Speaker #0Bloopers : La honte ne tue pas. De toute façon, je suis au bon endroit. Je suis déjà arrivée. Ah merde ! Une porcelaine !
Hello mes petits soleils et bienvenue pour ce nouvel épisode de Cimetière, la saga funéraire de l'été. Je suis Virginie, conseillère funéraire de formation et passionnée par la mort dans tous ses états. Et en juillet et en août, je vous emmène avec moi explorer ces lieux dans lesquels on n'ose pas entrer, ces lieux mystérieux et tellement riches, les cimetières. Alors on a déjà visité le cimetière d'Arras et le cimetière de Béthune, et aujourd'hui on part à la découverte du cimetière de l'Est de Lille, le plus beau cimetière de France après celui du Père Lachaise. D'ailleurs, vous saviez qu'il avait été inauguré avant celui du Père Lachaise ? Préparez-vous, car cette visite sera naturelle, engagée, drôle et informatrice, à la manière d'une Dora l'exploratrice qui explorerait Disneyland, sauf que notre Disneyland à nous, c'est un cimetière historique !
Mais avant de commencer, contexte ! Situé au nord-est de Lille, quartier Saint-Maurice-Pelvoisin, pour ceux qui connaissent, le cimetière de l'Est est le plus ancien et le plus vaste de la ville. Il a été inauguré en 1779. Avec 22 hectares de verdure et environ 36 000 tombes, il s'impose comme un véritable musée à ciel ouvert de l'histoire lilloise. Certains disent même que c'est l'un des plus beaux cimetières de France après le Père Lachaise. Et on va voir pourquoi. Dès l'entrée principale, porte du Ballon, rue du Ballon, juste derrière la gare Lille Europe, on ressent une ambiance particulière. De grandes allées ombragées s'offrent à nous, bordées d'arbres anciens. Alors, prêts à explorer ? Allons-y ! Carte à la main, ou plutôt guide à la main, et je vous parlerai de cette pépite pendant la visite, partons à la découverte de ce lieu où l'histoire, l'art et la nature se rencontrent.
Passée l'entrée, sur la gauche, nous sommes accueillis par une œuvre remarquable, une statue en bronze grandeur nature d'une femme jouant du violoncelle. Il s'agit d'Elisa de Try, née en 1846 et décédée en 1922. Une violoncelliste virtuose originaire de Cambrai, qui fut une véritable star de la musique classique en son temps. Cette statue, située à l'entrée du cimetière de l'Est, la montre en train de jouer de son instrument, perpétuant le souvenir de son talent. Et je dois dire que c'est assez rare de voir une musicienne ainsi mise en avant sur sa tombe. Ça donne tout de suite le ton, Ce cimetière est un lieu d'art et de personnalité marquante. En plus d'être un bel hommage artistique, parce que le niveau de détail du bronze est superbe, on croirait presque l'entendre jouer tellement céréaliste, cette tombe raconte une histoire personnelle et locale. Elisa de Trie a été soliste de renom et professeure de violoncelle au Conservatoire de Lille. Elle était mariée à Oscar Doutrelon, un bijoutier lillois connu à l'enseigne aux mille pendules. D'ailleurs, un médaillon sur le monument funéraire représente Oscar en arrière-plan, tandis qu'Elisa occupe la place principale. Et pour une fois qu'une femme vole la vedette, même dans la mort, perso, moi j'aime beaucoup cette inversion des rôles. Vous entendez ça les copines taf aux filles ? Elisa de Tri fait partie des trop rares femmes mises en lumière ici. Beaucoup ont été longtemps oubliées ou reléguées dans l'ombre. Profitez donc de ce bel exemple d'une femme artiste célébrée en entrée de parcours. Parce que après, dans le cimetière, c'est beaucoup plus rare. Allez, c'est parti ! On prend notre sac à dos. Vous l'avez ? Le sac de Dora ? Et on s'avance plus loin dans l'allée principale. Alors, j'avoue, il y a du monde là dans le cimetière et j'ai un peu honte de me balader et de parler toute seule. Mais c'est pas grave. La honte ne tue pas. Et puis de toute façon, je suis au bon endroit. Je suis déjà arrivée. Juste en face de la sépulture d'Elisa de Try se trouve un autre monument imposant, la tombe de Pierre Moroy. Alors, imposant par la réputation, mais très discret. Pierre Moroy est né en 1928 et est décédé en 2013. Vous connaissez ce nom ? Pierre Moroy a été premier ministre de François Mitterrand et surtout maire de Lille pendant près de 28 ans. Il a profondément transformé la ville, on lui doit entre autres le métro. le développement du quartier Euralille, juste à côté d'ici. On peut dire que la mémoire politique de Lille est bien gardée entre ces grilles. Il faut savoir que j'ai un guide, dont je vous parlerai tout à l'heure, et j'ai un plan aussi, mais j'ai décidé de me perdre. Alors j'ai préparé cette visite, mais comme tout le monde me le recommande, je vais me perdre ici et vous donner mes impressions. Et qu'est-ce que je vois à peine arriver ? Une porcelaine ! Ah, un chansonnier ! À la mémoire de Henri Hérin, chansonnier, vice-président du Cavo-Lillois, 1880-1942, époux de Marguerite Deschiens, 1882-1964. Et on a Maria et Rhin, 1901-1993. J'aime beaucoup cette tombe, elle est très jolie. Il y a énormément de sépultures qui sont très vieilles. Enfin là, l'allée principale, c'est super vieux. J'adore. Mais bon, là je suis en train de vous dire j'adore, mais je ne suis qu'à l'entrée du cimetière. Je suis déjà grande fan. Super. Ça va, j'ai prévu de rester 4 heures ici. Ah, ici on a un... La sépulture Bondu Jeannot, désiré Bondu, ex adjoint au maire de Lille, 1869-1931, époux de Émilie Jeannot, 1871-1941. En fait, c'est ce que je disais au tout début de la visite. Ici à Lille, on est vraiment dans un patrimoine municipal. C'est fou ! J'adore ! Florentine Aimée Dutilleul, sénateur. Ah ! On a un sénateur ici ! Désolée pour la culture générale, je crois que c'est Jules. Jules Dutilleul, sénateur, chevalier de la Légion d'honneur. Il est né en 1857 et décédé en 1883. Tout est déjà bien effacé. J'ai pris le parti de prendre des photos des cimetières, etc. Il y a des tombes que j'aime beaucoup et qui sont très récentes. Des fois, j'hésite à les prendre en photo, par respect pour les familles et par respect pour le droit à l'image aussi. Et je prends aussi en photo surtout les très vieilles tombes, les très vieilles sépultures. C'est bête en fait, parce que je me dis que je ne les prends pas les nouvelles par respect pour les familles, parce que les familles sont peut-être encore en vie. Il y a ce souci du droit à l'image, etc. Je pense que je ferais... Soit un épisode, soit un short sur le sujet du droit à l'image. J'en avais parlé déjà dans mon histoire de mort, mais très rapidement sur la mort d'une actrice au XIXe siècle et donc le droit à l'image. Mais voilà, c'était plus de l'image photographique, corps mort, mais qu'est-ce qu'il en est en fait de l'image photographique du lieu de sépulture ? Comme on dit, je deep-diverai à l'intérieur de ça. Ici dans ce cimetière, on a aussi la tombe sobre. de Roger Salangro qui est né en 1890 et décédé en 1936. Roger Salengro est aussi un ancien maire de Lille et ministre du Front Populaire. C'est une figure emblématique de la ville, son histoire est tragique par contre. Héros de la Première Guerre mondiale, puis ardent défenseur des travailleurs, il a été calomnié par des adversaires politiques au point de se suicider en 1936. Son décès avait ému la France entière à l'époque, et aujourd'hui sa sépulture est un lieu de mémoire toujours honoré. Et fun fact, L'entrée du cimetière côté Euralille porte son nom et de nombreuses rues et écoles de la région aussi. Impossible donc d'oublier cette personne qui a été calomniée. Quand je vous dis que ce cimetière est un puits d'histoire pour la ville de Lille, à gauche de l'allée, on voit une stèle ornée d'une palette et d'un pinceau sculpté. Eh bien c'est la tombe d'Alexandre Desrousseaux, né en 1820 et décédé en 1892, poète et chansonnier lillois célèbre pour avoir composé le Petit Quinquin. Le petit quinquain, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une berceuse en ch'tis, devenue l'hymne du Nord. Je ne chanterai pas le petit quinquain devant sa sépulture pour lui rendre hommage, parce que j'ai pas envie, mais dans ma tête, je vous assure, je la chante. Après, je sais pas vous, parce que je vous parle souvent, en fait, de ma passion pour les porcelaines, mais je vous ai pas parlé de ma deuxième passion dans les cimetières, c'est les couleurs passées. des fleurs artificielles, j'adore ça. Je... voilà. La fleur artificielle pour moi je trouve ça très... je vais dire rococo et c'est pas le bon mot mais je trouve ça très kitsch en fait de mettre des fleurs artificielles. Après ça dure longtemps mais en même temps je les trouve super jolies quand elles sont passées. Alors, je ne sais absolument pas où je vais. J'ai mon guide dans mon sac à dos. Mais j'ai pris le parti de le laisser dans mon sac à dos. et de me perdre. Et tant pis si je ne vois pas tout aujourd'hui, je reviendrai pour une partie 2 avec j'espère une invitée. Allez je vais me… parce que là je ne suis que encore au début du cimetière. Je vous dis, c'est un musée. Je m'attarde sur les tombes comme on s'attarderait sur un… devant des tableaux en fait. Pour ceux qui ont écouté les… Oh ! Wow ! Je ferai ma phrase après. Je suis devant une sépulture recouverte de lierre et je trouve ça tellement beau, je vous prends en photo. Et au détour d'une allée, je passe devant la sépulture de Liliane Ledin, née en 1932 et décédée en 2001, comédienne, et Marcel Ledin, né en 1929, décédé en 2019, marionnettiste. C'est une sépulture qui est très sobre, et je pense qu'après avoir posté cet épisode, je me pencherai sur l'histoire de cette femme. Depuis le premier épisode de Cimetière, sur la ville d'Arras, enfin au cimetière d'Arras, je suis toujours accompagnée de mon conjoint. Arras, Béthune, etc. Là, aujourd'hui, c'est une première, je suis toute seule. Attention, je raconte un peu ma vie. Je suis hyper introvertie, même si comme ça je parle, etc. Je ressens une certaine gêne à être là, à parler avec mon micro toute seule, même s'il n'y a absolument personne. Je ne sais pas ce que... Vous les tafophiles, les passionnés de cimetières, vous ressentez lorsque vous vous baladez comme ça, il y a un mélange de « waouh, c'est vachement beau, waouh ! » C'est un peu mon Disneyland sans lettres, parce que je ne m'amuse pas, mais vraiment quelque chose dans le ressenti de « je suis à ma place, j'adore ce que je vois, l'architecture est magnifique, je découvre énormément de choses » . Et puis il y a cette gêne de se dire « ici reposent des personnes qui sont décédées, qui ont peut-être souffert » . Pourquoi je suis là en fait ? Dites-moi en commentaire ce que vous vous ressentez lorsque vous visitez un cimetière dans le cadre de la découverte. Ce serait sympa en fait qu'on puisse échanger là-dessus. Alors pour me situer là actuellement, j'ai un peu beaucoup dépassé l'entrée. Et je me situe sur le côté gauche du cimetière. Alors c'est maladroit la façon dont je m'exprime, je le sais. Je ne suis pas encore une experte du cimetière, je m'exprime comme je m'exprime. Voilà. Oh, waouh ! Je suis devant la sépulture de Marie Autocœur, décédée le 30 mai 1913. Il n'y a pas de date de naissance, mais elle est décédée en 1913, cette dame. Waouh ! Oh, c'est tellement beau ! J'ai aussi prévu de m'acheter un dictionnaire des synonymes. J'arrête pas de dire « c'est magnifique » , « c'est beau » , il y a d'autres mots, je le sais, merci. Si vous avez écouté aussi les précédents épisodes, j'ai changé de chaussure et mes chaussures là ne font pas ploc-ploc. Ah, la tombe ici est très jolie. Je me trouve devant la tombe d'un horticulteur, monsieur Isidore... Van Ourenberg, décédé en 1931. Alors je ne sais pas qui est la personne que j'ai devant moi. La sépulture est remarquable. On a Honorine Jacobs, épouse du docteur Blancard, née en 1874, décédée en 1930. Et Elodie Marie Jacobs, née en 1865 et décédée en 1932. A priori, elle serait mise ici avec sa sœur, je pense. Et si je regarde mieux sur la sépulture, effectivement, on a M. Jacob et on a l'époux aussi de Elodie Marie Jacob. Je ne sais pas qui étaient ces femmes, mais les hommes sont décédés 20 ans plus tard, de ce que je peux voir. Mais les femmes ici sont beaucoup... Elles sont mises en avant et les hommes, eux, sont relégués en bas de la sépulture, ce qui est un peu rare ici dans ce cimetière et dans presque beaucoup de cimetières, puisqu'on a tendance à mettre en avant les hommes et oublier les femmes et reléguer la femme simplement à son rôle d'épouse.
Vous le remarquez, et il n'y a pas que ici, il y a aussi dans beaucoup de cimetières, les noms féminins sont rares. Parce que oui, la place de la femme dans l'histoire locale, telle qu'inscrite sur les tombes, est bien modeste comparée à celle des hommes. Ça ne veut pas dire qu'aucune femme remarquable ne repose ici, au contraire, mais beaucoup sont tombés dans l'oubli ou n'ont pas eu droit aux grands monuments funéraires qu'ont pu s'offrir leurs homologues masculins. Heureusement, on commence à redécouvrir ces Lillois oubliés et leurs histoires fascinantes. Par exemple, lors du mois des droits des femmes en mars 2025, une visite spéciale a mis en lumière quelques-unes d'entre elles. On y a évoqué Palmyre Buysine, née Rigaud. Palmyre était l'épouse du sculpteur Charles Buysine Rigaud, artiste elle-même. Et bienfaitrice, elle a contribué à la renommée de l'atelier familial, mais elle est restée dans l'ombre de son mari. Ça sent bon, ça sent le tilleul. J'adore cette odeur. Fait un peu plus rigolo, il y a moins de porcelaine qu'à Béthune. Pour le moment, le cimetière de Béthune reste le top 1 des cimetières dans lesquels on va trouver des porcelaines. Enfin, en même temps, je vous dis, je suis restée qu'à gauche pour le moment. J'ai pas... Oh, un petit chat ! Après, ce cimetière, il est connu aussi en... Coucou ! Voilà, j'ai loupé la meilleure photo de ma vie, c'est-à-dire un petit chat qui passe la tête derrière une tombe. Et puis, il y a Sœur Paule aussi, une religieuse qui a dédié sa vie aux plus démunis dans les années 1900. Elle dirigeait un orphelinat et parcourait les rues de Lille pour apporter soupe et renfort aux ouvriers malades. Sa sépulture se trouve dans une section ombragée presque anonyme. Un simple crucifix de pierre avec son prénom, Paule. Je ne peux pas toutes les citer. Mais retenez qu'elles s'appellent Palmyre, Elisa, Jeanne ou encore Paule, artistes, bienfaitrices, sages-femmes, religieuses, et qu'elles ont en commun d'être tombées dans l'oubli. Notre balade, c'est aussi l'occasion de leur redonner la parole. Et à chaque fois que je découvre l'histoire d'une de ces femmes, j'ai l'impression de réparer une injustice du temps en la racontant à haute voix dans ce podcast. Et je pense que c'est à nous, visiteurs du XXIe siècle, de faire revivre leurs souvenirs en racontant leur histoire. Tout à l'heure, j'ai mentionné mes copines du collectif Tafo-Filles. Les Taphophilles, c'est un collectif qui souhaite porter un regard féministe sur la mort et valoriser le matrimoine funéraire. Et il est porté par Alexandrine de Visite Mortelle et Camille Pé de Mère Lachaise. D'ailleurs, je vous invite vraiment à suivre ces deux comptes sur Instagram et à écouter le podcast Visite Mortelle et lire les ouvrages de Camille. Parce que bon, est-ce que je ne vous réserverai pas un entretien avec Camille au mois d'août ? Est-ce que je ne serais pas en train de vous spoiler pour vous récompenser de me supporter cet été ? Et puis, en parlant de femmes inspirantes, lors de mes recherches sur le cimetière de l'Est de Lille, Anne Hadoux Decroo a tellement été touchée par ses destins qu'elle a fait des recherches poussées, retrouvant parfois des descendants ou des archives. Elle a compilé tout ça dans un guide du cimetière de l'Est, c'est ce fameux guide que j'ai dans mon sac, qu'elle a auto-édité en 2024 et qui présente 100... personnages enterrés ici, seulement 100 sur 36 000 tombes. Vous imaginez le tri ? Grâce à ce travail de détective, les visiteurs peuvent partir à leur tour sur les traces de ces femmes et de ces hommes hors du commun. Le guide est toujours en vente à l'association de mise en valeur du patrimoine La Renaissance ou directement auprès de Anne dont je mettrai l'Instagram en lien. J'ai réussi à me procurer cette pépite, un guide épais, complet, en couleurs et avec des cartes du cimetière à l'intérieur. Oh waouh ! Ici je suis devant la sépulture d'une femme, Jeanne Clara Fontaine, épouse de Georges Val-de-Lievre, pardon monsieur, décédée le 4 août 1880 à l'âge de 30 ans. J'aime beaucoup cette sépulture, elle est très imposante et elle est surmontée d'une vierge Marie. Il y a deux croix de chaque côté. Je vous la prends en photo cette sépulture et je la mettrai sur Instagram dans la story permanente Cimetière de l'Est.
Ici j'arrive devant la sépulture de Henri Boulanger, né en 1895 et décédé en 1899. Elle est surmontée d'un ange qui veille sur lui. Non, c'est pas là que je veux aller. Ça y est, je suis perdue. Alors là je vais reprendre l'allée principale du coup. Enfin, retourner sur mon allée principale. Alors là je suis devant le caveau de la famille Danébino. Ici la famille de Lebar Danay. On parlait de la place de la femme et là naturellement, c'est sarcastique et ironique ce que je vais dire, mais naturellement en fait là, sur la sépulture, je me trouve face à une sépulture de famille et on a le nom de monsieur sur la gauche et le nom de madame sur la droite. Le nom de madame sur la droite il est caché. par du lierre naturel. On va revenir sur la conversation, la place de la femme, dans les cimetières, etc. Mais là, c'est naturel, j'ai envie de vous dire. Je ne vais pas bien dans ma tête. Je vous jure que je ne vais pas bien. Je suis dans une toute petite allée à côté de l'allée principale où il y a des caveaux qui sont dans une sorte de cul de sac et je suis en train de me dire à tout moment il y a un gars de Poudlard qui sort de là. C'est pas grave, ça va aller.
Chaque fois je vous le dis, mais j'espère sincèrement que ces balades au cimetière vous plaisent beaucoup. Moi ça me fait vachement plaisir de vous emmener au cimetière, de me balader avec vous et de vous faire découvrir un patrimoine funéraire que peut-être vous n'auriez... jamais osé découvrir de vous parler de la mort autrement parce que certes on parle de patrimoine etc mais enfin en dessous de moi là il ya des morts quand même sous mes pieds enfin voilà moi j'aime beaucoup j'espère que vous appréciez espère que vous appréciez mon humour décalé et que je ne vous ennuie pas trop franchement faites un retour sincèrement je demande à chaque fois mais j'en ai pas de retour alors je me demande parfois si vous écoutez jusqu'au bout mais faites-moi un retour s'il vous plaît, savoir si vraiment vous aimez, si ça vous plaît, etc. Si vous ne voulez pas le mettre en commentaire, faites-moi un DM, quelque chose, envoyez-moi un mail, je ne sais pas, mais faites-moi un petit retour quand même pour me dire ce que vous aimez, ce que vous n'aimez pas, ce qui pourrait être amélioré. Après, c'est une première, moi j'ai commencé mon podcast le 8 avril dernier, on est en août, je suis là au cimetière avec vous, avec du matériel que je n'ai jamais utilisé de ma life, c'est-à-dire un petit micro là. Enfin, voilà, c'est une première pour moi, non ? Dites-moi, merci.
Ici aussi il y a un rond-point. On a un petit rond-point avec un Jésus dessus. Pour moi c'est identique au rond-point d'Arras, alors moins proéminent, il y a moins de végétation. Mais on est quand même sur un rond-point. Au Père Lachaise aussi il y a un rond-point. Alors ici on a Monsieur Desrousseaux. Il y a des choses qui sont marquées dessus, du coup j'y vais. Monsieur Desrousseaux, né en 1820, décédé en 1892, Desrousseaux, le dernier des trouvères du Nord, garda de nos aïeux le langage et le style, il vécut plein d'honneurs et lègue après sa mort, tous ses champs à la Flandre et tout son cœur à Lille. G. NAdaud. Tout en dessous, bien caché derrière les fleurs, le nom de son épouse, Marie-Augustine Braque, son épouse. Né en 1830 et décédé en 1905. Ah, c'était quelque chose, le 19ème ! Alors ici, on est sur des tombes qui sont un peu plus récentes. Les personnes sont décédées en 1984, 1989. Ici, 83-2005. Et on a une sorte de livre ouvert. Je trouve ça très beau. Bon, par contre, moi je voudrais bien passer, les enfants. Je vois des héraldiques. Ah ben voilà ! J'ai trouvé un petit chemin où je vais écraser personne. Oula ! Oh ! Wow ! J'étais en train de me demander où j'étais, parce qu'en fait là, face à moi, j'ai trois sépultures de nouveau-nés. J'ai André Thauneau, décédé à quatre mois en 1950, Christiane Duhem... 24 jours et Jacqueline Vermeulen 1947-1950 et Jean-Pierre Vermeulen 1952-1953. J'étais en train de me demander si je n'étais pas dans un carré, mais en fait non, je ne suis pas dans un carré des enfants décédés, juste trois tombes côte à côte.
Alors, je m'approche de là où j'ai vu des héraldiques. Là, face à moi, se trouve la sépulture de religieux. Face à moi, j'ai des héraldiques. Ici, j'ai Mgr Florent de Wahi, prélat de sa sainteté, vicaire général, chancelier de l'évêché, chanoine d'honneur. J'ai beaucoup de chanoines face à moi. C'est que des chanoines, en fait, j'ai beaucoup de chanoines. Merci, Captain Obvious. Waouh, c'est très grand. Alors si j'avais lu le petit guide de Anne Hadoux, j'aurais pu vous donner énormément de détails, mais comme je pars en exploration, je vous invite à vous procurer ce petit guide. On va continuer dans l'administratif. Ici, je suis face à la sépulture de Louis-Augustin-Éloi-Joseph Farto, secrétaire en chef de la mairie de Lille. Et puis... Le cimetière est un lieu vivant puisqu'il est entretenu par la mairie de Lille. Et là, il est... 13h46 et la mairie s'affaire à débroussailler et à entretenir le cimetière. Ah waouh ! Alors on a des sépultures qui sont de vrais monuments. Je vous la prends en photo, c'est celle de la famille Degryse. Ils sont tous dedans. La première personne inhumée a été inhumée en 1897. Et la dernière personne inhumée... Donc là j'ai... 2011 et la plaque d'après je ne la vois pas mais waouh ça représente jésus sortant du temple du temple sortant du temple jésus vit sa croix waouh c'est un chef-d'oeuvre je me trouve devant un chef-d'oeuvre funéraire je vous assure parce qu'on parle de d'art funéraire de chef-d'oeuvre d'architecture funéraire je suis à la recherche de la chapelle Je ne peux pas ne pas vous parler de cette chapelle. Et comme je n'ai pas de plan, je la trouverai au détour d'une allée. Ou avec Google si ça prend trop de temps. Waouh, il y a des pis. Alors je vous dis aussi un peu ce que je vois. Tout à l'heure j'ai vu un chat, un corbeau, des pis. Ici, il y en a une végétation, une faune et une flore très très dense. Il y a une petite pie là-bas. Je ne vais pas l'effrayer, je vais la laisser. C'est triste. Je vois une... Comment dire ? Je suis en train de voir une sépulture. Et il y a une petite plaque marquée « À mon papa malgré tout » . Et... Il y a une petite branche d'arbre qui est tombée dessus, je vais l'enlever. Ah bah voilà ! Voilà ! Je l'ai trouvée ! Alors, je suis devant la sépulture de la famille Gonnet. Immense, jolie, c'est vraiment un bijou gothique, néo gothique, j'ai envie de vous dire pour être bien précise, mais c'est un bijou. On ne peut pas la rater, elle se dresse fièrement au détour d'une allée construite en 1858 par l'architecte lillois Charles Leroy. Le même architecte qui a édifié la basilique Notre-Dame de la Treille en centre-ville, cette chapelle pourrait presque passer pour une église miniature. Elle a d'ailleurs la particularité d'être inscrite au monument historique depuis 2006. La chapelle gonnée est tout en pierre calcaire, ornée de fines sculptures. Juste au-dessus de la porte, il y a des angelots sculptés qui nous accueillent. Ces angelots sont l'œuvre du sculpteur Charles Saint-Aubert, qui était le beau-frère de l'architecte Leroy. En gros, une affaire de famille. Les vitraux, ils représentent les saints patrons de la famille Gonnet, avec des teintes bleutées et rouges qui dansent sur les dalles lorsque le soleil passe à travers. La chapelle pouvait contenir une quarantaine de sépultures familiales. Et ouais, les Gonnet ont vu grand pour leur dernière demeure. Et puis, si on fait le tour, à l'arrière, on peut voir une petite porte dérobée qui permet d'entrer, fermée au public bien sûr. Eh bien, je vais... poursuivre mon chemin et me perdre encore plus dans ce cimetière. Fait amusant, je n'ai pas croisé un banc. J'ai juste croisé un banc à l'entrée du cimetière, mais depuis, je n'ai pas de banc. C'est peut-être une volonté de la ville de ne pas mettre de banc ici, mais il n'y a absolument pas de banc pour tenir compagnie aux défunts.
Et puis le cimetière de l'Est, ce n'est pas qu'un alignement de tombes, c'est aussi un espace de nature préservé en pleine ville. Le chant des oiseaux se fait entendre, et en l'occurrence pour moi c'était les oiseaux et les corbeaux. Une toute petite faune a élu domicile ici. Et fait assez sympathique pour être remarqué, ici il y a une petite mare, un petit étang caché entre les carrés de tombes, avec des roseaux et des nénuphars. C'est la fameuse zone humide du cimetière. Un coin que la ville laisse volontairement sauvage pour favoriser la biodiversité.Et puis, il y a des arbres autour de moi. Il y a des chênes, des tilleuls, des frênes. Je suis en train de me dire que certains arbres sont centenaires. Et puis au sol, il y a des fleurs sauvages que j'ai prises en photo, des pâquerettes, du lierre. La végétation ici, elle n'est pas juste ornementale, elle participe à l'âme du lieu. D'ailleurs, ce site est géré de façon écologique. La mairie pratique la fauche tardive dans certaines zones, c'est-à-dire qu'on ne tombe pas l'herbe trop souvent pour laisser les insectes et les plantes sauvages prospérer. Et vous voulez savoir un truc fou ? Près de l'entrée principale, rue du Ballon, se trouvent les toilettes publiques du cimetière. Et figurez-vous qu'il y a des ruches d'abeilles installées sur les toilettes, sur les toits. C'est un projet écologique qui a été lancé en 2017 pour contribuer à la sauvegarde des abeilles en milieu urbain. Elles butinent les fleurs des tombes et des arbres aux alentours et produisent un miel 100% made in Saint-Maurice. Et c'est ce qui fait la beauté de ce lieu. C'est un lieu qui est dédié à la mort, mais on a décidé, enfin la mairie... a décidé d'y placer la vie. Ouais, je sais, c'est poétique. Et puis en se promenant ici, vous aurez peut-être l'impression d'être dans un parc paysager du XVIIIe siècle. Et c'est pas un hasard. Une partie du terrain appartenait autrefois à la famille Couste-Noble du Jardin qui a cédé le parc à condition qu'il conserve son caractère paysager. Résultat, le cimetière a des aires de jardin anglais, avec des courbes, des massifs arborés et des allées qui serpentent tranquillement.
Avant de finir cette balade, je vais vous parler de quelques anecdotes insolites. et de quelques trésors cachés. Ici, il y a un tombeau aux 150 défunts. C'est le caveau de la famille Coussenoble du Jardin, l'une des plus anciennes tombes du cimetière. On estime qu'il contiendrait jusqu'à 150 personnes de la même famille. Ce record s'explique par l'usage des caveaux familiaux sur de nombreuses générations. Le gisant mystère, c'est une véritable pépite artistique cachée dans un recoin du cimetière. Et puis lorsque vous vous baladerez... Ouvrez l'œil. Le cimetière de l'Est est truffé de symboles sculptés insolites. Par exemple, sur certaines tombes de francs-maçons, on peut repérer l'équerre et le compas entremêlés, signe discret de l'appartenance du défunt à la franc-maçonnerie. Des fleurs de pavots gravés. Le pavot, symbole du sommeil éternel. Chaque détail a sa signification dans le langage funéraire. Et puis, on va quand même parler d'une légende urbaine. Tout cimetière a ses mythes. Ici, certains affirment qu'une dame blanche entrer la grande allée la nuit. On parle d'une silhouette voilée qui apparaîtrait à minuit près de la chapelle gonée puis qui disparaîtrait entre les tombes. Rassurez-vous, il n'y a aucune preuve de ça et puis pour avoir longé le cimetière plusieurs fois par semaine de nuit, moi j'ai envie de vous dire, je l'ai jamais vu cette dame blanche. Tout du moins, elle n'est pas sortie du cimetière. Autre légende urbaine, d'anciens gardiens racontent qu'au petit matin, on entend parfois un air de violoncelle du côté de la tombe d'Elisa de Try. Est-ce le vent dans les arbres ? Ou bien est-ce Elisa qui donne un dernier concert fantôme ? Mystère ! Mais ce qui est sûr, c'est que ces histoires ajoutent un brin de frisson. Il est temps de conclure notre visite. Je vous sens déjà en train de réserver votre billet pour aller au cimetière de l'Est.
Notre balade funéraire touche à sa fin. On aura exploré un cimetière pas comme les autres. A la fois lieu de mémoire, parc de sculpture, havre de nature et livre d'histoire grandeur nature. J'espère que vous avez aimé ce ton de visite guidée un peu décalé, entre enthousiasme façon d'oral exploratrice et respect sincère pour les lieux et les personnes qui y reposent. Ce lieu autrefois perçu comme austère s'est transformé, au fil de notre balade, en un espace accueillant et vivant. On y a croisé des hommes et des femmes qui ont fait Lille. Aujourd'hui, j'ai essayé de rendre justice aux oubliés, notamment aux femmes effacées dans les récits officiels. C'est un acte de mémoire engagé, mais aussi un plaisir, pour moi. de vous conter ces histoires. Je vous encourage, si cette visite vous a plu, à revenir explorer le cimetière de l'Est par vous-même. Munissez-vous du guide d'Anne Hadoux Decroo, si vous le pouvez, contactez-la, elle le vend directement, c'est un trésor d'informations. Ou participez aux visites guidées organisées lors des Journées du Patrimoine ou du Printemps des cimetières. Et surtout, n'hésitez pas à pousser la grille d'un cimetière de temps en temps pour une balade tranquille. Comme vous pouvez le voir, les cimetières regorgent de vie, d'art et d'enseignement. Merci de m'avoir accompagnée dans cette visite atypique. J'espère que les cimetières de l'Est vous a autant émerveillé que moi. Je vous dis à très vite pour un prochain épisode de notre saga funéraire de l'été, dans un nouveau cimetière riche en surprises. Mais allons-nous aller dans un cimetière ? Vous le saurez la semaine prochaine. En attendant, n'hésitez pas à me soutenir en laissant un commentaire sous cet épisode. A tout vite !
Bloppers :J'aime bien ce petit côté gothique dans ce cimetière. Il y a vraiment un petit côté art gothique que j'adore en fait. Je me dis que je reviendrai déjà cet automne, c'est certain. En automne, ça doit être merveilleusement beau en automne, mon Dieu. Mais oui, je reviendrai en automne. L'épisode s'appellera « Retour au cimetière de l'Est » .