Speaker #1Bonjour tout le monde et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Agriquoi. Depuis le 26 juillet dernier, les Jeux Olympiques ont débuté à Paris. Alors certes, il y a du sport, bien sûr, mais il faut aussi manger durant ce genre d'événement. On parle ici de 13 millions de repas qui seront servis durant Paris 2024, donc entre les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques, et des repas qui seront servis aux athlètes, aux journalistes, aux bénévoles, aux spectateurs. Bref, c'est un beau marathon quand même pour le milieu de l'alimentation et de l'agriculture. C'est aussi une super occasion pour faire de la gastro-diplomatie ou diplomatie culinaire. Et oui, j'ai découvert ce terme durant mes recherches. Tout ça pour dire qu'en fait au-delà du domaine sportif, la partie alimentation a de plus en plus d'importance dans l'organisation des Jeux Olympiques. La France d'ailleurs s'est fixée des objectifs ambitieux pour Paris 2024 sur ce volet de l'alimentation et de l'agriculture. Alors quels sont ces objectifs et qu'est-ce que cela change pour le monde agricole ? C'est le sujet de l'épisode du jour. Alors la France a plusieurs objectifs pour Paris 2024. Déjà les 13 millions de repas doivent être à 80% composés à base d'aliments produits en France. Ça c'est le premier objectif vraiment mis sur une production nationale des produits et 80% parce que vous vous doutez qu'il y aura une partie qui sera forcément importée, notamment en premier lieu les choses qu'on ne peut pas produire sur le territoire national, donc on pense par exemple au café, au chocolat, à certains produits de la pêche que l'on ne peut pas avoir ici, bref ça va être ces éléments-là qui vont composer les 20% restants. Le deuxième objectif fixé par la France, c'est que 25% doivent venir de moins de 250 km autour des sites des événements. Donc en gros, on ne va pas forcément manger les mêmes choses si on a une épreuve à Paris ou une épreuve à Marseille. On peut rajouter également dans ce point-là qui est sur les différents critères, 30% également des produits qui doivent être issus de l'agriculture biologique. Et le troisième point, c'est l'accent qui est mis sur la végétalisation des assiettes. avec 50% des repas proposés qui doivent être végétariens. Donc en gros, on vise avec ces JO une alimentation plus durable, une alimentation plus locale et de saison. Alors pourquoi cette ambition ? D'où ça vient ? En fait, la France s'est mise comme objectif de diviser par deux l'empreinte carbone des JO par rapport aux JO précédents. Donc si je regarde le document du comité olympique appelé la vision pour la restauration que je vous mets en lien de l'épisode... Il est précisé qu'ils se sont fixé l'objectif de 1 kg de CO2 par repas, soit une réduction de moitié par rapport aux 2 kg de CO2 équivalent au bilan carbone des repas des précédentes éditions des JO, ou bien du repas d'un français moyen. En gros, ils veulent qu'un repas équivaut à 1 kg de CO2 versus 2 kg jusqu'à maintenant. Et du coup c'est nouveau, c'est pas nouveau, qu'est-ce que ça change ? Alors si je vous en parle, c'est parce que c'est assez nouveau en fait. Si on regarde l'histoire des JO... en fait on voit que l'alimentation a pris de plus en plus de place. Au départ, c'était plus pour faire connaître la culture alimentaire du pays. On cite par exemple la découverte du kimchi, j'espère que je le prononce bien, lors des JO de Singapour en 1988. Ensuite, on arrive plus sur une volonté de production en local. Les JO de Londres, par exemple, en 2012, avaient pour objectif de produire une viande et des produits laitiers 100% issus du Royaume-Uni durant leur jeu. C'est d'ailleurs les premiers qui ont fait un document qui s'appelle le Food Vision, qui depuis est demandé par le comité olympique, et qui a lancé justement cette idée de davantage prendre en compte l'alimentation dans les Jeux Olympiques. Après on est arrivé sur les JO de Rio en 2016, eux ils ont plutôt mis l'accent sur l'aspect nutritionnel, d'avoir des Jeux avec des repas plus équilibrés que jusqu'à maintenant. Et donc en plus de ce volet plus local et de saison et équilibré qui est déjà existant sur les Jeux précédents, Paris a rajouté la végétalisation de l'assiette, ainsi que cet objectif de réduction de l'empreinte carbone est énoncé dès le début des Jeux. On voit donc petit à petit la place qu'occupe l'alimentation dans les JO vers une alimentation qui se veut plus durable et représentative du pays. Ok, chouette, on a des objectifs, mais ça donne quoi en pratique ? Je pense que vous avez entendu parler de la fameuse polémique sur la pénurie en oeufs et en grillades époulées au sein du village des athlètes. Au village des athlètes, Carrefour est le partenaire des JO pour la partie. approvisionnement et Sodexo est le partenaire pour la partie restauration collective. Et certains athlètes se seraient plaints qu'il manquerait des œufs et du poulet. Donc il y a eu plusieurs hypothèses sur cette question. On peut penser qu'ils n'ont pas prévu assez au niveau des quantités, mais Sodexo a dit qu'ils allaient rapidement réaugmenter la quantité de grillades d'œufs et de poulets proposées au sein du village des athlètes. Mais le deuxième point auquel on peut penser, c'est comme je vous l'expliquais, l'objectif numéro 1 de la France, c'est de végétaliser l'alimentation. Donc ils ont forcément davantage végétalisé les repas à destination du village des athlètes. Donc en fait, si Sodexo va devoir apporter plus de viande aux athlètes, ça va également contre les objectifs énoncés plus haut donnés par les JO. Et là, on voit bien la problématique de changement d'habitude alimentaire. Il peut y avoir des objectifs... ambitieux, mais qui peuvent être déjà difficiles à mettre en place et difficiles à accepter. Donc on voit là toute l'importance de l'image de l'alimentation au sein du monde sportif et des questions que cela posera dans les années à venir. Mais c'est quoi le lien avec l'agriculture dans tout ça ? Parce que là je vous parle pas mal alimentation, mais qu'est-ce qui se passe du côté de l'agriculture ? L'objectif de 80% de produits français, il faut bien les produire et les apporter. Alors en toute franchise, 13 millions de repas, ça paraît beaucoup, ça paraît même... énorme et l'an passé on pensait à une augmentation de la production de certaines denrées notamment du blé pour le pain et de l'orge pour ne rigolez pas pour produire suffisamment de bière pour les JO. En fait il y aura peut-être une légère hausse mais vraiment rien de bien dramatique parce qu'en France on produit suffisamment on exporte même pas mal de denrées donc en fait il n'y aura pas de problème majeur pour pouvoir produire ces 13 millions de repas Au pire, il y aura peut-être un petit peu moins d'exportation, mais ça on le verra dans les années futures, avec les chiffres qu'il y aura et le bilan fait sur les JO, mais honnêtement aucun problème de production. En fait c'est surtout et avant tout, vous vous en doutez, un gros coup de pub pour les partenaires des JO comme Carrefour qui est le partenaire officiel pour la partie approvisionnement et donc Sodexo comme je le disais pour la partie des repas. Et on pense aussi à la vision de l'alimentation française qui est vendue. auprès du public présent et des athlètes présents également. Donc il y a par exemple une vraie boulangerie sur le village des athlètes qui peut servir des viennoiseries, du pain, etc. frais tous les matins. Il y a aussi des chefs qui viennent valoriser les produits français sur site. Mais voilà, il n'y a pas d'autres gros enjeux majeurs au niveau agricole. En revanche, il y a une petite anecdote que je voudrais partager avec vous sur le sujet agricole. La filière céréales, elle a alerté dès 2023 qu'il y aurait un problème si la Seine est fermée durant les Jeux. Pourquoi ? Parce qu'en juillet-août, on est en plein dans la moisson agricole. Or, les céréales qui sont récoltées par les organismes stockeurs, vous savez ces grands silos là, ils sont ensuite acheminées vers le port de Rouen par bateau pour être ensuite exportées. Et ici, on parle de 8,5 millions de tonnes de céréales qui sont exportées à Rouen. Et sur ces 8,5 millions, il y a à peu près 3 millions qui transitent par la Seine chaque année, et qui viennent justement de toutes les fermes de la zone. Et donc, avec la Seine fermée, la filière avait estimé en 2023 une perte de 500 millions d'euros. Parce qu'il faut stocker les grains plus longtemps, il faut modifier la logistique, et ça peut prendre du retard sur les exportations. Du coup, après négociation, la Seine ne sera pas fermée durant 10 jours, comme c'était prévu au départ, mais 6,5 jours. et les horaires d'ouverture de la Seine durant l'événement seront élargis. Mais je voulais vous le partager parce qu'on voit bien un peu les enjeux qu'il peut y avoir autour des JO, comme valoriser l'agriculture française en bloquant les moissons. C'est quand même pas mal, n'est-ce pas ? Voilà, c'est la fin de ce petit épisode durant l'été. Je voulais vous parler un petit peu de ces objectifs énoncés durant les JO, car ils sont intéressants, ça montre vraiment une dynamique. sur la représentation de l'alimentation au sein de ces gros événements sportifs. J'aurais pu vous parler d'autres choses, notamment qu'il y a des athlètes qui sont également agriculteurs, mais beaucoup en ont déjà parlé. Si le sujet vous intéresse, n'hésitez pas à me le dire, je ferai volontiers une interview d'un sportif agriculteur pour vous. Le deuxième sujet dont j'ai assez peu parlé, c'est plutôt la filière aval également. qui est donc le fait que dans les objectifs des JO, il y a aussi des objectifs de réduction des déchets et du gaspillage alimentaire, mais c'est davantage la partie alimentation, et mon podcast se dédie davantage à la partie agricole. Mais si vous souhaitez que je vous en parle, n'hésitez pas à me le dire, je me ferai un plaisir d'aller chercher davantage d'infos sur le sujet. Voilà,