Description
Depuis une semaine, le Monde propose à ses lecteurs de retrouver ses informations sur WhatsApp, pour suivre de plus près l’actualité du coronavirus. C’est l’équipe des Décodeurs qui a mis en place ce service, pour lutter encore plus efficacement contre les fake news. Mais c’est à la porte de leurs consoeurs et confrères du Monde Afrique qu’ils ont frappé pour mieux connaître WhatsApp et ses utilisateurs.
Depuis un an et demi, en effet, Le Monde Afrique est présent sur WhatsApp. D’abord via les groupes, puis en touchant un plus grand nombre de personnes grâce à des logiciels spécifiques. La formule a vite connu un franc succès auprès de ses lecteurs, tant l’application de messagerie est populaire sur le continent africain. Mais depuis la fin de l’année 2019, WhatsApp (qui appartient à Facebook) a changé les règles du jeu et les médias ont dû s’adapter.
Au Monde Afrique, on est passé à la fabrication de “statuts” pour continuer à diffuser l’information. Et ça marche !
Marilyne Baumard, la rédactrice en chef du Monde Afrique, est l’invitée de ce nouvel épisode d’A Parte. Elle revient avec nous sur l’aventure de sa rédaction sur WhatsApp, de ses bénéfices et de ses limites. Elle nous parle aussi du traitement de l’information au temps du coronavirus.
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Pour aller plus loin
Pour s’abonner aux statuts du Monde Afrique sur WhatsApp :
Pour suivre l’actualité du coronavirus avec les Décodeurs sur WhatsApp
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L’essentiel de l’épisode
Le WhatsApp des Décodeurs
Les Décodeurs sont allés chercher un petit peu les mêmes choses que nous sur WhatsApp. C'est à dire un lien beaucoup plus proche avec le lecteur, mais aussi une info qui passe mieux et qui passe vers des personnes qui, peut être, ne passent pas leurs journées à écouter le live du monde.fr. Ça leur permet de toucher un autre public, de le toucher différemment.
Ça permet à ces messages d'être beaucoup plus viraux que ne peut l'être un article du Monde.
Avec la fermeture des frontières un peu partout, bien WhatsApp, c'est une porte d'entrée qui permet d'être écouté, d'être lu dans la francophonie un peu partout dans le monde. C’était un objectif aussi des Décodeurs d'aller, comme Le Monde Afrique, chercher un public non français.
Test and learn
On a commencé sur WhatsApp, au Monde Afrique, en se disant on va voir ce que ça donne. Comme on est aujourd'hui sur Telegram : on voit ce que ça donne. On n’en sait rien. Il faut inventer. Il faut regarder pour regarder ce qui plaît au lecteur, ce qu'il a envie de lire et ce qui est utile dans le paysage aujourd'hui.
Les relations avec WhatsApp
On a déjà eu beaucoup de mal à créer un lien avec l’entreprise WhatsApp. C'est une toute petite équipe qui n’a pas de représentation en France. Donc, ils ne s'embêtent pas à discuter avec les médias.
Les choses sont devenues très compliquées quand ils ont changé les règles du jeu. Ce qui se passait au départ, lorsqu'on a lancé le WhatsApp Afrique, c'est que l'on pouvait, par un logiciel, déplafonner nos 256 abonnés par groupe. Ce qui fait que l'on avait un immense groupe d'abonnés qui ne prenait pas en compte ce chiffre plafond de 256. Et puis, un jour, au cœur de l'été 2019, WhatsApp a donc annoncé que tout ça s'était terminé, qu'il n'était plus question d'avoir des logiciels qui plafonnent et qu’il fallait rentrer dans le moule et se limiter à la diffusion d'une information à 256 personnes. Ce qui était totalement inconcevable pour nous.
L’utilisation de statuts de WhatsApp
Alors on a testé nos abonnés WhatsApp. On leur a demandé : “Qu'est ce qui vous conviendrait? Qu'est ce que vous aimeriez qu'on fasse pour continuer à vous informer via WhatsApp?”
Et ils nous ont dit : “Nous, on regarde les statuts WhatsApp.” C'est là qu'on a commencé à faire des petites vidéos qui présentent aussi une actualité dans les statuts de l’application.
Il y a un peu l'équivalent du chapeau et du premier paragraphe d'un article, mais s'il le souhaite, l’internaute peut cliquer sur le lien et se retrouver sur le site du Monde Afrique pour lire l’article en intégralité.
Cela ne change pas l'info qu'on donne. On repart toujours de notre info de base. Ce qui change, c'est son mode de présentation. C’est la porte d'entrée qui change et qui va faire que l'on est plus engageant et que l'on va aussi permettre à des gens qui n'ont pas envie de lire cinq feuillets sur les tests coronavirus d'avoir cette information. Et puis, petit à petit, d'aller de plus en plus vers des articles plus longs.
Qu’est-ce qui change ?
Donc, ce n'est pas l'info qui change, mais c'est la façon de l'amener. Et ça aussi, c'est très enrichissant pour nous, journalistes, parce que on a envie aussi que les choses bougent un peu.
On a envie de bouger les formats. C'est quand même un vrai espace de liberté qui est intéressant à utiliser.
La contrainte du format sur WhatsApp, c'est la même contrainte que quand on veut faire un bon papier. C'est de donner un maximum d'infos dès le début, sans rebuter. Donc, c'est répondre à ces fameuses quatre ou cinq questions importantes (les 5W). Et en même temps, que ce soit en engageant que ce soit un peu fun et que ce soit beau aussi.
A partir du moment où l'information est vérifiée, c'est notre standard. La forme, elle peut bouger, elle doit bouger, elle doit évoluer.
Les statistiques d’audience, les retours
Le nombre de retours qu'on a est aussi un vrai moyen de mesurer l'implication des lecteurs et leur attrait pour ce vecteur d'information. Mais ce qu'on ne peut pas mesurer, c'est le nombre de partages.
WhatsApp en Afrique
En Tunisie, WhatsApp n'a pas une bonne réputation. Alors que sur toute l'Afrique francophone d'Afrique de l'Ouest, ça marche vraiment très bien. C’est le cas aussi au Maroc et en Algérie. On a vu que ça avait beaucoup augmenté pendant les événements en Algérie. Au Cameroun aussi, ça fonctionne bien.
Le Monde Afrique au temps du coronavirus
On a une vingtaine de correspondants en Afrique. Ils sont tous restés sur place et ils travaillent tous. Ils sont tous en lien avec les populations, même si on leur demande de prendre des précautions pour travailler. Mais ils font leur boulot sur le terrain pour essayer de voir quelles sont les limites de ces beaux messages qui, vus de France, disent que l’Afrique est confinée. Il y a des choses qui sont qui sont impossibles en Afrique. “Lavez-vous les mains vingt fois par jour !” D'accord. Mais quand on est dans un quartier où il n'y a pas d'eau courante, comment on s'y prend ?
Tous nos déplacements d'un pays à l'autre se sont arrêtés. Donc on travaille à Paris, on fait remonter de l'info beaucoup plus de nos correspondants qui, eux, sont restés sur le terrain.
Et puis sur place ? Bah, voilà, ce qu'on demande, c'est d'être prudent. Bien sûr, on a des journalistes malades, ils se soignent. Et puis on est avec eux et on surveille que les choses ne dégénèrent pas. Et on continue à aller voir sur le terrain, à être au plus près des gens.
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Crédits
Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale : Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr