- Speaker #0
Quand tu es associé, tu vois plus ton associé que ta femme ou tes enfants. Donc si ça se passe bien, c'est génial. Si ça se passe mal, ça peut être un calvaire. Et donc avant que ce soit un calvaire, je sais que ça ne marcherait plus. Donc on en a parlé et puis on est d'accord tous les deux. Et on a dit, écoute, c'est mieux d'arrêter maintenant. Je pense que le plus important, c'est prendre du plaisir dans ce que tu fais, quel que soit ton chiffre d'affaires, ton développement. Et si tu te lèves et que tu n'es pas content, même si tu es le patron d'une licorne ou j'en sais rien, je pense qu'on peut faire autre chose. Tout ce que tu as fait avant, ça ne compte plus. Quand j'ai vendu Venom, c'était super, mais ça ne va pas te faire vendre des croissants. Donc tu repars à zéro, tu vas à l'école, tu écoutes, tu prends des notes, tu passes tes examens, tu parles avec tes collègues. Et moi j'en vois même aujourd'hui en boulangerie, en restauration. J'ai levé 15 millions, je vais ouvrir 40 boulangeries dans les 3 ans. 3 fois sur 4, au bout de 2 ans, ils ne sont plus là. Mon rêve le plus fou, ce serait de dire dans les 25 plus grandes villes du monde... Tu as 5 Audi Bohemian, ça fait 125-130 magasins qui font 2 millions d'euros chacun et ça fait 250-300 millions d'euros de chiffre d'affaires.
- Speaker #1
Bienvenue à tous, je suis Mathieu Lolland, créateur de ce podcast et d'un club d'entrepreneurs. Et aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous partager ma discussion avec Jean-François Bandet. C'est le cofondateur de deux marques légendaires. La marque de gants de MMA Venom, qui est partenaire de l'UFC, et aussi les boulangeries créatives Bohémy qui font fureur. en ce moment. C'est un entrepreneur extrêmement discret qui gère pourtant un groupe de boulangerie aujourd'hui qui pèse plus de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires et qui est en très forte croissance en France et à l'international. Il a des boutiques à Jeddah, à Barcelone, à Paris, en Asie. Je vous en dévoile les secrets aujourd'hui. Dans cet épisode, on va parler de pourquoi rester 100% indépendant sur sa boîte, s'enlever de fond, de son conflit d'associés sur Venom, de comment passer du MMA au croissant et d'ambition internationale. Abonnez-vous sur votre plateforme préférée et si vous avez apprécié ce moment, mettez 5 sur 5, ça nous aide énormément. Merci beaucoup. Avant ça, une dernière chose. Je remercie notre partenaire 108 milliards fondé par Mounia RK. C'est le coaching basé sur les neurosciences qui t'apprend à reprogrammer ton cerveau pour parvenir à tes objectifs. J'en bénéficie depuis 3 mois, c'est absolument ouf. J'ai réussi à reprogrammer totalement mon agenda, à oser y intégrer des moments de pause, à caler les moments importants au bon endroit et aussi... à pratiquer la visualisation et le téléchargement de pensée pour être bien plus performant dans mes journées. Je vous invite à les contacter vivement. Je suis quand même beau gosse, faut toujours vérifier. Toi, tu l'es. Je te le confirme.
- Speaker #0
Merci, merci. On peut plus rien faire là donc. Comment ? On peut plus rien faire là donc il faut y aller.
- Speaker #1
Ouais ouais c'est ça. Il faut accepter si on est mal payé du temps mais il faut toujours faire gaffe au nez ou des choses comme ça. Je suis toujours prudent.
- Speaker #0
Ok, je te dis rien, t'inquiète. Voilà.
- Speaker #1
Bon bah en tout cas Jeff, Jean-François.
- Speaker #0
Ouais Jeff c'est bon.
- Speaker #1
Jeff c'est bon ? Ouais. C'est ok ? Bon. Trop content de te recevoir aujourd'hui.
- Speaker #0
Bah merci.
- Speaker #1
On s'est rencontré en plus il y a peu de temps finalement. Parce que la première fois qu'on s'est appelé je pense que c'était en décembre ou en novembre.
- Speaker #0
Ouais novembre-décembre. Ouais pour les awards.
- Speaker #1
Dans les ordres, il me manquait un nominé. Les Bootstrap Awards, c'est une récompense pour toutes les entreprises indépendantes qui ont atteint une certaine maturité. Il y avait 300 personnes à Paris début décembre pour célébrer des victoires de l'entrepreneuriat. Avec un côté un peu marrant puisqu'on a des prix comme le Pokémon Rare qui célèbre les boîtes qui se construisent différemment. Là, c'est Mathieu et Stéphanie qui ont décidé de faire du podcast, donc créer une boîte avec peu de gens et de faire un média plutôt que faire une grosse agence. donc il y a plein de profils comme ça et je me souviens qu'il me manquait un nominé pour le meilleur bootstrapper, qui est un peu l'équivalent du meilleur Oscar enfin du meilleur acteur aux Oscars et je t'appelle et je crois que c'est toi qui m'avais envoyé un message par le Typeform et là je vois Bohémy Venom des boîtes qui font plus de 20 millions de chiffres d'affaires toi tu étais complètement discret, j'avais jamais entendu parler de toi je m'étais cru que c'était une blague au début et en fait non c'était toi.
- Speaker #0
Ouais j'ai vu ton message ... LinkedIn et en fait il fallait mettre en pause pour participer. Je voulais juste venir pour rencontrer des gens donc j'ai répondu je veux bien participer. J'ai rempli effectivement le Typeform. Après tu m'appelles, tu me dis ok il faut venir et en plus tu es nominé et puis finalement on a gagné en plus. Donc c'était top alors que moi je venais à la base juste passer un oeil donc c'était sympa.
- Speaker #1
Franchement je suis trop content de te recevoir parce que c'est des histoires incroyables. Venom, la marque de gants de MMA qui est connue partout dans le monde maintenant avec l'explosion de ce sport. La Bohémie qui sont des boulangeries, il y en a plusieurs dizaines maintenant en France et dans le monde. Parce que là tu reviens de...
- Speaker #0
Séoul, Jeddah, Naramis Saoudite, on a pas mal de projets là. Barcelone aussi, donc ça se met à point.
- Speaker #1
Donc boîte internationale qui fait plus de 20 millions de chiffre d'affaires aujourd'hui.
- Speaker #0
20 millions cette année, enfin cette année en 2024 et cette année on vise les 30 à peu près. Donc puis après... On verra quoi. Ouais ouais, ça booste.
- Speaker #1
Et donc ce qui est dingue c'est surtout que ce sont des boîtes complètement indépendantes, c'est-à-dire que le capital appartient à toi et ton associé aujourd'hui.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Voilà, donc on va pouvoir en parler aussi de comment on garde le contrôle sur des entreprises comme ça en forte croissance et pourquoi tu le fais. Ouais. Ça va être intéressant. Mais alors du coup avant tout, je te pose la question que je pose à tous mes invités. C'est quand la dernière fois Jeff que tu t'es senti à poil et sans filet ?
- Speaker #0
À poil et sans filet, effectivement c'est une bonne question. Je pense que le gros moment dans ma vie où je me suis retrouvé à poil et sans filer, c'est le switch entre Venom et Bohémy. On en reparlera, je pense, de Venom et de comment ça s'est fini. Mais ça s'est fini assez vite et assez brusquement. Je n'avais pas forcément prévu ça. Et là, c'est vrai que du jour au lendemain, tu te retrouves, tu passes d'un stade où tu es achat d'entreprise, ça marche bien, tout va bien, à tu n'as plus rien. Pas plus rien au niveau patrimoine, puisque c'est une session. mais tu n'as plus de collecte, tu n'as plus d'objectif, tu ne sais même pas ce que tu vas faire plus tard. Et donc là, vraiment, tu te retrouves tout seul, tout nu pour le coup. Et là, tu dois te dire qu'est-ce que tu as envie de faire ? Est-ce que tu veux redevenir salarié, remonter une boîte, voyager, prendre du temps ? Et là, tu vois, c'est assez rare dans une vie d'avoir un moment où vraiment, tu fais table rase du passé et tu dis là, je peux tout faire en fait. Et c'est à la fois excitant et aussi un peu inquiétant. Il y a une sorte de vertige, tu vois, donc là je pense que c'était ce moment-là où pour moi ça a été vraiment un moment charnière dans ma vie.
- Speaker #1
Tu sais, il y a combien de temps ?
- Speaker #0
Ça c'était en 2014, donc il y a 10 ans.
- Speaker #1
Il y a 10 ans, donc de l'eau a coulé sous les ponts. Mais c'est intéressant que tu nous en parles parce que je pense qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs qui se retrouvent comme ça à un moment donné à vendre leur boîte ou à partir. Alors toi en l'occurrence, c'est parce que vous n'entendiez plus avec ton associé ?
- Speaker #0
Oui, pour résumer, on avait fait travailler... quasiment 10 ans ensemble et puis on était à la fois très proches tant professionnellement que personnellement puis petit à petit on s'est éloigné je pense et à la fin je pense que l'aventure était finie et c'était mieux de partir proprement plutôt que de prolonger encore quelques mois ou quelques années de façon plus difficile donc c'est moi, j'ai décidé qu'il fallait couper
- Speaker #1
Et comment tu prends une décision pareille ? Parce que je pense qu'il y a plein d'entrepreneurs comme ça qui se disent, ben là j'ai un bébé donc là vous étiez, on va parler après de où vous êtes Vénom, à ce moment-là, vous étiez combien ? Vous faisiez quel chiffre d'affaires à peu près ?
- Speaker #0
Quand je suis parti, on devait être une cinquantaine. Sachant que Vénom, par rapport à Bohémy, c'est moins un métier de ressources humaines. Donc on peut faire autant de chiffres à 50 que aujourd'hui 200 chez Bohémy. Et on devait faire l'année de mon départ entre 15 et 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. Moi, je suis parti en cours en année, mais c'est une bonne année. On devait faire autour de 16-17, je pense.
- Speaker #1
Vous avez déjà signé les personnages avec l'UFC ?
- Speaker #0
Non, non, non, parce que j'étais encore à l'UFC, mais deal par deal, puisqu'on travaillait combattant par combattant. Quand je suis parti, l'UFC a signé un deal avec Reebok pour 5 ans et ensuite c'est à la fin du deal Reebok, donc il y a 3-4 ans, que Venom est devenu partenaire de l'UFC.
- Speaker #1
En fait, c'est ça, vous aviez infiltré l'UFC par la petite porte, enfin par la porte des combattants qui adoraient vos produits et l'UFC, eux, ils n'avaient pas du tout de partenariat.
- Speaker #0
En fait, pendant longtemps, chaque combattant pouvait choisir ses sponsors et ses équipements. Ça a duré jusqu'à il y a une dizaine d'années. Ensuite, l'UFC est rentré dans un mode un peu plus NBA, NFL, c'est-à-dire un équipementier, pour professionnaliser un petit peu l'image, même visuelle, des combats. Au début, nous, on sponsorisait XY sans souci. Il y avait 15, 20 marques qui sponsorisaient les différents combattants. Et à partir d'il y a 10 ans, ils ont commencé à prendre Reebok, puis ensuite Venom, pour avoir une approche un peu plus pro de l'équipement.
- Speaker #1
D'accord. Revenons sur cette histoire, parce qu'effectivement Venom c'est une histoire incroyable, puis après on parlera de la fin aussi, mais pourquoi déjà le MMA ? Tu combattes en toi-même, qu'est-ce qui s'est passé ?
- Speaker #0
C'est une histoire d'opportunités, de hasard même je dirais. J'ai travaillé avec mon associé de l'époque, Franck, on était ensemble chez IBM, on a bossé puis on s'est rejoints aussi dans d'autres sociétés, donc on était proches. Et lui en fait, il avait démarré... avec un autre associé, un petit business de vente en ligne, mais juste de la revente d'équipements de sport de combat. Ensuite, il s'est retrouvé tout seul, son associé, enfin ils se sont séparés avec son précédent associé. Et là, ça a commencé à fonctionner, donc il était tout seul. Et moi, j'étais encore commercial de l'informatique. Et puis on s'est parlé, et puis il disait, moi ça commence à marcher, mais je suis tout seul, j'y arrive pas. Donc moi, au bout de 7-8 ans, salarié, pour moi j'avais fait un peu le tour. Et donc on s'est associé comme ça, puis on a démarré. Donc au départ, on n'était pas du tout une marque. On était un distributeur qui s'appelle Dragon Bleu et qui existe toujours. qui vend de l'équipement de sport de combat, des kimonos, des pantalons de tai chi, des DVD, plein de choses. Et puis petit à petit on a créé notre marque Venom qu'on a revendu d'abord sur notre site, puis ensuite à l'étranger et puis on a fait 100 shorts, 200 shorts, 500 shorts, 1000 shorts et puis après c'est devenu ce que c'est aujourd'hui. On est vraiment parti du tout tout.
- Speaker #1
Vous avez créé le design de zéro quoi.
- Speaker #0
Ah ouais, on a démarré un jour.
- Speaker #1
Ça vient le nom, le logo. Comment ça s'est fait ?
- Speaker #0
Nous, on vendait des marques brésiliennes de MMA, qui étaient des petites marques, des petits artisans qui faisaient ça à Rio, à Sao Paulo. On recevait 100 shorts et on les vendait et ça marchait bien. Sauf que c'était compliqué parce qu'on commandait 100 bleus, on recevait 50 verres. Le business avec les Brésiliens, c'est assez olé olé. Carnaval quoi. Ouais, c'était un peu carnaval. Et donc à un moment donné, on s'est dit mais… Pourquoi est-ce qu'on paye des shorts hyper chers en plus, qui n'ont rien de spécial ? On va faire nos propres shorts. Et donc, c'est là où on a démarré à faire en premier short Venom, tout simple, noir, avec écrit Venom. En fait, on a démarré comme ça, parce qu'on voulait juste couper le lien avec les Brésiliens qui nous fournissaient des produits qui ne nous correspondaient pas.
- Speaker #1
Et Venom, ça veut dire Venin ?
- Speaker #0
Venom, oui, ça veut dire Venin. En fait, on cherche une marque. Et en fait, pour avoir une petite histoire, je me souviens très bien, j'étais avec mon associé, donc je l'avais rejoint. Et lui, il avait déjà eu cette réflexion de créer une marque. Et puis un jour, il me présente une marque. Il me dit, bon voilà, on va faire nos produits. Je dis, ouais, super idée. Et il me sort la marque, ça s'appelait Punch. Moi, je vois le truc, je dis, ouais, Punch, bon, enfin... Pas dingue. Bon, Punch, tu vois, il y a un point. Bon, ouais, pour du MMA, pourquoi pas, mais pas fou, quoi. Puis il me dit, ouais, sinon, on a aussi travaillé sur ça avec un designer au Brésil. Et là, il monte Venom. Et là, je dis, ah ouais, enfin, tu vois, ça avait plus de gueule déjà. Et c'était Venom avec un O. Le problème de Venom, c'est que c'est un personnage de Marvel.
- Speaker #1
Concurrent de Batman,
- Speaker #0
de Spider-Man. Et puis il y a aussi des marques de voitures, etc. Et donc on s'est dit qu'il fallait avoir des soucis en termes de marque. Et donc on a juste fait un petit paint ou photoshop, on a juste enlevé le haut du haut. Enfin le haut du haut, et ça fait Venom, un peu à la terre. Donc on retrouvait l'idée et en même temps c'était suffisamment différent. Et c'est parti comme ça.
- Speaker #1
Incroyable. Et c'est vrai que moi, j'ai toujours trouvé le nom incroyable parce que justement, ça me faisait penser au personnage de Spider-Man qui est un personnage très noir, qui est en fait la face noire de Spider-Man. Et du coup, je trouve que comme le MMA, pour revenir, parce qu'on n'en a même pas parlé, mais donc c'est Mixed Martial Arts, qui est le sport, je pense, qui est le plus en expansion dans le monde aujourd'hui avec Dana White, son président incroyable. Et puis des combattants comme Conor McGregor ou John Jones qui sont des célébrités maintenant partout. ou Kabim Normagomedov, c'est une organisation de combat américaine qui s'implante partout dans le monde aujourd'hui, qui a inspiré beaucoup de... à la base je crois que l'histoire c'est... Les américains voulaient savoir qui d'un judoka, d'un lutteur, d'un type qui fait du taekwondo, un boxeur, gagnait. C'est ça.
- Speaker #0
En fait, c'est l'histoire presque millénaire. C'est de dire, c'est qui le plus fort en fait ? Est-ce que c'est un super karatéka ou un sumo ou un kickboxer ? Et donc, au tout début, ils mélangeaient des gens. C'était des techniques différentes et des poids différents. Donc, au tout début, c'était n'importe quoi. Parce que tu avais un combattant de 120 kilos qui combattait un boxeur Thaï de 50 kilos.
- Speaker #1
Il y avait le sumo qui s'était fait ratatiner par un karatéka je me souviens.
- Speaker #0
Oui, mais ça n'arrivait à rien sportivement. Puis après ça a évolué et ensuite tous ces arts martiaux se sont mélangés. Les gens ont compris qu'à un moment donné, on ne pouvait pas être que le roi du sol en Jujitsu ou que le roi de la boxe. Un boxeur qui ne sait pas faire de sol en MMA n'a aucune chance. Un super bon Jujitsuka qui ne sait pas faire de boxe n'a aucune chance non plus. Les gens ont commencé à se développer et à être polyvalents. Aujourd'hui, les combattants de MMA sont en ceinture noire de Jujitsu. Ce sont des boxeurs... limite pro et en pieds-points ils sont très forts aussi tu vois mais ça a pris 25 ans et maintenant les nouvelles générations c'est les combattants qui sont ultra polyvalents donc on est parti vraiment d'un d'un freak show qui est un peu n'importe quoi qui était vraiment très très violent avec très peu de règles au fur et à mesure c'est devenu un sport hyper complet qui est aujourd'hui le sport de combat le plus complet aujourd'hui
- Speaker #1
le meilleur combattant c'est le champion de MMA c'est pas le karatéka c'est pas le jiu-jitsu et puis le meilleur de combattant aujourd'hui c'est le d'agastané il rentre à tout rafler la réponse est quand même plutôt que c'est le lutteur qui gagne à la fin ?
- Speaker #0
Ouais, il faut être complet. Et maintenant les grands champions sont super forts dans toutes les disciplines.
- Speaker #1
Et toi, tu regardes toujours ?
- Speaker #0
Moins. J'ai regardé beaucoup moins. Non pas que ça me plaît moins, mais parce que quand je suis parti, j'ai un peu coupé. Donc je regarde un petit peu, mais pas plus que ça.
- Speaker #1
Et tu as rencontré Dana White ou pas ?
- Speaker #0
Ouais, on s'est croisés un soir en boîte. A l'époque, on était tout petits et on le voit passer, on était à Los Angeles pour un salon et en fait, il rentre dans une boîte. Nous, on est dehors en train d'attendre, en train d'essayer de rentrer. Donc on rentre, on allait le voir, il était très sympa, mais c'était au tout début. Il nous a filé son mail, je me souviens lui avoir écrit en disant si un jour vous voulez faire un accord et tout. Mais c'était il y a 15 ans. Mais voilà, c'était amusant parce qu'à l'époque, on était... C'était minuscule.
- Speaker #1
Même lui, parce qu'il était à 15 ans, à mon avis il avait repris l'organisation il n'y a pas si longtemps.
- Speaker #0
Non mais nous, quand on commençait à aller aux États-Unis, c'était en 2010, 2011, 2012, l'UFC aux États-Unis c'était déjà énorme. Le Gaston Star, les combattants étaient des stars, nous on n'était personne. On était tout petits, on allait aux États-Unis comme ça, tout intimidés.
- Speaker #1
Et donc, la question que tout le monde se pose, c'est comment deux petits Frenchies comme ça arrivent à intégrer un marché américain ? Ça parait un peu délirant. Qu'est-ce qui s'est passé déjà ? Vous avez déménagé ?
- Speaker #0
Non, pas spécialement. Nous, on a démarré, on a d'abord vendu nos shorts Venom sur le site Dragon Bleu en France et ça fonctionnait bien. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est super simple. En fait, un soir, j'ai fait une price list avec tous nos produits, prix revendeurs, etc. Je me suis dit, le marché français était très limité. En gros, il n'y avait que nous, puisqu'il y avait un Dragon Bleu sur Paris qui distribuait pour toute la France. et puis il n'y avait pas d'autres revendeurs ou très peu. Et donc j'ai dit, on va aller chercher le dragon bleu local dans tous les pays. Et donc j'ai fait une petite recherche Google, j'en ai trouvé un au Japon, un en Australie, un aux Etats-Unis. Et le soir, j'ai envoyé 30 mails avec ma price list. Et le matin, on est revenu et il y avait 5 commandes. C'était un truc de fou. Il y avait un Japonais qui nous commandait 3 000 euros, un Australien 2 000 euros, et le premier mois, on a fait 30 000 euros de chiffre d'affaires. Mais comme ça, c'était juste un email. C'était un marché qui était tellement de niche, et il y avait tellement peu d'offres. Les gars ils ont vu le truc, c'était sympa, c'était bien structuré, il y avait un beau catalogue et on a vendu comme ça. Et puis on a démarré comme ça, c'était le mois de février et puis on s'est jamais arrêté.
- Speaker #1
Incroyable. Et donc là vous êtes passé de, au début vous étiez deux et après progressivement vous avez recruté. C'était quoi les grandes étapes clés du développement de Venom ? Et d'ailleurs, question subsidiaire, alors du coup ça fait, vous avez lancé Venom, c'était quelle date ?
- Speaker #0
Alors moi j'ai démarré avec Franck en 2006 et on a dû lancer les premiers produits Venom 2008, quelque chose comme ça.
- Speaker #1
2006-2008, donc c'est quand même une période où dans l'entrepreneuriat en France on ne lève pas beaucoup de fonds. Donc de toute façon toi, parce que tes deux entreprises, la particularité quand même c'est que vous êtes resté complètement indépendant, si je ne me trompe pas. En tout cas tant que toi tu étais aux commandes. Du coup, déjà pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas avoir levé de fonds, en particulier d'abord sur Venom et puis aussi peut-être sur Bohemi ? Et qu'est-ce que ça t'a apporté en fait ?
- Speaker #0
Alors déjà, je pense que je ne t'ai même pas posé la question. Et en plus en distribution, avec Venom, on a vraiment payé pour 50 shorts qu'on a vendus. Avec le bénéfice, on a racheté 100 shorts et on a vendu, puis 200. Donc en fait, en termes de financement, on n'a jamais eu vraiment trop de soucis. Et puis on a mis un peu de temps, on a mis 6-7 ans pour vraiment grandir. Donc on a vraiment travaillé comme ça, tout ce qu'on touchait on le réinvestissait dans du stock. Bohémie c'est un peu différent parce que Bohémie c'est des boulangeries, donc avant de rouler une boulangerie il faut déjà mettre un petit billet. Donc c'est plus consommateur de ressources. Après moi, déjà je ne sais pas trop faire, j'ai jamais levé de fonds. Ce n'est pas quelque chose qui m'attire particulièrement. Moi j'aime bien l'idée d'être indépendant et puis d'y arriver avec les moyens que j'ai et de faire avec les moyens du bord. Moi je trouve que c'est un peu... J'aime bien ça, je trouve ça plus excitant en fait que d'arriver avec des millions et puis plus savoir où les dépenser. En plus c'est possible. J'ai créé deux sociétés, Venom on l'a littéralement créé avec 3000 euros. Les 3000 euros c'était pour acheter deux PC et 1000 euros de stock. Donc c'est possible, il faut pas...
- Speaker #1
Faut être radein quand même ou pas ?
- Speaker #0
Bien sûr, faut être une pince. Mais pas forcément être une pince avec tes employés, il faut penser à tout, c'est-à-dire qu'il faut se dire, tiens là, est-ce que je prends un designer pour faire un logo, ou est-ce que je bidouille un truc dans mon coin ? Est-ce que je prends une agence de SEO ou est-ce que je fais moi-même en travailler un petit peu plus le soir ? Bien sûr, il faut avoir une approche très débrouillard. C'est ce qui fait la différence d'ailleurs entre est-ce que tu dépenses des millions ou est-ce que tu dépenses rien. Si pour chaque sujet, tu prends un prestataire, forcément, ça va très vite.
- Speaker #1
Il y a quand même ce côté où quand tu veux tout autofinancer complètement, effectivement, tu te... Centre sur tes propres ressources et t'es plus créatif aussi parce que c'est ça un des attraits de la chaîne.
- Speaker #0
T'es plus créatif puis t'es plus critique aussi par rapport à tes investissements. Moi j'ai vu plein de boîtes lever des millions d'euros et faire des dépenses qui étaient un peu idiotes. Même Venom par exemple, je me souviens quand on est arrivé aux Etats-Unis sur nos premiers salons, on est arrivé, on avait une tringle à rideau, on mettait trois t-shirts dessus. Et en face on avait des concurrents, ils avaient des stands de 200 mètres carrés, ils avaient 15 hôtesses, 3 hummers sur le stand. On se disait comment les gars y font ? Ils dépensent 300 000 dollars sur un stand, c'est quand même des petites marques encore. Les gars, trois ans plus tard, ils avaient disparu. Donc on avait la réponse. Mais c'est vrai que sur l'instant, tu te dis, je suis nul en fait. Moi, j'ai ma petite ringe à rideau, je suis zéro. En fait, on faisait tout nous-mêmes. Et tu vois, nous, Venom, on a gagné la course. Il y a 10 ans, il y avait 25 marques de MMA. Aujourd'hui, Venom a tout écrasé. Mais c'était une course d'endurance. Ça a pris 15 ans. C'est pas du jour au lendemain et la boulangerie c'est pareil. Si t'arrives demain, tu dis je vais créer des boulangeries et dans 3 ans j'ai 300 points de vente, ça marchera pas. Parce qu'il y a une phase d'apprentissage et je pense qu'il faut être patient. Les gens manquent de patience je pense.
- Speaker #1
C'est une bonne leçon en effet. Je pense que la crise de la tech d'il y a 2 ans nous montre bien en effet que tous ceux qui ont voulu conquérir des marchés en cramant tout leur cash et sans construire un produit parfait et en ayant aussi un grand alignement entre l'entrepreneur et son marché, ça... Ça finit toujours par...
- Speaker #0
Après, ça dépend des business, parce que si tu crées une molécule pour un médicament, forcément, il te faut 50 chercheurs pendant 10 ans, tu ne peux pas l'autofinancer. Mais il y a quand même encore beaucoup de business qu'on peut faire sans lever de fonds, je pense. Et aujourd'hui, je pense que c'est un peu... Les gens n'y croient plus vraiment, alors qu'il y a 30 ans ou 40 ans, les gens qui créaient des sociétés, ils ne levaient pas des fonds. Il y a des sociétés super qui ont été créées sans lever de fonds, et il y en a plein. Donc, lever de fonds, c'est un outil comme un autre.
- Speaker #1
Les Xavier Niel, les Bernard Arnault, tous les grands patrons d'aujourd'hui, c'est souvent des boîtes, avant qu'elles arrivent en bourse et qu'elles se financent par la bourse, elles ont été très longtemps auto-financées.
- Speaker #0
Oui, et puis après, je crois que les gens oublient aussi que la plupart des très gros succès, ils ont mis des années, des dizaines d'années à se créer. Aujourd'hui, tu vois LinkedIn, tu as l'impression que si en bout de trois ans, tu n'es pas multimillionnaire, tu es un loser. Alors qu'en fait, même des boîtes... Non, mais tu lis, moi j'ai lu récemment l'autopérographie de Phil Knight de Nike. Le gars il t'a pas pensé que pendant 15 ans il était à la mine ?
- Speaker #1
Il payait pas ses salariés,
- Speaker #0
il était pas en départ. Nike après 10 ans c'était même pas vénome tu vois. Le gars il a mis 10 ans, 15 ans et puis au bout de 20 ans il a commencé à se développer. Bon et maintenant Nike c'est intouchable. Mais c'est des gars qui ont mis 40 ans pour construire une boîte. Et ça je pense qu'on l'oublie un petit peu.
- Speaker #1
Du coup toi, deux questions. La première c'est est-ce que tu as eu des investisseurs qui t'ont topé à la porte et à qui tu as dit non ? Concrètement, tu vois, est-ce que tu es déjà rentré dans un process par exemple où vraiment jamais jamais tu t'es dit jamais je ferais ça ? Et aussi, quel horizon tu te donnes quand tu lances une boîte ? Parce que je pense que c'est intéressant aussi, parce qu'il y a plein de gens qui voient la création de boîtes comme la possibilité de faire un exit, donc de la vendre et de gagner de l'argent. Toi, comment tu vois la création de boîte ? Quel horizon tu te donnes ?
- Speaker #0
Alors déjà, les contacts investisseurs, alors Venom, très peu. Déjà, c'était moins à la mode, je pense. Et puis nous, on était un peu sous les radars, parce qu'on était très orientés vers l'étranger. Donc en France, on était moins visibles. Bohémie, oui, depuis deux ans, on va dire. Donc depuis qu'on est un peu plus connus, un peu plus visibles. Là, je dirais tous les mois, je reçois un mail. Donc des fois, on y va, des fois, on n'y va pas. On prend un café, on discute, c'est toujours intéressant. Nous, ce n'est pas du tout notre projet. On est très clair et on leur dit qu'il n'y a pas d'intérêt. Par contre, c'est toujours intéressant de rencontrer des investisseurs. Mais après, moi, je n'ai pas du tout une vision d'exit. Pour moi, un projet d'entreprise, c'est un projet d'une vie. Venom, c'était un projet d'une vie, alors qu'il n'est pas allé au bout pour plein de raisons. Mais il n'y aurait pas eu ces soucis-là, j'y serais encore. Et Bohémie, c'est pareil, c'est un projet d'une vie. Je pense que je me laisserai le jour où ce sera stable, c'est-à-dire que le jour où je fais 2% de croissance, et où les années s'enchaînent et c'est toujours les mêmes, je pense que ce jour-là, probablement, j'arrêterai. Mais tant que ça se développe, j'ai prévu de rester. Je n'ai pas du tout une approche financière de dire quand ça fait temps, je vends. Ce n'est pas du tout ma vision.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui te rend le plus fier ? D'abord sur l'histoire Venom, qu'est-ce qui t'a rendu le plus fier de cette aventure ?
- Speaker #0
Le plus fier, c'est d'avoir tout fait. Pour le coup, on a tout fait nous-mêmes. Et puis, ce qui te rend fier, c'est de voir l'impact que tu as au niveau mondial. Tu vois un film, tu vois ton t-shirt dedans, tu marches dans la rue, tu vois quelqu'un qui a du Venom. Tu vois, c'est quelque chose qui te rend fier. Parce que Venom, c'est vraiment quelque chose qui est maintenant connu au niveau mondial. Et voir ça partout, c'est une grande fierté. Après, Bohémie, c'est un peu différent. Je pense qu'on pourrait être à terme tout aussi connus. Il faut encore prendre un peu d'ampleur. Après, j'ai beaucoup d'équipes chez Bohémie. Des gens qui viennent de tous les profils, que ce soit en production, en vente, etc. Là, nous, on est 200. Je vois 200 personnes qui sont bien, qui sont plutôt heureuses, qui se développent, qui sont souvent très jeunes, qui n'ont pas toujours eu des parcours académiques très... très classique et qui se développe chez nous. Et quand tu as 200-250 personnes qui bossent pour toi, ce qu'on n'avait pas chez Venom puisqu'on était 30-40, plutôt des gens qui se connaissaient, voir 200-250 personnes comme ça, c'est une grosse fierté.
- Speaker #1
Incroyable. On va revenir sur Bohémy parce qu'il y a toute une histoire à raconter. Je finis sur Venom. En fait, ce qui m'intéresse, c'est plutôt de me demander comment tu prends la décision d'arrêter quand tu as une boîte qui a le vent en poupe comme ça. Tu vois, ça fait 15-20 millions de chiffre d'affaires, vous êtes 30-40. C'est le début de l'aventure, vous allez encore conquérir le monde. Tu chars la main à Dana White à Los Angeles, même si encore vous êtes tout petit. Donc, qu'est-ce qui se passe ? Comment tu te sens à ce moment-là ? Et est-ce que tu peux nous en dire un peu plus là-dessus, pour aider les entrepreneurs qui se posent des questions dans ces moments-là ?
- Speaker #0
Effectivement, ça se développait bien. Donc, il n'y avait pas de soucis au niveau professionnel. Ça cartonnait bien. Ça faisait 5-6 ans qu'on faisait 30-40-50% de croissance. Sur des petits chiffres, c'est plus facile que quand tu fais un milliard. Mais ça se développait bien. Non, mais en fait, c'est une histoire classique d'associés. On était très potes au début et puis on l'était de moins en moins. Et quand tu vieillis, quand tu grandis, tu ne vas pas toujours dans la même direction. Et vers la fin, ça devenait très compliqué pour lui comme pour moi, je pense. Et quand j'ai vu que de son, on n'arriverait plus à avancer ensemble, je trouvais que c'était mieux d'arrêter tout de suite que de continuer encore six mois, un an et que ça se termine vraiment mal.
- Speaker #1
Comment ça t'est venu le déclic de prendre la décision ?
- Speaker #0
C'est plus un déclic un peu personnel sur des événements un peu personnels où j'étais un peu déçu. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais des choses qui m'ont un peu touché. Et là je me suis rendu compte que je n'avais plus envie de travailler ensemble dans le futur. Et tu vois, quand tu es associé, enfin maintenant j'ai une nouvelle associée Magali, Quand tu es associé, tu vois plus ton associé que ta femme ou tes enfants. Donc si ça se passe bien, c'est génial. Si ça se passe mal, ça peut être un calvaire. Et donc avant que ce soit un calvaire, j'ai dit bon, je sais que ça ne marcherait plus. Donc on en a parlé et puis on était d'accord tous les deux. Et on a dit écoute, c'est mieux d'arrêter maintenant. Et c'est sûr que c'était en gros pour moi, c'était une grosse décision. J'en ai parlé avec ma femme, mais on était d'accord. Et je pense que le plus important, c'est prendre du plaisir dans ce que tu fais. Quel que soit ton chiffre d'affaires, ton développement, c'est vraiment te lever le matin et te dire « Ouais, je suis hyper content d'aller au bureau, de voir ces personnes-là. » Et si tu te lèves et que tu n'es pas content, même si tu es le patron d'une licorne ou j'en sais rien, je pense qu'il faut faire autre chose. Quand tu es entrepreneur, c'est pour être libre, pour être heureux. Si c'est pour te recréer une sorte de prison dorée, ce n'est pas l'idée. Et moi, je n'ai jamais eu trop de soucis, enfin je pense que c'est une de mes qualités, à prendre des décisions assez radicales. de dire voilà ça va plus je pars c'est une chose que je sais faire tu as des gens qui peuvent hésiter qui peuvent poser le pour et le contre moi j'ai un peu tendance à tu vois je peux choisir sur un coup de tête d'aller vivre sur un autre pays ou d'arrêter ma société ou de créer une nouvelle société je pense que c'est des choses que j'ai en moi et donc j'ai pas eu trop de difficultés à prendre cette décision je trouve que c'est très inspirant parce qu'en effet je rencontre plein d'entrepreneurs qui sont
- Speaker #1
Le conflit d'associés, en tout cas le désaccord d'associés, c'est quand même quelque chose d'extrêmement fréquent dans l'entrepreneuriat.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est classique. Et pourtant, là, en faisant ce club d'entrepreneurs, le club Boostrap, je rencontre souvent des patrons où quand je creuse un peu la relation qu'ils ont avec leurs associés, mais c'est la merde, ça ne va pas du tout. Et en fait, tu te rends compte que parfois, ça dure des années comme ça. Et je me dis, mais... A quel point tu réalises que ça te coûte une énergie fondamentale que tu pourrais mettre dans un projet qui irait beaucoup plus loin, beaucoup mieux ? Et même pour toi, comme tu dis, c'est quand même le kiff de l'entrepreneuriat, si ça devient une prison dorée, c'est l'antithèse du projet initial.
- Speaker #0
Quand tu es associé, tu dois prendre des décisions tous les jours. Et donc tous les jours, si c'est compliqué, c'est tous les jours des discussions, c'est toujours des négociations, c'est tous les jours des renoncements. Donc si toi tu renonces, tu auras des regrets. Si c'est toi qui gagne, il y aura un ressenti de l'autre côté. Donc, tu vois, si ce n'est pas fluide, tu enchaînes les contrariétés. Donc, ce n'est pas possible. Et moi, avec Magali, ça se passe super bien. Il n'y a jamais de conflit. C'est un vrai bonheur. Et moi, ça, pour ma santé mentale, c'est super important.
- Speaker #1
C'est intéressant. Je crois que vous avez fait une transaction. Comment c'est par correctement ? En gros, tu lui as vendu tes parts, c'est ça ?
- Speaker #0
J'ai vendu mes parts,
- Speaker #1
oui. Et comme la boîte était bien valorisée, tu m'avais dit, enfin je crois que j'ai entendu parler d'un montant, c'était plusieurs millions d'euros, ce qui t'a permis après de financer... Ouais,
- Speaker #0
en fait, ce qui était un peu compliqué, c'est quand tu vends entre associés, il n'y a pas vraiment de marché, tu ne vas pas être en concurrence X personnes. En plus, moi j'étais légèrement minoritaire, lui était légèrement majoritaire, donc quelque part, c'est lui qui avait les clés.
- Speaker #1
C'était à toi de partir.
- Speaker #0
C'est lui qui avait les clés en main, c'était à moi de partir. Et puis quelque part, même le montant, on a essayé de tomber d'accord sur un montant qui paraissait juste pour tous les deux, mais... Il n'y a pas beaucoup d'axes de négociation. Donc oui, on s'est mis dans un bureau. Moi, je lui ai dit, écoute, je veux partir. Je lui ai dit, moi, je ne suis pas du tout là pour... Enfin, je ne veux pas t'embêter. Je ne voulais surtout pas partir dans des démarches juridiques qui durent des années, etc. Parce que je sais que je voulais repartir sur un nouveau projet. Donc, on s'est assis autour d'une table. Bon, ce n'était pas aussi simple que ça, mais ça s'est quand même fait. Et l'idée, c'était vraiment pour moi d'avoir l'esprit clair et repartir sur un nouveau projet. Et lui, d'avoir les mains libres. pour développer la boîte.
- Speaker #1
C'est bien quand même parce que je trouve que ce que tu décris, il y a beaucoup d'associés qui finissent en procès l'un contre l'autre parce qu'ils ne sont pas d'accord si c'est 2 millions ou 10 millions. Du coup, entre les deux, tu n'arrives pas à y mettre tellement d'ego que ça se confronte. Vous avez réussi à trouver vite un accord sur le montant et à passer au bout.
- Speaker #0
Après, ce n'était pas aussi simple que ça, mais il n'y a pas eu de gros clashs. Et moi, ce qui est sûr, c'est que je ne me voyais pas partir sur… sur des histoires pendant des années parce que je pense que déjà tu n'es même pas sûr de gagner. Et puis, moi j'aurais eu du mal à me projeter sur un nouveau projet si je n'avais pas fini l'autre. Ça, c'est un truc que je ne sais pas trop faire. Gérer deux projets en parallèle, ce n'est pas trop mon truc. Donc moi, je voulais vraiment finir le truc proprement et en démarrer à nouveau. Et je ne voulais pas avoir ça dans ma tête pendant 5 ou 10 ans, sans parler des coûts, de la charge mentale, etc.
- Speaker #1
C'est bien et surtout ça t'a permis d'avoir des fonds, on peut le dire, c'est quand même plusieurs millions la transaction, donc ça t'a permis d'avoir des fonds pour relancer une boîte.
- Speaker #0
Oui, pour valoriser le travail qui avait été fait, pour me mettre un petit peu à l'abri, moi et ma famille. Puis je n'avais pas le couteau sous la gorge de me dire j'ai trois mois pour retrouver un job, sinon c'est compliqué. Et surtout tu n'as pas le chômage en tant que dirigeant. Oui, mais tu n'as rien, donc ça te laisse un peu de temps pour réfléchir à ce que tu veux faire et tu n'as pas le couteau sous la gorge.
- Speaker #1
Comment tu t'es senti juste après la décision ? Tu étais soulagé ou tu étais en colère encore de devoir arrêter ? Tu te sentais comment à ce moment-là ?
- Speaker #0
Je pense que c'est un peu comme un deuil. Il y a les cinq étapes, je ne les connais pas. Le premier sentiment, c'est un soulagement. C'est clair. Le jour où je suis parti, je me suis dit que tous les soucis étaient derrière. Après quelques semaines, tu réalises et tu vois ce qui te manque. Tu te dis que ça te manquait. En plus, ce qui est dur, c'est que... Tu vois la boîte qui continue à se développer sans toi. Donc, ça fait toujours un peu bizarre. C'est comme si tu te sépares et que tu vois ton ex avec un nouveau gars et ils partent en vacances. C'est un peu le même principe. Donc, il y a eu plusieurs phases, mais ça a été dur. Parce que Venom en tant que projet, c'était moi, c'était ma vie. J'étais à 120% dessus. Je suis arrivé, c'était zéro. Et puis, on l'a amené là-bas. Et puis, je savais qu'en plus, le meilleur restait à venir. Donc, tu vois, c'est vrai que c'est frustrant. de se dire j'ai pas pu amener Venom là où je voulais l'amener. Donc tu vois c'est des mélanges de sentiments de soulagement, de liberté et en même temps un peu de nostalgie, de frustration, enfin tu vois tout ça, ça se mélange. Donc c'est pas une période très facile.
- Speaker #1
Mais l'indicateur de soulagement c'est quand même que ça veut dire que tu as pris une bonne décision en général.
- Speaker #0
J'ai jamais regretté, moi non plus, de manière générale je ne regrette pas trop. parce que je me dis que c'est comme ça. Mais franchement, je n'ai pas regretté parce que déjà, j'avais bien réfléchi. Je m'étais laissé deux ou trois semaines. Je n'étais pas parti en mode je claque la porte sur une discussion un peu houleuse. J'avais bien réfléchi, j'avais parlé avec ma femme et à l'instant T, c'était la bonne solution et je n'ai jamais regretté.
- Speaker #1
Est-ce que tu t'es dit ? Juste après, plus jamais je m'associerai, vu que c'était pas top à la fin, tu vois, ou est-ce que... Comment t'as fait ? Parce que là, tu t'es re-associé. Donc, c'est quoi le process ? Comment on fait pour re-choisir un associé, refaire confiance ? Tu vois, comment ça se passe ?
- Speaker #0
Effectivement, je me suis dit... Enfin, je me suis pas dit plus jamais je m'associerai, parce que, tu vois, cette association, elle était top, et j'aurais jamais monté Venom tout seul, et Franck non plus, c'est la réalité. Donc, si tu veux, c'était top pour lui et c'était top pour moi. Donc, j'étais pas en mode de dire plus jamais, je regrette, c'est l'enfer. Mais je m'étais dit bon là voilà, c'est un peu comme quand tu te maries, tu divorces, tu te dis je vais rester un peu célibataire, voir mes potes, je ne vais pas me remarier dès demain tu vois. Là c'était un peu pareil. Et puis en fait du coup j'ai démarré avec Bohémy tout seul, j'avais 100% de Bohémy. Et puis Magali était ma première salariée, on s'était rencontré au CAP Boulanger à Ferrandi. Et en fait on s'est tellement bien entendu et puis elle travaillait à fond et tout, que dès la deuxième ça me paraissait normal qu'on s'associe, puis la troisième, puis la quatrième. Et maintenant on a créé un groupe et elle est associée, alors je reste majoritaire. Ça par contre c'est hyper important pour moi parce que j'étais légèrement minoritaire sur Venom. Donc maintenant je suis maître de mon destin. Mais par contre on est associé et ça se passe super bien et je suis ravi d'avoir un associé.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui fait que ça se passe aussi bien avec elle ? Tu penses si tu décortiques pour les entrepreneurs qui se disent comment est-ce qu'on choisit bien un associé et surtout comment on entretient la relation, tu dirais que c'est quoi les secrets ?
- Speaker #0
Il y a plusieurs sujets techniques et puis personnels. Déjà technique, je trouve ce qui est bien, ce qui est plus équilibré, c'est que moi je suis très majoritaire, elle est plus minoritaire. Et donc il y a vraiment quelque part un numéro 1 et un numéro 2, même si c'est jamais des choses qu'on se dit en face à face, jamais je vais lui dire c'est moi qui ai raison. Mais il y a quand même, alors tu vois chez Evenom on était vraiment quasiment à 50-50, et du coup même dans l'esprit, chaque décision c'était plus conflictuel. Et quelque part tu te dis si j'abandonne cette décision là... je suis perdant ou là je suis gagnant. Là, je trouve que c'est plus clair, c'est plus net. Moi, je gère vraiment le développement international, la vision, et Magali, elle est plus sur la France, sur l'opérationnel. Donc on a vraiment chacun nos précarés. Là où avec Guenhomme, c'était un peu plus, on se marchait un peu plus sur les pattes. Et puis après aussi, je pense que la différence, c'est qu'on est plus différents avec Magali. Avec Franck, on était très copains.
- Speaker #1
De profil sales aussi, non ?
- Speaker #0
Ouais, sales, mais c'est aussi, on était deux hommes, on avait le même âge, on était potes. On était trop fusionnels dans le sens où on était potes, on était aussi associés. Alors quand ça se passe bien, c'est top. Mais dès que ça commence à aller moins bien, perso ou pro, ça met un peu la grouille un peu partout. Alors avec Magali, on s'entend super bien. Mais elle est un peu plus jeune que moi. C'est une femme, elle a ses amis. Moi, je suis un gars, j'ai mes potes. Et on est moins... On a chacun nos zones d'intérêt. Quand on est ensemble, on est super contents, on s'entend super bien. Mais en même temps, on a chacun nos vies. Et puis aussi, on est un peu plus âgés. Moi, j'ai des enfants, une famille. Alors qu'à 30 ans, à l'époque de Venom, on était tout le temps, on sortait ensemble, on faisait tout ensemble. Donc, je pense que séparer un peu plus le perso et le pro, c'est quand même intéressant.
- Speaker #1
C'est intéressant parce qu'on parle beaucoup de complémentarité sur le plan des compétences. Tu vois, c'est souvent le truc qui revient. Il faut t'associer, si tu es CEO, il faut t'associer au CTO, donc le directeur technique. Tu vois, toi, tu le vois plus sur le plan de la personnalité ou le... la personne en tout cas en tant que son âge, son sexe, son parcours de vie, etc. Tu ne dirais pas que par exemple en termes de compétences, vous êtes très complémentaire ou vous êtes assez proche avec Magali ?
- Speaker #0
Je dirais qu'on est quand même complémentaire. À l'époque de Venom, Franck était très orienté produit, design. Il avait une âme un peu plus d'artiste, une sensibilité sur le design. Moi, j'étais plus cartésien, logistique, vente. Donc tu vois, on était aussi complémentaire par rapport à ça. Et quelque part là, c'est pareil, Magali, elle va être très... très carré et très opérationnel, tenir les magasins, la finance, les RH. Moi je vais être un peu plus foufou pour aller à l'étranger, lancer des nouveaux projets, etc. On est aussi complémentaires, je pense qu'il faut aussi être complémentaires dans les compétences. Et c'est ce qui permet aussi d'avoir une zone de travail où tu es un petit peu solo, ce qui évite de se marcher les uns sur les autres. Mais je pense que ce qui est important, moi j'ai beaucoup d'admiration pour les gens qui travaillent en couple par exemple, mais... C'est dangereux parce que ça veut dire que tu mets tous tes oeufs dans le même panier. Et c'est-à-dire que s'il y a un problème perso, ça va impacter le pro. Le pro peut impacter le perso. Donc si ça marche, c'est la symbiose parfaite et c'est génial. Mais s'il y a un truc qui commence à glisser, c'est un peu plus dangereux.
- Speaker #1
Je n'ai pas d'exemple de boîte. Je ne sais pas s'il y a des boîtes de couple comme ça qui cartonnent. J'en connais plein. Il y a beaucoup plus qu'on pense qui font des boîtes en famille. En famille, il y en a plein, mais en couple aussi. mais qui cartonne, je sais pas. Tu vois, j'ai l'impression souvent qu'effectivement c'est limitant. Parce que dès que tu deviens à devoir prendre une décision clé pour la boîte, forcément j'imagine que tu te dis « Attends, c'est mon mari ou c'est ma femme, je vais pas... » Je ne vais pas la sortir de ce sujet, il va se passer comment ce soir.
- Speaker #0
Quand le temps passe, tu peux te séparer à titre personnel, tu peux t'éloigner aussi à titre professionnel. Là, c'est deux possibilités qui peuvent arriver. Mais par contre, quand ça marche bien, je pense que c'est super parce que les gens se connaissent parfaitement. C'est clair. Il y a des points forts, des points faibles. En tout cas,
- Speaker #1
ça fait plaisir à entendre parce qu'on sent que cette association a l'air vraiment agréable pour vous deux et vous avez l'air très aligné avec Magali.
- Speaker #0
Oui, c'est un plaisir. De toute façon, créer une boîte, ça doit être un plaisir. Si c'est un calvaire, il ne faut pas faire ça. C'est avant tout avoir du plaisir. Après, si ça marche et tout, c'est super. Mais il faut que le matin, tu arrives au bureau, tu sois plus heureux que quand tu étais salarié. Sinon, ça ne sert à rien.
- Speaker #1
Et quand même, comment vous gérez les désaccords quand ils arrivent avec Magali ?
- Speaker #0
Il n'y en a pas des masses, mais déjà, on essaie de s'écouter. Et puis, tu vois, s'il y en a un gros désaccord, enfin six mois, par exemple, je veux prendre un magasin et elle dit non, moi, je n'y crois pas une seconde. Je vais quand même me dire, si elle n'y croit pas, je ne crois pas. Il y a quand même un truc qui se passe. En général, sur les grosses décisions, si on n'est pas d'accord, chacun essaie de se remettre un petit peu en question. Et on ne va pas aller imposer la décision à l'autre. En général, on est souvent d'accord sur les grandes décisions. Mais dès qu'il y a un décalage, c'est quand même un gros warning pour moi. Parce que ça veut dire qu'il y en a un des deux qui se plantent. Et donc, ça veut dire que la décision n'est pas aussi évidente que ça. Si on est deux, on visite un magasin, on se dit « putain, il est génial et tout, il faut y aller » . Il n'y a pas de débat. En deux minutes, on se dit « le bail » . Si moi, je dis « ouais, c'est super » , un gars dit « ouais, j'y crois pas » , on va creuser, on va étudier, on va essayer de se remettre en question. Ok,
- Speaker #1
c'est intéressant. Très intéressant. Mais oui, en tout cas, c'est très intéressant. En tout cas, je le sens beaucoup d'écoute. Est-ce que c'est ça aussi ? Je trouve que la capacité des bons duos de fondateurs à fonctionner, c'est aussi d'être capable d'écouter le désaccord de l'autre sans voir ça comme un conflit. C'est un désaccord, pas un conflit.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
C'est ça que je retiens dans ce que tu me dis quand même. C'est la simplicité. C'est ça qui est quelque chose que je trouve...
- Speaker #0
C'est aussi une question de personne à un moment donné. C'est pourquoi ça prend ? Pourquoi on a autant de temps bien ? Pourquoi... Tu sais, des fois, c'est un peu une sorte d'alchimie. Tu ne sais pas trop pourquoi, tu vois. Comme avec des gens, il y a des gens que tu rencontres comme ça En deux minutes tu te dis Je pourrais parler avec eux pendant deux heures Puis il y a des gens, ça va pas le faire Un associé c'est un peu pareil Et si c'est trop compliqué, c'est que c'est pas le bon
- Speaker #1
Quand il y a un doute, il n'y a pas de doute
- Speaker #0
C'est un peu ça
- Speaker #1
Je reviens après sur la suite de l'histoire Là on est en 2014, t'as arrêté Venom Séparation quand même Émouvante parce que Beaucoup de travail mis là-dedans Une séparation avec un associé C'est jamais facile Et là, tu te mets... Donc à quel moment de ta vie tu te dis je vais faire un CAP, donc pâtisserie ou boulangerie ? Boulangerie, pardon. Donc à quel moment tu te dis je fais ça ?
- Speaker #0
Bah je ne sais pas en fait...
- Speaker #1
Le mec passe des gants de MMA au croissant.
- Speaker #0
C'est quand même... En fait, c'est un moment où je réfléchis à plein de trucs. Je me dis mais qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais créer un éditeur de logiciel, une start-up, une application, etc. Et en fait, ce qui était sûr, c'est que je voulais créer quelque chose qui s'exporte. Parce qu'avec Venom, on avait beaucoup travaillé à l'international. Donc je ne voulais pas faire un projet franco-français. Franchement, quand tu es école de commerce, commercial et entrepreneur, tu ne sais rien faire. Je n'étais pas un développeur, je n'étais pas un ingénieur. Donc je ne me voyais pas partir sur un éditeur de logiciels, sur une app, un truc. Et puis en même temps, j'ai adoré le sport et j'ai adoré travailler dans un domaine qui me plaisait. J'aime beaucoup la gastronomie aussi, notamment le sucré, je trouve que c'est un truc qui m'attirait bien. Et en même temps, en termes de business, je trouvais qu'il y avait un gros décalage entre le savoir-faire français sur ces marchés, qui est extraordinaire, on a des gens en France, des Cédric Grolet, des gens comme ça qui sont incroyables, et la boulangerie du coin de la rue qui était souvent un peu old school. Et donc, tout ce mélange-là, je me suis dit que là, il y a une opportunité un peu business, parce qu'il y a un truc à faire sur ce marché-là, ça me plaît bien. C'est pas non plus un domaine qui est très hype, très à la mode. Moi j'avais un peu peur du côté je vais créer mon app et je suis en concurrence avec 200 gars qui ont fait Polytechnique, qui ont tous levé 10 millions d'euros. Là tu vois la boulangerie t'es un peu dans ton truc et finalement c'est un très gros marché, une belle opportunité. Pas trop de concurrence de nouveaux entrants. Et donc pour toutes ces raisons, à un moment donné, je me souviens, j'étais chez des amis et puis je leur dis voilà je réfléchis, je sais pas quoi faire. Le seul truc qui me paraît pas mal c'est faire ça. Et puis ils me disent bah fais-le alors. Puis je dis bah ok, faisons-le quoi. Donc j'ai envoyé à Metz la Ferrandi, c'est l'école de boulangerie. C'est la plus grande école sur Paris. Et puis j'ai été pris et puis c'était parti comme ça. Donc tu vois, il n'y a pas eu vraiment d'épiphanie. Un jour, je me suis levé en disant « je vais faire ça » . C'était plutôt une réflexion de quelques mois.
- Speaker #1
Tu ne rêvais pas quand tu étais petit de devenir boulanger ?
- Speaker #0
Alors, je rêvais quand j'étais petit de rentrer et de tout manger. Parce que j'étais... J'ai toujours aimé ce truc-là, mais je n'ai pas rêvé d'ouvrir une boulangerie au sens business. Mais c'est des sujets qui m'ont toujours plu.
- Speaker #1
Ça te ramène des émotions d'enfant ?
- Speaker #0
Ouais, puis c'est un milieu sympa. Venom, quand tu fais un short ou un t-shirt, tu l'amènes à un pote, il dit « ouais, c'est génial » . Quand tu fais un super beau cookie, tu le ramènes chez tes potes, les gens sont heureux. Je trouve ça plus sympa que de faire des tubes en plastique pour la recherche pétrolière, même s'il en faut. Mais moi, je trouve que c'est des produits, que ce soit le sport ou la gastronomie, qui vraiment touchent les gens et touchent tout le monde. D'ailleurs, j'ai plein de clients qui sont clients Venom et clients Bohémy. C'est des choses qui touchent tout le monde. Et je trouve que c'est des produits qui sont intéressants à créer, à développer, à vendre. Moi, j'aime bien le côté un peu B2C.
- Speaker #1
Mais c'est marrant parce que pour le coup, j'ai le sentiment... que faire des marques B2C et particulièrement des marques sexy, donc c'est-à-dire la boulangerie, effectivement c'est sexy, les gants de MMA, bon ça l'était peut-être pas à l'époque, mais maintenant c'est très sexy, c'est là où t'as le plus de chances de te gameler, tu vois, parce que t'as beaucoup de concurrence, parce que c'est super dur de... La boulangerie, tu vois, aujourd'hui, tout le monde veut du sang gluten, il y a plein de trucs comme ça qui pourraient faire que tu te dis, et puis il y a des millions de marques de boulangerie, tu vois. Donc pourquoi tu te mets dans un truc aussi difficile ?
- Speaker #0
Benoît Lefebvre Vénome, c'est une marque. J'ai vraiment beaucoup travaillé sur la marque. Une marque, c'est très important. En boulangerie, notamment il y a dix ans, il y avait très peu de marques de boulangerie. Les gens ouvraient une boulangerie et ils écrivaient « boulanger » , comme ils écrivaient « coiffeur » . Il n'y avait pas vraiment de marque. La marque, c'était le moulin du 17e, mais pas des marques très impactantes. D'ailleurs, Bohémie, c'est très différent. c'est une marque qui peut être une marque de plein d'autres domaines, ce n'est pas forcément boulangerie. Et donc on voulait justement nous créer une marque et ça déjà c'était un peu nouveau. Maintenant il y a beaucoup de boulangeries qui s'ouvrent, qui ont cette approche un peu plus de marque.
- Speaker #1
Michel et Augustin c'est à peu près concomitant en terme de lancement ?
- Speaker #0
C'était un petit peu avant mais dans le gros alimentaire, au sens produit fini type yaourt et tout, la marque a toujours existé. Danone, Yoplait, Petit Filou, il y a toujours des marques. Et donc on a fait une marque. En boulangerie, peu finalement. 95% des boulangeries, il y a 10 ans, elles s'appelaient boulangerie du 15e. Il n'y avait pas d'identité. Et donc moi, justement, l'idée avec Bohémy, c'était de dire on va faire le vénom de la boulangerie. C'est-à-dire créer une marque avec toutes les valeurs qu'elle incarne, de qualité, accessible, qui communique bien, cool, sympa. pas prétentieuse mais pas cheap non plus et finalement tu vois Bohémy, Venom il y a plein de points communs parce que les gens disent ouais mais comment on passe du MMA à la boulangerie mais en fait il y a plein de points communs et comme je disais c'est les mêmes clients une partie des mêmes clients qui vont aller acheter un t-shirt de MMA et qui vont aller acheter un sandwich ou un pain au raisin tu vois ça
- Speaker #1
reste les mêmes personnes finalement c'est intéressant en fait c'est ça c'est le lien que j'avais passé en fait tu crées des marques tu crées des marques et dans des univers qui en manque. C'est ça le but ? Oui,
- Speaker #0
créer une marque grand public, je pense que c'est ce que je sais faire. Créer une app, je ne saurais pas faire. J'adorerais, mais je ne saurais pas faire. Lever des fonds et créer un éditeur de logiciels, j'adorerais, mais je ne saurais pas faire. Créer une marque B2C, je sais faire.
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'il faut comme qualité en tant qu'entrepreneur pour réussir des marques comme ça ? Il faut un sens du design particulier ? Il faut être très bon en marketing, selon toi c'est quoi les deux trois grandes clés ? En tout cas, selon toi qu'est-ce qui explique le succès de tes marques ?
- Speaker #0
Je pense qu'il faut beaucoup de bon sens, et puis il faut être à l'écoute pour essayer de capter ce que les gens attendent. Mais c'est un peu du bon sens, c'est du bon sens et de la sensibilité. Il faut se dire pourquoi les gens ne communiquent pas sur ça, sur le marché de la boulangerie, pourquoi ils ne mettent pas ça en avant, qu'est-ce qui va plaire, comment est-ce qu'on peut faire quelque chose de cool avec un gâteau. Une boulangerie c'est le produit, c'est le magasin que les gens visualisent, toujours pareil, les produits au même endroit, les mêmes vitrines. Donc de se dire, si on veut faire une boulangerie différente, comment est-ce qu'on la ferait ? Pourquoi est-ce que les vitrines sont toutes pareilles ? Pourquoi on ne fait pas une vitrine un peu différente ? Il faut avoir ce côté un peu bon sens, je ne vais pas dire paysan, mais pas loin. Mais il n'y a pas de secret. C'est toujours de se dire comment on peut faire un peu différent et faire un truc un peu plus cool que ce qui existe aujourd'hui. Et dans la boulangerie, ce n'était pas compliqué, mais c'était tellement traditionnel comme domaine que dès qu'on est arrivé là-dedans et qu'on a changé 2-3 codes, tout de suite on est sorti du lot parce qu'il y avait peu de boulangeries à Paris qui avaient cette Ausha.
- Speaker #1
C'est vraiment intéressant. Je reviens quand même à cette histoire de CAP boulangerie. Qu'est-ce que tu as le plus appris ? Qu'est-ce que ça t'a permis ? Parce que je pense qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs qui s'interdisent aussi de faire des choses de leur main, tout simplement.
- Speaker #0
J'ai appris plein de trucs. Déjà, j'ai appris un peu la base du métier, c'est-à-dire faire du pain, faire des viennoiseries. Mais ça, je dirais, à la limite, tu peux presque l'apprendre tout seul. Je ne vais pas dire sur YouTube, mais ça, c'est technique.
- Speaker #1
Par exemple, je te coupe, mais c'est vrai qu'il y a tellement de patrons de boîtes. Moi, j'ai bossé dans une boulangerie, c'est pour ça que je dis ça. Et le patron, il venait de Xerox. Donc, pas si loin de ton parcours, tu vois, finalement. C'était un commercial. Il n'avait jamais fait des éclairs de sa vie. Mais il gérait la boîte, sa boulangerie, comme s'il gérait une boîte d'informatique. Et du coup, il ne comprenait rien aux produits, il ne comprenait rien au personnel. Et ça finit en faillite à cause de ça. En fait, je trouve ça intéressant le message que tu envoies de mettre les mains dedans.
- Speaker #0
Il faut connaître la technique, mais effectivement, surtout, il faut connaître l'univers. Et en fait, je pense que le problème... du gars en l'occurrence de Xerox, et qu'il a dû se dire, moi je vais acheter Xerox, les rois de la vente, la boulangerie, c'est moins bien, j'y vais, je vais tout casser. Exactement. Moi j'en vois des gars comme ça, qui arrivent, ils sont traders, ils sont managers, etc. Mais la boulangerie c'est un métier qui est hyper complexe, qui est largement aussi complexe que créer une application, créer une app ou créer une banque d'affaires. C'est juste différent. Et donc si t'arrives en mode, je suis un génie, je vais tout casser, tu vas te planter. Donc c'est pour ça que moi je suis allé au CAP. Pas forcément que pour apprendre la technique, mais aussi pour dire, ok, je ne connais rien à ce domaine-là, je viens, j'écoute, j'apprends, tu fais des stages, donc tu rencontres d'autres boulangers, tu leur parles, tu vois ce que c'est que ce métier-là, tu vois les difficultés, tu rencontres des gens, c'est là où j'ai rencontré Magali, c'est là où j'ai rencontré certains fournisseurs. Et donc, en un an, tu vois, c'est pas long, en un an, mais en un an, tu commences à comprendre un petit peu ce marché-là et quand tu démarres, tu n'arrives pas plein d'arrogance et en t'apparant à côté de la plaque. Donc pour moi ça c'est hyper important et quelle que soit la reconversion, c'est tout ce que tu as fait avant, ça compte plus. Moi, quand j'ai vendu Venom, c'était super, mais ça ne va pas te faire vendre des croissants. Donc, tu repars à zéro, tu vas à l'école, tu écoutes, tu prends des notes, tu passes tes examens, tu parles avec tes collègues. Et après, tu repars de zéro et tu recrées une société. Et moi, j'en vois même aujourd'hui en boulangerie, en restauration. Il y a des gars qui arrivent, j'ai levé 15 millions, je vais ouvrir 40 boulangeries dans les 3 ans. 3 fois sur 4, au bout de 2 ans, ils ne sont plus là. Parce qu'ils pensent... que la boulangerie c'est un sous business mais pas du tout c'est hyper compliqué.
- Speaker #1
C'est une belle leçon d'entrepreneuriat et d'humilité revenir au bas c'est pas parce que tu as monté la licorne de l'année que en l'occurrence toi c'était quand même un gros succès Venom qu'il faut pas repartir de zéro.
- Speaker #0
Par exemple tu vois Venom c'est intéressant mais Venom c'est beaucoup plus simple que la boulangerie. Parce que Venom, ça a toujours été, enfin Venom ou Nike d'ailleurs, c'est tu développes un produit, tu le fais faire à une usine. Alors il y a des complexités, des livraisons, de la logistique, etc. Mais c'est pas toi qui va faire le short, Venom n'avait pas d'usine. comme Nike n'a pas d'usine et après tu les vends et encore tu les vends souvent à des distributeurs qui eux-mêmes vont les vendre au client final. Donc tu vois, tu es sur une petite partie finalement de la valeur. Donc en gros ton métier c'est dessiner des produits, sentir la tendance, sponsoriser. les bonnes personnes pour ensuite faire en sorte que le short se vende. Mais la boulangerie, c'est beaucoup plus compliqué que ça parce qu'en fait, tu es producteur. Donc, c'est comme si tu avais ton usine de textile en amont, c'est que tu vas tout produire. Tu prends de la farine, des œufs de chocolat, il faut produire. Une fois que tu as produit, tu as tes propres magasins et tu vas au client final. Donc, tu vois, tu as une chaîne de valeur qui est extrêmement large et en fait, tu peux te planter sur tous ces éléments. Tu peux avoir des coûts de production qui explosent, tu peux avoir des mauvaises équipes de production, tu peux avoir côté vente des mauvais vendeurs, des magasins qui ne marchent pas. Et donc, tu vois, pour arriver à à gérer ça, c'est beaucoup plus compliqué que de gérer une marque de sport à taille équivalente. Alors qu'on pourrait se dire, une marque de sport, c'est super prestigieux, alors que la boulangerie, dans les podcasts, tu prends la boulangerie un peu comme le référent de base. Si ton boulanger veut faire de l'IA, qu'est-ce qu'il fait ? Le boulanger, c'est le niveau zéro du business. C'est faux. C'est extrêmement complexe. Et je pense que c'est un métier qui est très très complexe. Et si ça tu le sous-estimes, t'arrives là-dedans, ouais j'ai fait trader pendant 4 ans, t'arrives là-dedans tu te fais balayer.
- Speaker #1
Rien que le fait qu'un gant de mémat tu peux le stocker et qu'un pain ou une brioche ça dure 2 jours.
- Speaker #0
Ton short tu le vends pas pendant 3 jours, tu le vends le 4ème jour. Ton gâteau à mille feuilles il est pas vendu le soir, il est jeté. Donc t'imagines la complexité du truc.
- Speaker #1
C'est impressionnant, intellectuellement ça doit être très challengeant.
- Speaker #0
C'est pour ça que c'est hyper intéressant.
- Speaker #1
Ouais c'est hyper intéressant. Et ok, du coup un autre truc que je remarque dans ton aventure qui est particulière, et tu me l'as dit tout à l'heure, c'est que chez Bohémie vous avez plus de 200 salariés qui ne sont pas que des cadres, parce qu'il y a des gens qui travaillent dans des boulangeries, il y a des...
- Speaker #0
95% ne sont pas des cadres.
- Speaker #1
95% ne sont pas des cadres. Alors comment est-ce qu'on manage, comment est-ce qu'on dirige une boîte dont les salariés sont très différents de soi ?
- Speaker #0
C'est une bonne question. Tu fais un peu ce que tu peux. C'est pareil, il faut être assez ouvert. Si tu arrives avec ta vision, avec ton état d'esprit, moi je fais école de commerce, je travaille dans des grands groupes informatiques, en fait il y a plein de gens qui ne pensent pas comme ça chez nous. Donc il faut déjà essayer de comprendre comment les gens pensent, parce qu'ils n'ont pas la même expérience, ils n'ont pas la même éducation. Il y a un autre paramètre qui s'accentue de plus en plus, c'est l'âge aussi. Moi, j'ai 48 ans. Tu ne les fais pas. Merci, merci. Quand je vois des gens qui en ont 18, c'est complètement une autre génération. Alors que chez Venom, on avait des employés. Moi, j'avais 33 ans, mes employés avaient 25 ans. Tu te comprends mieux. 48 ans, 20 ans. Si tu arrives en jugeant avec ton cadre de pensée des gens qui ont 20 ans, tu vas dire qu'ils ne sont pas ceci, qu'ils ne sont pas cela. Donc tu vois, il faut être hyper ouvert, il faut s'adapter et puis il faut trouver le bon curseur entre compréhension, autorité, écoute. Mais il n'y a pas de solution miracle. Puis après on a des profils qui sont très différents aussi.
- Speaker #1
C'est quoi ta pire erreur de management tu dirais ?
- Speaker #0
Ma pire erreur de management ? Je pense qu'au début ça a été un peu ça, ça a été un peu de penser tu vois. Je sais pas, mettre des objectifs à tout le monde, des primes sur objectifs, c'est des choses qui sont très... C'est des choses qui vont bien fonctionner sur une population de cadres, de commerciaux. Moi j'étais commercial donc c'est des choses qui me parlent. Et en fait on a plein de gens...
- Speaker #1
Juste je reviens, pour que l'on comprenne, c'est que tu mettais des primes à des salariés de boulanger ?
- Speaker #0
Non mais par exemple à un vendeur. dire par exemple à un vendeur en boulangerie si le trimestre il est atteint tu auras telle prime et en fait dans ces métiers là les gens ils ont une vision qui est beaucoup plus court termiste c'est à dire que ce qu'ils veulent c'est le salaire à la fin du mois ils vont pas se projeter sur 3 mois comme en commercial ou sur une année ce qu'il faut c'est plutôt par exemple faire des salaires des salaires plus importants à court terme mais ils vont pas forcément se projeter sur 3 mois, 6 mois comme bah Comme un cadre commercial classique. Il faut le comprendre. Pour moi, c'est un peu... Si tu dis aux gens que tu préfères gagner 120 dans 3 mois ou alors 110 tout de suite, dans mes équipes, tout le monde va dire 110 tout de suite. Alors que moi, j'aurais plutôt une approche très différente, plus sur le moyen ou sur le long terme. Il faut le comprendre parce que c'est des gens qui font ces métiers-là, souvent pour quelques mois, en vente notamment. Et ce n'est pas des gens qui se projettent forcément des années sur ces marchés-là.
- Speaker #1
Donc c'est encore une histoire d'écoute et d'adaptation au profil que tu encadres.
- Speaker #0
Nous, on travaille avec des gens qui sont hyper différents. Nous, on a des gens qui ont arrêté l'école à 14-15 ans pour devenir boulangers en apprentissage. Tu vois, c'est des parcours de vie qui sont très différents du mien. Donc il faut se forcer à se projeter sur ça et à les comprendre. Parce que si tu juges tout le monde avec ton cadre à toi, ça ne fonctionne pas.
- Speaker #1
Comment tu t'entoures, toi ? C'est qui les... Toi, tu manages en direct ? Avec qui tu bosses au quotidien ? Comment ça se structure, en fait, une boîte de 200 salariés qui fait 20 millions et qui fait une boulangerie ?
- Speaker #0
Nous, en fait, on a deux grands pôles. On a la production et la vente. Ça, ça va être 180 personnes, pour résumer, à peu près moitié-moitié. Et après, on a une équipe de management qui gère les grands sujets. OK. Donc on va avoir finance, RH, exploitation, les achats. Donc moi je travaille avec ces gens-là, ces 4, 5, 6 personnes qui gèrent ces grands sujets. Et je ne peux plus aller micromanager dans les boutiques parce qu'il y a trop de monde. Même de connaître tout le monde à 200 c'est dur.
- Speaker #1
C'est sûr. Et du coup, tu l'as un peu abordé tout à l'heure, mais j'aime bien reposer cette question. De quoi tu es le plus fier sur Bohémy ?
- Speaker #0
Bohémie, c'est de se développer vite, bien, tout en préservant les équipes. Nous, par exemple, il y a un truc dont je suis fier et qu'on arrive à faire, c'est que chez Bohémie, toutes les heures sont payées, les heures supplémentaires, les heures du dimanche, les heures de nuit. Et je le dis parce qu'en fait, ce n'est pas le cas partout et c'est même loin d'être la norme.
- Speaker #1
C'est la loi.
- Speaker #0
C'est la loi, oui.
- Speaker #1
Tu veux dire qu'il y a des gens qui ne le font pas ?
- Speaker #0
plein de domaines où c'est pas... Enfin, il y a plein de marchés où c'est pas fait. Et c'est des métiers qui sont hyper durs, parce que c'est hyper dur. Être boulanger, c'est plus dur qu'être commercial. Enfin, pour avoir fait les deux, ça n'a rien à voir. Et nous, tu vois, nous, on a des bons... Enfin, on essaie d'offrir les meilleurs salaires possibles de base, de respecter complètement la loi, et c'est normal.
- Speaker #1
Ça devient dingue que respecter la loi devienne ton avantage sur le marché,
- Speaker #0
quand même. Non, mais tu saurais. Enfin, tu verrais le nombre de gens qui viennent de grandes maisons qui viennent chez nous ou qui partent dans des maisons super connues et des noms super connus que tu vois partout à la télé, qui t'expliquent que c'est génial ce qu'ils font et tout mais tu leur dis, écoute mon gars t'as bossé 12h aujourd'hui, c'est ça la restauration, c'est ça la boulangerie Non, moi c'est des trucs, moi j'ai beaucoup de respect pour ces métiers là et tu vois on parlait du CAP tout à l'heure, moi j'ai fait quelques stages, j'ai fait deux mois de stage quand tu fais deux mois de stage dans ces métiers là, tu dis ouais Respect les gars et vous n'êtes pas reconnus à votre juste niveau parce que c'est des métiers qui sont beaucoup plus durs que cadre dans une tour à la défense. Tu travailles plus, c'est plus intense, t'es moins bien payé, t'es moins reconnu. Donc voilà, nous on essaie que les gens soient le mieux possible chez nous.
- Speaker #1
Ok, super. Et à l'inverse, de quoi tu es le moins fier ?
- Speaker #0
Chez Bohémy ? De quoi je suis le moins fier ?
- Speaker #1
Pas de question facile, je l'apprends.
- Speaker #0
Ouais, ouais. Non, parfois, ce dont je ne suis pas fier, c'est qu'on ne réussit pas ce qu'on veut. C'est-à-dire, ce qui est dur dans ces métiers-là, c'est que si tu développes un logiciel, tu le développes, il est bien, il n'est pas bien. Mais s'il est bien, il sera toujours bien, en tout cas pendant quelques mois. La boulangerie, c'est tous les jours. C'est-à-dire que tous les jours, tu redémarres. Et des fois, ça m'arrive d'arriver dans un magasin et me dire « Ouais, là, j'ai honte. » Et ça m'arrive encore récemment dans un magasin parce qu'il y a trois absents ce jour-là, donc l'équipe est débordée, la salle n'est pas propre, tu vois, avoir les produits, là, on a raté les pains ce matin. Et tu vois, tu n'es jamais fier à 100% de tous tes magasins tous les jours. Parce que, comme c'est de l'artisanat, il y a plein de choses qui ne vont pas. Et quand ça ne va pas, tu te prends des avis négatifs et tu as honte. Tu te dis, je n'ai pas réussi. La fois dernière, c'était pour Noël, j'étais avec mes parents qui n'avaient pas vu tous les magasins. Je les ai amenés dans un magasin et c'était une catastrophe parce que c'était le 24. Mais je n'étais pas fier. Je disais, je suis gêné parce que ce n'était pas le niveau qu'on voulait attendre.
- Speaker #1
Et comment tu réagis dans ces moments-là ? Parce que je pense qu'il y a beaucoup de dirigeants qui vont soit avoir tendance à se mettre en colère contre les équipes, ou eux-mêmes vivre extrêmement mal la situation parce que souvent les entrepreneurs c'est des hyper exigeants, des hyper perfectionnistes. Toi comment tu vis ça et comment tu réagis dans ces moments-là ?
- Speaker #0
T'essayes de voir pourquoi. Souvent c'est parce qu'il y a un problème, et souvent le problème c'est qu'il manque du monde. Donc tu ne peux pas t'énerver sur les équipes parce que ce ne serait pas juste. Parce qu'en plus, ceux qui sont là, c'est eux qui rattrapent le travail des absents. Donc tu vois, à la limite, il faudrait s'énerver sur ceux qui sont potentiellement par là, sous réserve, qui ne soient pas là pour de mauvaises raisons. Donc s'énerver, non, bah là, dans ces cas-là, moi je fais ce que je fais, c'est-à-dire j'arrive et puis je prends un balai, je nettoie, je ramasse les miettes, je donne un petit peu aux toilettes, je donne le coup de main, tu vois, pour aider les gens.
- Speaker #1
Tu donnes l'exemple.
- Speaker #0
Bah il faut donner l'exemple, ouais, et puis il faut aider. Parce que c'est hyper compliqué, en un quart d'heure, ta salle peut vriller. Il peut y avoir des plateaux qui s'entassent, un café renversé qui n'a pas été lavé. Et au lieu de rentrer et de se dire « ouais, Bohémy, c'est cool » , tu te dis « bah Bohémy, c'est sale » . Et puis tu vas te prendre des mauvais avis et tu auras mérité tes mauvais avis.
- Speaker #1
Inspirant. Donc là tu vas faire bientôt 30 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année prochaine. Oui cette année-là. Plus de 200. Dans tes rêves les plus fous, ça devient quoi Bohémy ?
- Speaker #0
Rêves les plus fous ? Pas forcément le plus fou parce que je pense que c'est possible. Ce serait de dire dans les 25 plus grandes villes du monde, tu as 5 ou 10 Bohémy, ça fait 120. 125, 130 magasins qui font 2 millions d'euros chacun et ça fait 250, 300 millions d'euros de chiffre d'affaires ça c'est quelque chose qui je pense est un rêve fou parce que c'est x10 par rapport aujourd'hui mais c'est possible je dis pas on va faire Starbucks parce que c'est impossible on aura pas 25 000 magasins mais je trouve que d'atteindre vraiment une belle une belle taille comme ça tout en gardant ce qu'on fait aujourd'hui c'est à dire une super top qualité parce que faire une chaîne de 300 points de vente en vantant des croissants surgelés un peu claqués, il y a plein de gens qui le font mais de dire on fait un truc vraiment tip top et partout dans le monde où que tu ailles si tu vois un bohémie tu sais qu'il va manger un truc qui est vraiment bien fait, des bonnes matières premières qui est magnifique, qui est bon,
- Speaker #1
qui est beau si on arrive à faire ça peut-être que j'arrêterai c'est marrant parce que tu vois je me suis je me serais dit pourquoi il s'arrête alors que
- Speaker #0
tu me diras si 250 millions déjà de chiffre d'affaires je pense que ça me prendra suffisamment de temps si on devait l'atteindre je pense que je serais plutôt jeune t'as pas envie de faire Starbucks la qualité c'est plus important faire Starbucks au sens j'ai rien contre Starbucks mais de dire je baisse la qualité j'industrialise tout et je crée 1000 magasins bohémies c'est pas pas du tout ce que je veux faire et j'ai vraiment jeûné mais j'ai aucun intérêt à faire ça donc toute l'approche de faire tu vois on préfère plein de franchises en france livrer de l'industrie et etc alors ça ne m'intéresse pas du tout donc ça ça je n'ai aucun intérêt pour ça par contre de dire faire starbucks et de dire je fais dix mille bohémies génialissime bien sûr ça ce serait mon rêve ultime mais après starbucks fait aussi dix mille points de vente parce que ils vendent un café c'est très simple à faire la boulangerie c'est beaucoup plus compliqué que le coffee shop Parce que t'as des process derrière qui sont pas tous les mêmes En gros ce que tu dis c'est que ça te semble
- Speaker #1
Très difficile de Déjà 250 millions c'est x10 par rapport à ce que tu fais donc en effet c'est suffisamment ambitieux je pense mais ça te semble très difficile de faire des boîtes comme ça, des billion dollar compagnie dans la food et de garder une qualité ?
- Speaker #0
Je sais pas s'il y a beaucoup de boîtes, même de 200 ou 300 millions d'euros de chiffre d'affaires qui sont très millions Paul ça fait combien ça fait ça non ? Paul ça fait un milliard ouais Un milliard ouais carrément Mais c'est Paul c'est très industrialisé Donc après, tu prends un croissant Paul, un croissant Bohémy, tu les mets côte à côte, un enfant de 3 ans, il verra la différence. Mais c'est pas le même marché, tu vois. Paul, ils font un milliard, mais ils n'auraient probablement pas pu faire un milliard en travaillant comme nous aujourd'hui. Donc c'est pour ça que je dis, tu vois, il faut trouver le moment. Moi, j'ai essayé d'aller le plus loin possible avec cette qualité-là. Et le jour où il y aura un choix de dire, soit on continue à grandir, soit on arrête, on garde la qualité, il faudra faire un choix. Mais nous, le choix, c'est la qualité. Donc... Si demain, on s'arrête à 50 millions et que nos magasins sont top à Séoul, à Jeddah, à Barcelone, à Paris, c'est très bien. Je serais très fier. Mais le côté, j'en fais plein et j'oublie un peu les origines et je fais un produit un peu passe-partout. Pour le coup, par rapport à ce qu'on disait sur la marque, ça n'a plus trop de sens. Parce que ta marque, en fait, OK, tu as la marque, elle est cool, mais il n'y a plus rien derrière et tu n'as plus de produit. qui sont cohérents avec ta marque. Donc finalement, ça n'a plus d'intérêt. Pour moi, le projet n'aurait plus d'intérêt.
- Speaker #1
Qualité avant la croissance. Et pourquoi tu décides d'aller aussi vite à l'international ? Parce que c'est vrai qu'à votre échelle, on peut se demander quand même pourquoi est-ce que tu ne vas pas à Bordeaux, à Lyon, à Rennes ? Pourquoi tu vas à Jeddah et à Séoul ?
- Speaker #0
Parce que ça nous... vous intéresse en fait enfin tu vois moi c'est perso face à ce que je disais tu sais quand j'ai quand j'ai arrêté venom j'ai voulu refaire venom dans la boulangerie et venom à 90% on vendait à l'étranger donc parce que moi c'est ce qui m'intéresse et enfin je dis souvent ça mais toi je préfère avoir trois boulangerie à Melbourne que 50 à Marseille parce que tu vois Marseille j'adore Marseille, j'adore Toulouse, moi je viens de Toulouse mais je peux y aller quand je veux aller à Toulouse c'est pas une aventure aller ouvrir tu vois j'y vais dans un mois Aller ouvrir une première boulangerie à Séoul, c'est improbable. Et nous, ce qu'on recherche, c'est ça. C'est pour ça que je ne suis pas derrière la course de dire « Je vais absolument avoir 300 boulangeries en France. » Je pourrais les créer en France. Ce serait long, mais ce serait possible. Ce serait beaucoup plus facile que de les créer à Séoul ou à Jeddah. Mais nous, le projet, c'est vraiment de faire une marque mondiale hyper qualitative. Et je pense qu'à terme, on peut même être... plus gros en faisant ça qu'en étant un géant français. Ce qui est logique puisque le marché, il est mondial. Mais par contre, c'est beaucoup plus compliqué et beaucoup plus long.
- Speaker #1
Et puis la boulangerie à l'étranger se vend mieux que la boulangerie en France, je suppose ?
- Speaker #0
Non, pareil. La boulangerie française,
- Speaker #1
je veux dire. Ouais,
- Speaker #0
mais déjà, la boulangerie française, il y en a un peu partout, déjà. Puis il y a des boulangeries qui ne sont pas françaises qui sont aussi très bien. À Séoul, t'as plein de bons artisans. Donc tu vois le côté...
- Speaker #1
On est en effet seul à faire des baguettes quand même, pas sur moi.
- Speaker #0
Ouais, des baguettes. baguettes et encore non mais tu vas tu vas à saoul tu vas à jeddah tu trouves des bons sur des bons artisans on n'est plus comme il ya trente ou quarante ans où tu arrives tu fais un millefeuille était le roi de la ville toi franchement tu as des bons tu as des bons artisans partout dans le monde donc pareil tu vois il faut pas trop je suis français j'arrive vous allez voir ce que vous allez voir c'est tu arrives à saoul tu arrives à jeddah bas tu vois des boulangeries des fois c'est vraiment du très très bon niveau Donc il ne faut pas arriver à un terrain conquis. Et donc il faut se battre pareil pays par pays.
- Speaker #1
Et comment tu finances l'international ? Parce que je crois que c'est effectivement pareil. C'est très rare d'avoir une boîte qui va dans ces pays-là faire du retail. Donc faire des magasins, des boutiques avec tout ce que ça implique comme coût. Comment tu fais ça pour s'enlever de fond ?
- Speaker #0
Alors en fait, il y a deux modèles. À Barcelone, on est en direct. Donc c'est nous qui avons bâti et financé la boutique. Là, pour ça, il faut de l'argent. Mais ensuite, sur les nouveaux pays, c'est plutôt des contrats de franchise ou master franchise. Donc là, c'est beaucoup moins consommateur de capex. Donc, tu amènes tes recettes, ton savoir-faire, ta formation, mais c'est beaucoup moins consommateur. Donc, l'idée, c'est justement de ne pas avoir trop de besoin de financement pour se développer.
- Speaker #1
Ok. Écoute, on a envie de te souhaiter que vous aies mis... Enfin, on a envie de se souhaiter aussi, parce que les produits, moi, je les ai déjà dégustés plusieurs fois. Et je trouve qu'effectivement, c'est... Le dernier petit déjeuner du club Bootsrap, c'était Bohémie. C'était super bon. On a envie que ça dure aussi longtemps que possible. Et toi, quand même, une question aussi là-dessus, c'est que je trouve qu'il y a plein d'entrepreneurs insatisfaits. Fondamentalement, tu leur demandes si tu es fier ou si tu es content. Ils vont te dire, mais oui, mais il y a ça, il y a ça, il y a des problèmes ici, il y a des problèmes là. Est-ce que toi, comment tu fais pour... Est-ce que tu ressens régulièrement de la satisfaction, de la forme de gratitude pour ce que tu fais, de fierté ? Ou est-ce que tu es plutôt toujours un peu dans le... « Ah, ça, ça va pas ! » Surtout dans un métier comme ça qui a toujours des problèmes.
- Speaker #0
C'est une discussion qu'on a souvent avec Magali, qui pour le coup, elle est un peu plus jeune que moi, donc je pense qu'elle est un peu plus junior sur ces sujets-là. Et c'est vrai qu'on est tout le temps, nous, dans la satisfaction. C'est-à-dire que moi, je rentre dans un magasin, il n'y a rien qui va pour moi. Toi, tu vas rentrer, tu vas dire « Non, mais c'est très beau ! » Mais pour moi, non, il n'y a rien qui va. Parce que je vois que les choses qui ne vont pas. Et tous les jours, on gère des choses qui ne vont pas. Et des fois, je dis ça à Magali, je dis mais ok, prendre deux minutes de recul sur cette année-là. Tu as vu ce qu'on a fait cette année ? On a fait ça, on a fait ça, on a ouvert ça. C'était une super année. Et donc des fois, il faut se prendre cinq minutes de recul et se dire, se regarder un peu le nombril entre guillemets, et se dire qu'est-ce qu'on est beau. Ça dure cinq minutes. Et après, de revenir dans le côté, il n'y a rien qui va. Donc il ne faut pas se regarder le nombril toute la journée et toute l'année parce que ça, ça ne sert à rien. Mais à l'inverse, toujours voir le négatif, ce n'est pas bon parce qu'à un moment donné, ça t'use et tu perds le sens de ce que tu fais. Pourtant, je pense que de temps en temps, c'est bien d'aller se faire, c'est ce qu'on fait de temps en temps, un repas pour fêter une ouverture de boutique, un nouveau pays. pour se dire mais attends est-ce qu'on a fait quand même en un an, en deux ans en cinq ans, c'est quand même ouf il faut le prendre en positif parce que ce positif ça te nourrit et c'est ce qui te permet de continuer et de repartir sur une nouvelle année Il faut célébrer ses victoires Une dernière chose que j'aimerais aborder aussi avec toi qui est particulière c'est que tu as décidé de vivre en Grèce avec ta famille est-ce
- Speaker #1
que tu peux nous en dire plus déjà comment ça se passe concrètement c'est quoi ton temps de vie là-bas versus en France ou ailleurs Pourquoi cette décision ?
- Speaker #0
En fait, ma femme est grecque, on est mariés depuis une dizaine d'années, puis on est ensemble depuis bien plus longtemps. Et donc on a vécu à Paris très longtemps, et on a eu deux petits garçons qui ont aujourd'hui 8 ans. Et donc il y a 4-5 ans, enfin 5 ans, on s'est posé la question de l'école pour eux. Et on s'est dit, est-ce qu'on les met à Paris ? à l'école française, enfin à Paris. Et puis les écoles, le cadre, la pollution, on se disait est-ce que c'est mieux pour eux d'être là ou d'être en Grèce ? Et bon, c'était assez clair que c'était mieux d'être en Grèce pour eux. Et donc moi j'ai dit à ma femme, tout à l'heure je parlais des décisions que je peux prendre assez rapidement, je ne sais pas, un jour pour le coup j'ai eu une révélation, et j'ai dit mais en fait tout ce que je fais maintenant, je pourrais le faire quasiment à distance, venons vivre en Grèce, mettons les enfants à l'école. En Grèce et voilà, mais donc du jour au lendemain quasiment on est parti en Grèce. Où ça ? A Athènes, enfin près d'Athènes mais en bord de mer dans un petit village donc on est super bien. Incroyable. Et par contre c'est moi, moi ça m'impose d'être mobile et puis aussi de travailler plus à distance.
- Speaker #1
Et donc toi tu vis dans un petit village, il y a combien d'habitants ?
- Speaker #0
Bon je sais pas, on doit être 500, 1000 peut-être.
- Speaker #1
Ah ouais d'accord ok.
- Speaker #0
C'est vraiment le lieu d'Athènes. On n'est pas au milieu des oliviers de la campagne.
- Speaker #1
Il y a à côté de la mer.
- Speaker #0
Oui, en bord de mer.
- Speaker #1
Et donc tu vis là-bas avec ta femme et tes enfants. Et du coup, tu fais combien de fois des allers-retours pour la France, pour Paris en particulier ?
- Speaker #0
J'essaye en général de passer 2-3 jours en France sur une semaine, partir en Grèce, faire toute la semaine suivante en Grèce et revenir 2-3 jours, ce qui fait à peu près 6 jours en France sur le mois, le reste en Grèce. L'idée étant d'être le plus présent possible pour mes enfants parce que voilà c'est important à cet âge là d'avoir son papa à ce moment. Mais après quand on rajoute sur ça un peu de Séoul, un peu de Jeddah, un peu de Corée, des fois malheureusement les trois jours deviennent six, sept jours et là c'est un peu long. Donc je fais vraiment attention à ça de plus en plus.
- Speaker #1
Oui mais donc t'es trois semaines par mois en Grèce avec ta famille et une semaine à... En mouvement, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, j'essaie de faire ça, j'essaie de ne pas dépasser ça.
- Speaker #1
Mais tu as l'air d'être un peu pas hyper engagé, je trouve.
- Speaker #0
Pour moi, c'est la priorité number one. Si demain on devait me dire, tu ne vois pas tes enfants pour développer la boîte, c'est hors de question. De toute façon, c'est d'abord mes enfants, et après je m'arrange vis-à-vis d'eux. Mais pour moi, c'est super important, puis ça grandit, je crois que tu as un petit bébé. Tu verras, ça grandit à vitesse grand V. Chaque mois, chaque semaine qui passe, il faut les saisir parce qu'après ça ne revient plus. Puis après, ils grandissent, ils ont leur vie. Donc moi, j'ai vraiment envie d'être là pour eux et puis aussi pour moi, très égoïstement, pour en profiter. Mais en fait, j'ai fait ça il y a 4-5 ans, donc ça correspond un peu à la phase où Bohémy a commencé à se développer. Et en fait, la boîte n'a jamais aussi bien marché que depuis ce moment-là. Je ne sais pas si c'est lié directement, mais en tout cas, ça ne l'a pas freiné. Aujourd'hui avec télétravail, zoom, on peut travailler quasiment comme au bureau.
- Speaker #1
Oui mais je trouve que c'est fort ce que tu as réussi à faire parce que créer une... En fait, ton mode de vie est aligné avec les ambitions de la boîte, de faire une boîte directement internationale. Ça pourrait peut-être pas marcher avec quelqu'un qui est 100% parisien, qui veut pas décroter son environnement. Toi en fait, tu es capable de vivre...
- Speaker #0
Si tu crées beaucoup de points de vente, de toute façon tu dois apprendre à pouvoir les gérer sans y être tout le temps. Parce que quand aujourd'hui on a 10-12 boutiques, même si j'y passais une heure par jour, je pourrais même pas visiter chaque boutique. Tous les jours donc de toute façon si tu veux te développer vite et sur plein de pays tu es obligé de mettre en place des relais et des process. Et moi comme je suis en Grèce ça m'oblige encore plus parce que potentiellement je vois pas mes équipes pendant 10 ou 12 jours donc faut qu'on puisse communiquer, faut que je leur donne des missions, faut que je leur fasse confiance aussi.
- Speaker #1
Tu les appelles tous les jours ?
- Speaker #0
Oui oui ! Enfin, pas à tout le monde tous les jours, mais moi, je travaille. Je démarre tôt le matin, vers 7h30, je finis vers 15-16h, parce que c'est l'heure où mes enfants arrivent. Et là, après, je suis vraiment dédié aux enfants à partir de 16h, avec un petit call, un petit meeting qui peut venir se glisser, tu vois, à 5, 6, 7h. Mais vraiment, j'ai ma journée coupée en deux. Première partie, c'est à fond travail. Puis dès que les enfants arrivent, c'est priorité pour eux.
- Speaker #1
Et tu bosses de chez toi ?
- Speaker #0
Alors au début je bossais de chez moi et maintenant je bosse beaucoup au café en bas de chez moi en fait. J'ai un petit café vu sur la mer. Donc matin j'arrive, je mets mon petit PC, il me sert mon cappuccino, tu vois. Donc il me voit arriver tout le matin.
- Speaker #1
Et ça raffronne ta vie en fait.
- Speaker #0
Non mais après c'est juste que bosser de chez soi tu vois, au bout d'un moment quand t'es tout seul. Moi j'aime bien, il n'y aurait que le boulot, je préférerais être au bureau franchement. Parce que j'aime bien voir les gens, discuter, prendre un café, manger avec les amis etc. Mais là, je n'ai pas le choix. J'essaie de me trouver des artifices pour recréer un peu d'animation autour de moi.
- Speaker #1
C'est ça que je trouve difficile avec le télétravail. Personnellement, je trouve que j'ai besoin de prendre de l'énergie des autres. Je me dis que je ne pourrais pas travailler autant de temps au café, même s'il y a la vue mère. Tu es plutôt introverti de base ? Oui,
- Speaker #0
plutôt introverti. Moins qu'avant, mais je ne suis pas le... Je ne suis pas hyper extraverti. Moi, au bout de 5-6 jours en Grèce, au niveau purement de travail, j'ai vraiment envie de revenir en France. Et quand je rentre en France, j'ai plein de rendez-vous que j'ai accumulés pendant 10 jours. Et là, il se passe plein de trucs et j'adore revenir en France. Puis au bout de 3-4 jours en France, Paris c'est bon, mes enfants me manquent, ma femme. Donc là, je prends un avion et je suis hyper content de revenir en Grèce. Et finalement, c'est cool parce que dans les deux environnements, tu trouves du plaisir.
- Speaker #1
T'aurais envie de transmettre Bohémi à tes enfants ?
- Speaker #0
Ouais, si ça leur plaît. Si ça leur plaît, ouais. Après, si ça leur plaît pas, je comprendrais. Moi, tu vois, je suis bien placé pour savoir qu'il faut faire ce qui te fait plaisir. Donc moi, j'aspire à ce qu'ils fassent ce qui leur fait plaisir.
- Speaker #1
Ouais, c'est normal. Il faut laisser les enfants libres quand même, maintenant c'est le cas. Ben écoute, Jean-François, merci beaucoup pour cette discussion hyper authentique et inspirante pour moi. Je retiens beaucoup de choses. Je trouve qu'il y a une forme de simplicité, d'alignement entre ta vie personnelle, ce que tu fais comme métier, ta capacité à te remettre en question à chaque fois, je trouve, à quitter les choses hyper rapidement. Donc je trouve, tu vas prendre des décisions radicales, même si tu as quelque chose qui est magnifique dans les mains comme Benham et puis tu es parti.
- Speaker #0
Je crois que ce que j'essaye de faire, et je pense que c'est ce que... Tout le monde doit faire pour essayer d'être heureux, essayer de construire sa vie et pas trop de la subir. Moi quand j'étais salarié pendant longtemps, je la subissais un peu, ça ne me plaisait pas trop, mais je me disais est-ce que je vais faire autre chose ? Et les années elles passent et ça passe vite en plus. Et maintenant depuis que j'ai switché dans ce monde un peu entrepreneur, je pense qu'il y a eu une sorte de déclic et maintenant je construis ma vie. Donc, si j'ai envie d'être en Grèce, je vais en Grèce. Si je veux être avec mes enfants, je suis avec mes enfants. Si je veux arrêter la boulangerie, j'arrête la boulangerie. Mais j'essaie de me dire que rien, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Il faut prendre sa vie en main. Moi, c'est un peu ça que je m'applique au quotidien.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour ton partage, Jeff, et à très bientôt.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
Je passerai d'une cité en Grèce, un de ces quatre.
- Speaker #0
Nickel.
- Speaker #1
Merci. Merci d'avoir écouté cet épisode de À poil et sans filet. Si vous avez aimé... N'hésitez pas à nous mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix parce que ça nous aide énormément à faire grandir le format. Il est retrouvable sur Deezer, sur Apple, sur Spotify, sur Youtube en vidéo si vous avez envie aussi. Donc n'hésitez pas à partager, à nous mettre 5 sur 5, ça nous aide et surtout à très bientôt pour le prochain épisode.