoin de cet équipement, voire plus, puisque à terme, si on parle d'un véhicule autonome, c'est un véhicule dont le passager a plus de temps pour discuter, profiter de l'intérieur. Et qui dit profiter de l'intérieur, c'est donc, ça sera de plus en plus un salon. Et donc, il faut au contraire que ce soit à la fois confortable, esthétique et que ça plaise au client. Donc, une fois que j'ai dit ça, en fait, quels sont les autres sujets ? Je vous ai parlé de l'environnement, peut-être la transition environnementale, qui pour nous, en effet, a peut-être moins de conséquences en termes d'énergie, je veux dire, que vous utilisez pour le véhicule. Mais en revanche, l'enjeu, parce qu'on est textilien, c'est notamment d'où viennent nos produits ? Sont-ils recyclables ? Est-ce que c'est déjà des produits recyclés ? L'industrie textile en général, c'est une industrie qui est connue pour être assez polluante, que ce soit de par les produits qu'elle utilise, mais également de par ce que l'on peut faire finalement des déchets de cette industrie. Beaucoup de vêtements finalement ne sont pas recyclés, et c'est aussi un sujet pour l'automobile. Donc nous on a cet enjeu-là parce qu'il y a à la fois un enjeu de décarbonation qui est une exigence légale ou imposée aussi par nos clients, et puis vous avez l'enjeu aussi de nos produits, donc l'analyse de cycle de vie, connaître toute la vie de votre produit. Donc il y a cet enjeu-là qui est très fort, et notamment, ça c'est l'enjeu final sur notre activité, mais dans nos enjeux d'organisation, comme je vous l'ai dit, Tesca est une entreprise qui a grandi assez fortement, moins de 3 000 en 2019, plus de 5 000 aujourd'hui, donc on a aussi des enjeux industriels. C'est une entreprise qui continue sa croissance et qui doit essayer de l'accompagner parce que grandir c'est facile, c'est facile, c'est possible. En tout cas, ça peut être aussi compliqué si vous n'accompagnez pas votre organisation, votre management, votre structure, votre outil industriel. Le recrutement, c'est donc que vous devez former des personnes, que vous devez aussi les garder. Donc on a de nombreux enjeux qui va de la transformation numérique. Il faut absolument se moderniser à ce niveau-là. Il faut numériser nos process, numériser nos outils. Et on a aussi l'enjeu de l'international. On est présent dans 17 pays. Vous avez cet enjeu multiculturel, cet enjeu de la langue, cet enjeu de l'efficacité. Donc voilà, de nombreux challenges à relever, que ce soit sur la partie environnementale, transformation numérique, management, organisation.

  • Caroline TREUILLARD

    Et du coup, ça me permet d'aller sur vos grands projets du moment, les grands sujets du moment, ce qui vous occupe là en cette rentrée. Est-ce que vous pouvez nous en parler rapidement ?

  • Thomas TIHY

    Alors moi, donc à titre personnel, j'ai évolué récemment puisque vous avez cité mon emploi actuel, mais j'ai changé de poste cet été. puisque pendant cinq ans, j'étais le responsable RH uniquement pour la France, pour la gestion du personnel français de Tesca. Tesca, donc je vous ai dit 5 000 salariés dans le monde, mais c'était, et c'est toujours, une centaine de salariés en France. Et là, je suis maintenant sur des sujets groupes pour assister le directeur des ressources humaines. C'est un nouveau poste, puisque précisément, l'entreprise continue de se structurer pour accompagner sa croissance. Et donc là, en fait, c'est passionnant, puisque... on va vraiment pouvoir essayer de mettre en place de plus en plus de procédures, de dispositifs RH, pas simplement au niveau des pays, qui est donc forcément localisé, qui est adapté aux droits locaux, qui correspond à la culture locale, mais vraiment avoir aussi de plus en plus de process et de dispositifs RH au niveau groupe. Et notamment deux grands chantiers que je peux vous dire aujourd'hui, puisqu'on est vraiment en cours et bientôt les annoncer aussi en interne à toutes les parties prenantes, c'est en fait la mise en place d'un outil unique au groupe de e-learning, donc de formation en ligne, pour l'ensemble du personnel, et donc outil mondial. Pourquoi ? Parce que précisément, dans un groupe international, que vous soyez au Maroc, en Inde, en Chine ou en France, si vous êtes un commercial, un acheteur, un ingénieur, vous avez certainement besoin d'avoir les mêmes messages, la même formation, la même culture d'entreprise. Donc ça, c'est vraiment typiquement la transformation numérique appliquée au RH. Ça peut paraître anecdotique pour des entreprises qui le font depuis longtemps, mais quand vous êtes dans un groupe de 5000, dans 17 pays, ce n'est pas forcément évident. Donc ça, c'est un beau chantier, de développement des compétences en passant par un outil moderne qui va permettre que où que vous soyez, quel que soit votre fuseau horaire, votre créneau, votre langue, de pouvoir vous former. Et donc aussi d'étoffer la formation. Et puis l'autre chantier intéressant que je connais, puisque j'ai déjà pu participer à le mettre en œuvre dans une entreprise, c'est une enquête d'opinion. Alors ça, c'est quelque chose aussi de très connu dans le milieu RH. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais c'est un très beau sujet puisque ce serait la première enquête d'opinion du groupe Tesca, puisque ce groupe depuis 2016 n'en a jamais fait. Il y a parfois des enquêtes d'opinion locale qui dépendent du service RH local, mais il n'y a pas eu d'enquête d'opinion unique pour l'ensemble du groupe. Et donc là, pour nous, c'est vraiment très intéressant de pouvoir évaluer l'état d'esprit, la mentalité, l'opinion que le personnel a de l'entreprise sur son avenir, sur les choix qu'elle fait. Ça va des conditions de travail, on va pouvoir interroger sur des choses très pratiques qui vont pouvoir alimenter nos plans d'action en général. Mais également, la stratégie, la situation de l'entreprise, qu'est-ce que vous en pensez ? Et ça, en fait aussi, moi qui ai pu mener déjà en place une telle enquête, je l'ai fait dans une entreprise où tout le monde était sur le même site, parlait la même langue. C'était plus simple. Là, on parle, comme je vous ai dit, 17 pays, autant de nationalités, des langues. Il y a quand même cet enjeu-là qu'il faut qu'on puisse organiser. Et c'est vrai que c'est aussi pour ça qu'il était nécessaire que je puisse aider le directeur des ressources humaines pour qu'on ait vraiment plus de ressources en centrale pour le faire.

  • Caroline TREUILLARD

    Et quand on préparait ce rendez-vous, vous m'aviez dit qu'un certain nombre de collaborateurs dans le groupe n'avaient pas accès à un e-mail,

  • Thomas TIHY

    par exemple. C'est ça, c'est l'enjeu. C'est-à-dire que... On a beau être un groupe moderne, forcément, un groupe moderne ne veut pas forcément dire que vous attribuez un ordinateur et une adresse email à tout le monde, surtout lorsque ce n'est pas forcément nécessaire dans votre travail. C'est le cas de beaucoup d'ouvriers, d'opérateurs, de couturiers. Ce sont des populations qui n'ont pas forcément besoin et n'en ont pas. Donc, en effet, il y a cet enjeu-là, c'est-à-dire que là, l'enquête d'opinion, il va peut-être falloir qu'on la fasse en deux temps. D'abord, toutes les personnes qui ont accès à l'adresse email. Et puis, dans un second temps, il faudra qu'on réfléchisse aussi à ça. Puisqu'en fait, l'enjeu aussi, c'est que les réponses soient de qualité, ce n'est pas de... d'avoir un taux de participation pour avoir un taux de participation. Il faut aussi que ces personnels aient aussi le temps d'y répondre. Et puis aussi, c'est une enquête confidentielle, donc on ne veut pas aussi que ce soit sous l'influence des autres collègues, dérangés par les autres, etc. Donc ça, c'est un enjeu.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Alors là, on va parler de votre lien avec l'international. Quand on a préparé cette interview, on a parlé des VIE, qui était une super opportunité dans l'entreprise, et de la personnalisation, l'expatriation. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu comment ça se passe ?

  • Thomas TIHY

    Oui, alors l'international, j'en fais uniquement depuis que je suis à Tesca, donc depuis 2019. Même dans ma formation RH, je n'ai pas eu forcément de spécialisation sur ce sujet. Sujet très intéressant, puisqu'en effet, on retrouve bien sûr des éléments de gestion du personnel que vous pouvez avoir dans un pays, mais vous l'appliquez avec cet aspect, voilà, plusieurs pays, donc des droits différents. Et puis une population spécifique, puisque la mobilité internationale, en effet, elle est naturellement plutôt... éligible à des populations cadres, supérieures, de direction, de responsabilité importante, à forte valeur ajoutée. Donc ça permet en effet d'accompagner des populations pour lesquelles c'est un moment important de leur vie. Ils partent parfois avec une famille, c'est une étape forte dans leur carrière. Donc il faut aussi sécuriser, rassurer tout ça. Et donc en fait, à Tesca, nous avons une bonne dizaine au total de personnes en mobilité internationale. Donc à la fois c'est peu, dans un groupe de 5000. Mais c'est suffisant pour que ça puisse aussi bien nous occuper, puisque finalement, quasiment aucune de ces mobilités est identique. Ce sont soit des expatriations, des détachements, ça peut être en Europe, en Union Européenne ou à l'autre bout du monde. Ce n'est pas forcément la même séniorité, le même type de responsabilité. C'est parfois des célibataires comme ça peut être des familles. Donc c'est vrai que là-dessus, j'ai trouvé ça à la fois très intéressant, puisqu'on essaye quand même d'avoir une politique commune. Il y a des bases communes, un socle commun qu'on a mis en place, que le DRH de Tesca... quand il est arrivé, il lui a fait en sorte de pouvoir mettre en œuvre. Mais en revanche, il y a cette personnalisation qui permet vraiment de pouvoir adapter au mieux possible par rapport aux besoins du service, par rapport au profil des uns et des autres. Donc là, avec ma nouvelle casquette, je reste l'interlocuteur de cette population-là, précisément parce que c'est une population en mobilité, qui a donc finalement deux services RH, le service RH qui la reçoit, le service RH qui envoi, mais entre les deux, il faut quand même une cohérence, il faut quelqu'un qui suive ça, et il faut que ces personnes puissent avoir toujours un lien fort avec le siège social. précisément parce que souvent, le coup d'après, c'est parfois de revenir à Paris ou de partir dans un autre pays. Donc, il faut quand même garder ce lien.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Et sur la partie VIE ?

  • Thomas TIHY

    Alors, les VIE, le volontariat international en entreprise, nous l'utilisons également. Là aussi, nous en avons peu. Je crois que de tête, aujourd'hui, nous en avons cinq. Donc, vous voyez, ce n'est pas nombreux. Mais alors là aussi, on le fait de façon vraiment de manière qualitative. C'est-à-dire qu'on n'a pas d'enjeu d'en prendre beaucoup. naturellement, c'est plutôt en effet des profils de Bac plus 5, ça va être des ingénieurs, ça peut être des jeunes financiers, des jeunes commerciaux, des chefs de projet. Et là, en fait, le VIE, pour nous, c'est un véritable vivier de talent. Alors, le mot talent est parfois galvaudé, mais là, c'est vraiment le cas, c'est-à-dire qu'on essaie vraiment de former et également d'identifier où est-ce que ces jeunes sont aussi les mieux à même de pouvoir ensuite continuer, puisque... L'idée, c'est qu'après un ou deux ans de VIE, si possible, on les recrute. Et vous voyez, depuis que je suis à Tesca, j'ai eu pareil une bonne dizaine, presque 15, je crois, VIE. Quasiment tous ont une proposition de CDI à la clé. Si ça s'est fait ou pas fait, souvent c'est aussi parce qu'eux-mêmes ont fait des changements. On fait des changements de choix, de pays, de métiers ou autres. Mais vous voyez, il y a vraiment cette idée-là. C'est un peu comme l'apprentissage. Où, on l'emplace, on le favorise. Et l'idée, c'est aussi de préparer les futurs cadres de demain. Après un ou deux ans de VIE, on essaye si possible de garder les gens. Et en fait, pour nous, c'est hyper important parce que c'est un pont entre la France, qui est la société mère, et nos filiales. Ça permet vraiment d'avoir un lien parfois plus fort, de passer aussi des messages. Et donc pour nous, c'est une véritable conviction. C'est quelque chose de vraiment… C'est un peu comme des ambassadeurs, finalement. C'est des ambassadeurs, c'est parfois des représentants, c'est une courroie de transmission aussi de certaines informations. Et pour eux, c'est sûr que c'est un dispositif… vraiment adapté, c'est assez simple de mise en place quand on compare à une expatriation. C'est bien cadré par l'État, par les gouvernements. Et puis, ça sécurise même la relation de travail, puisque il n'y a pas de discussion sur la nature juridique du contrat. C'est très encadré, c'est très clair.

  • Caroline TREUILLARD

    Ça permet de fidéliser les collaborateurs.

  • Thomas TIHY

    Et c'est ça, tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Si on en revient au point RH, faire plus un focus RH, quel conseil donneriez-vous à un jeune qui prend un poste aujourd'hui en ressources humaines ?

  • Thomas TIHY

    Alors, cette question, en effet, c'est... Je la connais bien, puisque notamment dans le master auquel j'interviens, j'ai notamment une intervention là-dessus, qui est vraiment ses conseils de début de carrière sur comment se positionner. Alors, bien sûr, vous ne vous positionnez pas de la même façon si vous aspirez à des postes plutôt de technicien ou d'exécution RH, ou des postes vraiment de responsabilité RH à terme. Moi, je pense qu'il y a un vrai sujet, c'est qu'il faut vraiment organiser et bien définir quelles sont vos convictions. ce que vous souhaitez apporter à l'entreprise, quelle est votre conception de la fonction RH. Certaines personnes, vous le savez, beaucoup de gens, c'est une fonction qui est très décriée, pas forcément très populaire, parfois très méconnue, et là-dessus on le comprend, mais il est vrai que les gens ont tendance à réduire le RH. Alors soit d'un côté c'est la nounou, l'assistant social, soit c'est les grands méchants, toujours du côté des patrons. En fait, ce métier, moi, je l'ai découvert un peu par hasard. J'ai découvert ça par le droit du travail, j'ai découvert ça par mes expériences en entreprise. Jamais à l'issue du bac ou en première année de droit, j'aurais pensé de venir, aller aspirer à des postes de RH. C'était pas une vocation ? Pas du tout, et finalement, ça l'est devenu, parce que j'ai trouvé vraiment que c'était un très bon moyen de concilier des compétences qui sont techniques, que ce soit juridiques, administratives, de gestion des personnels. et puis également accompagner la stratégie, une politique d'entreprise, être au service d'une organisation. Et voyez, un des éléments qui, pour moi, contribue parfois à une forme d'impopularité des RH, c'est le fait que les ressources humaines ne font pas forcément assez savoir ce qu'elles font. Ce ne sont pas des experts en communication. Et moi, c'est le grand conseil, c'est-à-dire qu'un projet, quel qu'il soit, RH ou pas RH, mais en l'occurrence, on parle des ressources humaines. il doit être considéré comme terminé une fois que vous avez aussi fait votre communication qui va derrière. Il faut faire savoir à vos parties prenantes, ça va des syndicats, des représentants du personnel, des managers de votre comité de direction, mais également l'ensemble des personnels. Alors bien sûr, à la hauteur de l'information dont ils ont besoin, je ne dis pas qu'il faut noyer les gens, la bonne communication ce n'est pas ça, mais vraiment pour moi il y a un enjeu de com'interne, il faut prendre en main la communication interne en général, qui parfois est délaissée à d'autres services, comme le service communication et d'autres. Parce que précisément, on dit, ils savent faire, ils ont le temps. Ils savent peut-être faire, ils ont la technique, mais ils ont les outils, mais les messages, ça doit être des messages qui doivent venir de la direction des ressources humaines. Je pense que ça répond à votre question.

  • Caroline TREUILLARD

    Absolument.

  • Thomas TIHY

    Mais vous voyez, il y a aussi un autre aspect important, c'est de faire attention à toutes les modes RH. Et c'est ce que je vous disais avant cet entretien. Aujourd'hui sort dans l'Express tout un article, une interview de Julia de Funès, qui est de plus en plus connue dans le métier. RH qui est philosophe, et vous voyez, ça pour moi c'est très intéressant, c'est souvent ce que je conseille, c'est-à-dire qu'il faut quand même questionner les modes au niveau RH, et précisément, ce que l'on voit, c'est qu'au bout du bout, les personnes qui peuvent aspirer au poste la plus grande responsabilité, c'est souvent celles qui prennent aussi ce recul, qui ont la culture générale qui leur permet aussi, indépendamment de toutes ces modes RH, de toutes ces tendances, de pouvoir voir ce qui est vraiment garder l'essentiel, et parfois souvent, les ressources humaines, les choses sont assez simples. avec du bon sens, du pragmatisme, du respect. Vous avez, je pense, souvent l'essentiel pour faire compromis et de pouvoir avancer. Et voilà, donc faire très attention à toutes ces modes, toutes ces tendances et prendre un peu de recul.

  • Caroline TREUILLARD

    Merci beaucoup. Et votre métier dans 20 ans, vous le voyez comment, Thomas ?

  • Thomas TIHY

    Alors c'est vrai que ça, c'est une très bonne question parce que, comment dire, on voit bien que tout le monde est inquiet avec l'intelligence artificielle, que je pense quel que soit le métier. Encore une fois, souvent en plus, déjà, à quoi sert ce métier maintenant ? Donc à quoi il servirait dans 20 ans si on écoute... l'homme de la rue. Moi, comment je le vois, je pense que de toute façon, ce qui est certain, c'est que de toute façon, il va se techniciser encore plus et il sera encore de plus en plus exigeant parce que précisément, la fonction administrative pure sera de plus en plus automatisée, informatisée. Donc, de toute façon, on va vraiment attendre les ressources humaines sur la décision, sur les choix qui sont faits, également sur la stratégie, l'anticipation des besoins. Mais ce qui est certain, c'est que c'est un métier qui ne va pas échapper à la numérisation. Et au contraire, c'est très bien. On va pouvoir se libérer du temps, de toute dimension administrative. On va pouvoir avoir des outils de plus en plus efficaces. Ces outils doivent, pour moi, participer à œuvrer pour le bien commun. Le bien commun, c'est dans l'entreprise, mais aussi le bien commun en général. Et donc, il faut qu'il soit au service de l'Homme, avec un grand H. Donc, il faut en effet faire attention, je pense, à certaines dérives. L'idée, ce n'est pas de brider le développement. Moi, je suis vraiment pour le développement technologique, scientifique en général. Mais il va falloir quand même l'accompagner en ayant la réflexion qu'il faut bien. Vous voyez, l'intelligence artificielle, typiquement, demain, il y a quand même des inquiétudes et il ne faut pas les sous-estimer. Elles vont arriver en entreprise. Il va falloir peut-être se doter de codes d'utilisation d'intelligence artificielle. Il va falloir quand même réguler, etc. Cadrer. Cadrer ces choses. Donc, voilà, ça, c'est pour moi un enjeu. Après, sur d'autres aspects, ce qui est certain, c'est que l'internationalisation ne va que s'étoffer. Ça ne va... que continuer, ça c'est certain. Donc en effet, le RH, il sera de plus en plus nécessairement à l'international. Donc ça, c'est évident, c'est ce que je dis aussi aux étudiants. Il faut apprendre l'anglais, il faut se mettre à l'anglais. Ça vient de quelqu'un qui ne parlait pas du tout anglais il y a encore quelques années, j'y me suis mis parce qu'il n'y a pas le choix, il faut s'y mettre. Il faut continuer. Et puis voyez, le droit, pareil, je pense que le droit ne va pas être plus simple. Le droit va continuer à s'étoffer, à se complexifier. Donc là aussi, il va falloir continuer à naviguer dans un environnement juridique complexe. On a l'impression que les frontières disparaissent avec le numérique, avec les réseaux, avec les moyens de communication, mais les frontières existeront toujours. Et donc voilà, une entreprise, elle a beau être internationale, elle a beau envoyer des gens un peu partout, n'empêche que le droit, lui, ne va pas se simplifier. Donc ça, je pense qu'en effet, il y aura toujours une valeur ajoutée. à pouvoir être, par exemple, juriste en droit du travail, mais pas que juriste français en droit du travail, essayer d'étoffer aussi...

  • Caroline TREUILLARD

    Il y aura peut-être des nouveaux métiers.

  • Thomas TIHY

    Et puis après, je pense qu'en effet, il y a un aspect générationnel, c'est-à-dire que les générations évoluent de plus en plus vite, on sent qu'il y a de plus en plus de clivages et de différentes façons de travailler, de mentalité d'une génération à l'autre, et ça s'accélère, c'est-à-dire qu'on voit vraiment de plus en plus d'écarts, même entre des jeunes qu'on peut penser être de la même génération, quand ils ont deux ou trois ans d'écart, déjà, on commence à voir des choses différentes. Donc je pense qu'il faut aussi rester ouvert d'esprit, c'est-à-dire que, moi, ce que je dis, on a nos principes, moi, les principes sont intangibles, quelle que soit l'époque, là où on est, les principes n'ont pas vocation à évoluer, mais après, bien sûr, on doit adapter la façon aussi de les mettre en œuvre, et donc, vous voyez, il faut être à l'écoute de cette génération qui a des choses à apporter. Moi, j'ai 34 ans, je ne suis pas un vieux, mais je ne suis pas non plus, je suis parfois aussi assez éloigné de certaines personnes plus jeunes, mais en même temps, voilà, il va falloir aussi la cadrer parce que... On voit quand même qu'il y a un décalage de plus en plus fort entre le monde de l'entreprise, qui en effet reste un monde hiérarchisé, exigeant, avec des objectifs, avec des attentes, que ce soit de qualité du travail, mais aussi de savoir-être. Et on se rend compte qu'il y a parfois de plus en plus ce décalage. Donc je pense que c'est pour ça, les ressources humaines doivent aider les plus jeunes à s'intégrer à l'entreprise, parce qu'en fait, ils ont beaucoup de choses à offrir. Et moi, je le crois, quand on leur parle, ils sont très intéressants, ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. Mais il faut une phase transitoire, et ça, je pense que c'est pour ça aussi, notamment, que je crois dans l'apprentissage, qui est vraiment, pour moi, la clé pour se professionnaliser et être un professionnel aguerri.

  • Caroline TREUILLARD

    Pour conclure, Thomas, pour vous, il faut faire attention aux modes et aux tendances RH qui tentent à se généraliser et qui ne vont pas toujours forcément dans la bonne direction. L'importance de la com RH, les RH doivent prendre en main la com interne et faire passer les bons messages. Et enfin, votre vision du futur des RH. Ce sont de bons outils, l'intégration de l'IA à bon escient et avec le bon cadrage, et surtout l'importance de l'internationalisation des RH. Merci beaucoup Thomas.

  • Thomas TIHY

    Merci à vous, merci pour le temps que vous m'avez accordé.

  • Caroline TREUILLARD

    C'est la fin de cet épisode, merci de l'avoir suivi. On se retrouve le mois prochain avec un nouvel invité. D'ici là, n'hésitez pas à partager le podcast avec quelqu'un qui pourrait être intéressé.

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Description

En ce mois de novembre, j’ai eu le plaisir de recevoir Thomas TIHY, au micro de WE ❤️ MOBILITY.

Thomas est Adjoint du directeur des Ressources humaines Groupe chez TESCA.



Au programme de cet épisode : 

👉 Les enjeux pour le groupe TESCA, dans un secteur en profonde mutation 

👉 L’importance de la communication RH

👉 L’internationalisation des RH



Qui est Thomas ? 

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Transcription

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, le premier podcast dédié aux tendances de la mobilité internationale et de la gestion des talents. Chaque premier lundi du mois, je reçois un invité avec qui on va discuter des tendances et du futur de la mobilité internationale, du recrutement et de la gestion des talents étrangers. Moi, c'est Caroline Treillard, directrice générale du groupe Mobility Compliance, acteur incontournable de la mobilité internationale, dans laquelle j'évolue depuis presque 20 ans. Retrouvez-nous sur LinkedIn et Instagram pour suivre l'actualité du podcast et interagir avec nous. Au programme de cet épisode, les enjeux pour le groupe Tesca dans un secteur en profonde mutation, les grands projets RH du moment et la mobilité internationale dans le groupe, peu de MI, mais des mobilités toutes différentes. Bonjour Thomas.

  • Thomas TIHY

    Bonjour Caroline.

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui. Alors Thomas, vous êtes adjoint du directeur des ressources humaines de Tesca Group. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Thomas TIHY

    Avec plaisir, merci pour votre accueil. Moi, je suis dans les ressources humaines depuis une dizaine d'années, et comme vous l'avez dit, je suis à Tesca, qui est une entreprise équipementier automobile. Avant TESCA, j'ai travaillé déjà dans l'industrie, au chantier de l'Atlantique, et je suis issu d'une formation en droit du travail. J'ai fait un master en droit du travail que j'ai complété par un master en management des ressources humaines. Et donc je travaille depuis une dizaine d'années en entreprise, au service des directions des ressources humaines. Et depuis quelques années, donc là depuis cinq ans, je suis enseignant aussi à l'université, j'interviens dans mon ancien master RH, l'IAE Nantes. Je suis aussi intervenu pendant deux ans à l'IES en Vendée au sein du Master RH également. Et là, depuis début 2023, je suis conseiller prud'homme, collège employeur au conseil de prud'homme de Nanterre. Toutes ces activités, ça me permet finalement de lier mon emploi à travers divers environnements. Donc, bien évidemment, mon emploi principal qui est le monde de l'entreprise que je complète avec à la fois cette activité auprès des plus jeunes, des personnes qui aspirent à devenir RH. Et puis également cet aspect juridique, le conseil de prud'homme, c'est... un tribunal, des relations de travail entre les salariés et les entreprises. Et c'est pour moi le juriste que je suis de formation, un très bon moyen de toujours rester en veille et puis de continuer d'apprendre et de mettre au service de la justice en France également mon expérience et ma façon de voir les choses.

  • Caroline TREUILLARD

    Donc ce sont des activités qui sont complémentaires à ce que vous faites principalement.

  • Thomas TIHY

    Tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Est-ce que vous pouvez nous présenter Tesca ?

  • Thomas TIHY

    Alors Tesca Group, c'est donc une entreprise française. Dont le siège social est basé à la Défense. C'est un groupe international qui est composé de plus de 5000 collaborateurs à travers le monde. Nous avons passé la barre des 5000 cette année. Nous sommes présents dans 17 pays, dont deux principaux pays de par l'effectif, qui sont le Maroc et la Tunisie. Nous avons presque 80% de l'effectif dans ces deux pays, puisque nous avons beaucoup de main-d'œuvre. Nous sommes donc un équipementier automobile. Nous fabriquons du textile pour les voitures, donc tout le textile que vous trouvez dans un véhicule, le textile qui recouvre les sièges, mais également à l'intérieur du véhicule. Et nous construisons également les composants du siège, donc pas le siège complet, mais les composants comme l'appuie-tête, l'accoudoir. No us fabriquons et vendons nos produits pour près de 50 constructeurs automobiles à travers le monde, de marques connues européennes que vous avez peut-être, et puis il y a des marques à l'autre bout du monde, plus ou moins méconnues également en Europe. Voilà, et donc Tesca, c'est une entreprise qui existe sous ce nom depuis 2016, puisque c'est une entreprise qui est issue d'une entreprise qui, elle, est plus ancienne et existe toujours, mais qui s'est séparée de ses activités de production textile automobile et composante siège. Donc la marque Tesca existe, mais nous sommes issus d'un outil industriel et d'un savoir-faire qui remonte au 19e siècle, puisque c'était une entreprise également du textile. Et donc voilà, et donc Tesca passe les étapes, puisque quand je suis arrivé en 2019 à Tesca, Nous avions moins de 3000 collaborateurs, on n'était pas forcément présent dans autant de pays, on n'avait pas autant de clients. Et maintenant, comme je vous l'ai dit, on a largement aussi progressé, on s'est pas mal développé.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien, merci pour ces explications. Quels sont les principaux enjeux actuels de l'entreprise ?

  • Thomas TIHY

    Alors les principaux enjeux, ils sont liés au secteur d'activité dans lequel nous sommes, puisque nous sommes un textilien et fabricant de composants de sièges, mais pour quel secteur ? L'automobile. Donc on est totalement liés aux actualités de ce secteur. Ce secteur, c'est un secteur en profonde mutation qui connaît très bien les crises, un secteur très exigeant. Parfois, on dit, j'ai souvent pu entendre dire ça, que quand on est dans l'industrie, qu'on est passé par l'automobile, c'est un peu comme si on était passé, en effet, peut-être, c'est un peu comme un soldat qui serait allé au combat. Il y a la différence entre ceux qui ont été à la guerre et pas à la guerre. Voilà, c'est quand même un secteur avec des coups d'accélérateur, des freins à tout moment, on se prend des coups. Donc, les enjeux, quels sont-ils ? En fait... Nous avons pas mal d'enjeux, c'est-à-dire à la fois, il y a une baisse générale de vente de véhicules dans le monde. Le secteur global n'a pas retrouvé les ventes d'avant Covid. Vous avez tout l'enjeu de la transition écologique, puisque vous le savez, que ce soit les réglementations des pays, mais également les exigences du client, et puis tout simplement l'impératif environnemental. Vous avez tout le sujet d'arrêt du diesel ou pas, passer à l'électrique. Vous avez également l'enjeu de la voiture. de plus en plus autonome, qui peut-être conduira vraiment tout seul de façon plus généralisée. Donc tout ça, c'est les enjeux de ce secteur, mais l'avantage et l'intérêt et la force de Tesca, c'est que nous, étant donné que nous sommes textiliens, nous, que la voiture soit électrique ou qu'elle soit au diesel, finalement, il y a toujours besoin de cet équipement, voire plus, puisque à terme, si on parle d'un véhicule autonome, c'est un véhicule dont le passager a plus de temps pour discuter, profiter de l'intérieur. Et qui dit profiter de l'intérieur, c'est donc, ça sera de plus en plus un salon. Et donc, il faut au contraire que ce soit à la fois confortable, esthétique et que ça plaise au client. Donc, une fois que j'ai dit ça, en fait, quels sont les autres sujets ? Je vous ai parlé de l'environnement, peut-être la transition environnementale, qui pour nous, en effet, a peut-être moins de conséquences en termes d'énergie, je veux dire, que vous utilisez pour le véhicule. Mais en revanche, l'enjeu, parce qu'on est textilien, c'est notamment d'où viennent nos produits ? Sont-ils recyclables ? Est-ce que c'est déjà des produits recyclés ? L'industrie textile en général, c'est une industrie qui est connue pour être assez polluante, que ce soit de par les produits qu'elle utilise, mais également de par ce que l'on peut faire finalement des déchets de cette industrie. Beaucoup de vêtements finalement ne sont pas recyclés, et c'est aussi un sujet pour l'automobile. Donc nous on a cet enjeu-là parce qu'il y a à la fois un enjeu de décarbonation qui est une exigence légale ou imposée aussi par nos clients, et puis vous avez l'enjeu aussi de nos produits, donc l'analyse de cycle de vie, connaître toute la vie de votre produit. Donc il y a cet enjeu-là qui est très fort, et notamment, ça c'est l'enjeu final sur notre activité, mais dans nos enjeux d'organisation, comme je vous l'ai dit, Tesca est une entreprise qui a grandi assez fortement, moins de 3 000 en 2019, plus de 5 000 aujourd'hui, donc on a aussi des enjeux industriels. C'est une entreprise qui continue sa croissance et qui doit essayer de l'accompagner parce que grandir c'est facile, c'est facile, c'est possible. En tout cas, ça peut être aussi compliqué si vous n'accompagnez pas votre organisation, votre management, votre structure, votre outil industriel. Le recrutement, c'est donc que vous devez former des personnes, que vous devez aussi les garder. Donc on a de nombreux enjeux qui va de la transformation numérique. Il faut absolument se moderniser à ce niveau-là. Il faut numériser nos process, numériser nos outils. Et on a aussi l'enjeu de l'international. On est présent dans 17 pays. Vous avez cet enjeu multiculturel, cet enjeu de la langue, cet enjeu de l'efficacité. Donc voilà, de nombreux challenges à relever, que ce soit sur la partie environnementale, transformation numérique, management, organisation.

  • Caroline TREUILLARD

    Et du coup, ça me permet d'aller sur vos grands projets du moment, les grands sujets du moment, ce qui vous occupe là en cette rentrée. Est-ce que vous pouvez nous en parler rapidement ?

  • Thomas TIHY

    Alors moi, donc à titre personnel, j'ai évolué récemment puisque vous avez cité mon emploi actuel, mais j'ai changé de poste cet été. puisque pendant cinq ans, j'étais le responsable RH uniquement pour la France, pour la gestion du personnel français de Tesca. Tesca, donc je vous ai dit 5 000 salariés dans le monde, mais c'était, et c'est toujours, une centaine de salariés en France. Et là, je suis maintenant sur des sujets groupes pour assister le directeur des ressources humaines. C'est un nouveau poste, puisque précisément, l'entreprise continue de se structurer pour accompagner sa croissance. Et donc là, en fait, c'est passionnant, puisque... on va vraiment pouvoir essayer de mettre en place de plus en plus de procédures, de dispositifs RH, pas simplement au niveau des pays, qui est donc forcément localisé, qui est adapté aux droits locaux, qui correspond à la culture locale, mais vraiment avoir aussi de plus en plus de process et de dispositifs RH au niveau groupe. Et notamment deux grands chantiers que je peux vous dire aujourd'hui, puisqu'on est vraiment en cours et bientôt les annoncer aussi en interne à toutes les parties prenantes, c'est en fait la mise en place d'un outil unique au groupe de e-learning, donc de formation en ligne, pour l'ensemble du personnel, et donc outil mondial. Pourquoi ? Parce que précisément, dans un groupe international, que vous soyez au Maroc, en Inde, en Chine ou en France, si vous êtes un commercial, un acheteur, un ingénieur, vous avez certainement besoin d'avoir les mêmes messages, la même formation, la même culture d'entreprise. Donc ça, c'est vraiment typiquement la transformation numérique appliquée au RH. Ça peut paraître anecdotique pour des entreprises qui le font depuis longtemps, mais quand vous êtes dans un groupe de 5000, dans 17 pays, ce n'est pas forcément évident. Donc ça, c'est un beau chantier, de développement des compétences en passant par un outil moderne qui va permettre que où que vous soyez, quel que soit votre fuseau horaire, votre créneau, votre langue, de pouvoir vous former. Et donc aussi d'étoffer la formation. Et puis l'autre chantier intéressant que je connais, puisque j'ai déjà pu participer à le mettre en œuvre dans une entreprise, c'est une enquête d'opinion. Alors ça, c'est quelque chose aussi de très connu dans le milieu RH. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais c'est un très beau sujet puisque ce serait la première enquête d'opinion du groupe Tesca, puisque ce groupe depuis 2016 n'en a jamais fait. Il y a parfois des enquêtes d'opinion locale qui dépendent du service RH local, mais il n'y a pas eu d'enquête d'opinion unique pour l'ensemble du groupe. Et donc là, pour nous, c'est vraiment très intéressant de pouvoir évaluer l'état d'esprit, la mentalité, l'opinion que le personnel a de l'entreprise sur son avenir, sur les choix qu'elle fait. Ça va des conditions de travail, on va pouvoir interroger sur des choses très pratiques qui vont pouvoir alimenter nos plans d'action en général. Mais également, la stratégie, la situation de l'entreprise, qu'est-ce que vous en pensez ? Et ça, en fait aussi, moi qui ai pu mener déjà en place une telle enquête, je l'ai fait dans une entreprise où tout le monde était sur le même site, parlait la même langue. C'était plus simple. Là, on parle, comme je vous ai dit, 17 pays, autant de nationalités, des langues. Il y a quand même cet enjeu-là qu'il faut qu'on puisse organiser. Et c'est vrai que c'est aussi pour ça qu'il était nécessaire que je puisse aider le directeur des ressources humaines pour qu'on ait vraiment plus de ressources en centrale pour le faire.

  • Caroline TREUILLARD

    Et quand on préparait ce rendez-vous, vous m'aviez dit qu'un certain nombre de collaborateurs dans le groupe n'avaient pas accès à un e-mail,

  • Thomas TIHY

    par exemple. C'est ça, c'est l'enjeu. C'est-à-dire que... On a beau être un groupe moderne, forcément, un groupe moderne ne veut pas forcément dire que vous attribuez un ordinateur et une adresse email à tout le monde, surtout lorsque ce n'est pas forcément nécessaire dans votre travail. C'est le cas de beaucoup d'ouvriers, d'opérateurs, de couturiers. Ce sont des populations qui n'ont pas forcément besoin et n'en ont pas. Donc, en effet, il y a cet enjeu-là, c'est-à-dire que là, l'enquête d'opinion, il va peut-être falloir qu'on la fasse en deux temps. D'abord, toutes les personnes qui ont accès à l'adresse email. Et puis, dans un second temps, il faudra qu'on réfléchisse aussi à ça. Puisqu'en fait, l'enjeu aussi, c'est que les réponses soient de qualité, ce n'est pas de... d'avoir un taux de participation pour avoir un taux de participation. Il faut aussi que ces personnels aient aussi le temps d'y répondre. Et puis aussi, c'est une enquête confidentielle, donc on ne veut pas aussi que ce soit sous l'influence des autres collègues, dérangés par les autres, etc. Donc ça, c'est un enjeu.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Alors là, on va parler de votre lien avec l'international. Quand on a préparé cette interview, on a parlé des VIE, qui était une super opportunité dans l'entreprise, et de la personnalisation, l'expatriation. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu comment ça se passe ?

  • Thomas TIHY

    Oui, alors l'international, j'en fais uniquement depuis que je suis à Tesca, donc depuis 2019. Même dans ma formation RH, je n'ai pas eu forcément de spécialisation sur ce sujet. Sujet très intéressant, puisqu'en effet, on retrouve bien sûr des éléments de gestion du personnel que vous pouvez avoir dans un pays, mais vous l'appliquez avec cet aspect, voilà, plusieurs pays, donc des droits différents. Et puis une population spécifique, puisque la mobilité internationale, en effet, elle est naturellement plutôt... éligible à des populations cadres, supérieures, de direction, de responsabilité importante, à forte valeur ajoutée. Donc ça permet en effet d'accompagner des populations pour lesquelles c'est un moment important de leur vie. Ils partent parfois avec une famille, c'est une étape forte dans leur carrière. Donc il faut aussi sécuriser, rassurer tout ça. Et donc en fait, à Tesca, nous avons une bonne dizaine au total de personnes en mobilité internationale. Donc à la fois c'est peu, dans un groupe de 5000. Mais c'est suffisant pour que ça puisse aussi bien nous occuper, puisque finalement, quasiment aucune de ces mobilités est identique. Ce sont soit des expatriations, des détachements, ça peut être en Europe, en Union Européenne ou à l'autre bout du monde. Ce n'est pas forcément la même séniorité, le même type de responsabilité. C'est parfois des célibataires comme ça peut être des familles. Donc c'est vrai que là-dessus, j'ai trouvé ça à la fois très intéressant, puisqu'on essaye quand même d'avoir une politique commune. Il y a des bases communes, un socle commun qu'on a mis en place, que le DRH de Tesca... quand il est arrivé, il lui a fait en sorte de pouvoir mettre en œuvre. Mais en revanche, il y a cette personnalisation qui permet vraiment de pouvoir adapter au mieux possible par rapport aux besoins du service, par rapport au profil des uns et des autres. Donc là, avec ma nouvelle casquette, je reste l'interlocuteur de cette population-là, précisément parce que c'est une population en mobilité, qui a donc finalement deux services RH, le service RH qui la reçoit, le service RH qui envoi, mais entre les deux, il faut quand même une cohérence, il faut quelqu'un qui suive ça, et il faut que ces personnes puissent avoir toujours un lien fort avec le siège social. précisément parce que souvent, le coup d'après, c'est parfois de revenir à Paris ou de partir dans un autre pays. Donc, il faut quand même garder ce lien.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Et sur la partie VIE ?

  • Thomas TIHY

    Alors, les VIE, le volontariat international en entreprise, nous l'utilisons également. Là aussi, nous en avons peu. Je crois que de tête, aujourd'hui, nous en avons cinq. Donc, vous voyez, ce n'est pas nombreux. Mais alors là aussi, on le fait de façon vraiment de manière qualitative. C'est-à-dire qu'on n'a pas d'enjeu d'en prendre beaucoup. naturellement, c'est plutôt en effet des profils de Bac plus 5, ça va être des ingénieurs, ça peut être des jeunes financiers, des jeunes commerciaux, des chefs de projet. Et là, en fait, le VIE, pour nous, c'est un véritable vivier de talent. Alors, le mot talent est parfois galvaudé, mais là, c'est vraiment le cas, c'est-à-dire qu'on essaie vraiment de former et également d'identifier où est-ce que ces jeunes sont aussi les mieux à même de pouvoir ensuite continuer, puisque... L'idée, c'est qu'après un ou deux ans de VIE, si possible, on les recrute. Et vous voyez, depuis que je suis à Tesca, j'ai eu pareil une bonne dizaine, presque 15, je crois, VIE. Quasiment tous ont une proposition de CDI à la clé. Si ça s'est fait ou pas fait, souvent c'est aussi parce qu'eux-mêmes ont fait des changements. On fait des changements de choix, de pays, de métiers ou autres. Mais vous voyez, il y a vraiment cette idée-là. C'est un peu comme l'apprentissage. Où, on l'emplace, on le favorise. Et l'idée, c'est aussi de préparer les futurs cadres de demain. Après un ou deux ans de VIE, on essaye si possible de garder les gens. Et en fait, pour nous, c'est hyper important parce que c'est un pont entre la France, qui est la société mère, et nos filiales. Ça permet vraiment d'avoir un lien parfois plus fort, de passer aussi des messages. Et donc pour nous, c'est une véritable conviction. C'est quelque chose de vraiment… C'est un peu comme des ambassadeurs, finalement. C'est des ambassadeurs, c'est parfois des représentants, c'est une courroie de transmission aussi de certaines informations. Et pour eux, c'est sûr que c'est un dispositif… vraiment adapté, c'est assez simple de mise en place quand on compare à une expatriation. C'est bien cadré par l'État, par les gouvernements. Et puis, ça sécurise même la relation de travail, puisque il n'y a pas de discussion sur la nature juridique du contrat. C'est très encadré, c'est très clair.

  • Caroline TREUILLARD

    Ça permet de fidéliser les collaborateurs.

  • Thomas TIHY

    Et c'est ça, tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Si on en revient au point RH, faire plus un focus RH, quel conseil donneriez-vous à un jeune qui prend un poste aujourd'hui en ressources humaines ?

  • Thomas TIHY

    Alors, cette question, en effet, c'est... Je la connais bien, puisque notamment dans le master auquel j'interviens, j'ai notamment une intervention là-dessus, qui est vraiment ses conseils de début de carrière sur comment se positionner. Alors, bien sûr, vous ne vous positionnez pas de la même façon si vous aspirez à des postes plutôt de technicien ou d'exécution RH, ou des postes vraiment de responsabilité RH à terme. Moi, je pense qu'il y a un vrai sujet, c'est qu'il faut vraiment organiser et bien définir quelles sont vos convictions. ce que vous souhaitez apporter à l'entreprise, quelle est votre conception de la fonction RH. Certaines personnes, vous le savez, beaucoup de gens, c'est une fonction qui est très décriée, pas forcément très populaire, parfois très méconnue, et là-dessus on le comprend, mais il est vrai que les gens ont tendance à réduire le RH. Alors soit d'un côté c'est la nounou, l'assistant social, soit c'est les grands méchants, toujours du côté des patrons. En fait, ce métier, moi, je l'ai découvert un peu par hasard. J'ai découvert ça par le droit du travail, j'ai découvert ça par mes expériences en entreprise. Jamais à l'issue du bac ou en première année de droit, j'aurais pensé de venir, aller aspirer à des postes de RH. C'était pas une vocation ? Pas du tout, et finalement, ça l'est devenu, parce que j'ai trouvé vraiment que c'était un très bon moyen de concilier des compétences qui sont techniques, que ce soit juridiques, administratives, de gestion des personnels. et puis également accompagner la stratégie, une politique d'entreprise, être au service d'une organisation. Et voyez, un des éléments qui, pour moi, contribue parfois à une forme d'impopularité des RH, c'est le fait que les ressources humaines ne font pas forcément assez savoir ce qu'elles font. Ce ne sont pas des experts en communication. Et moi, c'est le grand conseil, c'est-à-dire qu'un projet, quel qu'il soit, RH ou pas RH, mais en l'occurrence, on parle des ressources humaines. il doit être considéré comme terminé une fois que vous avez aussi fait votre communication qui va derrière. Il faut faire savoir à vos parties prenantes, ça va des syndicats, des représentants du personnel, des managers de votre comité de direction, mais également l'ensemble des personnels. Alors bien sûr, à la hauteur de l'information dont ils ont besoin, je ne dis pas qu'il faut noyer les gens, la bonne communication ce n'est pas ça, mais vraiment pour moi il y a un enjeu de com'interne, il faut prendre en main la communication interne en général, qui parfois est délaissée à d'autres services, comme le service communication et d'autres. Parce que précisément, on dit, ils savent faire, ils ont le temps. Ils savent peut-être faire, ils ont la technique, mais ils ont les outils, mais les messages, ça doit être des messages qui doivent venir de la direction des ressources humaines. Je pense que ça répond à votre question.

  • Caroline TREUILLARD

    Absolument.

  • Thomas TIHY

    Mais vous voyez, il y a aussi un autre aspect important, c'est de faire attention à toutes les modes RH. Et c'est ce que je vous disais avant cet entretien. Aujourd'hui sort dans l'Express tout un article, une interview de Julia de Funès, qui est de plus en plus connue dans le métier. RH qui est philosophe, et vous voyez, ça pour moi c'est très intéressant, c'est souvent ce que je conseille, c'est-à-dire qu'il faut quand même questionner les modes au niveau RH, et précisément, ce que l'on voit, c'est qu'au bout du bout, les personnes qui peuvent aspirer au poste la plus grande responsabilité, c'est souvent celles qui prennent aussi ce recul, qui ont la culture générale qui leur permet aussi, indépendamment de toutes ces modes RH, de toutes ces tendances, de pouvoir voir ce qui est vraiment garder l'essentiel, et parfois souvent, les ressources humaines, les choses sont assez simples. avec du bon sens, du pragmatisme, du respect. Vous avez, je pense, souvent l'essentiel pour faire compromis et de pouvoir avancer. Et voilà, donc faire très attention à toutes ces modes, toutes ces tendances et prendre un peu de recul.

  • Caroline TREUILLARD

    Merci beaucoup. Et votre métier dans 20 ans, vous le voyez comment, Thomas ?

  • Thomas TIHY

    Alors c'est vrai que ça, c'est une très bonne question parce que, comment dire, on voit bien que tout le monde est inquiet avec l'intelligence artificielle, que je pense quel que soit le métier. Encore une fois, souvent en plus, déjà, à quoi sert ce métier maintenant ? Donc à quoi il servirait dans 20 ans si on écoute... l'homme de la rue. Moi, comment je le vois, je pense que de toute façon, ce qui est certain, c'est que de toute façon, il va se techniciser encore plus et il sera encore de plus en plus exigeant parce que précisément, la fonction administrative pure sera de plus en plus automatisée, informatisée. Donc, de toute façon, on va vraiment attendre les ressources humaines sur la décision, sur les choix qui sont faits, également sur la stratégie, l'anticipation des besoins. Mais ce qui est certain, c'est que c'est un métier qui ne va pas échapper à la numérisation. Et au contraire, c'est très bien. On va pouvoir se libérer du temps, de toute dimension administrative. On va pouvoir avoir des outils de plus en plus efficaces. Ces outils doivent, pour moi, participer à œuvrer pour le bien commun. Le bien commun, c'est dans l'entreprise, mais aussi le bien commun en général. Et donc, il faut qu'il soit au service de l'Homme, avec un grand H. Donc, il faut en effet faire attention, je pense, à certaines dérives. L'idée, ce n'est pas de brider le développement. Moi, je suis vraiment pour le développement technologique, scientifique en général. Mais il va falloir quand même l'accompagner en ayant la réflexion qu'il faut bien. Vous voyez, l'intelligence artificielle, typiquement, demain, il y a quand même des inquiétudes et il ne faut pas les sous-estimer. Elles vont arriver en entreprise. Il va falloir peut-être se doter de codes d'utilisation d'intelligence artificielle. Il va falloir quand même réguler, etc. Cadrer. Cadrer ces choses. Donc, voilà, ça, c'est pour moi un enjeu. Après, sur d'autres aspects, ce qui est certain, c'est que l'internationalisation ne va que s'étoffer. Ça ne va... que continuer, ça c'est certain. Donc en effet, le RH, il sera de plus en plus nécessairement à l'international. Donc ça, c'est évident, c'est ce que je dis aussi aux étudiants. Il faut apprendre l'anglais, il faut se mettre à l'anglais. Ça vient de quelqu'un qui ne parlait pas du tout anglais il y a encore quelques années, j'y me suis mis parce qu'il n'y a pas le choix, il faut s'y mettre. Il faut continuer. Et puis voyez, le droit, pareil, je pense que le droit ne va pas être plus simple. Le droit va continuer à s'étoffer, à se complexifier. Donc là aussi, il va falloir continuer à naviguer dans un environnement juridique complexe. On a l'impression que les frontières disparaissent avec le numérique, avec les réseaux, avec les moyens de communication, mais les frontières existeront toujours. Et donc voilà, une entreprise, elle a beau être internationale, elle a beau envoyer des gens un peu partout, n'empêche que le droit, lui, ne va pas se simplifier. Donc ça, je pense qu'en effet, il y aura toujours une valeur ajoutée. à pouvoir être, par exemple, juriste en droit du travail, mais pas que juriste français en droit du travail, essayer d'étoffer aussi...

  • Caroline TREUILLARD

    Il y aura peut-être des nouveaux métiers.

  • Thomas TIHY

    Et puis après, je pense qu'en effet, il y a un aspect générationnel, c'est-à-dire que les générations évoluent de plus en plus vite, on sent qu'il y a de plus en plus de clivages et de différentes façons de travailler, de mentalité d'une génération à l'autre, et ça s'accélère, c'est-à-dire qu'on voit vraiment de plus en plus d'écarts, même entre des jeunes qu'on peut penser être de la même génération, quand ils ont deux ou trois ans d'écart, déjà, on commence à voir des choses différentes. Donc je pense qu'il faut aussi rester ouvert d'esprit, c'est-à-dire que, moi, ce que je dis, on a nos principes, moi, les principes sont intangibles, quelle que soit l'époque, là où on est, les principes n'ont pas vocation à évoluer, mais après, bien sûr, on doit adapter la façon aussi de les mettre en œuvre, et donc, vous voyez, il faut être à l'écoute de cette génération qui a des choses à apporter. Moi, j'ai 34 ans, je ne suis pas un vieux, mais je ne suis pas non plus, je suis parfois aussi assez éloigné de certaines personnes plus jeunes, mais en même temps, voilà, il va falloir aussi la cadrer parce que... On voit quand même qu'il y a un décalage de plus en plus fort entre le monde de l'entreprise, qui en effet reste un monde hiérarchisé, exigeant, avec des objectifs, avec des attentes, que ce soit de qualité du travail, mais aussi de savoir-être. Et on se rend compte qu'il y a parfois de plus en plus ce décalage. Donc je pense que c'est pour ça, les ressources humaines doivent aider les plus jeunes à s'intégrer à l'entreprise, parce qu'en fait, ils ont beaucoup de choses à offrir. Et moi, je le crois, quand on leur parle, ils sont très intéressants, ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. Mais il faut une phase transitoire, et ça, je pense que c'est pour ça aussi, notamment, que je crois dans l'apprentissage, qui est vraiment, pour moi, la clé pour se professionnaliser et être un professionnel aguerri.

  • Caroline TREUILLARD

    Pour conclure, Thomas, pour vous, il faut faire attention aux modes et aux tendances RH qui tentent à se généraliser et qui ne vont pas toujours forcément dans la bonne direction. L'importance de la com RH, les RH doivent prendre en main la com interne et faire passer les bons messages. Et enfin, votre vision du futur des RH. Ce sont de bons outils, l'intégration de l'IA à bon escient et avec le bon cadrage, et surtout l'importance de l'internationalisation des RH. Merci beaucoup Thomas.

  • Thomas TIHY

    Merci à vous, merci pour le temps que vous m'avez accordé.

  • Caroline TREUILLARD

    C'est la fin de cet épisode, merci de l'avoir suivi. On se retrouve le mois prochain avec un nouvel invité. D'ici là, n'hésitez pas à partager le podcast avec quelqu'un qui pourrait être intéressé.

Description

En ce mois de novembre, j’ai eu le plaisir de recevoir Thomas TIHY, au micro de WE ❤️ MOBILITY.

Thomas est Adjoint du directeur des Ressources humaines Groupe chez TESCA.



Au programme de cet épisode : 

👉 Les enjeux pour le groupe TESCA, dans un secteur en profonde mutation 

👉 L’importance de la communication RH

👉 L’internationalisation des RH



Qui est Thomas ? 

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Crédits :

Production : Caroline Treuillard et Marion Letellier

Musique : Amarià - Lovely Swindler

Graphisme : Marion Letellier


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, le premier podcast dédié aux tendances de la mobilité internationale et de la gestion des talents. Chaque premier lundi du mois, je reçois un invité avec qui on va discuter des tendances et du futur de la mobilité internationale, du recrutement et de la gestion des talents étrangers. Moi, c'est Caroline Treillard, directrice générale du groupe Mobility Compliance, acteur incontournable de la mobilité internationale, dans laquelle j'évolue depuis presque 20 ans. Retrouvez-nous sur LinkedIn et Instagram pour suivre l'actualité du podcast et interagir avec nous. Au programme de cet épisode, les enjeux pour le groupe Tesca dans un secteur en profonde mutation, les grands projets RH du moment et la mobilité internationale dans le groupe, peu de MI, mais des mobilités toutes différentes. Bonjour Thomas.

  • Thomas TIHY

    Bonjour Caroline.

  • Caroline TREUILLARD

    Bienvenue dans We Love Mobility, je suis ravie de vous recevoir aujourd'hui. Alors Thomas, vous êtes adjoint du directeur des ressources humaines de Tesca Group. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Thomas TIHY

    Avec plaisir, merci pour votre accueil. Moi, je suis dans les ressources humaines depuis une dizaine d'années, et comme vous l'avez dit, je suis à Tesca, qui est une entreprise équipementier automobile. Avant TESCA, j'ai travaillé déjà dans l'industrie, au chantier de l'Atlantique, et je suis issu d'une formation en droit du travail. J'ai fait un master en droit du travail que j'ai complété par un master en management des ressources humaines. Et donc je travaille depuis une dizaine d'années en entreprise, au service des directions des ressources humaines. Et depuis quelques années, donc là depuis cinq ans, je suis enseignant aussi à l'université, j'interviens dans mon ancien master RH, l'IAE Nantes. Je suis aussi intervenu pendant deux ans à l'IES en Vendée au sein du Master RH également. Et là, depuis début 2023, je suis conseiller prud'homme, collège employeur au conseil de prud'homme de Nanterre. Toutes ces activités, ça me permet finalement de lier mon emploi à travers divers environnements. Donc, bien évidemment, mon emploi principal qui est le monde de l'entreprise que je complète avec à la fois cette activité auprès des plus jeunes, des personnes qui aspirent à devenir RH. Et puis également cet aspect juridique, le conseil de prud'homme, c'est... un tribunal, des relations de travail entre les salariés et les entreprises. Et c'est pour moi le juriste que je suis de formation, un très bon moyen de toujours rester en veille et puis de continuer d'apprendre et de mettre au service de la justice en France également mon expérience et ma façon de voir les choses.

  • Caroline TREUILLARD

    Donc ce sont des activités qui sont complémentaires à ce que vous faites principalement.

  • Thomas TIHY

    Tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Est-ce que vous pouvez nous présenter Tesca ?

  • Thomas TIHY

    Alors Tesca Group, c'est donc une entreprise française. Dont le siège social est basé à la Défense. C'est un groupe international qui est composé de plus de 5000 collaborateurs à travers le monde. Nous avons passé la barre des 5000 cette année. Nous sommes présents dans 17 pays, dont deux principaux pays de par l'effectif, qui sont le Maroc et la Tunisie. Nous avons presque 80% de l'effectif dans ces deux pays, puisque nous avons beaucoup de main-d'œuvre. Nous sommes donc un équipementier automobile. Nous fabriquons du textile pour les voitures, donc tout le textile que vous trouvez dans un véhicule, le textile qui recouvre les sièges, mais également à l'intérieur du véhicule. Et nous construisons également les composants du siège, donc pas le siège complet, mais les composants comme l'appuie-tête, l'accoudoir. No us fabriquons et vendons nos produits pour près de 50 constructeurs automobiles à travers le monde, de marques connues européennes que vous avez peut-être, et puis il y a des marques à l'autre bout du monde, plus ou moins méconnues également en Europe. Voilà, et donc Tesca, c'est une entreprise qui existe sous ce nom depuis 2016, puisque c'est une entreprise qui est issue d'une entreprise qui, elle, est plus ancienne et existe toujours, mais qui s'est séparée de ses activités de production textile automobile et composante siège. Donc la marque Tesca existe, mais nous sommes issus d'un outil industriel et d'un savoir-faire qui remonte au 19e siècle, puisque c'était une entreprise également du textile. Et donc voilà, et donc Tesca passe les étapes, puisque quand je suis arrivé en 2019 à Tesca, Nous avions moins de 3000 collaborateurs, on n'était pas forcément présent dans autant de pays, on n'avait pas autant de clients. Et maintenant, comme je vous l'ai dit, on a largement aussi progressé, on s'est pas mal développé.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien, merci pour ces explications. Quels sont les principaux enjeux actuels de l'entreprise ?

  • Thomas TIHY

    Alors les principaux enjeux, ils sont liés au secteur d'activité dans lequel nous sommes, puisque nous sommes un textilien et fabricant de composants de sièges, mais pour quel secteur ? L'automobile. Donc on est totalement liés aux actualités de ce secteur. Ce secteur, c'est un secteur en profonde mutation qui connaît très bien les crises, un secteur très exigeant. Parfois, on dit, j'ai souvent pu entendre dire ça, que quand on est dans l'industrie, qu'on est passé par l'automobile, c'est un peu comme si on était passé, en effet, peut-être, c'est un peu comme un soldat qui serait allé au combat. Il y a la différence entre ceux qui ont été à la guerre et pas à la guerre. Voilà, c'est quand même un secteur avec des coups d'accélérateur, des freins à tout moment, on se prend des coups. Donc, les enjeux, quels sont-ils ? En fait... Nous avons pas mal d'enjeux, c'est-à-dire à la fois, il y a une baisse générale de vente de véhicules dans le monde. Le secteur global n'a pas retrouvé les ventes d'avant Covid. Vous avez tout l'enjeu de la transition écologique, puisque vous le savez, que ce soit les réglementations des pays, mais également les exigences du client, et puis tout simplement l'impératif environnemental. Vous avez tout le sujet d'arrêt du diesel ou pas, passer à l'électrique. Vous avez également l'enjeu de la voiture. de plus en plus autonome, qui peut-être conduira vraiment tout seul de façon plus généralisée. Donc tout ça, c'est les enjeux de ce secteur, mais l'avantage et l'intérêt et la force de Tesca, c'est que nous, étant donné que nous sommes textiliens, nous, que la voiture soit électrique ou qu'elle soit au diesel, finalement, il y a toujours besoin de cet équipement, voire plus, puisque à terme, si on parle d'un véhicule autonome, c'est un véhicule dont le passager a plus de temps pour discuter, profiter de l'intérieur. Et qui dit profiter de l'intérieur, c'est donc, ça sera de plus en plus un salon. Et donc, il faut au contraire que ce soit à la fois confortable, esthétique et que ça plaise au client. Donc, une fois que j'ai dit ça, en fait, quels sont les autres sujets ? Je vous ai parlé de l'environnement, peut-être la transition environnementale, qui pour nous, en effet, a peut-être moins de conséquences en termes d'énergie, je veux dire, que vous utilisez pour le véhicule. Mais en revanche, l'enjeu, parce qu'on est textilien, c'est notamment d'où viennent nos produits ? Sont-ils recyclables ? Est-ce que c'est déjà des produits recyclés ? L'industrie textile en général, c'est une industrie qui est connue pour être assez polluante, que ce soit de par les produits qu'elle utilise, mais également de par ce que l'on peut faire finalement des déchets de cette industrie. Beaucoup de vêtements finalement ne sont pas recyclés, et c'est aussi un sujet pour l'automobile. Donc nous on a cet enjeu-là parce qu'il y a à la fois un enjeu de décarbonation qui est une exigence légale ou imposée aussi par nos clients, et puis vous avez l'enjeu aussi de nos produits, donc l'analyse de cycle de vie, connaître toute la vie de votre produit. Donc il y a cet enjeu-là qui est très fort, et notamment, ça c'est l'enjeu final sur notre activité, mais dans nos enjeux d'organisation, comme je vous l'ai dit, Tesca est une entreprise qui a grandi assez fortement, moins de 3 000 en 2019, plus de 5 000 aujourd'hui, donc on a aussi des enjeux industriels. C'est une entreprise qui continue sa croissance et qui doit essayer de l'accompagner parce que grandir c'est facile, c'est facile, c'est possible. En tout cas, ça peut être aussi compliqué si vous n'accompagnez pas votre organisation, votre management, votre structure, votre outil industriel. Le recrutement, c'est donc que vous devez former des personnes, que vous devez aussi les garder. Donc on a de nombreux enjeux qui va de la transformation numérique. Il faut absolument se moderniser à ce niveau-là. Il faut numériser nos process, numériser nos outils. Et on a aussi l'enjeu de l'international. On est présent dans 17 pays. Vous avez cet enjeu multiculturel, cet enjeu de la langue, cet enjeu de l'efficacité. Donc voilà, de nombreux challenges à relever, que ce soit sur la partie environnementale, transformation numérique, management, organisation.

  • Caroline TREUILLARD

    Et du coup, ça me permet d'aller sur vos grands projets du moment, les grands sujets du moment, ce qui vous occupe là en cette rentrée. Est-ce que vous pouvez nous en parler rapidement ?

  • Thomas TIHY

    Alors moi, donc à titre personnel, j'ai évolué récemment puisque vous avez cité mon emploi actuel, mais j'ai changé de poste cet été. puisque pendant cinq ans, j'étais le responsable RH uniquement pour la France, pour la gestion du personnel français de Tesca. Tesca, donc je vous ai dit 5 000 salariés dans le monde, mais c'était, et c'est toujours, une centaine de salariés en France. Et là, je suis maintenant sur des sujets groupes pour assister le directeur des ressources humaines. C'est un nouveau poste, puisque précisément, l'entreprise continue de se structurer pour accompagner sa croissance. Et donc là, en fait, c'est passionnant, puisque... on va vraiment pouvoir essayer de mettre en place de plus en plus de procédures, de dispositifs RH, pas simplement au niveau des pays, qui est donc forcément localisé, qui est adapté aux droits locaux, qui correspond à la culture locale, mais vraiment avoir aussi de plus en plus de process et de dispositifs RH au niveau groupe. Et notamment deux grands chantiers que je peux vous dire aujourd'hui, puisqu'on est vraiment en cours et bientôt les annoncer aussi en interne à toutes les parties prenantes, c'est en fait la mise en place d'un outil unique au groupe de e-learning, donc de formation en ligne, pour l'ensemble du personnel, et donc outil mondial. Pourquoi ? Parce que précisément, dans un groupe international, que vous soyez au Maroc, en Inde, en Chine ou en France, si vous êtes un commercial, un acheteur, un ingénieur, vous avez certainement besoin d'avoir les mêmes messages, la même formation, la même culture d'entreprise. Donc ça, c'est vraiment typiquement la transformation numérique appliquée au RH. Ça peut paraître anecdotique pour des entreprises qui le font depuis longtemps, mais quand vous êtes dans un groupe de 5000, dans 17 pays, ce n'est pas forcément évident. Donc ça, c'est un beau chantier, de développement des compétences en passant par un outil moderne qui va permettre que où que vous soyez, quel que soit votre fuseau horaire, votre créneau, votre langue, de pouvoir vous former. Et donc aussi d'étoffer la formation. Et puis l'autre chantier intéressant que je connais, puisque j'ai déjà pu participer à le mettre en œuvre dans une entreprise, c'est une enquête d'opinion. Alors ça, c'est quelque chose aussi de très connu dans le milieu RH. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais c'est un très beau sujet puisque ce serait la première enquête d'opinion du groupe Tesca, puisque ce groupe depuis 2016 n'en a jamais fait. Il y a parfois des enquêtes d'opinion locale qui dépendent du service RH local, mais il n'y a pas eu d'enquête d'opinion unique pour l'ensemble du groupe. Et donc là, pour nous, c'est vraiment très intéressant de pouvoir évaluer l'état d'esprit, la mentalité, l'opinion que le personnel a de l'entreprise sur son avenir, sur les choix qu'elle fait. Ça va des conditions de travail, on va pouvoir interroger sur des choses très pratiques qui vont pouvoir alimenter nos plans d'action en général. Mais également, la stratégie, la situation de l'entreprise, qu'est-ce que vous en pensez ? Et ça, en fait aussi, moi qui ai pu mener déjà en place une telle enquête, je l'ai fait dans une entreprise où tout le monde était sur le même site, parlait la même langue. C'était plus simple. Là, on parle, comme je vous ai dit, 17 pays, autant de nationalités, des langues. Il y a quand même cet enjeu-là qu'il faut qu'on puisse organiser. Et c'est vrai que c'est aussi pour ça qu'il était nécessaire que je puisse aider le directeur des ressources humaines pour qu'on ait vraiment plus de ressources en centrale pour le faire.

  • Caroline TREUILLARD

    Et quand on préparait ce rendez-vous, vous m'aviez dit qu'un certain nombre de collaborateurs dans le groupe n'avaient pas accès à un e-mail,

  • Thomas TIHY

    par exemple. C'est ça, c'est l'enjeu. C'est-à-dire que... On a beau être un groupe moderne, forcément, un groupe moderne ne veut pas forcément dire que vous attribuez un ordinateur et une adresse email à tout le monde, surtout lorsque ce n'est pas forcément nécessaire dans votre travail. C'est le cas de beaucoup d'ouvriers, d'opérateurs, de couturiers. Ce sont des populations qui n'ont pas forcément besoin et n'en ont pas. Donc, en effet, il y a cet enjeu-là, c'est-à-dire que là, l'enquête d'opinion, il va peut-être falloir qu'on la fasse en deux temps. D'abord, toutes les personnes qui ont accès à l'adresse email. Et puis, dans un second temps, il faudra qu'on réfléchisse aussi à ça. Puisqu'en fait, l'enjeu aussi, c'est que les réponses soient de qualité, ce n'est pas de... d'avoir un taux de participation pour avoir un taux de participation. Il faut aussi que ces personnels aient aussi le temps d'y répondre. Et puis aussi, c'est une enquête confidentielle, donc on ne veut pas aussi que ce soit sous l'influence des autres collègues, dérangés par les autres, etc. Donc ça, c'est un enjeu.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Alors là, on va parler de votre lien avec l'international. Quand on a préparé cette interview, on a parlé des VIE, qui était une super opportunité dans l'entreprise, et de la personnalisation, l'expatriation. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu comment ça se passe ?

  • Thomas TIHY

    Oui, alors l'international, j'en fais uniquement depuis que je suis à Tesca, donc depuis 2019. Même dans ma formation RH, je n'ai pas eu forcément de spécialisation sur ce sujet. Sujet très intéressant, puisqu'en effet, on retrouve bien sûr des éléments de gestion du personnel que vous pouvez avoir dans un pays, mais vous l'appliquez avec cet aspect, voilà, plusieurs pays, donc des droits différents. Et puis une population spécifique, puisque la mobilité internationale, en effet, elle est naturellement plutôt... éligible à des populations cadres, supérieures, de direction, de responsabilité importante, à forte valeur ajoutée. Donc ça permet en effet d'accompagner des populations pour lesquelles c'est un moment important de leur vie. Ils partent parfois avec une famille, c'est une étape forte dans leur carrière. Donc il faut aussi sécuriser, rassurer tout ça. Et donc en fait, à Tesca, nous avons une bonne dizaine au total de personnes en mobilité internationale. Donc à la fois c'est peu, dans un groupe de 5000. Mais c'est suffisant pour que ça puisse aussi bien nous occuper, puisque finalement, quasiment aucune de ces mobilités est identique. Ce sont soit des expatriations, des détachements, ça peut être en Europe, en Union Européenne ou à l'autre bout du monde. Ce n'est pas forcément la même séniorité, le même type de responsabilité. C'est parfois des célibataires comme ça peut être des familles. Donc c'est vrai que là-dessus, j'ai trouvé ça à la fois très intéressant, puisqu'on essaye quand même d'avoir une politique commune. Il y a des bases communes, un socle commun qu'on a mis en place, que le DRH de Tesca... quand il est arrivé, il lui a fait en sorte de pouvoir mettre en œuvre. Mais en revanche, il y a cette personnalisation qui permet vraiment de pouvoir adapter au mieux possible par rapport aux besoins du service, par rapport au profil des uns et des autres. Donc là, avec ma nouvelle casquette, je reste l'interlocuteur de cette population-là, précisément parce que c'est une population en mobilité, qui a donc finalement deux services RH, le service RH qui la reçoit, le service RH qui envoi, mais entre les deux, il faut quand même une cohérence, il faut quelqu'un qui suive ça, et il faut que ces personnes puissent avoir toujours un lien fort avec le siège social. précisément parce que souvent, le coup d'après, c'est parfois de revenir à Paris ou de partir dans un autre pays. Donc, il faut quand même garder ce lien.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Et sur la partie VIE ?

  • Thomas TIHY

    Alors, les VIE, le volontariat international en entreprise, nous l'utilisons également. Là aussi, nous en avons peu. Je crois que de tête, aujourd'hui, nous en avons cinq. Donc, vous voyez, ce n'est pas nombreux. Mais alors là aussi, on le fait de façon vraiment de manière qualitative. C'est-à-dire qu'on n'a pas d'enjeu d'en prendre beaucoup. naturellement, c'est plutôt en effet des profils de Bac plus 5, ça va être des ingénieurs, ça peut être des jeunes financiers, des jeunes commerciaux, des chefs de projet. Et là, en fait, le VIE, pour nous, c'est un véritable vivier de talent. Alors, le mot talent est parfois galvaudé, mais là, c'est vraiment le cas, c'est-à-dire qu'on essaie vraiment de former et également d'identifier où est-ce que ces jeunes sont aussi les mieux à même de pouvoir ensuite continuer, puisque... L'idée, c'est qu'après un ou deux ans de VIE, si possible, on les recrute. Et vous voyez, depuis que je suis à Tesca, j'ai eu pareil une bonne dizaine, presque 15, je crois, VIE. Quasiment tous ont une proposition de CDI à la clé. Si ça s'est fait ou pas fait, souvent c'est aussi parce qu'eux-mêmes ont fait des changements. On fait des changements de choix, de pays, de métiers ou autres. Mais vous voyez, il y a vraiment cette idée-là. C'est un peu comme l'apprentissage. Où, on l'emplace, on le favorise. Et l'idée, c'est aussi de préparer les futurs cadres de demain. Après un ou deux ans de VIE, on essaye si possible de garder les gens. Et en fait, pour nous, c'est hyper important parce que c'est un pont entre la France, qui est la société mère, et nos filiales. Ça permet vraiment d'avoir un lien parfois plus fort, de passer aussi des messages. Et donc pour nous, c'est une véritable conviction. C'est quelque chose de vraiment… C'est un peu comme des ambassadeurs, finalement. C'est des ambassadeurs, c'est parfois des représentants, c'est une courroie de transmission aussi de certaines informations. Et pour eux, c'est sûr que c'est un dispositif… vraiment adapté, c'est assez simple de mise en place quand on compare à une expatriation. C'est bien cadré par l'État, par les gouvernements. Et puis, ça sécurise même la relation de travail, puisque il n'y a pas de discussion sur la nature juridique du contrat. C'est très encadré, c'est très clair.

  • Caroline TREUILLARD

    Ça permet de fidéliser les collaborateurs.

  • Thomas TIHY

    Et c'est ça, tout à fait.

  • Caroline TREUILLARD

    Très bien. Si on en revient au point RH, faire plus un focus RH, quel conseil donneriez-vous à un jeune qui prend un poste aujourd'hui en ressources humaines ?

  • Thomas TIHY

    Alors, cette question, en effet, c'est... Je la connais bien, puisque notamment dans le master auquel j'interviens, j'ai notamment une intervention là-dessus, qui est vraiment ses conseils de début de carrière sur comment se positionner. Alors, bien sûr, vous ne vous positionnez pas de la même façon si vous aspirez à des postes plutôt de technicien ou d'exécution RH, ou des postes vraiment de responsabilité RH à terme. Moi, je pense qu'il y a un vrai sujet, c'est qu'il faut vraiment organiser et bien définir quelles sont vos convictions. ce que vous souhaitez apporter à l'entreprise, quelle est votre conception de la fonction RH. Certaines personnes, vous le savez, beaucoup de gens, c'est une fonction qui est très décriée, pas forcément très populaire, parfois très méconnue, et là-dessus on le comprend, mais il est vrai que les gens ont tendance à réduire le RH. Alors soit d'un côté c'est la nounou, l'assistant social, soit c'est les grands méchants, toujours du côté des patrons. En fait, ce métier, moi, je l'ai découvert un peu par hasard. J'ai découvert ça par le droit du travail, j'ai découvert ça par mes expériences en entreprise. Jamais à l'issue du bac ou en première année de droit, j'aurais pensé de venir, aller aspirer à des postes de RH. C'était pas une vocation ? Pas du tout, et finalement, ça l'est devenu, parce que j'ai trouvé vraiment que c'était un très bon moyen de concilier des compétences qui sont techniques, que ce soit juridiques, administratives, de gestion des personnels. et puis également accompagner la stratégie, une politique d'entreprise, être au service d'une organisation. Et voyez, un des éléments qui, pour moi, contribue parfois à une forme d'impopularité des RH, c'est le fait que les ressources humaines ne font pas forcément assez savoir ce qu'elles font. Ce ne sont pas des experts en communication. Et moi, c'est le grand conseil, c'est-à-dire qu'un projet, quel qu'il soit, RH ou pas RH, mais en l'occurrence, on parle des ressources humaines. il doit être considéré comme terminé une fois que vous avez aussi fait votre communication qui va derrière. Il faut faire savoir à vos parties prenantes, ça va des syndicats, des représentants du personnel, des managers de votre comité de direction, mais également l'ensemble des personnels. Alors bien sûr, à la hauteur de l'information dont ils ont besoin, je ne dis pas qu'il faut noyer les gens, la bonne communication ce n'est pas ça, mais vraiment pour moi il y a un enjeu de com'interne, il faut prendre en main la communication interne en général, qui parfois est délaissée à d'autres services, comme le service communication et d'autres. Parce que précisément, on dit, ils savent faire, ils ont le temps. Ils savent peut-être faire, ils ont la technique, mais ils ont les outils, mais les messages, ça doit être des messages qui doivent venir de la direction des ressources humaines. Je pense que ça répond à votre question.

  • Caroline TREUILLARD

    Absolument.

  • Thomas TIHY

    Mais vous voyez, il y a aussi un autre aspect important, c'est de faire attention à toutes les modes RH. Et c'est ce que je vous disais avant cet entretien. Aujourd'hui sort dans l'Express tout un article, une interview de Julia de Funès, qui est de plus en plus connue dans le métier. RH qui est philosophe, et vous voyez, ça pour moi c'est très intéressant, c'est souvent ce que je conseille, c'est-à-dire qu'il faut quand même questionner les modes au niveau RH, et précisément, ce que l'on voit, c'est qu'au bout du bout, les personnes qui peuvent aspirer au poste la plus grande responsabilité, c'est souvent celles qui prennent aussi ce recul, qui ont la culture générale qui leur permet aussi, indépendamment de toutes ces modes RH, de toutes ces tendances, de pouvoir voir ce qui est vraiment garder l'essentiel, et parfois souvent, les ressources humaines, les choses sont assez simples. avec du bon sens, du pragmatisme, du respect. Vous avez, je pense, souvent l'essentiel pour faire compromis et de pouvoir avancer. Et voilà, donc faire très attention à toutes ces modes, toutes ces tendances et prendre un peu de recul.

  • Caroline TREUILLARD

    Merci beaucoup. Et votre métier dans 20 ans, vous le voyez comment, Thomas ?

  • Thomas TIHY

    Alors c'est vrai que ça, c'est une très bonne question parce que, comment dire, on voit bien que tout le monde est inquiet avec l'intelligence artificielle, que je pense quel que soit le métier. Encore une fois, souvent en plus, déjà, à quoi sert ce métier maintenant ? Donc à quoi il servirait dans 20 ans si on écoute... l'homme de la rue. Moi, comment je le vois, je pense que de toute façon, ce qui est certain, c'est que de toute façon, il va se techniciser encore plus et il sera encore de plus en plus exigeant parce que précisément, la fonction administrative pure sera de plus en plus automatisée, informatisée. Donc, de toute façon, on va vraiment attendre les ressources humaines sur la décision, sur les choix qui sont faits, également sur la stratégie, l'anticipation des besoins. Mais ce qui est certain, c'est que c'est un métier qui ne va pas échapper à la numérisation. Et au contraire, c'est très bien. On va pouvoir se libérer du temps, de toute dimension administrative. On va pouvoir avoir des outils de plus en plus efficaces. Ces outils doivent, pour moi, participer à œuvrer pour le bien commun. Le bien commun, c'est dans l'entreprise, mais aussi le bien commun en général. Et donc, il faut qu'il soit au service de l'Homme, avec un grand H. Donc, il faut en effet faire attention, je pense, à certaines dérives. L'idée, ce n'est pas de brider le développement. Moi, je suis vraiment pour le développement technologique, scientifique en général. Mais il va falloir quand même l'accompagner en ayant la réflexion qu'il faut bien. Vous voyez, l'intelligence artificielle, typiquement, demain, il y a quand même des inquiétudes et il ne faut pas les sous-estimer. Elles vont arriver en entreprise. Il va falloir peut-être se doter de codes d'utilisation d'intelligence artificielle. Il va falloir quand même réguler, etc. Cadrer. Cadrer ces choses. Donc, voilà, ça, c'est pour moi un enjeu. Après, sur d'autres aspects, ce qui est certain, c'est que l'internationalisation ne va que s'étoffer. Ça ne va... que continuer, ça c'est certain. Donc en effet, le RH, il sera de plus en plus nécessairement à l'international. Donc ça, c'est évident, c'est ce que je dis aussi aux étudiants. Il faut apprendre l'anglais, il faut se mettre à l'anglais. Ça vient de quelqu'un qui ne parlait pas du tout anglais il y a encore quelques années, j'y me suis mis parce qu'il n'y a pas le choix, il faut s'y mettre. Il faut continuer. Et puis voyez, le droit, pareil, je pense que le droit ne va pas être plus simple. Le droit va continuer à s'étoffer, à se complexifier. Donc là aussi, il va falloir continuer à naviguer dans un environnement juridique complexe. On a l'impression que les frontières disparaissent avec le numérique, avec les réseaux, avec les moyens de communication, mais les frontières existeront toujours. Et donc voilà, une entreprise, elle a beau être internationale, elle a beau envoyer des gens un peu partout, n'empêche que le droit, lui, ne va pas se simplifier. Donc ça, je pense qu'en effet, il y aura toujours une valeur ajoutée. à pouvoir être, par exemple, juriste en droit du travail, mais pas que juriste français en droit du travail, essayer d'étoffer aussi...

  • Caroline TREUILLARD

    Il y aura peut-être des nouveaux métiers.

  • Thomas TIHY

    Et puis après, je pense qu'en effet, il y a un aspect générationnel, c'est-à-dire que les générations évoluent de plus en plus vite, on sent qu'il y a de plus en plus de clivages et de différentes façons de travailler, de mentalité d'une génération à l'autre, et ça s'accélère, c'est-à-dire qu'on voit vraiment de plus en plus d'écarts, même entre des jeunes qu'on peut penser être de la même génération, quand ils ont deux ou trois ans d'écart, déjà, on commence à voir des choses différentes. Donc je pense qu'il faut aussi rester ouvert d'esprit, c'est-à-dire que, moi, ce que je dis, on a nos principes, moi, les principes sont intangibles, quelle que soit l'époque, là où on est, les principes n'ont pas vocation à évoluer, mais après, bien sûr, on doit adapter la façon aussi de les mettre en œuvre, et donc, vous voyez, il faut être à l'écoute de cette génération qui a des choses à apporter. Moi, j'ai 34 ans, je ne suis pas un vieux, mais je ne suis pas non plus, je suis parfois aussi assez éloigné de certaines personnes plus jeunes, mais en même temps, voilà, il va falloir aussi la cadrer parce que... On voit quand même qu'il y a un décalage de plus en plus fort entre le monde de l'entreprise, qui en effet reste un monde hiérarchisé, exigeant, avec des objectifs, avec des attentes, que ce soit de qualité du travail, mais aussi de savoir-être. Et on se rend compte qu'il y a parfois de plus en plus ce décalage. Donc je pense que c'est pour ça, les ressources humaines doivent aider les plus jeunes à s'intégrer à l'entreprise, parce qu'en fait, ils ont beaucoup de choses à offrir. Et moi, je le crois, quand on leur parle, ils sont très intéressants, ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. Mais il faut une phase transitoire, et ça, je pense que c'est pour ça aussi, notamment, que je crois dans l'apprentissage, qui est vraiment, pour moi, la clé pour se professionnaliser et être un professionnel aguerri.

  • Caroline TREUILLARD

    Pour conclure, Thomas, pour vous, il faut faire attention aux modes et aux tendances RH qui tentent à se généraliser et qui ne vont pas toujours forcément dans la bonne direction. L'importance de la com RH, les RH doivent prendre en main la com interne et faire passer les bons messages. Et enfin, votre vision du futur des RH. Ce sont de bons outils, l'intégration de l'IA à bon escient et avec le bon cadrage, et surtout l'importance de l'internationalisation des RH. Merci beaucoup Thomas.

  • Thomas TIHY

    Merci à vous, merci pour le temps que vous m'avez accordé.

  • Caroline TREUILLARD

    C'est la fin de cet épisode, merci de l'avoir suivi. On se retrouve le mois prochain avec un nouvel invité. D'ici là, n'hésitez pas à partager le podcast avec quelqu'un qui pourrait être intéressé.

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