Airbus, en immersion. - Poétique du ciel #131 cover
Airbus, en immersion. - Poétique du ciel #131 cover
Jumpseat, le podcast aéro par Aerobuzz.fr

Airbus, en immersion. - Poétique du ciel #131

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06min |05/10/2024
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Description

En quarante années, chez Airbus, de l'A300 à l'A380, Philippe Jarry fut témoin et acteur de bien des journées particulières.

Il les raconte dans un récit passionnant qui n'est pas une nouvelle histoire d'Airbus mais son histoire au sein d'Airbus.


Gérard Maoui en lit un extrait.


Commander en ligne : Airbus, des journées particulières

Commander le livre : Air France et l'A380 de Gérard Maoui


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aérobuzz présente Poétique du ciel, une collection de podcasts proposée par Gérard Mahouy. Bonjour, comment fut prise la décision de choisir Toulouse comme lieu d'assemblage final de l'A3XX ? La réponse se trouve dans l'un des nombreux chapitres, aussi passionnants les uns que les autres, du livre de Philippe Jarry, Airbus, des journées particulières Airbus, des journées particulières de Philippe Jarry a été publié aux nouvelles éditions latines en mai 2024. Le programme A3XX subit régulièrement des retards. Il est apparu au fil des années que l'objectif d'un premier vol en décembre 2003, qui aurait célébré les 100 premières années de l'aviation depuis le vol des frères Wright, sur la plage de Kitty Hawk, était une hypothèse à oublier. Puis on avait parlé de 2004. Un jour, ce serait même 2005. Les obstacles de tous ordres ne manquaient pas. Il fallait la volonté d'un grand capitaine pour traverser le désert. Et c'est ainsi que Jean-Luc Lagardère, patron de ADS, annonce sa venue à Blagnac en juillet 1999 pour rencontrer l'équipe responsable de l'A3XX autour de Jürgen Thomas. En cette très chaude journée du jeudi 29 juillet, la gardère arrive accompagnée d'Olivier Andriès. Nous sommes six pour l'accueillir. Jürgen, entouré de ses quatre vice-présidents, Robert Lafontan, Ressus Morales, Jeff Poole et moi, ainsi que Gérard Blanc, senior vice-président programme d'Airbus. Il est prévu que la réunion dure trois heures et nos visiteurs ont déjà leur réservation sur Air France pour remonter sur Paris. Cependant, les questions de Lagardère s'enchaînent, pointues et plutôt déconcertantes. Cet homme, qui commence ses phrases par un je ne suis qu'un vieil ingénieur met systématiquement le doigt sur les points critiques. Chacun de nous passe sur le grill. Définition technique de l'avion, marché potentiel, financement. et organisation industrielle. Chacun de nous fait du mieux qu'il peut pour répondre et convaincre. Jürgen est là pour appuyer nos dires de tout son poids. et de son expérience. La réunion se prolonge et régulièrement, la gardère demande à Olivier Andriès de décaler le vol de retour. Une fois, deux fois, trois fois. Arrive la question épineuse du lieu où se fera l'assemblage final de ce géant désert. Chaque pays a présenté un dossier qu'il considère comme le plus convaincant, s'attachant à démontrer que son plan résout toutes les questions, les surfaces nécessaires, l'accès à la vie, Le transport des sous-ensembles de la 3XX vers la chaîne d'assemblage finale est particulièrement délicat. On ne peut faire appel à notre flotte de bélugas qui assure cette fonction, ceci étant de toute évidence trop petit. Alors, par la mer, par la route ? Les Anglais soulignent que leur pays étant entouré d'eau, l'accès serait naturellement facilité. Les Allemands ont été très bien éloignés de la situation. ou dénicher un site près de Rostock, où le terrain est disponible et très bon marché. Il n'y a que des champs de patates et proche de la mer. Les Espagnols sont prêts à faire arriver la mer jusqu'à Séville. Quant aux Français, ils mettent en avant le site de Saint-Nazaire, rompu à la fabrication des sous-ensembles des Airbus depuis des décennies et évidemment idéalement situé sur la côte atlantique. Les quatre énormes dossiers sont posés sur la terre. Il y a aussi le site de Toulouse. C'est le site qui réunit des cartes majeures. Il y a du terrain. On y assemble avec satisfaction les Airbus depuis 1972. La direction des essais en vol y est installée. Bref, on sait faire. Mais il y a une mauvaise carte. Très mauvaise. L'accès pour les hors-gabarit est très, très compliqué. L'Atlantique est loin. Ayant entendu les différents plaidoyers, la gardère se tourne vers Jürgen Thomas. Monsieur Thomas, où se trouvent les équipes de compagnons qui ont l'expérience d'assembler des prototypes ? Elles sont à Toulouse, monsieur. Eh bien, je vous dis que l'assemblage de votre A3XX se fera à Toulouse, pour cette raison essentielle. Et il y a autre chose. Les compagnies aériennes du monde viennent ici prendre livraison de la plupart de leurs Airbus. Je veux qu'elles voient ce que l'Europe est capable de faire quand elle est unie. Je veux qu'elles voient ceci lorsqu'elles viennent prendre la livraison de leurs avions. Voilà, messieurs. Et je vous remercie. Là-dessus, Lagardère et Andriès reprennent le chemin de Paris. Quant à moi, je rejoins mon épouse qui attend depuis des heures dans la voiture en partance pour notre destination de vacances. Je lui avais dit Juste deux heures, pas plus, et on pourra partir. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment enthousiaste après une longue après-midi dans la voiture. Je la comprends, mais je me souviens lui avoir dit Bon, maintenant, je suis sûr et certain. que la 3XX sera lancée. On a vraiment un capitaine à bord. Le récit de cette journée aidera peut-être ceux qui n'ont jamais compris pourquoi on avait donné le nom de Jean-Luc Lagardère à l'usine A380 de Toulouse. A bientôt pour de prochaines lectures.

Description

En quarante années, chez Airbus, de l'A300 à l'A380, Philippe Jarry fut témoin et acteur de bien des journées particulières.

Il les raconte dans un récit passionnant qui n'est pas une nouvelle histoire d'Airbus mais son histoire au sein d'Airbus.


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    Aérobuzz présente Poétique du ciel, une collection de podcasts proposée par Gérard Mahouy. Bonjour, comment fut prise la décision de choisir Toulouse comme lieu d'assemblage final de l'A3XX ? La réponse se trouve dans l'un des nombreux chapitres, aussi passionnants les uns que les autres, du livre de Philippe Jarry, Airbus, des journées particulières Airbus, des journées particulières de Philippe Jarry a été publié aux nouvelles éditions latines en mai 2024. Le programme A3XX subit régulièrement des retards. Il est apparu au fil des années que l'objectif d'un premier vol en décembre 2003, qui aurait célébré les 100 premières années de l'aviation depuis le vol des frères Wright, sur la plage de Kitty Hawk, était une hypothèse à oublier. Puis on avait parlé de 2004. Un jour, ce serait même 2005. Les obstacles de tous ordres ne manquaient pas. Il fallait la volonté d'un grand capitaine pour traverser le désert. Et c'est ainsi que Jean-Luc Lagardère, patron de ADS, annonce sa venue à Blagnac en juillet 1999 pour rencontrer l'équipe responsable de l'A3XX autour de Jürgen Thomas. En cette très chaude journée du jeudi 29 juillet, la gardère arrive accompagnée d'Olivier Andriès. Nous sommes six pour l'accueillir. Jürgen, entouré de ses quatre vice-présidents, Robert Lafontan, Ressus Morales, Jeff Poole et moi, ainsi que Gérard Blanc, senior vice-président programme d'Airbus. Il est prévu que la réunion dure trois heures et nos visiteurs ont déjà leur réservation sur Air France pour remonter sur Paris. Cependant, les questions de Lagardère s'enchaînent, pointues et plutôt déconcertantes. Cet homme, qui commence ses phrases par un je ne suis qu'un vieil ingénieur met systématiquement le doigt sur les points critiques. Chacun de nous passe sur le grill. Définition technique de l'avion, marché potentiel, financement. et organisation industrielle. Chacun de nous fait du mieux qu'il peut pour répondre et convaincre. Jürgen est là pour appuyer nos dires de tout son poids. et de son expérience. La réunion se prolonge et régulièrement, la gardère demande à Olivier Andriès de décaler le vol de retour. Une fois, deux fois, trois fois. Arrive la question épineuse du lieu où se fera l'assemblage final de ce géant désert. Chaque pays a présenté un dossier qu'il considère comme le plus convaincant, s'attachant à démontrer que son plan résout toutes les questions, les surfaces nécessaires, l'accès à la vie, Le transport des sous-ensembles de la 3XX vers la chaîne d'assemblage finale est particulièrement délicat. On ne peut faire appel à notre flotte de bélugas qui assure cette fonction, ceci étant de toute évidence trop petit. Alors, par la mer, par la route ? Les Anglais soulignent que leur pays étant entouré d'eau, l'accès serait naturellement facilité. Les Allemands ont été très bien éloignés de la situation. ou dénicher un site près de Rostock, où le terrain est disponible et très bon marché. Il n'y a que des champs de patates et proche de la mer. Les Espagnols sont prêts à faire arriver la mer jusqu'à Séville. Quant aux Français, ils mettent en avant le site de Saint-Nazaire, rompu à la fabrication des sous-ensembles des Airbus depuis des décennies et évidemment idéalement situé sur la côte atlantique. Les quatre énormes dossiers sont posés sur la terre. Il y a aussi le site de Toulouse. C'est le site qui réunit des cartes majeures. Il y a du terrain. On y assemble avec satisfaction les Airbus depuis 1972. La direction des essais en vol y est installée. Bref, on sait faire. Mais il y a une mauvaise carte. Très mauvaise. L'accès pour les hors-gabarit est très, très compliqué. L'Atlantique est loin. Ayant entendu les différents plaidoyers, la gardère se tourne vers Jürgen Thomas. Monsieur Thomas, où se trouvent les équipes de compagnons qui ont l'expérience d'assembler des prototypes ? Elles sont à Toulouse, monsieur. Eh bien, je vous dis que l'assemblage de votre A3XX se fera à Toulouse, pour cette raison essentielle. Et il y a autre chose. Les compagnies aériennes du monde viennent ici prendre livraison de la plupart de leurs Airbus. Je veux qu'elles voient ce que l'Europe est capable de faire quand elle est unie. Je veux qu'elles voient ceci lorsqu'elles viennent prendre la livraison de leurs avions. Voilà, messieurs. Et je vous remercie. Là-dessus, Lagardère et Andriès reprennent le chemin de Paris. Quant à moi, je rejoins mon épouse qui attend depuis des heures dans la voiture en partance pour notre destination de vacances. Je lui avais dit Juste deux heures, pas plus, et on pourra partir. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment enthousiaste après une longue après-midi dans la voiture. Je la comprends, mais je me souviens lui avoir dit Bon, maintenant, je suis sûr et certain. que la 3XX sera lancée. On a vraiment un capitaine à bord. Le récit de cette journée aidera peut-être ceux qui n'ont jamais compris pourquoi on avait donné le nom de Jean-Luc Lagardère à l'usine A380 de Toulouse. A bientôt pour de prochaines lectures.

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En quarante années, chez Airbus, de l'A300 à l'A380, Philippe Jarry fut témoin et acteur de bien des journées particulières.

Il les raconte dans un récit passionnant qui n'est pas une nouvelle histoire d'Airbus mais son histoire au sein d'Airbus.


Gérard Maoui en lit un extrait.


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Et c'est ainsi que Jean-Luc Lagardère, patron de ADS, annonce sa venue à Blagnac en juillet 1999 pour rencontrer l'équipe responsable de l'A3XX autour de Jürgen Thomas. En cette très chaude journée du jeudi 29 juillet, la gardère arrive accompagnée d'Olivier Andriès. Nous sommes six pour l'accueillir. Jürgen, entouré de ses quatre vice-présidents, Robert Lafontan, Ressus Morales, Jeff Poole et moi, ainsi que Gérard Blanc, senior vice-président programme d'Airbus. Il est prévu que la réunion dure trois heures et nos visiteurs ont déjà leur réservation sur Air France pour remonter sur Paris. Cependant, les questions de Lagardère s'enchaînent, pointues et plutôt déconcertantes. Cet homme, qui commence ses phrases par un je ne suis qu'un vieil ingénieur met systématiquement le doigt sur les points critiques. Chacun de nous passe sur le grill. Définition technique de l'avion, marché potentiel, financement. et organisation industrielle. Chacun de nous fait du mieux qu'il peut pour répondre et convaincre. Jürgen est là pour appuyer nos dires de tout son poids. et de son expérience. La réunion se prolonge et régulièrement, la gardère demande à Olivier Andriès de décaler le vol de retour. Une fois, deux fois, trois fois. Arrive la question épineuse du lieu où se fera l'assemblage final de ce géant désert. Chaque pays a présenté un dossier qu'il considère comme le plus convaincant, s'attachant à démontrer que son plan résout toutes les questions, les surfaces nécessaires, l'accès à la vie, Le transport des sous-ensembles de la 3XX vers la chaîne d'assemblage finale est particulièrement délicat. On ne peut faire appel à notre flotte de bélugas qui assure cette fonction, ceci étant de toute évidence trop petit. Alors, par la mer, par la route ? Les Anglais soulignent que leur pays étant entouré d'eau, l'accès serait naturellement facilité. Les Allemands ont été très bien éloignés de la situation. ou dénicher un site près de Rostock, où le terrain est disponible et très bon marché. Il n'y a que des champs de patates et proche de la mer. Les Espagnols sont prêts à faire arriver la mer jusqu'à Séville. Quant aux Français, ils mettent en avant le site de Saint-Nazaire, rompu à la fabrication des sous-ensembles des Airbus depuis des décennies et évidemment idéalement situé sur la côte atlantique. Les quatre énormes dossiers sont posés sur la terre. Il y a aussi le site de Toulouse. C'est le site qui réunit des cartes majeures. Il y a du terrain. On y assemble avec satisfaction les Airbus depuis 1972. La direction des essais en vol y est installée. Bref, on sait faire. Mais il y a une mauvaise carte. Très mauvaise. L'accès pour les hors-gabarit est très, très compliqué. L'Atlantique est loin. Ayant entendu les différents plaidoyers, la gardère se tourne vers Jürgen Thomas. Monsieur Thomas, où se trouvent les équipes de compagnons qui ont l'expérience d'assembler des prototypes ? Elles sont à Toulouse, monsieur. Eh bien, je vous dis que l'assemblage de votre A3XX se fera à Toulouse, pour cette raison essentielle. Et il y a autre chose. Les compagnies aériennes du monde viennent ici prendre livraison de la plupart de leurs Airbus. Je veux qu'elles voient ce que l'Europe est capable de faire quand elle est unie. Je veux qu'elles voient ceci lorsqu'elles viennent prendre la livraison de leurs avions. Voilà, messieurs. Et je vous remercie. Là-dessus, Lagardère et Andriès reprennent le chemin de Paris. Quant à moi, je rejoins mon épouse qui attend depuis des heures dans la voiture en partance pour notre destination de vacances. Je lui avais dit Juste deux heures, pas plus, et on pourra partir. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment enthousiaste après une longue après-midi dans la voiture. Je la comprends, mais je me souviens lui avoir dit Bon, maintenant, je suis sûr et certain. que la 3XX sera lancée. On a vraiment un capitaine à bord. Le récit de cette journée aidera peut-être ceux qui n'ont jamais compris pourquoi on avait donné le nom de Jean-Luc Lagardère à l'usine A380 de Toulouse. A bientôt pour de prochaines lectures.

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En quarante années, chez Airbus, de l'A300 à l'A380, Philippe Jarry fut témoin et acteur de bien des journées particulières.

Il les raconte dans un récit passionnant qui n'est pas une nouvelle histoire d'Airbus mais son histoire au sein d'Airbus.


Gérard Maoui en lit un extrait.


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    Aérobuzz présente Poétique du ciel, une collection de podcasts proposée par Gérard Mahouy. Bonjour, comment fut prise la décision de choisir Toulouse comme lieu d'assemblage final de l'A3XX ? La réponse se trouve dans l'un des nombreux chapitres, aussi passionnants les uns que les autres, du livre de Philippe Jarry, Airbus, des journées particulières Airbus, des journées particulières de Philippe Jarry a été publié aux nouvelles éditions latines en mai 2024. Le programme A3XX subit régulièrement des retards. Il est apparu au fil des années que l'objectif d'un premier vol en décembre 2003, qui aurait célébré les 100 premières années de l'aviation depuis le vol des frères Wright, sur la plage de Kitty Hawk, était une hypothèse à oublier. Puis on avait parlé de 2004. Un jour, ce serait même 2005. Les obstacles de tous ordres ne manquaient pas. Il fallait la volonté d'un grand capitaine pour traverser le désert. Et c'est ainsi que Jean-Luc Lagardère, patron de ADS, annonce sa venue à Blagnac en juillet 1999 pour rencontrer l'équipe responsable de l'A3XX autour de Jürgen Thomas. En cette très chaude journée du jeudi 29 juillet, la gardère arrive accompagnée d'Olivier Andriès. Nous sommes six pour l'accueillir. Jürgen, entouré de ses quatre vice-présidents, Robert Lafontan, Ressus Morales, Jeff Poole et moi, ainsi que Gérard Blanc, senior vice-président programme d'Airbus. Il est prévu que la réunion dure trois heures et nos visiteurs ont déjà leur réservation sur Air France pour remonter sur Paris. Cependant, les questions de Lagardère s'enchaînent, pointues et plutôt déconcertantes. Cet homme, qui commence ses phrases par un je ne suis qu'un vieil ingénieur met systématiquement le doigt sur les points critiques. Chacun de nous passe sur le grill. Définition technique de l'avion, marché potentiel, financement. et organisation industrielle. Chacun de nous fait du mieux qu'il peut pour répondre et convaincre. Jürgen est là pour appuyer nos dires de tout son poids. et de son expérience. La réunion se prolonge et régulièrement, la gardère demande à Olivier Andriès de décaler le vol de retour. Une fois, deux fois, trois fois. Arrive la question épineuse du lieu où se fera l'assemblage final de ce géant désert. Chaque pays a présenté un dossier qu'il considère comme le plus convaincant, s'attachant à démontrer que son plan résout toutes les questions, les surfaces nécessaires, l'accès à la vie, Le transport des sous-ensembles de la 3XX vers la chaîne d'assemblage finale est particulièrement délicat. On ne peut faire appel à notre flotte de bélugas qui assure cette fonction, ceci étant de toute évidence trop petit. Alors, par la mer, par la route ? Les Anglais soulignent que leur pays étant entouré d'eau, l'accès serait naturellement facilité. Les Allemands ont été très bien éloignés de la situation. ou dénicher un site près de Rostock, où le terrain est disponible et très bon marché. Il n'y a que des champs de patates et proche de la mer. Les Espagnols sont prêts à faire arriver la mer jusqu'à Séville. Quant aux Français, ils mettent en avant le site de Saint-Nazaire, rompu à la fabrication des sous-ensembles des Airbus depuis des décennies et évidemment idéalement situé sur la côte atlantique. Les quatre énormes dossiers sont posés sur la terre. Il y a aussi le site de Toulouse. C'est le site qui réunit des cartes majeures. Il y a du terrain. On y assemble avec satisfaction les Airbus depuis 1972. La direction des essais en vol y est installée. Bref, on sait faire. Mais il y a une mauvaise carte. Très mauvaise. L'accès pour les hors-gabarit est très, très compliqué. L'Atlantique est loin. Ayant entendu les différents plaidoyers, la gardère se tourne vers Jürgen Thomas. Monsieur Thomas, où se trouvent les équipes de compagnons qui ont l'expérience d'assembler des prototypes ? Elles sont à Toulouse, monsieur. Eh bien, je vous dis que l'assemblage de votre A3XX se fera à Toulouse, pour cette raison essentielle. Et il y a autre chose. Les compagnies aériennes du monde viennent ici prendre livraison de la plupart de leurs Airbus. Je veux qu'elles voient ce que l'Europe est capable de faire quand elle est unie. Je veux qu'elles voient ceci lorsqu'elles viennent prendre la livraison de leurs avions. Voilà, messieurs. Et je vous remercie. Là-dessus, Lagardère et Andriès reprennent le chemin de Paris. Quant à moi, je rejoins mon épouse qui attend depuis des heures dans la voiture en partance pour notre destination de vacances. Je lui avais dit Juste deux heures, pas plus, et on pourra partir. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment enthousiaste après une longue après-midi dans la voiture. Je la comprends, mais je me souviens lui avoir dit Bon, maintenant, je suis sûr et certain. que la 3XX sera lancée. On a vraiment un capitaine à bord. Le récit de cette journée aidera peut-être ceux qui n'ont jamais compris pourquoi on avait donné le nom de Jean-Luc Lagardère à l'usine A380 de Toulouse. A bientôt pour de prochaines lectures.

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