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#31 - Claire et son âne : 3 500 km sur les chemins de France, un téléphone 9 touches et des loups qui rôdent cover
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Beau Voyage

#31 - Claire et son âne : 3 500 km sur les chemins de France, un téléphone 9 touches et des loups qui rôdent

#31 - Claire et son âne : 3 500 km sur les chemins de France, un téléphone 9 touches et des loups qui rôdent

49min |18/06/2024
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#31 - Claire et son âne : 3 500 km sur les chemins de France, un téléphone 9 touches et des loups qui rôdent

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49min |18/06/2024
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Description

Claire est médecin psychiatre à l'hôpital.

Claire adore aussi la marche et la nature

Claire rêve de grands projets et…


Un beau jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle : tout quitter pour partir à l'aventure pendant 6 mois sur les routes de France. 


Mais attention, pas en tête a tête, ils decident d’embarquer un âne pour les aider à porter leurs bivouacs mais aussi pour constituer un troupeau plutôt qu’un duo.


Comme si tout ça n’était pas déjà assez fou, ils troquent leur smartphone pour un téléphone 9 touches et google maps pour des cartes IGN. UN vrai retour aux sources.


Claire, son mari, et leur adorable ânesse Bidouille se se lancent dans un périple de 3 500 km, huit heures de marche par jour et des nuits sous la tente. De la Beauce au Limousin, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus et les plus magnifiques de notre beau pays.


Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. 


Elle nous raconte tout : des préparatifs minutieux à la vie quotidienne sur les chemins, des galères aux moments magiques et bien sûr, du retour à la vraie vie et au bitume après 6 mois de Robinssonades. Attachez vos ceintures, ou plutôt, lacez vos chaussures de randonnée, et préparez-vous à être transportés par le récit enchanteur de cette épopée à travers les chemins noirs de France.


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Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles ou un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Ce serait vraiment un sacré coup de pouce pour nous !

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Production : Sakti Productions

Vous êtes une marque et vous souhaitez collaborer avec Beau Voyage

Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'âne fait tiers entre nous aussi, on s'est dit tous les deux coller pendant six mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne, on s'est dit on va trouver ça marrant. L'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas. C'est assez agréable parce que c'est un animal qui est très calme, assez contemplatif, très posé et qui apaise beaucoup. C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie un peu du quotidien. Et du coup, là, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Merapik au Népal, au tour du monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en âne dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus. des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Claire est médecin psychiatre à l'hôpital. Claire adore aussi la marche et la nature. Et Claire rêve de grands projets. Et un jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle. Tout quitter pour partir à l'aventure pendant six mois sur les routes de France. Mais attention, pas en tâtâté. Ils décident d'embarquer un âne pour les aider à porter leur bivouac et aussi pour constituer un troupeau plutôt qu'un duo. Comme si tout ça n'était pas assez fou, ils ont troqué leur smartphone pour un téléphone neuf touches et Google Maps pour des cartes IGN. Un vrai retour au sens. Claire et son mari et leur adorable Annette Bidouille se lancent dans un périple de 3500 km, 8 heures de marche par jour et beaucoup de nuit sous la tente. De la Beauce aux Limousins, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus de France. Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. Elle nous a tout raconté. Les préparatifs minutieux, la vie quotidienne sur les chemins, les galères, les moments magiques et aussi le retour à la vraie vie au bitume après six mois de Robinsonade. Alors attachez vos ceintures, ou plutôt lassez vos chaussures de rando. et préparez-vous à être transportés par le récit de Claire à travers les chemins noirs de France. Je suis contente de parler voyage avec toi ce matin.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    Le premier matin d'été, à peu près. Alors, est-ce que tu peux déjà te présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je m'appelle Claire, j'ai 33 ans, je suis médecin, psychiatre. Je suis mariée avec Louis-Marie, qui s'appelle LM, et qui lui est ingénieur entrepreneur. Et on aime le voyage, l'aventure, la liberté surtout.

  • Speaker #1

    Et on va parler d'une super aventure. Est-ce que déjà, toi, tu as beaucoup voyagé petite ?

  • Speaker #0

    des voyages à l'étranger un petit peu avec mes parents, mais pas non plus énormément. Et surtout, on a fait beaucoup de randonnées, de montagnes, de choses comme ça. Et c'est ça qu'on aime particulièrement.

  • Speaker #1

    Et donc, l'année dernière, vous vous êtes décidée pour vivre une aventure un peu dingue. Est-ce que tu peux nous raconter ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'était du coup en 2022. On est partis pendant six mois, de mai à novembre 2022, faire un espèce de tour de France. Pas un tour complet, mais en gros, un espèce de traversée de la France. Et du coup, on est partis tous les deux avec mon mari et un âne, plutôt une ânesse qui s'appelait Bidouille.

  • Speaker #1

    Si on va au tout début de l'histoire, comment tu te retrouves à partir déjà pendant six mois avec un âne et ton mari ?

  • Speaker #0

    Déjà peu après notre rencontre avec LM il y a douze ans maintenant, on avait cette envie de partir à un moment, marcher longtemps. On aime tous les deux la rando, surtout les grands espaces, la nature, le camping sauvage et l'itinérance. On fait beaucoup de randonnées pendant les vacances. On fait principalement ça pendant nos vacances. Des petites randos en itinérance de quelques jours et on avait l'envie de faire un jour une plus grande marche. On appelait ça la marche. On parlait tout le temps de la marche, un jour on fera la marche. Finalement, ce n'était pas si simple à organiser parce qu'il fallait que nos emplois du temps coïncident et qu'on puisse poser chacun six mois au même moment. Ça a mis un peu de temps à s'organiser et finalement, on a trouvé un créneau en 2022. On voulait partir un an initialement, mais finalement, six mois, c'était déjà bien organisé. Financièrement, c'était suffisant. Et après on s'est dit qu'est-ce qu'on va faire ? Une fois qu'on avait les six mois, on savait qu'on allait marcher six mois, mais on ne savait pas où, comment, rien du tout. Du coup au début on s'est posé la question de partir à l'étranger, on ne savait pas trop. Et puis finalement c'est apparu un peu comme une évidence pour nous que finalement la France c'était notre pays, qu'on ne connaissait pas si bien que ça, et qu'on avait l'occasion de pouvoir la connaître mieux, et qu'on aime la France. Et qu'il y a plein de paysages très variés, très diversifiés et magnifiques, et puis qu'on avait aussi les codes. On est français, on vient en France, on sait parler la langue, on s'est dit que ce serait peut-être plus simple pour rencontrer les gens aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'idée c'était aussi de rencontrer des gens ?

  • Speaker #0

    Ça faisait partie de l'idée, c'était beaucoup quand même d'être dans la nature, dans les grands espaces, d'être un peu, voilà, c'est le sentiment de liberté qu'on adore dans l'itinérance et qu'on voulait vraiment expérimenter là au long cours. Donc c'était beaucoup ça, mais c'était quand même aussi, on voulait aussi rencontrer les gens, c'était finalement l'objectif, alors ça a été plus ou moins accompli.

  • Speaker #1

    Et alors pourquoi t'embarques un âne ?

  • Speaker #0

    Et alors l'âne il s'est rajouté après, pour plusieurs raisons, déjà parce que moi j'avais fait des randonnées avec des ânes avec ma famille quand on était petits, quelques jours avec les parents, et j'avais bien aimé, parce que l'âne déjà il porte les affaires. Et c'est quand même pas négligeable parce qu'un sac sur le dos pendant six mois, en général assez lourd si on peut prendre une tente, etc. C'est assez lourd. Et donc déjà, ça enlève. Moi, je n'avais pas de sac du tout. Donc ça, c'est quand même pas mal. Et l'âne, il avait une cinquantaine, parfois un peu plus de kilos sur le dos avec tout son matériel à lui, son matériel à nous. C'était assez lourd. Il y avait plein de choses à prendre dans les sacoches. Et l'âne, il aide à rencontrer les gens beaucoup, parce qu'en fait l'âne attire énormément. Et on était vraiment, dès qu'on traversait un petit village ou des villes encore plus, vraiment il y a des groupements de gens autour de nous en permanence, parce que l'âne, ils viennent voir l'âne. En fait, ils ne viennent pas nous voir nous, ils viennent vraiment voir l'âne. c'est vrai que ça attire beaucoup et ça permet les rencontres beaucoup plus facilement c'est une autre manière de te connecter et puis l'âne il fait tiers entre nous aussi on s'est dit tous les deux coller pendant 6 mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne c'est trop marrant l'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas ça s'agresse que c'est un animal qui est très calme assez contemplatif très posé et du coup en fait il apaise beaucoup je trouve C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie du quotidien. Et du coup, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Tu décides d'avoir un âne. Comment tu choisis ton âne après ?

  • Speaker #0

    Alors ça, c'était un peu compliqué. Ça a mis quelques mois. On a cru d'ailleurs à un moment qu'on n'aurait pas d'âne. Parce qu'un mois avant le départ, on n'avait toujours pas notre âne. En gros, on voulait un âne qui soit déjà éduqué à la randonnée, parce qu'on n'avait pas le temps, nous, avant, avec nos boulots, d'acheter un âne, de l'éduquer, ça prend quand même du temps, et de partir ensuite à la marche. Du coup, on voulait un âne déjà éduqué, et du coup, on a contacté les âniers, il y a la Fédération Nationale des ânes de randonnée, et du coup, le problème, c'est que les âniers ont des ânes qui randonnent bien, et qui sont vraiment éduqués, qui n'ont pas peur de l'eau, des routes, des camions, de tout ça. En fait, ils les gardent pour eux, pour les louer aux familles l'été. Et du coup, s'ils n'avaient pas forcément envie de nous le donner, ils ne nous connaissent pas. Et puis leur âne, c'est important pour eux. Ils ne veulent pas le donner aux inconnus pendant six mois. Ce n'était pas simple. Et finalement, c'est sur Facebook. J'avais mis des messages sur tous les groupes d'ânes de Facebook. On est rentrés dans le monde des âniers qu'on ne connaissait pas du tout. Et il y a une ânière qui est à côté de Gap, en selle, dans le chambre-sort. de la belle Anne-Marie qui nous a finalement proposé Bidouille, qui finalement nous l'a proposé et puis après nous a dit finalement c'est pas possible et puis finalement elle est revenue vers nous après, elle est marchée dans le programme et heureusement on a pu avoir Bidouille qui a été vraiment l'Anne-Esse parfaite pour notre marche.

  • Speaker #1

    Et donc comment t'as rencontré Bidouille ?

  • Speaker #0

    Du coup mon mari est allé la chercher dans les Alpes avec un van, un vent. Il l'a ramenée en voiture dans les Yvelines, à côté de Rambouillet, chez ses parents qui sont agriculteurs là-bas. Et du coup, moi je l'ai rencontrée une fois qu'elle est arrivée là-bas. Et en gros, elle est arrivée 15 jours avant le départ.

  • Speaker #1

    Imagine si tu n'avais pas connecté avec Bidouille.

  • Speaker #0

    Au début, j'ai connecté, mais pas plus que ça, parce que c'était un âne comme un âne que je ne connaissais pas vraiment. Et puis moi, je ne suis pas forcément très à l'aise de base avec les animaux. Je ne suis pas du tout une grande fan de base et pas forcément très à l'aise. Du coup, moi, j'ai mis quand même 15 jours, je pense, à vraiment connecter et à l'aimer vraiment.

  • Speaker #1

    Il y a des petites larmes dans les yeux. Ok, donc tu as ton âne, et comment vous vous posez sur votre trajet alors ? Parce que tu dis que tu as six mois, tu sais que tu veux voir la France, mais après la France c'est...

  • Speaker #0

    Eh bien on a pris une grande carte de France, avec tous les parcs naturels régionaux, nationaux, et on s'est dit où est-ce qu'on veut aller ? On savait qu'on partirait du coup des Yvelines.

  • Speaker #1

    Ah, direct des Yvelines ?

  • Speaker #0

    Oui, des Yvelines directement, parce que c'était là qu'il y avait la ferme des parents d'Elem, et puis c'était simple d'avoir ça comme base de départ. En plus on n'avait plus d'appartement, on avait loué notre appartement. on était hébergés en attendant le départ donc on partirait de là et puis on voulait plutôt découvrir les régions qu'on connaissait pas très bien et surtout les régions vides en fait les régions où il y avait le moins de monde possible et les plus beaux paysages, c'est très beau partout mais en tout cas on voulait découvrir des régions qu'on connaissait un petit peu moins en fait on n'avait pas tracé de chemin de circuit défini avant le départ ça s'est fait un peu au fur et à mesure mais on avait une idée en gros des régions où on voulait aller donc plutôt le Massif Central, en gros le centre de la France Le Massif Central, le Sud-Est, toute la Lausère, les Alpes, un peu tout ce coin-là. Et donc, après, on a fait en gros un très, très grossier sur la carte de là où on voulait aller, mais qui a beaucoup changé en cours de route. Et en fait, après, on avait des cartes IGN, papier. On est parti sans portable, sans Internet, sans nos smartphones. Bien sûr,

  • Speaker #1

    tu t'es lancé plusieurs défis.

  • Speaker #0

    Voilà. Et du coup, on avait juste un petit téléphone à touche avec nos deux cartes SIM dedans pour pouvoir appeler quand même s'il y avait besoin. Et on appelait quand même nos familles régulièrement. Et voilà, mais on n'avait pas Internet et on ne voulait pas. C'était vraiment un choix de ne pas avoir de carte, de GPS. Et on voulait déconnecter complètement, justement, pouvoir vivre un peu comme avant. Enfin, pas comme avant, mais on trouve qu'on est beaucoup trop sur nos portables dans le quotidien. Et moi, je rêve d'un monde où il n'y a plus Internet et il n'y a plus de portables. Et voilà. Je trouve qu'on est moins en connexion les uns avec les autres et du coup on voulait vraiment déconnecter complètement et vivre sans... On s'est dit qu'avant tout le monde faisait très bien sans GPS et sans tout ça et qu'on y arriverait très bien avec nos cartes. Et puis on aime beaucoup les cartes IGN parce qu'il y a plein de signes dessus en fait tout est marqué dessus et il y a plein de vestiges du temps passé et il y a plein d'informations sur la carte si on regarde bien ne serait-ce que les cimetières par exemple qu'on a beaucoup cherché pendant six mois parce que c'est là où il y a de l'eau. toujours de l'eau dans les cimetières et donc on visait les cimetières enfin bref il y a plein de choses écrites sur les cartes t'as appris à les lire avant de partir ? je savais déjà lire en gros après c'est une grosse logistique et un gros budget parce que une carte IGN ça coûte cher et elle dure à peu près deux jours on la traite en deux jours on avait des cartes assez précises donc tu avais un stock dans ton sac à dos du coup on avait en gros une vingtaine de cartes dans notre sac, on ne pouvait pas tout porter mais à la fin on en a eu 75, 80 à peu près en gros on avait un stock dans notre sac à dos enfin dans notre sacoche de l'âne à chaque fois qu'on avait utilisé notre stock on le renvoyait par la poste à notre base à côté de Paris une base logistique et on faisait commander par nos proches du coup Ils nous ont quand même aidé par la poste restante dans un bureau de poste dans lequel on allait passer les prochaines dates.

  • Speaker #1

    La poste restante, donc ça existe encore.

  • Speaker #0

    On a utilisé la poste restante, voilà. Eh bien, ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Comment ça marche, la poste restante ? C'est quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on commande. C'est juste qu'au lieu de mettre une adresse de livraison chez nous, on met une adresse de livraison qui est dans un bureau de poste. Et du coup, on se fait libérer. Avec ton nom ? Avec ton nom. Et après, tu arrives au bureau de poste et tu demandes ton colis, on te le donne. Il faut juste, dans les campagnes, les bureaux de poste ne sont pas ouverts à des horaires très élargis. Donc, il ne faut pas louper le créneau. Sinon, tu attends deux jours dans ton village. Les cartes arrivent parce que je ne peux pas faire sans cartes.

  • Speaker #1

    C'est extra. Donc on a l'âne, on a la carte. Qu'est-ce qu'on met dans son sac à dos alors ?

  • Speaker #0

    Oula !

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'on prend comme sac ? Parce que ça peut intéresser aussi les gens.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Alors on avait deux sacoches du coup pour l'âne. Les sacoches habituelles, on avait le bas, donc le bas sur lequel on pose les sacoches, c'était un bas croisé en bois. Et les sacoches nous avaient été données par l'année. En gros, dans les sacoches, on mettait le matériel de l'âne qui est assez conséquent en fait parce qu'il faut une longe pour la nuit. d'à peu près 20 mètres, plus du coup un piquet, plus un marteau, plus une lime pour ses sabots, plus une petite pharmacie pour l'âne, un répulsif pour les mouches, un petit bandeau pour les mouches. Il faut un peson pour pouvoir peser les sacoches tous les matins, parce qu'il faut qu'elles fassent pile le même poids, sinon le bas tourne en permanence, et déjà il tournait beaucoup, mais c'est vraiment très pénible de le remettre en permanence, mais c'est pas moi qui le faisais, mais c'était vraiment très pénible. Donc il y a quand même pas mal de matériel déjà pour l'âne, et la brosse bien sûr. Et après, il y avait un peu de nourriture quand même pour nous, et l'avantage d'avoir un âne, c'est qu'on pouvait avoir à peu près 5 jours d'autonomie, parce qu'on avait un peu plus de poids possible que si c'était sur notre dos, et on ne mangeait pas que du lyophilisé pendant 6 mois, donc on avait quand même des fruits, des légumes, quelques boîtes de conserve, enfin voilà. On avait l'eau bien sûr, qui reste toujours assez lourde, et après on avait un autre sac au-dessus. qu'on appelait Hortlib, parce que c'était sa marque, et qui était un sac très imperméable, très résistant, une espèce de gros boudin, dans lequel on avait les affaires plutôt un peu plus propres avec nos affaires à nous, les cartes, plein de choses. Et nous, nos affaires à nous, il n'y avait pas grand-chose. En termes d'habits, il n'y avait vraiment presque rien. Ça tenait presque dans une main. Il n'y avait vraiment pas grand-chose, le strict minimum. Et d'ailleurs, on est partis avec... pas mal de kilos, mais on s'est pas mal délesté en route et on ne peut regarder vraiment que l'essentiel. Et c'était vraiment un espèce de dépouillement. On avait vraiment le strict minimum. Et à un moment, l'âne boitait, donc on a dû renvoyer pas mal de kilos. Notamment les jumelles. On avait un petit livre de botanique. On s'est dit, on va prendre toutes les plantes. Finalement, du coup, on n'a pas pu le faire. On a dû tout renvoyer pour limiter au maximum le poids. On ne voulait pas abîmer les sacs de notre âne.

  • Speaker #1

    Une paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Oui, une paire de chaussures.

  • Speaker #1

    Tu les avais testées un peu avant ?

  • Speaker #0

    On avait des tongs aussi, le soir éventuellement, mais une paire de chaussures, non, que je n'avais pas testé avant, que j'avais porté deux jours avant de partir. des chaussures de trail mais très renforcées, pour être légères mais à la fois résistantes.

  • Speaker #1

    Une pharmacie ?

  • Speaker #0

    Petite pharmacie, pas grand-chose, et on n'a presque rien utilisé, à part les pincétiques. Et voilà, on est un peu désinfectant parfois, mais franchement... Une tente ? Même pas pris au Doliprane, je crois. Ouais, une tente. Alors on a eu beaucoup d'aventures de tente. On est parti avec notre tente historique qu'on avait depuis longtemps, qui nous a lâchés en cours de route. Après on a racheté une autre tente, mais pareil, on ne peut pas aller dans les magasins, c'était un peu compliqué. Et du coup, on a fini par avoir une autre tente par toute une année. Bref, c'est compliqué. Et l'autre tente n'était pas imperméable. Au premier orage, on était trempés. Donc on était un peu embêtés, parce que quand on n'a pas de toit, quand même, la tente, c'est très, très important. Bien sûr. Et donc, on a dû finalement... On a recommandé notre tente historique, mais ils avaient changé le modèle. Le piquet s'est cassé dès qu'on l'a remonté. Enfin bref, on a eu plein de problèmes. Et finalement, on a fini par aller dans une zone commerciale, au Puy-en-Velay, chez Décathlon. Et on a pris une... Tente parfaite. Tente parfaite.

  • Speaker #1

    Avec ton âne.

  • Speaker #0

    Avec notre âne. Là, on l'avait laissée, du coup, puis on volait dans un jardin. Et on était partis en stop, du coup, acheter notre tente.

  • Speaker #1

    Donc, tu as ton sac, ton âne. Tu l'as payé combien, ton âne, on peut dire ?

  • Speaker #0

    Vraiment pas cher. J'ai oublié le prix. Mais en gros, c'était vraiment pas cher. C'était genre 1 000 euros.

  • Speaker #1

    Et le deal, c'est qu'après, il retournait dans l'élevage ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça, parce que finalement au début on voulait acheter un âne, mais en fait c'était trop compliqué, et ça veut dire qu'il fallait qu'on l'éduque nous-mêmes, et en fait on n'avait pas le temps, et du coup finalement on a pu louer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te prépares toi un peu physiquement à aller marcher comme ça pendant 6 mois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, en fait on avait quand même une bonne condition physique, on fait pas mal de sport tous les deux et puis en fait on commençait par la Beauce donc c'était assez plat, on s'est entraîné en fait en cours de route.

  • Speaker #1

    Tu prends des livres ?

  • Speaker #0

    Alors très bonne question, oui j'avais un livre que je voulais finir donc j'ai pris un livre papier mais sinon on avait des liseuses parce que c'était trop lourd de prendre des livres et on voulait en prendre beaucoup et du coup on avait téléchargé plein de livres sur nos liseuses mais en fait on n'a pas du tout lu comme on pensait qu'on... C'est vrai ? Parce qu'en fait, on n'avait pas le temps. Ça peut paraître bizarre, mais on avait six mois pourtant sans vraiment d'activité à faire concrètement. Mais en fait, ça prend beaucoup de temps de toute la logistique de l'âne et du quotidien. Quand on marche, en fait, on ne peut pas lire. Et le soir, il y avait d'essayer de se laver, d'essayer de dîner avant que le soleil se couche. On regardait beaucoup l'âne, en fait, parce que c'est assez fascinant de le regarder vivre, se rouler, brouter.

  • Speaker #1

    C'était contemplatif.

  • Speaker #0

    C'était vraiment beaucoup plus contemplatif. on a remarqué qu'on a très besoin de le lire quand on est dans la ville mais en fait quand il y a des beaux paysages à regarder un soleil couchant et l'âne qui broute en fait on préfère juste regarder et après t'es cuite quoi et puis surtout on se couchait très tôt, on vivait avec le soleil on se couchait très tôt et donc ouais on a quand même lu mais pas autant que ce que tu pensais donc Tatou,

  • Speaker #1

    comment ça se passe ? Un matin, vous laissez vos téléphones

  • Speaker #0

    C'est ça, c'était dur. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est dur.

  • Speaker #0

    C'était le 2 mai du coup, 2022. Effectivement, on avait fait une petite fête la veille avec nos amis et notre famille. Puis on prépare nos sacs, on avait tout mis sur une grande bâche et on charge tout pour la première fois. Et on part pour la balade habituelle du dimanche qu'on fait souvent quand on est là-bas. Et là, au lieu de revenir, en fait, on ne s'arrête pas et on continue dans la forêt de Rambouillet du coup. Alors, laisser le téléphone, c'était compliqué. Tu te sois un peu nulle. Ouais, tu te sois un peu nulle et un peu vulnérable. Mais quelle libération quand c'est laissé. et au début ça nous manquait un peu et puis après vraiment très rapidement plus du tout et notamment on regarde beaucoup les nouvelles au quotidien, on lit pas mal d'articles et là vraiment ça nous a pas du tout manqué de pas avoir les nouvelles, on achetait le journal parfois mais voilà on a assez vite rattrapé les 6 mois c'est ça,

  • Speaker #1

    dans un métier où vous êtes hyper connecté aux autres dans la vie et tout, c'est fou de lâcher comme ça et est-ce qu'on a le droit de dormir où on veut ?

  • Speaker #0

    Ah alors non, parce qu'on est toujours chez quelqu'un, on ne sait jamais à personne, et du coup on ne peut pas en théorie, donc on demandait quand même régulièrement. En fait quand on part juste tous les deux avec notre tante en rando quelques jours, on dort sans vraiment forcément demander derrière un bosquet ou un truc.

  • Speaker #1

    Donc là par exemple, je pars demain avec mes enfants dans la forêt de Rambouillet, avec une tante sur le dos, le soir quand la nuit tombe, je m'arrête, je fais un feu, je fais un dîner, je dors.

  • Speaker #0

    C'est pas forcément autorisé.

  • Speaker #1

    Non mais c'est toléré. Si tu respectes la nature.

  • Speaker #0

    Voilà, tu respectes la nature, mais c'est pas forcément autorisé, et notamment les feux sont très très interdits. Donc partout où on était, on a fait un feu une seule fois au début dans le Berry, mais sinon on n'a jamais fait de feu. C'est la canicule en plus en 2022, donc on a fait très attention à ça. Puis en fait, comme on se couchait avec le soleil, on n'avait pas besoin de feu. D'accord. Mais sinon on en fait pas mal quand on est en montagne tout ça, mais là on en a pas trop fait avec l'âne. Et du coup en fait souvent on demandait quand même avec un âne on passe pas inaperçu donc on peut pas trop se cacher derrière un petit bosquet. Et du coup on demandait souvent aux agriculteurs en fait si on pouvait, ils avaient pas un petit coin, on pourrait mettre le piquet de notre âne et notre tente pour la nuit. Ou pas aux agriculteurs d'ailleurs mais voilà des gens dans des villages et puis en fait on nous disait ben venez là, là il y a un jardin, là il y a un truc. Mais en fait l'âne il abîme quand même, il broute beaucoup, il se roule, il fait des crotins. On ne peut pas se mettre dans un jardin chez les gens. Il faut qu'il y ait de l'herbe à brouter pour la nuit. Et donc, on ne peut pas se mettre dans un endroit où c'est tendu. C'est quand même assez contraignant de trouver un endroit pour dormir avec un âne. En plus, il y a une longe qui fait 20 mètres de long, donc il faut qu'il puisse tourner autour de la longe, donc on voit un endroit assez grand. Donc ce n'était pas si simple, mais on a trouvé tous les soirs sans trop de difficultés, sauf dans le sud ou dans la côte d'Azur, où c'était un peu plus compliqué parce que c'est beaucoup plus construit. Et du coup, c'était moins simple de trouver des endroits avec plein d'herbes. On a manqué un peu d'herbes à cet endroit-là. Donc c'était un peu un stress pour ça, parce que là, on n'était pas bien quand on savait qu'elle n'était pas bien.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr

  • Speaker #0

    Mais sinon globalement on trouvait toujours un endroit Après pas forcément les endroits les plus sympas Parce que quand il y a un âne Nous on dort toujours avec notre âne Et donc il nous envoie dans l'endroit où il y a les herbes un peu hautes Par là bas au fond du champ C'est pas forcément l'endroit où il y aurait plus de palettes Il y avait un endroit à côté bien plus sympa Mais nous on va avec notre âne était là où l'âne était bien. Donc,

  • Speaker #1

    tu pars avec ton âne. Premier jour, tu lâches tout. Et après, à quoi ressemblent vos journées alors ?

  • Speaker #0

    À la fois toujours les mêmes et à la fois toujours très différentes. Il y a le temps un peu incompressible le matin de deux heures où on range tout, on fait sécher la tente qui est tout le temps trempée le matin. On s'occupe de l'âne, on le brosse. Et on petit déjeune, on prend le temps quand même de petit déjeuner le matin. On a un petit réchaud bien sûr et voilà. Et après une fois que tout est prêt, que les sacoches sont bien équilibrées et que tout le monde est prêt pour partir, on y va. Et là en gros on n'a pas d'objectif pour la journée à chaque fois, on avance et puis on verra bien où on va. Et il n'y a pas vraiment de trait défini donc on avance un peu au gré de... On sait en gros dans quelle direction on va et on prend beaucoup les chemins noirs. On essaye de prendre le plus possible les chemins noirs. les chemins noirs sur la carte c'est les chemins de randonnée en tout cas il y a les pointillés qui sont vraiment les chemins alors les chemins pointillés sur les cartes les chemins noirs pointillés ils existent pas forcément parce que souvent ils sont recouverts par les broussailles donc il faut faire attention et souvent on a été coincé parce qu'on espérait prendre ce petit chemin sur la carte et en fait il n'existe plus

  • Speaker #1

    Pourquoi on appelle ça les chemins noirs ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils sont noirs déjà sur la carte je pense et que du coup c'est les chemins de taille vraiment chemins de randonnée, c'est pas des chemins où des voitures peuvent pas passer et je sais pas Peut-être qu'il y a une autre raison, mais je ne la connais pas.

  • Speaker #1

    Pour les gens qui ne connaissent pas,

  • Speaker #0

    le chemin noir,

  • Speaker #1

    c'est les plus petits chemins de randonnée sur les cars.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est les petits chemins de randonnée. Alors les plus petits, c'est les pointillés noirs, après il y a les noirs, après il y a les blancs pointillés, après il y a les blancs pleins et après il y a les routes départementales, nationales, tout ça.

  • Speaker #1

    Mais votre idée c'était au max les pointillés noirs ?

  • Speaker #0

    Au max, c'est là où on est le mieux c'est là où c'est mieux pour les sabots de l'âne parce que l'âne quand c'est du goudron ça abîme ses sabots et donc c'est pas confortable et puis nous non plus et puis on voulait voir des voitures le moins possible et donc voilà on a dû quelques fois longer des nationales quelques centaines de mètres mais là c'était vraiment très inconfortable on se fait doubler par les camions très proches on espère que Bidouille va pas réagir alors elle était toujours géniale mais on a eu de la chance parce qu'il y avait quelques endroits quand même un peu dangereux donc voilà on essaye au maximum de prendre des chemins adaptés à Pidouille et à nous.

  • Speaker #1

    Donc tu marches un peu au gré du vent, tu parles, vous discutez tous les deux ou c'est en silence ?

  • Speaker #0

    Bonne question, j'avais peur qu'on ait rien à se dire pendant six mois et en fait, il n'y a pas eu de problème du tout, mais effectivement, il y a beaucoup de moments où on est en silence, notamment quand c'est dur, quand ça monte, quand il pleut, quand c'est pénible, chacun se concentre et avance. et en gros le moral varie beaucoup dans une même journée plus que dans notre vie entre guillemets normale parce qu'il y a beaucoup de moments où c'est dur des moments où enfin on est arrivé, où c'est la pause déjeuner là c'est trop bien, après le soir, l'après-midi ça peut être un peu long, à la fin on en a marre, on trouve pas d'endroit pour dormir et puis quand enfin on est installé, posé là c'est trop bien, donc en fait ça varie beaucoup et donc on parle pas mal de bidouilles parce qu'il faut beaucoup s'occuper d'elles tout le temps vérifier que le bas tourne que ça tourne pas le chargement Remettre ça en place, ne pas perdre une bouteille d'eau sur le chemin, qui était coincée dans l'étendeur. Vérifier qu'il n'y ait pas un caillou dans son sabot. On était tout le temps un peu concentrés pour être sûr qu'elle allait bien, parce qu'on savait que si elle n'allait pas bien, c'était la fin du voyage aussi. Et notamment, nous avions beaucoup dit, pas de pieds, pas d'âne. En gros, les sabots de l'âne, c'est très très précieux. Et elle avait pas mal de problèmes. À ce niveau-là, on est parti avec une fourmilière. bactéries, champignons qui bouffent l'intérieur du sabot. Et donc en fait, on ne savait pas en partant, mais elle boitait déjà un petit peu. On s'est dit bon. Et en fait, elle avait très vite, ça a fait un énorme trou dans son sabot qui était creusé. Et donc au bout d'une semaine, en fait, on... Au bout d'une semaine ? C'était horrible, au bout d'une semaine elle boitait énormément, on a dû voir un maréchal Ferrand, heureusement on a eu beaucoup de chance qu'il était sur notre chemin, parce qu'on ne peut pas à Paris prendre rendez-vous, on n'a pas internet, tout ça est très très compliqué sans internet. Et heureusement du coup il a posé des fers très rapidement, et puis on a vu...

  • Speaker #1

    Comment tu rencontres un maréchal Ferrand quand tu es dans la forêt de Rambouillet ?

  • Speaker #0

    Eh bien on n'était pas dans la forêt de Rambouillet à ce moment-là, on était déjà vers... Parti ! D'abord on est allé vers Chartres, puis après on est descendu par la Beauce, donc c'était plutôt par là-bas. Et on a eu beaucoup de chance parce que LM avait... Une amie, alors on connaît une seule vétérinaire dans toute la France, mais il se trouve qu'elle était dans cette région-là, et du coup on lui a demandé des contacts, il avait son téléphone, on lui a demandé des contacts de... de Marie-Chauferan, elle a donné ce contact, et il était, il se trouve, le lendemain matin, quand on en avait besoin, dans le centre équestre, à côté de là, on a eu plein de chances comme ça, un peu tout le temps. Et voilà, donc on a pu quand même, sinon on demande à des gens, sinon on demande aussi dans les centres équestres, pas mal, s'ils ont des contacts de Marie-Chauferan, donc on en a eu quatre, je pense, de Marie-Chauferan, pour enlever les fers, poser les fers, c'était plus ou moins pénible.

  • Speaker #1

    Elle fait des caprices, bidouille ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout, elle n'aimait pas les marais-chauferans, donc elle se cabrait un peu, et c'était dur, parce qu'on voyait qu'elle n'était pas bien. Mais sinon, non, non, elle a toujours avancé, elle avait peur de rien, donc elle ne se bloquait pas devant une flaque d'eau, il y a beaucoup d'ânes qui font ça, qui se bloquent devant une flaque d'eau, qui s'allongent par terre, qui ne veulent pas avancer, nous on n'a jamais eu ce problème-là, elle a toujours avancé, et après au début elle nous teste, elle essaie de sentir, il faut montrer que c'est toi quand même qui dirige au début, donc il faut toujours qu'il y en ait normalement un devant et un derrière, un pour guider et l'autre pour qu'elle avance, parce qu'on ne tire pas un âne, on le pousse par derrière quand il n'avance pas, ça ne sert à rien de le tirer par devant.

  • Speaker #1

    On a traversé un petit bout des Pyrénées en âne avec mes enfants et elle nous avait dit, prenez un âne, vous allez voir, il a la maturité d'un enfant de 6 ans. Et j'avais un fils de 6 ans à l'époque et il va voir ce que c'est. Et effectivement, tu vois un petit caprice, tout d'un coup, il ne veut plus avancer. Donc lui, il tire, tu pousses, tu essayes, tu lui parles doucement. Alors évidemment, en une semaine, en plus, tu n'as pas le temps de créer la relation que toi, tu as créée avec ton âne. Mais c'est marrant de voir un peu le charmer, travailler avec quelqu'un d'autre dans notre famille, et avec un caractère qu'on connaissait pas, c'est plutôt compliqué.

  • Speaker #0

    Mais en fait, en général, quand elle veut pas avancer, c'est arrivé une ou deux fois, et en général, il y a une raison, et elle a en général raison. On voulait par exemple lui faire traverser les rivières, on voyait pas trop le fond, là elle a pas voulu y aller, et franchement, on comprend, elle était quand même prudente. après souvent quand il y avait une rivière à traverser on passait dans la rivière et elle parfois elle avait peur du coup elle faisait des sauts pour sauter la rivière quand elle voit pas trop le fond voilà elle est prudente c'était plutôt de la prudence je trouve que du mauvais caractère donc tu marches tu t'arrêtes pour déjeuner quand il y en a un qui en a marre qui a besoin d'un break on s'arrête pour déjeuner ouais c'est ça quand on en a marre on trouve un petit coin et on s'arrête et on déjeune quoi alors ? toujours la même chose Toujours la même chose, on n'est pas très compliqués au niveau nourriture, donc ça on s'en fiche un peu, mais c'est vrai qu'on a vraiment mangé la même chose pendant six mois. Des pâtes, du riz, des boîtes de conserve de sardines, des boîtes de conserve de ratatouille, des fruits, du chocolat, du melon. Beaucoup de melon. Et voilà.

  • Speaker #1

    Simple, quoi.

  • Speaker #0

    Très simple. Ça, ça ne nous dérange pas.

  • Speaker #1

    Comment tu te laves ?

  • Speaker #0

    On avait un bidon d'hécatelon en plastique de 10 litres qu'on pouvait plier, qu'on remplissait d'eau froide, bien sûr. Et on avait une petite gamelle pour se laver. Donc on ne se lavait pas les cheveux avec notre bidon parce que ce n'est pas suffisant. Mais en gros, on avait besoin de 2 litres chacun pour se laver. et on gardait le reste pour les cheveux dans les cimetières ou parfois dans les campings, on s'arrêtait parfois dans des campings quand on avait besoin de se poser on faisait en gros une pause d'une journée tous les 10-15 jours sans marche et puis pour pouvoir ne pas avoir la logistique matin et soir tout le temps parce que ça c'est quand même un moment un peu usant et du coup ça faisait une pause et en général là on allait dans des campings pour pouvoir faire des machines être un peu posé à un endroit sans avoir à chercher un lieu euh... sans avoir à se protéger des gens pendant une journée parce que c'est un peu délicat quand même de dire on s'installe chez vous.

  • Speaker #1

    Et quoi de ton âne dans les campings ?

  • Speaker #0

    En général, ils sont sympas, ils acceptent qu'on le mette un peu à côté. En général, ils ont souvent un terrain pas trop tondu, pas loin. Mais le problème des campings, c'est que l'herbe est tondue partout. Donc il faut trouver un endroit en général un peu à côté pour l'âne. Mais on a toujours trouvé.

  • Speaker #1

    Et là, tu te frottes un peu à la civilisation en plus quand même quand t'arrives au camping.

  • Speaker #0

    Oui, du coup, on est un peu l'attraction du camping en général. On est un peu gênés qu'on ait du monde autour parce que l'âne y brait quand même de temps en temps. Et quand il brait, c'est très très fort et ça réveille. On a été beaucoup réveillés par Bidouille la nuit. et enfin la nuit au petit matin le brement de 5h du mat c'est la classique et du coup on était un peu gênés quand même on avait peur que ça dérangeait les autres donc on était plus tranquille quand on était au milieu de nulle part c'est ce que tu recherchais quoi ouais c'est ce que je recherchais et vous avez pris un appareil photo ? oui on avait un appareil photo réflexe un peu lourd au début on a dû faire une petite pause au milieu de notre marche pour le mariage de mon beau frère et du coup à ce moment là on a changé pour un plus petit parce que c'était trop lourd en fait d'accord mais t'avais quand même envie d'avoir ça ouais on a pris 5000 photos Donc voilà, et j'ai fini les albums photos, parce que du coup il y en a quatre, ça rentrait pas dans un seul la semaine dernière. C'est bien, on les a appelés...

  • Speaker #1

    Tu nous enverras plein de belles images.

  • Speaker #0

    On les a appelés au bord de la France, les albums photos, parce qu'on s'est vraiment sentis un peu au bord du monde et au bord de la France du coup. Pendant ces six mois, un peu en décalage permanent avec les gens qu'on croisait, on était tout le temps un peu au bord des chemins. On n'était pas du tout rejetés, mais forcément on ne pouvait pas aller partout avec notre haine et on n'était pas les bienvenus partout. Et on s'est sentis un petit peu en décalage et un peu vulnérables aussi parce qu'on n'avait pas de toit, rien du tout. Et c'est quand même une expérience, alors bien sûr avec toute la sécurité qu'on a derrière nous, donc c'est pas du tout comparable à ceux qui n'ont vraiment pas de toit. mais on s'est senti quand même assez vulnérable à la météo quand il y a un orage, qu'on voit les nuages noirs qui arrivent, en fait on est dehors

  • Speaker #1

    Tu recherchais ça un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais on recherchait ça, on recherchait surtout la liberté qu'on a un peu moins ressenti quand même que quand on est juste tous les deux avec nos sacs à dos parce que l'âne c'est quand même un peu en fil à la patte et on peut pas aller partout on peut pas par exemple faire du stop s'il y a un passage un peu pénible dans une zone commerciale un peu urbaine, on doit la traverser à pied Oui Puis c'est un gros animal de 300 kilos qu'il faut gérer, qui est aussi imprévisible parfois. C'est quand même un stress, c'est une charge mentale de voir l'âne quand même au quotidien, même si on a adoré. Mais ce n'est pas pareil, le sentiment de liberté totale n'est pas le même avec un âne à gérer.

  • Speaker #2

    Every time I look around, I hope to find you looking back at me. You're everything I ever hoped to see.

  • Speaker #1

    T'as eu des galères avec ton âne ?

  • Speaker #0

    Elle est quand même tombée dans un ravin une fois, elle s'est enlisée dans une tourbière dans le Cantal, le vent par terre.

  • Speaker #1

    Mais comment tu l'as sortie ?

  • Speaker #0

    On a eu très peur, elle a paniqué en plus, elle s'épuisait en paniquant en essayant de sortir, il n'y avait personne, et après on est un peu bête aussi parce qu'il y avait un panneau interdit aux chevaux. Mais on s'est dit, on n'a pas de cheval, on a un âne. Mais en fait, il y avait une passerelle avec des planches pour passer au-dessus de la tourbière, mais c'était des planches pourries, donc c'était encore plus dangereux de passer sur la passerelle parce qu'elle allait tomber, elle allait mettre un pied au milieu des planches, et du coup, on est passé en dessous, dans la tourbière, qui nous paraissait assez sèche, mais il y a un endroit où c'était encore très humide, et là, elle s'est enfoncée. Et du coup, on l'a déchargée. qu'elle soit moins lourde pour sortir. On l'a poussée, on s'est mis derrière pour la pousser.

  • Speaker #1

    Mais toi, tu ne prenais pas le risque de t'enfoncer aussi ?

  • Speaker #0

    Non, nous, ça allait. On est moins lourds et ça allait. Nous, ça allait. Mais finalement, elle a fini dans un ultime élan de courage à mettre ses pattes avant, en dehors de la tourbière. Et heureusement, ce n'était pas très large, cet endroit très profond. Et du coup, elle a réussi à sortir, mais on a eu très peur. Et le ravin aussi, c'était un peu chaud. Elle a eu des poux aussi. On est parti avec des poux, mais on ne le savait pas. Enfin, pas nous.

  • Speaker #1

    mais l'âne et c'est les mêmes poux ?

  • Speaker #0

    non c'est pas les mêmes heureusement du coup il a fallu qu'on trouve un vétérinaire aussi pour nous trouver le produit pour les poux on a mis je comprends que ton mec il a eu envie de l'abandonner enfin de l'abandonner de la ramener à la maison il y a eu le problème de sa peau, à un moment il a boité pendant une semaine du coup on a dû s'arrêter dans un endroit qui était vraiment pas confortable dans la creuse On se prenait que des orages toute la journée, on était dans une espèce de ferme, c'était très mal, il y avait plein de moustiques partout et on devait attendre qu'elles récupèrent. Elle est mieux. Mais on ne savait même pas ce qu'elle avait. Après une semaine où on pensait qu'elle boitait moins, on a tout remis sur son dos et là au premier pas elle boitait comme avant. On était vraiment désespérés, on pensait que c'était la fin du voyage, c'était au bout de deux mois. Et on a vu un vétérinaire à ce moment-là qui a fait plein de tests de piqûres, de radio, de tout ça, qui ne savait pas trop ce qu'elle avait. En fait elle ne boitait pas trop quand elle n'était pas chargée, donc il me prenait un peu pour des... Voilà, il disait bon ça va, elle ne boite pas, votre année, ça va bien. Et en fait quand on l'a chargée, il a vu qu'effectivement elle boitait énormément, chargée, et il a dit vous n'allez pas aller loin. C'est... Oula, bon courage mais... vous allez aller quelques kilomètres plus loin mais pas beaucoup plus et en fait on a beaucoup desserré sa sangle ventrale en desserrant, du coup on ne la serrait même pas elle a arrêté de boiter donc on a eu beaucoup de chance mais on a quand même porté du coup son...

  • Speaker #1

    Mais ça a lu un livre un peu sur comment vivre avec un âne avant de partir ?

  • Speaker #0

    On avait lu un livre, ouais on avait lu deux livres là-dessus et on avait fait une formation d'une journée avec une dernière qui est dans le Vexin qui nous avait appris un peu comment aborder l'âne comment... Notamment par exemple quand on perd notre âne, ce qui est arrivé quand même un matin, on se réveille et l'âne n'était plus là, la longe s'était décrochée. Du coup là ça fait un peu peur quand même parce qu'on est responsable de cette âne et il est en liberté, on ne sait pas où, il y a des routes autour, enfin c'est un peu stressant. Du coup on avait appris que souvent les ânes rebroussaient le chemin, ils refaisaient le chemin inverse. Du coup on n'était quand même pas sûr à 100%, du coup on est quand même partis l'un dans un sens, l'un dans l'autre. On n'avait pas de portable pour se parler, donc moi j'avais appelé la gendarmerie quand même pour les prévenir qu'il y avait un âne qui errait. Voilà. Et en fait, on a retrouvé l'âne 5 km en arrière.

  • Speaker #1

    On avait refait le chemin de la mètre en arrière.

  • Speaker #0

    Et du coup, on a demandé aux gens sur les chemins si elles avaient vu un âne. Ah bah oui, je l'ai vu passer, mais c'était il y a au moins une heure. Puis on continue, on continue. Puis on la trouve, en fait, elle arrivait à 50 mètres d'une nationale hyperpassante. On a quand même beaucoup de fois eu beaucoup de chance.

  • Speaker #1

    C'était quand même un sujet. Oui,

  • Speaker #0

    c'était quand même un sujet.

  • Speaker #1

    Est-ce que sur la route, il y a des copains qui vous ont retrouvés ?

  • Speaker #0

    Pas beaucoup, parce qu'on ne le souhaitait pas forcément initialement. On s'était dit qu'on part en France, mais ce n'est pas pour qu'on soit l'agence de voyage de tout le monde. On voulait vraiment couper aussi, non pas qu'on ne peut pas les voir, mais qu'on voulait aussi que ce soit un peu notre aventure tous les deux. enfin tous les trois avec Bidouille et du coup on a quand même un couple de copains qui nous ont rejoints pour une soirée parce qu'ils habitaient à Orléans et on n'était pas loin donc ils sont venus faire un feu avec nous c'est là où on a fait un feu et voilà mais juste une soirée on a un couple de copains qui sont venus un week-end en trois jours dans la Creuse mais c'était compliqué en fait parce que quand les gens nous rejoignent il faut qu'ils aient une gare ou un truc pas très loin enfin nous on fait pas une boucle et on veut pas enfin il faut que eux se greffent là où on en est et on peut pas prévoir on sait pas où on sera Donc en fait c'est très compliqué à anticiper et heureusement qu'on l'a pas trop fait parce que c'était quand même compliqué à anticiper.

  • Speaker #1

    Oui en fait ça te met des dates et des obligations alors que toi t'es partie pour être en emploi du temps.

  • Speaker #0

    Voilà, on a rien d'emploi du temps, on a aucune contrainte de rien et voilà après ma famille nous a rejoint pendant trois jours, le père d'Alème est venu aussi deux jours, trois jours. Voilà donc on avait des petits créneaux comme ça mais pas beaucoup et voilà en fait on avait l'avantage d'avoir un emploi du temps vide, un agenda vide. C'est magnifique ça. Et ça c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Et pendant...

  • Speaker #0

    C'était dur.

  • Speaker #1

    Tu vas me raconter. Et pendant six mois, il n'y a pas un soir où vous vous êtes dit, allez, viens, on craque, on se fait une bonne bouffe, on va à l'hôtel ?

  • Speaker #0

    Alors, si, mais c'est vraiment très peu arrivé. C'est arrivé peut-être cinq ou six fois, je pense, en six mois, qu'on dorme à l'intérieur. Et c'était un jour où on n'en pouvait plus, on était dans la dorm. Et il y avait vraiment des orages en permanence et des pluies vraiment. En fait, on s'était pris la veille un orage qui nous a fait vraiment peur. On était en haut d'une colline et toute la nuit s'était passé. On n'avait pas dormi de la nuit et il y avait orage sur orage. On n'est pas tombé loin et là, on ne voulait pas refaire une nuit comme ça. Mais c'est compliqué parce que quand on n'a pas Internet, on trouve un endroit qui accepte les ânes. Ce n'est pas simple. On l'a vraiment très peu fait, mais c'est quand même arrivé quelques fois. T'as guéfié quand même. Cinq fois. Oui, quand ça arrive, du coup, on est content.

  • Speaker #1

    La bonne douche chaude.

  • Speaker #0

    On dort bien, mais à l'intérieur, on étouffait vite. On n'était plus du tout habitués à être à l'intérieur, donc on dormait la fenêtre grande ouverte.

  • Speaker #1

    Si moi, je vais avec un âne ou pas d'âne, d'ailleurs, mais si j'ai envie d'aller marcher une semaine, c'est quoi le plus beau, là où tu étais le plus beau dans ton voyage ?

  • Speaker #0

    J'ai vraiment adoré la Lauser avec l'Aubrac, les Causses, les Cévennes. Là, c'est vraiment extraordinaire. On a parcouru vraiment la Lauser en long, large et en travers.

  • Speaker #1

    Donc Lauser, ça veut dire que je vais où en train ?

  • Speaker #0

    En train, je ne sais pas du coup, parce que moi, je n'arrive que à pied.

  • Speaker #1

    Mais la ville, la grande ville ?

  • Speaker #0

    La grande ville, c'est quoi ? On va regarder sur une carte.

  • Speaker #1

    Mais Lauser, j'y vais et je marche une semaine.

  • Speaker #0

    Oui, tu marches une semaine sans problème. Et sinon, on a couvé le Verdon, magnifique. Et sinon, les Alpes. Nous, on a traversé le Mercantour du nord au sud. et le Marc-en-Tour c'est extraordinaire on a bien aimé en gros préféré après tout le Massif Central tout est beau, franchement on a adoré tout même la Beauce, tout le monde nous dit la Beauce ça doit pas être très marrant et nous on a adoré la Beauce on a tout aimé en fait particulièrement la Lauser où c'est vraiment des grands paysages on va chercher la grande ville de Lauser et qu'est-ce que t'as trouvé comme petit ou grand moment de bonheur ? beaucoup de petits moments de bonheur en fait du quotidien, ne serait-ce que le moment le moment de bonheur de la journée c'est vraiment quand on est installé le soir On est arrivé, qu'on a trouvé un lieu, que l'âne est bien, en train de se rouler, que notre temps est monté, que les pâtes sont en train de chauffer. Et là, ça y est, là c'est trop bien, on est propre, on a pu se laver. C'est le petit bonheur du quotidien. C'est vrai que la vie est vraiment concentrée sur dormir, manger, se laver. C'est ça qui fait l'essentiel de notre quotidien. Et on retrouve vraiment le bonheur d'avoir pris une douche froide, parce que c'est ça qui est bien.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est retrouver le goût des petites choses.

  • Speaker #0

    Exactement, retrouver le goût des petites choses. Et après, il y a eu plein de moments, j'ai plein de paysages en tête, de souvenirs incroyables, notamment dans le Mercantour. Un souvenir incroyable, c'était avant de redescendre à la fin de la partie montagne qui a quand même duré trois semaines. La montagne avec un nain, c'est un peu stressant parce qu'il y a des chemins dangereux, il faut faire attention, il faut tout anticiper parce qu'avec les sacoches, il est plus large donc il peut vite basculer. Donc on devait être très concentré en montagne et on a peur de la météo, de tout ça. Et du coup, on était justement arrivé au dernier col de nos trois semaines de montagne et après on allait redescendre. Et en fait, dans ce dernier col, ça s'appelait le Pas du Diable dans le Mercantour, à côté de la Vallée des Merveilles. Il y avait en fait une énorme mer de nuages juste en dessous. Et donc, on a pu déjeuner avant de descendre dans les nuages, au-dessus de cette mer de nuages absolument magnifique. Vraiment un moment incroyable. On n'avait jamais vu une mer de nuages comme ça. Mais sinon, c'est surtout les petits bonheurs du quotidien et les rencontres aussi avec les gens. On a vraiment rencontré des gens extraordinaires, très courageux aussi. Beaucoup d'agriculteurs. Ils font vraiment vivre nos campagnes, la France. On a eu beaucoup de gratitude aussi. On a vraiment des rencontres de... Ils nous ont marqués aussi et on le voit encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    On attend ton livre, j'ai l'impression qu'il y a des trucs à raconter quand même. Et comment tu décides de rentrer ? Comment le chemin du retour se dessine ? Est-ce que tu te dis, dis donc, dans un mois, il faudrait qu'on soit à Paris ?

  • Speaker #0

    On reprenait nos boulots six mois après, donc on n'avait pas le choix. On savait qu'il fallait qu'on rentre. À un moment, on savait qu'il fallait qu'on définisse notre lieu d'arrivée parce qu'on ne savait pas du tout où on allait terminer notre voyage. Ça, c'était un peu dur d'ailleurs dans la motivation, de ne pas avoir de but, de point d'arrivée défini. Oui,

  • Speaker #1

    l'errance, en fait, c'était compliqué.

  • Speaker #0

    L'errance dans les moments où c'est dur, où on en a un peu marre, où il pleut, où c'est pas facile, alors il n'y a pas beaucoup plu, mais quand même, il y a des moments durs. Quand on n'a pas vraiment de but d'arriver, on nous avait beaucoup dit dans les livres qu'on avait lus, etc., le sens est dans le chemin, on s'en fiche un peu de l'arrivée, etc. En fait, on trouve que c'est pas forcément tout à fait vrai. Quand même, avoir un but, un endroit où tu veux arriver, ça aide dans la motivation au quotidien.

  • Speaker #1

    Carrément.

  • Speaker #0

    mais du coup on n'avait pas ce but là on ne savait pas du coup forcément pourquoi on continuait à marcher comme ça à errer un peu en France, sur les chemins de France et du coup un mois avant l'arrivée on voulait quand même un lieu d'arrivée qui ne soit pas juste un village comme ça au milieu de nulle part, qui n'a pas trop de sens on voulait terminer notre voyage du coup par le sud de la France en gros parce qu'en octobre il y a un peu plus beau dans le sud et du coup on avait entendu parler d'un lieu qui s'appelle la Sainte-Baume à côté de Marseille qui est très beau. Et du coup, on avait écrit pour savoir si on pouvait arriver là-bas. En fait, c'est un lieu où il y a un monastère avec des moines dominicains. Et ça correspondait à peu près à notre trajet, là où on comptait à peu près arriver dans un mois. Et on s'est dit, tiens, pourquoi pas aller là-bas ? Il paraît que c'est beau. Et puis, ça avait du sens quand même pour nous de finir sur une note un peu spirituelle. Et du coup, c'était finalement notre lieu d'arrivée à la Sainte-Baume, à côté de Marseille. Et donc,

  • Speaker #1

    t'arrives et t'arrives.

  • Speaker #0

    Et bien, t'arrives et t'arrives. Et c'est un peu bizarre, ce moment d'arrivée. Et c'est d'ailleurs marrant parce que LM, c'était beaucoup lui qui gérait l'âne au quotidien quand même, parce qu'il fallait porter beaucoup et voilà, il a plus de muscles que moi. Souvent, il en avait marre et il disait, l'âne quand même, c'est dur, donc les moments un peu de coup de mou. il voulait rendre l'âne parfois et il n'en pouvait plus une demi-heure avant l'arrivée il en avait encore marre alors qu'on était arrivés mais vraiment jusqu'au bout c'était quand même c'était pas si simple tous les jours c'était pas que génial de marcher en France en liberté dans les beaux paysages il y a quand même plein de moments qui sont un peu durs et longs et voilà et on se demande un peu ce qu'on fait là et quel sens ça a et vous êtes engueulée ? ah bah oui on s'est engueulée quand même mais Bidou t'es toujours d'accord avec moi donc ça allait merci

  • Speaker #1

    Et puis surtout, t'as pas le choix, en fait, t'es que tous les deux.

  • Speaker #0

    T'as pas le choix, oui. Après, on passe beaucoup de temps tous les deux, déjà, de base. Oui,

  • Speaker #1

    mais deux dans le silence, dans la nature, sans aucune autre attraction que l'un et l'autre, en fait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aucune autre attraction que l'un et l'autre, beaucoup quand même de grands espaces, donc on respire quand même vachement, donc c'est très agréable. Mais oui, on s'est engueulés, bien sûr, des histoires, mais un peu du quotidien, des trucs qu'on s'est pas beaucoup engueulés, d'ailleurs. Mais il y a eu une grosse engueulette sur une route nationale qu'on devait longer dans un tournant, c'était vraiment très, très dangereux. Et moi je voulais qu'on se mette de l'autre côté de la barrière et lui voulait qu'on se mette du côté de la route. Et finalement on s'est mis du côté de la barrière, enfin de l'autre côté, mais l'âne a failli tomber parce qu'on était très très pentus. Enfin bref, il y a un camion qui est passé, enfin bref c'était très compliqué.

  • Speaker #1

    Ça c'était la plus grosse engueulade.

  • Speaker #0

    Ouais c'était une grosse engueulade ça.

  • Speaker #1

    Ça va.

  • Speaker #0

    Mais ça va, il y a pire. Mais on a eu quand même pas mal de problèmes, de moments où l'âne a eu des problèmes.

  • Speaker #1

    L'eau, t'as toujours eu de l'eau ?

  • Speaker #0

    L'eau, ouais. Alors dans les Cévennes, on a manqué un peu d'eau. Mais du coup, on était obligés d'en avoir parce que nous, on doit boire et puis l'âne aussi. Et en fait, s'il n'y avait pas d'eau, on redescendait dans la vallée chercher de l'eau. Mais c'est vraiment très peu arrivé. Et on a eu un moment justement dans les Cévennes, on était sur des crêtes pendant plusieurs jours. Et donc là, il n'y avait pas de source. C'était très sec et les villages étaient en bas. Donc en fait, on a fini par descendre. On a trouvé une source.

  • Speaker #1

    Mais descendre, ce n'est pas dix minutes.

  • Speaker #0

    Non, c'est très compliqué. Et puis on avait du coup laissé l'âne sur la crête pour aller plus vite. Il fallait qu'on le retrouve, enfin bref c'était un peu compliqué. Mais on a eu, sinon on a quand même eu de l'eau globalement sans problème avec les cimetières.

  • Speaker #1

    Et à manger aussi ?

  • Speaker #0

    Et à manger aussi, quand il y avait des problèmes, il y a des gens très sympas, une petite super-aide qui était fermée, la dame du village est venue nous, la super-aide est venue nous l'ouvrir exceptionnellement pour qu'on puisse se ravitailler.

  • Speaker #1

    Comment on rentre d'un voyage comme ça ? Parce que là, tu dis, tu arrives au monastère.

  • Speaker #0

    Oui. Bon, voilà.

  • Speaker #1

    Tu l'as fait,

  • Speaker #0

    quoi ? Après, on est restés une semaine, en gros, là-bas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Faire un peu une transition, se poser un peu et relire aussi notre petit carnet, parce qu'on avait pris des notes tous les soirs dans un petit carnet, chacun séparé. Et du coup, on a chacun relu aussi les notes des six mois pour relire un peu notre voyage et puis se poser un petit peu et faire une espèce de transition. Et puis après, il fallait qu'on rende l'âne. La nière qui venait chercher Bidouille. On a quand même ramené Bidouille chez elle, à côté de Gap.

  • Speaker #1

    Tu ramènes Bidouille à la maison.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais là ? Vous vous retrouvez tous les deux ?

  • Speaker #0

    On dort une dernière nuit sous la tente à côté de son pré, où elle a retrouvé tous ses copains. Et elle, très contente de retrouver sa vie, n'a plus du tout envie de repartir en rando avec nous. Donc elle commence à nous ignorer un petit peu. Donc on a quand même été lui dire au revoir le matin. C'était un peu triste. Et on est repartis sous la pluie, en stop du coup. En stop. Voilà. du coup là on pouvait faire du stop la maison de mes grands-parents à côté de Lyon où on s'est posé encore pour une deuxième transition pendant 3-4 jours avant de rentrer à Paris t'es re-rentrée en stop ?

  • Speaker #1

    non non on est rentrée en train du stop et donc qu'est-ce qu'il se passe quand tu rentres de côté ? t'as changé ?

  • Speaker #0

    je sais pas si j'ai changé, je crois pas avoir beaucoup changé mais ouais c'est quand même une expérience très marquante et on doit repasser c'est plus l'impression que c'était un peu une expérience un peu hors du temps et qu'on a dû revenir dans notre vie d'avant et reprendre le rythme très rapide et au début c'était pas facile et on était très frappés en rentrant par les bruits les odeurs, l'odeur de cigarette notamment dans la rue, qu'on avait pas senti depuis très longtemps les pots d'échappement, tout ça vraiment et le béton c'était assez agressif au début le retour dans une ville et puis on était plus trop habitués à avoir des discussions entre guillemets un peu mondaines enfin pas mondaines mais un peu de boulot de tout ça on était plus Du coup, on a mis du temps, quelques jours, en fait, on revient très vite, mais on n'était plus trop habitués aux conversations un peu du quotidien. Voilà, on a mis du temps. On a fait une petite réunion, un diapo photo où on racontait un peu notre voyage avec nos amis, notre famille. Du coup, on était content de pouvoir aussi raconter un peu.

  • Speaker #1

    Partager quoi. Et tu ne t'es pas dit, on va aller lever des chèvres dans l'arvaque ?

  • Speaker #0

    Non, je ne me suis pas dit ça parce qu'on aime tous les deux beaucoup nos métiers et qu'on est très content de ce qu'on fait. On ne s'est pas dit ça, mais partir dans un endroit où il y a plus de nature, c'était déjà le cas avant, mais ça ne fait que confirmer le fait qu'on aime bien ça. On est heureux aussi ici, on est heureux partout, mais on retient quand même beaucoup de beaux paysages qui permettent d'avoir un espèce de recul un peu constant. On a en tête tous ces paysages, ces lacs, ces montagnes, ces vaches, tout ça. et ça aide quand même parfois on sait que ça existe, on sait que c'est là et que ça reste immuable c'est assez rassurant et ça permet un espèce d'apaisement un peu aussi de fond Et on retient quand même aussi le contraste important entre la France belle et la France très moche. Et en fait, ça, c'était assez frappant quand même quand on la traverse, parce qu'on passe d'endroits vraiment magnifiques à tout d'un coup une espèce de zone industrielle, commerciale, d'espèces de pavillons périurbains. Et en fait, quand on les traverse à pied, c'est assez long, ces zones-là. Et c'est vraiment, vraiment très moche. C'est la France du plastique, la France des campings, la France de tout ça. C'est vraiment très moche. Et on sentait que quand on était dans cet endroit-là, on n'était pas bien. Et l'âne n'était pas bien parce qu'il y avait trop de béton, de plastique, de tout ça. Et nous aussi, en fait, on n'était pas bien.

  • Speaker #1

    T'es bien dans la nature.

  • Speaker #0

    En fait, on est bien là où l'âne est bien. On s'est rendu compte de ça. On a les mêmes besoins que l'âne.

  • Speaker #1

    Tu vas repartir ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas. J'aimerais bien.

  • Speaker #1

    Tu dis que tu referas en tout cas des jardins.

  • Speaker #0

    On aimerait bien. Après, il faut pouvoir le faire aussi logistiquement, financièrement.

  • Speaker #1

    Ça t'a coûté cher ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, on n'avait pas d'hôtel à payer et on avait juste notre nourriture. Et l'âne, ça n'a vraiment pas coûté cher. Donc en fait, ça n'a vraiment pas coûté cher, mais on avait quand même notre appartement, notre emprunt à rembourser. et après on est content quand même de travailler c'est aussi ce qu'on s'est dit pendant la marche c'est très bien de marcher comme ça il n'y aura pas une vie de pèlerin on n'a pas envie de passer notre vie sur les routes à voyager on trouve que ça n'a pas forcément non plus du sens d'être juste sur la route pour le principe de voyager et du coup on est content de travailler et d'être utile à la société enfin d'essayer en tout cas merci beaucoup

  • Speaker #1

    C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écouté jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcast et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite, merci et à bientôt !

Description

Claire est médecin psychiatre à l'hôpital.

Claire adore aussi la marche et la nature

Claire rêve de grands projets et…


Un beau jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle : tout quitter pour partir à l'aventure pendant 6 mois sur les routes de France. 


Mais attention, pas en tête a tête, ils decident d’embarquer un âne pour les aider à porter leurs bivouacs mais aussi pour constituer un troupeau plutôt qu’un duo.


Comme si tout ça n’était pas déjà assez fou, ils troquent leur smartphone pour un téléphone 9 touches et google maps pour des cartes IGN. UN vrai retour aux sources.


Claire, son mari, et leur adorable ânesse Bidouille se se lancent dans un périple de 3 500 km, huit heures de marche par jour et des nuits sous la tente. De la Beauce au Limousin, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus et les plus magnifiques de notre beau pays.


Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. 


Elle nous raconte tout : des préparatifs minutieux à la vie quotidienne sur les chemins, des galères aux moments magiques et bien sûr, du retour à la vraie vie et au bitume après 6 mois de Robinssonades. Attachez vos ceintures, ou plutôt, lacez vos chaussures de randonnée, et préparez-vous à être transportés par le récit enchanteur de cette épopée à travers les chemins noirs de France.


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Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles ou un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Ce serait vraiment un sacré coup de pouce pour nous !

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Production : Sakti Productions

Vous êtes une marque et vous souhaitez collaborer avec Beau Voyage

Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'âne fait tiers entre nous aussi, on s'est dit tous les deux coller pendant six mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne, on s'est dit on va trouver ça marrant. L'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas. C'est assez agréable parce que c'est un animal qui est très calme, assez contemplatif, très posé et qui apaise beaucoup. C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie un peu du quotidien. Et du coup, là, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Merapik au Népal, au tour du monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en âne dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus. des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Claire est médecin psychiatre à l'hôpital. Claire adore aussi la marche et la nature. Et Claire rêve de grands projets. Et un jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle. Tout quitter pour partir à l'aventure pendant six mois sur les routes de France. Mais attention, pas en tâtâté. Ils décident d'embarquer un âne pour les aider à porter leur bivouac et aussi pour constituer un troupeau plutôt qu'un duo. Comme si tout ça n'était pas assez fou, ils ont troqué leur smartphone pour un téléphone neuf touches et Google Maps pour des cartes IGN. Un vrai retour au sens. Claire et son mari et leur adorable Annette Bidouille se lancent dans un périple de 3500 km, 8 heures de marche par jour et beaucoup de nuit sous la tente. De la Beauce aux Limousins, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus de France. Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. Elle nous a tout raconté. Les préparatifs minutieux, la vie quotidienne sur les chemins, les galères, les moments magiques et aussi le retour à la vraie vie au bitume après six mois de Robinsonade. Alors attachez vos ceintures, ou plutôt lassez vos chaussures de rando. et préparez-vous à être transportés par le récit de Claire à travers les chemins noirs de France. Je suis contente de parler voyage avec toi ce matin.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    Le premier matin d'été, à peu près. Alors, est-ce que tu peux déjà te présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je m'appelle Claire, j'ai 33 ans, je suis médecin, psychiatre. Je suis mariée avec Louis-Marie, qui s'appelle LM, et qui lui est ingénieur entrepreneur. Et on aime le voyage, l'aventure, la liberté surtout.

  • Speaker #1

    Et on va parler d'une super aventure. Est-ce que déjà, toi, tu as beaucoup voyagé petite ?

  • Speaker #0

    des voyages à l'étranger un petit peu avec mes parents, mais pas non plus énormément. Et surtout, on a fait beaucoup de randonnées, de montagnes, de choses comme ça. Et c'est ça qu'on aime particulièrement.

  • Speaker #1

    Et donc, l'année dernière, vous vous êtes décidée pour vivre une aventure un peu dingue. Est-ce que tu peux nous raconter ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'était du coup en 2022. On est partis pendant six mois, de mai à novembre 2022, faire un espèce de tour de France. Pas un tour complet, mais en gros, un espèce de traversée de la France. Et du coup, on est partis tous les deux avec mon mari et un âne, plutôt une ânesse qui s'appelait Bidouille.

  • Speaker #1

    Si on va au tout début de l'histoire, comment tu te retrouves à partir déjà pendant six mois avec un âne et ton mari ?

  • Speaker #0

    Déjà peu après notre rencontre avec LM il y a douze ans maintenant, on avait cette envie de partir à un moment, marcher longtemps. On aime tous les deux la rando, surtout les grands espaces, la nature, le camping sauvage et l'itinérance. On fait beaucoup de randonnées pendant les vacances. On fait principalement ça pendant nos vacances. Des petites randos en itinérance de quelques jours et on avait l'envie de faire un jour une plus grande marche. On appelait ça la marche. On parlait tout le temps de la marche, un jour on fera la marche. Finalement, ce n'était pas si simple à organiser parce qu'il fallait que nos emplois du temps coïncident et qu'on puisse poser chacun six mois au même moment. Ça a mis un peu de temps à s'organiser et finalement, on a trouvé un créneau en 2022. On voulait partir un an initialement, mais finalement, six mois, c'était déjà bien organisé. Financièrement, c'était suffisant. Et après on s'est dit qu'est-ce qu'on va faire ? Une fois qu'on avait les six mois, on savait qu'on allait marcher six mois, mais on ne savait pas où, comment, rien du tout. Du coup au début on s'est posé la question de partir à l'étranger, on ne savait pas trop. Et puis finalement c'est apparu un peu comme une évidence pour nous que finalement la France c'était notre pays, qu'on ne connaissait pas si bien que ça, et qu'on avait l'occasion de pouvoir la connaître mieux, et qu'on aime la France. Et qu'il y a plein de paysages très variés, très diversifiés et magnifiques, et puis qu'on avait aussi les codes. On est français, on vient en France, on sait parler la langue, on s'est dit que ce serait peut-être plus simple pour rencontrer les gens aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'idée c'était aussi de rencontrer des gens ?

  • Speaker #0

    Ça faisait partie de l'idée, c'était beaucoup quand même d'être dans la nature, dans les grands espaces, d'être un peu, voilà, c'est le sentiment de liberté qu'on adore dans l'itinérance et qu'on voulait vraiment expérimenter là au long cours. Donc c'était beaucoup ça, mais c'était quand même aussi, on voulait aussi rencontrer les gens, c'était finalement l'objectif, alors ça a été plus ou moins accompli.

  • Speaker #1

    Et alors pourquoi t'embarques un âne ?

  • Speaker #0

    Et alors l'âne il s'est rajouté après, pour plusieurs raisons, déjà parce que moi j'avais fait des randonnées avec des ânes avec ma famille quand on était petits, quelques jours avec les parents, et j'avais bien aimé, parce que l'âne déjà il porte les affaires. Et c'est quand même pas négligeable parce qu'un sac sur le dos pendant six mois, en général assez lourd si on peut prendre une tente, etc. C'est assez lourd. Et donc déjà, ça enlève. Moi, je n'avais pas de sac du tout. Donc ça, c'est quand même pas mal. Et l'âne, il avait une cinquantaine, parfois un peu plus de kilos sur le dos avec tout son matériel à lui, son matériel à nous. C'était assez lourd. Il y avait plein de choses à prendre dans les sacoches. Et l'âne, il aide à rencontrer les gens beaucoup, parce qu'en fait l'âne attire énormément. Et on était vraiment, dès qu'on traversait un petit village ou des villes encore plus, vraiment il y a des groupements de gens autour de nous en permanence, parce que l'âne, ils viennent voir l'âne. En fait, ils ne viennent pas nous voir nous, ils viennent vraiment voir l'âne. c'est vrai que ça attire beaucoup et ça permet les rencontres beaucoup plus facilement c'est une autre manière de te connecter et puis l'âne il fait tiers entre nous aussi on s'est dit tous les deux coller pendant 6 mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne c'est trop marrant l'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas ça s'agresse que c'est un animal qui est très calme assez contemplatif très posé et du coup en fait il apaise beaucoup je trouve C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie du quotidien. Et du coup, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Tu décides d'avoir un âne. Comment tu choisis ton âne après ?

  • Speaker #0

    Alors ça, c'était un peu compliqué. Ça a mis quelques mois. On a cru d'ailleurs à un moment qu'on n'aurait pas d'âne. Parce qu'un mois avant le départ, on n'avait toujours pas notre âne. En gros, on voulait un âne qui soit déjà éduqué à la randonnée, parce qu'on n'avait pas le temps, nous, avant, avec nos boulots, d'acheter un âne, de l'éduquer, ça prend quand même du temps, et de partir ensuite à la marche. Du coup, on voulait un âne déjà éduqué, et du coup, on a contacté les âniers, il y a la Fédération Nationale des ânes de randonnée, et du coup, le problème, c'est que les âniers ont des ânes qui randonnent bien, et qui sont vraiment éduqués, qui n'ont pas peur de l'eau, des routes, des camions, de tout ça. En fait, ils les gardent pour eux, pour les louer aux familles l'été. Et du coup, s'ils n'avaient pas forcément envie de nous le donner, ils ne nous connaissent pas. Et puis leur âne, c'est important pour eux. Ils ne veulent pas le donner aux inconnus pendant six mois. Ce n'était pas simple. Et finalement, c'est sur Facebook. J'avais mis des messages sur tous les groupes d'ânes de Facebook. On est rentrés dans le monde des âniers qu'on ne connaissait pas du tout. Et il y a une ânière qui est à côté de Gap, en selle, dans le chambre-sort. de la belle Anne-Marie qui nous a finalement proposé Bidouille, qui finalement nous l'a proposé et puis après nous a dit finalement c'est pas possible et puis finalement elle est revenue vers nous après, elle est marchée dans le programme et heureusement on a pu avoir Bidouille qui a été vraiment l'Anne-Esse parfaite pour notre marche.

  • Speaker #1

    Et donc comment t'as rencontré Bidouille ?

  • Speaker #0

    Du coup mon mari est allé la chercher dans les Alpes avec un van, un vent. Il l'a ramenée en voiture dans les Yvelines, à côté de Rambouillet, chez ses parents qui sont agriculteurs là-bas. Et du coup, moi je l'ai rencontrée une fois qu'elle est arrivée là-bas. Et en gros, elle est arrivée 15 jours avant le départ.

  • Speaker #1

    Imagine si tu n'avais pas connecté avec Bidouille.

  • Speaker #0

    Au début, j'ai connecté, mais pas plus que ça, parce que c'était un âne comme un âne que je ne connaissais pas vraiment. Et puis moi, je ne suis pas forcément très à l'aise de base avec les animaux. Je ne suis pas du tout une grande fan de base et pas forcément très à l'aise. Du coup, moi, j'ai mis quand même 15 jours, je pense, à vraiment connecter et à l'aimer vraiment.

  • Speaker #1

    Il y a des petites larmes dans les yeux. Ok, donc tu as ton âne, et comment vous vous posez sur votre trajet alors ? Parce que tu dis que tu as six mois, tu sais que tu veux voir la France, mais après la France c'est...

  • Speaker #0

    Eh bien on a pris une grande carte de France, avec tous les parcs naturels régionaux, nationaux, et on s'est dit où est-ce qu'on veut aller ? On savait qu'on partirait du coup des Yvelines.

  • Speaker #1

    Ah, direct des Yvelines ?

  • Speaker #0

    Oui, des Yvelines directement, parce que c'était là qu'il y avait la ferme des parents d'Elem, et puis c'était simple d'avoir ça comme base de départ. En plus on n'avait plus d'appartement, on avait loué notre appartement. on était hébergés en attendant le départ donc on partirait de là et puis on voulait plutôt découvrir les régions qu'on connaissait pas très bien et surtout les régions vides en fait les régions où il y avait le moins de monde possible et les plus beaux paysages, c'est très beau partout mais en tout cas on voulait découvrir des régions qu'on connaissait un petit peu moins en fait on n'avait pas tracé de chemin de circuit défini avant le départ ça s'est fait un peu au fur et à mesure mais on avait une idée en gros des régions où on voulait aller donc plutôt le Massif Central, en gros le centre de la France Le Massif Central, le Sud-Est, toute la Lausère, les Alpes, un peu tout ce coin-là. Et donc, après, on a fait en gros un très, très grossier sur la carte de là où on voulait aller, mais qui a beaucoup changé en cours de route. Et en fait, après, on avait des cartes IGN, papier. On est parti sans portable, sans Internet, sans nos smartphones. Bien sûr,

  • Speaker #1

    tu t'es lancé plusieurs défis.

  • Speaker #0

    Voilà. Et du coup, on avait juste un petit téléphone à touche avec nos deux cartes SIM dedans pour pouvoir appeler quand même s'il y avait besoin. Et on appelait quand même nos familles régulièrement. Et voilà, mais on n'avait pas Internet et on ne voulait pas. C'était vraiment un choix de ne pas avoir de carte, de GPS. Et on voulait déconnecter complètement, justement, pouvoir vivre un peu comme avant. Enfin, pas comme avant, mais on trouve qu'on est beaucoup trop sur nos portables dans le quotidien. Et moi, je rêve d'un monde où il n'y a plus Internet et il n'y a plus de portables. Et voilà. Je trouve qu'on est moins en connexion les uns avec les autres et du coup on voulait vraiment déconnecter complètement et vivre sans... On s'est dit qu'avant tout le monde faisait très bien sans GPS et sans tout ça et qu'on y arriverait très bien avec nos cartes. Et puis on aime beaucoup les cartes IGN parce qu'il y a plein de signes dessus en fait tout est marqué dessus et il y a plein de vestiges du temps passé et il y a plein d'informations sur la carte si on regarde bien ne serait-ce que les cimetières par exemple qu'on a beaucoup cherché pendant six mois parce que c'est là où il y a de l'eau. toujours de l'eau dans les cimetières et donc on visait les cimetières enfin bref il y a plein de choses écrites sur les cartes t'as appris à les lire avant de partir ? je savais déjà lire en gros après c'est une grosse logistique et un gros budget parce que une carte IGN ça coûte cher et elle dure à peu près deux jours on la traite en deux jours on avait des cartes assez précises donc tu avais un stock dans ton sac à dos du coup on avait en gros une vingtaine de cartes dans notre sac, on ne pouvait pas tout porter mais à la fin on en a eu 75, 80 à peu près en gros on avait un stock dans notre sac à dos enfin dans notre sacoche de l'âne à chaque fois qu'on avait utilisé notre stock on le renvoyait par la poste à notre base à côté de Paris une base logistique et on faisait commander par nos proches du coup Ils nous ont quand même aidé par la poste restante dans un bureau de poste dans lequel on allait passer les prochaines dates.

  • Speaker #1

    La poste restante, donc ça existe encore.

  • Speaker #0

    On a utilisé la poste restante, voilà. Eh bien, ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Comment ça marche, la poste restante ? C'est quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on commande. C'est juste qu'au lieu de mettre une adresse de livraison chez nous, on met une adresse de livraison qui est dans un bureau de poste. Et du coup, on se fait libérer. Avec ton nom ? Avec ton nom. Et après, tu arrives au bureau de poste et tu demandes ton colis, on te le donne. Il faut juste, dans les campagnes, les bureaux de poste ne sont pas ouverts à des horaires très élargis. Donc, il ne faut pas louper le créneau. Sinon, tu attends deux jours dans ton village. Les cartes arrivent parce que je ne peux pas faire sans cartes.

  • Speaker #1

    C'est extra. Donc on a l'âne, on a la carte. Qu'est-ce qu'on met dans son sac à dos alors ?

  • Speaker #0

    Oula !

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'on prend comme sac ? Parce que ça peut intéresser aussi les gens.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Alors on avait deux sacoches du coup pour l'âne. Les sacoches habituelles, on avait le bas, donc le bas sur lequel on pose les sacoches, c'était un bas croisé en bois. Et les sacoches nous avaient été données par l'année. En gros, dans les sacoches, on mettait le matériel de l'âne qui est assez conséquent en fait parce qu'il faut une longe pour la nuit. d'à peu près 20 mètres, plus du coup un piquet, plus un marteau, plus une lime pour ses sabots, plus une petite pharmacie pour l'âne, un répulsif pour les mouches, un petit bandeau pour les mouches. Il faut un peson pour pouvoir peser les sacoches tous les matins, parce qu'il faut qu'elles fassent pile le même poids, sinon le bas tourne en permanence, et déjà il tournait beaucoup, mais c'est vraiment très pénible de le remettre en permanence, mais c'est pas moi qui le faisais, mais c'était vraiment très pénible. Donc il y a quand même pas mal de matériel déjà pour l'âne, et la brosse bien sûr. Et après, il y avait un peu de nourriture quand même pour nous, et l'avantage d'avoir un âne, c'est qu'on pouvait avoir à peu près 5 jours d'autonomie, parce qu'on avait un peu plus de poids possible que si c'était sur notre dos, et on ne mangeait pas que du lyophilisé pendant 6 mois, donc on avait quand même des fruits, des légumes, quelques boîtes de conserve, enfin voilà. On avait l'eau bien sûr, qui reste toujours assez lourde, et après on avait un autre sac au-dessus. qu'on appelait Hortlib, parce que c'était sa marque, et qui était un sac très imperméable, très résistant, une espèce de gros boudin, dans lequel on avait les affaires plutôt un peu plus propres avec nos affaires à nous, les cartes, plein de choses. Et nous, nos affaires à nous, il n'y avait pas grand-chose. En termes d'habits, il n'y avait vraiment presque rien. Ça tenait presque dans une main. Il n'y avait vraiment pas grand-chose, le strict minimum. Et d'ailleurs, on est partis avec... pas mal de kilos, mais on s'est pas mal délesté en route et on ne peut regarder vraiment que l'essentiel. Et c'était vraiment un espèce de dépouillement. On avait vraiment le strict minimum. Et à un moment, l'âne boitait, donc on a dû renvoyer pas mal de kilos. Notamment les jumelles. On avait un petit livre de botanique. On s'est dit, on va prendre toutes les plantes. Finalement, du coup, on n'a pas pu le faire. On a dû tout renvoyer pour limiter au maximum le poids. On ne voulait pas abîmer les sacs de notre âne.

  • Speaker #1

    Une paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Oui, une paire de chaussures.

  • Speaker #1

    Tu les avais testées un peu avant ?

  • Speaker #0

    On avait des tongs aussi, le soir éventuellement, mais une paire de chaussures, non, que je n'avais pas testé avant, que j'avais porté deux jours avant de partir. des chaussures de trail mais très renforcées, pour être légères mais à la fois résistantes.

  • Speaker #1

    Une pharmacie ?

  • Speaker #0

    Petite pharmacie, pas grand-chose, et on n'a presque rien utilisé, à part les pincétiques. Et voilà, on est un peu désinfectant parfois, mais franchement... Une tente ? Même pas pris au Doliprane, je crois. Ouais, une tente. Alors on a eu beaucoup d'aventures de tente. On est parti avec notre tente historique qu'on avait depuis longtemps, qui nous a lâchés en cours de route. Après on a racheté une autre tente, mais pareil, on ne peut pas aller dans les magasins, c'était un peu compliqué. Et du coup, on a fini par avoir une autre tente par toute une année. Bref, c'est compliqué. Et l'autre tente n'était pas imperméable. Au premier orage, on était trempés. Donc on était un peu embêtés, parce que quand on n'a pas de toit, quand même, la tente, c'est très, très important. Bien sûr. Et donc, on a dû finalement... On a recommandé notre tente historique, mais ils avaient changé le modèle. Le piquet s'est cassé dès qu'on l'a remonté. Enfin bref, on a eu plein de problèmes. Et finalement, on a fini par aller dans une zone commerciale, au Puy-en-Velay, chez Décathlon. Et on a pris une... Tente parfaite. Tente parfaite.

  • Speaker #1

    Avec ton âne.

  • Speaker #0

    Avec notre âne. Là, on l'avait laissée, du coup, puis on volait dans un jardin. Et on était partis en stop, du coup, acheter notre tente.

  • Speaker #1

    Donc, tu as ton sac, ton âne. Tu l'as payé combien, ton âne, on peut dire ?

  • Speaker #0

    Vraiment pas cher. J'ai oublié le prix. Mais en gros, c'était vraiment pas cher. C'était genre 1 000 euros.

  • Speaker #1

    Et le deal, c'est qu'après, il retournait dans l'élevage ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça, parce que finalement au début on voulait acheter un âne, mais en fait c'était trop compliqué, et ça veut dire qu'il fallait qu'on l'éduque nous-mêmes, et en fait on n'avait pas le temps, et du coup finalement on a pu louer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te prépares toi un peu physiquement à aller marcher comme ça pendant 6 mois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, en fait on avait quand même une bonne condition physique, on fait pas mal de sport tous les deux et puis en fait on commençait par la Beauce donc c'était assez plat, on s'est entraîné en fait en cours de route.

  • Speaker #1

    Tu prends des livres ?

  • Speaker #0

    Alors très bonne question, oui j'avais un livre que je voulais finir donc j'ai pris un livre papier mais sinon on avait des liseuses parce que c'était trop lourd de prendre des livres et on voulait en prendre beaucoup et du coup on avait téléchargé plein de livres sur nos liseuses mais en fait on n'a pas du tout lu comme on pensait qu'on... C'est vrai ? Parce qu'en fait, on n'avait pas le temps. Ça peut paraître bizarre, mais on avait six mois pourtant sans vraiment d'activité à faire concrètement. Mais en fait, ça prend beaucoup de temps de toute la logistique de l'âne et du quotidien. Quand on marche, en fait, on ne peut pas lire. Et le soir, il y avait d'essayer de se laver, d'essayer de dîner avant que le soleil se couche. On regardait beaucoup l'âne, en fait, parce que c'est assez fascinant de le regarder vivre, se rouler, brouter.

  • Speaker #1

    C'était contemplatif.

  • Speaker #0

    C'était vraiment beaucoup plus contemplatif. on a remarqué qu'on a très besoin de le lire quand on est dans la ville mais en fait quand il y a des beaux paysages à regarder un soleil couchant et l'âne qui broute en fait on préfère juste regarder et après t'es cuite quoi et puis surtout on se couchait très tôt, on vivait avec le soleil on se couchait très tôt et donc ouais on a quand même lu mais pas autant que ce que tu pensais donc Tatou,

  • Speaker #1

    comment ça se passe ? Un matin, vous laissez vos téléphones

  • Speaker #0

    C'est ça, c'était dur. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est dur.

  • Speaker #0

    C'était le 2 mai du coup, 2022. Effectivement, on avait fait une petite fête la veille avec nos amis et notre famille. Puis on prépare nos sacs, on avait tout mis sur une grande bâche et on charge tout pour la première fois. Et on part pour la balade habituelle du dimanche qu'on fait souvent quand on est là-bas. Et là, au lieu de revenir, en fait, on ne s'arrête pas et on continue dans la forêt de Rambouillet du coup. Alors, laisser le téléphone, c'était compliqué. Tu te sois un peu nulle. Ouais, tu te sois un peu nulle et un peu vulnérable. Mais quelle libération quand c'est laissé. et au début ça nous manquait un peu et puis après vraiment très rapidement plus du tout et notamment on regarde beaucoup les nouvelles au quotidien, on lit pas mal d'articles et là vraiment ça nous a pas du tout manqué de pas avoir les nouvelles, on achetait le journal parfois mais voilà on a assez vite rattrapé les 6 mois c'est ça,

  • Speaker #1

    dans un métier où vous êtes hyper connecté aux autres dans la vie et tout, c'est fou de lâcher comme ça et est-ce qu'on a le droit de dormir où on veut ?

  • Speaker #0

    Ah alors non, parce qu'on est toujours chez quelqu'un, on ne sait jamais à personne, et du coup on ne peut pas en théorie, donc on demandait quand même régulièrement. En fait quand on part juste tous les deux avec notre tante en rando quelques jours, on dort sans vraiment forcément demander derrière un bosquet ou un truc.

  • Speaker #1

    Donc là par exemple, je pars demain avec mes enfants dans la forêt de Rambouillet, avec une tante sur le dos, le soir quand la nuit tombe, je m'arrête, je fais un feu, je fais un dîner, je dors.

  • Speaker #0

    C'est pas forcément autorisé.

  • Speaker #1

    Non mais c'est toléré. Si tu respectes la nature.

  • Speaker #0

    Voilà, tu respectes la nature, mais c'est pas forcément autorisé, et notamment les feux sont très très interdits. Donc partout où on était, on a fait un feu une seule fois au début dans le Berry, mais sinon on n'a jamais fait de feu. C'est la canicule en plus en 2022, donc on a fait très attention à ça. Puis en fait, comme on se couchait avec le soleil, on n'avait pas besoin de feu. D'accord. Mais sinon on en fait pas mal quand on est en montagne tout ça, mais là on en a pas trop fait avec l'âne. Et du coup en fait souvent on demandait quand même avec un âne on passe pas inaperçu donc on peut pas trop se cacher derrière un petit bosquet. Et du coup on demandait souvent aux agriculteurs en fait si on pouvait, ils avaient pas un petit coin, on pourrait mettre le piquet de notre âne et notre tente pour la nuit. Ou pas aux agriculteurs d'ailleurs mais voilà des gens dans des villages et puis en fait on nous disait ben venez là, là il y a un jardin, là il y a un truc. Mais en fait l'âne il abîme quand même, il broute beaucoup, il se roule, il fait des crotins. On ne peut pas se mettre dans un jardin chez les gens. Il faut qu'il y ait de l'herbe à brouter pour la nuit. Et donc, on ne peut pas se mettre dans un endroit où c'est tendu. C'est quand même assez contraignant de trouver un endroit pour dormir avec un âne. En plus, il y a une longe qui fait 20 mètres de long, donc il faut qu'il puisse tourner autour de la longe, donc on voit un endroit assez grand. Donc ce n'était pas si simple, mais on a trouvé tous les soirs sans trop de difficultés, sauf dans le sud ou dans la côte d'Azur, où c'était un peu plus compliqué parce que c'est beaucoup plus construit. Et du coup, c'était moins simple de trouver des endroits avec plein d'herbes. On a manqué un peu d'herbes à cet endroit-là. Donc c'était un peu un stress pour ça, parce que là, on n'était pas bien quand on savait qu'elle n'était pas bien.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr

  • Speaker #0

    Mais sinon globalement on trouvait toujours un endroit Après pas forcément les endroits les plus sympas Parce que quand il y a un âne Nous on dort toujours avec notre âne Et donc il nous envoie dans l'endroit où il y a les herbes un peu hautes Par là bas au fond du champ C'est pas forcément l'endroit où il y aurait plus de palettes Il y avait un endroit à côté bien plus sympa Mais nous on va avec notre âne était là où l'âne était bien. Donc,

  • Speaker #1

    tu pars avec ton âne. Premier jour, tu lâches tout. Et après, à quoi ressemblent vos journées alors ?

  • Speaker #0

    À la fois toujours les mêmes et à la fois toujours très différentes. Il y a le temps un peu incompressible le matin de deux heures où on range tout, on fait sécher la tente qui est tout le temps trempée le matin. On s'occupe de l'âne, on le brosse. Et on petit déjeune, on prend le temps quand même de petit déjeuner le matin. On a un petit réchaud bien sûr et voilà. Et après une fois que tout est prêt, que les sacoches sont bien équilibrées et que tout le monde est prêt pour partir, on y va. Et là en gros on n'a pas d'objectif pour la journée à chaque fois, on avance et puis on verra bien où on va. Et il n'y a pas vraiment de trait défini donc on avance un peu au gré de... On sait en gros dans quelle direction on va et on prend beaucoup les chemins noirs. On essaye de prendre le plus possible les chemins noirs. les chemins noirs sur la carte c'est les chemins de randonnée en tout cas il y a les pointillés qui sont vraiment les chemins alors les chemins pointillés sur les cartes les chemins noirs pointillés ils existent pas forcément parce que souvent ils sont recouverts par les broussailles donc il faut faire attention et souvent on a été coincé parce qu'on espérait prendre ce petit chemin sur la carte et en fait il n'existe plus

  • Speaker #1

    Pourquoi on appelle ça les chemins noirs ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils sont noirs déjà sur la carte je pense et que du coup c'est les chemins de taille vraiment chemins de randonnée, c'est pas des chemins où des voitures peuvent pas passer et je sais pas Peut-être qu'il y a une autre raison, mais je ne la connais pas.

  • Speaker #1

    Pour les gens qui ne connaissent pas,

  • Speaker #0

    le chemin noir,

  • Speaker #1

    c'est les plus petits chemins de randonnée sur les cars.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est les petits chemins de randonnée. Alors les plus petits, c'est les pointillés noirs, après il y a les noirs, après il y a les blancs pointillés, après il y a les blancs pleins et après il y a les routes départementales, nationales, tout ça.

  • Speaker #1

    Mais votre idée c'était au max les pointillés noirs ?

  • Speaker #0

    Au max, c'est là où on est le mieux c'est là où c'est mieux pour les sabots de l'âne parce que l'âne quand c'est du goudron ça abîme ses sabots et donc c'est pas confortable et puis nous non plus et puis on voulait voir des voitures le moins possible et donc voilà on a dû quelques fois longer des nationales quelques centaines de mètres mais là c'était vraiment très inconfortable on se fait doubler par les camions très proches on espère que Bidouille va pas réagir alors elle était toujours géniale mais on a eu de la chance parce qu'il y avait quelques endroits quand même un peu dangereux donc voilà on essaye au maximum de prendre des chemins adaptés à Pidouille et à nous.

  • Speaker #1

    Donc tu marches un peu au gré du vent, tu parles, vous discutez tous les deux ou c'est en silence ?

  • Speaker #0

    Bonne question, j'avais peur qu'on ait rien à se dire pendant six mois et en fait, il n'y a pas eu de problème du tout, mais effectivement, il y a beaucoup de moments où on est en silence, notamment quand c'est dur, quand ça monte, quand il pleut, quand c'est pénible, chacun se concentre et avance. et en gros le moral varie beaucoup dans une même journée plus que dans notre vie entre guillemets normale parce qu'il y a beaucoup de moments où c'est dur des moments où enfin on est arrivé, où c'est la pause déjeuner là c'est trop bien, après le soir, l'après-midi ça peut être un peu long, à la fin on en a marre, on trouve pas d'endroit pour dormir et puis quand enfin on est installé, posé là c'est trop bien, donc en fait ça varie beaucoup et donc on parle pas mal de bidouilles parce qu'il faut beaucoup s'occuper d'elles tout le temps vérifier que le bas tourne que ça tourne pas le chargement Remettre ça en place, ne pas perdre une bouteille d'eau sur le chemin, qui était coincée dans l'étendeur. Vérifier qu'il n'y ait pas un caillou dans son sabot. On était tout le temps un peu concentrés pour être sûr qu'elle allait bien, parce qu'on savait que si elle n'allait pas bien, c'était la fin du voyage aussi. Et notamment, nous avions beaucoup dit, pas de pieds, pas d'âne. En gros, les sabots de l'âne, c'est très très précieux. Et elle avait pas mal de problèmes. À ce niveau-là, on est parti avec une fourmilière. bactéries, champignons qui bouffent l'intérieur du sabot. Et donc en fait, on ne savait pas en partant, mais elle boitait déjà un petit peu. On s'est dit bon. Et en fait, elle avait très vite, ça a fait un énorme trou dans son sabot qui était creusé. Et donc au bout d'une semaine, en fait, on... Au bout d'une semaine ? C'était horrible, au bout d'une semaine elle boitait énormément, on a dû voir un maréchal Ferrand, heureusement on a eu beaucoup de chance qu'il était sur notre chemin, parce qu'on ne peut pas à Paris prendre rendez-vous, on n'a pas internet, tout ça est très très compliqué sans internet. Et heureusement du coup il a posé des fers très rapidement, et puis on a vu...

  • Speaker #1

    Comment tu rencontres un maréchal Ferrand quand tu es dans la forêt de Rambouillet ?

  • Speaker #0

    Eh bien on n'était pas dans la forêt de Rambouillet à ce moment-là, on était déjà vers... Parti ! D'abord on est allé vers Chartres, puis après on est descendu par la Beauce, donc c'était plutôt par là-bas. Et on a eu beaucoup de chance parce que LM avait... Une amie, alors on connaît une seule vétérinaire dans toute la France, mais il se trouve qu'elle était dans cette région-là, et du coup on lui a demandé des contacts, il avait son téléphone, on lui a demandé des contacts de... de Marie-Chauferan, elle a donné ce contact, et il était, il se trouve, le lendemain matin, quand on en avait besoin, dans le centre équestre, à côté de là, on a eu plein de chances comme ça, un peu tout le temps. Et voilà, donc on a pu quand même, sinon on demande à des gens, sinon on demande aussi dans les centres équestres, pas mal, s'ils ont des contacts de Marie-Chauferan, donc on en a eu quatre, je pense, de Marie-Chauferan, pour enlever les fers, poser les fers, c'était plus ou moins pénible.

  • Speaker #1

    Elle fait des caprices, bidouille ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout, elle n'aimait pas les marais-chauferans, donc elle se cabrait un peu, et c'était dur, parce qu'on voyait qu'elle n'était pas bien. Mais sinon, non, non, elle a toujours avancé, elle avait peur de rien, donc elle ne se bloquait pas devant une flaque d'eau, il y a beaucoup d'ânes qui font ça, qui se bloquent devant une flaque d'eau, qui s'allongent par terre, qui ne veulent pas avancer, nous on n'a jamais eu ce problème-là, elle a toujours avancé, et après au début elle nous teste, elle essaie de sentir, il faut montrer que c'est toi quand même qui dirige au début, donc il faut toujours qu'il y en ait normalement un devant et un derrière, un pour guider et l'autre pour qu'elle avance, parce qu'on ne tire pas un âne, on le pousse par derrière quand il n'avance pas, ça ne sert à rien de le tirer par devant.

  • Speaker #1

    On a traversé un petit bout des Pyrénées en âne avec mes enfants et elle nous avait dit, prenez un âne, vous allez voir, il a la maturité d'un enfant de 6 ans. Et j'avais un fils de 6 ans à l'époque et il va voir ce que c'est. Et effectivement, tu vois un petit caprice, tout d'un coup, il ne veut plus avancer. Donc lui, il tire, tu pousses, tu essayes, tu lui parles doucement. Alors évidemment, en une semaine, en plus, tu n'as pas le temps de créer la relation que toi, tu as créée avec ton âne. Mais c'est marrant de voir un peu le charmer, travailler avec quelqu'un d'autre dans notre famille, et avec un caractère qu'on connaissait pas, c'est plutôt compliqué.

  • Speaker #0

    Mais en fait, en général, quand elle veut pas avancer, c'est arrivé une ou deux fois, et en général, il y a une raison, et elle a en général raison. On voulait par exemple lui faire traverser les rivières, on voyait pas trop le fond, là elle a pas voulu y aller, et franchement, on comprend, elle était quand même prudente. après souvent quand il y avait une rivière à traverser on passait dans la rivière et elle parfois elle avait peur du coup elle faisait des sauts pour sauter la rivière quand elle voit pas trop le fond voilà elle est prudente c'était plutôt de la prudence je trouve que du mauvais caractère donc tu marches tu t'arrêtes pour déjeuner quand il y en a un qui en a marre qui a besoin d'un break on s'arrête pour déjeuner ouais c'est ça quand on en a marre on trouve un petit coin et on s'arrête et on déjeune quoi alors ? toujours la même chose Toujours la même chose, on n'est pas très compliqués au niveau nourriture, donc ça on s'en fiche un peu, mais c'est vrai qu'on a vraiment mangé la même chose pendant six mois. Des pâtes, du riz, des boîtes de conserve de sardines, des boîtes de conserve de ratatouille, des fruits, du chocolat, du melon. Beaucoup de melon. Et voilà.

  • Speaker #1

    Simple, quoi.

  • Speaker #0

    Très simple. Ça, ça ne nous dérange pas.

  • Speaker #1

    Comment tu te laves ?

  • Speaker #0

    On avait un bidon d'hécatelon en plastique de 10 litres qu'on pouvait plier, qu'on remplissait d'eau froide, bien sûr. Et on avait une petite gamelle pour se laver. Donc on ne se lavait pas les cheveux avec notre bidon parce que ce n'est pas suffisant. Mais en gros, on avait besoin de 2 litres chacun pour se laver. et on gardait le reste pour les cheveux dans les cimetières ou parfois dans les campings, on s'arrêtait parfois dans des campings quand on avait besoin de se poser on faisait en gros une pause d'une journée tous les 10-15 jours sans marche et puis pour pouvoir ne pas avoir la logistique matin et soir tout le temps parce que ça c'est quand même un moment un peu usant et du coup ça faisait une pause et en général là on allait dans des campings pour pouvoir faire des machines être un peu posé à un endroit sans avoir à chercher un lieu euh... sans avoir à se protéger des gens pendant une journée parce que c'est un peu délicat quand même de dire on s'installe chez vous.

  • Speaker #1

    Et quoi de ton âne dans les campings ?

  • Speaker #0

    En général, ils sont sympas, ils acceptent qu'on le mette un peu à côté. En général, ils ont souvent un terrain pas trop tondu, pas loin. Mais le problème des campings, c'est que l'herbe est tondue partout. Donc il faut trouver un endroit en général un peu à côté pour l'âne. Mais on a toujours trouvé.

  • Speaker #1

    Et là, tu te frottes un peu à la civilisation en plus quand même quand t'arrives au camping.

  • Speaker #0

    Oui, du coup, on est un peu l'attraction du camping en général. On est un peu gênés qu'on ait du monde autour parce que l'âne y brait quand même de temps en temps. Et quand il brait, c'est très très fort et ça réveille. On a été beaucoup réveillés par Bidouille la nuit. et enfin la nuit au petit matin le brement de 5h du mat c'est la classique et du coup on était un peu gênés quand même on avait peur que ça dérangeait les autres donc on était plus tranquille quand on était au milieu de nulle part c'est ce que tu recherchais quoi ouais c'est ce que je recherchais et vous avez pris un appareil photo ? oui on avait un appareil photo réflexe un peu lourd au début on a dû faire une petite pause au milieu de notre marche pour le mariage de mon beau frère et du coup à ce moment là on a changé pour un plus petit parce que c'était trop lourd en fait d'accord mais t'avais quand même envie d'avoir ça ouais on a pris 5000 photos Donc voilà, et j'ai fini les albums photos, parce que du coup il y en a quatre, ça rentrait pas dans un seul la semaine dernière. C'est bien, on les a appelés...

  • Speaker #1

    Tu nous enverras plein de belles images.

  • Speaker #0

    On les a appelés au bord de la France, les albums photos, parce qu'on s'est vraiment sentis un peu au bord du monde et au bord de la France du coup. Pendant ces six mois, un peu en décalage permanent avec les gens qu'on croisait, on était tout le temps un peu au bord des chemins. On n'était pas du tout rejetés, mais forcément on ne pouvait pas aller partout avec notre haine et on n'était pas les bienvenus partout. Et on s'est sentis un petit peu en décalage et un peu vulnérables aussi parce qu'on n'avait pas de toit, rien du tout. Et c'est quand même une expérience, alors bien sûr avec toute la sécurité qu'on a derrière nous, donc c'est pas du tout comparable à ceux qui n'ont vraiment pas de toit. mais on s'est senti quand même assez vulnérable à la météo quand il y a un orage, qu'on voit les nuages noirs qui arrivent, en fait on est dehors

  • Speaker #1

    Tu recherchais ça un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais on recherchait ça, on recherchait surtout la liberté qu'on a un peu moins ressenti quand même que quand on est juste tous les deux avec nos sacs à dos parce que l'âne c'est quand même un peu en fil à la patte et on peut pas aller partout on peut pas par exemple faire du stop s'il y a un passage un peu pénible dans une zone commerciale un peu urbaine, on doit la traverser à pied Oui Puis c'est un gros animal de 300 kilos qu'il faut gérer, qui est aussi imprévisible parfois. C'est quand même un stress, c'est une charge mentale de voir l'âne quand même au quotidien, même si on a adoré. Mais ce n'est pas pareil, le sentiment de liberté totale n'est pas le même avec un âne à gérer.

  • Speaker #2

    Every time I look around, I hope to find you looking back at me. You're everything I ever hoped to see.

  • Speaker #1

    T'as eu des galères avec ton âne ?

  • Speaker #0

    Elle est quand même tombée dans un ravin une fois, elle s'est enlisée dans une tourbière dans le Cantal, le vent par terre.

  • Speaker #1

    Mais comment tu l'as sortie ?

  • Speaker #0

    On a eu très peur, elle a paniqué en plus, elle s'épuisait en paniquant en essayant de sortir, il n'y avait personne, et après on est un peu bête aussi parce qu'il y avait un panneau interdit aux chevaux. Mais on s'est dit, on n'a pas de cheval, on a un âne. Mais en fait, il y avait une passerelle avec des planches pour passer au-dessus de la tourbière, mais c'était des planches pourries, donc c'était encore plus dangereux de passer sur la passerelle parce qu'elle allait tomber, elle allait mettre un pied au milieu des planches, et du coup, on est passé en dessous, dans la tourbière, qui nous paraissait assez sèche, mais il y a un endroit où c'était encore très humide, et là, elle s'est enfoncée. Et du coup, on l'a déchargée. qu'elle soit moins lourde pour sortir. On l'a poussée, on s'est mis derrière pour la pousser.

  • Speaker #1

    Mais toi, tu ne prenais pas le risque de t'enfoncer aussi ?

  • Speaker #0

    Non, nous, ça allait. On est moins lourds et ça allait. Nous, ça allait. Mais finalement, elle a fini dans un ultime élan de courage à mettre ses pattes avant, en dehors de la tourbière. Et heureusement, ce n'était pas très large, cet endroit très profond. Et du coup, elle a réussi à sortir, mais on a eu très peur. Et le ravin aussi, c'était un peu chaud. Elle a eu des poux aussi. On est parti avec des poux, mais on ne le savait pas. Enfin, pas nous.

  • Speaker #1

    mais l'âne et c'est les mêmes poux ?

  • Speaker #0

    non c'est pas les mêmes heureusement du coup il a fallu qu'on trouve un vétérinaire aussi pour nous trouver le produit pour les poux on a mis je comprends que ton mec il a eu envie de l'abandonner enfin de l'abandonner de la ramener à la maison il y a eu le problème de sa peau, à un moment il a boité pendant une semaine du coup on a dû s'arrêter dans un endroit qui était vraiment pas confortable dans la creuse On se prenait que des orages toute la journée, on était dans une espèce de ferme, c'était très mal, il y avait plein de moustiques partout et on devait attendre qu'elles récupèrent. Elle est mieux. Mais on ne savait même pas ce qu'elle avait. Après une semaine où on pensait qu'elle boitait moins, on a tout remis sur son dos et là au premier pas elle boitait comme avant. On était vraiment désespérés, on pensait que c'était la fin du voyage, c'était au bout de deux mois. Et on a vu un vétérinaire à ce moment-là qui a fait plein de tests de piqûres, de radio, de tout ça, qui ne savait pas trop ce qu'elle avait. En fait elle ne boitait pas trop quand elle n'était pas chargée, donc il me prenait un peu pour des... Voilà, il disait bon ça va, elle ne boite pas, votre année, ça va bien. Et en fait quand on l'a chargée, il a vu qu'effectivement elle boitait énormément, chargée, et il a dit vous n'allez pas aller loin. C'est... Oula, bon courage mais... vous allez aller quelques kilomètres plus loin mais pas beaucoup plus et en fait on a beaucoup desserré sa sangle ventrale en desserrant, du coup on ne la serrait même pas elle a arrêté de boiter donc on a eu beaucoup de chance mais on a quand même porté du coup son...

  • Speaker #1

    Mais ça a lu un livre un peu sur comment vivre avec un âne avant de partir ?

  • Speaker #0

    On avait lu un livre, ouais on avait lu deux livres là-dessus et on avait fait une formation d'une journée avec une dernière qui est dans le Vexin qui nous avait appris un peu comment aborder l'âne comment... Notamment par exemple quand on perd notre âne, ce qui est arrivé quand même un matin, on se réveille et l'âne n'était plus là, la longe s'était décrochée. Du coup là ça fait un peu peur quand même parce qu'on est responsable de cette âne et il est en liberté, on ne sait pas où, il y a des routes autour, enfin c'est un peu stressant. Du coup on avait appris que souvent les ânes rebroussaient le chemin, ils refaisaient le chemin inverse. Du coup on n'était quand même pas sûr à 100%, du coup on est quand même partis l'un dans un sens, l'un dans l'autre. On n'avait pas de portable pour se parler, donc moi j'avais appelé la gendarmerie quand même pour les prévenir qu'il y avait un âne qui errait. Voilà. Et en fait, on a retrouvé l'âne 5 km en arrière.

  • Speaker #1

    On avait refait le chemin de la mètre en arrière.

  • Speaker #0

    Et du coup, on a demandé aux gens sur les chemins si elles avaient vu un âne. Ah bah oui, je l'ai vu passer, mais c'était il y a au moins une heure. Puis on continue, on continue. Puis on la trouve, en fait, elle arrivait à 50 mètres d'une nationale hyperpassante. On a quand même beaucoup de fois eu beaucoup de chance.

  • Speaker #1

    C'était quand même un sujet. Oui,

  • Speaker #0

    c'était quand même un sujet.

  • Speaker #1

    Est-ce que sur la route, il y a des copains qui vous ont retrouvés ?

  • Speaker #0

    Pas beaucoup, parce qu'on ne le souhaitait pas forcément initialement. On s'était dit qu'on part en France, mais ce n'est pas pour qu'on soit l'agence de voyage de tout le monde. On voulait vraiment couper aussi, non pas qu'on ne peut pas les voir, mais qu'on voulait aussi que ce soit un peu notre aventure tous les deux. enfin tous les trois avec Bidouille et du coup on a quand même un couple de copains qui nous ont rejoints pour une soirée parce qu'ils habitaient à Orléans et on n'était pas loin donc ils sont venus faire un feu avec nous c'est là où on a fait un feu et voilà mais juste une soirée on a un couple de copains qui sont venus un week-end en trois jours dans la Creuse mais c'était compliqué en fait parce que quand les gens nous rejoignent il faut qu'ils aient une gare ou un truc pas très loin enfin nous on fait pas une boucle et on veut pas enfin il faut que eux se greffent là où on en est et on peut pas prévoir on sait pas où on sera Donc en fait c'est très compliqué à anticiper et heureusement qu'on l'a pas trop fait parce que c'était quand même compliqué à anticiper.

  • Speaker #1

    Oui en fait ça te met des dates et des obligations alors que toi t'es partie pour être en emploi du temps.

  • Speaker #0

    Voilà, on a rien d'emploi du temps, on a aucune contrainte de rien et voilà après ma famille nous a rejoint pendant trois jours, le père d'Alème est venu aussi deux jours, trois jours. Voilà donc on avait des petits créneaux comme ça mais pas beaucoup et voilà en fait on avait l'avantage d'avoir un emploi du temps vide, un agenda vide. C'est magnifique ça. Et ça c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Et pendant...

  • Speaker #0

    C'était dur.

  • Speaker #1

    Tu vas me raconter. Et pendant six mois, il n'y a pas un soir où vous vous êtes dit, allez, viens, on craque, on se fait une bonne bouffe, on va à l'hôtel ?

  • Speaker #0

    Alors, si, mais c'est vraiment très peu arrivé. C'est arrivé peut-être cinq ou six fois, je pense, en six mois, qu'on dorme à l'intérieur. Et c'était un jour où on n'en pouvait plus, on était dans la dorm. Et il y avait vraiment des orages en permanence et des pluies vraiment. En fait, on s'était pris la veille un orage qui nous a fait vraiment peur. On était en haut d'une colline et toute la nuit s'était passé. On n'avait pas dormi de la nuit et il y avait orage sur orage. On n'est pas tombé loin et là, on ne voulait pas refaire une nuit comme ça. Mais c'est compliqué parce que quand on n'a pas Internet, on trouve un endroit qui accepte les ânes. Ce n'est pas simple. On l'a vraiment très peu fait, mais c'est quand même arrivé quelques fois. T'as guéfié quand même. Cinq fois. Oui, quand ça arrive, du coup, on est content.

  • Speaker #1

    La bonne douche chaude.

  • Speaker #0

    On dort bien, mais à l'intérieur, on étouffait vite. On n'était plus du tout habitués à être à l'intérieur, donc on dormait la fenêtre grande ouverte.

  • Speaker #1

    Si moi, je vais avec un âne ou pas d'âne, d'ailleurs, mais si j'ai envie d'aller marcher une semaine, c'est quoi le plus beau, là où tu étais le plus beau dans ton voyage ?

  • Speaker #0

    J'ai vraiment adoré la Lauser avec l'Aubrac, les Causses, les Cévennes. Là, c'est vraiment extraordinaire. On a parcouru vraiment la Lauser en long, large et en travers.

  • Speaker #1

    Donc Lauser, ça veut dire que je vais où en train ?

  • Speaker #0

    En train, je ne sais pas du coup, parce que moi, je n'arrive que à pied.

  • Speaker #1

    Mais la ville, la grande ville ?

  • Speaker #0

    La grande ville, c'est quoi ? On va regarder sur une carte.

  • Speaker #1

    Mais Lauser, j'y vais et je marche une semaine.

  • Speaker #0

    Oui, tu marches une semaine sans problème. Et sinon, on a couvé le Verdon, magnifique. Et sinon, les Alpes. Nous, on a traversé le Mercantour du nord au sud. et le Marc-en-Tour c'est extraordinaire on a bien aimé en gros préféré après tout le Massif Central tout est beau, franchement on a adoré tout même la Beauce, tout le monde nous dit la Beauce ça doit pas être très marrant et nous on a adoré la Beauce on a tout aimé en fait particulièrement la Lauser où c'est vraiment des grands paysages on va chercher la grande ville de Lauser et qu'est-ce que t'as trouvé comme petit ou grand moment de bonheur ? beaucoup de petits moments de bonheur en fait du quotidien, ne serait-ce que le moment le moment de bonheur de la journée c'est vraiment quand on est installé le soir On est arrivé, qu'on a trouvé un lieu, que l'âne est bien, en train de se rouler, que notre temps est monté, que les pâtes sont en train de chauffer. Et là, ça y est, là c'est trop bien, on est propre, on a pu se laver. C'est le petit bonheur du quotidien. C'est vrai que la vie est vraiment concentrée sur dormir, manger, se laver. C'est ça qui fait l'essentiel de notre quotidien. Et on retrouve vraiment le bonheur d'avoir pris une douche froide, parce que c'est ça qui est bien.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est retrouver le goût des petites choses.

  • Speaker #0

    Exactement, retrouver le goût des petites choses. Et après, il y a eu plein de moments, j'ai plein de paysages en tête, de souvenirs incroyables, notamment dans le Mercantour. Un souvenir incroyable, c'était avant de redescendre à la fin de la partie montagne qui a quand même duré trois semaines. La montagne avec un nain, c'est un peu stressant parce qu'il y a des chemins dangereux, il faut faire attention, il faut tout anticiper parce qu'avec les sacoches, il est plus large donc il peut vite basculer. Donc on devait être très concentré en montagne et on a peur de la météo, de tout ça. Et du coup, on était justement arrivé au dernier col de nos trois semaines de montagne et après on allait redescendre. Et en fait, dans ce dernier col, ça s'appelait le Pas du Diable dans le Mercantour, à côté de la Vallée des Merveilles. Il y avait en fait une énorme mer de nuages juste en dessous. Et donc, on a pu déjeuner avant de descendre dans les nuages, au-dessus de cette mer de nuages absolument magnifique. Vraiment un moment incroyable. On n'avait jamais vu une mer de nuages comme ça. Mais sinon, c'est surtout les petits bonheurs du quotidien et les rencontres aussi avec les gens. On a vraiment rencontré des gens extraordinaires, très courageux aussi. Beaucoup d'agriculteurs. Ils font vraiment vivre nos campagnes, la France. On a eu beaucoup de gratitude aussi. On a vraiment des rencontres de... Ils nous ont marqués aussi et on le voit encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    On attend ton livre, j'ai l'impression qu'il y a des trucs à raconter quand même. Et comment tu décides de rentrer ? Comment le chemin du retour se dessine ? Est-ce que tu te dis, dis donc, dans un mois, il faudrait qu'on soit à Paris ?

  • Speaker #0

    On reprenait nos boulots six mois après, donc on n'avait pas le choix. On savait qu'il fallait qu'on rentre. À un moment, on savait qu'il fallait qu'on définisse notre lieu d'arrivée parce qu'on ne savait pas du tout où on allait terminer notre voyage. Ça, c'était un peu dur d'ailleurs dans la motivation, de ne pas avoir de but, de point d'arrivée défini. Oui,

  • Speaker #1

    l'errance, en fait, c'était compliqué.

  • Speaker #0

    L'errance dans les moments où c'est dur, où on en a un peu marre, où il pleut, où c'est pas facile, alors il n'y a pas beaucoup plu, mais quand même, il y a des moments durs. Quand on n'a pas vraiment de but d'arriver, on nous avait beaucoup dit dans les livres qu'on avait lus, etc., le sens est dans le chemin, on s'en fiche un peu de l'arrivée, etc. En fait, on trouve que c'est pas forcément tout à fait vrai. Quand même, avoir un but, un endroit où tu veux arriver, ça aide dans la motivation au quotidien.

  • Speaker #1

    Carrément.

  • Speaker #0

    mais du coup on n'avait pas ce but là on ne savait pas du coup forcément pourquoi on continuait à marcher comme ça à errer un peu en France, sur les chemins de France et du coup un mois avant l'arrivée on voulait quand même un lieu d'arrivée qui ne soit pas juste un village comme ça au milieu de nulle part, qui n'a pas trop de sens on voulait terminer notre voyage du coup par le sud de la France en gros parce qu'en octobre il y a un peu plus beau dans le sud et du coup on avait entendu parler d'un lieu qui s'appelle la Sainte-Baume à côté de Marseille qui est très beau. Et du coup, on avait écrit pour savoir si on pouvait arriver là-bas. En fait, c'est un lieu où il y a un monastère avec des moines dominicains. Et ça correspondait à peu près à notre trajet, là où on comptait à peu près arriver dans un mois. Et on s'est dit, tiens, pourquoi pas aller là-bas ? Il paraît que c'est beau. Et puis, ça avait du sens quand même pour nous de finir sur une note un peu spirituelle. Et du coup, c'était finalement notre lieu d'arrivée à la Sainte-Baume, à côté de Marseille. Et donc,

  • Speaker #1

    t'arrives et t'arrives.

  • Speaker #0

    Et bien, t'arrives et t'arrives. Et c'est un peu bizarre, ce moment d'arrivée. Et c'est d'ailleurs marrant parce que LM, c'était beaucoup lui qui gérait l'âne au quotidien quand même, parce qu'il fallait porter beaucoup et voilà, il a plus de muscles que moi. Souvent, il en avait marre et il disait, l'âne quand même, c'est dur, donc les moments un peu de coup de mou. il voulait rendre l'âne parfois et il n'en pouvait plus une demi-heure avant l'arrivée il en avait encore marre alors qu'on était arrivés mais vraiment jusqu'au bout c'était quand même c'était pas si simple tous les jours c'était pas que génial de marcher en France en liberté dans les beaux paysages il y a quand même plein de moments qui sont un peu durs et longs et voilà et on se demande un peu ce qu'on fait là et quel sens ça a et vous êtes engueulée ? ah bah oui on s'est engueulée quand même mais Bidou t'es toujours d'accord avec moi donc ça allait merci

  • Speaker #1

    Et puis surtout, t'as pas le choix, en fait, t'es que tous les deux.

  • Speaker #0

    T'as pas le choix, oui. Après, on passe beaucoup de temps tous les deux, déjà, de base. Oui,

  • Speaker #1

    mais deux dans le silence, dans la nature, sans aucune autre attraction que l'un et l'autre, en fait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aucune autre attraction que l'un et l'autre, beaucoup quand même de grands espaces, donc on respire quand même vachement, donc c'est très agréable. Mais oui, on s'est engueulés, bien sûr, des histoires, mais un peu du quotidien, des trucs qu'on s'est pas beaucoup engueulés, d'ailleurs. Mais il y a eu une grosse engueulette sur une route nationale qu'on devait longer dans un tournant, c'était vraiment très, très dangereux. Et moi je voulais qu'on se mette de l'autre côté de la barrière et lui voulait qu'on se mette du côté de la route. Et finalement on s'est mis du côté de la barrière, enfin de l'autre côté, mais l'âne a failli tomber parce qu'on était très très pentus. Enfin bref, il y a un camion qui est passé, enfin bref c'était très compliqué.

  • Speaker #1

    Ça c'était la plus grosse engueulade.

  • Speaker #0

    Ouais c'était une grosse engueulade ça.

  • Speaker #1

    Ça va.

  • Speaker #0

    Mais ça va, il y a pire. Mais on a eu quand même pas mal de problèmes, de moments où l'âne a eu des problèmes.

  • Speaker #1

    L'eau, t'as toujours eu de l'eau ?

  • Speaker #0

    L'eau, ouais. Alors dans les Cévennes, on a manqué un peu d'eau. Mais du coup, on était obligés d'en avoir parce que nous, on doit boire et puis l'âne aussi. Et en fait, s'il n'y avait pas d'eau, on redescendait dans la vallée chercher de l'eau. Mais c'est vraiment très peu arrivé. Et on a eu un moment justement dans les Cévennes, on était sur des crêtes pendant plusieurs jours. Et donc là, il n'y avait pas de source. C'était très sec et les villages étaient en bas. Donc en fait, on a fini par descendre. On a trouvé une source.

  • Speaker #1

    Mais descendre, ce n'est pas dix minutes.

  • Speaker #0

    Non, c'est très compliqué. Et puis on avait du coup laissé l'âne sur la crête pour aller plus vite. Il fallait qu'on le retrouve, enfin bref c'était un peu compliqué. Mais on a eu, sinon on a quand même eu de l'eau globalement sans problème avec les cimetières.

  • Speaker #1

    Et à manger aussi ?

  • Speaker #0

    Et à manger aussi, quand il y avait des problèmes, il y a des gens très sympas, une petite super-aide qui était fermée, la dame du village est venue nous, la super-aide est venue nous l'ouvrir exceptionnellement pour qu'on puisse se ravitailler.

  • Speaker #1

    Comment on rentre d'un voyage comme ça ? Parce que là, tu dis, tu arrives au monastère.

  • Speaker #0

    Oui. Bon, voilà.

  • Speaker #1

    Tu l'as fait,

  • Speaker #0

    quoi ? Après, on est restés une semaine, en gros, là-bas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Faire un peu une transition, se poser un peu et relire aussi notre petit carnet, parce qu'on avait pris des notes tous les soirs dans un petit carnet, chacun séparé. Et du coup, on a chacun relu aussi les notes des six mois pour relire un peu notre voyage et puis se poser un petit peu et faire une espèce de transition. Et puis après, il fallait qu'on rende l'âne. La nière qui venait chercher Bidouille. On a quand même ramené Bidouille chez elle, à côté de Gap.

  • Speaker #1

    Tu ramènes Bidouille à la maison.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais là ? Vous vous retrouvez tous les deux ?

  • Speaker #0

    On dort une dernière nuit sous la tente à côté de son pré, où elle a retrouvé tous ses copains. Et elle, très contente de retrouver sa vie, n'a plus du tout envie de repartir en rando avec nous. Donc elle commence à nous ignorer un petit peu. Donc on a quand même été lui dire au revoir le matin. C'était un peu triste. Et on est repartis sous la pluie, en stop du coup. En stop. Voilà. du coup là on pouvait faire du stop la maison de mes grands-parents à côté de Lyon où on s'est posé encore pour une deuxième transition pendant 3-4 jours avant de rentrer à Paris t'es re-rentrée en stop ?

  • Speaker #1

    non non on est rentrée en train du stop et donc qu'est-ce qu'il se passe quand tu rentres de côté ? t'as changé ?

  • Speaker #0

    je sais pas si j'ai changé, je crois pas avoir beaucoup changé mais ouais c'est quand même une expérience très marquante et on doit repasser c'est plus l'impression que c'était un peu une expérience un peu hors du temps et qu'on a dû revenir dans notre vie d'avant et reprendre le rythme très rapide et au début c'était pas facile et on était très frappés en rentrant par les bruits les odeurs, l'odeur de cigarette notamment dans la rue, qu'on avait pas senti depuis très longtemps les pots d'échappement, tout ça vraiment et le béton c'était assez agressif au début le retour dans une ville et puis on était plus trop habitués à avoir des discussions entre guillemets un peu mondaines enfin pas mondaines mais un peu de boulot de tout ça on était plus Du coup, on a mis du temps, quelques jours, en fait, on revient très vite, mais on n'était plus trop habitués aux conversations un peu du quotidien. Voilà, on a mis du temps. On a fait une petite réunion, un diapo photo où on racontait un peu notre voyage avec nos amis, notre famille. Du coup, on était content de pouvoir aussi raconter un peu.

  • Speaker #1

    Partager quoi. Et tu ne t'es pas dit, on va aller lever des chèvres dans l'arvaque ?

  • Speaker #0

    Non, je ne me suis pas dit ça parce qu'on aime tous les deux beaucoup nos métiers et qu'on est très content de ce qu'on fait. On ne s'est pas dit ça, mais partir dans un endroit où il y a plus de nature, c'était déjà le cas avant, mais ça ne fait que confirmer le fait qu'on aime bien ça. On est heureux aussi ici, on est heureux partout, mais on retient quand même beaucoup de beaux paysages qui permettent d'avoir un espèce de recul un peu constant. On a en tête tous ces paysages, ces lacs, ces montagnes, ces vaches, tout ça. et ça aide quand même parfois on sait que ça existe, on sait que c'est là et que ça reste immuable c'est assez rassurant et ça permet un espèce d'apaisement un peu aussi de fond Et on retient quand même aussi le contraste important entre la France belle et la France très moche. Et en fait, ça, c'était assez frappant quand même quand on la traverse, parce qu'on passe d'endroits vraiment magnifiques à tout d'un coup une espèce de zone industrielle, commerciale, d'espèces de pavillons périurbains. Et en fait, quand on les traverse à pied, c'est assez long, ces zones-là. Et c'est vraiment, vraiment très moche. C'est la France du plastique, la France des campings, la France de tout ça. C'est vraiment très moche. Et on sentait que quand on était dans cet endroit-là, on n'était pas bien. Et l'âne n'était pas bien parce qu'il y avait trop de béton, de plastique, de tout ça. Et nous aussi, en fait, on n'était pas bien.

  • Speaker #1

    T'es bien dans la nature.

  • Speaker #0

    En fait, on est bien là où l'âne est bien. On s'est rendu compte de ça. On a les mêmes besoins que l'âne.

  • Speaker #1

    Tu vas repartir ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas. J'aimerais bien.

  • Speaker #1

    Tu dis que tu referas en tout cas des jardins.

  • Speaker #0

    On aimerait bien. Après, il faut pouvoir le faire aussi logistiquement, financièrement.

  • Speaker #1

    Ça t'a coûté cher ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, on n'avait pas d'hôtel à payer et on avait juste notre nourriture. Et l'âne, ça n'a vraiment pas coûté cher. Donc en fait, ça n'a vraiment pas coûté cher, mais on avait quand même notre appartement, notre emprunt à rembourser. et après on est content quand même de travailler c'est aussi ce qu'on s'est dit pendant la marche c'est très bien de marcher comme ça il n'y aura pas une vie de pèlerin on n'a pas envie de passer notre vie sur les routes à voyager on trouve que ça n'a pas forcément non plus du sens d'être juste sur la route pour le principe de voyager et du coup on est content de travailler et d'être utile à la société enfin d'essayer en tout cas merci beaucoup

  • Speaker #1

    C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écouté jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcast et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite, merci et à bientôt !

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Description

Claire est médecin psychiatre à l'hôpital.

Claire adore aussi la marche et la nature

Claire rêve de grands projets et…


Un beau jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle : tout quitter pour partir à l'aventure pendant 6 mois sur les routes de France. 


Mais attention, pas en tête a tête, ils decident d’embarquer un âne pour les aider à porter leurs bivouacs mais aussi pour constituer un troupeau plutôt qu’un duo.


Comme si tout ça n’était pas déjà assez fou, ils troquent leur smartphone pour un téléphone 9 touches et google maps pour des cartes IGN. UN vrai retour aux sources.


Claire, son mari, et leur adorable ânesse Bidouille se se lancent dans un périple de 3 500 km, huit heures de marche par jour et des nuits sous la tente. De la Beauce au Limousin, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus et les plus magnifiques de notre beau pays.


Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. 


Elle nous raconte tout : des préparatifs minutieux à la vie quotidienne sur les chemins, des galères aux moments magiques et bien sûr, du retour à la vraie vie et au bitume après 6 mois de Robinssonades. Attachez vos ceintures, ou plutôt, lacez vos chaussures de randonnée, et préparez-vous à être transportés par le récit enchanteur de cette épopée à travers les chemins noirs de France.


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Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles ou un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Ce serait vraiment un sacré coup de pouce pour nous !

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Production : Sakti Productions

Vous êtes une marque et vous souhaitez collaborer avec Beau Voyage

Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'âne fait tiers entre nous aussi, on s'est dit tous les deux coller pendant six mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne, on s'est dit on va trouver ça marrant. L'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas. C'est assez agréable parce que c'est un animal qui est très calme, assez contemplatif, très posé et qui apaise beaucoup. C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie un peu du quotidien. Et du coup, là, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Merapik au Népal, au tour du monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en âne dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus. des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Claire est médecin psychiatre à l'hôpital. Claire adore aussi la marche et la nature. Et Claire rêve de grands projets. Et un jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle. Tout quitter pour partir à l'aventure pendant six mois sur les routes de France. Mais attention, pas en tâtâté. Ils décident d'embarquer un âne pour les aider à porter leur bivouac et aussi pour constituer un troupeau plutôt qu'un duo. Comme si tout ça n'était pas assez fou, ils ont troqué leur smartphone pour un téléphone neuf touches et Google Maps pour des cartes IGN. Un vrai retour au sens. Claire et son mari et leur adorable Annette Bidouille se lancent dans un périple de 3500 km, 8 heures de marche par jour et beaucoup de nuit sous la tente. De la Beauce aux Limousins, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus de France. Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. Elle nous a tout raconté. Les préparatifs minutieux, la vie quotidienne sur les chemins, les galères, les moments magiques et aussi le retour à la vraie vie au bitume après six mois de Robinsonade. Alors attachez vos ceintures, ou plutôt lassez vos chaussures de rando. et préparez-vous à être transportés par le récit de Claire à travers les chemins noirs de France. Je suis contente de parler voyage avec toi ce matin.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    Le premier matin d'été, à peu près. Alors, est-ce que tu peux déjà te présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je m'appelle Claire, j'ai 33 ans, je suis médecin, psychiatre. Je suis mariée avec Louis-Marie, qui s'appelle LM, et qui lui est ingénieur entrepreneur. Et on aime le voyage, l'aventure, la liberté surtout.

  • Speaker #1

    Et on va parler d'une super aventure. Est-ce que déjà, toi, tu as beaucoup voyagé petite ?

  • Speaker #0

    des voyages à l'étranger un petit peu avec mes parents, mais pas non plus énormément. Et surtout, on a fait beaucoup de randonnées, de montagnes, de choses comme ça. Et c'est ça qu'on aime particulièrement.

  • Speaker #1

    Et donc, l'année dernière, vous vous êtes décidée pour vivre une aventure un peu dingue. Est-ce que tu peux nous raconter ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'était du coup en 2022. On est partis pendant six mois, de mai à novembre 2022, faire un espèce de tour de France. Pas un tour complet, mais en gros, un espèce de traversée de la France. Et du coup, on est partis tous les deux avec mon mari et un âne, plutôt une ânesse qui s'appelait Bidouille.

  • Speaker #1

    Si on va au tout début de l'histoire, comment tu te retrouves à partir déjà pendant six mois avec un âne et ton mari ?

  • Speaker #0

    Déjà peu après notre rencontre avec LM il y a douze ans maintenant, on avait cette envie de partir à un moment, marcher longtemps. On aime tous les deux la rando, surtout les grands espaces, la nature, le camping sauvage et l'itinérance. On fait beaucoup de randonnées pendant les vacances. On fait principalement ça pendant nos vacances. Des petites randos en itinérance de quelques jours et on avait l'envie de faire un jour une plus grande marche. On appelait ça la marche. On parlait tout le temps de la marche, un jour on fera la marche. Finalement, ce n'était pas si simple à organiser parce qu'il fallait que nos emplois du temps coïncident et qu'on puisse poser chacun six mois au même moment. Ça a mis un peu de temps à s'organiser et finalement, on a trouvé un créneau en 2022. On voulait partir un an initialement, mais finalement, six mois, c'était déjà bien organisé. Financièrement, c'était suffisant. Et après on s'est dit qu'est-ce qu'on va faire ? Une fois qu'on avait les six mois, on savait qu'on allait marcher six mois, mais on ne savait pas où, comment, rien du tout. Du coup au début on s'est posé la question de partir à l'étranger, on ne savait pas trop. Et puis finalement c'est apparu un peu comme une évidence pour nous que finalement la France c'était notre pays, qu'on ne connaissait pas si bien que ça, et qu'on avait l'occasion de pouvoir la connaître mieux, et qu'on aime la France. Et qu'il y a plein de paysages très variés, très diversifiés et magnifiques, et puis qu'on avait aussi les codes. On est français, on vient en France, on sait parler la langue, on s'est dit que ce serait peut-être plus simple pour rencontrer les gens aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'idée c'était aussi de rencontrer des gens ?

  • Speaker #0

    Ça faisait partie de l'idée, c'était beaucoup quand même d'être dans la nature, dans les grands espaces, d'être un peu, voilà, c'est le sentiment de liberté qu'on adore dans l'itinérance et qu'on voulait vraiment expérimenter là au long cours. Donc c'était beaucoup ça, mais c'était quand même aussi, on voulait aussi rencontrer les gens, c'était finalement l'objectif, alors ça a été plus ou moins accompli.

  • Speaker #1

    Et alors pourquoi t'embarques un âne ?

  • Speaker #0

    Et alors l'âne il s'est rajouté après, pour plusieurs raisons, déjà parce que moi j'avais fait des randonnées avec des ânes avec ma famille quand on était petits, quelques jours avec les parents, et j'avais bien aimé, parce que l'âne déjà il porte les affaires. Et c'est quand même pas négligeable parce qu'un sac sur le dos pendant six mois, en général assez lourd si on peut prendre une tente, etc. C'est assez lourd. Et donc déjà, ça enlève. Moi, je n'avais pas de sac du tout. Donc ça, c'est quand même pas mal. Et l'âne, il avait une cinquantaine, parfois un peu plus de kilos sur le dos avec tout son matériel à lui, son matériel à nous. C'était assez lourd. Il y avait plein de choses à prendre dans les sacoches. Et l'âne, il aide à rencontrer les gens beaucoup, parce qu'en fait l'âne attire énormément. Et on était vraiment, dès qu'on traversait un petit village ou des villes encore plus, vraiment il y a des groupements de gens autour de nous en permanence, parce que l'âne, ils viennent voir l'âne. En fait, ils ne viennent pas nous voir nous, ils viennent vraiment voir l'âne. c'est vrai que ça attire beaucoup et ça permet les rencontres beaucoup plus facilement c'est une autre manière de te connecter et puis l'âne il fait tiers entre nous aussi on s'est dit tous les deux coller pendant 6 mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne c'est trop marrant l'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas ça s'agresse que c'est un animal qui est très calme assez contemplatif très posé et du coup en fait il apaise beaucoup je trouve C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie du quotidien. Et du coup, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Tu décides d'avoir un âne. Comment tu choisis ton âne après ?

  • Speaker #0

    Alors ça, c'était un peu compliqué. Ça a mis quelques mois. On a cru d'ailleurs à un moment qu'on n'aurait pas d'âne. Parce qu'un mois avant le départ, on n'avait toujours pas notre âne. En gros, on voulait un âne qui soit déjà éduqué à la randonnée, parce qu'on n'avait pas le temps, nous, avant, avec nos boulots, d'acheter un âne, de l'éduquer, ça prend quand même du temps, et de partir ensuite à la marche. Du coup, on voulait un âne déjà éduqué, et du coup, on a contacté les âniers, il y a la Fédération Nationale des ânes de randonnée, et du coup, le problème, c'est que les âniers ont des ânes qui randonnent bien, et qui sont vraiment éduqués, qui n'ont pas peur de l'eau, des routes, des camions, de tout ça. En fait, ils les gardent pour eux, pour les louer aux familles l'été. Et du coup, s'ils n'avaient pas forcément envie de nous le donner, ils ne nous connaissent pas. Et puis leur âne, c'est important pour eux. Ils ne veulent pas le donner aux inconnus pendant six mois. Ce n'était pas simple. Et finalement, c'est sur Facebook. J'avais mis des messages sur tous les groupes d'ânes de Facebook. On est rentrés dans le monde des âniers qu'on ne connaissait pas du tout. Et il y a une ânière qui est à côté de Gap, en selle, dans le chambre-sort. de la belle Anne-Marie qui nous a finalement proposé Bidouille, qui finalement nous l'a proposé et puis après nous a dit finalement c'est pas possible et puis finalement elle est revenue vers nous après, elle est marchée dans le programme et heureusement on a pu avoir Bidouille qui a été vraiment l'Anne-Esse parfaite pour notre marche.

  • Speaker #1

    Et donc comment t'as rencontré Bidouille ?

  • Speaker #0

    Du coup mon mari est allé la chercher dans les Alpes avec un van, un vent. Il l'a ramenée en voiture dans les Yvelines, à côté de Rambouillet, chez ses parents qui sont agriculteurs là-bas. Et du coup, moi je l'ai rencontrée une fois qu'elle est arrivée là-bas. Et en gros, elle est arrivée 15 jours avant le départ.

  • Speaker #1

    Imagine si tu n'avais pas connecté avec Bidouille.

  • Speaker #0

    Au début, j'ai connecté, mais pas plus que ça, parce que c'était un âne comme un âne que je ne connaissais pas vraiment. Et puis moi, je ne suis pas forcément très à l'aise de base avec les animaux. Je ne suis pas du tout une grande fan de base et pas forcément très à l'aise. Du coup, moi, j'ai mis quand même 15 jours, je pense, à vraiment connecter et à l'aimer vraiment.

  • Speaker #1

    Il y a des petites larmes dans les yeux. Ok, donc tu as ton âne, et comment vous vous posez sur votre trajet alors ? Parce que tu dis que tu as six mois, tu sais que tu veux voir la France, mais après la France c'est...

  • Speaker #0

    Eh bien on a pris une grande carte de France, avec tous les parcs naturels régionaux, nationaux, et on s'est dit où est-ce qu'on veut aller ? On savait qu'on partirait du coup des Yvelines.

  • Speaker #1

    Ah, direct des Yvelines ?

  • Speaker #0

    Oui, des Yvelines directement, parce que c'était là qu'il y avait la ferme des parents d'Elem, et puis c'était simple d'avoir ça comme base de départ. En plus on n'avait plus d'appartement, on avait loué notre appartement. on était hébergés en attendant le départ donc on partirait de là et puis on voulait plutôt découvrir les régions qu'on connaissait pas très bien et surtout les régions vides en fait les régions où il y avait le moins de monde possible et les plus beaux paysages, c'est très beau partout mais en tout cas on voulait découvrir des régions qu'on connaissait un petit peu moins en fait on n'avait pas tracé de chemin de circuit défini avant le départ ça s'est fait un peu au fur et à mesure mais on avait une idée en gros des régions où on voulait aller donc plutôt le Massif Central, en gros le centre de la France Le Massif Central, le Sud-Est, toute la Lausère, les Alpes, un peu tout ce coin-là. Et donc, après, on a fait en gros un très, très grossier sur la carte de là où on voulait aller, mais qui a beaucoup changé en cours de route. Et en fait, après, on avait des cartes IGN, papier. On est parti sans portable, sans Internet, sans nos smartphones. Bien sûr,

  • Speaker #1

    tu t'es lancé plusieurs défis.

  • Speaker #0

    Voilà. Et du coup, on avait juste un petit téléphone à touche avec nos deux cartes SIM dedans pour pouvoir appeler quand même s'il y avait besoin. Et on appelait quand même nos familles régulièrement. Et voilà, mais on n'avait pas Internet et on ne voulait pas. C'était vraiment un choix de ne pas avoir de carte, de GPS. Et on voulait déconnecter complètement, justement, pouvoir vivre un peu comme avant. Enfin, pas comme avant, mais on trouve qu'on est beaucoup trop sur nos portables dans le quotidien. Et moi, je rêve d'un monde où il n'y a plus Internet et il n'y a plus de portables. Et voilà. Je trouve qu'on est moins en connexion les uns avec les autres et du coup on voulait vraiment déconnecter complètement et vivre sans... On s'est dit qu'avant tout le monde faisait très bien sans GPS et sans tout ça et qu'on y arriverait très bien avec nos cartes. Et puis on aime beaucoup les cartes IGN parce qu'il y a plein de signes dessus en fait tout est marqué dessus et il y a plein de vestiges du temps passé et il y a plein d'informations sur la carte si on regarde bien ne serait-ce que les cimetières par exemple qu'on a beaucoup cherché pendant six mois parce que c'est là où il y a de l'eau. toujours de l'eau dans les cimetières et donc on visait les cimetières enfin bref il y a plein de choses écrites sur les cartes t'as appris à les lire avant de partir ? je savais déjà lire en gros après c'est une grosse logistique et un gros budget parce que une carte IGN ça coûte cher et elle dure à peu près deux jours on la traite en deux jours on avait des cartes assez précises donc tu avais un stock dans ton sac à dos du coup on avait en gros une vingtaine de cartes dans notre sac, on ne pouvait pas tout porter mais à la fin on en a eu 75, 80 à peu près en gros on avait un stock dans notre sac à dos enfin dans notre sacoche de l'âne à chaque fois qu'on avait utilisé notre stock on le renvoyait par la poste à notre base à côté de Paris une base logistique et on faisait commander par nos proches du coup Ils nous ont quand même aidé par la poste restante dans un bureau de poste dans lequel on allait passer les prochaines dates.

  • Speaker #1

    La poste restante, donc ça existe encore.

  • Speaker #0

    On a utilisé la poste restante, voilà. Eh bien, ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Comment ça marche, la poste restante ? C'est quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on commande. C'est juste qu'au lieu de mettre une adresse de livraison chez nous, on met une adresse de livraison qui est dans un bureau de poste. Et du coup, on se fait libérer. Avec ton nom ? Avec ton nom. Et après, tu arrives au bureau de poste et tu demandes ton colis, on te le donne. Il faut juste, dans les campagnes, les bureaux de poste ne sont pas ouverts à des horaires très élargis. Donc, il ne faut pas louper le créneau. Sinon, tu attends deux jours dans ton village. Les cartes arrivent parce que je ne peux pas faire sans cartes.

  • Speaker #1

    C'est extra. Donc on a l'âne, on a la carte. Qu'est-ce qu'on met dans son sac à dos alors ?

  • Speaker #0

    Oula !

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'on prend comme sac ? Parce que ça peut intéresser aussi les gens.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Alors on avait deux sacoches du coup pour l'âne. Les sacoches habituelles, on avait le bas, donc le bas sur lequel on pose les sacoches, c'était un bas croisé en bois. Et les sacoches nous avaient été données par l'année. En gros, dans les sacoches, on mettait le matériel de l'âne qui est assez conséquent en fait parce qu'il faut une longe pour la nuit. d'à peu près 20 mètres, plus du coup un piquet, plus un marteau, plus une lime pour ses sabots, plus une petite pharmacie pour l'âne, un répulsif pour les mouches, un petit bandeau pour les mouches. Il faut un peson pour pouvoir peser les sacoches tous les matins, parce qu'il faut qu'elles fassent pile le même poids, sinon le bas tourne en permanence, et déjà il tournait beaucoup, mais c'est vraiment très pénible de le remettre en permanence, mais c'est pas moi qui le faisais, mais c'était vraiment très pénible. Donc il y a quand même pas mal de matériel déjà pour l'âne, et la brosse bien sûr. Et après, il y avait un peu de nourriture quand même pour nous, et l'avantage d'avoir un âne, c'est qu'on pouvait avoir à peu près 5 jours d'autonomie, parce qu'on avait un peu plus de poids possible que si c'était sur notre dos, et on ne mangeait pas que du lyophilisé pendant 6 mois, donc on avait quand même des fruits, des légumes, quelques boîtes de conserve, enfin voilà. On avait l'eau bien sûr, qui reste toujours assez lourde, et après on avait un autre sac au-dessus. qu'on appelait Hortlib, parce que c'était sa marque, et qui était un sac très imperméable, très résistant, une espèce de gros boudin, dans lequel on avait les affaires plutôt un peu plus propres avec nos affaires à nous, les cartes, plein de choses. Et nous, nos affaires à nous, il n'y avait pas grand-chose. En termes d'habits, il n'y avait vraiment presque rien. Ça tenait presque dans une main. Il n'y avait vraiment pas grand-chose, le strict minimum. Et d'ailleurs, on est partis avec... pas mal de kilos, mais on s'est pas mal délesté en route et on ne peut regarder vraiment que l'essentiel. Et c'était vraiment un espèce de dépouillement. On avait vraiment le strict minimum. Et à un moment, l'âne boitait, donc on a dû renvoyer pas mal de kilos. Notamment les jumelles. On avait un petit livre de botanique. On s'est dit, on va prendre toutes les plantes. Finalement, du coup, on n'a pas pu le faire. On a dû tout renvoyer pour limiter au maximum le poids. On ne voulait pas abîmer les sacs de notre âne.

  • Speaker #1

    Une paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Oui, une paire de chaussures.

  • Speaker #1

    Tu les avais testées un peu avant ?

  • Speaker #0

    On avait des tongs aussi, le soir éventuellement, mais une paire de chaussures, non, que je n'avais pas testé avant, que j'avais porté deux jours avant de partir. des chaussures de trail mais très renforcées, pour être légères mais à la fois résistantes.

  • Speaker #1

    Une pharmacie ?

  • Speaker #0

    Petite pharmacie, pas grand-chose, et on n'a presque rien utilisé, à part les pincétiques. Et voilà, on est un peu désinfectant parfois, mais franchement... Une tente ? Même pas pris au Doliprane, je crois. Ouais, une tente. Alors on a eu beaucoup d'aventures de tente. On est parti avec notre tente historique qu'on avait depuis longtemps, qui nous a lâchés en cours de route. Après on a racheté une autre tente, mais pareil, on ne peut pas aller dans les magasins, c'était un peu compliqué. Et du coup, on a fini par avoir une autre tente par toute une année. Bref, c'est compliqué. Et l'autre tente n'était pas imperméable. Au premier orage, on était trempés. Donc on était un peu embêtés, parce que quand on n'a pas de toit, quand même, la tente, c'est très, très important. Bien sûr. Et donc, on a dû finalement... On a recommandé notre tente historique, mais ils avaient changé le modèle. Le piquet s'est cassé dès qu'on l'a remonté. Enfin bref, on a eu plein de problèmes. Et finalement, on a fini par aller dans une zone commerciale, au Puy-en-Velay, chez Décathlon. Et on a pris une... Tente parfaite. Tente parfaite.

  • Speaker #1

    Avec ton âne.

  • Speaker #0

    Avec notre âne. Là, on l'avait laissée, du coup, puis on volait dans un jardin. Et on était partis en stop, du coup, acheter notre tente.

  • Speaker #1

    Donc, tu as ton sac, ton âne. Tu l'as payé combien, ton âne, on peut dire ?

  • Speaker #0

    Vraiment pas cher. J'ai oublié le prix. Mais en gros, c'était vraiment pas cher. C'était genre 1 000 euros.

  • Speaker #1

    Et le deal, c'est qu'après, il retournait dans l'élevage ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça, parce que finalement au début on voulait acheter un âne, mais en fait c'était trop compliqué, et ça veut dire qu'il fallait qu'on l'éduque nous-mêmes, et en fait on n'avait pas le temps, et du coup finalement on a pu louer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te prépares toi un peu physiquement à aller marcher comme ça pendant 6 mois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, en fait on avait quand même une bonne condition physique, on fait pas mal de sport tous les deux et puis en fait on commençait par la Beauce donc c'était assez plat, on s'est entraîné en fait en cours de route.

  • Speaker #1

    Tu prends des livres ?

  • Speaker #0

    Alors très bonne question, oui j'avais un livre que je voulais finir donc j'ai pris un livre papier mais sinon on avait des liseuses parce que c'était trop lourd de prendre des livres et on voulait en prendre beaucoup et du coup on avait téléchargé plein de livres sur nos liseuses mais en fait on n'a pas du tout lu comme on pensait qu'on... C'est vrai ? Parce qu'en fait, on n'avait pas le temps. Ça peut paraître bizarre, mais on avait six mois pourtant sans vraiment d'activité à faire concrètement. Mais en fait, ça prend beaucoup de temps de toute la logistique de l'âne et du quotidien. Quand on marche, en fait, on ne peut pas lire. Et le soir, il y avait d'essayer de se laver, d'essayer de dîner avant que le soleil se couche. On regardait beaucoup l'âne, en fait, parce que c'est assez fascinant de le regarder vivre, se rouler, brouter.

  • Speaker #1

    C'était contemplatif.

  • Speaker #0

    C'était vraiment beaucoup plus contemplatif. on a remarqué qu'on a très besoin de le lire quand on est dans la ville mais en fait quand il y a des beaux paysages à regarder un soleil couchant et l'âne qui broute en fait on préfère juste regarder et après t'es cuite quoi et puis surtout on se couchait très tôt, on vivait avec le soleil on se couchait très tôt et donc ouais on a quand même lu mais pas autant que ce que tu pensais donc Tatou,

  • Speaker #1

    comment ça se passe ? Un matin, vous laissez vos téléphones

  • Speaker #0

    C'est ça, c'était dur. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est dur.

  • Speaker #0

    C'était le 2 mai du coup, 2022. Effectivement, on avait fait une petite fête la veille avec nos amis et notre famille. Puis on prépare nos sacs, on avait tout mis sur une grande bâche et on charge tout pour la première fois. Et on part pour la balade habituelle du dimanche qu'on fait souvent quand on est là-bas. Et là, au lieu de revenir, en fait, on ne s'arrête pas et on continue dans la forêt de Rambouillet du coup. Alors, laisser le téléphone, c'était compliqué. Tu te sois un peu nulle. Ouais, tu te sois un peu nulle et un peu vulnérable. Mais quelle libération quand c'est laissé. et au début ça nous manquait un peu et puis après vraiment très rapidement plus du tout et notamment on regarde beaucoup les nouvelles au quotidien, on lit pas mal d'articles et là vraiment ça nous a pas du tout manqué de pas avoir les nouvelles, on achetait le journal parfois mais voilà on a assez vite rattrapé les 6 mois c'est ça,

  • Speaker #1

    dans un métier où vous êtes hyper connecté aux autres dans la vie et tout, c'est fou de lâcher comme ça et est-ce qu'on a le droit de dormir où on veut ?

  • Speaker #0

    Ah alors non, parce qu'on est toujours chez quelqu'un, on ne sait jamais à personne, et du coup on ne peut pas en théorie, donc on demandait quand même régulièrement. En fait quand on part juste tous les deux avec notre tante en rando quelques jours, on dort sans vraiment forcément demander derrière un bosquet ou un truc.

  • Speaker #1

    Donc là par exemple, je pars demain avec mes enfants dans la forêt de Rambouillet, avec une tante sur le dos, le soir quand la nuit tombe, je m'arrête, je fais un feu, je fais un dîner, je dors.

  • Speaker #0

    C'est pas forcément autorisé.

  • Speaker #1

    Non mais c'est toléré. Si tu respectes la nature.

  • Speaker #0

    Voilà, tu respectes la nature, mais c'est pas forcément autorisé, et notamment les feux sont très très interdits. Donc partout où on était, on a fait un feu une seule fois au début dans le Berry, mais sinon on n'a jamais fait de feu. C'est la canicule en plus en 2022, donc on a fait très attention à ça. Puis en fait, comme on se couchait avec le soleil, on n'avait pas besoin de feu. D'accord. Mais sinon on en fait pas mal quand on est en montagne tout ça, mais là on en a pas trop fait avec l'âne. Et du coup en fait souvent on demandait quand même avec un âne on passe pas inaperçu donc on peut pas trop se cacher derrière un petit bosquet. Et du coup on demandait souvent aux agriculteurs en fait si on pouvait, ils avaient pas un petit coin, on pourrait mettre le piquet de notre âne et notre tente pour la nuit. Ou pas aux agriculteurs d'ailleurs mais voilà des gens dans des villages et puis en fait on nous disait ben venez là, là il y a un jardin, là il y a un truc. Mais en fait l'âne il abîme quand même, il broute beaucoup, il se roule, il fait des crotins. On ne peut pas se mettre dans un jardin chez les gens. Il faut qu'il y ait de l'herbe à brouter pour la nuit. Et donc, on ne peut pas se mettre dans un endroit où c'est tendu. C'est quand même assez contraignant de trouver un endroit pour dormir avec un âne. En plus, il y a une longe qui fait 20 mètres de long, donc il faut qu'il puisse tourner autour de la longe, donc on voit un endroit assez grand. Donc ce n'était pas si simple, mais on a trouvé tous les soirs sans trop de difficultés, sauf dans le sud ou dans la côte d'Azur, où c'était un peu plus compliqué parce que c'est beaucoup plus construit. Et du coup, c'était moins simple de trouver des endroits avec plein d'herbes. On a manqué un peu d'herbes à cet endroit-là. Donc c'était un peu un stress pour ça, parce que là, on n'était pas bien quand on savait qu'elle n'était pas bien.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr

  • Speaker #0

    Mais sinon globalement on trouvait toujours un endroit Après pas forcément les endroits les plus sympas Parce que quand il y a un âne Nous on dort toujours avec notre âne Et donc il nous envoie dans l'endroit où il y a les herbes un peu hautes Par là bas au fond du champ C'est pas forcément l'endroit où il y aurait plus de palettes Il y avait un endroit à côté bien plus sympa Mais nous on va avec notre âne était là où l'âne était bien. Donc,

  • Speaker #1

    tu pars avec ton âne. Premier jour, tu lâches tout. Et après, à quoi ressemblent vos journées alors ?

  • Speaker #0

    À la fois toujours les mêmes et à la fois toujours très différentes. Il y a le temps un peu incompressible le matin de deux heures où on range tout, on fait sécher la tente qui est tout le temps trempée le matin. On s'occupe de l'âne, on le brosse. Et on petit déjeune, on prend le temps quand même de petit déjeuner le matin. On a un petit réchaud bien sûr et voilà. Et après une fois que tout est prêt, que les sacoches sont bien équilibrées et que tout le monde est prêt pour partir, on y va. Et là en gros on n'a pas d'objectif pour la journée à chaque fois, on avance et puis on verra bien où on va. Et il n'y a pas vraiment de trait défini donc on avance un peu au gré de... On sait en gros dans quelle direction on va et on prend beaucoup les chemins noirs. On essaye de prendre le plus possible les chemins noirs. les chemins noirs sur la carte c'est les chemins de randonnée en tout cas il y a les pointillés qui sont vraiment les chemins alors les chemins pointillés sur les cartes les chemins noirs pointillés ils existent pas forcément parce que souvent ils sont recouverts par les broussailles donc il faut faire attention et souvent on a été coincé parce qu'on espérait prendre ce petit chemin sur la carte et en fait il n'existe plus

  • Speaker #1

    Pourquoi on appelle ça les chemins noirs ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils sont noirs déjà sur la carte je pense et que du coup c'est les chemins de taille vraiment chemins de randonnée, c'est pas des chemins où des voitures peuvent pas passer et je sais pas Peut-être qu'il y a une autre raison, mais je ne la connais pas.

  • Speaker #1

    Pour les gens qui ne connaissent pas,

  • Speaker #0

    le chemin noir,

  • Speaker #1

    c'est les plus petits chemins de randonnée sur les cars.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est les petits chemins de randonnée. Alors les plus petits, c'est les pointillés noirs, après il y a les noirs, après il y a les blancs pointillés, après il y a les blancs pleins et après il y a les routes départementales, nationales, tout ça.

  • Speaker #1

    Mais votre idée c'était au max les pointillés noirs ?

  • Speaker #0

    Au max, c'est là où on est le mieux c'est là où c'est mieux pour les sabots de l'âne parce que l'âne quand c'est du goudron ça abîme ses sabots et donc c'est pas confortable et puis nous non plus et puis on voulait voir des voitures le moins possible et donc voilà on a dû quelques fois longer des nationales quelques centaines de mètres mais là c'était vraiment très inconfortable on se fait doubler par les camions très proches on espère que Bidouille va pas réagir alors elle était toujours géniale mais on a eu de la chance parce qu'il y avait quelques endroits quand même un peu dangereux donc voilà on essaye au maximum de prendre des chemins adaptés à Pidouille et à nous.

  • Speaker #1

    Donc tu marches un peu au gré du vent, tu parles, vous discutez tous les deux ou c'est en silence ?

  • Speaker #0

    Bonne question, j'avais peur qu'on ait rien à se dire pendant six mois et en fait, il n'y a pas eu de problème du tout, mais effectivement, il y a beaucoup de moments où on est en silence, notamment quand c'est dur, quand ça monte, quand il pleut, quand c'est pénible, chacun se concentre et avance. et en gros le moral varie beaucoup dans une même journée plus que dans notre vie entre guillemets normale parce qu'il y a beaucoup de moments où c'est dur des moments où enfin on est arrivé, où c'est la pause déjeuner là c'est trop bien, après le soir, l'après-midi ça peut être un peu long, à la fin on en a marre, on trouve pas d'endroit pour dormir et puis quand enfin on est installé, posé là c'est trop bien, donc en fait ça varie beaucoup et donc on parle pas mal de bidouilles parce qu'il faut beaucoup s'occuper d'elles tout le temps vérifier que le bas tourne que ça tourne pas le chargement Remettre ça en place, ne pas perdre une bouteille d'eau sur le chemin, qui était coincée dans l'étendeur. Vérifier qu'il n'y ait pas un caillou dans son sabot. On était tout le temps un peu concentrés pour être sûr qu'elle allait bien, parce qu'on savait que si elle n'allait pas bien, c'était la fin du voyage aussi. Et notamment, nous avions beaucoup dit, pas de pieds, pas d'âne. En gros, les sabots de l'âne, c'est très très précieux. Et elle avait pas mal de problèmes. À ce niveau-là, on est parti avec une fourmilière. bactéries, champignons qui bouffent l'intérieur du sabot. Et donc en fait, on ne savait pas en partant, mais elle boitait déjà un petit peu. On s'est dit bon. Et en fait, elle avait très vite, ça a fait un énorme trou dans son sabot qui était creusé. Et donc au bout d'une semaine, en fait, on... Au bout d'une semaine ? C'était horrible, au bout d'une semaine elle boitait énormément, on a dû voir un maréchal Ferrand, heureusement on a eu beaucoup de chance qu'il était sur notre chemin, parce qu'on ne peut pas à Paris prendre rendez-vous, on n'a pas internet, tout ça est très très compliqué sans internet. Et heureusement du coup il a posé des fers très rapidement, et puis on a vu...

  • Speaker #1

    Comment tu rencontres un maréchal Ferrand quand tu es dans la forêt de Rambouillet ?

  • Speaker #0

    Eh bien on n'était pas dans la forêt de Rambouillet à ce moment-là, on était déjà vers... Parti ! D'abord on est allé vers Chartres, puis après on est descendu par la Beauce, donc c'était plutôt par là-bas. Et on a eu beaucoup de chance parce que LM avait... Une amie, alors on connaît une seule vétérinaire dans toute la France, mais il se trouve qu'elle était dans cette région-là, et du coup on lui a demandé des contacts, il avait son téléphone, on lui a demandé des contacts de... de Marie-Chauferan, elle a donné ce contact, et il était, il se trouve, le lendemain matin, quand on en avait besoin, dans le centre équestre, à côté de là, on a eu plein de chances comme ça, un peu tout le temps. Et voilà, donc on a pu quand même, sinon on demande à des gens, sinon on demande aussi dans les centres équestres, pas mal, s'ils ont des contacts de Marie-Chauferan, donc on en a eu quatre, je pense, de Marie-Chauferan, pour enlever les fers, poser les fers, c'était plus ou moins pénible.

  • Speaker #1

    Elle fait des caprices, bidouille ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout, elle n'aimait pas les marais-chauferans, donc elle se cabrait un peu, et c'était dur, parce qu'on voyait qu'elle n'était pas bien. Mais sinon, non, non, elle a toujours avancé, elle avait peur de rien, donc elle ne se bloquait pas devant une flaque d'eau, il y a beaucoup d'ânes qui font ça, qui se bloquent devant une flaque d'eau, qui s'allongent par terre, qui ne veulent pas avancer, nous on n'a jamais eu ce problème-là, elle a toujours avancé, et après au début elle nous teste, elle essaie de sentir, il faut montrer que c'est toi quand même qui dirige au début, donc il faut toujours qu'il y en ait normalement un devant et un derrière, un pour guider et l'autre pour qu'elle avance, parce qu'on ne tire pas un âne, on le pousse par derrière quand il n'avance pas, ça ne sert à rien de le tirer par devant.

  • Speaker #1

    On a traversé un petit bout des Pyrénées en âne avec mes enfants et elle nous avait dit, prenez un âne, vous allez voir, il a la maturité d'un enfant de 6 ans. Et j'avais un fils de 6 ans à l'époque et il va voir ce que c'est. Et effectivement, tu vois un petit caprice, tout d'un coup, il ne veut plus avancer. Donc lui, il tire, tu pousses, tu essayes, tu lui parles doucement. Alors évidemment, en une semaine, en plus, tu n'as pas le temps de créer la relation que toi, tu as créée avec ton âne. Mais c'est marrant de voir un peu le charmer, travailler avec quelqu'un d'autre dans notre famille, et avec un caractère qu'on connaissait pas, c'est plutôt compliqué.

  • Speaker #0

    Mais en fait, en général, quand elle veut pas avancer, c'est arrivé une ou deux fois, et en général, il y a une raison, et elle a en général raison. On voulait par exemple lui faire traverser les rivières, on voyait pas trop le fond, là elle a pas voulu y aller, et franchement, on comprend, elle était quand même prudente. après souvent quand il y avait une rivière à traverser on passait dans la rivière et elle parfois elle avait peur du coup elle faisait des sauts pour sauter la rivière quand elle voit pas trop le fond voilà elle est prudente c'était plutôt de la prudence je trouve que du mauvais caractère donc tu marches tu t'arrêtes pour déjeuner quand il y en a un qui en a marre qui a besoin d'un break on s'arrête pour déjeuner ouais c'est ça quand on en a marre on trouve un petit coin et on s'arrête et on déjeune quoi alors ? toujours la même chose Toujours la même chose, on n'est pas très compliqués au niveau nourriture, donc ça on s'en fiche un peu, mais c'est vrai qu'on a vraiment mangé la même chose pendant six mois. Des pâtes, du riz, des boîtes de conserve de sardines, des boîtes de conserve de ratatouille, des fruits, du chocolat, du melon. Beaucoup de melon. Et voilà.

  • Speaker #1

    Simple, quoi.

  • Speaker #0

    Très simple. Ça, ça ne nous dérange pas.

  • Speaker #1

    Comment tu te laves ?

  • Speaker #0

    On avait un bidon d'hécatelon en plastique de 10 litres qu'on pouvait plier, qu'on remplissait d'eau froide, bien sûr. Et on avait une petite gamelle pour se laver. Donc on ne se lavait pas les cheveux avec notre bidon parce que ce n'est pas suffisant. Mais en gros, on avait besoin de 2 litres chacun pour se laver. et on gardait le reste pour les cheveux dans les cimetières ou parfois dans les campings, on s'arrêtait parfois dans des campings quand on avait besoin de se poser on faisait en gros une pause d'une journée tous les 10-15 jours sans marche et puis pour pouvoir ne pas avoir la logistique matin et soir tout le temps parce que ça c'est quand même un moment un peu usant et du coup ça faisait une pause et en général là on allait dans des campings pour pouvoir faire des machines être un peu posé à un endroit sans avoir à chercher un lieu euh... sans avoir à se protéger des gens pendant une journée parce que c'est un peu délicat quand même de dire on s'installe chez vous.

  • Speaker #1

    Et quoi de ton âne dans les campings ?

  • Speaker #0

    En général, ils sont sympas, ils acceptent qu'on le mette un peu à côté. En général, ils ont souvent un terrain pas trop tondu, pas loin. Mais le problème des campings, c'est que l'herbe est tondue partout. Donc il faut trouver un endroit en général un peu à côté pour l'âne. Mais on a toujours trouvé.

  • Speaker #1

    Et là, tu te frottes un peu à la civilisation en plus quand même quand t'arrives au camping.

  • Speaker #0

    Oui, du coup, on est un peu l'attraction du camping en général. On est un peu gênés qu'on ait du monde autour parce que l'âne y brait quand même de temps en temps. Et quand il brait, c'est très très fort et ça réveille. On a été beaucoup réveillés par Bidouille la nuit. et enfin la nuit au petit matin le brement de 5h du mat c'est la classique et du coup on était un peu gênés quand même on avait peur que ça dérangeait les autres donc on était plus tranquille quand on était au milieu de nulle part c'est ce que tu recherchais quoi ouais c'est ce que je recherchais et vous avez pris un appareil photo ? oui on avait un appareil photo réflexe un peu lourd au début on a dû faire une petite pause au milieu de notre marche pour le mariage de mon beau frère et du coup à ce moment là on a changé pour un plus petit parce que c'était trop lourd en fait d'accord mais t'avais quand même envie d'avoir ça ouais on a pris 5000 photos Donc voilà, et j'ai fini les albums photos, parce que du coup il y en a quatre, ça rentrait pas dans un seul la semaine dernière. C'est bien, on les a appelés...

  • Speaker #1

    Tu nous enverras plein de belles images.

  • Speaker #0

    On les a appelés au bord de la France, les albums photos, parce qu'on s'est vraiment sentis un peu au bord du monde et au bord de la France du coup. Pendant ces six mois, un peu en décalage permanent avec les gens qu'on croisait, on était tout le temps un peu au bord des chemins. On n'était pas du tout rejetés, mais forcément on ne pouvait pas aller partout avec notre haine et on n'était pas les bienvenus partout. Et on s'est sentis un petit peu en décalage et un peu vulnérables aussi parce qu'on n'avait pas de toit, rien du tout. Et c'est quand même une expérience, alors bien sûr avec toute la sécurité qu'on a derrière nous, donc c'est pas du tout comparable à ceux qui n'ont vraiment pas de toit. mais on s'est senti quand même assez vulnérable à la météo quand il y a un orage, qu'on voit les nuages noirs qui arrivent, en fait on est dehors

  • Speaker #1

    Tu recherchais ça un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais on recherchait ça, on recherchait surtout la liberté qu'on a un peu moins ressenti quand même que quand on est juste tous les deux avec nos sacs à dos parce que l'âne c'est quand même un peu en fil à la patte et on peut pas aller partout on peut pas par exemple faire du stop s'il y a un passage un peu pénible dans une zone commerciale un peu urbaine, on doit la traverser à pied Oui Puis c'est un gros animal de 300 kilos qu'il faut gérer, qui est aussi imprévisible parfois. C'est quand même un stress, c'est une charge mentale de voir l'âne quand même au quotidien, même si on a adoré. Mais ce n'est pas pareil, le sentiment de liberté totale n'est pas le même avec un âne à gérer.

  • Speaker #2

    Every time I look around, I hope to find you looking back at me. You're everything I ever hoped to see.

  • Speaker #1

    T'as eu des galères avec ton âne ?

  • Speaker #0

    Elle est quand même tombée dans un ravin une fois, elle s'est enlisée dans une tourbière dans le Cantal, le vent par terre.

  • Speaker #1

    Mais comment tu l'as sortie ?

  • Speaker #0

    On a eu très peur, elle a paniqué en plus, elle s'épuisait en paniquant en essayant de sortir, il n'y avait personne, et après on est un peu bête aussi parce qu'il y avait un panneau interdit aux chevaux. Mais on s'est dit, on n'a pas de cheval, on a un âne. Mais en fait, il y avait une passerelle avec des planches pour passer au-dessus de la tourbière, mais c'était des planches pourries, donc c'était encore plus dangereux de passer sur la passerelle parce qu'elle allait tomber, elle allait mettre un pied au milieu des planches, et du coup, on est passé en dessous, dans la tourbière, qui nous paraissait assez sèche, mais il y a un endroit où c'était encore très humide, et là, elle s'est enfoncée. Et du coup, on l'a déchargée. qu'elle soit moins lourde pour sortir. On l'a poussée, on s'est mis derrière pour la pousser.

  • Speaker #1

    Mais toi, tu ne prenais pas le risque de t'enfoncer aussi ?

  • Speaker #0

    Non, nous, ça allait. On est moins lourds et ça allait. Nous, ça allait. Mais finalement, elle a fini dans un ultime élan de courage à mettre ses pattes avant, en dehors de la tourbière. Et heureusement, ce n'était pas très large, cet endroit très profond. Et du coup, elle a réussi à sortir, mais on a eu très peur. Et le ravin aussi, c'était un peu chaud. Elle a eu des poux aussi. On est parti avec des poux, mais on ne le savait pas. Enfin, pas nous.

  • Speaker #1

    mais l'âne et c'est les mêmes poux ?

  • Speaker #0

    non c'est pas les mêmes heureusement du coup il a fallu qu'on trouve un vétérinaire aussi pour nous trouver le produit pour les poux on a mis je comprends que ton mec il a eu envie de l'abandonner enfin de l'abandonner de la ramener à la maison il y a eu le problème de sa peau, à un moment il a boité pendant une semaine du coup on a dû s'arrêter dans un endroit qui était vraiment pas confortable dans la creuse On se prenait que des orages toute la journée, on était dans une espèce de ferme, c'était très mal, il y avait plein de moustiques partout et on devait attendre qu'elles récupèrent. Elle est mieux. Mais on ne savait même pas ce qu'elle avait. Après une semaine où on pensait qu'elle boitait moins, on a tout remis sur son dos et là au premier pas elle boitait comme avant. On était vraiment désespérés, on pensait que c'était la fin du voyage, c'était au bout de deux mois. Et on a vu un vétérinaire à ce moment-là qui a fait plein de tests de piqûres, de radio, de tout ça, qui ne savait pas trop ce qu'elle avait. En fait elle ne boitait pas trop quand elle n'était pas chargée, donc il me prenait un peu pour des... Voilà, il disait bon ça va, elle ne boite pas, votre année, ça va bien. Et en fait quand on l'a chargée, il a vu qu'effectivement elle boitait énormément, chargée, et il a dit vous n'allez pas aller loin. C'est... Oula, bon courage mais... vous allez aller quelques kilomètres plus loin mais pas beaucoup plus et en fait on a beaucoup desserré sa sangle ventrale en desserrant, du coup on ne la serrait même pas elle a arrêté de boiter donc on a eu beaucoup de chance mais on a quand même porté du coup son...

  • Speaker #1

    Mais ça a lu un livre un peu sur comment vivre avec un âne avant de partir ?

  • Speaker #0

    On avait lu un livre, ouais on avait lu deux livres là-dessus et on avait fait une formation d'une journée avec une dernière qui est dans le Vexin qui nous avait appris un peu comment aborder l'âne comment... Notamment par exemple quand on perd notre âne, ce qui est arrivé quand même un matin, on se réveille et l'âne n'était plus là, la longe s'était décrochée. Du coup là ça fait un peu peur quand même parce qu'on est responsable de cette âne et il est en liberté, on ne sait pas où, il y a des routes autour, enfin c'est un peu stressant. Du coup on avait appris que souvent les ânes rebroussaient le chemin, ils refaisaient le chemin inverse. Du coup on n'était quand même pas sûr à 100%, du coup on est quand même partis l'un dans un sens, l'un dans l'autre. On n'avait pas de portable pour se parler, donc moi j'avais appelé la gendarmerie quand même pour les prévenir qu'il y avait un âne qui errait. Voilà. Et en fait, on a retrouvé l'âne 5 km en arrière.

  • Speaker #1

    On avait refait le chemin de la mètre en arrière.

  • Speaker #0

    Et du coup, on a demandé aux gens sur les chemins si elles avaient vu un âne. Ah bah oui, je l'ai vu passer, mais c'était il y a au moins une heure. Puis on continue, on continue. Puis on la trouve, en fait, elle arrivait à 50 mètres d'une nationale hyperpassante. On a quand même beaucoup de fois eu beaucoup de chance.

  • Speaker #1

    C'était quand même un sujet. Oui,

  • Speaker #0

    c'était quand même un sujet.

  • Speaker #1

    Est-ce que sur la route, il y a des copains qui vous ont retrouvés ?

  • Speaker #0

    Pas beaucoup, parce qu'on ne le souhaitait pas forcément initialement. On s'était dit qu'on part en France, mais ce n'est pas pour qu'on soit l'agence de voyage de tout le monde. On voulait vraiment couper aussi, non pas qu'on ne peut pas les voir, mais qu'on voulait aussi que ce soit un peu notre aventure tous les deux. enfin tous les trois avec Bidouille et du coup on a quand même un couple de copains qui nous ont rejoints pour une soirée parce qu'ils habitaient à Orléans et on n'était pas loin donc ils sont venus faire un feu avec nous c'est là où on a fait un feu et voilà mais juste une soirée on a un couple de copains qui sont venus un week-end en trois jours dans la Creuse mais c'était compliqué en fait parce que quand les gens nous rejoignent il faut qu'ils aient une gare ou un truc pas très loin enfin nous on fait pas une boucle et on veut pas enfin il faut que eux se greffent là où on en est et on peut pas prévoir on sait pas où on sera Donc en fait c'est très compliqué à anticiper et heureusement qu'on l'a pas trop fait parce que c'était quand même compliqué à anticiper.

  • Speaker #1

    Oui en fait ça te met des dates et des obligations alors que toi t'es partie pour être en emploi du temps.

  • Speaker #0

    Voilà, on a rien d'emploi du temps, on a aucune contrainte de rien et voilà après ma famille nous a rejoint pendant trois jours, le père d'Alème est venu aussi deux jours, trois jours. Voilà donc on avait des petits créneaux comme ça mais pas beaucoup et voilà en fait on avait l'avantage d'avoir un emploi du temps vide, un agenda vide. C'est magnifique ça. Et ça c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Et pendant...

  • Speaker #0

    C'était dur.

  • Speaker #1

    Tu vas me raconter. Et pendant six mois, il n'y a pas un soir où vous vous êtes dit, allez, viens, on craque, on se fait une bonne bouffe, on va à l'hôtel ?

  • Speaker #0

    Alors, si, mais c'est vraiment très peu arrivé. C'est arrivé peut-être cinq ou six fois, je pense, en six mois, qu'on dorme à l'intérieur. Et c'était un jour où on n'en pouvait plus, on était dans la dorm. Et il y avait vraiment des orages en permanence et des pluies vraiment. En fait, on s'était pris la veille un orage qui nous a fait vraiment peur. On était en haut d'une colline et toute la nuit s'était passé. On n'avait pas dormi de la nuit et il y avait orage sur orage. On n'est pas tombé loin et là, on ne voulait pas refaire une nuit comme ça. Mais c'est compliqué parce que quand on n'a pas Internet, on trouve un endroit qui accepte les ânes. Ce n'est pas simple. On l'a vraiment très peu fait, mais c'est quand même arrivé quelques fois. T'as guéfié quand même. Cinq fois. Oui, quand ça arrive, du coup, on est content.

  • Speaker #1

    La bonne douche chaude.

  • Speaker #0

    On dort bien, mais à l'intérieur, on étouffait vite. On n'était plus du tout habitués à être à l'intérieur, donc on dormait la fenêtre grande ouverte.

  • Speaker #1

    Si moi, je vais avec un âne ou pas d'âne, d'ailleurs, mais si j'ai envie d'aller marcher une semaine, c'est quoi le plus beau, là où tu étais le plus beau dans ton voyage ?

  • Speaker #0

    J'ai vraiment adoré la Lauser avec l'Aubrac, les Causses, les Cévennes. Là, c'est vraiment extraordinaire. On a parcouru vraiment la Lauser en long, large et en travers.

  • Speaker #1

    Donc Lauser, ça veut dire que je vais où en train ?

  • Speaker #0

    En train, je ne sais pas du coup, parce que moi, je n'arrive que à pied.

  • Speaker #1

    Mais la ville, la grande ville ?

  • Speaker #0

    La grande ville, c'est quoi ? On va regarder sur une carte.

  • Speaker #1

    Mais Lauser, j'y vais et je marche une semaine.

  • Speaker #0

    Oui, tu marches une semaine sans problème. Et sinon, on a couvé le Verdon, magnifique. Et sinon, les Alpes. Nous, on a traversé le Mercantour du nord au sud. et le Marc-en-Tour c'est extraordinaire on a bien aimé en gros préféré après tout le Massif Central tout est beau, franchement on a adoré tout même la Beauce, tout le monde nous dit la Beauce ça doit pas être très marrant et nous on a adoré la Beauce on a tout aimé en fait particulièrement la Lauser où c'est vraiment des grands paysages on va chercher la grande ville de Lauser et qu'est-ce que t'as trouvé comme petit ou grand moment de bonheur ? beaucoup de petits moments de bonheur en fait du quotidien, ne serait-ce que le moment le moment de bonheur de la journée c'est vraiment quand on est installé le soir On est arrivé, qu'on a trouvé un lieu, que l'âne est bien, en train de se rouler, que notre temps est monté, que les pâtes sont en train de chauffer. Et là, ça y est, là c'est trop bien, on est propre, on a pu se laver. C'est le petit bonheur du quotidien. C'est vrai que la vie est vraiment concentrée sur dormir, manger, se laver. C'est ça qui fait l'essentiel de notre quotidien. Et on retrouve vraiment le bonheur d'avoir pris une douche froide, parce que c'est ça qui est bien.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est retrouver le goût des petites choses.

  • Speaker #0

    Exactement, retrouver le goût des petites choses. Et après, il y a eu plein de moments, j'ai plein de paysages en tête, de souvenirs incroyables, notamment dans le Mercantour. Un souvenir incroyable, c'était avant de redescendre à la fin de la partie montagne qui a quand même duré trois semaines. La montagne avec un nain, c'est un peu stressant parce qu'il y a des chemins dangereux, il faut faire attention, il faut tout anticiper parce qu'avec les sacoches, il est plus large donc il peut vite basculer. Donc on devait être très concentré en montagne et on a peur de la météo, de tout ça. Et du coup, on était justement arrivé au dernier col de nos trois semaines de montagne et après on allait redescendre. Et en fait, dans ce dernier col, ça s'appelait le Pas du Diable dans le Mercantour, à côté de la Vallée des Merveilles. Il y avait en fait une énorme mer de nuages juste en dessous. Et donc, on a pu déjeuner avant de descendre dans les nuages, au-dessus de cette mer de nuages absolument magnifique. Vraiment un moment incroyable. On n'avait jamais vu une mer de nuages comme ça. Mais sinon, c'est surtout les petits bonheurs du quotidien et les rencontres aussi avec les gens. On a vraiment rencontré des gens extraordinaires, très courageux aussi. Beaucoup d'agriculteurs. Ils font vraiment vivre nos campagnes, la France. On a eu beaucoup de gratitude aussi. On a vraiment des rencontres de... Ils nous ont marqués aussi et on le voit encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    On attend ton livre, j'ai l'impression qu'il y a des trucs à raconter quand même. Et comment tu décides de rentrer ? Comment le chemin du retour se dessine ? Est-ce que tu te dis, dis donc, dans un mois, il faudrait qu'on soit à Paris ?

  • Speaker #0

    On reprenait nos boulots six mois après, donc on n'avait pas le choix. On savait qu'il fallait qu'on rentre. À un moment, on savait qu'il fallait qu'on définisse notre lieu d'arrivée parce qu'on ne savait pas du tout où on allait terminer notre voyage. Ça, c'était un peu dur d'ailleurs dans la motivation, de ne pas avoir de but, de point d'arrivée défini. Oui,

  • Speaker #1

    l'errance, en fait, c'était compliqué.

  • Speaker #0

    L'errance dans les moments où c'est dur, où on en a un peu marre, où il pleut, où c'est pas facile, alors il n'y a pas beaucoup plu, mais quand même, il y a des moments durs. Quand on n'a pas vraiment de but d'arriver, on nous avait beaucoup dit dans les livres qu'on avait lus, etc., le sens est dans le chemin, on s'en fiche un peu de l'arrivée, etc. En fait, on trouve que c'est pas forcément tout à fait vrai. Quand même, avoir un but, un endroit où tu veux arriver, ça aide dans la motivation au quotidien.

  • Speaker #1

    Carrément.

  • Speaker #0

    mais du coup on n'avait pas ce but là on ne savait pas du coup forcément pourquoi on continuait à marcher comme ça à errer un peu en France, sur les chemins de France et du coup un mois avant l'arrivée on voulait quand même un lieu d'arrivée qui ne soit pas juste un village comme ça au milieu de nulle part, qui n'a pas trop de sens on voulait terminer notre voyage du coup par le sud de la France en gros parce qu'en octobre il y a un peu plus beau dans le sud et du coup on avait entendu parler d'un lieu qui s'appelle la Sainte-Baume à côté de Marseille qui est très beau. Et du coup, on avait écrit pour savoir si on pouvait arriver là-bas. En fait, c'est un lieu où il y a un monastère avec des moines dominicains. Et ça correspondait à peu près à notre trajet, là où on comptait à peu près arriver dans un mois. Et on s'est dit, tiens, pourquoi pas aller là-bas ? Il paraît que c'est beau. Et puis, ça avait du sens quand même pour nous de finir sur une note un peu spirituelle. Et du coup, c'était finalement notre lieu d'arrivée à la Sainte-Baume, à côté de Marseille. Et donc,

  • Speaker #1

    t'arrives et t'arrives.

  • Speaker #0

    Et bien, t'arrives et t'arrives. Et c'est un peu bizarre, ce moment d'arrivée. Et c'est d'ailleurs marrant parce que LM, c'était beaucoup lui qui gérait l'âne au quotidien quand même, parce qu'il fallait porter beaucoup et voilà, il a plus de muscles que moi. Souvent, il en avait marre et il disait, l'âne quand même, c'est dur, donc les moments un peu de coup de mou. il voulait rendre l'âne parfois et il n'en pouvait plus une demi-heure avant l'arrivée il en avait encore marre alors qu'on était arrivés mais vraiment jusqu'au bout c'était quand même c'était pas si simple tous les jours c'était pas que génial de marcher en France en liberté dans les beaux paysages il y a quand même plein de moments qui sont un peu durs et longs et voilà et on se demande un peu ce qu'on fait là et quel sens ça a et vous êtes engueulée ? ah bah oui on s'est engueulée quand même mais Bidou t'es toujours d'accord avec moi donc ça allait merci

  • Speaker #1

    Et puis surtout, t'as pas le choix, en fait, t'es que tous les deux.

  • Speaker #0

    T'as pas le choix, oui. Après, on passe beaucoup de temps tous les deux, déjà, de base. Oui,

  • Speaker #1

    mais deux dans le silence, dans la nature, sans aucune autre attraction que l'un et l'autre, en fait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aucune autre attraction que l'un et l'autre, beaucoup quand même de grands espaces, donc on respire quand même vachement, donc c'est très agréable. Mais oui, on s'est engueulés, bien sûr, des histoires, mais un peu du quotidien, des trucs qu'on s'est pas beaucoup engueulés, d'ailleurs. Mais il y a eu une grosse engueulette sur une route nationale qu'on devait longer dans un tournant, c'était vraiment très, très dangereux. Et moi je voulais qu'on se mette de l'autre côté de la barrière et lui voulait qu'on se mette du côté de la route. Et finalement on s'est mis du côté de la barrière, enfin de l'autre côté, mais l'âne a failli tomber parce qu'on était très très pentus. Enfin bref, il y a un camion qui est passé, enfin bref c'était très compliqué.

  • Speaker #1

    Ça c'était la plus grosse engueulade.

  • Speaker #0

    Ouais c'était une grosse engueulade ça.

  • Speaker #1

    Ça va.

  • Speaker #0

    Mais ça va, il y a pire. Mais on a eu quand même pas mal de problèmes, de moments où l'âne a eu des problèmes.

  • Speaker #1

    L'eau, t'as toujours eu de l'eau ?

  • Speaker #0

    L'eau, ouais. Alors dans les Cévennes, on a manqué un peu d'eau. Mais du coup, on était obligés d'en avoir parce que nous, on doit boire et puis l'âne aussi. Et en fait, s'il n'y avait pas d'eau, on redescendait dans la vallée chercher de l'eau. Mais c'est vraiment très peu arrivé. Et on a eu un moment justement dans les Cévennes, on était sur des crêtes pendant plusieurs jours. Et donc là, il n'y avait pas de source. C'était très sec et les villages étaient en bas. Donc en fait, on a fini par descendre. On a trouvé une source.

  • Speaker #1

    Mais descendre, ce n'est pas dix minutes.

  • Speaker #0

    Non, c'est très compliqué. Et puis on avait du coup laissé l'âne sur la crête pour aller plus vite. Il fallait qu'on le retrouve, enfin bref c'était un peu compliqué. Mais on a eu, sinon on a quand même eu de l'eau globalement sans problème avec les cimetières.

  • Speaker #1

    Et à manger aussi ?

  • Speaker #0

    Et à manger aussi, quand il y avait des problèmes, il y a des gens très sympas, une petite super-aide qui était fermée, la dame du village est venue nous, la super-aide est venue nous l'ouvrir exceptionnellement pour qu'on puisse se ravitailler.

  • Speaker #1

    Comment on rentre d'un voyage comme ça ? Parce que là, tu dis, tu arrives au monastère.

  • Speaker #0

    Oui. Bon, voilà.

  • Speaker #1

    Tu l'as fait,

  • Speaker #0

    quoi ? Après, on est restés une semaine, en gros, là-bas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Faire un peu une transition, se poser un peu et relire aussi notre petit carnet, parce qu'on avait pris des notes tous les soirs dans un petit carnet, chacun séparé. Et du coup, on a chacun relu aussi les notes des six mois pour relire un peu notre voyage et puis se poser un petit peu et faire une espèce de transition. Et puis après, il fallait qu'on rende l'âne. La nière qui venait chercher Bidouille. On a quand même ramené Bidouille chez elle, à côté de Gap.

  • Speaker #1

    Tu ramènes Bidouille à la maison.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais là ? Vous vous retrouvez tous les deux ?

  • Speaker #0

    On dort une dernière nuit sous la tente à côté de son pré, où elle a retrouvé tous ses copains. Et elle, très contente de retrouver sa vie, n'a plus du tout envie de repartir en rando avec nous. Donc elle commence à nous ignorer un petit peu. Donc on a quand même été lui dire au revoir le matin. C'était un peu triste. Et on est repartis sous la pluie, en stop du coup. En stop. Voilà. du coup là on pouvait faire du stop la maison de mes grands-parents à côté de Lyon où on s'est posé encore pour une deuxième transition pendant 3-4 jours avant de rentrer à Paris t'es re-rentrée en stop ?

  • Speaker #1

    non non on est rentrée en train du stop et donc qu'est-ce qu'il se passe quand tu rentres de côté ? t'as changé ?

  • Speaker #0

    je sais pas si j'ai changé, je crois pas avoir beaucoup changé mais ouais c'est quand même une expérience très marquante et on doit repasser c'est plus l'impression que c'était un peu une expérience un peu hors du temps et qu'on a dû revenir dans notre vie d'avant et reprendre le rythme très rapide et au début c'était pas facile et on était très frappés en rentrant par les bruits les odeurs, l'odeur de cigarette notamment dans la rue, qu'on avait pas senti depuis très longtemps les pots d'échappement, tout ça vraiment et le béton c'était assez agressif au début le retour dans une ville et puis on était plus trop habitués à avoir des discussions entre guillemets un peu mondaines enfin pas mondaines mais un peu de boulot de tout ça on était plus Du coup, on a mis du temps, quelques jours, en fait, on revient très vite, mais on n'était plus trop habitués aux conversations un peu du quotidien. Voilà, on a mis du temps. On a fait une petite réunion, un diapo photo où on racontait un peu notre voyage avec nos amis, notre famille. Du coup, on était content de pouvoir aussi raconter un peu.

  • Speaker #1

    Partager quoi. Et tu ne t'es pas dit, on va aller lever des chèvres dans l'arvaque ?

  • Speaker #0

    Non, je ne me suis pas dit ça parce qu'on aime tous les deux beaucoup nos métiers et qu'on est très content de ce qu'on fait. On ne s'est pas dit ça, mais partir dans un endroit où il y a plus de nature, c'était déjà le cas avant, mais ça ne fait que confirmer le fait qu'on aime bien ça. On est heureux aussi ici, on est heureux partout, mais on retient quand même beaucoup de beaux paysages qui permettent d'avoir un espèce de recul un peu constant. On a en tête tous ces paysages, ces lacs, ces montagnes, ces vaches, tout ça. et ça aide quand même parfois on sait que ça existe, on sait que c'est là et que ça reste immuable c'est assez rassurant et ça permet un espèce d'apaisement un peu aussi de fond Et on retient quand même aussi le contraste important entre la France belle et la France très moche. Et en fait, ça, c'était assez frappant quand même quand on la traverse, parce qu'on passe d'endroits vraiment magnifiques à tout d'un coup une espèce de zone industrielle, commerciale, d'espèces de pavillons périurbains. Et en fait, quand on les traverse à pied, c'est assez long, ces zones-là. Et c'est vraiment, vraiment très moche. C'est la France du plastique, la France des campings, la France de tout ça. C'est vraiment très moche. Et on sentait que quand on était dans cet endroit-là, on n'était pas bien. Et l'âne n'était pas bien parce qu'il y avait trop de béton, de plastique, de tout ça. Et nous aussi, en fait, on n'était pas bien.

  • Speaker #1

    T'es bien dans la nature.

  • Speaker #0

    En fait, on est bien là où l'âne est bien. On s'est rendu compte de ça. On a les mêmes besoins que l'âne.

  • Speaker #1

    Tu vas repartir ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas. J'aimerais bien.

  • Speaker #1

    Tu dis que tu referas en tout cas des jardins.

  • Speaker #0

    On aimerait bien. Après, il faut pouvoir le faire aussi logistiquement, financièrement.

  • Speaker #1

    Ça t'a coûté cher ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, on n'avait pas d'hôtel à payer et on avait juste notre nourriture. Et l'âne, ça n'a vraiment pas coûté cher. Donc en fait, ça n'a vraiment pas coûté cher, mais on avait quand même notre appartement, notre emprunt à rembourser. et après on est content quand même de travailler c'est aussi ce qu'on s'est dit pendant la marche c'est très bien de marcher comme ça il n'y aura pas une vie de pèlerin on n'a pas envie de passer notre vie sur les routes à voyager on trouve que ça n'a pas forcément non plus du sens d'être juste sur la route pour le principe de voyager et du coup on est content de travailler et d'être utile à la société enfin d'essayer en tout cas merci beaucoup

  • Speaker #1

    C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écouté jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcast et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite, merci et à bientôt !

Description

Claire est médecin psychiatre à l'hôpital.

Claire adore aussi la marche et la nature

Claire rêve de grands projets et…


Un beau jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle : tout quitter pour partir à l'aventure pendant 6 mois sur les routes de France. 


Mais attention, pas en tête a tête, ils decident d’embarquer un âne pour les aider à porter leurs bivouacs mais aussi pour constituer un troupeau plutôt qu’un duo.


Comme si tout ça n’était pas déjà assez fou, ils troquent leur smartphone pour un téléphone 9 touches et google maps pour des cartes IGN. UN vrai retour aux sources.


Claire, son mari, et leur adorable ânesse Bidouille se se lancent dans un périple de 3 500 km, huit heures de marche par jour et des nuits sous la tente. De la Beauce au Limousin, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus et les plus magnifiques de notre beau pays.


Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. 


Elle nous raconte tout : des préparatifs minutieux à la vie quotidienne sur les chemins, des galères aux moments magiques et bien sûr, du retour à la vraie vie et au bitume après 6 mois de Robinssonades. Attachez vos ceintures, ou plutôt, lacez vos chaussures de randonnée, et préparez-vous à être transportés par le récit enchanteur de cette épopée à travers les chemins noirs de France.


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Production : Sakti Productions

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Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'âne fait tiers entre nous aussi, on s'est dit tous les deux coller pendant six mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne, on s'est dit on va trouver ça marrant. L'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas. C'est assez agréable parce que c'est un animal qui est très calme, assez contemplatif, très posé et qui apaise beaucoup. C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie un peu du quotidien. Et du coup, là, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Merapik au Népal, au tour du monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en âne dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus. des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Claire est médecin psychiatre à l'hôpital. Claire adore aussi la marche et la nature. Et Claire rêve de grands projets. Et un jour, avec son amoureux, ils prennent une décision un peu folle. Tout quitter pour partir à l'aventure pendant six mois sur les routes de France. Mais attention, pas en tâtâté. Ils décident d'embarquer un âne pour les aider à porter leur bivouac et aussi pour constituer un troupeau plutôt qu'un duo. Comme si tout ça n'était pas assez fou, ils ont troqué leur smartphone pour un téléphone neuf touches et Google Maps pour des cartes IGN. Un vrai retour au sens. Claire et son mari et leur adorable Annette Bidouille se lancent dans un périple de 3500 km, 8 heures de marche par jour et beaucoup de nuit sous la tente. De la Beauce aux Limousins, du Cantal à l'Aubrac, en passant par le Luberon, le Mercantour et jusqu'à la Côte d'Azur, ce trio insolite a exploré les coins les plus méconnus de France. Pour Beau Voyage, Claire a accepté de partager avec nous les coulisses de cette aventure hors du commun. Elle nous a tout raconté. Les préparatifs minutieux, la vie quotidienne sur les chemins, les galères, les moments magiques et aussi le retour à la vraie vie au bitume après six mois de Robinsonade. Alors attachez vos ceintures, ou plutôt lassez vos chaussures de rando. et préparez-vous à être transportés par le récit de Claire à travers les chemins noirs de France. Je suis contente de parler voyage avec toi ce matin.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    Le premier matin d'été, à peu près. Alors, est-ce que tu peux déjà te présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je m'appelle Claire, j'ai 33 ans, je suis médecin, psychiatre. Je suis mariée avec Louis-Marie, qui s'appelle LM, et qui lui est ingénieur entrepreneur. Et on aime le voyage, l'aventure, la liberté surtout.

  • Speaker #1

    Et on va parler d'une super aventure. Est-ce que déjà, toi, tu as beaucoup voyagé petite ?

  • Speaker #0

    des voyages à l'étranger un petit peu avec mes parents, mais pas non plus énormément. Et surtout, on a fait beaucoup de randonnées, de montagnes, de choses comme ça. Et c'est ça qu'on aime particulièrement.

  • Speaker #1

    Et donc, l'année dernière, vous vous êtes décidée pour vivre une aventure un peu dingue. Est-ce que tu peux nous raconter ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'était du coup en 2022. On est partis pendant six mois, de mai à novembre 2022, faire un espèce de tour de France. Pas un tour complet, mais en gros, un espèce de traversée de la France. Et du coup, on est partis tous les deux avec mon mari et un âne, plutôt une ânesse qui s'appelait Bidouille.

  • Speaker #1

    Si on va au tout début de l'histoire, comment tu te retrouves à partir déjà pendant six mois avec un âne et ton mari ?

  • Speaker #0

    Déjà peu après notre rencontre avec LM il y a douze ans maintenant, on avait cette envie de partir à un moment, marcher longtemps. On aime tous les deux la rando, surtout les grands espaces, la nature, le camping sauvage et l'itinérance. On fait beaucoup de randonnées pendant les vacances. On fait principalement ça pendant nos vacances. Des petites randos en itinérance de quelques jours et on avait l'envie de faire un jour une plus grande marche. On appelait ça la marche. On parlait tout le temps de la marche, un jour on fera la marche. Finalement, ce n'était pas si simple à organiser parce qu'il fallait que nos emplois du temps coïncident et qu'on puisse poser chacun six mois au même moment. Ça a mis un peu de temps à s'organiser et finalement, on a trouvé un créneau en 2022. On voulait partir un an initialement, mais finalement, six mois, c'était déjà bien organisé. Financièrement, c'était suffisant. Et après on s'est dit qu'est-ce qu'on va faire ? Une fois qu'on avait les six mois, on savait qu'on allait marcher six mois, mais on ne savait pas où, comment, rien du tout. Du coup au début on s'est posé la question de partir à l'étranger, on ne savait pas trop. Et puis finalement c'est apparu un peu comme une évidence pour nous que finalement la France c'était notre pays, qu'on ne connaissait pas si bien que ça, et qu'on avait l'occasion de pouvoir la connaître mieux, et qu'on aime la France. Et qu'il y a plein de paysages très variés, très diversifiés et magnifiques, et puis qu'on avait aussi les codes. On est français, on vient en France, on sait parler la langue, on s'est dit que ce serait peut-être plus simple pour rencontrer les gens aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'idée c'était aussi de rencontrer des gens ?

  • Speaker #0

    Ça faisait partie de l'idée, c'était beaucoup quand même d'être dans la nature, dans les grands espaces, d'être un peu, voilà, c'est le sentiment de liberté qu'on adore dans l'itinérance et qu'on voulait vraiment expérimenter là au long cours. Donc c'était beaucoup ça, mais c'était quand même aussi, on voulait aussi rencontrer les gens, c'était finalement l'objectif, alors ça a été plus ou moins accompli.

  • Speaker #1

    Et alors pourquoi t'embarques un âne ?

  • Speaker #0

    Et alors l'âne il s'est rajouté après, pour plusieurs raisons, déjà parce que moi j'avais fait des randonnées avec des ânes avec ma famille quand on était petits, quelques jours avec les parents, et j'avais bien aimé, parce que l'âne déjà il porte les affaires. Et c'est quand même pas négligeable parce qu'un sac sur le dos pendant six mois, en général assez lourd si on peut prendre une tente, etc. C'est assez lourd. Et donc déjà, ça enlève. Moi, je n'avais pas de sac du tout. Donc ça, c'est quand même pas mal. Et l'âne, il avait une cinquantaine, parfois un peu plus de kilos sur le dos avec tout son matériel à lui, son matériel à nous. C'était assez lourd. Il y avait plein de choses à prendre dans les sacoches. Et l'âne, il aide à rencontrer les gens beaucoup, parce qu'en fait l'âne attire énormément. Et on était vraiment, dès qu'on traversait un petit village ou des villes encore plus, vraiment il y a des groupements de gens autour de nous en permanence, parce que l'âne, ils viennent voir l'âne. En fait, ils ne viennent pas nous voir nous, ils viennent vraiment voir l'âne. c'est vrai que ça attire beaucoup et ça permet les rencontres beaucoup plus facilement c'est une autre manière de te connecter et puis l'âne il fait tiers entre nous aussi on s'est dit tous les deux coller pendant 6 mois c'est peut-être pas forcément non plus hyper simple et du coup c'était bien d'avoir un âne c'est trop marrant l'âne est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé en tout cas ça s'agresse que c'est un animal qui est très calme assez contemplatif très posé et du coup en fait il apaise beaucoup je trouve C'est vraiment un animal qu'on a appris à connaître et qu'on a beaucoup apprécié. Et puis sinon, ça apporte de l'imprévu, l'âne. Et on voulait ne pas faire un voyage millimétré où on contrôle tout, comme notre vie du quotidien. Et du coup, l'âne a bien joué son rôle.

  • Speaker #1

    Tu décides d'avoir un âne. Comment tu choisis ton âne après ?

  • Speaker #0

    Alors ça, c'était un peu compliqué. Ça a mis quelques mois. On a cru d'ailleurs à un moment qu'on n'aurait pas d'âne. Parce qu'un mois avant le départ, on n'avait toujours pas notre âne. En gros, on voulait un âne qui soit déjà éduqué à la randonnée, parce qu'on n'avait pas le temps, nous, avant, avec nos boulots, d'acheter un âne, de l'éduquer, ça prend quand même du temps, et de partir ensuite à la marche. Du coup, on voulait un âne déjà éduqué, et du coup, on a contacté les âniers, il y a la Fédération Nationale des ânes de randonnée, et du coup, le problème, c'est que les âniers ont des ânes qui randonnent bien, et qui sont vraiment éduqués, qui n'ont pas peur de l'eau, des routes, des camions, de tout ça. En fait, ils les gardent pour eux, pour les louer aux familles l'été. Et du coup, s'ils n'avaient pas forcément envie de nous le donner, ils ne nous connaissent pas. Et puis leur âne, c'est important pour eux. Ils ne veulent pas le donner aux inconnus pendant six mois. Ce n'était pas simple. Et finalement, c'est sur Facebook. J'avais mis des messages sur tous les groupes d'ânes de Facebook. On est rentrés dans le monde des âniers qu'on ne connaissait pas du tout. Et il y a une ânière qui est à côté de Gap, en selle, dans le chambre-sort. de la belle Anne-Marie qui nous a finalement proposé Bidouille, qui finalement nous l'a proposé et puis après nous a dit finalement c'est pas possible et puis finalement elle est revenue vers nous après, elle est marchée dans le programme et heureusement on a pu avoir Bidouille qui a été vraiment l'Anne-Esse parfaite pour notre marche.

  • Speaker #1

    Et donc comment t'as rencontré Bidouille ?

  • Speaker #0

    Du coup mon mari est allé la chercher dans les Alpes avec un van, un vent. Il l'a ramenée en voiture dans les Yvelines, à côté de Rambouillet, chez ses parents qui sont agriculteurs là-bas. Et du coup, moi je l'ai rencontrée une fois qu'elle est arrivée là-bas. Et en gros, elle est arrivée 15 jours avant le départ.

  • Speaker #1

    Imagine si tu n'avais pas connecté avec Bidouille.

  • Speaker #0

    Au début, j'ai connecté, mais pas plus que ça, parce que c'était un âne comme un âne que je ne connaissais pas vraiment. Et puis moi, je ne suis pas forcément très à l'aise de base avec les animaux. Je ne suis pas du tout une grande fan de base et pas forcément très à l'aise. Du coup, moi, j'ai mis quand même 15 jours, je pense, à vraiment connecter et à l'aimer vraiment.

  • Speaker #1

    Il y a des petites larmes dans les yeux. Ok, donc tu as ton âne, et comment vous vous posez sur votre trajet alors ? Parce que tu dis que tu as six mois, tu sais que tu veux voir la France, mais après la France c'est...

  • Speaker #0

    Eh bien on a pris une grande carte de France, avec tous les parcs naturels régionaux, nationaux, et on s'est dit où est-ce qu'on veut aller ? On savait qu'on partirait du coup des Yvelines.

  • Speaker #1

    Ah, direct des Yvelines ?

  • Speaker #0

    Oui, des Yvelines directement, parce que c'était là qu'il y avait la ferme des parents d'Elem, et puis c'était simple d'avoir ça comme base de départ. En plus on n'avait plus d'appartement, on avait loué notre appartement. on était hébergés en attendant le départ donc on partirait de là et puis on voulait plutôt découvrir les régions qu'on connaissait pas très bien et surtout les régions vides en fait les régions où il y avait le moins de monde possible et les plus beaux paysages, c'est très beau partout mais en tout cas on voulait découvrir des régions qu'on connaissait un petit peu moins en fait on n'avait pas tracé de chemin de circuit défini avant le départ ça s'est fait un peu au fur et à mesure mais on avait une idée en gros des régions où on voulait aller donc plutôt le Massif Central, en gros le centre de la France Le Massif Central, le Sud-Est, toute la Lausère, les Alpes, un peu tout ce coin-là. Et donc, après, on a fait en gros un très, très grossier sur la carte de là où on voulait aller, mais qui a beaucoup changé en cours de route. Et en fait, après, on avait des cartes IGN, papier. On est parti sans portable, sans Internet, sans nos smartphones. Bien sûr,

  • Speaker #1

    tu t'es lancé plusieurs défis.

  • Speaker #0

    Voilà. Et du coup, on avait juste un petit téléphone à touche avec nos deux cartes SIM dedans pour pouvoir appeler quand même s'il y avait besoin. Et on appelait quand même nos familles régulièrement. Et voilà, mais on n'avait pas Internet et on ne voulait pas. C'était vraiment un choix de ne pas avoir de carte, de GPS. Et on voulait déconnecter complètement, justement, pouvoir vivre un peu comme avant. Enfin, pas comme avant, mais on trouve qu'on est beaucoup trop sur nos portables dans le quotidien. Et moi, je rêve d'un monde où il n'y a plus Internet et il n'y a plus de portables. Et voilà. Je trouve qu'on est moins en connexion les uns avec les autres et du coup on voulait vraiment déconnecter complètement et vivre sans... On s'est dit qu'avant tout le monde faisait très bien sans GPS et sans tout ça et qu'on y arriverait très bien avec nos cartes. Et puis on aime beaucoup les cartes IGN parce qu'il y a plein de signes dessus en fait tout est marqué dessus et il y a plein de vestiges du temps passé et il y a plein d'informations sur la carte si on regarde bien ne serait-ce que les cimetières par exemple qu'on a beaucoup cherché pendant six mois parce que c'est là où il y a de l'eau. toujours de l'eau dans les cimetières et donc on visait les cimetières enfin bref il y a plein de choses écrites sur les cartes t'as appris à les lire avant de partir ? je savais déjà lire en gros après c'est une grosse logistique et un gros budget parce que une carte IGN ça coûte cher et elle dure à peu près deux jours on la traite en deux jours on avait des cartes assez précises donc tu avais un stock dans ton sac à dos du coup on avait en gros une vingtaine de cartes dans notre sac, on ne pouvait pas tout porter mais à la fin on en a eu 75, 80 à peu près en gros on avait un stock dans notre sac à dos enfin dans notre sacoche de l'âne à chaque fois qu'on avait utilisé notre stock on le renvoyait par la poste à notre base à côté de Paris une base logistique et on faisait commander par nos proches du coup Ils nous ont quand même aidé par la poste restante dans un bureau de poste dans lequel on allait passer les prochaines dates.

  • Speaker #1

    La poste restante, donc ça existe encore.

  • Speaker #0

    On a utilisé la poste restante, voilà. Eh bien, ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Comment ça marche, la poste restante ? C'est quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on commande. C'est juste qu'au lieu de mettre une adresse de livraison chez nous, on met une adresse de livraison qui est dans un bureau de poste. Et du coup, on se fait libérer. Avec ton nom ? Avec ton nom. Et après, tu arrives au bureau de poste et tu demandes ton colis, on te le donne. Il faut juste, dans les campagnes, les bureaux de poste ne sont pas ouverts à des horaires très élargis. Donc, il ne faut pas louper le créneau. Sinon, tu attends deux jours dans ton village. Les cartes arrivent parce que je ne peux pas faire sans cartes.

  • Speaker #1

    C'est extra. Donc on a l'âne, on a la carte. Qu'est-ce qu'on met dans son sac à dos alors ?

  • Speaker #0

    Oula !

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'on prend comme sac ? Parce que ça peut intéresser aussi les gens.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Alors on avait deux sacoches du coup pour l'âne. Les sacoches habituelles, on avait le bas, donc le bas sur lequel on pose les sacoches, c'était un bas croisé en bois. Et les sacoches nous avaient été données par l'année. En gros, dans les sacoches, on mettait le matériel de l'âne qui est assez conséquent en fait parce qu'il faut une longe pour la nuit. d'à peu près 20 mètres, plus du coup un piquet, plus un marteau, plus une lime pour ses sabots, plus une petite pharmacie pour l'âne, un répulsif pour les mouches, un petit bandeau pour les mouches. Il faut un peson pour pouvoir peser les sacoches tous les matins, parce qu'il faut qu'elles fassent pile le même poids, sinon le bas tourne en permanence, et déjà il tournait beaucoup, mais c'est vraiment très pénible de le remettre en permanence, mais c'est pas moi qui le faisais, mais c'était vraiment très pénible. Donc il y a quand même pas mal de matériel déjà pour l'âne, et la brosse bien sûr. Et après, il y avait un peu de nourriture quand même pour nous, et l'avantage d'avoir un âne, c'est qu'on pouvait avoir à peu près 5 jours d'autonomie, parce qu'on avait un peu plus de poids possible que si c'était sur notre dos, et on ne mangeait pas que du lyophilisé pendant 6 mois, donc on avait quand même des fruits, des légumes, quelques boîtes de conserve, enfin voilà. On avait l'eau bien sûr, qui reste toujours assez lourde, et après on avait un autre sac au-dessus. qu'on appelait Hortlib, parce que c'était sa marque, et qui était un sac très imperméable, très résistant, une espèce de gros boudin, dans lequel on avait les affaires plutôt un peu plus propres avec nos affaires à nous, les cartes, plein de choses. Et nous, nos affaires à nous, il n'y avait pas grand-chose. En termes d'habits, il n'y avait vraiment presque rien. Ça tenait presque dans une main. Il n'y avait vraiment pas grand-chose, le strict minimum. Et d'ailleurs, on est partis avec... pas mal de kilos, mais on s'est pas mal délesté en route et on ne peut regarder vraiment que l'essentiel. Et c'était vraiment un espèce de dépouillement. On avait vraiment le strict minimum. Et à un moment, l'âne boitait, donc on a dû renvoyer pas mal de kilos. Notamment les jumelles. On avait un petit livre de botanique. On s'est dit, on va prendre toutes les plantes. Finalement, du coup, on n'a pas pu le faire. On a dû tout renvoyer pour limiter au maximum le poids. On ne voulait pas abîmer les sacs de notre âne.

  • Speaker #1

    Une paire de chaussures ?

  • Speaker #0

    Oui, une paire de chaussures.

  • Speaker #1

    Tu les avais testées un peu avant ?

  • Speaker #0

    On avait des tongs aussi, le soir éventuellement, mais une paire de chaussures, non, que je n'avais pas testé avant, que j'avais porté deux jours avant de partir. des chaussures de trail mais très renforcées, pour être légères mais à la fois résistantes.

  • Speaker #1

    Une pharmacie ?

  • Speaker #0

    Petite pharmacie, pas grand-chose, et on n'a presque rien utilisé, à part les pincétiques. Et voilà, on est un peu désinfectant parfois, mais franchement... Une tente ? Même pas pris au Doliprane, je crois. Ouais, une tente. Alors on a eu beaucoup d'aventures de tente. On est parti avec notre tente historique qu'on avait depuis longtemps, qui nous a lâchés en cours de route. Après on a racheté une autre tente, mais pareil, on ne peut pas aller dans les magasins, c'était un peu compliqué. Et du coup, on a fini par avoir une autre tente par toute une année. Bref, c'est compliqué. Et l'autre tente n'était pas imperméable. Au premier orage, on était trempés. Donc on était un peu embêtés, parce que quand on n'a pas de toit, quand même, la tente, c'est très, très important. Bien sûr. Et donc, on a dû finalement... On a recommandé notre tente historique, mais ils avaient changé le modèle. Le piquet s'est cassé dès qu'on l'a remonté. Enfin bref, on a eu plein de problèmes. Et finalement, on a fini par aller dans une zone commerciale, au Puy-en-Velay, chez Décathlon. Et on a pris une... Tente parfaite. Tente parfaite.

  • Speaker #1

    Avec ton âne.

  • Speaker #0

    Avec notre âne. Là, on l'avait laissée, du coup, puis on volait dans un jardin. Et on était partis en stop, du coup, acheter notre tente.

  • Speaker #1

    Donc, tu as ton sac, ton âne. Tu l'as payé combien, ton âne, on peut dire ?

  • Speaker #0

    Vraiment pas cher. J'ai oublié le prix. Mais en gros, c'était vraiment pas cher. C'était genre 1 000 euros.

  • Speaker #1

    Et le deal, c'est qu'après, il retournait dans l'élevage ?

  • Speaker #0

    Ouais c'est ça, parce que finalement au début on voulait acheter un âne, mais en fait c'était trop compliqué, et ça veut dire qu'il fallait qu'on l'éduque nous-mêmes, et en fait on n'avait pas le temps, et du coup finalement on a pu louer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te prépares toi un peu physiquement à aller marcher comme ça pendant 6 mois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, en fait on avait quand même une bonne condition physique, on fait pas mal de sport tous les deux et puis en fait on commençait par la Beauce donc c'était assez plat, on s'est entraîné en fait en cours de route.

  • Speaker #1

    Tu prends des livres ?

  • Speaker #0

    Alors très bonne question, oui j'avais un livre que je voulais finir donc j'ai pris un livre papier mais sinon on avait des liseuses parce que c'était trop lourd de prendre des livres et on voulait en prendre beaucoup et du coup on avait téléchargé plein de livres sur nos liseuses mais en fait on n'a pas du tout lu comme on pensait qu'on... C'est vrai ? Parce qu'en fait, on n'avait pas le temps. Ça peut paraître bizarre, mais on avait six mois pourtant sans vraiment d'activité à faire concrètement. Mais en fait, ça prend beaucoup de temps de toute la logistique de l'âne et du quotidien. Quand on marche, en fait, on ne peut pas lire. Et le soir, il y avait d'essayer de se laver, d'essayer de dîner avant que le soleil se couche. On regardait beaucoup l'âne, en fait, parce que c'est assez fascinant de le regarder vivre, se rouler, brouter.

  • Speaker #1

    C'était contemplatif.

  • Speaker #0

    C'était vraiment beaucoup plus contemplatif. on a remarqué qu'on a très besoin de le lire quand on est dans la ville mais en fait quand il y a des beaux paysages à regarder un soleil couchant et l'âne qui broute en fait on préfère juste regarder et après t'es cuite quoi et puis surtout on se couchait très tôt, on vivait avec le soleil on se couchait très tôt et donc ouais on a quand même lu mais pas autant que ce que tu pensais donc Tatou,

  • Speaker #1

    comment ça se passe ? Un matin, vous laissez vos téléphones

  • Speaker #0

    C'est ça, c'était dur. Ouais,

  • Speaker #1

    c'est dur.

  • Speaker #0

    C'était le 2 mai du coup, 2022. Effectivement, on avait fait une petite fête la veille avec nos amis et notre famille. Puis on prépare nos sacs, on avait tout mis sur une grande bâche et on charge tout pour la première fois. Et on part pour la balade habituelle du dimanche qu'on fait souvent quand on est là-bas. Et là, au lieu de revenir, en fait, on ne s'arrête pas et on continue dans la forêt de Rambouillet du coup. Alors, laisser le téléphone, c'était compliqué. Tu te sois un peu nulle. Ouais, tu te sois un peu nulle et un peu vulnérable. Mais quelle libération quand c'est laissé. et au début ça nous manquait un peu et puis après vraiment très rapidement plus du tout et notamment on regarde beaucoup les nouvelles au quotidien, on lit pas mal d'articles et là vraiment ça nous a pas du tout manqué de pas avoir les nouvelles, on achetait le journal parfois mais voilà on a assez vite rattrapé les 6 mois c'est ça,

  • Speaker #1

    dans un métier où vous êtes hyper connecté aux autres dans la vie et tout, c'est fou de lâcher comme ça et est-ce qu'on a le droit de dormir où on veut ?

  • Speaker #0

    Ah alors non, parce qu'on est toujours chez quelqu'un, on ne sait jamais à personne, et du coup on ne peut pas en théorie, donc on demandait quand même régulièrement. En fait quand on part juste tous les deux avec notre tante en rando quelques jours, on dort sans vraiment forcément demander derrière un bosquet ou un truc.

  • Speaker #1

    Donc là par exemple, je pars demain avec mes enfants dans la forêt de Rambouillet, avec une tante sur le dos, le soir quand la nuit tombe, je m'arrête, je fais un feu, je fais un dîner, je dors.

  • Speaker #0

    C'est pas forcément autorisé.

  • Speaker #1

    Non mais c'est toléré. Si tu respectes la nature.

  • Speaker #0

    Voilà, tu respectes la nature, mais c'est pas forcément autorisé, et notamment les feux sont très très interdits. Donc partout où on était, on a fait un feu une seule fois au début dans le Berry, mais sinon on n'a jamais fait de feu. C'est la canicule en plus en 2022, donc on a fait très attention à ça. Puis en fait, comme on se couchait avec le soleil, on n'avait pas besoin de feu. D'accord. Mais sinon on en fait pas mal quand on est en montagne tout ça, mais là on en a pas trop fait avec l'âne. Et du coup en fait souvent on demandait quand même avec un âne on passe pas inaperçu donc on peut pas trop se cacher derrière un petit bosquet. Et du coup on demandait souvent aux agriculteurs en fait si on pouvait, ils avaient pas un petit coin, on pourrait mettre le piquet de notre âne et notre tente pour la nuit. Ou pas aux agriculteurs d'ailleurs mais voilà des gens dans des villages et puis en fait on nous disait ben venez là, là il y a un jardin, là il y a un truc. Mais en fait l'âne il abîme quand même, il broute beaucoup, il se roule, il fait des crotins. On ne peut pas se mettre dans un jardin chez les gens. Il faut qu'il y ait de l'herbe à brouter pour la nuit. Et donc, on ne peut pas se mettre dans un endroit où c'est tendu. C'est quand même assez contraignant de trouver un endroit pour dormir avec un âne. En plus, il y a une longe qui fait 20 mètres de long, donc il faut qu'il puisse tourner autour de la longe, donc on voit un endroit assez grand. Donc ce n'était pas si simple, mais on a trouvé tous les soirs sans trop de difficultés, sauf dans le sud ou dans la côte d'Azur, où c'était un peu plus compliqué parce que c'est beaucoup plus construit. Et du coup, c'était moins simple de trouver des endroits avec plein d'herbes. On a manqué un peu d'herbes à cet endroit-là. Donc c'était un peu un stress pour ça, parce que là, on n'était pas bien quand on savait qu'elle n'était pas bien.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr

  • Speaker #0

    Mais sinon globalement on trouvait toujours un endroit Après pas forcément les endroits les plus sympas Parce que quand il y a un âne Nous on dort toujours avec notre âne Et donc il nous envoie dans l'endroit où il y a les herbes un peu hautes Par là bas au fond du champ C'est pas forcément l'endroit où il y aurait plus de palettes Il y avait un endroit à côté bien plus sympa Mais nous on va avec notre âne était là où l'âne était bien. Donc,

  • Speaker #1

    tu pars avec ton âne. Premier jour, tu lâches tout. Et après, à quoi ressemblent vos journées alors ?

  • Speaker #0

    À la fois toujours les mêmes et à la fois toujours très différentes. Il y a le temps un peu incompressible le matin de deux heures où on range tout, on fait sécher la tente qui est tout le temps trempée le matin. On s'occupe de l'âne, on le brosse. Et on petit déjeune, on prend le temps quand même de petit déjeuner le matin. On a un petit réchaud bien sûr et voilà. Et après une fois que tout est prêt, que les sacoches sont bien équilibrées et que tout le monde est prêt pour partir, on y va. Et là en gros on n'a pas d'objectif pour la journée à chaque fois, on avance et puis on verra bien où on va. Et il n'y a pas vraiment de trait défini donc on avance un peu au gré de... On sait en gros dans quelle direction on va et on prend beaucoup les chemins noirs. On essaye de prendre le plus possible les chemins noirs. les chemins noirs sur la carte c'est les chemins de randonnée en tout cas il y a les pointillés qui sont vraiment les chemins alors les chemins pointillés sur les cartes les chemins noirs pointillés ils existent pas forcément parce que souvent ils sont recouverts par les broussailles donc il faut faire attention et souvent on a été coincé parce qu'on espérait prendre ce petit chemin sur la carte et en fait il n'existe plus

  • Speaker #1

    Pourquoi on appelle ça les chemins noirs ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils sont noirs déjà sur la carte je pense et que du coup c'est les chemins de taille vraiment chemins de randonnée, c'est pas des chemins où des voitures peuvent pas passer et je sais pas Peut-être qu'il y a une autre raison, mais je ne la connais pas.

  • Speaker #1

    Pour les gens qui ne connaissent pas,

  • Speaker #0

    le chemin noir,

  • Speaker #1

    c'est les plus petits chemins de randonnée sur les cars.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est les petits chemins de randonnée. Alors les plus petits, c'est les pointillés noirs, après il y a les noirs, après il y a les blancs pointillés, après il y a les blancs pleins et après il y a les routes départementales, nationales, tout ça.

  • Speaker #1

    Mais votre idée c'était au max les pointillés noirs ?

  • Speaker #0

    Au max, c'est là où on est le mieux c'est là où c'est mieux pour les sabots de l'âne parce que l'âne quand c'est du goudron ça abîme ses sabots et donc c'est pas confortable et puis nous non plus et puis on voulait voir des voitures le moins possible et donc voilà on a dû quelques fois longer des nationales quelques centaines de mètres mais là c'était vraiment très inconfortable on se fait doubler par les camions très proches on espère que Bidouille va pas réagir alors elle était toujours géniale mais on a eu de la chance parce qu'il y avait quelques endroits quand même un peu dangereux donc voilà on essaye au maximum de prendre des chemins adaptés à Pidouille et à nous.

  • Speaker #1

    Donc tu marches un peu au gré du vent, tu parles, vous discutez tous les deux ou c'est en silence ?

  • Speaker #0

    Bonne question, j'avais peur qu'on ait rien à se dire pendant six mois et en fait, il n'y a pas eu de problème du tout, mais effectivement, il y a beaucoup de moments où on est en silence, notamment quand c'est dur, quand ça monte, quand il pleut, quand c'est pénible, chacun se concentre et avance. et en gros le moral varie beaucoup dans une même journée plus que dans notre vie entre guillemets normale parce qu'il y a beaucoup de moments où c'est dur des moments où enfin on est arrivé, où c'est la pause déjeuner là c'est trop bien, après le soir, l'après-midi ça peut être un peu long, à la fin on en a marre, on trouve pas d'endroit pour dormir et puis quand enfin on est installé, posé là c'est trop bien, donc en fait ça varie beaucoup et donc on parle pas mal de bidouilles parce qu'il faut beaucoup s'occuper d'elles tout le temps vérifier que le bas tourne que ça tourne pas le chargement Remettre ça en place, ne pas perdre une bouteille d'eau sur le chemin, qui était coincée dans l'étendeur. Vérifier qu'il n'y ait pas un caillou dans son sabot. On était tout le temps un peu concentrés pour être sûr qu'elle allait bien, parce qu'on savait que si elle n'allait pas bien, c'était la fin du voyage aussi. Et notamment, nous avions beaucoup dit, pas de pieds, pas d'âne. En gros, les sabots de l'âne, c'est très très précieux. Et elle avait pas mal de problèmes. À ce niveau-là, on est parti avec une fourmilière. bactéries, champignons qui bouffent l'intérieur du sabot. Et donc en fait, on ne savait pas en partant, mais elle boitait déjà un petit peu. On s'est dit bon. Et en fait, elle avait très vite, ça a fait un énorme trou dans son sabot qui était creusé. Et donc au bout d'une semaine, en fait, on... Au bout d'une semaine ? C'était horrible, au bout d'une semaine elle boitait énormément, on a dû voir un maréchal Ferrand, heureusement on a eu beaucoup de chance qu'il était sur notre chemin, parce qu'on ne peut pas à Paris prendre rendez-vous, on n'a pas internet, tout ça est très très compliqué sans internet. Et heureusement du coup il a posé des fers très rapidement, et puis on a vu...

  • Speaker #1

    Comment tu rencontres un maréchal Ferrand quand tu es dans la forêt de Rambouillet ?

  • Speaker #0

    Eh bien on n'était pas dans la forêt de Rambouillet à ce moment-là, on était déjà vers... Parti ! D'abord on est allé vers Chartres, puis après on est descendu par la Beauce, donc c'était plutôt par là-bas. Et on a eu beaucoup de chance parce que LM avait... Une amie, alors on connaît une seule vétérinaire dans toute la France, mais il se trouve qu'elle était dans cette région-là, et du coup on lui a demandé des contacts, il avait son téléphone, on lui a demandé des contacts de... de Marie-Chauferan, elle a donné ce contact, et il était, il se trouve, le lendemain matin, quand on en avait besoin, dans le centre équestre, à côté de là, on a eu plein de chances comme ça, un peu tout le temps. Et voilà, donc on a pu quand même, sinon on demande à des gens, sinon on demande aussi dans les centres équestres, pas mal, s'ils ont des contacts de Marie-Chauferan, donc on en a eu quatre, je pense, de Marie-Chauferan, pour enlever les fers, poser les fers, c'était plus ou moins pénible.

  • Speaker #1

    Elle fait des caprices, bidouille ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout, elle n'aimait pas les marais-chauferans, donc elle se cabrait un peu, et c'était dur, parce qu'on voyait qu'elle n'était pas bien. Mais sinon, non, non, elle a toujours avancé, elle avait peur de rien, donc elle ne se bloquait pas devant une flaque d'eau, il y a beaucoup d'ânes qui font ça, qui se bloquent devant une flaque d'eau, qui s'allongent par terre, qui ne veulent pas avancer, nous on n'a jamais eu ce problème-là, elle a toujours avancé, et après au début elle nous teste, elle essaie de sentir, il faut montrer que c'est toi quand même qui dirige au début, donc il faut toujours qu'il y en ait normalement un devant et un derrière, un pour guider et l'autre pour qu'elle avance, parce qu'on ne tire pas un âne, on le pousse par derrière quand il n'avance pas, ça ne sert à rien de le tirer par devant.

  • Speaker #1

    On a traversé un petit bout des Pyrénées en âne avec mes enfants et elle nous avait dit, prenez un âne, vous allez voir, il a la maturité d'un enfant de 6 ans. Et j'avais un fils de 6 ans à l'époque et il va voir ce que c'est. Et effectivement, tu vois un petit caprice, tout d'un coup, il ne veut plus avancer. Donc lui, il tire, tu pousses, tu essayes, tu lui parles doucement. Alors évidemment, en une semaine, en plus, tu n'as pas le temps de créer la relation que toi, tu as créée avec ton âne. Mais c'est marrant de voir un peu le charmer, travailler avec quelqu'un d'autre dans notre famille, et avec un caractère qu'on connaissait pas, c'est plutôt compliqué.

  • Speaker #0

    Mais en fait, en général, quand elle veut pas avancer, c'est arrivé une ou deux fois, et en général, il y a une raison, et elle a en général raison. On voulait par exemple lui faire traverser les rivières, on voyait pas trop le fond, là elle a pas voulu y aller, et franchement, on comprend, elle était quand même prudente. après souvent quand il y avait une rivière à traverser on passait dans la rivière et elle parfois elle avait peur du coup elle faisait des sauts pour sauter la rivière quand elle voit pas trop le fond voilà elle est prudente c'était plutôt de la prudence je trouve que du mauvais caractère donc tu marches tu t'arrêtes pour déjeuner quand il y en a un qui en a marre qui a besoin d'un break on s'arrête pour déjeuner ouais c'est ça quand on en a marre on trouve un petit coin et on s'arrête et on déjeune quoi alors ? toujours la même chose Toujours la même chose, on n'est pas très compliqués au niveau nourriture, donc ça on s'en fiche un peu, mais c'est vrai qu'on a vraiment mangé la même chose pendant six mois. Des pâtes, du riz, des boîtes de conserve de sardines, des boîtes de conserve de ratatouille, des fruits, du chocolat, du melon. Beaucoup de melon. Et voilà.

  • Speaker #1

    Simple, quoi.

  • Speaker #0

    Très simple. Ça, ça ne nous dérange pas.

  • Speaker #1

    Comment tu te laves ?

  • Speaker #0

    On avait un bidon d'hécatelon en plastique de 10 litres qu'on pouvait plier, qu'on remplissait d'eau froide, bien sûr. Et on avait une petite gamelle pour se laver. Donc on ne se lavait pas les cheveux avec notre bidon parce que ce n'est pas suffisant. Mais en gros, on avait besoin de 2 litres chacun pour se laver. et on gardait le reste pour les cheveux dans les cimetières ou parfois dans les campings, on s'arrêtait parfois dans des campings quand on avait besoin de se poser on faisait en gros une pause d'une journée tous les 10-15 jours sans marche et puis pour pouvoir ne pas avoir la logistique matin et soir tout le temps parce que ça c'est quand même un moment un peu usant et du coup ça faisait une pause et en général là on allait dans des campings pour pouvoir faire des machines être un peu posé à un endroit sans avoir à chercher un lieu euh... sans avoir à se protéger des gens pendant une journée parce que c'est un peu délicat quand même de dire on s'installe chez vous.

  • Speaker #1

    Et quoi de ton âne dans les campings ?

  • Speaker #0

    En général, ils sont sympas, ils acceptent qu'on le mette un peu à côté. En général, ils ont souvent un terrain pas trop tondu, pas loin. Mais le problème des campings, c'est que l'herbe est tondue partout. Donc il faut trouver un endroit en général un peu à côté pour l'âne. Mais on a toujours trouvé.

  • Speaker #1

    Et là, tu te frottes un peu à la civilisation en plus quand même quand t'arrives au camping.

  • Speaker #0

    Oui, du coup, on est un peu l'attraction du camping en général. On est un peu gênés qu'on ait du monde autour parce que l'âne y brait quand même de temps en temps. Et quand il brait, c'est très très fort et ça réveille. On a été beaucoup réveillés par Bidouille la nuit. et enfin la nuit au petit matin le brement de 5h du mat c'est la classique et du coup on était un peu gênés quand même on avait peur que ça dérangeait les autres donc on était plus tranquille quand on était au milieu de nulle part c'est ce que tu recherchais quoi ouais c'est ce que je recherchais et vous avez pris un appareil photo ? oui on avait un appareil photo réflexe un peu lourd au début on a dû faire une petite pause au milieu de notre marche pour le mariage de mon beau frère et du coup à ce moment là on a changé pour un plus petit parce que c'était trop lourd en fait d'accord mais t'avais quand même envie d'avoir ça ouais on a pris 5000 photos Donc voilà, et j'ai fini les albums photos, parce que du coup il y en a quatre, ça rentrait pas dans un seul la semaine dernière. C'est bien, on les a appelés...

  • Speaker #1

    Tu nous enverras plein de belles images.

  • Speaker #0

    On les a appelés au bord de la France, les albums photos, parce qu'on s'est vraiment sentis un peu au bord du monde et au bord de la France du coup. Pendant ces six mois, un peu en décalage permanent avec les gens qu'on croisait, on était tout le temps un peu au bord des chemins. On n'était pas du tout rejetés, mais forcément on ne pouvait pas aller partout avec notre haine et on n'était pas les bienvenus partout. Et on s'est sentis un petit peu en décalage et un peu vulnérables aussi parce qu'on n'avait pas de toit, rien du tout. Et c'est quand même une expérience, alors bien sûr avec toute la sécurité qu'on a derrière nous, donc c'est pas du tout comparable à ceux qui n'ont vraiment pas de toit. mais on s'est senti quand même assez vulnérable à la météo quand il y a un orage, qu'on voit les nuages noirs qui arrivent, en fait on est dehors

  • Speaker #1

    Tu recherchais ça un peu ?

  • Speaker #0

    Ouais on recherchait ça, on recherchait surtout la liberté qu'on a un peu moins ressenti quand même que quand on est juste tous les deux avec nos sacs à dos parce que l'âne c'est quand même un peu en fil à la patte et on peut pas aller partout on peut pas par exemple faire du stop s'il y a un passage un peu pénible dans une zone commerciale un peu urbaine, on doit la traverser à pied Oui Puis c'est un gros animal de 300 kilos qu'il faut gérer, qui est aussi imprévisible parfois. C'est quand même un stress, c'est une charge mentale de voir l'âne quand même au quotidien, même si on a adoré. Mais ce n'est pas pareil, le sentiment de liberté totale n'est pas le même avec un âne à gérer.

  • Speaker #2

    Every time I look around, I hope to find you looking back at me. You're everything I ever hoped to see.

  • Speaker #1

    T'as eu des galères avec ton âne ?

  • Speaker #0

    Elle est quand même tombée dans un ravin une fois, elle s'est enlisée dans une tourbière dans le Cantal, le vent par terre.

  • Speaker #1

    Mais comment tu l'as sortie ?

  • Speaker #0

    On a eu très peur, elle a paniqué en plus, elle s'épuisait en paniquant en essayant de sortir, il n'y avait personne, et après on est un peu bête aussi parce qu'il y avait un panneau interdit aux chevaux. Mais on s'est dit, on n'a pas de cheval, on a un âne. Mais en fait, il y avait une passerelle avec des planches pour passer au-dessus de la tourbière, mais c'était des planches pourries, donc c'était encore plus dangereux de passer sur la passerelle parce qu'elle allait tomber, elle allait mettre un pied au milieu des planches, et du coup, on est passé en dessous, dans la tourbière, qui nous paraissait assez sèche, mais il y a un endroit où c'était encore très humide, et là, elle s'est enfoncée. Et du coup, on l'a déchargée. qu'elle soit moins lourde pour sortir. On l'a poussée, on s'est mis derrière pour la pousser.

  • Speaker #1

    Mais toi, tu ne prenais pas le risque de t'enfoncer aussi ?

  • Speaker #0

    Non, nous, ça allait. On est moins lourds et ça allait. Nous, ça allait. Mais finalement, elle a fini dans un ultime élan de courage à mettre ses pattes avant, en dehors de la tourbière. Et heureusement, ce n'était pas très large, cet endroit très profond. Et du coup, elle a réussi à sortir, mais on a eu très peur. Et le ravin aussi, c'était un peu chaud. Elle a eu des poux aussi. On est parti avec des poux, mais on ne le savait pas. Enfin, pas nous.

  • Speaker #1

    mais l'âne et c'est les mêmes poux ?

  • Speaker #0

    non c'est pas les mêmes heureusement du coup il a fallu qu'on trouve un vétérinaire aussi pour nous trouver le produit pour les poux on a mis je comprends que ton mec il a eu envie de l'abandonner enfin de l'abandonner de la ramener à la maison il y a eu le problème de sa peau, à un moment il a boité pendant une semaine du coup on a dû s'arrêter dans un endroit qui était vraiment pas confortable dans la creuse On se prenait que des orages toute la journée, on était dans une espèce de ferme, c'était très mal, il y avait plein de moustiques partout et on devait attendre qu'elles récupèrent. Elle est mieux. Mais on ne savait même pas ce qu'elle avait. Après une semaine où on pensait qu'elle boitait moins, on a tout remis sur son dos et là au premier pas elle boitait comme avant. On était vraiment désespérés, on pensait que c'était la fin du voyage, c'était au bout de deux mois. Et on a vu un vétérinaire à ce moment-là qui a fait plein de tests de piqûres, de radio, de tout ça, qui ne savait pas trop ce qu'elle avait. En fait elle ne boitait pas trop quand elle n'était pas chargée, donc il me prenait un peu pour des... Voilà, il disait bon ça va, elle ne boite pas, votre année, ça va bien. Et en fait quand on l'a chargée, il a vu qu'effectivement elle boitait énormément, chargée, et il a dit vous n'allez pas aller loin. C'est... Oula, bon courage mais... vous allez aller quelques kilomètres plus loin mais pas beaucoup plus et en fait on a beaucoup desserré sa sangle ventrale en desserrant, du coup on ne la serrait même pas elle a arrêté de boiter donc on a eu beaucoup de chance mais on a quand même porté du coup son...

  • Speaker #1

    Mais ça a lu un livre un peu sur comment vivre avec un âne avant de partir ?

  • Speaker #0

    On avait lu un livre, ouais on avait lu deux livres là-dessus et on avait fait une formation d'une journée avec une dernière qui est dans le Vexin qui nous avait appris un peu comment aborder l'âne comment... Notamment par exemple quand on perd notre âne, ce qui est arrivé quand même un matin, on se réveille et l'âne n'était plus là, la longe s'était décrochée. Du coup là ça fait un peu peur quand même parce qu'on est responsable de cette âne et il est en liberté, on ne sait pas où, il y a des routes autour, enfin c'est un peu stressant. Du coup on avait appris que souvent les ânes rebroussaient le chemin, ils refaisaient le chemin inverse. Du coup on n'était quand même pas sûr à 100%, du coup on est quand même partis l'un dans un sens, l'un dans l'autre. On n'avait pas de portable pour se parler, donc moi j'avais appelé la gendarmerie quand même pour les prévenir qu'il y avait un âne qui errait. Voilà. Et en fait, on a retrouvé l'âne 5 km en arrière.

  • Speaker #1

    On avait refait le chemin de la mètre en arrière.

  • Speaker #0

    Et du coup, on a demandé aux gens sur les chemins si elles avaient vu un âne. Ah bah oui, je l'ai vu passer, mais c'était il y a au moins une heure. Puis on continue, on continue. Puis on la trouve, en fait, elle arrivait à 50 mètres d'une nationale hyperpassante. On a quand même beaucoup de fois eu beaucoup de chance.

  • Speaker #1

    C'était quand même un sujet. Oui,

  • Speaker #0

    c'était quand même un sujet.

  • Speaker #1

    Est-ce que sur la route, il y a des copains qui vous ont retrouvés ?

  • Speaker #0

    Pas beaucoup, parce qu'on ne le souhaitait pas forcément initialement. On s'était dit qu'on part en France, mais ce n'est pas pour qu'on soit l'agence de voyage de tout le monde. On voulait vraiment couper aussi, non pas qu'on ne peut pas les voir, mais qu'on voulait aussi que ce soit un peu notre aventure tous les deux. enfin tous les trois avec Bidouille et du coup on a quand même un couple de copains qui nous ont rejoints pour une soirée parce qu'ils habitaient à Orléans et on n'était pas loin donc ils sont venus faire un feu avec nous c'est là où on a fait un feu et voilà mais juste une soirée on a un couple de copains qui sont venus un week-end en trois jours dans la Creuse mais c'était compliqué en fait parce que quand les gens nous rejoignent il faut qu'ils aient une gare ou un truc pas très loin enfin nous on fait pas une boucle et on veut pas enfin il faut que eux se greffent là où on en est et on peut pas prévoir on sait pas où on sera Donc en fait c'est très compliqué à anticiper et heureusement qu'on l'a pas trop fait parce que c'était quand même compliqué à anticiper.

  • Speaker #1

    Oui en fait ça te met des dates et des obligations alors que toi t'es partie pour être en emploi du temps.

  • Speaker #0

    Voilà, on a rien d'emploi du temps, on a aucune contrainte de rien et voilà après ma famille nous a rejoint pendant trois jours, le père d'Alème est venu aussi deux jours, trois jours. Voilà donc on avait des petits créneaux comme ça mais pas beaucoup et voilà en fait on avait l'avantage d'avoir un emploi du temps vide, un agenda vide. C'est magnifique ça. Et ça c'est pas mal.

  • Speaker #1

    Et pendant...

  • Speaker #0

    C'était dur.

  • Speaker #1

    Tu vas me raconter. Et pendant six mois, il n'y a pas un soir où vous vous êtes dit, allez, viens, on craque, on se fait une bonne bouffe, on va à l'hôtel ?

  • Speaker #0

    Alors, si, mais c'est vraiment très peu arrivé. C'est arrivé peut-être cinq ou six fois, je pense, en six mois, qu'on dorme à l'intérieur. Et c'était un jour où on n'en pouvait plus, on était dans la dorm. Et il y avait vraiment des orages en permanence et des pluies vraiment. En fait, on s'était pris la veille un orage qui nous a fait vraiment peur. On était en haut d'une colline et toute la nuit s'était passé. On n'avait pas dormi de la nuit et il y avait orage sur orage. On n'est pas tombé loin et là, on ne voulait pas refaire une nuit comme ça. Mais c'est compliqué parce que quand on n'a pas Internet, on trouve un endroit qui accepte les ânes. Ce n'est pas simple. On l'a vraiment très peu fait, mais c'est quand même arrivé quelques fois. T'as guéfié quand même. Cinq fois. Oui, quand ça arrive, du coup, on est content.

  • Speaker #1

    La bonne douche chaude.

  • Speaker #0

    On dort bien, mais à l'intérieur, on étouffait vite. On n'était plus du tout habitués à être à l'intérieur, donc on dormait la fenêtre grande ouverte.

  • Speaker #1

    Si moi, je vais avec un âne ou pas d'âne, d'ailleurs, mais si j'ai envie d'aller marcher une semaine, c'est quoi le plus beau, là où tu étais le plus beau dans ton voyage ?

  • Speaker #0

    J'ai vraiment adoré la Lauser avec l'Aubrac, les Causses, les Cévennes. Là, c'est vraiment extraordinaire. On a parcouru vraiment la Lauser en long, large et en travers.

  • Speaker #1

    Donc Lauser, ça veut dire que je vais où en train ?

  • Speaker #0

    En train, je ne sais pas du coup, parce que moi, je n'arrive que à pied.

  • Speaker #1

    Mais la ville, la grande ville ?

  • Speaker #0

    La grande ville, c'est quoi ? On va regarder sur une carte.

  • Speaker #1

    Mais Lauser, j'y vais et je marche une semaine.

  • Speaker #0

    Oui, tu marches une semaine sans problème. Et sinon, on a couvé le Verdon, magnifique. Et sinon, les Alpes. Nous, on a traversé le Mercantour du nord au sud. et le Marc-en-Tour c'est extraordinaire on a bien aimé en gros préféré après tout le Massif Central tout est beau, franchement on a adoré tout même la Beauce, tout le monde nous dit la Beauce ça doit pas être très marrant et nous on a adoré la Beauce on a tout aimé en fait particulièrement la Lauser où c'est vraiment des grands paysages on va chercher la grande ville de Lauser et qu'est-ce que t'as trouvé comme petit ou grand moment de bonheur ? beaucoup de petits moments de bonheur en fait du quotidien, ne serait-ce que le moment le moment de bonheur de la journée c'est vraiment quand on est installé le soir On est arrivé, qu'on a trouvé un lieu, que l'âne est bien, en train de se rouler, que notre temps est monté, que les pâtes sont en train de chauffer. Et là, ça y est, là c'est trop bien, on est propre, on a pu se laver. C'est le petit bonheur du quotidien. C'est vrai que la vie est vraiment concentrée sur dormir, manger, se laver. C'est ça qui fait l'essentiel de notre quotidien. Et on retrouve vraiment le bonheur d'avoir pris une douche froide, parce que c'est ça qui est bien.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est retrouver le goût des petites choses.

  • Speaker #0

    Exactement, retrouver le goût des petites choses. Et après, il y a eu plein de moments, j'ai plein de paysages en tête, de souvenirs incroyables, notamment dans le Mercantour. Un souvenir incroyable, c'était avant de redescendre à la fin de la partie montagne qui a quand même duré trois semaines. La montagne avec un nain, c'est un peu stressant parce qu'il y a des chemins dangereux, il faut faire attention, il faut tout anticiper parce qu'avec les sacoches, il est plus large donc il peut vite basculer. Donc on devait être très concentré en montagne et on a peur de la météo, de tout ça. Et du coup, on était justement arrivé au dernier col de nos trois semaines de montagne et après on allait redescendre. Et en fait, dans ce dernier col, ça s'appelait le Pas du Diable dans le Mercantour, à côté de la Vallée des Merveilles. Il y avait en fait une énorme mer de nuages juste en dessous. Et donc, on a pu déjeuner avant de descendre dans les nuages, au-dessus de cette mer de nuages absolument magnifique. Vraiment un moment incroyable. On n'avait jamais vu une mer de nuages comme ça. Mais sinon, c'est surtout les petits bonheurs du quotidien et les rencontres aussi avec les gens. On a vraiment rencontré des gens extraordinaires, très courageux aussi. Beaucoup d'agriculteurs. Ils font vraiment vivre nos campagnes, la France. On a eu beaucoup de gratitude aussi. On a vraiment des rencontres de... Ils nous ont marqués aussi et on le voit encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    On attend ton livre, j'ai l'impression qu'il y a des trucs à raconter quand même. Et comment tu décides de rentrer ? Comment le chemin du retour se dessine ? Est-ce que tu te dis, dis donc, dans un mois, il faudrait qu'on soit à Paris ?

  • Speaker #0

    On reprenait nos boulots six mois après, donc on n'avait pas le choix. On savait qu'il fallait qu'on rentre. À un moment, on savait qu'il fallait qu'on définisse notre lieu d'arrivée parce qu'on ne savait pas du tout où on allait terminer notre voyage. Ça, c'était un peu dur d'ailleurs dans la motivation, de ne pas avoir de but, de point d'arrivée défini. Oui,

  • Speaker #1

    l'errance, en fait, c'était compliqué.

  • Speaker #0

    L'errance dans les moments où c'est dur, où on en a un peu marre, où il pleut, où c'est pas facile, alors il n'y a pas beaucoup plu, mais quand même, il y a des moments durs. Quand on n'a pas vraiment de but d'arriver, on nous avait beaucoup dit dans les livres qu'on avait lus, etc., le sens est dans le chemin, on s'en fiche un peu de l'arrivée, etc. En fait, on trouve que c'est pas forcément tout à fait vrai. Quand même, avoir un but, un endroit où tu veux arriver, ça aide dans la motivation au quotidien.

  • Speaker #1

    Carrément.

  • Speaker #0

    mais du coup on n'avait pas ce but là on ne savait pas du coup forcément pourquoi on continuait à marcher comme ça à errer un peu en France, sur les chemins de France et du coup un mois avant l'arrivée on voulait quand même un lieu d'arrivée qui ne soit pas juste un village comme ça au milieu de nulle part, qui n'a pas trop de sens on voulait terminer notre voyage du coup par le sud de la France en gros parce qu'en octobre il y a un peu plus beau dans le sud et du coup on avait entendu parler d'un lieu qui s'appelle la Sainte-Baume à côté de Marseille qui est très beau. Et du coup, on avait écrit pour savoir si on pouvait arriver là-bas. En fait, c'est un lieu où il y a un monastère avec des moines dominicains. Et ça correspondait à peu près à notre trajet, là où on comptait à peu près arriver dans un mois. Et on s'est dit, tiens, pourquoi pas aller là-bas ? Il paraît que c'est beau. Et puis, ça avait du sens quand même pour nous de finir sur une note un peu spirituelle. Et du coup, c'était finalement notre lieu d'arrivée à la Sainte-Baume, à côté de Marseille. Et donc,

  • Speaker #1

    t'arrives et t'arrives.

  • Speaker #0

    Et bien, t'arrives et t'arrives. Et c'est un peu bizarre, ce moment d'arrivée. Et c'est d'ailleurs marrant parce que LM, c'était beaucoup lui qui gérait l'âne au quotidien quand même, parce qu'il fallait porter beaucoup et voilà, il a plus de muscles que moi. Souvent, il en avait marre et il disait, l'âne quand même, c'est dur, donc les moments un peu de coup de mou. il voulait rendre l'âne parfois et il n'en pouvait plus une demi-heure avant l'arrivée il en avait encore marre alors qu'on était arrivés mais vraiment jusqu'au bout c'était quand même c'était pas si simple tous les jours c'était pas que génial de marcher en France en liberté dans les beaux paysages il y a quand même plein de moments qui sont un peu durs et longs et voilà et on se demande un peu ce qu'on fait là et quel sens ça a et vous êtes engueulée ? ah bah oui on s'est engueulée quand même mais Bidou t'es toujours d'accord avec moi donc ça allait merci

  • Speaker #1

    Et puis surtout, t'as pas le choix, en fait, t'es que tous les deux.

  • Speaker #0

    T'as pas le choix, oui. Après, on passe beaucoup de temps tous les deux, déjà, de base. Oui,

  • Speaker #1

    mais deux dans le silence, dans la nature, sans aucune autre attraction que l'un et l'autre, en fait, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aucune autre attraction que l'un et l'autre, beaucoup quand même de grands espaces, donc on respire quand même vachement, donc c'est très agréable. Mais oui, on s'est engueulés, bien sûr, des histoires, mais un peu du quotidien, des trucs qu'on s'est pas beaucoup engueulés, d'ailleurs. Mais il y a eu une grosse engueulette sur une route nationale qu'on devait longer dans un tournant, c'était vraiment très, très dangereux. Et moi je voulais qu'on se mette de l'autre côté de la barrière et lui voulait qu'on se mette du côté de la route. Et finalement on s'est mis du côté de la barrière, enfin de l'autre côté, mais l'âne a failli tomber parce qu'on était très très pentus. Enfin bref, il y a un camion qui est passé, enfin bref c'était très compliqué.

  • Speaker #1

    Ça c'était la plus grosse engueulade.

  • Speaker #0

    Ouais c'était une grosse engueulade ça.

  • Speaker #1

    Ça va.

  • Speaker #0

    Mais ça va, il y a pire. Mais on a eu quand même pas mal de problèmes, de moments où l'âne a eu des problèmes.

  • Speaker #1

    L'eau, t'as toujours eu de l'eau ?

  • Speaker #0

    L'eau, ouais. Alors dans les Cévennes, on a manqué un peu d'eau. Mais du coup, on était obligés d'en avoir parce que nous, on doit boire et puis l'âne aussi. Et en fait, s'il n'y avait pas d'eau, on redescendait dans la vallée chercher de l'eau. Mais c'est vraiment très peu arrivé. Et on a eu un moment justement dans les Cévennes, on était sur des crêtes pendant plusieurs jours. Et donc là, il n'y avait pas de source. C'était très sec et les villages étaient en bas. Donc en fait, on a fini par descendre. On a trouvé une source.

  • Speaker #1

    Mais descendre, ce n'est pas dix minutes.

  • Speaker #0

    Non, c'est très compliqué. Et puis on avait du coup laissé l'âne sur la crête pour aller plus vite. Il fallait qu'on le retrouve, enfin bref c'était un peu compliqué. Mais on a eu, sinon on a quand même eu de l'eau globalement sans problème avec les cimetières.

  • Speaker #1

    Et à manger aussi ?

  • Speaker #0

    Et à manger aussi, quand il y avait des problèmes, il y a des gens très sympas, une petite super-aide qui était fermée, la dame du village est venue nous, la super-aide est venue nous l'ouvrir exceptionnellement pour qu'on puisse se ravitailler.

  • Speaker #1

    Comment on rentre d'un voyage comme ça ? Parce que là, tu dis, tu arrives au monastère.

  • Speaker #0

    Oui. Bon, voilà.

  • Speaker #1

    Tu l'as fait,

  • Speaker #0

    quoi ? Après, on est restés une semaine, en gros, là-bas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Faire un peu une transition, se poser un peu et relire aussi notre petit carnet, parce qu'on avait pris des notes tous les soirs dans un petit carnet, chacun séparé. Et du coup, on a chacun relu aussi les notes des six mois pour relire un peu notre voyage et puis se poser un petit peu et faire une espèce de transition. Et puis après, il fallait qu'on rende l'âne. La nière qui venait chercher Bidouille. On a quand même ramené Bidouille chez elle, à côté de Gap.

  • Speaker #1

    Tu ramènes Bidouille à la maison.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais là ? Vous vous retrouvez tous les deux ?

  • Speaker #0

    On dort une dernière nuit sous la tente à côté de son pré, où elle a retrouvé tous ses copains. Et elle, très contente de retrouver sa vie, n'a plus du tout envie de repartir en rando avec nous. Donc elle commence à nous ignorer un petit peu. Donc on a quand même été lui dire au revoir le matin. C'était un peu triste. Et on est repartis sous la pluie, en stop du coup. En stop. Voilà. du coup là on pouvait faire du stop la maison de mes grands-parents à côté de Lyon où on s'est posé encore pour une deuxième transition pendant 3-4 jours avant de rentrer à Paris t'es re-rentrée en stop ?

  • Speaker #1

    non non on est rentrée en train du stop et donc qu'est-ce qu'il se passe quand tu rentres de côté ? t'as changé ?

  • Speaker #0

    je sais pas si j'ai changé, je crois pas avoir beaucoup changé mais ouais c'est quand même une expérience très marquante et on doit repasser c'est plus l'impression que c'était un peu une expérience un peu hors du temps et qu'on a dû revenir dans notre vie d'avant et reprendre le rythme très rapide et au début c'était pas facile et on était très frappés en rentrant par les bruits les odeurs, l'odeur de cigarette notamment dans la rue, qu'on avait pas senti depuis très longtemps les pots d'échappement, tout ça vraiment et le béton c'était assez agressif au début le retour dans une ville et puis on était plus trop habitués à avoir des discussions entre guillemets un peu mondaines enfin pas mondaines mais un peu de boulot de tout ça on était plus Du coup, on a mis du temps, quelques jours, en fait, on revient très vite, mais on n'était plus trop habitués aux conversations un peu du quotidien. Voilà, on a mis du temps. On a fait une petite réunion, un diapo photo où on racontait un peu notre voyage avec nos amis, notre famille. Du coup, on était content de pouvoir aussi raconter un peu.

  • Speaker #1

    Partager quoi. Et tu ne t'es pas dit, on va aller lever des chèvres dans l'arvaque ?

  • Speaker #0

    Non, je ne me suis pas dit ça parce qu'on aime tous les deux beaucoup nos métiers et qu'on est très content de ce qu'on fait. On ne s'est pas dit ça, mais partir dans un endroit où il y a plus de nature, c'était déjà le cas avant, mais ça ne fait que confirmer le fait qu'on aime bien ça. On est heureux aussi ici, on est heureux partout, mais on retient quand même beaucoup de beaux paysages qui permettent d'avoir un espèce de recul un peu constant. On a en tête tous ces paysages, ces lacs, ces montagnes, ces vaches, tout ça. et ça aide quand même parfois on sait que ça existe, on sait que c'est là et que ça reste immuable c'est assez rassurant et ça permet un espèce d'apaisement un peu aussi de fond Et on retient quand même aussi le contraste important entre la France belle et la France très moche. Et en fait, ça, c'était assez frappant quand même quand on la traverse, parce qu'on passe d'endroits vraiment magnifiques à tout d'un coup une espèce de zone industrielle, commerciale, d'espèces de pavillons périurbains. Et en fait, quand on les traverse à pied, c'est assez long, ces zones-là. Et c'est vraiment, vraiment très moche. C'est la France du plastique, la France des campings, la France de tout ça. C'est vraiment très moche. Et on sentait que quand on était dans cet endroit-là, on n'était pas bien. Et l'âne n'était pas bien parce qu'il y avait trop de béton, de plastique, de tout ça. Et nous aussi, en fait, on n'était pas bien.

  • Speaker #1

    T'es bien dans la nature.

  • Speaker #0

    En fait, on est bien là où l'âne est bien. On s'est rendu compte de ça. On a les mêmes besoins que l'âne.

  • Speaker #1

    Tu vas repartir ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas. J'aimerais bien.

  • Speaker #1

    Tu dis que tu referas en tout cas des jardins.

  • Speaker #0

    On aimerait bien. Après, il faut pouvoir le faire aussi logistiquement, financièrement.

  • Speaker #1

    Ça t'a coûté cher ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce qu'en fait, on n'avait pas d'hôtel à payer et on avait juste notre nourriture. Et l'âne, ça n'a vraiment pas coûté cher. Donc en fait, ça n'a vraiment pas coûté cher, mais on avait quand même notre appartement, notre emprunt à rembourser. et après on est content quand même de travailler c'est aussi ce qu'on s'est dit pendant la marche c'est très bien de marcher comme ça il n'y aura pas une vie de pèlerin on n'a pas envie de passer notre vie sur les routes à voyager on trouve que ça n'a pas forcément non plus du sens d'être juste sur la route pour le principe de voyager et du coup on est content de travailler et d'être utile à la société enfin d'essayer en tout cas merci beaucoup

  • Speaker #1

    C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écouté jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcast et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite, merci et à bientôt !

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