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Artisan de l'esprit

LA HAINE : Héritages et Révoltes #Documentaire

LA HAINE : Héritages et Révoltes #Documentaire

39min |15/01/2025
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LA HAINE : Héritages et Révoltes #Documentaire

39min |15/01/2025
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Description

C’est l’événement de l’année :


La Haine réinventée sous la forme d’un spectacle musical puissant par Mathieu Kassovitz

Une œuvre culte, revisitée pour faire résonner ses révoltes et son héritage.

Dans cet épisode, nous plongeons dans les origines du film iconique de Mathieu Kassovitz, un miroir de son époque, tout en explorant comment cette adaptation sur scène amplifie son message universel.


En immersion à la Seine musicale, Le producteur Farid Benlagha décide de voir les choses en grand et demande à de jeunes photographes de tous les départements d'île-de-France de venir exposer dans le Hall, pour le rendre encore plus vivant.


Des témoignages de jeunes photographes, graffeurs et artistes, aux réflexions de figures influentes, découvrez comment La Haine continue d’inspirer et de bousculer.


Kevin Razy, Benjamin Eeps, Pauline Raignault, Bruce Ykanji, Assa Traoré, Moussa Camara, Bayou Sarr, Malik Aamraoui ont pris le temps de témoigner et nous donner un avis sincère sur leur.


Entre analyse, récits et voix engagées, cet épisode t'emmène vers l'amour 🖤


Sources :


Artisan de l’esprit .


Merci à : Benjamin EepsBruce Ykanji, Pauline Raignault, Kevin Razy, Malik Aamraoui & Bayou Sarr, Assa Traoré et Moussa Camara.


Remerciement :

Farid Benlagha pour avoir rendu ça possible,

Sarah Nogueira pour la disponibilité, 

Toute L’équipe de la Seine musicale pour l'accueil 

Mon frérot Nicolas Sene pour l’aventure 

Et tous les photographes présent pour la bonne humeur

Bigup aux photographes : Olys, jaade, Kanneki, nicosene, irfane, Teva, Inès.shoot. Sewan, Soheyb, Thamikh, saintchaz, Ice Ly et Monsieur Roger


Musique : Médine - l'Amour ; The Blaze - Enemy ; Kpoint - Rockstar


Extraits du film la haine




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ossama

    Disclaimer, ce podcast explore l'évolution du film La Haine et son adaptation en spectacle. Il a pour objectif de mettre en lumière tous les quartiers de France et de recueillir l'avis des Français, de rassembler des auditeurs autour de valeurs de respect et de promouvoir l'amour. Les extraits abordant les thèmes tels que la violence ou la haine sont strictement fictifs et servent uniquement à illustrer l'aspect artistique de l'œuvre. Toutes les personnes témoignant dans ce podcast ainsi que Artisans de l'Esprit réaffirment leur engagement en faveur de l'unité, du respect mutuel et de l'amour. Un documentaire réalisé par Osama Esaas de Artisans de l'Esprit. Sur ce, bonne écoute.

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays, hein. Non, je rigole. Les médias urbains. Ils essaient de plaider leur cause mais ils sont vraiment indépendables, ils ont pas de manière.

  • Wow wow wow wow, c 'est à moi que tu parles,

  • Speaker #1

    c'est à moi que tu parles, c'est à moi que tu parles putain !

  • Speaker #2

    C'est à moi que tu parles comme ça mec !

  • Speaker #1

    Et là on est à la Seine musicale pour la deuxième première de La haine, la comédie musicale.

  • Speaker #2

    Y'a Afida Turner qui passe comme ça en même temps, donc ça fait bizarre de la voir passer comme ça, comme une Schyz.

  • Ossama

    Mais non, parle avec tes tripes ! "Ça déchir trop, Il tue.

  • Speaker #2

    Il tue trop sa mère"

  • Ossama

    C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien.

  • Speaker #2

    Mais l'important c'est pas la chute. C'est l'atterrissage.

  • Ossama

    19h30, la scène musicale sur les bords de scène de Boulby. Tout commence sur le parvis quand un groupe d'émeutiers nous scrute du haut de l'écran. Un des somptueux tableaux de la comédie s'ensuit dans le hall d'entrée, une exposition de plusieurs photographes, artistes et graffeurs, provenant de tous les départements d'Ile-de-France. Ils mettent en avant leur quartier. De l'autre côté, un tapis rouge sur lequel toute une flotte de célébrités pose le temps d'une photo. On peut apercevoir Youssoupha, Feneu, Kevin Harazi, Pauline Regnault, Afida Turner ou encore des personnalités engagées comme Assa Traoré ou Moussa Kamara. Les cloches sonnent, il est temps de s'installer. Les portes se ferment. C'est 4008 personnes installées confortablement, prêtes pour un moment hors du temps. Une salle comble, le silence domine soigneusement la salle. On peut lire sur le visage des spectateurs l'empressement, prêt à vivre une expérience, celle de se replonger dans l'histoire de Vince, Saïd et Hubert. Un film qui a marqué les esprits de par son authenticité. Aujourd'hui, je vous emmène avec moi sur le spectacle de l'année. Du film au spectacle, du noir et blanc à une scénographie en trois dimensions, voici l'immersion du spectacle le plus saillant de l'année, la haine. Jusqu'ici, rien n'a changé. Acte 1. L'âme de l'œuvre originale. La haine. Un cri cinématographique intemporel. Sorti en 1995, La haine réalisée par Mathieu Kassovitz n'est pas seulement un film, c'est le reflet d'une société en crise. Dans un noir et blanc percutant, le film raconte 24 heures dans la vie de trois jeunes de banlieue. Vinz, Hubert et Saïd, tiraillés entre colère et désillusion, chacun incarne à sa manière cette jeunesse en quête de sens, entre révolte et espoir. Mais pour comprendre la haine, il faut revenir au contexte brûlant des années 90 en France, une époque marquée par des tensions sociales croissantes, une émeute urbaine et une méfiance palpable entre les quartiers populaires et les institutions. Kasovitz s'inspire directement d'un événement tragique, la mort de Makome Mbowole, un jeune de 17 ans abattu par la police lors d'une garde à vue. Ce drame, comme tant d'autres, cristallise un malaise profond que le film expose avec une intensité rare et authentique. Le génie de la haine réside dans son message universel. En explorant les fraudes sociales, le racisme et la violence systémique, Kasowitz dépasse les frontières géographiques et culturelles. Ce film, ancré dans une réalité française, résonne auprès du public du monde entier. Il pose une question. essentiel. Que se passe-t-il lorsqu'une société ignore les voix qui crient à l'injustice ? Mais cette fois, vue sous un autre angle, celui des personnes dont on a toujours négligé la parole.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, savais-tu que le film devait s'appeler initialement Droits de Cité pour faciliter les subventions ?

  • Ossama

    Enfin, la haine a marqué toute une génération et continue de résonner aujourd'hui. Il est devenu un symbole, un cri d'alerte intemporel, à la fois culte et tragiquement actuel. Avec un visuel fort, sa référence, sa bande originale et ses classiques, la haine s'ancre comme un chef-d'œuvre dans le cinéma français. Qu'en est-il aujourd'hui ? Le spectacle aura-t-il un impact aussi fort que son film ? En 2025, le contexte est-il encore d'actualité ? Dans un pays où les fractures sociales sont d'actualité, la haine a posé les bases de cette légitimité en 1995. L'ère numérique et l'intégration du hip-hop dans les genres diversifiés poursuivent cet héritage. C'est une danse qui raconte. Avec Émilie Capelle et Yaman Okur, la chorégraphie se fond dans le spectacle. Et ne font qu'un avec les dialogues. Tout type de danse est à l'honneur, du brain dance à la house. Chaque mouvement traduit ce que les mots ne peuvent dire. Une énergie brute, des corps en lutte et une poésie en action. Des images qui transcendent. Silent Partner Studio transforme la scène en une toile vivante. Les murs s'effacent, les rues prennent vie et le décor devient personnage. C'est beau, c'est puissant, c'est immersif. Un son qui relie les époques. La bande sont orchestrées par Proof, réunies des artistes comme I Am, M ou encore The Blast. Ça résonne comme un écho entre les années 90 et aujourd'hui. Une musique qui pulse, qui raconte, qui reste. Acte 2. L'artisanat du théâtre et des photographes. Le théâtre comme la photographie capte l'instant, l'émotion brute, et reflète une vérité qui nous dépasse. Pour capturer l'essence même d'un message en une photographie, il faut le sens du détail. Il suffit d'un instant, d'une fraction de seconde pour tout perdre. Ce n'est pas pour rien que l'on dit qu'une image vaut mille mots. Mais comment les jeunes générations traduisent-elles cette révolte ? Voici le témoignage des héritiers de la haine.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Nicolas Sène, j'habite à Nanterre, quartier Pablo Picasso. Je suis cinéaste, faiseur d'images. Je suis dans ce projet en lien avec le producteur Farid Bengala. de la haine. Donc voilà, moi mon rôle ça a été de rassembler, d'être en mode logis, de réunir des photographes, jeunes et moins jeunes, expérimentés ou non, sur le hall de la scène musicale. L'idée c'était de ramener un peu ce côté street et de mettre en avant des talents de toute la banlieue. Il y a des photographes, il y a des nassos 13ème rêve qui font du théâtre forum, il y a un graffeur qui s'appelle Antonin et il y a un autre artisan de l'amour, artisan de la haine, artisan de l'esprit, Osama, qui fait le podcast avec la haine.

  • Speaker #1

    Ouais, alors moi du coup c'est Kaneki, j'ai 22 ans, je suis artiste, je fais principalement de la photo depuis que j'ai 15-16 ans, mais je fais aussi du cinéma, je m'occupe de l'image d'artiste que j'accompagne sur du long terme aussi. Alors mon tableau c'est une photo de Capouin, c'est un rappeur du 91, qui a été prise dans son quartier à Rissorangis au plateau. C'était un jour où on tournait un clip d'un son qui s'appelle Rockstar, et du coup au milieu de son quartier on a décidé de... de faire un concert un peu sauvage. Donc on a ramené un peu des trucs de rockstar. Du coup, une caravane, des lumières,

  • Speaker #2

    des enceintes.

  • Speaker #1

    et donc à la fin il expose sa guitare contre un ampli on fait cramer sa guitare etc vraiment c'est une rockstar quoi et pour la petite anecdote du coup j'ai shooté cette photo sur ce clip là mais le clip il est jamais sorti parce que les rushs du réalisateur ont été perdus la carte SD a été perdue donc le clip ne sortira jamais Sur la photo, c'est un podcast, du coup on ne peut pas le voir, mais en fait Capon, il explose sa guitare contre un ampli par terre.

  • Ossama

    Et c'est la haine,

  • Speaker #1

    quoi. Ça représente la haine.

  • Speaker #2

    Moi,

  • Speaker #1

    j'ai un discours assez positif, donc je vais dire jusqu'ici tout va bien, parce qu'il y a toujours du positif, même dans les histoires les plus sombres.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Tëva, j'ai 20 ans, et je suis du Sud, je viens d'Ardèche, à côté de Valence. Mon tableau, il représente la vie de quartier, les dimanches dans les quartiers. Ils sortent les motos, les enfants, ils sont là. Il y a tout le monde. Tout le monde est là. C'est le jour de congé pour tout le monde.

  • Ossama

    Donc là, on voit un jeune qui est posé, l'autre qui est sur son vélo et deux autres à moto. C'est ça.

  • Speaker #2

    Là, sur le moment, j'ai volé l'instant. Le lien, c'est quand il y a le même message. C'est qu'à chaque fois que je rentre dans un quartier, je suis super bien accueilli. C'est comme si je rentrais dans une famille. C'est pour ça qu'à chaque fois, j'aime trop aller dans d'autres endroits. C'est que peu importe qui je suis, ils ne me connaissent pas, ils me serrent la main tous, que ce soit des petits, des grands. Et ça, je trouve ça incroyable. Il y a une solidarité qu'il y a dans les quartiers, qu'il n'y a pas ailleurs. On pourrait croire que dans les quartiers, c'est super dur d'y rentrer, mais en fait, il faut juste être humble et respectueux.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Inès.Shoot et je suis photographe depuis 5 ans et demi. Alors c'est une photographie que j'ai prise en studio avec une jeune fille et j'ai décidé de mettre en avant son regard parce qu'elle avait un regard perçant et donc je voulais vraiment garder un côté tout sombre autour d'elle et avoir vraiment son regard en tant que lumière. Je regardais beaucoup de photos sombres et je me suis dit pourquoi pas jouer avec les lumières et j'avais jamais testé une photo... délire un peu de lumière, studio, etc. Et je me suis dit, tu sais quoi, je vais prendre une fille qui a un bête de regard. Et c'est vrai que nous, chez les femmes, c'est grave perçant, c'est grave charmant, une femme qui a le regard et qui peut capter le public. Et donc, j'ai décidé de la prendre, elle, et vraiment de rendre tout autour d'elle sombre et laisser une toute petite lumière derrière elle qui a un message d'espoir. La haine se crée. dû au fait qu'on n'arrive pas à s'exprimer et se faire comprendre. En tout cas, moi, je le trouve. Et c'est comme ça que la haine, elle se crée et que l'humain n'arrive pas à contrôler ses nerfs et qu'il a la haine contre la société, etc. Parce qu'on ne nous écoute pas, donc on ne veut pas nous écouter surtout. Et donc, cette haine, elle se crée comme ça.

  • Ossama

    Toi, tu as la haine ?

  • Speaker #1

    Un peu, hein.

  • Ossama

    Tu la retranscris comment ?

  • Speaker #1

    À partir de mes photos, en vrai de vrai. Et sur les réseaux sociaux, quand je partage des réels. ou des choses qui boostent un peu la société et qui essayent de nous mettre en avant le plus possible. Salut, je m'appelle Anissa, je viens de Paris 19e et mon nom d'artiste, c'est Jaade. Je suis venue avec deux tableaux. J'en ai un qui s'appelle Le Mur et un autre qui s'appelle Dissidence. Et les deux, c'est des photos qui ont été prises pendant les manifestations contre la loi globale. Donc pour ceux qui se souviennent, il y a eu une période où l'État a décidé qu'on ne pouvait plus ni filmer ni photographier les policiers en action. Donc pendant leurs interventions, ce qui était très très problématique. Et du coup, la rue s'est devenue le chaos pendant trois mois. Il y avait le feu partout, il y avait des émeutes partout. Et en fait, j'ai couvert ça pendant deux mois. En fait, c'était vraiment l'anarchie. C'est un peu irréaliste maintenant que je prends du recul dessus, c'était vraiment bizarre. C'était vraiment un autre monde. C'était comme s'il n'y avait plus de loi, il y avait les super-hêtes, les magasins qui étaient dévalisés, tout était cassé, il n'y avait plus aucune règle. C'était vraiment la loi du plus fort, le fait d'essayer de se faire entendre et de porter sa voix contre quelque chose qui était vraiment injuste. C'est injuste de laisser la police avoir autant de liberté sur la vie de tout le monde.

  • Ossama

    Qu'est-ce que tu voyais dans le regard des gens que tu prenais en photo ?

  • Speaker #1

    Euh... En fait, ce n'était pas de la compassion, mais c'était un peu un check à distance. C'était vraiment bien vu. Merci de soutenir cette cause-là et d'agir contre le fait qu'on nous imbibilise et qu'on essaye de nous faire passer pour des casseuses, des casseurs, des mecs de quartier qui ne savent rien faire à part casser, alors que ce n'est pas ça. Il faut regarder le fond et pas la forme. En fait... J'essaye de rester quand même à distance parce que je suis très protectrice de ma vie et je n'aime pas trop me mettre en danger. Donc c'est là aussi tout le travail que j'ai dû faire pendant ces manifestations. C'était rentrer dans l'intimité des scènes et en même temps rester à distance pour protéger ma vie. Parce qu'il y avait des éclats de verre partout, il y avait des flashballs, il y a plein de gens qui ont été blessés, qui ont perdu des yeux, des bras, des trucs. Moi, ce n'était pas mon but, mais je voulais avoir vraiment des scènes de gens. de petits groupes qui, voilà, c'était vraiment des scènes de films et je voulais vraiment rentrer dans ces petites scènes-là et pas être au cœur du chaos.

  • Ossama

    Sewan, on est devant ta photo. Comment elle s'appelle déjà ta photo ?

  • Speaker #1

    Elle s'appelle Foreigner. En anglais, ça veut dire étranger. Et ça vient du concept de l'étranger. Pas sur l'origine, mais sur le fait que, sur cette miniature en fait, qui est composée de trois fois quatre photos, c'est des gens... avec qui j'ai passé beaucoup de temps dans ma vie, et qui sont tous étrangers de eux, mais indirectement, c'est les mêmes, parce que je les connais très bien. J'ai voulu représenter un peu mon écosystème social et mettre en avant aussi quelques artistes qui sont issus de la musique,

  • Speaker #2

    du son, de l'image.

  • Speaker #1

    La production de La Haine nous a demandé de s'inspirer un peu de la direction artistique. On a tout fait là, cette semaine, donc la semaine de l'expo. Et à côté de ça, j'ai voulu un peu, pas juste ramener un cadre avec des photos, j'ai un peu animé le truc, donc on a mis des impacts de balles, on a fait des rayures au couteau,

  • Speaker #2

    parce que dans le film La Haine,

  • Speaker #1

    il y a une scène qui est culte,

  • Ossama

    c'est le tir,

  • Speaker #1

    et il y a une deuxième scène qui est culte, c'est les couteaux avec les skinheads. C'est ça ? Ah,

  • Speaker #2

    ça fait pas gaffe. Il y a de bons flics, tu vois. La gueule. Un bon skin, ça skinne mort. Tire. Moi, c'est Tamika Thierry, je viens du 93, je suis photographe réalisateur. Et voilà, je laisse la parole à mon collègue. Moi, je m'appelle Soeb Studio, je suis réalisateur,

  • Speaker #1

    créateur de contenu. Le tableau,

  • Speaker #2

    il est très simple en vérité. Je suis parti sur un mec cagoulé. Une partie droite, ça représente le bien, une partie gauche, ça représente le mal. Le mal, vous l'aurez compris, il y a la drogue, il y a le cœur noir. Il est avide son cœur et il y a une partie de son cerveau qui part en fumée. L'autre partie, en fait, c'est un être humain normal. Et la petite touche, le détail, c'est là que vraiment ça fait la différence. C'est au niveau de la montre. La montre, elle est du côté noir et blanc. Ça rappelle quoi ? Memento mori. Tu crois qu'il arrive, en fait, tu vas mourir, poto. C'est bien de faire des sous, mais fais-les bien. Fin de temps de parole. Il a été bon, il a été bon.

  • Speaker #1

    Il a dit fin de temps de parole.

  • Speaker #2

    Moi, en fait, j'ai envie de faire ce comparatif, c'est que ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est plus une preuve d'amour plutôt qu'une preuve de... tu vois ? Moi, je vais te décrire le tableau quotidien. C'est un tableau où on voit un enfant, dans son quotidien, on le voit jouer avec un talkie-walkie. Et en gros, quand on a parlé un peu avec lui sur place, il faut se dire que cette photo a été prise en Palestine,

  • Speaker #1

    en Cisjordanie.

  • Speaker #2

    L'enfant nous disait que c'est ce qu'il voyait au quotidien, il le reproduisait parce que c'est un enfant. Donc il joue avec ses amis, il est en vélo, il a un talkie-walkie. Mais en fait, c'est les soldats qu'il voyait au quotidien. Et là, sur la photo, on voit des bâtiments délabrés. Là, je n'imagine même pas, la photo a été prise en 2020, je n'imagine même pas quel est l'état actuel. Mais moi, quand j'ai proposé de faire cette photo et de l'exposer, c'était pour montrer ce que les gens ne peuvent pas voir. Moi, je suis parti déjà trois fois. en terre palestinienne. Et j'ai été très bien accueilli. J'ai vu des gens qui vivaient, malgré beaucoup de manque de liberté, manque de ressources et plein de choses, mais qui vivaient comme nous ici, dans le sens où ils avaient des réseaux sociaux,

  • Speaker #1

    ils allaient travailler,

  • Speaker #2

    ils essayaient de survivre.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Irfan, j'ai 23 ans, j'ai grandi en banlieue dans le 78. Du coup c'est une photo architecturale d'un bâtiment qui s'appelle Habitat 67. C'était un projet d'architecture du coup à Montréal dans la cité du Havre. Comme on ne voit pas la photo pour décrire, en fait c'est trois gros bâtiments de 22 étages qui ont des cubes en fait empilés les uns sur les autres et qui sont pleins d'appartements. Et en fait ça fait face à la ville de Montréal et c'est complètement détaché du style architectural de la ville. J'ai pensé à cette photo parce que c'était une approche un peu différente de la cité. Dans le sens où aujourd'hui c'est devenu un peu bobo, les gens qui habitent dedans c'est des gens qui ont de l'argent. C'est plus du tout la conception de cité qu'on peut avoir. Et on peut même pas y accéder en fait, il faut payer. Et je trouvais ça intéressant de montrer qu'ailleurs aussi en fait il y a des cités, des banlieues qui sont plus ou moins différentes. Salut, moi c'est Aïssa Tou, plus connue sous le nom de Aïssli. Je viens de Bobigny et aujourd'hui je suis super contente d'exposer à la haine. Aujourd'hui sur mon tableau il y a mon quartier, Pôle-et-Loire de Bobigny. Mon objectif c'était de rendre hommage à mon quartier puisqu'il va faire face à une destruction, une démolition de la dalle, un peu comme Olympiade. Je voulais vraiment capturer ça.

  • Ossama

    Est-ce que tu peux nous décrire ce tableau ?

  • Speaker #1

    Là sur le tableau on a la dalle avec des pigeons parce qu'en fait on ne se rend pas compte mais les pigeons ça fait... partie intégrante du décor. Les grandes tours, parce que nous, on a des tours de 18 étages. Je voulais vraiment illustrer la grandeur de nos bâtiments. Parce que moi, j'habite déjà au 11e. Et quand je suis par ma fenêtre, j'ai l'impression d'être sur un balcon d'opéra. Je kiffe de ouf. Pour moi, la haine, c'est quelque chose qui est vraiment universelle déjà. Parce que là, on se rend compte qu'il y a plusieurs conflits dans le monde entier. On se rend compte qu'on a... des problématiques différentes. Par exemple, moi, je sais que j'ai déjà reçu des Palestinas à Bobigny et eux, en fait, leur haine, c'était du coup que leur territoire s'est occupé. Et eux, ils étaient étonnés justement que l'année dernière, on fasse grève juste par rapport à le truc des 63 ans. Et du coup, en vrai, tu te rends compte que chaque personne défend un peu par rapport à où il vit et tu te rends compte que la haine, elle est vraiment différente en fonction de là où tu viens.

  • Speaker #2

    Les Arlequins et les Moutons, qui est un tableau shooté en 2016 dans mon quartier en noir et blanc. La première fois qu'un mec de ma cité, je m'en rappellerai toute ma vie, pour faire du lien avec la haine, il s'appelle Samy, alias Boots, qui quand a vu la photo, il m'a dit Ah, t'en dirais une scène de la haine Il m'a dit ça en étant en 2016. On a vécu un drame impardonnable, un drame qui nous a tous mis dans une noirceur du cœur. On a perdu le petit Naël, père à son âme, force à sa maman, Mounia, qui se bat chaque jour pour garder la foi. Pour te donner une anecdote, j'étais à Rio en novembre dernier. Je suis en bas des favelas de Rossignan, les plus grandes favelas du Brésil et du Rio. Les gars là-bas m'ont dit Tu viens d'où Paris ? Tu connais Naël ? Je suis au Brésil, à des milliers de kilomètres, on me parle de Naël. Je me suis empressé d'appeler la maman en fast-time. Je lui dis T'es où, Nicolas ? Je suis en Rossignol, au Brésil, dans une favela. Tiens, je te passe les gars de la favela. Ils ont parlé avec elle, tu vois. C'est un petit clin d'œil pour te dire que c'est une histoire qui nous a tous touchés. Pour certains, on est proche du quartier. Donc moi, je suis un mec de Nanterre. Donc Nanterre a sombré dans le feu. C'est une réaction, une automutilation. C'est une jeune de mon quartier qui s'appelle Ayana qui a utilisé ce mot-là. Vince, c'était d'affection. Naël, c'était du réel. Je m'appelle Chardel, sur les réseaux Sainte-Chaze. J'ai exposé deux photos qui font partie d'une série que j'avais faite il y a maintenant un peu plus de trois ans, le sud de la ville. Du coup, en fait, le thème, c'était un peu de déconstruire un peu les stéréotypes qu'on peut avoir sur les quartiers populaires. Et je prenais le... mon quartier, les Baconnais à Antony, avec mon prisme, avec mon oeil, et ce que je voyais au quotidien. Donc du coup, la première photo, c'est mon meilleur ami, un de mes meilleurs amis au quartier, avec sa maman. Et la deuxième, c'est un jeune, comme dans tous les quartiers, avec son motocross en bas de la cité. Yo, Antonin, monsieur Roger, et d'autres blazes dans la street qu'on ne va pas déclarer ici. Graphici. Là je suis en train de faire une petite pièce graphique ici, avec un petit leitrage. J'ai repris la punch du spectacle. Jusqu'ici rien n'a changé. Moi je suis un amoureux des lettres, donc dès qu'on peut dessiner des lettres je suis présent.

  • Ossama

    acte 3 l'héritage et la résonance si ces jeunes artistes sont le reflet de ce chef d'oeuvre Qu'en est-il des célébrités présentes lors de la première ? On écoute Bruce Iganji, danseur et fondateur de Juste Debout et JD School. Bruce, on est au spectacle La Haine, c'est l'entracte. Contrairement au film, là il y a plus de danse, il y a un vrai show. Avec ton œil d'artiste, qu'est-ce que tu peux nous dire ?

  • Speaker #2

    J'attends de voir la deuxième partie, mais dans la première partie déjà ce qui me plaît... C'est que justement, ils ont mis la danse à l'honneur et que c'est un art à part entière de nos cultures. Et que ça fait corps. En fait, quand tu me dis il y a de la danse, plus de danse qu'en film, ce qui est bien, c'est qu'on ne le voit pratiquement pas. C'est inclus, c'est incorporé. Et ça, c'est puissant.

  • Ossama

    On écoute Pauline Regnault.

  • Speaker #1

    Écoute, j'étais très curieuse de pouvoir voir ce qui allait se passer. Je dirais que... j'avais hâte de voir la première comédie musicale rap, tu vois. Et on est en 2024. Et ma légère frustration, c'est qu'on n'a pas un énorme butu dans toute la comédie musicale. Et ça, c'est ma vraie grande frustration. En revanche, vraiment, énorme coup de cœur. Et là, je peux même le dire, j'ai répleu sur la séquence juste avant l'entraque, tu vois. Quand t'as la meuf qui ride dans les airs, je me suis pris une... un teutard légendaire à laquelle je ne m'attendais pas. Donc merci vraiment pour cette expérience incroyable et inédite. Bravo pour une première.

  • Ossama

    Benjamin Epps, rappeur, auteur, compositeur, interprète.

  • Speaker #1

    30 ans plus tard,

  • Ossama

    on est passé de jusqu'ici tout va bien à jusqu'ici rien n'a changé. T'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les choses ont bougé, sauf qu'elles n'ont pas bougé suffisamment, elles n'ont pas bougé assez vite et elles ne bougent pas forcément dans la bonne direction.

  • Speaker #2

    30 ans plus tard,

  • Speaker #1

    il y a encore les histoires de Naël, l'affaire Naël, etc. Je pense qu'on peut faire mieux, je pense qu'on mérite mieux et je prie et j'espère, je me bats, en tout cas je milite pour que les choses bougent. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai accepté... le projet avec beaucoup de convictions exactement.

  • Ossama

    Kevin, est-ce que d'après toi, en 2024, rien n'a changé ?

  • Speaker #1

    Je me faisais la réflexion hier, justement quand je regardais le film avec ma chérie, et franchement, rien n'a changé, si ce n'est que maintenant on peut filmer quand il se passe des dingueries. dans des émeutes, etc. dans des confrontations avec la police, c'est la seule chose qui a changé mais sinon vraiment rien n'a changé et c'est flippant parce que ça veut dire que ça a 30 piges et là tu te dis, wow, qu'est-ce qu'on a fait en fait ? Qu'est-ce qu'on a fait pour que ça devienne même pire ? C'est une dinguerie.

  • Ossama

    Et justement, qu'est-ce que nous on doit faire pour faire changer les choses ? Est-ce que même c'est à nous de le faire ?

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays hein ! Non je rigole ! Faut s'en aller hein ! Si vous avez des double passeports, allez-y, fuyez ! Fuyez ! Non, c'est pas que nous. Malheureusement, il faut aussi qu'on arrête de prendre cette responsabilité. À chaque fois, on nous dit Oui, ça, nous, il faut aller voter, il faut aller ceci. Nous, de toute façon, on a une marge de manœuvre qui est minime, mais c'est là-haut que les choses peuvent changer. Et tant qu'on aura tout le temps les mêmes têtes qui dirigent, ça changera. Il faut arrêter de s'inventer des histoires de démocratie, de machin. Nous, on peut faire ce qu'on peut. Comme le dit Alpha One, moi, je fais ce que je peux dans mon champ d'action.

  • Ossama

    Malik Hamraoui

  • Speaker #1

    Bayoussar Le film il s'est passé il y a 30 piges C'est encore actuel aujourd'hui Il y a énormément de messages qui sont passés dans ce spectacle Parce que voilà on vit encore des choses qu'on vivait il y a 30 ans Et qu'on vit malheureusement encore aujourd'hui Donc c'est très bien qu'ils aient fait un spectacle bien fait, familial et en même temps qui dénonce Parce que malheureusement comme je l'ai déjà dit, je me répète mais On est dans une réalité depuis 30 ans.

  • Speaker #2

    Vous qui êtes justement dans le théâtre, dans la comédie, quelle marge de progression on doit faire encore pour se faire encore plus remarquer ? Quand je dis nous, c'est les gens de banlieue, de quartier.

  • Ossama

    Pour se faire plus remarquer ? Je ne sais pas, mais je pense que moi, par exemple, je trouve que dans le théâtre, il y a une évolution. Avant, il n'y avait pas de rebeu au théâtre. Je n'en voyais pas. Moi, quand j'étais au cours Florent, je me rappelle, on était deux rebeus sur mille personnes, je crois. Mais maintenant, quand tu regardes bien, tu vas au conservatoire, on n'est même plus des quotas, je pense. Je pense que ça y est maintenant, on a passé le côté quota. Et maintenant, c'est au talent. Et je vois plus de renois, de rebeux, de cités qui sont au théâtre, qui jouent du Racine, qui jouent... Je les vois dans le Misanthrope.

  • Speaker #1

    Dans les films, c'est pareil. Quand on regarde La Haine, c'était il y a plus de 30 ans. Saïd Taghmawi qui jouait Saïd, c'était l'un des premiers rebeus qu'on voyait dans le cinéma. Et aujourd'hui quand on regarde, on a un nombre de rebeus très connus, talentueux, même qui passent l'international aujourd'hui. Je pense à Tahar Rahim par exemple. Dans les Renois pareil, Hubert c'était l'un des premiers Renois qu'on voyait au cinéma. Malheureusement qu'il n'a pas eu la carrière qui a suivi et ça c'est désolant parce que c'est un mec bourré de talent. Aujourd'hui on a des Omar Sy, des acteurs comme Ahmed Silla, comme plein d'autres gens. Et comme il a dit Malik, il y a eu vraiment une ascension aussi du côté banlieue. Et je pense que c'est aussi par le travail. Parce que le travail aussi, on remet beaucoup en question pas mal de choses, mais le travail, il y est pour beaucoup. Le travail, malheureusement, on n'a rien sans rien. Donc le travail amène le travail. C'est-à-dire que si tu as du talent, si tu es bon dans quoi que ce soit, Même si ce n'est pas dans l'acting ou dans la comédie, il faut toujours croire en soi, essayer de marcher avec les personnes qui croient en toi. Et juste de croire en nous, c'est déjà très bien. Et on peut aller plus loin. Il peut y avoir des avocats, des médecins, des acteurs. Il y en a même chez la police, ce sont des gens très bien.

  • Speaker #3

    On écoute Moussa Camara, fondateur des Déterminés.

  • Speaker #4

    Si les choses se sont changées dans le sens où il y a de la violence policière toujours, mais par rapport à nos anciens, la situation n'est plus la même. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les anciens ont vraiment subi des injustices, mais inimaginables. Et en plus, ils n'avaient pas les porte-voix, les réseaux sociaux, où quand il y a une injustice, tu vois, c'est bloqué, personne n'en parle. Limite, tu vois, ça ne fait pas la lune des journaux aujourd'hui. avec les réseaux sociaux, Internet et tout. Dès qu'il y a une bavure, c'est filmé. Les jeunes se mobilisent beaucoup plus facilement, moins dans la rue, mais plus sur les réseaux. Et parfois, c'est une caisse de résonance qui a un plus grand impact.

  • Speaker #2

    Mais est-ce que ce n'est pas une autre forme de violence maintenant, à travers les réseaux sociaux, par exemple ?

  • Speaker #4

    Si, c'est une autre forme de violence. Mais il faut prendre beaucoup de recul. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde se permet de dire tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux. Et ce que je trouve dommage. Mais maintenant, il faut instruire les gens, il faut retrouver une société apaisée, il faut que les gens se parlent. Tu vois, nous, c'est ce qu'on fait, avec les déterminés notamment. Mais la violence, ça ne paye jamais. À la fin, on sait c'est qui les grands perdants, c'est qui qui brise leur destin et leur trajectoire. C'est tout le temps les mêmes, donc il y a un vrai sujet.

  • Speaker #3

    On écoute Assa Traoré.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu penses qu'en faisant des spectacles comme celui-ci, ça peut impacter beaucoup plus positivement et ça peut vraiment faire changer les choses, contrairement à des émeutes ?

  • Speaker #5

    Je ne suis pas là pour dire que… Moi, je ne suis pas dans un comparatif. Il n'y a pas ceux qui font moins et ceux qui font plus. Et surtout… Il faut surtout rendre hommage à cette jeunesse, cette jeunesse dans les quartiers. C'est pas une jeunesse... Moi j'utilise pas le mot émeute, moi j'utilise le mot révolte. C'est une jeunesse qui, quand elle se lève, c'est parce qu'elle aime son pays. Quand on se lève et qu'on est révolté, c'est parce qu'on aime l'endroit où on est, parce qu'on a touché à quelque chose qu'on aime. Et ça, c'est ça qui est mis en avant et c'est ça qu'on doit respecter. Bien évidemment, il faut l'utiliser. Ce sont des ponts qui sont faits entre le monde artistique ou des peintres qui vont faire de la peinture, des personnes qui vont chanter. Et là, c'est sur la scène musicale. Donc oui, on va toucher un plus large public, on va toucher d'autres personnes, on va toucher une sensibilité autrement de d'autres personnes. En tout cas, ça vient compléter, ça vient renforcer et ça vient donner une autre lumière qui aurait une autre portée. Et ça, c'est important.

  • Speaker #3

    Alors, est-ce que jusqu'ici, rien n'a changé ? Au vu des témoignages, il faut croire que c'est du 50-50 pour les uns. Dans les faits, les violences policières continuent d'exister. Le média Bastamag a compilé une base de données couvrant la période de 1977 à 2022, recensant 861 décès liés à des interventions des forces de l'ordre, dont 80 causés par des agents en dehors de leur service. Ce sont des chiffres compilés et analysés par Yvan Duroy et Ludo Saint-Bille. Un futur plus optimiste pour les autres, notamment avec l'entrepreneuriat où 26% des entrepreneurs issus des QPV en 2023 contre 14% en 2018. Selon Banque des Territoires, BPI France a soutenu la création de 32 000 entreprises dans les quartiers prioritaires. Cette fois-ci, Big Media indique que les entreprises créées dans les QPV affichent un taux de pérennité à 3 ans de 77%. pour cent supérieur à la moyenne nationale de 74%, indiquant une résilience notable des entrepreneurs de ces quartiers. Cet épisode est aussi un hommage aux défunts partis trop tôt. Parmi elles, Makome Mbowole. Ziad Bena et Buna Traoré, Amadou Koume, Adama Traoré, Cédric Ausha, Naël Merzouk, Lamine Diang, Wissam Eliamni et tous les autres. Et pour conclure, un message toujours d'actualité.

  • Speaker #4

    Le message qu'il faut avoir, c'est toujours un message optimiste, un message d'espoir. Aujourd'hui, ça va mal, mais demain, ça ira mieux, tout simplement.

  • Speaker #6

    Ce que j'aime toujours, c'est ce vrai message d'espoir à la fin qu'on a. Et là, je le redis de vive voix avec toi, tu vois, avec beaucoup de bonheur. Mais j'en suis convaincue, la solution, les solutions futures sont dans l'unité que tous ensemble, on va pouvoir créer. Donc j'espère en tout cas que cette première comédie musicale du rap... la haine qui prône l'amour in fine, nous permettent vraiment de créer des solutions de collaboration et d'entraide entre nous tous.

  • Speaker #4

    Mais en fait, la difficulté, c'est d'avoir les moyens pour avoir une exposition. Ça, c'est compliqué.

  • Speaker #7

    Je ne vais pas vous mentir, je suis musulmane, donc je suis pacifiste dans l'âme. Donc moi, je prône que la paix, mais la paix, ça ne se gagne pas en restant au fond de son canapé. C'est par des actions vraiment coup de poing et ça passe aussi par la culture. par la lecture, par la musique. Exprimez-vous comme vous le voulez, mais sans violence, et vous serez encore mieux écoutés.

  • Speaker #1

    De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas. Et de la haine à l'amour, il faut en faire deux. Chacun fait un pas vers l'autre.

  • Speaker #3

    Ce spectacle, ce n'est pas juste une adaptation, c'est une conversation avec notre époque. On y parle de colère, d'injustice, d'amitié et surtout de l'urgence de ne pas détourner le regard. C'est ça, la haine sur scène. Un cri, une danse, une lumière, une œuvre qui continue de vivre, de bousculer, de nous rappeler que, parfois, l'art est notre plus beau reflet.

  • Speaker #1

    Si je shoot un bleu, tout ça va sûrement finir en émeute. Les publics rentreront chez eux en se disant on est neutre. Tout ça m'émeut, mais j'ai choisi de partir sans faire le haineux.

  • Speaker #3

    Le spectacle étant tourné dans toute la France à partir de janvier 2025. Merci d'avoir écouté jusqu'au bout. C'est un podcast indépendant qui a besoin de ton soutien pour toucher le cœur d'un maximum de personnes. Une note de 5 étoiles, un follow, un commentaire, un partage m'aiderait énormément. Tu peux aussi m'écrire sur Instagram pour donner tes retours ou même m'écrire par mail si tu veux. Artisan de l'esprit tout attaché, arrobase gmail.com Je tiens sincèrement à remercier Farid Ben Laga pour avoir rendu ça possible. Sarah Nogueira pour sa disponibilité. Toute l'équipe de la scène musicale pour l'accueil, mon frère Nicolas Senn pour l'aventure et tous les photographes présents pour la bonne humeur. Ines.Chout, Siwan, Soheib, Tami, Sanchez, Aisli et notre graffeur, Monsieur Roger. Ouais,

  • Ossama

    putain de merde. On n'est pas sortis de l'auberge. Non, non, si, si. L'amour, dernier mot.

  • Speaker #3

    C'est pour la culture.

Description

C’est l’événement de l’année :


La Haine réinventée sous la forme d’un spectacle musical puissant par Mathieu Kassovitz

Une œuvre culte, revisitée pour faire résonner ses révoltes et son héritage.

Dans cet épisode, nous plongeons dans les origines du film iconique de Mathieu Kassovitz, un miroir de son époque, tout en explorant comment cette adaptation sur scène amplifie son message universel.


En immersion à la Seine musicale, Le producteur Farid Benlagha décide de voir les choses en grand et demande à de jeunes photographes de tous les départements d'île-de-France de venir exposer dans le Hall, pour le rendre encore plus vivant.


Des témoignages de jeunes photographes, graffeurs et artistes, aux réflexions de figures influentes, découvrez comment La Haine continue d’inspirer et de bousculer.


Kevin Razy, Benjamin Eeps, Pauline Raignault, Bruce Ykanji, Assa Traoré, Moussa Camara, Bayou Sarr, Malik Aamraoui ont pris le temps de témoigner et nous donner un avis sincère sur leur.


Entre analyse, récits et voix engagées, cet épisode t'emmène vers l'amour 🖤


Sources :


Artisan de l’esprit .


Merci à : Benjamin EepsBruce Ykanji, Pauline Raignault, Kevin Razy, Malik Aamraoui & Bayou Sarr, Assa Traoré et Moussa Camara.


Remerciement :

Farid Benlagha pour avoir rendu ça possible,

Sarah Nogueira pour la disponibilité, 

Toute L’équipe de la Seine musicale pour l'accueil 

Mon frérot Nicolas Sene pour l’aventure 

Et tous les photographes présent pour la bonne humeur

Bigup aux photographes : Olys, jaade, Kanneki, nicosene, irfane, Teva, Inès.shoot. Sewan, Soheyb, Thamikh, saintchaz, Ice Ly et Monsieur Roger


Musique : Médine - l'Amour ; The Blaze - Enemy ; Kpoint - Rockstar


Extraits du film la haine




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ossama

    Disclaimer, ce podcast explore l'évolution du film La Haine et son adaptation en spectacle. Il a pour objectif de mettre en lumière tous les quartiers de France et de recueillir l'avis des Français, de rassembler des auditeurs autour de valeurs de respect et de promouvoir l'amour. Les extraits abordant les thèmes tels que la violence ou la haine sont strictement fictifs et servent uniquement à illustrer l'aspect artistique de l'œuvre. Toutes les personnes témoignant dans ce podcast ainsi que Artisans de l'Esprit réaffirment leur engagement en faveur de l'unité, du respect mutuel et de l'amour. Un documentaire réalisé par Osama Esaas de Artisans de l'Esprit. Sur ce, bonne écoute.

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays, hein. Non, je rigole. Les médias urbains. Ils essaient de plaider leur cause mais ils sont vraiment indépendables, ils ont pas de manière.

  • Wow wow wow wow, c 'est à moi que tu parles,

  • Speaker #1

    c'est à moi que tu parles, c'est à moi que tu parles putain !

  • Speaker #2

    C'est à moi que tu parles comme ça mec !

  • Speaker #1

    Et là on est à la Seine musicale pour la deuxième première de La haine, la comédie musicale.

  • Speaker #2

    Y'a Afida Turner qui passe comme ça en même temps, donc ça fait bizarre de la voir passer comme ça, comme une Schyz.

  • Ossama

    Mais non, parle avec tes tripes ! "Ça déchir trop, Il tue.

  • Speaker #2

    Il tue trop sa mère"

  • Ossama

    C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien.

  • Speaker #2

    Mais l'important c'est pas la chute. C'est l'atterrissage.

  • Ossama

    19h30, la scène musicale sur les bords de scène de Boulby. Tout commence sur le parvis quand un groupe d'émeutiers nous scrute du haut de l'écran. Un des somptueux tableaux de la comédie s'ensuit dans le hall d'entrée, une exposition de plusieurs photographes, artistes et graffeurs, provenant de tous les départements d'Ile-de-France. Ils mettent en avant leur quartier. De l'autre côté, un tapis rouge sur lequel toute une flotte de célébrités pose le temps d'une photo. On peut apercevoir Youssoupha, Feneu, Kevin Harazi, Pauline Regnault, Afida Turner ou encore des personnalités engagées comme Assa Traoré ou Moussa Kamara. Les cloches sonnent, il est temps de s'installer. Les portes se ferment. C'est 4008 personnes installées confortablement, prêtes pour un moment hors du temps. Une salle comble, le silence domine soigneusement la salle. On peut lire sur le visage des spectateurs l'empressement, prêt à vivre une expérience, celle de se replonger dans l'histoire de Vince, Saïd et Hubert. Un film qui a marqué les esprits de par son authenticité. Aujourd'hui, je vous emmène avec moi sur le spectacle de l'année. Du film au spectacle, du noir et blanc à une scénographie en trois dimensions, voici l'immersion du spectacle le plus saillant de l'année, la haine. Jusqu'ici, rien n'a changé. Acte 1. L'âme de l'œuvre originale. La haine. Un cri cinématographique intemporel. Sorti en 1995, La haine réalisée par Mathieu Kassovitz n'est pas seulement un film, c'est le reflet d'une société en crise. Dans un noir et blanc percutant, le film raconte 24 heures dans la vie de trois jeunes de banlieue. Vinz, Hubert et Saïd, tiraillés entre colère et désillusion, chacun incarne à sa manière cette jeunesse en quête de sens, entre révolte et espoir. Mais pour comprendre la haine, il faut revenir au contexte brûlant des années 90 en France, une époque marquée par des tensions sociales croissantes, une émeute urbaine et une méfiance palpable entre les quartiers populaires et les institutions. Kasovitz s'inspire directement d'un événement tragique, la mort de Makome Mbowole, un jeune de 17 ans abattu par la police lors d'une garde à vue. Ce drame, comme tant d'autres, cristallise un malaise profond que le film expose avec une intensité rare et authentique. Le génie de la haine réside dans son message universel. En explorant les fraudes sociales, le racisme et la violence systémique, Kasowitz dépasse les frontières géographiques et culturelles. Ce film, ancré dans une réalité française, résonne auprès du public du monde entier. Il pose une question. essentiel. Que se passe-t-il lorsqu'une société ignore les voix qui crient à l'injustice ? Mais cette fois, vue sous un autre angle, celui des personnes dont on a toujours négligé la parole.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, savais-tu que le film devait s'appeler initialement Droits de Cité pour faciliter les subventions ?

  • Ossama

    Enfin, la haine a marqué toute une génération et continue de résonner aujourd'hui. Il est devenu un symbole, un cri d'alerte intemporel, à la fois culte et tragiquement actuel. Avec un visuel fort, sa référence, sa bande originale et ses classiques, la haine s'ancre comme un chef-d'œuvre dans le cinéma français. Qu'en est-il aujourd'hui ? Le spectacle aura-t-il un impact aussi fort que son film ? En 2025, le contexte est-il encore d'actualité ? Dans un pays où les fractures sociales sont d'actualité, la haine a posé les bases de cette légitimité en 1995. L'ère numérique et l'intégration du hip-hop dans les genres diversifiés poursuivent cet héritage. C'est une danse qui raconte. Avec Émilie Capelle et Yaman Okur, la chorégraphie se fond dans le spectacle. Et ne font qu'un avec les dialogues. Tout type de danse est à l'honneur, du brain dance à la house. Chaque mouvement traduit ce que les mots ne peuvent dire. Une énergie brute, des corps en lutte et une poésie en action. Des images qui transcendent. Silent Partner Studio transforme la scène en une toile vivante. Les murs s'effacent, les rues prennent vie et le décor devient personnage. C'est beau, c'est puissant, c'est immersif. Un son qui relie les époques. La bande sont orchestrées par Proof, réunies des artistes comme I Am, M ou encore The Blast. Ça résonne comme un écho entre les années 90 et aujourd'hui. Une musique qui pulse, qui raconte, qui reste. Acte 2. L'artisanat du théâtre et des photographes. Le théâtre comme la photographie capte l'instant, l'émotion brute, et reflète une vérité qui nous dépasse. Pour capturer l'essence même d'un message en une photographie, il faut le sens du détail. Il suffit d'un instant, d'une fraction de seconde pour tout perdre. Ce n'est pas pour rien que l'on dit qu'une image vaut mille mots. Mais comment les jeunes générations traduisent-elles cette révolte ? Voici le témoignage des héritiers de la haine.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Nicolas Sène, j'habite à Nanterre, quartier Pablo Picasso. Je suis cinéaste, faiseur d'images. Je suis dans ce projet en lien avec le producteur Farid Bengala. de la haine. Donc voilà, moi mon rôle ça a été de rassembler, d'être en mode logis, de réunir des photographes, jeunes et moins jeunes, expérimentés ou non, sur le hall de la scène musicale. L'idée c'était de ramener un peu ce côté street et de mettre en avant des talents de toute la banlieue. Il y a des photographes, il y a des nassos 13ème rêve qui font du théâtre forum, il y a un graffeur qui s'appelle Antonin et il y a un autre artisan de l'amour, artisan de la haine, artisan de l'esprit, Osama, qui fait le podcast avec la haine.

  • Speaker #1

    Ouais, alors moi du coup c'est Kaneki, j'ai 22 ans, je suis artiste, je fais principalement de la photo depuis que j'ai 15-16 ans, mais je fais aussi du cinéma, je m'occupe de l'image d'artiste que j'accompagne sur du long terme aussi. Alors mon tableau c'est une photo de Capouin, c'est un rappeur du 91, qui a été prise dans son quartier à Rissorangis au plateau. C'était un jour où on tournait un clip d'un son qui s'appelle Rockstar, et du coup au milieu de son quartier on a décidé de... de faire un concert un peu sauvage. Donc on a ramené un peu des trucs de rockstar. Du coup, une caravane, des lumières,

  • Speaker #2

    des enceintes.

  • Speaker #1

    et donc à la fin il expose sa guitare contre un ampli on fait cramer sa guitare etc vraiment c'est une rockstar quoi et pour la petite anecdote du coup j'ai shooté cette photo sur ce clip là mais le clip il est jamais sorti parce que les rushs du réalisateur ont été perdus la carte SD a été perdue donc le clip ne sortira jamais Sur la photo, c'est un podcast, du coup on ne peut pas le voir, mais en fait Capon, il explose sa guitare contre un ampli par terre.

  • Ossama

    Et c'est la haine,

  • Speaker #1

    quoi. Ça représente la haine.

  • Speaker #2

    Moi,

  • Speaker #1

    j'ai un discours assez positif, donc je vais dire jusqu'ici tout va bien, parce qu'il y a toujours du positif, même dans les histoires les plus sombres.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Tëva, j'ai 20 ans, et je suis du Sud, je viens d'Ardèche, à côté de Valence. Mon tableau, il représente la vie de quartier, les dimanches dans les quartiers. Ils sortent les motos, les enfants, ils sont là. Il y a tout le monde. Tout le monde est là. C'est le jour de congé pour tout le monde.

  • Ossama

    Donc là, on voit un jeune qui est posé, l'autre qui est sur son vélo et deux autres à moto. C'est ça.

  • Speaker #2

    Là, sur le moment, j'ai volé l'instant. Le lien, c'est quand il y a le même message. C'est qu'à chaque fois que je rentre dans un quartier, je suis super bien accueilli. C'est comme si je rentrais dans une famille. C'est pour ça qu'à chaque fois, j'aime trop aller dans d'autres endroits. C'est que peu importe qui je suis, ils ne me connaissent pas, ils me serrent la main tous, que ce soit des petits, des grands. Et ça, je trouve ça incroyable. Il y a une solidarité qu'il y a dans les quartiers, qu'il n'y a pas ailleurs. On pourrait croire que dans les quartiers, c'est super dur d'y rentrer, mais en fait, il faut juste être humble et respectueux.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Inès.Shoot et je suis photographe depuis 5 ans et demi. Alors c'est une photographie que j'ai prise en studio avec une jeune fille et j'ai décidé de mettre en avant son regard parce qu'elle avait un regard perçant et donc je voulais vraiment garder un côté tout sombre autour d'elle et avoir vraiment son regard en tant que lumière. Je regardais beaucoup de photos sombres et je me suis dit pourquoi pas jouer avec les lumières et j'avais jamais testé une photo... délire un peu de lumière, studio, etc. Et je me suis dit, tu sais quoi, je vais prendre une fille qui a un bête de regard. Et c'est vrai que nous, chez les femmes, c'est grave perçant, c'est grave charmant, une femme qui a le regard et qui peut capter le public. Et donc, j'ai décidé de la prendre, elle, et vraiment de rendre tout autour d'elle sombre et laisser une toute petite lumière derrière elle qui a un message d'espoir. La haine se crée. dû au fait qu'on n'arrive pas à s'exprimer et se faire comprendre. En tout cas, moi, je le trouve. Et c'est comme ça que la haine, elle se crée et que l'humain n'arrive pas à contrôler ses nerfs et qu'il a la haine contre la société, etc. Parce qu'on ne nous écoute pas, donc on ne veut pas nous écouter surtout. Et donc, cette haine, elle se crée comme ça.

  • Ossama

    Toi, tu as la haine ?

  • Speaker #1

    Un peu, hein.

  • Ossama

    Tu la retranscris comment ?

  • Speaker #1

    À partir de mes photos, en vrai de vrai. Et sur les réseaux sociaux, quand je partage des réels. ou des choses qui boostent un peu la société et qui essayent de nous mettre en avant le plus possible. Salut, je m'appelle Anissa, je viens de Paris 19e et mon nom d'artiste, c'est Jaade. Je suis venue avec deux tableaux. J'en ai un qui s'appelle Le Mur et un autre qui s'appelle Dissidence. Et les deux, c'est des photos qui ont été prises pendant les manifestations contre la loi globale. Donc pour ceux qui se souviennent, il y a eu une période où l'État a décidé qu'on ne pouvait plus ni filmer ni photographier les policiers en action. Donc pendant leurs interventions, ce qui était très très problématique. Et du coup, la rue s'est devenue le chaos pendant trois mois. Il y avait le feu partout, il y avait des émeutes partout. Et en fait, j'ai couvert ça pendant deux mois. En fait, c'était vraiment l'anarchie. C'est un peu irréaliste maintenant que je prends du recul dessus, c'était vraiment bizarre. C'était vraiment un autre monde. C'était comme s'il n'y avait plus de loi, il y avait les super-hêtes, les magasins qui étaient dévalisés, tout était cassé, il n'y avait plus aucune règle. C'était vraiment la loi du plus fort, le fait d'essayer de se faire entendre et de porter sa voix contre quelque chose qui était vraiment injuste. C'est injuste de laisser la police avoir autant de liberté sur la vie de tout le monde.

  • Ossama

    Qu'est-ce que tu voyais dans le regard des gens que tu prenais en photo ?

  • Speaker #1

    Euh... En fait, ce n'était pas de la compassion, mais c'était un peu un check à distance. C'était vraiment bien vu. Merci de soutenir cette cause-là et d'agir contre le fait qu'on nous imbibilise et qu'on essaye de nous faire passer pour des casseuses, des casseurs, des mecs de quartier qui ne savent rien faire à part casser, alors que ce n'est pas ça. Il faut regarder le fond et pas la forme. En fait... J'essaye de rester quand même à distance parce que je suis très protectrice de ma vie et je n'aime pas trop me mettre en danger. Donc c'est là aussi tout le travail que j'ai dû faire pendant ces manifestations. C'était rentrer dans l'intimité des scènes et en même temps rester à distance pour protéger ma vie. Parce qu'il y avait des éclats de verre partout, il y avait des flashballs, il y a plein de gens qui ont été blessés, qui ont perdu des yeux, des bras, des trucs. Moi, ce n'était pas mon but, mais je voulais avoir vraiment des scènes de gens. de petits groupes qui, voilà, c'était vraiment des scènes de films et je voulais vraiment rentrer dans ces petites scènes-là et pas être au cœur du chaos.

  • Ossama

    Sewan, on est devant ta photo. Comment elle s'appelle déjà ta photo ?

  • Speaker #1

    Elle s'appelle Foreigner. En anglais, ça veut dire étranger. Et ça vient du concept de l'étranger. Pas sur l'origine, mais sur le fait que, sur cette miniature en fait, qui est composée de trois fois quatre photos, c'est des gens... avec qui j'ai passé beaucoup de temps dans ma vie, et qui sont tous étrangers de eux, mais indirectement, c'est les mêmes, parce que je les connais très bien. J'ai voulu représenter un peu mon écosystème social et mettre en avant aussi quelques artistes qui sont issus de la musique,

  • Speaker #2

    du son, de l'image.

  • Speaker #1

    La production de La Haine nous a demandé de s'inspirer un peu de la direction artistique. On a tout fait là, cette semaine, donc la semaine de l'expo. Et à côté de ça, j'ai voulu un peu, pas juste ramener un cadre avec des photos, j'ai un peu animé le truc, donc on a mis des impacts de balles, on a fait des rayures au couteau,

  • Speaker #2

    parce que dans le film La Haine,

  • Speaker #1

    il y a une scène qui est culte,

  • Ossama

    c'est le tir,

  • Speaker #1

    et il y a une deuxième scène qui est culte, c'est les couteaux avec les skinheads. C'est ça ? Ah,

  • Speaker #2

    ça fait pas gaffe. Il y a de bons flics, tu vois. La gueule. Un bon skin, ça skinne mort. Tire. Moi, c'est Tamika Thierry, je viens du 93, je suis photographe réalisateur. Et voilà, je laisse la parole à mon collègue. Moi, je m'appelle Soeb Studio, je suis réalisateur,

  • Speaker #1

    créateur de contenu. Le tableau,

  • Speaker #2

    il est très simple en vérité. Je suis parti sur un mec cagoulé. Une partie droite, ça représente le bien, une partie gauche, ça représente le mal. Le mal, vous l'aurez compris, il y a la drogue, il y a le cœur noir. Il est avide son cœur et il y a une partie de son cerveau qui part en fumée. L'autre partie, en fait, c'est un être humain normal. Et la petite touche, le détail, c'est là que vraiment ça fait la différence. C'est au niveau de la montre. La montre, elle est du côté noir et blanc. Ça rappelle quoi ? Memento mori. Tu crois qu'il arrive, en fait, tu vas mourir, poto. C'est bien de faire des sous, mais fais-les bien. Fin de temps de parole. Il a été bon, il a été bon.

  • Speaker #1

    Il a dit fin de temps de parole.

  • Speaker #2

    Moi, en fait, j'ai envie de faire ce comparatif, c'est que ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est plus une preuve d'amour plutôt qu'une preuve de... tu vois ? Moi, je vais te décrire le tableau quotidien. C'est un tableau où on voit un enfant, dans son quotidien, on le voit jouer avec un talkie-walkie. Et en gros, quand on a parlé un peu avec lui sur place, il faut se dire que cette photo a été prise en Palestine,

  • Speaker #1

    en Cisjordanie.

  • Speaker #2

    L'enfant nous disait que c'est ce qu'il voyait au quotidien, il le reproduisait parce que c'est un enfant. Donc il joue avec ses amis, il est en vélo, il a un talkie-walkie. Mais en fait, c'est les soldats qu'il voyait au quotidien. Et là, sur la photo, on voit des bâtiments délabrés. Là, je n'imagine même pas, la photo a été prise en 2020, je n'imagine même pas quel est l'état actuel. Mais moi, quand j'ai proposé de faire cette photo et de l'exposer, c'était pour montrer ce que les gens ne peuvent pas voir. Moi, je suis parti déjà trois fois. en terre palestinienne. Et j'ai été très bien accueilli. J'ai vu des gens qui vivaient, malgré beaucoup de manque de liberté, manque de ressources et plein de choses, mais qui vivaient comme nous ici, dans le sens où ils avaient des réseaux sociaux,

  • Speaker #1

    ils allaient travailler,

  • Speaker #2

    ils essayaient de survivre.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Irfan, j'ai 23 ans, j'ai grandi en banlieue dans le 78. Du coup c'est une photo architecturale d'un bâtiment qui s'appelle Habitat 67. C'était un projet d'architecture du coup à Montréal dans la cité du Havre. Comme on ne voit pas la photo pour décrire, en fait c'est trois gros bâtiments de 22 étages qui ont des cubes en fait empilés les uns sur les autres et qui sont pleins d'appartements. Et en fait ça fait face à la ville de Montréal et c'est complètement détaché du style architectural de la ville. J'ai pensé à cette photo parce que c'était une approche un peu différente de la cité. Dans le sens où aujourd'hui c'est devenu un peu bobo, les gens qui habitent dedans c'est des gens qui ont de l'argent. C'est plus du tout la conception de cité qu'on peut avoir. Et on peut même pas y accéder en fait, il faut payer. Et je trouvais ça intéressant de montrer qu'ailleurs aussi en fait il y a des cités, des banlieues qui sont plus ou moins différentes. Salut, moi c'est Aïssa Tou, plus connue sous le nom de Aïssli. Je viens de Bobigny et aujourd'hui je suis super contente d'exposer à la haine. Aujourd'hui sur mon tableau il y a mon quartier, Pôle-et-Loire de Bobigny. Mon objectif c'était de rendre hommage à mon quartier puisqu'il va faire face à une destruction, une démolition de la dalle, un peu comme Olympiade. Je voulais vraiment capturer ça.

  • Ossama

    Est-ce que tu peux nous décrire ce tableau ?

  • Speaker #1

    Là sur le tableau on a la dalle avec des pigeons parce qu'en fait on ne se rend pas compte mais les pigeons ça fait... partie intégrante du décor. Les grandes tours, parce que nous, on a des tours de 18 étages. Je voulais vraiment illustrer la grandeur de nos bâtiments. Parce que moi, j'habite déjà au 11e. Et quand je suis par ma fenêtre, j'ai l'impression d'être sur un balcon d'opéra. Je kiffe de ouf. Pour moi, la haine, c'est quelque chose qui est vraiment universelle déjà. Parce que là, on se rend compte qu'il y a plusieurs conflits dans le monde entier. On se rend compte qu'on a... des problématiques différentes. Par exemple, moi, je sais que j'ai déjà reçu des Palestinas à Bobigny et eux, en fait, leur haine, c'était du coup que leur territoire s'est occupé. Et eux, ils étaient étonnés justement que l'année dernière, on fasse grève juste par rapport à le truc des 63 ans. Et du coup, en vrai, tu te rends compte que chaque personne défend un peu par rapport à où il vit et tu te rends compte que la haine, elle est vraiment différente en fonction de là où tu viens.

  • Speaker #2

    Les Arlequins et les Moutons, qui est un tableau shooté en 2016 dans mon quartier en noir et blanc. La première fois qu'un mec de ma cité, je m'en rappellerai toute ma vie, pour faire du lien avec la haine, il s'appelle Samy, alias Boots, qui quand a vu la photo, il m'a dit Ah, t'en dirais une scène de la haine Il m'a dit ça en étant en 2016. On a vécu un drame impardonnable, un drame qui nous a tous mis dans une noirceur du cœur. On a perdu le petit Naël, père à son âme, force à sa maman, Mounia, qui se bat chaque jour pour garder la foi. Pour te donner une anecdote, j'étais à Rio en novembre dernier. Je suis en bas des favelas de Rossignan, les plus grandes favelas du Brésil et du Rio. Les gars là-bas m'ont dit Tu viens d'où Paris ? Tu connais Naël ? Je suis au Brésil, à des milliers de kilomètres, on me parle de Naël. Je me suis empressé d'appeler la maman en fast-time. Je lui dis T'es où, Nicolas ? Je suis en Rossignol, au Brésil, dans une favela. Tiens, je te passe les gars de la favela. Ils ont parlé avec elle, tu vois. C'est un petit clin d'œil pour te dire que c'est une histoire qui nous a tous touchés. Pour certains, on est proche du quartier. Donc moi, je suis un mec de Nanterre. Donc Nanterre a sombré dans le feu. C'est une réaction, une automutilation. C'est une jeune de mon quartier qui s'appelle Ayana qui a utilisé ce mot-là. Vince, c'était d'affection. Naël, c'était du réel. Je m'appelle Chardel, sur les réseaux Sainte-Chaze. J'ai exposé deux photos qui font partie d'une série que j'avais faite il y a maintenant un peu plus de trois ans, le sud de la ville. Du coup, en fait, le thème, c'était un peu de déconstruire un peu les stéréotypes qu'on peut avoir sur les quartiers populaires. Et je prenais le... mon quartier, les Baconnais à Antony, avec mon prisme, avec mon oeil, et ce que je voyais au quotidien. Donc du coup, la première photo, c'est mon meilleur ami, un de mes meilleurs amis au quartier, avec sa maman. Et la deuxième, c'est un jeune, comme dans tous les quartiers, avec son motocross en bas de la cité. Yo, Antonin, monsieur Roger, et d'autres blazes dans la street qu'on ne va pas déclarer ici. Graphici. Là je suis en train de faire une petite pièce graphique ici, avec un petit leitrage. J'ai repris la punch du spectacle. Jusqu'ici rien n'a changé. Moi je suis un amoureux des lettres, donc dès qu'on peut dessiner des lettres je suis présent.

  • Ossama

    acte 3 l'héritage et la résonance si ces jeunes artistes sont le reflet de ce chef d'oeuvre Qu'en est-il des célébrités présentes lors de la première ? On écoute Bruce Iganji, danseur et fondateur de Juste Debout et JD School. Bruce, on est au spectacle La Haine, c'est l'entracte. Contrairement au film, là il y a plus de danse, il y a un vrai show. Avec ton œil d'artiste, qu'est-ce que tu peux nous dire ?

  • Speaker #2

    J'attends de voir la deuxième partie, mais dans la première partie déjà ce qui me plaît... C'est que justement, ils ont mis la danse à l'honneur et que c'est un art à part entière de nos cultures. Et que ça fait corps. En fait, quand tu me dis il y a de la danse, plus de danse qu'en film, ce qui est bien, c'est qu'on ne le voit pratiquement pas. C'est inclus, c'est incorporé. Et ça, c'est puissant.

  • Ossama

    On écoute Pauline Regnault.

  • Speaker #1

    Écoute, j'étais très curieuse de pouvoir voir ce qui allait se passer. Je dirais que... j'avais hâte de voir la première comédie musicale rap, tu vois. Et on est en 2024. Et ma légère frustration, c'est qu'on n'a pas un énorme butu dans toute la comédie musicale. Et ça, c'est ma vraie grande frustration. En revanche, vraiment, énorme coup de cœur. Et là, je peux même le dire, j'ai répleu sur la séquence juste avant l'entraque, tu vois. Quand t'as la meuf qui ride dans les airs, je me suis pris une... un teutard légendaire à laquelle je ne m'attendais pas. Donc merci vraiment pour cette expérience incroyable et inédite. Bravo pour une première.

  • Ossama

    Benjamin Epps, rappeur, auteur, compositeur, interprète.

  • Speaker #1

    30 ans plus tard,

  • Ossama

    on est passé de jusqu'ici tout va bien à jusqu'ici rien n'a changé. T'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les choses ont bougé, sauf qu'elles n'ont pas bougé suffisamment, elles n'ont pas bougé assez vite et elles ne bougent pas forcément dans la bonne direction.

  • Speaker #2

    30 ans plus tard,

  • Speaker #1

    il y a encore les histoires de Naël, l'affaire Naël, etc. Je pense qu'on peut faire mieux, je pense qu'on mérite mieux et je prie et j'espère, je me bats, en tout cas je milite pour que les choses bougent. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai accepté... le projet avec beaucoup de convictions exactement.

  • Ossama

    Kevin, est-ce que d'après toi, en 2024, rien n'a changé ?

  • Speaker #1

    Je me faisais la réflexion hier, justement quand je regardais le film avec ma chérie, et franchement, rien n'a changé, si ce n'est que maintenant on peut filmer quand il se passe des dingueries. dans des émeutes, etc. dans des confrontations avec la police, c'est la seule chose qui a changé mais sinon vraiment rien n'a changé et c'est flippant parce que ça veut dire que ça a 30 piges et là tu te dis, wow, qu'est-ce qu'on a fait en fait ? Qu'est-ce qu'on a fait pour que ça devienne même pire ? C'est une dinguerie.

  • Ossama

    Et justement, qu'est-ce que nous on doit faire pour faire changer les choses ? Est-ce que même c'est à nous de le faire ?

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays hein ! Non je rigole ! Faut s'en aller hein ! Si vous avez des double passeports, allez-y, fuyez ! Fuyez ! Non, c'est pas que nous. Malheureusement, il faut aussi qu'on arrête de prendre cette responsabilité. À chaque fois, on nous dit Oui, ça, nous, il faut aller voter, il faut aller ceci. Nous, de toute façon, on a une marge de manœuvre qui est minime, mais c'est là-haut que les choses peuvent changer. Et tant qu'on aura tout le temps les mêmes têtes qui dirigent, ça changera. Il faut arrêter de s'inventer des histoires de démocratie, de machin. Nous, on peut faire ce qu'on peut. Comme le dit Alpha One, moi, je fais ce que je peux dans mon champ d'action.

  • Ossama

    Malik Hamraoui

  • Speaker #1

    Bayoussar Le film il s'est passé il y a 30 piges C'est encore actuel aujourd'hui Il y a énormément de messages qui sont passés dans ce spectacle Parce que voilà on vit encore des choses qu'on vivait il y a 30 ans Et qu'on vit malheureusement encore aujourd'hui Donc c'est très bien qu'ils aient fait un spectacle bien fait, familial et en même temps qui dénonce Parce que malheureusement comme je l'ai déjà dit, je me répète mais On est dans une réalité depuis 30 ans.

  • Speaker #2

    Vous qui êtes justement dans le théâtre, dans la comédie, quelle marge de progression on doit faire encore pour se faire encore plus remarquer ? Quand je dis nous, c'est les gens de banlieue, de quartier.

  • Ossama

    Pour se faire plus remarquer ? Je ne sais pas, mais je pense que moi, par exemple, je trouve que dans le théâtre, il y a une évolution. Avant, il n'y avait pas de rebeu au théâtre. Je n'en voyais pas. Moi, quand j'étais au cours Florent, je me rappelle, on était deux rebeus sur mille personnes, je crois. Mais maintenant, quand tu regardes bien, tu vas au conservatoire, on n'est même plus des quotas, je pense. Je pense que ça y est maintenant, on a passé le côté quota. Et maintenant, c'est au talent. Et je vois plus de renois, de rebeux, de cités qui sont au théâtre, qui jouent du Racine, qui jouent... Je les vois dans le Misanthrope.

  • Speaker #1

    Dans les films, c'est pareil. Quand on regarde La Haine, c'était il y a plus de 30 ans. Saïd Taghmawi qui jouait Saïd, c'était l'un des premiers rebeus qu'on voyait dans le cinéma. Et aujourd'hui quand on regarde, on a un nombre de rebeus très connus, talentueux, même qui passent l'international aujourd'hui. Je pense à Tahar Rahim par exemple. Dans les Renois pareil, Hubert c'était l'un des premiers Renois qu'on voyait au cinéma. Malheureusement qu'il n'a pas eu la carrière qui a suivi et ça c'est désolant parce que c'est un mec bourré de talent. Aujourd'hui on a des Omar Sy, des acteurs comme Ahmed Silla, comme plein d'autres gens. Et comme il a dit Malik, il y a eu vraiment une ascension aussi du côté banlieue. Et je pense que c'est aussi par le travail. Parce que le travail aussi, on remet beaucoup en question pas mal de choses, mais le travail, il y est pour beaucoup. Le travail, malheureusement, on n'a rien sans rien. Donc le travail amène le travail. C'est-à-dire que si tu as du talent, si tu es bon dans quoi que ce soit, Même si ce n'est pas dans l'acting ou dans la comédie, il faut toujours croire en soi, essayer de marcher avec les personnes qui croient en toi. Et juste de croire en nous, c'est déjà très bien. Et on peut aller plus loin. Il peut y avoir des avocats, des médecins, des acteurs. Il y en a même chez la police, ce sont des gens très bien.

  • Speaker #3

    On écoute Moussa Camara, fondateur des Déterminés.

  • Speaker #4

    Si les choses se sont changées dans le sens où il y a de la violence policière toujours, mais par rapport à nos anciens, la situation n'est plus la même. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les anciens ont vraiment subi des injustices, mais inimaginables. Et en plus, ils n'avaient pas les porte-voix, les réseaux sociaux, où quand il y a une injustice, tu vois, c'est bloqué, personne n'en parle. Limite, tu vois, ça ne fait pas la lune des journaux aujourd'hui. avec les réseaux sociaux, Internet et tout. Dès qu'il y a une bavure, c'est filmé. Les jeunes se mobilisent beaucoup plus facilement, moins dans la rue, mais plus sur les réseaux. Et parfois, c'est une caisse de résonance qui a un plus grand impact.

  • Speaker #2

    Mais est-ce que ce n'est pas une autre forme de violence maintenant, à travers les réseaux sociaux, par exemple ?

  • Speaker #4

    Si, c'est une autre forme de violence. Mais il faut prendre beaucoup de recul. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde se permet de dire tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux. Et ce que je trouve dommage. Mais maintenant, il faut instruire les gens, il faut retrouver une société apaisée, il faut que les gens se parlent. Tu vois, nous, c'est ce qu'on fait, avec les déterminés notamment. Mais la violence, ça ne paye jamais. À la fin, on sait c'est qui les grands perdants, c'est qui qui brise leur destin et leur trajectoire. C'est tout le temps les mêmes, donc il y a un vrai sujet.

  • Speaker #3

    On écoute Assa Traoré.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu penses qu'en faisant des spectacles comme celui-ci, ça peut impacter beaucoup plus positivement et ça peut vraiment faire changer les choses, contrairement à des émeutes ?

  • Speaker #5

    Je ne suis pas là pour dire que… Moi, je ne suis pas dans un comparatif. Il n'y a pas ceux qui font moins et ceux qui font plus. Et surtout… Il faut surtout rendre hommage à cette jeunesse, cette jeunesse dans les quartiers. C'est pas une jeunesse... Moi j'utilise pas le mot émeute, moi j'utilise le mot révolte. C'est une jeunesse qui, quand elle se lève, c'est parce qu'elle aime son pays. Quand on se lève et qu'on est révolté, c'est parce qu'on aime l'endroit où on est, parce qu'on a touché à quelque chose qu'on aime. Et ça, c'est ça qui est mis en avant et c'est ça qu'on doit respecter. Bien évidemment, il faut l'utiliser. Ce sont des ponts qui sont faits entre le monde artistique ou des peintres qui vont faire de la peinture, des personnes qui vont chanter. Et là, c'est sur la scène musicale. Donc oui, on va toucher un plus large public, on va toucher d'autres personnes, on va toucher une sensibilité autrement de d'autres personnes. En tout cas, ça vient compléter, ça vient renforcer et ça vient donner une autre lumière qui aurait une autre portée. Et ça, c'est important.

  • Speaker #3

    Alors, est-ce que jusqu'ici, rien n'a changé ? Au vu des témoignages, il faut croire que c'est du 50-50 pour les uns. Dans les faits, les violences policières continuent d'exister. Le média Bastamag a compilé une base de données couvrant la période de 1977 à 2022, recensant 861 décès liés à des interventions des forces de l'ordre, dont 80 causés par des agents en dehors de leur service. Ce sont des chiffres compilés et analysés par Yvan Duroy et Ludo Saint-Bille. Un futur plus optimiste pour les autres, notamment avec l'entrepreneuriat où 26% des entrepreneurs issus des QPV en 2023 contre 14% en 2018. Selon Banque des Territoires, BPI France a soutenu la création de 32 000 entreprises dans les quartiers prioritaires. Cette fois-ci, Big Media indique que les entreprises créées dans les QPV affichent un taux de pérennité à 3 ans de 77%. pour cent supérieur à la moyenne nationale de 74%, indiquant une résilience notable des entrepreneurs de ces quartiers. Cet épisode est aussi un hommage aux défunts partis trop tôt. Parmi elles, Makome Mbowole. Ziad Bena et Buna Traoré, Amadou Koume, Adama Traoré, Cédric Ausha, Naël Merzouk, Lamine Diang, Wissam Eliamni et tous les autres. Et pour conclure, un message toujours d'actualité.

  • Speaker #4

    Le message qu'il faut avoir, c'est toujours un message optimiste, un message d'espoir. Aujourd'hui, ça va mal, mais demain, ça ira mieux, tout simplement.

  • Speaker #6

    Ce que j'aime toujours, c'est ce vrai message d'espoir à la fin qu'on a. Et là, je le redis de vive voix avec toi, tu vois, avec beaucoup de bonheur. Mais j'en suis convaincue, la solution, les solutions futures sont dans l'unité que tous ensemble, on va pouvoir créer. Donc j'espère en tout cas que cette première comédie musicale du rap... la haine qui prône l'amour in fine, nous permettent vraiment de créer des solutions de collaboration et d'entraide entre nous tous.

  • Speaker #4

    Mais en fait, la difficulté, c'est d'avoir les moyens pour avoir une exposition. Ça, c'est compliqué.

  • Speaker #7

    Je ne vais pas vous mentir, je suis musulmane, donc je suis pacifiste dans l'âme. Donc moi, je prône que la paix, mais la paix, ça ne se gagne pas en restant au fond de son canapé. C'est par des actions vraiment coup de poing et ça passe aussi par la culture. par la lecture, par la musique. Exprimez-vous comme vous le voulez, mais sans violence, et vous serez encore mieux écoutés.

  • Speaker #1

    De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas. Et de la haine à l'amour, il faut en faire deux. Chacun fait un pas vers l'autre.

  • Speaker #3

    Ce spectacle, ce n'est pas juste une adaptation, c'est une conversation avec notre époque. On y parle de colère, d'injustice, d'amitié et surtout de l'urgence de ne pas détourner le regard. C'est ça, la haine sur scène. Un cri, une danse, une lumière, une œuvre qui continue de vivre, de bousculer, de nous rappeler que, parfois, l'art est notre plus beau reflet.

  • Speaker #1

    Si je shoot un bleu, tout ça va sûrement finir en émeute. Les publics rentreront chez eux en se disant on est neutre. Tout ça m'émeut, mais j'ai choisi de partir sans faire le haineux.

  • Speaker #3

    Le spectacle étant tourné dans toute la France à partir de janvier 2025. Merci d'avoir écouté jusqu'au bout. C'est un podcast indépendant qui a besoin de ton soutien pour toucher le cœur d'un maximum de personnes. Une note de 5 étoiles, un follow, un commentaire, un partage m'aiderait énormément. Tu peux aussi m'écrire sur Instagram pour donner tes retours ou même m'écrire par mail si tu veux. Artisan de l'esprit tout attaché, arrobase gmail.com Je tiens sincèrement à remercier Farid Ben Laga pour avoir rendu ça possible. Sarah Nogueira pour sa disponibilité. Toute l'équipe de la scène musicale pour l'accueil, mon frère Nicolas Senn pour l'aventure et tous les photographes présents pour la bonne humeur. Ines.Chout, Siwan, Soheib, Tami, Sanchez, Aisli et notre graffeur, Monsieur Roger. Ouais,

  • Ossama

    putain de merde. On n'est pas sortis de l'auberge. Non, non, si, si. L'amour, dernier mot.

  • Speaker #3

    C'est pour la culture.

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Description

C’est l’événement de l’année :


La Haine réinventée sous la forme d’un spectacle musical puissant par Mathieu Kassovitz

Une œuvre culte, revisitée pour faire résonner ses révoltes et son héritage.

Dans cet épisode, nous plongeons dans les origines du film iconique de Mathieu Kassovitz, un miroir de son époque, tout en explorant comment cette adaptation sur scène amplifie son message universel.


En immersion à la Seine musicale, Le producteur Farid Benlagha décide de voir les choses en grand et demande à de jeunes photographes de tous les départements d'île-de-France de venir exposer dans le Hall, pour le rendre encore plus vivant.


Des témoignages de jeunes photographes, graffeurs et artistes, aux réflexions de figures influentes, découvrez comment La Haine continue d’inspirer et de bousculer.


Kevin Razy, Benjamin Eeps, Pauline Raignault, Bruce Ykanji, Assa Traoré, Moussa Camara, Bayou Sarr, Malik Aamraoui ont pris le temps de témoigner et nous donner un avis sincère sur leur.


Entre analyse, récits et voix engagées, cet épisode t'emmène vers l'amour 🖤


Sources :


Artisan de l’esprit .


Merci à : Benjamin EepsBruce Ykanji, Pauline Raignault, Kevin Razy, Malik Aamraoui & Bayou Sarr, Assa Traoré et Moussa Camara.


Remerciement :

Farid Benlagha pour avoir rendu ça possible,

Sarah Nogueira pour la disponibilité, 

Toute L’équipe de la Seine musicale pour l'accueil 

Mon frérot Nicolas Sene pour l’aventure 

Et tous les photographes présent pour la bonne humeur

Bigup aux photographes : Olys, jaade, Kanneki, nicosene, irfane, Teva, Inès.shoot. Sewan, Soheyb, Thamikh, saintchaz, Ice Ly et Monsieur Roger


Musique : Médine - l'Amour ; The Blaze - Enemy ; Kpoint - Rockstar


Extraits du film la haine




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ossama

    Disclaimer, ce podcast explore l'évolution du film La Haine et son adaptation en spectacle. Il a pour objectif de mettre en lumière tous les quartiers de France et de recueillir l'avis des Français, de rassembler des auditeurs autour de valeurs de respect et de promouvoir l'amour. Les extraits abordant les thèmes tels que la violence ou la haine sont strictement fictifs et servent uniquement à illustrer l'aspect artistique de l'œuvre. Toutes les personnes témoignant dans ce podcast ainsi que Artisans de l'Esprit réaffirment leur engagement en faveur de l'unité, du respect mutuel et de l'amour. Un documentaire réalisé par Osama Esaas de Artisans de l'Esprit. Sur ce, bonne écoute.

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays, hein. Non, je rigole. Les médias urbains. Ils essaient de plaider leur cause mais ils sont vraiment indépendables, ils ont pas de manière.

  • Wow wow wow wow, c 'est à moi que tu parles,

  • Speaker #1

    c'est à moi que tu parles, c'est à moi que tu parles putain !

  • Speaker #2

    C'est à moi que tu parles comme ça mec !

  • Speaker #1

    Et là on est à la Seine musicale pour la deuxième première de La haine, la comédie musicale.

  • Speaker #2

    Y'a Afida Turner qui passe comme ça en même temps, donc ça fait bizarre de la voir passer comme ça, comme une Schyz.

  • Ossama

    Mais non, parle avec tes tripes ! "Ça déchir trop, Il tue.

  • Speaker #2

    Il tue trop sa mère"

  • Ossama

    C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien.

  • Speaker #2

    Mais l'important c'est pas la chute. C'est l'atterrissage.

  • Ossama

    19h30, la scène musicale sur les bords de scène de Boulby. Tout commence sur le parvis quand un groupe d'émeutiers nous scrute du haut de l'écran. Un des somptueux tableaux de la comédie s'ensuit dans le hall d'entrée, une exposition de plusieurs photographes, artistes et graffeurs, provenant de tous les départements d'Ile-de-France. Ils mettent en avant leur quartier. De l'autre côté, un tapis rouge sur lequel toute une flotte de célébrités pose le temps d'une photo. On peut apercevoir Youssoupha, Feneu, Kevin Harazi, Pauline Regnault, Afida Turner ou encore des personnalités engagées comme Assa Traoré ou Moussa Kamara. Les cloches sonnent, il est temps de s'installer. Les portes se ferment. C'est 4008 personnes installées confortablement, prêtes pour un moment hors du temps. Une salle comble, le silence domine soigneusement la salle. On peut lire sur le visage des spectateurs l'empressement, prêt à vivre une expérience, celle de se replonger dans l'histoire de Vince, Saïd et Hubert. Un film qui a marqué les esprits de par son authenticité. Aujourd'hui, je vous emmène avec moi sur le spectacle de l'année. Du film au spectacle, du noir et blanc à une scénographie en trois dimensions, voici l'immersion du spectacle le plus saillant de l'année, la haine. Jusqu'ici, rien n'a changé. Acte 1. L'âme de l'œuvre originale. La haine. Un cri cinématographique intemporel. Sorti en 1995, La haine réalisée par Mathieu Kassovitz n'est pas seulement un film, c'est le reflet d'une société en crise. Dans un noir et blanc percutant, le film raconte 24 heures dans la vie de trois jeunes de banlieue. Vinz, Hubert et Saïd, tiraillés entre colère et désillusion, chacun incarne à sa manière cette jeunesse en quête de sens, entre révolte et espoir. Mais pour comprendre la haine, il faut revenir au contexte brûlant des années 90 en France, une époque marquée par des tensions sociales croissantes, une émeute urbaine et une méfiance palpable entre les quartiers populaires et les institutions. Kasovitz s'inspire directement d'un événement tragique, la mort de Makome Mbowole, un jeune de 17 ans abattu par la police lors d'une garde à vue. Ce drame, comme tant d'autres, cristallise un malaise profond que le film expose avec une intensité rare et authentique. Le génie de la haine réside dans son message universel. En explorant les fraudes sociales, le racisme et la violence systémique, Kasowitz dépasse les frontières géographiques et culturelles. Ce film, ancré dans une réalité française, résonne auprès du public du monde entier. Il pose une question. essentiel. Que se passe-t-il lorsqu'une société ignore les voix qui crient à l'injustice ? Mais cette fois, vue sous un autre angle, celui des personnes dont on a toujours négligé la parole.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, savais-tu que le film devait s'appeler initialement Droits de Cité pour faciliter les subventions ?

  • Ossama

    Enfin, la haine a marqué toute une génération et continue de résonner aujourd'hui. Il est devenu un symbole, un cri d'alerte intemporel, à la fois culte et tragiquement actuel. Avec un visuel fort, sa référence, sa bande originale et ses classiques, la haine s'ancre comme un chef-d'œuvre dans le cinéma français. Qu'en est-il aujourd'hui ? Le spectacle aura-t-il un impact aussi fort que son film ? En 2025, le contexte est-il encore d'actualité ? Dans un pays où les fractures sociales sont d'actualité, la haine a posé les bases de cette légitimité en 1995. L'ère numérique et l'intégration du hip-hop dans les genres diversifiés poursuivent cet héritage. C'est une danse qui raconte. Avec Émilie Capelle et Yaman Okur, la chorégraphie se fond dans le spectacle. Et ne font qu'un avec les dialogues. Tout type de danse est à l'honneur, du brain dance à la house. Chaque mouvement traduit ce que les mots ne peuvent dire. Une énergie brute, des corps en lutte et une poésie en action. Des images qui transcendent. Silent Partner Studio transforme la scène en une toile vivante. Les murs s'effacent, les rues prennent vie et le décor devient personnage. C'est beau, c'est puissant, c'est immersif. Un son qui relie les époques. La bande sont orchestrées par Proof, réunies des artistes comme I Am, M ou encore The Blast. Ça résonne comme un écho entre les années 90 et aujourd'hui. Une musique qui pulse, qui raconte, qui reste. Acte 2. L'artisanat du théâtre et des photographes. Le théâtre comme la photographie capte l'instant, l'émotion brute, et reflète une vérité qui nous dépasse. Pour capturer l'essence même d'un message en une photographie, il faut le sens du détail. Il suffit d'un instant, d'une fraction de seconde pour tout perdre. Ce n'est pas pour rien que l'on dit qu'une image vaut mille mots. Mais comment les jeunes générations traduisent-elles cette révolte ? Voici le témoignage des héritiers de la haine.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Nicolas Sène, j'habite à Nanterre, quartier Pablo Picasso. Je suis cinéaste, faiseur d'images. Je suis dans ce projet en lien avec le producteur Farid Bengala. de la haine. Donc voilà, moi mon rôle ça a été de rassembler, d'être en mode logis, de réunir des photographes, jeunes et moins jeunes, expérimentés ou non, sur le hall de la scène musicale. L'idée c'était de ramener un peu ce côté street et de mettre en avant des talents de toute la banlieue. Il y a des photographes, il y a des nassos 13ème rêve qui font du théâtre forum, il y a un graffeur qui s'appelle Antonin et il y a un autre artisan de l'amour, artisan de la haine, artisan de l'esprit, Osama, qui fait le podcast avec la haine.

  • Speaker #1

    Ouais, alors moi du coup c'est Kaneki, j'ai 22 ans, je suis artiste, je fais principalement de la photo depuis que j'ai 15-16 ans, mais je fais aussi du cinéma, je m'occupe de l'image d'artiste que j'accompagne sur du long terme aussi. Alors mon tableau c'est une photo de Capouin, c'est un rappeur du 91, qui a été prise dans son quartier à Rissorangis au plateau. C'était un jour où on tournait un clip d'un son qui s'appelle Rockstar, et du coup au milieu de son quartier on a décidé de... de faire un concert un peu sauvage. Donc on a ramené un peu des trucs de rockstar. Du coup, une caravane, des lumières,

  • Speaker #2

    des enceintes.

  • Speaker #1

    et donc à la fin il expose sa guitare contre un ampli on fait cramer sa guitare etc vraiment c'est une rockstar quoi et pour la petite anecdote du coup j'ai shooté cette photo sur ce clip là mais le clip il est jamais sorti parce que les rushs du réalisateur ont été perdus la carte SD a été perdue donc le clip ne sortira jamais Sur la photo, c'est un podcast, du coup on ne peut pas le voir, mais en fait Capon, il explose sa guitare contre un ampli par terre.

  • Ossama

    Et c'est la haine,

  • Speaker #1

    quoi. Ça représente la haine.

  • Speaker #2

    Moi,

  • Speaker #1

    j'ai un discours assez positif, donc je vais dire jusqu'ici tout va bien, parce qu'il y a toujours du positif, même dans les histoires les plus sombres.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Tëva, j'ai 20 ans, et je suis du Sud, je viens d'Ardèche, à côté de Valence. Mon tableau, il représente la vie de quartier, les dimanches dans les quartiers. Ils sortent les motos, les enfants, ils sont là. Il y a tout le monde. Tout le monde est là. C'est le jour de congé pour tout le monde.

  • Ossama

    Donc là, on voit un jeune qui est posé, l'autre qui est sur son vélo et deux autres à moto. C'est ça.

  • Speaker #2

    Là, sur le moment, j'ai volé l'instant. Le lien, c'est quand il y a le même message. C'est qu'à chaque fois que je rentre dans un quartier, je suis super bien accueilli. C'est comme si je rentrais dans une famille. C'est pour ça qu'à chaque fois, j'aime trop aller dans d'autres endroits. C'est que peu importe qui je suis, ils ne me connaissent pas, ils me serrent la main tous, que ce soit des petits, des grands. Et ça, je trouve ça incroyable. Il y a une solidarité qu'il y a dans les quartiers, qu'il n'y a pas ailleurs. On pourrait croire que dans les quartiers, c'est super dur d'y rentrer, mais en fait, il faut juste être humble et respectueux.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Inès.Shoot et je suis photographe depuis 5 ans et demi. Alors c'est une photographie que j'ai prise en studio avec une jeune fille et j'ai décidé de mettre en avant son regard parce qu'elle avait un regard perçant et donc je voulais vraiment garder un côté tout sombre autour d'elle et avoir vraiment son regard en tant que lumière. Je regardais beaucoup de photos sombres et je me suis dit pourquoi pas jouer avec les lumières et j'avais jamais testé une photo... délire un peu de lumière, studio, etc. Et je me suis dit, tu sais quoi, je vais prendre une fille qui a un bête de regard. Et c'est vrai que nous, chez les femmes, c'est grave perçant, c'est grave charmant, une femme qui a le regard et qui peut capter le public. Et donc, j'ai décidé de la prendre, elle, et vraiment de rendre tout autour d'elle sombre et laisser une toute petite lumière derrière elle qui a un message d'espoir. La haine se crée. dû au fait qu'on n'arrive pas à s'exprimer et se faire comprendre. En tout cas, moi, je le trouve. Et c'est comme ça que la haine, elle se crée et que l'humain n'arrive pas à contrôler ses nerfs et qu'il a la haine contre la société, etc. Parce qu'on ne nous écoute pas, donc on ne veut pas nous écouter surtout. Et donc, cette haine, elle se crée comme ça.

  • Ossama

    Toi, tu as la haine ?

  • Speaker #1

    Un peu, hein.

  • Ossama

    Tu la retranscris comment ?

  • Speaker #1

    À partir de mes photos, en vrai de vrai. Et sur les réseaux sociaux, quand je partage des réels. ou des choses qui boostent un peu la société et qui essayent de nous mettre en avant le plus possible. Salut, je m'appelle Anissa, je viens de Paris 19e et mon nom d'artiste, c'est Jaade. Je suis venue avec deux tableaux. J'en ai un qui s'appelle Le Mur et un autre qui s'appelle Dissidence. Et les deux, c'est des photos qui ont été prises pendant les manifestations contre la loi globale. Donc pour ceux qui se souviennent, il y a eu une période où l'État a décidé qu'on ne pouvait plus ni filmer ni photographier les policiers en action. Donc pendant leurs interventions, ce qui était très très problématique. Et du coup, la rue s'est devenue le chaos pendant trois mois. Il y avait le feu partout, il y avait des émeutes partout. Et en fait, j'ai couvert ça pendant deux mois. En fait, c'était vraiment l'anarchie. C'est un peu irréaliste maintenant que je prends du recul dessus, c'était vraiment bizarre. C'était vraiment un autre monde. C'était comme s'il n'y avait plus de loi, il y avait les super-hêtes, les magasins qui étaient dévalisés, tout était cassé, il n'y avait plus aucune règle. C'était vraiment la loi du plus fort, le fait d'essayer de se faire entendre et de porter sa voix contre quelque chose qui était vraiment injuste. C'est injuste de laisser la police avoir autant de liberté sur la vie de tout le monde.

  • Ossama

    Qu'est-ce que tu voyais dans le regard des gens que tu prenais en photo ?

  • Speaker #1

    Euh... En fait, ce n'était pas de la compassion, mais c'était un peu un check à distance. C'était vraiment bien vu. Merci de soutenir cette cause-là et d'agir contre le fait qu'on nous imbibilise et qu'on essaye de nous faire passer pour des casseuses, des casseurs, des mecs de quartier qui ne savent rien faire à part casser, alors que ce n'est pas ça. Il faut regarder le fond et pas la forme. En fait... J'essaye de rester quand même à distance parce que je suis très protectrice de ma vie et je n'aime pas trop me mettre en danger. Donc c'est là aussi tout le travail que j'ai dû faire pendant ces manifestations. C'était rentrer dans l'intimité des scènes et en même temps rester à distance pour protéger ma vie. Parce qu'il y avait des éclats de verre partout, il y avait des flashballs, il y a plein de gens qui ont été blessés, qui ont perdu des yeux, des bras, des trucs. Moi, ce n'était pas mon but, mais je voulais avoir vraiment des scènes de gens. de petits groupes qui, voilà, c'était vraiment des scènes de films et je voulais vraiment rentrer dans ces petites scènes-là et pas être au cœur du chaos.

  • Ossama

    Sewan, on est devant ta photo. Comment elle s'appelle déjà ta photo ?

  • Speaker #1

    Elle s'appelle Foreigner. En anglais, ça veut dire étranger. Et ça vient du concept de l'étranger. Pas sur l'origine, mais sur le fait que, sur cette miniature en fait, qui est composée de trois fois quatre photos, c'est des gens... avec qui j'ai passé beaucoup de temps dans ma vie, et qui sont tous étrangers de eux, mais indirectement, c'est les mêmes, parce que je les connais très bien. J'ai voulu représenter un peu mon écosystème social et mettre en avant aussi quelques artistes qui sont issus de la musique,

  • Speaker #2

    du son, de l'image.

  • Speaker #1

    La production de La Haine nous a demandé de s'inspirer un peu de la direction artistique. On a tout fait là, cette semaine, donc la semaine de l'expo. Et à côté de ça, j'ai voulu un peu, pas juste ramener un cadre avec des photos, j'ai un peu animé le truc, donc on a mis des impacts de balles, on a fait des rayures au couteau,

  • Speaker #2

    parce que dans le film La Haine,

  • Speaker #1

    il y a une scène qui est culte,

  • Ossama

    c'est le tir,

  • Speaker #1

    et il y a une deuxième scène qui est culte, c'est les couteaux avec les skinheads. C'est ça ? Ah,

  • Speaker #2

    ça fait pas gaffe. Il y a de bons flics, tu vois. La gueule. Un bon skin, ça skinne mort. Tire. Moi, c'est Tamika Thierry, je viens du 93, je suis photographe réalisateur. Et voilà, je laisse la parole à mon collègue. Moi, je m'appelle Soeb Studio, je suis réalisateur,

  • Speaker #1

    créateur de contenu. Le tableau,

  • Speaker #2

    il est très simple en vérité. Je suis parti sur un mec cagoulé. Une partie droite, ça représente le bien, une partie gauche, ça représente le mal. Le mal, vous l'aurez compris, il y a la drogue, il y a le cœur noir. Il est avide son cœur et il y a une partie de son cerveau qui part en fumée. L'autre partie, en fait, c'est un être humain normal. Et la petite touche, le détail, c'est là que vraiment ça fait la différence. C'est au niveau de la montre. La montre, elle est du côté noir et blanc. Ça rappelle quoi ? Memento mori. Tu crois qu'il arrive, en fait, tu vas mourir, poto. C'est bien de faire des sous, mais fais-les bien. Fin de temps de parole. Il a été bon, il a été bon.

  • Speaker #1

    Il a dit fin de temps de parole.

  • Speaker #2

    Moi, en fait, j'ai envie de faire ce comparatif, c'est que ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est plus une preuve d'amour plutôt qu'une preuve de... tu vois ? Moi, je vais te décrire le tableau quotidien. C'est un tableau où on voit un enfant, dans son quotidien, on le voit jouer avec un talkie-walkie. Et en gros, quand on a parlé un peu avec lui sur place, il faut se dire que cette photo a été prise en Palestine,

  • Speaker #1

    en Cisjordanie.

  • Speaker #2

    L'enfant nous disait que c'est ce qu'il voyait au quotidien, il le reproduisait parce que c'est un enfant. Donc il joue avec ses amis, il est en vélo, il a un talkie-walkie. Mais en fait, c'est les soldats qu'il voyait au quotidien. Et là, sur la photo, on voit des bâtiments délabrés. Là, je n'imagine même pas, la photo a été prise en 2020, je n'imagine même pas quel est l'état actuel. Mais moi, quand j'ai proposé de faire cette photo et de l'exposer, c'était pour montrer ce que les gens ne peuvent pas voir. Moi, je suis parti déjà trois fois. en terre palestinienne. Et j'ai été très bien accueilli. J'ai vu des gens qui vivaient, malgré beaucoup de manque de liberté, manque de ressources et plein de choses, mais qui vivaient comme nous ici, dans le sens où ils avaient des réseaux sociaux,

  • Speaker #1

    ils allaient travailler,

  • Speaker #2

    ils essayaient de survivre.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Irfan, j'ai 23 ans, j'ai grandi en banlieue dans le 78. Du coup c'est une photo architecturale d'un bâtiment qui s'appelle Habitat 67. C'était un projet d'architecture du coup à Montréal dans la cité du Havre. Comme on ne voit pas la photo pour décrire, en fait c'est trois gros bâtiments de 22 étages qui ont des cubes en fait empilés les uns sur les autres et qui sont pleins d'appartements. Et en fait ça fait face à la ville de Montréal et c'est complètement détaché du style architectural de la ville. J'ai pensé à cette photo parce que c'était une approche un peu différente de la cité. Dans le sens où aujourd'hui c'est devenu un peu bobo, les gens qui habitent dedans c'est des gens qui ont de l'argent. C'est plus du tout la conception de cité qu'on peut avoir. Et on peut même pas y accéder en fait, il faut payer. Et je trouvais ça intéressant de montrer qu'ailleurs aussi en fait il y a des cités, des banlieues qui sont plus ou moins différentes. Salut, moi c'est Aïssa Tou, plus connue sous le nom de Aïssli. Je viens de Bobigny et aujourd'hui je suis super contente d'exposer à la haine. Aujourd'hui sur mon tableau il y a mon quartier, Pôle-et-Loire de Bobigny. Mon objectif c'était de rendre hommage à mon quartier puisqu'il va faire face à une destruction, une démolition de la dalle, un peu comme Olympiade. Je voulais vraiment capturer ça.

  • Ossama

    Est-ce que tu peux nous décrire ce tableau ?

  • Speaker #1

    Là sur le tableau on a la dalle avec des pigeons parce qu'en fait on ne se rend pas compte mais les pigeons ça fait... partie intégrante du décor. Les grandes tours, parce que nous, on a des tours de 18 étages. Je voulais vraiment illustrer la grandeur de nos bâtiments. Parce que moi, j'habite déjà au 11e. Et quand je suis par ma fenêtre, j'ai l'impression d'être sur un balcon d'opéra. Je kiffe de ouf. Pour moi, la haine, c'est quelque chose qui est vraiment universelle déjà. Parce que là, on se rend compte qu'il y a plusieurs conflits dans le monde entier. On se rend compte qu'on a... des problématiques différentes. Par exemple, moi, je sais que j'ai déjà reçu des Palestinas à Bobigny et eux, en fait, leur haine, c'était du coup que leur territoire s'est occupé. Et eux, ils étaient étonnés justement que l'année dernière, on fasse grève juste par rapport à le truc des 63 ans. Et du coup, en vrai, tu te rends compte que chaque personne défend un peu par rapport à où il vit et tu te rends compte que la haine, elle est vraiment différente en fonction de là où tu viens.

  • Speaker #2

    Les Arlequins et les Moutons, qui est un tableau shooté en 2016 dans mon quartier en noir et blanc. La première fois qu'un mec de ma cité, je m'en rappellerai toute ma vie, pour faire du lien avec la haine, il s'appelle Samy, alias Boots, qui quand a vu la photo, il m'a dit Ah, t'en dirais une scène de la haine Il m'a dit ça en étant en 2016. On a vécu un drame impardonnable, un drame qui nous a tous mis dans une noirceur du cœur. On a perdu le petit Naël, père à son âme, force à sa maman, Mounia, qui se bat chaque jour pour garder la foi. Pour te donner une anecdote, j'étais à Rio en novembre dernier. Je suis en bas des favelas de Rossignan, les plus grandes favelas du Brésil et du Rio. Les gars là-bas m'ont dit Tu viens d'où Paris ? Tu connais Naël ? Je suis au Brésil, à des milliers de kilomètres, on me parle de Naël. Je me suis empressé d'appeler la maman en fast-time. Je lui dis T'es où, Nicolas ? Je suis en Rossignol, au Brésil, dans une favela. Tiens, je te passe les gars de la favela. Ils ont parlé avec elle, tu vois. C'est un petit clin d'œil pour te dire que c'est une histoire qui nous a tous touchés. Pour certains, on est proche du quartier. Donc moi, je suis un mec de Nanterre. Donc Nanterre a sombré dans le feu. C'est une réaction, une automutilation. C'est une jeune de mon quartier qui s'appelle Ayana qui a utilisé ce mot-là. Vince, c'était d'affection. Naël, c'était du réel. Je m'appelle Chardel, sur les réseaux Sainte-Chaze. J'ai exposé deux photos qui font partie d'une série que j'avais faite il y a maintenant un peu plus de trois ans, le sud de la ville. Du coup, en fait, le thème, c'était un peu de déconstruire un peu les stéréotypes qu'on peut avoir sur les quartiers populaires. Et je prenais le... mon quartier, les Baconnais à Antony, avec mon prisme, avec mon oeil, et ce que je voyais au quotidien. Donc du coup, la première photo, c'est mon meilleur ami, un de mes meilleurs amis au quartier, avec sa maman. Et la deuxième, c'est un jeune, comme dans tous les quartiers, avec son motocross en bas de la cité. Yo, Antonin, monsieur Roger, et d'autres blazes dans la street qu'on ne va pas déclarer ici. Graphici. Là je suis en train de faire une petite pièce graphique ici, avec un petit leitrage. J'ai repris la punch du spectacle. Jusqu'ici rien n'a changé. Moi je suis un amoureux des lettres, donc dès qu'on peut dessiner des lettres je suis présent.

  • Ossama

    acte 3 l'héritage et la résonance si ces jeunes artistes sont le reflet de ce chef d'oeuvre Qu'en est-il des célébrités présentes lors de la première ? On écoute Bruce Iganji, danseur et fondateur de Juste Debout et JD School. Bruce, on est au spectacle La Haine, c'est l'entracte. Contrairement au film, là il y a plus de danse, il y a un vrai show. Avec ton œil d'artiste, qu'est-ce que tu peux nous dire ?

  • Speaker #2

    J'attends de voir la deuxième partie, mais dans la première partie déjà ce qui me plaît... C'est que justement, ils ont mis la danse à l'honneur et que c'est un art à part entière de nos cultures. Et que ça fait corps. En fait, quand tu me dis il y a de la danse, plus de danse qu'en film, ce qui est bien, c'est qu'on ne le voit pratiquement pas. C'est inclus, c'est incorporé. Et ça, c'est puissant.

  • Ossama

    On écoute Pauline Regnault.

  • Speaker #1

    Écoute, j'étais très curieuse de pouvoir voir ce qui allait se passer. Je dirais que... j'avais hâte de voir la première comédie musicale rap, tu vois. Et on est en 2024. Et ma légère frustration, c'est qu'on n'a pas un énorme butu dans toute la comédie musicale. Et ça, c'est ma vraie grande frustration. En revanche, vraiment, énorme coup de cœur. Et là, je peux même le dire, j'ai répleu sur la séquence juste avant l'entraque, tu vois. Quand t'as la meuf qui ride dans les airs, je me suis pris une... un teutard légendaire à laquelle je ne m'attendais pas. Donc merci vraiment pour cette expérience incroyable et inédite. Bravo pour une première.

  • Ossama

    Benjamin Epps, rappeur, auteur, compositeur, interprète.

  • Speaker #1

    30 ans plus tard,

  • Ossama

    on est passé de jusqu'ici tout va bien à jusqu'ici rien n'a changé. T'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les choses ont bougé, sauf qu'elles n'ont pas bougé suffisamment, elles n'ont pas bougé assez vite et elles ne bougent pas forcément dans la bonne direction.

  • Speaker #2

    30 ans plus tard,

  • Speaker #1

    il y a encore les histoires de Naël, l'affaire Naël, etc. Je pense qu'on peut faire mieux, je pense qu'on mérite mieux et je prie et j'espère, je me bats, en tout cas je milite pour que les choses bougent. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai accepté... le projet avec beaucoup de convictions exactement.

  • Ossama

    Kevin, est-ce que d'après toi, en 2024, rien n'a changé ?

  • Speaker #1

    Je me faisais la réflexion hier, justement quand je regardais le film avec ma chérie, et franchement, rien n'a changé, si ce n'est que maintenant on peut filmer quand il se passe des dingueries. dans des émeutes, etc. dans des confrontations avec la police, c'est la seule chose qui a changé mais sinon vraiment rien n'a changé et c'est flippant parce que ça veut dire que ça a 30 piges et là tu te dis, wow, qu'est-ce qu'on a fait en fait ? Qu'est-ce qu'on a fait pour que ça devienne même pire ? C'est une dinguerie.

  • Ossama

    Et justement, qu'est-ce que nous on doit faire pour faire changer les choses ? Est-ce que même c'est à nous de le faire ?

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays hein ! Non je rigole ! Faut s'en aller hein ! Si vous avez des double passeports, allez-y, fuyez ! Fuyez ! Non, c'est pas que nous. Malheureusement, il faut aussi qu'on arrête de prendre cette responsabilité. À chaque fois, on nous dit Oui, ça, nous, il faut aller voter, il faut aller ceci. Nous, de toute façon, on a une marge de manœuvre qui est minime, mais c'est là-haut que les choses peuvent changer. Et tant qu'on aura tout le temps les mêmes têtes qui dirigent, ça changera. Il faut arrêter de s'inventer des histoires de démocratie, de machin. Nous, on peut faire ce qu'on peut. Comme le dit Alpha One, moi, je fais ce que je peux dans mon champ d'action.

  • Ossama

    Malik Hamraoui

  • Speaker #1

    Bayoussar Le film il s'est passé il y a 30 piges C'est encore actuel aujourd'hui Il y a énormément de messages qui sont passés dans ce spectacle Parce que voilà on vit encore des choses qu'on vivait il y a 30 ans Et qu'on vit malheureusement encore aujourd'hui Donc c'est très bien qu'ils aient fait un spectacle bien fait, familial et en même temps qui dénonce Parce que malheureusement comme je l'ai déjà dit, je me répète mais On est dans une réalité depuis 30 ans.

  • Speaker #2

    Vous qui êtes justement dans le théâtre, dans la comédie, quelle marge de progression on doit faire encore pour se faire encore plus remarquer ? Quand je dis nous, c'est les gens de banlieue, de quartier.

  • Ossama

    Pour se faire plus remarquer ? Je ne sais pas, mais je pense que moi, par exemple, je trouve que dans le théâtre, il y a une évolution. Avant, il n'y avait pas de rebeu au théâtre. Je n'en voyais pas. Moi, quand j'étais au cours Florent, je me rappelle, on était deux rebeus sur mille personnes, je crois. Mais maintenant, quand tu regardes bien, tu vas au conservatoire, on n'est même plus des quotas, je pense. Je pense que ça y est maintenant, on a passé le côté quota. Et maintenant, c'est au talent. Et je vois plus de renois, de rebeux, de cités qui sont au théâtre, qui jouent du Racine, qui jouent... Je les vois dans le Misanthrope.

  • Speaker #1

    Dans les films, c'est pareil. Quand on regarde La Haine, c'était il y a plus de 30 ans. Saïd Taghmawi qui jouait Saïd, c'était l'un des premiers rebeus qu'on voyait dans le cinéma. Et aujourd'hui quand on regarde, on a un nombre de rebeus très connus, talentueux, même qui passent l'international aujourd'hui. Je pense à Tahar Rahim par exemple. Dans les Renois pareil, Hubert c'était l'un des premiers Renois qu'on voyait au cinéma. Malheureusement qu'il n'a pas eu la carrière qui a suivi et ça c'est désolant parce que c'est un mec bourré de talent. Aujourd'hui on a des Omar Sy, des acteurs comme Ahmed Silla, comme plein d'autres gens. Et comme il a dit Malik, il y a eu vraiment une ascension aussi du côté banlieue. Et je pense que c'est aussi par le travail. Parce que le travail aussi, on remet beaucoup en question pas mal de choses, mais le travail, il y est pour beaucoup. Le travail, malheureusement, on n'a rien sans rien. Donc le travail amène le travail. C'est-à-dire que si tu as du talent, si tu es bon dans quoi que ce soit, Même si ce n'est pas dans l'acting ou dans la comédie, il faut toujours croire en soi, essayer de marcher avec les personnes qui croient en toi. Et juste de croire en nous, c'est déjà très bien. Et on peut aller plus loin. Il peut y avoir des avocats, des médecins, des acteurs. Il y en a même chez la police, ce sont des gens très bien.

  • Speaker #3

    On écoute Moussa Camara, fondateur des Déterminés.

  • Speaker #4

    Si les choses se sont changées dans le sens où il y a de la violence policière toujours, mais par rapport à nos anciens, la situation n'est plus la même. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les anciens ont vraiment subi des injustices, mais inimaginables. Et en plus, ils n'avaient pas les porte-voix, les réseaux sociaux, où quand il y a une injustice, tu vois, c'est bloqué, personne n'en parle. Limite, tu vois, ça ne fait pas la lune des journaux aujourd'hui. avec les réseaux sociaux, Internet et tout. Dès qu'il y a une bavure, c'est filmé. Les jeunes se mobilisent beaucoup plus facilement, moins dans la rue, mais plus sur les réseaux. Et parfois, c'est une caisse de résonance qui a un plus grand impact.

  • Speaker #2

    Mais est-ce que ce n'est pas une autre forme de violence maintenant, à travers les réseaux sociaux, par exemple ?

  • Speaker #4

    Si, c'est une autre forme de violence. Mais il faut prendre beaucoup de recul. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde se permet de dire tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux. Et ce que je trouve dommage. Mais maintenant, il faut instruire les gens, il faut retrouver une société apaisée, il faut que les gens se parlent. Tu vois, nous, c'est ce qu'on fait, avec les déterminés notamment. Mais la violence, ça ne paye jamais. À la fin, on sait c'est qui les grands perdants, c'est qui qui brise leur destin et leur trajectoire. C'est tout le temps les mêmes, donc il y a un vrai sujet.

  • Speaker #3

    On écoute Assa Traoré.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu penses qu'en faisant des spectacles comme celui-ci, ça peut impacter beaucoup plus positivement et ça peut vraiment faire changer les choses, contrairement à des émeutes ?

  • Speaker #5

    Je ne suis pas là pour dire que… Moi, je ne suis pas dans un comparatif. Il n'y a pas ceux qui font moins et ceux qui font plus. Et surtout… Il faut surtout rendre hommage à cette jeunesse, cette jeunesse dans les quartiers. C'est pas une jeunesse... Moi j'utilise pas le mot émeute, moi j'utilise le mot révolte. C'est une jeunesse qui, quand elle se lève, c'est parce qu'elle aime son pays. Quand on se lève et qu'on est révolté, c'est parce qu'on aime l'endroit où on est, parce qu'on a touché à quelque chose qu'on aime. Et ça, c'est ça qui est mis en avant et c'est ça qu'on doit respecter. Bien évidemment, il faut l'utiliser. Ce sont des ponts qui sont faits entre le monde artistique ou des peintres qui vont faire de la peinture, des personnes qui vont chanter. Et là, c'est sur la scène musicale. Donc oui, on va toucher un plus large public, on va toucher d'autres personnes, on va toucher une sensibilité autrement de d'autres personnes. En tout cas, ça vient compléter, ça vient renforcer et ça vient donner une autre lumière qui aurait une autre portée. Et ça, c'est important.

  • Speaker #3

    Alors, est-ce que jusqu'ici, rien n'a changé ? Au vu des témoignages, il faut croire que c'est du 50-50 pour les uns. Dans les faits, les violences policières continuent d'exister. Le média Bastamag a compilé une base de données couvrant la période de 1977 à 2022, recensant 861 décès liés à des interventions des forces de l'ordre, dont 80 causés par des agents en dehors de leur service. Ce sont des chiffres compilés et analysés par Yvan Duroy et Ludo Saint-Bille. Un futur plus optimiste pour les autres, notamment avec l'entrepreneuriat où 26% des entrepreneurs issus des QPV en 2023 contre 14% en 2018. Selon Banque des Territoires, BPI France a soutenu la création de 32 000 entreprises dans les quartiers prioritaires. Cette fois-ci, Big Media indique que les entreprises créées dans les QPV affichent un taux de pérennité à 3 ans de 77%. pour cent supérieur à la moyenne nationale de 74%, indiquant une résilience notable des entrepreneurs de ces quartiers. Cet épisode est aussi un hommage aux défunts partis trop tôt. Parmi elles, Makome Mbowole. Ziad Bena et Buna Traoré, Amadou Koume, Adama Traoré, Cédric Ausha, Naël Merzouk, Lamine Diang, Wissam Eliamni et tous les autres. Et pour conclure, un message toujours d'actualité.

  • Speaker #4

    Le message qu'il faut avoir, c'est toujours un message optimiste, un message d'espoir. Aujourd'hui, ça va mal, mais demain, ça ira mieux, tout simplement.

  • Speaker #6

    Ce que j'aime toujours, c'est ce vrai message d'espoir à la fin qu'on a. Et là, je le redis de vive voix avec toi, tu vois, avec beaucoup de bonheur. Mais j'en suis convaincue, la solution, les solutions futures sont dans l'unité que tous ensemble, on va pouvoir créer. Donc j'espère en tout cas que cette première comédie musicale du rap... la haine qui prône l'amour in fine, nous permettent vraiment de créer des solutions de collaboration et d'entraide entre nous tous.

  • Speaker #4

    Mais en fait, la difficulté, c'est d'avoir les moyens pour avoir une exposition. Ça, c'est compliqué.

  • Speaker #7

    Je ne vais pas vous mentir, je suis musulmane, donc je suis pacifiste dans l'âme. Donc moi, je prône que la paix, mais la paix, ça ne se gagne pas en restant au fond de son canapé. C'est par des actions vraiment coup de poing et ça passe aussi par la culture. par la lecture, par la musique. Exprimez-vous comme vous le voulez, mais sans violence, et vous serez encore mieux écoutés.

  • Speaker #1

    De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas. Et de la haine à l'amour, il faut en faire deux. Chacun fait un pas vers l'autre.

  • Speaker #3

    Ce spectacle, ce n'est pas juste une adaptation, c'est une conversation avec notre époque. On y parle de colère, d'injustice, d'amitié et surtout de l'urgence de ne pas détourner le regard. C'est ça, la haine sur scène. Un cri, une danse, une lumière, une œuvre qui continue de vivre, de bousculer, de nous rappeler que, parfois, l'art est notre plus beau reflet.

  • Speaker #1

    Si je shoot un bleu, tout ça va sûrement finir en émeute. Les publics rentreront chez eux en se disant on est neutre. Tout ça m'émeut, mais j'ai choisi de partir sans faire le haineux.

  • Speaker #3

    Le spectacle étant tourné dans toute la France à partir de janvier 2025. Merci d'avoir écouté jusqu'au bout. C'est un podcast indépendant qui a besoin de ton soutien pour toucher le cœur d'un maximum de personnes. Une note de 5 étoiles, un follow, un commentaire, un partage m'aiderait énormément. Tu peux aussi m'écrire sur Instagram pour donner tes retours ou même m'écrire par mail si tu veux. Artisan de l'esprit tout attaché, arrobase gmail.com Je tiens sincèrement à remercier Farid Ben Laga pour avoir rendu ça possible. Sarah Nogueira pour sa disponibilité. Toute l'équipe de la scène musicale pour l'accueil, mon frère Nicolas Senn pour l'aventure et tous les photographes présents pour la bonne humeur. Ines.Chout, Siwan, Soheib, Tami, Sanchez, Aisli et notre graffeur, Monsieur Roger. Ouais,

  • Ossama

    putain de merde. On n'est pas sortis de l'auberge. Non, non, si, si. L'amour, dernier mot.

  • Speaker #3

    C'est pour la culture.

Description

C’est l’événement de l’année :


La Haine réinventée sous la forme d’un spectacle musical puissant par Mathieu Kassovitz

Une œuvre culte, revisitée pour faire résonner ses révoltes et son héritage.

Dans cet épisode, nous plongeons dans les origines du film iconique de Mathieu Kassovitz, un miroir de son époque, tout en explorant comment cette adaptation sur scène amplifie son message universel.


En immersion à la Seine musicale, Le producteur Farid Benlagha décide de voir les choses en grand et demande à de jeunes photographes de tous les départements d'île-de-France de venir exposer dans le Hall, pour le rendre encore plus vivant.


Des témoignages de jeunes photographes, graffeurs et artistes, aux réflexions de figures influentes, découvrez comment La Haine continue d’inspirer et de bousculer.


Kevin Razy, Benjamin Eeps, Pauline Raignault, Bruce Ykanji, Assa Traoré, Moussa Camara, Bayou Sarr, Malik Aamraoui ont pris le temps de témoigner et nous donner un avis sincère sur leur.


Entre analyse, récits et voix engagées, cet épisode t'emmène vers l'amour 🖤


Sources :


Artisan de l’esprit .


Merci à : Benjamin EepsBruce Ykanji, Pauline Raignault, Kevin Razy, Malik Aamraoui & Bayou Sarr, Assa Traoré et Moussa Camara.


Remerciement :

Farid Benlagha pour avoir rendu ça possible,

Sarah Nogueira pour la disponibilité, 

Toute L’équipe de la Seine musicale pour l'accueil 

Mon frérot Nicolas Sene pour l’aventure 

Et tous les photographes présent pour la bonne humeur

Bigup aux photographes : Olys, jaade, Kanneki, nicosene, irfane, Teva, Inès.shoot. Sewan, Soheyb, Thamikh, saintchaz, Ice Ly et Monsieur Roger


Musique : Médine - l'Amour ; The Blaze - Enemy ; Kpoint - Rockstar


Extraits du film la haine




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ossama

    Disclaimer, ce podcast explore l'évolution du film La Haine et son adaptation en spectacle. Il a pour objectif de mettre en lumière tous les quartiers de France et de recueillir l'avis des Français, de rassembler des auditeurs autour de valeurs de respect et de promouvoir l'amour. Les extraits abordant les thèmes tels que la violence ou la haine sont strictement fictifs et servent uniquement à illustrer l'aspect artistique de l'œuvre. Toutes les personnes témoignant dans ce podcast ainsi que Artisans de l'Esprit réaffirment leur engagement en faveur de l'unité, du respect mutuel et de l'amour. Un documentaire réalisé par Osama Esaas de Artisans de l'Esprit. Sur ce, bonne écoute.

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays, hein. Non, je rigole. Les médias urbains. Ils essaient de plaider leur cause mais ils sont vraiment indépendables, ils ont pas de manière.

  • Wow wow wow wow, c 'est à moi que tu parles,

  • Speaker #1

    c'est à moi que tu parles, c'est à moi que tu parles putain !

  • Speaker #2

    C'est à moi que tu parles comme ça mec !

  • Speaker #1

    Et là on est à la Seine musicale pour la deuxième première de La haine, la comédie musicale.

  • Speaker #2

    Y'a Afida Turner qui passe comme ça en même temps, donc ça fait bizarre de la voir passer comme ça, comme une Schyz.

  • Ossama

    Mais non, parle avec tes tripes ! "Ça déchir trop, Il tue.

  • Speaker #2

    Il tue trop sa mère"

  • Ossama

    C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien.

  • Speaker #2

    Mais l'important c'est pas la chute. C'est l'atterrissage.

  • Ossama

    19h30, la scène musicale sur les bords de scène de Boulby. Tout commence sur le parvis quand un groupe d'émeutiers nous scrute du haut de l'écran. Un des somptueux tableaux de la comédie s'ensuit dans le hall d'entrée, une exposition de plusieurs photographes, artistes et graffeurs, provenant de tous les départements d'Ile-de-France. Ils mettent en avant leur quartier. De l'autre côté, un tapis rouge sur lequel toute une flotte de célébrités pose le temps d'une photo. On peut apercevoir Youssoupha, Feneu, Kevin Harazi, Pauline Regnault, Afida Turner ou encore des personnalités engagées comme Assa Traoré ou Moussa Kamara. Les cloches sonnent, il est temps de s'installer. Les portes se ferment. C'est 4008 personnes installées confortablement, prêtes pour un moment hors du temps. Une salle comble, le silence domine soigneusement la salle. On peut lire sur le visage des spectateurs l'empressement, prêt à vivre une expérience, celle de se replonger dans l'histoire de Vince, Saïd et Hubert. Un film qui a marqué les esprits de par son authenticité. Aujourd'hui, je vous emmène avec moi sur le spectacle de l'année. Du film au spectacle, du noir et blanc à une scénographie en trois dimensions, voici l'immersion du spectacle le plus saillant de l'année, la haine. Jusqu'ici, rien n'a changé. Acte 1. L'âme de l'œuvre originale. La haine. Un cri cinématographique intemporel. Sorti en 1995, La haine réalisée par Mathieu Kassovitz n'est pas seulement un film, c'est le reflet d'une société en crise. Dans un noir et blanc percutant, le film raconte 24 heures dans la vie de trois jeunes de banlieue. Vinz, Hubert et Saïd, tiraillés entre colère et désillusion, chacun incarne à sa manière cette jeunesse en quête de sens, entre révolte et espoir. Mais pour comprendre la haine, il faut revenir au contexte brûlant des années 90 en France, une époque marquée par des tensions sociales croissantes, une émeute urbaine et une méfiance palpable entre les quartiers populaires et les institutions. Kasovitz s'inspire directement d'un événement tragique, la mort de Makome Mbowole, un jeune de 17 ans abattu par la police lors d'une garde à vue. Ce drame, comme tant d'autres, cristallise un malaise profond que le film expose avec une intensité rare et authentique. Le génie de la haine réside dans son message universel. En explorant les fraudes sociales, le racisme et la violence systémique, Kasowitz dépasse les frontières géographiques et culturelles. Ce film, ancré dans une réalité française, résonne auprès du public du monde entier. Il pose une question. essentiel. Que se passe-t-il lorsqu'une société ignore les voix qui crient à l'injustice ? Mais cette fois, vue sous un autre angle, celui des personnes dont on a toujours négligé la parole.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, savais-tu que le film devait s'appeler initialement Droits de Cité pour faciliter les subventions ?

  • Ossama

    Enfin, la haine a marqué toute une génération et continue de résonner aujourd'hui. Il est devenu un symbole, un cri d'alerte intemporel, à la fois culte et tragiquement actuel. Avec un visuel fort, sa référence, sa bande originale et ses classiques, la haine s'ancre comme un chef-d'œuvre dans le cinéma français. Qu'en est-il aujourd'hui ? Le spectacle aura-t-il un impact aussi fort que son film ? En 2025, le contexte est-il encore d'actualité ? Dans un pays où les fractures sociales sont d'actualité, la haine a posé les bases de cette légitimité en 1995. L'ère numérique et l'intégration du hip-hop dans les genres diversifiés poursuivent cet héritage. C'est une danse qui raconte. Avec Émilie Capelle et Yaman Okur, la chorégraphie se fond dans le spectacle. Et ne font qu'un avec les dialogues. Tout type de danse est à l'honneur, du brain dance à la house. Chaque mouvement traduit ce que les mots ne peuvent dire. Une énergie brute, des corps en lutte et une poésie en action. Des images qui transcendent. Silent Partner Studio transforme la scène en une toile vivante. Les murs s'effacent, les rues prennent vie et le décor devient personnage. C'est beau, c'est puissant, c'est immersif. Un son qui relie les époques. La bande sont orchestrées par Proof, réunies des artistes comme I Am, M ou encore The Blast. Ça résonne comme un écho entre les années 90 et aujourd'hui. Une musique qui pulse, qui raconte, qui reste. Acte 2. L'artisanat du théâtre et des photographes. Le théâtre comme la photographie capte l'instant, l'émotion brute, et reflète une vérité qui nous dépasse. Pour capturer l'essence même d'un message en une photographie, il faut le sens du détail. Il suffit d'un instant, d'une fraction de seconde pour tout perdre. Ce n'est pas pour rien que l'on dit qu'une image vaut mille mots. Mais comment les jeunes générations traduisent-elles cette révolte ? Voici le témoignage des héritiers de la haine.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Nicolas Sène, j'habite à Nanterre, quartier Pablo Picasso. Je suis cinéaste, faiseur d'images. Je suis dans ce projet en lien avec le producteur Farid Bengala. de la haine. Donc voilà, moi mon rôle ça a été de rassembler, d'être en mode logis, de réunir des photographes, jeunes et moins jeunes, expérimentés ou non, sur le hall de la scène musicale. L'idée c'était de ramener un peu ce côté street et de mettre en avant des talents de toute la banlieue. Il y a des photographes, il y a des nassos 13ème rêve qui font du théâtre forum, il y a un graffeur qui s'appelle Antonin et il y a un autre artisan de l'amour, artisan de la haine, artisan de l'esprit, Osama, qui fait le podcast avec la haine.

  • Speaker #1

    Ouais, alors moi du coup c'est Kaneki, j'ai 22 ans, je suis artiste, je fais principalement de la photo depuis que j'ai 15-16 ans, mais je fais aussi du cinéma, je m'occupe de l'image d'artiste que j'accompagne sur du long terme aussi. Alors mon tableau c'est une photo de Capouin, c'est un rappeur du 91, qui a été prise dans son quartier à Rissorangis au plateau. C'était un jour où on tournait un clip d'un son qui s'appelle Rockstar, et du coup au milieu de son quartier on a décidé de... de faire un concert un peu sauvage. Donc on a ramené un peu des trucs de rockstar. Du coup, une caravane, des lumières,

  • Speaker #2

    des enceintes.

  • Speaker #1

    et donc à la fin il expose sa guitare contre un ampli on fait cramer sa guitare etc vraiment c'est une rockstar quoi et pour la petite anecdote du coup j'ai shooté cette photo sur ce clip là mais le clip il est jamais sorti parce que les rushs du réalisateur ont été perdus la carte SD a été perdue donc le clip ne sortira jamais Sur la photo, c'est un podcast, du coup on ne peut pas le voir, mais en fait Capon, il explose sa guitare contre un ampli par terre.

  • Ossama

    Et c'est la haine,

  • Speaker #1

    quoi. Ça représente la haine.

  • Speaker #2

    Moi,

  • Speaker #1

    j'ai un discours assez positif, donc je vais dire jusqu'ici tout va bien, parce qu'il y a toujours du positif, même dans les histoires les plus sombres.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Tëva, j'ai 20 ans, et je suis du Sud, je viens d'Ardèche, à côté de Valence. Mon tableau, il représente la vie de quartier, les dimanches dans les quartiers. Ils sortent les motos, les enfants, ils sont là. Il y a tout le monde. Tout le monde est là. C'est le jour de congé pour tout le monde.

  • Ossama

    Donc là, on voit un jeune qui est posé, l'autre qui est sur son vélo et deux autres à moto. C'est ça.

  • Speaker #2

    Là, sur le moment, j'ai volé l'instant. Le lien, c'est quand il y a le même message. C'est qu'à chaque fois que je rentre dans un quartier, je suis super bien accueilli. C'est comme si je rentrais dans une famille. C'est pour ça qu'à chaque fois, j'aime trop aller dans d'autres endroits. C'est que peu importe qui je suis, ils ne me connaissent pas, ils me serrent la main tous, que ce soit des petits, des grands. Et ça, je trouve ça incroyable. Il y a une solidarité qu'il y a dans les quartiers, qu'il n'y a pas ailleurs. On pourrait croire que dans les quartiers, c'est super dur d'y rentrer, mais en fait, il faut juste être humble et respectueux.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Inès.Shoot et je suis photographe depuis 5 ans et demi. Alors c'est une photographie que j'ai prise en studio avec une jeune fille et j'ai décidé de mettre en avant son regard parce qu'elle avait un regard perçant et donc je voulais vraiment garder un côté tout sombre autour d'elle et avoir vraiment son regard en tant que lumière. Je regardais beaucoup de photos sombres et je me suis dit pourquoi pas jouer avec les lumières et j'avais jamais testé une photo... délire un peu de lumière, studio, etc. Et je me suis dit, tu sais quoi, je vais prendre une fille qui a un bête de regard. Et c'est vrai que nous, chez les femmes, c'est grave perçant, c'est grave charmant, une femme qui a le regard et qui peut capter le public. Et donc, j'ai décidé de la prendre, elle, et vraiment de rendre tout autour d'elle sombre et laisser une toute petite lumière derrière elle qui a un message d'espoir. La haine se crée. dû au fait qu'on n'arrive pas à s'exprimer et se faire comprendre. En tout cas, moi, je le trouve. Et c'est comme ça que la haine, elle se crée et que l'humain n'arrive pas à contrôler ses nerfs et qu'il a la haine contre la société, etc. Parce qu'on ne nous écoute pas, donc on ne veut pas nous écouter surtout. Et donc, cette haine, elle se crée comme ça.

  • Ossama

    Toi, tu as la haine ?

  • Speaker #1

    Un peu, hein.

  • Ossama

    Tu la retranscris comment ?

  • Speaker #1

    À partir de mes photos, en vrai de vrai. Et sur les réseaux sociaux, quand je partage des réels. ou des choses qui boostent un peu la société et qui essayent de nous mettre en avant le plus possible. Salut, je m'appelle Anissa, je viens de Paris 19e et mon nom d'artiste, c'est Jaade. Je suis venue avec deux tableaux. J'en ai un qui s'appelle Le Mur et un autre qui s'appelle Dissidence. Et les deux, c'est des photos qui ont été prises pendant les manifestations contre la loi globale. Donc pour ceux qui se souviennent, il y a eu une période où l'État a décidé qu'on ne pouvait plus ni filmer ni photographier les policiers en action. Donc pendant leurs interventions, ce qui était très très problématique. Et du coup, la rue s'est devenue le chaos pendant trois mois. Il y avait le feu partout, il y avait des émeutes partout. Et en fait, j'ai couvert ça pendant deux mois. En fait, c'était vraiment l'anarchie. C'est un peu irréaliste maintenant que je prends du recul dessus, c'était vraiment bizarre. C'était vraiment un autre monde. C'était comme s'il n'y avait plus de loi, il y avait les super-hêtes, les magasins qui étaient dévalisés, tout était cassé, il n'y avait plus aucune règle. C'était vraiment la loi du plus fort, le fait d'essayer de se faire entendre et de porter sa voix contre quelque chose qui était vraiment injuste. C'est injuste de laisser la police avoir autant de liberté sur la vie de tout le monde.

  • Ossama

    Qu'est-ce que tu voyais dans le regard des gens que tu prenais en photo ?

  • Speaker #1

    Euh... En fait, ce n'était pas de la compassion, mais c'était un peu un check à distance. C'était vraiment bien vu. Merci de soutenir cette cause-là et d'agir contre le fait qu'on nous imbibilise et qu'on essaye de nous faire passer pour des casseuses, des casseurs, des mecs de quartier qui ne savent rien faire à part casser, alors que ce n'est pas ça. Il faut regarder le fond et pas la forme. En fait... J'essaye de rester quand même à distance parce que je suis très protectrice de ma vie et je n'aime pas trop me mettre en danger. Donc c'est là aussi tout le travail que j'ai dû faire pendant ces manifestations. C'était rentrer dans l'intimité des scènes et en même temps rester à distance pour protéger ma vie. Parce qu'il y avait des éclats de verre partout, il y avait des flashballs, il y a plein de gens qui ont été blessés, qui ont perdu des yeux, des bras, des trucs. Moi, ce n'était pas mon but, mais je voulais avoir vraiment des scènes de gens. de petits groupes qui, voilà, c'était vraiment des scènes de films et je voulais vraiment rentrer dans ces petites scènes-là et pas être au cœur du chaos.

  • Ossama

    Sewan, on est devant ta photo. Comment elle s'appelle déjà ta photo ?

  • Speaker #1

    Elle s'appelle Foreigner. En anglais, ça veut dire étranger. Et ça vient du concept de l'étranger. Pas sur l'origine, mais sur le fait que, sur cette miniature en fait, qui est composée de trois fois quatre photos, c'est des gens... avec qui j'ai passé beaucoup de temps dans ma vie, et qui sont tous étrangers de eux, mais indirectement, c'est les mêmes, parce que je les connais très bien. J'ai voulu représenter un peu mon écosystème social et mettre en avant aussi quelques artistes qui sont issus de la musique,

  • Speaker #2

    du son, de l'image.

  • Speaker #1

    La production de La Haine nous a demandé de s'inspirer un peu de la direction artistique. On a tout fait là, cette semaine, donc la semaine de l'expo. Et à côté de ça, j'ai voulu un peu, pas juste ramener un cadre avec des photos, j'ai un peu animé le truc, donc on a mis des impacts de balles, on a fait des rayures au couteau,

  • Speaker #2

    parce que dans le film La Haine,

  • Speaker #1

    il y a une scène qui est culte,

  • Ossama

    c'est le tir,

  • Speaker #1

    et il y a une deuxième scène qui est culte, c'est les couteaux avec les skinheads. C'est ça ? Ah,

  • Speaker #2

    ça fait pas gaffe. Il y a de bons flics, tu vois. La gueule. Un bon skin, ça skinne mort. Tire. Moi, c'est Tamika Thierry, je viens du 93, je suis photographe réalisateur. Et voilà, je laisse la parole à mon collègue. Moi, je m'appelle Soeb Studio, je suis réalisateur,

  • Speaker #1

    créateur de contenu. Le tableau,

  • Speaker #2

    il est très simple en vérité. Je suis parti sur un mec cagoulé. Une partie droite, ça représente le bien, une partie gauche, ça représente le mal. Le mal, vous l'aurez compris, il y a la drogue, il y a le cœur noir. Il est avide son cœur et il y a une partie de son cerveau qui part en fumée. L'autre partie, en fait, c'est un être humain normal. Et la petite touche, le détail, c'est là que vraiment ça fait la différence. C'est au niveau de la montre. La montre, elle est du côté noir et blanc. Ça rappelle quoi ? Memento mori. Tu crois qu'il arrive, en fait, tu vas mourir, poto. C'est bien de faire des sous, mais fais-les bien. Fin de temps de parole. Il a été bon, il a été bon.

  • Speaker #1

    Il a dit fin de temps de parole.

  • Speaker #2

    Moi, en fait, j'ai envie de faire ce comparatif, c'est que ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est plus une preuve d'amour plutôt qu'une preuve de... tu vois ? Moi, je vais te décrire le tableau quotidien. C'est un tableau où on voit un enfant, dans son quotidien, on le voit jouer avec un talkie-walkie. Et en gros, quand on a parlé un peu avec lui sur place, il faut se dire que cette photo a été prise en Palestine,

  • Speaker #1

    en Cisjordanie.

  • Speaker #2

    L'enfant nous disait que c'est ce qu'il voyait au quotidien, il le reproduisait parce que c'est un enfant. Donc il joue avec ses amis, il est en vélo, il a un talkie-walkie. Mais en fait, c'est les soldats qu'il voyait au quotidien. Et là, sur la photo, on voit des bâtiments délabrés. Là, je n'imagine même pas, la photo a été prise en 2020, je n'imagine même pas quel est l'état actuel. Mais moi, quand j'ai proposé de faire cette photo et de l'exposer, c'était pour montrer ce que les gens ne peuvent pas voir. Moi, je suis parti déjà trois fois. en terre palestinienne. Et j'ai été très bien accueilli. J'ai vu des gens qui vivaient, malgré beaucoup de manque de liberté, manque de ressources et plein de choses, mais qui vivaient comme nous ici, dans le sens où ils avaient des réseaux sociaux,

  • Speaker #1

    ils allaient travailler,

  • Speaker #2

    ils essayaient de survivre.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Irfan, j'ai 23 ans, j'ai grandi en banlieue dans le 78. Du coup c'est une photo architecturale d'un bâtiment qui s'appelle Habitat 67. C'était un projet d'architecture du coup à Montréal dans la cité du Havre. Comme on ne voit pas la photo pour décrire, en fait c'est trois gros bâtiments de 22 étages qui ont des cubes en fait empilés les uns sur les autres et qui sont pleins d'appartements. Et en fait ça fait face à la ville de Montréal et c'est complètement détaché du style architectural de la ville. J'ai pensé à cette photo parce que c'était une approche un peu différente de la cité. Dans le sens où aujourd'hui c'est devenu un peu bobo, les gens qui habitent dedans c'est des gens qui ont de l'argent. C'est plus du tout la conception de cité qu'on peut avoir. Et on peut même pas y accéder en fait, il faut payer. Et je trouvais ça intéressant de montrer qu'ailleurs aussi en fait il y a des cités, des banlieues qui sont plus ou moins différentes. Salut, moi c'est Aïssa Tou, plus connue sous le nom de Aïssli. Je viens de Bobigny et aujourd'hui je suis super contente d'exposer à la haine. Aujourd'hui sur mon tableau il y a mon quartier, Pôle-et-Loire de Bobigny. Mon objectif c'était de rendre hommage à mon quartier puisqu'il va faire face à une destruction, une démolition de la dalle, un peu comme Olympiade. Je voulais vraiment capturer ça.

  • Ossama

    Est-ce que tu peux nous décrire ce tableau ?

  • Speaker #1

    Là sur le tableau on a la dalle avec des pigeons parce qu'en fait on ne se rend pas compte mais les pigeons ça fait... partie intégrante du décor. Les grandes tours, parce que nous, on a des tours de 18 étages. Je voulais vraiment illustrer la grandeur de nos bâtiments. Parce que moi, j'habite déjà au 11e. Et quand je suis par ma fenêtre, j'ai l'impression d'être sur un balcon d'opéra. Je kiffe de ouf. Pour moi, la haine, c'est quelque chose qui est vraiment universelle déjà. Parce que là, on se rend compte qu'il y a plusieurs conflits dans le monde entier. On se rend compte qu'on a... des problématiques différentes. Par exemple, moi, je sais que j'ai déjà reçu des Palestinas à Bobigny et eux, en fait, leur haine, c'était du coup que leur territoire s'est occupé. Et eux, ils étaient étonnés justement que l'année dernière, on fasse grève juste par rapport à le truc des 63 ans. Et du coup, en vrai, tu te rends compte que chaque personne défend un peu par rapport à où il vit et tu te rends compte que la haine, elle est vraiment différente en fonction de là où tu viens.

  • Speaker #2

    Les Arlequins et les Moutons, qui est un tableau shooté en 2016 dans mon quartier en noir et blanc. La première fois qu'un mec de ma cité, je m'en rappellerai toute ma vie, pour faire du lien avec la haine, il s'appelle Samy, alias Boots, qui quand a vu la photo, il m'a dit Ah, t'en dirais une scène de la haine Il m'a dit ça en étant en 2016. On a vécu un drame impardonnable, un drame qui nous a tous mis dans une noirceur du cœur. On a perdu le petit Naël, père à son âme, force à sa maman, Mounia, qui se bat chaque jour pour garder la foi. Pour te donner une anecdote, j'étais à Rio en novembre dernier. Je suis en bas des favelas de Rossignan, les plus grandes favelas du Brésil et du Rio. Les gars là-bas m'ont dit Tu viens d'où Paris ? Tu connais Naël ? Je suis au Brésil, à des milliers de kilomètres, on me parle de Naël. Je me suis empressé d'appeler la maman en fast-time. Je lui dis T'es où, Nicolas ? Je suis en Rossignol, au Brésil, dans une favela. Tiens, je te passe les gars de la favela. Ils ont parlé avec elle, tu vois. C'est un petit clin d'œil pour te dire que c'est une histoire qui nous a tous touchés. Pour certains, on est proche du quartier. Donc moi, je suis un mec de Nanterre. Donc Nanterre a sombré dans le feu. C'est une réaction, une automutilation. C'est une jeune de mon quartier qui s'appelle Ayana qui a utilisé ce mot-là. Vince, c'était d'affection. Naël, c'était du réel. Je m'appelle Chardel, sur les réseaux Sainte-Chaze. J'ai exposé deux photos qui font partie d'une série que j'avais faite il y a maintenant un peu plus de trois ans, le sud de la ville. Du coup, en fait, le thème, c'était un peu de déconstruire un peu les stéréotypes qu'on peut avoir sur les quartiers populaires. Et je prenais le... mon quartier, les Baconnais à Antony, avec mon prisme, avec mon oeil, et ce que je voyais au quotidien. Donc du coup, la première photo, c'est mon meilleur ami, un de mes meilleurs amis au quartier, avec sa maman. Et la deuxième, c'est un jeune, comme dans tous les quartiers, avec son motocross en bas de la cité. Yo, Antonin, monsieur Roger, et d'autres blazes dans la street qu'on ne va pas déclarer ici. Graphici. Là je suis en train de faire une petite pièce graphique ici, avec un petit leitrage. J'ai repris la punch du spectacle. Jusqu'ici rien n'a changé. Moi je suis un amoureux des lettres, donc dès qu'on peut dessiner des lettres je suis présent.

  • Ossama

    acte 3 l'héritage et la résonance si ces jeunes artistes sont le reflet de ce chef d'oeuvre Qu'en est-il des célébrités présentes lors de la première ? On écoute Bruce Iganji, danseur et fondateur de Juste Debout et JD School. Bruce, on est au spectacle La Haine, c'est l'entracte. Contrairement au film, là il y a plus de danse, il y a un vrai show. Avec ton œil d'artiste, qu'est-ce que tu peux nous dire ?

  • Speaker #2

    J'attends de voir la deuxième partie, mais dans la première partie déjà ce qui me plaît... C'est que justement, ils ont mis la danse à l'honneur et que c'est un art à part entière de nos cultures. Et que ça fait corps. En fait, quand tu me dis il y a de la danse, plus de danse qu'en film, ce qui est bien, c'est qu'on ne le voit pratiquement pas. C'est inclus, c'est incorporé. Et ça, c'est puissant.

  • Ossama

    On écoute Pauline Regnault.

  • Speaker #1

    Écoute, j'étais très curieuse de pouvoir voir ce qui allait se passer. Je dirais que... j'avais hâte de voir la première comédie musicale rap, tu vois. Et on est en 2024. Et ma légère frustration, c'est qu'on n'a pas un énorme butu dans toute la comédie musicale. Et ça, c'est ma vraie grande frustration. En revanche, vraiment, énorme coup de cœur. Et là, je peux même le dire, j'ai répleu sur la séquence juste avant l'entraque, tu vois. Quand t'as la meuf qui ride dans les airs, je me suis pris une... un teutard légendaire à laquelle je ne m'attendais pas. Donc merci vraiment pour cette expérience incroyable et inédite. Bravo pour une première.

  • Ossama

    Benjamin Epps, rappeur, auteur, compositeur, interprète.

  • Speaker #1

    30 ans plus tard,

  • Ossama

    on est passé de jusqu'ici tout va bien à jusqu'ici rien n'a changé. T'en penses quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les choses ont bougé, sauf qu'elles n'ont pas bougé suffisamment, elles n'ont pas bougé assez vite et elles ne bougent pas forcément dans la bonne direction.

  • Speaker #2

    30 ans plus tard,

  • Speaker #1

    il y a encore les histoires de Naël, l'affaire Naël, etc. Je pense qu'on peut faire mieux, je pense qu'on mérite mieux et je prie et j'espère, je me bats, en tout cas je milite pour que les choses bougent. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai accepté... le projet avec beaucoup de convictions exactement.

  • Ossama

    Kevin, est-ce que d'après toi, en 2024, rien n'a changé ?

  • Speaker #1

    Je me faisais la réflexion hier, justement quand je regardais le film avec ma chérie, et franchement, rien n'a changé, si ce n'est que maintenant on peut filmer quand il se passe des dingueries. dans des émeutes, etc. dans des confrontations avec la police, c'est la seule chose qui a changé mais sinon vraiment rien n'a changé et c'est flippant parce que ça veut dire que ça a 30 piges et là tu te dis, wow, qu'est-ce qu'on a fait en fait ? Qu'est-ce qu'on a fait pour que ça devienne même pire ? C'est une dinguerie.

  • Ossama

    Et justement, qu'est-ce que nous on doit faire pour faire changer les choses ? Est-ce que même c'est à nous de le faire ?

  • Speaker #1

    Non, faut se barrer du pays hein ! Non je rigole ! Faut s'en aller hein ! Si vous avez des double passeports, allez-y, fuyez ! Fuyez ! Non, c'est pas que nous. Malheureusement, il faut aussi qu'on arrête de prendre cette responsabilité. À chaque fois, on nous dit Oui, ça, nous, il faut aller voter, il faut aller ceci. Nous, de toute façon, on a une marge de manœuvre qui est minime, mais c'est là-haut que les choses peuvent changer. Et tant qu'on aura tout le temps les mêmes têtes qui dirigent, ça changera. Il faut arrêter de s'inventer des histoires de démocratie, de machin. Nous, on peut faire ce qu'on peut. Comme le dit Alpha One, moi, je fais ce que je peux dans mon champ d'action.

  • Ossama

    Malik Hamraoui

  • Speaker #1

    Bayoussar Le film il s'est passé il y a 30 piges C'est encore actuel aujourd'hui Il y a énormément de messages qui sont passés dans ce spectacle Parce que voilà on vit encore des choses qu'on vivait il y a 30 ans Et qu'on vit malheureusement encore aujourd'hui Donc c'est très bien qu'ils aient fait un spectacle bien fait, familial et en même temps qui dénonce Parce que malheureusement comme je l'ai déjà dit, je me répète mais On est dans une réalité depuis 30 ans.

  • Speaker #2

    Vous qui êtes justement dans le théâtre, dans la comédie, quelle marge de progression on doit faire encore pour se faire encore plus remarquer ? Quand je dis nous, c'est les gens de banlieue, de quartier.

  • Ossama

    Pour se faire plus remarquer ? Je ne sais pas, mais je pense que moi, par exemple, je trouve que dans le théâtre, il y a une évolution. Avant, il n'y avait pas de rebeu au théâtre. Je n'en voyais pas. Moi, quand j'étais au cours Florent, je me rappelle, on était deux rebeus sur mille personnes, je crois. Mais maintenant, quand tu regardes bien, tu vas au conservatoire, on n'est même plus des quotas, je pense. Je pense que ça y est maintenant, on a passé le côté quota. Et maintenant, c'est au talent. Et je vois plus de renois, de rebeux, de cités qui sont au théâtre, qui jouent du Racine, qui jouent... Je les vois dans le Misanthrope.

  • Speaker #1

    Dans les films, c'est pareil. Quand on regarde La Haine, c'était il y a plus de 30 ans. Saïd Taghmawi qui jouait Saïd, c'était l'un des premiers rebeus qu'on voyait dans le cinéma. Et aujourd'hui quand on regarde, on a un nombre de rebeus très connus, talentueux, même qui passent l'international aujourd'hui. Je pense à Tahar Rahim par exemple. Dans les Renois pareil, Hubert c'était l'un des premiers Renois qu'on voyait au cinéma. Malheureusement qu'il n'a pas eu la carrière qui a suivi et ça c'est désolant parce que c'est un mec bourré de talent. Aujourd'hui on a des Omar Sy, des acteurs comme Ahmed Silla, comme plein d'autres gens. Et comme il a dit Malik, il y a eu vraiment une ascension aussi du côté banlieue. Et je pense que c'est aussi par le travail. Parce que le travail aussi, on remet beaucoup en question pas mal de choses, mais le travail, il y est pour beaucoup. Le travail, malheureusement, on n'a rien sans rien. Donc le travail amène le travail. C'est-à-dire que si tu as du talent, si tu es bon dans quoi que ce soit, Même si ce n'est pas dans l'acting ou dans la comédie, il faut toujours croire en soi, essayer de marcher avec les personnes qui croient en toi. Et juste de croire en nous, c'est déjà très bien. Et on peut aller plus loin. Il peut y avoir des avocats, des médecins, des acteurs. Il y en a même chez la police, ce sont des gens très bien.

  • Speaker #3

    On écoute Moussa Camara, fondateur des Déterminés.

  • Speaker #4

    Si les choses se sont changées dans le sens où il y a de la violence policière toujours, mais par rapport à nos anciens, la situation n'est plus la même. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les anciens ont vraiment subi des injustices, mais inimaginables. Et en plus, ils n'avaient pas les porte-voix, les réseaux sociaux, où quand il y a une injustice, tu vois, c'est bloqué, personne n'en parle. Limite, tu vois, ça ne fait pas la lune des journaux aujourd'hui. avec les réseaux sociaux, Internet et tout. Dès qu'il y a une bavure, c'est filmé. Les jeunes se mobilisent beaucoup plus facilement, moins dans la rue, mais plus sur les réseaux. Et parfois, c'est une caisse de résonance qui a un plus grand impact.

  • Speaker #2

    Mais est-ce que ce n'est pas une autre forme de violence maintenant, à travers les réseaux sociaux, par exemple ?

  • Speaker #4

    Si, c'est une autre forme de violence. Mais il faut prendre beaucoup de recul. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde se permet de dire tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux. Et ce que je trouve dommage. Mais maintenant, il faut instruire les gens, il faut retrouver une société apaisée, il faut que les gens se parlent. Tu vois, nous, c'est ce qu'on fait, avec les déterminés notamment. Mais la violence, ça ne paye jamais. À la fin, on sait c'est qui les grands perdants, c'est qui qui brise leur destin et leur trajectoire. C'est tout le temps les mêmes, donc il y a un vrai sujet.

  • Speaker #3

    On écoute Assa Traoré.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu penses qu'en faisant des spectacles comme celui-ci, ça peut impacter beaucoup plus positivement et ça peut vraiment faire changer les choses, contrairement à des émeutes ?

  • Speaker #5

    Je ne suis pas là pour dire que… Moi, je ne suis pas dans un comparatif. Il n'y a pas ceux qui font moins et ceux qui font plus. Et surtout… Il faut surtout rendre hommage à cette jeunesse, cette jeunesse dans les quartiers. C'est pas une jeunesse... Moi j'utilise pas le mot émeute, moi j'utilise le mot révolte. C'est une jeunesse qui, quand elle se lève, c'est parce qu'elle aime son pays. Quand on se lève et qu'on est révolté, c'est parce qu'on aime l'endroit où on est, parce qu'on a touché à quelque chose qu'on aime. Et ça, c'est ça qui est mis en avant et c'est ça qu'on doit respecter. Bien évidemment, il faut l'utiliser. Ce sont des ponts qui sont faits entre le monde artistique ou des peintres qui vont faire de la peinture, des personnes qui vont chanter. Et là, c'est sur la scène musicale. Donc oui, on va toucher un plus large public, on va toucher d'autres personnes, on va toucher une sensibilité autrement de d'autres personnes. En tout cas, ça vient compléter, ça vient renforcer et ça vient donner une autre lumière qui aurait une autre portée. Et ça, c'est important.

  • Speaker #3

    Alors, est-ce que jusqu'ici, rien n'a changé ? Au vu des témoignages, il faut croire que c'est du 50-50 pour les uns. Dans les faits, les violences policières continuent d'exister. Le média Bastamag a compilé une base de données couvrant la période de 1977 à 2022, recensant 861 décès liés à des interventions des forces de l'ordre, dont 80 causés par des agents en dehors de leur service. Ce sont des chiffres compilés et analysés par Yvan Duroy et Ludo Saint-Bille. Un futur plus optimiste pour les autres, notamment avec l'entrepreneuriat où 26% des entrepreneurs issus des QPV en 2023 contre 14% en 2018. Selon Banque des Territoires, BPI France a soutenu la création de 32 000 entreprises dans les quartiers prioritaires. Cette fois-ci, Big Media indique que les entreprises créées dans les QPV affichent un taux de pérennité à 3 ans de 77%. pour cent supérieur à la moyenne nationale de 74%, indiquant une résilience notable des entrepreneurs de ces quartiers. Cet épisode est aussi un hommage aux défunts partis trop tôt. Parmi elles, Makome Mbowole. Ziad Bena et Buna Traoré, Amadou Koume, Adama Traoré, Cédric Ausha, Naël Merzouk, Lamine Diang, Wissam Eliamni et tous les autres. Et pour conclure, un message toujours d'actualité.

  • Speaker #4

    Le message qu'il faut avoir, c'est toujours un message optimiste, un message d'espoir. Aujourd'hui, ça va mal, mais demain, ça ira mieux, tout simplement.

  • Speaker #6

    Ce que j'aime toujours, c'est ce vrai message d'espoir à la fin qu'on a. Et là, je le redis de vive voix avec toi, tu vois, avec beaucoup de bonheur. Mais j'en suis convaincue, la solution, les solutions futures sont dans l'unité que tous ensemble, on va pouvoir créer. Donc j'espère en tout cas que cette première comédie musicale du rap... la haine qui prône l'amour in fine, nous permettent vraiment de créer des solutions de collaboration et d'entraide entre nous tous.

  • Speaker #4

    Mais en fait, la difficulté, c'est d'avoir les moyens pour avoir une exposition. Ça, c'est compliqué.

  • Speaker #7

    Je ne vais pas vous mentir, je suis musulmane, donc je suis pacifiste dans l'âme. Donc moi, je prône que la paix, mais la paix, ça ne se gagne pas en restant au fond de son canapé. C'est par des actions vraiment coup de poing et ça passe aussi par la culture. par la lecture, par la musique. Exprimez-vous comme vous le voulez, mais sans violence, et vous serez encore mieux écoutés.

  • Speaker #1

    De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas. Et de la haine à l'amour, il faut en faire deux. Chacun fait un pas vers l'autre.

  • Speaker #3

    Ce spectacle, ce n'est pas juste une adaptation, c'est une conversation avec notre époque. On y parle de colère, d'injustice, d'amitié et surtout de l'urgence de ne pas détourner le regard. C'est ça, la haine sur scène. Un cri, une danse, une lumière, une œuvre qui continue de vivre, de bousculer, de nous rappeler que, parfois, l'art est notre plus beau reflet.

  • Speaker #1

    Si je shoot un bleu, tout ça va sûrement finir en émeute. Les publics rentreront chez eux en se disant on est neutre. Tout ça m'émeut, mais j'ai choisi de partir sans faire le haineux.

  • Speaker #3

    Le spectacle étant tourné dans toute la France à partir de janvier 2025. Merci d'avoir écouté jusqu'au bout. C'est un podcast indépendant qui a besoin de ton soutien pour toucher le cœur d'un maximum de personnes. Une note de 5 étoiles, un follow, un commentaire, un partage m'aiderait énormément. Tu peux aussi m'écrire sur Instagram pour donner tes retours ou même m'écrire par mail si tu veux. Artisan de l'esprit tout attaché, arrobase gmail.com Je tiens sincèrement à remercier Farid Ben Laga pour avoir rendu ça possible. Sarah Nogueira pour sa disponibilité. Toute l'équipe de la scène musicale pour l'accueil, mon frère Nicolas Senn pour l'aventure et tous les photographes présents pour la bonne humeur. Ines.Chout, Siwan, Soheib, Tami, Sanchez, Aisli et notre graffeur, Monsieur Roger. Ouais,

  • Ossama

    putain de merde. On n'est pas sortis de l'auberge. Non, non, si, si. L'amour, dernier mot.

  • Speaker #3

    C'est pour la culture.

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