Speaker #0Si on s'en tient à ce que j'ai vu à la fac, j'ai pas été hyper formée effectivement. En six ans d'études, on a eu deux heures de cours sur la procréation médicale assistée et encore ça englobait également la contraception d'urgence au milieu de ça. Donc on n'a pas été très très formés à la fac, c'est vrai. Après moi j'ai eu beaucoup de chance, en cinquième année on fait un stage à l'hôpital et vu que j'étais passionnée par ce sujet, j'ai pu faire un stage en biologie de la reproduction. Donc en fait c'est beaucoup plus ça qui m'a formée. plus ma curiosité qui m'a poussée à approfondir le sujet, puis à faire des recherches par moi-même. Mais c'est moi qui suis plus formée un peu que mes collègues de promotion en tout cas. Et que moi, j'étais la première à être étudiante pharmacie à côté d'un centre de PMA. Et je n'avais jamais eu un seul cours sur la PMA. Et dès que j'avais des ordonnances de PMA, j'étais en panique. Et je n'avais pas pris conscience qu'il fallait que je fasse... passer à ma collègue pharmacienne qui était sûrement plus au fait que moi de tous ces sujets. Et je pense que j'étais une des premières à expédier certaines ordonnances de PMA et on ne se rend pas compte à quel point c'est important de ne pas le faire. En fait déjà, c'est souvent des traitements qui sont très particuliers et qui sont assez lourds. Et si on a une totale méconnaissance, c'est vrai qu'on ne peut pas improviser, on va dire, comme on pourrait le faire pour certains traitements. Parce qu'effectivement, à la fac, on ne peut pas voir tous les traitements qui existent. Mais vu qu'il y a des familles thérapeutiques qui sont les mêmes, on peut se rapprocher avec les connaissances qu'on a déjà. Là, ce n'est pas possible en fait. Donc c'est vrai que si on arrive avec aucune connaissance, c'est... Après, il faut savoir l'admettre qu'on ne connaît pas, mais face aux patients, c'est quand même difficile. Et c'est vrai que c'est des patients qui sont souvent assez stressés, qui sont débordés par un flot d'informations de toutes parts. Et que même si on a beau leur dire qu'on ne sait pas et qu'on l'admet, c'est quand même compliqué pour eux de se retrouver face à quelqu'un qui n'a pas de réponse à leurs questions. Donc, sans avoir forcément les connaissances scientifiques, pharmacologiques, il faudrait au moins qu'on ait... des cours pour pouvoir les accompagner de l'éducation thérapeutique et pour leur donner les sources à aller consulter ou savoir les orienter vers quelqu'un qui puisse répondre à leurs questions. Mais c'est vrai que c'est des gens qui ont besoin de réponses parce qu'ils en cherchent plus que quelqu'un qui a par exemple une grippe puisqu'on parle de la grippe sans cesse dans les médias. La PMA, ce n'est pas le cas. C'est un sujet qui était encore assez récemment très tabou, qui le devient de moins en moins heureusement, mais c'est vrai qu'on ne parle pas. pas de ça forcément avec son voisin donc il faut quand même que le professionnel de santé qu'ils ont en face d'eux soit un minimum sensibilisé quoi oui c'est ça en fait On leur donne beaucoup d'informations, c'est vrai. Quand elles vont au centre de procréation, elles ont énormément d'informations, mais justement, elles en ont beaucoup à la fois, par beaucoup de personnes différentes. Il y a le biologiste, il y a le gynécologue de la PMA, il y a les sages-femmes. Et souvent, c'est dans des situations qui sont aussi stressantes ou alors ils ont des résultats de biologie qui ne sont pas forcément bons ou des résultats de la PMA qui ne sont pas forcément bons non plus. Donc on leur... expliquent des choses quand ils ne sont pas aptes à réfléchir et à enregistrer. Donc c'est vrai qu'en fait, ce qui est bien, c'est que la pharmacie, c'est un temps qui est après. Ils ont peut-être eu le temps de redescendre de toutes les informations qu'ils ont eues, des nouvelles qu'ils ont eues aussi, et ils sont plus aptes à enregistrer ce qu'on leur dit. Même si parfois, le lieu n'est pas forcément adapté puisque ça manque de confidentialité. Et du coup, c'est ça aussi qui est intéressant. C'est pour ça que ça peut être hyper important de savoir leur répondre. Parce qu'on est un peu des fois le lieu de secours où on se réfugie quand on a une question d'ordre médical. Et si on a en face de nous quelqu'un qui est incapable de nous dire quoi que ce soit, c'est pas rassurant. Oui, je dirais même que c'est le cœur même de notre métier. Parce que nous, on est là pour s'assurer que le médicament soit pris, mais qu'il soit correctement pris. Donc ça, c'est la première règle de notre métier. Mais quand on approfondit, il faut aussi qu'on s'assure que le patient ait compris l'intérêt de ces traitements. Il y en a que ça n'intéresse pas et qu'ils ne veulent pas le savoir. Mais il faut qu'on puisse être là et qu'on puisse leur dire s'ils en ont besoin. Et c'est vrai que parfois, ils n'osent pas le demander. Donc il faut être fort de proposition. Au moins leur dire, est-ce que ça vous intéresse ? Est-ce que vous voulez qu'on en discute ? Et si ça ne les intéresse pas, aucun problème. Mais par contre, si ça les intéresse, il faut qu'on puisse répondre. Et c'est vrai que j'ai été la première à le faire et j'ai des collègues qui le font toujours. C'est que quand on a entre les mains une ordonnance de quelque chose qu'on ne maîtrise pas, on a tendance un peu à paniquer, on se renferme, on fait, on va dire, pas le minimum syndical, mais en fait, on essaye de faire son métier un peu comme on le peut, on brode. Et ce que j'ai appris avec ma maigre expérience, c'est qu'en fait, il faut apprendre à... savoir passer le flambeau. Oui, c'est ça, parce que même pour nous, parfois, c'est assez compliqué de s'y retrouver parce qu'il y a plusieurs temps dans les traitements. Il y a des choses qu'il faut faire à un certain moment, pendant certains jours bien particuliers, puis à certaines heures très précises, certains traitements qu'il faut arrêter puis auxquels il faut revenir. Et c'est vrai que des fois, ce n'est pas très clair sur les ordonnances, parce que les médecins qui les font, pour eux, c'est tout à fait clair, et on ne peut pas leur jeter la pierre. Et même nous, des fois, on ne se rend pas compte de ce qui peut être compliqué ou non sur l'ordonnance. Et chaque patient aussi est très différent. Il y en a qui ont besoin qu'on leur fasse des petits dessins, d'autres qui ont besoin qu'on leur fasse des plans de prise, d'autres qui ont besoin qu'on leur explique longtemps. En fait, c'est comme pour tout sujet. On a des facultés pour apprendre qui sont différentes, et des moyens de mémoriser. de mémorisation, pardon, qui sont assez différents. Donc oui, il faut savoir s'adapter aux patients qu'on a en face de nous. Alors déjà, on est censé savoir leur expliquer comment se faire l'injection, comment faire leur mélange, comment bien réaliser une injection sous-cutanée. Mais il y a des gens qui s'en sentent incapables et c'est tout à fait normal. Il y a des infirmiers, c'est leur métier, c'est pas pour rien. Du coup, il faut qu'on sache les orienter, les rassurer aussi, parce qu'on a beaucoup de patients qui, moi j'en ai vu, qui n'osent pas solliciter un infirmier parce qu'ils ont l'impression d'être une charge pour la société, qu'ils ne sont pas légitimes d'embêter. Comme le disent des infirmiers pour ça, alors qu'il y a des gens qui sont très malades, mais ils en sont tout à fait légitimes et il faut qu'ils osent demander. C'est pour ça que des fois, on les encourage, on leur donne des noms, on leur dit qu'ils ont le droit, que c'est possible et qu'ils sont complètement légitimes à faire ça. Oui, d'ailleurs c'est ce qu'on apprend à la FAF et qu'on est censé faire la délivrance du traitement en expliquant toutes les choses pharmacologiques qu'il y a besoin de savoir. Mais il faut aussi qu'on puisse donner des conseils d'hygiène diététique et qu'on puisse orienter le patient. vers d'autres professionnels de santé, vers des sources aussi vers lesquelles ils peuvent se renseigner. Donc oui, ça fait partie du métier, il faut qu'on sache leur dire qui ils peuvent consulter, en plus du médecin qu'ils ont déjà ou en plus de nous. C'est très complet en fait les conseils qu'on est censé donner, c'est vrai qu'on ne le remarque pas toujours parce que pour des petits traitements ou des choses comme ça, il n'y a pas grand chose à dire. Mais des traitements beaucoup plus lourds comme la PMA, on pourrait y passer deux heures. Au comptoir, malheureusement, on n'a pas toujours le temps. Mais on a énormément de choses à dire et il faut qu'on le fasse. Oui, complètement. Alors, ce n'est pas tous, mais c'est vrai que je trouve qu'il y en a beaucoup quand même. Je le voyais même au centre de PMA, mais ils ont vraiment l'impression d'être une charge et une lourdeur. On a souvent aussi la question du prix des injections qui revient. J'ai souvent des patientes qui me disent, mais vous vous rendez compte tout ce que ça coûte ? Et j'ai envie de leur dire, mais ce n'est pas grave, ça ne devrait pas être en fait une question qu'elles se posent. Et en plus, personne ne leur fait la remarque du prix des injections. Mais je pense que c'est... tellement un stress, elles ont l'impression d'être une charge, parce que c'est vraiment très lourd en fait comme suivi, donc elles se rendent compte qu'elles sollicitent énormément de professionnels de santé, et c'est vrai que parfois il faut un peu les pousser à même consulter parfois un psychologue, ça elles n'en ont pas conscience que ça peut être hyper important, et oui elles ont l'impression de devoir consulter des gens alors qu'elles ne sont pas malades, et que du coup voilà, elles n'ont pas leur place pour ça. Oui, puis en fait, je pense qu'on leur le dit aussi au centre de PMA, mais on est là pour, entre guillemets, en rajouter une petite couche. Et parfois, elles ont plus confiance en leur pharmacien dans le sens où elle nous voit plus souvent. Et on a une relation un peu plus privilégiée parce qu'on prend plus le temps et il y a moins cet aspect blouse blanche où le professeur, le gynécologue à l'hôpital, c'est quelqu'un de très sérieux à qui on n'ose peut-être pas tout dire. Le pharmacien, c'est quelqu'un généralement qu'on connaît depuis plus longtemps parce qu'on ne lui parle pas que de sa PMA. Et du coup, on n'ose plus se dire les choses quand il y a une bonne relation. Et du coup, on est parfois un peu plus écouté malgré tout. Du coup, le doute est normal. En pharmacie, en fait, il est même sain. puisqu'en fait il faut toujours remettre en question la prescription du médecin parce que c'est notre métier de la contrôler. En revanche, c'est la façon dont on va le dire à la patiente, en fait il faut avoir beaucoup de tact. Déjà il faut faire attention quand on lui dit ça, parce que si c'est le vendredi ou le samedi à 18h, on sait qu'elle ne va rien pouvoir faire de mieux, donc on évite, on garde ça pour nous, et en fait on y réfléchit à postériori, on la rappelle s'il y a besoin. En tout cas c'est ma façon de faire. Et si je vois que... je peux changer quelque chose, je vais dire à la patiente que j'ai un doute, que je n'en suis pas sûre et qu'il faut que je vérifie, et que j'appelle tout de suite son médecin. En fait, il faut débloquer tout de suite la situation, parce que juste dire qu'on a un doute, c'est juste faire paniquer quelqu'un, et ça n'a aucun intérêt, puisque ça ne changera rien à la situation. Du coup, oui, avoir des doutes, c'est sain, avoir des doutes, c'est normal, on ne peut pas tout connaître, mais il ne faut pas paniquer les patients, surtout quand on voit qu'ils sont stressés, et c'est vrai que ce sont des situations qui sont forcément toujours stressantes, je crois que je n'ai jamais vu. une patiente en PMA qui soit totalement détente. Donc il faut qu'on soit hyper attentif à ces patients-là, qu'on ait beaucoup de tact. Et peu importe que ce soit la première patiente de la journée ou la 300e et qu'il soit 18h30, il faut qu'on les prenne tous en charge de la même façon et qu'on y fasse très attention. Franchement oui, parce que la plupart du temps, c'est les patientes qu'on voit. Elles sont toujours très stressées, que tout soit bien fait, qu'elles aient les bonnes doses, qu'elles aient les bons médicaments. Donc à la pharmacie, c'est ça. Quand c'est les compagnons, les conjoints ou conjointes, ils sont stressés en fait pour leurs conjoints ou leurs conjointes, de bien faire les choses, de ne pas avoir des remontrances derrière ou de les mettre dans un cocon, s'occuper d'eux pour que ce soit le mieux fait possible. La première chose à savoir, et c'est ce qu'on m'a appris aussi à la fac, c'est qu'il faut s'assurer de tout donner à la patiente. Parce qu'en fait, généralement, on a tendance, vu que c'est des protocoles en plusieurs étapes, on a tendance à vouloir donner la première étape. On leur dit si ça fonctionne, on vous donnerait le reste. Mais déjà, c'est une grosse erreur de faire ça parce que c'est paniquant de dire que ça peut ne pas fonctionner. Donc, en fait, il faut tout leur donner, même si c'est des traitements qui coûtent cher. Alors, bien sûr, généralement, c'est commandé. Mais je veux dire, quand on passe la commande, il faut que... Le lendemain, le lendemain, la patiente, elle repart avec l'intégralité de son traitement, de A à Z. dans l'optique où tout va bien se passer et elle va faire son traitement en entier. Parce que parfois, il se peut aussi que le médecin appelle en fonction des résultats, il appelle deux jours avant le jour J de la prise et il va dire finalement, vous prenez votre traitement maintenant. Et si la patiente, elle ne l'a pas, c'est panique à bord. S'il faut qu'on commande le traitement, elle ne l'aura que le lendemain. C'est tout le protocole qui foire en fait. Donc ça, c'est une des premières choses à faire, c'est de s'assurer que la patiente va repartir avec tout. La deuxième chose dont il faut être vigilant, c'est que si on ne sait pas quoi dire à la patiente, si on n'est pas au courant, on l'oriente en fait. Il ne faut pas avoir honte de dire « écoutez, je suis désolée, je n'ai pas les connaissances nécessaires, passez avec ma collègue, elle saura mieux vous accompagner » . Et en fait, les patients sont même contents de savoir que… enfin, ils ont conscience qu'on ne peut pas tout savoir et ils sont contents de se dire qu'ils vont être accompagnés par la bonne personne dans la pharmacie. Et si vraiment dans la pharmacie, personne ne le sait, il faut pouvoir les orienter dans une autre pharmacie. Il n'y a pas de honte à avoir. Et un autre point de vigilance, c'est s'assurer surtout que les patientes sont au courant qu'il faut conserver les produits au frais, parce que c'est déjà arrivé que des patientes ne le fassent pas. Et alors dans ce cas-là, ça n'a aucun intérêt. Et aussi qu'elles sachent comment se piquer, qu'elles soient rassurées à ce niveau-là et qu'on les oriente du coup vers des professionnels de santé infirmiers s'il y a besoin. Il faut aussi qu'elles sachent les principaux effets indésirables qui puissent arriver sans leur faire peur. mais il y en a qui sont graves et donc il faut qu'elles soient au courant. Donc la surstimulation ovarienne, ça peut être hyper grave et hyper dangereux, donc il faut qu'elle soit au courant. Après, on en parle au centre de PMA, mais comme je l'ai dit, elles sont débordées d'informations, peut-être que ça peut passer à travers. Donc il ne faut pas se dire que c'est acquis, même si c'est la douzième tentative. Il ne faut pas hésiter à le répéter. Tout comme quand quelqu'un prend du Doliprane pour la quinzième fois de sa vie, on lui dit que ce n'est pas plus de quatre par jour. Et bien là, on répète, même si on a l'impression de dire tous les mois la même chose, on le répète. C'est vrai que cette patiente, elle a déjà perdu la confiance en son pharmacien. Et du coup, c'est d'autant plus important de savoir lui redonner confiance. Mais il faut qu'on arrive à établir vraiment un lien de confiance direct avec le patient et qu'il faut éviter la moindre erreur. Ça, c'est certain parce que c'est des patients qui sont déjà effectivement très stressés et que la moindre erreur, le moindre oubli, ça les stresse encore plus et ça se comprend. Du coup, là, qu'elle ait demandé une double vérification, elle est complètement en droit. Et c'est vrai que moi, j'aime bien demander aux patientes ce qu'elles aimeraient. qu'on fasse pour elle, pour qu'elle soit le plus rassurée possible. Je sais qu'il y en a qui veulent qu'on écrive absolument tout sur les boîtes. En fait, elles ont chacune un petit peu leurs petites habitudes et il faut qu'on puisse s'adapter. Des fois, on peut les trouver un peu pénibles, mais il faut qu'on le dise en back-office, qu'on le garde pour nous et qu'on fasse quand même ce qu'elles nous demandent de faire parce que, en fait, c'est ce dont elles ont besoin et même si ça peut être un peu lourd pour nous, ça fait partie de notre métier. Il y a des choses qui sont plus sympas à faire. que d'écrire la moitié d'une ordonnance sur une boîte de médicaments qui est toute petite. Mais il faut le faire, ça les aide. Et il faut savoir qu'en final, ça amène à quelque chose de merveilleux. Donc il faut aussi qu'on ait ça en tête, c'est qu'on les aide dans tout ce protocole. Et moi, je trouve que c'est la plus grande motivation, de se dire qu'on a notre petite part à jouer là-dedans. Je trouve ça incroyable. Et il faut qu'on puisse mettre tout en place ce qui est nécessaire pour elle. Même si ça peut parfois paraître un petit peu absurde. Des fois, il y a des choses qui nous semblent complètement logiques et on se dit « mais pourquoi ils nous demandent ça ? » Mais en fait, il ne faut pas qu'on se pose des questions, il faut juste qu'on fasse ce qu'ils nous demandent et qu'ils puissent avoir totalement confiance en nous. C'est ça en fait, c'est que déjà le nombre de tentatives est compté par la sécurité sociale. Donc il faut bien qu'on ait ça en tête, beaucoup ne le savent pas, mais hormis du fait que ce soit très très lourd une tentative de PMA pour une femme, il y a aussi le fait que chaque chance est très importante en fait. Donc il faut avoir ça en tête, il faut aussi avoir en tête qu'il y a une question de l'âge, et que même si elles n'ont pas fait toutes leurs tentatives, au bout d'un moment c'est plus autorisé. Donc il y a aussi ça qui stresse beaucoup les femmes. En fait elles sont stressées non seulement par les échecs, par le fait qu'elles sentent que leur corps est incapable d'avoir un enfant et ça, ça fait beaucoup de remise en question. Et il y a aussi tout le stress de prise en charge, de « est-ce que je rentre dans les clous pour pouvoir continuer à faire des fives ? » Et en fait, on n'a pas forcément tout ça en tête. On ne nous l'apprend jamais, en fait. On n'en a pas conscience si on ne s'y intéresse pas. Donc, c'est pour ça que, des fois, on a l'impression que certaines patientes, elles sont un peu trop stressées, un peu trop dépassées, un peu trop pénibles. Mais on ne se rend pas compte de tout ce qu'il y a derrière, en fait. C'est ça, parce que, par exemple, dès qu'on a un patient qui vient de chercher une chimiothérapie, on a énormément d'empathie. C'est naturel, en fait. On sait ce qu'il y a derrière, un cancer, tout le monde. Dans la société, on sait ce que c'est un cancer, ce que ça engendre, quelles sont les douleurs, les difficultés. Donc logiquement, on a tout de suite beaucoup d'empathie. Alors qu'une femme qui vient pour une PMA, si on n'y est pas sensibilisée, je ne suis pas certaine que ce soit le cas de tout le monde. Et en fait, il n'y a pas l'empathie qui devrait être là parce qu'ils n'ont pas la notion de tout ce que ça représente. Pour moi déjà le plus important c'est de faire preuve d'énormément de tact, bien plus qu'avec peut-être d'autres patients qui ont des pathologies plus classiques, que là c'est même pas forcément une pathologie, mais il faut faire preuve de beaucoup beaucoup de tact, et surtout en fait s'adapter, parce que toutes les patientes ne sont pas en demande du même accompagnement, elles n'ont pas toutes les mêmes questions, pas toutes les mêmes besoins, et en fait il faut être capable de leur dire, cash peut-être, mais comment vous voulez qu'on vous accompagne le mieux, de quoi vous avez besoin ? Il ne faut pas avoir peur des fois de peut-être mettre les pieds dans le plat, mais en disant les choses clairement, c'est comme ça qu'on accompagne le mieux la patiente. Et effectivement, il faut qu'on puisse être à son écoute tout le temps. Alors bien sûr, on n'est pas tout le temps à la pharmacie, mais il faut qu'elle sache que le jour où elle a envie de venir, que ce soit moi ou mon collègue, tout le monde puisse lui répondre, qu'elle soit accueillie de la même façon, qu'elle soit prise en charge correctement et qu'elle ait une réponse aux questions qu'elle se pose. Et si on n'a pas, nous, cette réponse, il faut qu'on puisse savoir la chercher. ou l'orienter vers l'endroit où elle trouvera sa réponse. Mais oui, on est un peu des fois le centre de secours des gens qui se posent des questions, qui ont des peurs, des angoisses. Et on se rend compte, des fois, il y a des gens qui viennent et qui reviennent trois jours plus tard et qui nous disent « Je ne sais pas pourquoi je suis venue vous voir et tout, je suis désolée. » Alors qu'en fait, à ce moment-là, ils en avaient besoin. Des fois, il est juste de voir quelqu'un qui peut partager leur histoire, mais sans être... trop dans leur cercle intime, ça peut les aider. En fait, il y a beaucoup de psychologie malgré tout, mais c'est hyper important de s'adapter, je dirais. C'est sûr parce qu'à moins d'avoir quelqu'un dans son entourage qui a déjà fait une PMA, on ne peut pas trop poser la question à son entourage. Enfin, on peut parler, on peut parler de ses doutes, on peut... poser des questions, mais on n'est vraiment pas sûr d'avoir la réponse à nos questionnements. Son médecin, on ne peut pas l'interroger quand on en a envie, on a peur de gêner, et puis de toute façon, il n'est pas forcément disponible. Et c'est vrai que le pharmacien, c'est un peu le seul professionnel de santé, comme je disais tout à l'heure, qu'on peut voir dès qu'on en a besoin ou envie. Et c'est vrai que ce n'est pas rassurant si on tombe sur quelqu'un qui n'a rien à répondre ou qui n'y connaît rien, mais il faut au moins qu'on montre qu'on est là. qu'on va tout faire pour aider, que même si on ne sait pas, on a les compétences pour savoir leur répondre au moins à posteriori, et au moins les accueillir en fait. Mais c'est sûr que c'est une question, la PMA, dans laquelle on peut se sentir très seule, parce qu'on entend très peu parler même dans les médias, même si comme je le disais, c'est de plus en plus un sujet d'actualité, notamment depuis la loi de bioéthique. Mais c'est vrai que je comprends qu'on puisse se sentir très seule. Parce qu'il n'y a personne qui parle de ça, et à moins d'être passé par là, on ne sait pas ce que ça représente. C'est vrai qu'en dehors de tout ce qui est le traitement médical, c'est aussi important de parler de l'hygiène de vie. Alors après, souvent, c'est des patientes qui sont hyper sensibilisées à tout ça. Donc, on n'en parle pas beaucoup, mais c'est vrai que parfois, on a des patientes qui fument. Et même si elles savent que c'est hyper néfaste, elles n'arrivent pas à s'en passer. Donc, on peut par exemple leur proposer d'essayer un sevrage tabagique. Donc, l'hygiène de vie, c'est très important. Et il y a certaines patientes que ça rassure aussi de... de prendre des compléments alimentaires. Dans ce cas-là, notre rôle, ce n'est pas de vendre tout ce qu'on peut leur vendre parce qu'elles sont en stress et qu'on peut faire une grosse vente. C'est de savoir vendre ce qui est adapté à ce dont elles ont besoin et aussi au traitement qu'elles prennent. Et c'est vrai qu'en fait, conseiller des compléments alimentaires, c'est hyper compliqué. Il faut vraiment bien savoir ce qu'on conseille. Il faut bien connaître sa patiente. Il faut bien connaître ses traitements. Donc, ce n'est pas prendre à la légère et que des fois, il vaut mieux ne rien conseiller que de conseiller quelque chose qui va être néfaste. Donc quand on fait un conseil, il faut qu'on sache bien ce qu'on fait. Mais par contre, ça peut être très important et ça peut être intéressant, surtout les patientes qui en sont en demande. Par contre, je pense que ça peut être une mauvaise idée de proposer si on ne sait pas vraiment la patiente qu'on a en face de nous, parce que des fois, c'est vraiment une surcharge en plus. Elles n'ont pas envie de faire des injections, de prendre des traitements et en plus des compléments alimentaires. Donc je dirais en tout cas, l'hygiène de vie, c'est hyper important. Et ensuite, tout ce qui peut être complémentaire, c'est plus à la demande ou en fonction de si on connaît bien la patiente ou non. La première chose, justement, c'est d'avoir bien conscience de ce qu'est la psychologie de la femme en parcours de PMA. Ensuite, comme je disais, même si on ne connaît pas tout, c'est de savoir se renseigner et de savoir répondre à leurs questions et d'avoir les sources à disposition pour pouvoir répondre à toutes les questions. Il y a un site qui est très bien fait qui s'appelle Pharma MP et qui regroupe, alors il a un peu vieilli malheureusement, mais c'était une thèse d'une étudiante qui avait fait ça. Et il y a tous les conseils sur tous les traitements de la PMA, sauf les plus récents. Mais en tout cas, c'est vraiment très bien fait. Sinon, il y a aussi des vidéos sur YouTube de centres de PMA à l'étranger qui sont pas mal faites. notamment pour tout ce qui est injection, reconstitution des traitements. Donc ça, ça peut être pas mal. Et puis après, moi, dans ma thèse, j'ai fait des fiches que je donne à mes patients. Donc ça, c'est pas mal. Et aussi, une autre chose à savoir pour les pharmaciens ou les préparateurs en pharmacie, comme je le disais tout à l'heure, c'est de pouvoir donner tout le traitement aux patientes. Et en plus, avec le matériel dont on parlait tout à l'heure, les aiguilles, qu'elle les a à disposition. Et justement, j'ai fait des fiches récapitulatives à ce sujet pour expliquer ce qui doit être donné en plus de chaque traitement, parce que c'est hyper important et il faut que les patientes aient tout à disposition pour pouvoir suivre tout le protocole. Oui, c'est même ce qu'on m'a appris dans certaines pharmacies. C'est déjà pour minimiser les coûts. à la sécurité sociale, mais aussi parce que c'est des traitements qui prennent beaucoup de place. Et en fait, il y a des pharmaciens qui se disent, ça prend beaucoup de place dans le frigo, et il y a des pharmaciens qui se disent, ça va être trop pénible pour la patiente caler tout ça dans son frigo, mais en fait, c'est un peu réfléchir à sa place. À la rigueur, qu'on lui laisse le choix, mais je pense que moi, même si ça prend de la place, il faut qu'elles aient tout dans leur frigo, et au moins, elles sont parées. C'est ça. En fait, les traitements de la PMA, c'est des choses qu'en fait, sauf si on est à côté d'un centre de PMA, ça reste quand même des prescriptions qui sont assez rares et qui peuvent être hyper diverses. En fait, il y a tellement de traitements et il y a tellement de protocoles différents que si j'ai 10 patientes à la suite, je ne suis pas sûre qu'elles aient les mêmes traitements. Et vu que c'est des traitements qui coûtent très cher et qui se conservent au frigo, on ne les a pas en stock en règle générale, parce qu'il suffit que le frigo ait une panne. ou que ça périme, tout simplement, c'est des traitements qui nous restent sur les bras et c'est du gâchis déjà, et ensuite, c'est de la perte d'argent. Donc, c'est des traitements qu'on n'a pas. Donc, il faut que les patientes le sachent parce qu'il faut qu'elles puissent être prévoyantes. Après, la plupart du temps, quand on commande le matin, on a l'après-midi. Et quand on commande l'après-midi, on a le lendemain matin. Donc, ça reste quand même des délais qui sont assez courts, mais il faut qu'elles en aient conscience parce que s'il faut qu'elles commencent leur traitement le 12, il ne faut pas qu'elles l'aient le 13. Donc... c'est des choses qu'il faut qu'elle sache. Généralement, je crois qu'au centre de PME, on les prévient, mais pareil, c'est des informations qu'elle retiennent peut-être pas forcément. Donc, il faut au moins qu'on ait le minimum syndical, je dirais, à la pharmacie. Souvent, c'est l'ovitrel, c'est le traitement pour engendrer l'ovulation, en fait. Et ça, quasiment tout, dans tous les protocoles, il y est. Donc, c'est au moins bien qu'on ait une boîte de ça, mais bon... Il faut tout ce qu'il y a avant. Et c'est vrai qu'elles n'ont pas forcément conscience que c'est sur commande. Et il y en a que ça énerve, en fait, elles ne comprennent pas toujours. Parce qu'elles ont l'impression qu'on ne considère pas leurs problèmes. Et que du coup, ce n'est pas des traitements importants à avoir à la pharmacie. Du coup, quand je vois que ça les braque, moi je leur explique tout simplement. Parce qu'elles n'ont pas forcément conscience non plus que c'est des cas un peu uniques. Et qu'on ne peut pas avoir tous les traitements. Et quand on leur explique les choses avec les bons arguments, elles comprennent tout à fait et elles savent pour la fois d'après. De rien. Ben, j'ai pas grand chose à rajouter, mais c'est vrai que pour m'intéresser particulièrement à la PFA, je trouve qu'il faut qu'on soit tous un peu sensibilisés à ça et que... Comme j'ai dit souvent à des collègues, ce n'est pas une honte de ne pas savoir. Et c'est même, je trouve, très glorieux de savoir dire je ne sais pas. Mais juste s'intéresser un tout petit peu. Je ne dis pas d'être expert parce que c'est quand même très lourd. Et il y a des gens qui sont bien plus experts dans d'autres domaines. Et c'est important qu'on ait tous des domaines d'expertise différents. Mais il faut quand même qu'on sache un peu et qu'on se renseigne. Et moi, je trouve ça tellement valorisant. J'ai eu une patiente avec qui j'ai établi... de super liens qui faisaient une fille va à l'étranger, donc c'était encore plus compliqué. Et elle est revenue me voir quelques années après, après des protocoles et des protocoles, avec son bébé dans les bras. Et franchement, même si on n'est pas les plus grands acteurs de son parcours, franchement, c'est hyper valorisant et on ne peut être que fier de notre métier. Et je trouve que c'est le même ressenti qu'on a quand un partenaire vient nous dire qu'il arrête la chimio et qu'il est guéri et que tout va mieux. Là, on se rend compte que les patients ont accès à leurs plus grands rêves, ce qu'ils désirent depuis toujours d'avoir un enfant. Qu'est-ce qu'on peut leur offrir de mieux ? Au final, je ne sais pas.