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Agriquoi ?! - L'agriculture en questions

C'est quoi l'agro-industrie ?

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13min |27/10/2023
Play
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Agriquoi ?! - L'agriculture en questions

C'est quoi l'agro-industrie ?

C'est quoi l'agro-industrie ?

13min |27/10/2023
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Description

Un grain de blé et PAF un paquet de pâtes ! La fabrication des produits que l'on mange au quotidien n'est pas si simple. Il y a plein d'acteurs dans le secteur agro-alimentaire. Pourtant, nous les connaissons peu... alors il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? et en quoi cela nous concerne directement ? c'est le sujet de l'épisode du jour. 


Je m’appelle Virginie Montmartin. Je suis journaliste scientifique et depuis 6 ans je me suis spécialisée en agriculture. Au départ, j’avais peur de poser des questions bêtes. Pas « d’agriculture pour les nuls » à l’horizon : c’est ce que je te propose dans ce podcast.     


📲 Pour me poser une question sur le répondeur, ou tout simplement me laisser un message, c'est par ici : https://www.speakpipe.com/agriquoi (tu n'es pas obligé de donner ton nom, de mail ou autre, juste ton message et tu peux même le réécouter avant de l'envoyer). 


✍️Pour remplir le sondage, qui me permet de savoir ce que tu penses de l'agriculture, c'est par là : https://forms.gle/hhgEy1mDPo85omEr5  (là tu as besoin d'un mail, mais c'est pour remplir le formulaire, moi je ne le vois et je le collecte pas ! tu peux me le laisser en fin de sondage si le cadeau que je laisse t'intéresse). 


Je suis aussi sur Instagram 


Musique : Alice Krief, Les Belles Fréquences

Création, montage, mixage : Virginie Montmartin 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous posez des questions sur l'agriculture ? Vous êtes au bon endroit. Je m'appelle Virginie, je suis journaliste agricole. mais aussi 100% urbaine et pas du tout issue du monde agricole. Depuis que je travaille dans ce domaine, je vois bien qu'on a tous des milliers de questions sur le sujet. Dans Agriquoi, j'ai décidé d'essayer de répondre à toutes ces questions qu'on n'ose pas poser. Bonne écoute ! Bonjour et bienvenue dans Agriquoi. Cette semaine, j'avais envie de vous parler d'un sujet que vous connaissez, mais que vous ne connaissez pas. En mode, tu me vois, tu me vois plus. pour ceux qui ont la référence. En fait, si je vous dis la salade Florette, le cidre Ecusson ou le fromage de chèvre Soignon, généralement, vous avez déjà entendu ces marques. Mais peu d'entre vous savent que toutes ces marques appartiennent à la coopérative Agrial. Et c'est de ça dont je veux parler dans cet épisode. En fait, souvent, on situe les agriculteurs, on situe les distributeurs, les supermarchés, quoi. Mais tout ce qu'il y a au milieu, on ne le connaît pas. Ou au final, très peu. En tout cas, moi, je ne le connaissais pas. Et c'est justement de ça dont j'ai envie de vous parler dans cet épisode. Il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? Et en quoi ça nous concerne ? Directement, ça va être le sujet de l'épisode du jour. Jusqu'à ce que je travaille dans le monde agricole, je ne savais pas, enfin je ne m'étais pas posé la question de comment un grain de blé dans un champ arrive sous la forme d'un paquet de pâtes dans mon supermarché. Pourtant, on mange trois fois par jour, donc ça me semble un élément extrêmement important dans notre vie quotidienne. Et dans cet épisode, on va parler de... par quelle magie, par quel phénomène, cette transformation se produit. Alors il y a quoi entre les agriculteurs et nous ? C'est quoi la chaîne de valeur ? On va appeler ça comme ça. Et bien déjà, tout commence par la collecte. Forcément, pour que le grain arrive quelque part, je vais vous parler du grain parce que c'est l'exemple qui me vient en premier en tête, mais voilà, pour que le grain arrive quelque part, il a bien fallu qu'il soit collecté. Donc il y a des grosses entreprises de collecte chargées de faire ça, de rassembler au même endroit les matières premières des agriculteurs. Par exemple, ça va être dans les entreprises de collecte du grain en céréales, ça va être dans les grands silos que vous voyez souvent au milieu des champs. Pour le lait, ça va être la laiterie du coin qui va venir chez l'éleveur pour collecter le lait et le ramener à la laiterie. Ce sont des entreprises qui sont le premier maillon de cette chaîne. Ensuite, ces entreprises vont vendre ce produit à des transformateurs, aux usines. qui font une, deux, plusieurs transformations pour arriver au produit final que l'on connaît. Et ensuite, ces transformateurs, ces usines, vont le vendre aux distributeurs, donc aux supermarchés, pour que ça arrive jusqu'à nous. Dans tout ça, il y a plusieurs structures, plusieurs formes d'entreprises, et ça me semble super important de les connaître. Alors, je vais vous citer quelques noms et quelques structures. Donc déjà, il y a des entreprises privées. La plus connue, ça va être Lactalis, typiquement qui est un groupe laitier. Eux, ils vont collecter du lait, ils vont le transformer dans leurs usines et le vendre ensuite aux distributeurs. Les agriculteurs vont signer un contrat avec une laiterie, une laiterie du groupe Lactalis, pour qu'ils viennent collecter leur lait et qu'ils puissent ensuite le vendre derrière. Ensuite, il y a les négoces. Les négoces, ça va être notamment dans le grain ou dans le vin, dans les céréales ou dans le vin. Et eux, ils vont collecter la matière première chez les agriculteurs et ils vont ensuite le vendre. Ici, il n'y a pas de transformation d'usine ni rien du tout, ça va juste être acheter, revendre, acheter, revendre. Ça, c'est les négoces. Et là, pareil, les agriculteurs peuvent avoir des contrats, ou ils peuvent également juste vendre en one shot leur matière première. Mais on en reparlera par la suite. Et enfin, le troisième type, ça va être les coopératives, les coopératives agricoles. Au départ, je voulais faire un épisode seulement sur elles, mais je me suis rendu compte... qu'il y avait plein de choses autour que je ne connaissais même pas avant. Donc avant de vous parler seulement des coopératives, il fallait bien parler du reste. Donc du coup, les coopératives agricoles, c'est quoi ? En fait, les agriculteurs, il y a plusieurs dizaines d'années en arrière, ne voulaient plus travailler avec des entreprises privées ou des négoces. Ils ont créé une structure qui leur permette d'être fournisseurs de matières premières, comme dans le cas des autres, mais également d'être propriétaires de leurs outils de transformation ou d'être tout du moins plus actifs. sur la négociation des prix dans le cas de la collecte de leurs produits. Donc ils ont créé des structures dont ils sont propriétaires, dont ils sont présents au conseil d'administration, et qu'ils puissent agir dessus. Ce sont les coopératives agricoles. Et c'est un maillon extrêmement fort, c'est pas du tout anecdotique. Le plus connu, c'est le Crédit Agricole, qui est une coopérative agricole, mais qui du coup n'est pas du tout dans l'agroalimentaire, donc on ne va pas en parler ici. Il y a notamment Agrial, dont j'ai déjà parlé en introduction, ou la coopérative Sodial, une coopérative laitière qui possède la marque Entremont et qui possède également la marque Yoplait, par exemple. Trois agriculteurs sur quatre travaillent dans une coopérative pour différents maillons, différentes structures, mais on en reparlera dans un autre épisode. Et c'est également trois marques sur quatre de l'agroalimentaire. Donc il y a en fait énormément de coopératives que l'on côtoie tous les jours, dont on connaît les produits, mais au final on ne connaît pas du tout la coopérative qu'il y a derrière. Et voilà comment fonctionne le secteur agroalimentaire. Tout cela, c'est un gros avantage. Grâce à ça, les agriculteurs n'ont pas besoin de se charger de leur commercialisation. Ils produisent la matière première, ils la vendent, et c'est la suite du maillon qui s'en charge. Et nous, on arrive au bout, et on est content aussi, parce qu'on a un produit dans les rayons, toujours, régulier. et qu'on peut acheter. Donc ça, c'est le côté cool du système actuel. Et pour la petite info, pour ceux que ça intéresse, comment ça fonctionne, les agriculteurs, comme j'ai commencé à l'expliquer, vont signer des contrats avec ces différentes boîtes, qui va être par exemple sur le volume à donner, qui va être sur la qualité du produit, la variété, son prix, un prix de base qui va pouvoir évoluer, on va en reparler par la suite. Et donc du coup, tout ça fait que les agriculteurs vont négocier leur prix avec le premier maillon, avec le maillon de la... collecte. Mais ensuite, les entreprises de collecte vont devoir négocier le prix avec les transformateurs. Les transformateurs vont négocier le prix avec les distributeurs, et les distributeurs nous le vendent. Donc on voit que sur la question de la négociation des prix, on est quand même sur un sujet un peu délicat, un peu touchy, et c'est aussi pour ça que ça discute beaucoup, et que vous voyez pas mal de sujets, notamment en ce moment avec la question de l'inflation. Mais donc du coup, ces différentes structures sont censées aider les agriculteurs. et nous, en assurant une continuité de l'alimentation. Et il y a des entreprises, comme pour tout, il y a des entreprises top, il y a des entreprises moins bien, il y en a qui sont très contents de leur coopérative, il y en a qui en sont moins contents, il y a des success stories et il y a des problèmes. Bref, c'est un monde extrêmement varié et mon objectif, ce n'est pas de caricaturer le système, mais vraiment de le simplifier pour déjà savoir ce qu'il y a dedans. Au-delà de cet avantage de continuité alimentaire, il y a également trois points, on va dire trois conséquences, que je vois aujourd'hui et qui me questionnent beaucoup. La première, c'est que les agriculteurs ne choisissent pas toujours leur débouché. En fait, aujourd'hui, ils ont un contrat où ils vendent à leur coopérative ou à leur entreprise ou à un négoce, mais au final, ils vendent leur matière première et ils ne savent pas forcément où est-ce qu'elle va aller derrière. Dans le sens où, en fonction du marché, de la loi de l'offre et de la demande, ça va pouvoir aller une année dans cette entreprise-là et l'année suivante dans une autre, en fonction des marchés. et des besoins, ça peut aller aussi à l'étranger. Une partie de la production française qui part à l'étranger, notamment des céréales, de la poudre de lait. Et ça, ce n'est pas forcément les agriculteurs qui le choisissent. Ça va être la coopérative ou l'entreprise, bref, le maillon suivant qui va le décider. Alors, les agriculteurs sont présents au conseil d'administration de certaines structures et ont des organisations, donc ils peuvent être informés. Mais de là à dire qu'ils le décident, il y a quand même une petite nuance importante à apporter. Et donc, les agriculteurs ne savent pas forcément où vont leurs produits. ni sur quel territoire. Ils ont surtout un contrat qui leur permet de vendre leurs produits en étant à peu près sûr qu'il va partir. Et encore, même ça, ça reste parfois nuancé. Le deuxième point qui me marque, c'est que certaines entreprises, comme je l'ai expliqué avant, ne se sont pas limitées au maillon de la collecte. Certaines ont acheté des sites industriels derrière de production, de transformation. Et en fait, elles possèdent les produits que l'on mange tous les jours. Donc en fait, au lieu d'avoir... plusieurs acteurs dans la chaîne de valeur, on se retrouve avec les agriculteurs, ce gros maillon d'usine et la distribution qui va être du coup les supermarchés. Et on voit en fait qu'elles ont une vraie force de négociation, que ce soit du côté des agriculteurs pour le prix ou des distributeurs auprès des supermarchés parce qu'elles détiennent toute la chaîne de valeur de l'agroalimentaire. Donc du coup c'est une vraie puissance économique, c'est une vraie question qui se pose et c'est aussi pour ça que je vous en parlais. Surtout que, si vous vous rappelez de mon introduction, ce sont souvent des entreprises que l'on ne connaît pas. On connaît les marques. Si t'as un souci avec la marque Président, tu vas pas te dire bon bah je vais aller taper à la porte de Lactalis, tu vas taper à la porte de la marque Président. Et en fait il y a plein de choses comme ça que l'on ne connaît pas du tout dans tous les produits que l'on mange et c'est vraiment une question que je trouve super importante. Moi je le vois notamment dans les médias où en fait il y a plein de titres de presse mais il y a parfois plusieurs titres de presse qui sont possédés par le même homme fortuné, on va dire ça comme ça, par le même milliardaire et ça pose vraiment des questions d'indépendance de la presse et bah là... Pareil, ça pose vraiment des questions de puissance économique sur notre système agroalimentaire aujourd'hui. Je ne dis pas que c'est mal ou que c'est bien, je dis juste que ça me questionne. Et le troisième point qui est aussi important, je ne vous en ai pas parlé jusque là, c'est qu'en fait les coopératives... et les négoces, le maillon de la collecte, donc le tout premier maillon qui collecte les produits, ils font aussi parfois de l'approvisionnement. L'approvisionnement, c'est ce qui arrive juste avant les agriculteurs. Ce sont eux qui leur livrent les pesticides, les engrais, les aliments pour les animaux, les semences parfois, qui leur permettent de faire pousser le gain. Et donc du coup, ils apportent des produits aux agriculteurs et ils récupèrent leurs produits. Donc en fait, les agriculteurs ne travaillent qu'avec un seul client. Et ça, moi, ça me rappelle notamment dans l'entrepreneuriat, où un entrepreneur n'a pas le droit de travailler avec un seul client. C'est ce qu'on appelle du salariat caché. Et dans cette situation, je trouve qu'on s'y retrouve quand même bien. Et ça me questionne beaucoup, justement, sur la place de l'agriculteur, qui est normalement chef d'entreprise, qui détient sa ferme et qui détient ses produits et qui peut les vendre. Et là, dans ce cas-là, quand il achète des produits et qu'il les revend à la même, on n'est plus... sur le même niveau, sur la même égalité, on va dire. Et ce système-là, ça existe notamment en volaille, dans la filière des volailles, et également dans la filière porc. Et ça peut se retrouver aussi dans d'autres trucs, mais c'est les premiers points qui me viennent en tête. Et du coup, pour moi, ça pose aussi une grosse question sur la place de l'agriculteur dans ce système de l'agroalimentaire. Alors voilà, c'est la fin de cet épisode. Mon objectif est avant tout de vous informer sur ce sujet-là, parce que je trouve que ça pose énormément de questions. C'est un maillon qu'on connaît au final très peu, à part sous la forme de lobbies ou de grands scandales agroalimentaires. Il y a des agriculteurs qui sont mécontents de leur situation, d'autres qui sont très contents de leur coopérative ou d'autres structures. Mais ça pose du coup questions sur la négociation des prix pour nous, sur la qualité des produits, sur la traçabilité des produits également. Bref, il y a plein de sujets dedans à dépatouiller, et je me ferai un plaisir de faire un autre épisode dessus. Mais j'espère que vous comprenez un peu mieux pourquoi parfois vous entendez parler de négociations un peu musclées entre les agriculteurs et leurs structures, parce que c'est vraiment un point important dans leur travail. Je suppose que vous comprenez aussi également pourquoi des agriculteurs veulent faire de la vente directe, parce que oui on pense à la question du prix, ils peuvent vendre au prix qu'ils veulent, mais ça pose aussi la question du produit qu'ils veulent vendre. Et également sur le territoire en fait, ils sont sûrs de le vendre à côté de chez eux en faisant le marché, mais encore faut-il. qu'ils veuillent faire leur commercialisation, et c'est pas le cas de tout le monde, c'est pas nouveau, la vente c'est pas forcément inné, donc il y en a qui veulent tout simplement ne pas gérer cette partie-là. Et d'autres vont faire un mix des deux, un peu de vente directe et un peu de vente aux différentes structures que j'ai citées, parce qu'ils ont des gros volumes à passer, ils savent bien qu'en vente directe, ils ne vont pas pouvoir passer l'intégralité de leur production. Et donc là aussi, c'est leur choix de trouver un équilibre dans la commercialisation. Bref, j'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas, vous aussi, si vous avez des questions, à me les envoyer. J'ai mis en place un répondeur qui vous permet juste de cliquer sur Play et vous enregistrer un peu comme vous laissez un message. N'hésitez pas, le lien est dans ma description et je me ferai un plaisir de vous répondre par la suite. Merci beaucoup et à bientôt.

Description

Un grain de blé et PAF un paquet de pâtes ! La fabrication des produits que l'on mange au quotidien n'est pas si simple. Il y a plein d'acteurs dans le secteur agro-alimentaire. Pourtant, nous les connaissons peu... alors il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? et en quoi cela nous concerne directement ? c'est le sujet de l'épisode du jour. 


Je m’appelle Virginie Montmartin. Je suis journaliste scientifique et depuis 6 ans je me suis spécialisée en agriculture. Au départ, j’avais peur de poser des questions bêtes. Pas « d’agriculture pour les nuls » à l’horizon : c’est ce que je te propose dans ce podcast.     


📲 Pour me poser une question sur le répondeur, ou tout simplement me laisser un message, c'est par ici : https://www.speakpipe.com/agriquoi (tu n'es pas obligé de donner ton nom, de mail ou autre, juste ton message et tu peux même le réécouter avant de l'envoyer). 


✍️Pour remplir le sondage, qui me permet de savoir ce que tu penses de l'agriculture, c'est par là : https://forms.gle/hhgEy1mDPo85omEr5  (là tu as besoin d'un mail, mais c'est pour remplir le formulaire, moi je ne le vois et je le collecte pas ! tu peux me le laisser en fin de sondage si le cadeau que je laisse t'intéresse). 


Je suis aussi sur Instagram 


Musique : Alice Krief, Les Belles Fréquences

Création, montage, mixage : Virginie Montmartin 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous posez des questions sur l'agriculture ? Vous êtes au bon endroit. Je m'appelle Virginie, je suis journaliste agricole. mais aussi 100% urbaine et pas du tout issue du monde agricole. Depuis que je travaille dans ce domaine, je vois bien qu'on a tous des milliers de questions sur le sujet. Dans Agriquoi, j'ai décidé d'essayer de répondre à toutes ces questions qu'on n'ose pas poser. Bonne écoute ! Bonjour et bienvenue dans Agriquoi. Cette semaine, j'avais envie de vous parler d'un sujet que vous connaissez, mais que vous ne connaissez pas. En mode, tu me vois, tu me vois plus. pour ceux qui ont la référence. En fait, si je vous dis la salade Florette, le cidre Ecusson ou le fromage de chèvre Soignon, généralement, vous avez déjà entendu ces marques. Mais peu d'entre vous savent que toutes ces marques appartiennent à la coopérative Agrial. Et c'est de ça dont je veux parler dans cet épisode. En fait, souvent, on situe les agriculteurs, on situe les distributeurs, les supermarchés, quoi. Mais tout ce qu'il y a au milieu, on ne le connaît pas. Ou au final, très peu. En tout cas, moi, je ne le connaissais pas. Et c'est justement de ça dont j'ai envie de vous parler dans cet épisode. Il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? Et en quoi ça nous concerne ? Directement, ça va être le sujet de l'épisode du jour. Jusqu'à ce que je travaille dans le monde agricole, je ne savais pas, enfin je ne m'étais pas posé la question de comment un grain de blé dans un champ arrive sous la forme d'un paquet de pâtes dans mon supermarché. Pourtant, on mange trois fois par jour, donc ça me semble un élément extrêmement important dans notre vie quotidienne. Et dans cet épisode, on va parler de... par quelle magie, par quel phénomène, cette transformation se produit. Alors il y a quoi entre les agriculteurs et nous ? C'est quoi la chaîne de valeur ? On va appeler ça comme ça. Et bien déjà, tout commence par la collecte. Forcément, pour que le grain arrive quelque part, je vais vous parler du grain parce que c'est l'exemple qui me vient en premier en tête, mais voilà, pour que le grain arrive quelque part, il a bien fallu qu'il soit collecté. Donc il y a des grosses entreprises de collecte chargées de faire ça, de rassembler au même endroit les matières premières des agriculteurs. Par exemple, ça va être dans les entreprises de collecte du grain en céréales, ça va être dans les grands silos que vous voyez souvent au milieu des champs. Pour le lait, ça va être la laiterie du coin qui va venir chez l'éleveur pour collecter le lait et le ramener à la laiterie. Ce sont des entreprises qui sont le premier maillon de cette chaîne. Ensuite, ces entreprises vont vendre ce produit à des transformateurs, aux usines. qui font une, deux, plusieurs transformations pour arriver au produit final que l'on connaît. Et ensuite, ces transformateurs, ces usines, vont le vendre aux distributeurs, donc aux supermarchés, pour que ça arrive jusqu'à nous. Dans tout ça, il y a plusieurs structures, plusieurs formes d'entreprises, et ça me semble super important de les connaître. Alors, je vais vous citer quelques noms et quelques structures. Donc déjà, il y a des entreprises privées. La plus connue, ça va être Lactalis, typiquement qui est un groupe laitier. Eux, ils vont collecter du lait, ils vont le transformer dans leurs usines et le vendre ensuite aux distributeurs. Les agriculteurs vont signer un contrat avec une laiterie, une laiterie du groupe Lactalis, pour qu'ils viennent collecter leur lait et qu'ils puissent ensuite le vendre derrière. Ensuite, il y a les négoces. Les négoces, ça va être notamment dans le grain ou dans le vin, dans les céréales ou dans le vin. Et eux, ils vont collecter la matière première chez les agriculteurs et ils vont ensuite le vendre. Ici, il n'y a pas de transformation d'usine ni rien du tout, ça va juste être acheter, revendre, acheter, revendre. Ça, c'est les négoces. Et là, pareil, les agriculteurs peuvent avoir des contrats, ou ils peuvent également juste vendre en one shot leur matière première. Mais on en reparlera par la suite. Et enfin, le troisième type, ça va être les coopératives, les coopératives agricoles. Au départ, je voulais faire un épisode seulement sur elles, mais je me suis rendu compte... qu'il y avait plein de choses autour que je ne connaissais même pas avant. Donc avant de vous parler seulement des coopératives, il fallait bien parler du reste. Donc du coup, les coopératives agricoles, c'est quoi ? En fait, les agriculteurs, il y a plusieurs dizaines d'années en arrière, ne voulaient plus travailler avec des entreprises privées ou des négoces. Ils ont créé une structure qui leur permette d'être fournisseurs de matières premières, comme dans le cas des autres, mais également d'être propriétaires de leurs outils de transformation ou d'être tout du moins plus actifs. sur la négociation des prix dans le cas de la collecte de leurs produits. Donc ils ont créé des structures dont ils sont propriétaires, dont ils sont présents au conseil d'administration, et qu'ils puissent agir dessus. Ce sont les coopératives agricoles. Et c'est un maillon extrêmement fort, c'est pas du tout anecdotique. Le plus connu, c'est le Crédit Agricole, qui est une coopérative agricole, mais qui du coup n'est pas du tout dans l'agroalimentaire, donc on ne va pas en parler ici. Il y a notamment Agrial, dont j'ai déjà parlé en introduction, ou la coopérative Sodial, une coopérative laitière qui possède la marque Entremont et qui possède également la marque Yoplait, par exemple. Trois agriculteurs sur quatre travaillent dans une coopérative pour différents maillons, différentes structures, mais on en reparlera dans un autre épisode. Et c'est également trois marques sur quatre de l'agroalimentaire. Donc il y a en fait énormément de coopératives que l'on côtoie tous les jours, dont on connaît les produits, mais au final on ne connaît pas du tout la coopérative qu'il y a derrière. Et voilà comment fonctionne le secteur agroalimentaire. Tout cela, c'est un gros avantage. Grâce à ça, les agriculteurs n'ont pas besoin de se charger de leur commercialisation. Ils produisent la matière première, ils la vendent, et c'est la suite du maillon qui s'en charge. Et nous, on arrive au bout, et on est content aussi, parce qu'on a un produit dans les rayons, toujours, régulier. et qu'on peut acheter. Donc ça, c'est le côté cool du système actuel. Et pour la petite info, pour ceux que ça intéresse, comment ça fonctionne, les agriculteurs, comme j'ai commencé à l'expliquer, vont signer des contrats avec ces différentes boîtes, qui va être par exemple sur le volume à donner, qui va être sur la qualité du produit, la variété, son prix, un prix de base qui va pouvoir évoluer, on va en reparler par la suite. Et donc du coup, tout ça fait que les agriculteurs vont négocier leur prix avec le premier maillon, avec le maillon de la... collecte. Mais ensuite, les entreprises de collecte vont devoir négocier le prix avec les transformateurs. Les transformateurs vont négocier le prix avec les distributeurs, et les distributeurs nous le vendent. Donc on voit que sur la question de la négociation des prix, on est quand même sur un sujet un peu délicat, un peu touchy, et c'est aussi pour ça que ça discute beaucoup, et que vous voyez pas mal de sujets, notamment en ce moment avec la question de l'inflation. Mais donc du coup, ces différentes structures sont censées aider les agriculteurs. et nous, en assurant une continuité de l'alimentation. Et il y a des entreprises, comme pour tout, il y a des entreprises top, il y a des entreprises moins bien, il y en a qui sont très contents de leur coopérative, il y en a qui en sont moins contents, il y a des success stories et il y a des problèmes. Bref, c'est un monde extrêmement varié et mon objectif, ce n'est pas de caricaturer le système, mais vraiment de le simplifier pour déjà savoir ce qu'il y a dedans. Au-delà de cet avantage de continuité alimentaire, il y a également trois points, on va dire trois conséquences, que je vois aujourd'hui et qui me questionnent beaucoup. La première, c'est que les agriculteurs ne choisissent pas toujours leur débouché. En fait, aujourd'hui, ils ont un contrat où ils vendent à leur coopérative ou à leur entreprise ou à un négoce, mais au final, ils vendent leur matière première et ils ne savent pas forcément où est-ce qu'elle va aller derrière. Dans le sens où, en fonction du marché, de la loi de l'offre et de la demande, ça va pouvoir aller une année dans cette entreprise-là et l'année suivante dans une autre, en fonction des marchés. et des besoins, ça peut aller aussi à l'étranger. Une partie de la production française qui part à l'étranger, notamment des céréales, de la poudre de lait. Et ça, ce n'est pas forcément les agriculteurs qui le choisissent. Ça va être la coopérative ou l'entreprise, bref, le maillon suivant qui va le décider. Alors, les agriculteurs sont présents au conseil d'administration de certaines structures et ont des organisations, donc ils peuvent être informés. Mais de là à dire qu'ils le décident, il y a quand même une petite nuance importante à apporter. Et donc, les agriculteurs ne savent pas forcément où vont leurs produits. ni sur quel territoire. Ils ont surtout un contrat qui leur permet de vendre leurs produits en étant à peu près sûr qu'il va partir. Et encore, même ça, ça reste parfois nuancé. Le deuxième point qui me marque, c'est que certaines entreprises, comme je l'ai expliqué avant, ne se sont pas limitées au maillon de la collecte. Certaines ont acheté des sites industriels derrière de production, de transformation. Et en fait, elles possèdent les produits que l'on mange tous les jours. Donc en fait, au lieu d'avoir... plusieurs acteurs dans la chaîne de valeur, on se retrouve avec les agriculteurs, ce gros maillon d'usine et la distribution qui va être du coup les supermarchés. Et on voit en fait qu'elles ont une vraie force de négociation, que ce soit du côté des agriculteurs pour le prix ou des distributeurs auprès des supermarchés parce qu'elles détiennent toute la chaîne de valeur de l'agroalimentaire. Donc du coup c'est une vraie puissance économique, c'est une vraie question qui se pose et c'est aussi pour ça que je vous en parlais. Surtout que, si vous vous rappelez de mon introduction, ce sont souvent des entreprises que l'on ne connaît pas. On connaît les marques. Si t'as un souci avec la marque Président, tu vas pas te dire bon bah je vais aller taper à la porte de Lactalis, tu vas taper à la porte de la marque Président. Et en fait il y a plein de choses comme ça que l'on ne connaît pas du tout dans tous les produits que l'on mange et c'est vraiment une question que je trouve super importante. Moi je le vois notamment dans les médias où en fait il y a plein de titres de presse mais il y a parfois plusieurs titres de presse qui sont possédés par le même homme fortuné, on va dire ça comme ça, par le même milliardaire et ça pose vraiment des questions d'indépendance de la presse et bah là... Pareil, ça pose vraiment des questions de puissance économique sur notre système agroalimentaire aujourd'hui. Je ne dis pas que c'est mal ou que c'est bien, je dis juste que ça me questionne. Et le troisième point qui est aussi important, je ne vous en ai pas parlé jusque là, c'est qu'en fait les coopératives... et les négoces, le maillon de la collecte, donc le tout premier maillon qui collecte les produits, ils font aussi parfois de l'approvisionnement. L'approvisionnement, c'est ce qui arrive juste avant les agriculteurs. Ce sont eux qui leur livrent les pesticides, les engrais, les aliments pour les animaux, les semences parfois, qui leur permettent de faire pousser le gain. Et donc du coup, ils apportent des produits aux agriculteurs et ils récupèrent leurs produits. Donc en fait, les agriculteurs ne travaillent qu'avec un seul client. Et ça, moi, ça me rappelle notamment dans l'entrepreneuriat, où un entrepreneur n'a pas le droit de travailler avec un seul client. C'est ce qu'on appelle du salariat caché. Et dans cette situation, je trouve qu'on s'y retrouve quand même bien. Et ça me questionne beaucoup, justement, sur la place de l'agriculteur, qui est normalement chef d'entreprise, qui détient sa ferme et qui détient ses produits et qui peut les vendre. Et là, dans ce cas-là, quand il achète des produits et qu'il les revend à la même, on n'est plus... sur le même niveau, sur la même égalité, on va dire. Et ce système-là, ça existe notamment en volaille, dans la filière des volailles, et également dans la filière porc. Et ça peut se retrouver aussi dans d'autres trucs, mais c'est les premiers points qui me viennent en tête. Et du coup, pour moi, ça pose aussi une grosse question sur la place de l'agriculteur dans ce système de l'agroalimentaire. Alors voilà, c'est la fin de cet épisode. Mon objectif est avant tout de vous informer sur ce sujet-là, parce que je trouve que ça pose énormément de questions. C'est un maillon qu'on connaît au final très peu, à part sous la forme de lobbies ou de grands scandales agroalimentaires. Il y a des agriculteurs qui sont mécontents de leur situation, d'autres qui sont très contents de leur coopérative ou d'autres structures. Mais ça pose du coup questions sur la négociation des prix pour nous, sur la qualité des produits, sur la traçabilité des produits également. Bref, il y a plein de sujets dedans à dépatouiller, et je me ferai un plaisir de faire un autre épisode dessus. Mais j'espère que vous comprenez un peu mieux pourquoi parfois vous entendez parler de négociations un peu musclées entre les agriculteurs et leurs structures, parce que c'est vraiment un point important dans leur travail. Je suppose que vous comprenez aussi également pourquoi des agriculteurs veulent faire de la vente directe, parce que oui on pense à la question du prix, ils peuvent vendre au prix qu'ils veulent, mais ça pose aussi la question du produit qu'ils veulent vendre. Et également sur le territoire en fait, ils sont sûrs de le vendre à côté de chez eux en faisant le marché, mais encore faut-il. qu'ils veuillent faire leur commercialisation, et c'est pas le cas de tout le monde, c'est pas nouveau, la vente c'est pas forcément inné, donc il y en a qui veulent tout simplement ne pas gérer cette partie-là. Et d'autres vont faire un mix des deux, un peu de vente directe et un peu de vente aux différentes structures que j'ai citées, parce qu'ils ont des gros volumes à passer, ils savent bien qu'en vente directe, ils ne vont pas pouvoir passer l'intégralité de leur production. Et donc là aussi, c'est leur choix de trouver un équilibre dans la commercialisation. Bref, j'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas, vous aussi, si vous avez des questions, à me les envoyer. J'ai mis en place un répondeur qui vous permet juste de cliquer sur Play et vous enregistrer un peu comme vous laissez un message. N'hésitez pas, le lien est dans ma description et je me ferai un plaisir de vous répondre par la suite. Merci beaucoup et à bientôt.

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Description

Un grain de blé et PAF un paquet de pâtes ! La fabrication des produits que l'on mange au quotidien n'est pas si simple. Il y a plein d'acteurs dans le secteur agro-alimentaire. Pourtant, nous les connaissons peu... alors il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? et en quoi cela nous concerne directement ? c'est le sujet de l'épisode du jour. 


Je m’appelle Virginie Montmartin. Je suis journaliste scientifique et depuis 6 ans je me suis spécialisée en agriculture. Au départ, j’avais peur de poser des questions bêtes. Pas « d’agriculture pour les nuls » à l’horizon : c’est ce que je te propose dans ce podcast.     


📲 Pour me poser une question sur le répondeur, ou tout simplement me laisser un message, c'est par ici : https://www.speakpipe.com/agriquoi (tu n'es pas obligé de donner ton nom, de mail ou autre, juste ton message et tu peux même le réécouter avant de l'envoyer). 


✍️Pour remplir le sondage, qui me permet de savoir ce que tu penses de l'agriculture, c'est par là : https://forms.gle/hhgEy1mDPo85omEr5  (là tu as besoin d'un mail, mais c'est pour remplir le formulaire, moi je ne le vois et je le collecte pas ! tu peux me le laisser en fin de sondage si le cadeau que je laisse t'intéresse). 


Je suis aussi sur Instagram 


Musique : Alice Krief, Les Belles Fréquences

Création, montage, mixage : Virginie Montmartin 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous posez des questions sur l'agriculture ? Vous êtes au bon endroit. Je m'appelle Virginie, je suis journaliste agricole. mais aussi 100% urbaine et pas du tout issue du monde agricole. Depuis que je travaille dans ce domaine, je vois bien qu'on a tous des milliers de questions sur le sujet. Dans Agriquoi, j'ai décidé d'essayer de répondre à toutes ces questions qu'on n'ose pas poser. Bonne écoute ! Bonjour et bienvenue dans Agriquoi. Cette semaine, j'avais envie de vous parler d'un sujet que vous connaissez, mais que vous ne connaissez pas. En mode, tu me vois, tu me vois plus. pour ceux qui ont la référence. En fait, si je vous dis la salade Florette, le cidre Ecusson ou le fromage de chèvre Soignon, généralement, vous avez déjà entendu ces marques. Mais peu d'entre vous savent que toutes ces marques appartiennent à la coopérative Agrial. Et c'est de ça dont je veux parler dans cet épisode. En fait, souvent, on situe les agriculteurs, on situe les distributeurs, les supermarchés, quoi. Mais tout ce qu'il y a au milieu, on ne le connaît pas. Ou au final, très peu. En tout cas, moi, je ne le connaissais pas. Et c'est justement de ça dont j'ai envie de vous parler dans cet épisode. Il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? Et en quoi ça nous concerne ? Directement, ça va être le sujet de l'épisode du jour. Jusqu'à ce que je travaille dans le monde agricole, je ne savais pas, enfin je ne m'étais pas posé la question de comment un grain de blé dans un champ arrive sous la forme d'un paquet de pâtes dans mon supermarché. Pourtant, on mange trois fois par jour, donc ça me semble un élément extrêmement important dans notre vie quotidienne. Et dans cet épisode, on va parler de... par quelle magie, par quel phénomène, cette transformation se produit. Alors il y a quoi entre les agriculteurs et nous ? C'est quoi la chaîne de valeur ? On va appeler ça comme ça. Et bien déjà, tout commence par la collecte. Forcément, pour que le grain arrive quelque part, je vais vous parler du grain parce que c'est l'exemple qui me vient en premier en tête, mais voilà, pour que le grain arrive quelque part, il a bien fallu qu'il soit collecté. Donc il y a des grosses entreprises de collecte chargées de faire ça, de rassembler au même endroit les matières premières des agriculteurs. Par exemple, ça va être dans les entreprises de collecte du grain en céréales, ça va être dans les grands silos que vous voyez souvent au milieu des champs. Pour le lait, ça va être la laiterie du coin qui va venir chez l'éleveur pour collecter le lait et le ramener à la laiterie. Ce sont des entreprises qui sont le premier maillon de cette chaîne. Ensuite, ces entreprises vont vendre ce produit à des transformateurs, aux usines. qui font une, deux, plusieurs transformations pour arriver au produit final que l'on connaît. Et ensuite, ces transformateurs, ces usines, vont le vendre aux distributeurs, donc aux supermarchés, pour que ça arrive jusqu'à nous. Dans tout ça, il y a plusieurs structures, plusieurs formes d'entreprises, et ça me semble super important de les connaître. Alors, je vais vous citer quelques noms et quelques structures. Donc déjà, il y a des entreprises privées. La plus connue, ça va être Lactalis, typiquement qui est un groupe laitier. Eux, ils vont collecter du lait, ils vont le transformer dans leurs usines et le vendre ensuite aux distributeurs. Les agriculteurs vont signer un contrat avec une laiterie, une laiterie du groupe Lactalis, pour qu'ils viennent collecter leur lait et qu'ils puissent ensuite le vendre derrière. Ensuite, il y a les négoces. Les négoces, ça va être notamment dans le grain ou dans le vin, dans les céréales ou dans le vin. Et eux, ils vont collecter la matière première chez les agriculteurs et ils vont ensuite le vendre. Ici, il n'y a pas de transformation d'usine ni rien du tout, ça va juste être acheter, revendre, acheter, revendre. Ça, c'est les négoces. Et là, pareil, les agriculteurs peuvent avoir des contrats, ou ils peuvent également juste vendre en one shot leur matière première. Mais on en reparlera par la suite. Et enfin, le troisième type, ça va être les coopératives, les coopératives agricoles. Au départ, je voulais faire un épisode seulement sur elles, mais je me suis rendu compte... qu'il y avait plein de choses autour que je ne connaissais même pas avant. Donc avant de vous parler seulement des coopératives, il fallait bien parler du reste. Donc du coup, les coopératives agricoles, c'est quoi ? En fait, les agriculteurs, il y a plusieurs dizaines d'années en arrière, ne voulaient plus travailler avec des entreprises privées ou des négoces. Ils ont créé une structure qui leur permette d'être fournisseurs de matières premières, comme dans le cas des autres, mais également d'être propriétaires de leurs outils de transformation ou d'être tout du moins plus actifs. sur la négociation des prix dans le cas de la collecte de leurs produits. Donc ils ont créé des structures dont ils sont propriétaires, dont ils sont présents au conseil d'administration, et qu'ils puissent agir dessus. Ce sont les coopératives agricoles. Et c'est un maillon extrêmement fort, c'est pas du tout anecdotique. Le plus connu, c'est le Crédit Agricole, qui est une coopérative agricole, mais qui du coup n'est pas du tout dans l'agroalimentaire, donc on ne va pas en parler ici. Il y a notamment Agrial, dont j'ai déjà parlé en introduction, ou la coopérative Sodial, une coopérative laitière qui possède la marque Entremont et qui possède également la marque Yoplait, par exemple. Trois agriculteurs sur quatre travaillent dans une coopérative pour différents maillons, différentes structures, mais on en reparlera dans un autre épisode. Et c'est également trois marques sur quatre de l'agroalimentaire. Donc il y a en fait énormément de coopératives que l'on côtoie tous les jours, dont on connaît les produits, mais au final on ne connaît pas du tout la coopérative qu'il y a derrière. Et voilà comment fonctionne le secteur agroalimentaire. Tout cela, c'est un gros avantage. Grâce à ça, les agriculteurs n'ont pas besoin de se charger de leur commercialisation. Ils produisent la matière première, ils la vendent, et c'est la suite du maillon qui s'en charge. Et nous, on arrive au bout, et on est content aussi, parce qu'on a un produit dans les rayons, toujours, régulier. et qu'on peut acheter. Donc ça, c'est le côté cool du système actuel. Et pour la petite info, pour ceux que ça intéresse, comment ça fonctionne, les agriculteurs, comme j'ai commencé à l'expliquer, vont signer des contrats avec ces différentes boîtes, qui va être par exemple sur le volume à donner, qui va être sur la qualité du produit, la variété, son prix, un prix de base qui va pouvoir évoluer, on va en reparler par la suite. Et donc du coup, tout ça fait que les agriculteurs vont négocier leur prix avec le premier maillon, avec le maillon de la... collecte. Mais ensuite, les entreprises de collecte vont devoir négocier le prix avec les transformateurs. Les transformateurs vont négocier le prix avec les distributeurs, et les distributeurs nous le vendent. Donc on voit que sur la question de la négociation des prix, on est quand même sur un sujet un peu délicat, un peu touchy, et c'est aussi pour ça que ça discute beaucoup, et que vous voyez pas mal de sujets, notamment en ce moment avec la question de l'inflation. Mais donc du coup, ces différentes structures sont censées aider les agriculteurs. et nous, en assurant une continuité de l'alimentation. Et il y a des entreprises, comme pour tout, il y a des entreprises top, il y a des entreprises moins bien, il y en a qui sont très contents de leur coopérative, il y en a qui en sont moins contents, il y a des success stories et il y a des problèmes. Bref, c'est un monde extrêmement varié et mon objectif, ce n'est pas de caricaturer le système, mais vraiment de le simplifier pour déjà savoir ce qu'il y a dedans. Au-delà de cet avantage de continuité alimentaire, il y a également trois points, on va dire trois conséquences, que je vois aujourd'hui et qui me questionnent beaucoup. La première, c'est que les agriculteurs ne choisissent pas toujours leur débouché. En fait, aujourd'hui, ils ont un contrat où ils vendent à leur coopérative ou à leur entreprise ou à un négoce, mais au final, ils vendent leur matière première et ils ne savent pas forcément où est-ce qu'elle va aller derrière. Dans le sens où, en fonction du marché, de la loi de l'offre et de la demande, ça va pouvoir aller une année dans cette entreprise-là et l'année suivante dans une autre, en fonction des marchés. et des besoins, ça peut aller aussi à l'étranger. Une partie de la production française qui part à l'étranger, notamment des céréales, de la poudre de lait. Et ça, ce n'est pas forcément les agriculteurs qui le choisissent. Ça va être la coopérative ou l'entreprise, bref, le maillon suivant qui va le décider. Alors, les agriculteurs sont présents au conseil d'administration de certaines structures et ont des organisations, donc ils peuvent être informés. Mais de là à dire qu'ils le décident, il y a quand même une petite nuance importante à apporter. Et donc, les agriculteurs ne savent pas forcément où vont leurs produits. ni sur quel territoire. Ils ont surtout un contrat qui leur permet de vendre leurs produits en étant à peu près sûr qu'il va partir. Et encore, même ça, ça reste parfois nuancé. Le deuxième point qui me marque, c'est que certaines entreprises, comme je l'ai expliqué avant, ne se sont pas limitées au maillon de la collecte. Certaines ont acheté des sites industriels derrière de production, de transformation. Et en fait, elles possèdent les produits que l'on mange tous les jours. Donc en fait, au lieu d'avoir... plusieurs acteurs dans la chaîne de valeur, on se retrouve avec les agriculteurs, ce gros maillon d'usine et la distribution qui va être du coup les supermarchés. Et on voit en fait qu'elles ont une vraie force de négociation, que ce soit du côté des agriculteurs pour le prix ou des distributeurs auprès des supermarchés parce qu'elles détiennent toute la chaîne de valeur de l'agroalimentaire. Donc du coup c'est une vraie puissance économique, c'est une vraie question qui se pose et c'est aussi pour ça que je vous en parlais. Surtout que, si vous vous rappelez de mon introduction, ce sont souvent des entreprises que l'on ne connaît pas. On connaît les marques. Si t'as un souci avec la marque Président, tu vas pas te dire bon bah je vais aller taper à la porte de Lactalis, tu vas taper à la porte de la marque Président. Et en fait il y a plein de choses comme ça que l'on ne connaît pas du tout dans tous les produits que l'on mange et c'est vraiment une question que je trouve super importante. Moi je le vois notamment dans les médias où en fait il y a plein de titres de presse mais il y a parfois plusieurs titres de presse qui sont possédés par le même homme fortuné, on va dire ça comme ça, par le même milliardaire et ça pose vraiment des questions d'indépendance de la presse et bah là... Pareil, ça pose vraiment des questions de puissance économique sur notre système agroalimentaire aujourd'hui. Je ne dis pas que c'est mal ou que c'est bien, je dis juste que ça me questionne. Et le troisième point qui est aussi important, je ne vous en ai pas parlé jusque là, c'est qu'en fait les coopératives... et les négoces, le maillon de la collecte, donc le tout premier maillon qui collecte les produits, ils font aussi parfois de l'approvisionnement. L'approvisionnement, c'est ce qui arrive juste avant les agriculteurs. Ce sont eux qui leur livrent les pesticides, les engrais, les aliments pour les animaux, les semences parfois, qui leur permettent de faire pousser le gain. Et donc du coup, ils apportent des produits aux agriculteurs et ils récupèrent leurs produits. Donc en fait, les agriculteurs ne travaillent qu'avec un seul client. Et ça, moi, ça me rappelle notamment dans l'entrepreneuriat, où un entrepreneur n'a pas le droit de travailler avec un seul client. C'est ce qu'on appelle du salariat caché. Et dans cette situation, je trouve qu'on s'y retrouve quand même bien. Et ça me questionne beaucoup, justement, sur la place de l'agriculteur, qui est normalement chef d'entreprise, qui détient sa ferme et qui détient ses produits et qui peut les vendre. Et là, dans ce cas-là, quand il achète des produits et qu'il les revend à la même, on n'est plus... sur le même niveau, sur la même égalité, on va dire. Et ce système-là, ça existe notamment en volaille, dans la filière des volailles, et également dans la filière porc. Et ça peut se retrouver aussi dans d'autres trucs, mais c'est les premiers points qui me viennent en tête. Et du coup, pour moi, ça pose aussi une grosse question sur la place de l'agriculteur dans ce système de l'agroalimentaire. Alors voilà, c'est la fin de cet épisode. Mon objectif est avant tout de vous informer sur ce sujet-là, parce que je trouve que ça pose énormément de questions. C'est un maillon qu'on connaît au final très peu, à part sous la forme de lobbies ou de grands scandales agroalimentaires. Il y a des agriculteurs qui sont mécontents de leur situation, d'autres qui sont très contents de leur coopérative ou d'autres structures. Mais ça pose du coup questions sur la négociation des prix pour nous, sur la qualité des produits, sur la traçabilité des produits également. Bref, il y a plein de sujets dedans à dépatouiller, et je me ferai un plaisir de faire un autre épisode dessus. Mais j'espère que vous comprenez un peu mieux pourquoi parfois vous entendez parler de négociations un peu musclées entre les agriculteurs et leurs structures, parce que c'est vraiment un point important dans leur travail. Je suppose que vous comprenez aussi également pourquoi des agriculteurs veulent faire de la vente directe, parce que oui on pense à la question du prix, ils peuvent vendre au prix qu'ils veulent, mais ça pose aussi la question du produit qu'ils veulent vendre. Et également sur le territoire en fait, ils sont sûrs de le vendre à côté de chez eux en faisant le marché, mais encore faut-il. qu'ils veuillent faire leur commercialisation, et c'est pas le cas de tout le monde, c'est pas nouveau, la vente c'est pas forcément inné, donc il y en a qui veulent tout simplement ne pas gérer cette partie-là. Et d'autres vont faire un mix des deux, un peu de vente directe et un peu de vente aux différentes structures que j'ai citées, parce qu'ils ont des gros volumes à passer, ils savent bien qu'en vente directe, ils ne vont pas pouvoir passer l'intégralité de leur production. Et donc là aussi, c'est leur choix de trouver un équilibre dans la commercialisation. Bref, j'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas, vous aussi, si vous avez des questions, à me les envoyer. J'ai mis en place un répondeur qui vous permet juste de cliquer sur Play et vous enregistrer un peu comme vous laissez un message. N'hésitez pas, le lien est dans ma description et je me ferai un plaisir de vous répondre par la suite. Merci beaucoup et à bientôt.

Description

Un grain de blé et PAF un paquet de pâtes ! La fabrication des produits que l'on mange au quotidien n'est pas si simple. Il y a plein d'acteurs dans le secteur agro-alimentaire. Pourtant, nous les connaissons peu... alors il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? et en quoi cela nous concerne directement ? c'est le sujet de l'épisode du jour. 


Je m’appelle Virginie Montmartin. Je suis journaliste scientifique et depuis 6 ans je me suis spécialisée en agriculture. Au départ, j’avais peur de poser des questions bêtes. Pas « d’agriculture pour les nuls » à l’horizon : c’est ce que je te propose dans ce podcast.     


📲 Pour me poser une question sur le répondeur, ou tout simplement me laisser un message, c'est par ici : https://www.speakpipe.com/agriquoi (tu n'es pas obligé de donner ton nom, de mail ou autre, juste ton message et tu peux même le réécouter avant de l'envoyer). 


✍️Pour remplir le sondage, qui me permet de savoir ce que tu penses de l'agriculture, c'est par là : https://forms.gle/hhgEy1mDPo85omEr5  (là tu as besoin d'un mail, mais c'est pour remplir le formulaire, moi je ne le vois et je le collecte pas ! tu peux me le laisser en fin de sondage si le cadeau que je laisse t'intéresse). 


Je suis aussi sur Instagram 


Musique : Alice Krief, Les Belles Fréquences

Création, montage, mixage : Virginie Montmartin 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous posez des questions sur l'agriculture ? Vous êtes au bon endroit. Je m'appelle Virginie, je suis journaliste agricole. mais aussi 100% urbaine et pas du tout issue du monde agricole. Depuis que je travaille dans ce domaine, je vois bien qu'on a tous des milliers de questions sur le sujet. Dans Agriquoi, j'ai décidé d'essayer de répondre à toutes ces questions qu'on n'ose pas poser. Bonne écoute ! Bonjour et bienvenue dans Agriquoi. Cette semaine, j'avais envie de vous parler d'un sujet que vous connaissez, mais que vous ne connaissez pas. En mode, tu me vois, tu me vois plus. pour ceux qui ont la référence. En fait, si je vous dis la salade Florette, le cidre Ecusson ou le fromage de chèvre Soignon, généralement, vous avez déjà entendu ces marques. Mais peu d'entre vous savent que toutes ces marques appartiennent à la coopérative Agrial. Et c'est de ça dont je veux parler dans cet épisode. En fait, souvent, on situe les agriculteurs, on situe les distributeurs, les supermarchés, quoi. Mais tout ce qu'il y a au milieu, on ne le connaît pas. Ou au final, très peu. En tout cas, moi, je ne le connaissais pas. Et c'est justement de ça dont j'ai envie de vous parler dans cet épisode. Il y a quoi exactement entre les agriculteurs et nous ? Et en quoi ça nous concerne ? Directement, ça va être le sujet de l'épisode du jour. Jusqu'à ce que je travaille dans le monde agricole, je ne savais pas, enfin je ne m'étais pas posé la question de comment un grain de blé dans un champ arrive sous la forme d'un paquet de pâtes dans mon supermarché. Pourtant, on mange trois fois par jour, donc ça me semble un élément extrêmement important dans notre vie quotidienne. Et dans cet épisode, on va parler de... par quelle magie, par quel phénomène, cette transformation se produit. Alors il y a quoi entre les agriculteurs et nous ? C'est quoi la chaîne de valeur ? On va appeler ça comme ça. Et bien déjà, tout commence par la collecte. Forcément, pour que le grain arrive quelque part, je vais vous parler du grain parce que c'est l'exemple qui me vient en premier en tête, mais voilà, pour que le grain arrive quelque part, il a bien fallu qu'il soit collecté. Donc il y a des grosses entreprises de collecte chargées de faire ça, de rassembler au même endroit les matières premières des agriculteurs. Par exemple, ça va être dans les entreprises de collecte du grain en céréales, ça va être dans les grands silos que vous voyez souvent au milieu des champs. Pour le lait, ça va être la laiterie du coin qui va venir chez l'éleveur pour collecter le lait et le ramener à la laiterie. Ce sont des entreprises qui sont le premier maillon de cette chaîne. Ensuite, ces entreprises vont vendre ce produit à des transformateurs, aux usines. qui font une, deux, plusieurs transformations pour arriver au produit final que l'on connaît. Et ensuite, ces transformateurs, ces usines, vont le vendre aux distributeurs, donc aux supermarchés, pour que ça arrive jusqu'à nous. Dans tout ça, il y a plusieurs structures, plusieurs formes d'entreprises, et ça me semble super important de les connaître. Alors, je vais vous citer quelques noms et quelques structures. Donc déjà, il y a des entreprises privées. La plus connue, ça va être Lactalis, typiquement qui est un groupe laitier. Eux, ils vont collecter du lait, ils vont le transformer dans leurs usines et le vendre ensuite aux distributeurs. Les agriculteurs vont signer un contrat avec une laiterie, une laiterie du groupe Lactalis, pour qu'ils viennent collecter leur lait et qu'ils puissent ensuite le vendre derrière. Ensuite, il y a les négoces. Les négoces, ça va être notamment dans le grain ou dans le vin, dans les céréales ou dans le vin. Et eux, ils vont collecter la matière première chez les agriculteurs et ils vont ensuite le vendre. Ici, il n'y a pas de transformation d'usine ni rien du tout, ça va juste être acheter, revendre, acheter, revendre. Ça, c'est les négoces. Et là, pareil, les agriculteurs peuvent avoir des contrats, ou ils peuvent également juste vendre en one shot leur matière première. Mais on en reparlera par la suite. Et enfin, le troisième type, ça va être les coopératives, les coopératives agricoles. Au départ, je voulais faire un épisode seulement sur elles, mais je me suis rendu compte... qu'il y avait plein de choses autour que je ne connaissais même pas avant. Donc avant de vous parler seulement des coopératives, il fallait bien parler du reste. Donc du coup, les coopératives agricoles, c'est quoi ? En fait, les agriculteurs, il y a plusieurs dizaines d'années en arrière, ne voulaient plus travailler avec des entreprises privées ou des négoces. Ils ont créé une structure qui leur permette d'être fournisseurs de matières premières, comme dans le cas des autres, mais également d'être propriétaires de leurs outils de transformation ou d'être tout du moins plus actifs. sur la négociation des prix dans le cas de la collecte de leurs produits. Donc ils ont créé des structures dont ils sont propriétaires, dont ils sont présents au conseil d'administration, et qu'ils puissent agir dessus. Ce sont les coopératives agricoles. Et c'est un maillon extrêmement fort, c'est pas du tout anecdotique. Le plus connu, c'est le Crédit Agricole, qui est une coopérative agricole, mais qui du coup n'est pas du tout dans l'agroalimentaire, donc on ne va pas en parler ici. Il y a notamment Agrial, dont j'ai déjà parlé en introduction, ou la coopérative Sodial, une coopérative laitière qui possède la marque Entremont et qui possède également la marque Yoplait, par exemple. Trois agriculteurs sur quatre travaillent dans une coopérative pour différents maillons, différentes structures, mais on en reparlera dans un autre épisode. Et c'est également trois marques sur quatre de l'agroalimentaire. Donc il y a en fait énormément de coopératives que l'on côtoie tous les jours, dont on connaît les produits, mais au final on ne connaît pas du tout la coopérative qu'il y a derrière. Et voilà comment fonctionne le secteur agroalimentaire. Tout cela, c'est un gros avantage. Grâce à ça, les agriculteurs n'ont pas besoin de se charger de leur commercialisation. Ils produisent la matière première, ils la vendent, et c'est la suite du maillon qui s'en charge. Et nous, on arrive au bout, et on est content aussi, parce qu'on a un produit dans les rayons, toujours, régulier. et qu'on peut acheter. Donc ça, c'est le côté cool du système actuel. Et pour la petite info, pour ceux que ça intéresse, comment ça fonctionne, les agriculteurs, comme j'ai commencé à l'expliquer, vont signer des contrats avec ces différentes boîtes, qui va être par exemple sur le volume à donner, qui va être sur la qualité du produit, la variété, son prix, un prix de base qui va pouvoir évoluer, on va en reparler par la suite. Et donc du coup, tout ça fait que les agriculteurs vont négocier leur prix avec le premier maillon, avec le maillon de la... collecte. Mais ensuite, les entreprises de collecte vont devoir négocier le prix avec les transformateurs. Les transformateurs vont négocier le prix avec les distributeurs, et les distributeurs nous le vendent. Donc on voit que sur la question de la négociation des prix, on est quand même sur un sujet un peu délicat, un peu touchy, et c'est aussi pour ça que ça discute beaucoup, et que vous voyez pas mal de sujets, notamment en ce moment avec la question de l'inflation. Mais donc du coup, ces différentes structures sont censées aider les agriculteurs. et nous, en assurant une continuité de l'alimentation. Et il y a des entreprises, comme pour tout, il y a des entreprises top, il y a des entreprises moins bien, il y en a qui sont très contents de leur coopérative, il y en a qui en sont moins contents, il y a des success stories et il y a des problèmes. Bref, c'est un monde extrêmement varié et mon objectif, ce n'est pas de caricaturer le système, mais vraiment de le simplifier pour déjà savoir ce qu'il y a dedans. Au-delà de cet avantage de continuité alimentaire, il y a également trois points, on va dire trois conséquences, que je vois aujourd'hui et qui me questionnent beaucoup. La première, c'est que les agriculteurs ne choisissent pas toujours leur débouché. En fait, aujourd'hui, ils ont un contrat où ils vendent à leur coopérative ou à leur entreprise ou à un négoce, mais au final, ils vendent leur matière première et ils ne savent pas forcément où est-ce qu'elle va aller derrière. Dans le sens où, en fonction du marché, de la loi de l'offre et de la demande, ça va pouvoir aller une année dans cette entreprise-là et l'année suivante dans une autre, en fonction des marchés. et des besoins, ça peut aller aussi à l'étranger. Une partie de la production française qui part à l'étranger, notamment des céréales, de la poudre de lait. Et ça, ce n'est pas forcément les agriculteurs qui le choisissent. Ça va être la coopérative ou l'entreprise, bref, le maillon suivant qui va le décider. Alors, les agriculteurs sont présents au conseil d'administration de certaines structures et ont des organisations, donc ils peuvent être informés. Mais de là à dire qu'ils le décident, il y a quand même une petite nuance importante à apporter. Et donc, les agriculteurs ne savent pas forcément où vont leurs produits. ni sur quel territoire. Ils ont surtout un contrat qui leur permet de vendre leurs produits en étant à peu près sûr qu'il va partir. Et encore, même ça, ça reste parfois nuancé. Le deuxième point qui me marque, c'est que certaines entreprises, comme je l'ai expliqué avant, ne se sont pas limitées au maillon de la collecte. Certaines ont acheté des sites industriels derrière de production, de transformation. Et en fait, elles possèdent les produits que l'on mange tous les jours. Donc en fait, au lieu d'avoir... plusieurs acteurs dans la chaîne de valeur, on se retrouve avec les agriculteurs, ce gros maillon d'usine et la distribution qui va être du coup les supermarchés. Et on voit en fait qu'elles ont une vraie force de négociation, que ce soit du côté des agriculteurs pour le prix ou des distributeurs auprès des supermarchés parce qu'elles détiennent toute la chaîne de valeur de l'agroalimentaire. Donc du coup c'est une vraie puissance économique, c'est une vraie question qui se pose et c'est aussi pour ça que je vous en parlais. Surtout que, si vous vous rappelez de mon introduction, ce sont souvent des entreprises que l'on ne connaît pas. On connaît les marques. Si t'as un souci avec la marque Président, tu vas pas te dire bon bah je vais aller taper à la porte de Lactalis, tu vas taper à la porte de la marque Président. Et en fait il y a plein de choses comme ça que l'on ne connaît pas du tout dans tous les produits que l'on mange et c'est vraiment une question que je trouve super importante. Moi je le vois notamment dans les médias où en fait il y a plein de titres de presse mais il y a parfois plusieurs titres de presse qui sont possédés par le même homme fortuné, on va dire ça comme ça, par le même milliardaire et ça pose vraiment des questions d'indépendance de la presse et bah là... Pareil, ça pose vraiment des questions de puissance économique sur notre système agroalimentaire aujourd'hui. Je ne dis pas que c'est mal ou que c'est bien, je dis juste que ça me questionne. Et le troisième point qui est aussi important, je ne vous en ai pas parlé jusque là, c'est qu'en fait les coopératives... et les négoces, le maillon de la collecte, donc le tout premier maillon qui collecte les produits, ils font aussi parfois de l'approvisionnement. L'approvisionnement, c'est ce qui arrive juste avant les agriculteurs. Ce sont eux qui leur livrent les pesticides, les engrais, les aliments pour les animaux, les semences parfois, qui leur permettent de faire pousser le gain. Et donc du coup, ils apportent des produits aux agriculteurs et ils récupèrent leurs produits. Donc en fait, les agriculteurs ne travaillent qu'avec un seul client. Et ça, moi, ça me rappelle notamment dans l'entrepreneuriat, où un entrepreneur n'a pas le droit de travailler avec un seul client. C'est ce qu'on appelle du salariat caché. Et dans cette situation, je trouve qu'on s'y retrouve quand même bien. Et ça me questionne beaucoup, justement, sur la place de l'agriculteur, qui est normalement chef d'entreprise, qui détient sa ferme et qui détient ses produits et qui peut les vendre. Et là, dans ce cas-là, quand il achète des produits et qu'il les revend à la même, on n'est plus... sur le même niveau, sur la même égalité, on va dire. Et ce système-là, ça existe notamment en volaille, dans la filière des volailles, et également dans la filière porc. Et ça peut se retrouver aussi dans d'autres trucs, mais c'est les premiers points qui me viennent en tête. Et du coup, pour moi, ça pose aussi une grosse question sur la place de l'agriculteur dans ce système de l'agroalimentaire. Alors voilà, c'est la fin de cet épisode. Mon objectif est avant tout de vous informer sur ce sujet-là, parce que je trouve que ça pose énormément de questions. C'est un maillon qu'on connaît au final très peu, à part sous la forme de lobbies ou de grands scandales agroalimentaires. Il y a des agriculteurs qui sont mécontents de leur situation, d'autres qui sont très contents de leur coopérative ou d'autres structures. Mais ça pose du coup questions sur la négociation des prix pour nous, sur la qualité des produits, sur la traçabilité des produits également. Bref, il y a plein de sujets dedans à dépatouiller, et je me ferai un plaisir de faire un autre épisode dessus. Mais j'espère que vous comprenez un peu mieux pourquoi parfois vous entendez parler de négociations un peu musclées entre les agriculteurs et leurs structures, parce que c'est vraiment un point important dans leur travail. Je suppose que vous comprenez aussi également pourquoi des agriculteurs veulent faire de la vente directe, parce que oui on pense à la question du prix, ils peuvent vendre au prix qu'ils veulent, mais ça pose aussi la question du produit qu'ils veulent vendre. Et également sur le territoire en fait, ils sont sûrs de le vendre à côté de chez eux en faisant le marché, mais encore faut-il. qu'ils veuillent faire leur commercialisation, et c'est pas le cas de tout le monde, c'est pas nouveau, la vente c'est pas forcément inné, donc il y en a qui veulent tout simplement ne pas gérer cette partie-là. Et d'autres vont faire un mix des deux, un peu de vente directe et un peu de vente aux différentes structures que j'ai citées, parce qu'ils ont des gros volumes à passer, ils savent bien qu'en vente directe, ils ne vont pas pouvoir passer l'intégralité de leur production. Et donc là aussi, c'est leur choix de trouver un équilibre dans la commercialisation. Bref, j'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas, vous aussi, si vous avez des questions, à me les envoyer. J'ai mis en place un répondeur qui vous permet juste de cliquer sur Play et vous enregistrer un peu comme vous laissez un message. N'hésitez pas, le lien est dans ma description et je me ferai un plaisir de vous répondre par la suite. Merci beaucoup et à bientôt.

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