Comment France Inter innove en pleine crise, avec Erwann Gaucher cover
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A Parte

Comment France Inter innove en pleine crise, avec Erwann Gaucher

Comment France Inter innove en pleine crise, avec Erwann Gaucher

28min |02/04/2020
Play
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28min |02/04/2020
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Description

A Parte poursuit sa série sur les médias en pleine gestion de crise du Covid-19.
Cette semaine, Erwann Gaucher, le directeur du numérique de France Inter, a trouvé un rapide créneau pour nous raconter à chaud comment les choses s’organisent au sein de la “première radio de France” et comment innover, avec des “concerts dans la cuisine” inaugurés avec Stéphane Eicher ou un nouveau podcast, “Paroles de soignants”.

Il a fallu abandonner les captations vidéos des émissions d’info en studio qui cartonnent sur Youtube en temps normal et constituent un tiers de l’audience numérique. Une solution a finalement été trouvée - en visioconférence - pour les humoristes. Parallèlement, cette crise a été l’occasion de mettre l’accent sur la mission éducative d’Inter. Des trésors ont été dénichés pour aider les lycéens à réviser leur bac de français ou d’histoire.

France Inter mise aussi sur les podcasts natifs. Cette semaine, elle inaugure une production quotidienne, publiée juste avant les applaudissements de 20 heures, avec des témoignages de soignants sur 5 à 7 minutes. Et en quinze jours, les podcasts "Les Odyssées" et "Les histoires d'Oli" ont dépassé les 2 millions d’écoutes. 

Dernière tendance, comme nombre d’autres médias, la radio publique ouvre grand son antenne aux questions des auditeurs et auditrices. Un flot incroyable de questions sont envoyées directement sur Facebook en messages directs. Elles ont toutes droit à une réponse informée.

Que restera-t-il après la crise ? A minima de nouvelles habitudes de travail, constate celui qui se décrit sur Twitter comme un “agitateur de rédaction”. Il est servi.

-----

L’essentiel de l’épisode 

Mise en place en un week-end

[00:02:56] 

France Inter étant ce qu'on appelle un opérateur d'importance vitale, il était, dans le cadre d'une crise sanitaire comme celle que l'on vit depuis quinze jours, absolument essentiel que nous soyons en capacité de continuer à émettre sur les ondes, mais aussi de mettre ces contenus à disposition de tout le monde sur les différents devices numériques, le site, l'application et l'ensemble des supports sur lesquels nos auditeurs nous écoutent chaque jour en numérique. Avec comme pour tout le monde, la petite difficulté de l'équation, c'est que il ne fallait plus personne à la Maison de la radio.

[00:05:22] 

Il fallait vraiment qu'on soit efficace tout de suite parce que nos audiences ont quasiment triplé en quelques heures, les visites, les écoutes, en direct, en podcast. On a senti ce réflexe qui rappelle l'importance de la radio dans les moments de crise. C'est vraiment le média vers lequel se tourne naturellement le plus de monde. C’est de brancher la radio quand il se passe quelque chose de très grave et très important. 

La vidéo

[00:05:58] 

La première chose, par la force des choses, ça a été de supprimer la vidéo. Et ce n'est pas anecdotique parce qu'aujourd'hui un tiers de l'audience numérique de France Inter se fait en vidéo. C'est un des grands lieux de conquête. On a une chaîne YouTube qui marche très, très fort, avec plus d'un demi-million d'abonnés. On fait environ 40 à 45 millions de vidéos vues par mois. Ça représente vraiment une grosse part de notre audience et c'est sans aucun doute, même si on n'a pas de chiffres précis, on le voit par recoupement, une grande partie d'internautes qui ne sont pas des auditeurs de radio. Donc ce sont des gens qui n’écoutent France Inter que par le biais de la vidéo et notamment de YouTube.

Dans les premiers jours, on a donc dû couper puisqu'on n'avait plus personne en studio, on n’avait plus d'invités, on n'avait plus non plus suffisamment de gens pour s'occuper de la radio filmée, puisqu'on a évidemment transféré le maximum des forces vers l'antenne pour avoir le moins de monde possible de gens dans des studios. 

Petit à petit, on y est revenu, à travers des fausses vidéos qui sont les fameuses vidéos avec des ondes défilant sur des photos. Et puis depuis le début de la semaine, notamment à travers les chroniques d'humour très, très attendues qu'on nous réclamait beaucoup.

Accent sur l’éducation et les podcasts

[00:08:33] 

Cela s’est très vite mis en place. Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, côté numérique à Inter, on travaille avec l'envie de proposer aux enfants et aux jeunes parents des choses à écouter, à faire écouter à leurs enfants sans avoir à les mettre devant un écran. Et le podcast est assez génial pour ça. Et il suffit de voir un enfant entre jouer aux playmobil en écoutant “Les Odyssées” pour comprendre tout l'intérêt, c'est-à-dire qu'il n'est pas captif de la chose.

[00:09:37] 

Ces offres ont vraiment beaucoup plus cartonné que je ne m'y attendais puisque Oli, le podcast des histoires pour les petits et les Odyssées, pour les un peu plus grands, ont été écoutés 2 millions de fois en dix jours. C'est vraiment assez énorme pour des podcasts qui ne passent pas à l'antenne, qui sont uniquement en podcast natif.

[00:13:05] 

Notre nouveau podcast  s’appelle “Parole de soignants” et l'idée n'en est pas forcément très, très originale. On a simplement constaté ce qui se passe autour des soignants, cette envie des gens d'aller les applaudir tous les soirs. Nous on a beaucoup de témoignages à l'antenne, de médecins, d'infirmières, de toute cette communauté de soignants dont tout le monde sait qu'ils sont en première ligne actuellement.

Et on se dit que ce que l'antenne ne permet pas tout le temps en temps, c'est-à-dire d'avoir un témoignage sur la longueur, pourrait faire un podcast intéressant. Là, on est depuis quelques jours vraiment les mains dans le cambouis pour pouvoir sortir chaque soir avant 20 heures, un podcast de 5 à 7 minutes. C'est-à-dire qu'on veut leur laisser la parole en longueur, qu'ils nous expliquent ce qu'ils vivent en ce moment dans les différentes régions de France, dans les différents métiers de la communauté soignante, leurs problèmes, leurs peurs, leurs envies, leurs coups de gueule, leurs coups de coeur et leurs petits moments joyeux.

[00:14:20] 

Enregistrement à distance avec un réalisateur à distance qui travaille dessus. C'est presque le plus long à mettre en place : le cheminement pour pouvoir industrialiser la chose. Parce pour faire un ou deux épisodes on sait le faire maintenant rapidement, même dans ces conditions. Mais si on veut que tous les soirs à la même heure, un podcast sorte, c'est là où l'organisation doit se mettre en place. 

[00:15:15] 

Vendredi dernier, on a inauguré un concert à distance avec Stéphane Eicher depuis sa cuisine. Concept qui devrait se renouveler au fil des semaines avec des concerts de musiciens depuis leur cuisine. On n’avait rien, pas de bons smartphones. Et au final, la qualité de ce qui a été diffusée n'est évidemment pas optimale, pas celle qu'on admettrait si Stéphane Eicher était venu jouer dans nos studios, mais elle est tout à fait correcte. Il faut vraiment souligner le boulot des équipes techniques.

Réseaux sociaux

[00:18:10] 

On a eu une montée en charge de commentaires et de DM, de messages directs, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Et je pense que c'est à ça qu'on voit aussi la qualité d'une communauté. Les gens n'étaient pas là, forcément, pour poser beaucoup de questions entre eux, même s'il y en a eu beaucoup plus que d'habitude, mais ils venaient nous poser des questions. Mais concrètement, est ce que je peux faire ça concrètement? Est ce que je dois faire ceci ou cela? Est ce que je vais voir? Et c'est là où on se dit qu'on a réussi à tisser un lien.

[00:18:43] 

Là, je tire un coup de chapeau à l'équipe de community management parce qu'il ont vraiment passé quinze jours à répondre individuellement. Je pense que la quasi-intégralité de ceux qui nous ont envoyé un message privé via Facebook ou Twitter pour nous poser une question ont reçu une réponse qui n'était pas simplement un accusé de réception, mais une réponse pour leur dire : voilà, nous, on a trouvé dans telle émission, dans tel article de la rédaction, quelque chose qui nous semble répondre à votre question et on vous propose de le lire ou d'écouter pour vous renseigner.

[00:21:05] 

On a un vrai Facebook qui cartonne en ce moment, c'est à dire qu'on a vu le taux par rapport au nombre de fans que l'on a sur Facebook et le nombre de visites que ça génère, qui est très, très important. 

Travail concentré sur la lutte anti fake news

[00:21:28] 

Immédiatement, on a vu circuler absolument tout et n'importe quoi sur WhatsApp, Messenger, sur les réseaux, en vidéo, etc. Stéphane Jourdain, le rédacteur en chef numérique, s’est dit que c'était vraiment ça qu'il fallait creuser et ça a énormément cartonné. 

[00:22:10] Premier dispositif, les repérer. On a vraiment tout le monde mis à contribution parce qu'on sait que le très gros des fake news, ce n'est pas forcément ce qu'on voit le plus passer sur Facebook. C'est plutôt ce qui s'échange en messages directs, en boucle  WhatsApp, et même mails pour les internautes les plus âgés. On essaie vraiment de les récolter et puis, un par un, de les prendre. Sur le site de France Inter, on a créé Focus, sous la Une, avec tous les articles consacrés aux fake news.

[00:22:58] 

Il y a une grosse partie de gens qui nous ont découvert en cherchant ces infos via les moteurs de recherche, via des agrégateurs comme Apple News ou les réseaux sociaux. Beaucoup n’étaient pas des internautes d’Inter.

Les méthodes de travail

[00:24:42] 

Notre organisation s’est très vite mise en place, chacun était dans son couloir, savait exactement ce qu'il avait à faire et a foncé, a été efficace. J'ai même moi, en tant que directeur du numérique, plutôt dû dire aux équipes : attention, on est parti comme des fous, c'est un magnifique sprint, mais c'est un marathon qu'on va devoir courir. Il faut maintenant réussir plutôt à s'organiser pour tenir dans la longueur, parce qu'on est un peu moins nombreux que normalement. Et on est surtout dans des conditions plus fatigantes. Je pense que toute personne qui télétravaille pendant deux semaines de suite se rend compte qu’être toute sa journée en visioconférence c'est beaucoup plus fatiguant que de se voir et passer discuter d'un sujet de bureaux à bureaux.

[00:26:05] 

Ce qui va rester ? Sans doute un potentiel changement dans les modes de production, parce qu'on voit qu'il y a des choses qu'on arrive à faire à distance. Je pense surtout que ça a validé quelque chose dont on se disait régulièrement qu'on en était capable, mais on n'avait jamais eu à le l'expérimenter à cette échelle-là, à savoir une très, très grande souplesse. Paradoxalement, le numérique n'est pas toujours aussi souple que peut être la radio à l'antenne, la radio FM, avec des outils plus simples.

-----

Crédits 

Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale :  Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr

Description

A Parte poursuit sa série sur les médias en pleine gestion de crise du Covid-19.
Cette semaine, Erwann Gaucher, le directeur du numérique de France Inter, a trouvé un rapide créneau pour nous raconter à chaud comment les choses s’organisent au sein de la “première radio de France” et comment innover, avec des “concerts dans la cuisine” inaugurés avec Stéphane Eicher ou un nouveau podcast, “Paroles de soignants”.

Il a fallu abandonner les captations vidéos des émissions d’info en studio qui cartonnent sur Youtube en temps normal et constituent un tiers de l’audience numérique. Une solution a finalement été trouvée - en visioconférence - pour les humoristes. Parallèlement, cette crise a été l’occasion de mettre l’accent sur la mission éducative d’Inter. Des trésors ont été dénichés pour aider les lycéens à réviser leur bac de français ou d’histoire.

France Inter mise aussi sur les podcasts natifs. Cette semaine, elle inaugure une production quotidienne, publiée juste avant les applaudissements de 20 heures, avec des témoignages de soignants sur 5 à 7 minutes. Et en quinze jours, les podcasts "Les Odyssées" et "Les histoires d'Oli" ont dépassé les 2 millions d’écoutes. 

Dernière tendance, comme nombre d’autres médias, la radio publique ouvre grand son antenne aux questions des auditeurs et auditrices. Un flot incroyable de questions sont envoyées directement sur Facebook en messages directs. Elles ont toutes droit à une réponse informée.

Que restera-t-il après la crise ? A minima de nouvelles habitudes de travail, constate celui qui se décrit sur Twitter comme un “agitateur de rédaction”. Il est servi.

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L’essentiel de l’épisode 

Mise en place en un week-end

[00:02:56] 

France Inter étant ce qu'on appelle un opérateur d'importance vitale, il était, dans le cadre d'une crise sanitaire comme celle que l'on vit depuis quinze jours, absolument essentiel que nous soyons en capacité de continuer à émettre sur les ondes, mais aussi de mettre ces contenus à disposition de tout le monde sur les différents devices numériques, le site, l'application et l'ensemble des supports sur lesquels nos auditeurs nous écoutent chaque jour en numérique. Avec comme pour tout le monde, la petite difficulté de l'équation, c'est que il ne fallait plus personne à la Maison de la radio.

[00:05:22] 

Il fallait vraiment qu'on soit efficace tout de suite parce que nos audiences ont quasiment triplé en quelques heures, les visites, les écoutes, en direct, en podcast. On a senti ce réflexe qui rappelle l'importance de la radio dans les moments de crise. C'est vraiment le média vers lequel se tourne naturellement le plus de monde. C’est de brancher la radio quand il se passe quelque chose de très grave et très important. 

La vidéo

[00:05:58] 

La première chose, par la force des choses, ça a été de supprimer la vidéo. Et ce n'est pas anecdotique parce qu'aujourd'hui un tiers de l'audience numérique de France Inter se fait en vidéo. C'est un des grands lieux de conquête. On a une chaîne YouTube qui marche très, très fort, avec plus d'un demi-million d'abonnés. On fait environ 40 à 45 millions de vidéos vues par mois. Ça représente vraiment une grosse part de notre audience et c'est sans aucun doute, même si on n'a pas de chiffres précis, on le voit par recoupement, une grande partie d'internautes qui ne sont pas des auditeurs de radio. Donc ce sont des gens qui n’écoutent France Inter que par le biais de la vidéo et notamment de YouTube.

Dans les premiers jours, on a donc dû couper puisqu'on n'avait plus personne en studio, on n’avait plus d'invités, on n'avait plus non plus suffisamment de gens pour s'occuper de la radio filmée, puisqu'on a évidemment transféré le maximum des forces vers l'antenne pour avoir le moins de monde possible de gens dans des studios. 

Petit à petit, on y est revenu, à travers des fausses vidéos qui sont les fameuses vidéos avec des ondes défilant sur des photos. Et puis depuis le début de la semaine, notamment à travers les chroniques d'humour très, très attendues qu'on nous réclamait beaucoup.

Accent sur l’éducation et les podcasts

[00:08:33] 

Cela s’est très vite mis en place. Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, côté numérique à Inter, on travaille avec l'envie de proposer aux enfants et aux jeunes parents des choses à écouter, à faire écouter à leurs enfants sans avoir à les mettre devant un écran. Et le podcast est assez génial pour ça. Et il suffit de voir un enfant entre jouer aux playmobil en écoutant “Les Odyssées” pour comprendre tout l'intérêt, c'est-à-dire qu'il n'est pas captif de la chose.

[00:09:37] 

Ces offres ont vraiment beaucoup plus cartonné que je ne m'y attendais puisque Oli, le podcast des histoires pour les petits et les Odyssées, pour les un peu plus grands, ont été écoutés 2 millions de fois en dix jours. C'est vraiment assez énorme pour des podcasts qui ne passent pas à l'antenne, qui sont uniquement en podcast natif.

[00:13:05] 

Notre nouveau podcast  s’appelle “Parole de soignants” et l'idée n'en est pas forcément très, très originale. On a simplement constaté ce qui se passe autour des soignants, cette envie des gens d'aller les applaudir tous les soirs. Nous on a beaucoup de témoignages à l'antenne, de médecins, d'infirmières, de toute cette communauté de soignants dont tout le monde sait qu'ils sont en première ligne actuellement.

Et on se dit que ce que l'antenne ne permet pas tout le temps en temps, c'est-à-dire d'avoir un témoignage sur la longueur, pourrait faire un podcast intéressant. Là, on est depuis quelques jours vraiment les mains dans le cambouis pour pouvoir sortir chaque soir avant 20 heures, un podcast de 5 à 7 minutes. C'est-à-dire qu'on veut leur laisser la parole en longueur, qu'ils nous expliquent ce qu'ils vivent en ce moment dans les différentes régions de France, dans les différents métiers de la communauté soignante, leurs problèmes, leurs peurs, leurs envies, leurs coups de gueule, leurs coups de coeur et leurs petits moments joyeux.

[00:14:20] 

Enregistrement à distance avec un réalisateur à distance qui travaille dessus. C'est presque le plus long à mettre en place : le cheminement pour pouvoir industrialiser la chose. Parce pour faire un ou deux épisodes on sait le faire maintenant rapidement, même dans ces conditions. Mais si on veut que tous les soirs à la même heure, un podcast sorte, c'est là où l'organisation doit se mettre en place. 

[00:15:15] 

Vendredi dernier, on a inauguré un concert à distance avec Stéphane Eicher depuis sa cuisine. Concept qui devrait se renouveler au fil des semaines avec des concerts de musiciens depuis leur cuisine. On n’avait rien, pas de bons smartphones. Et au final, la qualité de ce qui a été diffusée n'est évidemment pas optimale, pas celle qu'on admettrait si Stéphane Eicher était venu jouer dans nos studios, mais elle est tout à fait correcte. Il faut vraiment souligner le boulot des équipes techniques.

Réseaux sociaux

[00:18:10] 

On a eu une montée en charge de commentaires et de DM, de messages directs, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Et je pense que c'est à ça qu'on voit aussi la qualité d'une communauté. Les gens n'étaient pas là, forcément, pour poser beaucoup de questions entre eux, même s'il y en a eu beaucoup plus que d'habitude, mais ils venaient nous poser des questions. Mais concrètement, est ce que je peux faire ça concrètement? Est ce que je dois faire ceci ou cela? Est ce que je vais voir? Et c'est là où on se dit qu'on a réussi à tisser un lien.

[00:18:43] 

Là, je tire un coup de chapeau à l'équipe de community management parce qu'il ont vraiment passé quinze jours à répondre individuellement. Je pense que la quasi-intégralité de ceux qui nous ont envoyé un message privé via Facebook ou Twitter pour nous poser une question ont reçu une réponse qui n'était pas simplement un accusé de réception, mais une réponse pour leur dire : voilà, nous, on a trouvé dans telle émission, dans tel article de la rédaction, quelque chose qui nous semble répondre à votre question et on vous propose de le lire ou d'écouter pour vous renseigner.

[00:21:05] 

On a un vrai Facebook qui cartonne en ce moment, c'est à dire qu'on a vu le taux par rapport au nombre de fans que l'on a sur Facebook et le nombre de visites que ça génère, qui est très, très important. 

Travail concentré sur la lutte anti fake news

[00:21:28] 

Immédiatement, on a vu circuler absolument tout et n'importe quoi sur WhatsApp, Messenger, sur les réseaux, en vidéo, etc. Stéphane Jourdain, le rédacteur en chef numérique, s’est dit que c'était vraiment ça qu'il fallait creuser et ça a énormément cartonné. 

[00:22:10] Premier dispositif, les repérer. On a vraiment tout le monde mis à contribution parce qu'on sait que le très gros des fake news, ce n'est pas forcément ce qu'on voit le plus passer sur Facebook. C'est plutôt ce qui s'échange en messages directs, en boucle  WhatsApp, et même mails pour les internautes les plus âgés. On essaie vraiment de les récolter et puis, un par un, de les prendre. Sur le site de France Inter, on a créé Focus, sous la Une, avec tous les articles consacrés aux fake news.

[00:22:58] 

Il y a une grosse partie de gens qui nous ont découvert en cherchant ces infos via les moteurs de recherche, via des agrégateurs comme Apple News ou les réseaux sociaux. Beaucoup n’étaient pas des internautes d’Inter.

Les méthodes de travail

[00:24:42] 

Notre organisation s’est très vite mise en place, chacun était dans son couloir, savait exactement ce qu'il avait à faire et a foncé, a été efficace. J'ai même moi, en tant que directeur du numérique, plutôt dû dire aux équipes : attention, on est parti comme des fous, c'est un magnifique sprint, mais c'est un marathon qu'on va devoir courir. Il faut maintenant réussir plutôt à s'organiser pour tenir dans la longueur, parce qu'on est un peu moins nombreux que normalement. Et on est surtout dans des conditions plus fatigantes. Je pense que toute personne qui télétravaille pendant deux semaines de suite se rend compte qu’être toute sa journée en visioconférence c'est beaucoup plus fatiguant que de se voir et passer discuter d'un sujet de bureaux à bureaux.

[00:26:05] 

Ce qui va rester ? Sans doute un potentiel changement dans les modes de production, parce qu'on voit qu'il y a des choses qu'on arrive à faire à distance. Je pense surtout que ça a validé quelque chose dont on se disait régulièrement qu'on en était capable, mais on n'avait jamais eu à le l'expérimenter à cette échelle-là, à savoir une très, très grande souplesse. Paradoxalement, le numérique n'est pas toujours aussi souple que peut être la radio à l'antenne, la radio FM, avec des outils plus simples.

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Crédits 

Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale :  Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr

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A Parte poursuit sa série sur les médias en pleine gestion de crise du Covid-19.
Cette semaine, Erwann Gaucher, le directeur du numérique de France Inter, a trouvé un rapide créneau pour nous raconter à chaud comment les choses s’organisent au sein de la “première radio de France” et comment innover, avec des “concerts dans la cuisine” inaugurés avec Stéphane Eicher ou un nouveau podcast, “Paroles de soignants”.

Il a fallu abandonner les captations vidéos des émissions d’info en studio qui cartonnent sur Youtube en temps normal et constituent un tiers de l’audience numérique. Une solution a finalement été trouvée - en visioconférence - pour les humoristes. Parallèlement, cette crise a été l’occasion de mettre l’accent sur la mission éducative d’Inter. Des trésors ont été dénichés pour aider les lycéens à réviser leur bac de français ou d’histoire.

France Inter mise aussi sur les podcasts natifs. Cette semaine, elle inaugure une production quotidienne, publiée juste avant les applaudissements de 20 heures, avec des témoignages de soignants sur 5 à 7 minutes. Et en quinze jours, les podcasts "Les Odyssées" et "Les histoires d'Oli" ont dépassé les 2 millions d’écoutes. 

Dernière tendance, comme nombre d’autres médias, la radio publique ouvre grand son antenne aux questions des auditeurs et auditrices. Un flot incroyable de questions sont envoyées directement sur Facebook en messages directs. Elles ont toutes droit à une réponse informée.

Que restera-t-il après la crise ? A minima de nouvelles habitudes de travail, constate celui qui se décrit sur Twitter comme un “agitateur de rédaction”. Il est servi.

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L’essentiel de l’épisode 

Mise en place en un week-end

[00:02:56] 

France Inter étant ce qu'on appelle un opérateur d'importance vitale, il était, dans le cadre d'une crise sanitaire comme celle que l'on vit depuis quinze jours, absolument essentiel que nous soyons en capacité de continuer à émettre sur les ondes, mais aussi de mettre ces contenus à disposition de tout le monde sur les différents devices numériques, le site, l'application et l'ensemble des supports sur lesquels nos auditeurs nous écoutent chaque jour en numérique. Avec comme pour tout le monde, la petite difficulté de l'équation, c'est que il ne fallait plus personne à la Maison de la radio.

[00:05:22] 

Il fallait vraiment qu'on soit efficace tout de suite parce que nos audiences ont quasiment triplé en quelques heures, les visites, les écoutes, en direct, en podcast. On a senti ce réflexe qui rappelle l'importance de la radio dans les moments de crise. C'est vraiment le média vers lequel se tourne naturellement le plus de monde. C’est de brancher la radio quand il se passe quelque chose de très grave et très important. 

La vidéo

[00:05:58] 

La première chose, par la force des choses, ça a été de supprimer la vidéo. Et ce n'est pas anecdotique parce qu'aujourd'hui un tiers de l'audience numérique de France Inter se fait en vidéo. C'est un des grands lieux de conquête. On a une chaîne YouTube qui marche très, très fort, avec plus d'un demi-million d'abonnés. On fait environ 40 à 45 millions de vidéos vues par mois. Ça représente vraiment une grosse part de notre audience et c'est sans aucun doute, même si on n'a pas de chiffres précis, on le voit par recoupement, une grande partie d'internautes qui ne sont pas des auditeurs de radio. Donc ce sont des gens qui n’écoutent France Inter que par le biais de la vidéo et notamment de YouTube.

Dans les premiers jours, on a donc dû couper puisqu'on n'avait plus personne en studio, on n’avait plus d'invités, on n'avait plus non plus suffisamment de gens pour s'occuper de la radio filmée, puisqu'on a évidemment transféré le maximum des forces vers l'antenne pour avoir le moins de monde possible de gens dans des studios. 

Petit à petit, on y est revenu, à travers des fausses vidéos qui sont les fameuses vidéos avec des ondes défilant sur des photos. Et puis depuis le début de la semaine, notamment à travers les chroniques d'humour très, très attendues qu'on nous réclamait beaucoup.

Accent sur l’éducation et les podcasts

[00:08:33] 

Cela s’est très vite mis en place. Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, côté numérique à Inter, on travaille avec l'envie de proposer aux enfants et aux jeunes parents des choses à écouter, à faire écouter à leurs enfants sans avoir à les mettre devant un écran. Et le podcast est assez génial pour ça. Et il suffit de voir un enfant entre jouer aux playmobil en écoutant “Les Odyssées” pour comprendre tout l'intérêt, c'est-à-dire qu'il n'est pas captif de la chose.

[00:09:37] 

Ces offres ont vraiment beaucoup plus cartonné que je ne m'y attendais puisque Oli, le podcast des histoires pour les petits et les Odyssées, pour les un peu plus grands, ont été écoutés 2 millions de fois en dix jours. C'est vraiment assez énorme pour des podcasts qui ne passent pas à l'antenne, qui sont uniquement en podcast natif.

[00:13:05] 

Notre nouveau podcast  s’appelle “Parole de soignants” et l'idée n'en est pas forcément très, très originale. On a simplement constaté ce qui se passe autour des soignants, cette envie des gens d'aller les applaudir tous les soirs. Nous on a beaucoup de témoignages à l'antenne, de médecins, d'infirmières, de toute cette communauté de soignants dont tout le monde sait qu'ils sont en première ligne actuellement.

Et on se dit que ce que l'antenne ne permet pas tout le temps en temps, c'est-à-dire d'avoir un témoignage sur la longueur, pourrait faire un podcast intéressant. Là, on est depuis quelques jours vraiment les mains dans le cambouis pour pouvoir sortir chaque soir avant 20 heures, un podcast de 5 à 7 minutes. C'est-à-dire qu'on veut leur laisser la parole en longueur, qu'ils nous expliquent ce qu'ils vivent en ce moment dans les différentes régions de France, dans les différents métiers de la communauté soignante, leurs problèmes, leurs peurs, leurs envies, leurs coups de gueule, leurs coups de coeur et leurs petits moments joyeux.

[00:14:20] 

Enregistrement à distance avec un réalisateur à distance qui travaille dessus. C'est presque le plus long à mettre en place : le cheminement pour pouvoir industrialiser la chose. Parce pour faire un ou deux épisodes on sait le faire maintenant rapidement, même dans ces conditions. Mais si on veut que tous les soirs à la même heure, un podcast sorte, c'est là où l'organisation doit se mettre en place. 

[00:15:15] 

Vendredi dernier, on a inauguré un concert à distance avec Stéphane Eicher depuis sa cuisine. Concept qui devrait se renouveler au fil des semaines avec des concerts de musiciens depuis leur cuisine. On n’avait rien, pas de bons smartphones. Et au final, la qualité de ce qui a été diffusée n'est évidemment pas optimale, pas celle qu'on admettrait si Stéphane Eicher était venu jouer dans nos studios, mais elle est tout à fait correcte. Il faut vraiment souligner le boulot des équipes techniques.

Réseaux sociaux

[00:18:10] 

On a eu une montée en charge de commentaires et de DM, de messages directs, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Et je pense que c'est à ça qu'on voit aussi la qualité d'une communauté. Les gens n'étaient pas là, forcément, pour poser beaucoup de questions entre eux, même s'il y en a eu beaucoup plus que d'habitude, mais ils venaient nous poser des questions. Mais concrètement, est ce que je peux faire ça concrètement? Est ce que je dois faire ceci ou cela? Est ce que je vais voir? Et c'est là où on se dit qu'on a réussi à tisser un lien.

[00:18:43] 

Là, je tire un coup de chapeau à l'équipe de community management parce qu'il ont vraiment passé quinze jours à répondre individuellement. Je pense que la quasi-intégralité de ceux qui nous ont envoyé un message privé via Facebook ou Twitter pour nous poser une question ont reçu une réponse qui n'était pas simplement un accusé de réception, mais une réponse pour leur dire : voilà, nous, on a trouvé dans telle émission, dans tel article de la rédaction, quelque chose qui nous semble répondre à votre question et on vous propose de le lire ou d'écouter pour vous renseigner.

[00:21:05] 

On a un vrai Facebook qui cartonne en ce moment, c'est à dire qu'on a vu le taux par rapport au nombre de fans que l'on a sur Facebook et le nombre de visites que ça génère, qui est très, très important. 

Travail concentré sur la lutte anti fake news

[00:21:28] 

Immédiatement, on a vu circuler absolument tout et n'importe quoi sur WhatsApp, Messenger, sur les réseaux, en vidéo, etc. Stéphane Jourdain, le rédacteur en chef numérique, s’est dit que c'était vraiment ça qu'il fallait creuser et ça a énormément cartonné. 

[00:22:10] Premier dispositif, les repérer. On a vraiment tout le monde mis à contribution parce qu'on sait que le très gros des fake news, ce n'est pas forcément ce qu'on voit le plus passer sur Facebook. C'est plutôt ce qui s'échange en messages directs, en boucle  WhatsApp, et même mails pour les internautes les plus âgés. On essaie vraiment de les récolter et puis, un par un, de les prendre. Sur le site de France Inter, on a créé Focus, sous la Une, avec tous les articles consacrés aux fake news.

[00:22:58] 

Il y a une grosse partie de gens qui nous ont découvert en cherchant ces infos via les moteurs de recherche, via des agrégateurs comme Apple News ou les réseaux sociaux. Beaucoup n’étaient pas des internautes d’Inter.

Les méthodes de travail

[00:24:42] 

Notre organisation s’est très vite mise en place, chacun était dans son couloir, savait exactement ce qu'il avait à faire et a foncé, a été efficace. J'ai même moi, en tant que directeur du numérique, plutôt dû dire aux équipes : attention, on est parti comme des fous, c'est un magnifique sprint, mais c'est un marathon qu'on va devoir courir. Il faut maintenant réussir plutôt à s'organiser pour tenir dans la longueur, parce qu'on est un peu moins nombreux que normalement. Et on est surtout dans des conditions plus fatigantes. Je pense que toute personne qui télétravaille pendant deux semaines de suite se rend compte qu’être toute sa journée en visioconférence c'est beaucoup plus fatiguant que de se voir et passer discuter d'un sujet de bureaux à bureaux.

[00:26:05] 

Ce qui va rester ? Sans doute un potentiel changement dans les modes de production, parce qu'on voit qu'il y a des choses qu'on arrive à faire à distance. Je pense surtout que ça a validé quelque chose dont on se disait régulièrement qu'on en était capable, mais on n'avait jamais eu à le l'expérimenter à cette échelle-là, à savoir une très, très grande souplesse. Paradoxalement, le numérique n'est pas toujours aussi souple que peut être la radio à l'antenne, la radio FM, avec des outils plus simples.

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Crédits 

Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale :  Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr

Description

A Parte poursuit sa série sur les médias en pleine gestion de crise du Covid-19.
Cette semaine, Erwann Gaucher, le directeur du numérique de France Inter, a trouvé un rapide créneau pour nous raconter à chaud comment les choses s’organisent au sein de la “première radio de France” et comment innover, avec des “concerts dans la cuisine” inaugurés avec Stéphane Eicher ou un nouveau podcast, “Paroles de soignants”.

Il a fallu abandonner les captations vidéos des émissions d’info en studio qui cartonnent sur Youtube en temps normal et constituent un tiers de l’audience numérique. Une solution a finalement été trouvée - en visioconférence - pour les humoristes. Parallèlement, cette crise a été l’occasion de mettre l’accent sur la mission éducative d’Inter. Des trésors ont été dénichés pour aider les lycéens à réviser leur bac de français ou d’histoire.

France Inter mise aussi sur les podcasts natifs. Cette semaine, elle inaugure une production quotidienne, publiée juste avant les applaudissements de 20 heures, avec des témoignages de soignants sur 5 à 7 minutes. Et en quinze jours, les podcasts "Les Odyssées" et "Les histoires d'Oli" ont dépassé les 2 millions d’écoutes. 

Dernière tendance, comme nombre d’autres médias, la radio publique ouvre grand son antenne aux questions des auditeurs et auditrices. Un flot incroyable de questions sont envoyées directement sur Facebook en messages directs. Elles ont toutes droit à une réponse informée.

Que restera-t-il après la crise ? A minima de nouvelles habitudes de travail, constate celui qui se décrit sur Twitter comme un “agitateur de rédaction”. Il est servi.

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L’essentiel de l’épisode 

Mise en place en un week-end

[00:02:56] 

France Inter étant ce qu'on appelle un opérateur d'importance vitale, il était, dans le cadre d'une crise sanitaire comme celle que l'on vit depuis quinze jours, absolument essentiel que nous soyons en capacité de continuer à émettre sur les ondes, mais aussi de mettre ces contenus à disposition de tout le monde sur les différents devices numériques, le site, l'application et l'ensemble des supports sur lesquels nos auditeurs nous écoutent chaque jour en numérique. Avec comme pour tout le monde, la petite difficulté de l'équation, c'est que il ne fallait plus personne à la Maison de la radio.

[00:05:22] 

Il fallait vraiment qu'on soit efficace tout de suite parce que nos audiences ont quasiment triplé en quelques heures, les visites, les écoutes, en direct, en podcast. On a senti ce réflexe qui rappelle l'importance de la radio dans les moments de crise. C'est vraiment le média vers lequel se tourne naturellement le plus de monde. C’est de brancher la radio quand il se passe quelque chose de très grave et très important. 

La vidéo

[00:05:58] 

La première chose, par la force des choses, ça a été de supprimer la vidéo. Et ce n'est pas anecdotique parce qu'aujourd'hui un tiers de l'audience numérique de France Inter se fait en vidéo. C'est un des grands lieux de conquête. On a une chaîne YouTube qui marche très, très fort, avec plus d'un demi-million d'abonnés. On fait environ 40 à 45 millions de vidéos vues par mois. Ça représente vraiment une grosse part de notre audience et c'est sans aucun doute, même si on n'a pas de chiffres précis, on le voit par recoupement, une grande partie d'internautes qui ne sont pas des auditeurs de radio. Donc ce sont des gens qui n’écoutent France Inter que par le biais de la vidéo et notamment de YouTube.

Dans les premiers jours, on a donc dû couper puisqu'on n'avait plus personne en studio, on n’avait plus d'invités, on n'avait plus non plus suffisamment de gens pour s'occuper de la radio filmée, puisqu'on a évidemment transféré le maximum des forces vers l'antenne pour avoir le moins de monde possible de gens dans des studios. 

Petit à petit, on y est revenu, à travers des fausses vidéos qui sont les fameuses vidéos avec des ondes défilant sur des photos. Et puis depuis le début de la semaine, notamment à travers les chroniques d'humour très, très attendues qu'on nous réclamait beaucoup.

Accent sur l’éducation et les podcasts

[00:08:33] 

Cela s’est très vite mis en place. Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, côté numérique à Inter, on travaille avec l'envie de proposer aux enfants et aux jeunes parents des choses à écouter, à faire écouter à leurs enfants sans avoir à les mettre devant un écran. Et le podcast est assez génial pour ça. Et il suffit de voir un enfant entre jouer aux playmobil en écoutant “Les Odyssées” pour comprendre tout l'intérêt, c'est-à-dire qu'il n'est pas captif de la chose.

[00:09:37] 

Ces offres ont vraiment beaucoup plus cartonné que je ne m'y attendais puisque Oli, le podcast des histoires pour les petits et les Odyssées, pour les un peu plus grands, ont été écoutés 2 millions de fois en dix jours. C'est vraiment assez énorme pour des podcasts qui ne passent pas à l'antenne, qui sont uniquement en podcast natif.

[00:13:05] 

Notre nouveau podcast  s’appelle “Parole de soignants” et l'idée n'en est pas forcément très, très originale. On a simplement constaté ce qui se passe autour des soignants, cette envie des gens d'aller les applaudir tous les soirs. Nous on a beaucoup de témoignages à l'antenne, de médecins, d'infirmières, de toute cette communauté de soignants dont tout le monde sait qu'ils sont en première ligne actuellement.

Et on se dit que ce que l'antenne ne permet pas tout le temps en temps, c'est-à-dire d'avoir un témoignage sur la longueur, pourrait faire un podcast intéressant. Là, on est depuis quelques jours vraiment les mains dans le cambouis pour pouvoir sortir chaque soir avant 20 heures, un podcast de 5 à 7 minutes. C'est-à-dire qu'on veut leur laisser la parole en longueur, qu'ils nous expliquent ce qu'ils vivent en ce moment dans les différentes régions de France, dans les différents métiers de la communauté soignante, leurs problèmes, leurs peurs, leurs envies, leurs coups de gueule, leurs coups de coeur et leurs petits moments joyeux.

[00:14:20] 

Enregistrement à distance avec un réalisateur à distance qui travaille dessus. C'est presque le plus long à mettre en place : le cheminement pour pouvoir industrialiser la chose. Parce pour faire un ou deux épisodes on sait le faire maintenant rapidement, même dans ces conditions. Mais si on veut que tous les soirs à la même heure, un podcast sorte, c'est là où l'organisation doit se mettre en place. 

[00:15:15] 

Vendredi dernier, on a inauguré un concert à distance avec Stéphane Eicher depuis sa cuisine. Concept qui devrait se renouveler au fil des semaines avec des concerts de musiciens depuis leur cuisine. On n’avait rien, pas de bons smartphones. Et au final, la qualité de ce qui a été diffusée n'est évidemment pas optimale, pas celle qu'on admettrait si Stéphane Eicher était venu jouer dans nos studios, mais elle est tout à fait correcte. Il faut vraiment souligner le boulot des équipes techniques.

Réseaux sociaux

[00:18:10] 

On a eu une montée en charge de commentaires et de DM, de messages directs, que ce soit sur Facebook ou Twitter. Et je pense que c'est à ça qu'on voit aussi la qualité d'une communauté. Les gens n'étaient pas là, forcément, pour poser beaucoup de questions entre eux, même s'il y en a eu beaucoup plus que d'habitude, mais ils venaient nous poser des questions. Mais concrètement, est ce que je peux faire ça concrètement? Est ce que je dois faire ceci ou cela? Est ce que je vais voir? Et c'est là où on se dit qu'on a réussi à tisser un lien.

[00:18:43] 

Là, je tire un coup de chapeau à l'équipe de community management parce qu'il ont vraiment passé quinze jours à répondre individuellement. Je pense que la quasi-intégralité de ceux qui nous ont envoyé un message privé via Facebook ou Twitter pour nous poser une question ont reçu une réponse qui n'était pas simplement un accusé de réception, mais une réponse pour leur dire : voilà, nous, on a trouvé dans telle émission, dans tel article de la rédaction, quelque chose qui nous semble répondre à votre question et on vous propose de le lire ou d'écouter pour vous renseigner.

[00:21:05] 

On a un vrai Facebook qui cartonne en ce moment, c'est à dire qu'on a vu le taux par rapport au nombre de fans que l'on a sur Facebook et le nombre de visites que ça génère, qui est très, très important. 

Travail concentré sur la lutte anti fake news

[00:21:28] 

Immédiatement, on a vu circuler absolument tout et n'importe quoi sur WhatsApp, Messenger, sur les réseaux, en vidéo, etc. Stéphane Jourdain, le rédacteur en chef numérique, s’est dit que c'était vraiment ça qu'il fallait creuser et ça a énormément cartonné. 

[00:22:10] Premier dispositif, les repérer. On a vraiment tout le monde mis à contribution parce qu'on sait que le très gros des fake news, ce n'est pas forcément ce qu'on voit le plus passer sur Facebook. C'est plutôt ce qui s'échange en messages directs, en boucle  WhatsApp, et même mails pour les internautes les plus âgés. On essaie vraiment de les récolter et puis, un par un, de les prendre. Sur le site de France Inter, on a créé Focus, sous la Une, avec tous les articles consacrés aux fake news.

[00:22:58] 

Il y a une grosse partie de gens qui nous ont découvert en cherchant ces infos via les moteurs de recherche, via des agrégateurs comme Apple News ou les réseaux sociaux. Beaucoup n’étaient pas des internautes d’Inter.

Les méthodes de travail

[00:24:42] 

Notre organisation s’est très vite mise en place, chacun était dans son couloir, savait exactement ce qu'il avait à faire et a foncé, a été efficace. J'ai même moi, en tant que directeur du numérique, plutôt dû dire aux équipes : attention, on est parti comme des fous, c'est un magnifique sprint, mais c'est un marathon qu'on va devoir courir. Il faut maintenant réussir plutôt à s'organiser pour tenir dans la longueur, parce qu'on est un peu moins nombreux que normalement. Et on est surtout dans des conditions plus fatigantes. Je pense que toute personne qui télétravaille pendant deux semaines de suite se rend compte qu’être toute sa journée en visioconférence c'est beaucoup plus fatiguant que de se voir et passer discuter d'un sujet de bureaux à bureaux.

[00:26:05] 

Ce qui va rester ? Sans doute un potentiel changement dans les modes de production, parce qu'on voit qu'il y a des choses qu'on arrive à faire à distance. Je pense surtout que ça a validé quelque chose dont on se disait régulièrement qu'on en était capable, mais on n'avait jamais eu à le l'expérimenter à cette échelle-là, à savoir une très, très grande souplesse. Paradoxalement, le numérique n'est pas toujours aussi souple que peut être la radio à l'antenne, la radio FM, avec des outils plus simples.

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Crédits 

Interviews : Sébastien Bailly, Elise Colette, Philippe Couve, Jean-Baptiste Diebold, Marianne Rigaux
Idée originale :  Elise Colette et Jean-Baptiste Diebold
Réalisation sonore : Raphaël Bellon
Design graphique : Benjamin Laible
Communication : Laurie Lejeune
Générique et habillage sonore : Boris Laible
Intégration web : Florent Jonville
Production : Ginkio et Samsa.fr

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