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La foi d'un anarchiste (Daniel et Stella #3) cover
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À la vie, à la mort

La foi d'un anarchiste (Daniel et Stella #3)

La foi d'un anarchiste (Daniel et Stella #3)

18min |10/07/2025|

104

Play
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18min |10/07/2025|

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Description

Daniel & Stella #3


🎭 Il a tout fait cet homme-là. Il a appris le théâtre chez Ariane Mouchkine et suivi l’enseignement d'art dramatique du maître pédagogue Jacques Lecoq, ensuite il a tâté de la prod’ télé avec Jean-Luc Delarue, puis il est devenu à son tour directeur d'acteurs... il jouait du violon alto électrique à cinq cordes, il peignait, il écrivait des poèmes, il était marin… et électricien. Daniel était tout ça à la fois et bien d’autres choses encore.

 

🙏 Mais c’est surtout son engagement spirituel que nous allons va évoquer dans cet épisode. Et vous vous doutez bien qu’avec Daniel qui se définit à la fois comme anar et franciscain, on ne va pas sombrer dans les bondieuseries.

 

😇 Un compagnonnage avec Saint François d’Assise, c’est pas un karma de grenouille de bénitier. Daniel, qui était franciscain du tiers ordre, se reconnaissait dans ce mystique écolo adepte de la joie de vivre.

 

👉 Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer sa foi avec force en clashant l’interviewer agnostique : « Les agnostiques, ils me font rigoler. Parce qu'ils vivent de croyances ».

 

🫶 Pendant quelques minutes entrecoupées de silence, Daniel va livrer sa vision de la spiritualité forgée par une crise mystique et une connexion profonde avec Saint François d'Assise. Daniel, le franciscain du tiers-ordre était aussi farouchement anticlérial. Sa spiritualité était ancrée dans la joie de vivre et l'enchantement quotidien.

 

🕊️ La révélation selon « Saint Daniel » (il aimait se qualifier ainsi à chaque fois que le micro était coupé) se trouvait dans chaque être vivant. L’homme qui admirait le saint qui parlait aux oiseaux s’émerveillait des fourmis qui venait se nourrir de ses crachats. Bienvenue dans un épisode qui est aussi une ode à la vie.


🎙️ "A la vie à la mort" est une série réalisée par Eric Le Braz


🎨 Conception graphique  : Léa Barthe


🎧 Merci à Yann-Maël Le Roy de nous avoir prêté ses musiques.


🎶 Continent by ANBR, Digital mystery by Laurent Dury & JC Lemay ; Seeking the truth  by Laurent Dury ; In folio by Pierre Arrachart & Eve-Marie Bodet ; Vision of hope by Jean-Philippe Richard.


🗨️🎵 Extraits de l'émission "ça se discute" : "Quelle vie pendant et après le coma ?


👉A la vie à la mort est une série soutenue par Syprès, coopérative funéraire à Bordeaux. 

 

Retrouvez-nous sur 👉 Instagram

 

Suivez nous sur Linkedin. 👈


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François d'Aziz, et depuis je suis franciscain du tiers ordre. Moi j'ai été un peu effrayé par le Christ, moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Oulala, dites que vous êtes de sensibilité, franciscaine. » Et je lui dis, « Merde, moi je suis plutôt anarchiste, on va dire. »

  • Speaker #1

    Écoutez-moi ça. Ça vous rappelle quelque chose ? Enfin, si vous avez plus de 40 ans. C'est un générique qu'on entend, avec le public qui fait la claque en attendant la star. C'était une émission phare des années 90. On y débattait de sujets de société, très souvent, liés à Eros ou à Thanatos. « Bonsoir à tous, merci de nous recevoir, bonsoir. » Ça s'appelait « Ça se discute » . « Merci pour vos invités. » Et c'était animé par... Jean-Luc Delarme. On se retrouve comme chaque matin du soir sur France 2 pour 16 Discutes, consacré ce soir au coma, quelle vie pendant et après le coma, c'est donc le thème de 16 Discutes ce soir. Le coma, plus tout à fait la vie, pas tout à fait la mort non plus, un entre-deux mystérieux qui fascine tous ceux qui y sont confrontés. Pendant que l'animateur vedette débitait son intro avec son légendaire débit de mitraillette, dans la régie, un certain Daniel Esposito s'activait. Il était côté prod. Ce fut l'un de ses multiples métiers. Car on arrive au troisième épisode de cette saison et je n'ai pas encore évoqué la vie d'avant la fin de vie de Daniel. Il faut dire que si on commençait à la raconter dans le détail, on partirait sur une vingtaine d'épisodes, car il a tout fait Daniel. De Bordeaux, il est monté à la capitale pour faire du théâtre et il en a fait. Avec Ariane Mouchkine, au Théâtre du Soleil.

  • Speaker #0

    On a créé le Théâtre du Soleil parce qu'on voulait être heureux. C'était ça le but. Donc on vit en troupe parce qu'on a envie que l'amour dure jusqu'à la mort.

  • Speaker #1

    Puis il a bifurqué vers la télé chez Delarue donc, et ensuite est revenu enseigner le théâtre à Bordeaux. Il a été marin, peintre, écrivain, musicien surtout. On découvrira tous ses talents dans les épisodes suivants. Mais pour l'instant, on revient dans la salle des familles des soins palliatifs de la Réole, en Sud-Gironde. Et on va l'écouter résumer son parcours rapidement et ses convictions profondément. Alors moi je travaille à Capsule,

  • Speaker #0

    on habite à Villondreau. Toi, tu n'es pas du tout de la région. Ça se sent. Ah, t'es pas rigolo ! Je n'ai vécu 20 ans à Paris, moi, je suis évidemment arrêté, c'est plus facile. Puis, je suis allé à Paris avec le Chine et le Stobo. Et c'est la première fois que je viens à Révol. Mais on n'habite pas. De toute façon, on ne vend, c'est le trou du cul du monde. C'est un endroit... Non,

  • Speaker #1

    c'est beau la Révol, ça.

  • Speaker #0

    mais moi c'est pareil je suis revenu de paris après un divorce et je voulais vivre à la campagne ma soeur habiter en sud gironde et je suis venu voir par là j'ai rencontré une mignonnette avec qui j'ai fait un enfant mon troisième donc et ça m'a bien plu surtout son appareil à bordeaux que ça les études électricien alors pas et Je m'y suis ancré. C'est ce qui explique que je veux que mon urne soit dans le columbarium et pas distribué dans les océans politiques. Donc on s'est enraciné. Moi, je suis un Parisien enraciné qui vient de Bordeaux, mais qui s'est enraciné à Vidambro. Donc je suis gironde et j'y tiens beaucoup. Ça a beaucoup de sens pour moi. Parce que c'est là que j'ai pu trouver la paix, avoir un métier honnête. Il n'y en a pas beaucoup, moi. C'est un métier où tu es payé pour faire des choses simples, qui font plaisir à des gens. Tu n'es pas très bien payé, mais... Ah, honnête dans le sens... Juste. Justesse, pas honnête dans le sens... Par rapport à mes valeurs, oui. Oui, honnête par rapport à toi, d'accord. Oui, juste. J'étais artisan électricien, alors que la télé ou les médias de comédien, c'est beaucoup plus compliqué, quoi. On est obligé toujours de vendre des choses, de se vendre, de se surestimer ou de se remettre en question. Là, à partir du moment où tu réparles les trucs des gens, ils sont contents, c'est simple. Et c'est parce qu'aussi j'ai un engagement spirituel auprès de l'ordre des franciscains.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    C'est bien. C'est là que j'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François Lassise. Et depuis, je suis franciscain du tiers-ordre. Ah bon ? J'ignorais alors cet aspect de la personnalité. La cérémonie serait dans mes yeux, alors ? Ah non, surtout pas. Je suis anticlérical, je suis antireligieux. On peut être franciscain et anticlérical ? Ouais. Parce qu'entre nous, moi je fais partie de l'ordre des frères de Marie, et entre nous on dit au FM, ça veut dire on fout la merde. Je suis convaincu que notre époque n'est pas religieuse dans le bon sens, c'est-à-dire on n'est pas relié. Je suis convaincu que le vrai amour, la vraie spiritualité, elle est à côté de la religion en ce moment. Je dis ça très sérieusement. Oui, tu vois que c'est vrai. Oui, parce que c'est un petit François, c'est la joie de vivre, c'est la joie d'être. Et est-ce qu'il me tait en ce moment ? Il est présent.

  • Speaker #1

    Là, il s'est eu longuement, très longuement. Je croyais pourtant que ma question était anodine, à peine provoque. Tu parles. Elle était complètement à côté de la plaque. Non, il était bouleversé, mais il n'avait pas l'intention d'arrêter, juste de me recadrer comme on me l'a rarement fait dans toute ma vie de poseur de questions à la con.

  • Speaker #0

    T'es arrêté ? Oui, pas. Parce que la question est violente.

  • Speaker #1

    Violente, la question ? À côté de la plaque, d'accord, mais violente ?

  • Speaker #0

    Mais c'est un peu long de répondre. Mais si on considère que la vie est plus forte que tout, les vrais saints, les vrais êtres purs sont les gens qui sont reliés à la vie et qui la font passer. Donc la question est-ce que François est là ? Moi qui ai été touché 8 siècles plus tard par un mec qui est mort il y a 8 siècles, je peux pas te dire non il est pas là. Il est partout, il est partout et moi j'étais un peu effrayé par le Christ. Parce qu'à l'époque, je ne comprenais pas la dimension du Christ. Depuis, j'ai lu pas mal de bouquins de meurois qui me font toucher du doigt, saisir ce que pouvait être le Christ. Et je pense que c'est un homme qui était initié, qui était très humain, et en même temps, à moitié Dieu. Et donc, sa parole a été dévoyée, son image a été utilisée. Le symbole de la croix est complètement décalé si on ne comprend pas ce qu'est la croix, si on ne comprend pas que c'est une horizontale avec une verticale, et qu'on est là nous dans l'horizontale et qu'on grandit que grâce à la verticale. Moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Je parle de lumière, je parle de vie, je parle de joie. Et petit François est évidemment là tous les jours et il est surtout là quand je converse avec les infirmières, tous les gens qui sont là et qui donnent leur cœur, leur vie, leur énergie. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Ouh là là, dites que vous êtes de sensibilité, franciscain. » Et je les emmerde. Moi, je suis plutôt anarchiste, on va dire. Et sur le plan religieux, je suis plutôt anarchiste aussi. où François est là, Marie est là, Jésus est là, tous les saints du monde sont là. Celui que j'appelle le plus en ce moment, c'est Raphaël, parce que c'est le saint du merveilleux, et que des fois, ces murs, cet environnement, sont un peu secs. Voilà. Après les agnostiques, ils me font rigoler, mais bon... Parce qu'ils vivent de croyances, d'énormément de croyances, et le fait de ne pas croire est absolument ridicule. Donc moi je crois aux papillons, je crois à l'aide des papillons, je crois à Christian Bobin, je crois à tout ce qui favorise la vie. Et j'attaque un peu ceux qui font semblant qu'en attendant que peut-être un jour il y ait une révélation, alors que la révélation elle est là, c'est la vie, elle est à côté de nous et on passe notre temps ou à la toucher ou à la rater. et que moi j'utilise plus pour essayer de la toucher en permanence que de la rater en permanence. Tu m'aurais dit athée, alors là ça m'aurait été intéressé encore plus, parce que la question que je pose aux athées c'est, donc tu es contre Dieu, alors c'est quoi Dieu ? Je préfère, et même animiste, tu vois, que tu t'émerveilles devant une fourmi,

  • Speaker #1

    Quelle tirade ! Si ma question était violente, sa réponse était magistrale. Tiens, prends ça dans ta petite tête d'agnostique, de polyathéiste, de ce que tu veux. Mais ce que j'ignorais... C'était comment, ou plutôt, pourquoi il s'était converti ? Et comment le saint, qui parlait aux oiseaux, l'avait sauvé, il y a 25 ans ?

  • Speaker #0

    C'était là aussi, elle en parlait, mais elle a fait une démarche spirituelle. On se croise aussi là-dessus, sur ce chemin-là, même si nos approches sont complètement différentes. Parce que moi, ce dont je parle, c'est il y a 25 ans, c'est après le suicide de ma mère. où j'ai perdu tous mes repères. Mais quand j'étais petit, j'étais croyant. Comme a dit une copine, moi je ne crois pas, je suis sûr. Et maintenant, je crois que tous les deux, on est sûrs. Sûrs de quoi ? sur que la vie existe, et que la vie nous dépasse, et qu'on peut la toucher du doigt tous les jours, et qu'on peut la favoriser ou la défavoriser. Moi, l'expression, c'est être au service. Et si je rajoute une expression derrière, je dirais être au service de la vie. Voilà. Quand je vois que quand je crache, il y a des petits insectes qui viennent la nuit pour bouffer mon crachat, je suis émerveillé. J'ai même eu un hérisson le jour. Et là, j'essaie d'attirer un rouge-gorge. Parce que c'est là la mini-miette sur le rebord de la fenêtre et il n'y a personne qui vient. Tu as vu, là, il y a un lézard. Tu le vois ? Et la vie, elle est partout. Donc, c'est avec ça qu'il faut rester en contact. Tu vois, c'est tout et c'est rien en même temps. Et ça n'a pas de... ça n'a pas de définition claire quoi. À part que dans ton cœur, tu sais quand tu es dans la vie ou tu sais quand tu n'y es pas quoi. Voilà. Et j'espère que je serai dans le cœur au moment de mourir. Et après évidemment j'attends toutes les récompenses. Lesquelles ? Bah déjà ça serait de ne plus avoir mal. Et puis après, j'ai quelques potes à retrouver qui sont venus ces dernières années, que j'aimais beaucoup. Ma mère, ma sœur.

  • Speaker #1

    Hôpital Silence, tu parles. Il y a toujours une moto qui passe. Et un ange aussi. Comme François d'Assise, le saint écolo, Daniel s'émerveille de la vie, de la nature, des animaux, et c'est paradoxalement parce qu'il aimait tant la vie qu'il a pu la quitter sereinement. Mais avant de tirer sa révérence, il avait un dernier projet qu'on a déjà évoqué la semaine dernière, donner un concert pour toutes les mourantes et les mourants du bâtiment, à l'occasion de la vente de Noël des infirmières.

  • Speaker #0

    Mais depuis que j'ai trouvé ce concert, elle m'a ramené l'instrument et je ne l'ai pas demandé, elle l'avait mis là. Bon, voilà, après on me parle de ça, je dis, parce que c'est toujours spontané, c'est moi qui dis, si vous voulez, je peux jouer pour vous, pour l'occasion. Et ça me fait revivre, quoi. Moi, j'ai la carotte, là, qui me dit... C'est un projet. Ouais, ça fait un projet, quoi, tu vois, incroyable. Il y a des jours là quand je suis pas bien, je me dis ben je n'aurai pas la force quoi. Je n'aurai pas la force physiquement. Je ne pourrai pas. Mais comme déjà dans les couloirs elles m'entendent et puis elles sont contentes, ben c'est pas grave. Elles auront eu six jours de préparation et pas le... Tu penses que tu ne pourrais pas jouer l'Odysse ? Je ne suis pas sûr. Parce que je décline. Depuis deux jours, je décline fortement.

  • Speaker #1

    Spoiler, le concert aura bien lieu. Et je vous invite, la semaine prochaine, pour un nouvel épisode du podcast qui réveille les morts en musique.

Description

Daniel & Stella #3


🎭 Il a tout fait cet homme-là. Il a appris le théâtre chez Ariane Mouchkine et suivi l’enseignement d'art dramatique du maître pédagogue Jacques Lecoq, ensuite il a tâté de la prod’ télé avec Jean-Luc Delarue, puis il est devenu à son tour directeur d'acteurs... il jouait du violon alto électrique à cinq cordes, il peignait, il écrivait des poèmes, il était marin… et électricien. Daniel était tout ça à la fois et bien d’autres choses encore.

 

🙏 Mais c’est surtout son engagement spirituel que nous allons va évoquer dans cet épisode. Et vous vous doutez bien qu’avec Daniel qui se définit à la fois comme anar et franciscain, on ne va pas sombrer dans les bondieuseries.

 

😇 Un compagnonnage avec Saint François d’Assise, c’est pas un karma de grenouille de bénitier. Daniel, qui était franciscain du tiers ordre, se reconnaissait dans ce mystique écolo adepte de la joie de vivre.

 

👉 Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer sa foi avec force en clashant l’interviewer agnostique : « Les agnostiques, ils me font rigoler. Parce qu'ils vivent de croyances ».

 

🫶 Pendant quelques minutes entrecoupées de silence, Daniel va livrer sa vision de la spiritualité forgée par une crise mystique et une connexion profonde avec Saint François d'Assise. Daniel, le franciscain du tiers-ordre était aussi farouchement anticlérial. Sa spiritualité était ancrée dans la joie de vivre et l'enchantement quotidien.

 

🕊️ La révélation selon « Saint Daniel » (il aimait se qualifier ainsi à chaque fois que le micro était coupé) se trouvait dans chaque être vivant. L’homme qui admirait le saint qui parlait aux oiseaux s’émerveillait des fourmis qui venait se nourrir de ses crachats. Bienvenue dans un épisode qui est aussi une ode à la vie.


🎙️ "A la vie à la mort" est une série réalisée par Eric Le Braz


🎨 Conception graphique  : Léa Barthe


🎧 Merci à Yann-Maël Le Roy de nous avoir prêté ses musiques.


🎶 Continent by ANBR, Digital mystery by Laurent Dury & JC Lemay ; Seeking the truth  by Laurent Dury ; In folio by Pierre Arrachart & Eve-Marie Bodet ; Vision of hope by Jean-Philippe Richard.


🗨️🎵 Extraits de l'émission "ça se discute" : "Quelle vie pendant et après le coma ?


👉A la vie à la mort est une série soutenue par Syprès, coopérative funéraire à Bordeaux. 

 

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François d'Aziz, et depuis je suis franciscain du tiers ordre. Moi j'ai été un peu effrayé par le Christ, moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Oulala, dites que vous êtes de sensibilité, franciscaine. » Et je lui dis, « Merde, moi je suis plutôt anarchiste, on va dire. »

  • Speaker #1

    Écoutez-moi ça. Ça vous rappelle quelque chose ? Enfin, si vous avez plus de 40 ans. C'est un générique qu'on entend, avec le public qui fait la claque en attendant la star. C'était une émission phare des années 90. On y débattait de sujets de société, très souvent, liés à Eros ou à Thanatos. « Bonsoir à tous, merci de nous recevoir, bonsoir. » Ça s'appelait « Ça se discute » . « Merci pour vos invités. » Et c'était animé par... Jean-Luc Delarme. On se retrouve comme chaque matin du soir sur France 2 pour 16 Discutes, consacré ce soir au coma, quelle vie pendant et après le coma, c'est donc le thème de 16 Discutes ce soir. Le coma, plus tout à fait la vie, pas tout à fait la mort non plus, un entre-deux mystérieux qui fascine tous ceux qui y sont confrontés. Pendant que l'animateur vedette débitait son intro avec son légendaire débit de mitraillette, dans la régie, un certain Daniel Esposito s'activait. Il était côté prod. Ce fut l'un de ses multiples métiers. Car on arrive au troisième épisode de cette saison et je n'ai pas encore évoqué la vie d'avant la fin de vie de Daniel. Il faut dire que si on commençait à la raconter dans le détail, on partirait sur une vingtaine d'épisodes, car il a tout fait Daniel. De Bordeaux, il est monté à la capitale pour faire du théâtre et il en a fait. Avec Ariane Mouchkine, au Théâtre du Soleil.

  • Speaker #0

    On a créé le Théâtre du Soleil parce qu'on voulait être heureux. C'était ça le but. Donc on vit en troupe parce qu'on a envie que l'amour dure jusqu'à la mort.

  • Speaker #1

    Puis il a bifurqué vers la télé chez Delarue donc, et ensuite est revenu enseigner le théâtre à Bordeaux. Il a été marin, peintre, écrivain, musicien surtout. On découvrira tous ses talents dans les épisodes suivants. Mais pour l'instant, on revient dans la salle des familles des soins palliatifs de la Réole, en Sud-Gironde. Et on va l'écouter résumer son parcours rapidement et ses convictions profondément. Alors moi je travaille à Capsule,

  • Speaker #0

    on habite à Villondreau. Toi, tu n'es pas du tout de la région. Ça se sent. Ah, t'es pas rigolo ! Je n'ai vécu 20 ans à Paris, moi, je suis évidemment arrêté, c'est plus facile. Puis, je suis allé à Paris avec le Chine et le Stobo. Et c'est la première fois que je viens à Révol. Mais on n'habite pas. De toute façon, on ne vend, c'est le trou du cul du monde. C'est un endroit... Non,

  • Speaker #1

    c'est beau la Révol, ça.

  • Speaker #0

    mais moi c'est pareil je suis revenu de paris après un divorce et je voulais vivre à la campagne ma soeur habiter en sud gironde et je suis venu voir par là j'ai rencontré une mignonnette avec qui j'ai fait un enfant mon troisième donc et ça m'a bien plu surtout son appareil à bordeaux que ça les études électricien alors pas et Je m'y suis ancré. C'est ce qui explique que je veux que mon urne soit dans le columbarium et pas distribué dans les océans politiques. Donc on s'est enraciné. Moi, je suis un Parisien enraciné qui vient de Bordeaux, mais qui s'est enraciné à Vidambro. Donc je suis gironde et j'y tiens beaucoup. Ça a beaucoup de sens pour moi. Parce que c'est là que j'ai pu trouver la paix, avoir un métier honnête. Il n'y en a pas beaucoup, moi. C'est un métier où tu es payé pour faire des choses simples, qui font plaisir à des gens. Tu n'es pas très bien payé, mais... Ah, honnête dans le sens... Juste. Justesse, pas honnête dans le sens... Par rapport à mes valeurs, oui. Oui, honnête par rapport à toi, d'accord. Oui, juste. J'étais artisan électricien, alors que la télé ou les médias de comédien, c'est beaucoup plus compliqué, quoi. On est obligé toujours de vendre des choses, de se vendre, de se surestimer ou de se remettre en question. Là, à partir du moment où tu réparles les trucs des gens, ils sont contents, c'est simple. Et c'est parce qu'aussi j'ai un engagement spirituel auprès de l'ordre des franciscains.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    C'est bien. C'est là que j'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François Lassise. Et depuis, je suis franciscain du tiers-ordre. Ah bon ? J'ignorais alors cet aspect de la personnalité. La cérémonie serait dans mes yeux, alors ? Ah non, surtout pas. Je suis anticlérical, je suis antireligieux. On peut être franciscain et anticlérical ? Ouais. Parce qu'entre nous, moi je fais partie de l'ordre des frères de Marie, et entre nous on dit au FM, ça veut dire on fout la merde. Je suis convaincu que notre époque n'est pas religieuse dans le bon sens, c'est-à-dire on n'est pas relié. Je suis convaincu que le vrai amour, la vraie spiritualité, elle est à côté de la religion en ce moment. Je dis ça très sérieusement. Oui, tu vois que c'est vrai. Oui, parce que c'est un petit François, c'est la joie de vivre, c'est la joie d'être. Et est-ce qu'il me tait en ce moment ? Il est présent.

  • Speaker #1

    Là, il s'est eu longuement, très longuement. Je croyais pourtant que ma question était anodine, à peine provoque. Tu parles. Elle était complètement à côté de la plaque. Non, il était bouleversé, mais il n'avait pas l'intention d'arrêter, juste de me recadrer comme on me l'a rarement fait dans toute ma vie de poseur de questions à la con.

  • Speaker #0

    T'es arrêté ? Oui, pas. Parce que la question est violente.

  • Speaker #1

    Violente, la question ? À côté de la plaque, d'accord, mais violente ?

  • Speaker #0

    Mais c'est un peu long de répondre. Mais si on considère que la vie est plus forte que tout, les vrais saints, les vrais êtres purs sont les gens qui sont reliés à la vie et qui la font passer. Donc la question est-ce que François est là ? Moi qui ai été touché 8 siècles plus tard par un mec qui est mort il y a 8 siècles, je peux pas te dire non il est pas là. Il est partout, il est partout et moi j'étais un peu effrayé par le Christ. Parce qu'à l'époque, je ne comprenais pas la dimension du Christ. Depuis, j'ai lu pas mal de bouquins de meurois qui me font toucher du doigt, saisir ce que pouvait être le Christ. Et je pense que c'est un homme qui était initié, qui était très humain, et en même temps, à moitié Dieu. Et donc, sa parole a été dévoyée, son image a été utilisée. Le symbole de la croix est complètement décalé si on ne comprend pas ce qu'est la croix, si on ne comprend pas que c'est une horizontale avec une verticale, et qu'on est là nous dans l'horizontale et qu'on grandit que grâce à la verticale. Moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Je parle de lumière, je parle de vie, je parle de joie. Et petit François est évidemment là tous les jours et il est surtout là quand je converse avec les infirmières, tous les gens qui sont là et qui donnent leur cœur, leur vie, leur énergie. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Ouh là là, dites que vous êtes de sensibilité, franciscain. » Et je les emmerde. Moi, je suis plutôt anarchiste, on va dire. Et sur le plan religieux, je suis plutôt anarchiste aussi. où François est là, Marie est là, Jésus est là, tous les saints du monde sont là. Celui que j'appelle le plus en ce moment, c'est Raphaël, parce que c'est le saint du merveilleux, et que des fois, ces murs, cet environnement, sont un peu secs. Voilà. Après les agnostiques, ils me font rigoler, mais bon... Parce qu'ils vivent de croyances, d'énormément de croyances, et le fait de ne pas croire est absolument ridicule. Donc moi je crois aux papillons, je crois à l'aide des papillons, je crois à Christian Bobin, je crois à tout ce qui favorise la vie. Et j'attaque un peu ceux qui font semblant qu'en attendant que peut-être un jour il y ait une révélation, alors que la révélation elle est là, c'est la vie, elle est à côté de nous et on passe notre temps ou à la toucher ou à la rater. et que moi j'utilise plus pour essayer de la toucher en permanence que de la rater en permanence. Tu m'aurais dit athée, alors là ça m'aurait été intéressé encore plus, parce que la question que je pose aux athées c'est, donc tu es contre Dieu, alors c'est quoi Dieu ? Je préfère, et même animiste, tu vois, que tu t'émerveilles devant une fourmi,

  • Speaker #1

    Quelle tirade ! Si ma question était violente, sa réponse était magistrale. Tiens, prends ça dans ta petite tête d'agnostique, de polyathéiste, de ce que tu veux. Mais ce que j'ignorais... C'était comment, ou plutôt, pourquoi il s'était converti ? Et comment le saint, qui parlait aux oiseaux, l'avait sauvé, il y a 25 ans ?

  • Speaker #0

    C'était là aussi, elle en parlait, mais elle a fait une démarche spirituelle. On se croise aussi là-dessus, sur ce chemin-là, même si nos approches sont complètement différentes. Parce que moi, ce dont je parle, c'est il y a 25 ans, c'est après le suicide de ma mère. où j'ai perdu tous mes repères. Mais quand j'étais petit, j'étais croyant. Comme a dit une copine, moi je ne crois pas, je suis sûr. Et maintenant, je crois que tous les deux, on est sûrs. Sûrs de quoi ? sur que la vie existe, et que la vie nous dépasse, et qu'on peut la toucher du doigt tous les jours, et qu'on peut la favoriser ou la défavoriser. Moi, l'expression, c'est être au service. Et si je rajoute une expression derrière, je dirais être au service de la vie. Voilà. Quand je vois que quand je crache, il y a des petits insectes qui viennent la nuit pour bouffer mon crachat, je suis émerveillé. J'ai même eu un hérisson le jour. Et là, j'essaie d'attirer un rouge-gorge. Parce que c'est là la mini-miette sur le rebord de la fenêtre et il n'y a personne qui vient. Tu as vu, là, il y a un lézard. Tu le vois ? Et la vie, elle est partout. Donc, c'est avec ça qu'il faut rester en contact. Tu vois, c'est tout et c'est rien en même temps. Et ça n'a pas de... ça n'a pas de définition claire quoi. À part que dans ton cœur, tu sais quand tu es dans la vie ou tu sais quand tu n'y es pas quoi. Voilà. Et j'espère que je serai dans le cœur au moment de mourir. Et après évidemment j'attends toutes les récompenses. Lesquelles ? Bah déjà ça serait de ne plus avoir mal. Et puis après, j'ai quelques potes à retrouver qui sont venus ces dernières années, que j'aimais beaucoup. Ma mère, ma sœur.

  • Speaker #1

    Hôpital Silence, tu parles. Il y a toujours une moto qui passe. Et un ange aussi. Comme François d'Assise, le saint écolo, Daniel s'émerveille de la vie, de la nature, des animaux, et c'est paradoxalement parce qu'il aimait tant la vie qu'il a pu la quitter sereinement. Mais avant de tirer sa révérence, il avait un dernier projet qu'on a déjà évoqué la semaine dernière, donner un concert pour toutes les mourantes et les mourants du bâtiment, à l'occasion de la vente de Noël des infirmières.

  • Speaker #0

    Mais depuis que j'ai trouvé ce concert, elle m'a ramené l'instrument et je ne l'ai pas demandé, elle l'avait mis là. Bon, voilà, après on me parle de ça, je dis, parce que c'est toujours spontané, c'est moi qui dis, si vous voulez, je peux jouer pour vous, pour l'occasion. Et ça me fait revivre, quoi. Moi, j'ai la carotte, là, qui me dit... C'est un projet. Ouais, ça fait un projet, quoi, tu vois, incroyable. Il y a des jours là quand je suis pas bien, je me dis ben je n'aurai pas la force quoi. Je n'aurai pas la force physiquement. Je ne pourrai pas. Mais comme déjà dans les couloirs elles m'entendent et puis elles sont contentes, ben c'est pas grave. Elles auront eu six jours de préparation et pas le... Tu penses que tu ne pourrais pas jouer l'Odysse ? Je ne suis pas sûr. Parce que je décline. Depuis deux jours, je décline fortement.

  • Speaker #1

    Spoiler, le concert aura bien lieu. Et je vous invite, la semaine prochaine, pour un nouvel épisode du podcast qui réveille les morts en musique.

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Description

Daniel & Stella #3


🎭 Il a tout fait cet homme-là. Il a appris le théâtre chez Ariane Mouchkine et suivi l’enseignement d'art dramatique du maître pédagogue Jacques Lecoq, ensuite il a tâté de la prod’ télé avec Jean-Luc Delarue, puis il est devenu à son tour directeur d'acteurs... il jouait du violon alto électrique à cinq cordes, il peignait, il écrivait des poèmes, il était marin… et électricien. Daniel était tout ça à la fois et bien d’autres choses encore.

 

🙏 Mais c’est surtout son engagement spirituel que nous allons va évoquer dans cet épisode. Et vous vous doutez bien qu’avec Daniel qui se définit à la fois comme anar et franciscain, on ne va pas sombrer dans les bondieuseries.

 

😇 Un compagnonnage avec Saint François d’Assise, c’est pas un karma de grenouille de bénitier. Daniel, qui était franciscain du tiers ordre, se reconnaissait dans ce mystique écolo adepte de la joie de vivre.

 

👉 Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer sa foi avec force en clashant l’interviewer agnostique : « Les agnostiques, ils me font rigoler. Parce qu'ils vivent de croyances ».

 

🫶 Pendant quelques minutes entrecoupées de silence, Daniel va livrer sa vision de la spiritualité forgée par une crise mystique et une connexion profonde avec Saint François d'Assise. Daniel, le franciscain du tiers-ordre était aussi farouchement anticlérial. Sa spiritualité était ancrée dans la joie de vivre et l'enchantement quotidien.

 

🕊️ La révélation selon « Saint Daniel » (il aimait se qualifier ainsi à chaque fois que le micro était coupé) se trouvait dans chaque être vivant. L’homme qui admirait le saint qui parlait aux oiseaux s’émerveillait des fourmis qui venait se nourrir de ses crachats. Bienvenue dans un épisode qui est aussi une ode à la vie.


🎙️ "A la vie à la mort" est une série réalisée par Eric Le Braz


🎨 Conception graphique  : Léa Barthe


🎧 Merci à Yann-Maël Le Roy de nous avoir prêté ses musiques.


🎶 Continent by ANBR, Digital mystery by Laurent Dury & JC Lemay ; Seeking the truth  by Laurent Dury ; In folio by Pierre Arrachart & Eve-Marie Bodet ; Vision of hope by Jean-Philippe Richard.


🗨️🎵 Extraits de l'émission "ça se discute" : "Quelle vie pendant et après le coma ?


👉A la vie à la mort est une série soutenue par Syprès, coopérative funéraire à Bordeaux. 

 

Retrouvez-nous sur 👉 Instagram

 

Suivez nous sur Linkedin. 👈


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François d'Aziz, et depuis je suis franciscain du tiers ordre. Moi j'ai été un peu effrayé par le Christ, moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Oulala, dites que vous êtes de sensibilité, franciscaine. » Et je lui dis, « Merde, moi je suis plutôt anarchiste, on va dire. »

  • Speaker #1

    Écoutez-moi ça. Ça vous rappelle quelque chose ? Enfin, si vous avez plus de 40 ans. C'est un générique qu'on entend, avec le public qui fait la claque en attendant la star. C'était une émission phare des années 90. On y débattait de sujets de société, très souvent, liés à Eros ou à Thanatos. « Bonsoir à tous, merci de nous recevoir, bonsoir. » Ça s'appelait « Ça se discute » . « Merci pour vos invités. » Et c'était animé par... Jean-Luc Delarme. On se retrouve comme chaque matin du soir sur France 2 pour 16 Discutes, consacré ce soir au coma, quelle vie pendant et après le coma, c'est donc le thème de 16 Discutes ce soir. Le coma, plus tout à fait la vie, pas tout à fait la mort non plus, un entre-deux mystérieux qui fascine tous ceux qui y sont confrontés. Pendant que l'animateur vedette débitait son intro avec son légendaire débit de mitraillette, dans la régie, un certain Daniel Esposito s'activait. Il était côté prod. Ce fut l'un de ses multiples métiers. Car on arrive au troisième épisode de cette saison et je n'ai pas encore évoqué la vie d'avant la fin de vie de Daniel. Il faut dire que si on commençait à la raconter dans le détail, on partirait sur une vingtaine d'épisodes, car il a tout fait Daniel. De Bordeaux, il est monté à la capitale pour faire du théâtre et il en a fait. Avec Ariane Mouchkine, au Théâtre du Soleil.

  • Speaker #0

    On a créé le Théâtre du Soleil parce qu'on voulait être heureux. C'était ça le but. Donc on vit en troupe parce qu'on a envie que l'amour dure jusqu'à la mort.

  • Speaker #1

    Puis il a bifurqué vers la télé chez Delarue donc, et ensuite est revenu enseigner le théâtre à Bordeaux. Il a été marin, peintre, écrivain, musicien surtout. On découvrira tous ses talents dans les épisodes suivants. Mais pour l'instant, on revient dans la salle des familles des soins palliatifs de la Réole, en Sud-Gironde. Et on va l'écouter résumer son parcours rapidement et ses convictions profondément. Alors moi je travaille à Capsule,

  • Speaker #0

    on habite à Villondreau. Toi, tu n'es pas du tout de la région. Ça se sent. Ah, t'es pas rigolo ! Je n'ai vécu 20 ans à Paris, moi, je suis évidemment arrêté, c'est plus facile. Puis, je suis allé à Paris avec le Chine et le Stobo. Et c'est la première fois que je viens à Révol. Mais on n'habite pas. De toute façon, on ne vend, c'est le trou du cul du monde. C'est un endroit... Non,

  • Speaker #1

    c'est beau la Révol, ça.

  • Speaker #0

    mais moi c'est pareil je suis revenu de paris après un divorce et je voulais vivre à la campagne ma soeur habiter en sud gironde et je suis venu voir par là j'ai rencontré une mignonnette avec qui j'ai fait un enfant mon troisième donc et ça m'a bien plu surtout son appareil à bordeaux que ça les études électricien alors pas et Je m'y suis ancré. C'est ce qui explique que je veux que mon urne soit dans le columbarium et pas distribué dans les océans politiques. Donc on s'est enraciné. Moi, je suis un Parisien enraciné qui vient de Bordeaux, mais qui s'est enraciné à Vidambro. Donc je suis gironde et j'y tiens beaucoup. Ça a beaucoup de sens pour moi. Parce que c'est là que j'ai pu trouver la paix, avoir un métier honnête. Il n'y en a pas beaucoup, moi. C'est un métier où tu es payé pour faire des choses simples, qui font plaisir à des gens. Tu n'es pas très bien payé, mais... Ah, honnête dans le sens... Juste. Justesse, pas honnête dans le sens... Par rapport à mes valeurs, oui. Oui, honnête par rapport à toi, d'accord. Oui, juste. J'étais artisan électricien, alors que la télé ou les médias de comédien, c'est beaucoup plus compliqué, quoi. On est obligé toujours de vendre des choses, de se vendre, de se surestimer ou de se remettre en question. Là, à partir du moment où tu réparles les trucs des gens, ils sont contents, c'est simple. Et c'est parce qu'aussi j'ai un engagement spirituel auprès de l'ordre des franciscains.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    C'est bien. C'est là que j'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François Lassise. Et depuis, je suis franciscain du tiers-ordre. Ah bon ? J'ignorais alors cet aspect de la personnalité. La cérémonie serait dans mes yeux, alors ? Ah non, surtout pas. Je suis anticlérical, je suis antireligieux. On peut être franciscain et anticlérical ? Ouais. Parce qu'entre nous, moi je fais partie de l'ordre des frères de Marie, et entre nous on dit au FM, ça veut dire on fout la merde. Je suis convaincu que notre époque n'est pas religieuse dans le bon sens, c'est-à-dire on n'est pas relié. Je suis convaincu que le vrai amour, la vraie spiritualité, elle est à côté de la religion en ce moment. Je dis ça très sérieusement. Oui, tu vois que c'est vrai. Oui, parce que c'est un petit François, c'est la joie de vivre, c'est la joie d'être. Et est-ce qu'il me tait en ce moment ? Il est présent.

  • Speaker #1

    Là, il s'est eu longuement, très longuement. Je croyais pourtant que ma question était anodine, à peine provoque. Tu parles. Elle était complètement à côté de la plaque. Non, il était bouleversé, mais il n'avait pas l'intention d'arrêter, juste de me recadrer comme on me l'a rarement fait dans toute ma vie de poseur de questions à la con.

  • Speaker #0

    T'es arrêté ? Oui, pas. Parce que la question est violente.

  • Speaker #1

    Violente, la question ? À côté de la plaque, d'accord, mais violente ?

  • Speaker #0

    Mais c'est un peu long de répondre. Mais si on considère que la vie est plus forte que tout, les vrais saints, les vrais êtres purs sont les gens qui sont reliés à la vie et qui la font passer. Donc la question est-ce que François est là ? Moi qui ai été touché 8 siècles plus tard par un mec qui est mort il y a 8 siècles, je peux pas te dire non il est pas là. Il est partout, il est partout et moi j'étais un peu effrayé par le Christ. Parce qu'à l'époque, je ne comprenais pas la dimension du Christ. Depuis, j'ai lu pas mal de bouquins de meurois qui me font toucher du doigt, saisir ce que pouvait être le Christ. Et je pense que c'est un homme qui était initié, qui était très humain, et en même temps, à moitié Dieu. Et donc, sa parole a été dévoyée, son image a été utilisée. Le symbole de la croix est complètement décalé si on ne comprend pas ce qu'est la croix, si on ne comprend pas que c'est une horizontale avec une verticale, et qu'on est là nous dans l'horizontale et qu'on grandit que grâce à la verticale. Moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Je parle de lumière, je parle de vie, je parle de joie. Et petit François est évidemment là tous les jours et il est surtout là quand je converse avec les infirmières, tous les gens qui sont là et qui donnent leur cœur, leur vie, leur énergie. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Ouh là là, dites que vous êtes de sensibilité, franciscain. » Et je les emmerde. Moi, je suis plutôt anarchiste, on va dire. Et sur le plan religieux, je suis plutôt anarchiste aussi. où François est là, Marie est là, Jésus est là, tous les saints du monde sont là. Celui que j'appelle le plus en ce moment, c'est Raphaël, parce que c'est le saint du merveilleux, et que des fois, ces murs, cet environnement, sont un peu secs. Voilà. Après les agnostiques, ils me font rigoler, mais bon... Parce qu'ils vivent de croyances, d'énormément de croyances, et le fait de ne pas croire est absolument ridicule. Donc moi je crois aux papillons, je crois à l'aide des papillons, je crois à Christian Bobin, je crois à tout ce qui favorise la vie. Et j'attaque un peu ceux qui font semblant qu'en attendant que peut-être un jour il y ait une révélation, alors que la révélation elle est là, c'est la vie, elle est à côté de nous et on passe notre temps ou à la toucher ou à la rater. et que moi j'utilise plus pour essayer de la toucher en permanence que de la rater en permanence. Tu m'aurais dit athée, alors là ça m'aurait été intéressé encore plus, parce que la question que je pose aux athées c'est, donc tu es contre Dieu, alors c'est quoi Dieu ? Je préfère, et même animiste, tu vois, que tu t'émerveilles devant une fourmi,

  • Speaker #1

    Quelle tirade ! Si ma question était violente, sa réponse était magistrale. Tiens, prends ça dans ta petite tête d'agnostique, de polyathéiste, de ce que tu veux. Mais ce que j'ignorais... C'était comment, ou plutôt, pourquoi il s'était converti ? Et comment le saint, qui parlait aux oiseaux, l'avait sauvé, il y a 25 ans ?

  • Speaker #0

    C'était là aussi, elle en parlait, mais elle a fait une démarche spirituelle. On se croise aussi là-dessus, sur ce chemin-là, même si nos approches sont complètement différentes. Parce que moi, ce dont je parle, c'est il y a 25 ans, c'est après le suicide de ma mère. où j'ai perdu tous mes repères. Mais quand j'étais petit, j'étais croyant. Comme a dit une copine, moi je ne crois pas, je suis sûr. Et maintenant, je crois que tous les deux, on est sûrs. Sûrs de quoi ? sur que la vie existe, et que la vie nous dépasse, et qu'on peut la toucher du doigt tous les jours, et qu'on peut la favoriser ou la défavoriser. Moi, l'expression, c'est être au service. Et si je rajoute une expression derrière, je dirais être au service de la vie. Voilà. Quand je vois que quand je crache, il y a des petits insectes qui viennent la nuit pour bouffer mon crachat, je suis émerveillé. J'ai même eu un hérisson le jour. Et là, j'essaie d'attirer un rouge-gorge. Parce que c'est là la mini-miette sur le rebord de la fenêtre et il n'y a personne qui vient. Tu as vu, là, il y a un lézard. Tu le vois ? Et la vie, elle est partout. Donc, c'est avec ça qu'il faut rester en contact. Tu vois, c'est tout et c'est rien en même temps. Et ça n'a pas de... ça n'a pas de définition claire quoi. À part que dans ton cœur, tu sais quand tu es dans la vie ou tu sais quand tu n'y es pas quoi. Voilà. Et j'espère que je serai dans le cœur au moment de mourir. Et après évidemment j'attends toutes les récompenses. Lesquelles ? Bah déjà ça serait de ne plus avoir mal. Et puis après, j'ai quelques potes à retrouver qui sont venus ces dernières années, que j'aimais beaucoup. Ma mère, ma sœur.

  • Speaker #1

    Hôpital Silence, tu parles. Il y a toujours une moto qui passe. Et un ange aussi. Comme François d'Assise, le saint écolo, Daniel s'émerveille de la vie, de la nature, des animaux, et c'est paradoxalement parce qu'il aimait tant la vie qu'il a pu la quitter sereinement. Mais avant de tirer sa révérence, il avait un dernier projet qu'on a déjà évoqué la semaine dernière, donner un concert pour toutes les mourantes et les mourants du bâtiment, à l'occasion de la vente de Noël des infirmières.

  • Speaker #0

    Mais depuis que j'ai trouvé ce concert, elle m'a ramené l'instrument et je ne l'ai pas demandé, elle l'avait mis là. Bon, voilà, après on me parle de ça, je dis, parce que c'est toujours spontané, c'est moi qui dis, si vous voulez, je peux jouer pour vous, pour l'occasion. Et ça me fait revivre, quoi. Moi, j'ai la carotte, là, qui me dit... C'est un projet. Ouais, ça fait un projet, quoi, tu vois, incroyable. Il y a des jours là quand je suis pas bien, je me dis ben je n'aurai pas la force quoi. Je n'aurai pas la force physiquement. Je ne pourrai pas. Mais comme déjà dans les couloirs elles m'entendent et puis elles sont contentes, ben c'est pas grave. Elles auront eu six jours de préparation et pas le... Tu penses que tu ne pourrais pas jouer l'Odysse ? Je ne suis pas sûr. Parce que je décline. Depuis deux jours, je décline fortement.

  • Speaker #1

    Spoiler, le concert aura bien lieu. Et je vous invite, la semaine prochaine, pour un nouvel épisode du podcast qui réveille les morts en musique.

Description

Daniel & Stella #3


🎭 Il a tout fait cet homme-là. Il a appris le théâtre chez Ariane Mouchkine et suivi l’enseignement d'art dramatique du maître pédagogue Jacques Lecoq, ensuite il a tâté de la prod’ télé avec Jean-Luc Delarue, puis il est devenu à son tour directeur d'acteurs... il jouait du violon alto électrique à cinq cordes, il peignait, il écrivait des poèmes, il était marin… et électricien. Daniel était tout ça à la fois et bien d’autres choses encore.

 

🙏 Mais c’est surtout son engagement spirituel que nous allons va évoquer dans cet épisode. Et vous vous doutez bien qu’avec Daniel qui se définit à la fois comme anar et franciscain, on ne va pas sombrer dans les bondieuseries.

 

😇 Un compagnonnage avec Saint François d’Assise, c’est pas un karma de grenouille de bénitier. Daniel, qui était franciscain du tiers ordre, se reconnaissait dans ce mystique écolo adepte de la joie de vivre.

 

👉 Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer sa foi avec force en clashant l’interviewer agnostique : « Les agnostiques, ils me font rigoler. Parce qu'ils vivent de croyances ».

 

🫶 Pendant quelques minutes entrecoupées de silence, Daniel va livrer sa vision de la spiritualité forgée par une crise mystique et une connexion profonde avec Saint François d'Assise. Daniel, le franciscain du tiers-ordre était aussi farouchement anticlérial. Sa spiritualité était ancrée dans la joie de vivre et l'enchantement quotidien.

 

🕊️ La révélation selon « Saint Daniel » (il aimait se qualifier ainsi à chaque fois que le micro était coupé) se trouvait dans chaque être vivant. L’homme qui admirait le saint qui parlait aux oiseaux s’émerveillait des fourmis qui venait se nourrir de ses crachats. Bienvenue dans un épisode qui est aussi une ode à la vie.


🎙️ "A la vie à la mort" est une série réalisée par Eric Le Braz


🎨 Conception graphique  : Léa Barthe


🎧 Merci à Yann-Maël Le Roy de nous avoir prêté ses musiques.


🎶 Continent by ANBR, Digital mystery by Laurent Dury & JC Lemay ; Seeking the truth  by Laurent Dury ; In folio by Pierre Arrachart & Eve-Marie Bodet ; Vision of hope by Jean-Philippe Richard.


🗨️🎵 Extraits de l'émission "ça se discute" : "Quelle vie pendant et après le coma ?


👉A la vie à la mort est une série soutenue par Syprès, coopérative funéraire à Bordeaux. 

 

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François d'Aziz, et depuis je suis franciscain du tiers ordre. Moi j'ai été un peu effrayé par le Christ, moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Oulala, dites que vous êtes de sensibilité, franciscaine. » Et je lui dis, « Merde, moi je suis plutôt anarchiste, on va dire. »

  • Speaker #1

    Écoutez-moi ça. Ça vous rappelle quelque chose ? Enfin, si vous avez plus de 40 ans. C'est un générique qu'on entend, avec le public qui fait la claque en attendant la star. C'était une émission phare des années 90. On y débattait de sujets de société, très souvent, liés à Eros ou à Thanatos. « Bonsoir à tous, merci de nous recevoir, bonsoir. » Ça s'appelait « Ça se discute » . « Merci pour vos invités. » Et c'était animé par... Jean-Luc Delarme. On se retrouve comme chaque matin du soir sur France 2 pour 16 Discutes, consacré ce soir au coma, quelle vie pendant et après le coma, c'est donc le thème de 16 Discutes ce soir. Le coma, plus tout à fait la vie, pas tout à fait la mort non plus, un entre-deux mystérieux qui fascine tous ceux qui y sont confrontés. Pendant que l'animateur vedette débitait son intro avec son légendaire débit de mitraillette, dans la régie, un certain Daniel Esposito s'activait. Il était côté prod. Ce fut l'un de ses multiples métiers. Car on arrive au troisième épisode de cette saison et je n'ai pas encore évoqué la vie d'avant la fin de vie de Daniel. Il faut dire que si on commençait à la raconter dans le détail, on partirait sur une vingtaine d'épisodes, car il a tout fait Daniel. De Bordeaux, il est monté à la capitale pour faire du théâtre et il en a fait. Avec Ariane Mouchkine, au Théâtre du Soleil.

  • Speaker #0

    On a créé le Théâtre du Soleil parce qu'on voulait être heureux. C'était ça le but. Donc on vit en troupe parce qu'on a envie que l'amour dure jusqu'à la mort.

  • Speaker #1

    Puis il a bifurqué vers la télé chez Delarue donc, et ensuite est revenu enseigner le théâtre à Bordeaux. Il a été marin, peintre, écrivain, musicien surtout. On découvrira tous ses talents dans les épisodes suivants. Mais pour l'instant, on revient dans la salle des familles des soins palliatifs de la Réole, en Sud-Gironde. Et on va l'écouter résumer son parcours rapidement et ses convictions profondément. Alors moi je travaille à Capsule,

  • Speaker #0

    on habite à Villondreau. Toi, tu n'es pas du tout de la région. Ça se sent. Ah, t'es pas rigolo ! Je n'ai vécu 20 ans à Paris, moi, je suis évidemment arrêté, c'est plus facile. Puis, je suis allé à Paris avec le Chine et le Stobo. Et c'est la première fois que je viens à Révol. Mais on n'habite pas. De toute façon, on ne vend, c'est le trou du cul du monde. C'est un endroit... Non,

  • Speaker #1

    c'est beau la Révol, ça.

  • Speaker #0

    mais moi c'est pareil je suis revenu de paris après un divorce et je voulais vivre à la campagne ma soeur habiter en sud gironde et je suis venu voir par là j'ai rencontré une mignonnette avec qui j'ai fait un enfant mon troisième donc et ça m'a bien plu surtout son appareil à bordeaux que ça les études électricien alors pas et Je m'y suis ancré. C'est ce qui explique que je veux que mon urne soit dans le columbarium et pas distribué dans les océans politiques. Donc on s'est enraciné. Moi, je suis un Parisien enraciné qui vient de Bordeaux, mais qui s'est enraciné à Vidambro. Donc je suis gironde et j'y tiens beaucoup. Ça a beaucoup de sens pour moi. Parce que c'est là que j'ai pu trouver la paix, avoir un métier honnête. Il n'y en a pas beaucoup, moi. C'est un métier où tu es payé pour faire des choses simples, qui font plaisir à des gens. Tu n'es pas très bien payé, mais... Ah, honnête dans le sens... Juste. Justesse, pas honnête dans le sens... Par rapport à mes valeurs, oui. Oui, honnête par rapport à toi, d'accord. Oui, juste. J'étais artisan électricien, alors que la télé ou les médias de comédien, c'est beaucoup plus compliqué, quoi. On est obligé toujours de vendre des choses, de se vendre, de se surestimer ou de se remettre en question. Là, à partir du moment où tu réparles les trucs des gens, ils sont contents, c'est simple. Et c'est parce qu'aussi j'ai un engagement spirituel auprès de l'ordre des franciscains.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    C'est bien. C'est là que j'ai eu une crise mystique en 2000, j'ai été traversé par François Lassise. Et depuis, je suis franciscain du tiers-ordre. Ah bon ? J'ignorais alors cet aspect de la personnalité. La cérémonie serait dans mes yeux, alors ? Ah non, surtout pas. Je suis anticlérical, je suis antireligieux. On peut être franciscain et anticlérical ? Ouais. Parce qu'entre nous, moi je fais partie de l'ordre des frères de Marie, et entre nous on dit au FM, ça veut dire on fout la merde. Je suis convaincu que notre époque n'est pas religieuse dans le bon sens, c'est-à-dire on n'est pas relié. Je suis convaincu que le vrai amour, la vraie spiritualité, elle est à côté de la religion en ce moment. Je dis ça très sérieusement. Oui, tu vois que c'est vrai. Oui, parce que c'est un petit François, c'est la joie de vivre, c'est la joie d'être. Et est-ce qu'il me tait en ce moment ? Il est présent.

  • Speaker #1

    Là, il s'est eu longuement, très longuement. Je croyais pourtant que ma question était anodine, à peine provoque. Tu parles. Elle était complètement à côté de la plaque. Non, il était bouleversé, mais il n'avait pas l'intention d'arrêter, juste de me recadrer comme on me l'a rarement fait dans toute ma vie de poseur de questions à la con.

  • Speaker #0

    T'es arrêté ? Oui, pas. Parce que la question est violente.

  • Speaker #1

    Violente, la question ? À côté de la plaque, d'accord, mais violente ?

  • Speaker #0

    Mais c'est un peu long de répondre. Mais si on considère que la vie est plus forte que tout, les vrais saints, les vrais êtres purs sont les gens qui sont reliés à la vie et qui la font passer. Donc la question est-ce que François est là ? Moi qui ai été touché 8 siècles plus tard par un mec qui est mort il y a 8 siècles, je peux pas te dire non il est pas là. Il est partout, il est partout et moi j'étais un peu effrayé par le Christ. Parce qu'à l'époque, je ne comprenais pas la dimension du Christ. Depuis, j'ai lu pas mal de bouquins de meurois qui me font toucher du doigt, saisir ce que pouvait être le Christ. Et je pense que c'est un homme qui était initié, qui était très humain, et en même temps, à moitié Dieu. Et donc, sa parole a été dévoyée, son image a été utilisée. Le symbole de la croix est complètement décalé si on ne comprend pas ce qu'est la croix, si on ne comprend pas que c'est une horizontale avec une verticale, et qu'on est là nous dans l'horizontale et qu'on grandit que grâce à la verticale. Moi je suis bouddhiste, je suis ce que tu veux, je suis chaman, je suis... je m'en fous. Je parle de lumière, je parle de vie, je parle de joie. Et petit François est évidemment là tous les jours et il est surtout là quand je converse avec les infirmières, tous les gens qui sont là et qui donnent leur cœur, leur vie, leur énergie. Mais par contre, je ne veux pas être édicté comme religieux. Une fois, il y a un prêtre, je lui dis, je suis franciscain, il m'a dit, « Ouh là là, dites que vous êtes de sensibilité, franciscain. » Et je les emmerde. Moi, je suis plutôt anarchiste, on va dire. Et sur le plan religieux, je suis plutôt anarchiste aussi. où François est là, Marie est là, Jésus est là, tous les saints du monde sont là. Celui que j'appelle le plus en ce moment, c'est Raphaël, parce que c'est le saint du merveilleux, et que des fois, ces murs, cet environnement, sont un peu secs. Voilà. Après les agnostiques, ils me font rigoler, mais bon... Parce qu'ils vivent de croyances, d'énormément de croyances, et le fait de ne pas croire est absolument ridicule. Donc moi je crois aux papillons, je crois à l'aide des papillons, je crois à Christian Bobin, je crois à tout ce qui favorise la vie. Et j'attaque un peu ceux qui font semblant qu'en attendant que peut-être un jour il y ait une révélation, alors que la révélation elle est là, c'est la vie, elle est à côté de nous et on passe notre temps ou à la toucher ou à la rater. et que moi j'utilise plus pour essayer de la toucher en permanence que de la rater en permanence. Tu m'aurais dit athée, alors là ça m'aurait été intéressé encore plus, parce que la question que je pose aux athées c'est, donc tu es contre Dieu, alors c'est quoi Dieu ? Je préfère, et même animiste, tu vois, que tu t'émerveilles devant une fourmi,

  • Speaker #1

    Quelle tirade ! Si ma question était violente, sa réponse était magistrale. Tiens, prends ça dans ta petite tête d'agnostique, de polyathéiste, de ce que tu veux. Mais ce que j'ignorais... C'était comment, ou plutôt, pourquoi il s'était converti ? Et comment le saint, qui parlait aux oiseaux, l'avait sauvé, il y a 25 ans ?

  • Speaker #0

    C'était là aussi, elle en parlait, mais elle a fait une démarche spirituelle. On se croise aussi là-dessus, sur ce chemin-là, même si nos approches sont complètement différentes. Parce que moi, ce dont je parle, c'est il y a 25 ans, c'est après le suicide de ma mère. où j'ai perdu tous mes repères. Mais quand j'étais petit, j'étais croyant. Comme a dit une copine, moi je ne crois pas, je suis sûr. Et maintenant, je crois que tous les deux, on est sûrs. Sûrs de quoi ? sur que la vie existe, et que la vie nous dépasse, et qu'on peut la toucher du doigt tous les jours, et qu'on peut la favoriser ou la défavoriser. Moi, l'expression, c'est être au service. Et si je rajoute une expression derrière, je dirais être au service de la vie. Voilà. Quand je vois que quand je crache, il y a des petits insectes qui viennent la nuit pour bouffer mon crachat, je suis émerveillé. J'ai même eu un hérisson le jour. Et là, j'essaie d'attirer un rouge-gorge. Parce que c'est là la mini-miette sur le rebord de la fenêtre et il n'y a personne qui vient. Tu as vu, là, il y a un lézard. Tu le vois ? Et la vie, elle est partout. Donc, c'est avec ça qu'il faut rester en contact. Tu vois, c'est tout et c'est rien en même temps. Et ça n'a pas de... ça n'a pas de définition claire quoi. À part que dans ton cœur, tu sais quand tu es dans la vie ou tu sais quand tu n'y es pas quoi. Voilà. Et j'espère que je serai dans le cœur au moment de mourir. Et après évidemment j'attends toutes les récompenses. Lesquelles ? Bah déjà ça serait de ne plus avoir mal. Et puis après, j'ai quelques potes à retrouver qui sont venus ces dernières années, que j'aimais beaucoup. Ma mère, ma sœur.

  • Speaker #1

    Hôpital Silence, tu parles. Il y a toujours une moto qui passe. Et un ange aussi. Comme François d'Assise, le saint écolo, Daniel s'émerveille de la vie, de la nature, des animaux, et c'est paradoxalement parce qu'il aimait tant la vie qu'il a pu la quitter sereinement. Mais avant de tirer sa révérence, il avait un dernier projet qu'on a déjà évoqué la semaine dernière, donner un concert pour toutes les mourantes et les mourants du bâtiment, à l'occasion de la vente de Noël des infirmières.

  • Speaker #0

    Mais depuis que j'ai trouvé ce concert, elle m'a ramené l'instrument et je ne l'ai pas demandé, elle l'avait mis là. Bon, voilà, après on me parle de ça, je dis, parce que c'est toujours spontané, c'est moi qui dis, si vous voulez, je peux jouer pour vous, pour l'occasion. Et ça me fait revivre, quoi. Moi, j'ai la carotte, là, qui me dit... C'est un projet. Ouais, ça fait un projet, quoi, tu vois, incroyable. Il y a des jours là quand je suis pas bien, je me dis ben je n'aurai pas la force quoi. Je n'aurai pas la force physiquement. Je ne pourrai pas. Mais comme déjà dans les couloirs elles m'entendent et puis elles sont contentes, ben c'est pas grave. Elles auront eu six jours de préparation et pas le... Tu penses que tu ne pourrais pas jouer l'Odysse ? Je ne suis pas sûr. Parce que je décline. Depuis deux jours, je décline fortement.

  • Speaker #1

    Spoiler, le concert aura bien lieu. Et je vous invite, la semaine prochaine, pour un nouvel épisode du podcast qui réveille les morts en musique.

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