- Speaker #0
Bonjour à tous, je m'appelle Alexia Kata et je suis la créatrice du podcast Au cœur de l'Alternance, le podcast qui s'adresse aux acteurs de l'Alternance. À travers les épisodes, vous retrouverez des solos, mais je recevrai également des invités pour partager cette expérience. Bienvenue sur le dixième épisode du podcast. Aujourd'hui, je reçois Léna pour un épisode un peu particulier. On va parler d'alternance, mais d'un point de vue un petit peu différent où on va apporter de la nuance. Alors non, ça ne se passe pas toujours comme prévu et vous allez très vite le découvrir. Bonne écoute ! Bonjour Léna, bienvenue sur le podcast au cœur de l'alternance. Je suis très contente de te recevoir aujourd'hui. J'ai eu la chance de discuter un petit peu avec toi en amont, mais tu vas nous en dire davantage par la suite.
- Speaker #1
Bonjour Alexia, merci de m'accueillir sur ton podcast, c'est un honneur, voilà, mon premier enregistrement sur un podcast, c'est le tien, hâte de voir ce que ça va donner, je ferai de mon mieux. Et du coup, pour me présenter, je m'appelle Léna, ça fait un an et demi déjà que je suis freelance, le temps vole. Pour situer, j'ai commencé community manager en B2B. parce que c'est ce que j'avais l'habitude de faire. Et au final, depuis, plein de casquettes. Donc voilà, je suis passée de chef de projet digital à directrice de la communication, à formatrice en école supérieure, formatrice pour les entreprises, pour leur communication en B2B sur LinkedIn. Et je pense que ça va continuer d'évoluer. Mais pour l'instant, je m'arrête là. C'est déjà pas mal. Et voilà, avec grand plaisir pour parler de mon expérience en alternance. Voilà, parce que j'ai quand même fait deux ans en alternance pendant mon master et je me suis lancée directe en freelance. Donc, j'ai plein de choses à raconter vu que c'était il n'y a pas si longtemps.
- Speaker #0
Super, merci beaucoup pour cette présentation. Effectivement, tu as multiples casquettes qui ont l'air toutes enrichissantes. J'adorerais que tu nous parles de ta première expérience en alternance qui était pour ton master 1. Dis-nous un peu plus peut-être dans quel domaine tu te situais, les missions, etc. Mais vous n'allez pas être déçus quant aux anecdotes concernant cette expérience avec une petite morale de l'histoire à la fin de cette première année de master. On t'écoute, Léna.
- Speaker #1
Alors, cette première année d'alternance, c'était dans une startup dans le secteur femmes et finances. Et j'ai trouvé l'annonce sur LinkedIn. C'était une offre de community manager. Et j'ai été prise pour un entretien. Le premier entretien s'est très bien passé. Bizarrement, il y avait un bon feeling au premier entretien. Et en fait, tout s'est enchaîné très vite parce que je pense que j'ai commencé l'alternance vraiment deux semaines après. Voilà. Et donc, cette première année d'alternance a commencé très bizarrement dès la première semaine d'intégration. Comment dire ? Pour ne pas qu'on me prenne pour une folle, déjà... Je vous rassure, j'ai échangé avec Alexia, je ne suis pas folle. Je ne raconte pas que des bêtises. Mais oui, grosse anecdote qui aurait dû m'inquiéter dès le début, c'est que la police scientifique a quand même saisi mes empreintes dès les premiers jours d'alternance suite à un vol pendant la nuit des locaux de l'entreprise où on a quand même un MacBook qui avait disparu. On ne savait pas exactement. Moi, je n'avais pas l'habitude en plus des lieux. J'ai surtout vu très vite que l'ordinateur avait disparu. Et sur le moment, vraiment paniquée, je ne sais pas quoi faire. J'envoie un message sur le groupe WhatsApp. On me dit de prendre des photos. Il y avait juste le gardien qui était là, mais personne n'était arrivé encore au sein des locaux. Et au fur et à mesure, tout le monde arrive. La police scientifique en tenue, le petit pistolet, les petits gants, les petits plumeaux. Non, mais vraiment comme dans les films. C'est-à-dire que là où il y avait la clé, ils y sont allés avec un petit plumeau, ils ont ramassé les empreintes. Ah oui ? Et moi, limite, je trouvais ça drôle. En fait, je pense que je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Et voilà, je suis rentrée chez moi le soir chez mes parents. Je leur ai raconté tout ça comme si tout était normal. Et je ne réalisais pas. Je ne réalisais pas que c'était une dinguerie.
- Speaker #0
Ah oui, donc on est vraiment dans le scientifique pur et dur là. Effectivement, première semaine d'alternance, la police scientifique, on te prend les empreintes. C'est vrai que peut-être ça aurait dû t'alerter, peut-être.
- Speaker #1
Peut-être, voilà. Mais c'était que le début.
- Speaker #0
Alors, effectivement, pour une première semaine d'alternance, c'est atypique. En quoi consistaient tes missions, mis à part prendre des photos pour les vols ?
- Speaker #1
Je vais essayer de me souvenir, parce que bon, c'était il n'y a pas si longtemps, mais quand même assez longtemps. Tout ce qu'il y a de plus basique dans une fiche de community management, au début, ça partait vraiment sur... du community management Instagram, mais aussi mettre les mêmes posts sur d'autres canaux, créer des visuels, utiliser Canva, enregistrer des stories, enregistrer des vidéos de notre chef pour que justement elle documente tout ce qui était sur les sujets de l'investissement, surtout à destination des femmes parce qu'il y avait des chiffres clés qui nous motivaient à... comment on peut appeler ça, formés justement sur le secteur de l'investissement, comme quoi ce n'était pas un secteur réservé aux hommes, mais que les femmes avaient totalement le droit d'investir et pas que épargner. Donc moi, tout ça, c'était des valeurs qui me correspondaient, donc j'étais très motivée. Et très vite, je me suis rendue compte qu'en fait, en startup, on ne fait pas que notre fiche de mission, on fait tout. Mais en fait, c'était hyper enrichissant dans le sens où tout ce que j'apprenais, c'était concret, c'était professionnalisant. Et ça me sortait de ma zone de confort, ça c'est sûr. Mais c'est sûr qu'au final, je faisais aussi des decks investisseurs. Je revoyais les présentations dès qu'un investisseur venait nous rencontrer. On a préparé des levées de fonds. Enfin voilà, j'ai quand même eu des sacrées missions où je ne me posais pas tant de questions de est-ce que c'est vraiment à moi de le faire ? Pas à moi. Là, j'avoue que j'ai une charge de travail assez conséquente. On ne me dit pas forcément. comment le faire, on me dit qu'il faut le faire, qu'il y a une deadline, on me dit quand c'est pas bien fait, par contre quand c'est bien fait, on me le dit pas, alors ça faudrait pas insister là-dessus, surtout pas, donc c'était vraiment au jour le jour où je sentais que c'était comme des mini-défis, fallait les relever, et quand j'avais pas trop de remarques négatives, je me disais bon bah c'est que c'est pas mal.
- Speaker #0
Ma question va sûrement te faire sourire, mais quand tu me dis chaque jour un défi, ça veut dire qu'il n'y avait personne pour t'encadrer, pour te cadrer sur les fameuses missions. Comment ça se passait ? Tu avais un tuteur, une tutrice ?
- Speaker #1
Ça ne se passait pas. C'est-à-dire que j'étais seule. J'étais très seule. Je me sentais seule aussi à se demander des fois qui allait venir au bureau aujourd'hui. Du coup, non, je n'avais pas de tutrice ni de tuteur. Officiellement, c'était quand même la chef de l'entreprise. et une autre personne qui était extérieure à la boîte. Vu que c'était une start-up, du coup, c'était une équipe d'associés, ce qui est plus vague que dans une entreprise très corpo. Et donc, non, j'avais des consignes. C'est-à-dire que des fois, la chef arrivait dans le bureau, elle disait « aujourd'hui, on bosse sur ça » . Des fois, elle disparaissait, puis à la fin de la journée, ça devait être fait.
- Speaker #0
Une organisation au jour le jour, en fait.
- Speaker #1
Au jour le jour. Et en plus, je ne sais pas si… Pour moi, c'était très symbolique.
- Speaker #0
à la fenêtre il y avait des barreaux pour comment dire quand j'étais seule et que je savais pas qui allait passer aujourd'hui je me disais les barreaux c'est peut-être la chose de trop disons que au fur et à mesure que tu me dis les choses c'est vrai que c'est quand même alarmant tous ces signaux, il y a des red flags un petit peu plantés au pourtour de l'entreprise en réalité alors en fait je pense que c'était enrichissant et pertinent pour toi parce que des nouvelles missions, des nouvelles compétences que tu développes, ta première alternance. Donc voilà, c'est ce qu'on disait tout à l'heure en off, l'entreprise te paye tes études. Donc tu as aussi ce truc de dire, je ne vais quand même pas me plaindre d'avoir une alternance, alors qu'il y en a qui n'arrivent pas à en trouver, etc. Donc aujourd'hui, c'est un peu ambivalent comme situation. C'est ça,
- Speaker #1
et sur le moment, on ne sait pas ce qui est normal, pas normal. Moi, je n'avais pas d'autres collègues. Donc j'avais pendant... Si, on était plusieurs jeunes, mais qui étaient partis au moment de l'été et après on était deux jeunes. Mais comme on vivait la même chose, on n'avait pas ce regard extérieur de se dire est-ce que c'est la norme ? Est-ce qu'on doit se plaindre ? À qui est-ce qu'on se plaint ? Est-ce qu'on se plaint à l'école ? Est-ce qu'on se plaint à nos parents ? Dans quelle mesure est-ce que j'en fais trop ? Parce que ça se trouve, les gens de mon école vivent la même chose, je ne sais pas. Surtout que quand on est en alternance, en fonction du rythme, nous c'était quand même trois semaines entreprise, une semaine école, donc la norme c'était ce qu'on vivait au quotidien. Et c'est ça, dans les moments où on se dit ok là ça me dépasse la situation, tu te dis quand même ok. Déjà ils m'ont accepté dans leur entreprise, il y en a qui n'ont pas d'entreprise, qui vont devoir payer leur école, ça me paye. quand même pendant deux ans, parce que du coup, quand on est en master, tu t'engages sur deux ans. L'école te dit, là, c'est sur deux ans, un an, ce n'est pas possible. Donc, tu sais que dans ton contrat, il y a deux ans et qu'il faut, c'est un peu comme un, tu sais ça, tu te dis, ce n'est pas un sprint, c'est un marathon. Si ça ne va pas, tu prends sur toi.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, c'est qu'on ne te laisse pas l'opportunité de penser que si ça ne se passe pas bien, tu as une porte de sortie. Et en plus, toi, t'en avais pas, parce qu'il y avait des barreaux à la fenêtre. Effectivement. C'est vrai que même physiquement parlant, matériellement parlant, ça envoyait quand même une image un peu spéciale aussi. Quand même, les barreaux à la fenêtre, c'est un truc... Je trouve que c'est fort. C'est vrai, ça envoie un signal un peu...
- Speaker #1
Et ça, j'en rigole maintenant. Mais sur le moment, je m'en rendais même pas compte. C'est vraiment vers la fin où j'ai commencé à me dire, mais en fait, je suis aveugle depuis le début, où en fait, il y avait tous les signaux pour... juste ne pas travailler ici.
- Speaker #0
En fait, non, mais c'est une première expérience. Tu ne connais pas le monde du travail. Ce n'est pas la norme de ne pas être accompagnée, de ne pas être accompagnée. Voilà, c'est ce qu'il faut dire aussi aux personnes qui commencent leur alternance ou qui veulent peut-être faire de l'alternance. Heureusement, tout ne se passe pas toujours comme ça. Pour terminer sur cette première année de master, est-ce que tu as une petite anecdote pour finir comme ça ?
- Speaker #1
Justement, c'est moins drôle. C'est pas comme la police scientifique, mais en fait, j'étais tellement dans le déni de tout ce qui se passait déjà que j'étais sûre d'arrêter au bout d'un an. Alors, c'était hors de question de faire deux ans. Et l'école m'a expliqué à ce moment-là que oui, si je trouvais une autre entreprise, je pouvais faire vraiment un an de date à date. Et en fait, ma stratégie, c'était de ne pas poser mes congés et de tous les garder pour la fin et de partir en vacances d'été, le temps de trouver une nouvelle alternance. Et en fait, je suis partie en week-end pour me détendre deux jours après la fin de mon contrat, mais juste après avoir posé mes congés. Et là, j'avais des vertiges, je ne me sentais pas bien, je vais aux urgences. Tellement vraiment, je me sens comme empoisonnée, mon corps m'a lâchée. Et du coup, là, ils m'ont annoncé que j'avais une mononucléose. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est la maladie des amoureux qui vraiment te met à plat. Et en fait, il y a plusieurs degrés. Et donc, j'avais le degré qui te colle au lit pendant un mois. Tu n'as aucune force. Et en fait, j'ai compris que j'avais tellement tenu bon, j'ai tellement voulu être forte, qu'il y a un moment, le corps, il prend le dessus. Et donc là, c'était le cas et ça s'est fini comme ça.
- Speaker #0
Et heureusement que le corps prend le dessus, entre guillemets. C'est-à-dire que si la tête ne dit pas stop, malheureusement ou heureusement, je ne sais pas, le corps le fait. de manière peut-être brutale en l'occurrence. Toi, tu as dû pousser vraiment dans tes retranchements et ton corps il s'est dit ok c'est bon, elle a un mois devant elle, bon ben je vais la clouer au lit, comme ça elle va pouvoir enfin se reposer.
- Speaker #1
Il ne faut pas attendre de finir dans cet état-là, il y avait plein de signaux avant, l'école je les avais prévenus en amont, je me rendais bien compte, il y a des moments juste d'aller à l'entreprise, j'avais la boule au ventre. Il y a plein de signaux comme ça, il faut les écouter. il ne faut pas garder ça pour soi. Il faut en parler, que ce soit à ses parents, à ses camarades, à l'école, à la pédagogie. J'ai déjà eu des cris de larmes au post-déjeuner. Et dans ces moments-là, je me disais, non, mais ça va aller. Ça va aller, c'est juste une passade.
- Speaker #0
Ça va aller qui se transforme quand même rarement en quelque chose de positif à la fin. Donc là, toi, ta morale de l'histoire, c'est quoi ? C'est faire attention à sa santé mentale, physique. et surtout en parler si on sent déjà des signaux un peu alarmants.
- Speaker #1
Ouais, il faut en parler, et il n'y a pas besoin de tenir un an. Si jamais, enfin moi j'ai tenu un an parce que personne ne m'a dit qu'on pouvait partir avant. Maintenant, j'ai même appris qu'on peut poser un arrêt maladie. Et pendant cet arrêt maladie, on peut trouver une autre entreprise en fait. Donc il faut faire ça. C'est-à-dire que si on a du harcèlement moral, du harcèlement physique, mais même autre que le harcèlement qui rentre... qui ne rentre pas dans le cadre du travail et du bien-être au travail, vous allez voir votre médecin généraliste. Tout simplement.
- Speaker #0
C'est bien de le dire parce qu'effectivement, quand tu es en alternance, tu as toujours envie d'être un peu le super-héros parfois en te disant « Ok, je n'ai pas le choix. Il faut que je sois quelqu'un d'exceptionnel, de fort, etc. » Mais en fait, tu as le droit d'être malade et tu as le droit d'aller voir le médecin et tu as le droit d'être en arrêt de travail parce que tu es salarié en réalité. Tu n'es pas que étudiant, tu as vraiment le statut de salarié dans ton entreprise. Donc tu as le droit et heureusement d'aller chez le médecin pour avoir un arrêt de travail. Et ça ne décrédibilise pas, on va dire, les compétences que tu as acquises, ça ne décrédibilise pas la personne que tu es parce que tu as trop tiré sur la corde. Mais avant d'en arriver là, c'est super ce que tu dis, c'est vraiment voilà, oh ça va pas, là je tire la sonnette.
- Speaker #1
Voilà et en fait c'est une chose de vouloir être fort mais honnêtement sur le long terme ça mène nulle part voilà faut enlever ce masque être fort quand on est jeune quand on a entre 20 et 30 ans on n'est pas censé être fort on est censé être accompagné apprendre ne pas réussir s'en remettre mais alors être fort c'est pas à nous d'être fort être fort pour moi c'est C'est ça, c'est être dans le déni et malgré des situations qui ne te vont pas, avancer dans cette direction. Non, il n'y a pas besoin.
- Speaker #0
Non, non, et puis être fort, ça veut dire quoi aussi ? Peu importe l'âge, finalement, mais je pense que quand tu es jeune, tu as aussi envie de prouver certaines choses, certainement, c'est un peu dans les mœurs de voilà, tu es jeune, tu ne sais pas, il faut que tu apprennes. Alors ça, c'est indéniable. Évidemment, par contre, ça ne... Ça ne doit pas déclencher tout ce qui arrive derrière. On se calme. On doit se calmer quand même. OK, super. Merci beaucoup pour ce témoignage qui, je pense, en intéressera plus d'un ou plus d'une. Pensez à votre santé mentale. C'est vraiment ce qui vous permettra de tenir sur le long terme. Et tu as raison de le répéter. Ce n'est pas un sprint, c'est un marathon. Suite à ça, donc, si je comprends bien, tu as pu te reposer et tu as pu intégrer une deuxième entreprise pour ton Master 2.
- Speaker #1
Oh que oui ! Et pour le coup, ça y est, j'ai compris ce que c'était que se sentir bien au travail, d'être une alternante normale si on peut dire. Pour le coup, je n'ai toujours pas eu un format classique dans le sens où je n'avais pas un tuteur qui faisait le même métier que moi dans la com et qui me montrait quels outils, quelles missions. Mais il m'avait annoncé dès le début, dès les premiers entretiens, quelles allaient être mes missions, le fait qu'il y avait quand même pas mal d'autonomie dans ce travail. Mais en fait, le cadre me plaisait, les équipes, je les avais rencontrées en amont, très bon feeling. Et du coup, je pouvais travailler et continuer d'apprendre par moi-même, ce qui m'allait vraiment bien. C'est-à-dire que pour moi, c'était tout ce que j'avais appris à faire en start-up. Maintenant, je pouvais le faire dans des bonnes conditions, avec du temps après le travail. Je pouvais voir mes amis, je pouvais m'épanouir. C'est tout ce que je demandais.
- Speaker #0
Et là, il y a un truc qui est fou quand même, que j'entends. Tu dis, j'avais du temps pour moi, pour faire du sport, pour aller voir mes amis. Mais heureusement ! Et c'est là qu'on fait le rapport avec ta première expérience. Ça veut dire que la première année, en fait, tu as complètement glissé.
- Speaker #1
Dans le sens où tu étais l'alternance.
- Speaker #0
C'est ça. Sauf qu'être en alternance, ça ne doit pas catégoriser, ça ne doit pas te caractériser tout simplement. Tu n'es pas que en alternance. C'est ça. Et c'est hyper important. J'en ai déjà parlé dans certains de mes podcasts. Mais continuer à faire du sport, le sport, ça permet vraiment de vider. Sport ou autre chose, musique, bénévolat, je n'en sais rien. Mais autre chose qui fait que ce n'est pas du tout dans le même contexte. Parce que sinon, on se fait bouffer. On se fait happer par l'entreprise. On veut être trop beau, trop parfait, trop tout. On ne sauvera pas des vies. En tout cas, en l'occurrence, en bossant dans le commerce, on ne sauve pas des vies.
- Speaker #1
Et c'est hyper intéressant ce que tu dis parce que c'est la grosse différence. Ce que j'ai retenu, c'est qu'en fait, quand j'étais en startup, je m'impliquais comme si c'était ma startup. Je ne sais pas ce qui m'a pris par la tête, mais en fait, j'étais tellement obnubilée par les challenges. Peut-être qu'en fait, j'aime trop les challenges. Je ne sais pas, ça fait peut-être partie de moi. Mais en fait, non. Non, non, non. En fait, ça ne t'appartient pas. Tu es juste salariée. Tu as des horaires à respecter, tu fais de ton mieux, et voilà, on n'en parle plus.
- Speaker #0
C'est bien de l'avoir vécu comme ça, parce qu'aujourd'hui, ça te permet d'en parler avec du recul. Et quand tu dis, ça doit venir de moi, que j'aime spécifiquement les challenges, mais certainement... Non, mais tous les alternants aujourd'hui, le panel d'alternants que je peux côtoyer, il y en a forcément qui aiment plus les challenges, d'autres qui sont là, ils ont des horaires à respecter, ils les respectent parfaitement parce que c'est leur... contrats de travail et ils sont là ils font leur mission et en fait ils s'impliquent pas spécialement plus que ça dans l'entreprise il y en a d'autres qui vont être vraiment mais love love love de leur entreprise et peut-être trop en fait voilà donc il ya vraiment tout type d'alternant mais toi si aujourd'hui tu es indépendante et en freelance je pense que c'est effectivement parce que tu aimes les challenges ouais
- Speaker #1
et c'est grâce à ces deux expériences et c'est ce que je veux retenir parce que ok, cette première expérience, cette première année d'alternance ne devait pas se passer comme ça, et ça j'en ai bien conscience. Par contre, si aujourd'hui j'ai le culot, parce qu'il faut avoir du culot pour se lancer freelance, si je n'avais pas vécu tous ces challenges de vivre des levées de fonds, d'être dans un environnement quand même très enrichissant, où je sais aussi ce que c'est de bosser dur. Alors c'est tout bête, je ne dis pas qu'il faut bosser énormément d'heures pour savoir ce que c'est, mais ça m'a appris la valeur aussi du travail, de bosser dur et aussi de savoir de quoi je suis capable. Et de me dire, ok, j'ai quand même réussi des beaux challenges, je suis capable aujourd'hui de mener ça seule ou du moins voir ce que ça donne. Et donc ça m'a quand même donné une force personnelle.
- Speaker #0
qui m'a servi dans le privé et dans le pro automatiquement de toute façon même si on veut toujours trouver cet équilibre parfait de la vie pro et la vie perso on est qu'une seule personne en réalité donc dans les deux cas le pro a de l'influence sur notre mental et inversement, sur le physique aussi d'ailleurs mais on peut difficilement se dissocier en disant non non ça c'est que mon côté perso moi en tout cas je sais que c'est quand même les deux m'ont impacté à un moment donné, pour des bonnes et des moins bonnes raisons. Donc, je pense que tu as raison par rapport au fait que les challenges te viennent de ton expérience professionnelle et que c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, tu peux être freelance. Et donc, on en a discuté un petit peu tout à l'heure, tu es aussi formatrice en école supérieure. Comment est-ce que tu te sers de tes expériences professionnelles, de ton perso aussi peut-être, pour réinjecter ça lors de tes formations ?
- Speaker #1
Au-delà de l'alternance, c'est vrai que la majorité de mes étudiants sont en parcours alternance, donc je m'identifie encore plus. Mais le fait d'avoir été étudiante il n'y a pas longtemps, je n'enseigne pas de la même façon que si je n'avais pas vécu ça. Là, pour le coup, je me mets tout le temps à leur place. Et même quand je fais l'appel et que je les rencontre, je demande si la personne est en alternance, est-ce que ça se passe bien ? Si ça ne se passe pas bien, est-ce qu'elle a déjà essayé de mettre en place des choses ? Et donc, forcément, ça joue. Et en fait, c'est tout bête, mais je sens que j'ai cette responsabilité, le fait d'avoir vécu une mauvaise expérience, de, alors je suis pas là pour sauver les gens, mais au moins, comment dire, leur donner les moyens d'agir. Et de leur dire si une situation par exemple qui n'est pas du tout normale, leur dire, bah ce que tu vis, merci de me le confier, c'est pas normal, on peut faire quelque chose, on peut aller voir la pédagogie ensemble. Donc en fait... Chez moi, ça a créé une vocation de transmettre. Que ce soit mes compétences, que ce soit mon expérience, c'est ça aussi qui me donne autant de sens dans mon quotidien, c'est j'ai besoin de transmettre.
- Speaker #0
C'est plutôt rassurant en tant que formatrice finalement.
- Speaker #1
Et ça, entre formateurs, on n'en parle pas tant que ça. C'est vrai ? Non, on n'en parle pas tant que ça. On a même fait des réunions souvent en début d'année où on rencontre les nouveaux formateurs des écoles, entre nous. Ok, on va parler de nos cours, comment est-ce qu'on les adapte, si les classes sont plutôt faciles ou difficiles, et comment adapter notre pédagogie. Mais alors le fait de parler de l'alternance, de savoir est-ce qu'ils en parlent, est-ce qu'ils le vivent bien, c'est même pas un sujet de discussion.
- Speaker #0
L'holomoïse, c'est un truc que j'ai parfois abordé, et je me reconnais un peu dans ce que tu dis. Et le terme est fort quand tu dis, je me sens un peu la responsabilité de demander du moins ou de faire savoir. Si ça ne se passe pas bien, la porte est ouverte. Tu vois, tu peux venir m'en parler. Il n'y aura pas de trahison dans le sens où si tu ne veux pas en parler derrière à qui que ce soit, ce n'est pas à moi de le faire, sauf qu'à extrême, évidemment, si je me rends compte que c'est trop grave. Mais souvent, je suis la... les formateurs, on est la première barrière qu'ils ont à franchir en disant j'en ai déjà parlé à une première personne, maintenant c'est OK, je peux en parler à la pédagogie. C'est vrai que souvent on est au front pour récupérer des petits indices. Des fois c'est subtil. Des fois je vais poser une question et on va me dire, moi il se passe ça dans mon entreprise. Oh oh ! ce n'est pas normal. Et donc, ce n'est pas de mettre tout de suite la lumière sur la personne, l'entreprise ou quoi que ce soit, mais peut-être de prendre la personne à part après, au moment de la pause ou après, à la fin, en disant, attention, ça, c'est hors-jeu, attention, te comporte plutôt comme ci ou comme ça, mais fais attention à ça. j'ai aussi ce truc de prévention, entre guillemets, et je pense que c'est dû à l'expérience. uniquement dues à l'expérience de l'alternance qui fait qu'on se sent, je ne sais pas, comme redevable. Je ne sais pas comment expliquer.
- Speaker #1
Si un jour j'ai des alternants au sein de mon entreprise, mais évidemment que ma façon de me comporter envers eux va jouer du fait que je l'ai déjà vécu. On sent, on s'auto-responsabilise.
- Speaker #0
Tant mieux. Et vu qu'il y a de plus en plus d'alternants, normalement deviendront de plus en plus managers, responsables d'équipe ou collègues. Logiquement, ça devrait bien se passer dans les années à venir. Mais c'est vrai que moi, quand j'étais manager, j'avais la chance d'avoir plusieurs alternants. J'avais à cœur que ça se passe bien de réexpliquer les choses s'il fallait les réexpliquer, les suivis avec l'école aussi. En fait, c'est des trucs que j'ai vécu autant en tant qu'alternante, puis en tant que tutrice et maintenant en tant que formatrice. Donc, c'est vraiment ça y est, c'est OK. Je ne me suis plus vu les... Tu vois, je parlais des casquettes tout à l'heure. C'est pareil.
- Speaker #1
Justement, un des plus beaux cadeaux, c'était l'année dernière, un étudiant vraiment harcèlement moral. Et là, tout de suite, ça me touche forcément. Et par rapport aux consignes que je lui donne, il prend l'initiative de me tenir au courant sur LinkedIn. Et en fait, ça m'a fait tellement chaud au cœur de me dire « Ok, parce qu'il aurait pu écouter et passer à autre chose. » Mais non, ça a eu de l'impact. Et de savoir que maintenant, ça y est, c'est passé, qu'il vit des superbes expériences en alternance, parce que ce n'est pas l'alternance le problème, c'est vraiment le cadre. Donc moi, j'encourage tout le monde à faire de l'alternance. C'est une des meilleures leçons de vie pour rentrer sur le marché du travail et découvrir si c'est fait pour nous ou pas. Est-ce que je suis au bon endroit ? Ça, pour le coup, c'est la meilleure école. Mais quand ça se passe mal et qu'en plus, on a cet impact et qu'on a des nouvelles et qu'on sait que maintenant, ça se passe mieux, incroyable !
- Speaker #0
Vous entendez ? Incroyable, elle a dit, mais je suis bien d'accord. non mais c'est vrai et souvent les alternants sont quand même très reconnaissants donc quand ils te recroisent ne serait-ce que dans les couloirs toujours un petit message un petit whatsapp un petit linkedin pour te dire ben voilà cette année j'ai déménagé j'ai changé de ville ou voilà ce que je fais maintenant je me rappelle qu'on a fait ça ensemble enfin c'est toujours t'as raison c'est toujours appréciable et c'est presque même les plus jolis cadeaux qu'ils peuvent faire quoi écoute je pense que toutes tes expériences t'ont amené à la personne que tu es aujourd'hui,
- Speaker #1
est-ce que tu voudrais nous dire quelque chose pour terminer cet épisode ensemble une des leçons qui s'est révélée à moi il n'y a pas si longtemps c'est que j'ai commencé à me sentir vraiment à ma place et à aimer mon quotidien à partir du moment où j'ai pas fait les mêmes choix que les gens de mon entourage Et ça, en fait, je l'ai réalisé hyper récemment de me dire, ok, j'ai fait une prépa, j'ai fait une licence d'économie, j'ai fait un master en stratégie digitale. Ah bah, c'est là déjà que je commençais à me sentir bien et personne dans mon entourage faisait ça. Et c'est quand je suis sortie du moule de me dire, ok, je ne fais pas les choses parce que c'est bien vu, mais parce que moi, ça me plaît, que l'insta, ça me plaît, que j'ai découvert les métiers du digital et que je veux me lancer là-dedans, bah que je me suis sentie vivante. Et il y a vraiment cette pression en tant qu'étudiant de... de se dire, mais est-ce que je suis au bon endroit ? Pourquoi est-ce que je fais ça ? Tout le monde me dit, c'est quoi le métier de tes rêves ? Mais je n'ai pas de réponse. Juste déjà, dans un premier temps, ne pas faire comme ses amis et ne pas idéaliser certaines filières parce que tes amis les idéalisent. Écoute-toi. Après, en fonction de plein de choses, on n'est pas forcément libre non plus de faire les choix qu'on veut. Mais moi, ça a été ça. C'est à partir du moment où je suis sortie de ce moule des belles filières, que je me suis sentie à ma place.
- Speaker #0
Comme quoi, finalement, avec tout ce qu'on peut entendre, effectivement, aujourd'hui, tu vois, si on remonte un petit peu dans le temps, 5, 6, 7, 10 ans, l'alternance n'était pas très mise en avant, pas très bien vue, on ne va pas se mentir. Et pourtant, c'est une école de la vie, tu l'as dit tout à l'heure. Est-ce qu'aujourd'hui, ça a évolué ? Je ne sais pas. Est-ce qu'aujourd'hui, quand on est au lycée, qu'on se dit, j'ai envie de faire de l'alternance, comment réagissent les parents ? Aujourd'hui, je ne sais pas. et j'espère que ça évolue j'espère que c'est quelque chose qui a amené à progresser dans le bon sens moi je sais qu'il y a des écoles supérieures pour lesquelles je travaille qui vont dans les lycées justement pour expliquer c'est quoi l'alternance ils envoient même et je trouve ça génial des alternants qui vont parler eux-mêmes de ce qu'ils vivent actuellement et ça franchement je trouve que c'est presque le meilleur discours parce que un adulte. Quand je dis adulte, c'est une personne qui est embauchée par un établissement, par exemple, qui va faire la promotion, et c'est son job, n'aura peut-être pas le même impact qu'un alternant qui va être ambassadeur, en fait. Là, on parle d'ambassadeur de l'école, de la marque. Je pense que ça, tout de suite, ça aide, en fait. Donc, j'espère que l'alternance aura un bon coup de pied de la part autant des profs du lycée que des parents, que de l'entourage de manière générale. Et je te rejoins, faites surtout ce que vous avez envie de faire dans la mesure où vous avez la possibilité, et financière, et je ne sais pas, familiale, évidemment, logistique, tout ce qui peut être des contraintes.
- Speaker #1
Puis même, en termes de ville, parce que ça, moi, je n'ai pas eu cette contrainte. Je suis sur Paris. Donc vouloir faire de l'alternance, il faut que je trouve une école et c'est bon, je peux postuler. Là où en fait, il y a des villes où il y a beaucoup moins d'offres d'alternance, il y a moins d'écoles qui proposent des cursus d'alternance. Donc oui, si vous avez la possibilité, nous on l'encourage forcément. Après, il y a des cas où ça peut être très compliqué.
- Speaker #0
Bien sûr, il n'y a rien de facile à trouver une alternance, petite, moyenne ou grande ville. En réalité, aujourd'hui, il y a de plus en plus de gens qui se disent, c'est génial en fait. Je n'aurai pas de crédit à la fin de mes études, je vais avoir de l'expérience. En fait, c'est tout bénéfice. Donc, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, je ne fais pas de l'alternance ? C'est justement parce qu'il y a l'offre et la demande et qu'à un moment, ça va peut-être coincer davantage, que l'État, au niveau des aides, ça peut être un peu plus compliqué aussi maintenant. Donc, il y a plein de choses qui font que ça chamboule tout l'écosystème. Mais en tout cas, si on doit partir sur quelque chose, je pense que l'alternance, oui, c'est un… Je prêche encore pour ma part.
- Speaker #1
Vous allez me dire.
- Speaker #0
Mais oui, faites de l'alternance.
- Speaker #1
Ouais. Même mon petit frère, c'est très drôle parce qu'il est dans un secteur fac. Et à la fac, ils ouvrent quelques classes d'alternance, mais ce n'est pas du tout la norme encore. Et quand il a vu ce que ça m'a apporté, alors on n'est pas du tout dans le même secteur, il est dans la biologie. Dès qu'il a vu qu'il y avait une spécialité classe alternance à partir de la troisième année, il a postulé. Et maintenant que je suis freelance, il me dit « préviens-moi si tu changes d'orientation parce que là, moi, je comptais peut-être potentiellement me lancer freelance. »
- Speaker #0
C'est marrant.
- Speaker #1
Et en fait, ça prouve que malgré même lui qui était au premier rang finalement parce que je vivais chez mes parents pendant mes alternances, il a vu ce que ça m'a apporté et malgré justement ses difficultés, ça l'a quand même inspiré, ça l'a amené aujourd'hui à s'intéresser à l'alternance. Donc voilà, je n'ai pas envie de vous démotiver avec mon discours aujourd'hui. C'est des choses qui arrivent. La deuxième année s'est bien passée. Et c'est ça qui m'a permis aujourd'hui de me lancer à mon contenu.
- Speaker #0
Et oui, voilà, c'est ça. C'est qu'en fait, il faut garder aussi le positif, sans oublier ce qui a pu être compliqué, parce que ça t'évitera de le refaire sous un autre format. Parce qu'évidemment, aujourd'hui, tu n'es pas peut-être prête à refaire de l'alternance. Ce n'est pas l'idée. Mais par contre, si tu en reçois dans ton entreprise, tu n'agiras pas de la même manière. Donc, ça te construit aussi pour aujourd'hui et surtout pour le futur. Merci Léna pour ce partage d'expérience, ces beaux parcours. On te souhaite plein de bonnes choses dans tes multiples activités.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Et on se dit à très vite.
- Speaker #1
Yes, à très vite. Merci beaucoup.
- Speaker #2
Notre épisode du jour se termine. Alors un grand merci à Léna pour sa sincérité, sa force et surtout sa lucidité sur toutes les situations qu'elle a pu vivre. Et si cet épisode vous a parlé, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous et pourquoi pas venir continuer la conversation sur LinkedIn ou sur Instagram. Alors si on doit retenir quelque chose de ce que Léna nous a partagé, c'est que l'alternance c'est vraiment une aventure humaine, mais surtout vous avez le droit d'être accompagné, soutenu et vous avez le droit de dire quand ça ne va pas. Alors je vous remercie pour votre écoute et je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.