- Speaker #0
Bienvenue sur le podcast d'AVB, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir ensemble quelques notions clés de l'assurance en quelques minutes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Hugo. Hugo, tu es actuaire chez AVB et tu viens nous parler des conclusions du deuxième stress test climatique qui a été réalisé par l'ACPR et dont les résultats ont été publiés au début de l'année 2024.
- Speaker #1
2024, c'est ça.
- Speaker #0
Alors déjà pour commencer, est-ce que tu peux d'abord nous expliquer ce que c'est qu'un stress test ?
- Speaker #1
Oui bien sûr. Donc les assureurs, dans leur activité et pour évaluer leur solidité économique et financière, sont amenés à suivre différents indicateurs et parfois à tester les conséquences de variations d'hypothèses plus ou moins fortes sur ces indicateurs. Et donc un stress test, c'est cet exercice qui consiste à faire varier ces hypothèses et à en mesurer les conséquences.
- Speaker #0
D'accord. Et donc... La CPR a lancé un travail sur un stress test climatique. Est-ce que tu peux nous expliquer les objectifs de ce stress test ?
- Speaker #1
Oui, ce second exercice de stress test réalisé par la CPR sur les années 2022 et 2023 visait à analyser les impacts du changement climatique sur les organismes d'assurance et donc de comprendre comment les différents scénarios climatiques, à la fois à court terme mais aussi à long terme, pourraient affecter le bilan des assureurs. Et cet exercice est d'autant plus important que les résultats doivent permettre aux assureurs d'anticiper les défis auxquels le secteur pourrait être confronté dans le futur.
- Speaker #0
Alors, dans le futur, je comprends qu'il y a deux termes, tu disais court terme et long terme. Est-ce que tu peux nous décrire un peu plus précisément le scénario court terme déjà pour commencer, qui a été testé ?
- Speaker #1
Donc effectivement, parmi les trois scénarios demandés par la CPR, l'un est un scénario court terme à horizon 2027 et l'autre... Les deux autres, pardon, des scénarios long terme à horizon 2050. Pour les scénarios court terme, il intègre des événements climatiques extrêmes, comme deux sécheresses consécutives en 2023 et 2024, ainsi qu'une rupture de barrages en raison de fortes inondations. Et viennent s'ajouter à ces chocs physiques, un choc financier, lié aux conséquences des marchés face à ces événements.
- Speaker #0
Donc un scénario riche d'événements climatiques. Et si j'ai bien compris, l'objectif c'est de mesurer les effets de ces changements climatiques pour les assureurs. Quels ont été les résultats du stress test sur ce scénario court terme ?
- Speaker #1
Dans le scénario court terme, c'est justement le choc financier qui a entraîné une baisse significative de 28% des fonds propres qui a été la principale difficulté pour les assureurs. La combinaison de ce choc financier avec des chocs physiques, comme la rupture de barrages par exemple. a d'autant plus affecté la solidité financière des assureurs et donc a entraîné notamment une diminution du ratio de couverture de 48 points.
- Speaker #0
D'accord, un scénario de court terme face auquel les assureurs ne peuvent pas anticiper. C'est un peu ça le constat de ce scénario ?
- Speaker #1
Tout à fait. Donc on se place dans ce scénario court terme dans le cadre d'un bilan statique, ce qui signifie que les assureurs n'ont pas la possibilité de mettre en place des actions pour s'adapter à la situation.
- Speaker #0
Donc ? Bilan statique, des effets financiers assez conséquents, j'ai bien compris ce que tu viens de nous expliquer. Est-ce que dans le scénario de long terme, les résultats ont été différents ? D'abord, est-ce que tu peux nous préciser peut-être quels étaient ces scénarios de long terme qui ont été modélisés par la CPR ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Pour définir les deux scénarios de long terme qui ont été demandés par la CPR, Ils sont cette fois à horizon 2050. L'un est à transition ordonnée et l'autre est dit à transition désordonnée. Le premier ordonné dans le sens où on considère une mise en place progressive et plus d'anticipation des politiques de transition, tandis que le scénario désordonné considère une mise en œuvre tardive des politiques de transition. Et donc ces scénarios incluent une aggravation des événements climatiques extrêmes, des impacts sur la santé et tiennent compte des actions... possibles que les assureurs pourraient mettre en place, cette fois, pour atténuer les chocs. Contrairement aux scénarios court terme dans lesquels les assureurs n'avaient pas la possibilité de mettre en place des actions pour atténuer les impacts.
- Speaker #0
Les scénarios de long terme, ils prévoyaient donc à la fois une aggravation des effets climatiques et des changements climatiques, mais prenaient en compte la capacité des assureurs à anticiper.
- Speaker #1
C'est ça, exactement.
- Speaker #0
Et alors, quels sont les résultats de ces stress tests ?
- Speaker #1
Alors, dans les scénarios long terme, cette fois, on constate une aggravation de la sinistralité supérieure à 42% à celle d'un scénario fictif sans risque physique ni de transition. Et cette aggravation de la sinistralité, elle est principalement due à l'augmentation des risques physiques, à l'inflation et à l'augmentation des valeurs assurées. Ce qui peut paraître étonnant dans les résultats de ces scénarios long terme, c'est que l'on permettait cette fois, comme on l'a dit aux assureurs, de mettre en place des stratégies pour limiter les impacts des... des événements, mais les assureurs n'ont en réalité eu recours que de manière relativement limitée à ces actions de gestion pour atténuer les impacts.
- Speaker #0
Dans les scénarios qui ont été mesurés par les assureurs, ils ont pris en compte peu de mesures préventives ou d'anticipation qui auraient permis de diminuer les impacts des effets climatiques, si je comprends.
- Speaker #1
Tout à fait. Et donc, les assureurs ont expliqué, suite à ce constat, qu'ils n'avaient pas forcément l'habitude de prendre en compte des conséquences et des mesures de gestion à plus de cinq ans dans le futur. Et donc, effectivement, c'était très difficile pour eux d'aller intégrer des décisions de gestion qui étaient à beaucoup plus long terme.
- Speaker #0
Et alors, est-ce qu'entre le scénario ordonné et désordonné dont tu parlais, les deux scénarios de long terme, un à transition... Climatique ordonnée et là, transition climatique désordonnée, on va dire. Est-ce qu'il y a eu des impacts différents selon ces scénarios ?
- Speaker #1
On constate effectivement des différences, même si la CPR a souligné que le scénario désordonné sous-estimait encore les impacts potentiels du changement climatique sur la stabilité financière et donc qu'il n'incitait pas forcément à une prise de conscience suffisante. Pour autant, la spécificité du scénario désordonné... C'était de considérer une réaction plus tardive, qui génère des impacts financiers plus importants, mais aussi de considérer une réaction qui, comme elle est plus tardive, se doit d'être plus forte au moment où elle est prise. Et donc cette réaction plus forte, ce changement brutal de situation, impacte plus fortement le risque de transition que le scénario ordonné.
- Speaker #0
On comprend à travers les résultats que tu nous partages qu'un des enjeux, c'est de préparer ces défis. Et que les assureurs ont eux-mêmes exprimé des difficultés à se projeter à plus de 5 ans et à anticiper ces changements. Du coup, est-ce que la CPR, dans ses conclusions, propose ou préconise certaines mesures pour s'adapter, anticiper, prévenir ou se préparer à ces défis ?
- Speaker #1
Alors, les conclusions de la CPR soulèvent des défis importants. et les assureurs doivent se préparer dès maintenant en intégrant dans la modélisation des risques climatiques le risque sur les passifs, les critères de durabilité sur les actifs ou encore en réalisant des études prospectives adaptées pour anticiper les nouveaux risques. Et puis la gouvernance doit elle aussi être renforcée pour améliorer la gestion des risques climatiques dans le processus décisionnel et notamment dans une optique long terme. Ces stress tests seront certainement amenés à se répéter et permettront aux assureurs d'affiner ces travaux.
- Speaker #0
Merci du coup Hugo pour cette présentation et ces explications sur ces stress tests qui ont été réalisés en 2024.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et si je comprends bien, on sera peut-être amené à reparler de ce sujet dans les années à venir et à échanger sur les conclusions des futurs stress tests.
- Speaker #1
Tout à fait. Merci beaucoup.