- Speaker #0
À cœur d'argument, ce sont les témoignages de celles et ceux qui ont appris à affirmer et à exprimer leurs convictions et leurs valeurs, sans pour autant répondre ou se rebeller. Parce qu'apprendre à dire non est un long chemin, j'interroge les personnes qui ont relevé le défi de se faire passer avant. Que ce soit à l'écrit, à l'oral ou même par un geste qui a changé le cours des choses, ils nous confient cette longue quête à devenir soi, à se tolérer autant qu'à tolérer son prochain, à se remettre autant en question que la personne qu'on aura beau jeu de juger. Il y a quelques années, j'ai lu cette citation de Benoît de Groupe. On est si rarement soi-même finalement, et avec si peu de gens. C'est dur à conquérir la liberté d'être soi. J'ai mis une vie à en prendre de la graine. C'est cette liberté d'être soi-même que je vais interroger et qui sera le fil conducteur de mes entretiens. Pour arrêter de taire ou d'excuser qui nous sommes, pour ne plus nous suradapter à des situations qui ne nous conviennent pas. Pour comprendre que ce n'est pas si facile, dans une société que l'on dit pourtant individualiste, de respecter ses besoins. J'aimerais donc en prendre de la graine, moi aussi, avec mes invités, et faire germer en chacun d'entre nous la capacité à s'exprimer de la meilleure façon qu'il soit. C'est un courant d'air pétillant que je vais vous présenter aujourd'hui. Ce courant d'air, D'H-A-I-R, est une coiffeuse ambulante. Pouvez-vous vous présenter s'il vous plaît ?
- Speaker #1
Je m'appelle Élodie Delbaer.
- Speaker #0
Élodie Delbaer, très bien. Et donc vous êtes coiffeuse, alors moi je dis ambulante, je ne sais pas si vous aimez cette expression, comment vous vous qualifiez ?
- Speaker #1
Je dirais plutôt itinérante.
- Speaker #0
Ah, itinérante, oui c'est vrai, c'est un peu plus joli.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Parce qu'en fait vous êtes coiffeuse dans votre camion, donc... Moi, je vous ai rencontré à Dinger, mais vous êtes coiffeuse sur plusieurs communes. Sur combien de communes travaillez-vous ?
- Speaker #1
Alors, je travaille sur sept communes.
- Speaker #0
Sur sept communes. Et est-ce que vous pouvez nous dire à peu près c'est quoi l'emploi du temps d'une semaine type pour vous ?
- Speaker #1
Alors, je démarre le matin, je pars de chez moi à 8h du matin. Le temps de faire la route, d'arriver sur ma commune, je mets une demi-heure à m'installer et j'attaque les premiers clients à 9h.
- Speaker #0
Parce que vous êtes de quelle commune, vous, d'ailleurs ?
- Speaker #1
J'habite à Béton.
- Speaker #0
À Béton. Et donc, vous faites quoi ? Vous faites d'ingé comme commune ?
- Speaker #1
Saint-Germain-sur-Ile, Saint-Médard-sur-Ile, Aubigné, Gare, Vieux-Vie-sur-Couénon, Saint-Sulpice-la-Forêt et d'ingé.
- Speaker #0
Ah oui, mais ça veut dire que là, il y a plus de communes que de jours dans la semaine. Absolument.
- Speaker #1
Pratiquement. Il y en a sept.
- Speaker #0
Ah oui.
- Speaker #1
Donc,
- Speaker #0
comment vous vous organisez ?
- Speaker #1
Je ne travaille pas sept jours d'affilée. J'ai un planning sur une semaine paire. Et un autre planning sur la semaine impaire.
- Speaker #0
Alors là, on vous a présenté très, très rapidement. On va revenir un peu au début. Je ne vous ai pas demandé votre âge. Je vais vous le demander.
- Speaker #1
J'ai 40 ans.
- Speaker #0
40 ans. Comment a commencé ? Pourquoi déjà avez-vous voulu faire de la coiffure ? Et d'où est venue en fait cette idée d'avoir son camion, donc son entreprise ? et d'aller travailler ensuite de commune en commune ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai grandi à la campagne comme une commune, comme d'ingé, je pense même plus petite que d'ingé, où il n'y avait pas de commerce. Donc la coiffure, ce n'est pas une vocation depuis que je suis toute petite, comme certaines, mais j'ai voulu essayer ce domaine et ça m'a beaucoup plu quand j'ai fait des stages, quand j'avais 15 ans. Donc je pense que je ne me suis pas trompée, parce que j'adore ce que je fais. J'adore être au contact des gens. Les coiffer, c'est super. Mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est partager des moments avec les gens.
- Speaker #0
C'est vrai que moi, je vous ai rencontré parce que vous venez à Dinger, que votre camion est placé juste derrière ma maison. Et on sent que vous êtes quelqu'un de pétillant, toujours très souriante, très gracieuse. Et que vous aimez votre métier, qui est du coup très particulier parce que ce n'est pas comme dans un salon. Dans le sens où, même en tant que client, on se confie plus facilement, je trouve, que dans un salon où il y a des personnes autour. Donc, on s'en tient plutôt à des sujets, je vais dire, classiques. Donc, je ne sais pas si c'est ce que vous ressentez aussi auprès de la clientèle.
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Ça, c'est vraiment le fait qu'on soit que tous les deux, moi et le ou la cliente. Ça ouvre un peu plus aux confessions. C'est vrai qu'il y a des choses plus intimes que c'est vrai quand on va être entouré de plusieurs personnes. C'est moins facile.
- Speaker #0
Mais combien d'années avez-vous exercé en salon avant d'avoir votre propre camion ?
- Speaker #1
Eh bien, j'ai commencé en 99. Et j'ai arrêté en 2020 les salons classiques. J'ai commencé avec le camion en 2021.
- Speaker #0
Et comment c'est venu ? Est-ce que ça a été une réflexion sur plusieurs années ? Est-ce qu'il y a eu une difficulté professionnelle où vous vous êtes dit Non, j'ai envie d'être mon propre patron ce qui arrive beaucoup aujourd'hui, et on peut en parler justement. Qu'est-ce qui a fait que vous avez voulu quand même prendre ce risque-là, qui est un beau risque, parce que votre camion... Les auditeurs pourront le voir en photo sur le compte Instagram, mais c'est un très beau camion, ça a dû demander un investissement. Donc comment un jour vous vous êtes dit non, je ne veux plus le salon, je veux vraiment mon camion ?
- Speaker #1
En fait, ça a commencé par une idée un peu folle comme ça. J'habitais le Nord-Pas-de-Calais, je travaillais dans un salon depuis 9 ans, dans le même salon depuis 9 ans. On travaillait vraiment avec un rythme vraiment très effréné. J'aimais beaucoup ce que je faisais, j'aimais beaucoup l'équipe avec laquelle je travaillais, mais je me suis rendue compte que j'étais... Quand j'ai quitté ce salon, je me suis rendue compte que j'étais exténuée, fatiguée d'enchaîner les clients, j'avais l'impression de vraiment bâcler mon travail, de même plus prendre le temps de les écouter. Donc j'avais vraiment envie de travailler différemment. Et puis un jour, j'ai lancé ça, cette idée. J'étais encore avec mes collègues, mes anciennes collègues. J'ai dit, moi, je vais aménager un camion et je vais circuler dans les campagnes pour pouvoir coiffer les gens à côté de chez eux. Et ma collègue s'est retournée et m'a dit, mais quelle bonne idée ! Je te vois trop faire ça, en fait. Mais vraiment, j'ai lancé ça complètement. Oui, c'est ça,
- Speaker #0
en fait. C'était même pour la blague, en fait. Presque,
- Speaker #1
presque. Et puis, quand elle m'a dit ça, Valérie, je te remercie parce que vraiment, elle m'a vraiment soutenue dans cette idée. Elle a continué à y croire, mais vraiment, ça a été...
- Speaker #0
Et vous étiez dans le Nord-Pas-de-Calais à l'époque.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Et on savait qu'on allait aller en Bretagne. En fait, on quittait le Nord-Pas-de-Calais pour venir s'installer en Bretagne. Et justement, c'était la question que toutes mes clientes là-bas me posaient. C'est qu'est-ce que vous allez faire quand vous allez arriver en Bretagne ?
- Speaker #0
Ce qui est intéressant aussi dans ce que vous dites, c'est qu'on sent que dans le métier de la coiffure, vous n'êtes pas qu'une technicienne. Quand vous dites j'avais pas le temps de parler aux gens, tout allait vite ce côté temps-vitesse, est-ce que vous pensez que c'est vraiment ce qu'il y a de plus difficile finalement aujourd'hui pour parler du métier des coiffeurs ou des coiffeuses ? Le fait d'enchaîner et de ne pas prendre le temps, alors que pour le client, en effet, c'est souvent même un moment de détente où on y va pour les cheveux, certes, mais on aime bien quand même aussi avoir une bonne relation avec la coiffeuse ou le coiffeur.
- Speaker #1
Oui, en fait, je pense que c'est difficile pour les coiffeurs en salon classique, justement, de ne pas le faire ressentir aux clients. Ça prend beaucoup d'énergie, justement, qu'ils n'aient pas l'impression qu'on se dépêche, en fait. Mais on se dépêche tout le temps, en fait. On n'a pas le temps de s'occuper de comme il se doit, enfin, à mon sens, en tout cas. Et c'est ce qui devient difficile. Et c'est pour ça qu'il y a aussi autant de gens qui sont... pas toujours satisfaits du résultat qu'ils ont sur leur tête finalement, parce qu'on ne prend pas assez le temps de les écouter.
- Speaker #0
Mais en effet, moi, c'est ce qui m'a marquée quand je suis venue chez vous. Alors, je ne sais pas si c'est le fait en plus d'être que deux dans un espace clos, mais on ne voit pas le temps. À la fois, le temps semble long en fait, parce que oui, vous le prenez, vous échangez, c'est assez bien timé. On n'a pas l'impression de devoir se dépêcher pour partir. Et c'est quelque chose de plutôt rare aujourd'hui. Donc, en clair, cette idée, elle a germé au Nord-Pas-de-Calais. Ensuite, vous avez eu un projet personnel de ce que vous êtes mariée, c'est ça ? Oui. Devenir en Bretagne. Oui. Et donc, à partir de quel moment, là, vous vous êtes vraiment lancée ?
- Speaker #1
Eh bien, je me suis déjà déplacée dans une entreprise qui fabrique les camions pour budgetiser aussi. Je me disais, c'est le moment ou jamais. En fait, il faut que j'essaye. Parce que c'est vrai que c'est un très gros investissement. Et j'ai fait une formation à la création d'entreprises aussi pour chiffrer au plus proche, en fait, le projet. Et finalement, j'ai des gens qui se sont intéressés vraiment de près, notamment un expert comptable qui s'est intéressé de près à mon projet. Et c'est lui qui m'a trouvé un financement. Et puis après, tout est parti.
- Speaker #0
Vous êtes bien entourée.
- Speaker #1
Ah oui, absolument.
- Speaker #0
Ça compte énormément.
- Speaker #1
Ça compte énormément. J'ai toute ma famille qui m'a soutenue dans ce projet. Mon ancienne collègue Valérie, qui croyait même des fois plus que moi, en fait, à ce projet. Parce que c'est des ascenseurs émotionnels. Un jour, on te dit, c'est génial. Le lendemain, ma conseillère, justement, à la BGE de Rennes, qui me dit, mais... Mais vous n'allez pas être rentable. Donc du coup, c'est... D'un seul coup, on dégringole, on se dit je ne vais pas gagner ma vie, comment on va faire pour acheter une maison ?
- Speaker #0
De toute façon, il y a toujours des moments de découragement. Exactement. Et on montrera des photos de votre beau camion. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre identité visuelle qui est assez sympa ? Donc le courant d'air, on comprend un peu pourquoi, mais nous expliquez comment c'est venu aussi, parce que c'est important, vous avez une belle communication. En tous les cas, visuelle, au niveau de votre identité, c'est née comment ?
- Speaker #1
Alors là, ça a été tellement compliqué de trouver. Parce que je ne voulais pas non plus un truc trop... Je ne sais pas comment dire, mais trop nunuche. Je ne sais pas trop comment expliquer ça. Mais je voulais que ce soit un nom qui, en effet, qui montre le côté... Je passe dans les communes, je n'y reste pas. Et en même temps, que ce soit aussi... Voilà, en rapport avec les cheveux, qu'on sache ce que je fais, en fait. Qu'on ne pense pas que je fabrique des pizzas ou que je vende du poisson. Enfin, je ne sais pas.
- Speaker #0
Et que ça reste élégant parce qu'en effet, dans la coiffure, il y a souvent des jeux de mots. On se dit bon, là,
- Speaker #1
c'est bon. Quand on a tapé sur Internet, on a vu des choses pas toujours très classes, en fait. Et je voulais que ça reste classe. Tout comme, en fait, le camion. Parce que j'ai rencontré une jeune femme qui avait aménagé un camping-car. Alors, le principe est exactement le même. Mais moi, je voulais quelque chose qui ressemble à un vrai salon. C'est-à-dire que quand les gens passent la porte, je voulais qu'ils se sentent comme dans un salon. Et c'est pour ça que j'ai fait appel à une entreprise vraiment spécialisée dans les aménagements.
- Speaker #0
C'est réussi parce que c'est vraiment le cas, on s'y sent bien. Donc, vous aviez quel âge alors quand le camion s'est construit, quand tout ça s'est mis en place ?
- Speaker #1
Eh bien, j'avais 37 ans.
- Speaker #0
37 ans. Vous allez de commune en commune. Est-ce que vous pouvez nous parler de la vie au sein de ces communes ? Par exemple, c'est vrai que moi, la dernière fois que j'étais avec vous pour me faire coiffer, il y a un monsieur qui est entré, qui était très sympathique, qui avait pris ses petites habitudes de venir vous voir. Est-ce que vous sentez qu'aujourd'hui, dans les campagnes, il y a encore et toujours ce besoin de contact ? Et est-ce que vous avez trouvé les gens bienveillants autour de vous ?
- Speaker #1
Je ne suis entourée que de gens bienveillants. Ça fait du bien d'entendre ça. Mais c'est vrai, en fait... J'ai que envie de croire que les gens sont bons. En fait, dès lors où on est bon avec eux, ils sont bons avec vous. Donc, moi, je rencontre que des gens bien. Et chaque commune a sa petite identité. Et c'est ça que j'adore aussi. C'est que je retrouve dans chaque commune quelque chose de différent, une ambiance différente. Et ça, j'adore.
- Speaker #0
Oui, c'est très riche. Et est-ce que vous arrivez dans chaque commune à bien vous installer techniquement le matin ? Est-ce qu'il y a un emplacement réservé pour le camion ? Est-ce que même s'il n'y a pas d'emplacement réservé, vous vous garez facilement ? Comment vous vous branchez ? Est-ce que les communes mettent bien aussi à disposition ce dont vous avez besoin ?
- Speaker #1
Ah oui, je n'ai rien à dire de ce côté-là. Les communes, elles ont été aussi adorables. Elles m'ont accueilli les bras ouverts. Et partout, oui, en effet, j'ai mon emplacement. Après, je ne vous dis pas que ça n'a pas été des fois un peu chaotique au début. Les gens oubliaient que je venais. Il y avait des voitures. Mais... D'une manière globale, franchement, ça se passe super bien.
- Speaker #0
Aujourd'hui, j'imagine que les gens vous attendent même. Oui,
- Speaker #1
je pense que c'est ça. Ils savent que j'arrive, donc ils se poussent.
- Speaker #0
Et au niveau, justement, business, comment ça va aujourd'hui ? Est-ce que votre carnet est plein ?
- Speaker #1
J'ai environ 15 jours de délai d'attente pour les rendez-vous. Donc, je peux dire que tout va bien, voire parfois un peu plus. Oui, ça roule.
- Speaker #0
Oui, ça roule, c'est le cas de le dire. Absolument. Parce que vous avez pris un vrai risque, parce que c'est un investissement financier énorme, mais qui finalement paie. Est-ce que humainement, vous pouvez nous dire ce que vous en apprenez de vos rencontres, sans nous dévoiler vos échanges avec vos clients ? Vous allez dans des lieux forcément de campagne. Qu'est-ce que vous observez chez les personnes humainement ? Qu'est-ce que vous en retirez dans une société parfois où on a tendance à se méfier de son prochain ? à être un peu négatif. Vous, c'est vrai que vous êtes tout le temps pétillante. Qu'est-ce que vous pouvez dire de votre métier et de sa richesse aujourd'hui ?
- Speaker #1
En fait, chaque expérience que m'apportent les clients, leur vécu, leur partage avec moi, ça m'enrichit de jour en jour. Et moi, j'essaye de leur apporter que du positif, ce qui peut être parfois un peu compliqué. d'en tirer des choses positives. Parce que je pense que rien n'arrive par hasard et qu'il y a toujours quelque chose de positif à en tirer, finalement.
- Speaker #0
Et vous, au final, vous retrouvez les mêmes clients aujourd'hui de commune en commune qui sont plutôt fidèles, j'imagine ?
- Speaker #1
Oui, j'ai vraiment la chance d'être entourée que de gens fidèles. Après, j'ai perdu quelques clients du fait du délai d'attente. Parfois, parce qu'il y a des gens qui, quand ils ont envie de couper leurs cheveux, ils veulent que ce soit tout de suite. Malheureusement, je ne peux plus répondre à cette demande. Mais oui, j'ai des gens qui reviennent et je vois des enfants qui grandissent et des familles qui s'agrandissent, des gens qui se marient. C'est génial.
- Speaker #0
Et vous auriez pu peut-être faire un peu moins de communes ? Parce que finalement, là, vous êtes sur beaucoup de communes. C'est quoi la richesse pour vous d'avoir autant de communes sur lesquelles vous sillonnez ? C'est toujours ce besoin d'aller vers la rencontre d'autres personnes ? Parce que finalement, vous pourriez même... Être indépendante avec votre salon et être toute seule dans un salon, pourquoi vraiment le camion finalement ?
- Speaker #1
Eh bien oui, c'était la richesse que je pouvais trouver à plusieurs endroits différents. Et c'était surtout aussi de limiter les déplacements aussi pour les gens. Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a quand même beaucoup de gens qui télétravaillent. Et c'est vrai que les gens sont chez eux finalement. Et ça limite aussi les déplacements. Non, parce que... J'ai envie aussi de faire attention à l'environnement. Donc, si on peut éviter de prendre la voiture pour aller se faire coiffer, c'est un plus.
- Speaker #0
Oui, il y a une vraie volonté pour vous d'aller vers les personnes pour justement permettre à chacun d'accéder à ce genre de service. Exactement. Est-ce que vous observez d'ailleurs qu'il pourrait y avoir d'autres camions, d'autres commerces pour aider justement certaines communes ? Ou est-ce que nous, je sais que typiquement à Dinger, Le lundi, on a un camion à pizza, on a vous. Après, on n'a pas d'autres spécialement, en tout cas pas ma connaissance de camions itinérants. Est-ce que vous pensez que ça, c'est quelque chose qui pourrait se développer aussi pour d'autres activités ?
- Speaker #1
Oui, je pense que c'est vraiment une idée parce que d'aller vraiment au contact des gens, c'est un plus pour eux, c'est un plus pour les communes. Et pour les commerçants, c'est moins de risque aussi. parce que ça permet de toucher plus de populations, finalement. Et c'est vrai que si je m'installais dans une commune où il y a 1500 habitants, j'ai potentiellement 1500 clients, enfin, par la façon de parler. Mais là, en fait, j'ai 7 communes de 1500 habitants presque. Donc, ça multiplie quand même les chances.
- Speaker #0
En fait, c'est bien pour les deux, cette affaire-là pour vous comme pour les personnes. Et je me faisais la réflexion hier que mon premier invité, je n'avais pas tout de suite percuté, Son activité, elle était en camion aussi. Il était retraité, mais il était colporteur. Et lui aussi, il allait avec son camion vendre des vêtements ou des aliments comme ça se faisait beaucoup autrefois. Mais ça revient apparemment. Donc, c'est très bien. Dans ce podcast, je souhaite vraiment parler aussi du fait d'arriver à s'affirmer, à avoir des convictions. Et comme vous le disiez tout à l'heure, il y a des moments forcément de découragement. C'était quoi votre conviction ? En tous les cas, à quoi vous vous êtes raccrochée ? Pendant toute la période de la réalisation du camion, de toute la mise en place de votre business, sur quelles convictions vous vous êtes reposée ?
- Speaker #1
Alors ça, c'est une bonne question.
- Speaker #0
Alors quand on commence à répondre comme ça,
- Speaker #1
comment on se casse ? Je ne sais pas vous répondre parce que...
- Speaker #0
Peut-être que par exemple, c'était ma passion du métier est tellement forte que ça ne pourra que réussir.
- Speaker #1
Je ne sais pas si je pourrais dire la passion du métier est tellement forte. passion des gens, partage avec les gens est plus forte que tout. Et au-delà de mon métier, je pense que c'est vraiment... C'est vraiment... J'aime les gens, en fait.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
J'aime les rendre beaux aussi, quand même.
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Et donc, est-ce que vous avez réussi à affirmer, d'ailleurs, votre choix auprès de votre entourage ? Comment on s'affirme quand on est femme ? Parce que finalement, vous êtes chef d'entreprise. C'est votre entreprise, votre camion. Comment on arrive à s'affirmer après dans ce métier-là, même auprès des autres ? Est-ce que ça a été dur ou est-ce que finalement, ça s'est fait plutôt naturellement ? Car comme vous le dites, vous êtes...
- Speaker #1
J'ai été vraiment soutenue et par mon mari plus que par les autres encore plus. Lui, il croyait même des fois plus que moi en le projet. Après, c'est le sien aussi parce qu'il fait tellement de choses à la maison. Parce que moi, je ne suis pas beaucoup à la maison la semaine pour le coup.
- Speaker #0
Oui, c'est des sacrées semaines pour vous. Parce que vous arrivez à quelle heure et vous partez à quelle heure en général des communes ?
- Speaker #1
J'arrive à 8h30 et je ne repars pas avant 19h30.
- Speaker #0
Ah oui, donc c'est des grosses journées.
- Speaker #1
Oui, mais en fait, je ne vois pas passer.
- Speaker #0
Ah bah oui, quand on aime les gens, comme vous dites, votre métier. Mais vous, c'est ça qui est drôle, c'est que les gens passent presque à... avant l'activité ? C'est-à-dire que vous pourriez faire autre chose du moment que...
- Speaker #1
Je pourrais ne pas les coiffer, je discute avec eux.
- Speaker #0
Ah oui, pardon, il faut que tu te coiffes quand même.
- Speaker #1
C'est ça. Je le fais quand même en même temps. J'arrive à faire les deux en même temps, mais c'est vrai que... Oui, c'est grâce aussi à mon entourage, je pense que j'ai réussi à m'affirmer. Et puis l'expérience aussi, elle fait aussi qu'on sait ce qu'on veut. On sait ce qu'on ne veut plus,
- Speaker #0
surtout. Exactement, oui. Et vous avez eu du cran. C'est aussi le lettre-motiv, enfin le slogan de... Si je puis dire de ce podcast, c'est des convictions, des voix, du cran. Si vous avez du cran aussi, il faut du courage pour parfois... Parce que finalement, on se dit que beaucoup de coiffeuses pourraient prendre ce genre d'initiative, plutôt que subir parfois en salon, même si je ne dis pas que c'est dur dans tous les salons. Mais en effet, on voit que c'est un métier aujourd'hui, comme dans beaucoup, où il y a une cadence et qui ne doit pas non plus aider. Mais il suffit d'être bien entouré aussi, parce que c'est ce qu'on ressent dans votre discours, vous, surtout. C'est vraiment que vous êtes toujours bien entouré.
- Speaker #1
Oui. Je pense que c'est grâce aux autres que je suis aussi épanouie dans ce que je fais aujourd'hui.
- Speaker #0
Et justement, quel conseil vous pourriez donner à des jeunes aujourd'hui qui font ce beau métier que la coiffure, mais qui appréhendent la vie finalement ? Parce qu'il y a une différence entre la formation et la vie vraiment après sur le terrain. Quelqu'un qui aurait de la peine à son travail parce qu'il y a ce rythme-là, comment vous l'encourageriez à se mettre soit seul, soit à monter ce genre de projet ? et qu'il n'y aura pas forcément un entourage comme vous l'avez eu.
- Speaker #1
N'ayez pas peur de vous lancer parce que quoi qu'il arrive, on fait un métier où on ne pourra jamais être remplacé par des machines. On ne pourra pas... Oui, voilà, c'est ça à l'ère aujourd'hui de... Comment ça s'appelle ? L'intelligence artificielle. Eh bien, ça, ça ne pourra pas nous remplacer.
- Speaker #0
À part si on invente des robots coiffeurs. Oui,
- Speaker #1
absolument. Mais alors là, je ne suis pas sûre de vouloir tester. Mais non, n'ayez pas peur, parce que quoi qu'il arrive, en fait, on peut toujours rebondir. Il faut se lancer quand on est sûr de... Enfin, voilà, il faut être sûr de soi, mais sûr de notre idée, il faut y aller à fond, en fait. Et puis, quoi qu'il arrive, moi, je me disais, si demain, en effet, je n'ai pas assez de clients pour repayer le camion, pour payer mes charges fixes, eh bien, ce n'est pas grave. Je retournerai travailler dans un salon, tant pis. Mais je sais que quoi qu'il arrive, je... j'aurais ressorti quelque chose de positif.
- Speaker #0
Oui, vous étiez battante dès le départ en vous disant que même s'il y avait un plan B, un plan C, vous auriez fait un retour en arrière. En revanche, j'imagine que ça doit être dur de retourner salarié quand on a la vie que vous avez aujourd'hui.
- Speaker #1
Ah bah oui, ça c'est sûr.
- Speaker #0
Et est-ce qu'il n'y a pas quand même des petits moments de solitude, parfois ou pas spécialement ?
- Speaker #1
Au final, je ne suis jamais toute seule puisque je suis toujours accompagnée de clients. Parfois, si mes anciennes collègues me manquent, je ne peux pas dire le contraire. Les parties de rigolade qu'on pouvait avoir. Si, si, par moment, l'équipe me manque.
- Speaker #0
Et comment ? Parce que finalement, vous avez beaucoup de clients sans forcément beaucoup communiquer. Vous n'êtes pas sur les réseaux ou sur Facebook, je crois, mais pas tellement. Non,
- Speaker #1
je ne suis pas du tout à l'aise.
- Speaker #0
Ça, c'est merveilleux parce qu'en fait, vous avez un business qui roule sans communication, finalement.
- Speaker #1
En fait, la communication, c'est les clients qui le font pour moi, finalement. Et aujourd'hui, je ne suis pas capable de prendre de nouveaux clients.
- Speaker #0
C'est chapeau, pas besoin de passer des heures sur Instagram.
- Speaker #1
J'ai pas Instagram.
- Speaker #0
Non mais comme quoi, le réseau, on dit souvent pourtant que le bouche à oreille, c'est le solex de la com, mais c'est ce qui marche quand même beaucoup. Absolument. Le fait de se côtoyer en physique. Vous avez des enfants ?
- Speaker #1
Oui, j'ai deux enfants.
- Speaker #0
Deux enfants et donc elles voient leur mère, chef d'entreprise, sillonner les routes. Quel message vous leur envoyez à vos filles ? Elles ont quel âge d'ailleurs ?
- Speaker #1
Elles ont 14 et 9 ans.
- Speaker #0
14 et 9 ans. Est-ce que vous pensez que ça leur donnera envie plus tard d'être indépendantes ? Comme elles voient que vous êtes passionnées par votre métier, quel message du travail vous leur véhiculez finalement ?
- Speaker #1
Elles ont très bien compris que l'indépendance, ça donnait beaucoup de liberté, mais aussi beaucoup de contraintes. qu'il faut savoir être travailleur, courageux, mais en même temps que c'est aussi la liberté de pouvoir se libérer, en s'y prenant à l'avance par contre, pour ma part, mais se libérer aussi un peu plus de temps, parce que moi je ne travaille pas le samedi, donc ça elles apprécient beaucoup ma présence le samedi.
- Speaker #0
Même le dimanche, du coup j'y m'étudie.
- Speaker #1
Voilà, le samedi et dimanche. Donc oui, ça c'est un vrai plus. Je ne suis pas beaucoup là la semaine, mais par contre, le samedi et le dimanche, leur sont consacrés entièrement.
- Speaker #0
Et globalement, sur la valeur du travail, qu'est-ce que vous auriez à dire à des jeunes aujourd'hui, ou même moins jeunes, parce qu'on peut faire des reconversions à tout âge ou autre, mais aujourd'hui, beaucoup de gens souffrent aussi de leur situation professionnelle. Qu'est-ce que vous auriez à dire à ces gens-là ?
- Speaker #1
Ne vous laissez pas envahir justement par un travail qui ne vous épanouit pas. Il y a un moment donné, il faut savoir aussi dire stop, c'est pas facile. Et puis, il faut savoir s'écouter. Quand on a des doutes, il ne faut pas hésiter à prendre un peu de recul et se poser les bonnes questions. Et peut-être aller voir des gens compétents aussi qui peuvent parfois nous aider. Et puis, il faut se lancer. Vous aviez eu,
- Speaker #0
vous, quand vous étiez salariée, des moments de difficulté ? Vous étiez vraiment mal au travail ou pas spécialement ?
- Speaker #1
Tant que j'étais dans le rythme, non. C'est quand je me suis arrêtée, que je me suis rendue compte que je n'avais plus de force, je n'avais plus d'énergie. Et sur le moment, non, parce qu'en fait, tu n'as pas le choix. Tu y vas, tu ne te poses pas de questions. tu ne te rends pas compte en fait que tu mets toute ton énergie dans ton travail et quand tu rentres à la maison et que tu n'as plus de patience avec tes enfants, etc. Eh bien, on ne le voit pas ça. On ne le voit que quand on s'arrête et qu'on prend un peu de recul en fait. Ce n'est pas facile.
- Speaker #0
Ce n'est pas facile. Et comment vous sentez-vous qui êtes dans un métier autant humain ? Vous pouvez répondre si vous voulez.
- Speaker #1
Vous voulez que je réponde ? Ah oui, oui.
- Speaker #0
Le courant d'air,
- Speaker #1
bonjour. Ah mince, c'est possible, oui. Ah, depuis le début de la semaine ? Ah, c'est bizarre ça, parce que pourtant j'ai eu des coups de fil. Ah mince, alors tu n'as pas eu de chance. Non, je suis à Dinger aujourd'hui. Après, je suis à Saint-Médard demain, mais j'ai une place qui est à 16h. Ok, si j'ai quoi que ce soit qui se libère avant le soir, je t'envoie un message. Voilà, tout à fait. Oui, à Saint-Médard, tout à fait. Allez, je t'embrasse, Nathalie, à bientôt. Au revoir.
- Speaker #0
Une cliente ?
- Speaker #1
Oui. Oui, qui attend un rendez-vous, mais ce n'est pas facile. Qui va attendre encore un peu ?
- Speaker #0
C'est ce qu'on disait tout à l'heure. Et je voulais en venir à la question. Oui, comme vous voyez beaucoup de monde au quotidien, qu'est-ce que vous constatez dans les... Dans le moral des gens aujourd'hui, qu'est-ce que vous diriez globalement de l'humeur des personnes ? Est-ce que c'est plutôt comme vous ou est-ce que vous sentez que parfois vous devez essayer de remonter un peu le moral des troupes ?
- Speaker #1
Ça dépend des jours, ça dépend du soleil qu'il y a dehors.
- Speaker #0
Il n'y en a pas beaucoup.
- Speaker #1
On en a eu un petit peu la semaine dernière, ça fait du bien. Mais non, globalement, c'est dur quand même pour les gens. Je vois bien, ils sont... qui sont un peu tristes, les conditions de travail sont difficiles. Mais globalement, il faut rester confiant parce que la nature humaine, elle a des ressources insoupçonnées. Parfois, il ne suffit de pas grand-chose pour aller mieux.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Et dans ce monde de la rapidité et de l'IA, Pour vous, en quoi ça ne pourra jamais... Je pose une question rhétorique puisque je la tourne dans le sens où je veux entendre la réponse. Mais pourquoi elle ne pourra jamais remplacer les relations vraiment humaines ?
- Speaker #1
Parce que justement, il n'y a pas de sentiments, il n'y a pas d'émotions. La relation humaine, c'est justement le partage de ses émotions.
- Speaker #0
Et vous, vous constatez que justement, les gens en ont besoin ?
- Speaker #1
Absolument.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que quand on s'est rencontrés, on a facilement... Une fois de plus, le fait que ce soit clos et que vous soyez aussi rayonnante, on se sent tout de suite à l'aise, en fait. Donc, c'est vraiment... Quand on ressort, non seulement on est bien au niveau de la coiffure, mais on a vraiment eu une bonne pause. Alors, je me dis, vous qui faites ça 20 fois par jour, je ne sais pas combien de clients, à peu près, vous avez par jour.
- Speaker #1
Moi, j'en ai entre 10 et 15. Ça dépend de ce qu'on fait.
- Speaker #0
Et est-ce que parfois, vous avez pensé aussi à aller, par exemple, je dis n'importe quoi, mais... dans des EHPAD ou essayer de passer. Si vous m'aviez dit une fois, une belle action que vous faites, c'est pour, je ne sais plus quelle association.
- Speaker #1
Les Restos du Coeur.
- Speaker #0
Les Restos du Coeur. Oui. Donc, de temps en temps, vous allez aussi...
- Speaker #1
Tous les mois. Un après-midi par mois, je vais au Restos du Coeur à Livret, coiffer les bénéficiaires. OK.
- Speaker #0
C'est beau aussi. Et vous observez, vous me disiez que vous observez aussi le bien que ça peut faire des gens qui ont des difficultés.
- Speaker #1
Oui, j'avais une très belle histoire où j'ai coiffé une jeune femme la première fois au Resto du Coeur, justement. Et elle est revenue sur une commune me voir. Et je ne me souvenais plus vraiment d'elle. Mais je savais que j'avais déjà vu, mais je ne me souvenais plus dans quel contexte. Et donc, elle m'a dit, mais j'étais une des premières clientes, enfin clientes si on peut le dire, à venir me faire coiffer dans votre camion au Resto du Coeur. Et aujourd'hui, ma situation a changé. J'ai retrouvé du travail, donc je ne suis plus bénéficiaire. Et donc là, je viens et je suis contente de payer. Et moi, j'étais contente qu'elle paye. Franchement, c'est une anecdote, mais ça m'a égayée mon après-midi.
- Speaker #0
Et puis c'est ce que permet aussi ce camion finalement d'aller aussi à la rencontre d'associations et faire des belles choses. Si vous étiez une émotion, ça serait laquelle ? Je sais ce que vous allez me répondre, mais j'aime bien que les invités se décrivent par une émotion.
- Speaker #1
Ah bah c'est joie ! Voilà,
- Speaker #0
c'est joie, c'est vrai. En plus, je ne sais pas, les auditeurs le verront sur... ceux qui iront sur le compte Instagram verront ou sinon les autres peuvent se l'imaginer mais vous avez toujours un c'est votre marque aussi de le rouge à lèvres rouge vous avez toujours un beau rouge à lèvres rouge je sais pas si c'est si vous le mettez le week-end ou autre mais ça vous représente un peu quand je pense à vous je pense au sourire avec le rouge à lèvres rouge c'est
- Speaker #1
vrai mais ça c'est mon ancienne collègue Valérie qui m'a initiée au rouge à lèvres et du coup tous les matins quand je le mets je pense à elle c'est trop rigolo... Mais c'est vrai que d'ailleurs, les gens qui me croisent parfois le week-end, des fois, je n'en mets pas parfois le week-end, il y en a qui me zappent parce qu'ils ne me reconnaissent pas. Je n'ai pas mon rouge à lèvres.
- Speaker #0
Mais vous, ce qui est beau, c'est que on retient... C'est vrai que pour moi, la valeur travail est importante. Et vous avez beau être maman, femme, je sens que le travail, c'est... hyper important pour vous. On a l'impression que justement, les gens, c'est tellement important que même si vous gagnez au loto, j'ai l'impression que vous feriez encore des choses pour les gens.
- Speaker #1
Ah oui, absolument. De toute façon, ça c'est clair et net. Je joue au loto, j'attends de gagner, mais je n'arrête pas de travailler.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que ça apporte ? Parce que c'est intéressant qu'on en parle justement. Cette relation aux autres, sans faire de grands discours sur la société actuelle, mais c'est vrai qu'on est tous, moi la première, parce que c'est pas une morale que je dis, mais sur nos téléphones, beaucoup trop. qu'est-ce qu'il faut savoir sur ce rapport aux autres, ce qu'il peut apporter ?
- Speaker #1
On apprend de chaque expérience. Un truc tout bête, j'apprends avec ce que les gens traversent. J'ai des contacts dans tous les domaines. Dans le domaine médical, il y a des choses que j'apprends en échangeant avec les gens. Alors que parfois, tu vas poser la question à Google, on va avoir un... ça m'est déjà arrivé, mon mari me dit tiens ma collègue elle a des vertiges et je dis bah oui moi je sais il faut aller voir un kiné vestibulaire il me dit mais comment tu sais ? tout simplement parce que j'ai rencontré quelqu'un à qui c'est arrivé et voilà ça le surprend à chaque fois parce que moi j'ai horreur d'aller sur le téléphone c'est pas mon truc mais en fait j'apprends des choses en échangeant avec les gens et des choses vraies pour le coup et Parce que là, ça ne rentre pas dans des cases. Oui,
- Speaker #0
et comme vous le disiez bien, je pense qu'une émotion, un robot ne pourra jamais la calquer, mais sans vraiment la ressentir. C'est aussi du partage d'émotions, les échanges qu'on partage avec les personnes. J'ai lu, c'est une question aussi que j'aime bien poser aux invités, j'avais lu le titre d'un livre que j'aimais beaucoup, c'est Si tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon Et donc souvent, je demande aux invités, vous, comment vous habitez le vôtre ? Alors, comment vous décriveriez votre monde aujourd'hui ?
- Speaker #1
Alors, comment je décriverais mon monde ? Comment je voudrais qu'il soit peut-être ?
- Speaker #0
Ou comment il est ?
- Speaker #1
Alors, c'est un monde où on doit se battre. On doit montrer ce qu'on veut, comment on veut qu'il soit. Et c'est à nous de faire ce qu'on veut qu'il soit finalement. Et alors tous les jours, il faut quand même faire attention, il faut compter ses sous, il faut faire attention à l'environnement. On a beaucoup de poids sur nos épaules parce qu'on nous demande beaucoup d'efforts et on essaye de le faire. Mais il faut avoir envie de le faire aussi pour que ça devienne quelque chose de facile.
- Speaker #0
Mais c'est vrai qu'une femme que j'aime beaucoup, j'en parle toujours au présent, c'est sœur Emmanuelle. Et quand j'étais jeune, j'avais vu un passage d'elle. On entend un facteur passer, mais c'est justement le charme de la campagne. Et elle avait dit, la vie c'est lutter, lutter, lutter. Il faut toujours lutter dans la vie. Et puis moi, quand j'ai vu ça, j'étais à dos, je faisais n'importe quoi. Et en fait, plus je vieillis, plus je prends de l'âge, plus je m'aperçois qu'en fait, elle a entièrement raison qu'il faut toujours lutter. C'est-à-dire qu'on a tendance à croire que... L'école, c'est tellement des années, enfin on passe d'année en année, ensuite il y a les études et on a l'impression presque qu'une fois qu'on est dans le monde du travail, la vie elle est faite, alors qu'en fait au quotidien, même en entreprise, quand on vous parle des... des situations de travail qui sont parfois pénibles. C'est ça, c'est tout le temps se battre.
- Speaker #1
Absolument.
- Speaker #0
Pour se faire respecter aussi.
- Speaker #1
Tout à fait. En fait, c'est une lutte de chaque instant. Alors, il ne faut pas dramatiser la lutte, justement. Il faut essayer aussi que la lutte, elle peut être aussi positive. Mais c'est vrai que constamment, surtout dans le monde actuel, si on ne demande rien, on n'a rien. Donc, en fait, on est constamment obligé de lutter, en effet.
- Speaker #0
Oui, mais c'est bien parce que vous êtes une battante pétillante quelque part. Une battante positive. Une battante positive. Et j'ai tendance à penser qu'il faut rester positive parce que justement, quand on rencontre comme ça des personnes en interview, on s'aperçoit que les valeurs humaines sont hyper importantes pour plein de gens. Et même d'ailleurs, la génération, apparemment les jeunes, je parle déjà comme une vieille aujourd'hui. Il y a encore de l'importance, on voit des défilés justement aussi pour l'environnement. Absolument. Et vous, vous en parlez souvent dans cette interview de l'environnement, c'est quelque chose qui vous tient vraiment à cœur du coup ?
- Speaker #1
Oui, évidemment, j'ai envie aussi que mes enfants vivent dans un monde sain. Donc pour moi, j'essaye de limiter les déchets. J'envoie tous les petits cheveux que je coupe à une asso qui fait la dépollution des océans. Pour faire des mèches, j'utilise des papiers qui se lavent. D'ailleurs, je n'ai même pas de poubelle, de toute façon, puisque du coup, je recycle tout ce que j'utilise.
- Speaker #0
Oui, et c'est vrai que moi, vous me faites aussi une coloration naturelle.
- Speaker #1
Oui, absolument.
- Speaker #0
Ils sont très forts pendant trois jours.
- Speaker #1
Ça sent les épinards un petit peu, c'est vrai. Enfin, il vaut mieux sentir les épinards que le pétrole.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Non, mais c'est bien parce que... il y aura toujours des personnes pour dire ah bah oui mais elle parle dans le vérolement mais elle a un camion mais finalement oui parce que vous permettez à tout un tas de personnes dans les communes déjà eux de ne pas se déplacer et vous utilisez des bons produits et vous recyclez et voilà donc
- Speaker #1
vous avez ce fibre là aussi il y a que moi finalement qui me déplace et moi je ne fais qu'un aller-retour dans la journée donc en fait je ne consomme pas beaucoup
- Speaker #0
Donc là, ça va faire 4 ans que vous faites ça. Oui, absolument. Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour 2025 ? Est-ce qu'il y aura éventuellement d'autres projets, d'autres communes ?
- Speaker #1
Alors, d'autres communes, c'est compliqué, parce que déjà, tout le monde ne voudrait plus. Donc, ça va être compliqué. Non, mais ce qu'on peut me souhaiter, c'est de continuer comme ça.
- Speaker #0
Et de continuer à rendre vos clients heureux.
- Speaker #1
Absolument. Et moi aussi, parce que je ne sais pas qui passe le meilleur moment. Je ne sais pas si c'est les clients qui passent un bon moment ou si c'est moi. Moi, je pense peut-être que c'est les deux.
- Speaker #0
Oui, c'est parfait.
- Speaker #1
C'est génial de travailler dans ces conditions. Il n'y a rien de plus beau.
- Speaker #0
Merci beaucoup d'avoir répondu à cette interview.
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
Et qu'avez-vous pensé d'ailleurs de cet échange ? Vous êtes ma deuxième invitée sur le podcast.
- Speaker #1
Vous êtes très pro. Cécile, c'est parfait. Je n'avais jamais parlé dans un micro. Ça fait drôle. Mais c'est très agréable.
- Speaker #0
Oui, puisque j'aime bien finalement, c'est que mes deux premiers invités ont vraiment le camion comme point commun.
- Speaker #1
Ah, c'est marrant.
- Speaker #0
Et justement, pour les prochains, j'aimerais aussi ce genre de parcours. Donc voilà. Merci encore. et bonne année 2025.
- Speaker #1
Merci, vous aussi.
- Speaker #0
Plein de bonnes choses.