#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot cover
#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot cover
ArtEcoVert LE podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot

#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot

1h04 |18/02/2023
Play
#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot cover
#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot cover
ArtEcoVert LE podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot

#E4 - Doriane Chagot Mansuy - De la cueillette à la teinture végétale en passant par l'écriture et le tricot

1h04 |18/02/2023
Play

Description

⁉️Saviez vous que vous pouviez gérer le processus de la cueillette à la teinture végétale ?


Doriane Chagot Mansuy et nous explorons la teinture végétale, mettant en avant son application sur les laines non traitées chimiquement. On y aborde les défis de vivre de cette pratique de la teinture naturelle. Pratique à partir de plantes cueillies localement pour Maison Septembre. Doriane Chagot Mansuy encourage la rigueur dans la formation, tout en soulignant l'importance de déconstruire les préjugés et d'éduquer les consommateurs sur la teinture végétale. L'épisode aborde également la question de la résistance des couleurs dans le temps. L'épisode vous invite à aller découvrir cet univers fascinant de la teinture végétale sur laine et à réfléchir à son potentiel dans le contexte de la mode durable. 


Sur Instagram @MaisonSeptembre

Son livre : Plantes tinctoriales pour teinture naturelles - les reconnaître, les récolter, les utiliser.


❤️Vous aimerez aussi :

Teinture végétale sur laine en monobain #E2 - Michel Garcia - La transmission d'un savoir ancestral ICI

#E36 - Marie Marquet

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor -

#E49 - Mélusine Flament - Lainamac

#E56 - Elisabeth Berthon - le feutre

#E58 - Anaïs Chesneau - Babul & Bakli tapis en Inde

#E69 - Benoit De Larouzière - Filature Fonty

#E70 - Laura Chantebel - Fibre bio -

#E72 - Dorian Etienne


ArtEcoVert, LE podcast de la couleur végétale 🌿, de la graine à la couleur finale dans tous les domaines d'application : 

  • Alimentaire Teinture végétale : sérigraphie végétale, éco-print, bundle dye, shibori … sur fibres naturelles. La teinture végétale fait partie des teintures naturelles mais n’utilise que des plantes tinctoriales.

  • Cosmétiques : Coloration capillaire végétale, savonnerie (savons végétaux), maquillage,...  

  • Beaux arts : encres végétales, sérigraphie végétale, aquarelles végétales, peintures végétales, craies grasses végétales… 

  • Bio matériaux, bio plastiques teints végétalement, 

  • Agriculture de plantes tinctoriales et production de Colorants biosourcés (Pigments végétaux et Colorants végétaux) Garance, Indigo, Réséda, Tanins… 

En effet, on explore dans ce podcast un des nombreux pouvoirs des plantes à savoir : LA COULEUR 

L’objectif d’ArtEcoVert est de proposer la couleur végétale 🌿 comme alternative combinée à la couleur de synthèse, dérivée du pétrole et est néfaste. 

🚨 Je compte sur vous pour vous abonner à la newsletter du podcast pour ne pas louper la sortie des épisodes :https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1

Pour cela 

  1. ArtEcoVert  LE PODCAST 🎧

pour démocratiser la couleur végétale. Mais c’est aussi une communauté sur le Patréon d’ArtEcoVert : https://www.patreon.com/ArtEcoVert de plus de 180 passionnés du sujet qui font bouger les choses ! 

En rejoignant le patréon d’ArtEcoVert vous soutenez le podcast ArtEcoVert (pour qu’il dure) mais vous avez de nombreux avantages : 

  • Épisodes en avance ⌛

  • Épisodes exclusifs (dont les mini séries...)

  • Rencontres avec des e-tables rondes 👥

  • Des discussions instantanées que vous pouvez choisir et dans lesquelles vous pouvez parler avec les invités qui ont rejoint Patréon (Cécilia Aguirre, Aurélia Wolff, Charlotte Marembert, Beste Bonnard, Suzy Gallo, …) 💬

  • Des informations (sorties, actualités, événements…) 📣


  1. ArtEcoVert LE PROJET ⭐

pour catalyser la réémergence de la filière tinctoriale (construire du lien, des échanges, faire avancer, poser les bases, apporter les preuves, …) 

Pour cela, j’ai créer l’entreprise ArtEcoVert Pauline Leroux dans laquelle je propose

  • mes services :  issus des expériences antérieures (filières agricoles, RSE, Grande Distribution, Distribution Locale, ) et de ma formation d’ingénieure agronome

  • mon énergie 

  • ma passion pour les plantes

  • ma volonté de redynamiser cette filière 

Chaque mission contribuent à soutenir la pérennité du podcast ArtEcovert

Vous êtes intéressés : pauline.artecovert@gmail.com

Bonne écoute 👍

Pauline Leroux




Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure.

  • Speaker #1

    Je suis Ponyne Leroux,

  • Speaker #0

    ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valo. Mon but, pédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors,

  • Speaker #1

    c'est parti !

  • Speaker #0

    Bonne écoute ! J'ai le plaisir d'accueillir sur le podcast Doriane Chagot-Manzuy, qui a écrit le livre Plantes teintoriales pour teinture naturelle aux éditions Erol, livre sorti en 2022. Elle est également à la tête de la Maison d'hôtes Maison Septembre, qui est un concept avec deux chambres d'hôtes et l'atelier de teinture pour faire de nombreux ateliers de la cueillette à la teinture naturelle. Et Doriane est également une passionnée de tricot et propose des laines naturelles teints de manière naturelle. naturel évidemment. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute ! Si vous pouvez me raconter comment vous êtes arrivée à la teinture végétale, un peu votre parcours, vu que ça fait une dizaine d'années que vous êtes sur le sujet. Racontez-moi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup la teinture végétale ça a été un cheminement un peu... au long cours et hyper progressif parce qu'au départ, moi, j'en ai fait de manière très ludique pour teindre de la laine, pour faire des tricots pour moi, pour mes filles, et voilà. Et les enfants de copines, le truc un peu classique. Et à un moment donné, j'ai eu envie aussi d'élargir un peu la gamme des couleurs qu'on pouvait réaliser facilement parce que quand on commence, je pense qu'on est un peu tous pareils, c'est-à-dire qu'on va travailler avec des choses qu'on a dans la cuisine ou des déchets alimentaires ou des choses qu'on trouve facilement. et puis la gamme de couleurs produites au bout d'un moment on a aussi un peu envie de l'élargir et c'est quand j'ai vraiment voulu élargir la gamme de couleurs et puis aussi mieux comprendre ce qui se passait quand on faisait de la teinture le processus du coup mieux comprendre donc mieux contrôler mieux diversifier c'est là que je me suis dit voilà je me forme un peu j'ai pas trouvé de formation hyper il n'y a pas une école de couleur naturelle qui dispense une formation classique complète et accessible aussi en formation continue tout du moins donc j'ai beaucoup lu moi je suis un peu rentrée dans les ouvrages de teinture par les ouvrages super classiques, toutes les mémoires de maîtres teinturiers qui ont été rééditées et grâce à ça ça faisait un peu grimoire un peu relié à l'histoire et ça suscitait un intérêt chez moi. C'était super stimulant d'imaginer les couleurs. Je crois que ce qui m'intéressait, c'était d'avoir des couleurs qui étaient écrites, mais qui étaient complètement imaginables. Ça laissait énormément de place dans l'esprit à tout ça. Et moi, ça m'a beaucoup plu. Et puis, c'est un peu un détail, mais j'ai grandi à Chartres, qui est une ville... En fait, avec une cathédrale très ancienne et du coup très marquée aussi par toute cette période historique, le travail de la couleur, le bleu de Chartres, Lévitrault, ce bleu fameux est assez incroyable, assez mystérieux et complètement envoûtant et déroutant aussi de se dire que ça a été créé il y a aussi longtemps. Ça m'a toujours fascinée, petite fille. je l'ai retrouvé avec la teinture. Même si la teinture, en effet, c'est appliqué sur de la fibre textile, il y a quand même eu une résonance à ce niveau-là. Et donc, les formations. Donc, les ouvrages anciens, les ouvrages un peu plus contemporains. Mais moi, c'était il y a plus de dix ans maintenant que j'ai commencé vraiment à vouloir me former. Et à l'époque, il n'y avait pas de parcours de formation vraiment accessible. Et puis, au niveau des livres, c'était encore un peu... Alors, soit tout en anglais, et encore même en anglais, ce n'était pas hyper sexy comme littérature, soit vraiment des ouvrages un peu hérités des années hippie, qui sont en fait des puits de science et des ouvrages hyper intéressants. Mais disons que moi, sur le moment, je pense que c'était trop rebutant. J'avais envie d'un truc un peu plus sexy et accessible et qui donne envie, qui a aussi un intérêt porté à l'esthétique de ce que l'ouvrage transmettait. et voilà donc au fur et à mesure j'ai quand même trouvé des ouvrages parce qu'il y a eu une production littéraire assez exponentielle sur ce thème ces dernières années ce qui est très bien parce que ça propose une manière de voir la teinture naturelle sous différentes écoles moi je fais beaucoup de formations et j'ai toujours tendance à présenter une bonne quinzaine d'ouvrages aux personnes qui viennent se former en essayant de les orienter un peu vers l'ouvrage qui va leur convenir, c'est-à-dire des profils plus créatifs, on va tenter un peu tout et s'ouvrir plein de portes, des profils avec vraiment un souhait d'utiliser la teinture dans un but professionnel. Alors là, on revient à quelque chose d'ultra classique, académique, mais avec des recettes ultra solides et pérennes dans le temps et à la lumière. voilà donc cette production littéraire moi elle m'a aidée, j'en ai pas fait le tour je suis sûre qu'il y a des ouvrages que j'ai soit pas lu, soit non j'ai pas connaissance mais même du type de

  • Speaker #0

    et ça vous pourrez vous pourrez les partager bien sûr vos ressources comme ça soit je les mettrai en descriptif ou même en donner quelques-uns là pour les gens qui écoutent d'avoir des pistes par exemple un exemple pour un créatif qui est un peu dans l'expérimental et plutôt pour un pro si on a une petite boîte qui veut se lancer ou même plutôt des gens qui veulent essayer d'avoir un résultat pour un cadeau j'en sais rien quelque chose qui tient dans le temps

  • Speaker #1

    créatifs, moi je les oriente beaucoup vers le travail d'Abigail Booth qui a écrit un bouquin, alors le titre je ne l'ai plus mais je l'ai là c'est une artiste anglaise

  • Speaker #0

    Ça s'appelle le guide de la teinture végétale. C'est celui-ci ou pas ?

  • Speaker #1

    Exactement. Et celui-là, je l'aime beaucoup parce qu'il est... En fait, il est très ouvert. Il est vraiment... Moi, c'est un peu ce livre-là que je présente aux gens qui arrivent en stage et qui me disent Bon, alors, Dorianne, moi, tu précises bien les couleurs grand teint, les petits teints. Moi, j'ai besoin de savoir. Donc, tu me dis-tu que là... Ouais. Alors, du coup, les frontières, il va falloir les ouvrir un peu parce que... On est dans la teinture contemporaine aujourd'hui et il faut aussi avancer avec notre temps. Et Abigail Bouss, elle a eu cette démarche intéressante de se dire finalement, je ne veux pas faire un tissu qui va tenir en termes de solidité pendant 40 ans, je m'en fous. Moi, je veux expérimenter les couleurs. Je veux faire le tour de quelles sont les couleurs que mon environnement peut produire. qu'est-ce que je peux récolter autour de chez moi qu'est-ce que je peux utiliser en ressources locales et vraiment plus travailler avec ce que son territoire lui offrait et moi je trouve que c'est hyper intéressant il y a des couleurs canon qui ne sont pas méga solides mais qui sont hyper intéressantes, hyper gratifiantes et très belles en tant que telles et après sur les profils vraiment en tout cas en bouquin d'introduction sur un truc très carré, très rigoureux et puis qui permet de comprendre ça je trouve ça très important j'aime beaucoup l'ouvrage d'Elisabeth Dumont je crois que c'est teindre avec les plantes la couverture est toute bleue et Elisabeth Dumont elle est chimiste de formation et je trouve que dans sa manière de transcrire, de transmettre ça se sent et c'est passionnant parce qu'elle explique le processus le pourquoi cette action donne cette conséquence et je trouve que c'est ça qui est essentiel dans l'apprentissage de la teinture enfin après je pense qu'il y a plein d'écoles et plein de manières de faire et selon les personnes qu'on a face à nous aussi mais Moi, dans ma manière d'apprendre les choses selon ma vie, j'ai trouvé que le fait d'avoir l'information et de comprendre, c'est un peu posséder le mode d'emploi. Puis après, on le dit. On l'essaie, on teste, on se plante, on réussit, mais on sait d'où on part et on comprend ce qu'on fait. Et ça, cette capacité à avoir l'information et à comprendre les choses, je trouve que c'est vraiment essentiel. C'est essentiel et ça ouvre toutes les portes. C'est un très bon point de départ. je trouve, après c'est une manière que j'ai moins de fonctionner, je pense qu'il y en a beaucoup d'autres, tout aussi valables mais voilà, donc au niveau des bouquins et donc là c'est deux exemples parmi énormément de bouquins qui existent et qui sont et qui sont super intéressants et très complémentaires, plus axés botaniques comme le livre de Marie Marquet elle a vraiment un ouvrage de référence c'est vraiment super ce petit bouquin avec un format trop bien pour aller en cueillette voilà c'est très guide de la teinture nationale ouais exactement et puis des ouvrages beaucoup plus l'ouvrage d'Aurélia Wolff qui est aussi oui je l'ai aussi et on n'a pas répété et j'ai tout à part celui d'Elisabeth Dumont celui-ci Aurélia Wolff oui celui-là et celui-là par exemple je trouve qu'il est super parce que c'est une très bonne introduction une très bonne prise de contact avec la teinture dans le sens où l'univers esthétique a été pensé on voit que c'est un objet un peu un livre un peu concept très joli moi je trouve qu'on retrouve aussi la patte de Hérolle la maison d'édition avec laquelle je travaille au sein de laquelle on a la chance de pouvoir produire l'objet qu'on veut produire et pour laquelle l'univers esthétique est important et moi au départ j'ai eu un peu de mal à assumer ça, à me dire mon livre j'aimerais qu'il soit beau, en plus d'être à peu près correct d'un point de vue scientifique et j'ai mis du temps à assumer ce souhait que j'avais parce que je le trouvais pas légitime et en réalité en en parlant avec mon éditrice c'est important de faire un ouvrage aussi qui donne envie au lecteur de s'y intéresser et de rentrer franchement c'est réussi la photographe avec laquelle j'ai travaillé Margot Bélanger de Madeleine Photo elle y est pour énormément on a vraiment travaillé l'univers les deux sur les photos j'ai trouvé que les photos elles étaient hyper

  • Speaker #0

    inspirantes ça fait un peu planche de botanique il y a des dessins ça fait invitation à la balade franchement rien que de regarder les images moi ça me ça me détend en fait ça me détend et après j'ai vu toute l'intro qui est contrairement à d'autres livres on va dire essentialisé je trouve que c'est clair, on va direct on fait pas de blabla et j'ai trouvé ça sympa parce que moi qui suis quelqu'un qui aime bien pas aller vite mais aller à l'essentiel je trouve que c'est un exercice qui est réussi et j'ai adoré un truc aussi dans votre livre c'est le manifeste à la fin. C'était une de mes questions que j'allais vous poser après. Donc, le manifeste pour des couleurs durables et non polluantes. Et j'ai adoré ce passage-là. Alors, c'est deux, trois pages. Mais j'ai trouvé, et je pense qu'on y reviendra après dans les questions, mais j'ai trouvé que vous abordiez là-dedans toutes les questions qui font que la tâture végétale, pour moi, c'est une alternative aujourd'hui qu'il faut... plus employés. Et donc, j'aimerais bien, si ça vous va, qu'on en reparle un peu plus tard. Oui, bien sûr. Et alors, du coup...

  • Speaker #1

    Ça me touche, merci, parce qu'en effet, ce manifeste, il n'est pas du tout anodin. Il est à la fin, il prend deux pages, mais je pense qu'il résume l'état actuel, peut-être, de la teinture, des enjeux, on va dire la question des enjeux contemporains.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la synthèse des enjeux contemporains. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Une tentative de synthèse qui n'est pas complète. C'est bien, mais...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est complet, ça va à l'essentiel. J'ai vu vos sources. D'ailleurs, j'avais aussi trouvé des infos avec Pili. Je crois que c'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Voilà, donc moi aussi, j'avais trouvé des choses fiables avec eux. Donc, franchement, j'ai trouvé ça vraiment... Et encore une fois, ce n'est pas du blabla, c'est synthétique. Et il y a toutes les idées clés, donc j'ai trouvé ça top. et je voulais justement vous demander comment c'est venu de proposer un livre, est-ce que c'est les éditions Erol qui sont venues vous chercher est-ce que c'est vous qui avez écrit quelque chose et proposé, comment ça s'est fait ce projet ?

  • Speaker #1

    C'est un peu un mélange, c'est un peu une rencontre multifactorielle parce qu'il n'y a même pas eu que la maison d'édition et moi, il y a eu aussi beaucoup de de personnes qui participaient à des stages ou des formations qui au bout d'un moment c'est super les bouquins que tu présentes mais toi il est où le tien ? et voilà l'idée elle est née de là parce que moi franchement de moi-même jamais je me serais sentie suffisamment légitime pour avoir l'idée de rédiger le moindre truc et puis d'ailleurs ça a été un obstacle au début de la rédaction du livre parce que j'ai eu ce truc de la page blanche alors moi j'ai toujours beaucoup écrit même dans mes études et dans mes boulots d'avant mais pas des choses destinées à être publiées et quand... quand on commence à essayer de rédiger un truc qui a vocation à être publié là tout de suite c'est compliqué parce que on vient requestionner sa légitimité on vient requestionner la véracité scientifique de ce qu'on dit aussi et ça c'est compliqué et puis en tant que femme je pense qu'on a un petit handicap supplémentaire à ce niveau là donc une fois que j'ai conscientisé tout ça et mis de côté j'ai commencé à réussir à écrire et après j'ai beaucoup écrit le livre est beaucoup plus gros que ce qu'il devait être au départ et j'ai une éditrice qui a été super cool pour ça et une maison d'édition aussi et c'est génial de pouvoir avancer un peu en se laissant guider par ce qu'on a envie de transmettre donc voilà après moi le projet je pense que je l'avais en tête depuis un moment ça reprend beaucoup de choses que je transmets pendant les stages aussi je pense que c'est vraiment c'est un peu la mise en mots de choses et même du schéma que j'ai quand j'ai des gens en formation donc cet exercice de conception de la structure a été assez simple et aussi à proposer à la maison d'édition etc donc ça a vraiment été une rencontre avec trois entités différentes et voilà c'était mais après oui oui la maison d'édition il y a un projet qui doit être parce que c'est une chose que le projet soit accepté par une éditrice après il doit être accepté par tout un comité enfin voilà il y a tout un tas d'étapes à franchir et et et qui finalement je pense sont garantes aussi de la solidité du projet. Ça nous dédouane, nous, auteurs de cette question. Enfin moi j'ai senti les choses comme ça en tout cas.

  • Speaker #0

    Et entre le moment où il y a cette envie commune d'écrire un livre et la réalisation, la sortie du livre, ça prend à peu près combien de temps pour avoir un ordre d'idée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, moi c'est pareil, c'est des échéances que j'ai découvertes parce que ce n'était pas du tout mon univers auparavant. Moi, ça a dû durer un an et demi. Entre la première transmission, les premiers échanges vraiment formels avec la maison d'édition et la publication. sachant que je pense que ça peut être plus long et que ça peut être un peu moins long peut-être, moi ça a pris entre un an et un an et demi avec finalement une phase de rédaction assez courte de peut-être 4 mois et tout le reste du temps c'est tout le travail de recherche documentaire, de relecture et puis tout le travail après de maquette de prise de photo et de relecture des épreuves, des allers-retours

  • Speaker #0

    entre nous et la maison d'édition et ce que j'aime bien aussi c'est que pour chaque plante il y a pareil encore on va à l'essentiel de quelle partie de la plante on utilise et une petite anecdote et en fait pareil ça invite les gens je trouve si l'anecdote les intéresse à aller creuser mais ça ne rajoute pas un pavé trop long en fait moi c'est ça que j'aime bien c'est que du coup j'ai vu des petites anecdotes et je me suis dit ah bah tiens attends je vais aller taper sur Google et du coup si une anecdote m'accroche en fait j'y vais et il y en a d'autres c'est moins mon truc du moment et du coup ça passe et ce que j'ai beaucoup aussi aimé c'est qu'il y a le respect des saisons avec ce qu'on trouve autour de soi, parce que j'ai vu que vous aviez vraiment cette approche de faire avec les plantes de votre environnement, ça je trouve ça génial, et en plus, en respectant les saisons, donc en gros, on a toutes les plantes qu'on peut retrouver en été, et au fil des saisons, et ça je trouve ça bien, parce que... on perd que ce soit... Moi, j'étais plus dans l'alimentaire, mais on perd le rapport à la nature et aux saisons et qu'une plante, elle fleurit à un moment précis où il faut attendre l'automne pour enlever les racines. Et en fait, je trouve ça cool parce que dans ce livre-là, en fait, d'emblée, on lit le sommaire et on voit que, oui, en fait, il y a des saisons à respecter et j'ai trouvé ça vraiment intéressant. Et du coup, ça me donne juste une question, Doriane, c'est... quand vous avez essayé d'abord la teinture avec, comme vous l'avez dit, ce qu'on a dans la cuisine, les déchets alimentaires, etc. Ensuite, les essentiels, les plantes hyper connues. Et ensuite, si j'ai bien compris, vous êtes arrivés à vos plantes locales. Et comment on arrive à trouver les plantes qui, autour de nous, sont teintoriales ? Est-ce que c'est du hasard ? En se disant, tiens, celle-là, elle est sympa, j'en ai plein, est-ce que j'essaye ? Ou est-ce que là, il y a eu aussi une recherche documentaire en se disant Attends, je ne vais pas perdre du temps à essayer quelque chose, je m'oriente un petit peu comment ça s'est passé.

  • Speaker #1

    C'est vraiment entre les deux. C'est vraiment... Alors déjà, la chance que j'ai eue, c'est de quitter Paris pour vivre à la campagne. Donc, j'ai eu un accès aux plantes très facilitées. Moi, je connaissais un peu les plantes aussi avant, grâce à ma grand-mère qui les connaissait un peu pour le côté médicinal. Donc, il y avait déjà un certain nombre de plantes dont je savais qu'elles avaient des usages au-delà médicinal, mais teintorial, etc. Et après, non, je me suis assez vite inspirée des vieux bouquins de botanique et des vieux bouquins de teinture, des traités de teinture traduits. Et puis, il y a beaucoup de traités de teinture ou d'ouvrages intéressants. Alors parfois, comme c'est vraiment un langage auquel on n'est plus habitué, c'est un peu difficile à... à comprendre comme littérature, mais sur le site, je crois que c'est de la BNF, en libre accès, il y a accès à énormément de choses. Donc, j'ai beaucoup lu tout ça, j'ai transcrit un peu avec les plantes que j'avais sur mon territoire. La chance que j'avais, c'est que la plupart des plantes, moi, je n'ai pas eu de problème d'identification, c'est-à-dire que je les reconnaissais. Voilà, allez, admettons l'anthanésie. Très bien, je me promène, je reconnais la tanaisie, parce que je la connaissais auparavant. Donc le côté identification botanique, j'ai pas été trop embêtée, mais j'ai quand même acheté des bouquins de botanique pour être sûre de mes identifications, pas me mettre à travailler avec de la grande ciguë plutôt que de la carotte sauvage. ça se distingue cette identification quand je fais des cueillettes ou des balades territoriales avec des stagiaires ou des gens que je forme c'est une identification je passe beaucoup de temps pour expliquer les différences entre carottes sauvages grandes silues cerfeuils etc parce que c'est hyper important et parce qu'il y a des gens qui se plantent et parce que c'est dangereux quand même et dans le livre j'ai fait tout un pavé justement sur l'identification de la carotte sauvage et mon éditrice m'a dit mais Dorian c'est trop long là tu développes beaucoup plus pour cette plante est-ce que ça vaut le coup ? et je lui ai dit bah ouais et puis de toute façon si vous êtes pas ok il n'y a pas la plante dans le bouquin parce que pour moi ça c'est essentiel donc donc c'était vraiment voilà c'est un peu ça s'est passé un peu comme ça le cheminement à la fois repérer quelles sont les plantes que j'avais dans mon environnement et puis et puis travailler quand même à partir d'ouvrages botaniques ou de teintures très anciens et et après la saisonnalité a été découle de ça en fait ça découle naturellement de ça c'est pas un souhait ou un ou un une démarche particulièrement consciente de ma part c'est juste que quand on vit et qu'on travaille avec ce qu'on récolte il y a des saisons où on récolte telle chose et d'autres saisons où on récolte telle autre chose même si là, depuis quelques années, c'est un peu compliqué au niveau de la saisonnalité sur certaines plantes. Mais il y a quand même une saisonnalité, même pour avoir la meilleure valeur teintoriale de la plante, il y a une saison à respecter. On ne va pas cueillir une tomate verte sur un pied de tomate juste parce qu'elle est là. On va attendre qu'elle mûrisse, qu'elle soit rouge. Avec les plantes, c'est la même chose. Et ça, c'est hyper important à voir. Après, ça force à la lenteur. Ça force au... ça force à la patience, ça force à l'humilité aussi face aux saisons, etc. Et ça, je pense que c'est important. Moi, je réponds souvent à des personnes qui me demandent telle couleur ou telle autre. Non, en fait, là, ce n'est pas possible, on va attendre six mois. Alors, certaines personnes trouvent ça ultra poétique et génial et c'est l'occasion d'avoir des échanges sympas. Et d'autres personnes vont dire, non, en fait, c'est tout de suite qu'il me le faut. ouais mais en fait non en teinture il y a un temps long et ce temps long il est indispensable pour la récolte des plantes et puis au delà de ça dans la technique de teinture pour avoir des couleurs vraiment solides on peut pas faire une couleur en urgence trop rapidement

  • Speaker #0

    ok et du coup le livre il est arrivé avant le projet Maison Septembre ou c'est d'abord le projet Maison Septembre ça s'est fait dans quel ordre du coup ?

  • Speaker #1

    oui c'est d'abord le projet Maison Septembre Maison Septembre l'entité Maison Septembre c'est depuis 2018 et le livre lui là il a été publié il est sorti début novembre 2022 donc bien après non c'est une échelle très courte mais après

  • Speaker #0

    Et du coup, alors Maison Septembre, est-ce que vous pouvez nous raconter l'idée, la genèse, ce que ça rassemble comme... comme projet ? J'ai l'impression que c'est deux projets, moi, en un. Mais j'aimerais bien entendre votre...

  • Speaker #1

    Ça rassemble plusieurs choses, Maison Septembre. Maison Septembre, c'est né autour d'un lieu, finalement. C'est vraiment né autour de ce lieu dans lequel je vis et je travaille et on accueille des personnes aussi en maison d'hôte. C'est une ancienne ferme dans un petit village hyper vert de Langeau, pas très loin d'Angers. vraiment au cœur de vignes. Et en fait, on est en proximité avec des vignes et avec le fleuve, avec la Loire. Et donc la Loire, c'est un fleuve qui est sauvage, qui est très peu contraint par l'humain. Donc c'est un fleuve qui est magnifique, qui a énormément de diversité, à la fois en termes de faune et de flore. Et d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles dans mon lieu de vie, dans mon environnement de vie, j'ai autant de plantes à disposition. Après, il y a aussi beaucoup d'espaces protégés dans lesquels je ne fais pas de cueillette parce que ce n'est pas autorisé de cueillir parce que la nature est trop fragile dans ces endroits-là. ça n'empêche pas de faire des identifications et des repérages ou un recensement, c'est toujours intéressant aussi donc voilà, ce petit lieu à la campagne très sympa et la rencontre avec cette maison, cette ancienne ferme qu'on a rénovée et qu'il y a plusieurs bâtiments donc on a aussi eu l'idée d'en faire des chambres d'hôtes pour accueillir un peu des gens, moi c'est vrai que je venais d'un boulot où je recevais du public énormément et je me suis dit oulala, quitter Paris, plus changer de boulot, beaucoup de changements et surtout ça fait beaucoup moins d'humains face à moi donc le projet de maison d'hôte a un peu été lié à ce constat là et puis après moi j'ai installé mon atelier teinture etc dans ce lieu, donc voilà pour le lieu et pour aussi le nom un peu maison septembre qu'il fallait bien trouver et puis c'est jamais facile de trouver un nom de marque

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ce lieu, vous accueillez des personnes qui viennent en chambre d'hôte. C'est forcément lié à la teinture végétale ou il y a des gens qui peuvent venir en chambre d'hôte sans avoir de lien avec un atelier de teinture ou c'est plutôt à destination de combiner les deux, maison d'hôte et atelier de teinture ?

  • Speaker #1

    Alors jusqu'à présent c'était vraiment complètement fractionné c'est-à-dire que des personnes, on a accueilli beaucoup de vacanciers, de cyclistes de randonneurs, etc. sans aucun lien avec la teinture, qui ignoraient qu'il y avait un atelier de teinture dans le même lieu c'était vraiment des mondes un peu parallèles quand même là à partir de cette année on va plutôt réorienter vraiment sur l'accueil des personnes pendant les périodes de stage ou à l'occasion de stage, etc. même si la maison d'hôte reste ouverte pour accueillir tout le monde mais c'est plus qu'on sera moins actifs pour accueillir des touristes cet été parce que c'est un manque de temps moi maintenant j'ai absolument plus le temps pour accueillir comme je le souhaiterais tout au long de l'été donc je préfère rationaliser

  • Speaker #0

    un peu pour essayer de faire bien et du coup il y a combien de chambres à Maison Septembre ?

  • Speaker #1

    il y a deux chambres d'hôtes

  • Speaker #0

    d'accord ok et alors du coup si j'ai bien compris vous proposez des stages des stages il y a différents pas niveaux mais il y a différents thèmes de stages oui est-ce que vous pouvez en dire un petit peu plus pour ceux qui écoutent et qui seraient intéressés de comprendre les nuances et les différents stages

  • Speaker #1

    Oui, il y a des stages. Alors là, le contenu est à peu près similaire. C'est vraiment le format qui va changer. C'est-à-dire qu'il y a un premier stage qui dure deux jours. Et donc, ces deux premiers jours, c'est vraiment consacré à la teinture végétale classique. On fait une assez grande promenade de cueillette et de reconnaissance de plantes teintoriales. Et puis après, la journée et demie qui reste, on la consacre à faire de l'échantillonnage de coloris pour que les gens puissent avoir un premier répertoire avec, je ne sais pas, une petite centaine d'échantillons pour commencer à créer cette petite bibliothèque de référence. Ça fait beaucoup parce qu'on travaille chaque couleur sur quatre types de fibres, de la laine, du coton, de la soie et du lin. et à chaque fois on travaille la couleur on la nuance à partir d'une plante on va dire on peut faire plein d'échantillons différents donc il y a ces deux premières journées qui sont concentrées sur créer ces échantillons et ensuite la troisième journée qu'on peut associer ou détacher du reste c'est la journée indigo donc monter une cuve naturelle la réactiver, teindre dedans avec les techniques de Shibori et les deux dernières journées, pareil, qu'on peut soit associer ou venir juste ces deux jours-là c'est les journées consacrées à l'écoprint donc impression végétale au cours desquelles on fait du bundle dyeing, du tatakizo mais ça dépend vraiment des personnes présentes j'essaie de construire les programmes de formation en fonction de ce que les personnes attendent même sur les types de fibres qu'on échantillonne ou qu'on travaille s'il y a des personnes présentes qui souhaitent travailler absolument sur je n'en sais rien du champ voilà on va intégrer le champ dans l'échantillon et voilà et donc ces 5 journées on peut soit les faire à la suite soit les fractionner soit n'en faire que les deux premières les deux dernières celles du milieu voilà c'est vraiment L'idée, c'est que ça s'adresse à tout le monde, de la personne qui découvre complètement jusqu'à la personne qui souhaite l'intégrer, par exemple, dans son approche créative. Voilà, c'est très, très varié. Et après, c'est moi qui essaie d'adapter au groupe présent. C'est aussi la raison pour laquelle, maintenant, j'accueille six personnes maximum en même temps, parce que... ce nombre-là permet vraiment, même moi, s'il faut, certains soirs, prendre une heure ou deux en plus avec telle ou telle personne dont je sens qu'elle souhaite en savoir plus sur telle chose. Et donc, ça fait vraiment un format qui est sympa. Et puis voilà, le cadre, la campagne. un peu coupé de la ville et du bruit et d'un rythme de folie ça a souvent au bout de la première journée on sent que les gens se posent et que voilà et puis les groupes généralement ça crée des groupes qui continuent à se voir après ou à être en relation et ça c'est c'est hyper hyper précieux d'assister à ça en fait c'est toujours très touchant

  • Speaker #0

    Ok. Donc du coup, on retrouve toutes les informations sur le site Maison Septembre. Je le mettrai dans le descriptif, comme ça les gens qui seraient intéressés par une partie, toute partie ou même la chambre d'hôte pourront retrouver les infos. Du coup, j'avais aussi une autre question sur le choix des fibres que vous travaillez. J'ai vu, si je ne dis pas de bêtises, essentiellement la laine. Est-ce que vous pouvez me dire un petit peu quelle est la fibre ? que vous préférez teindre, pourquoi, et voilà, un petit peu, quelles sont les fibres que vous travaillez et vous préférez.

  • Speaker #1

    Oui. En effet, je travaille surtout sur la laine. Est-ce que c'était vraiment un choix à l'origine ? Finalement, je ne sais pas, parce que moi, je tricotais beaucoup, moins maintenant par manque de temps, mais j'ai toujours beaucoup tricoté. Et voilà, je me suis dirigée vers une matière que je travaillais moi-même. mais de plus en plus je travaille le coton, le lin beaucoup de vieux tissus que je récupère ou qu'on me donne des super qualités en plus de fibres des lins, des métisses des trucs canons qu'on peine à trouver sinon neuf en plus et puis la démarche de réutiliser, de revaloriser ça fonctionne tellement bien avec la teinture naturelle c'est vraiment un L'univers est hyper cohérent et ça peut donner lieu à plein de belles créations. Donc laine et tissu, mais surtout laine. Et alors laine, pourquoi ? Parce qu'il y a la marque de fil à tricoter Maison Septembre associée et puis surtout au cœur de mon activité. Donc j'ai toute une communauté aussi autour du tricot et de la laine qui est importante et qui me suit depuis longtemps et qui est quand même la base de mon activité.

  • Speaker #0

    et du coup voilà après la laine a une affinité particulière avec la teinture naturelle ça explique aussi voilà le panel de couleurs qu'on peut faire c'est quand même une matière géniale en teinture c'est quand même vachement plus gratifiant et rapide de teindre un écheveau de laine que de s'attaquer à un gros coupon de lin bien voilà bien rédit encore et là on sait qu'il y a du boulot sur la fibre avant de pouvoir vraiment la teindre même si une fois teinte c'est canon et c'est génial aussi mais disons que voilà il y a beaucoup de travail et les laines après dans la même démarche que je travaille des choses naturelles en couleur j'ai voulu aussi travailler sur des fibres naturelles donc c'est des laines qui sont filées en France pour certaines elles sont entièrement réalisées en France, c'est à dire qu'elles sont issues de filières de revalorisation de laines un peu délaissées auparavant, c'est à dire des laines qui sont issus de races de moutons pas forcément lénières, mais dont on commence à récolter la laine pour la valoriser à nouveau. Beaucoup d'élevages situés dans le massif central, puisque les filatures avec lesquelles je travaille sont situées en creuse, et elles développent des chouettes filières. par rapport à la laine je travaille pas mal de laine cardée de plus en plus parce que la laine filée finalement il y a plus de transformations et puis le process peut pas être entièrement réalisé en France donc voilà c'était aussi un peu la limite que j'avais à travailler la laine filée et d'autant plus que la laine cardée prend très très joliment la couleur et c'est des laines qui sont de...

  • Speaker #1

    J'allais poser une question moi qui suis néophyte nouvelle dans le sujet c'est quoi la différence entre les deux laines que tu viens de citer du coup ?

  • Speaker #0

    alors pour dire les choses vraiment en résumant fort mais pour que l'image vous l'ayez en tête les laines filées, la laine filée c'est une laine qui va subir un peu l'étape du peignage du fil c'est comme il faut imaginer deux grands peignes l'un sur l'autre pour essayer de ranger les poils dans le même sens le fil peigné cette étape il va la subir énormément, plusieurs fois etc donc les poils vont être vraiment rangés de manière perpendiculaire et donc ça va faire un fil qui va avoir un aspect beaucoup plus lisse alors que la laine cardée, cette étape est réalisée beaucoup moins en quantité et donc il faut imaginer les fibres plus agglomérées les unes aux autres donc ça fait un rendu beaucoup plus je vois du coup mais j'avais pas les termes non mais c'est du langage en effet j'aurais dû détailler un peu Et c'est pareil au niveau de la fibre, c'est des laines naturelles. Naturelles, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est des laines qui ne sont pas traitées chimiquement, c'est-à-dire qu'elles ne reçoivent pas de préblanchiment et surtout, elles ne sont pas traitées superwash. Superwash, c'est ce fameux traitement qui a permis aux laines de passer à la machine à laver à partir des années 60-70, pour plein de raisons. parce que ça apparaissait aussi en même temps que l'apparition massive des fibres issues de la pétrochimie qui elles passaient en machine à laver donc on a appliqué des traitements au laine pour qu'elles aient les mêmes conditions d'entretien et ça a été à l'époque vu comme un progrès sauf qu'actuellement on se rend compte quand même qu'à la fois au niveau du moment du traitement c'est ultra polluant c'est vraiment des... Pour résumer pareil à nouveau, les fibres subissent un bain de chlore et ensuite elles sont enduites d'une résine de plastique très fine. C'est une laine qui n'a plus grand-chose à voir avec les fibres naturelles puisque la structure de la laine est complètement cassée, elle perd ses qualités isolantes. C'est vraiment une laine en plastique, pour dire les choses un peu vite. et surtout ça induit une pollution au moment du traitement et ça induit une pollution tout au long de la vie de la fibre puisqu'à chaque lavage ces fameuses micro-particules vont être libérées dans les eaux usées et sont beaucoup trop fines pour être filtrées par les unités et donc ça c'est vraiment ces fameux plastiques qu'on retrouve dans l'océan on est vraiment sur ce type de produit moi j'essaie de communiquer de donner les infos sur ces thèmes là mais je sens que même dans un public de tricoteurs assez experts ces notions sont assez peu connues parce qu'il y a très peu les marques ne communiquent pas du tout là dessus évidemment c'est pas très vendeur mais c'est une réalité

  • Speaker #1

    aujourd'hui donc voilà donc fibre naturelle et puis surtout un gros une grosse partie de la transformation voire de la réalisation en France donc vous vous produisez donc vous avez plusieurs activités vous avez votre votre chambre d'hôte vos ateliers vous vendez de la laine et vous avez une communauté autour du tricot plus le livre. Ça m'amène à une petite question qui, au fil des échanges avec les passionnés de teinture végétale, me fait dire qu'en fait, vivre uniquement de la teinture végétale sur un domaine peut être... compliqué ? Comment on vit aujourd'hui de cette passion de la teinture végétale ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que sur une unique activité, ça dépend. C'est toujours pareil, ça va dépendre du modèle économique, ça va dépendre de... Et ça, finalement, c'est des sous-thèmes qu'il faut absolument aborder. Quel niveau de revenu on attend ? Quelle est notre manière de vivre ? Parce que moi, ma vie aujourd'hui à la campagne, elle n'est pas celle que j'avais quand je vivais dans le 14e arrondissement de Paris. Donc, c'est des modèles de vie aussi à modifier un petit peu. Après, au demeurant, vivre entièrement de la teinture végétale, je ne sais pas. je sais pas moi c'est pas mon cas je vis pas que de la teinture végétale en tant que activité unique puisqu'en effet c'est multi il y a plusieurs facettes mais peut-être certaines personnes réussissent peut-être à le faire là moi j'ai pas assez de recul ou de référence en tête pour vraiment répondre catégoriquement non c'est impossible aujourd'hui j'aurais presque tendance à dire faut tenter parce que finalement le fait de trop diversifier mais après c'est mon expérience personnelle et très empirique c'est à dire qu'on se disperse sur plein de pôles d'activités et parfois il y a un peu ce sentiment de déperdition de qualité dans chacune des facettes de notre activité donc voilà après je pense que à la fois quand on est artiste et qu'on utilise beaucoup la teinture ou créateur textile etc pourquoi pas je pense que ça peut être des activités qui suffisent à elles-mêmes et j'ose espérer que de plus en plus la consommation ira vers des couleurs naturelles voilà et donc justement ça m'amène à une autre question c'est selon

  • Speaker #1

    vous qu'est-ce qu'il faudrait pour qu'on réemploie la teinture naturelle pas plus grande échelle dans le sens partout pour tout, mais quel verrou il faudrait lever pour que ça se déploie davantage, cette pratique ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il faut qu'on... Si on prend un peu le cycle dans l'ordre, je pense qu'il faut en effet qu'on ait des gens formés de manière un peu rigoureuse à la teinture. C'est-à-dire que moi, en formation, ça m'est arrivé d'accueillir des personnes sur une formation de deux jours, et après, je prenais des nouvelles et elles étaient devenues teinturières végétales. En fait, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. On ne se forme pas à la teinture en deux jours. C'est un cheminement qui est long. En fait, le temps long dans la teinture, dans la récolte, dans le travail de la fibre, il se traduit aussi dans l'apprentissage. de la technique. C'est-à-dire qu'on est quand même sur une activité... L'apprentissage était long au Moyen-Âge de la teinture et ce n'est pas pour rien, c'est très complexe quand on voit le temps passer par les apprentis sur ne serait-ce que le mordansage, parce que c'est une telle complexité le mordansage qu'on ne peut pas simplifier ça à l'extrême. Donc je pense qu'il faut avoir cette rigueur quand même scientifique de se dire... L'apprentissage il est long. Et puis on est dans l'artisanat. Donc dans l'artisanat, enfin le sens de l'artisanat c'est le geste on le fait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait et on le refait encore. Parce qu'on se plante, parce qu'on y arrive et qu'à force de faire, on maîtrise. Mais c'est pas à force de faire 10 fois, c'est à force de faire 100 fois ou 150 fois. Et cette patience, il faut l'avoir. Et je pense qu'à ce prix-là, on aura des artisanes et des artisans teinturiers qui produisent une teinture de qualité. Et je pense que c'est important de le dire. Ce n'est pas une critique, c'est juste que c'est une réalité. Et que pour travailler avec beaucoup d'autres artisans, ébénistes, etc., ce sont des gens qui vont mettre plusieurs années à maîtriser leur savoir-faire. Et en teinture, c'est la même chose. Donc ce premier point, déjà avoir des professionnels qui soient qualifiés, on va dire de manière un peu rigoureuse, Et puis après, peut-être se fédérer davantage, réussir à trouver un organe au sein duquel échanger, améliorer nos process, améliorer notre manière de fonctionner, à la fois dans les gestes, dans la manière de faire vivre notre artisanat. et puis après que les grands acteurs s'intéressent à la teinture naturelle, c'est-à-dire toute l'industrie du textile qui est encore vraiment loin de ses préoccupations, enfin, qui n'est pas loin de ses préoccupations mais qui est loin encore d'être prêt à faire le pas d'intégrer la teinture dans ses produits mais ils sont pas seuls responsables entre guillemets c'est-à-dire qu'il faut que le consommateur aussi prenne conscience de certaines choses et que j'ai quand même moins souvent des remarques encore liées au fait de c'est bien, c'est joli mais en fait c'est pas solide, ça va pas tenir dans le temps on va pas pouvoir faire subir ça et ça à ton tissu voilà c'est toutes ces représentations qu'il faut déconstruire et donc les représentations

  • Speaker #1

    Oui, les représentations, c'est ce que j'entends, la tenue des couleurs aux UV et au lavage, le fait qu'on ne peut pas avoir, selon certains, des bains qui soient uniformes et du coup reproduire des couleurs parfaitement similaires. C'est un peu ça que j'entends depuis le début, d'a priori. J'interroge les gens dans mon entourage, c'est la première chose. Alors déjà, il faut que les gens connaissent. il y a énormément de gens qui ne connaissent pas et quand ils connaissent, ils ont des a priori et ils me citent, et vous l'avez fait au début l'époque que Baba coule C'est dingue. Donc, c'est ça. Ah oui, non, mais ça, c'est un truc de baba cool. C'est une couleur qui est terne, aussi, on me dit. Alors qu'en formation, j'ai bien vu les couleurs. Elles sont magnifiques et elles sont vives. Donc, il y a aussi à déconstruire les fausses idées reçues des particuliers. Et quels seraient les leviers pour les particuliers ? à faire sauter. Teindre naturellement, c'est plus long et donc aussi plus coûteux. C'est l'unique levier pour les particuliers où il y a un autre levier à activer.

  • Speaker #0

    Pour les particuliers, je pense que oui, je pense que ça, c'est un levier important. La capacité à accepter de mettre un certain prix dans une création, dans un tissu ou dans un vêtement teint avec des plantes. Après, c'est le rapport à la consommation. Moi, je pense que finalement, je viens de plus en plus au textile et au vêtement qu'avant parce que, justement, en m'intéressant à ces questions de pourquoi est-ce que la teinture naturelle ne s'aime pas davantage, parce que Moi, il y a 10 ans, je n'aurais pas anticipé, je n'aurais pas imaginé que la teinture naturelle ne se soit pas plus développée en 10 ans. Si je fais un bilan, je trouve que c'est un peu déceptif. et finalement ça questionne parce que finalement le produit il est créé et produit pour un consommateur donc la place du consommateur elle est aussi à questionner, c'est à dire accepter d'acheter moins de vêtements, d'acheter des vêtements de meilleure qualité etc, donc il y a aussi toute une démarche dans cette consommation à questionner parce qu'on peut tout à fait avoir des fringues en teinte avec des plantes et des coloris ultra punchy c'est tout à fait possible. L'excuse de la couleur, je pense qu'elle n'est pas assez solide. C'est complètement...

  • Speaker #1

    Des a priori.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et les a priori sont nombreux, ils sont ancrés. Et après, quand on passe sur un public professionnel, moi, j'ai déjà entendu des personnes qui me disaient... S'il fallait qu'on cultive des plantes teintoriales pour massifier la teinture naturelle, il n'y aurait plus de terre agricole, tout serait consacré à la culture de plantes teintoriales. Là, on est dans du fantasme, on est d'accord, mais on est quand même sur un fantasme. Je vous assure que même parmi les teinturiers et teinturières, il y a des gens qui peuvent dire des choses comme ça. Et ce ne sont pas des gens a priori qui viennent du monde agricole et qui connaissent les réalités agricoles. On est vraiment sur la représentation au sens propre du terme, c'est-à-dire véhiculer des a priori qu'on considère comme étant valables parce qu'édictées par telle autorité. Donc il y a tout un travail de déconstruction. Mais nous, on a notre responsabilité. Moi, par exemple, je prends complètement la responsabilité de ne pas… de ne pas suffisamment communiquer sur ces thèmes auprès de mon public. Le bouquin, le livre, avait un peu cet objectif aussi, et notamment la fin du livre, ce fameux manifeste. Alors, je sais que certains lecteurs le lisent avec attention et me font des retours sur ces pages précisément. Je sais que d'autres lecteurs vont les survoler ou pas forcément trop entrer dedans, parce que c'est... Voilà. Mais moi, je trouvais ça hyper important qu'il figure dans le livre, d'ouvrir un peu, justement, vers tout ça.

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a donné... En fait, j'avais l'idée de faire un épisode sans intervenants et de parler uniquement de l'impact des pigments pétrochimiques sur... l'industrie textile sur l'impact, donc avec les 20% d'eau potable qui sont polluées par rapport à ça. J'ai retrouvé des chiffres dans votre livre avec 15% des pigments qui en fait n'adhèrent même pas à la fibre et partent directement dans l'eau. Du coup, je pense qu'en m'appuyant sur les chiffres de l'ADEME et quelques autres sources que j'ai trouvées, je vais faire un épisode un peu introductif sur l'impact que ça peut avoir sur l'eau, sur le sol, etc., pour donner un peu le sens que c'est une alternative. Ce que j'ai aimé aussi, du coup, on revient à ce manifeste, c'est que... il y a donc cette a priori sur la résistance donc on peut, la résistance d'une couleur dans le temps, aux UV, au lavage etc, qu'on appelle nous en termes dans la teinture, la solidité de la teinture, si je dis pas de bêtise, et là bien sûr c'est, et là Michel Garcia me l'a activement dit, si le travail est bien fait et qu'on comprend ce qu'on fait la couleur est solide et tient dans le temps donc c'est quelque chose à déconstruire sur le coût de production c'est clairement entendable en fait que avec des pigments qui sont pas des pigments, faut que j'arrive de me tromper des colorants qui viennent des plantes forcément c'est plus compliqués à collecter, à fabriquer. J'espère que je vais réussir à avoir Greening, le fabricant de colorants de pigments, au podcast. Ce serait génial pour avoir justement tout ce process. Donc, le coût de production, je l'entends, je le comprends et je pense que c'est... Finalement, si on l'explique, pas trop compliqué à comprendre pour le particulier. Moi, qui suis ingénieur agro, la question qui m'intéresse et là où j'aimerais trouver des réponses, c'est exactement ce qu'on vous a dit sur, attention, si on veut tout teindre de manière naturelle, on va déséquilibrer les terres, etc. Parce qu'il en faudra trop. Ça, j'aimerais vraiment creuser ou trouver des ressources pour justement apporter et lever ce frein.

  • Speaker #0

    qui est qui pour moi alors ce fin il est moi j'ai quelques éléments de réponse mais c'est hyper parcellaire c'est très pas du tout complet moi j'avais échangé je me souviens plus avec qui je sais que historiquement c'est des arguments qu'on entend beaucoup moins aujourd'hui mais qui ont été beaucoup plus brandis il y a de ça plusieurs dizaines d'années Il ne faut quand même pas oublier que l'avènement des teintures chimiques, c'est très récent. C'est vraiment à l'échelle de l'histoire, c'est très récent. Et il y a aussi des intérêts économiques associés. Et que probablement, il y a quand même eu aussi une partie un peu de lobbying. Alors à l'époque, ce n'était peut-être pas forcément ce mot. Mais je disais... qui a aussi véhiculé ce genre de discours sur la répartition des terres écoles. Je crois que ça fait partie de la naissance de cet a priori. mais qui est complètement à déconstruire alors là si vous voulez vous y atteler allez-y je suis hyper preneuse de rentrer plus dans le détail d'expliquer les choses d'autant plus qu'on peut tout à fait imaginer des cultures qui pourraient à la fois être productrices d'aliments tout en produisant de par un déchet ou associé aux ressources territoriales c'est juste que c'est des choses à imaginer et qui sont à construire et ça je trouve que là on touche aussi la limite aujourd'hui parfois de la teinture naturelle qui est que c'est chouette d'être dans nos ateliers je me souviens je parlais avec une personne qui travaille dans la filature dans laquelle j'achète la laine en creuse qui me disait mais vous les teinturiers végétaux vous êtes bien mais alors vous êtes enfermés dans votre petit atelier là à rester replié chacun sur votre propre univers on manque de mise en commun, on manque de partage, on est quand même encore très marqués, je trouve, par ces fameux secrets d'atelier, transmission orale, voilà, se dire je vais refaire la recette telle qu'elle est écrite dans ce vieux traité de teinture, mais en fait, non, je n'obtiens pas ce que je suis censée obtenir parce que je sais bien que l'ingrédient secret ou la technique, voilà, elle n'est pas écrite parce que c'est une transmission orale et qu'on est encore dans ce culte un peu du secret de garder ces trucs d'atelier. Et je trouve que ça, c'est une énorme erreur parce que ce manque de transmission à une période, c'est ce qui a conduit à une perte de savoir-faire aussi. Donc ça, c'est aussi important en teinture qu'on réussisse à comprendre que tout le monde peut fonctionner ensemble et que surtout, ces temps communs, ils peuvent être, je pense, producteurs de... Oui, produire des choses vraiment intéressantes.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, pour rebondir aussi sur les leviers qui pourraient faire que la teinture naturelle se démocratise et n'impacte pas forcément l'histoire des terres, etc., je pensais aussi au fait de… Bon, ça commence, mais tout ce qui est déconstruire aussi la fast fashion en se disant, voilà, maintenant, il y a 24 collections, alors qu'avant, on en avait deux. Ça, ça s'est fait en même pas dix ans de temps. Est-ce que, en fait, le message de la teinture naturelle ne devrait pas se coupler aussi à un message de arrêtons d'acheter 17 vestes, arrêtons d'acheter… Enfin, je dis ça sans jugement parce que, pareil, moi, je tombe aussi dans… dans ces pièges. Moi, je trouve, quand on est éloigné des villes et un peu plus en campagne et un peu plus sur des sujets où on s'intéresse à la botanique, au naturel, je trouve qu'on est un peu plus préservé. Mais je pense que ça s'associe aussi avec le fait qu'il faut arrêter d'avoir des vêtements qu'on ne porte même pas. Et un an après, on les met à la benne parce qu'en fait, on ne les a pas mis. Mais sauf que la réalité derrière, c'est qu'après la benne, généralement, c'est... l'enfouissement ou l'incinération, et ça vient de nouveau polluer les sols et l'eau, et des fois on ne sait... rien n'en faire parce que les matériaux sont mélangés. Et c'est un peu ce qu'on aborde avec Clément Bautier dans l'épisode qu'on a enregistré avec lui, où lui sensibilise justement à tout ça. Donc, je pense qu'en fait, il y a plusieurs éléments, mais qu'en effet, c'est des choses qu'il faut déconstruire pour les particuliers et pour les entreprises.

  • Speaker #0

    mais complètement de toute façon une production de couleur naturelle ne pourra pas être une production de masse pas aujourd'hui en tout cas et ça c'est en effet un prérequis pour envisager toute extension de la teinture naturelle c'est à dire qu'imaginer une duplication à grande échelle et en production de masse quel sens ça aurait ? je suis même pas sûre évidemment que ça s'associe à une consommation raisonnée, raisonnable c'est complètement corrélé, c'est évident tout à fait

  • Speaker #1

    et du coup j'avais une question aussi Doriane donc sur votre activité pour revenir à votre activité laine c'est vous qui teignez chez vous dans votre atelier ? alors est-ce que vous pouvez raconter un peu comment ça se passe comment vous choisissez les couleurs est-ce que vous vous inspirez des couleurs du moment, est-ce que c'est vraiment au feeling comment vous faites et racontez-nous un petit peu votre atelier de teinture comment on va à quoi il ressemble, comment ça se passe ça peut être intéressant il est petit,

  • Speaker #0

    il est pas beau c'est un vrai, souvent les gens sont un peu surpris parce que je pense qu'il y a un peu de fantasme aussi autour de l'atelier et en réalité c'est pas beau, c'est sale parfois ça sent pas bon c'est pas très propre il n'y a pas que des super accessoires ou récipients hyper design, hyper beau C'est un vrai atelier au sens où... Voilà, c'est comme les ateliers des artisans. Quand on va les voir, on est parfois un peu désappointé parce qu'on fantasie quelque chose. Voilà. Donc, il n'est pas... Il est très... Je ne le photographie pas parce que c'est un peu mon antre à moi et mon petit lieu secret. Donc, il n'est pas très grand. Alors, oui, au niveau des couleurs, avant, j'avais un peu l'habitude de faire le plus de couleurs possible pour qu'il y ait la plus grande proposition possible en termes de gamme de couleurs. Et puis... finalement je me suis rendu compte que ça me saoulait un peu d'aller vers cette exhaustivité, que ce n'était pas ma manière de fonctionner, que ce n'était pas ce que je souhaitais véhiculer non plus. Donc maintenant j'ai plutôt tendance à réduire la gamme de couleurs. Il y a quelques couleurs que je refais un peu tout au long de l'année, parce que j'arrive à garder les plantes, les mettre à sécher, enfin voilà. Mais globalement, hormis quelques couleurs que je vais reproduire, je dois en avoir une petite dizaine de couleurs que je reproduis. Après sinon les autres c'est un peu ce qui sort, c'est-à-dire... voilà là je vais récolter ça parce que j'en ai en masse dans la campagne et je sais que je peux cueillir là je vais travailler plutôt des choses que j'avais mis à sécher au grenier parce que j'ai envie de faire de la couleur on est en plein hiver et voilà j'ai envie de sortir des gris et des bruns ça se construit un peu comme ça, un peu au feeling et puis souvent j'ai un programme de teinture de couleurs etc et en fait ce qui en sort est assez différent quand les couleurs me plaisent pas je retins je fais beaucoup de teinture sur pied je retins, je retins beaucoup beaucoup euh

  • Speaker #1

    reteindre,

  • Speaker #0

    c'est-à-dire vous prenez quelque chose que vous voulez teindre ? Oui, voilà. La couleur que je fais ne me plaît pas ou n'est pas assez nuancée ou forte. Donc je vais laisser reposer un peu et je vais teindre dans un deuxième bain avec une autre plante. Ça va faire une couleur composée et c'est chouette parce que ça permet d'augmenter les nuances, le nombre de couleurs réalisées. et du coup auprès de mes clientes j'essaie de communiquer aussi sur le fait que par exemple si une personne veut réaliser un pull il faut vraiment qu'on regarde le métrage de film dont elle a besoin parce que moi je ne pourrais pas reproduire la couleur pour compléter c'est toujours cette petite attention d'essayer d'avoir le projet associé à la laine pour ne pas avoir de mauvaises surprises ou voilà Et les couleurs, c'est vraiment en fonction de ce que je trouve, ce que je récolte et ce que j'ai envie de faire. Je me suis un peu affranchie de ce truc de reproduire la même couleur. Je pense que j'essayais d'aller vers ça au début. Et puis, j'ai accepté qu'en fait, moi, ce n'était pas mon truc. Ça peut se faire, clairement, mais moi, ce n'est pas mon truc. Ce n'est pas assez créatif pour moi. Et voilà, je laisse ça à d'autres.

  • Speaker #1

    Et du coup, Dorianne, si je comprends bien, c'est des colorants que vous faites vous-même à partir de vos cueillettes. des plantes locales de votre environnement, du coup, il n'y a pas ou peu d'achats de colorants ou de pigments auprès de partenaires ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a quand même. Oui, j'achète peu, en fait. Je vais acheter des cochenilles parce que je travaille la cochenille. Donc là, on est en teinture naturelle et pas végétale parce que ça permet une gamme de couleurs que je trouve quand même vraiment hyper intéressantes et complémentaires. donc j'achète des cochenilles en Espagne et après si j'achète de l'indigo moi je ne produis pas du tout mon indigo donc j'achète l'indigo tu fais en France l'indigo ? ouais je l'achète en France, dans le sud de la France c'est pareil je pourrais vous donner l'adresse parce que pareil pour avoir des gens c'est top des gens au micro oui c'est un bel univers là aussi et puis après je travaille encore un petit peu avec du bois de campèche j'essaie de réduire ou de remplacer ou de minorer etc mais j'ai encore un peu de bois de campèche donc j'achète et après voilà globalement ça va être à peu près tout parfois quand j'ai pas assez de noix de galles j'en achète mais là quand je m'organise bien j'arrive à en avoir assez c'est à peu près les matières teintoriales que j'achète

  • Speaker #1

    c'est pas du tout il y a des petites choses que j'achète en plus et du coup vous avez donc un programme de cueillette un programme de séchage un programme pour faire pour colorer les laines un programme pour faire vos poudres, enfin je sais plus, vos extraits de plantes je sais plus comment on appelait ça mais les extraits de plantes oui oui Donc tout est organisé, dans l'année, tout est rythmé, il n'y a pas de journée pareille, vu qu'on travaille avec le naturel. Ok,

  • Speaker #0

    top. Non, non, non, et ce serait parfois plus reposant d'avoir deux journées identiques. Non, là, au bout de 3-4 ans, maintenant, je sais un peu comment mon année se découpe et je peux m'organiser et surtout trouver des temps pour être un peu plus... travailler plus sur des projets au long terme, au long cours, et pas être uniquement dans le quotidien et la réponse à l'urgence. Mais en effet, ça occupe une année en entier.

  • Speaker #1

    Super. Du coup, j'avais plutôt une question maintenant tournée sur vos projets futurs. Qu'est-ce que vous envisagez pour la suite, que ce soit pour Maison Septembre ou pour les ateliers ? Qu'est-ce que vous avez comme projet pour la suite ?

  • Speaker #0

    Alors, pour Maison Septembre, je pense que l'axe principal, ça va être de réorienter un peu toute l'activité de chambre d'hôte autour des stages. Ça, c'est important pour moi pour même mentalement me libérer un peu d'espace sur la saison d'été et finalement, de manière parallèle, développer l'activité de formation parce que c'est vraiment quelque chose qui me plaît. Cet échange, cette interaction, elle est riche pour les personnes qui viennent apprendre, mais pour moi aussi, c'est essentiel. C'est ce qui a permis la naissance du livre. Moi, je me nourris beaucoup de toutes ces rencontres aussi. Il y a souvent des échanges qui se poursuivent bien au-delà des stages. Et je crois que mon environnement de travail, je n'ai pas de collègues, mais mon environnement de travail, c'est ces personnes qui sont venues se former. Elles ne se rendent pas toujours compte, mais qui m'inspirent beaucoup. Et ça, c'est très riche. Et j'ai vraiment envie de conserver ça. J'aimerais bien proposer d'autres, la teinture végétale sous d'autres formes en stage. À formaliser dans l'année, mais pourquoi pas. créer des encres, des aquarelles, de la sérigraphie, développer un peu tout ce point-là. Je pense que moi, je trouvais la teinture plus facile à mes débuts. Et plus on avance, plus on progresse, plus on découvre un peu la complexité du truc, plus on se dit waouh c'est genre vraiment complexe ça occupe largement une vie entière je pense après c'est génial parce que ça veut dire que c'est sans fin et qu'on peut toujours développer plein de trucs différents mais ouais en effet c'est énorme, le champ d'application est énorme c'est incroyable

  • Speaker #1

    du coup j'avais des petites questions rapides si vous étiez un colorant du coup vu que je ne peux plus dire pigment ce serait lequel et pourquoi ?

  • Speaker #0

    j'hésitais entre deux je pense que je serais à la fois une ortie et une ronce parce que c'est des plantes teintoriales géniales mais qui sont des sacrées mauvaises herbes qui sont centrales en teinture végétale qui peuvent être de couleurs différentes ça peut faire un jaune, vert, frais du gris, du beige selon comment on les travaille mais elles sont géniales ces plantes-là me fascinent est-ce que vous avez une source d'inspiration que vous voudriez partager ? j'ai énormément de sources d'inspiration si je devais en partager Dans le domaine de la teinture, je citerais quand même Dominique Cardon parce que je crois que sa rigueur me fascine. Sa rigueur et sa force de travail forcent le respect. Et c'est chouette, ça remet les choses en place. Et après, mon inspiration, clairement, c'est la nature aussi. Tout part de là. La saisonnalité, comment la terre évolue, comment la plante évolue. Ça, ça peut m'occuper beaucoup, beaucoup. ok c'est deux belles sources alors j'espère je croise les doigts on est en échange avec Dominique pour qu'elle intervienne sur le podcast je pense que ce serait génial pour les gens qui écoutent c'est en train de s'organiser et

  • Speaker #1

    moi en termes de sources d'inspiration c'est vrai que j'avais fait une interview pour un magazine qui m'avait posé un peu qui m'a demandé si j'avais une figure tutélaire ou quelqu'un, une grande référence en teinture Et en fait moi je pense que symboliquement c'est important pour moi aussi de citer des figures de référence féminine parce que je viens aussi de cette tradition de transmission des femmes, par les femmes, sur des pans c'est comme dans tous les secteurs, on est une majorité de femmes et on est très peu visibilisés et je trouve essentiel de le souligner, donc moi c'est vrai que j'ai à cœur aussi de mettre ça en avant de reprendre un peu la capacité à agir sur ces sujets en tant que femmes qui avons des cheminements, on le sait, qui sont moins simples. Voilà, donc moi, c'est vrai que mes sources de référence seront...

  • Speaker #0

    exclusivement féminine je dirais alors est-ce que Doriane vous pouviez citer quelques femmes comme ça qui sont de près ou de loin sur la teinture digitale,

  • Speaker #1

    on a cité Dominique Cardon donc chercheuse au CNRS oui alors c'est peut-être plus dans le monde anglo-saxon mais je trouve que donc Abigail Booth moi je la trouve extrêmement inspirante Rebecca Desnos aussi qui est qui est une, alors qui est pareil qui est anglaise et elle pour le coup son univers est très inspirant Il est assez consensuel et assez esthétisé, mais il est hyper inspirant et je trouve qu'il peut vraiment capter un peu des gens pas forcément sensibilisés à la teinture végétale et vraiment les choper un peu, les séduire et ça c'est hyper important aussi. Je citerai aussi une américaine, une Californienne qui s'appelle Christine Vejar, je pense que peut-être vous la connaissez, elle a écrit un livre qui s'appelle Le teinturier moderne, je crois, et qui a développé tout un univers esthétique très joli aussi autour de la teinture. Voilà, tout de suite c'est un peu ces références-là que j'ai en tête, mais franchement j'en ai plein d'autres. mais là ça se quitte bien spontanément sur plusieurs continents différents c'est chouette je suis franchement ravie de cet échange qui a été

  • Speaker #0

    franchement hyper riche on est parti un peu parti mais très intéressant et il y a des sujets que vous avez soulevé qui pour moi sont hyper importants on a parlé des femmes ça me touche énormément on a parlé de l'environnement ça me touche énormément vous avez parlé de la transmission de fédérer tout ça c'est des mots hyper importants pour moi je suis ravie franchement je suis ravie et du coup je voulais savoir est-ce que Doriane vous avez quelque chose que vous voulez rajouter là un sujet quelque chose

  • Speaker #1

    avant qu'on se quitte le sujet parce qu'on a fait le tour de plein de choses et puis après voilà il faut aussi laisser les imaginaires cheminer un peu seuls mais en effet le côté le fait de faire un podcast un format vraiment consacré à ce thématique c'est génial parce que ça peut faire du lien ne serait-ce qu'entre acteurs dans cet univers et puis faire émerger pourquoi pas de nouvelles vocations des cheminements Voilà et... Et non, moi ce que je retiens dans les échanges aussi, c'est le besoin de se fédérer, de prendre le temps d'échanger, d'avoir des rencontres. ça craint ça et finalement ce podcast pourrait déjà faire office de fil rouge moi j'ai hâte de découvrir les autres épisodes je ne sais pas quand est-ce qu'on pourra les écouter mais j'ai hâte ça va se lancer sur février moi mon échelle j'essaie aussi vachement de redorer un peu l'image de la teinture végétale, de rattraper des gens qui auraient eu des expériences pas géniales au début C'est hyper important, il y a un gros boulot de fond et une fois de plus je pense que c'est en sortant un peu de nos tanières et en communiquant, en expliquant les choses qu'on pourra redonner un peu ces lettres de noblesse à la teinture.

  • Speaker #2

    Je remercie Doriane pour nos échanges. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !

  • Speaker #3

    Sous-titrage ST'501

Description

⁉️Saviez vous que vous pouviez gérer le processus de la cueillette à la teinture végétale ?


Doriane Chagot Mansuy et nous explorons la teinture végétale, mettant en avant son application sur les laines non traitées chimiquement. On y aborde les défis de vivre de cette pratique de la teinture naturelle. Pratique à partir de plantes cueillies localement pour Maison Septembre. Doriane Chagot Mansuy encourage la rigueur dans la formation, tout en soulignant l'importance de déconstruire les préjugés et d'éduquer les consommateurs sur la teinture végétale. L'épisode aborde également la question de la résistance des couleurs dans le temps. L'épisode vous invite à aller découvrir cet univers fascinant de la teinture végétale sur laine et à réfléchir à son potentiel dans le contexte de la mode durable. 


Sur Instagram @MaisonSeptembre

Son livre : Plantes tinctoriales pour teinture naturelles - les reconnaître, les récolter, les utiliser.


❤️Vous aimerez aussi :

Teinture végétale sur laine en monobain #E2 - Michel Garcia - La transmission d'un savoir ancestral ICI

#E36 - Marie Marquet

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor -

#E49 - Mélusine Flament - Lainamac

#E56 - Elisabeth Berthon - le feutre

#E58 - Anaïs Chesneau - Babul & Bakli tapis en Inde

#E69 - Benoit De Larouzière - Filature Fonty

#E70 - Laura Chantebel - Fibre bio -

#E72 - Dorian Etienne


ArtEcoVert, LE podcast de la couleur végétale 🌿, de la graine à la couleur finale dans tous les domaines d'application : 

  • Alimentaire Teinture végétale : sérigraphie végétale, éco-print, bundle dye, shibori … sur fibres naturelles. La teinture végétale fait partie des teintures naturelles mais n’utilise que des plantes tinctoriales.

  • Cosmétiques : Coloration capillaire végétale, savonnerie (savons végétaux), maquillage,...  

  • Beaux arts : encres végétales, sérigraphie végétale, aquarelles végétales, peintures végétales, craies grasses végétales… 

  • Bio matériaux, bio plastiques teints végétalement, 

  • Agriculture de plantes tinctoriales et production de Colorants biosourcés (Pigments végétaux et Colorants végétaux) Garance, Indigo, Réséda, Tanins… 

En effet, on explore dans ce podcast un des nombreux pouvoirs des plantes à savoir : LA COULEUR 

L’objectif d’ArtEcoVert est de proposer la couleur végétale 🌿 comme alternative combinée à la couleur de synthèse, dérivée du pétrole et est néfaste. 

🚨 Je compte sur vous pour vous abonner à la newsletter du podcast pour ne pas louper la sortie des épisodes :https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1

Pour cela 

  1. ArtEcoVert  LE PODCAST 🎧

pour démocratiser la couleur végétale. Mais c’est aussi une communauté sur le Patréon d’ArtEcoVert : https://www.patreon.com/ArtEcoVert de plus de 180 passionnés du sujet qui font bouger les choses ! 

En rejoignant le patréon d’ArtEcoVert vous soutenez le podcast ArtEcoVert (pour qu’il dure) mais vous avez de nombreux avantages : 

  • Épisodes en avance ⌛

  • Épisodes exclusifs (dont les mini séries...)

  • Rencontres avec des e-tables rondes 👥

  • Des discussions instantanées que vous pouvez choisir et dans lesquelles vous pouvez parler avec les invités qui ont rejoint Patréon (Cécilia Aguirre, Aurélia Wolff, Charlotte Marembert, Beste Bonnard, Suzy Gallo, …) 💬

  • Des informations (sorties, actualités, événements…) 📣


  1. ArtEcoVert LE PROJET ⭐

pour catalyser la réémergence de la filière tinctoriale (construire du lien, des échanges, faire avancer, poser les bases, apporter les preuves, …) 

Pour cela, j’ai créer l’entreprise ArtEcoVert Pauline Leroux dans laquelle je propose

  • mes services :  issus des expériences antérieures (filières agricoles, RSE, Grande Distribution, Distribution Locale, ) et de ma formation d’ingénieure agronome

  • mon énergie 

  • ma passion pour les plantes

  • ma volonté de redynamiser cette filière 

Chaque mission contribuent à soutenir la pérennité du podcast ArtEcovert

Vous êtes intéressés : pauline.artecovert@gmail.com

Bonne écoute 👍

Pauline Leroux




Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure.

  • Speaker #1

    Je suis Ponyne Leroux,

  • Speaker #0

    ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valo. Mon but, pédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors,

  • Speaker #1

    c'est parti !

  • Speaker #0

    Bonne écoute ! J'ai le plaisir d'accueillir sur le podcast Doriane Chagot-Manzuy, qui a écrit le livre Plantes teintoriales pour teinture naturelle aux éditions Erol, livre sorti en 2022. Elle est également à la tête de la Maison d'hôtes Maison Septembre, qui est un concept avec deux chambres d'hôtes et l'atelier de teinture pour faire de nombreux ateliers de la cueillette à la teinture naturelle. Et Doriane est également une passionnée de tricot et propose des laines naturelles teints de manière naturelle. naturel évidemment. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute ! Si vous pouvez me raconter comment vous êtes arrivée à la teinture végétale, un peu votre parcours, vu que ça fait une dizaine d'années que vous êtes sur le sujet. Racontez-moi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup la teinture végétale ça a été un cheminement un peu... au long cours et hyper progressif parce qu'au départ, moi, j'en ai fait de manière très ludique pour teindre de la laine, pour faire des tricots pour moi, pour mes filles, et voilà. Et les enfants de copines, le truc un peu classique. Et à un moment donné, j'ai eu envie aussi d'élargir un peu la gamme des couleurs qu'on pouvait réaliser facilement parce que quand on commence, je pense qu'on est un peu tous pareils, c'est-à-dire qu'on va travailler avec des choses qu'on a dans la cuisine ou des déchets alimentaires ou des choses qu'on trouve facilement. et puis la gamme de couleurs produites au bout d'un moment on a aussi un peu envie de l'élargir et c'est quand j'ai vraiment voulu élargir la gamme de couleurs et puis aussi mieux comprendre ce qui se passait quand on faisait de la teinture le processus du coup mieux comprendre donc mieux contrôler mieux diversifier c'est là que je me suis dit voilà je me forme un peu j'ai pas trouvé de formation hyper il n'y a pas une école de couleur naturelle qui dispense une formation classique complète et accessible aussi en formation continue tout du moins donc j'ai beaucoup lu moi je suis un peu rentrée dans les ouvrages de teinture par les ouvrages super classiques, toutes les mémoires de maîtres teinturiers qui ont été rééditées et grâce à ça ça faisait un peu grimoire un peu relié à l'histoire et ça suscitait un intérêt chez moi. C'était super stimulant d'imaginer les couleurs. Je crois que ce qui m'intéressait, c'était d'avoir des couleurs qui étaient écrites, mais qui étaient complètement imaginables. Ça laissait énormément de place dans l'esprit à tout ça. Et moi, ça m'a beaucoup plu. Et puis, c'est un peu un détail, mais j'ai grandi à Chartres, qui est une ville... En fait, avec une cathédrale très ancienne et du coup très marquée aussi par toute cette période historique, le travail de la couleur, le bleu de Chartres, Lévitrault, ce bleu fameux est assez incroyable, assez mystérieux et complètement envoûtant et déroutant aussi de se dire que ça a été créé il y a aussi longtemps. Ça m'a toujours fascinée, petite fille. je l'ai retrouvé avec la teinture. Même si la teinture, en effet, c'est appliqué sur de la fibre textile, il y a quand même eu une résonance à ce niveau-là. Et donc, les formations. Donc, les ouvrages anciens, les ouvrages un peu plus contemporains. Mais moi, c'était il y a plus de dix ans maintenant que j'ai commencé vraiment à vouloir me former. Et à l'époque, il n'y avait pas de parcours de formation vraiment accessible. Et puis, au niveau des livres, c'était encore un peu... Alors, soit tout en anglais, et encore même en anglais, ce n'était pas hyper sexy comme littérature, soit vraiment des ouvrages un peu hérités des années hippie, qui sont en fait des puits de science et des ouvrages hyper intéressants. Mais disons que moi, sur le moment, je pense que c'était trop rebutant. J'avais envie d'un truc un peu plus sexy et accessible et qui donne envie, qui a aussi un intérêt porté à l'esthétique de ce que l'ouvrage transmettait. et voilà donc au fur et à mesure j'ai quand même trouvé des ouvrages parce qu'il y a eu une production littéraire assez exponentielle sur ce thème ces dernières années ce qui est très bien parce que ça propose une manière de voir la teinture naturelle sous différentes écoles moi je fais beaucoup de formations et j'ai toujours tendance à présenter une bonne quinzaine d'ouvrages aux personnes qui viennent se former en essayant de les orienter un peu vers l'ouvrage qui va leur convenir, c'est-à-dire des profils plus créatifs, on va tenter un peu tout et s'ouvrir plein de portes, des profils avec vraiment un souhait d'utiliser la teinture dans un but professionnel. Alors là, on revient à quelque chose d'ultra classique, académique, mais avec des recettes ultra solides et pérennes dans le temps et à la lumière. voilà donc cette production littéraire moi elle m'a aidée, j'en ai pas fait le tour je suis sûre qu'il y a des ouvrages que j'ai soit pas lu, soit non j'ai pas connaissance mais même du type de

  • Speaker #0

    et ça vous pourrez vous pourrez les partager bien sûr vos ressources comme ça soit je les mettrai en descriptif ou même en donner quelques-uns là pour les gens qui écoutent d'avoir des pistes par exemple un exemple pour un créatif qui est un peu dans l'expérimental et plutôt pour un pro si on a une petite boîte qui veut se lancer ou même plutôt des gens qui veulent essayer d'avoir un résultat pour un cadeau j'en sais rien quelque chose qui tient dans le temps

  • Speaker #1

    créatifs, moi je les oriente beaucoup vers le travail d'Abigail Booth qui a écrit un bouquin, alors le titre je ne l'ai plus mais je l'ai là c'est une artiste anglaise

  • Speaker #0

    Ça s'appelle le guide de la teinture végétale. C'est celui-ci ou pas ?

  • Speaker #1

    Exactement. Et celui-là, je l'aime beaucoup parce qu'il est... En fait, il est très ouvert. Il est vraiment... Moi, c'est un peu ce livre-là que je présente aux gens qui arrivent en stage et qui me disent Bon, alors, Dorianne, moi, tu précises bien les couleurs grand teint, les petits teints. Moi, j'ai besoin de savoir. Donc, tu me dis-tu que là... Ouais. Alors, du coup, les frontières, il va falloir les ouvrir un peu parce que... On est dans la teinture contemporaine aujourd'hui et il faut aussi avancer avec notre temps. Et Abigail Bouss, elle a eu cette démarche intéressante de se dire finalement, je ne veux pas faire un tissu qui va tenir en termes de solidité pendant 40 ans, je m'en fous. Moi, je veux expérimenter les couleurs. Je veux faire le tour de quelles sont les couleurs que mon environnement peut produire. qu'est-ce que je peux récolter autour de chez moi qu'est-ce que je peux utiliser en ressources locales et vraiment plus travailler avec ce que son territoire lui offrait et moi je trouve que c'est hyper intéressant il y a des couleurs canon qui ne sont pas méga solides mais qui sont hyper intéressantes, hyper gratifiantes et très belles en tant que telles et après sur les profils vraiment en tout cas en bouquin d'introduction sur un truc très carré, très rigoureux et puis qui permet de comprendre ça je trouve ça très important j'aime beaucoup l'ouvrage d'Elisabeth Dumont je crois que c'est teindre avec les plantes la couverture est toute bleue et Elisabeth Dumont elle est chimiste de formation et je trouve que dans sa manière de transcrire, de transmettre ça se sent et c'est passionnant parce qu'elle explique le processus le pourquoi cette action donne cette conséquence et je trouve que c'est ça qui est essentiel dans l'apprentissage de la teinture enfin après je pense qu'il y a plein d'écoles et plein de manières de faire et selon les personnes qu'on a face à nous aussi mais Moi, dans ma manière d'apprendre les choses selon ma vie, j'ai trouvé que le fait d'avoir l'information et de comprendre, c'est un peu posséder le mode d'emploi. Puis après, on le dit. On l'essaie, on teste, on se plante, on réussit, mais on sait d'où on part et on comprend ce qu'on fait. Et ça, cette capacité à avoir l'information et à comprendre les choses, je trouve que c'est vraiment essentiel. C'est essentiel et ça ouvre toutes les portes. C'est un très bon point de départ. je trouve, après c'est une manière que j'ai moins de fonctionner, je pense qu'il y en a beaucoup d'autres, tout aussi valables mais voilà, donc au niveau des bouquins et donc là c'est deux exemples parmi énormément de bouquins qui existent et qui sont et qui sont super intéressants et très complémentaires, plus axés botaniques comme le livre de Marie Marquet elle a vraiment un ouvrage de référence c'est vraiment super ce petit bouquin avec un format trop bien pour aller en cueillette voilà c'est très guide de la teinture nationale ouais exactement et puis des ouvrages beaucoup plus l'ouvrage d'Aurélia Wolff qui est aussi oui je l'ai aussi et on n'a pas répété et j'ai tout à part celui d'Elisabeth Dumont celui-ci Aurélia Wolff oui celui-là et celui-là par exemple je trouve qu'il est super parce que c'est une très bonne introduction une très bonne prise de contact avec la teinture dans le sens où l'univers esthétique a été pensé on voit que c'est un objet un peu un livre un peu concept très joli moi je trouve qu'on retrouve aussi la patte de Hérolle la maison d'édition avec laquelle je travaille au sein de laquelle on a la chance de pouvoir produire l'objet qu'on veut produire et pour laquelle l'univers esthétique est important et moi au départ j'ai eu un peu de mal à assumer ça, à me dire mon livre j'aimerais qu'il soit beau, en plus d'être à peu près correct d'un point de vue scientifique et j'ai mis du temps à assumer ce souhait que j'avais parce que je le trouvais pas légitime et en réalité en en parlant avec mon éditrice c'est important de faire un ouvrage aussi qui donne envie au lecteur de s'y intéresser et de rentrer franchement c'est réussi la photographe avec laquelle j'ai travaillé Margot Bélanger de Madeleine Photo elle y est pour énormément on a vraiment travaillé l'univers les deux sur les photos j'ai trouvé que les photos elles étaient hyper

  • Speaker #0

    inspirantes ça fait un peu planche de botanique il y a des dessins ça fait invitation à la balade franchement rien que de regarder les images moi ça me ça me détend en fait ça me détend et après j'ai vu toute l'intro qui est contrairement à d'autres livres on va dire essentialisé je trouve que c'est clair, on va direct on fait pas de blabla et j'ai trouvé ça sympa parce que moi qui suis quelqu'un qui aime bien pas aller vite mais aller à l'essentiel je trouve que c'est un exercice qui est réussi et j'ai adoré un truc aussi dans votre livre c'est le manifeste à la fin. C'était une de mes questions que j'allais vous poser après. Donc, le manifeste pour des couleurs durables et non polluantes. Et j'ai adoré ce passage-là. Alors, c'est deux, trois pages. Mais j'ai trouvé, et je pense qu'on y reviendra après dans les questions, mais j'ai trouvé que vous abordiez là-dedans toutes les questions qui font que la tâture végétale, pour moi, c'est une alternative aujourd'hui qu'il faut... plus employés. Et donc, j'aimerais bien, si ça vous va, qu'on en reparle un peu plus tard. Oui, bien sûr. Et alors, du coup...

  • Speaker #1

    Ça me touche, merci, parce qu'en effet, ce manifeste, il n'est pas du tout anodin. Il est à la fin, il prend deux pages, mais je pense qu'il résume l'état actuel, peut-être, de la teinture, des enjeux, on va dire la question des enjeux contemporains.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la synthèse des enjeux contemporains. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Une tentative de synthèse qui n'est pas complète. C'est bien, mais...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est complet, ça va à l'essentiel. J'ai vu vos sources. D'ailleurs, j'avais aussi trouvé des infos avec Pili. Je crois que c'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Voilà, donc moi aussi, j'avais trouvé des choses fiables avec eux. Donc, franchement, j'ai trouvé ça vraiment... Et encore une fois, ce n'est pas du blabla, c'est synthétique. Et il y a toutes les idées clés, donc j'ai trouvé ça top. et je voulais justement vous demander comment c'est venu de proposer un livre, est-ce que c'est les éditions Erol qui sont venues vous chercher est-ce que c'est vous qui avez écrit quelque chose et proposé, comment ça s'est fait ce projet ?

  • Speaker #1

    C'est un peu un mélange, c'est un peu une rencontre multifactorielle parce qu'il n'y a même pas eu que la maison d'édition et moi, il y a eu aussi beaucoup de de personnes qui participaient à des stages ou des formations qui au bout d'un moment c'est super les bouquins que tu présentes mais toi il est où le tien ? et voilà l'idée elle est née de là parce que moi franchement de moi-même jamais je me serais sentie suffisamment légitime pour avoir l'idée de rédiger le moindre truc et puis d'ailleurs ça a été un obstacle au début de la rédaction du livre parce que j'ai eu ce truc de la page blanche alors moi j'ai toujours beaucoup écrit même dans mes études et dans mes boulots d'avant mais pas des choses destinées à être publiées et quand... quand on commence à essayer de rédiger un truc qui a vocation à être publié là tout de suite c'est compliqué parce que on vient requestionner sa légitimité on vient requestionner la véracité scientifique de ce qu'on dit aussi et ça c'est compliqué et puis en tant que femme je pense qu'on a un petit handicap supplémentaire à ce niveau là donc une fois que j'ai conscientisé tout ça et mis de côté j'ai commencé à réussir à écrire et après j'ai beaucoup écrit le livre est beaucoup plus gros que ce qu'il devait être au départ et j'ai une éditrice qui a été super cool pour ça et une maison d'édition aussi et c'est génial de pouvoir avancer un peu en se laissant guider par ce qu'on a envie de transmettre donc voilà après moi le projet je pense que je l'avais en tête depuis un moment ça reprend beaucoup de choses que je transmets pendant les stages aussi je pense que c'est vraiment c'est un peu la mise en mots de choses et même du schéma que j'ai quand j'ai des gens en formation donc cet exercice de conception de la structure a été assez simple et aussi à proposer à la maison d'édition etc donc ça a vraiment été une rencontre avec trois entités différentes et voilà c'était mais après oui oui la maison d'édition il y a un projet qui doit être parce que c'est une chose que le projet soit accepté par une éditrice après il doit être accepté par tout un comité enfin voilà il y a tout un tas d'étapes à franchir et et et qui finalement je pense sont garantes aussi de la solidité du projet. Ça nous dédouane, nous, auteurs de cette question. Enfin moi j'ai senti les choses comme ça en tout cas.

  • Speaker #0

    Et entre le moment où il y a cette envie commune d'écrire un livre et la réalisation, la sortie du livre, ça prend à peu près combien de temps pour avoir un ordre d'idée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, moi c'est pareil, c'est des échéances que j'ai découvertes parce que ce n'était pas du tout mon univers auparavant. Moi, ça a dû durer un an et demi. Entre la première transmission, les premiers échanges vraiment formels avec la maison d'édition et la publication. sachant que je pense que ça peut être plus long et que ça peut être un peu moins long peut-être, moi ça a pris entre un an et un an et demi avec finalement une phase de rédaction assez courte de peut-être 4 mois et tout le reste du temps c'est tout le travail de recherche documentaire, de relecture et puis tout le travail après de maquette de prise de photo et de relecture des épreuves, des allers-retours

  • Speaker #0

    entre nous et la maison d'édition et ce que j'aime bien aussi c'est que pour chaque plante il y a pareil encore on va à l'essentiel de quelle partie de la plante on utilise et une petite anecdote et en fait pareil ça invite les gens je trouve si l'anecdote les intéresse à aller creuser mais ça ne rajoute pas un pavé trop long en fait moi c'est ça que j'aime bien c'est que du coup j'ai vu des petites anecdotes et je me suis dit ah bah tiens attends je vais aller taper sur Google et du coup si une anecdote m'accroche en fait j'y vais et il y en a d'autres c'est moins mon truc du moment et du coup ça passe et ce que j'ai beaucoup aussi aimé c'est qu'il y a le respect des saisons avec ce qu'on trouve autour de soi, parce que j'ai vu que vous aviez vraiment cette approche de faire avec les plantes de votre environnement, ça je trouve ça génial, et en plus, en respectant les saisons, donc en gros, on a toutes les plantes qu'on peut retrouver en été, et au fil des saisons, et ça je trouve ça bien, parce que... on perd que ce soit... Moi, j'étais plus dans l'alimentaire, mais on perd le rapport à la nature et aux saisons et qu'une plante, elle fleurit à un moment précis où il faut attendre l'automne pour enlever les racines. Et en fait, je trouve ça cool parce que dans ce livre-là, en fait, d'emblée, on lit le sommaire et on voit que, oui, en fait, il y a des saisons à respecter et j'ai trouvé ça vraiment intéressant. Et du coup, ça me donne juste une question, Doriane, c'est... quand vous avez essayé d'abord la teinture avec, comme vous l'avez dit, ce qu'on a dans la cuisine, les déchets alimentaires, etc. Ensuite, les essentiels, les plantes hyper connues. Et ensuite, si j'ai bien compris, vous êtes arrivés à vos plantes locales. Et comment on arrive à trouver les plantes qui, autour de nous, sont teintoriales ? Est-ce que c'est du hasard ? En se disant, tiens, celle-là, elle est sympa, j'en ai plein, est-ce que j'essaye ? Ou est-ce que là, il y a eu aussi une recherche documentaire en se disant Attends, je ne vais pas perdre du temps à essayer quelque chose, je m'oriente un petit peu comment ça s'est passé.

  • Speaker #1

    C'est vraiment entre les deux. C'est vraiment... Alors déjà, la chance que j'ai eue, c'est de quitter Paris pour vivre à la campagne. Donc, j'ai eu un accès aux plantes très facilitées. Moi, je connaissais un peu les plantes aussi avant, grâce à ma grand-mère qui les connaissait un peu pour le côté médicinal. Donc, il y avait déjà un certain nombre de plantes dont je savais qu'elles avaient des usages au-delà médicinal, mais teintorial, etc. Et après, non, je me suis assez vite inspirée des vieux bouquins de botanique et des vieux bouquins de teinture, des traités de teinture traduits. Et puis, il y a beaucoup de traités de teinture ou d'ouvrages intéressants. Alors parfois, comme c'est vraiment un langage auquel on n'est plus habitué, c'est un peu difficile à... à comprendre comme littérature, mais sur le site, je crois que c'est de la BNF, en libre accès, il y a accès à énormément de choses. Donc, j'ai beaucoup lu tout ça, j'ai transcrit un peu avec les plantes que j'avais sur mon territoire. La chance que j'avais, c'est que la plupart des plantes, moi, je n'ai pas eu de problème d'identification, c'est-à-dire que je les reconnaissais. Voilà, allez, admettons l'anthanésie. Très bien, je me promène, je reconnais la tanaisie, parce que je la connaissais auparavant. Donc le côté identification botanique, j'ai pas été trop embêtée, mais j'ai quand même acheté des bouquins de botanique pour être sûre de mes identifications, pas me mettre à travailler avec de la grande ciguë plutôt que de la carotte sauvage. ça se distingue cette identification quand je fais des cueillettes ou des balades territoriales avec des stagiaires ou des gens que je forme c'est une identification je passe beaucoup de temps pour expliquer les différences entre carottes sauvages grandes silues cerfeuils etc parce que c'est hyper important et parce qu'il y a des gens qui se plantent et parce que c'est dangereux quand même et dans le livre j'ai fait tout un pavé justement sur l'identification de la carotte sauvage et mon éditrice m'a dit mais Dorian c'est trop long là tu développes beaucoup plus pour cette plante est-ce que ça vaut le coup ? et je lui ai dit bah ouais et puis de toute façon si vous êtes pas ok il n'y a pas la plante dans le bouquin parce que pour moi ça c'est essentiel donc donc c'était vraiment voilà c'est un peu ça s'est passé un peu comme ça le cheminement à la fois repérer quelles sont les plantes que j'avais dans mon environnement et puis et puis travailler quand même à partir d'ouvrages botaniques ou de teintures très anciens et et après la saisonnalité a été découle de ça en fait ça découle naturellement de ça c'est pas un souhait ou un ou un une démarche particulièrement consciente de ma part c'est juste que quand on vit et qu'on travaille avec ce qu'on récolte il y a des saisons où on récolte telle chose et d'autres saisons où on récolte telle autre chose même si là, depuis quelques années, c'est un peu compliqué au niveau de la saisonnalité sur certaines plantes. Mais il y a quand même une saisonnalité, même pour avoir la meilleure valeur teintoriale de la plante, il y a une saison à respecter. On ne va pas cueillir une tomate verte sur un pied de tomate juste parce qu'elle est là. On va attendre qu'elle mûrisse, qu'elle soit rouge. Avec les plantes, c'est la même chose. Et ça, c'est hyper important à voir. Après, ça force à la lenteur. Ça force au... ça force à la patience, ça force à l'humilité aussi face aux saisons, etc. Et ça, je pense que c'est important. Moi, je réponds souvent à des personnes qui me demandent telle couleur ou telle autre. Non, en fait, là, ce n'est pas possible, on va attendre six mois. Alors, certaines personnes trouvent ça ultra poétique et génial et c'est l'occasion d'avoir des échanges sympas. Et d'autres personnes vont dire, non, en fait, c'est tout de suite qu'il me le faut. ouais mais en fait non en teinture il y a un temps long et ce temps long il est indispensable pour la récolte des plantes et puis au delà de ça dans la technique de teinture pour avoir des couleurs vraiment solides on peut pas faire une couleur en urgence trop rapidement

  • Speaker #0

    ok et du coup le livre il est arrivé avant le projet Maison Septembre ou c'est d'abord le projet Maison Septembre ça s'est fait dans quel ordre du coup ?

  • Speaker #1

    oui c'est d'abord le projet Maison Septembre Maison Septembre l'entité Maison Septembre c'est depuis 2018 et le livre lui là il a été publié il est sorti début novembre 2022 donc bien après non c'est une échelle très courte mais après

  • Speaker #0

    Et du coup, alors Maison Septembre, est-ce que vous pouvez nous raconter l'idée, la genèse, ce que ça rassemble comme... comme projet ? J'ai l'impression que c'est deux projets, moi, en un. Mais j'aimerais bien entendre votre...

  • Speaker #1

    Ça rassemble plusieurs choses, Maison Septembre. Maison Septembre, c'est né autour d'un lieu, finalement. C'est vraiment né autour de ce lieu dans lequel je vis et je travaille et on accueille des personnes aussi en maison d'hôte. C'est une ancienne ferme dans un petit village hyper vert de Langeau, pas très loin d'Angers. vraiment au cœur de vignes. Et en fait, on est en proximité avec des vignes et avec le fleuve, avec la Loire. Et donc la Loire, c'est un fleuve qui est sauvage, qui est très peu contraint par l'humain. Donc c'est un fleuve qui est magnifique, qui a énormément de diversité, à la fois en termes de faune et de flore. Et d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles dans mon lieu de vie, dans mon environnement de vie, j'ai autant de plantes à disposition. Après, il y a aussi beaucoup d'espaces protégés dans lesquels je ne fais pas de cueillette parce que ce n'est pas autorisé de cueillir parce que la nature est trop fragile dans ces endroits-là. ça n'empêche pas de faire des identifications et des repérages ou un recensement, c'est toujours intéressant aussi donc voilà, ce petit lieu à la campagne très sympa et la rencontre avec cette maison, cette ancienne ferme qu'on a rénovée et qu'il y a plusieurs bâtiments donc on a aussi eu l'idée d'en faire des chambres d'hôtes pour accueillir un peu des gens, moi c'est vrai que je venais d'un boulot où je recevais du public énormément et je me suis dit oulala, quitter Paris, plus changer de boulot, beaucoup de changements et surtout ça fait beaucoup moins d'humains face à moi donc le projet de maison d'hôte a un peu été lié à ce constat là et puis après moi j'ai installé mon atelier teinture etc dans ce lieu, donc voilà pour le lieu et pour aussi le nom un peu maison septembre qu'il fallait bien trouver et puis c'est jamais facile de trouver un nom de marque

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ce lieu, vous accueillez des personnes qui viennent en chambre d'hôte. C'est forcément lié à la teinture végétale ou il y a des gens qui peuvent venir en chambre d'hôte sans avoir de lien avec un atelier de teinture ou c'est plutôt à destination de combiner les deux, maison d'hôte et atelier de teinture ?

  • Speaker #1

    Alors jusqu'à présent c'était vraiment complètement fractionné c'est-à-dire que des personnes, on a accueilli beaucoup de vacanciers, de cyclistes de randonneurs, etc. sans aucun lien avec la teinture, qui ignoraient qu'il y avait un atelier de teinture dans le même lieu c'était vraiment des mondes un peu parallèles quand même là à partir de cette année on va plutôt réorienter vraiment sur l'accueil des personnes pendant les périodes de stage ou à l'occasion de stage, etc. même si la maison d'hôte reste ouverte pour accueillir tout le monde mais c'est plus qu'on sera moins actifs pour accueillir des touristes cet été parce que c'est un manque de temps moi maintenant j'ai absolument plus le temps pour accueillir comme je le souhaiterais tout au long de l'été donc je préfère rationaliser

  • Speaker #0

    un peu pour essayer de faire bien et du coup il y a combien de chambres à Maison Septembre ?

  • Speaker #1

    il y a deux chambres d'hôtes

  • Speaker #0

    d'accord ok et alors du coup si j'ai bien compris vous proposez des stages des stages il y a différents pas niveaux mais il y a différents thèmes de stages oui est-ce que vous pouvez en dire un petit peu plus pour ceux qui écoutent et qui seraient intéressés de comprendre les nuances et les différents stages

  • Speaker #1

    Oui, il y a des stages. Alors là, le contenu est à peu près similaire. C'est vraiment le format qui va changer. C'est-à-dire qu'il y a un premier stage qui dure deux jours. Et donc, ces deux premiers jours, c'est vraiment consacré à la teinture végétale classique. On fait une assez grande promenade de cueillette et de reconnaissance de plantes teintoriales. Et puis après, la journée et demie qui reste, on la consacre à faire de l'échantillonnage de coloris pour que les gens puissent avoir un premier répertoire avec, je ne sais pas, une petite centaine d'échantillons pour commencer à créer cette petite bibliothèque de référence. Ça fait beaucoup parce qu'on travaille chaque couleur sur quatre types de fibres, de la laine, du coton, de la soie et du lin. et à chaque fois on travaille la couleur on la nuance à partir d'une plante on va dire on peut faire plein d'échantillons différents donc il y a ces deux premières journées qui sont concentrées sur créer ces échantillons et ensuite la troisième journée qu'on peut associer ou détacher du reste c'est la journée indigo donc monter une cuve naturelle la réactiver, teindre dedans avec les techniques de Shibori et les deux dernières journées, pareil, qu'on peut soit associer ou venir juste ces deux jours-là c'est les journées consacrées à l'écoprint donc impression végétale au cours desquelles on fait du bundle dyeing, du tatakizo mais ça dépend vraiment des personnes présentes j'essaie de construire les programmes de formation en fonction de ce que les personnes attendent même sur les types de fibres qu'on échantillonne ou qu'on travaille s'il y a des personnes présentes qui souhaitent travailler absolument sur je n'en sais rien du champ voilà on va intégrer le champ dans l'échantillon et voilà et donc ces 5 journées on peut soit les faire à la suite soit les fractionner soit n'en faire que les deux premières les deux dernières celles du milieu voilà c'est vraiment L'idée, c'est que ça s'adresse à tout le monde, de la personne qui découvre complètement jusqu'à la personne qui souhaite l'intégrer, par exemple, dans son approche créative. Voilà, c'est très, très varié. Et après, c'est moi qui essaie d'adapter au groupe présent. C'est aussi la raison pour laquelle, maintenant, j'accueille six personnes maximum en même temps, parce que... ce nombre-là permet vraiment, même moi, s'il faut, certains soirs, prendre une heure ou deux en plus avec telle ou telle personne dont je sens qu'elle souhaite en savoir plus sur telle chose. Et donc, ça fait vraiment un format qui est sympa. Et puis voilà, le cadre, la campagne. un peu coupé de la ville et du bruit et d'un rythme de folie ça a souvent au bout de la première journée on sent que les gens se posent et que voilà et puis les groupes généralement ça crée des groupes qui continuent à se voir après ou à être en relation et ça c'est c'est hyper hyper précieux d'assister à ça en fait c'est toujours très touchant

  • Speaker #0

    Ok. Donc du coup, on retrouve toutes les informations sur le site Maison Septembre. Je le mettrai dans le descriptif, comme ça les gens qui seraient intéressés par une partie, toute partie ou même la chambre d'hôte pourront retrouver les infos. Du coup, j'avais aussi une autre question sur le choix des fibres que vous travaillez. J'ai vu, si je ne dis pas de bêtises, essentiellement la laine. Est-ce que vous pouvez me dire un petit peu quelle est la fibre ? que vous préférez teindre, pourquoi, et voilà, un petit peu, quelles sont les fibres que vous travaillez et vous préférez.

  • Speaker #1

    Oui. En effet, je travaille surtout sur la laine. Est-ce que c'était vraiment un choix à l'origine ? Finalement, je ne sais pas, parce que moi, je tricotais beaucoup, moins maintenant par manque de temps, mais j'ai toujours beaucoup tricoté. Et voilà, je me suis dirigée vers une matière que je travaillais moi-même. mais de plus en plus je travaille le coton, le lin beaucoup de vieux tissus que je récupère ou qu'on me donne des super qualités en plus de fibres des lins, des métisses des trucs canons qu'on peine à trouver sinon neuf en plus et puis la démarche de réutiliser, de revaloriser ça fonctionne tellement bien avec la teinture naturelle c'est vraiment un L'univers est hyper cohérent et ça peut donner lieu à plein de belles créations. Donc laine et tissu, mais surtout laine. Et alors laine, pourquoi ? Parce qu'il y a la marque de fil à tricoter Maison Septembre associée et puis surtout au cœur de mon activité. Donc j'ai toute une communauté aussi autour du tricot et de la laine qui est importante et qui me suit depuis longtemps et qui est quand même la base de mon activité.

  • Speaker #0

    et du coup voilà après la laine a une affinité particulière avec la teinture naturelle ça explique aussi voilà le panel de couleurs qu'on peut faire c'est quand même une matière géniale en teinture c'est quand même vachement plus gratifiant et rapide de teindre un écheveau de laine que de s'attaquer à un gros coupon de lin bien voilà bien rédit encore et là on sait qu'il y a du boulot sur la fibre avant de pouvoir vraiment la teindre même si une fois teinte c'est canon et c'est génial aussi mais disons que voilà il y a beaucoup de travail et les laines après dans la même démarche que je travaille des choses naturelles en couleur j'ai voulu aussi travailler sur des fibres naturelles donc c'est des laines qui sont filées en France pour certaines elles sont entièrement réalisées en France, c'est à dire qu'elles sont issues de filières de revalorisation de laines un peu délaissées auparavant, c'est à dire des laines qui sont issus de races de moutons pas forcément lénières, mais dont on commence à récolter la laine pour la valoriser à nouveau. Beaucoup d'élevages situés dans le massif central, puisque les filatures avec lesquelles je travaille sont situées en creuse, et elles développent des chouettes filières. par rapport à la laine je travaille pas mal de laine cardée de plus en plus parce que la laine filée finalement il y a plus de transformations et puis le process peut pas être entièrement réalisé en France donc voilà c'était aussi un peu la limite que j'avais à travailler la laine filée et d'autant plus que la laine cardée prend très très joliment la couleur et c'est des laines qui sont de...

  • Speaker #1

    J'allais poser une question moi qui suis néophyte nouvelle dans le sujet c'est quoi la différence entre les deux laines que tu viens de citer du coup ?

  • Speaker #0

    alors pour dire les choses vraiment en résumant fort mais pour que l'image vous l'ayez en tête les laines filées, la laine filée c'est une laine qui va subir un peu l'étape du peignage du fil c'est comme il faut imaginer deux grands peignes l'un sur l'autre pour essayer de ranger les poils dans le même sens le fil peigné cette étape il va la subir énormément, plusieurs fois etc donc les poils vont être vraiment rangés de manière perpendiculaire et donc ça va faire un fil qui va avoir un aspect beaucoup plus lisse alors que la laine cardée, cette étape est réalisée beaucoup moins en quantité et donc il faut imaginer les fibres plus agglomérées les unes aux autres donc ça fait un rendu beaucoup plus je vois du coup mais j'avais pas les termes non mais c'est du langage en effet j'aurais dû détailler un peu Et c'est pareil au niveau de la fibre, c'est des laines naturelles. Naturelles, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est des laines qui ne sont pas traitées chimiquement, c'est-à-dire qu'elles ne reçoivent pas de préblanchiment et surtout, elles ne sont pas traitées superwash. Superwash, c'est ce fameux traitement qui a permis aux laines de passer à la machine à laver à partir des années 60-70, pour plein de raisons. parce que ça apparaissait aussi en même temps que l'apparition massive des fibres issues de la pétrochimie qui elles passaient en machine à laver donc on a appliqué des traitements au laine pour qu'elles aient les mêmes conditions d'entretien et ça a été à l'époque vu comme un progrès sauf qu'actuellement on se rend compte quand même qu'à la fois au niveau du moment du traitement c'est ultra polluant c'est vraiment des... Pour résumer pareil à nouveau, les fibres subissent un bain de chlore et ensuite elles sont enduites d'une résine de plastique très fine. C'est une laine qui n'a plus grand-chose à voir avec les fibres naturelles puisque la structure de la laine est complètement cassée, elle perd ses qualités isolantes. C'est vraiment une laine en plastique, pour dire les choses un peu vite. et surtout ça induit une pollution au moment du traitement et ça induit une pollution tout au long de la vie de la fibre puisqu'à chaque lavage ces fameuses micro-particules vont être libérées dans les eaux usées et sont beaucoup trop fines pour être filtrées par les unités et donc ça c'est vraiment ces fameux plastiques qu'on retrouve dans l'océan on est vraiment sur ce type de produit moi j'essaie de communiquer de donner les infos sur ces thèmes là mais je sens que même dans un public de tricoteurs assez experts ces notions sont assez peu connues parce qu'il y a très peu les marques ne communiquent pas du tout là dessus évidemment c'est pas très vendeur mais c'est une réalité

  • Speaker #1

    aujourd'hui donc voilà donc fibre naturelle et puis surtout un gros une grosse partie de la transformation voire de la réalisation en France donc vous vous produisez donc vous avez plusieurs activités vous avez votre votre chambre d'hôte vos ateliers vous vendez de la laine et vous avez une communauté autour du tricot plus le livre. Ça m'amène à une petite question qui, au fil des échanges avec les passionnés de teinture végétale, me fait dire qu'en fait, vivre uniquement de la teinture végétale sur un domaine peut être... compliqué ? Comment on vit aujourd'hui de cette passion de la teinture végétale ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que sur une unique activité, ça dépend. C'est toujours pareil, ça va dépendre du modèle économique, ça va dépendre de... Et ça, finalement, c'est des sous-thèmes qu'il faut absolument aborder. Quel niveau de revenu on attend ? Quelle est notre manière de vivre ? Parce que moi, ma vie aujourd'hui à la campagne, elle n'est pas celle que j'avais quand je vivais dans le 14e arrondissement de Paris. Donc, c'est des modèles de vie aussi à modifier un petit peu. Après, au demeurant, vivre entièrement de la teinture végétale, je ne sais pas. je sais pas moi c'est pas mon cas je vis pas que de la teinture végétale en tant que activité unique puisqu'en effet c'est multi il y a plusieurs facettes mais peut-être certaines personnes réussissent peut-être à le faire là moi j'ai pas assez de recul ou de référence en tête pour vraiment répondre catégoriquement non c'est impossible aujourd'hui j'aurais presque tendance à dire faut tenter parce que finalement le fait de trop diversifier mais après c'est mon expérience personnelle et très empirique c'est à dire qu'on se disperse sur plein de pôles d'activités et parfois il y a un peu ce sentiment de déperdition de qualité dans chacune des facettes de notre activité donc voilà après je pense que à la fois quand on est artiste et qu'on utilise beaucoup la teinture ou créateur textile etc pourquoi pas je pense que ça peut être des activités qui suffisent à elles-mêmes et j'ose espérer que de plus en plus la consommation ira vers des couleurs naturelles voilà et donc justement ça m'amène à une autre question c'est selon

  • Speaker #1

    vous qu'est-ce qu'il faudrait pour qu'on réemploie la teinture naturelle pas plus grande échelle dans le sens partout pour tout, mais quel verrou il faudrait lever pour que ça se déploie davantage, cette pratique ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il faut qu'on... Si on prend un peu le cycle dans l'ordre, je pense qu'il faut en effet qu'on ait des gens formés de manière un peu rigoureuse à la teinture. C'est-à-dire que moi, en formation, ça m'est arrivé d'accueillir des personnes sur une formation de deux jours, et après, je prenais des nouvelles et elles étaient devenues teinturières végétales. En fait, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. On ne se forme pas à la teinture en deux jours. C'est un cheminement qui est long. En fait, le temps long dans la teinture, dans la récolte, dans le travail de la fibre, il se traduit aussi dans l'apprentissage. de la technique. C'est-à-dire qu'on est quand même sur une activité... L'apprentissage était long au Moyen-Âge de la teinture et ce n'est pas pour rien, c'est très complexe quand on voit le temps passer par les apprentis sur ne serait-ce que le mordansage, parce que c'est une telle complexité le mordansage qu'on ne peut pas simplifier ça à l'extrême. Donc je pense qu'il faut avoir cette rigueur quand même scientifique de se dire... L'apprentissage il est long. Et puis on est dans l'artisanat. Donc dans l'artisanat, enfin le sens de l'artisanat c'est le geste on le fait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait et on le refait encore. Parce qu'on se plante, parce qu'on y arrive et qu'à force de faire, on maîtrise. Mais c'est pas à force de faire 10 fois, c'est à force de faire 100 fois ou 150 fois. Et cette patience, il faut l'avoir. Et je pense qu'à ce prix-là, on aura des artisanes et des artisans teinturiers qui produisent une teinture de qualité. Et je pense que c'est important de le dire. Ce n'est pas une critique, c'est juste que c'est une réalité. Et que pour travailler avec beaucoup d'autres artisans, ébénistes, etc., ce sont des gens qui vont mettre plusieurs années à maîtriser leur savoir-faire. Et en teinture, c'est la même chose. Donc ce premier point, déjà avoir des professionnels qui soient qualifiés, on va dire de manière un peu rigoureuse, Et puis après, peut-être se fédérer davantage, réussir à trouver un organe au sein duquel échanger, améliorer nos process, améliorer notre manière de fonctionner, à la fois dans les gestes, dans la manière de faire vivre notre artisanat. et puis après que les grands acteurs s'intéressent à la teinture naturelle, c'est-à-dire toute l'industrie du textile qui est encore vraiment loin de ses préoccupations, enfin, qui n'est pas loin de ses préoccupations mais qui est loin encore d'être prêt à faire le pas d'intégrer la teinture dans ses produits mais ils sont pas seuls responsables entre guillemets c'est-à-dire qu'il faut que le consommateur aussi prenne conscience de certaines choses et que j'ai quand même moins souvent des remarques encore liées au fait de c'est bien, c'est joli mais en fait c'est pas solide, ça va pas tenir dans le temps on va pas pouvoir faire subir ça et ça à ton tissu voilà c'est toutes ces représentations qu'il faut déconstruire et donc les représentations

  • Speaker #1

    Oui, les représentations, c'est ce que j'entends, la tenue des couleurs aux UV et au lavage, le fait qu'on ne peut pas avoir, selon certains, des bains qui soient uniformes et du coup reproduire des couleurs parfaitement similaires. C'est un peu ça que j'entends depuis le début, d'a priori. J'interroge les gens dans mon entourage, c'est la première chose. Alors déjà, il faut que les gens connaissent. il y a énormément de gens qui ne connaissent pas et quand ils connaissent, ils ont des a priori et ils me citent, et vous l'avez fait au début l'époque que Baba coule C'est dingue. Donc, c'est ça. Ah oui, non, mais ça, c'est un truc de baba cool. C'est une couleur qui est terne, aussi, on me dit. Alors qu'en formation, j'ai bien vu les couleurs. Elles sont magnifiques et elles sont vives. Donc, il y a aussi à déconstruire les fausses idées reçues des particuliers. Et quels seraient les leviers pour les particuliers ? à faire sauter. Teindre naturellement, c'est plus long et donc aussi plus coûteux. C'est l'unique levier pour les particuliers où il y a un autre levier à activer.

  • Speaker #0

    Pour les particuliers, je pense que oui, je pense que ça, c'est un levier important. La capacité à accepter de mettre un certain prix dans une création, dans un tissu ou dans un vêtement teint avec des plantes. Après, c'est le rapport à la consommation. Moi, je pense que finalement, je viens de plus en plus au textile et au vêtement qu'avant parce que, justement, en m'intéressant à ces questions de pourquoi est-ce que la teinture naturelle ne s'aime pas davantage, parce que Moi, il y a 10 ans, je n'aurais pas anticipé, je n'aurais pas imaginé que la teinture naturelle ne se soit pas plus développée en 10 ans. Si je fais un bilan, je trouve que c'est un peu déceptif. et finalement ça questionne parce que finalement le produit il est créé et produit pour un consommateur donc la place du consommateur elle est aussi à questionner, c'est à dire accepter d'acheter moins de vêtements, d'acheter des vêtements de meilleure qualité etc, donc il y a aussi toute une démarche dans cette consommation à questionner parce qu'on peut tout à fait avoir des fringues en teinte avec des plantes et des coloris ultra punchy c'est tout à fait possible. L'excuse de la couleur, je pense qu'elle n'est pas assez solide. C'est complètement...

  • Speaker #1

    Des a priori.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et les a priori sont nombreux, ils sont ancrés. Et après, quand on passe sur un public professionnel, moi, j'ai déjà entendu des personnes qui me disaient... S'il fallait qu'on cultive des plantes teintoriales pour massifier la teinture naturelle, il n'y aurait plus de terre agricole, tout serait consacré à la culture de plantes teintoriales. Là, on est dans du fantasme, on est d'accord, mais on est quand même sur un fantasme. Je vous assure que même parmi les teinturiers et teinturières, il y a des gens qui peuvent dire des choses comme ça. Et ce ne sont pas des gens a priori qui viennent du monde agricole et qui connaissent les réalités agricoles. On est vraiment sur la représentation au sens propre du terme, c'est-à-dire véhiculer des a priori qu'on considère comme étant valables parce qu'édictées par telle autorité. Donc il y a tout un travail de déconstruction. Mais nous, on a notre responsabilité. Moi, par exemple, je prends complètement la responsabilité de ne pas… de ne pas suffisamment communiquer sur ces thèmes auprès de mon public. Le bouquin, le livre, avait un peu cet objectif aussi, et notamment la fin du livre, ce fameux manifeste. Alors, je sais que certains lecteurs le lisent avec attention et me font des retours sur ces pages précisément. Je sais que d'autres lecteurs vont les survoler ou pas forcément trop entrer dedans, parce que c'est... Voilà. Mais moi, je trouvais ça hyper important qu'il figure dans le livre, d'ouvrir un peu, justement, vers tout ça.

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a donné... En fait, j'avais l'idée de faire un épisode sans intervenants et de parler uniquement de l'impact des pigments pétrochimiques sur... l'industrie textile sur l'impact, donc avec les 20% d'eau potable qui sont polluées par rapport à ça. J'ai retrouvé des chiffres dans votre livre avec 15% des pigments qui en fait n'adhèrent même pas à la fibre et partent directement dans l'eau. Du coup, je pense qu'en m'appuyant sur les chiffres de l'ADEME et quelques autres sources que j'ai trouvées, je vais faire un épisode un peu introductif sur l'impact que ça peut avoir sur l'eau, sur le sol, etc., pour donner un peu le sens que c'est une alternative. Ce que j'ai aimé aussi, du coup, on revient à ce manifeste, c'est que... il y a donc cette a priori sur la résistance donc on peut, la résistance d'une couleur dans le temps, aux UV, au lavage etc, qu'on appelle nous en termes dans la teinture, la solidité de la teinture, si je dis pas de bêtise, et là bien sûr c'est, et là Michel Garcia me l'a activement dit, si le travail est bien fait et qu'on comprend ce qu'on fait la couleur est solide et tient dans le temps donc c'est quelque chose à déconstruire sur le coût de production c'est clairement entendable en fait que avec des pigments qui sont pas des pigments, faut que j'arrive de me tromper des colorants qui viennent des plantes forcément c'est plus compliqués à collecter, à fabriquer. J'espère que je vais réussir à avoir Greening, le fabricant de colorants de pigments, au podcast. Ce serait génial pour avoir justement tout ce process. Donc, le coût de production, je l'entends, je le comprends et je pense que c'est... Finalement, si on l'explique, pas trop compliqué à comprendre pour le particulier. Moi, qui suis ingénieur agro, la question qui m'intéresse et là où j'aimerais trouver des réponses, c'est exactement ce qu'on vous a dit sur, attention, si on veut tout teindre de manière naturelle, on va déséquilibrer les terres, etc. Parce qu'il en faudra trop. Ça, j'aimerais vraiment creuser ou trouver des ressources pour justement apporter et lever ce frein.

  • Speaker #0

    qui est qui pour moi alors ce fin il est moi j'ai quelques éléments de réponse mais c'est hyper parcellaire c'est très pas du tout complet moi j'avais échangé je me souviens plus avec qui je sais que historiquement c'est des arguments qu'on entend beaucoup moins aujourd'hui mais qui ont été beaucoup plus brandis il y a de ça plusieurs dizaines d'années Il ne faut quand même pas oublier que l'avènement des teintures chimiques, c'est très récent. C'est vraiment à l'échelle de l'histoire, c'est très récent. Et il y a aussi des intérêts économiques associés. Et que probablement, il y a quand même eu aussi une partie un peu de lobbying. Alors à l'époque, ce n'était peut-être pas forcément ce mot. Mais je disais... qui a aussi véhiculé ce genre de discours sur la répartition des terres écoles. Je crois que ça fait partie de la naissance de cet a priori. mais qui est complètement à déconstruire alors là si vous voulez vous y atteler allez-y je suis hyper preneuse de rentrer plus dans le détail d'expliquer les choses d'autant plus qu'on peut tout à fait imaginer des cultures qui pourraient à la fois être productrices d'aliments tout en produisant de par un déchet ou associé aux ressources territoriales c'est juste que c'est des choses à imaginer et qui sont à construire et ça je trouve que là on touche aussi la limite aujourd'hui parfois de la teinture naturelle qui est que c'est chouette d'être dans nos ateliers je me souviens je parlais avec une personne qui travaille dans la filature dans laquelle j'achète la laine en creuse qui me disait mais vous les teinturiers végétaux vous êtes bien mais alors vous êtes enfermés dans votre petit atelier là à rester replié chacun sur votre propre univers on manque de mise en commun, on manque de partage, on est quand même encore très marqués, je trouve, par ces fameux secrets d'atelier, transmission orale, voilà, se dire je vais refaire la recette telle qu'elle est écrite dans ce vieux traité de teinture, mais en fait, non, je n'obtiens pas ce que je suis censée obtenir parce que je sais bien que l'ingrédient secret ou la technique, voilà, elle n'est pas écrite parce que c'est une transmission orale et qu'on est encore dans ce culte un peu du secret de garder ces trucs d'atelier. Et je trouve que ça, c'est une énorme erreur parce que ce manque de transmission à une période, c'est ce qui a conduit à une perte de savoir-faire aussi. Donc ça, c'est aussi important en teinture qu'on réussisse à comprendre que tout le monde peut fonctionner ensemble et que surtout, ces temps communs, ils peuvent être, je pense, producteurs de... Oui, produire des choses vraiment intéressantes.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, pour rebondir aussi sur les leviers qui pourraient faire que la teinture naturelle se démocratise et n'impacte pas forcément l'histoire des terres, etc., je pensais aussi au fait de… Bon, ça commence, mais tout ce qui est déconstruire aussi la fast fashion en se disant, voilà, maintenant, il y a 24 collections, alors qu'avant, on en avait deux. Ça, ça s'est fait en même pas dix ans de temps. Est-ce que, en fait, le message de la teinture naturelle ne devrait pas se coupler aussi à un message de arrêtons d'acheter 17 vestes, arrêtons d'acheter… Enfin, je dis ça sans jugement parce que, pareil, moi, je tombe aussi dans… dans ces pièges. Moi, je trouve, quand on est éloigné des villes et un peu plus en campagne et un peu plus sur des sujets où on s'intéresse à la botanique, au naturel, je trouve qu'on est un peu plus préservé. Mais je pense que ça s'associe aussi avec le fait qu'il faut arrêter d'avoir des vêtements qu'on ne porte même pas. Et un an après, on les met à la benne parce qu'en fait, on ne les a pas mis. Mais sauf que la réalité derrière, c'est qu'après la benne, généralement, c'est... l'enfouissement ou l'incinération, et ça vient de nouveau polluer les sols et l'eau, et des fois on ne sait... rien n'en faire parce que les matériaux sont mélangés. Et c'est un peu ce qu'on aborde avec Clément Bautier dans l'épisode qu'on a enregistré avec lui, où lui sensibilise justement à tout ça. Donc, je pense qu'en fait, il y a plusieurs éléments, mais qu'en effet, c'est des choses qu'il faut déconstruire pour les particuliers et pour les entreprises.

  • Speaker #0

    mais complètement de toute façon une production de couleur naturelle ne pourra pas être une production de masse pas aujourd'hui en tout cas et ça c'est en effet un prérequis pour envisager toute extension de la teinture naturelle c'est à dire qu'imaginer une duplication à grande échelle et en production de masse quel sens ça aurait ? je suis même pas sûre évidemment que ça s'associe à une consommation raisonnée, raisonnable c'est complètement corrélé, c'est évident tout à fait

  • Speaker #1

    et du coup j'avais une question aussi Doriane donc sur votre activité pour revenir à votre activité laine c'est vous qui teignez chez vous dans votre atelier ? alors est-ce que vous pouvez raconter un peu comment ça se passe comment vous choisissez les couleurs est-ce que vous vous inspirez des couleurs du moment, est-ce que c'est vraiment au feeling comment vous faites et racontez-nous un petit peu votre atelier de teinture comment on va à quoi il ressemble, comment ça se passe ça peut être intéressant il est petit,

  • Speaker #0

    il est pas beau c'est un vrai, souvent les gens sont un peu surpris parce que je pense qu'il y a un peu de fantasme aussi autour de l'atelier et en réalité c'est pas beau, c'est sale parfois ça sent pas bon c'est pas très propre il n'y a pas que des super accessoires ou récipients hyper design, hyper beau C'est un vrai atelier au sens où... Voilà, c'est comme les ateliers des artisans. Quand on va les voir, on est parfois un peu désappointé parce qu'on fantasie quelque chose. Voilà. Donc, il n'est pas... Il est très... Je ne le photographie pas parce que c'est un peu mon antre à moi et mon petit lieu secret. Donc, il n'est pas très grand. Alors, oui, au niveau des couleurs, avant, j'avais un peu l'habitude de faire le plus de couleurs possible pour qu'il y ait la plus grande proposition possible en termes de gamme de couleurs. Et puis... finalement je me suis rendu compte que ça me saoulait un peu d'aller vers cette exhaustivité, que ce n'était pas ma manière de fonctionner, que ce n'était pas ce que je souhaitais véhiculer non plus. Donc maintenant j'ai plutôt tendance à réduire la gamme de couleurs. Il y a quelques couleurs que je refais un peu tout au long de l'année, parce que j'arrive à garder les plantes, les mettre à sécher, enfin voilà. Mais globalement, hormis quelques couleurs que je vais reproduire, je dois en avoir une petite dizaine de couleurs que je reproduis. Après sinon les autres c'est un peu ce qui sort, c'est-à-dire... voilà là je vais récolter ça parce que j'en ai en masse dans la campagne et je sais que je peux cueillir là je vais travailler plutôt des choses que j'avais mis à sécher au grenier parce que j'ai envie de faire de la couleur on est en plein hiver et voilà j'ai envie de sortir des gris et des bruns ça se construit un peu comme ça, un peu au feeling et puis souvent j'ai un programme de teinture de couleurs etc et en fait ce qui en sort est assez différent quand les couleurs me plaisent pas je retins je fais beaucoup de teinture sur pied je retins, je retins beaucoup beaucoup euh

  • Speaker #1

    reteindre,

  • Speaker #0

    c'est-à-dire vous prenez quelque chose que vous voulez teindre ? Oui, voilà. La couleur que je fais ne me plaît pas ou n'est pas assez nuancée ou forte. Donc je vais laisser reposer un peu et je vais teindre dans un deuxième bain avec une autre plante. Ça va faire une couleur composée et c'est chouette parce que ça permet d'augmenter les nuances, le nombre de couleurs réalisées. et du coup auprès de mes clientes j'essaie de communiquer aussi sur le fait que par exemple si une personne veut réaliser un pull il faut vraiment qu'on regarde le métrage de film dont elle a besoin parce que moi je ne pourrais pas reproduire la couleur pour compléter c'est toujours cette petite attention d'essayer d'avoir le projet associé à la laine pour ne pas avoir de mauvaises surprises ou voilà Et les couleurs, c'est vraiment en fonction de ce que je trouve, ce que je récolte et ce que j'ai envie de faire. Je me suis un peu affranchie de ce truc de reproduire la même couleur. Je pense que j'essayais d'aller vers ça au début. Et puis, j'ai accepté qu'en fait, moi, ce n'était pas mon truc. Ça peut se faire, clairement, mais moi, ce n'est pas mon truc. Ce n'est pas assez créatif pour moi. Et voilà, je laisse ça à d'autres.

  • Speaker #1

    Et du coup, Dorianne, si je comprends bien, c'est des colorants que vous faites vous-même à partir de vos cueillettes. des plantes locales de votre environnement, du coup, il n'y a pas ou peu d'achats de colorants ou de pigments auprès de partenaires ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a quand même. Oui, j'achète peu, en fait. Je vais acheter des cochenilles parce que je travaille la cochenille. Donc là, on est en teinture naturelle et pas végétale parce que ça permet une gamme de couleurs que je trouve quand même vraiment hyper intéressantes et complémentaires. donc j'achète des cochenilles en Espagne et après si j'achète de l'indigo moi je ne produis pas du tout mon indigo donc j'achète l'indigo tu fais en France l'indigo ? ouais je l'achète en France, dans le sud de la France c'est pareil je pourrais vous donner l'adresse parce que pareil pour avoir des gens c'est top des gens au micro oui c'est un bel univers là aussi et puis après je travaille encore un petit peu avec du bois de campèche j'essaie de réduire ou de remplacer ou de minorer etc mais j'ai encore un peu de bois de campèche donc j'achète et après voilà globalement ça va être à peu près tout parfois quand j'ai pas assez de noix de galles j'en achète mais là quand je m'organise bien j'arrive à en avoir assez c'est à peu près les matières teintoriales que j'achète

  • Speaker #1

    c'est pas du tout il y a des petites choses que j'achète en plus et du coup vous avez donc un programme de cueillette un programme de séchage un programme pour faire pour colorer les laines un programme pour faire vos poudres, enfin je sais plus, vos extraits de plantes je sais plus comment on appelait ça mais les extraits de plantes oui oui Donc tout est organisé, dans l'année, tout est rythmé, il n'y a pas de journée pareille, vu qu'on travaille avec le naturel. Ok,

  • Speaker #0

    top. Non, non, non, et ce serait parfois plus reposant d'avoir deux journées identiques. Non, là, au bout de 3-4 ans, maintenant, je sais un peu comment mon année se découpe et je peux m'organiser et surtout trouver des temps pour être un peu plus... travailler plus sur des projets au long terme, au long cours, et pas être uniquement dans le quotidien et la réponse à l'urgence. Mais en effet, ça occupe une année en entier.

  • Speaker #1

    Super. Du coup, j'avais plutôt une question maintenant tournée sur vos projets futurs. Qu'est-ce que vous envisagez pour la suite, que ce soit pour Maison Septembre ou pour les ateliers ? Qu'est-ce que vous avez comme projet pour la suite ?

  • Speaker #0

    Alors, pour Maison Septembre, je pense que l'axe principal, ça va être de réorienter un peu toute l'activité de chambre d'hôte autour des stages. Ça, c'est important pour moi pour même mentalement me libérer un peu d'espace sur la saison d'été et finalement, de manière parallèle, développer l'activité de formation parce que c'est vraiment quelque chose qui me plaît. Cet échange, cette interaction, elle est riche pour les personnes qui viennent apprendre, mais pour moi aussi, c'est essentiel. C'est ce qui a permis la naissance du livre. Moi, je me nourris beaucoup de toutes ces rencontres aussi. Il y a souvent des échanges qui se poursuivent bien au-delà des stages. Et je crois que mon environnement de travail, je n'ai pas de collègues, mais mon environnement de travail, c'est ces personnes qui sont venues se former. Elles ne se rendent pas toujours compte, mais qui m'inspirent beaucoup. Et ça, c'est très riche. Et j'ai vraiment envie de conserver ça. J'aimerais bien proposer d'autres, la teinture végétale sous d'autres formes en stage. À formaliser dans l'année, mais pourquoi pas. créer des encres, des aquarelles, de la sérigraphie, développer un peu tout ce point-là. Je pense que moi, je trouvais la teinture plus facile à mes débuts. Et plus on avance, plus on progresse, plus on découvre un peu la complexité du truc, plus on se dit waouh c'est genre vraiment complexe ça occupe largement une vie entière je pense après c'est génial parce que ça veut dire que c'est sans fin et qu'on peut toujours développer plein de trucs différents mais ouais en effet c'est énorme, le champ d'application est énorme c'est incroyable

  • Speaker #1

    du coup j'avais des petites questions rapides si vous étiez un colorant du coup vu que je ne peux plus dire pigment ce serait lequel et pourquoi ?

  • Speaker #0

    j'hésitais entre deux je pense que je serais à la fois une ortie et une ronce parce que c'est des plantes teintoriales géniales mais qui sont des sacrées mauvaises herbes qui sont centrales en teinture végétale qui peuvent être de couleurs différentes ça peut faire un jaune, vert, frais du gris, du beige selon comment on les travaille mais elles sont géniales ces plantes-là me fascinent est-ce que vous avez une source d'inspiration que vous voudriez partager ? j'ai énormément de sources d'inspiration si je devais en partager Dans le domaine de la teinture, je citerais quand même Dominique Cardon parce que je crois que sa rigueur me fascine. Sa rigueur et sa force de travail forcent le respect. Et c'est chouette, ça remet les choses en place. Et après, mon inspiration, clairement, c'est la nature aussi. Tout part de là. La saisonnalité, comment la terre évolue, comment la plante évolue. Ça, ça peut m'occuper beaucoup, beaucoup. ok c'est deux belles sources alors j'espère je croise les doigts on est en échange avec Dominique pour qu'elle intervienne sur le podcast je pense que ce serait génial pour les gens qui écoutent c'est en train de s'organiser et

  • Speaker #1

    moi en termes de sources d'inspiration c'est vrai que j'avais fait une interview pour un magazine qui m'avait posé un peu qui m'a demandé si j'avais une figure tutélaire ou quelqu'un, une grande référence en teinture Et en fait moi je pense que symboliquement c'est important pour moi aussi de citer des figures de référence féminine parce que je viens aussi de cette tradition de transmission des femmes, par les femmes, sur des pans c'est comme dans tous les secteurs, on est une majorité de femmes et on est très peu visibilisés et je trouve essentiel de le souligner, donc moi c'est vrai que j'ai à cœur aussi de mettre ça en avant de reprendre un peu la capacité à agir sur ces sujets en tant que femmes qui avons des cheminements, on le sait, qui sont moins simples. Voilà, donc moi, c'est vrai que mes sources de référence seront...

  • Speaker #0

    exclusivement féminine je dirais alors est-ce que Doriane vous pouviez citer quelques femmes comme ça qui sont de près ou de loin sur la teinture digitale,

  • Speaker #1

    on a cité Dominique Cardon donc chercheuse au CNRS oui alors c'est peut-être plus dans le monde anglo-saxon mais je trouve que donc Abigail Booth moi je la trouve extrêmement inspirante Rebecca Desnos aussi qui est qui est une, alors qui est pareil qui est anglaise et elle pour le coup son univers est très inspirant Il est assez consensuel et assez esthétisé, mais il est hyper inspirant et je trouve qu'il peut vraiment capter un peu des gens pas forcément sensibilisés à la teinture végétale et vraiment les choper un peu, les séduire et ça c'est hyper important aussi. Je citerai aussi une américaine, une Californienne qui s'appelle Christine Vejar, je pense que peut-être vous la connaissez, elle a écrit un livre qui s'appelle Le teinturier moderne, je crois, et qui a développé tout un univers esthétique très joli aussi autour de la teinture. Voilà, tout de suite c'est un peu ces références-là que j'ai en tête, mais franchement j'en ai plein d'autres. mais là ça se quitte bien spontanément sur plusieurs continents différents c'est chouette je suis franchement ravie de cet échange qui a été

  • Speaker #0

    franchement hyper riche on est parti un peu parti mais très intéressant et il y a des sujets que vous avez soulevé qui pour moi sont hyper importants on a parlé des femmes ça me touche énormément on a parlé de l'environnement ça me touche énormément vous avez parlé de la transmission de fédérer tout ça c'est des mots hyper importants pour moi je suis ravie franchement je suis ravie et du coup je voulais savoir est-ce que Doriane vous avez quelque chose que vous voulez rajouter là un sujet quelque chose

  • Speaker #1

    avant qu'on se quitte le sujet parce qu'on a fait le tour de plein de choses et puis après voilà il faut aussi laisser les imaginaires cheminer un peu seuls mais en effet le côté le fait de faire un podcast un format vraiment consacré à ce thématique c'est génial parce que ça peut faire du lien ne serait-ce qu'entre acteurs dans cet univers et puis faire émerger pourquoi pas de nouvelles vocations des cheminements Voilà et... Et non, moi ce que je retiens dans les échanges aussi, c'est le besoin de se fédérer, de prendre le temps d'échanger, d'avoir des rencontres. ça craint ça et finalement ce podcast pourrait déjà faire office de fil rouge moi j'ai hâte de découvrir les autres épisodes je ne sais pas quand est-ce qu'on pourra les écouter mais j'ai hâte ça va se lancer sur février moi mon échelle j'essaie aussi vachement de redorer un peu l'image de la teinture végétale, de rattraper des gens qui auraient eu des expériences pas géniales au début C'est hyper important, il y a un gros boulot de fond et une fois de plus je pense que c'est en sortant un peu de nos tanières et en communiquant, en expliquant les choses qu'on pourra redonner un peu ces lettres de noblesse à la teinture.

  • Speaker #2

    Je remercie Doriane pour nos échanges. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !

  • Speaker #3

    Sous-titrage ST'501

Share

Embed

You may also like

Description

⁉️Saviez vous que vous pouviez gérer le processus de la cueillette à la teinture végétale ?


Doriane Chagot Mansuy et nous explorons la teinture végétale, mettant en avant son application sur les laines non traitées chimiquement. On y aborde les défis de vivre de cette pratique de la teinture naturelle. Pratique à partir de plantes cueillies localement pour Maison Septembre. Doriane Chagot Mansuy encourage la rigueur dans la formation, tout en soulignant l'importance de déconstruire les préjugés et d'éduquer les consommateurs sur la teinture végétale. L'épisode aborde également la question de la résistance des couleurs dans le temps. L'épisode vous invite à aller découvrir cet univers fascinant de la teinture végétale sur laine et à réfléchir à son potentiel dans le contexte de la mode durable. 


Sur Instagram @MaisonSeptembre

Son livre : Plantes tinctoriales pour teinture naturelles - les reconnaître, les récolter, les utiliser.


❤️Vous aimerez aussi :

Teinture végétale sur laine en monobain #E2 - Michel Garcia - La transmission d'un savoir ancestral ICI

#E36 - Marie Marquet

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor -

#E49 - Mélusine Flament - Lainamac

#E56 - Elisabeth Berthon - le feutre

#E58 - Anaïs Chesneau - Babul & Bakli tapis en Inde

#E69 - Benoit De Larouzière - Filature Fonty

#E70 - Laura Chantebel - Fibre bio -

#E72 - Dorian Etienne


ArtEcoVert, LE podcast de la couleur végétale 🌿, de la graine à la couleur finale dans tous les domaines d'application : 

  • Alimentaire Teinture végétale : sérigraphie végétale, éco-print, bundle dye, shibori … sur fibres naturelles. La teinture végétale fait partie des teintures naturelles mais n’utilise que des plantes tinctoriales.

  • Cosmétiques : Coloration capillaire végétale, savonnerie (savons végétaux), maquillage,...  

  • Beaux arts : encres végétales, sérigraphie végétale, aquarelles végétales, peintures végétales, craies grasses végétales… 

  • Bio matériaux, bio plastiques teints végétalement, 

  • Agriculture de plantes tinctoriales et production de Colorants biosourcés (Pigments végétaux et Colorants végétaux) Garance, Indigo, Réséda, Tanins… 

En effet, on explore dans ce podcast un des nombreux pouvoirs des plantes à savoir : LA COULEUR 

L’objectif d’ArtEcoVert est de proposer la couleur végétale 🌿 comme alternative combinée à la couleur de synthèse, dérivée du pétrole et est néfaste. 

🚨 Je compte sur vous pour vous abonner à la newsletter du podcast pour ne pas louper la sortie des épisodes :https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1

Pour cela 

  1. ArtEcoVert  LE PODCAST 🎧

pour démocratiser la couleur végétale. Mais c’est aussi une communauté sur le Patréon d’ArtEcoVert : https://www.patreon.com/ArtEcoVert de plus de 180 passionnés du sujet qui font bouger les choses ! 

En rejoignant le patréon d’ArtEcoVert vous soutenez le podcast ArtEcoVert (pour qu’il dure) mais vous avez de nombreux avantages : 

  • Épisodes en avance ⌛

  • Épisodes exclusifs (dont les mini séries...)

  • Rencontres avec des e-tables rondes 👥

  • Des discussions instantanées que vous pouvez choisir et dans lesquelles vous pouvez parler avec les invités qui ont rejoint Patréon (Cécilia Aguirre, Aurélia Wolff, Charlotte Marembert, Beste Bonnard, Suzy Gallo, …) 💬

  • Des informations (sorties, actualités, événements…) 📣


  1. ArtEcoVert LE PROJET ⭐

pour catalyser la réémergence de la filière tinctoriale (construire du lien, des échanges, faire avancer, poser les bases, apporter les preuves, …) 

Pour cela, j’ai créer l’entreprise ArtEcoVert Pauline Leroux dans laquelle je propose

  • mes services :  issus des expériences antérieures (filières agricoles, RSE, Grande Distribution, Distribution Locale, ) et de ma formation d’ingénieure agronome

  • mon énergie 

  • ma passion pour les plantes

  • ma volonté de redynamiser cette filière 

Chaque mission contribuent à soutenir la pérennité du podcast ArtEcovert

Vous êtes intéressés : pauline.artecovert@gmail.com

Bonne écoute 👍

Pauline Leroux




Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure.

  • Speaker #1

    Je suis Ponyne Leroux,

  • Speaker #0

    ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valo. Mon but, pédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors,

  • Speaker #1

    c'est parti !

  • Speaker #0

    Bonne écoute ! J'ai le plaisir d'accueillir sur le podcast Doriane Chagot-Manzuy, qui a écrit le livre Plantes teintoriales pour teinture naturelle aux éditions Erol, livre sorti en 2022. Elle est également à la tête de la Maison d'hôtes Maison Septembre, qui est un concept avec deux chambres d'hôtes et l'atelier de teinture pour faire de nombreux ateliers de la cueillette à la teinture naturelle. Et Doriane est également une passionnée de tricot et propose des laines naturelles teints de manière naturelle. naturel évidemment. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute ! Si vous pouvez me raconter comment vous êtes arrivée à la teinture végétale, un peu votre parcours, vu que ça fait une dizaine d'années que vous êtes sur le sujet. Racontez-moi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup la teinture végétale ça a été un cheminement un peu... au long cours et hyper progressif parce qu'au départ, moi, j'en ai fait de manière très ludique pour teindre de la laine, pour faire des tricots pour moi, pour mes filles, et voilà. Et les enfants de copines, le truc un peu classique. Et à un moment donné, j'ai eu envie aussi d'élargir un peu la gamme des couleurs qu'on pouvait réaliser facilement parce que quand on commence, je pense qu'on est un peu tous pareils, c'est-à-dire qu'on va travailler avec des choses qu'on a dans la cuisine ou des déchets alimentaires ou des choses qu'on trouve facilement. et puis la gamme de couleurs produites au bout d'un moment on a aussi un peu envie de l'élargir et c'est quand j'ai vraiment voulu élargir la gamme de couleurs et puis aussi mieux comprendre ce qui se passait quand on faisait de la teinture le processus du coup mieux comprendre donc mieux contrôler mieux diversifier c'est là que je me suis dit voilà je me forme un peu j'ai pas trouvé de formation hyper il n'y a pas une école de couleur naturelle qui dispense une formation classique complète et accessible aussi en formation continue tout du moins donc j'ai beaucoup lu moi je suis un peu rentrée dans les ouvrages de teinture par les ouvrages super classiques, toutes les mémoires de maîtres teinturiers qui ont été rééditées et grâce à ça ça faisait un peu grimoire un peu relié à l'histoire et ça suscitait un intérêt chez moi. C'était super stimulant d'imaginer les couleurs. Je crois que ce qui m'intéressait, c'était d'avoir des couleurs qui étaient écrites, mais qui étaient complètement imaginables. Ça laissait énormément de place dans l'esprit à tout ça. Et moi, ça m'a beaucoup plu. Et puis, c'est un peu un détail, mais j'ai grandi à Chartres, qui est une ville... En fait, avec une cathédrale très ancienne et du coup très marquée aussi par toute cette période historique, le travail de la couleur, le bleu de Chartres, Lévitrault, ce bleu fameux est assez incroyable, assez mystérieux et complètement envoûtant et déroutant aussi de se dire que ça a été créé il y a aussi longtemps. Ça m'a toujours fascinée, petite fille. je l'ai retrouvé avec la teinture. Même si la teinture, en effet, c'est appliqué sur de la fibre textile, il y a quand même eu une résonance à ce niveau-là. Et donc, les formations. Donc, les ouvrages anciens, les ouvrages un peu plus contemporains. Mais moi, c'était il y a plus de dix ans maintenant que j'ai commencé vraiment à vouloir me former. Et à l'époque, il n'y avait pas de parcours de formation vraiment accessible. Et puis, au niveau des livres, c'était encore un peu... Alors, soit tout en anglais, et encore même en anglais, ce n'était pas hyper sexy comme littérature, soit vraiment des ouvrages un peu hérités des années hippie, qui sont en fait des puits de science et des ouvrages hyper intéressants. Mais disons que moi, sur le moment, je pense que c'était trop rebutant. J'avais envie d'un truc un peu plus sexy et accessible et qui donne envie, qui a aussi un intérêt porté à l'esthétique de ce que l'ouvrage transmettait. et voilà donc au fur et à mesure j'ai quand même trouvé des ouvrages parce qu'il y a eu une production littéraire assez exponentielle sur ce thème ces dernières années ce qui est très bien parce que ça propose une manière de voir la teinture naturelle sous différentes écoles moi je fais beaucoup de formations et j'ai toujours tendance à présenter une bonne quinzaine d'ouvrages aux personnes qui viennent se former en essayant de les orienter un peu vers l'ouvrage qui va leur convenir, c'est-à-dire des profils plus créatifs, on va tenter un peu tout et s'ouvrir plein de portes, des profils avec vraiment un souhait d'utiliser la teinture dans un but professionnel. Alors là, on revient à quelque chose d'ultra classique, académique, mais avec des recettes ultra solides et pérennes dans le temps et à la lumière. voilà donc cette production littéraire moi elle m'a aidée, j'en ai pas fait le tour je suis sûre qu'il y a des ouvrages que j'ai soit pas lu, soit non j'ai pas connaissance mais même du type de

  • Speaker #0

    et ça vous pourrez vous pourrez les partager bien sûr vos ressources comme ça soit je les mettrai en descriptif ou même en donner quelques-uns là pour les gens qui écoutent d'avoir des pistes par exemple un exemple pour un créatif qui est un peu dans l'expérimental et plutôt pour un pro si on a une petite boîte qui veut se lancer ou même plutôt des gens qui veulent essayer d'avoir un résultat pour un cadeau j'en sais rien quelque chose qui tient dans le temps

  • Speaker #1

    créatifs, moi je les oriente beaucoup vers le travail d'Abigail Booth qui a écrit un bouquin, alors le titre je ne l'ai plus mais je l'ai là c'est une artiste anglaise

  • Speaker #0

    Ça s'appelle le guide de la teinture végétale. C'est celui-ci ou pas ?

  • Speaker #1

    Exactement. Et celui-là, je l'aime beaucoup parce qu'il est... En fait, il est très ouvert. Il est vraiment... Moi, c'est un peu ce livre-là que je présente aux gens qui arrivent en stage et qui me disent Bon, alors, Dorianne, moi, tu précises bien les couleurs grand teint, les petits teints. Moi, j'ai besoin de savoir. Donc, tu me dis-tu que là... Ouais. Alors, du coup, les frontières, il va falloir les ouvrir un peu parce que... On est dans la teinture contemporaine aujourd'hui et il faut aussi avancer avec notre temps. Et Abigail Bouss, elle a eu cette démarche intéressante de se dire finalement, je ne veux pas faire un tissu qui va tenir en termes de solidité pendant 40 ans, je m'en fous. Moi, je veux expérimenter les couleurs. Je veux faire le tour de quelles sont les couleurs que mon environnement peut produire. qu'est-ce que je peux récolter autour de chez moi qu'est-ce que je peux utiliser en ressources locales et vraiment plus travailler avec ce que son territoire lui offrait et moi je trouve que c'est hyper intéressant il y a des couleurs canon qui ne sont pas méga solides mais qui sont hyper intéressantes, hyper gratifiantes et très belles en tant que telles et après sur les profils vraiment en tout cas en bouquin d'introduction sur un truc très carré, très rigoureux et puis qui permet de comprendre ça je trouve ça très important j'aime beaucoup l'ouvrage d'Elisabeth Dumont je crois que c'est teindre avec les plantes la couverture est toute bleue et Elisabeth Dumont elle est chimiste de formation et je trouve que dans sa manière de transcrire, de transmettre ça se sent et c'est passionnant parce qu'elle explique le processus le pourquoi cette action donne cette conséquence et je trouve que c'est ça qui est essentiel dans l'apprentissage de la teinture enfin après je pense qu'il y a plein d'écoles et plein de manières de faire et selon les personnes qu'on a face à nous aussi mais Moi, dans ma manière d'apprendre les choses selon ma vie, j'ai trouvé que le fait d'avoir l'information et de comprendre, c'est un peu posséder le mode d'emploi. Puis après, on le dit. On l'essaie, on teste, on se plante, on réussit, mais on sait d'où on part et on comprend ce qu'on fait. Et ça, cette capacité à avoir l'information et à comprendre les choses, je trouve que c'est vraiment essentiel. C'est essentiel et ça ouvre toutes les portes. C'est un très bon point de départ. je trouve, après c'est une manière que j'ai moins de fonctionner, je pense qu'il y en a beaucoup d'autres, tout aussi valables mais voilà, donc au niveau des bouquins et donc là c'est deux exemples parmi énormément de bouquins qui existent et qui sont et qui sont super intéressants et très complémentaires, plus axés botaniques comme le livre de Marie Marquet elle a vraiment un ouvrage de référence c'est vraiment super ce petit bouquin avec un format trop bien pour aller en cueillette voilà c'est très guide de la teinture nationale ouais exactement et puis des ouvrages beaucoup plus l'ouvrage d'Aurélia Wolff qui est aussi oui je l'ai aussi et on n'a pas répété et j'ai tout à part celui d'Elisabeth Dumont celui-ci Aurélia Wolff oui celui-là et celui-là par exemple je trouve qu'il est super parce que c'est une très bonne introduction une très bonne prise de contact avec la teinture dans le sens où l'univers esthétique a été pensé on voit que c'est un objet un peu un livre un peu concept très joli moi je trouve qu'on retrouve aussi la patte de Hérolle la maison d'édition avec laquelle je travaille au sein de laquelle on a la chance de pouvoir produire l'objet qu'on veut produire et pour laquelle l'univers esthétique est important et moi au départ j'ai eu un peu de mal à assumer ça, à me dire mon livre j'aimerais qu'il soit beau, en plus d'être à peu près correct d'un point de vue scientifique et j'ai mis du temps à assumer ce souhait que j'avais parce que je le trouvais pas légitime et en réalité en en parlant avec mon éditrice c'est important de faire un ouvrage aussi qui donne envie au lecteur de s'y intéresser et de rentrer franchement c'est réussi la photographe avec laquelle j'ai travaillé Margot Bélanger de Madeleine Photo elle y est pour énormément on a vraiment travaillé l'univers les deux sur les photos j'ai trouvé que les photos elles étaient hyper

  • Speaker #0

    inspirantes ça fait un peu planche de botanique il y a des dessins ça fait invitation à la balade franchement rien que de regarder les images moi ça me ça me détend en fait ça me détend et après j'ai vu toute l'intro qui est contrairement à d'autres livres on va dire essentialisé je trouve que c'est clair, on va direct on fait pas de blabla et j'ai trouvé ça sympa parce que moi qui suis quelqu'un qui aime bien pas aller vite mais aller à l'essentiel je trouve que c'est un exercice qui est réussi et j'ai adoré un truc aussi dans votre livre c'est le manifeste à la fin. C'était une de mes questions que j'allais vous poser après. Donc, le manifeste pour des couleurs durables et non polluantes. Et j'ai adoré ce passage-là. Alors, c'est deux, trois pages. Mais j'ai trouvé, et je pense qu'on y reviendra après dans les questions, mais j'ai trouvé que vous abordiez là-dedans toutes les questions qui font que la tâture végétale, pour moi, c'est une alternative aujourd'hui qu'il faut... plus employés. Et donc, j'aimerais bien, si ça vous va, qu'on en reparle un peu plus tard. Oui, bien sûr. Et alors, du coup...

  • Speaker #1

    Ça me touche, merci, parce qu'en effet, ce manifeste, il n'est pas du tout anodin. Il est à la fin, il prend deux pages, mais je pense qu'il résume l'état actuel, peut-être, de la teinture, des enjeux, on va dire la question des enjeux contemporains.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la synthèse des enjeux contemporains. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Une tentative de synthèse qui n'est pas complète. C'est bien, mais...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est complet, ça va à l'essentiel. J'ai vu vos sources. D'ailleurs, j'avais aussi trouvé des infos avec Pili. Je crois que c'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Voilà, donc moi aussi, j'avais trouvé des choses fiables avec eux. Donc, franchement, j'ai trouvé ça vraiment... Et encore une fois, ce n'est pas du blabla, c'est synthétique. Et il y a toutes les idées clés, donc j'ai trouvé ça top. et je voulais justement vous demander comment c'est venu de proposer un livre, est-ce que c'est les éditions Erol qui sont venues vous chercher est-ce que c'est vous qui avez écrit quelque chose et proposé, comment ça s'est fait ce projet ?

  • Speaker #1

    C'est un peu un mélange, c'est un peu une rencontre multifactorielle parce qu'il n'y a même pas eu que la maison d'édition et moi, il y a eu aussi beaucoup de de personnes qui participaient à des stages ou des formations qui au bout d'un moment c'est super les bouquins que tu présentes mais toi il est où le tien ? et voilà l'idée elle est née de là parce que moi franchement de moi-même jamais je me serais sentie suffisamment légitime pour avoir l'idée de rédiger le moindre truc et puis d'ailleurs ça a été un obstacle au début de la rédaction du livre parce que j'ai eu ce truc de la page blanche alors moi j'ai toujours beaucoup écrit même dans mes études et dans mes boulots d'avant mais pas des choses destinées à être publiées et quand... quand on commence à essayer de rédiger un truc qui a vocation à être publié là tout de suite c'est compliqué parce que on vient requestionner sa légitimité on vient requestionner la véracité scientifique de ce qu'on dit aussi et ça c'est compliqué et puis en tant que femme je pense qu'on a un petit handicap supplémentaire à ce niveau là donc une fois que j'ai conscientisé tout ça et mis de côté j'ai commencé à réussir à écrire et après j'ai beaucoup écrit le livre est beaucoup plus gros que ce qu'il devait être au départ et j'ai une éditrice qui a été super cool pour ça et une maison d'édition aussi et c'est génial de pouvoir avancer un peu en se laissant guider par ce qu'on a envie de transmettre donc voilà après moi le projet je pense que je l'avais en tête depuis un moment ça reprend beaucoup de choses que je transmets pendant les stages aussi je pense que c'est vraiment c'est un peu la mise en mots de choses et même du schéma que j'ai quand j'ai des gens en formation donc cet exercice de conception de la structure a été assez simple et aussi à proposer à la maison d'édition etc donc ça a vraiment été une rencontre avec trois entités différentes et voilà c'était mais après oui oui la maison d'édition il y a un projet qui doit être parce que c'est une chose que le projet soit accepté par une éditrice après il doit être accepté par tout un comité enfin voilà il y a tout un tas d'étapes à franchir et et et qui finalement je pense sont garantes aussi de la solidité du projet. Ça nous dédouane, nous, auteurs de cette question. Enfin moi j'ai senti les choses comme ça en tout cas.

  • Speaker #0

    Et entre le moment où il y a cette envie commune d'écrire un livre et la réalisation, la sortie du livre, ça prend à peu près combien de temps pour avoir un ordre d'idée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, moi c'est pareil, c'est des échéances que j'ai découvertes parce que ce n'était pas du tout mon univers auparavant. Moi, ça a dû durer un an et demi. Entre la première transmission, les premiers échanges vraiment formels avec la maison d'édition et la publication. sachant que je pense que ça peut être plus long et que ça peut être un peu moins long peut-être, moi ça a pris entre un an et un an et demi avec finalement une phase de rédaction assez courte de peut-être 4 mois et tout le reste du temps c'est tout le travail de recherche documentaire, de relecture et puis tout le travail après de maquette de prise de photo et de relecture des épreuves, des allers-retours

  • Speaker #0

    entre nous et la maison d'édition et ce que j'aime bien aussi c'est que pour chaque plante il y a pareil encore on va à l'essentiel de quelle partie de la plante on utilise et une petite anecdote et en fait pareil ça invite les gens je trouve si l'anecdote les intéresse à aller creuser mais ça ne rajoute pas un pavé trop long en fait moi c'est ça que j'aime bien c'est que du coup j'ai vu des petites anecdotes et je me suis dit ah bah tiens attends je vais aller taper sur Google et du coup si une anecdote m'accroche en fait j'y vais et il y en a d'autres c'est moins mon truc du moment et du coup ça passe et ce que j'ai beaucoup aussi aimé c'est qu'il y a le respect des saisons avec ce qu'on trouve autour de soi, parce que j'ai vu que vous aviez vraiment cette approche de faire avec les plantes de votre environnement, ça je trouve ça génial, et en plus, en respectant les saisons, donc en gros, on a toutes les plantes qu'on peut retrouver en été, et au fil des saisons, et ça je trouve ça bien, parce que... on perd que ce soit... Moi, j'étais plus dans l'alimentaire, mais on perd le rapport à la nature et aux saisons et qu'une plante, elle fleurit à un moment précis où il faut attendre l'automne pour enlever les racines. Et en fait, je trouve ça cool parce que dans ce livre-là, en fait, d'emblée, on lit le sommaire et on voit que, oui, en fait, il y a des saisons à respecter et j'ai trouvé ça vraiment intéressant. Et du coup, ça me donne juste une question, Doriane, c'est... quand vous avez essayé d'abord la teinture avec, comme vous l'avez dit, ce qu'on a dans la cuisine, les déchets alimentaires, etc. Ensuite, les essentiels, les plantes hyper connues. Et ensuite, si j'ai bien compris, vous êtes arrivés à vos plantes locales. Et comment on arrive à trouver les plantes qui, autour de nous, sont teintoriales ? Est-ce que c'est du hasard ? En se disant, tiens, celle-là, elle est sympa, j'en ai plein, est-ce que j'essaye ? Ou est-ce que là, il y a eu aussi une recherche documentaire en se disant Attends, je ne vais pas perdre du temps à essayer quelque chose, je m'oriente un petit peu comment ça s'est passé.

  • Speaker #1

    C'est vraiment entre les deux. C'est vraiment... Alors déjà, la chance que j'ai eue, c'est de quitter Paris pour vivre à la campagne. Donc, j'ai eu un accès aux plantes très facilitées. Moi, je connaissais un peu les plantes aussi avant, grâce à ma grand-mère qui les connaissait un peu pour le côté médicinal. Donc, il y avait déjà un certain nombre de plantes dont je savais qu'elles avaient des usages au-delà médicinal, mais teintorial, etc. Et après, non, je me suis assez vite inspirée des vieux bouquins de botanique et des vieux bouquins de teinture, des traités de teinture traduits. Et puis, il y a beaucoup de traités de teinture ou d'ouvrages intéressants. Alors parfois, comme c'est vraiment un langage auquel on n'est plus habitué, c'est un peu difficile à... à comprendre comme littérature, mais sur le site, je crois que c'est de la BNF, en libre accès, il y a accès à énormément de choses. Donc, j'ai beaucoup lu tout ça, j'ai transcrit un peu avec les plantes que j'avais sur mon territoire. La chance que j'avais, c'est que la plupart des plantes, moi, je n'ai pas eu de problème d'identification, c'est-à-dire que je les reconnaissais. Voilà, allez, admettons l'anthanésie. Très bien, je me promène, je reconnais la tanaisie, parce que je la connaissais auparavant. Donc le côté identification botanique, j'ai pas été trop embêtée, mais j'ai quand même acheté des bouquins de botanique pour être sûre de mes identifications, pas me mettre à travailler avec de la grande ciguë plutôt que de la carotte sauvage. ça se distingue cette identification quand je fais des cueillettes ou des balades territoriales avec des stagiaires ou des gens que je forme c'est une identification je passe beaucoup de temps pour expliquer les différences entre carottes sauvages grandes silues cerfeuils etc parce que c'est hyper important et parce qu'il y a des gens qui se plantent et parce que c'est dangereux quand même et dans le livre j'ai fait tout un pavé justement sur l'identification de la carotte sauvage et mon éditrice m'a dit mais Dorian c'est trop long là tu développes beaucoup plus pour cette plante est-ce que ça vaut le coup ? et je lui ai dit bah ouais et puis de toute façon si vous êtes pas ok il n'y a pas la plante dans le bouquin parce que pour moi ça c'est essentiel donc donc c'était vraiment voilà c'est un peu ça s'est passé un peu comme ça le cheminement à la fois repérer quelles sont les plantes que j'avais dans mon environnement et puis et puis travailler quand même à partir d'ouvrages botaniques ou de teintures très anciens et et après la saisonnalité a été découle de ça en fait ça découle naturellement de ça c'est pas un souhait ou un ou un une démarche particulièrement consciente de ma part c'est juste que quand on vit et qu'on travaille avec ce qu'on récolte il y a des saisons où on récolte telle chose et d'autres saisons où on récolte telle autre chose même si là, depuis quelques années, c'est un peu compliqué au niveau de la saisonnalité sur certaines plantes. Mais il y a quand même une saisonnalité, même pour avoir la meilleure valeur teintoriale de la plante, il y a une saison à respecter. On ne va pas cueillir une tomate verte sur un pied de tomate juste parce qu'elle est là. On va attendre qu'elle mûrisse, qu'elle soit rouge. Avec les plantes, c'est la même chose. Et ça, c'est hyper important à voir. Après, ça force à la lenteur. Ça force au... ça force à la patience, ça force à l'humilité aussi face aux saisons, etc. Et ça, je pense que c'est important. Moi, je réponds souvent à des personnes qui me demandent telle couleur ou telle autre. Non, en fait, là, ce n'est pas possible, on va attendre six mois. Alors, certaines personnes trouvent ça ultra poétique et génial et c'est l'occasion d'avoir des échanges sympas. Et d'autres personnes vont dire, non, en fait, c'est tout de suite qu'il me le faut. ouais mais en fait non en teinture il y a un temps long et ce temps long il est indispensable pour la récolte des plantes et puis au delà de ça dans la technique de teinture pour avoir des couleurs vraiment solides on peut pas faire une couleur en urgence trop rapidement

  • Speaker #0

    ok et du coup le livre il est arrivé avant le projet Maison Septembre ou c'est d'abord le projet Maison Septembre ça s'est fait dans quel ordre du coup ?

  • Speaker #1

    oui c'est d'abord le projet Maison Septembre Maison Septembre l'entité Maison Septembre c'est depuis 2018 et le livre lui là il a été publié il est sorti début novembre 2022 donc bien après non c'est une échelle très courte mais après

  • Speaker #0

    Et du coup, alors Maison Septembre, est-ce que vous pouvez nous raconter l'idée, la genèse, ce que ça rassemble comme... comme projet ? J'ai l'impression que c'est deux projets, moi, en un. Mais j'aimerais bien entendre votre...

  • Speaker #1

    Ça rassemble plusieurs choses, Maison Septembre. Maison Septembre, c'est né autour d'un lieu, finalement. C'est vraiment né autour de ce lieu dans lequel je vis et je travaille et on accueille des personnes aussi en maison d'hôte. C'est une ancienne ferme dans un petit village hyper vert de Langeau, pas très loin d'Angers. vraiment au cœur de vignes. Et en fait, on est en proximité avec des vignes et avec le fleuve, avec la Loire. Et donc la Loire, c'est un fleuve qui est sauvage, qui est très peu contraint par l'humain. Donc c'est un fleuve qui est magnifique, qui a énormément de diversité, à la fois en termes de faune et de flore. Et d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles dans mon lieu de vie, dans mon environnement de vie, j'ai autant de plantes à disposition. Après, il y a aussi beaucoup d'espaces protégés dans lesquels je ne fais pas de cueillette parce que ce n'est pas autorisé de cueillir parce que la nature est trop fragile dans ces endroits-là. ça n'empêche pas de faire des identifications et des repérages ou un recensement, c'est toujours intéressant aussi donc voilà, ce petit lieu à la campagne très sympa et la rencontre avec cette maison, cette ancienne ferme qu'on a rénovée et qu'il y a plusieurs bâtiments donc on a aussi eu l'idée d'en faire des chambres d'hôtes pour accueillir un peu des gens, moi c'est vrai que je venais d'un boulot où je recevais du public énormément et je me suis dit oulala, quitter Paris, plus changer de boulot, beaucoup de changements et surtout ça fait beaucoup moins d'humains face à moi donc le projet de maison d'hôte a un peu été lié à ce constat là et puis après moi j'ai installé mon atelier teinture etc dans ce lieu, donc voilà pour le lieu et pour aussi le nom un peu maison septembre qu'il fallait bien trouver et puis c'est jamais facile de trouver un nom de marque

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ce lieu, vous accueillez des personnes qui viennent en chambre d'hôte. C'est forcément lié à la teinture végétale ou il y a des gens qui peuvent venir en chambre d'hôte sans avoir de lien avec un atelier de teinture ou c'est plutôt à destination de combiner les deux, maison d'hôte et atelier de teinture ?

  • Speaker #1

    Alors jusqu'à présent c'était vraiment complètement fractionné c'est-à-dire que des personnes, on a accueilli beaucoup de vacanciers, de cyclistes de randonneurs, etc. sans aucun lien avec la teinture, qui ignoraient qu'il y avait un atelier de teinture dans le même lieu c'était vraiment des mondes un peu parallèles quand même là à partir de cette année on va plutôt réorienter vraiment sur l'accueil des personnes pendant les périodes de stage ou à l'occasion de stage, etc. même si la maison d'hôte reste ouverte pour accueillir tout le monde mais c'est plus qu'on sera moins actifs pour accueillir des touristes cet été parce que c'est un manque de temps moi maintenant j'ai absolument plus le temps pour accueillir comme je le souhaiterais tout au long de l'été donc je préfère rationaliser

  • Speaker #0

    un peu pour essayer de faire bien et du coup il y a combien de chambres à Maison Septembre ?

  • Speaker #1

    il y a deux chambres d'hôtes

  • Speaker #0

    d'accord ok et alors du coup si j'ai bien compris vous proposez des stages des stages il y a différents pas niveaux mais il y a différents thèmes de stages oui est-ce que vous pouvez en dire un petit peu plus pour ceux qui écoutent et qui seraient intéressés de comprendre les nuances et les différents stages

  • Speaker #1

    Oui, il y a des stages. Alors là, le contenu est à peu près similaire. C'est vraiment le format qui va changer. C'est-à-dire qu'il y a un premier stage qui dure deux jours. Et donc, ces deux premiers jours, c'est vraiment consacré à la teinture végétale classique. On fait une assez grande promenade de cueillette et de reconnaissance de plantes teintoriales. Et puis après, la journée et demie qui reste, on la consacre à faire de l'échantillonnage de coloris pour que les gens puissent avoir un premier répertoire avec, je ne sais pas, une petite centaine d'échantillons pour commencer à créer cette petite bibliothèque de référence. Ça fait beaucoup parce qu'on travaille chaque couleur sur quatre types de fibres, de la laine, du coton, de la soie et du lin. et à chaque fois on travaille la couleur on la nuance à partir d'une plante on va dire on peut faire plein d'échantillons différents donc il y a ces deux premières journées qui sont concentrées sur créer ces échantillons et ensuite la troisième journée qu'on peut associer ou détacher du reste c'est la journée indigo donc monter une cuve naturelle la réactiver, teindre dedans avec les techniques de Shibori et les deux dernières journées, pareil, qu'on peut soit associer ou venir juste ces deux jours-là c'est les journées consacrées à l'écoprint donc impression végétale au cours desquelles on fait du bundle dyeing, du tatakizo mais ça dépend vraiment des personnes présentes j'essaie de construire les programmes de formation en fonction de ce que les personnes attendent même sur les types de fibres qu'on échantillonne ou qu'on travaille s'il y a des personnes présentes qui souhaitent travailler absolument sur je n'en sais rien du champ voilà on va intégrer le champ dans l'échantillon et voilà et donc ces 5 journées on peut soit les faire à la suite soit les fractionner soit n'en faire que les deux premières les deux dernières celles du milieu voilà c'est vraiment L'idée, c'est que ça s'adresse à tout le monde, de la personne qui découvre complètement jusqu'à la personne qui souhaite l'intégrer, par exemple, dans son approche créative. Voilà, c'est très, très varié. Et après, c'est moi qui essaie d'adapter au groupe présent. C'est aussi la raison pour laquelle, maintenant, j'accueille six personnes maximum en même temps, parce que... ce nombre-là permet vraiment, même moi, s'il faut, certains soirs, prendre une heure ou deux en plus avec telle ou telle personne dont je sens qu'elle souhaite en savoir plus sur telle chose. Et donc, ça fait vraiment un format qui est sympa. Et puis voilà, le cadre, la campagne. un peu coupé de la ville et du bruit et d'un rythme de folie ça a souvent au bout de la première journée on sent que les gens se posent et que voilà et puis les groupes généralement ça crée des groupes qui continuent à se voir après ou à être en relation et ça c'est c'est hyper hyper précieux d'assister à ça en fait c'est toujours très touchant

  • Speaker #0

    Ok. Donc du coup, on retrouve toutes les informations sur le site Maison Septembre. Je le mettrai dans le descriptif, comme ça les gens qui seraient intéressés par une partie, toute partie ou même la chambre d'hôte pourront retrouver les infos. Du coup, j'avais aussi une autre question sur le choix des fibres que vous travaillez. J'ai vu, si je ne dis pas de bêtises, essentiellement la laine. Est-ce que vous pouvez me dire un petit peu quelle est la fibre ? que vous préférez teindre, pourquoi, et voilà, un petit peu, quelles sont les fibres que vous travaillez et vous préférez.

  • Speaker #1

    Oui. En effet, je travaille surtout sur la laine. Est-ce que c'était vraiment un choix à l'origine ? Finalement, je ne sais pas, parce que moi, je tricotais beaucoup, moins maintenant par manque de temps, mais j'ai toujours beaucoup tricoté. Et voilà, je me suis dirigée vers une matière que je travaillais moi-même. mais de plus en plus je travaille le coton, le lin beaucoup de vieux tissus que je récupère ou qu'on me donne des super qualités en plus de fibres des lins, des métisses des trucs canons qu'on peine à trouver sinon neuf en plus et puis la démarche de réutiliser, de revaloriser ça fonctionne tellement bien avec la teinture naturelle c'est vraiment un L'univers est hyper cohérent et ça peut donner lieu à plein de belles créations. Donc laine et tissu, mais surtout laine. Et alors laine, pourquoi ? Parce qu'il y a la marque de fil à tricoter Maison Septembre associée et puis surtout au cœur de mon activité. Donc j'ai toute une communauté aussi autour du tricot et de la laine qui est importante et qui me suit depuis longtemps et qui est quand même la base de mon activité.

  • Speaker #0

    et du coup voilà après la laine a une affinité particulière avec la teinture naturelle ça explique aussi voilà le panel de couleurs qu'on peut faire c'est quand même une matière géniale en teinture c'est quand même vachement plus gratifiant et rapide de teindre un écheveau de laine que de s'attaquer à un gros coupon de lin bien voilà bien rédit encore et là on sait qu'il y a du boulot sur la fibre avant de pouvoir vraiment la teindre même si une fois teinte c'est canon et c'est génial aussi mais disons que voilà il y a beaucoup de travail et les laines après dans la même démarche que je travaille des choses naturelles en couleur j'ai voulu aussi travailler sur des fibres naturelles donc c'est des laines qui sont filées en France pour certaines elles sont entièrement réalisées en France, c'est à dire qu'elles sont issues de filières de revalorisation de laines un peu délaissées auparavant, c'est à dire des laines qui sont issus de races de moutons pas forcément lénières, mais dont on commence à récolter la laine pour la valoriser à nouveau. Beaucoup d'élevages situés dans le massif central, puisque les filatures avec lesquelles je travaille sont situées en creuse, et elles développent des chouettes filières. par rapport à la laine je travaille pas mal de laine cardée de plus en plus parce que la laine filée finalement il y a plus de transformations et puis le process peut pas être entièrement réalisé en France donc voilà c'était aussi un peu la limite que j'avais à travailler la laine filée et d'autant plus que la laine cardée prend très très joliment la couleur et c'est des laines qui sont de...

  • Speaker #1

    J'allais poser une question moi qui suis néophyte nouvelle dans le sujet c'est quoi la différence entre les deux laines que tu viens de citer du coup ?

  • Speaker #0

    alors pour dire les choses vraiment en résumant fort mais pour que l'image vous l'ayez en tête les laines filées, la laine filée c'est une laine qui va subir un peu l'étape du peignage du fil c'est comme il faut imaginer deux grands peignes l'un sur l'autre pour essayer de ranger les poils dans le même sens le fil peigné cette étape il va la subir énormément, plusieurs fois etc donc les poils vont être vraiment rangés de manière perpendiculaire et donc ça va faire un fil qui va avoir un aspect beaucoup plus lisse alors que la laine cardée, cette étape est réalisée beaucoup moins en quantité et donc il faut imaginer les fibres plus agglomérées les unes aux autres donc ça fait un rendu beaucoup plus je vois du coup mais j'avais pas les termes non mais c'est du langage en effet j'aurais dû détailler un peu Et c'est pareil au niveau de la fibre, c'est des laines naturelles. Naturelles, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est des laines qui ne sont pas traitées chimiquement, c'est-à-dire qu'elles ne reçoivent pas de préblanchiment et surtout, elles ne sont pas traitées superwash. Superwash, c'est ce fameux traitement qui a permis aux laines de passer à la machine à laver à partir des années 60-70, pour plein de raisons. parce que ça apparaissait aussi en même temps que l'apparition massive des fibres issues de la pétrochimie qui elles passaient en machine à laver donc on a appliqué des traitements au laine pour qu'elles aient les mêmes conditions d'entretien et ça a été à l'époque vu comme un progrès sauf qu'actuellement on se rend compte quand même qu'à la fois au niveau du moment du traitement c'est ultra polluant c'est vraiment des... Pour résumer pareil à nouveau, les fibres subissent un bain de chlore et ensuite elles sont enduites d'une résine de plastique très fine. C'est une laine qui n'a plus grand-chose à voir avec les fibres naturelles puisque la structure de la laine est complètement cassée, elle perd ses qualités isolantes. C'est vraiment une laine en plastique, pour dire les choses un peu vite. et surtout ça induit une pollution au moment du traitement et ça induit une pollution tout au long de la vie de la fibre puisqu'à chaque lavage ces fameuses micro-particules vont être libérées dans les eaux usées et sont beaucoup trop fines pour être filtrées par les unités et donc ça c'est vraiment ces fameux plastiques qu'on retrouve dans l'océan on est vraiment sur ce type de produit moi j'essaie de communiquer de donner les infos sur ces thèmes là mais je sens que même dans un public de tricoteurs assez experts ces notions sont assez peu connues parce qu'il y a très peu les marques ne communiquent pas du tout là dessus évidemment c'est pas très vendeur mais c'est une réalité

  • Speaker #1

    aujourd'hui donc voilà donc fibre naturelle et puis surtout un gros une grosse partie de la transformation voire de la réalisation en France donc vous vous produisez donc vous avez plusieurs activités vous avez votre votre chambre d'hôte vos ateliers vous vendez de la laine et vous avez une communauté autour du tricot plus le livre. Ça m'amène à une petite question qui, au fil des échanges avec les passionnés de teinture végétale, me fait dire qu'en fait, vivre uniquement de la teinture végétale sur un domaine peut être... compliqué ? Comment on vit aujourd'hui de cette passion de la teinture végétale ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que sur une unique activité, ça dépend. C'est toujours pareil, ça va dépendre du modèle économique, ça va dépendre de... Et ça, finalement, c'est des sous-thèmes qu'il faut absolument aborder. Quel niveau de revenu on attend ? Quelle est notre manière de vivre ? Parce que moi, ma vie aujourd'hui à la campagne, elle n'est pas celle que j'avais quand je vivais dans le 14e arrondissement de Paris. Donc, c'est des modèles de vie aussi à modifier un petit peu. Après, au demeurant, vivre entièrement de la teinture végétale, je ne sais pas. je sais pas moi c'est pas mon cas je vis pas que de la teinture végétale en tant que activité unique puisqu'en effet c'est multi il y a plusieurs facettes mais peut-être certaines personnes réussissent peut-être à le faire là moi j'ai pas assez de recul ou de référence en tête pour vraiment répondre catégoriquement non c'est impossible aujourd'hui j'aurais presque tendance à dire faut tenter parce que finalement le fait de trop diversifier mais après c'est mon expérience personnelle et très empirique c'est à dire qu'on se disperse sur plein de pôles d'activités et parfois il y a un peu ce sentiment de déperdition de qualité dans chacune des facettes de notre activité donc voilà après je pense que à la fois quand on est artiste et qu'on utilise beaucoup la teinture ou créateur textile etc pourquoi pas je pense que ça peut être des activités qui suffisent à elles-mêmes et j'ose espérer que de plus en plus la consommation ira vers des couleurs naturelles voilà et donc justement ça m'amène à une autre question c'est selon

  • Speaker #1

    vous qu'est-ce qu'il faudrait pour qu'on réemploie la teinture naturelle pas plus grande échelle dans le sens partout pour tout, mais quel verrou il faudrait lever pour que ça se déploie davantage, cette pratique ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il faut qu'on... Si on prend un peu le cycle dans l'ordre, je pense qu'il faut en effet qu'on ait des gens formés de manière un peu rigoureuse à la teinture. C'est-à-dire que moi, en formation, ça m'est arrivé d'accueillir des personnes sur une formation de deux jours, et après, je prenais des nouvelles et elles étaient devenues teinturières végétales. En fait, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. On ne se forme pas à la teinture en deux jours. C'est un cheminement qui est long. En fait, le temps long dans la teinture, dans la récolte, dans le travail de la fibre, il se traduit aussi dans l'apprentissage. de la technique. C'est-à-dire qu'on est quand même sur une activité... L'apprentissage était long au Moyen-Âge de la teinture et ce n'est pas pour rien, c'est très complexe quand on voit le temps passer par les apprentis sur ne serait-ce que le mordansage, parce que c'est une telle complexité le mordansage qu'on ne peut pas simplifier ça à l'extrême. Donc je pense qu'il faut avoir cette rigueur quand même scientifique de se dire... L'apprentissage il est long. Et puis on est dans l'artisanat. Donc dans l'artisanat, enfin le sens de l'artisanat c'est le geste on le fait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait et on le refait encore. Parce qu'on se plante, parce qu'on y arrive et qu'à force de faire, on maîtrise. Mais c'est pas à force de faire 10 fois, c'est à force de faire 100 fois ou 150 fois. Et cette patience, il faut l'avoir. Et je pense qu'à ce prix-là, on aura des artisanes et des artisans teinturiers qui produisent une teinture de qualité. Et je pense que c'est important de le dire. Ce n'est pas une critique, c'est juste que c'est une réalité. Et que pour travailler avec beaucoup d'autres artisans, ébénistes, etc., ce sont des gens qui vont mettre plusieurs années à maîtriser leur savoir-faire. Et en teinture, c'est la même chose. Donc ce premier point, déjà avoir des professionnels qui soient qualifiés, on va dire de manière un peu rigoureuse, Et puis après, peut-être se fédérer davantage, réussir à trouver un organe au sein duquel échanger, améliorer nos process, améliorer notre manière de fonctionner, à la fois dans les gestes, dans la manière de faire vivre notre artisanat. et puis après que les grands acteurs s'intéressent à la teinture naturelle, c'est-à-dire toute l'industrie du textile qui est encore vraiment loin de ses préoccupations, enfin, qui n'est pas loin de ses préoccupations mais qui est loin encore d'être prêt à faire le pas d'intégrer la teinture dans ses produits mais ils sont pas seuls responsables entre guillemets c'est-à-dire qu'il faut que le consommateur aussi prenne conscience de certaines choses et que j'ai quand même moins souvent des remarques encore liées au fait de c'est bien, c'est joli mais en fait c'est pas solide, ça va pas tenir dans le temps on va pas pouvoir faire subir ça et ça à ton tissu voilà c'est toutes ces représentations qu'il faut déconstruire et donc les représentations

  • Speaker #1

    Oui, les représentations, c'est ce que j'entends, la tenue des couleurs aux UV et au lavage, le fait qu'on ne peut pas avoir, selon certains, des bains qui soient uniformes et du coup reproduire des couleurs parfaitement similaires. C'est un peu ça que j'entends depuis le début, d'a priori. J'interroge les gens dans mon entourage, c'est la première chose. Alors déjà, il faut que les gens connaissent. il y a énormément de gens qui ne connaissent pas et quand ils connaissent, ils ont des a priori et ils me citent, et vous l'avez fait au début l'époque que Baba coule C'est dingue. Donc, c'est ça. Ah oui, non, mais ça, c'est un truc de baba cool. C'est une couleur qui est terne, aussi, on me dit. Alors qu'en formation, j'ai bien vu les couleurs. Elles sont magnifiques et elles sont vives. Donc, il y a aussi à déconstruire les fausses idées reçues des particuliers. Et quels seraient les leviers pour les particuliers ? à faire sauter. Teindre naturellement, c'est plus long et donc aussi plus coûteux. C'est l'unique levier pour les particuliers où il y a un autre levier à activer.

  • Speaker #0

    Pour les particuliers, je pense que oui, je pense que ça, c'est un levier important. La capacité à accepter de mettre un certain prix dans une création, dans un tissu ou dans un vêtement teint avec des plantes. Après, c'est le rapport à la consommation. Moi, je pense que finalement, je viens de plus en plus au textile et au vêtement qu'avant parce que, justement, en m'intéressant à ces questions de pourquoi est-ce que la teinture naturelle ne s'aime pas davantage, parce que Moi, il y a 10 ans, je n'aurais pas anticipé, je n'aurais pas imaginé que la teinture naturelle ne se soit pas plus développée en 10 ans. Si je fais un bilan, je trouve que c'est un peu déceptif. et finalement ça questionne parce que finalement le produit il est créé et produit pour un consommateur donc la place du consommateur elle est aussi à questionner, c'est à dire accepter d'acheter moins de vêtements, d'acheter des vêtements de meilleure qualité etc, donc il y a aussi toute une démarche dans cette consommation à questionner parce qu'on peut tout à fait avoir des fringues en teinte avec des plantes et des coloris ultra punchy c'est tout à fait possible. L'excuse de la couleur, je pense qu'elle n'est pas assez solide. C'est complètement...

  • Speaker #1

    Des a priori.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et les a priori sont nombreux, ils sont ancrés. Et après, quand on passe sur un public professionnel, moi, j'ai déjà entendu des personnes qui me disaient... S'il fallait qu'on cultive des plantes teintoriales pour massifier la teinture naturelle, il n'y aurait plus de terre agricole, tout serait consacré à la culture de plantes teintoriales. Là, on est dans du fantasme, on est d'accord, mais on est quand même sur un fantasme. Je vous assure que même parmi les teinturiers et teinturières, il y a des gens qui peuvent dire des choses comme ça. Et ce ne sont pas des gens a priori qui viennent du monde agricole et qui connaissent les réalités agricoles. On est vraiment sur la représentation au sens propre du terme, c'est-à-dire véhiculer des a priori qu'on considère comme étant valables parce qu'édictées par telle autorité. Donc il y a tout un travail de déconstruction. Mais nous, on a notre responsabilité. Moi, par exemple, je prends complètement la responsabilité de ne pas… de ne pas suffisamment communiquer sur ces thèmes auprès de mon public. Le bouquin, le livre, avait un peu cet objectif aussi, et notamment la fin du livre, ce fameux manifeste. Alors, je sais que certains lecteurs le lisent avec attention et me font des retours sur ces pages précisément. Je sais que d'autres lecteurs vont les survoler ou pas forcément trop entrer dedans, parce que c'est... Voilà. Mais moi, je trouvais ça hyper important qu'il figure dans le livre, d'ouvrir un peu, justement, vers tout ça.

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a donné... En fait, j'avais l'idée de faire un épisode sans intervenants et de parler uniquement de l'impact des pigments pétrochimiques sur... l'industrie textile sur l'impact, donc avec les 20% d'eau potable qui sont polluées par rapport à ça. J'ai retrouvé des chiffres dans votre livre avec 15% des pigments qui en fait n'adhèrent même pas à la fibre et partent directement dans l'eau. Du coup, je pense qu'en m'appuyant sur les chiffres de l'ADEME et quelques autres sources que j'ai trouvées, je vais faire un épisode un peu introductif sur l'impact que ça peut avoir sur l'eau, sur le sol, etc., pour donner un peu le sens que c'est une alternative. Ce que j'ai aimé aussi, du coup, on revient à ce manifeste, c'est que... il y a donc cette a priori sur la résistance donc on peut, la résistance d'une couleur dans le temps, aux UV, au lavage etc, qu'on appelle nous en termes dans la teinture, la solidité de la teinture, si je dis pas de bêtise, et là bien sûr c'est, et là Michel Garcia me l'a activement dit, si le travail est bien fait et qu'on comprend ce qu'on fait la couleur est solide et tient dans le temps donc c'est quelque chose à déconstruire sur le coût de production c'est clairement entendable en fait que avec des pigments qui sont pas des pigments, faut que j'arrive de me tromper des colorants qui viennent des plantes forcément c'est plus compliqués à collecter, à fabriquer. J'espère que je vais réussir à avoir Greening, le fabricant de colorants de pigments, au podcast. Ce serait génial pour avoir justement tout ce process. Donc, le coût de production, je l'entends, je le comprends et je pense que c'est... Finalement, si on l'explique, pas trop compliqué à comprendre pour le particulier. Moi, qui suis ingénieur agro, la question qui m'intéresse et là où j'aimerais trouver des réponses, c'est exactement ce qu'on vous a dit sur, attention, si on veut tout teindre de manière naturelle, on va déséquilibrer les terres, etc. Parce qu'il en faudra trop. Ça, j'aimerais vraiment creuser ou trouver des ressources pour justement apporter et lever ce frein.

  • Speaker #0

    qui est qui pour moi alors ce fin il est moi j'ai quelques éléments de réponse mais c'est hyper parcellaire c'est très pas du tout complet moi j'avais échangé je me souviens plus avec qui je sais que historiquement c'est des arguments qu'on entend beaucoup moins aujourd'hui mais qui ont été beaucoup plus brandis il y a de ça plusieurs dizaines d'années Il ne faut quand même pas oublier que l'avènement des teintures chimiques, c'est très récent. C'est vraiment à l'échelle de l'histoire, c'est très récent. Et il y a aussi des intérêts économiques associés. Et que probablement, il y a quand même eu aussi une partie un peu de lobbying. Alors à l'époque, ce n'était peut-être pas forcément ce mot. Mais je disais... qui a aussi véhiculé ce genre de discours sur la répartition des terres écoles. Je crois que ça fait partie de la naissance de cet a priori. mais qui est complètement à déconstruire alors là si vous voulez vous y atteler allez-y je suis hyper preneuse de rentrer plus dans le détail d'expliquer les choses d'autant plus qu'on peut tout à fait imaginer des cultures qui pourraient à la fois être productrices d'aliments tout en produisant de par un déchet ou associé aux ressources territoriales c'est juste que c'est des choses à imaginer et qui sont à construire et ça je trouve que là on touche aussi la limite aujourd'hui parfois de la teinture naturelle qui est que c'est chouette d'être dans nos ateliers je me souviens je parlais avec une personne qui travaille dans la filature dans laquelle j'achète la laine en creuse qui me disait mais vous les teinturiers végétaux vous êtes bien mais alors vous êtes enfermés dans votre petit atelier là à rester replié chacun sur votre propre univers on manque de mise en commun, on manque de partage, on est quand même encore très marqués, je trouve, par ces fameux secrets d'atelier, transmission orale, voilà, se dire je vais refaire la recette telle qu'elle est écrite dans ce vieux traité de teinture, mais en fait, non, je n'obtiens pas ce que je suis censée obtenir parce que je sais bien que l'ingrédient secret ou la technique, voilà, elle n'est pas écrite parce que c'est une transmission orale et qu'on est encore dans ce culte un peu du secret de garder ces trucs d'atelier. Et je trouve que ça, c'est une énorme erreur parce que ce manque de transmission à une période, c'est ce qui a conduit à une perte de savoir-faire aussi. Donc ça, c'est aussi important en teinture qu'on réussisse à comprendre que tout le monde peut fonctionner ensemble et que surtout, ces temps communs, ils peuvent être, je pense, producteurs de... Oui, produire des choses vraiment intéressantes.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, pour rebondir aussi sur les leviers qui pourraient faire que la teinture naturelle se démocratise et n'impacte pas forcément l'histoire des terres, etc., je pensais aussi au fait de… Bon, ça commence, mais tout ce qui est déconstruire aussi la fast fashion en se disant, voilà, maintenant, il y a 24 collections, alors qu'avant, on en avait deux. Ça, ça s'est fait en même pas dix ans de temps. Est-ce que, en fait, le message de la teinture naturelle ne devrait pas se coupler aussi à un message de arrêtons d'acheter 17 vestes, arrêtons d'acheter… Enfin, je dis ça sans jugement parce que, pareil, moi, je tombe aussi dans… dans ces pièges. Moi, je trouve, quand on est éloigné des villes et un peu plus en campagne et un peu plus sur des sujets où on s'intéresse à la botanique, au naturel, je trouve qu'on est un peu plus préservé. Mais je pense que ça s'associe aussi avec le fait qu'il faut arrêter d'avoir des vêtements qu'on ne porte même pas. Et un an après, on les met à la benne parce qu'en fait, on ne les a pas mis. Mais sauf que la réalité derrière, c'est qu'après la benne, généralement, c'est... l'enfouissement ou l'incinération, et ça vient de nouveau polluer les sols et l'eau, et des fois on ne sait... rien n'en faire parce que les matériaux sont mélangés. Et c'est un peu ce qu'on aborde avec Clément Bautier dans l'épisode qu'on a enregistré avec lui, où lui sensibilise justement à tout ça. Donc, je pense qu'en fait, il y a plusieurs éléments, mais qu'en effet, c'est des choses qu'il faut déconstruire pour les particuliers et pour les entreprises.

  • Speaker #0

    mais complètement de toute façon une production de couleur naturelle ne pourra pas être une production de masse pas aujourd'hui en tout cas et ça c'est en effet un prérequis pour envisager toute extension de la teinture naturelle c'est à dire qu'imaginer une duplication à grande échelle et en production de masse quel sens ça aurait ? je suis même pas sûre évidemment que ça s'associe à une consommation raisonnée, raisonnable c'est complètement corrélé, c'est évident tout à fait

  • Speaker #1

    et du coup j'avais une question aussi Doriane donc sur votre activité pour revenir à votre activité laine c'est vous qui teignez chez vous dans votre atelier ? alors est-ce que vous pouvez raconter un peu comment ça se passe comment vous choisissez les couleurs est-ce que vous vous inspirez des couleurs du moment, est-ce que c'est vraiment au feeling comment vous faites et racontez-nous un petit peu votre atelier de teinture comment on va à quoi il ressemble, comment ça se passe ça peut être intéressant il est petit,

  • Speaker #0

    il est pas beau c'est un vrai, souvent les gens sont un peu surpris parce que je pense qu'il y a un peu de fantasme aussi autour de l'atelier et en réalité c'est pas beau, c'est sale parfois ça sent pas bon c'est pas très propre il n'y a pas que des super accessoires ou récipients hyper design, hyper beau C'est un vrai atelier au sens où... Voilà, c'est comme les ateliers des artisans. Quand on va les voir, on est parfois un peu désappointé parce qu'on fantasie quelque chose. Voilà. Donc, il n'est pas... Il est très... Je ne le photographie pas parce que c'est un peu mon antre à moi et mon petit lieu secret. Donc, il n'est pas très grand. Alors, oui, au niveau des couleurs, avant, j'avais un peu l'habitude de faire le plus de couleurs possible pour qu'il y ait la plus grande proposition possible en termes de gamme de couleurs. Et puis... finalement je me suis rendu compte que ça me saoulait un peu d'aller vers cette exhaustivité, que ce n'était pas ma manière de fonctionner, que ce n'était pas ce que je souhaitais véhiculer non plus. Donc maintenant j'ai plutôt tendance à réduire la gamme de couleurs. Il y a quelques couleurs que je refais un peu tout au long de l'année, parce que j'arrive à garder les plantes, les mettre à sécher, enfin voilà. Mais globalement, hormis quelques couleurs que je vais reproduire, je dois en avoir une petite dizaine de couleurs que je reproduis. Après sinon les autres c'est un peu ce qui sort, c'est-à-dire... voilà là je vais récolter ça parce que j'en ai en masse dans la campagne et je sais que je peux cueillir là je vais travailler plutôt des choses que j'avais mis à sécher au grenier parce que j'ai envie de faire de la couleur on est en plein hiver et voilà j'ai envie de sortir des gris et des bruns ça se construit un peu comme ça, un peu au feeling et puis souvent j'ai un programme de teinture de couleurs etc et en fait ce qui en sort est assez différent quand les couleurs me plaisent pas je retins je fais beaucoup de teinture sur pied je retins, je retins beaucoup beaucoup euh

  • Speaker #1

    reteindre,

  • Speaker #0

    c'est-à-dire vous prenez quelque chose que vous voulez teindre ? Oui, voilà. La couleur que je fais ne me plaît pas ou n'est pas assez nuancée ou forte. Donc je vais laisser reposer un peu et je vais teindre dans un deuxième bain avec une autre plante. Ça va faire une couleur composée et c'est chouette parce que ça permet d'augmenter les nuances, le nombre de couleurs réalisées. et du coup auprès de mes clientes j'essaie de communiquer aussi sur le fait que par exemple si une personne veut réaliser un pull il faut vraiment qu'on regarde le métrage de film dont elle a besoin parce que moi je ne pourrais pas reproduire la couleur pour compléter c'est toujours cette petite attention d'essayer d'avoir le projet associé à la laine pour ne pas avoir de mauvaises surprises ou voilà Et les couleurs, c'est vraiment en fonction de ce que je trouve, ce que je récolte et ce que j'ai envie de faire. Je me suis un peu affranchie de ce truc de reproduire la même couleur. Je pense que j'essayais d'aller vers ça au début. Et puis, j'ai accepté qu'en fait, moi, ce n'était pas mon truc. Ça peut se faire, clairement, mais moi, ce n'est pas mon truc. Ce n'est pas assez créatif pour moi. Et voilà, je laisse ça à d'autres.

  • Speaker #1

    Et du coup, Dorianne, si je comprends bien, c'est des colorants que vous faites vous-même à partir de vos cueillettes. des plantes locales de votre environnement, du coup, il n'y a pas ou peu d'achats de colorants ou de pigments auprès de partenaires ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a quand même. Oui, j'achète peu, en fait. Je vais acheter des cochenilles parce que je travaille la cochenille. Donc là, on est en teinture naturelle et pas végétale parce que ça permet une gamme de couleurs que je trouve quand même vraiment hyper intéressantes et complémentaires. donc j'achète des cochenilles en Espagne et après si j'achète de l'indigo moi je ne produis pas du tout mon indigo donc j'achète l'indigo tu fais en France l'indigo ? ouais je l'achète en France, dans le sud de la France c'est pareil je pourrais vous donner l'adresse parce que pareil pour avoir des gens c'est top des gens au micro oui c'est un bel univers là aussi et puis après je travaille encore un petit peu avec du bois de campèche j'essaie de réduire ou de remplacer ou de minorer etc mais j'ai encore un peu de bois de campèche donc j'achète et après voilà globalement ça va être à peu près tout parfois quand j'ai pas assez de noix de galles j'en achète mais là quand je m'organise bien j'arrive à en avoir assez c'est à peu près les matières teintoriales que j'achète

  • Speaker #1

    c'est pas du tout il y a des petites choses que j'achète en plus et du coup vous avez donc un programme de cueillette un programme de séchage un programme pour faire pour colorer les laines un programme pour faire vos poudres, enfin je sais plus, vos extraits de plantes je sais plus comment on appelait ça mais les extraits de plantes oui oui Donc tout est organisé, dans l'année, tout est rythmé, il n'y a pas de journée pareille, vu qu'on travaille avec le naturel. Ok,

  • Speaker #0

    top. Non, non, non, et ce serait parfois plus reposant d'avoir deux journées identiques. Non, là, au bout de 3-4 ans, maintenant, je sais un peu comment mon année se découpe et je peux m'organiser et surtout trouver des temps pour être un peu plus... travailler plus sur des projets au long terme, au long cours, et pas être uniquement dans le quotidien et la réponse à l'urgence. Mais en effet, ça occupe une année en entier.

  • Speaker #1

    Super. Du coup, j'avais plutôt une question maintenant tournée sur vos projets futurs. Qu'est-ce que vous envisagez pour la suite, que ce soit pour Maison Septembre ou pour les ateliers ? Qu'est-ce que vous avez comme projet pour la suite ?

  • Speaker #0

    Alors, pour Maison Septembre, je pense que l'axe principal, ça va être de réorienter un peu toute l'activité de chambre d'hôte autour des stages. Ça, c'est important pour moi pour même mentalement me libérer un peu d'espace sur la saison d'été et finalement, de manière parallèle, développer l'activité de formation parce que c'est vraiment quelque chose qui me plaît. Cet échange, cette interaction, elle est riche pour les personnes qui viennent apprendre, mais pour moi aussi, c'est essentiel. C'est ce qui a permis la naissance du livre. Moi, je me nourris beaucoup de toutes ces rencontres aussi. Il y a souvent des échanges qui se poursuivent bien au-delà des stages. Et je crois que mon environnement de travail, je n'ai pas de collègues, mais mon environnement de travail, c'est ces personnes qui sont venues se former. Elles ne se rendent pas toujours compte, mais qui m'inspirent beaucoup. Et ça, c'est très riche. Et j'ai vraiment envie de conserver ça. J'aimerais bien proposer d'autres, la teinture végétale sous d'autres formes en stage. À formaliser dans l'année, mais pourquoi pas. créer des encres, des aquarelles, de la sérigraphie, développer un peu tout ce point-là. Je pense que moi, je trouvais la teinture plus facile à mes débuts. Et plus on avance, plus on progresse, plus on découvre un peu la complexité du truc, plus on se dit waouh c'est genre vraiment complexe ça occupe largement une vie entière je pense après c'est génial parce que ça veut dire que c'est sans fin et qu'on peut toujours développer plein de trucs différents mais ouais en effet c'est énorme, le champ d'application est énorme c'est incroyable

  • Speaker #1

    du coup j'avais des petites questions rapides si vous étiez un colorant du coup vu que je ne peux plus dire pigment ce serait lequel et pourquoi ?

  • Speaker #0

    j'hésitais entre deux je pense que je serais à la fois une ortie et une ronce parce que c'est des plantes teintoriales géniales mais qui sont des sacrées mauvaises herbes qui sont centrales en teinture végétale qui peuvent être de couleurs différentes ça peut faire un jaune, vert, frais du gris, du beige selon comment on les travaille mais elles sont géniales ces plantes-là me fascinent est-ce que vous avez une source d'inspiration que vous voudriez partager ? j'ai énormément de sources d'inspiration si je devais en partager Dans le domaine de la teinture, je citerais quand même Dominique Cardon parce que je crois que sa rigueur me fascine. Sa rigueur et sa force de travail forcent le respect. Et c'est chouette, ça remet les choses en place. Et après, mon inspiration, clairement, c'est la nature aussi. Tout part de là. La saisonnalité, comment la terre évolue, comment la plante évolue. Ça, ça peut m'occuper beaucoup, beaucoup. ok c'est deux belles sources alors j'espère je croise les doigts on est en échange avec Dominique pour qu'elle intervienne sur le podcast je pense que ce serait génial pour les gens qui écoutent c'est en train de s'organiser et

  • Speaker #1

    moi en termes de sources d'inspiration c'est vrai que j'avais fait une interview pour un magazine qui m'avait posé un peu qui m'a demandé si j'avais une figure tutélaire ou quelqu'un, une grande référence en teinture Et en fait moi je pense que symboliquement c'est important pour moi aussi de citer des figures de référence féminine parce que je viens aussi de cette tradition de transmission des femmes, par les femmes, sur des pans c'est comme dans tous les secteurs, on est une majorité de femmes et on est très peu visibilisés et je trouve essentiel de le souligner, donc moi c'est vrai que j'ai à cœur aussi de mettre ça en avant de reprendre un peu la capacité à agir sur ces sujets en tant que femmes qui avons des cheminements, on le sait, qui sont moins simples. Voilà, donc moi, c'est vrai que mes sources de référence seront...

  • Speaker #0

    exclusivement féminine je dirais alors est-ce que Doriane vous pouviez citer quelques femmes comme ça qui sont de près ou de loin sur la teinture digitale,

  • Speaker #1

    on a cité Dominique Cardon donc chercheuse au CNRS oui alors c'est peut-être plus dans le monde anglo-saxon mais je trouve que donc Abigail Booth moi je la trouve extrêmement inspirante Rebecca Desnos aussi qui est qui est une, alors qui est pareil qui est anglaise et elle pour le coup son univers est très inspirant Il est assez consensuel et assez esthétisé, mais il est hyper inspirant et je trouve qu'il peut vraiment capter un peu des gens pas forcément sensibilisés à la teinture végétale et vraiment les choper un peu, les séduire et ça c'est hyper important aussi. Je citerai aussi une américaine, une Californienne qui s'appelle Christine Vejar, je pense que peut-être vous la connaissez, elle a écrit un livre qui s'appelle Le teinturier moderne, je crois, et qui a développé tout un univers esthétique très joli aussi autour de la teinture. Voilà, tout de suite c'est un peu ces références-là que j'ai en tête, mais franchement j'en ai plein d'autres. mais là ça se quitte bien spontanément sur plusieurs continents différents c'est chouette je suis franchement ravie de cet échange qui a été

  • Speaker #0

    franchement hyper riche on est parti un peu parti mais très intéressant et il y a des sujets que vous avez soulevé qui pour moi sont hyper importants on a parlé des femmes ça me touche énormément on a parlé de l'environnement ça me touche énormément vous avez parlé de la transmission de fédérer tout ça c'est des mots hyper importants pour moi je suis ravie franchement je suis ravie et du coup je voulais savoir est-ce que Doriane vous avez quelque chose que vous voulez rajouter là un sujet quelque chose

  • Speaker #1

    avant qu'on se quitte le sujet parce qu'on a fait le tour de plein de choses et puis après voilà il faut aussi laisser les imaginaires cheminer un peu seuls mais en effet le côté le fait de faire un podcast un format vraiment consacré à ce thématique c'est génial parce que ça peut faire du lien ne serait-ce qu'entre acteurs dans cet univers et puis faire émerger pourquoi pas de nouvelles vocations des cheminements Voilà et... Et non, moi ce que je retiens dans les échanges aussi, c'est le besoin de se fédérer, de prendre le temps d'échanger, d'avoir des rencontres. ça craint ça et finalement ce podcast pourrait déjà faire office de fil rouge moi j'ai hâte de découvrir les autres épisodes je ne sais pas quand est-ce qu'on pourra les écouter mais j'ai hâte ça va se lancer sur février moi mon échelle j'essaie aussi vachement de redorer un peu l'image de la teinture végétale, de rattraper des gens qui auraient eu des expériences pas géniales au début C'est hyper important, il y a un gros boulot de fond et une fois de plus je pense que c'est en sortant un peu de nos tanières et en communiquant, en expliquant les choses qu'on pourra redonner un peu ces lettres de noblesse à la teinture.

  • Speaker #2

    Je remercie Doriane pour nos échanges. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !

  • Speaker #3

    Sous-titrage ST'501

Description

⁉️Saviez vous que vous pouviez gérer le processus de la cueillette à la teinture végétale ?


Doriane Chagot Mansuy et nous explorons la teinture végétale, mettant en avant son application sur les laines non traitées chimiquement. On y aborde les défis de vivre de cette pratique de la teinture naturelle. Pratique à partir de plantes cueillies localement pour Maison Septembre. Doriane Chagot Mansuy encourage la rigueur dans la formation, tout en soulignant l'importance de déconstruire les préjugés et d'éduquer les consommateurs sur la teinture végétale. L'épisode aborde également la question de la résistance des couleurs dans le temps. L'épisode vous invite à aller découvrir cet univers fascinant de la teinture végétale sur laine et à réfléchir à son potentiel dans le contexte de la mode durable. 


Sur Instagram @MaisonSeptembre

Son livre : Plantes tinctoriales pour teinture naturelles - les reconnaître, les récolter, les utiliser.


❤️Vous aimerez aussi :

Teinture végétale sur laine en monobain #E2 - Michel Garcia - La transmission d'un savoir ancestral ICI

#E36 - Marie Marquet

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor -

#E49 - Mélusine Flament - Lainamac

#E56 - Elisabeth Berthon - le feutre

#E58 - Anaïs Chesneau - Babul & Bakli tapis en Inde

#E69 - Benoit De Larouzière - Filature Fonty

#E70 - Laura Chantebel - Fibre bio -

#E72 - Dorian Etienne


ArtEcoVert, LE podcast de la couleur végétale 🌿, de la graine à la couleur finale dans tous les domaines d'application : 

  • Alimentaire Teinture végétale : sérigraphie végétale, éco-print, bundle dye, shibori … sur fibres naturelles. La teinture végétale fait partie des teintures naturelles mais n’utilise que des plantes tinctoriales.

  • Cosmétiques : Coloration capillaire végétale, savonnerie (savons végétaux), maquillage,...  

  • Beaux arts : encres végétales, sérigraphie végétale, aquarelles végétales, peintures végétales, craies grasses végétales… 

  • Bio matériaux, bio plastiques teints végétalement, 

  • Agriculture de plantes tinctoriales et production de Colorants biosourcés (Pigments végétaux et Colorants végétaux) Garance, Indigo, Réséda, Tanins… 

En effet, on explore dans ce podcast un des nombreux pouvoirs des plantes à savoir : LA COULEUR 

L’objectif d’ArtEcoVert est de proposer la couleur végétale 🌿 comme alternative combinée à la couleur de synthèse, dérivée du pétrole et est néfaste. 

🚨 Je compte sur vous pour vous abonner à la newsletter du podcast pour ne pas louper la sortie des épisodes :https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1

Pour cela 

  1. ArtEcoVert  LE PODCAST 🎧

pour démocratiser la couleur végétale. Mais c’est aussi une communauté sur le Patréon d’ArtEcoVert : https://www.patreon.com/ArtEcoVert de plus de 180 passionnés du sujet qui font bouger les choses ! 

En rejoignant le patréon d’ArtEcoVert vous soutenez le podcast ArtEcoVert (pour qu’il dure) mais vous avez de nombreux avantages : 

  • Épisodes en avance ⌛

  • Épisodes exclusifs (dont les mini séries...)

  • Rencontres avec des e-tables rondes 👥

  • Des discussions instantanées que vous pouvez choisir et dans lesquelles vous pouvez parler avec les invités qui ont rejoint Patréon (Cécilia Aguirre, Aurélia Wolff, Charlotte Marembert, Beste Bonnard, Suzy Gallo, …) 💬

  • Des informations (sorties, actualités, événements…) 📣


  1. ArtEcoVert LE PROJET ⭐

pour catalyser la réémergence de la filière tinctoriale (construire du lien, des échanges, faire avancer, poser les bases, apporter les preuves, …) 

Pour cela, j’ai créer l’entreprise ArtEcoVert Pauline Leroux dans laquelle je propose

  • mes services :  issus des expériences antérieures (filières agricoles, RSE, Grande Distribution, Distribution Locale, ) et de ma formation d’ingénieure agronome

  • mon énergie 

  • ma passion pour les plantes

  • ma volonté de redynamiser cette filière 

Chaque mission contribuent à soutenir la pérennité du podcast ArtEcovert

Vous êtes intéressés : pauline.artecovert@gmail.com

Bonne écoute 👍

Pauline Leroux




Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure.

  • Speaker #1

    Je suis Ponyne Leroux,

  • Speaker #0

    ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valo. Mon but, pédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors,

  • Speaker #1

    c'est parti !

  • Speaker #0

    Bonne écoute ! J'ai le plaisir d'accueillir sur le podcast Doriane Chagot-Manzuy, qui a écrit le livre Plantes teintoriales pour teinture naturelle aux éditions Erol, livre sorti en 2022. Elle est également à la tête de la Maison d'hôtes Maison Septembre, qui est un concept avec deux chambres d'hôtes et l'atelier de teinture pour faire de nombreux ateliers de la cueillette à la teinture naturelle. Et Doriane est également une passionnée de tricot et propose des laines naturelles teints de manière naturelle. naturel évidemment. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute ! Si vous pouvez me raconter comment vous êtes arrivée à la teinture végétale, un peu votre parcours, vu que ça fait une dizaine d'années que vous êtes sur le sujet. Racontez-moi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup la teinture végétale ça a été un cheminement un peu... au long cours et hyper progressif parce qu'au départ, moi, j'en ai fait de manière très ludique pour teindre de la laine, pour faire des tricots pour moi, pour mes filles, et voilà. Et les enfants de copines, le truc un peu classique. Et à un moment donné, j'ai eu envie aussi d'élargir un peu la gamme des couleurs qu'on pouvait réaliser facilement parce que quand on commence, je pense qu'on est un peu tous pareils, c'est-à-dire qu'on va travailler avec des choses qu'on a dans la cuisine ou des déchets alimentaires ou des choses qu'on trouve facilement. et puis la gamme de couleurs produites au bout d'un moment on a aussi un peu envie de l'élargir et c'est quand j'ai vraiment voulu élargir la gamme de couleurs et puis aussi mieux comprendre ce qui se passait quand on faisait de la teinture le processus du coup mieux comprendre donc mieux contrôler mieux diversifier c'est là que je me suis dit voilà je me forme un peu j'ai pas trouvé de formation hyper il n'y a pas une école de couleur naturelle qui dispense une formation classique complète et accessible aussi en formation continue tout du moins donc j'ai beaucoup lu moi je suis un peu rentrée dans les ouvrages de teinture par les ouvrages super classiques, toutes les mémoires de maîtres teinturiers qui ont été rééditées et grâce à ça ça faisait un peu grimoire un peu relié à l'histoire et ça suscitait un intérêt chez moi. C'était super stimulant d'imaginer les couleurs. Je crois que ce qui m'intéressait, c'était d'avoir des couleurs qui étaient écrites, mais qui étaient complètement imaginables. Ça laissait énormément de place dans l'esprit à tout ça. Et moi, ça m'a beaucoup plu. Et puis, c'est un peu un détail, mais j'ai grandi à Chartres, qui est une ville... En fait, avec une cathédrale très ancienne et du coup très marquée aussi par toute cette période historique, le travail de la couleur, le bleu de Chartres, Lévitrault, ce bleu fameux est assez incroyable, assez mystérieux et complètement envoûtant et déroutant aussi de se dire que ça a été créé il y a aussi longtemps. Ça m'a toujours fascinée, petite fille. je l'ai retrouvé avec la teinture. Même si la teinture, en effet, c'est appliqué sur de la fibre textile, il y a quand même eu une résonance à ce niveau-là. Et donc, les formations. Donc, les ouvrages anciens, les ouvrages un peu plus contemporains. Mais moi, c'était il y a plus de dix ans maintenant que j'ai commencé vraiment à vouloir me former. Et à l'époque, il n'y avait pas de parcours de formation vraiment accessible. Et puis, au niveau des livres, c'était encore un peu... Alors, soit tout en anglais, et encore même en anglais, ce n'était pas hyper sexy comme littérature, soit vraiment des ouvrages un peu hérités des années hippie, qui sont en fait des puits de science et des ouvrages hyper intéressants. Mais disons que moi, sur le moment, je pense que c'était trop rebutant. J'avais envie d'un truc un peu plus sexy et accessible et qui donne envie, qui a aussi un intérêt porté à l'esthétique de ce que l'ouvrage transmettait. et voilà donc au fur et à mesure j'ai quand même trouvé des ouvrages parce qu'il y a eu une production littéraire assez exponentielle sur ce thème ces dernières années ce qui est très bien parce que ça propose une manière de voir la teinture naturelle sous différentes écoles moi je fais beaucoup de formations et j'ai toujours tendance à présenter une bonne quinzaine d'ouvrages aux personnes qui viennent se former en essayant de les orienter un peu vers l'ouvrage qui va leur convenir, c'est-à-dire des profils plus créatifs, on va tenter un peu tout et s'ouvrir plein de portes, des profils avec vraiment un souhait d'utiliser la teinture dans un but professionnel. Alors là, on revient à quelque chose d'ultra classique, académique, mais avec des recettes ultra solides et pérennes dans le temps et à la lumière. voilà donc cette production littéraire moi elle m'a aidée, j'en ai pas fait le tour je suis sûre qu'il y a des ouvrages que j'ai soit pas lu, soit non j'ai pas connaissance mais même du type de

  • Speaker #0

    et ça vous pourrez vous pourrez les partager bien sûr vos ressources comme ça soit je les mettrai en descriptif ou même en donner quelques-uns là pour les gens qui écoutent d'avoir des pistes par exemple un exemple pour un créatif qui est un peu dans l'expérimental et plutôt pour un pro si on a une petite boîte qui veut se lancer ou même plutôt des gens qui veulent essayer d'avoir un résultat pour un cadeau j'en sais rien quelque chose qui tient dans le temps

  • Speaker #1

    créatifs, moi je les oriente beaucoup vers le travail d'Abigail Booth qui a écrit un bouquin, alors le titre je ne l'ai plus mais je l'ai là c'est une artiste anglaise

  • Speaker #0

    Ça s'appelle le guide de la teinture végétale. C'est celui-ci ou pas ?

  • Speaker #1

    Exactement. Et celui-là, je l'aime beaucoup parce qu'il est... En fait, il est très ouvert. Il est vraiment... Moi, c'est un peu ce livre-là que je présente aux gens qui arrivent en stage et qui me disent Bon, alors, Dorianne, moi, tu précises bien les couleurs grand teint, les petits teints. Moi, j'ai besoin de savoir. Donc, tu me dis-tu que là... Ouais. Alors, du coup, les frontières, il va falloir les ouvrir un peu parce que... On est dans la teinture contemporaine aujourd'hui et il faut aussi avancer avec notre temps. Et Abigail Bouss, elle a eu cette démarche intéressante de se dire finalement, je ne veux pas faire un tissu qui va tenir en termes de solidité pendant 40 ans, je m'en fous. Moi, je veux expérimenter les couleurs. Je veux faire le tour de quelles sont les couleurs que mon environnement peut produire. qu'est-ce que je peux récolter autour de chez moi qu'est-ce que je peux utiliser en ressources locales et vraiment plus travailler avec ce que son territoire lui offrait et moi je trouve que c'est hyper intéressant il y a des couleurs canon qui ne sont pas méga solides mais qui sont hyper intéressantes, hyper gratifiantes et très belles en tant que telles et après sur les profils vraiment en tout cas en bouquin d'introduction sur un truc très carré, très rigoureux et puis qui permet de comprendre ça je trouve ça très important j'aime beaucoup l'ouvrage d'Elisabeth Dumont je crois que c'est teindre avec les plantes la couverture est toute bleue et Elisabeth Dumont elle est chimiste de formation et je trouve que dans sa manière de transcrire, de transmettre ça se sent et c'est passionnant parce qu'elle explique le processus le pourquoi cette action donne cette conséquence et je trouve que c'est ça qui est essentiel dans l'apprentissage de la teinture enfin après je pense qu'il y a plein d'écoles et plein de manières de faire et selon les personnes qu'on a face à nous aussi mais Moi, dans ma manière d'apprendre les choses selon ma vie, j'ai trouvé que le fait d'avoir l'information et de comprendre, c'est un peu posséder le mode d'emploi. Puis après, on le dit. On l'essaie, on teste, on se plante, on réussit, mais on sait d'où on part et on comprend ce qu'on fait. Et ça, cette capacité à avoir l'information et à comprendre les choses, je trouve que c'est vraiment essentiel. C'est essentiel et ça ouvre toutes les portes. C'est un très bon point de départ. je trouve, après c'est une manière que j'ai moins de fonctionner, je pense qu'il y en a beaucoup d'autres, tout aussi valables mais voilà, donc au niveau des bouquins et donc là c'est deux exemples parmi énormément de bouquins qui existent et qui sont et qui sont super intéressants et très complémentaires, plus axés botaniques comme le livre de Marie Marquet elle a vraiment un ouvrage de référence c'est vraiment super ce petit bouquin avec un format trop bien pour aller en cueillette voilà c'est très guide de la teinture nationale ouais exactement et puis des ouvrages beaucoup plus l'ouvrage d'Aurélia Wolff qui est aussi oui je l'ai aussi et on n'a pas répété et j'ai tout à part celui d'Elisabeth Dumont celui-ci Aurélia Wolff oui celui-là et celui-là par exemple je trouve qu'il est super parce que c'est une très bonne introduction une très bonne prise de contact avec la teinture dans le sens où l'univers esthétique a été pensé on voit que c'est un objet un peu un livre un peu concept très joli moi je trouve qu'on retrouve aussi la patte de Hérolle la maison d'édition avec laquelle je travaille au sein de laquelle on a la chance de pouvoir produire l'objet qu'on veut produire et pour laquelle l'univers esthétique est important et moi au départ j'ai eu un peu de mal à assumer ça, à me dire mon livre j'aimerais qu'il soit beau, en plus d'être à peu près correct d'un point de vue scientifique et j'ai mis du temps à assumer ce souhait que j'avais parce que je le trouvais pas légitime et en réalité en en parlant avec mon éditrice c'est important de faire un ouvrage aussi qui donne envie au lecteur de s'y intéresser et de rentrer franchement c'est réussi la photographe avec laquelle j'ai travaillé Margot Bélanger de Madeleine Photo elle y est pour énormément on a vraiment travaillé l'univers les deux sur les photos j'ai trouvé que les photos elles étaient hyper

  • Speaker #0

    inspirantes ça fait un peu planche de botanique il y a des dessins ça fait invitation à la balade franchement rien que de regarder les images moi ça me ça me détend en fait ça me détend et après j'ai vu toute l'intro qui est contrairement à d'autres livres on va dire essentialisé je trouve que c'est clair, on va direct on fait pas de blabla et j'ai trouvé ça sympa parce que moi qui suis quelqu'un qui aime bien pas aller vite mais aller à l'essentiel je trouve que c'est un exercice qui est réussi et j'ai adoré un truc aussi dans votre livre c'est le manifeste à la fin. C'était une de mes questions que j'allais vous poser après. Donc, le manifeste pour des couleurs durables et non polluantes. Et j'ai adoré ce passage-là. Alors, c'est deux, trois pages. Mais j'ai trouvé, et je pense qu'on y reviendra après dans les questions, mais j'ai trouvé que vous abordiez là-dedans toutes les questions qui font que la tâture végétale, pour moi, c'est une alternative aujourd'hui qu'il faut... plus employés. Et donc, j'aimerais bien, si ça vous va, qu'on en reparle un peu plus tard. Oui, bien sûr. Et alors, du coup...

  • Speaker #1

    Ça me touche, merci, parce qu'en effet, ce manifeste, il n'est pas du tout anodin. Il est à la fin, il prend deux pages, mais je pense qu'il résume l'état actuel, peut-être, de la teinture, des enjeux, on va dire la question des enjeux contemporains.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est la synthèse des enjeux contemporains. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Une tentative de synthèse qui n'est pas complète. C'est bien, mais...

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est complet, ça va à l'essentiel. J'ai vu vos sources. D'ailleurs, j'avais aussi trouvé des infos avec Pili. Je crois que c'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Voilà, donc moi aussi, j'avais trouvé des choses fiables avec eux. Donc, franchement, j'ai trouvé ça vraiment... Et encore une fois, ce n'est pas du blabla, c'est synthétique. Et il y a toutes les idées clés, donc j'ai trouvé ça top. et je voulais justement vous demander comment c'est venu de proposer un livre, est-ce que c'est les éditions Erol qui sont venues vous chercher est-ce que c'est vous qui avez écrit quelque chose et proposé, comment ça s'est fait ce projet ?

  • Speaker #1

    C'est un peu un mélange, c'est un peu une rencontre multifactorielle parce qu'il n'y a même pas eu que la maison d'édition et moi, il y a eu aussi beaucoup de de personnes qui participaient à des stages ou des formations qui au bout d'un moment c'est super les bouquins que tu présentes mais toi il est où le tien ? et voilà l'idée elle est née de là parce que moi franchement de moi-même jamais je me serais sentie suffisamment légitime pour avoir l'idée de rédiger le moindre truc et puis d'ailleurs ça a été un obstacle au début de la rédaction du livre parce que j'ai eu ce truc de la page blanche alors moi j'ai toujours beaucoup écrit même dans mes études et dans mes boulots d'avant mais pas des choses destinées à être publiées et quand... quand on commence à essayer de rédiger un truc qui a vocation à être publié là tout de suite c'est compliqué parce que on vient requestionner sa légitimité on vient requestionner la véracité scientifique de ce qu'on dit aussi et ça c'est compliqué et puis en tant que femme je pense qu'on a un petit handicap supplémentaire à ce niveau là donc une fois que j'ai conscientisé tout ça et mis de côté j'ai commencé à réussir à écrire et après j'ai beaucoup écrit le livre est beaucoup plus gros que ce qu'il devait être au départ et j'ai une éditrice qui a été super cool pour ça et une maison d'édition aussi et c'est génial de pouvoir avancer un peu en se laissant guider par ce qu'on a envie de transmettre donc voilà après moi le projet je pense que je l'avais en tête depuis un moment ça reprend beaucoup de choses que je transmets pendant les stages aussi je pense que c'est vraiment c'est un peu la mise en mots de choses et même du schéma que j'ai quand j'ai des gens en formation donc cet exercice de conception de la structure a été assez simple et aussi à proposer à la maison d'édition etc donc ça a vraiment été une rencontre avec trois entités différentes et voilà c'était mais après oui oui la maison d'édition il y a un projet qui doit être parce que c'est une chose que le projet soit accepté par une éditrice après il doit être accepté par tout un comité enfin voilà il y a tout un tas d'étapes à franchir et et et qui finalement je pense sont garantes aussi de la solidité du projet. Ça nous dédouane, nous, auteurs de cette question. Enfin moi j'ai senti les choses comme ça en tout cas.

  • Speaker #0

    Et entre le moment où il y a cette envie commune d'écrire un livre et la réalisation, la sortie du livre, ça prend à peu près combien de temps pour avoir un ordre d'idée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, moi c'est pareil, c'est des échéances que j'ai découvertes parce que ce n'était pas du tout mon univers auparavant. Moi, ça a dû durer un an et demi. Entre la première transmission, les premiers échanges vraiment formels avec la maison d'édition et la publication. sachant que je pense que ça peut être plus long et que ça peut être un peu moins long peut-être, moi ça a pris entre un an et un an et demi avec finalement une phase de rédaction assez courte de peut-être 4 mois et tout le reste du temps c'est tout le travail de recherche documentaire, de relecture et puis tout le travail après de maquette de prise de photo et de relecture des épreuves, des allers-retours

  • Speaker #0

    entre nous et la maison d'édition et ce que j'aime bien aussi c'est que pour chaque plante il y a pareil encore on va à l'essentiel de quelle partie de la plante on utilise et une petite anecdote et en fait pareil ça invite les gens je trouve si l'anecdote les intéresse à aller creuser mais ça ne rajoute pas un pavé trop long en fait moi c'est ça que j'aime bien c'est que du coup j'ai vu des petites anecdotes et je me suis dit ah bah tiens attends je vais aller taper sur Google et du coup si une anecdote m'accroche en fait j'y vais et il y en a d'autres c'est moins mon truc du moment et du coup ça passe et ce que j'ai beaucoup aussi aimé c'est qu'il y a le respect des saisons avec ce qu'on trouve autour de soi, parce que j'ai vu que vous aviez vraiment cette approche de faire avec les plantes de votre environnement, ça je trouve ça génial, et en plus, en respectant les saisons, donc en gros, on a toutes les plantes qu'on peut retrouver en été, et au fil des saisons, et ça je trouve ça bien, parce que... on perd que ce soit... Moi, j'étais plus dans l'alimentaire, mais on perd le rapport à la nature et aux saisons et qu'une plante, elle fleurit à un moment précis où il faut attendre l'automne pour enlever les racines. Et en fait, je trouve ça cool parce que dans ce livre-là, en fait, d'emblée, on lit le sommaire et on voit que, oui, en fait, il y a des saisons à respecter et j'ai trouvé ça vraiment intéressant. Et du coup, ça me donne juste une question, Doriane, c'est... quand vous avez essayé d'abord la teinture avec, comme vous l'avez dit, ce qu'on a dans la cuisine, les déchets alimentaires, etc. Ensuite, les essentiels, les plantes hyper connues. Et ensuite, si j'ai bien compris, vous êtes arrivés à vos plantes locales. Et comment on arrive à trouver les plantes qui, autour de nous, sont teintoriales ? Est-ce que c'est du hasard ? En se disant, tiens, celle-là, elle est sympa, j'en ai plein, est-ce que j'essaye ? Ou est-ce que là, il y a eu aussi une recherche documentaire en se disant Attends, je ne vais pas perdre du temps à essayer quelque chose, je m'oriente un petit peu comment ça s'est passé.

  • Speaker #1

    C'est vraiment entre les deux. C'est vraiment... Alors déjà, la chance que j'ai eue, c'est de quitter Paris pour vivre à la campagne. Donc, j'ai eu un accès aux plantes très facilitées. Moi, je connaissais un peu les plantes aussi avant, grâce à ma grand-mère qui les connaissait un peu pour le côté médicinal. Donc, il y avait déjà un certain nombre de plantes dont je savais qu'elles avaient des usages au-delà médicinal, mais teintorial, etc. Et après, non, je me suis assez vite inspirée des vieux bouquins de botanique et des vieux bouquins de teinture, des traités de teinture traduits. Et puis, il y a beaucoup de traités de teinture ou d'ouvrages intéressants. Alors parfois, comme c'est vraiment un langage auquel on n'est plus habitué, c'est un peu difficile à... à comprendre comme littérature, mais sur le site, je crois que c'est de la BNF, en libre accès, il y a accès à énormément de choses. Donc, j'ai beaucoup lu tout ça, j'ai transcrit un peu avec les plantes que j'avais sur mon territoire. La chance que j'avais, c'est que la plupart des plantes, moi, je n'ai pas eu de problème d'identification, c'est-à-dire que je les reconnaissais. Voilà, allez, admettons l'anthanésie. Très bien, je me promène, je reconnais la tanaisie, parce que je la connaissais auparavant. Donc le côté identification botanique, j'ai pas été trop embêtée, mais j'ai quand même acheté des bouquins de botanique pour être sûre de mes identifications, pas me mettre à travailler avec de la grande ciguë plutôt que de la carotte sauvage. ça se distingue cette identification quand je fais des cueillettes ou des balades territoriales avec des stagiaires ou des gens que je forme c'est une identification je passe beaucoup de temps pour expliquer les différences entre carottes sauvages grandes silues cerfeuils etc parce que c'est hyper important et parce qu'il y a des gens qui se plantent et parce que c'est dangereux quand même et dans le livre j'ai fait tout un pavé justement sur l'identification de la carotte sauvage et mon éditrice m'a dit mais Dorian c'est trop long là tu développes beaucoup plus pour cette plante est-ce que ça vaut le coup ? et je lui ai dit bah ouais et puis de toute façon si vous êtes pas ok il n'y a pas la plante dans le bouquin parce que pour moi ça c'est essentiel donc donc c'était vraiment voilà c'est un peu ça s'est passé un peu comme ça le cheminement à la fois repérer quelles sont les plantes que j'avais dans mon environnement et puis et puis travailler quand même à partir d'ouvrages botaniques ou de teintures très anciens et et après la saisonnalité a été découle de ça en fait ça découle naturellement de ça c'est pas un souhait ou un ou un une démarche particulièrement consciente de ma part c'est juste que quand on vit et qu'on travaille avec ce qu'on récolte il y a des saisons où on récolte telle chose et d'autres saisons où on récolte telle autre chose même si là, depuis quelques années, c'est un peu compliqué au niveau de la saisonnalité sur certaines plantes. Mais il y a quand même une saisonnalité, même pour avoir la meilleure valeur teintoriale de la plante, il y a une saison à respecter. On ne va pas cueillir une tomate verte sur un pied de tomate juste parce qu'elle est là. On va attendre qu'elle mûrisse, qu'elle soit rouge. Avec les plantes, c'est la même chose. Et ça, c'est hyper important à voir. Après, ça force à la lenteur. Ça force au... ça force à la patience, ça force à l'humilité aussi face aux saisons, etc. Et ça, je pense que c'est important. Moi, je réponds souvent à des personnes qui me demandent telle couleur ou telle autre. Non, en fait, là, ce n'est pas possible, on va attendre six mois. Alors, certaines personnes trouvent ça ultra poétique et génial et c'est l'occasion d'avoir des échanges sympas. Et d'autres personnes vont dire, non, en fait, c'est tout de suite qu'il me le faut. ouais mais en fait non en teinture il y a un temps long et ce temps long il est indispensable pour la récolte des plantes et puis au delà de ça dans la technique de teinture pour avoir des couleurs vraiment solides on peut pas faire une couleur en urgence trop rapidement

  • Speaker #0

    ok et du coup le livre il est arrivé avant le projet Maison Septembre ou c'est d'abord le projet Maison Septembre ça s'est fait dans quel ordre du coup ?

  • Speaker #1

    oui c'est d'abord le projet Maison Septembre Maison Septembre l'entité Maison Septembre c'est depuis 2018 et le livre lui là il a été publié il est sorti début novembre 2022 donc bien après non c'est une échelle très courte mais après

  • Speaker #0

    Et du coup, alors Maison Septembre, est-ce que vous pouvez nous raconter l'idée, la genèse, ce que ça rassemble comme... comme projet ? J'ai l'impression que c'est deux projets, moi, en un. Mais j'aimerais bien entendre votre...

  • Speaker #1

    Ça rassemble plusieurs choses, Maison Septembre. Maison Septembre, c'est né autour d'un lieu, finalement. C'est vraiment né autour de ce lieu dans lequel je vis et je travaille et on accueille des personnes aussi en maison d'hôte. C'est une ancienne ferme dans un petit village hyper vert de Langeau, pas très loin d'Angers. vraiment au cœur de vignes. Et en fait, on est en proximité avec des vignes et avec le fleuve, avec la Loire. Et donc la Loire, c'est un fleuve qui est sauvage, qui est très peu contraint par l'humain. Donc c'est un fleuve qui est magnifique, qui a énormément de diversité, à la fois en termes de faune et de flore. Et d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles dans mon lieu de vie, dans mon environnement de vie, j'ai autant de plantes à disposition. Après, il y a aussi beaucoup d'espaces protégés dans lesquels je ne fais pas de cueillette parce que ce n'est pas autorisé de cueillir parce que la nature est trop fragile dans ces endroits-là. ça n'empêche pas de faire des identifications et des repérages ou un recensement, c'est toujours intéressant aussi donc voilà, ce petit lieu à la campagne très sympa et la rencontre avec cette maison, cette ancienne ferme qu'on a rénovée et qu'il y a plusieurs bâtiments donc on a aussi eu l'idée d'en faire des chambres d'hôtes pour accueillir un peu des gens, moi c'est vrai que je venais d'un boulot où je recevais du public énormément et je me suis dit oulala, quitter Paris, plus changer de boulot, beaucoup de changements et surtout ça fait beaucoup moins d'humains face à moi donc le projet de maison d'hôte a un peu été lié à ce constat là et puis après moi j'ai installé mon atelier teinture etc dans ce lieu, donc voilà pour le lieu et pour aussi le nom un peu maison septembre qu'il fallait bien trouver et puis c'est jamais facile de trouver un nom de marque

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ce lieu, vous accueillez des personnes qui viennent en chambre d'hôte. C'est forcément lié à la teinture végétale ou il y a des gens qui peuvent venir en chambre d'hôte sans avoir de lien avec un atelier de teinture ou c'est plutôt à destination de combiner les deux, maison d'hôte et atelier de teinture ?

  • Speaker #1

    Alors jusqu'à présent c'était vraiment complètement fractionné c'est-à-dire que des personnes, on a accueilli beaucoup de vacanciers, de cyclistes de randonneurs, etc. sans aucun lien avec la teinture, qui ignoraient qu'il y avait un atelier de teinture dans le même lieu c'était vraiment des mondes un peu parallèles quand même là à partir de cette année on va plutôt réorienter vraiment sur l'accueil des personnes pendant les périodes de stage ou à l'occasion de stage, etc. même si la maison d'hôte reste ouverte pour accueillir tout le monde mais c'est plus qu'on sera moins actifs pour accueillir des touristes cet été parce que c'est un manque de temps moi maintenant j'ai absolument plus le temps pour accueillir comme je le souhaiterais tout au long de l'été donc je préfère rationaliser

  • Speaker #0

    un peu pour essayer de faire bien et du coup il y a combien de chambres à Maison Septembre ?

  • Speaker #1

    il y a deux chambres d'hôtes

  • Speaker #0

    d'accord ok et alors du coup si j'ai bien compris vous proposez des stages des stages il y a différents pas niveaux mais il y a différents thèmes de stages oui est-ce que vous pouvez en dire un petit peu plus pour ceux qui écoutent et qui seraient intéressés de comprendre les nuances et les différents stages

  • Speaker #1

    Oui, il y a des stages. Alors là, le contenu est à peu près similaire. C'est vraiment le format qui va changer. C'est-à-dire qu'il y a un premier stage qui dure deux jours. Et donc, ces deux premiers jours, c'est vraiment consacré à la teinture végétale classique. On fait une assez grande promenade de cueillette et de reconnaissance de plantes teintoriales. Et puis après, la journée et demie qui reste, on la consacre à faire de l'échantillonnage de coloris pour que les gens puissent avoir un premier répertoire avec, je ne sais pas, une petite centaine d'échantillons pour commencer à créer cette petite bibliothèque de référence. Ça fait beaucoup parce qu'on travaille chaque couleur sur quatre types de fibres, de la laine, du coton, de la soie et du lin. et à chaque fois on travaille la couleur on la nuance à partir d'une plante on va dire on peut faire plein d'échantillons différents donc il y a ces deux premières journées qui sont concentrées sur créer ces échantillons et ensuite la troisième journée qu'on peut associer ou détacher du reste c'est la journée indigo donc monter une cuve naturelle la réactiver, teindre dedans avec les techniques de Shibori et les deux dernières journées, pareil, qu'on peut soit associer ou venir juste ces deux jours-là c'est les journées consacrées à l'écoprint donc impression végétale au cours desquelles on fait du bundle dyeing, du tatakizo mais ça dépend vraiment des personnes présentes j'essaie de construire les programmes de formation en fonction de ce que les personnes attendent même sur les types de fibres qu'on échantillonne ou qu'on travaille s'il y a des personnes présentes qui souhaitent travailler absolument sur je n'en sais rien du champ voilà on va intégrer le champ dans l'échantillon et voilà et donc ces 5 journées on peut soit les faire à la suite soit les fractionner soit n'en faire que les deux premières les deux dernières celles du milieu voilà c'est vraiment L'idée, c'est que ça s'adresse à tout le monde, de la personne qui découvre complètement jusqu'à la personne qui souhaite l'intégrer, par exemple, dans son approche créative. Voilà, c'est très, très varié. Et après, c'est moi qui essaie d'adapter au groupe présent. C'est aussi la raison pour laquelle, maintenant, j'accueille six personnes maximum en même temps, parce que... ce nombre-là permet vraiment, même moi, s'il faut, certains soirs, prendre une heure ou deux en plus avec telle ou telle personne dont je sens qu'elle souhaite en savoir plus sur telle chose. Et donc, ça fait vraiment un format qui est sympa. Et puis voilà, le cadre, la campagne. un peu coupé de la ville et du bruit et d'un rythme de folie ça a souvent au bout de la première journée on sent que les gens se posent et que voilà et puis les groupes généralement ça crée des groupes qui continuent à se voir après ou à être en relation et ça c'est c'est hyper hyper précieux d'assister à ça en fait c'est toujours très touchant

  • Speaker #0

    Ok. Donc du coup, on retrouve toutes les informations sur le site Maison Septembre. Je le mettrai dans le descriptif, comme ça les gens qui seraient intéressés par une partie, toute partie ou même la chambre d'hôte pourront retrouver les infos. Du coup, j'avais aussi une autre question sur le choix des fibres que vous travaillez. J'ai vu, si je ne dis pas de bêtises, essentiellement la laine. Est-ce que vous pouvez me dire un petit peu quelle est la fibre ? que vous préférez teindre, pourquoi, et voilà, un petit peu, quelles sont les fibres que vous travaillez et vous préférez.

  • Speaker #1

    Oui. En effet, je travaille surtout sur la laine. Est-ce que c'était vraiment un choix à l'origine ? Finalement, je ne sais pas, parce que moi, je tricotais beaucoup, moins maintenant par manque de temps, mais j'ai toujours beaucoup tricoté. Et voilà, je me suis dirigée vers une matière que je travaillais moi-même. mais de plus en plus je travaille le coton, le lin beaucoup de vieux tissus que je récupère ou qu'on me donne des super qualités en plus de fibres des lins, des métisses des trucs canons qu'on peine à trouver sinon neuf en plus et puis la démarche de réutiliser, de revaloriser ça fonctionne tellement bien avec la teinture naturelle c'est vraiment un L'univers est hyper cohérent et ça peut donner lieu à plein de belles créations. Donc laine et tissu, mais surtout laine. Et alors laine, pourquoi ? Parce qu'il y a la marque de fil à tricoter Maison Septembre associée et puis surtout au cœur de mon activité. Donc j'ai toute une communauté aussi autour du tricot et de la laine qui est importante et qui me suit depuis longtemps et qui est quand même la base de mon activité.

  • Speaker #0

    et du coup voilà après la laine a une affinité particulière avec la teinture naturelle ça explique aussi voilà le panel de couleurs qu'on peut faire c'est quand même une matière géniale en teinture c'est quand même vachement plus gratifiant et rapide de teindre un écheveau de laine que de s'attaquer à un gros coupon de lin bien voilà bien rédit encore et là on sait qu'il y a du boulot sur la fibre avant de pouvoir vraiment la teindre même si une fois teinte c'est canon et c'est génial aussi mais disons que voilà il y a beaucoup de travail et les laines après dans la même démarche que je travaille des choses naturelles en couleur j'ai voulu aussi travailler sur des fibres naturelles donc c'est des laines qui sont filées en France pour certaines elles sont entièrement réalisées en France, c'est à dire qu'elles sont issues de filières de revalorisation de laines un peu délaissées auparavant, c'est à dire des laines qui sont issus de races de moutons pas forcément lénières, mais dont on commence à récolter la laine pour la valoriser à nouveau. Beaucoup d'élevages situés dans le massif central, puisque les filatures avec lesquelles je travaille sont situées en creuse, et elles développent des chouettes filières. par rapport à la laine je travaille pas mal de laine cardée de plus en plus parce que la laine filée finalement il y a plus de transformations et puis le process peut pas être entièrement réalisé en France donc voilà c'était aussi un peu la limite que j'avais à travailler la laine filée et d'autant plus que la laine cardée prend très très joliment la couleur et c'est des laines qui sont de...

  • Speaker #1

    J'allais poser une question moi qui suis néophyte nouvelle dans le sujet c'est quoi la différence entre les deux laines que tu viens de citer du coup ?

  • Speaker #0

    alors pour dire les choses vraiment en résumant fort mais pour que l'image vous l'ayez en tête les laines filées, la laine filée c'est une laine qui va subir un peu l'étape du peignage du fil c'est comme il faut imaginer deux grands peignes l'un sur l'autre pour essayer de ranger les poils dans le même sens le fil peigné cette étape il va la subir énormément, plusieurs fois etc donc les poils vont être vraiment rangés de manière perpendiculaire et donc ça va faire un fil qui va avoir un aspect beaucoup plus lisse alors que la laine cardée, cette étape est réalisée beaucoup moins en quantité et donc il faut imaginer les fibres plus agglomérées les unes aux autres donc ça fait un rendu beaucoup plus je vois du coup mais j'avais pas les termes non mais c'est du langage en effet j'aurais dû détailler un peu Et c'est pareil au niveau de la fibre, c'est des laines naturelles. Naturelles, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est des laines qui ne sont pas traitées chimiquement, c'est-à-dire qu'elles ne reçoivent pas de préblanchiment et surtout, elles ne sont pas traitées superwash. Superwash, c'est ce fameux traitement qui a permis aux laines de passer à la machine à laver à partir des années 60-70, pour plein de raisons. parce que ça apparaissait aussi en même temps que l'apparition massive des fibres issues de la pétrochimie qui elles passaient en machine à laver donc on a appliqué des traitements au laine pour qu'elles aient les mêmes conditions d'entretien et ça a été à l'époque vu comme un progrès sauf qu'actuellement on se rend compte quand même qu'à la fois au niveau du moment du traitement c'est ultra polluant c'est vraiment des... Pour résumer pareil à nouveau, les fibres subissent un bain de chlore et ensuite elles sont enduites d'une résine de plastique très fine. C'est une laine qui n'a plus grand-chose à voir avec les fibres naturelles puisque la structure de la laine est complètement cassée, elle perd ses qualités isolantes. C'est vraiment une laine en plastique, pour dire les choses un peu vite. et surtout ça induit une pollution au moment du traitement et ça induit une pollution tout au long de la vie de la fibre puisqu'à chaque lavage ces fameuses micro-particules vont être libérées dans les eaux usées et sont beaucoup trop fines pour être filtrées par les unités et donc ça c'est vraiment ces fameux plastiques qu'on retrouve dans l'océan on est vraiment sur ce type de produit moi j'essaie de communiquer de donner les infos sur ces thèmes là mais je sens que même dans un public de tricoteurs assez experts ces notions sont assez peu connues parce qu'il y a très peu les marques ne communiquent pas du tout là dessus évidemment c'est pas très vendeur mais c'est une réalité

  • Speaker #1

    aujourd'hui donc voilà donc fibre naturelle et puis surtout un gros une grosse partie de la transformation voire de la réalisation en France donc vous vous produisez donc vous avez plusieurs activités vous avez votre votre chambre d'hôte vos ateliers vous vendez de la laine et vous avez une communauté autour du tricot plus le livre. Ça m'amène à une petite question qui, au fil des échanges avec les passionnés de teinture végétale, me fait dire qu'en fait, vivre uniquement de la teinture végétale sur un domaine peut être... compliqué ? Comment on vit aujourd'hui de cette passion de la teinture végétale ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que sur une unique activité, ça dépend. C'est toujours pareil, ça va dépendre du modèle économique, ça va dépendre de... Et ça, finalement, c'est des sous-thèmes qu'il faut absolument aborder. Quel niveau de revenu on attend ? Quelle est notre manière de vivre ? Parce que moi, ma vie aujourd'hui à la campagne, elle n'est pas celle que j'avais quand je vivais dans le 14e arrondissement de Paris. Donc, c'est des modèles de vie aussi à modifier un petit peu. Après, au demeurant, vivre entièrement de la teinture végétale, je ne sais pas. je sais pas moi c'est pas mon cas je vis pas que de la teinture végétale en tant que activité unique puisqu'en effet c'est multi il y a plusieurs facettes mais peut-être certaines personnes réussissent peut-être à le faire là moi j'ai pas assez de recul ou de référence en tête pour vraiment répondre catégoriquement non c'est impossible aujourd'hui j'aurais presque tendance à dire faut tenter parce que finalement le fait de trop diversifier mais après c'est mon expérience personnelle et très empirique c'est à dire qu'on se disperse sur plein de pôles d'activités et parfois il y a un peu ce sentiment de déperdition de qualité dans chacune des facettes de notre activité donc voilà après je pense que à la fois quand on est artiste et qu'on utilise beaucoup la teinture ou créateur textile etc pourquoi pas je pense que ça peut être des activités qui suffisent à elles-mêmes et j'ose espérer que de plus en plus la consommation ira vers des couleurs naturelles voilà et donc justement ça m'amène à une autre question c'est selon

  • Speaker #1

    vous qu'est-ce qu'il faudrait pour qu'on réemploie la teinture naturelle pas plus grande échelle dans le sens partout pour tout, mais quel verrou il faudrait lever pour que ça se déploie davantage, cette pratique ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il y a plusieurs verrous. Je pense qu'il faut qu'on... Si on prend un peu le cycle dans l'ordre, je pense qu'il faut en effet qu'on ait des gens formés de manière un peu rigoureuse à la teinture. C'est-à-dire que moi, en formation, ça m'est arrivé d'accueillir des personnes sur une formation de deux jours, et après, je prenais des nouvelles et elles étaient devenues teinturières végétales. En fait, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. On ne se forme pas à la teinture en deux jours. C'est un cheminement qui est long. En fait, le temps long dans la teinture, dans la récolte, dans le travail de la fibre, il se traduit aussi dans l'apprentissage. de la technique. C'est-à-dire qu'on est quand même sur une activité... L'apprentissage était long au Moyen-Âge de la teinture et ce n'est pas pour rien, c'est très complexe quand on voit le temps passer par les apprentis sur ne serait-ce que le mordansage, parce que c'est une telle complexité le mordansage qu'on ne peut pas simplifier ça à l'extrême. Donc je pense qu'il faut avoir cette rigueur quand même scientifique de se dire... L'apprentissage il est long. Et puis on est dans l'artisanat. Donc dans l'artisanat, enfin le sens de l'artisanat c'est le geste on le fait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait, on le refait et on le refait encore. Parce qu'on se plante, parce qu'on y arrive et qu'à force de faire, on maîtrise. Mais c'est pas à force de faire 10 fois, c'est à force de faire 100 fois ou 150 fois. Et cette patience, il faut l'avoir. Et je pense qu'à ce prix-là, on aura des artisanes et des artisans teinturiers qui produisent une teinture de qualité. Et je pense que c'est important de le dire. Ce n'est pas une critique, c'est juste que c'est une réalité. Et que pour travailler avec beaucoup d'autres artisans, ébénistes, etc., ce sont des gens qui vont mettre plusieurs années à maîtriser leur savoir-faire. Et en teinture, c'est la même chose. Donc ce premier point, déjà avoir des professionnels qui soient qualifiés, on va dire de manière un peu rigoureuse, Et puis après, peut-être se fédérer davantage, réussir à trouver un organe au sein duquel échanger, améliorer nos process, améliorer notre manière de fonctionner, à la fois dans les gestes, dans la manière de faire vivre notre artisanat. et puis après que les grands acteurs s'intéressent à la teinture naturelle, c'est-à-dire toute l'industrie du textile qui est encore vraiment loin de ses préoccupations, enfin, qui n'est pas loin de ses préoccupations mais qui est loin encore d'être prêt à faire le pas d'intégrer la teinture dans ses produits mais ils sont pas seuls responsables entre guillemets c'est-à-dire qu'il faut que le consommateur aussi prenne conscience de certaines choses et que j'ai quand même moins souvent des remarques encore liées au fait de c'est bien, c'est joli mais en fait c'est pas solide, ça va pas tenir dans le temps on va pas pouvoir faire subir ça et ça à ton tissu voilà c'est toutes ces représentations qu'il faut déconstruire et donc les représentations

  • Speaker #1

    Oui, les représentations, c'est ce que j'entends, la tenue des couleurs aux UV et au lavage, le fait qu'on ne peut pas avoir, selon certains, des bains qui soient uniformes et du coup reproduire des couleurs parfaitement similaires. C'est un peu ça que j'entends depuis le début, d'a priori. J'interroge les gens dans mon entourage, c'est la première chose. Alors déjà, il faut que les gens connaissent. il y a énormément de gens qui ne connaissent pas et quand ils connaissent, ils ont des a priori et ils me citent, et vous l'avez fait au début l'époque que Baba coule C'est dingue. Donc, c'est ça. Ah oui, non, mais ça, c'est un truc de baba cool. C'est une couleur qui est terne, aussi, on me dit. Alors qu'en formation, j'ai bien vu les couleurs. Elles sont magnifiques et elles sont vives. Donc, il y a aussi à déconstruire les fausses idées reçues des particuliers. Et quels seraient les leviers pour les particuliers ? à faire sauter. Teindre naturellement, c'est plus long et donc aussi plus coûteux. C'est l'unique levier pour les particuliers où il y a un autre levier à activer.

  • Speaker #0

    Pour les particuliers, je pense que oui, je pense que ça, c'est un levier important. La capacité à accepter de mettre un certain prix dans une création, dans un tissu ou dans un vêtement teint avec des plantes. Après, c'est le rapport à la consommation. Moi, je pense que finalement, je viens de plus en plus au textile et au vêtement qu'avant parce que, justement, en m'intéressant à ces questions de pourquoi est-ce que la teinture naturelle ne s'aime pas davantage, parce que Moi, il y a 10 ans, je n'aurais pas anticipé, je n'aurais pas imaginé que la teinture naturelle ne se soit pas plus développée en 10 ans. Si je fais un bilan, je trouve que c'est un peu déceptif. et finalement ça questionne parce que finalement le produit il est créé et produit pour un consommateur donc la place du consommateur elle est aussi à questionner, c'est à dire accepter d'acheter moins de vêtements, d'acheter des vêtements de meilleure qualité etc, donc il y a aussi toute une démarche dans cette consommation à questionner parce qu'on peut tout à fait avoir des fringues en teinte avec des plantes et des coloris ultra punchy c'est tout à fait possible. L'excuse de la couleur, je pense qu'elle n'est pas assez solide. C'est complètement...

  • Speaker #1

    Des a priori.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et les a priori sont nombreux, ils sont ancrés. Et après, quand on passe sur un public professionnel, moi, j'ai déjà entendu des personnes qui me disaient... S'il fallait qu'on cultive des plantes teintoriales pour massifier la teinture naturelle, il n'y aurait plus de terre agricole, tout serait consacré à la culture de plantes teintoriales. Là, on est dans du fantasme, on est d'accord, mais on est quand même sur un fantasme. Je vous assure que même parmi les teinturiers et teinturières, il y a des gens qui peuvent dire des choses comme ça. Et ce ne sont pas des gens a priori qui viennent du monde agricole et qui connaissent les réalités agricoles. On est vraiment sur la représentation au sens propre du terme, c'est-à-dire véhiculer des a priori qu'on considère comme étant valables parce qu'édictées par telle autorité. Donc il y a tout un travail de déconstruction. Mais nous, on a notre responsabilité. Moi, par exemple, je prends complètement la responsabilité de ne pas… de ne pas suffisamment communiquer sur ces thèmes auprès de mon public. Le bouquin, le livre, avait un peu cet objectif aussi, et notamment la fin du livre, ce fameux manifeste. Alors, je sais que certains lecteurs le lisent avec attention et me font des retours sur ces pages précisément. Je sais que d'autres lecteurs vont les survoler ou pas forcément trop entrer dedans, parce que c'est... Voilà. Mais moi, je trouvais ça hyper important qu'il figure dans le livre, d'ouvrir un peu, justement, vers tout ça.

  • Speaker #1

    Moi, ça m'a donné... En fait, j'avais l'idée de faire un épisode sans intervenants et de parler uniquement de l'impact des pigments pétrochimiques sur... l'industrie textile sur l'impact, donc avec les 20% d'eau potable qui sont polluées par rapport à ça. J'ai retrouvé des chiffres dans votre livre avec 15% des pigments qui en fait n'adhèrent même pas à la fibre et partent directement dans l'eau. Du coup, je pense qu'en m'appuyant sur les chiffres de l'ADEME et quelques autres sources que j'ai trouvées, je vais faire un épisode un peu introductif sur l'impact que ça peut avoir sur l'eau, sur le sol, etc., pour donner un peu le sens que c'est une alternative. Ce que j'ai aimé aussi, du coup, on revient à ce manifeste, c'est que... il y a donc cette a priori sur la résistance donc on peut, la résistance d'une couleur dans le temps, aux UV, au lavage etc, qu'on appelle nous en termes dans la teinture, la solidité de la teinture, si je dis pas de bêtise, et là bien sûr c'est, et là Michel Garcia me l'a activement dit, si le travail est bien fait et qu'on comprend ce qu'on fait la couleur est solide et tient dans le temps donc c'est quelque chose à déconstruire sur le coût de production c'est clairement entendable en fait que avec des pigments qui sont pas des pigments, faut que j'arrive de me tromper des colorants qui viennent des plantes forcément c'est plus compliqués à collecter, à fabriquer. J'espère que je vais réussir à avoir Greening, le fabricant de colorants de pigments, au podcast. Ce serait génial pour avoir justement tout ce process. Donc, le coût de production, je l'entends, je le comprends et je pense que c'est... Finalement, si on l'explique, pas trop compliqué à comprendre pour le particulier. Moi, qui suis ingénieur agro, la question qui m'intéresse et là où j'aimerais trouver des réponses, c'est exactement ce qu'on vous a dit sur, attention, si on veut tout teindre de manière naturelle, on va déséquilibrer les terres, etc. Parce qu'il en faudra trop. Ça, j'aimerais vraiment creuser ou trouver des ressources pour justement apporter et lever ce frein.

  • Speaker #0

    qui est qui pour moi alors ce fin il est moi j'ai quelques éléments de réponse mais c'est hyper parcellaire c'est très pas du tout complet moi j'avais échangé je me souviens plus avec qui je sais que historiquement c'est des arguments qu'on entend beaucoup moins aujourd'hui mais qui ont été beaucoup plus brandis il y a de ça plusieurs dizaines d'années Il ne faut quand même pas oublier que l'avènement des teintures chimiques, c'est très récent. C'est vraiment à l'échelle de l'histoire, c'est très récent. Et il y a aussi des intérêts économiques associés. Et que probablement, il y a quand même eu aussi une partie un peu de lobbying. Alors à l'époque, ce n'était peut-être pas forcément ce mot. Mais je disais... qui a aussi véhiculé ce genre de discours sur la répartition des terres écoles. Je crois que ça fait partie de la naissance de cet a priori. mais qui est complètement à déconstruire alors là si vous voulez vous y atteler allez-y je suis hyper preneuse de rentrer plus dans le détail d'expliquer les choses d'autant plus qu'on peut tout à fait imaginer des cultures qui pourraient à la fois être productrices d'aliments tout en produisant de par un déchet ou associé aux ressources territoriales c'est juste que c'est des choses à imaginer et qui sont à construire et ça je trouve que là on touche aussi la limite aujourd'hui parfois de la teinture naturelle qui est que c'est chouette d'être dans nos ateliers je me souviens je parlais avec une personne qui travaille dans la filature dans laquelle j'achète la laine en creuse qui me disait mais vous les teinturiers végétaux vous êtes bien mais alors vous êtes enfermés dans votre petit atelier là à rester replié chacun sur votre propre univers on manque de mise en commun, on manque de partage, on est quand même encore très marqués, je trouve, par ces fameux secrets d'atelier, transmission orale, voilà, se dire je vais refaire la recette telle qu'elle est écrite dans ce vieux traité de teinture, mais en fait, non, je n'obtiens pas ce que je suis censée obtenir parce que je sais bien que l'ingrédient secret ou la technique, voilà, elle n'est pas écrite parce que c'est une transmission orale et qu'on est encore dans ce culte un peu du secret de garder ces trucs d'atelier. Et je trouve que ça, c'est une énorme erreur parce que ce manque de transmission à une période, c'est ce qui a conduit à une perte de savoir-faire aussi. Donc ça, c'est aussi important en teinture qu'on réussisse à comprendre que tout le monde peut fonctionner ensemble et que surtout, ces temps communs, ils peuvent être, je pense, producteurs de... Oui, produire des choses vraiment intéressantes.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, pour rebondir aussi sur les leviers qui pourraient faire que la teinture naturelle se démocratise et n'impacte pas forcément l'histoire des terres, etc., je pensais aussi au fait de… Bon, ça commence, mais tout ce qui est déconstruire aussi la fast fashion en se disant, voilà, maintenant, il y a 24 collections, alors qu'avant, on en avait deux. Ça, ça s'est fait en même pas dix ans de temps. Est-ce que, en fait, le message de la teinture naturelle ne devrait pas se coupler aussi à un message de arrêtons d'acheter 17 vestes, arrêtons d'acheter… Enfin, je dis ça sans jugement parce que, pareil, moi, je tombe aussi dans… dans ces pièges. Moi, je trouve, quand on est éloigné des villes et un peu plus en campagne et un peu plus sur des sujets où on s'intéresse à la botanique, au naturel, je trouve qu'on est un peu plus préservé. Mais je pense que ça s'associe aussi avec le fait qu'il faut arrêter d'avoir des vêtements qu'on ne porte même pas. Et un an après, on les met à la benne parce qu'en fait, on ne les a pas mis. Mais sauf que la réalité derrière, c'est qu'après la benne, généralement, c'est... l'enfouissement ou l'incinération, et ça vient de nouveau polluer les sols et l'eau, et des fois on ne sait... rien n'en faire parce que les matériaux sont mélangés. Et c'est un peu ce qu'on aborde avec Clément Bautier dans l'épisode qu'on a enregistré avec lui, où lui sensibilise justement à tout ça. Donc, je pense qu'en fait, il y a plusieurs éléments, mais qu'en effet, c'est des choses qu'il faut déconstruire pour les particuliers et pour les entreprises.

  • Speaker #0

    mais complètement de toute façon une production de couleur naturelle ne pourra pas être une production de masse pas aujourd'hui en tout cas et ça c'est en effet un prérequis pour envisager toute extension de la teinture naturelle c'est à dire qu'imaginer une duplication à grande échelle et en production de masse quel sens ça aurait ? je suis même pas sûre évidemment que ça s'associe à une consommation raisonnée, raisonnable c'est complètement corrélé, c'est évident tout à fait

  • Speaker #1

    et du coup j'avais une question aussi Doriane donc sur votre activité pour revenir à votre activité laine c'est vous qui teignez chez vous dans votre atelier ? alors est-ce que vous pouvez raconter un peu comment ça se passe comment vous choisissez les couleurs est-ce que vous vous inspirez des couleurs du moment, est-ce que c'est vraiment au feeling comment vous faites et racontez-nous un petit peu votre atelier de teinture comment on va à quoi il ressemble, comment ça se passe ça peut être intéressant il est petit,

  • Speaker #0

    il est pas beau c'est un vrai, souvent les gens sont un peu surpris parce que je pense qu'il y a un peu de fantasme aussi autour de l'atelier et en réalité c'est pas beau, c'est sale parfois ça sent pas bon c'est pas très propre il n'y a pas que des super accessoires ou récipients hyper design, hyper beau C'est un vrai atelier au sens où... Voilà, c'est comme les ateliers des artisans. Quand on va les voir, on est parfois un peu désappointé parce qu'on fantasie quelque chose. Voilà. Donc, il n'est pas... Il est très... Je ne le photographie pas parce que c'est un peu mon antre à moi et mon petit lieu secret. Donc, il n'est pas très grand. Alors, oui, au niveau des couleurs, avant, j'avais un peu l'habitude de faire le plus de couleurs possible pour qu'il y ait la plus grande proposition possible en termes de gamme de couleurs. Et puis... finalement je me suis rendu compte que ça me saoulait un peu d'aller vers cette exhaustivité, que ce n'était pas ma manière de fonctionner, que ce n'était pas ce que je souhaitais véhiculer non plus. Donc maintenant j'ai plutôt tendance à réduire la gamme de couleurs. Il y a quelques couleurs que je refais un peu tout au long de l'année, parce que j'arrive à garder les plantes, les mettre à sécher, enfin voilà. Mais globalement, hormis quelques couleurs que je vais reproduire, je dois en avoir une petite dizaine de couleurs que je reproduis. Après sinon les autres c'est un peu ce qui sort, c'est-à-dire... voilà là je vais récolter ça parce que j'en ai en masse dans la campagne et je sais que je peux cueillir là je vais travailler plutôt des choses que j'avais mis à sécher au grenier parce que j'ai envie de faire de la couleur on est en plein hiver et voilà j'ai envie de sortir des gris et des bruns ça se construit un peu comme ça, un peu au feeling et puis souvent j'ai un programme de teinture de couleurs etc et en fait ce qui en sort est assez différent quand les couleurs me plaisent pas je retins je fais beaucoup de teinture sur pied je retins, je retins beaucoup beaucoup euh

  • Speaker #1

    reteindre,

  • Speaker #0

    c'est-à-dire vous prenez quelque chose que vous voulez teindre ? Oui, voilà. La couleur que je fais ne me plaît pas ou n'est pas assez nuancée ou forte. Donc je vais laisser reposer un peu et je vais teindre dans un deuxième bain avec une autre plante. Ça va faire une couleur composée et c'est chouette parce que ça permet d'augmenter les nuances, le nombre de couleurs réalisées. et du coup auprès de mes clientes j'essaie de communiquer aussi sur le fait que par exemple si une personne veut réaliser un pull il faut vraiment qu'on regarde le métrage de film dont elle a besoin parce que moi je ne pourrais pas reproduire la couleur pour compléter c'est toujours cette petite attention d'essayer d'avoir le projet associé à la laine pour ne pas avoir de mauvaises surprises ou voilà Et les couleurs, c'est vraiment en fonction de ce que je trouve, ce que je récolte et ce que j'ai envie de faire. Je me suis un peu affranchie de ce truc de reproduire la même couleur. Je pense que j'essayais d'aller vers ça au début. Et puis, j'ai accepté qu'en fait, moi, ce n'était pas mon truc. Ça peut se faire, clairement, mais moi, ce n'est pas mon truc. Ce n'est pas assez créatif pour moi. Et voilà, je laisse ça à d'autres.

  • Speaker #1

    Et du coup, Dorianne, si je comprends bien, c'est des colorants que vous faites vous-même à partir de vos cueillettes. des plantes locales de votre environnement, du coup, il n'y a pas ou peu d'achats de colorants ou de pigments auprès de partenaires ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a quand même. Oui, j'achète peu, en fait. Je vais acheter des cochenilles parce que je travaille la cochenille. Donc là, on est en teinture naturelle et pas végétale parce que ça permet une gamme de couleurs que je trouve quand même vraiment hyper intéressantes et complémentaires. donc j'achète des cochenilles en Espagne et après si j'achète de l'indigo moi je ne produis pas du tout mon indigo donc j'achète l'indigo tu fais en France l'indigo ? ouais je l'achète en France, dans le sud de la France c'est pareil je pourrais vous donner l'adresse parce que pareil pour avoir des gens c'est top des gens au micro oui c'est un bel univers là aussi et puis après je travaille encore un petit peu avec du bois de campèche j'essaie de réduire ou de remplacer ou de minorer etc mais j'ai encore un peu de bois de campèche donc j'achète et après voilà globalement ça va être à peu près tout parfois quand j'ai pas assez de noix de galles j'en achète mais là quand je m'organise bien j'arrive à en avoir assez c'est à peu près les matières teintoriales que j'achète

  • Speaker #1

    c'est pas du tout il y a des petites choses que j'achète en plus et du coup vous avez donc un programme de cueillette un programme de séchage un programme pour faire pour colorer les laines un programme pour faire vos poudres, enfin je sais plus, vos extraits de plantes je sais plus comment on appelait ça mais les extraits de plantes oui oui Donc tout est organisé, dans l'année, tout est rythmé, il n'y a pas de journée pareille, vu qu'on travaille avec le naturel. Ok,

  • Speaker #0

    top. Non, non, non, et ce serait parfois plus reposant d'avoir deux journées identiques. Non, là, au bout de 3-4 ans, maintenant, je sais un peu comment mon année se découpe et je peux m'organiser et surtout trouver des temps pour être un peu plus... travailler plus sur des projets au long terme, au long cours, et pas être uniquement dans le quotidien et la réponse à l'urgence. Mais en effet, ça occupe une année en entier.

  • Speaker #1

    Super. Du coup, j'avais plutôt une question maintenant tournée sur vos projets futurs. Qu'est-ce que vous envisagez pour la suite, que ce soit pour Maison Septembre ou pour les ateliers ? Qu'est-ce que vous avez comme projet pour la suite ?

  • Speaker #0

    Alors, pour Maison Septembre, je pense que l'axe principal, ça va être de réorienter un peu toute l'activité de chambre d'hôte autour des stages. Ça, c'est important pour moi pour même mentalement me libérer un peu d'espace sur la saison d'été et finalement, de manière parallèle, développer l'activité de formation parce que c'est vraiment quelque chose qui me plaît. Cet échange, cette interaction, elle est riche pour les personnes qui viennent apprendre, mais pour moi aussi, c'est essentiel. C'est ce qui a permis la naissance du livre. Moi, je me nourris beaucoup de toutes ces rencontres aussi. Il y a souvent des échanges qui se poursuivent bien au-delà des stages. Et je crois que mon environnement de travail, je n'ai pas de collègues, mais mon environnement de travail, c'est ces personnes qui sont venues se former. Elles ne se rendent pas toujours compte, mais qui m'inspirent beaucoup. Et ça, c'est très riche. Et j'ai vraiment envie de conserver ça. J'aimerais bien proposer d'autres, la teinture végétale sous d'autres formes en stage. À formaliser dans l'année, mais pourquoi pas. créer des encres, des aquarelles, de la sérigraphie, développer un peu tout ce point-là. Je pense que moi, je trouvais la teinture plus facile à mes débuts. Et plus on avance, plus on progresse, plus on découvre un peu la complexité du truc, plus on se dit waouh c'est genre vraiment complexe ça occupe largement une vie entière je pense après c'est génial parce que ça veut dire que c'est sans fin et qu'on peut toujours développer plein de trucs différents mais ouais en effet c'est énorme, le champ d'application est énorme c'est incroyable

  • Speaker #1

    du coup j'avais des petites questions rapides si vous étiez un colorant du coup vu que je ne peux plus dire pigment ce serait lequel et pourquoi ?

  • Speaker #0

    j'hésitais entre deux je pense que je serais à la fois une ortie et une ronce parce que c'est des plantes teintoriales géniales mais qui sont des sacrées mauvaises herbes qui sont centrales en teinture végétale qui peuvent être de couleurs différentes ça peut faire un jaune, vert, frais du gris, du beige selon comment on les travaille mais elles sont géniales ces plantes-là me fascinent est-ce que vous avez une source d'inspiration que vous voudriez partager ? j'ai énormément de sources d'inspiration si je devais en partager Dans le domaine de la teinture, je citerais quand même Dominique Cardon parce que je crois que sa rigueur me fascine. Sa rigueur et sa force de travail forcent le respect. Et c'est chouette, ça remet les choses en place. Et après, mon inspiration, clairement, c'est la nature aussi. Tout part de là. La saisonnalité, comment la terre évolue, comment la plante évolue. Ça, ça peut m'occuper beaucoup, beaucoup. ok c'est deux belles sources alors j'espère je croise les doigts on est en échange avec Dominique pour qu'elle intervienne sur le podcast je pense que ce serait génial pour les gens qui écoutent c'est en train de s'organiser et

  • Speaker #1

    moi en termes de sources d'inspiration c'est vrai que j'avais fait une interview pour un magazine qui m'avait posé un peu qui m'a demandé si j'avais une figure tutélaire ou quelqu'un, une grande référence en teinture Et en fait moi je pense que symboliquement c'est important pour moi aussi de citer des figures de référence féminine parce que je viens aussi de cette tradition de transmission des femmes, par les femmes, sur des pans c'est comme dans tous les secteurs, on est une majorité de femmes et on est très peu visibilisés et je trouve essentiel de le souligner, donc moi c'est vrai que j'ai à cœur aussi de mettre ça en avant de reprendre un peu la capacité à agir sur ces sujets en tant que femmes qui avons des cheminements, on le sait, qui sont moins simples. Voilà, donc moi, c'est vrai que mes sources de référence seront...

  • Speaker #0

    exclusivement féminine je dirais alors est-ce que Doriane vous pouviez citer quelques femmes comme ça qui sont de près ou de loin sur la teinture digitale,

  • Speaker #1

    on a cité Dominique Cardon donc chercheuse au CNRS oui alors c'est peut-être plus dans le monde anglo-saxon mais je trouve que donc Abigail Booth moi je la trouve extrêmement inspirante Rebecca Desnos aussi qui est qui est une, alors qui est pareil qui est anglaise et elle pour le coup son univers est très inspirant Il est assez consensuel et assez esthétisé, mais il est hyper inspirant et je trouve qu'il peut vraiment capter un peu des gens pas forcément sensibilisés à la teinture végétale et vraiment les choper un peu, les séduire et ça c'est hyper important aussi. Je citerai aussi une américaine, une Californienne qui s'appelle Christine Vejar, je pense que peut-être vous la connaissez, elle a écrit un livre qui s'appelle Le teinturier moderne, je crois, et qui a développé tout un univers esthétique très joli aussi autour de la teinture. Voilà, tout de suite c'est un peu ces références-là que j'ai en tête, mais franchement j'en ai plein d'autres. mais là ça se quitte bien spontanément sur plusieurs continents différents c'est chouette je suis franchement ravie de cet échange qui a été

  • Speaker #0

    franchement hyper riche on est parti un peu parti mais très intéressant et il y a des sujets que vous avez soulevé qui pour moi sont hyper importants on a parlé des femmes ça me touche énormément on a parlé de l'environnement ça me touche énormément vous avez parlé de la transmission de fédérer tout ça c'est des mots hyper importants pour moi je suis ravie franchement je suis ravie et du coup je voulais savoir est-ce que Doriane vous avez quelque chose que vous voulez rajouter là un sujet quelque chose

  • Speaker #1

    avant qu'on se quitte le sujet parce qu'on a fait le tour de plein de choses et puis après voilà il faut aussi laisser les imaginaires cheminer un peu seuls mais en effet le côté le fait de faire un podcast un format vraiment consacré à ce thématique c'est génial parce que ça peut faire du lien ne serait-ce qu'entre acteurs dans cet univers et puis faire émerger pourquoi pas de nouvelles vocations des cheminements Voilà et... Et non, moi ce que je retiens dans les échanges aussi, c'est le besoin de se fédérer, de prendre le temps d'échanger, d'avoir des rencontres. ça craint ça et finalement ce podcast pourrait déjà faire office de fil rouge moi j'ai hâte de découvrir les autres épisodes je ne sais pas quand est-ce qu'on pourra les écouter mais j'ai hâte ça va se lancer sur février moi mon échelle j'essaie aussi vachement de redorer un peu l'image de la teinture végétale, de rattraper des gens qui auraient eu des expériences pas géniales au début C'est hyper important, il y a un gros boulot de fond et une fois de plus je pense que c'est en sortant un peu de nos tanières et en communiquant, en expliquant les choses qu'on pourra redonner un peu ces lettres de noblesse à la teinture.

  • Speaker #2

    Je remercie Doriane pour nos échanges. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !

  • Speaker #3

    Sous-titrage ST'501

Share

Embed

You may also like