Speaker #0Bonjour, bonne nuit, je vous invite à suivre l'épisode de cette semaine de Vepcast qui vous donne cette recouille culture par-dessus. J'avais parlé de ses deux précédents romans, Les Déviantes et Un Monde Plus Sale Que Moi, c'est sous-naturellement que je vais parler du troisième roman de Capucine Delattre, De Son Sang, paru à la Ville Brûle il y a quelques jours. Sabine n'aime pas son fils. Elle a essayé de toutes ses forces et lui souhaite tout le bonheur du monde, mais elle préférait qu'il ne fasse pas partie de sa vie. Deux week-ends par mois, elle subit sa présence silencieuse et échoue à être mère. Elle n'en est ni fière ni heureuse, c'est comme ça. Et elle aimerait pouvoir en parler sans être jugée, prise en pitié, sans que son vécu et son ressenti soient niés. Pourtant Sabine n'est pas cassée. Lorsqu'elle rencontre le fils d'une collègue, elle se découvre capable de cet amour illimité et inconditionnel, presque miraculeux. Elle se découvre courageuse, presque heureuse, une version d'elle-même dont elle ne revient plus. Elle se découvre monstrueuse. C'est un roman qui m'a beaucoup parlé. La question d'avoir ou non des enfants est une problématique qui m'a beaucoup animée. Et comme toutes les femmes, jeunes filles, petites filles, ou personnes perçues comme telles, j'ai été souvent confrontée à la question des enfants, combien j'en voulais, les prénoms que j'avais choisis, mais surtout pas si je voulais des enfants, vu qu'il est impensable qu'on dise non. Et quand bien même, ça ne serait qu'une question de temps, de partenaire, ou d'alignement des astres sur je ne sais quelle cosmologie. Et non, il est tout à fait possible de ne pas vouloir d'enfants, grande nouvelle, et en plus d'être sûre de son choix. Ne pas aimer les enfants, c'est possible aussi. Et si j'ai eu la chance de pouvoir affirmer mon choix de ne pas avoir d'enfant, et ce de manière définitive et sans retour en arrière possible, notre héroïne Sabine, elle, n'a pas eu ce choix. C'était logique qu'elle veuille des enfants. Elle était en couple, mariée, heureuse en amour. Et tant pis si sa grossesse et le fait d'être mère la rend malheureuse. Le postpartum n'a jamais tué personne. Ah bah si, en fait. Ce qui est intéressant ici, c'est qu'on a un personnage qui n'est pas dans le rejet de tous les enfants, seulement du sien. Impensable encore une fois, l'instinct maternel ne permet pas cela. Bon, pour info, l'instinct maternel, ça n'existe pas. Vous pouvez regarder du côté des travaux de Lillysaune, où Marilène Patoumatis a ce sujet pour plus d'infos et de contexte. Mais voilà, on nous dit que c'est un personnage pour qui il est normal qu'elle ait des enfants, puisque c'est une femme en âge de procréer, et que donc, bah non, elle fait des enfants comme tout le monde, et puis c'est tout, et puis si elle n'est pas contente, ça n'a rien à voir avec ce problème-là, voyons. C'est juste qu'elle, elle a un problème, c'est tout, c'est différent. Par moments, j'ai retrouvé le malaise ressenti pendant la lecture de We Need to Talk About Kevin de Lionel Shriver. C'est un roman dont je ne vous dis rien parce que c'est un roman où il faut vraiment avoir la surprise de le découvrir. C'est un roman qui est assez long, qui fait plusieurs centaines de pages et qui est vraiment très lent, très pesant dans les différents éléments de la vie de Kevin et de ses parents, de tout ce que ça va mettre en place. C'est un roman que je vous conseille grandement d'ailleurs. Un roman qui peut secouer un petit peu par bien des thèmes et des situations abordées, mais c'est vraiment un petit bijou et il a été adapté au cinéma. Avec Ezra Miller, Tilda Swinton et Will Ferrell, je crois. Enfin, un acteur de comédie que j'avais jamais vu ailleurs en tout cas, mais qui je sais est très connu. Et c'est un film aussi qui est vraiment très très bien adapté, mais là, il n'est pas le sujet. La relation entre Sabine et Théo, Samuel ou même avec sa collègue ont toujours quelque chose de très malsain. Je crois que c'est malgré elle en plus. Son malheur fait qu'elle n'arrive pas à tisser de liens honnêtes et francs avec les autres. L'écriture de Capucine de Latre est toujours aussi précise, incisive et captivante. Je n'ai pas réussi à lâcher le roman et je l'ai lu d'une traite. On remerciera les problèmes de la ligne C de vendredi matin d'avoir rallongé mon temps de parcours de 30 minutes pour permettre cela. Ça fait 250 pages et ça peut peut-être vous servir d'argument si vous avez du mal à faire entendre votre désir de non-maternité. On passe d'un personnage enfermé à un autre, avec The Prison Healer, la guérisseuse de Zalindov de Linette Noni, parue chez Pocket Jeunesse en 2022. À Zalindov, la seule personne sur laquelle tu peux compter, c'est toi-même. Kiva Meridan, 17 ans, a passé les dix dernières années à lutter pour survivre dans la tristement célèbre prison de Zalindov où elle occupe le poste de guérisseuse. Quand la reine rebelle est capturée, Kiva est chargée de la maintenir en vie le temps que celles-ci subissent le supplice. Une série d'épreuves contre les quatre éléments. L'air, le feu, l'eau et la terre réservés aux criminels les plus dangereux et dont personne n'est jamais ressorti vivant. C'est alors que Kiva reçoit un message codé de sa famille. Ne la laisse pas mourir, nous arrivons. Consciente que les épreuves achèveront la reine gravement malade, Kiva se dévoue pour prendre sa place au péril de sa vie. Si elle réussit, elle et la reine retrouveront la liberté. Alors qu'une épidémie mortelle ravage la prison, qu'un mystérieux nouveau prisonnier fait battre le cœur de Kiva et qu'une rébellion se prépare, la guérisse se pressant que les épreuves ne font que commencer. J'ai adoré ce roman. Je l'ai acheté sans savoir ce que c'était parce que c'était dans une pochette mystère à la librairie Majo, qui est une librairie dans le cinquième arrondissement. Une librairie très chouette, d'ailleurs. Sur la pochette, il y avait le prix et trois mots pour nous donner envie de le lire. Prison, révolte, mensonge. Évidemment que ça m'a intriguée et j'ai pas du tout vu passer les 500 et quelques pages de ce premier tome. L'histoire est très fluide alors même qu'il faut planter le décor et tisser toute une intrigue. L'infirmerie de la prison, les épreuves, les alliés, la résistance. On sait en permanence se situer dans la prison et quelles sont les implications des différents personnages. J'ai tout de suite accroché au personnage de Kiva. On sent qu'il y a quelque chose de très fort chez ce personnage et elle le prouvera tout au long du roman. Les différentes personnes qui gravitent autour d'elle sont bien amenées et travaillées aussi. Malgré tout, on reste sur un schéma assez classique et il n'y a pas vraiment de surprise dans l'écriture. On sait que X ou Y cachent quelque chose et que Z ne joue pas totalement franc jeu non plus. Mais ce n'est pas du tout un point négatif. Au contraire, dès les premières pages, on comprend vers quelle direction on se dirige. J'ai vraiment eu l'impression d'être comme à la maison, entre guillemets. J'ai mis mes petits chaussons et j'étais vraiment dans mon univers, je savais où. j'allais et c'était très agréable à lire, je me suis laissée entièrement portée par le livre et l'écriture. Ça m'a fait penser par certains aspects à Hunger Games, mais aussi à l'univers de Daniel L. Jensen avec le Pont des Tempêtes, mais c'est ça que j'avais chroniqué déjà ici il y a quelques mois. Et voilà, ces deux univers que j'aime beaucoup, donc ici, j'étais ravie de retrouver ces deux univers que j'aime beaucoup. Dans le tome 2, visiblement, on sera dans un autre contexte que celui du premier tome, même si du coup, je n'en dévoile pas plus. pour vous laisser la surprise de ce premier tome. J'ai très hâte de découvrir ce qu'on va apprendre sur la géopolitique de cet univers et sur les personnages plus en détail. Parce que là, la fin du tome 1 apporte beaucoup de questions et pas beaucoup de réponses. Et j'avoue que je suis très curieuse de découvrir la suite. On poursuit avec un des plus beaux titres de cette rentrée littéraire, Ravagé de Splendeur, de Guillaume Lebrun, paru chez Christian Bourgeois. Rome, début du IIIe siècle. Les intrigues et les complots de sa famille portent le jeune Elio Gabal à la tête de l'Empire romain, inaugurant un règne de rage et de fureur. Soutenu par sa femme, la grande Vesta Lachilia, et l'ancienne esclave Hieroclès, avec lesquelles il forme un trio amoureux, l'empereur devient impératrice et met Rome au défi en multipliant les scandales. Jusqu'à sa mort brutale, Elio Gabal tentera d'instaurer une liberté absolue au cœur de cet empire sclérosé par la peur. Une liberté sexuelle, une liberté de culte, une liberté d'être. Hélio Gabal, sous la plume de Guillaume Lebrun, incarne une figure de la transidentité, un être dynamitant tous les codes de la société et dont le désir violent de transgression nous interroge encore aujourd'hui, sur le genre, la question du féminin et du masculin, ainsi que l'exercice du pouvoir dans un bas empire qui ressemble par bien des aspects à notre monde contemporain. Après Fantasy Guerrière, son précédent roman, Guillaume Lebrun nous plonge donc dans la romantique avec des personnages jouants en couleurs qui prendront tour à tour la narration. Jamais vulgaire, il n'hésite pas à nous plonger dans le lit et entre les jambes de nos trois protagonistes, pour qui la liberté est une question primordiale. C'est un roman assez court, moins de 150 pages, qui se lit à toute vitesse tant il y a de rebondissements et de jolies phrases à chaque page. On a envie de tout connaître de la suite, et de savoir jusqu'où Eliou et Gabal, Aquilia et Hiéroclès vont aller dans leur volonté d'émancipation. Ça a ce côté transgressif que j'aime beaucoup retrouver dans la littérature et dans le cinéma. Petit disclaimer cependant, si les scènes de sexe détaillées vous mettent mal à l'aise, je vous déconseille cette lecture, mais si cela ne vous gêne pas, allez-y sans hésiter, elles sont en plus... Très bien écrite. Et on termine avec un roman d'Aira Levin, par Rue en 1970, Un bonheur insoutenable. Aira Levin, vous le connaissez peut-être pas, mais vous connaissez sûrement deux autres de ses romans, car c'est lui qui a écrit Les femmes de Stepford et Un bébé pour Rosemary, adapté respectivement par Brian Forbes et Roman Polanski. Dans le futur, les nations ont aboli les guerres et la misère. Mais à quel prix ? Gouvernés par un ordinateur géant, les hommes sont, à l'aide d'un traitement hormonal mensuel adéquat, uniformisé, privé de toute pensée originale. Dans un univers où il n'existe que quatre prénoms différents pour chaque sexe, le jeune Lee RM35M4419 va hériter de son grand-père d'un étrange cadeau. Un surnom. Copo. Ce sera le début pour lui d'une odyssée qui va l'amener d'abord à s'accepter en tant qu'individu, puis à la révolte. Il n'est heureusement pas seul. D'autres ont décidé de se rebeller. Mais seront-ils assez forts pour lutter contre Uni, le super cerveau informatique de cette humanité déshumanisée ? L'action de ce livre se déroule dans un futur qui n'est peut-être pas très éloigné. Toutes les nations sont désormais gouvernées par un ordinateur géant enfoui sur la chaîne des Alpes. Les humains sont programmés dès leur naissance, du moins pour ceux qui ont été autorisés à naître, et sont régulièrement traités par des médicaments qui les immunisent contre les maladies, mais aussi contre l'initiative et la curiosité. Il y a cependant des révoltés. Et l'un d'entre eux, surnommé Coppo, va redécouvrir le sentiment interdit et d'abord l'amour. Il s'engage alors dans une lutte désespérée contre ce monde trop parfait, inhumain, qui accorde certes le bonheur à tous, mais un bonheur devenu insoutenable par ce qui imposait. C'était la semaine parfaite pour lire ce genre de dystopie, non ? Beaucoup moins cité que 1984 ou Le meilleur des mondes, je trouve pourtant que ce roman est mieux écrit, en tout cas pour moi, qui suis pas une très grande fan du roman d'Oxley, mais c'est un autre détail. Ce qui est fort ici, c'est qu'on arrive instantanément à ressentir de l'affection pour Copo et à s'intéresser à lui alors qu'il n'a aucune émotion et semble plutôt satisfait de son sort. Disons plutôt qu'il n'est pas en capacité de se poser la question. Son parcours et son cheminement intérieur nous semblent assez classiques maintenant, mais c'est parce que c'est un schéma que l'on a beaucoup retrouvé par la suite. En 1971, c'était assez innovant. A noter que j'ai eu la chance aussi de lire une ancienne traduction, où Copo s'appelle encore Copo et non Matou comme c'est le cas dans la nouvelle traduction. Je ne comprends pas trop ce qui a motivé ce changement. J'avoue que je n'ai même pas fait attention à qui avait traduit et pourquoi il y avait eu une retraduction. Mais c'est un changement que je trouve comme ça de prime abord pas vraiment justifié. Copo est un nom qui a beaucoup plus de sens que Matou je pense. C'est parce que c'est par petits morceaux qu'il va comprendre que le monde dans lequel il vit n'a rien de reviable. Et qu'il va falloir le changer petit à petit, copo par copo. Écrit pendant la guerre froide, c'est un roman... qui tape un peu sur tout le monde. Le capitalisme, le marxisme, la religion et tous ces concepts en prennent pour leur grade. Aira Levin nous fait passer l'idée que rien de tout cela ne donnera jamais rien de bon et qu'il faut aller chercher ailleurs pour que les individus puissent s'épanouir. Petit exemple, un des amis de Coppau, Hachy, signe ses toiles d'un A entouré d'un cercle, ce qui fait évidemment penser à l'anarchie. Et je pense que c'est un petit peu le message qu'a voulu faire passer Aira Levin dans son roman, en disant qu'il n'y avait rien de parfait, et qu'il fallait prendre un petit peu de chaque chose pour essayer d'avoir une société un petit peu fonctionnelle. Et c'est un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé. Je n'avais jamais entendu parler de ce roman, et je connaissais du coup, comme disent les femmes de Stepford, et Un bébé pour Rosemary, mais je n'avais pas du tout en tête le nom de l'auteur. Et je pense que c'est un nom que je vais retenir et je vais aller me pencher un petit peu plus sur ce qu'il a écrit. J'ai écouté un seul épisode du podcast Dans le Tempo, mais j'ai beaucoup aimé. Alors, si d'habitude je parle de podcasts dans leur intégralité, ici je vais essentiellement parler de cet épisode-là. Il s'agit de leur épisode du 23 octobre, D'où viennent nos goûts musicaux ? Où les deux animateurs, Salman, Sally et Daz, sont accompagnés du sociologue Thomas Legon. Du coup, je vous lis la description du podcast, celle qu'eux l'ont écrite. sur les différentes applications. Dans le tempo, c'est votre rendez-vous bimensuel avec Salman Edaz. Business, actus, tendances artistiques, technologies, compositions, industries musicales, toutes les facettes de la musique sont abordées en compagnie d'un ou plusieurs invités. C'est un podcast à l'initiative de Thoman, qui est le plus grand revendeur de musique d'Europe. C'est très intéressant à écouter. D'où viennent nos goûts ? Qu'est-ce que le mauvais goût ? Pourquoi des fois on a honte d'aimer des morceaux plus que d'autres ? Pourquoi des fois on essaie de ne pas dire qu'on écoute telle musique par rapport à qui on a en face de nous ? Pourquoi certains genres sont plus acceptés dans certains milieux sociaux que d'autres ? C'est vraiment tout un aspect de la sociologie de la musique que j'ai vraiment beaucoup aimé et qui était très bien détaillé, j'ai trouvé. Je vais aller écouter les autres épisodes parce que je suis curieuse et je pense que c'est assez accessible malgré tout si on a peu de bagages techniques en musique. Car si j'aime beaucoup écouter de la musique, je n'ai pas vraiment de notion technique. Même si vivre avec un musicien passionné m'aide à combler cette lacune, je pense que c'est un podcast qui est accessible à tous. Ce n'est pas un podcast de niche où il faut avoir composé de la musique ou fait des études dans le domaine pour pouvoir suivre les discussions. Parce que c'est un podcast qui est très varié. Par exemple, dans les derniers épisodes, il parle de chants lyriques, de festivals bretons, de compositions dans le rap ou encore des artistes signés chez Recordmaker. La belle que, pour le coup, je connais bien parce qu'il a signé des artistes que j'aime beaucoup, comme Kavinsky, Sébastien Tellier, DSL ou Club des Losers. Avec autant de sujets variés, je suis sûre que vous trouverez des choses qui vous plaisent. Le podcast est disponible sur toutes les plateformes d'écoute sur YouTube et j'ai hâte de découvrir le reste de leurs épisodes. On passe au cinéma avec la mise en fiction d'une célèbre affaire criminelle française, l'affaire Omar Radad. Omar m'a tué, film de Roche Dizem sorti en 2011 avec Samy Bouajila, Maurice Benichou, Denis Padalides, Ausha Quadra, Liliane Marshall et Salomé Stévenin. Le 24 juin 1991, Gisleine Marshall est retrouvée morte dans la cave de sa villa de Mougins. Des lettres de sang accusent. Omar m'a tué. Quelques jours plus tard, Omar Raddad, son jardinier, est écroué à la prison de Grasse. Il parle peu, comprend mal le français, a la réputation d'être calme et sérieux. Dès lors, il est le coupable évident. Il n'en sortira que 7 ans plus tard, gracier mais toujours coupable aux yeux de la justice. En 1994, révolté par le verdict, Pierre-Emmanuel Vaugrenard, écrivain convaincu de l'innocence d'Omar Raddad, s'installe à Nice pour mener sa propre enquête et rédiger un ouvrage sur l'affaire. Je pense que c'est une affaire dont vous avez déjà entendu parler, puisque c'est une affaire qui a fait grand bruit, tant il est évident qu'on était face à une erreur judiciaire improbable, avec énormément de sous-textes et d'analyses possibles. Du coup, je ne vais pas le faire ici, parce que sinon je vais pouvoir en parler des heures. Ce n'est pas le sujet de cette reco, mais... Mais voilà, je pense que c'est quand même malgré tout une affaire qui vous parle. C'est un film que j'ai bien aimé, même si je lui reconnais pas mal de défauts. C'est très scolaire. C'est en réalité l'adaptation de deux livres, celui d'Omar Raddad, Pourquoi moi ? et Omar, la construction d'un coupable, dont Jean-Marie Roir, qui sera ici transformé en Pierre-Emmanuel Vaugrenard. On sent que la réalisation a du mal à passer outre le changement de médias, c'est très lisse, très programmatique. On s'attarde assez peu sur les arguments de l'accusation, alors que ça aurait pu montrer à quel point ils ne tiennent pas debout, et au lieu de ça, on est beaucoup sur l'enquête de Denis Podalides et la défense de Samy Bojila, mais ça reste très en surface et on ne va jamais vraiment creuser plus loin. Le film dure 1h25 et je pense que tout ça tient à des difficultés de financement et ou de production, mais je trouve ça un peu dommage de ne pas avoir fait plus. Avec tout ce que l'affaire comporte comme détail, c'était facilement faisable. Ce qui sauve vraiment le film, ce sont les acteurs, particulièrement Samy Bojila, que l'on sent vraiment très investi dans son rôle. C'est distribué par Mars Film et disponible sur Netflix. On termine avec un film de Paul Schrader sorti en 1978, Blue Collar, avec Harvey Kettel, Richard Prior et Yafes Cotto. Trois ouvriers des usines automobiles Chikor à Détroit tentent de s'opposer à l'immobilisme et à la corruption du syndicat. Une nuit, ils ont l'idée de voler le bureau du syndicat. D'abord, ils pensent que c'est un échec car ils ne dérobent que 600 dollars. Mais Zik se rend compte qu'ils ont obtenu certains documents compromettants. Il décide alors de faire chanter le syndicat, provoqué par le fait que ces derniers revendiquent avoir perdu 10 000 dollars à la suite de leur vol. Paul Schrader, c'est le scénariste de Taxi Driver, c'est donc tout naturellement que nos protagonistes ne fabriquent pas n'importe quelle voiture dans leur usine, mais ils fabriquent des taxis jaunes, les fameux. Petite pique de Schrader envers Martin Scorsese et des histoires de paternité du scénario, et de qui a vraiment réalisé le film, mais ce n'est pas la question. Pour son premier passage officiel devant la caméra, Paul Schrader nous raconte l'histoire de ces trois romains des bois désenchantés, qui n'ont rien de vraiment attachant. Entre Zik, qui pleure de devoir payer des impôts alors qu'il a menti sur sa déclaration triplant son nombre d'enfants à charge, Jerry qui ne peut pas payer d'appareil dentaire à sa fille, mais va régulièrement en soirée côtoyer des prostituées et de la drogue, on se dit que leurs problèmes, ils ne les doivent qu'à eux-mêmes. Mais c'est un peu facile et c'est vite oublié que si les ouvriers étaient payés décemment, ils n'auraient pas besoin de faire tout cela. Le personnage de Zeke est le plus intéressant selon moi, car c'est le premier à vouloir combattre le patronat. C'est lui qui décide du déroulé des opérations, organisées à la base pour le bien commun, mais dès qu'il voit un intérêt pour sa seule personne, il n'hésite pas à retourner sa veste et à trahir ses convictions, qui n'en étaient peut-être pas, et ses amis, qui n'en étaient visiblement pas non plus. J'ai beaucoup aimé ce film qui n'est pas le plus connu de Schrader, mais qui pose déjà les bases de ce qui animera toute sa carrière jusqu'à maintenant. Le prolétariat et ses différentes manières de survivre, l'individualisme et les parcours de vie tourmentés. C'est un des réalisateurs dont j'ai le plus parlé ici, vous commencez à avoir l'habitude. Ça dure 1h42, c'est distribué par Splendor, disponible en location sur les plateformes habituelles et en format physique. C'est la fin de cet épisode, les liens sont dans la description comme d'habitude. Bonne semaine, à lundi prochain !