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EP 1 : 17 Jours au coeur de l'Himalaya - Pt 1 cover
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36° SUD

EP 1 : 17 Jours au coeur de l'Himalaya - Pt 1

EP 1 : 17 Jours au coeur de l'Himalaya - Pt 1

31min |01/09/2024
Play
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31min |01/09/2024
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Description

Dans ce premier épisode, je vous emmène dans notre aventure autour du monde, qui débute au cœur du Népal. Ce pays fascinant sera le théâtre de notre première grande épreuve : un trek de 17 jours jusqu’au camp de base de l’Everest.

Je partage nos premières impressions, nos doutes et nos petites victoires. Vous entendrez le récit de nos journées, ponctuées de moments d'émerveillement face à des paysages à couper le souffle, mais aussi de défis physiques imprévus.


Rejoignez-nous pour ce premier chapitre de 36° SUD et laissez-vous transporter par ce récit d'aventure. C'est le début d'une épopée mondiale pleine de défis et de découvertes.


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Transcription

  • Speaker #0

    Alors on est le 12 mars 2023, on est à l'aéroport Marseille-Provence et ça y est, c'est enfin le jour du grand départ. Ça fait un an qu'on prépare ce long voyage, on a mis énormément d'énergie dans la préparation, on a quitté nos boulots, rendu l'appart, vendu toutes nos affaires, pris le temps pour les itinéraires, bref, là on a envie de qu'une chose, c'est de monter dans l'avion. La famille est là, on a le cœur serré, quand même on est à la fois surexcitées, fatigué, ému, stressé et puis on a la sensation d'être sur le point de vivre un truc de fou donc c'est ce fameux mélange d'émotions qui fait qu'on part avec une petite boule au ventre mais tout de même serein. On est donc fin prêt pour s'envoler pour le Népal qui est le premier pays du trip et on n'y va pas pour rien parce qu'on a l'objectif d'atteindre le camp de base de l'Everest dans le cadre d'un trek de 17 jours et qui par ailleurs sera mon tout premier trek. Après 14h de voyage, on arrive à Kathmandu, donc la capitale. Le voyage se passe bien, tellement bien que j'avais écrit dans le journal que je tenais à ce moment-là que le voyage était tellement vite passé qu'il ne m'avait même pas laissé le temps de faire disparaître le petit poids que j'avais sur la poitrine. On descend sur le tarmac, il y a un énorme nuage de pollution qui nous empêche presque de respirer et on voit à quelques mètres l'aéroport. tout petit, très simple avec un gros Welcome to Nepal. Et là on s'est dit ça y est quoi, on y est. L'aventure elle démarre maintenant et on est trop heureux. On a organisé le trek avec une agence locale à Kathmandu et le départ c'est le lendemain de notre arrivée. Donc on est directement pris en charge par l'agence, c'est-à-dire que c'est eux qui sont venus nous chercher à l'aéroport. C'est eux qui ont réservé un hôtel. En tout cas ils s'occupaient de nous comme des rois et franchement c'était super beau. pour nous d'un peu se laisser porter dans cette toute première aventure et de juste avoir le temps de se concentrer sur notre arrivée et sur la préparation du trek. Sur la route on est sans voie entre l'aéroport et l'hôtel on est projeté dans ce décor et cette culture hyper différente de la nôtre. Ça grouille dans tous les sens, il y a du monde partout, on voit toutes ces couleurs, on a le son des chaplaines, nous et vous le dis c'est qui. Dans la voiture, c'entre-chocs, ça klaxonne. D'ailleurs, on remarque vite que si le klaxon remplace le clignotant. Et ouais, c'est un peu la pagaille. On ne veut pas être plus dépaysé. À l'agence, on rencontre Rémis, qui sera notre guide. Et Elisabeth, une Péruvienne qui marchera avec nous. Et on nous donne toutes les informations nécessaires et pratiques. Et on a rendez-vous le lendemain, vers 5h du matin, en bas de l'hôtel, prêt. En tenue de rando, tout équipé. pour prendre le premier vol direction Lukla qui sera le village de départ du trek. Donc ce trek pour résumer c'est une boucle de 17 jours dans la région de Kombu au coeur de l'Himalaya au nord-est du pays. Le programme c'est 5-6 heures de marche par jour le matin. Au bout de 5 jours on est censé atteindre le camp de base de l'Everest qui s'élève à 5364 mètres. Ensuite si tu te sens tu peux atteindre le sommet de Kalapatar qui est le plus haut point du trek, je crois qu'il monte à 5640 mètres passés. Tu franchis ensuite Cholapas qui est à la même hauteur que le camp de base de l'Everest. Puis tu traverses la vallée de Gyoko avec ses lacs et tu rejoins les villages de départ. Donc au niveau des conditions c'est le printemps, c'est l'ouverture de la saison de trekking, à savoir qu'il y en a deux. Au printemps... et en automne comme bien souvent. L'hiver bien sûr il fait trop froid et en été il pleut puisque c'est la mousseau. Pendant le trek, il ne devrait pas y avoir énormément de monde, il devrait faire autour de 5 à moins 10 degrés environ. Et on apprend sur place qu'en fait on sera accompagné de deux porteurs, deux Sherpas, et donc les Sherpas qui sont un peuple ethnique de la région mais également du Tibet. De mon côté c'est mon tout premier trek, ma... toute première expérience en haute montagne donc c'est vraiment l'inconnu pour moi Lucas un peu moins, il a déjà randonné sur plusieurs jours, plusieurs fois pas en haute montagne mais disons qu'il sait un peu plus à quoi s'attendre donc on part clairement tous les deux dans l'inconnu à l'aventure, trop excité d'expérimenter ça, je pense que l'idée d'être en immersion totale comme ça dans la nature avec des locaux pendant plusieurs jours dans des conditions pas super confortables, même un peu rudes, nous fait rêver. On prend ça un peu comme un challenge, c'est clairement un challenge du coup et c'est comme un test donc on est hyper curieux, impatient et surtout très très très motivé. Par contre, on ne veut pas dramatiser, mais par contre, on parle les choses au sérieux. On part quand même dans une région assez hostile. On ne part pas au sommet de l'Everest, mais quand même, ce n'est pas notre milieu. On n'y connaît rien, donc on reste sérieux, on s'équipe bien, on prévoit des vêtements chauds, techniques, et on essaye de partir le moins chargé possible. Donc, on peut clairement dire que l'aventure commence au moment d'embarquer pour Lukla. Il faut s'imaginer un tout. petit aéroport pour les vols domestiques qu'il est 5h du mat c'est déjà bondé on tente de comprendre comment on s'organise mais on abandonne vite, il y a des guichets on y passe pas, on arrive aux enregistrements des bagages, on voit tout le monde s'échanger des conis, c'est incompréhensible mais ça semble organisé et là on lève la tête, on voit même qu'il y a des singes au plafond qui se baladent, on se dit mais on est où ? tout est curiosité Vient le moment d'embarquer, on se dirige vers l'avion, on s'installe. Il doit y avoir une douzaine de places environ. On attend que les sacs soient chargés à l'arrière. On regarde par l'île bleue, le jour se lève, alors c'est un peu brumeux. On peut observer le soleil orange et énorme devant nous. On voit aussi le pilote qui se prépare au décollage. Et ça y est, on décolle. On peut clairement dire qu'il y a un petit moment de flottement dans l'air parce que j'imagine qu'on essaie tous de faire disparaître l'idée qu'on est en train de vivre une des expériences de vol les plus dangereuses au monde. Et là, une fois qu'on dépasse les nuages, il n'y a plus qu'à profiter. C'est vraiment saisissant, c'est un spectacle. Tu es haut, mais pas très haut comparé aux collines qui t'entourent. C'est comme ça que les guides appellent les pics de moins de 5000 mètres. On survole les vallées de la région de Kathmandu, on voit des cours d'eau, des petits villages, tous ces piquants de neige, c'est des montagnes à perte de vue. C'est vraiment saisissant. Et puis on commence à peine à distinguer cette mini-piste d'atterrissage de moins de 500 mètres de long, la plus courte au monde, et avec au bout un énorme mur en pierre qui est en fait une montagne. pose à flanc de montagne et doit tourner au dernier moment pour rejoindre le tarmac. D'ailleurs le décollage est tout aussi un défi parce qu'au bout de la piste, au bout du gouteron, la piste se jette carrément dans le vide. Arrivé à Lukla, on est accueilli par nos deux porteurs, Aïgoumar et Tikalam, et on se dirige vers une maison de thé qui est en fait une sorte de refuge pour nous, un petit hôtel pour boire un café. Pour s'organiser au niveau des sacs, on en profite pour faire connaissance et on peut démarrer la marche. On n'est pas super à l'aise avec l'idée d'avoir des porteurs, donc on se débrouille le plus possible pour que les sacs soient les plus légers bien sûr, et tout le monde se met en marche. On est le 14 mars 2023, il est 8h30 du matin, et c'est vraiment le début. C'est une de nos plus belles aventures. On commence par traverser l'éclat, ce petit village coloré, plein de lits, percés à 2 800 mètres d'altitude. Malgré l'isolement, c'est un petit village très touristique, donc il y a plein de petites boutiques souvenirs. Tout le nécessaire de trek, c'est bien. On voit des locaux chargés de mules et de chevaux qui s'apprêtent à approvisionner les autres villages. C'est l'heure d'aller à l'école, donc on voit les petites filles se faire des tresses, on voit les garçons jouer au foot dans la rue au milieu des poules, des coques, des chiens. On est vraiment comme sur un petit nuage dans ce village très typique. Le premier jour, c'est une petite journée, une petite mise en jambe. On a un temps magnifique, tout se passe bien. On observe beaucoup, on découvre. Le sentier est très très agréable, c'est souvent un chemin de pierre donc tout roule. On arrive en début d'après-midi à la maison de thé, on s'installe, on mange, on profite du soleil, on écrit, on joue aux cartes, on s'occupe comme on peut et vient la première nuit. Et quelle nuit ! On fait une insomnie de malade, je sais pas si c'est le décalage horaire, le stress, j'en sais rien mais on commence à cogiter. On se pose un milliard de questions, c'est comme si on réalisait à peine où on venait de mettre les pieds. On se dit, mais attends, hier à peine, en gros on était... Chez nos mères et là on est au milieu de l'Himalaya, partis pour s'y enfoncer de plus en plus, mais c'est quoi le délire ? Clairement on flippe, on n'est plus sûr de rien. Moi j'ai laissé mon ordi portable à l'hôtel, je me dis que ça y est, il est déjà sur le bon coin népalais, c'est n'importe quoi, on vrille complètement. Puis on s'endort et on se réveille le matin, on entend les chants des oiseaux, on ouvre la fenêtre. Encore une fois, on réalise à peine où on est, on se dit mais ça va pas la tête, ça va pas, on est trop heureux d'être là. Là tu te rappelles que les nuits peuvent être vraiment compliquées donc on a vraiment intérêt à dormir à la nuit. Donc le matin on se lève, on déjeune à base de chapati, cette fine galette de blé cuite. On se prépare et on se met en route comme la veille, on traverse beaucoup de villages aussi magnifiques les uns que les autres. Beaucoup de maisons en pierre, bien entretenues, beaucoup de temples, de stupas, de trapeaux de prière. On croise énormément d'enfants, de fermiers, de porteurs. Pour l'instant, il y a beaucoup de passages. On progresse bien. On va vite apercevoir un géant, l'Amadablam, qui est haut de 6812 mètres et qui va nous accompagner sur quasiment toute la première partie du trek. Et ce sera un peu comme un repère pour avancer. Donc on va expérimenter aussi les premières passerelles suspendues. C'est chaud. Franchement, moi j'ai le vertige. Ces passerelles, elles sont hyper hautes, elles bougent bien sûr. On est au Népal donc je peux pas dire que je sois très très rassurée. Et c'est le précipice sous nos pieds donc... Je tremble, j'essaye de ne pas trop trembler parce que plus je tremble, plus ça bouge. Je passe, je m'engage et je vois un fermier qui arrive avec son troupeau de yaks énorme. Et je me dis, mais il va attendre, il ne va pas passer. Et en fait, non, il arrive et je me dis, ça y est, les yaks vont m'envoyer bousculer. Je vais me retrouver au fin fond de la vallée. C'était bien, l'aventure s'arrête déjà pour moi. Merci et au revoir. Et non, bien sûr, les yaks. pas, s'il branche pas, à part moi qui fait une tête de désespéré, tout le monde est mordoré et on continue. On arrive le soir en Amchebazar, on est vraiment surpris de la taille de cette ville et du nombre d'habitants ici, je crois qu'il y a presque 2000 habitants, d'ailleurs les Népalais la surnomment la capitale des Sherpas, il y a un gros passage. On a déjà atteint les 3440 mètres d'altitude, donc ça commence à faire. Et c'est la dernière ville, et non pas village, que l'on va traverser avant de tenter d'atteindre le camp de base. Donc ici, il y a tout. Il y a école, restaurant, boutique d'équipement. Il y a même un pub irlandais, le plus haut pub irlandais du monde, donc c'était assez rigolo. C'est super animé, on profite même en terrasse avec une boisson et un banana bread, c'est irréel. On rencontre des randonneurs qui montent, qui descendent, et franchement ceux qui descendent, ils sont marqués quoi, ils nous disent qu'il fait très très froid, plus froid que prévu, et qu'on aura besoin de crampons à certains moments, notamment à l'approche des deux glaciers que l'on va traverser, enfin en tout cas qu'on va côtoyer, le glacier de Khumbu qui s'étend au sud. de l'Everest et le Chola qui relie le camp de base de l'Everest à la vallée de Gyoko. Donc petite pression supplémentaire pour nous même si tout se passe bien jusqu'à présent. C'est vrai que voilà on est en confiance mais on se dit que les choses peuvent évoluer vite. On prend le temps de se balader, d'observer les enfants qui jouent au foot. C'est vraiment une vie l'or du temps, on entend les croissements des corbeaux. On se dit que c'est la vie, on se dit que c'est la vie. où il s'apprête à neiger, le ciel est bas, il y a cette lumière qui est magnifique, mais pour autant, ce n'est pas angoissant du tout. On retrouve même l'odeur de la moquette dans la maison de thé qui nous rappelle le ski, donc on se sent vraiment bien. Et le lendemain, on fait notre première journée d'acclimatation. En fait, on va monter de 500 mètres environ et redescendre pour dormir à Namche Bazar. Et on apprendra que c'est la règle d'or d'ailleurs en altitude de... toujours dormir plus bas que le point le plus haut atteint en journée pour bien habituer son corps donc à l'altitude Les jours passent, mais comme on dit, ne se ressemblent pas. C'est pas du tout monotone. On progresse d'abord à travers la forêt, puis jour après jour, plus on monte, plus les paysages changent. Donc on va commencer à atteindre des terrains plus rocheux, sans arbres, avec peu de végétation. On croise aussi d'autres groupes qui partent pour la même expédition. Et au fur et à mesure, on se rapproche pour n'en former qu'un. Et d'ailleurs, plus on avance, plus on monte, et plus ça commence à cailler. Les après-midi, après la marche, je pense que la fatigue aussi commence à se faire ressentir et on est frigorifié. Alors après manger, on se retrouve autour du feu, on joue aux cartes, on boit des boissons chaudes. On commence à bien sympathiser aussi avec les guides et c'est des moments hyper conviviaux. Inis nous fait mourir de rire, il chante, il danse, il nous fait découvrir des musiques locales, il nous montre son TikTok, enfin... C'est des moments vraiment qu'on apprécie, qui nous font du bien après la marche. Ils nous expliquent aussi les coutumes, les traditions, les conditions des porteurs. Ils nous expliquent qu'on n'est pas à cause des reliefs impossibles du pays. Il y a des porteurs depuis la nuit des temps ici. Donc ça fait vraiment partie de leur culture, que c'est un bon moyen pour eux de gagner de l'argent avec des saisons de rando. Et qu'aujourd'hui les choses ont évolué. Ils sont mieux payés, ils sont assurés. Mais bon, ça n'empêche que c'est ingrat possible et que c'est toujours insupportable de voir des touristes avec un porteur pour 5 ou 6 personnes ou bien des papys et des mamies portés une centaine de kilos sur le dos. On en a vu. On a vu des hommes porter carrément des tables et des lits. Parce qu'il faut s'imaginer que tout ce qu'on voit dans les villages, tous les meubles, tous les accessoires, tout, Après look là, c'est porté à dos d'homme ou de bête donc c'est vrai que c'est très très très impressionnant. La nuit tombe vite, l'humidité aussi. Pour faire notre toilette ça devient un combat. Tout est gelé, parfois on doit briser de la glace pour pouvoir se brosser les dents. Donc la douche autant vous dire qu'on oublie vite. Il y a des gens très intelligents qui ont inventé des lingettes et j'en profite pour les remercier, ça ne se rate pas. très utile durant ces 17 jours. La journée, je dirais qu'on parle peu. On est plutôt contemplatif. Quand on regarde ce qui nous entoure, c'est tellement beau. Tout semble intact. Même les minuscules villages se fondent parfaitement dans le décor sans rien de naturel. Je me rappelle le jour où on arrive dans un village, le ciel est bas, il neige, on ne voit rien. Et au loin, on entend les cris d'enfants. On se rapproche et en fait c'est des jeunes moines apprentis qui jouent au foot au pied d'un monastère. Et à ce moment-là, la balle dévie et dévale lentement la trentaine de marches en silence. Et Lucas par réflexe leur envoie la balle d'un coup de main. Et comme ça on s'arrête avec Lucas, on se regarde et on comprend que ces quelques secondes qui ont dû être un moment banal en fait pour eux, a été magique pour nous. Enfin... On sent, on voit ce côté mystique qu'a ce pays et ça nous marque énormément. On sait qu'on se rappellera de ce genre de moment toute notre vie. Passé les 4000 mètres d'altitude, IMI commence à contrôler régulièrement notre oxygène dans le sang et vérifie si on ne souffre pas de mal aigu de montagne. Donc le mal aigu de montagne, en gros, c'est un déficit en oxygène et en gaz carbonique dans ton sang. qui survient lorsque tu te trouves à une altitude où il y a moins d'oxygène que ce que tu es habitué. Donc tes vaisseaux sanguins peuvent s'altérer, ça peut mener à des œdèmes, des hémorragies, des thromboses et ça se fait ressentir par maux de tête, fatigue, nausées, perte d'appétit et j'en passe. Vers le quatrième jour, je me réveille avec un petit mal de tête et je me dis Ah, ça c'est le début des problèmes. Je le dis à Amy, s'il me rassure, il contrôle grâce à son oximètre le taux de saturation en oxygène d'A-100 et je crois que je suis à 80% entre comme ça au lieu de 100%. Lucas, impeccable, il est toujours autour des 95% donc rien à signaler. Et en fait le pourcentage on a un barème à respecter et si on n'est pas dans les clous on doit arrêter la marche. Donc en gros tu dois être au dessus de 88% à 1000 mètres d'altitude, 78% à 2000 mètres, 69% à 3000 mètres et tu dois être au dessus de 60% d'oxygène dans ton sang au delà des 4000 mètres. Donc je prends un aspirine et on avance. Tous les matins, je remarque que j'ai toujours plus mal à la tête. Donc effectivement, j'ai moins d'appétit, je suis assez fatiguée, je suis toujours congelée. Et c'est dommage parce qu'en fait, mentalement, on apprécie toujours autant, même de plus en plus. On se familiarise tous les jours avec cet environnement. On se découvre un plaisir fou à marcher, surtout ces marches longues, ces marches qui durent. Et c'est vrai que quand même on prend le temps de s'écouter sur ce genre de sorties et je sens que mon corps, il n'est pas au top. Et un soir, la veille de la dernière étape, on est à Loboche, un petit village, en gros une maison de thé au milieu de rien. Ils misent en contrôle mon taux d'oxygène et je suis proche des 60%. C'est nul, c'est clairement nul. Donc, je me décompose un peu. J'ai trop peur qu'Immis me demande de m'arrêter, tout simplement. Ça fait 7 jours qu'on marche maintenant. On n'est plus qu'à un jour d'atteindre l'objectif. Cet objectif, il occupe toutes nos pensées. On marche pour ça. On ne compte pas s'arrêter là. Ça serait un échec total, une énorme déception. Puis, 7 jours, c'est super, mais il y en a encore 10 derrière qui nous attendent. Et vraiment, on veut les vivre jusqu'au bout. tous les deux. Et puis à côté de nous, il y a un gars, je me rappelle, c'était un philippin, il a l'air pas au top, alors on va lui parler, et il nous dit qu'il est autour des 40 ou 50% et qu'il veut pas aller dormir parce que il a peur de pas se réveiller. Et là je me dis, on se dit ah ouais purée, tout de suite ce qui était une balade de santé prend une toute autre dimension. J'ai pas du tout peur pour moi, pour ma vie, pas du tout. Mais quand même, on est plus sur le même registre qu'au début. On voit des groupes qui se réduisent. On sent une petite tension dans l'air. Je pense que c'est plutôt de l'émotion. Il y en a pour qui c'est le rêve. Il y en a qui font ce trek pour la cinquième fois. Et puis nous, on en parle depuis des mois. Et ça y est, c'est demain. Donc on ne peut pas s'arrêter là. Enfin voilà, on y est presque. C'est peut-être compromis. Donc on essaye de positiver. et on part se coucher. Le jour J, le réveil sonne plus tôt que d'habitude parce que le plan aujourd'hui c'est de rejoindre Gourachep pour le déjeuner et d'atteindre le camp en début d'après-midi pour revenir dormir à Gourachep avant la nuit. On se lève, je suis un peu anxieuse, j'ai hyper mal à la tête, je prends vite un cachet on se prépare tout de même et on voit. Dehors il neige On ne voit pas à 3 mètres, c'est la pire météo qu'on ait eue jusqu'à présent. Donc là, les équipes se demandent si on part, si on ne part pas. Et en attendant, ils me contrôlent l'oxygène. Et ouf, énorme soulagement. Je suis revenue à plus de 85%. Donc c'est bon, on peut continuer. Et là, c'est le bonheur. On finit par démarrer la marche. Et franchement, cette matinée, elle est dingue. On se dit que cet après-midi, on sera au pied de l'Ebreste, au pied du sommet le plus haut de la planète, au milieu de l'Himalaya et c'est toujours difficile à réaliser. Pour être honnête, on n'a jamais eu d'attrait particulier, que ce soit pour la montagne, le Népal ou la marche, mais à ce moment-là, émotionnellement, c'est comme si on vivait un rêve. Donc on est ému, on s'imagine le raconter devant nos proches. Il faut dire que c'est tellement inattendu de se retrouver là qu'on n'en revient pas. Bien sûr la fatigue, l'environnement, le contexte d'avoir été comme dans une bulle ces derniers jours fait que les ressentis et les émotions sont démultipliés. Mais bon, on se dit, on reconnaît que quand même l'aventure qu'on est en train de vivre n'est pas des plus banales. Donc juste on se laisse aller à nos émotions et on savoure. Et donc on est un petit groupe, on progresse doucement avec nos sacs en plastique sur la tête en guise de parapluie. On a un silence, il y a un silence de mort. À part nos pas dans la neige, on n'entend rien. Et au bout d'un moment, on entend un peu de bruit en fond, on se retourne et on se fait doubler par un local à cheval sorti de nulle part. Et on hallucine. On finit. par atteindre Gorachev à la maison de thé qui se trouve cette fois-ci à 5190 mètres d'altitude précisément donc là c'est déjà un peu une victoire de franchir ces 5000 mètres symboliques et c'est déjà une... Très très belle étape pour nous. On déjeune, on se pose une petite heure, les guides contrôlent la météo, qui est toujours aussi pourrie, et c'est parti, on part quand même, on s'engage pour les tout derniers kilomètres avant d'atteindre le camp. On ne se parle même plus, on est perdu dans nos pensées, on met un pied devant l'autre, et on guette au loin si on ne voit pas quelque chose, un signe de vie. Quelque chose qui nous ferait rappeler qu'en fait, il y a des gens ici qui s'apprêtent à gravir ce sommet. C'est dingue. On est au pied du glacier de Kombu, qui est une véritable cascade de glace. C'est très très très impressionnant. Et là, on aperçoit, on voit des petits points noirs et jaunes. Et on se dit, mais c'est des gens, ça y est, c'est des gens et des tentes. Et ça y est, on y arrive, on y est, on l'a fait. Et c'est... On est trop trop trop heureux, on est fiers, on est soulagés, on est émus, on est aux anges. On s'embrasse, on se prend dans les bras, on pose devant le fermier au rocher avec l'inscription Everest Base Camp. Elisabeth avait pris de l'alcool, donc on a même droit à un petit shot chacun. Donc elle nous demande d'abord de verser un peu d'alcool à nos pieds pour remercier la nature, la montagne, et de boire le reste. L'Immice, lui, nous donne des drapeaux de prière bouddhistes qu'on entoure autour d'un rocher. Enfin, on participe à plein de petits rites volontiers qui nous font vraiment profiter du moment présent. Les porteurs Aigoumar et Tchikaram, avec qui on a développé une bonne complicité maintenant, sont hyper heureux aussi. On a l'impression que c'est leur première fois... Je crois que c'était leur première fois... qu'ils arrivaient au camp, donc c'est hyper cool parce qu'en plus on a pu laisser nos gros sacs à l'auberge, à la maison de thé, donc on se présente ici tous en tant que marcheurs, que randonneurs, et on partage un peu ça de la même façon, donc c'était vraiment super. On prend un milliard de photos, on prend le temps de penser aussi à tous ces hommes et ces femmes qui attendent, qui s'apprêtent à risquer leur vie dans les prochains jours pour atteindre le sommet, qu'on ne voit toujours pas d'ailleurs. Jusqu'à présent il se sera toujours caché derrière un autre sommet ou derrière les nuages et en fin d'après-midi au moment de partir les nuages se dissipent un peu et on pourra enfin enfin distinguer un tout petit bout de l'Everest et je pense qu'on n'aurait pas pu avoir plus belle récompense à l'arrivée. Ce qu'on retiendra après ces quelques jours c'est d'abord ce goût pour la marche, pour le trekking. On commence déjà à ressentir les pouvoirs ou bien les bénéfices de cette activité. En fait, je me suis rendue compte que depuis qu'on a débuté la marche, je n'arrêtais pas de penser à tout, à n'importe quoi. Tu as des trucs qui te remontent à l'esprit de je ne sais pas combien d'années, pour aucune raison d'ailleurs. Et là, c'est comme si tu avais le temps d'y réfléchir. Et tous les jours, j'ai eu l'impression comme ça de traiter mes pensées, mes idées, mes souvenirs, même des opinions. Et Lucas me rejoint d'ailleurs sur ça, je me souviens qu'il m'a dit quand il avait fait une partie de la vie alpina que ça avait été pareil pour lui, qu'il avait même trouvé sa salvateur. Et j'écoutais un podcast d'ailleurs sur la marche et plusieurs philosophes dont Frédéric Gros expliquent que quand tu marches en fait tu mets ton corps en mouvement, ça rythme tes pensées et c'est comme ça que tu peux y mettre de l'ordre en quelque sorte. Et c'est vraiment un moyen de... de rendre ton esprit disponible, déjà parce que je pense qu'on a que ça à faire en marchant, et puis même ça peut vous arriver, on a déjà tous eu la sensation de quand on travaille assis, d'un coup on a besoin de se lever, de marcher dans la pièce, c'est comme si en gros ça nous aidait à réfléchir. Et bien là, tous nos doutes qui nous ont un peu sauté au visage la première nuit, au fur et à mesure des jours, on a avancé et eux, on les a laissés derrière nous. Je pense qu'on a eu le temps d'y réfléchir et on s'est certainement rendu compte qu'ils ne méritaient pas forcément d'être conservés. Et quand tu finis ta journée, tu es bien, tu es motivé, tu es plein d'entrain et ça te met vraiment dans une bonne énergie. Bien sûr, on n'a pas besoin d'aller au Népal pour ressentir ça. C'est que nous, on l'a réalisé là-bas. Et je me rends compte aujourd'hui d'ailleurs qu'on peut ressentir ces effets, même sur des sorties beaucoup plus courtes, même à la journée. À ce stade, l'objectif, il est atteint. On a atteint le camp de base de l'Everest. On est vraiment trop contents. C'est à nous. Personne ne peut nous l'enlever. On est fiers de l'avoir fait en couple aussi. On se dit qu'on ouvre une belle boîte à souvenirs pour nous, pour le futur. Puis on se dit que les dix prochains jours, ça va être vraiment que du bonus. On est trop heureux de passer encore du temps avec l'équipe. Et oui, on se dit que le plus gros est fait. Mais alors ça, c'était vraiment sans se douter de ce qui allait nous attendre les prochains jours.

  • Speaker #1

    Pour entendre la suite et fin du track, on se donne rendez-vous dans quelques semaines. En attendant, un grand merci pour avoir écouté ce tout premier épisode, on espère vraiment qu'il vous aura plu. Pour soutenir la chaîne, retrouve le podcast sur la plateforme de ton choix, abonne-toi et laisse-nous une note. A bientôt !

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Dans ce premier épisode, je vous emmène dans notre aventure autour du monde, qui débute au cœur du Népal. Ce pays fascinant sera le théâtre de notre première grande épreuve : un trek de 17 jours jusqu’au camp de base de l’Everest.

Je partage nos premières impressions, nos doutes et nos petites victoires. Vous entendrez le récit de nos journées, ponctuées de moments d'émerveillement face à des paysages à couper le souffle, mais aussi de défis physiques imprévus.


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  • Speaker #0

    Alors on est le 12 mars 2023, on est à l'aéroport Marseille-Provence et ça y est, c'est enfin le jour du grand départ. Ça fait un an qu'on prépare ce long voyage, on a mis énormément d'énergie dans la préparation, on a quitté nos boulots, rendu l'appart, vendu toutes nos affaires, pris le temps pour les itinéraires, bref, là on a envie de qu'une chose, c'est de monter dans l'avion. La famille est là, on a le cœur serré, quand même on est à la fois surexcitées, fatigué, ému, stressé et puis on a la sensation d'être sur le point de vivre un truc de fou donc c'est ce fameux mélange d'émotions qui fait qu'on part avec une petite boule au ventre mais tout de même serein. On est donc fin prêt pour s'envoler pour le Népal qui est le premier pays du trip et on n'y va pas pour rien parce qu'on a l'objectif d'atteindre le camp de base de l'Everest dans le cadre d'un trek de 17 jours et qui par ailleurs sera mon tout premier trek. Après 14h de voyage, on arrive à Kathmandu, donc la capitale. Le voyage se passe bien, tellement bien que j'avais écrit dans le journal que je tenais à ce moment-là que le voyage était tellement vite passé qu'il ne m'avait même pas laissé le temps de faire disparaître le petit poids que j'avais sur la poitrine. On descend sur le tarmac, il y a un énorme nuage de pollution qui nous empêche presque de respirer et on voit à quelques mètres l'aéroport. tout petit, très simple avec un gros Welcome to Nepal. Et là on s'est dit ça y est quoi, on y est. L'aventure elle démarre maintenant et on est trop heureux. On a organisé le trek avec une agence locale à Kathmandu et le départ c'est le lendemain de notre arrivée. Donc on est directement pris en charge par l'agence, c'est-à-dire que c'est eux qui sont venus nous chercher à l'aéroport. C'est eux qui ont réservé un hôtel. En tout cas ils s'occupaient de nous comme des rois et franchement c'était super beau. pour nous d'un peu se laisser porter dans cette toute première aventure et de juste avoir le temps de se concentrer sur notre arrivée et sur la préparation du trek. Sur la route on est sans voie entre l'aéroport et l'hôtel on est projeté dans ce décor et cette culture hyper différente de la nôtre. Ça grouille dans tous les sens, il y a du monde partout, on voit toutes ces couleurs, on a le son des chaplaines, nous et vous le dis c'est qui. Dans la voiture, c'entre-chocs, ça klaxonne. D'ailleurs, on remarque vite que si le klaxon remplace le clignotant. Et ouais, c'est un peu la pagaille. On ne veut pas être plus dépaysé. À l'agence, on rencontre Rémis, qui sera notre guide. Et Elisabeth, une Péruvienne qui marchera avec nous. Et on nous donne toutes les informations nécessaires et pratiques. Et on a rendez-vous le lendemain, vers 5h du matin, en bas de l'hôtel, prêt. En tenue de rando, tout équipé. pour prendre le premier vol direction Lukla qui sera le village de départ du trek. Donc ce trek pour résumer c'est une boucle de 17 jours dans la région de Kombu au coeur de l'Himalaya au nord-est du pays. Le programme c'est 5-6 heures de marche par jour le matin. Au bout de 5 jours on est censé atteindre le camp de base de l'Everest qui s'élève à 5364 mètres. Ensuite si tu te sens tu peux atteindre le sommet de Kalapatar qui est le plus haut point du trek, je crois qu'il monte à 5640 mètres passés. Tu franchis ensuite Cholapas qui est à la même hauteur que le camp de base de l'Everest. Puis tu traverses la vallée de Gyoko avec ses lacs et tu rejoins les villages de départ. Donc au niveau des conditions c'est le printemps, c'est l'ouverture de la saison de trekking, à savoir qu'il y en a deux. Au printemps... et en automne comme bien souvent. L'hiver bien sûr il fait trop froid et en été il pleut puisque c'est la mousseau. Pendant le trek, il ne devrait pas y avoir énormément de monde, il devrait faire autour de 5 à moins 10 degrés environ. Et on apprend sur place qu'en fait on sera accompagné de deux porteurs, deux Sherpas, et donc les Sherpas qui sont un peuple ethnique de la région mais également du Tibet. De mon côté c'est mon tout premier trek, ma... toute première expérience en haute montagne donc c'est vraiment l'inconnu pour moi Lucas un peu moins, il a déjà randonné sur plusieurs jours, plusieurs fois pas en haute montagne mais disons qu'il sait un peu plus à quoi s'attendre donc on part clairement tous les deux dans l'inconnu à l'aventure, trop excité d'expérimenter ça, je pense que l'idée d'être en immersion totale comme ça dans la nature avec des locaux pendant plusieurs jours dans des conditions pas super confortables, même un peu rudes, nous fait rêver. On prend ça un peu comme un challenge, c'est clairement un challenge du coup et c'est comme un test donc on est hyper curieux, impatient et surtout très très très motivé. Par contre, on ne veut pas dramatiser, mais par contre, on parle les choses au sérieux. On part quand même dans une région assez hostile. On ne part pas au sommet de l'Everest, mais quand même, ce n'est pas notre milieu. On n'y connaît rien, donc on reste sérieux, on s'équipe bien, on prévoit des vêtements chauds, techniques, et on essaye de partir le moins chargé possible. Donc, on peut clairement dire que l'aventure commence au moment d'embarquer pour Lukla. Il faut s'imaginer un tout. petit aéroport pour les vols domestiques qu'il est 5h du mat c'est déjà bondé on tente de comprendre comment on s'organise mais on abandonne vite, il y a des guichets on y passe pas, on arrive aux enregistrements des bagages, on voit tout le monde s'échanger des conis, c'est incompréhensible mais ça semble organisé et là on lève la tête, on voit même qu'il y a des singes au plafond qui se baladent, on se dit mais on est où ? tout est curiosité Vient le moment d'embarquer, on se dirige vers l'avion, on s'installe. Il doit y avoir une douzaine de places environ. On attend que les sacs soient chargés à l'arrière. On regarde par l'île bleue, le jour se lève, alors c'est un peu brumeux. On peut observer le soleil orange et énorme devant nous. On voit aussi le pilote qui se prépare au décollage. Et ça y est, on décolle. On peut clairement dire qu'il y a un petit moment de flottement dans l'air parce que j'imagine qu'on essaie tous de faire disparaître l'idée qu'on est en train de vivre une des expériences de vol les plus dangereuses au monde. Et là, une fois qu'on dépasse les nuages, il n'y a plus qu'à profiter. C'est vraiment saisissant, c'est un spectacle. Tu es haut, mais pas très haut comparé aux collines qui t'entourent. C'est comme ça que les guides appellent les pics de moins de 5000 mètres. On survole les vallées de la région de Kathmandu, on voit des cours d'eau, des petits villages, tous ces piquants de neige, c'est des montagnes à perte de vue. C'est vraiment saisissant. Et puis on commence à peine à distinguer cette mini-piste d'atterrissage de moins de 500 mètres de long, la plus courte au monde, et avec au bout un énorme mur en pierre qui est en fait une montagne. pose à flanc de montagne et doit tourner au dernier moment pour rejoindre le tarmac. D'ailleurs le décollage est tout aussi un défi parce qu'au bout de la piste, au bout du gouteron, la piste se jette carrément dans le vide. Arrivé à Lukla, on est accueilli par nos deux porteurs, Aïgoumar et Tikalam, et on se dirige vers une maison de thé qui est en fait une sorte de refuge pour nous, un petit hôtel pour boire un café. Pour s'organiser au niveau des sacs, on en profite pour faire connaissance et on peut démarrer la marche. On n'est pas super à l'aise avec l'idée d'avoir des porteurs, donc on se débrouille le plus possible pour que les sacs soient les plus légers bien sûr, et tout le monde se met en marche. On est le 14 mars 2023, il est 8h30 du matin, et c'est vraiment le début. C'est une de nos plus belles aventures. On commence par traverser l'éclat, ce petit village coloré, plein de lits, percés à 2 800 mètres d'altitude. Malgré l'isolement, c'est un petit village très touristique, donc il y a plein de petites boutiques souvenirs. Tout le nécessaire de trek, c'est bien. On voit des locaux chargés de mules et de chevaux qui s'apprêtent à approvisionner les autres villages. C'est l'heure d'aller à l'école, donc on voit les petites filles se faire des tresses, on voit les garçons jouer au foot dans la rue au milieu des poules, des coques, des chiens. On est vraiment comme sur un petit nuage dans ce village très typique. Le premier jour, c'est une petite journée, une petite mise en jambe. On a un temps magnifique, tout se passe bien. On observe beaucoup, on découvre. Le sentier est très très agréable, c'est souvent un chemin de pierre donc tout roule. On arrive en début d'après-midi à la maison de thé, on s'installe, on mange, on profite du soleil, on écrit, on joue aux cartes, on s'occupe comme on peut et vient la première nuit. Et quelle nuit ! On fait une insomnie de malade, je sais pas si c'est le décalage horaire, le stress, j'en sais rien mais on commence à cogiter. On se pose un milliard de questions, c'est comme si on réalisait à peine où on venait de mettre les pieds. On se dit, mais attends, hier à peine, en gros on était... Chez nos mères et là on est au milieu de l'Himalaya, partis pour s'y enfoncer de plus en plus, mais c'est quoi le délire ? Clairement on flippe, on n'est plus sûr de rien. Moi j'ai laissé mon ordi portable à l'hôtel, je me dis que ça y est, il est déjà sur le bon coin népalais, c'est n'importe quoi, on vrille complètement. Puis on s'endort et on se réveille le matin, on entend les chants des oiseaux, on ouvre la fenêtre. Encore une fois, on réalise à peine où on est, on se dit mais ça va pas la tête, ça va pas, on est trop heureux d'être là. Là tu te rappelles que les nuits peuvent être vraiment compliquées donc on a vraiment intérêt à dormir à la nuit. Donc le matin on se lève, on déjeune à base de chapati, cette fine galette de blé cuite. On se prépare et on se met en route comme la veille, on traverse beaucoup de villages aussi magnifiques les uns que les autres. Beaucoup de maisons en pierre, bien entretenues, beaucoup de temples, de stupas, de trapeaux de prière. On croise énormément d'enfants, de fermiers, de porteurs. Pour l'instant, il y a beaucoup de passages. On progresse bien. On va vite apercevoir un géant, l'Amadablam, qui est haut de 6812 mètres et qui va nous accompagner sur quasiment toute la première partie du trek. Et ce sera un peu comme un repère pour avancer. Donc on va expérimenter aussi les premières passerelles suspendues. C'est chaud. Franchement, moi j'ai le vertige. Ces passerelles, elles sont hyper hautes, elles bougent bien sûr. On est au Népal donc je peux pas dire que je sois très très rassurée. Et c'est le précipice sous nos pieds donc... Je tremble, j'essaye de ne pas trop trembler parce que plus je tremble, plus ça bouge. Je passe, je m'engage et je vois un fermier qui arrive avec son troupeau de yaks énorme. Et je me dis, mais il va attendre, il ne va pas passer. Et en fait, non, il arrive et je me dis, ça y est, les yaks vont m'envoyer bousculer. Je vais me retrouver au fin fond de la vallée. C'était bien, l'aventure s'arrête déjà pour moi. Merci et au revoir. Et non, bien sûr, les yaks. pas, s'il branche pas, à part moi qui fait une tête de désespéré, tout le monde est mordoré et on continue. On arrive le soir en Amchebazar, on est vraiment surpris de la taille de cette ville et du nombre d'habitants ici, je crois qu'il y a presque 2000 habitants, d'ailleurs les Népalais la surnomment la capitale des Sherpas, il y a un gros passage. On a déjà atteint les 3440 mètres d'altitude, donc ça commence à faire. Et c'est la dernière ville, et non pas village, que l'on va traverser avant de tenter d'atteindre le camp de base. Donc ici, il y a tout. Il y a école, restaurant, boutique d'équipement. Il y a même un pub irlandais, le plus haut pub irlandais du monde, donc c'était assez rigolo. C'est super animé, on profite même en terrasse avec une boisson et un banana bread, c'est irréel. On rencontre des randonneurs qui montent, qui descendent, et franchement ceux qui descendent, ils sont marqués quoi, ils nous disent qu'il fait très très froid, plus froid que prévu, et qu'on aura besoin de crampons à certains moments, notamment à l'approche des deux glaciers que l'on va traverser, enfin en tout cas qu'on va côtoyer, le glacier de Khumbu qui s'étend au sud. de l'Everest et le Chola qui relie le camp de base de l'Everest à la vallée de Gyoko. Donc petite pression supplémentaire pour nous même si tout se passe bien jusqu'à présent. C'est vrai que voilà on est en confiance mais on se dit que les choses peuvent évoluer vite. On prend le temps de se balader, d'observer les enfants qui jouent au foot. C'est vraiment une vie l'or du temps, on entend les croissements des corbeaux. On se dit que c'est la vie, on se dit que c'est la vie. où il s'apprête à neiger, le ciel est bas, il y a cette lumière qui est magnifique, mais pour autant, ce n'est pas angoissant du tout. On retrouve même l'odeur de la moquette dans la maison de thé qui nous rappelle le ski, donc on se sent vraiment bien. Et le lendemain, on fait notre première journée d'acclimatation. En fait, on va monter de 500 mètres environ et redescendre pour dormir à Namche Bazar. Et on apprendra que c'est la règle d'or d'ailleurs en altitude de... toujours dormir plus bas que le point le plus haut atteint en journée pour bien habituer son corps donc à l'altitude Les jours passent, mais comme on dit, ne se ressemblent pas. C'est pas du tout monotone. On progresse d'abord à travers la forêt, puis jour après jour, plus on monte, plus les paysages changent. Donc on va commencer à atteindre des terrains plus rocheux, sans arbres, avec peu de végétation. On croise aussi d'autres groupes qui partent pour la même expédition. Et au fur et à mesure, on se rapproche pour n'en former qu'un. Et d'ailleurs, plus on avance, plus on monte, et plus ça commence à cailler. Les après-midi, après la marche, je pense que la fatigue aussi commence à se faire ressentir et on est frigorifié. Alors après manger, on se retrouve autour du feu, on joue aux cartes, on boit des boissons chaudes. On commence à bien sympathiser aussi avec les guides et c'est des moments hyper conviviaux. Inis nous fait mourir de rire, il chante, il danse, il nous fait découvrir des musiques locales, il nous montre son TikTok, enfin... C'est des moments vraiment qu'on apprécie, qui nous font du bien après la marche. Ils nous expliquent aussi les coutumes, les traditions, les conditions des porteurs. Ils nous expliquent qu'on n'est pas à cause des reliefs impossibles du pays. Il y a des porteurs depuis la nuit des temps ici. Donc ça fait vraiment partie de leur culture, que c'est un bon moyen pour eux de gagner de l'argent avec des saisons de rando. Et qu'aujourd'hui les choses ont évolué. Ils sont mieux payés, ils sont assurés. Mais bon, ça n'empêche que c'est ingrat possible et que c'est toujours insupportable de voir des touristes avec un porteur pour 5 ou 6 personnes ou bien des papys et des mamies portés une centaine de kilos sur le dos. On en a vu. On a vu des hommes porter carrément des tables et des lits. Parce qu'il faut s'imaginer que tout ce qu'on voit dans les villages, tous les meubles, tous les accessoires, tout, Après look là, c'est porté à dos d'homme ou de bête donc c'est vrai que c'est très très très impressionnant. La nuit tombe vite, l'humidité aussi. Pour faire notre toilette ça devient un combat. Tout est gelé, parfois on doit briser de la glace pour pouvoir se brosser les dents. Donc la douche autant vous dire qu'on oublie vite. Il y a des gens très intelligents qui ont inventé des lingettes et j'en profite pour les remercier, ça ne se rate pas. très utile durant ces 17 jours. La journée, je dirais qu'on parle peu. On est plutôt contemplatif. Quand on regarde ce qui nous entoure, c'est tellement beau. Tout semble intact. Même les minuscules villages se fondent parfaitement dans le décor sans rien de naturel. Je me rappelle le jour où on arrive dans un village, le ciel est bas, il neige, on ne voit rien. Et au loin, on entend les cris d'enfants. On se rapproche et en fait c'est des jeunes moines apprentis qui jouent au foot au pied d'un monastère. Et à ce moment-là, la balle dévie et dévale lentement la trentaine de marches en silence. Et Lucas par réflexe leur envoie la balle d'un coup de main. Et comme ça on s'arrête avec Lucas, on se regarde et on comprend que ces quelques secondes qui ont dû être un moment banal en fait pour eux, a été magique pour nous. Enfin... On sent, on voit ce côté mystique qu'a ce pays et ça nous marque énormément. On sait qu'on se rappellera de ce genre de moment toute notre vie. Passé les 4000 mètres d'altitude, IMI commence à contrôler régulièrement notre oxygène dans le sang et vérifie si on ne souffre pas de mal aigu de montagne. Donc le mal aigu de montagne, en gros, c'est un déficit en oxygène et en gaz carbonique dans ton sang. qui survient lorsque tu te trouves à une altitude où il y a moins d'oxygène que ce que tu es habitué. Donc tes vaisseaux sanguins peuvent s'altérer, ça peut mener à des œdèmes, des hémorragies, des thromboses et ça se fait ressentir par maux de tête, fatigue, nausées, perte d'appétit et j'en passe. Vers le quatrième jour, je me réveille avec un petit mal de tête et je me dis Ah, ça c'est le début des problèmes. Je le dis à Amy, s'il me rassure, il contrôle grâce à son oximètre le taux de saturation en oxygène d'A-100 et je crois que je suis à 80% entre comme ça au lieu de 100%. Lucas, impeccable, il est toujours autour des 95% donc rien à signaler. Et en fait le pourcentage on a un barème à respecter et si on n'est pas dans les clous on doit arrêter la marche. Donc en gros tu dois être au dessus de 88% à 1000 mètres d'altitude, 78% à 2000 mètres, 69% à 3000 mètres et tu dois être au dessus de 60% d'oxygène dans ton sang au delà des 4000 mètres. Donc je prends un aspirine et on avance. Tous les matins, je remarque que j'ai toujours plus mal à la tête. Donc effectivement, j'ai moins d'appétit, je suis assez fatiguée, je suis toujours congelée. Et c'est dommage parce qu'en fait, mentalement, on apprécie toujours autant, même de plus en plus. On se familiarise tous les jours avec cet environnement. On se découvre un plaisir fou à marcher, surtout ces marches longues, ces marches qui durent. Et c'est vrai que quand même on prend le temps de s'écouter sur ce genre de sorties et je sens que mon corps, il n'est pas au top. Et un soir, la veille de la dernière étape, on est à Loboche, un petit village, en gros une maison de thé au milieu de rien. Ils misent en contrôle mon taux d'oxygène et je suis proche des 60%. C'est nul, c'est clairement nul. Donc, je me décompose un peu. J'ai trop peur qu'Immis me demande de m'arrêter, tout simplement. Ça fait 7 jours qu'on marche maintenant. On n'est plus qu'à un jour d'atteindre l'objectif. Cet objectif, il occupe toutes nos pensées. On marche pour ça. On ne compte pas s'arrêter là. Ça serait un échec total, une énorme déception. Puis, 7 jours, c'est super, mais il y en a encore 10 derrière qui nous attendent. Et vraiment, on veut les vivre jusqu'au bout. tous les deux. Et puis à côté de nous, il y a un gars, je me rappelle, c'était un philippin, il a l'air pas au top, alors on va lui parler, et il nous dit qu'il est autour des 40 ou 50% et qu'il veut pas aller dormir parce que il a peur de pas se réveiller. Et là je me dis, on se dit ah ouais purée, tout de suite ce qui était une balade de santé prend une toute autre dimension. J'ai pas du tout peur pour moi, pour ma vie, pas du tout. Mais quand même, on est plus sur le même registre qu'au début. On voit des groupes qui se réduisent. On sent une petite tension dans l'air. Je pense que c'est plutôt de l'émotion. Il y en a pour qui c'est le rêve. Il y en a qui font ce trek pour la cinquième fois. Et puis nous, on en parle depuis des mois. Et ça y est, c'est demain. Donc on ne peut pas s'arrêter là. Enfin voilà, on y est presque. C'est peut-être compromis. Donc on essaye de positiver. et on part se coucher. Le jour J, le réveil sonne plus tôt que d'habitude parce que le plan aujourd'hui c'est de rejoindre Gourachep pour le déjeuner et d'atteindre le camp en début d'après-midi pour revenir dormir à Gourachep avant la nuit. On se lève, je suis un peu anxieuse, j'ai hyper mal à la tête, je prends vite un cachet on se prépare tout de même et on voit. Dehors il neige On ne voit pas à 3 mètres, c'est la pire météo qu'on ait eue jusqu'à présent. Donc là, les équipes se demandent si on part, si on ne part pas. Et en attendant, ils me contrôlent l'oxygène. Et ouf, énorme soulagement. Je suis revenue à plus de 85%. Donc c'est bon, on peut continuer. Et là, c'est le bonheur. On finit par démarrer la marche. Et franchement, cette matinée, elle est dingue. On se dit que cet après-midi, on sera au pied de l'Ebreste, au pied du sommet le plus haut de la planète, au milieu de l'Himalaya et c'est toujours difficile à réaliser. Pour être honnête, on n'a jamais eu d'attrait particulier, que ce soit pour la montagne, le Népal ou la marche, mais à ce moment-là, émotionnellement, c'est comme si on vivait un rêve. Donc on est ému, on s'imagine le raconter devant nos proches. Il faut dire que c'est tellement inattendu de se retrouver là qu'on n'en revient pas. Bien sûr la fatigue, l'environnement, le contexte d'avoir été comme dans une bulle ces derniers jours fait que les ressentis et les émotions sont démultipliés. Mais bon, on se dit, on reconnaît que quand même l'aventure qu'on est en train de vivre n'est pas des plus banales. Donc juste on se laisse aller à nos émotions et on savoure. Et donc on est un petit groupe, on progresse doucement avec nos sacs en plastique sur la tête en guise de parapluie. On a un silence, il y a un silence de mort. À part nos pas dans la neige, on n'entend rien. Et au bout d'un moment, on entend un peu de bruit en fond, on se retourne et on se fait doubler par un local à cheval sorti de nulle part. Et on hallucine. On finit. par atteindre Gorachev à la maison de thé qui se trouve cette fois-ci à 5190 mètres d'altitude précisément donc là c'est déjà un peu une victoire de franchir ces 5000 mètres symboliques et c'est déjà une... Très très belle étape pour nous. On déjeune, on se pose une petite heure, les guides contrôlent la météo, qui est toujours aussi pourrie, et c'est parti, on part quand même, on s'engage pour les tout derniers kilomètres avant d'atteindre le camp. On ne se parle même plus, on est perdu dans nos pensées, on met un pied devant l'autre, et on guette au loin si on ne voit pas quelque chose, un signe de vie. Quelque chose qui nous ferait rappeler qu'en fait, il y a des gens ici qui s'apprêtent à gravir ce sommet. C'est dingue. On est au pied du glacier de Kombu, qui est une véritable cascade de glace. C'est très très très impressionnant. Et là, on aperçoit, on voit des petits points noirs et jaunes. Et on se dit, mais c'est des gens, ça y est, c'est des gens et des tentes. Et ça y est, on y arrive, on y est, on l'a fait. Et c'est... On est trop trop trop heureux, on est fiers, on est soulagés, on est émus, on est aux anges. On s'embrasse, on se prend dans les bras, on pose devant le fermier au rocher avec l'inscription Everest Base Camp. Elisabeth avait pris de l'alcool, donc on a même droit à un petit shot chacun. Donc elle nous demande d'abord de verser un peu d'alcool à nos pieds pour remercier la nature, la montagne, et de boire le reste. L'Immice, lui, nous donne des drapeaux de prière bouddhistes qu'on entoure autour d'un rocher. Enfin, on participe à plein de petits rites volontiers qui nous font vraiment profiter du moment présent. Les porteurs Aigoumar et Tchikaram, avec qui on a développé une bonne complicité maintenant, sont hyper heureux aussi. On a l'impression que c'est leur première fois... Je crois que c'était leur première fois... qu'ils arrivaient au camp, donc c'est hyper cool parce qu'en plus on a pu laisser nos gros sacs à l'auberge, à la maison de thé, donc on se présente ici tous en tant que marcheurs, que randonneurs, et on partage un peu ça de la même façon, donc c'était vraiment super. On prend un milliard de photos, on prend le temps de penser aussi à tous ces hommes et ces femmes qui attendent, qui s'apprêtent à risquer leur vie dans les prochains jours pour atteindre le sommet, qu'on ne voit toujours pas d'ailleurs. Jusqu'à présent il se sera toujours caché derrière un autre sommet ou derrière les nuages et en fin d'après-midi au moment de partir les nuages se dissipent un peu et on pourra enfin enfin distinguer un tout petit bout de l'Everest et je pense qu'on n'aurait pas pu avoir plus belle récompense à l'arrivée. Ce qu'on retiendra après ces quelques jours c'est d'abord ce goût pour la marche, pour le trekking. On commence déjà à ressentir les pouvoirs ou bien les bénéfices de cette activité. En fait, je me suis rendue compte que depuis qu'on a débuté la marche, je n'arrêtais pas de penser à tout, à n'importe quoi. Tu as des trucs qui te remontent à l'esprit de je ne sais pas combien d'années, pour aucune raison d'ailleurs. Et là, c'est comme si tu avais le temps d'y réfléchir. Et tous les jours, j'ai eu l'impression comme ça de traiter mes pensées, mes idées, mes souvenirs, même des opinions. Et Lucas me rejoint d'ailleurs sur ça, je me souviens qu'il m'a dit quand il avait fait une partie de la vie alpina que ça avait été pareil pour lui, qu'il avait même trouvé sa salvateur. Et j'écoutais un podcast d'ailleurs sur la marche et plusieurs philosophes dont Frédéric Gros expliquent que quand tu marches en fait tu mets ton corps en mouvement, ça rythme tes pensées et c'est comme ça que tu peux y mettre de l'ordre en quelque sorte. Et c'est vraiment un moyen de... de rendre ton esprit disponible, déjà parce que je pense qu'on a que ça à faire en marchant, et puis même ça peut vous arriver, on a déjà tous eu la sensation de quand on travaille assis, d'un coup on a besoin de se lever, de marcher dans la pièce, c'est comme si en gros ça nous aidait à réfléchir. Et bien là, tous nos doutes qui nous ont un peu sauté au visage la première nuit, au fur et à mesure des jours, on a avancé et eux, on les a laissés derrière nous. Je pense qu'on a eu le temps d'y réfléchir et on s'est certainement rendu compte qu'ils ne méritaient pas forcément d'être conservés. Et quand tu finis ta journée, tu es bien, tu es motivé, tu es plein d'entrain et ça te met vraiment dans une bonne énergie. Bien sûr, on n'a pas besoin d'aller au Népal pour ressentir ça. C'est que nous, on l'a réalisé là-bas. Et je me rends compte aujourd'hui d'ailleurs qu'on peut ressentir ces effets, même sur des sorties beaucoup plus courtes, même à la journée. À ce stade, l'objectif, il est atteint. On a atteint le camp de base de l'Everest. On est vraiment trop contents. C'est à nous. Personne ne peut nous l'enlever. On est fiers de l'avoir fait en couple aussi. On se dit qu'on ouvre une belle boîte à souvenirs pour nous, pour le futur. Puis on se dit que les dix prochains jours, ça va être vraiment que du bonus. On est trop heureux de passer encore du temps avec l'équipe. Et oui, on se dit que le plus gros est fait. Mais alors ça, c'était vraiment sans se douter de ce qui allait nous attendre les prochains jours.

  • Speaker #1

    Pour entendre la suite et fin du track, on se donne rendez-vous dans quelques semaines. En attendant, un grand merci pour avoir écouté ce tout premier épisode, on espère vraiment qu'il vous aura plu. Pour soutenir la chaîne, retrouve le podcast sur la plateforme de ton choix, abonne-toi et laisse-nous une note. A bientôt !

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Dans ce premier épisode, je vous emmène dans notre aventure autour du monde, qui débute au cœur du Népal. Ce pays fascinant sera le théâtre de notre première grande épreuve : un trek de 17 jours jusqu’au camp de base de l’Everest.

Je partage nos premières impressions, nos doutes et nos petites victoires. Vous entendrez le récit de nos journées, ponctuées de moments d'émerveillement face à des paysages à couper le souffle, mais aussi de défis physiques imprévus.


Rejoignez-nous pour ce premier chapitre de 36° SUD et laissez-vous transporter par ce récit d'aventure. C'est le début d'une épopée mondiale pleine de défis et de découvertes.


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  • Speaker #0

    Alors on est le 12 mars 2023, on est à l'aéroport Marseille-Provence et ça y est, c'est enfin le jour du grand départ. Ça fait un an qu'on prépare ce long voyage, on a mis énormément d'énergie dans la préparation, on a quitté nos boulots, rendu l'appart, vendu toutes nos affaires, pris le temps pour les itinéraires, bref, là on a envie de qu'une chose, c'est de monter dans l'avion. La famille est là, on a le cœur serré, quand même on est à la fois surexcitées, fatigué, ému, stressé et puis on a la sensation d'être sur le point de vivre un truc de fou donc c'est ce fameux mélange d'émotions qui fait qu'on part avec une petite boule au ventre mais tout de même serein. On est donc fin prêt pour s'envoler pour le Népal qui est le premier pays du trip et on n'y va pas pour rien parce qu'on a l'objectif d'atteindre le camp de base de l'Everest dans le cadre d'un trek de 17 jours et qui par ailleurs sera mon tout premier trek. Après 14h de voyage, on arrive à Kathmandu, donc la capitale. Le voyage se passe bien, tellement bien que j'avais écrit dans le journal que je tenais à ce moment-là que le voyage était tellement vite passé qu'il ne m'avait même pas laissé le temps de faire disparaître le petit poids que j'avais sur la poitrine. On descend sur le tarmac, il y a un énorme nuage de pollution qui nous empêche presque de respirer et on voit à quelques mètres l'aéroport. tout petit, très simple avec un gros Welcome to Nepal. Et là on s'est dit ça y est quoi, on y est. L'aventure elle démarre maintenant et on est trop heureux. On a organisé le trek avec une agence locale à Kathmandu et le départ c'est le lendemain de notre arrivée. Donc on est directement pris en charge par l'agence, c'est-à-dire que c'est eux qui sont venus nous chercher à l'aéroport. C'est eux qui ont réservé un hôtel. En tout cas ils s'occupaient de nous comme des rois et franchement c'était super beau. pour nous d'un peu se laisser porter dans cette toute première aventure et de juste avoir le temps de se concentrer sur notre arrivée et sur la préparation du trek. Sur la route on est sans voie entre l'aéroport et l'hôtel on est projeté dans ce décor et cette culture hyper différente de la nôtre. Ça grouille dans tous les sens, il y a du monde partout, on voit toutes ces couleurs, on a le son des chaplaines, nous et vous le dis c'est qui. Dans la voiture, c'entre-chocs, ça klaxonne. D'ailleurs, on remarque vite que si le klaxon remplace le clignotant. Et ouais, c'est un peu la pagaille. On ne veut pas être plus dépaysé. À l'agence, on rencontre Rémis, qui sera notre guide. Et Elisabeth, une Péruvienne qui marchera avec nous. Et on nous donne toutes les informations nécessaires et pratiques. Et on a rendez-vous le lendemain, vers 5h du matin, en bas de l'hôtel, prêt. En tenue de rando, tout équipé. pour prendre le premier vol direction Lukla qui sera le village de départ du trek. Donc ce trek pour résumer c'est une boucle de 17 jours dans la région de Kombu au coeur de l'Himalaya au nord-est du pays. Le programme c'est 5-6 heures de marche par jour le matin. Au bout de 5 jours on est censé atteindre le camp de base de l'Everest qui s'élève à 5364 mètres. Ensuite si tu te sens tu peux atteindre le sommet de Kalapatar qui est le plus haut point du trek, je crois qu'il monte à 5640 mètres passés. Tu franchis ensuite Cholapas qui est à la même hauteur que le camp de base de l'Everest. Puis tu traverses la vallée de Gyoko avec ses lacs et tu rejoins les villages de départ. Donc au niveau des conditions c'est le printemps, c'est l'ouverture de la saison de trekking, à savoir qu'il y en a deux. Au printemps... et en automne comme bien souvent. L'hiver bien sûr il fait trop froid et en été il pleut puisque c'est la mousseau. Pendant le trek, il ne devrait pas y avoir énormément de monde, il devrait faire autour de 5 à moins 10 degrés environ. Et on apprend sur place qu'en fait on sera accompagné de deux porteurs, deux Sherpas, et donc les Sherpas qui sont un peuple ethnique de la région mais également du Tibet. De mon côté c'est mon tout premier trek, ma... toute première expérience en haute montagne donc c'est vraiment l'inconnu pour moi Lucas un peu moins, il a déjà randonné sur plusieurs jours, plusieurs fois pas en haute montagne mais disons qu'il sait un peu plus à quoi s'attendre donc on part clairement tous les deux dans l'inconnu à l'aventure, trop excité d'expérimenter ça, je pense que l'idée d'être en immersion totale comme ça dans la nature avec des locaux pendant plusieurs jours dans des conditions pas super confortables, même un peu rudes, nous fait rêver. On prend ça un peu comme un challenge, c'est clairement un challenge du coup et c'est comme un test donc on est hyper curieux, impatient et surtout très très très motivé. Par contre, on ne veut pas dramatiser, mais par contre, on parle les choses au sérieux. On part quand même dans une région assez hostile. On ne part pas au sommet de l'Everest, mais quand même, ce n'est pas notre milieu. On n'y connaît rien, donc on reste sérieux, on s'équipe bien, on prévoit des vêtements chauds, techniques, et on essaye de partir le moins chargé possible. Donc, on peut clairement dire que l'aventure commence au moment d'embarquer pour Lukla. Il faut s'imaginer un tout. petit aéroport pour les vols domestiques qu'il est 5h du mat c'est déjà bondé on tente de comprendre comment on s'organise mais on abandonne vite, il y a des guichets on y passe pas, on arrive aux enregistrements des bagages, on voit tout le monde s'échanger des conis, c'est incompréhensible mais ça semble organisé et là on lève la tête, on voit même qu'il y a des singes au plafond qui se baladent, on se dit mais on est où ? tout est curiosité Vient le moment d'embarquer, on se dirige vers l'avion, on s'installe. Il doit y avoir une douzaine de places environ. On attend que les sacs soient chargés à l'arrière. On regarde par l'île bleue, le jour se lève, alors c'est un peu brumeux. On peut observer le soleil orange et énorme devant nous. On voit aussi le pilote qui se prépare au décollage. Et ça y est, on décolle. On peut clairement dire qu'il y a un petit moment de flottement dans l'air parce que j'imagine qu'on essaie tous de faire disparaître l'idée qu'on est en train de vivre une des expériences de vol les plus dangereuses au monde. Et là, une fois qu'on dépasse les nuages, il n'y a plus qu'à profiter. C'est vraiment saisissant, c'est un spectacle. Tu es haut, mais pas très haut comparé aux collines qui t'entourent. C'est comme ça que les guides appellent les pics de moins de 5000 mètres. On survole les vallées de la région de Kathmandu, on voit des cours d'eau, des petits villages, tous ces piquants de neige, c'est des montagnes à perte de vue. C'est vraiment saisissant. Et puis on commence à peine à distinguer cette mini-piste d'atterrissage de moins de 500 mètres de long, la plus courte au monde, et avec au bout un énorme mur en pierre qui est en fait une montagne. pose à flanc de montagne et doit tourner au dernier moment pour rejoindre le tarmac. D'ailleurs le décollage est tout aussi un défi parce qu'au bout de la piste, au bout du gouteron, la piste se jette carrément dans le vide. Arrivé à Lukla, on est accueilli par nos deux porteurs, Aïgoumar et Tikalam, et on se dirige vers une maison de thé qui est en fait une sorte de refuge pour nous, un petit hôtel pour boire un café. Pour s'organiser au niveau des sacs, on en profite pour faire connaissance et on peut démarrer la marche. On n'est pas super à l'aise avec l'idée d'avoir des porteurs, donc on se débrouille le plus possible pour que les sacs soient les plus légers bien sûr, et tout le monde se met en marche. On est le 14 mars 2023, il est 8h30 du matin, et c'est vraiment le début. C'est une de nos plus belles aventures. On commence par traverser l'éclat, ce petit village coloré, plein de lits, percés à 2 800 mètres d'altitude. Malgré l'isolement, c'est un petit village très touristique, donc il y a plein de petites boutiques souvenirs. Tout le nécessaire de trek, c'est bien. On voit des locaux chargés de mules et de chevaux qui s'apprêtent à approvisionner les autres villages. C'est l'heure d'aller à l'école, donc on voit les petites filles se faire des tresses, on voit les garçons jouer au foot dans la rue au milieu des poules, des coques, des chiens. On est vraiment comme sur un petit nuage dans ce village très typique. Le premier jour, c'est une petite journée, une petite mise en jambe. On a un temps magnifique, tout se passe bien. On observe beaucoup, on découvre. Le sentier est très très agréable, c'est souvent un chemin de pierre donc tout roule. On arrive en début d'après-midi à la maison de thé, on s'installe, on mange, on profite du soleil, on écrit, on joue aux cartes, on s'occupe comme on peut et vient la première nuit. Et quelle nuit ! On fait une insomnie de malade, je sais pas si c'est le décalage horaire, le stress, j'en sais rien mais on commence à cogiter. On se pose un milliard de questions, c'est comme si on réalisait à peine où on venait de mettre les pieds. On se dit, mais attends, hier à peine, en gros on était... Chez nos mères et là on est au milieu de l'Himalaya, partis pour s'y enfoncer de plus en plus, mais c'est quoi le délire ? Clairement on flippe, on n'est plus sûr de rien. Moi j'ai laissé mon ordi portable à l'hôtel, je me dis que ça y est, il est déjà sur le bon coin népalais, c'est n'importe quoi, on vrille complètement. Puis on s'endort et on se réveille le matin, on entend les chants des oiseaux, on ouvre la fenêtre. Encore une fois, on réalise à peine où on est, on se dit mais ça va pas la tête, ça va pas, on est trop heureux d'être là. Là tu te rappelles que les nuits peuvent être vraiment compliquées donc on a vraiment intérêt à dormir à la nuit. Donc le matin on se lève, on déjeune à base de chapati, cette fine galette de blé cuite. On se prépare et on se met en route comme la veille, on traverse beaucoup de villages aussi magnifiques les uns que les autres. Beaucoup de maisons en pierre, bien entretenues, beaucoup de temples, de stupas, de trapeaux de prière. On croise énormément d'enfants, de fermiers, de porteurs. Pour l'instant, il y a beaucoup de passages. On progresse bien. On va vite apercevoir un géant, l'Amadablam, qui est haut de 6812 mètres et qui va nous accompagner sur quasiment toute la première partie du trek. Et ce sera un peu comme un repère pour avancer. Donc on va expérimenter aussi les premières passerelles suspendues. C'est chaud. Franchement, moi j'ai le vertige. Ces passerelles, elles sont hyper hautes, elles bougent bien sûr. On est au Népal donc je peux pas dire que je sois très très rassurée. Et c'est le précipice sous nos pieds donc... Je tremble, j'essaye de ne pas trop trembler parce que plus je tremble, plus ça bouge. Je passe, je m'engage et je vois un fermier qui arrive avec son troupeau de yaks énorme. Et je me dis, mais il va attendre, il ne va pas passer. Et en fait, non, il arrive et je me dis, ça y est, les yaks vont m'envoyer bousculer. Je vais me retrouver au fin fond de la vallée. C'était bien, l'aventure s'arrête déjà pour moi. Merci et au revoir. Et non, bien sûr, les yaks. pas, s'il branche pas, à part moi qui fait une tête de désespéré, tout le monde est mordoré et on continue. On arrive le soir en Amchebazar, on est vraiment surpris de la taille de cette ville et du nombre d'habitants ici, je crois qu'il y a presque 2000 habitants, d'ailleurs les Népalais la surnomment la capitale des Sherpas, il y a un gros passage. On a déjà atteint les 3440 mètres d'altitude, donc ça commence à faire. Et c'est la dernière ville, et non pas village, que l'on va traverser avant de tenter d'atteindre le camp de base. Donc ici, il y a tout. Il y a école, restaurant, boutique d'équipement. Il y a même un pub irlandais, le plus haut pub irlandais du monde, donc c'était assez rigolo. C'est super animé, on profite même en terrasse avec une boisson et un banana bread, c'est irréel. On rencontre des randonneurs qui montent, qui descendent, et franchement ceux qui descendent, ils sont marqués quoi, ils nous disent qu'il fait très très froid, plus froid que prévu, et qu'on aura besoin de crampons à certains moments, notamment à l'approche des deux glaciers que l'on va traverser, enfin en tout cas qu'on va côtoyer, le glacier de Khumbu qui s'étend au sud. de l'Everest et le Chola qui relie le camp de base de l'Everest à la vallée de Gyoko. Donc petite pression supplémentaire pour nous même si tout se passe bien jusqu'à présent. C'est vrai que voilà on est en confiance mais on se dit que les choses peuvent évoluer vite. On prend le temps de se balader, d'observer les enfants qui jouent au foot. C'est vraiment une vie l'or du temps, on entend les croissements des corbeaux. On se dit que c'est la vie, on se dit que c'est la vie. où il s'apprête à neiger, le ciel est bas, il y a cette lumière qui est magnifique, mais pour autant, ce n'est pas angoissant du tout. On retrouve même l'odeur de la moquette dans la maison de thé qui nous rappelle le ski, donc on se sent vraiment bien. Et le lendemain, on fait notre première journée d'acclimatation. En fait, on va monter de 500 mètres environ et redescendre pour dormir à Namche Bazar. Et on apprendra que c'est la règle d'or d'ailleurs en altitude de... toujours dormir plus bas que le point le plus haut atteint en journée pour bien habituer son corps donc à l'altitude Les jours passent, mais comme on dit, ne se ressemblent pas. C'est pas du tout monotone. On progresse d'abord à travers la forêt, puis jour après jour, plus on monte, plus les paysages changent. Donc on va commencer à atteindre des terrains plus rocheux, sans arbres, avec peu de végétation. On croise aussi d'autres groupes qui partent pour la même expédition. Et au fur et à mesure, on se rapproche pour n'en former qu'un. Et d'ailleurs, plus on avance, plus on monte, et plus ça commence à cailler. Les après-midi, après la marche, je pense que la fatigue aussi commence à se faire ressentir et on est frigorifié. Alors après manger, on se retrouve autour du feu, on joue aux cartes, on boit des boissons chaudes. On commence à bien sympathiser aussi avec les guides et c'est des moments hyper conviviaux. Inis nous fait mourir de rire, il chante, il danse, il nous fait découvrir des musiques locales, il nous montre son TikTok, enfin... C'est des moments vraiment qu'on apprécie, qui nous font du bien après la marche. Ils nous expliquent aussi les coutumes, les traditions, les conditions des porteurs. Ils nous expliquent qu'on n'est pas à cause des reliefs impossibles du pays. Il y a des porteurs depuis la nuit des temps ici. Donc ça fait vraiment partie de leur culture, que c'est un bon moyen pour eux de gagner de l'argent avec des saisons de rando. Et qu'aujourd'hui les choses ont évolué. Ils sont mieux payés, ils sont assurés. Mais bon, ça n'empêche que c'est ingrat possible et que c'est toujours insupportable de voir des touristes avec un porteur pour 5 ou 6 personnes ou bien des papys et des mamies portés une centaine de kilos sur le dos. On en a vu. On a vu des hommes porter carrément des tables et des lits. Parce qu'il faut s'imaginer que tout ce qu'on voit dans les villages, tous les meubles, tous les accessoires, tout, Après look là, c'est porté à dos d'homme ou de bête donc c'est vrai que c'est très très très impressionnant. La nuit tombe vite, l'humidité aussi. Pour faire notre toilette ça devient un combat. Tout est gelé, parfois on doit briser de la glace pour pouvoir se brosser les dents. Donc la douche autant vous dire qu'on oublie vite. Il y a des gens très intelligents qui ont inventé des lingettes et j'en profite pour les remercier, ça ne se rate pas. très utile durant ces 17 jours. La journée, je dirais qu'on parle peu. On est plutôt contemplatif. Quand on regarde ce qui nous entoure, c'est tellement beau. Tout semble intact. Même les minuscules villages se fondent parfaitement dans le décor sans rien de naturel. Je me rappelle le jour où on arrive dans un village, le ciel est bas, il neige, on ne voit rien. Et au loin, on entend les cris d'enfants. On se rapproche et en fait c'est des jeunes moines apprentis qui jouent au foot au pied d'un monastère. Et à ce moment-là, la balle dévie et dévale lentement la trentaine de marches en silence. Et Lucas par réflexe leur envoie la balle d'un coup de main. Et comme ça on s'arrête avec Lucas, on se regarde et on comprend que ces quelques secondes qui ont dû être un moment banal en fait pour eux, a été magique pour nous. Enfin... On sent, on voit ce côté mystique qu'a ce pays et ça nous marque énormément. On sait qu'on se rappellera de ce genre de moment toute notre vie. Passé les 4000 mètres d'altitude, IMI commence à contrôler régulièrement notre oxygène dans le sang et vérifie si on ne souffre pas de mal aigu de montagne. Donc le mal aigu de montagne, en gros, c'est un déficit en oxygène et en gaz carbonique dans ton sang. qui survient lorsque tu te trouves à une altitude où il y a moins d'oxygène que ce que tu es habitué. Donc tes vaisseaux sanguins peuvent s'altérer, ça peut mener à des œdèmes, des hémorragies, des thromboses et ça se fait ressentir par maux de tête, fatigue, nausées, perte d'appétit et j'en passe. Vers le quatrième jour, je me réveille avec un petit mal de tête et je me dis Ah, ça c'est le début des problèmes. Je le dis à Amy, s'il me rassure, il contrôle grâce à son oximètre le taux de saturation en oxygène d'A-100 et je crois que je suis à 80% entre comme ça au lieu de 100%. Lucas, impeccable, il est toujours autour des 95% donc rien à signaler. Et en fait le pourcentage on a un barème à respecter et si on n'est pas dans les clous on doit arrêter la marche. Donc en gros tu dois être au dessus de 88% à 1000 mètres d'altitude, 78% à 2000 mètres, 69% à 3000 mètres et tu dois être au dessus de 60% d'oxygène dans ton sang au delà des 4000 mètres. Donc je prends un aspirine et on avance. Tous les matins, je remarque que j'ai toujours plus mal à la tête. Donc effectivement, j'ai moins d'appétit, je suis assez fatiguée, je suis toujours congelée. Et c'est dommage parce qu'en fait, mentalement, on apprécie toujours autant, même de plus en plus. On se familiarise tous les jours avec cet environnement. On se découvre un plaisir fou à marcher, surtout ces marches longues, ces marches qui durent. Et c'est vrai que quand même on prend le temps de s'écouter sur ce genre de sorties et je sens que mon corps, il n'est pas au top. Et un soir, la veille de la dernière étape, on est à Loboche, un petit village, en gros une maison de thé au milieu de rien. Ils misent en contrôle mon taux d'oxygène et je suis proche des 60%. C'est nul, c'est clairement nul. Donc, je me décompose un peu. J'ai trop peur qu'Immis me demande de m'arrêter, tout simplement. Ça fait 7 jours qu'on marche maintenant. On n'est plus qu'à un jour d'atteindre l'objectif. Cet objectif, il occupe toutes nos pensées. On marche pour ça. On ne compte pas s'arrêter là. Ça serait un échec total, une énorme déception. Puis, 7 jours, c'est super, mais il y en a encore 10 derrière qui nous attendent. Et vraiment, on veut les vivre jusqu'au bout. tous les deux. Et puis à côté de nous, il y a un gars, je me rappelle, c'était un philippin, il a l'air pas au top, alors on va lui parler, et il nous dit qu'il est autour des 40 ou 50% et qu'il veut pas aller dormir parce que il a peur de pas se réveiller. Et là je me dis, on se dit ah ouais purée, tout de suite ce qui était une balade de santé prend une toute autre dimension. J'ai pas du tout peur pour moi, pour ma vie, pas du tout. Mais quand même, on est plus sur le même registre qu'au début. On voit des groupes qui se réduisent. On sent une petite tension dans l'air. Je pense que c'est plutôt de l'émotion. Il y en a pour qui c'est le rêve. Il y en a qui font ce trek pour la cinquième fois. Et puis nous, on en parle depuis des mois. Et ça y est, c'est demain. Donc on ne peut pas s'arrêter là. Enfin voilà, on y est presque. C'est peut-être compromis. Donc on essaye de positiver. et on part se coucher. Le jour J, le réveil sonne plus tôt que d'habitude parce que le plan aujourd'hui c'est de rejoindre Gourachep pour le déjeuner et d'atteindre le camp en début d'après-midi pour revenir dormir à Gourachep avant la nuit. On se lève, je suis un peu anxieuse, j'ai hyper mal à la tête, je prends vite un cachet on se prépare tout de même et on voit. Dehors il neige On ne voit pas à 3 mètres, c'est la pire météo qu'on ait eue jusqu'à présent. Donc là, les équipes se demandent si on part, si on ne part pas. Et en attendant, ils me contrôlent l'oxygène. Et ouf, énorme soulagement. Je suis revenue à plus de 85%. Donc c'est bon, on peut continuer. Et là, c'est le bonheur. On finit par démarrer la marche. Et franchement, cette matinée, elle est dingue. On se dit que cet après-midi, on sera au pied de l'Ebreste, au pied du sommet le plus haut de la planète, au milieu de l'Himalaya et c'est toujours difficile à réaliser. Pour être honnête, on n'a jamais eu d'attrait particulier, que ce soit pour la montagne, le Népal ou la marche, mais à ce moment-là, émotionnellement, c'est comme si on vivait un rêve. Donc on est ému, on s'imagine le raconter devant nos proches. Il faut dire que c'est tellement inattendu de se retrouver là qu'on n'en revient pas. Bien sûr la fatigue, l'environnement, le contexte d'avoir été comme dans une bulle ces derniers jours fait que les ressentis et les émotions sont démultipliés. Mais bon, on se dit, on reconnaît que quand même l'aventure qu'on est en train de vivre n'est pas des plus banales. Donc juste on se laisse aller à nos émotions et on savoure. Et donc on est un petit groupe, on progresse doucement avec nos sacs en plastique sur la tête en guise de parapluie. On a un silence, il y a un silence de mort. À part nos pas dans la neige, on n'entend rien. Et au bout d'un moment, on entend un peu de bruit en fond, on se retourne et on se fait doubler par un local à cheval sorti de nulle part. Et on hallucine. On finit. par atteindre Gorachev à la maison de thé qui se trouve cette fois-ci à 5190 mètres d'altitude précisément donc là c'est déjà un peu une victoire de franchir ces 5000 mètres symboliques et c'est déjà une... Très très belle étape pour nous. On déjeune, on se pose une petite heure, les guides contrôlent la météo, qui est toujours aussi pourrie, et c'est parti, on part quand même, on s'engage pour les tout derniers kilomètres avant d'atteindre le camp. On ne se parle même plus, on est perdu dans nos pensées, on met un pied devant l'autre, et on guette au loin si on ne voit pas quelque chose, un signe de vie. Quelque chose qui nous ferait rappeler qu'en fait, il y a des gens ici qui s'apprêtent à gravir ce sommet. C'est dingue. On est au pied du glacier de Kombu, qui est une véritable cascade de glace. C'est très très très impressionnant. Et là, on aperçoit, on voit des petits points noirs et jaunes. Et on se dit, mais c'est des gens, ça y est, c'est des gens et des tentes. Et ça y est, on y arrive, on y est, on l'a fait. Et c'est... On est trop trop trop heureux, on est fiers, on est soulagés, on est émus, on est aux anges. On s'embrasse, on se prend dans les bras, on pose devant le fermier au rocher avec l'inscription Everest Base Camp. Elisabeth avait pris de l'alcool, donc on a même droit à un petit shot chacun. Donc elle nous demande d'abord de verser un peu d'alcool à nos pieds pour remercier la nature, la montagne, et de boire le reste. L'Immice, lui, nous donne des drapeaux de prière bouddhistes qu'on entoure autour d'un rocher. Enfin, on participe à plein de petits rites volontiers qui nous font vraiment profiter du moment présent. Les porteurs Aigoumar et Tchikaram, avec qui on a développé une bonne complicité maintenant, sont hyper heureux aussi. On a l'impression que c'est leur première fois... Je crois que c'était leur première fois... qu'ils arrivaient au camp, donc c'est hyper cool parce qu'en plus on a pu laisser nos gros sacs à l'auberge, à la maison de thé, donc on se présente ici tous en tant que marcheurs, que randonneurs, et on partage un peu ça de la même façon, donc c'était vraiment super. On prend un milliard de photos, on prend le temps de penser aussi à tous ces hommes et ces femmes qui attendent, qui s'apprêtent à risquer leur vie dans les prochains jours pour atteindre le sommet, qu'on ne voit toujours pas d'ailleurs. Jusqu'à présent il se sera toujours caché derrière un autre sommet ou derrière les nuages et en fin d'après-midi au moment de partir les nuages se dissipent un peu et on pourra enfin enfin distinguer un tout petit bout de l'Everest et je pense qu'on n'aurait pas pu avoir plus belle récompense à l'arrivée. Ce qu'on retiendra après ces quelques jours c'est d'abord ce goût pour la marche, pour le trekking. On commence déjà à ressentir les pouvoirs ou bien les bénéfices de cette activité. En fait, je me suis rendue compte que depuis qu'on a débuté la marche, je n'arrêtais pas de penser à tout, à n'importe quoi. Tu as des trucs qui te remontent à l'esprit de je ne sais pas combien d'années, pour aucune raison d'ailleurs. Et là, c'est comme si tu avais le temps d'y réfléchir. Et tous les jours, j'ai eu l'impression comme ça de traiter mes pensées, mes idées, mes souvenirs, même des opinions. Et Lucas me rejoint d'ailleurs sur ça, je me souviens qu'il m'a dit quand il avait fait une partie de la vie alpina que ça avait été pareil pour lui, qu'il avait même trouvé sa salvateur. Et j'écoutais un podcast d'ailleurs sur la marche et plusieurs philosophes dont Frédéric Gros expliquent que quand tu marches en fait tu mets ton corps en mouvement, ça rythme tes pensées et c'est comme ça que tu peux y mettre de l'ordre en quelque sorte. Et c'est vraiment un moyen de... de rendre ton esprit disponible, déjà parce que je pense qu'on a que ça à faire en marchant, et puis même ça peut vous arriver, on a déjà tous eu la sensation de quand on travaille assis, d'un coup on a besoin de se lever, de marcher dans la pièce, c'est comme si en gros ça nous aidait à réfléchir. Et bien là, tous nos doutes qui nous ont un peu sauté au visage la première nuit, au fur et à mesure des jours, on a avancé et eux, on les a laissés derrière nous. Je pense qu'on a eu le temps d'y réfléchir et on s'est certainement rendu compte qu'ils ne méritaient pas forcément d'être conservés. Et quand tu finis ta journée, tu es bien, tu es motivé, tu es plein d'entrain et ça te met vraiment dans une bonne énergie. Bien sûr, on n'a pas besoin d'aller au Népal pour ressentir ça. C'est que nous, on l'a réalisé là-bas. Et je me rends compte aujourd'hui d'ailleurs qu'on peut ressentir ces effets, même sur des sorties beaucoup plus courtes, même à la journée. À ce stade, l'objectif, il est atteint. On a atteint le camp de base de l'Everest. On est vraiment trop contents. C'est à nous. Personne ne peut nous l'enlever. On est fiers de l'avoir fait en couple aussi. On se dit qu'on ouvre une belle boîte à souvenirs pour nous, pour le futur. Puis on se dit que les dix prochains jours, ça va être vraiment que du bonus. On est trop heureux de passer encore du temps avec l'équipe. Et oui, on se dit que le plus gros est fait. Mais alors ça, c'était vraiment sans se douter de ce qui allait nous attendre les prochains jours.

  • Speaker #1

    Pour entendre la suite et fin du track, on se donne rendez-vous dans quelques semaines. En attendant, un grand merci pour avoir écouté ce tout premier épisode, on espère vraiment qu'il vous aura plu. Pour soutenir la chaîne, retrouve le podcast sur la plateforme de ton choix, abonne-toi et laisse-nous une note. A bientôt !

Description

Dans ce premier épisode, je vous emmène dans notre aventure autour du monde, qui débute au cœur du Népal. Ce pays fascinant sera le théâtre de notre première grande épreuve : un trek de 17 jours jusqu’au camp de base de l’Everest.

Je partage nos premières impressions, nos doutes et nos petites victoires. Vous entendrez le récit de nos journées, ponctuées de moments d'émerveillement face à des paysages à couper le souffle, mais aussi de défis physiques imprévus.


Rejoignez-nous pour ce premier chapitre de 36° SUD et laissez-vous transporter par ce récit d'aventure. C'est le début d'une épopée mondiale pleine de défis et de découvertes.


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Transcription

  • Speaker #0

    Alors on est le 12 mars 2023, on est à l'aéroport Marseille-Provence et ça y est, c'est enfin le jour du grand départ. Ça fait un an qu'on prépare ce long voyage, on a mis énormément d'énergie dans la préparation, on a quitté nos boulots, rendu l'appart, vendu toutes nos affaires, pris le temps pour les itinéraires, bref, là on a envie de qu'une chose, c'est de monter dans l'avion. La famille est là, on a le cœur serré, quand même on est à la fois surexcitées, fatigué, ému, stressé et puis on a la sensation d'être sur le point de vivre un truc de fou donc c'est ce fameux mélange d'émotions qui fait qu'on part avec une petite boule au ventre mais tout de même serein. On est donc fin prêt pour s'envoler pour le Népal qui est le premier pays du trip et on n'y va pas pour rien parce qu'on a l'objectif d'atteindre le camp de base de l'Everest dans le cadre d'un trek de 17 jours et qui par ailleurs sera mon tout premier trek. Après 14h de voyage, on arrive à Kathmandu, donc la capitale. Le voyage se passe bien, tellement bien que j'avais écrit dans le journal que je tenais à ce moment-là que le voyage était tellement vite passé qu'il ne m'avait même pas laissé le temps de faire disparaître le petit poids que j'avais sur la poitrine. On descend sur le tarmac, il y a un énorme nuage de pollution qui nous empêche presque de respirer et on voit à quelques mètres l'aéroport. tout petit, très simple avec un gros Welcome to Nepal. Et là on s'est dit ça y est quoi, on y est. L'aventure elle démarre maintenant et on est trop heureux. On a organisé le trek avec une agence locale à Kathmandu et le départ c'est le lendemain de notre arrivée. Donc on est directement pris en charge par l'agence, c'est-à-dire que c'est eux qui sont venus nous chercher à l'aéroport. C'est eux qui ont réservé un hôtel. En tout cas ils s'occupaient de nous comme des rois et franchement c'était super beau. pour nous d'un peu se laisser porter dans cette toute première aventure et de juste avoir le temps de se concentrer sur notre arrivée et sur la préparation du trek. Sur la route on est sans voie entre l'aéroport et l'hôtel on est projeté dans ce décor et cette culture hyper différente de la nôtre. Ça grouille dans tous les sens, il y a du monde partout, on voit toutes ces couleurs, on a le son des chaplaines, nous et vous le dis c'est qui. Dans la voiture, c'entre-chocs, ça klaxonne. D'ailleurs, on remarque vite que si le klaxon remplace le clignotant. Et ouais, c'est un peu la pagaille. On ne veut pas être plus dépaysé. À l'agence, on rencontre Rémis, qui sera notre guide. Et Elisabeth, une Péruvienne qui marchera avec nous. Et on nous donne toutes les informations nécessaires et pratiques. Et on a rendez-vous le lendemain, vers 5h du matin, en bas de l'hôtel, prêt. En tenue de rando, tout équipé. pour prendre le premier vol direction Lukla qui sera le village de départ du trek. Donc ce trek pour résumer c'est une boucle de 17 jours dans la région de Kombu au coeur de l'Himalaya au nord-est du pays. Le programme c'est 5-6 heures de marche par jour le matin. Au bout de 5 jours on est censé atteindre le camp de base de l'Everest qui s'élève à 5364 mètres. Ensuite si tu te sens tu peux atteindre le sommet de Kalapatar qui est le plus haut point du trek, je crois qu'il monte à 5640 mètres passés. Tu franchis ensuite Cholapas qui est à la même hauteur que le camp de base de l'Everest. Puis tu traverses la vallée de Gyoko avec ses lacs et tu rejoins les villages de départ. Donc au niveau des conditions c'est le printemps, c'est l'ouverture de la saison de trekking, à savoir qu'il y en a deux. Au printemps... et en automne comme bien souvent. L'hiver bien sûr il fait trop froid et en été il pleut puisque c'est la mousseau. Pendant le trek, il ne devrait pas y avoir énormément de monde, il devrait faire autour de 5 à moins 10 degrés environ. Et on apprend sur place qu'en fait on sera accompagné de deux porteurs, deux Sherpas, et donc les Sherpas qui sont un peuple ethnique de la région mais également du Tibet. De mon côté c'est mon tout premier trek, ma... toute première expérience en haute montagne donc c'est vraiment l'inconnu pour moi Lucas un peu moins, il a déjà randonné sur plusieurs jours, plusieurs fois pas en haute montagne mais disons qu'il sait un peu plus à quoi s'attendre donc on part clairement tous les deux dans l'inconnu à l'aventure, trop excité d'expérimenter ça, je pense que l'idée d'être en immersion totale comme ça dans la nature avec des locaux pendant plusieurs jours dans des conditions pas super confortables, même un peu rudes, nous fait rêver. On prend ça un peu comme un challenge, c'est clairement un challenge du coup et c'est comme un test donc on est hyper curieux, impatient et surtout très très très motivé. Par contre, on ne veut pas dramatiser, mais par contre, on parle les choses au sérieux. On part quand même dans une région assez hostile. On ne part pas au sommet de l'Everest, mais quand même, ce n'est pas notre milieu. On n'y connaît rien, donc on reste sérieux, on s'équipe bien, on prévoit des vêtements chauds, techniques, et on essaye de partir le moins chargé possible. Donc, on peut clairement dire que l'aventure commence au moment d'embarquer pour Lukla. Il faut s'imaginer un tout. petit aéroport pour les vols domestiques qu'il est 5h du mat c'est déjà bondé on tente de comprendre comment on s'organise mais on abandonne vite, il y a des guichets on y passe pas, on arrive aux enregistrements des bagages, on voit tout le monde s'échanger des conis, c'est incompréhensible mais ça semble organisé et là on lève la tête, on voit même qu'il y a des singes au plafond qui se baladent, on se dit mais on est où ? tout est curiosité Vient le moment d'embarquer, on se dirige vers l'avion, on s'installe. Il doit y avoir une douzaine de places environ. On attend que les sacs soient chargés à l'arrière. On regarde par l'île bleue, le jour se lève, alors c'est un peu brumeux. On peut observer le soleil orange et énorme devant nous. On voit aussi le pilote qui se prépare au décollage. Et ça y est, on décolle. On peut clairement dire qu'il y a un petit moment de flottement dans l'air parce que j'imagine qu'on essaie tous de faire disparaître l'idée qu'on est en train de vivre une des expériences de vol les plus dangereuses au monde. Et là, une fois qu'on dépasse les nuages, il n'y a plus qu'à profiter. C'est vraiment saisissant, c'est un spectacle. Tu es haut, mais pas très haut comparé aux collines qui t'entourent. C'est comme ça que les guides appellent les pics de moins de 5000 mètres. On survole les vallées de la région de Kathmandu, on voit des cours d'eau, des petits villages, tous ces piquants de neige, c'est des montagnes à perte de vue. C'est vraiment saisissant. Et puis on commence à peine à distinguer cette mini-piste d'atterrissage de moins de 500 mètres de long, la plus courte au monde, et avec au bout un énorme mur en pierre qui est en fait une montagne. pose à flanc de montagne et doit tourner au dernier moment pour rejoindre le tarmac. D'ailleurs le décollage est tout aussi un défi parce qu'au bout de la piste, au bout du gouteron, la piste se jette carrément dans le vide. Arrivé à Lukla, on est accueilli par nos deux porteurs, Aïgoumar et Tikalam, et on se dirige vers une maison de thé qui est en fait une sorte de refuge pour nous, un petit hôtel pour boire un café. Pour s'organiser au niveau des sacs, on en profite pour faire connaissance et on peut démarrer la marche. On n'est pas super à l'aise avec l'idée d'avoir des porteurs, donc on se débrouille le plus possible pour que les sacs soient les plus légers bien sûr, et tout le monde se met en marche. On est le 14 mars 2023, il est 8h30 du matin, et c'est vraiment le début. C'est une de nos plus belles aventures. On commence par traverser l'éclat, ce petit village coloré, plein de lits, percés à 2 800 mètres d'altitude. Malgré l'isolement, c'est un petit village très touristique, donc il y a plein de petites boutiques souvenirs. Tout le nécessaire de trek, c'est bien. On voit des locaux chargés de mules et de chevaux qui s'apprêtent à approvisionner les autres villages. C'est l'heure d'aller à l'école, donc on voit les petites filles se faire des tresses, on voit les garçons jouer au foot dans la rue au milieu des poules, des coques, des chiens. On est vraiment comme sur un petit nuage dans ce village très typique. Le premier jour, c'est une petite journée, une petite mise en jambe. On a un temps magnifique, tout se passe bien. On observe beaucoup, on découvre. Le sentier est très très agréable, c'est souvent un chemin de pierre donc tout roule. On arrive en début d'après-midi à la maison de thé, on s'installe, on mange, on profite du soleil, on écrit, on joue aux cartes, on s'occupe comme on peut et vient la première nuit. Et quelle nuit ! On fait une insomnie de malade, je sais pas si c'est le décalage horaire, le stress, j'en sais rien mais on commence à cogiter. On se pose un milliard de questions, c'est comme si on réalisait à peine où on venait de mettre les pieds. On se dit, mais attends, hier à peine, en gros on était... Chez nos mères et là on est au milieu de l'Himalaya, partis pour s'y enfoncer de plus en plus, mais c'est quoi le délire ? Clairement on flippe, on n'est plus sûr de rien. Moi j'ai laissé mon ordi portable à l'hôtel, je me dis que ça y est, il est déjà sur le bon coin népalais, c'est n'importe quoi, on vrille complètement. Puis on s'endort et on se réveille le matin, on entend les chants des oiseaux, on ouvre la fenêtre. Encore une fois, on réalise à peine où on est, on se dit mais ça va pas la tête, ça va pas, on est trop heureux d'être là. Là tu te rappelles que les nuits peuvent être vraiment compliquées donc on a vraiment intérêt à dormir à la nuit. Donc le matin on se lève, on déjeune à base de chapati, cette fine galette de blé cuite. On se prépare et on se met en route comme la veille, on traverse beaucoup de villages aussi magnifiques les uns que les autres. Beaucoup de maisons en pierre, bien entretenues, beaucoup de temples, de stupas, de trapeaux de prière. On croise énormément d'enfants, de fermiers, de porteurs. Pour l'instant, il y a beaucoup de passages. On progresse bien. On va vite apercevoir un géant, l'Amadablam, qui est haut de 6812 mètres et qui va nous accompagner sur quasiment toute la première partie du trek. Et ce sera un peu comme un repère pour avancer. Donc on va expérimenter aussi les premières passerelles suspendues. C'est chaud. Franchement, moi j'ai le vertige. Ces passerelles, elles sont hyper hautes, elles bougent bien sûr. On est au Népal donc je peux pas dire que je sois très très rassurée. Et c'est le précipice sous nos pieds donc... Je tremble, j'essaye de ne pas trop trembler parce que plus je tremble, plus ça bouge. Je passe, je m'engage et je vois un fermier qui arrive avec son troupeau de yaks énorme. Et je me dis, mais il va attendre, il ne va pas passer. Et en fait, non, il arrive et je me dis, ça y est, les yaks vont m'envoyer bousculer. Je vais me retrouver au fin fond de la vallée. C'était bien, l'aventure s'arrête déjà pour moi. Merci et au revoir. Et non, bien sûr, les yaks. pas, s'il branche pas, à part moi qui fait une tête de désespéré, tout le monde est mordoré et on continue. On arrive le soir en Amchebazar, on est vraiment surpris de la taille de cette ville et du nombre d'habitants ici, je crois qu'il y a presque 2000 habitants, d'ailleurs les Népalais la surnomment la capitale des Sherpas, il y a un gros passage. On a déjà atteint les 3440 mètres d'altitude, donc ça commence à faire. Et c'est la dernière ville, et non pas village, que l'on va traverser avant de tenter d'atteindre le camp de base. Donc ici, il y a tout. Il y a école, restaurant, boutique d'équipement. Il y a même un pub irlandais, le plus haut pub irlandais du monde, donc c'était assez rigolo. C'est super animé, on profite même en terrasse avec une boisson et un banana bread, c'est irréel. On rencontre des randonneurs qui montent, qui descendent, et franchement ceux qui descendent, ils sont marqués quoi, ils nous disent qu'il fait très très froid, plus froid que prévu, et qu'on aura besoin de crampons à certains moments, notamment à l'approche des deux glaciers que l'on va traverser, enfin en tout cas qu'on va côtoyer, le glacier de Khumbu qui s'étend au sud. de l'Everest et le Chola qui relie le camp de base de l'Everest à la vallée de Gyoko. Donc petite pression supplémentaire pour nous même si tout se passe bien jusqu'à présent. C'est vrai que voilà on est en confiance mais on se dit que les choses peuvent évoluer vite. On prend le temps de se balader, d'observer les enfants qui jouent au foot. C'est vraiment une vie l'or du temps, on entend les croissements des corbeaux. On se dit que c'est la vie, on se dit que c'est la vie. où il s'apprête à neiger, le ciel est bas, il y a cette lumière qui est magnifique, mais pour autant, ce n'est pas angoissant du tout. On retrouve même l'odeur de la moquette dans la maison de thé qui nous rappelle le ski, donc on se sent vraiment bien. Et le lendemain, on fait notre première journée d'acclimatation. En fait, on va monter de 500 mètres environ et redescendre pour dormir à Namche Bazar. Et on apprendra que c'est la règle d'or d'ailleurs en altitude de... toujours dormir plus bas que le point le plus haut atteint en journée pour bien habituer son corps donc à l'altitude Les jours passent, mais comme on dit, ne se ressemblent pas. C'est pas du tout monotone. On progresse d'abord à travers la forêt, puis jour après jour, plus on monte, plus les paysages changent. Donc on va commencer à atteindre des terrains plus rocheux, sans arbres, avec peu de végétation. On croise aussi d'autres groupes qui partent pour la même expédition. Et au fur et à mesure, on se rapproche pour n'en former qu'un. Et d'ailleurs, plus on avance, plus on monte, et plus ça commence à cailler. Les après-midi, après la marche, je pense que la fatigue aussi commence à se faire ressentir et on est frigorifié. Alors après manger, on se retrouve autour du feu, on joue aux cartes, on boit des boissons chaudes. On commence à bien sympathiser aussi avec les guides et c'est des moments hyper conviviaux. Inis nous fait mourir de rire, il chante, il danse, il nous fait découvrir des musiques locales, il nous montre son TikTok, enfin... C'est des moments vraiment qu'on apprécie, qui nous font du bien après la marche. Ils nous expliquent aussi les coutumes, les traditions, les conditions des porteurs. Ils nous expliquent qu'on n'est pas à cause des reliefs impossibles du pays. Il y a des porteurs depuis la nuit des temps ici. Donc ça fait vraiment partie de leur culture, que c'est un bon moyen pour eux de gagner de l'argent avec des saisons de rando. Et qu'aujourd'hui les choses ont évolué. Ils sont mieux payés, ils sont assurés. Mais bon, ça n'empêche que c'est ingrat possible et que c'est toujours insupportable de voir des touristes avec un porteur pour 5 ou 6 personnes ou bien des papys et des mamies portés une centaine de kilos sur le dos. On en a vu. On a vu des hommes porter carrément des tables et des lits. Parce qu'il faut s'imaginer que tout ce qu'on voit dans les villages, tous les meubles, tous les accessoires, tout, Après look là, c'est porté à dos d'homme ou de bête donc c'est vrai que c'est très très très impressionnant. La nuit tombe vite, l'humidité aussi. Pour faire notre toilette ça devient un combat. Tout est gelé, parfois on doit briser de la glace pour pouvoir se brosser les dents. Donc la douche autant vous dire qu'on oublie vite. Il y a des gens très intelligents qui ont inventé des lingettes et j'en profite pour les remercier, ça ne se rate pas. très utile durant ces 17 jours. La journée, je dirais qu'on parle peu. On est plutôt contemplatif. Quand on regarde ce qui nous entoure, c'est tellement beau. Tout semble intact. Même les minuscules villages se fondent parfaitement dans le décor sans rien de naturel. Je me rappelle le jour où on arrive dans un village, le ciel est bas, il neige, on ne voit rien. Et au loin, on entend les cris d'enfants. On se rapproche et en fait c'est des jeunes moines apprentis qui jouent au foot au pied d'un monastère. Et à ce moment-là, la balle dévie et dévale lentement la trentaine de marches en silence. Et Lucas par réflexe leur envoie la balle d'un coup de main. Et comme ça on s'arrête avec Lucas, on se regarde et on comprend que ces quelques secondes qui ont dû être un moment banal en fait pour eux, a été magique pour nous. Enfin... On sent, on voit ce côté mystique qu'a ce pays et ça nous marque énormément. On sait qu'on se rappellera de ce genre de moment toute notre vie. Passé les 4000 mètres d'altitude, IMI commence à contrôler régulièrement notre oxygène dans le sang et vérifie si on ne souffre pas de mal aigu de montagne. Donc le mal aigu de montagne, en gros, c'est un déficit en oxygène et en gaz carbonique dans ton sang. qui survient lorsque tu te trouves à une altitude où il y a moins d'oxygène que ce que tu es habitué. Donc tes vaisseaux sanguins peuvent s'altérer, ça peut mener à des œdèmes, des hémorragies, des thromboses et ça se fait ressentir par maux de tête, fatigue, nausées, perte d'appétit et j'en passe. Vers le quatrième jour, je me réveille avec un petit mal de tête et je me dis Ah, ça c'est le début des problèmes. Je le dis à Amy, s'il me rassure, il contrôle grâce à son oximètre le taux de saturation en oxygène d'A-100 et je crois que je suis à 80% entre comme ça au lieu de 100%. Lucas, impeccable, il est toujours autour des 95% donc rien à signaler. Et en fait le pourcentage on a un barème à respecter et si on n'est pas dans les clous on doit arrêter la marche. Donc en gros tu dois être au dessus de 88% à 1000 mètres d'altitude, 78% à 2000 mètres, 69% à 3000 mètres et tu dois être au dessus de 60% d'oxygène dans ton sang au delà des 4000 mètres. Donc je prends un aspirine et on avance. Tous les matins, je remarque que j'ai toujours plus mal à la tête. Donc effectivement, j'ai moins d'appétit, je suis assez fatiguée, je suis toujours congelée. Et c'est dommage parce qu'en fait, mentalement, on apprécie toujours autant, même de plus en plus. On se familiarise tous les jours avec cet environnement. On se découvre un plaisir fou à marcher, surtout ces marches longues, ces marches qui durent. Et c'est vrai que quand même on prend le temps de s'écouter sur ce genre de sorties et je sens que mon corps, il n'est pas au top. Et un soir, la veille de la dernière étape, on est à Loboche, un petit village, en gros une maison de thé au milieu de rien. Ils misent en contrôle mon taux d'oxygène et je suis proche des 60%. C'est nul, c'est clairement nul. Donc, je me décompose un peu. J'ai trop peur qu'Immis me demande de m'arrêter, tout simplement. Ça fait 7 jours qu'on marche maintenant. On n'est plus qu'à un jour d'atteindre l'objectif. Cet objectif, il occupe toutes nos pensées. On marche pour ça. On ne compte pas s'arrêter là. Ça serait un échec total, une énorme déception. Puis, 7 jours, c'est super, mais il y en a encore 10 derrière qui nous attendent. Et vraiment, on veut les vivre jusqu'au bout. tous les deux. Et puis à côté de nous, il y a un gars, je me rappelle, c'était un philippin, il a l'air pas au top, alors on va lui parler, et il nous dit qu'il est autour des 40 ou 50% et qu'il veut pas aller dormir parce que il a peur de pas se réveiller. Et là je me dis, on se dit ah ouais purée, tout de suite ce qui était une balade de santé prend une toute autre dimension. J'ai pas du tout peur pour moi, pour ma vie, pas du tout. Mais quand même, on est plus sur le même registre qu'au début. On voit des groupes qui se réduisent. On sent une petite tension dans l'air. Je pense que c'est plutôt de l'émotion. Il y en a pour qui c'est le rêve. Il y en a qui font ce trek pour la cinquième fois. Et puis nous, on en parle depuis des mois. Et ça y est, c'est demain. Donc on ne peut pas s'arrêter là. Enfin voilà, on y est presque. C'est peut-être compromis. Donc on essaye de positiver. et on part se coucher. Le jour J, le réveil sonne plus tôt que d'habitude parce que le plan aujourd'hui c'est de rejoindre Gourachep pour le déjeuner et d'atteindre le camp en début d'après-midi pour revenir dormir à Gourachep avant la nuit. On se lève, je suis un peu anxieuse, j'ai hyper mal à la tête, je prends vite un cachet on se prépare tout de même et on voit. Dehors il neige On ne voit pas à 3 mètres, c'est la pire météo qu'on ait eue jusqu'à présent. Donc là, les équipes se demandent si on part, si on ne part pas. Et en attendant, ils me contrôlent l'oxygène. Et ouf, énorme soulagement. Je suis revenue à plus de 85%. Donc c'est bon, on peut continuer. Et là, c'est le bonheur. On finit par démarrer la marche. Et franchement, cette matinée, elle est dingue. On se dit que cet après-midi, on sera au pied de l'Ebreste, au pied du sommet le plus haut de la planète, au milieu de l'Himalaya et c'est toujours difficile à réaliser. Pour être honnête, on n'a jamais eu d'attrait particulier, que ce soit pour la montagne, le Népal ou la marche, mais à ce moment-là, émotionnellement, c'est comme si on vivait un rêve. Donc on est ému, on s'imagine le raconter devant nos proches. Il faut dire que c'est tellement inattendu de se retrouver là qu'on n'en revient pas. Bien sûr la fatigue, l'environnement, le contexte d'avoir été comme dans une bulle ces derniers jours fait que les ressentis et les émotions sont démultipliés. Mais bon, on se dit, on reconnaît que quand même l'aventure qu'on est en train de vivre n'est pas des plus banales. Donc juste on se laisse aller à nos émotions et on savoure. Et donc on est un petit groupe, on progresse doucement avec nos sacs en plastique sur la tête en guise de parapluie. On a un silence, il y a un silence de mort. À part nos pas dans la neige, on n'entend rien. Et au bout d'un moment, on entend un peu de bruit en fond, on se retourne et on se fait doubler par un local à cheval sorti de nulle part. Et on hallucine. On finit. par atteindre Gorachev à la maison de thé qui se trouve cette fois-ci à 5190 mètres d'altitude précisément donc là c'est déjà un peu une victoire de franchir ces 5000 mètres symboliques et c'est déjà une... Très très belle étape pour nous. On déjeune, on se pose une petite heure, les guides contrôlent la météo, qui est toujours aussi pourrie, et c'est parti, on part quand même, on s'engage pour les tout derniers kilomètres avant d'atteindre le camp. On ne se parle même plus, on est perdu dans nos pensées, on met un pied devant l'autre, et on guette au loin si on ne voit pas quelque chose, un signe de vie. Quelque chose qui nous ferait rappeler qu'en fait, il y a des gens ici qui s'apprêtent à gravir ce sommet. C'est dingue. On est au pied du glacier de Kombu, qui est une véritable cascade de glace. C'est très très très impressionnant. Et là, on aperçoit, on voit des petits points noirs et jaunes. Et on se dit, mais c'est des gens, ça y est, c'est des gens et des tentes. Et ça y est, on y arrive, on y est, on l'a fait. Et c'est... On est trop trop trop heureux, on est fiers, on est soulagés, on est émus, on est aux anges. On s'embrasse, on se prend dans les bras, on pose devant le fermier au rocher avec l'inscription Everest Base Camp. Elisabeth avait pris de l'alcool, donc on a même droit à un petit shot chacun. Donc elle nous demande d'abord de verser un peu d'alcool à nos pieds pour remercier la nature, la montagne, et de boire le reste. L'Immice, lui, nous donne des drapeaux de prière bouddhistes qu'on entoure autour d'un rocher. Enfin, on participe à plein de petits rites volontiers qui nous font vraiment profiter du moment présent. Les porteurs Aigoumar et Tchikaram, avec qui on a développé une bonne complicité maintenant, sont hyper heureux aussi. On a l'impression que c'est leur première fois... Je crois que c'était leur première fois... qu'ils arrivaient au camp, donc c'est hyper cool parce qu'en plus on a pu laisser nos gros sacs à l'auberge, à la maison de thé, donc on se présente ici tous en tant que marcheurs, que randonneurs, et on partage un peu ça de la même façon, donc c'était vraiment super. On prend un milliard de photos, on prend le temps de penser aussi à tous ces hommes et ces femmes qui attendent, qui s'apprêtent à risquer leur vie dans les prochains jours pour atteindre le sommet, qu'on ne voit toujours pas d'ailleurs. Jusqu'à présent il se sera toujours caché derrière un autre sommet ou derrière les nuages et en fin d'après-midi au moment de partir les nuages se dissipent un peu et on pourra enfin enfin distinguer un tout petit bout de l'Everest et je pense qu'on n'aurait pas pu avoir plus belle récompense à l'arrivée. Ce qu'on retiendra après ces quelques jours c'est d'abord ce goût pour la marche, pour le trekking. On commence déjà à ressentir les pouvoirs ou bien les bénéfices de cette activité. En fait, je me suis rendue compte que depuis qu'on a débuté la marche, je n'arrêtais pas de penser à tout, à n'importe quoi. Tu as des trucs qui te remontent à l'esprit de je ne sais pas combien d'années, pour aucune raison d'ailleurs. Et là, c'est comme si tu avais le temps d'y réfléchir. Et tous les jours, j'ai eu l'impression comme ça de traiter mes pensées, mes idées, mes souvenirs, même des opinions. Et Lucas me rejoint d'ailleurs sur ça, je me souviens qu'il m'a dit quand il avait fait une partie de la vie alpina que ça avait été pareil pour lui, qu'il avait même trouvé sa salvateur. Et j'écoutais un podcast d'ailleurs sur la marche et plusieurs philosophes dont Frédéric Gros expliquent que quand tu marches en fait tu mets ton corps en mouvement, ça rythme tes pensées et c'est comme ça que tu peux y mettre de l'ordre en quelque sorte. Et c'est vraiment un moyen de... de rendre ton esprit disponible, déjà parce que je pense qu'on a que ça à faire en marchant, et puis même ça peut vous arriver, on a déjà tous eu la sensation de quand on travaille assis, d'un coup on a besoin de se lever, de marcher dans la pièce, c'est comme si en gros ça nous aidait à réfléchir. Et bien là, tous nos doutes qui nous ont un peu sauté au visage la première nuit, au fur et à mesure des jours, on a avancé et eux, on les a laissés derrière nous. Je pense qu'on a eu le temps d'y réfléchir et on s'est certainement rendu compte qu'ils ne méritaient pas forcément d'être conservés. Et quand tu finis ta journée, tu es bien, tu es motivé, tu es plein d'entrain et ça te met vraiment dans une bonne énergie. Bien sûr, on n'a pas besoin d'aller au Népal pour ressentir ça. C'est que nous, on l'a réalisé là-bas. Et je me rends compte aujourd'hui d'ailleurs qu'on peut ressentir ces effets, même sur des sorties beaucoup plus courtes, même à la journée. À ce stade, l'objectif, il est atteint. On a atteint le camp de base de l'Everest. On est vraiment trop contents. C'est à nous. Personne ne peut nous l'enlever. On est fiers de l'avoir fait en couple aussi. On se dit qu'on ouvre une belle boîte à souvenirs pour nous, pour le futur. Puis on se dit que les dix prochains jours, ça va être vraiment que du bonus. On est trop heureux de passer encore du temps avec l'équipe. Et oui, on se dit que le plus gros est fait. Mais alors ça, c'était vraiment sans se douter de ce qui allait nous attendre les prochains jours.

  • Speaker #1

    Pour entendre la suite et fin du track, on se donne rendez-vous dans quelques semaines. En attendant, un grand merci pour avoir écouté ce tout premier épisode, on espère vraiment qu'il vous aura plu. Pour soutenir la chaîne, retrouve le podcast sur la plateforme de ton choix, abonne-toi et laisse-nous une note. A bientôt !

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