- Speaker #0
C'est une femme déterminée, une épouse, une mère et une afro-preneur qui a décidé de lancer son cabinet en Conseil d'immigration canadienne. Notre invité du jour va nous parler de ses débuts en business, de ses défis, de ses réussites, mais également de comment l'entrepreneuriat a changé sa vie. Alors si ça t'intéresse, let's go, voyons qui est notre invité du jour. Salut, sois la bienvenue sur le podcast Les Entrepreneurs Épanouis, le seul podcast qui parle d'entrepreneuriat chez les femmes afro-descendantes. Le but de ce podcast est d'encourager et de guider les femmes afro dans la création et le développement de leurs activités. Chaque épisode sera un partage d'expériences et de conseils pour que les femmes noires puissent ensemble briller en tant qu'entrepreneurs. Ça t'intéresse ? Alors allons-y ! Bonjour Laurence, comment vas-tu ?
- Speaker #1
Bonjour Emma, je vais bien et toi ?
- Speaker #0
Ça va très bien, je te remercie de te rendre disponible. Tu es la première invitée du podcast Les Entrepreneurs Épanouis, donc ça me fait vraiment plaisir de t'avoir, que tu partages ton parcours en tant qu'entrepreneur et vraiment qu'est-ce que tu fais avec ton entreprise. Alors je te laisse te présenter.
- Speaker #1
Merci. Déjà, merci pour l'invitation. Je suis honorée d'être la première invitée. Moi, je suis Laurence Mouilla-Vertueux. Je suis originaire de la Martinique. J'ai principalement vécu en France et à présent, ça fait maintenant 13 ans, un tout petit peu plus de 13 ans que j'habite au Canada, dans la région de Toronto. Je suis maman et épouse et... Concrètement, je suis la fondatrice du cabinet de consultation Mouvla Immigration Services. Je suis également consultante réglementée en immigration canadienne et commissaire aux affidavits en Ontario. Ça fait un peu des gros mots, mais concrètement, c'est un peu l'équivalent de notaire. Je suis assignée à assermenter des documents d'immigration. Et puis après, un peu plus sur ma… Personnalité, je suis le profil INFJ, pour ceux qui connaissent le profil, les tests des 16 personnalités. Et donc voilà, un peu sur moi. Je ne sais pas si tu voulais que j'en dise un peu plus sur mon parcours.
- Speaker #0
Oui, tu peux nous décrire par rapport à ton parcours à peu près, d'où tu viens en termes de parcours scolaire et ce qui a fait qu'aujourd'hui tu es dans l'entrepreneuriat.
- Speaker #1
Ok, alors moi à la base, avant d'arriver au Canada, je venais d'être diplômée d'un master dans le management de la performance durable, donc concrètement c'était comment appliquer le développement durable en entreprise. Et donc du coup, après mes études, j'hésitais pas mal à travailler, rentrer dans le monde du travail ou me prendre un petit temps sabbatique et j'ai décidé de voyager. Donc, j'ai fait une mission de volontariat en Corée du Sud avec des enfants aveugles. Après, je suis rentrée en Martinique un peu plus d'un mois pour pouvoir être auprès de ma famille. Et en fait, après ça, j'avais toujours le goût du voyage et j'ai décidé de partir au Canada. Moi, mon but, c'était vraiment d'y rester six à huit mois et non pas treize ans. Mais voilà, ce qui fait, c'est qu'en fait, une fois sur place, j'ai trouvé des opportunités de travail. Je ne pensais pas forcément à l'entrepreneuriat, mais j'ai eu l'opportunité d'entrer dans des entreprises qui m'ont donné beaucoup de tâches. Donc, du coup, c'est vrai que j'ai pu avoir des expériences dans tout ce qui est logistique, marketing, ressources humaines, formation, comptabilité, vente. Et je pense que c'est tout ça après qui m'a permis aujourd'hui d'avoir un esprit entrepreneur parce que je suis quand même… assez polyvalente. Et donc, voilà.
- Speaker #0
Super. Donc, du coup, qu'est-ce qui a fait que tu as basculé vers l'entrepreneuriat alors que tu n'y avais jamais pensé ?
- Speaker #1
En fait, j'ai réalisé que l'entrepreneuriat en tant que tel, je trouvais ça un peu inaccessible. Mais j'ai réalisé que dans les faits, les projets que je mettais en place, les initiatives que je prenais au final, c'était de l'entrepreneuriat ou de l'entrepreneuriat. Et parce qu'en fait, par exemple, quand j'étais dans une association étudiante, j'ai mis en place un projet que j'ai mené à terme pendant un an. J'ai créé une association une fois arrivé au... au Canada, j'ai créé un festival de danse internationale. Et en fait, c'est ça, c'est que depuis toute petite, j'adore créer des projets, avoir des idées et les mettre en place. Mais c'est juste que je ne me suis jamais dit, un jour je serai entrepreneur. Parce qu'en fait, de ma personnalité, je suis très introvertie et donc du coup, j'aime travailler dans l'ombre. Donc en fait, j'étais les bras droits des personnes, mais ce n'est jamais moi qui me mettais en avant. jusqu'à ce que Covid arrive. Et en fait, il se trouve que Covid est tombé en même temps que mon premier congé maternité. Et là, ça m'a obligée en fait à me poser et à réfléchir exactement à la vie que je voulais mener en tant que maman aussi. Et c'est là en fait que je me suis dit, je vais reprendre mes études parce que j'ai toujours su que je voulais... aider l'autre, les familles. Mais voilà, j'avais essayé plein de choses, mais je n'arrivais pas vraiment à me... Comment dire ça ? À prendre une décision. Et puis, c'est par un concours de circonstances que j'ai découvert le métier de consultante réglementaire en immigration canadienne. Et du coup, je me suis dit Voilà, j'ai compris que c'est ça que je voulais faire. J'avais déjà des notions en droit. Et puis, j'ai repris les études. J'ai repris les études. À la base, pareil, je n'avais pas l'intention d'être à mon compte. Je voulais être salariée dans un cabinet d'avocat. Et puis finalement, une fois que j'ai eu mon examen, j'ai réalisé, je me suis dit, ben voilà, j'ai fait un business plan, je ne vais pas le laisser de côté. Donc, c'est l'opportunité de se jeter à l'eau et d'aller dans l'entrepreneuriat.
- Speaker #0
Très bien, super. Comment tu gères tes différentes casquettes entre… Le fait que tu sois maman, le fait que tu sois une épouse et là, le fait que maintenant tu sois à ton propre compte. Comment ça se passe ?
- Speaker #1
En fait, je dirais qu'il y a eu ces hauts et ces bas. Ça demande beaucoup d'organisation et je dirais de sacrifice. Parce qu'en fait, quand je me suis lancée, j'étais enceinte. En fait, quand j'ai eu ma licence et que j'ai lancé officiellement Mouvla Immigration Service, J'étais enceinte de ma fille, donc mon deuxième enfant. Et du coup, concrètement, j'ai accouché de deux bébés en même temps, mon entreprise et ma fille. Et c'est vrai que ça n'a pas été facile au début parce que déjà, ça a été une grande organisation quand j'avais repris les études et que j'étais avec mon fils parce que j'avais repris les études, mon congé maternité arrivait à fin. Et je devais reprendre mon travail à temps plein. Et donc, du coup, ça a été vraiment une grosse organisation. Et puis après, une fois que ma fille est arrivée, là, c'était le concret. C'était que je lance une entreprise. Donc, en fait, concrètement, j'étais en train d'apprendre à gérer deux enfants en bas âge en même temps, monter une entreprise. Et c'est vrai que j'ai été semée de doutes parce que je me suis dit, est-ce que c'est le bon moment ? Est-ce que je veux avoir l'énergie ? de monter un business, est-ce que je vais avoir l'énergie et l'attention nécessaire pour m'occuper de mes enfants ? Et puis aussi, il y a le rôle d'épouse, d'être mère de famille, gérer une maison. Il y avait tout ça en même temps et c'est vrai qu'au début, c'était beaucoup de culpabilité parce que je me disais, je ne vais jamais réussir à atteindre ce fameux équilibre vie pro-vie perso. Et du coup, je dirais que les sentiments au début, c'était fierté de lancer une entreprise, mais en même temps, culpabilité parce que tout, pour moi, était une priorité. Mais je dirais, en fait, ce qui m'a vraiment aidée à tenir et à me m'organiser, c'est le soutien. Donc, je n'étais pas maman solo. Donc, moi, mon époux, de toute façon, c'est mon fan numéro un. Mais c'est vrai que du coup, oui, ça a été une organisation. une organisation et un soutien sans faille, en fait, pour que je puisse mener à bien mon projet.
- Speaker #0
Alors, merci. En tout cas, ça montre vraiment que lorsqu'on est mère, même mère de très jeunes enfants, on peut se lancer en affaires. Mais là, comme tu l'as parfaitement dit, c'est de l'organisation et puis c'est du soutien. Donc, toi, tu as ton mari qui est près de toi. Qu'est-ce que tu conseillerais aux femmes ? Est-ce que... Il y en a quand même beaucoup qui sont mères monoparentales. Tu leur conseillerais de quand même se lancer ou bien d'attendre un peu ?
- Speaker #1
C'est sûr, en fait, que le soutien, pour moi, c'est vraiment primordial. Par exemple, moi, j'ai eu le soutien, le premier soutien que j'ai eu, c'était celui de mon mari, parce que ce n'est pas une décision qui se prend à la légère quand on lance une entreprise, parce qu'on est moins disponible. Surtout après, une fois que j'ai décidé à me lancer à 100 et bien du coup, c'est une décision aussi qui doit être prise à deux, parce que ça impacte aussi au niveau des finances. On n'a plus le temps complet à côté. Mais c'est vrai que si on est toute seule, le soutien, pour moi, je le garderais de la même manière. Si, par exemple, on a besoin d'aide pour les enfants, il faut essayer d'obtenir le soutien de la famille ou des amis. Mais après, en plus de soutien moral, je trouve aussi qu'il faut obtenir du soutien auprès de professionnels dans l'entrepreneuriat. Moi, par exemple, mon cas, c'est que, comme j'ai dit, j'ai accouché de deux enfants. en même temps, on va dire, entre guillemets. Mais en fait, à ce moment-là, je me suis dit, Laurence, tu ne vas pas y arriver toute seule. Il faut que tu ailles chercher de l'aide et de personnes qui s'y connaissent dans le monde de l'entrepreneuriat. Et du coup, c'est comme ça que j'ai fait mes recherches. Je me suis dit, si tu veux y aller, il faut que tu te fasses accompagner. Et en fait, c'est comme ça, du coup, que j'ai réussi à trouver un accompagnement pour entrepreneurs et en plus de femmes. de femmes noires. Donc je dirais ça, c'est qu'il faut avoir un soutien moral, mais il faut aussi avoir un soutien de professionnels qui justement peuvent aider parce que voilà, elles savent ce que c'est l'entrepreneuriat, elles peuvent aider concrètement dans l'avancement du projet et puis d'ailleurs c'est comme ça que j'ai fait appel à toi parce que tu as vraiment été un on va dire une clé majeure dans le démarrage de mon entreprise en fait et je pense que si
- Speaker #0
j'avais pas eu ce coup de boost là je pensais pas que je pense pas que j'aurais avancé aussi rapidement en fait bah merci en tout cas et puis c'est pas moi qui le dit au moins c'est toi c'est un vrai témoignage mais vraiment merci merci laurence et puis je conseille qu'il faut toujours aller s'adresser à des professionnels et notamment dans ce qui est les services et c'est vrai que Si tu es d'accord avec moi, au niveau de la communauté noire, il y a beaucoup une espèce de réticence à aller chercher des services parce que c'est vu comme une perte d'argent. Les gens préfèrent plus les choses, comment je peux dire, qui sont un peu plus concrètes. On a l'impression qu'ils sont un peu plus palpables, mais ils n'ont pas l'impression que le fait de s'adresser à quelqu'un qui est un professionnel et qui vend ses services, ça va les emmener beaucoup plus loin. peu importe leur projet. Et donc toi, par rapport à ton activité, est-ce que tu as déjà été confrontée à ça ?
- Speaker #1
Oui, ça je sais que justement, j'y suis confrontée tout le temps et c'est une des raisons aussi pourquoi je m'étais lancée en tant que consultante, c'est que les personnes en fait, elles pensent tout savoir. Donc oui, effectivement, ou pas plutôt, elles pensent tout savoir, c'est elles pensent pouvoir se débrouiller elles-mêmes. Parce que c'est vrai que l'information, elle est disponible partout. Là, à l'heure d'aujourd'hui, tout est facilement accessible. Mais après, c'est vrai que, je me dis, c'est comme on peut perdre son temps ou si on a le temps à passer des heures et des heures à faire des recherches, à essayer de comprendre comment les choses fonctionnent, ou on peut essayer de faire appel à quelqu'un qui s'y connaît et justement, on va gagner du temps. Oui, effectivement. en termes d'investissement financier, ça va être un peu plus élevé. Mais après, je trouve qu'il y a quand même une sérénité d'esprit et puis il y a du temps de gagner en fait. Et c'est pour ça, je pense qu'il ne faut pas avoir peur de faire appel à un professionnel. Ça ne veut pas forcément dire qu'on n'en est pas capable. C'est juste que je pense qu'après, il faut savoir où placer ses priorités en fait. Je dis où placer ses priorités, c'est pareil. Ça me fait penser quand j'ai dit tout à l'heure, il faut aussi avoir du soutien pour se lancer. Mais l'autre chose aussi, c'est je pense qu'il faut se lancer tout court. Parce que je me dis qu'il n'y a pas de moment idéal. Et on peut très bien, sinon on va passer des heures et des heures à faire des recherches. En plus, je dis des heures, mais des mois et des mois à faire des recherches. Et que ça se trouve, un an plus tard, on sera exactement à la même position à se dire, est-ce que je me lance, est-ce que je ne me lance pas ? Et puis les... Les choses changent tellement, tant dans le domaine de l'immigration ou même, je ne sais pas, en fonction du projet entrepreneurial que les femmes peuvent avoir ou les hommes peuvent avoir. Les tendances peuvent s'inverser tellement rapidement qu'on peut attendre d'avoir le plan parfait. Et que dans un an, tout change ou les lois changent. Et au final, on aura perdu tout ça de temps pour rien du tout, en fait.
- Speaker #0
Oui, mais c'est exactement ça. En fait, le meilleur remède, c'est de passer à l'action au lieu de se poser des questions. Et par rapport à ton activité, donc à ta clientèle, on rappelle que toi, tu aides les personnes, les familles à ce qu'elles puissent venir s'installer ici au Canada.
- Speaker #1
C'est bien ça.
- Speaker #0
Peux-tu nous décrire le profil de tes clients majoritairement ?
- Speaker #1
Oui, alors effectivement, donc moi en fait, ma mission principale, c'est concrètement aider ceux qui veulent venir au Canada obtenir leur papier. Mais j'aide principalement en fait les francophones qui sont prêts à s'installer en dehors du Québec. Je précise bien en dehors du Québec parce que pour multiples raisons. Je pense qu'il y a plus d'opportunités pour les francophones en dehors du Québec. À ce jour, il y a 4,7% de francophones en dehors du Québec. Le gouvernement, il veut vraiment les attirer. Donc, il met en place des programmes plus faciles pour pouvoir immigrer. Et donc, du coup, voilà, en termes de clientèle, c'est vrai que c'est principalement les communautés francophones afrodescendantes. Donc, c'est soit par exemple Haïti, Martinique, Guadeloupe, l'Afrique francophone et puis après la diaspora qui est notamment en France. Et puis, dans une moindre mesure, tout ce qui est Belgique et Luxembourg. Et puis après, pourquoi j'ai choisi cette cible-là ? Au début, c'est vrai que quand on commence dans le business, on veut essayer d'atteindre tout le monde parce qu'on a peur de ne pas avoir de clients. Donc, du coup, je ne ciblais pas forcément. Et puis ensuite, au fur et à mesure, j'ai réalisé que c'était important, en fait, de s'adresser à une clientèle spécifique. Et j'ai réalisé, en fait, que la communauté francophone afro-descendante, c'était quand même important pour elle de s'identifier, déjà auprès de quelqu'un de reconnu en tant que licence, je veux dire dans le sens où j'ai mon autorisation, et puis quelqu'un qui est passé. par le système d'immigration et tout simplement quelqu'un qui leur ressemble et qui peut avoir les mêmes challenges ou obstacles au quotidien. Parce que les questions, elles ne vont pas être… J'ai réalisé que les questions de la communauté noire, quand je les rencontre en consultation, ne vont pas être forcément les mêmes que, par exemple, des personnes caucasiennes. Ça ne va pas du tout… Leur objectif, c'est d'arriver au Canada. mais les raisons et les inquiétudes qu'elles peuvent avoir ne sont pas les mêmes. Et donc, du coup, je pense que c'est important de reconnaître ça pour mieux aiguiller et puis les conseiller, en fait.
- Speaker #0
As-tu des exemples de questions que la communauté noire te pose et celles des caucasiens ?
- Speaker #1
Oui. De manière générale, les caucasiens, eux, c'est quand même très pragmatique. Donc, c'est... Voilà, je fais ça comme emploi. Voilà mes diplômes, voilà mon expérience professionnelle. J'ai envie d'arriver au Canada plus pour vivre une aventure ou essayer d'avoir le même style de vie. Donc, eux, c'est vrai que, par exemple, ils vont être très tournés sur quel va être mon salaire. Est-ce que je vais pouvoir obtenir le même type de job que là où je suis en ce moment ? C'est plus par rapport à ça. Et puis le style de vie, alors que, par exemple. Les personnes d'Haïti ou d'Afrique de l'Ouest, elles, leur priorité, c'est je veux juste sortir de chez moi le plus vite possible parce que je veux avoir un meilleur style de vie, mais c'est surtout pour ma vie, pour ma sécurité. C'est la sécurité avant tout. C'est quel est le programme qui va me permettre d'arriver le plus rapidement alors que, par exemple… d'autres communautés, elles, elles vont se dire j'envisage de partir dans 2-3 ans, est-ce que je dois préparer maintenant ? Alors que la plupart de nos communautés, c'est j'ai besoin, c'est un besoin d'arriver au Canada le plus rapidement possible, comment faire ? Et puis, le genre de question aussi, c'est voilà, si je décide pas d'aller dans les grandes villes, est-ce que il y aura des personnes qui me ressemblent ? Ou si je mets mon enfant à l'école, est-ce que ça va être le seul noir ? Est-ce qu'on va nous regarder ? Est-ce que je suis antillaise ? Est-ce que si je vais dans cette ville-là, je vais pouvoir danser le belay ou le groka, par exemple ? Est-ce que je vais retrouver ma communauté ? C'est le genre de questions qui diffèrent et que j'ai entre les deux. Après, c'est vrai que la communauté antillaise martinique-guadeloupe, ils sont entre les deux parce qu'eux, ce n'est pas tant. par rapport à la sécurité parce que voilà ils ont quand même l'option d'aller en France hexagonale mais il y a quand même voilà avec le racisme qui monte en France et ben ils ont besoin de trouver une alternative et de vivre quand même dans un environnement où
- Speaker #0
ils seront mieux acceptés non mais c'est vraiment on voit les contrastes et tout ça c'est très très intéressant que toi tu puisses les accompagner par rapport à tous ces points Qu'est-ce que tu trouves dur dans l'accompagnement des communautés noires ? C'est quoi le plus dur ?
- Speaker #1
Je dirais en fait, c'est l'appât du gain, je dirais, dans le sens où en fait, comme le Canada s'est vu comme l'Eldorado, et bien malheureusement, de plus en plus, il y a de la fraude à l'immigration. Et en fait, il y a des personnes qui vont avoir du mal à faire confiance tout de suite. Il y a deux types de personnes qui vont avoir du mal à faire confiance tout de suite. Il y a celles qui se sont déjà fait arnaquer, c'est-à-dire qu'elles vont venir vers moi en me disant je suis passée par un agent dans mon pays Le plus souvent, les fraudeurs sont au pays même, ils ne sont pas au Canada. J'ai fait confiance à une personne, elle m'avait promis une résidence permanente, un permis de travail. et un emploi et puis au final elle a pris toutes mes économies et j'ai rien du tout. Ou par exemple, ce sont des personnes, elles vont venir vers moi en disant est-ce que vous pouvez m'aider ? et puis je vais leur dire la première étape c'est passer par une consultation initiale. Je vais leur dire que la consultation initiale est payante. Ils vont me dire non, non, non, je veux ça gratuit, quelle est votre garantie ? Ils veulent absolument que je leur donne une garantie à 100% leur dossier va être approuvé alors que déjà par la loi, c'est interdit. Et je n'ai même pas encore eu accès à leur profil. Et en fait, ce qu'ils vont faire, c'est qu'il y a des personnes, elles vont dire non, non merci. Elles vont aller voir quelqu'un qui, pour 15 000 dollars, va leur promettre monts et merveilles. Elles vont leur faire confiance. Elles vont réaliser que c'était faux parce qu'elles se sont fait avoir et ensuite, elles vont revenir. Et en fait, c'est ça qui est difficile, c'est que les gens, en fait, Des fois, en fait, au tout début, en fait, quand je commençais, c'est que j'essayais de convaincre les gens pour leur faire comprendre qu'il faut me faire confiance. Je vais faire attention avec votre dossier. Je ne vais pas vous arnaquer. Et en fait, je perdais beaucoup d'énergie à essayer de convaincre. Et en fait, j'ai réalisé qu'il ne faut pas. Moi, maintenant, je pense que ça a un rapport aussi avec la confiance en soi. Quand on vient de commencer, on se dit, mince, il faut absolument des clients. Il ne faut pas le laisser partir. Mais en fait, maintenant, je préfère travailler avec des personnes qui me font confiance, mais je fais quand même de la prévention. Mais c'est vrai que des fois, c'est difficile parce que tu vois que la personne, elle va se faire arnaquer ou elle s'est fait arnaquer. En fait, c'est toi qui ramasses les pots cassés, en fait.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Donc, vu que j'ai bien compris, c'est que tu choisis maintenant tes clients, mais ça a été un processus que tu t'es… Enfin, tu as fait un… comme une transformation de ton mindset en te disant je vais aller cibler ceux qui sont prêts à me faire confiance et qui ont les ressources nécessaires parce qu'il y a beaucoup de personnes qui discutaient au niveau des prix. Et c'est vrai que ça, c'est quelque chose de très commun dans les communautés noires. Et on ne parle pas des autres là, mais vu qu'on parle d'afroprenariat finchina. C'est vrai que dans nos communautés, c'est malheureusement quelque chose qui est trop commun et qui fait que les gens n'avancent pas dans leurs projets. Donc moi, je suis aussi comme toi, c'est que lorsque les personnes disent Ah, mais c'est cher j'écoute, on laisse tomber et puis dès que tu as les moyens, tu reviens me voir, mais sinon on ne va pas parler pendant 15 ans.
- Speaker #1
On n'est pas au marché.
- Speaker #0
C'est ça, nous ne sommes pas au marché. Qu'est-ce que tu trouves le plus dur dans ton métier d'entrepreneur ? Je ne parle pas juste au niveau de tes clients, mais vraiment en général.
- Speaker #1
Alors, je dirais que c'est une chose qui m'a très surprise, c'est que je ne m'attendais pas qu'en étant à son compte, j'allais passer autant de temps dans le marketing. En fait, moi, l'image que j'avais, c'est que la plupart du temps, j'allais travailler sur les dossiers des clients, j'avais les conseillers. Mais en fait… pour avoir des clients, il faut qu'on se fasse connaître, il faut qu'on sache qui on est et pour ça en fait, il faut être présente partout en fait et c'est vrai que j'imaginais pas, en fait j'ai eu deux Deux moments, en fait. Le premier moment, c'est ça, c'est que je ne m'imaginais vraiment pas que ça prenait autant d'efforts de se faire connaître. Et après, c'est une fois que je suis passée à temps plein, donc c'est-à-dire qu'une fois que je suis passée à 100% dans mon entreprise et que je n'avais plus mon emploi salarié à côté, j'ai dû redoubler d'efforts parce qu'en fait, quand je sais que j'ai mon emploi de salarié à côté, si à la fin du mois, je n'ai pas de client, ce n'est pas grave. parce que je sais que j'ai mon salaire qui va tomber à la fin du mois. Sauf que quand on est à 100 sur son entreprise, tout repose sur ses épaules. Et donc, du coup, en fait, on doit redoubler d'efforts et on peut plus reposer sur ses lauriers pour attirer des nouveaux prospects. Donc, c'est vrai qu'à la base, moi, j'étais principalement sur Instagram. Et c'est tout. Et puis là, en fait, j'ai découvert que non, il faut que je diversifie. mes moyens de communication. Il faut que je sois sur LinkedIn, il faut que je sois plus consistante dans ma newsletter et dans mon podcast. Là, je me suis donnée comme défi d'aller dans les rendez-vous physiques de networking. Parce que comme j'ai dit, de personnalité, je suis introvertie. Aller dans des événements de networking, j'ai toujours détesté ça. Et là, tu vois, je me suis donnée comme défi de faire ça plus. Et d'ailleurs, C'est surtout quand je vois, parce que comme tu es très active dans tes stories, et je vois tous les événements auxquels tu participes, et je me dis, mais c'est ça en fait que je dois faire.
- Speaker #0
Mais oui, c'est ça. Il faut vraiment se forcer et moi, j'encourage à toujours y aller seule. Comme ça, ça nous pousse à parler à des gens qu'on ne connaît pas. Et on fait des bonnes relations dépendamment des événements.
- Speaker #1
Ouais, c'est vrai. C'est vrai que moi, je le voyais beaucoup comme faire son pitch, élever le speech et que voilà, il faut que tu aies là, tu te vends. Parce qu'en fait, c'est quand il y a des personnes qui vont arriver vers toi, tu fais quoi dans la vie ? Je me dis, oh là là, c'est bon, il faut que je me présente en 30 secondes. Et en décidant d'aller dans quelques événements, j'ai réalisé en fait que oui, effectivement, il y en a qui sont comme ça. Et c'est ce type d'événement que je n'aime pas. Mais il y en a d'autres. C'est vrai qu'effectivement, c'est totalement décontracté. Des fois, il va y avoir un sujet et du coup, les conversations peuvent être très enrichissantes et que je me sens plus à l'aise. C'est juste, je pense qu'il faut que je choisisse le type d'événement, mais il n'y a pas un type d'événement de networking en fait.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Tu as mentionné la partie marketing qui prenait pas mal de place dans ton activité. que t'aimes ou que t'aimes moins ?
- Speaker #1
En fait, je remarque que tu vois, par exemple, rédiger une newsletter, j'aime bien parce que j'ai toujours aimé écrire. Le podcast aussi, j'aime beaucoup. Mais en fait, j'ai réalisé que les stories, par exemple, les stories sur Instagram, j'adore parce que je sais que c'est spontané, j'ai pas à me prendre la tête. Là, j'ai envie de faire une série ou de répondre à une boîte à questions, je vais le faire tout de suite. Mais ce qui me dérange, en fait, c'est toute cette histoire à... d'algorithme, d'être régulière, de toute la psychologie qu'il y a derrière et que du coup, ça me pousse à répondre à des règles. C'est plus ça, en fait, parce que je me dis que je ne peux pas y aller au feeling. C'est ce que je faisais beaucoup avant, c'était au feeling. Tu vois, là, en deux ans et demi, je dois avoir peut-être 128 publications. Je regardais ça ce matin, mais ma centième publication, je crois que j'ai dû la faire seulement le mois dernier, parce qu'en fait, j'y allais au feeling. Mais en fait, j'ai réalisé que ce n'était vraiment pas assez. Et là, de répondre à toutes ces règles de marketing, c'est ça qui me plaît moins. C'est plus ce côté-là.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui te plaît le plus, non pas juste au niveau du marketing, mais par rapport à ton activité et qui fait que tu ne vas plus ou pas, en tout cas pour le moment, repartir dans une activité salariale ? Moi, c'est vraiment le contact avec les familles que j'accompagne. C'est vraiment parce que, du coup, 95% des personnes que j'accompagne, elles sont en dehors du Canada. Donc, c'est vrai que tout se fait virtuellement. Mais du coup, les rencontrer, donner des conseils, écouter les projets, en fait, c'est quelque chose qui m'anime. C'est vraiment ça, le mot. Ça m'anime. Genre, ça… j'allais dire le feu, je ne sais pas si c'est le feu, mais en tout cas, il y a quelque chose, une énergie à l'intérieur. C'est l'échange, en fait, j'adore. Et puis surtout, après, le fait de savoir que j'ai un impact dans leur vie. Tu sais, quand à la fin, je dois les appeler pour leur dire, ben voilà, j'ai une bonne, votre dossier, il a été approuvé. Enfin, tu vois, tu dis, la porte, elle souffre pour eux. C'est une nouvelle vie, en fait. C'est vraiment ça que... C'est ça en fait qui me fait tenir et je me dis, ben voilà, je suis vraiment là où je dois être en fait. Et du coup, ça me fait penser à une des questions, à la question que tu m'as posée tout à l'heure, qu'est-ce qui est le plus dur ? Une grosse appréhension que j'ai, ce sont les refus. Ça par contre, je sais que c'est quelque chose que j'appréhende énormément. Je sais que ça fait partie du métier. Mais voilà, ça c'est quelque chose que...
- Speaker #1
Et c'est pas de ta faute. Après, c'est le dossier aussi.
- Speaker #0
Oui, voilà, c'est ça. Et puis, c'est pas moi qui prends la décision finale. Mais voilà, je me dis, là, tu vois, pour l'instant, j'en ai eu qu'un seul. Et c'est vrai que le premier, ça fait toujours mal. Et je sais que c'est pas de ma faute. C'est parce que le client, il a omis une information capitale et ça n'a pas raté. Mais voilà, je me dis, des fois, c'est l'agent qui prend la décision finale. S'il est mal unis ou s'il a mal lu les documents, quand je parle avec des collègues, il peut mettre un non. Et ouais, c'est vrai que c'est quelque chose que j'appréhende pour de futurs dossiers.
- Speaker #1
Oui, alors on arrive vers la fin de notre interview. Il reste quelques minutes. J'aimerais te demander, Laurence, dans l'immigration, y a-t-il de l'argent à se faire ? Parce que si on se lance en entrepreneuriat, c'est aussi pour gagner sa vie, dans l'activité. Est-ce que c'est porteur ?
- Speaker #0
Oui, je dirais que c'est porteur. En fait, tout dépend vraiment de son réseau et du type de dossier que l'on prend. C'est sûr que si on fait, par exemple, des visas de visiteurs, on va avoir moins de… Les visas de visiteurs, par exemple, par dossier, on gagne moins que si on prend, par exemple, des dossiers de résidence permanente. Mais après, il y a des compagnies, je sais, qui fonctionnent seulement avec les visas de visiteurs parce qu'elles sont en nombre, en chiffre. Elles ont plus de clients. Moi, je sais que je préfère les relations sur le long terme. Donc, vis-à-visiteurs, ça m'intéresse moins, donc je suis plus sur la résidence permanente. Mais il y a de plus en plus de concurrence, c'est-à-dire que le nombre de consultants réglementés en immigration canadienne a doublé les trois dernières années.
- Speaker #1
Ah oui ?
- Speaker #0
Donc, oui. Donc, la concurrence, voilà. Donc là, ça veut dire qu'il faut qu'on fasse vraiment un effort pour se démarquer. Et puis, on est aussi en concurrence avec les avocats en immigration. Donc là, c'est vraiment un travail de pouvoir se démarquer pour gagner son pain.
- Speaker #1
Mais il y a quand même de la place. Oui, oui, oui.
- Speaker #0
Moi, pour moi, je trouve qu'il y a de la place. Le Canada est tellement ouvert en ce moment que je trouve que c'est vraiment le bon moment pour faire sa place. Et puis après, tout dépend de la communauté qu'on souhaite atteindre, en fait.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai. Alors... On arrive dans les dernières minutes. Laurent, je vais te laisser conclure. As-tu un conseil ? Je vais plutôt dire quel conseil donnerais-tu aux femmes qui nous écoutent, aux afro-preneurs ou aux futurs afro-preneurs qui souhaitent se lancer ? Qu'est-ce que tu leur dirais ? Alors, tantôt, tu as dit qu'il faut passer à l'action. Qu'est-ce que tu leur dirais d'autre ?
- Speaker #0
Oui, comme je l'ai dit, c'est ça. C'est que c'est bien d'être préparé. Tout se prépare dans la vie, mais il faut se lancer, ne pas rester dans la théorie éternellement. Même si tout n'est pas parfait, vraiment lancez-vous. Et puis, l'autre chose que je disais aussi, c'est vraiment qu'il faut construire son village parce qu'on ne réussit pas toute seule. Il ne faut pas hésiter à parler de son projet, ne pas garder les choses pour soi par peur que les autres copient ou piquent l'idée. parce qu'on a sa propre personnalité, on a ses propres projets. Donc, c'est vraiment ça, ne pas rester dans son coin, chercher. chercher du soutien, construire son village et puis voilà, passer à l'action.
- Speaker #1
De très bons conseils et je ne vais pas en rajouter car je suis 100% d'accord. Alors, je te remercie vraiment, Laurence, d'avoir pris ce temps et d'être venue partager par rapport à ton parcours et par rapport à ton entreprise. En une phrase, c'est quoi tes futurs projets par rapport à ton cabinet ?
- Speaker #0
Alors, par rapport à mon cabinet, à un moment, j'avais l'ambition d'avoir une grosse compagnie avec plein d'équipes et plein de bureaux. Et puis, j'ai réalisé que mes priorités n'étaient pas là. Donc, je veux aller vers le style de boutique avec une petite équipe fiable. Je veux garder la proximité avec ceux que j'accompagne, garder l'harmonie vie professionnelle et familiale. Et puis, je dirais que maintenant, mon ambition, c'est vraiment d'être la référence. auprès de la communauté francophone, afro-descendante, notamment dans les Antilles. Donc voilà, je prépare des projets, du coup, en ce sens.
- Speaker #1
C'est de très beaux projets et c'est tout ce qu'on te souhaite. Alors, merci encore une fois, Laurence. J'espère que cette interview, elle vous a plu parce que Laurence nous a partagé pas mal de choses et c'est vrai que c'est un message d'encouragement. qu'elle nous a donné et bien évidemment Laurence tu es la bienvenue sur le podcast donc je ne doute pas qu'on fera de nouveaux épisodes. Merci à toi.
- Speaker #0
Merci beaucoup Emma de m'avoir invitée et merci pour tout le soutien que tu m'as apporté dans mon entreprise.
- Speaker #1
Il n'y a pas de problème. Merci. On se retrouve bientôt les filles. Bye.