- Emmy
Bonjour et bienvenue sur Antichambre, ton nouveau podcast sans tabou dédié à la sexualité pour toutes et tous. Je m'appelle Emy, j'ai 22 ans et je t'invite à débuter cette aventure ensemble pour explorer et vivre pleinement ta sexualité. Alors mets-toi à l'aise et viens écouter les voix d'Antichambre. Bonjour et bienvenue sur Antichambre pour ce nouvel épisode, je suis avec Corentin, merci beaucoup d'être venu.
- Corentin
Bonjour.
- Emmy
Sur ce thème, on va aborder la question de l'alcool, la drogue liée à la sexualité. Mais avant ça, est-ce que Corentin, tu peux te présenter s'il te plaît ?
- Corentin
Alors, je m'appelle Corentin, j'ai 28 ans, j'habite à Paris depuis peu et je suis militaire et gay.
- Emmy
Très important, oui, effectivement, parce que c'est bien de préciser les orientations. Donc, tu as déjà utilisé des drogues et de l'alcool dans ta sexualité ?
- Corentin
L'un et l'autre et les deux.
- Emmy
Les deux ensemble aussi ? Oui,
- Corentin
oui.
- Emmy
En fait,
- Corentin
il faut tester.
- Emmy
Et t'as d'abord testé quoi ?
- Corentin
J'ai d'abord testé l'alcool. Les drogues, c'est venu plus tard. Mais ensuite, j'ai beaucoup fait les drogues. Et beaucoup plus que l'alcool.
- Emmy
Ok. L'alcool, c'est venu au moment du lycée ?
- Corentin
Oui, voilà. Après, j'ai pas eu une sexualité qui a commencé dès le lycée. En partie parce que j'étais un peu dans le déni au début. Puis après, j'étais un peu moins dans le déni.
- Emmy
Donc tu t'es rattrapé.
- Corentin
Et donc je me suis un peu rattrapé. Voilà. Mais effectivement, à partir du début des années post-lycée, j'ai un peu plus expérimenté.
- Emmy
Tu peux nous parler d'une des expériences avec l'alcool ?
- Corentin
Avec l'alcool ? Alors au début, j'avais, comment dire, c'était pas forcément des expériences concluantes ou qui laissaient des souvenirs impérissables dans le bon sens du terme.
- Emmy
Ok.
- Corentin
L'alcool, ça a plutôt tendance à m'endormir de base.
- Emmy
Ok.
- Corentin
Ça veut dire qu'avant tout le reste, ça m'endort.
- Emmy
Donc au final t'es pas en capacité de faire quoi que ce soit ?
- Corentin
Si mais c'est pas forcément mémorable
- Emmy
C'est vrai qu'on en parlait Avec des potes garçons Moi chez moi il y a cette phase D'abord Ça me décomplexe Donc je suis hyper sûre de moi Peut-être trop Mais je suis sûre de moi Donc je tente, j'ose, je me sens belle Et désirée Et ensuite il y a la phase où effectivement Ça va m'endormir Mais mes potes mecs, eux, ce qu'ils me disaient, c'est que soit ça va te faire finir très vite, et du coup, ils ont l'impression de ne pas avoir profité de leur moment, parce que dès que ça s'est fini pour eux, ça s'arrête, ce qui n'est pas forcément le cas, ou ils n'arrivent pas à finir, justement. Ils sont tellement... Je ne sais pas si c'est fatigué, alcoolisé, mais ça ne vient pas. C'est limite pas répétitif, mais ça devient mécanique, en fait. Et ça ne s'arrête pas, et du coup, ils n'en profitent pas forcément non plus. Mais la plupart, ils ont quand même cette...
- Corentin
bonne expérience je dirais de justement t'es décomplexé du coup c'est plus facile d'avoir même les corps nus de l'un et l'autre t'es moins gêné etc mais c'est vrai que si tu t'endors c'est vrai que je suis assez vite passé plus aux drogues pour piponter un peu le sexe voire même beaucoup parce que pour le coup toute la partie des inhibitions elle est vraiment venue avec
- Emmy
ça mais du coup la première fin Ouais, non, peut-être pas la première fois que tu as utilisé des drogues, c'est pas la première fois où tu as eu une expérience sexuelle avec.
- Corentin
Non, c'est venu quand même plus tard. Quoique, c'est à peu près... Ouais, c'était un peu la même époque. Bah en fait, quand j'ai commencé à pas mal sortir dans les milieux où je pouvais rencontrer des gens avec qui il pouvait potentiellement se passer des choses, ça a été un peu aussi le moment où... Je me suis retrouvé dans des milieux où les gens étaient un peu plus ouverts sur les questions de drogue aussi. Donc c'est un peu tout venu en même temps. C'est pour schématiser, mais le milieu des soirées gay parisiennes techno où il y a de la drogue, bon ben voilà, je pense que tu vois un petit peu le schéma. Et c'est vrai que je suis tombé un peu là-dedans tout d'un coup. Et j'ai adoré.
- Emmy
Ok.
- Corentin
Et donc ouais, à partir de ce moment-là, il y a eu pas mal, beaucoup plus de choses.
- Emmy
Mais t'as testé plusieurs drogues du coup ?
- Corentin
Je crois que maintenant, je peux dire que j'ai testé presque toutes les lettres de l'alphabet. Ah ouais ?
- Emmy
Ok !
- Corentin
Avec le temps, mais parce que ça commence à faire un moment. Mais ça m'est même un peu passé cette phase. Mais pour ce qui est du début, oui effectivement, j'avais commencé. En fait, qu'est-ce que j'ai testé en premier ? Je pense que c'était l'ecstasy. Oui, même, je me souviens très bien, c'était l'ecstasy.
- Emmy
Ok, vas-y, raconte-nous ta première fois avec l'ecstasy.
- Corentin
Première fois avec l'ecstasy, c'était quand même plus tard. C'était peut-être des années après. J'étais à Berlin, première fois à Berlin, pour faire les... pour aller en soirée là-bas. Enfin, tu connais, quoi.
- Emmy
J'en ai entendu parler, effectivement. J'ai entendu parler de certaines boîtes de nuit.
- Corentin
Voilà. Et j'étais avec mon mec de l'époque. Et donc on s'était retrouvé à Berlin et lui non plus il était un peu plus vieux que moi, il n'avait jamais rien testé de ce genre mais il était ouvert, alors peut-être pas autant ouvert que moi parce que moi j'avais vraiment envie de tester, j'en avais souvent entendu parler, on avait dit des merveilles. Et donc on s'est retrouvé dans un club, un club berlinois donc t'imagines bien techno, kinky un peu. Donc, plutôt sympa. J'ai appris par la suite que c'était une des meilleures soirées de Berlin. C'était nos hôtes qui nous avaient conseillé ça, parce qu'il se trouve que c'est un couple gay. Et on est donc allés dans cette soirée. Et à un moment, il y avait un dealer qui se promenait et qui vendait un peu sous le manteau ses cachets, là. Et donc, on a décidé de tester à ce moment-là. Et je me souviens très bien, parce qu'on était vraiment novices tous les deux. Et donc, on a pris un Ecstasy.
- Emmy
Chacun ?
- Corentin
Chacun.
- Emmy
Ok.
- Corentin
On n'avait aucune idée des doses qu'il fallait prendre, rien du tout. Et pendant 30 minutes, il ne se passait rien. Mais c'est normal. Sauf qu'au début, on ne savait pas.
- Emmy
Et donc,
- Corentin
du coup, je commençais presque à être énervé. Non, mais ça va...
- Emmy
La merde !
- Corentin
La merde, ça ne marche pas. Mais attends, je vais en prendre un deuxième. Ça se trouve, ça fera plus d'effet. Et là, mon mec m'a dit, non, attends peut-être encore un petit peu, on ne sait jamais. Et je n'avais pas eu le temps de finir ma phrase. J'étais en train de me lever. Et là, poum, ça y est, ça avait commencé à monter.
- Emmy
Ok. Et c'est quoi comme sensation ? Moi, je n'en ai jamais pris, donc vraiment, je ne sais pas du tout.
- Corentin
Sensation incroyable. C'est pour ça que je vais continuer après. Mais c'est vraiment, surtout au début, tu flottes et tu as vraiment l'impression d'avoir une énergie qui monte. Tu sens presque le cachet se dissoudre dans ton estomac et se répandre dans ton corps. Et vraiment, ça te met dans une espèce d'état second, qui est particulièrement agréable. Et après, surtout, tu es déchaîné, tu es désinhibé, tu as chaud. Et à côté de ça, une libido et une désinhibition totale. Et donc, on commence un peu à se déshabiller parce qu'on a hyper chaud. Et on commence à s'embrasser avec mon mec. Et lui aussi, c'était tout nouveau pour lui. On était à la fin en train de se dire qu'on en avait très envie et que c'était complètement fou ce qui nous arrivait. On a été encore assez lucides pour réaliser ce qui était en train de se passer. Et on va de plus en plus loin. Ça veut dire qu'on se caresse, on se touche partout, et puis on finit par se déshabiller de plus en plus. Et puis à la fin, on se retrouve quasiment nus, tous les deux dans le club, à faire presque à passer à l'acte. Et chose très drôle, enfin très drôle, non finalement c'est très Berlin, mais il y avait d'autres gens qui nous ont rejoints, d'abord qui se sont mis à côté de nous, et qui ont commencé à faire des choses encore plus loin que nous. Non mais ça veut dire que concrètement, Ils se sont carrément foutus à poil et ils ont baisé. Ils étaient genre 3 ou 4.
- Emmy
Ah oui, ok.
- Corentin
Alors, moi, je n'avais jamais vu ça. Et donc, mon mec, manifestement, n'avait jamais vu ça non plus. Et donc, on les a regardés.
- Emmy
Mais oui, j'allais dire, quand tu as un truc que tu n'as jamais vu, tu as envie de regarder et en même temps, tu te dis, peut-être que je vais les gêner si je regarde, je ne sais pas.
- Corentin
Non, on savait qu'on n'allait pas les gêner. À un moment, les mecs, ils pensaient au milieu de la pièce, bon, ben voilà quoi. Oui,
- Emmy
c'est vrai.
- Corentin
Et là, effectivement, on commence, nous aussi, à avoir vraiment un rapport. Donc bon bah d'abord ça a commencé par oral, enfin le sexe oral quoi Et puis ensuite c'est passé à la suite Donc on a couché ensemble dans le club Mais ça vous étiez les seuls, enfin à part l'autre groupe vous étiez les seuls dans le club Ou en fait tout le monde était un peu dans le club Ça ne choquait personne Ouais ok Après non je pense qu'on était les plus perçus du club Parce que c'était la première fois qu'on prenait de la drogue Et donc l'effet était beaucoup plus fort que même par la suite Enfin les autres fois où j'ai pu en prendre après Et effectivement on se regardait avec l'autre groupe là Puis au moment où on s'est un peu touchés Puis bon il s'est passé... Pas grand-chose. Un peu de sexe oral, mais ça s'est un peu arrêté là parce que je pense qu'on s'est dit ça va déjà très loin On était quand même assez lucides sur ce qui se passait même si toute la partie des inhibitions était partie. Et donc, voilà. C'était la première expérience en club berlinois. On en a... Mais non, pas vraiment la dernière. Il s'est passé pas mal de choses après. À Paris aussi. Une fois que j'étais revenu.
- Emmy
Mais tu penses que... Dans le fond, t'en avais vraiment envie ou la drogue t'a donné des envies ? Par exemple, le fait de faire de l'échangisme, d'avoir un plan à plusieurs, est-ce que c'est quelque chose dont t'avais envie de base ?
- Corentin
J'avais envie de tester la drogue, parce que j'avais pas envie de mourir idiot, parce que j'avais bien vu que ça pouvait être marrant, et parce que j'avais envie de vivre le truc à fond. Berlin, c'est aussi ça. Maintenant, effectivement, je savais pas que ça allait finir comme ça, et certainement pas la première fois. Donc on en revenait quand même pas de ce qui s'était passé. Et donc effectivement, sur le chemin du retour, on était tous les deux silencieux en train de se dire mais... qui vient de nous arriver, en disant que c'était complètement fou, mais aussi qu'on avait adoré. Et donc du coup, les autres soirs, c'était moins fou, parce que c'était plus complètement nouveau. Mais effectivement, on a fait d'autres soirées comme ça.
- Emmy
Ce que j'allais dire, la première fois était tellement incroyable, qu'est-ce que tu t'attendais pas à avoir le même effet ? À ce que ce soit aussi intense les autres fois ?
- Corentin
Quand t'as vécu ça, t'as juste envie que ça recommence.
- Emmy
Ouais.
- Corentin
Après, des trucs plus fous, pourquoi pas, mais quelque part, on n'avait même pas conscientisé le degré de folie que ce qu'on avait fait avait. C'était juste le maximum. Et puis après, il y a eu d'autres choses qui ont pu être encore plus folles.
- Emmy
Et tu en as toujours pris à deux ou c'est déjà arrivé en soirée que tu le prennes en étant tout seul dans la soirée ?
- Corentin
Alors, une fois que j'étais revenu à Paris, oui. En fait, quand tu vas dans un genre de soirée, tout le monde prend des trucs en gros. quelle que soit la drogue globalement c'est de l'ecstasy, de la cocaïne de la 3MMC, enfin je vais pas faire toute l'alphabet mais beaucoup de drogues qui désinhibent et qui donnent de l'énergie ou au contraire qui permettent de planer un peu plus et oui ce sont des soirées un petit peu débridées où tout est possible mais quelque part à la fin t'as pas forcément envie de tout faire parce qu'une fois que t'as fait, que tu sais que c'est possible bah tu reviens à quelque chose d'un peu plus... à ce que t'as vraiment envie à ce moment-là. C'est-à-dire qu'au début, tu le fais parce que tu te dis que c'est possible de le faire et que c'est complètement fou. Après, tu le fais parce que t'en as envie.
- Emmy
Ok. Donc, voilà. Alors, moi, j'ai jamais eu de relation sexuelle sous drogue. Après, je trouve qu'en plus, dans notre génération, en parler, c'est très vite associé à la violence, à tout ce qui est GHB, etc. Enfin, moi, dans mon entourage... C'est les trucs qui reviennent si je dis droguer sexe, quoi. Ça va être honte à droguer. C'est pas t'as pris une drogue pour essayer quelque chose, quoi. Donc j'ai demandé un peu autour de moi. Et donc j'ai un... Je connais quelqu'un qui est de la génération au-dessus de nous. Qui a environ 50-60 ans. Et lui, il me disait qu'à cette époque-là, la drogue, c'était la liberté. Vraiment, c'était associé à ça. Et que lui, il en avait aussi essayé plein. Et c'était beaucoup l'acide. Il m'expliquait que lui... il en avait déjà pris pour avoir des rapports que déjà il m'a dit ça te fait tenir donc c'est un homme, ça te fait tenir super longtemps c'est vrai et que lui par contre, ça arrivait dans ses relations donc c'était des relations hétéro que sa partenaire n'en prenne pas donc lui il était complètement dans un trip mais il m'a dit, elle finissait par triper aussi parce qu'il était dopé et que justement une fois, il était tellement dopé et ça matchait tellement bien avec sa partenaire qu'ils ont réveillé la mère qui dormait à côté. Mais au point qu'elle tape sur les murs, qu'elle était là, mais genre, ils étaient complètement, du coup, lui, complètement pétés. Donc, la fille, elle rigole aussi. Ils sont explosés, vraiment. Et au final, la mère, le lendemain, leur a dit, mais je vous en ai même pas voulu, parce que, ça se voit, ils étaient tellement à l'ouest, en fait, ils ont tellement rigolé, etc., qu'elle leur en voulait même pas. Sur ça, il m'a dit, mais c'était à essayer une fois. Donc... C'est peut-être dans ma to-do list un jour d'essayer. Mais il disait que lui, vraiment, il y avait cette sensation de... Déjà, tes sens, ils sont décuplés. Oui. Ce que tu ressens, comment tu le vis. Ta notion de distance aussi. Ça, c'était plus avec le LSD. La distance, tu t'en rends moins compte. Et ça, je connais quelqu'un d'autre aussi qui me disait ça. C'est-à-dire qu'en voulant toucher sa copine, il avait l'impression de passer à travers son corps. Il disait d'un autre côté, c'était la première fois qu'il avait vraiment traversé sa copine. Je ne sais pas comment expliquer, mais c'était vraiment des sensations complètement différentes. Et du coup, tes sens sont beaucoup plus en éveil. Ça te crée des sensations que tu n'auras jamais sans le poids.
- Corentin
C'est ce qui fait l'intérêt éventuellement du sexe sous le rock. C'est que tu as un niveau de sensation qui n'a rien à voir. Au-delà du fait que tu es désinhibé et que tu en as beaucoup plus envie, une fois que tu le fais, c'est fou. Tout est... Beaucoup plus fort.
- Emmy
Mais ça ne veut pas dire pour autant que tu en auras besoin pour chaque rapport.
- Corentin
Alors, le risque, c'est un peu que ça tombe là-dedans. Ça veut dire que moi, je connais plein de gens, ils ne savent plus avoir une relation sexuelle sans drogue. Ça veut dire que tout leur paraît fade en dehors. Et c'est un peu le risque de tomber là-dedans. Moi, je suis un peu duro-drogue. Il y en a qui sont un peu duro-mal, moi je suis un peu duro-drogue. Ça veut dire que je n'ai jamais eu de blackout, je n'ai jamais eu d'hallucination. Ou de... où vraiment t'as l'impression que les drogues te retournent le cerveau à un point ou tel que tu deviens accro parfois. Donc moi j'ai jamais vraiment été accro, heureusement. Bon après j'ai pas non plus pris, je me suis quand même interdit les drogues qui de toute évidence te détruisent ta vie. Maintenant, effectivement, une fois que t'as goûté au sexe sous drogue... Pendant longtemps, ça peut être un peu dur, en tout cas au début, de retourner à du sexe sans. Puis en fait, on s'y fait très bien aussi.
- Emmy
Oui, mais en fait, c'est juste, c'est complètement différent. Et donc, comment tu trouves ton équilibre entre justement sexe sous drogue et sexe sans drogue ?
- Corentin
Il s'est un peu fait naturellement parce que j'ai eu des périodes. Ça veut dire qu'au début, quand j'étais étudiant, je sortais tous les week-ends et je prenais donc des drogues tous les week-ends. Et de fait, toutes les relations sexuelles que j'avais à une certaine époque, elles se faisaient sous drogue. Et j'ai pu effectivement trouver les fois où je n'en prenais pas, que je voulais en prendre avant d'avoir un rapport sexuel parce que je savais que ça allait être bien. Et puis en fait, passé 25 ans, j'ai eu un peu le Covid en même temps. C'était l'époque Covid en même temps, donc il y a eu une espèce de coupure avant-après. Et après, la montée n'est plus aussi agréable. La descente n'est plus aussi facile. La récupération n'est plus la même. Et ça, ça arrive dès 25 ans en fait. Et l'intérêt de prendre la drogue diminue. Donc ça m'arrive encore très ponctuellement. Là, je suis plutôt dans une phase 100. Ça veut dire que j'en prends vraiment très occasionnellement. Et quand j'ai du sexe, quand je couche avec quelqu'un, j'en prends pas. Ça me paraîtrait même bizarre. Je me suis trop déconnecté de cet état d'esprit pour en prendre quand j'ai des rapports.
- Emmy
Donc maintenant, tu en prends plus hors rapport, genre en soirée, juste pour t'amuser.
- Corentin
Après, ça n'empêche pas qu'il se passe aussi des choses. Ok,
- Emmy
oui.
- Corentin
Mais c'est pas dit que ça finisse pas par revenir et que j'ai pas une autre phase un petit peu kinky où j'ai envie de ressortir dans ce genre de soirée et où je sais très bien qu'il va se passer des... que je vais avoir des rapports, que je vais coucher avec des mecs même sur place et que je vais aimer ça. Mais quelque part, une fois que tu l'as vécu et suffisamment vécu, t'es plus forcément autant la même envie de le faire qu'avant. Parce que ça y est, quoi. C'est pas que t'as coché la case, mais... Mais l'aspect nouveauté n'est plus là.
- Emmy
Est-ce que tu trouves que dans les milieux LGBTQ+, toutes ces soirées-là, justement, la drogue, c'est plus ouvert que dans les milieux hétéros ?
- Corentin
C'est... Oui.
- Emmy
Et est-ce que tu saurais dire pourquoi ?
- Corentin
Je dirais que de base, quand on est gay, on a forcément un rapport au conformisme un peu différent.
- Emmy
Ok.
- Corentin
Parce que de base, t'es sortie de la norme. Oui,
- Emmy
oui, oui.
- Corentin
Non mais j'ai remarqué ça, tu t'autorises plus de choses, ça veut dire que... Quelque part, il y a un verrou qui a sauté dans ta tête.
- Emmy
Oui, parce que tu te dis, je suis déjà hors cadre. En fait, c'est ça.
- Corentin
Pour moi, c'est une partie de l'explication. Et puis après, il y a aussi le fait que tu es dans une grande ville, que les gens sont beaucoup plus ouverts d'esprit de manière générale, je trouve. Et qu'en plus, tu es dans un milieu gay. Et que tout ça cumulé, les soirées gay parisiennes, ça fait mille ans que ça existe. Même dans les années 70, en tentant des histoires, c'était aussi fou que maintenant. On voit même plus. Mais ouais, je pense qu'il y a toujours eu cette espèce de milieu, pas forcément parallèle, mais qui a toujours été là. Et dans lequel il a toujours été possible de faire beaucoup plus de choses que ce qu'on imagine pouvoir faire dans une société.
- Emmy
Et donc il y a des fantasmes, si t'en as, que t'as fait sous drogue ?
- Corentin
Ah oui, c'est plus forcément des fantasmes dans la mesure où je les ai faits.
- Emmy
Ok.
- Corentin
Mais oui, concrètement, à quoi tu penses toi quand tu penses au mot de sexe de groupe, le truc le plus fou que tu imagines en soirée gay ? C'est quoi ?
- Emmy
Une orgie ?
- Corentin
Voilà.
- Emmy
D'accord. Oui, ouais.
- Corentin
Et donc effectivement, il y avait même, pendant mes études, il y avait une partie où je faisais des partouzes, disons-le, tous les week-ends. Et c'était trop bien. Mais bon, à la fin, quand tu fais que ça, tu t'enlaces. Et finalement, t'as envie de revenir à des trucs beaucoup plus... T'as ton amoureux, tu lui fais des câlins et des bisous, t'es devant Netflix avec lui, le canapé. Et en fait, c'est ça au fond dont t'as envie. Ça n'empêche pas que des fois t'as envie d'être une grosse salope quand même.
- Emmy
Oui, en fait, il faut un peu de tout.
- Corentin
C'est ça, il faut varier le plaisir comme on dit.
- Emmy
C'est ça, ok. Est-ce que tu pourrais revivre ces expériences-là ? maintenant que tu les connais et que tu sais l'effet que tu as eu en étant sous drogue, sans être drogué ?
- Corentin
Je ne sais pas. Parce que j'associe tellement l'un avec l'autre. Je n'ai jamais fait une seule partouze de sobre. Et toutes les personnes avec qui j'étais étaient dans le même état. Ça veut dire que ça va ensemble. Donc, dissocier les deux, est-ce que la même chose serait possible ? Alors, l'endurance, certainement pas. Non, parce qu'on peut dire ce qu'on veut. Concrètement, tu peux tenir un week-end entier sans dormir à faire que ça.
- Emmy
Ah ouais, ok.
- Corentin
Et ça, c'est humainement normalement pas possible.
- Emmy
Ok.
- Corentin
Donc, je ne sais pas si ça aurait, ne serait-ce qu'un intérêt. Après, aller en club à Berlin, avoir des rapports sexuels, pourquoi pas ? Parce que déjà, j'enjaille moins quand je prends des drogues. Donc, ne serait-ce que ça, je ne suis pas sûr que les expériences que j'ai pu vivre avant puissent être reproductibles. Parce qu'en faisant exactement la même chose, il n'y aura pas forcément les mêmes résultats, les mêmes émotions, le même désir de faire. Donc, je dirais que pour ce qui est de faire la fête à Berlin, oui. Avoir des rapports sous drogue ou sans drogue, oui. Maintenant, dans des conditions très particulières comme celles que je viens de dire. En fait, quand tu prends pas de drogue, tu le fais pas et puis c'est très bien comme ça.
- Emmy
Oui, oui. Oui, puis si t'es le seul en plus, si tout le monde est dans le même état d'esprit, tout le monde est sous drogue, c'est sûr que si...
- Corentin
Mais c'est ça qui rendait la chose géniale. C'est ça qui a aussi fait que... Est-ce que t'aurais vraiment envie de ça ? Est-ce que j'aurais vraiment envie de ça si j'étais pas sous drogue ? Parce que ça va quand même loin.
- Emmy
Oui.
- Corentin
Est-ce que je trouverais pas que c'est juste too much ? Et puis, en vrai, je pense que je me lasserai au bout de quelques... Je fais un tour et puis je m'en vais, quoi. C'est un week-end entier. Oui,
- Emmy
c'est ça qu'un week-end, c'est...
- Corentin
Mais ça va avec, quoi. Oui. Les deux vont ensemble. Donc, je ne sais pas. Il faudrait que j'essaye. Mais je ne sais pas si je préfère ne pas garder en tête... Oui,
- Emmy
bon souvenir. Voilà. Et donc, tu as dit que tu avais testé beaucoup de drogues. Ce serait quoi ton top 3 ?
- Corentin
C'est marrant quand tu as parlé du GHB tout à l'heure. Enfin effectivement, c'est la drogue du violeur. Sauf que dans les soirées où je vais, c'est une drogue qui circule beaucoup aussi, mais pas du tout dans un cadre oppressant ou de méfiance. Ça fait juste partie des drogues que tu peux prendre pour t'enjailler à la mort. Et effectivement, si je devais dire un top 3, ce serait mon top 1. Parce que c'est celle qui procure les meilleures montées, les meilleures descentes, les meilleurs effets. Et particulièrement d'ailleurs en partouze en fait.
- Emmy
Ok. Moi je pensais que c'était anesthésiel GHB. Parce que je vois vraiment cette vision dans les reportages, les films et séries. Quand souvent une fille, mais ça peut être aussi des garçons, sont drogués à leur insu. Qui sont complètement inertes. Ils n'ont plus le contrôle de leur corps. Ils n'arrivent plus à rien.
- Corentin
En fait c'est une drogue qui est très dangereuse. Parce que le dosage à quelques millilitres près. Soit tu t'enjailles comme jamais Tu passes ta meilleure vie Soit tu meurs Les overdose de GHB ça arrive C'était pas des amis personnellement Mais je connais plusieurs personnes Qui connaissent des personnes Que j'avais par ailleurs déjà croisées Qui sont mortes Mais c'est fou Donc ça arrive Et quand tu Quand tu entends ça Quand tu réalises que que c'est un danger énorme. Il y en a qui arrêtent, il y en a d'autres qui prennent beaucoup plus de précautions. Moi, j'ai toujours été extrêmement précautionné avec les drogues parce que j'ai peut-être un peu beaucoup conscience de ce qui peut se passer quand ça tourne mal. Alors, je touche du bois, mais du coup, je n'ai jamais eu de problème. Et pour ce qui est du GHB, effectivement, j'en ai déjà pris parce que je trouve ça super agréable quand c'est à la bonne donne, on va dire. Et pareil, j'ai demandé toujours une double vérification pour vérifier que j'avais faim. Même quand j'étais sûr de moi, par principe, je demandais double vérification parce que c'est hyper dangereux.
- Emmy
Et t'as jamais eu peur que quelqu'un, dans ces soirées où justement il y a plein de drogues qui passent, te drogue à ton insu ?
- Corentin
Alors non, parce que, déjà parce que tout le monde se drogue. Et que c'est pas du tout, du tout l'état d'esprit. Si la personne elle veut coucher avec toi, elle sait très bien qu'il n'y a pas besoin de te droguer pour ça en fait.
- Emmy
Tu vas prendre ta drogue tout seul et après ?
- Corentin
et puis en plus tu enfin je veux dire c'est tellement libre c'est libertin que les réticences bon si la personne te plaît tu baises avec elle quoi en fait c'est aussi simple que ça et si elle te plaît pas bah tu la rembarres et puis elle ira avec le prochain mec et elle baiserait deux minutes plus tard quoi donc il n'y a pas de sujet il n'y a vraiment pas de sujet et et donc effectivement non il n'y a pas de il n'y a pas de peur il n'y a pas de méfiance dans ce genre de soirée la confiance elle est un peu euh euh Elle est préinstallée ? Oui. Ça veut dire que c'est que des gens qui sont là pour s'amuser, qui sont globalement bienveillants. Ils n'ont pas envie de te faire ce qu'ils n'aimeraient pas qu'on leur fasse. Et c'est aussi parce que finalement, c'est que des gens qui sont un peu dans la même situation, avec les mêmes centres d'intérêt. Quelque part, aller dans ce genre de soirée, c'est déjà faire la sélection des gens.
- Emmy
Oui, tu sais que les gens qui vont là-bas, ils ont déjà la bonne manière de penser.
- Corentin
C'est ça.
- Emmy
Tu disais que tu prenais des précautions. Est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu quelles sont les précautions que tu prends ? Là, imaginons, moi j'ai décidé de prendre la drogue, comment tu me conseilles, comment tu me briefes ?
- Corentin
Déjà, de ne pas en prendre seule.
- Emmy
Non,
- Corentin
pas. Déjà, n'en prends pas sans raison. Moi, je n'en ai jamais pris ailleurs que dans un contexte très particulier qui était d'être dans une soirée techno-gay. C'est-à-dire que si je ne suis pas dans une soirée techno-gay, je n'en prends pas. Même si je suis en soirée ailleurs, je n'en prends pas. Si j'écoute de la techno, je n'en prends pas. Si je suis juste avec des gays, je n'en prends pas. Il faut que je sois dans une soirée techno-gay.
- Emmy
Ok, ouais.
- Corentin
Déjà parce que j'ai pas envie de devenir un camé Ensuite parce que je vois pas l'intérêt C'est vraiment juste dans ce contexte très spécifique Que là ça me tente
- Emmy
Et par exemple tu te dis Pas plus d'une drogue par soir Ou pas plus de
- Corentin
5 drogues par soir J'ai pu faire n'importe quoi Non mais en fait les précautions que tu prends C'est déjà Tu les prends presque sans même t'en rendre compte Déjà si tu les prends quand il y a des gens Des gens qui savent comment ça se passe Parce que globalement, tout le monde sait un peu comment ça se passe dans ce genre de soirée. T'as des stands de prévention, t'as des distributeurs de pipe à rouler pour sniffer. T'as des distributeurs de pipettes pour prendre du GHB. Et parce que quelque part, ils savent que c'est beaucoup mieux comme ça, plutôt que les gens fassent n'importe comment dans leur coin. Ça encadre finalement, ils savent qu'ils ne vont pas arrêter la consommation. Ça s'appelle de la réduction de risque. Et quand on prend des drogues, il faut faire très attention à réduire au maximum les risques. Enfin, c'est pas juste être complètement psycho avec ça, mais c'est... C'est juste ne serait-ce que penser à faire attention. Juste pas prendre des cachets comme si c'était des haribots. Ça veut dire te rappeler de ce que tu as déjà pris. Si tu sais que tu ne vas pas t'en rappeler, demander à quelqu'un de s'en rappeler. Si tu sais qu'il n'y aura personne, l'écrire. Sur mon téléphone, moi, ça m'est déjà réagi. Par exemple, quand on prend du GHB, je ne l'ai jamais fait tout seul. Je faisais vérifier la dose à chaque fois, en plus de la vérifier moi-même. Et aussi, après, je ne sais pas comment ça se passe ailleurs, mais on était dans un carnet. ou sur un téléphone, l'heure de prise. Parce qu'il ne faut surtout pas les prendre de manière trop rapprochée. Et quand tu es drogué, tu peux très bien oublier. Et si tout le monde prend des drogues, tu peux finalement compter sur personne pour s'en rappeler à ta place. Donc, soit tu as un SAM. Ça existe, mais a priori, c'était le seul. C'est un peu chiant dans un genre de soirée. Soit ton SAM, ça s'appelle ton téléphone ou le carnet à côté. Et pour le coup, c'est vraiment du contrôle mutuel. C'est-à-dire que la personne, elle ne se rappellera pas de quand tu as pris ta dose de drogue. Par contre, elle sait que quand tu la prends, il faut que tu notes.
- Emmy
Ok.
- Corentin
Et c'est comme ça que tu sécurises la chose. Et si tu n'es pas sûr, si tu as oublié, tu ne prends pas. Tu attends le temps nécessaire, en plus, à partir de maintenant. Parce que peut-être que tu l'as pris il y a deux minutes, tu as juste complètement zappé parce que tu n'étais pas en train de faire quelque chose. Bref.
- Emmy
Ok. Oui. Il faut quand même vachement encadrer quoi.
- Corentin
Le niveau de curiosité dépend des drogues. Mais par exemple, le GHB, si tu ne le fais pas, tu as un risque très concret de mourir. C'est aussi bête que ça. Est-ce que tu as envie de mourir ? Oui ou non ? Si tu n'as pas envie, déjà, si tu n'as pas envie de prendre le risque, tu ne prends pas la drogue. Et si tu as envie de prendre la drogue absolument, tu encadres. Et si tu as un doute, tu ne la prends pas. Oui. C'est si bête que ça.
- Emmy
Vu tout ce qu'on dit, j'ai l'impression qu'il y a vraiment des steps. L'alcool, c'est l'étape 1 où tu comprends un peu ce qu'est la désinhibition, ça sort un peu de tes sens. Et après, il y a l'étape au-dessus de les drogues, où là, c'est plus de sensations et ça désinhibe encore plus. Tu vois ou pas ?
- Corentin
Ça dépend vraiment des effets des gens. Moi, concrètement, l'alcool au lit, non, ça ne marche pas. C'est chiant, en fait. Ça ne va pas dans le sens que tu voudrais... que tu voudrais que ça aille quoi. Alors qu'à l'inverse, les drogues sur moi ça marche très bien là-dessus. C'est-à-dire que j'ai pas d'effet négatif dans le sens j'ai envie d'en prendre après, même quand je suis pas en train d'avoir du sexe, ou quand je suis pas dans le cadre d'une soirée. Donc pour moi j'arrive à bien circonscrire la chose. Je sais que ça dépend vraiment des cerveaux des gens. Il y en a, ils pourront tenter au maximum, ils y arriveront pas, ils deviendront accros. Mais ça, pour le coup, si on voit qu'on devient accro, il faut savoir déjà s'en rendre compte. et surtout savoir s'entourer parce que si on compte que sur soi-même ça peut marcher,
- Emmy
ça peut juste ne pas marcher en tout cas merci beaucoup Corentin pour toutes ces informations merci à toi c'est la fin de l'épisode, donc le petit rituel c'est que tu pioches une question n'importe laquelle tu choisis avec ta main innocente et tu réponds un peu du tac au tac et après ce sera mon tour
- Corentin
Quel conseil donnerais-tu à ton moi plus jeune concernant ta sexualité ? Et bah commence plus tôt ! Et te fais pas donner au cerveau sur des choses dont tu connais déjà les réponses.
- Emmy
Un tout autre réponse ! Bah en vrai, attends, moi je réfléchis, mais mon moi plus jeune déjà c'était mon moi d'il y a 7 ans, si jamais je devais répondre à la question, et je dirais pour mon moi plus jeune d'avoir plus confiance en moi et de pas trop écouter ce que les gens disent sur nous. Alors, quel est le compliment le plus sexy que tu aies jamais reçu ? Alors, je ne sais pas si c'est un compliment pour tout le monde, mais... Deux, trois ex qui m'ont dit la même chose et en fait je l'ai trop bien pris. Ils m'ont dit que j'étais leur vice. J'ai adoré cette question. Enfin cette question. Ce compliment où je me suis dit quand t'es le vice de quelqu'un genre c'est vraiment Tu es le petit diablotin sur les fonds de gauche ? C'est ça et c'est qu'en fait tu peux pas te résister et c'est vraiment, en fait c'est un compliment qui m'a marquée parce que je l'ai vécu comme un compliment. Ok. C'est la fin de l'épisode. Merci beaucoup Corentin pour ce partage. Bah merci à toi. Merci à vous d'avoir écouté, n'hésitez pas à partager et à commenter et à bientôt sur Antichambre. Une production Studio Moya. Studio Moya !