À quelques pas de la citadelle d'Arras, s'étend un cimetière militaire que peu de touristes connaissent. Et pourtant, des milliers de soldats sont venus de l'autre bout du monde et reposent ici. Bienvenue au cimetière militaire du Faubourg d'Amiens à Arras. Hello mes petits soleils et bienvenue pour ce nouvel épisode de Cimetière, la saga funéraire de l'été de votre podcast Beyond the Veil. Je suis Virginie, conseillère funéraire de formation et passionnée par la mort dans tous ses états. Et en juillet et en août, je vous emmène avec moi explorer ces lieux dans lesquels on n'ose pas entrer, ces lieux mystérieux et tellement riches, les cimetières. Pour cet épisode, j'ai choisi un lieu de mémoire au sens propre, un cimetière militaire. Même si, vous le savez, pour moi, tous les cimetières sont porteurs de mémoire. Cette visite sera un peu différente des autres visites, parce que les cimetières militaires ont ce petit quelque chose de plus solennel chez moi, et j'ai peur de déranger, même si j'aime leur tenir compagnie. Il y a aussi moins d'architecture, moins de "Oh Regardez cette sépulture", puisque tout est pareil. Mais préparez-vous ! Durant cet épisode, on va remonter le temps et parcourir ensemble l'histoire de ce lieu, depuis la Grande Guerre jusqu'à nos jours. Au programme, l'origine du cimetière et son histoire, la bataille d'Arras, quelques portraits de soldats reposant ici, ou dont le nom figure sur le mémorial, un détour par les tombes allemandes présentes sur place, sans oublier un regard sur l'architecture du site et le rôle de la Commonwealth War Graves Commission. Installez-vous confortablement, ou mieux encore, enfilez vos chaussures et suivez-moi dans les allées de ce cimetière pas comme les autres pour revivre un pan de l'histoire d'Arras. Allez, hop, c'est parti !
Attention Micheline, on va avoir droit à un petit cours d'histoire pour la remise en contexte, puisque oui, on parle de la Première Guerre mondiale.
Pourquoi un cimetière britannique à Arras ? Pour le comprendre, il faut se replonger en 1916, et c'est là que le cours d'histoire commence, prends des notes. Arras, c'est une ville stratégique de l'Artois. Arras a déjà beaucoup souffert depuis 1914. Au début de la Grande Guerre, la ville est prise par les Allemands. puis reprise par les Français la même année. En 1916, un tournant s'opère. Les troupes britanniques relèvent les troupes françaises pour tenir le secteur d'Arras. A l'ouest d'Arras, dans le faubourg d'Amiens, se trouve un cimetière militaire français créé pendant les combats de 1914-1915. Lorsque les Britanniques s'installent, ils ouvrent juste derrière ce cimetière français leur propre lieu d'inhumation en mars 1916. On enterre là les soldats du Commonwealth, les soldats britanniques et les troupes de l'Empire britannique, tombés sur le front d'Arras, parfois à proximité immédiate de la ville. Il faut savoir que la ligne de front se trouvait, elle, au niveau de Tilloy-les-Mofflaines, qui se trouve vraiment juste derrière la gare d'Arras. Le cimetière du Faubourg d'Amiens va s'agrandir au fil des mois, alimenté par les morts des combats quotidiens et par les décès à l'arrière, c'est-à-dire dans les ambulances de campagne, les postes de secours d'Arras, etc., jusqu'à la fin de la guerre en novembre 1918. Après l'armistice de 1918, le travail macabre mais nécessaire du concentrage des corps commence. On recherche et on exime les dépouilles des champs de bataille environnants pour leur offrir une sépulture digne. Le cimetière du Faubourg d'Amiens va être agrandi, après-guerre, par le rapatriement de tombes provenant du front à l'entour et de deux petits cimetières britanniques voisins qui sont désaffectés à ce profit. Parallèlement, les autorités françaises déplacent les tombes françaises initialement présentes sur place. Les sépultures des Poilus sont transférées vers d'autres nécropoles nationales, libérant l'espace pour un grand mémorial britannique à ériger sur ce site hautement symbolique. Le cimetière britannique, lui, prend sa forme définitive dans les années 1920. En 1932, le vaste mémorial attenant est inauguré.
Maintenant, on va parler chiffres, parce qu'il faut que vous vous rendiez compte de l'ampleur de ce lieu. Ici repose environ 2650 soldats du Commonwealth de la Première Guerre mondiale. Le décompte précis fait état de 2640 tombes identifiées, dont 2392 britanniques, 153 canadiens, 60 sud-africains, 26 néo-zélandais, 9 indiens et 10 corps non identifiés. Ce qui est un miracle pour l'époque, j'ai envie de vous dire, de n'avoir que 10 soldats inconnus. Tout ça grâce aux efforts d'identification d'après-guerre. À ces sépultures, on va ajouter 30 tombes d'autres nationalités, principalement allemandes. Eh oui, le cimetière contient les dépouilles de plusieurs soldats allemands, souvent des prisonniers de guerre, blessés, capturés lors des combats d'Arras et décédés dans les lignes britanniques. Mais on va reparler de ces ennemis enterrés parmi leurs anciens adversaires un peu plus tard dans l'épisode. Le cimetière compte également quelques tombes de la Seconde Guerre mondiale, sept exactement d'après les archives. Parce que Arras a de nouveau été touché par la guerre en 39-45. La ville a servi de quartier général aux troupes britanniques au début de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à sa chute face à l'offensive allemande en mai 1940. Quelques soldats britanniques tombés lors de la défense puis de la libération d'Arras reposent ainsi, ici, aux côtés de leurs aînés de 14-18. Fait insolite, il y a même un officier américain de la US Army Air Force, le colonel T.J.J. Christian Jr., dont le nom figure sur un mémorial spécial dans le cimetière. Son avion a été abattu en août 1944 lors d'un raid aérien, et ce monsieur, il était le propre arrière-petit-fils du célèbre général sudiste Stonewall Jackson. Je vous en parle pas, allez googler, prenez un livre d'histoire, on rassure la Première Guerre mondiale. Ce héros américain, il n'a pas de tombe connue. Mais les britanniques ont inscrit sur sa stèle la mention « believed to be buried in this cemetery » , c'est-à-dire censée reposer dans ce cimetière. Preuve que même en 1944, on n'identifiait pas toujours formellement les corps. Et je peux le comprendre. On ne va pas parler de l'état des corps des soldats mutilés, etc. Mais je peux comprendre que même en 1944, on n'identifiait pas encore formellement les soldats. Mais revenons à la Première Guerre mondiale. Parce que c'est elle qui a donné naissance à ce cimetière. La plupart des hommes inhumés ici sont tombés pendant la bataille d'Arras de 1917 ou lors des combats acharnés qui ont secoué ce secteur en 1918. Et je vous emmène avec moi découvrir les tombes de ces hommes tombés au combat. Et je vais commencer par le commencement bien évidemment. Je vais commencer par les premières lignes de tombe et je m'arrêterai. petit à petit, comme je fais d'habitude.
Ici, ce qui est impressionnant, c'est le silence. Il y a très peu d'arbres. Il y a des arbres tout autour, il y a de la végétation, les tombes sont fleuries. Mais du coup, il n'y a personne, puisque les tombes, enfin les tombes, les cimetières britanniques, les cimetières militaires sont très peu visitées. Elles sont visitées par les Britanniques, bien évidemment, qui viennent rendre hommage à leurs aïeuls, j'ai envie de vous dire. Elles sont visitées aussi par des scolaires, dans le cadre de visites touristiques. par les curieux, par les passionnés de guerre, de la première guerre mondiale, les passionnés de la seconde guerre mondiale. Très, très peu de personnes qui viennent visiter comme dans un cimetière classique. Du coup, je suis seule dans ce cimetière avec des tombes à perte de vue. D'ailleurs, je vais vous prendre cette photo parce que c'est magnifique. Puis en même temps, je suis venue très tôt pour profiter de l'ambiance matinale. Je vous en parlais il y a quelques instants. Et là, je me trouve devant trois sépultures, trois colonnes qui sont vraiment à l'écart et qui font face. C'est rigolo parce qu'elles font face aux autres tombes. Elles ont l'inscription « Believed to be buried in this cemetery » . Ce que je vous disais tout à l'heure pour la traduction, on pense qu'ils sont enterrés dans ce cimetière. En fait, parce qu'on n'a pas identifié les corps. Donc, face à moi, j'ai Private W.A. Aldridge, le colonel T.J.J. Christian Jr. de la US Air Force, et j'ai le Private M. Claridge. Le Private Aldridge et le Private Claridge sont décédés le 26 novembre 1916. Et le colonel T.J.J. Christian Jr. est décédé le 12 août 1944. Et lui se trouve au centre des deux Privates. Après, je suis curieuse de savoir si vous êtes déjà rentré dans un cimetière militaire. Pas dans un carré militaire, je parle bien d'un cimetière militaire, un cimetière dédié aux soldats. Vous savez, les cimetières qu'on va trouver en bord de route, ils ne sont pas là par hasard. Il faut savoir qu'ils sont en bord de route parce qu'ils sont dans des champs, et que les champs sont des champs de bataille, enfin étaient des champs de bataille à l'époque. Donc on enterrait sur les champs de bataille, les routes sont venues après.
Je voulais savoir si vous étiez déjà rentré dans un cimetière militaire, est-ce que vous en avez pensé, et lequel ? Voilà, n'hésitez pas à me laisser ça en commentaire, je serais vraiment curieuse d'échanger avec vous.
Ce que j'aime moi dans les cimetières militaires britanniques, c'est regarder les symboles qui sont posés sur les stèles, parce que ça donne l'appartenance du soldat à un régiment en particulier. Là par exemple, je suis sur la ligne des soldats tombés pendant la seconde guerre mondiale, et devant moi j'ai un symbole avec une couronne. et des lettres entrelacées. Ici, GR pour Gorgeous Rex, le roi George VI, qui est l'emblème de la police militaire britannique. D'ailleurs, on a l'inscription Military Police juste en dessous qui indique l'unité du défunt. Et en dessous, sur ces stèles, sur toutes les stèles, puisque les stèles sont standardisées, on va avoir le symbole, le matricule du soldat, le nom du soldat, on va avoir le grade aussi, et ensuite, on a la petite croix et une petite phrase. Comme je le disais, toutes ces selles sont standardisées. Même forme, même type de gravure. Je vais rien faire puisque je vais prendre une photo. Alors on n'a pas que des soldats sur cette ligne, on a aussi une victime, puisque là je peux lire « Victime of the 1939-1945 war » qui est tombée le 20 août 1943. Et c'est une victime inconnue puisque sur sa sépulture est inscrit « Known unto God » . Ce qui veut dire « Seul Dieu les connaît » . On a des soldats très jeunes de 1944, 22 ans, 29 ans. On a un interprète stagiaire aussi mort pour la France le 4 juin 1916, Louis-Eugène Renaud, interprète stagiaire. On va aussi trouver des sépultures de soldats inconnus, avec gravé toujours « Known unto God » , mais il y a simplement à noter « A soldier of the Great War » , « Soldat de la Grande Guerre » . Oh, c'est mignon ! J'aime bien lire aussi les petites phrases qui se trouvent en bas. Les frères et soeurs. Et celle-ci, elle est trop mignonne. Sleep on, dear husband, and take thy rest. They miss you most, who love you best. C'est trop mignon. Je ne traduirai pas. Je vous laisse traduire parce qu'en anglais, c'est plus joli qu'en français. J'aurais peut-être dû vous dire au début de l'épisode qu'il allait être bilingue. J'ai un symbole qui m'intrigue beaucoup. C'est un symbole qui représente un sphinx avec en dessous noté « Égypte » et en dessous « Lincolnshire » . Le Lincolnshire, c'est une unité de l'armée britannique. Ce sphinx, accompagné de la mention « Égypte » , c'est un emblème hautement symbolique dans l'histoire militaire britannique. Le sphinx représente la campagne d'Égypte, 1801, pendant les guerres napoléoniennes. Le mot « Égypte » , c'est une distinction honorifique, « battle honor » . accordé au régiment ayant participé à cette campagne victorieuse contre les forces de Napoléon. Et le nom Lincolnshire, c'est celui du régiment auquel appartenait le soldat. Le fait d'arborer cette distinction montre le prestige historique du régiment, même si le soldat est tombé en 1917, bien après cette campagne.
Alors... C'est un rire nerveux puisque mon calme... Le calme de ce cimetière va être un peu perturbé puisque forcément le matin c'est l'heure aussi où tout le monde s'affaire. Et a priori aujourd'hui c'est le moment de la tonte de la pelouse.
Sur les stèles aussi, il faut savoir qu'on a la confession de la personne quand on la connaît. On a une croix religieuse mais on a aussi là par exemple face à moi, j'ai une personne d'une confession juive. On a aussi des soldats canadiens qui sont représentés par la feuille d'érable. Les soldats canadiens ont un mémorial qui se trouve à Vimy et je vous invite à vous renseigner dessus si vous êtes curieux de ça et même de le visiter puisqu'il se visite aussi. Ouais, je sais, je sais, cette visite, elle est vachement plus solennelle que d'habitude. Je suis moins en mode d'oral exploratrice parce que je vous dis, il n'y a rien à explorer. Tout est en ligne droite ici. Mais j'espère quand même que vous apprenez des choses, que c'est intéressant, même si c'est quelque chose qui n'est pas très ragoûtant. La Première Guerre mondiale, ce n'est pas quelque chose qui intéresse tout le monde. J'espère quand même que vous y trouvez un petit intérêt. J'espère que le monsieur va aller tondre de l'autre côté. Moi qui voulais un épisode solennel, au calme, etc. Bah non les gars, désolée. Ah mon dieu. Parce que c'est ça la réalité en fait de visiter un cimetière. C'est qu'il n'y a pas de bonheur en fait. C'est qu'il y a des gens qui travaillent, des gens qui s'affairent à prendre soin de tout ça. Et puis bah, les taphophiles aussi que l'on est, on les visite et puis voilà, il y a des gens autour, etc. Rien n'est parfait.
Et puis depuis tout à l'heure, je vois une phrase en fait sur les sépultures en latin. C'est « Ubiquae Ausha et gloria ducunt » , ce qui veut dire « partout où le devoir et la gloire conduisent » . C'est la devise de la Royal Artillery et du Corps of Royal Engineers britannique. C'est une phrase extrêmement symbolique dans l'armée britannique. Elle souligne l'omniprésence et le rôle essentiel de ces corps militaires dans les conflits, guerre napoléonienne, guerre mondiale, etc. Puis forcément, comme je fais les allées... Dans la longueur, je croise toujours le monsieur qui tombe. Éloignons-nous ! Je vais aller un peu plus loin en attendant que le monsieur tombe, et en espérant qu'il ne me suive pas. Parce que j'aimerais vous parler de la bataille d'Arras. De pourquoi il y a énormément de soldats ici qui sont décédés en 1917. Parce que oui, ici il y a énormément de soldats décédés en 1917. 1918 comme on a vu tout à l'heure, seconde guerre mondiale aussi, mais une forte concentration de soldats décédés en 1917. Alors attention, anecdote de Tata Micheline, j'ai habité à Arras dans mon enfance, mon adolescence, etc. Et pendant mes révisions du bac, donc c'était il y a très longtemps, pendant mes révisions du bac, je venais ici en fait avec mes livres et je me posais sur les escaliers et je révisais. J'habitais pas loin donc je venais à pied et je révisais. Face à moi, parmi les tombes, et pas simplement dans un carré éparpillé, se trouve une sépulture allemande. Parce que oui, il y a des sépultures allemandes ici. Très peu, mais il y en a. Allez, on va aller dans le fond pour que je puisse vous raconter mon histoire. Ah oui, si vous vous posez la question, il est hyper facile d'accéder à ce cimetière. Il se trouve juste à côté de la citadelle, là où il y a le Main Square Festival. Et en face, il y a un super grand parking. Vous ne pouvez absolument pas vous dire, ah non, il n'y a pas de place, parce que de toute façon, ce parking n'est absolument pas utilisé, ou très peu.
Nous sommes le 9 avril 1917. Il est 5h30 du matin, heure britannique, 6h30 en France. C'est le lundi de Pâques. Et c'est le début de l'offensive britannique autour d'Arras, lancée sur un front long de 20 km. En tout, 33 divisions du Commonwealth, canadiens, néo-zélandais, écossais, sud-africains, anglais, participent à l'assaut. La bataille s'inscrit dans un plan plus vaste. Toucher l'ennemi pendant que les Français lancent leur offensive sur le chemin des Dames. Après une semaine de préparatifs intenses, dont un pilonnage massif, c'est-à-dire 2,7 millions d'obus tirés du 2 au 8 avril, l'assaut démarre à 5h30. Des milliers de soldats surgissent soudainement de tunnels creusés sous la ville et la zone neutre. Ce sont les tunneliers néo-zélandais qui avaient connecté 20 km de galeries dans les carrières souterraines, dont la carrière Wellington, sous Arras, capables d'abriter jusqu'à 24 000 hommes avec électricité, eau et hôpitaux souterrains. Une véritable ville sous la ville. Ces entrées explosives surprennent les lignes allemandes et déclenchent un succès tactique immédiat. Des villages comme Vimy, Pechy et Montchilpreu tombent en quelques jours. Faut vous imaginer, il est 5h30 du matin, les soldats dorment un petit peu, et là, ils entendent un gros boum et voient sortir des soldats face à eux. La ligne de front a beaucoup reculé. Mais très vite, le revers s'installe. La progression ralentit, la résistance allemande se durcit et les pertes s'accumulent. A partir du 3 mai, on décompte plus de 7000 britanniques tués en une seule journée. En un mois, l'armée britannique endure quelques 159 000 pertes, avec une moyenne macabre de plus de 4000 victimes par jour. La carrière Wellington incarne cette approche. Un génie stratégique discret, transformant les anciennes carrières en un abri souterrain, et une force de surprise. Aujourd'hui, c'est un musée qui a été inauguré en mars 2008. C'est un mémorial vivant. Je le sais. Puisque j'y ai travaillé comme vacataire de 2008 à 2011, juste après son ouverture. Et je peux vous assurer que quand on est guide et que l'on fait des visites, puisque ces visites sont audio-guidées et guidées, c'est hyper intéressant, c'est vivant. Je vous recommande d'y aller. Vous avez un dénivelé pour arriver au musée et ensuite vous descendez en ascenseur dans la carrière. Si vous êtes claustrophobe, il n'y a pas de souci puisqu'il y a de très grandes hauteurs et il y a très peu d'humidité. Il suffit simplement de mettre quelque chose de très chaud, puisque forcément il fait très froid. Je me rappelle qu'en plein mois de juin, en pleine canicule, Virginie sortait avec sa polaire tellement elle avait froid. Je vous invite réellement à aller dans cette carrière. Alors forcément, les carrières ont eu une vie aussi pendant la Seconde Guerre mondiale. Et ce qui est intéressant, c'est que la carrière Wellington, pendant l'été, propose de connaître la vie de ses carrières pendant la Seconde Guerre mondiale. Et moi, je trouve ça super intéressant. Parce que cette carrière, elle a eu plein de vie, je vous assure. Dans les années 70-80, au-dessus de la carrière Wellington, parce que le musée n'a pas toujours été un musée, on l'a fait bien après, mais dans les années 70-80, c'était un camping au-dessus. Et forcément, les gens allaient dans les carrières. Ils ont trouvé des caddies, je suppose, etc. Les enfants allaient jouer dans ces carrières de craie, qui n'étaient pas sécurisées, bien évidemment, à l'époque. C'était les grottes, pour eux.
Il faut savoir que chez les britanniques, les soldats de l'infanterie étaient surnommés les Tommies, dérivés de Tommy Atkins, un nom générique utilisé dans des documents militaires depuis le début du 19e siècle. Alors dans la section 4, rangés J, tombent 16 et 17, John Edward Barnes, 24 ans, Royal Sussex Regiment, et Robert Gilles Pattison, 23 ans, East Surrey. Ils ont été fusillés à l'aube, le 4 juillet 1917 pour désertion, accusés d'avoir abandonné leur poste. Pattison souffrait de shell-shock, névrose de guerre, ce qui aujourd'hui suscite plutôt de la compassion. Ces deux Tommy's ont combattu sur le même front et ont été réhabilités un siècle plus tard. Sur le mémorial, on va trouver le nom de Major Edward Bick Manok, l'un des plus grands as de l'aviation britannique, 61 victoires, décoré de la Victoria Cross. Abattu en juillet 1918, son corps n'a jamais été retrouvé. Son nom figure parmi les disparus inscrits sans tombe connue. A ses côtés, on va retrouver d'autres noms de pilotes célèbres, comme Lano Hawker VC ou James McCudden, qui figurent en lettres gravées, symbole de courage dans le ciel. Un autre soldat repose ici, le Major Norman Brownlee Sinclair Travis, de l'artillerie royale tombée le 26 mars 1918 lors de l'offensive allemande. Sur sa stèle, un hommage touchant inscrit par ses hommes « In loving memory of our O.C.N. Paul » . Et puis, nombre d'hommes enterrés ici venaient des dominions du Commonwealth. Canadiens, Sud-Africains, Néo-Zélandais, Indiens. Les soldats australiens et néo-zélandais étaient surnommés Diggers, terme popularisé en 1916-1917 en référence à leur passé minier et à l'esprit fraternel dans les tranchées. Pour les néo-zélandais, artisans des tunnels sous Arras, on parle aussi des Kiwis. Près du mur ouest, il y a un petit carré de neuf sépultures indigènes. Trois stèles hindous, cinq musulmanes, ornées d'étoiles et croissants, et une tombe sikh. Et puis, un nom exceptionnel figure sur le mémorial. Walter Daniel John Tull, l'un des premiers officiers noirs britanniques, ex-joueur de football professionnel pour Tottenham et Northampton. Il disparaît en mars 1918 près d'Arras, sans que son corps ne soit retrouvé. Son nom gravé sur le panel 7. témoigne de son parcours exceptionnel, mais aussi des préjugés surmontés pour servir dans l'armée britannique. On pourrait passer des heures à raconter les histoires individuelles reliées à ce cimetière. Chaque tombe a sa propre épitaphe parfois. Beaucoup de stèles portent une inscription personnelle choisie par la famille. Celle que je vous ai lue tout à l'heure, ou par exemple en section 7, la tombe d'un jeune Canadien qui porte ces mots gravés « At the going down of the sun, and in the morning, we will remember them » . Au coucher du soleil et au matin, nous nous souviendrons d'eux. Un vers du célèbre poème For the Fallen. Une autre, celle d'un aviateur anglais tombé en 1943. Not just today, but every day we will remember him. Pas seulement aujourd'hui, mais chaque jour nous nous souviendrons de lui. Ces messages nous rappellent que là, sous mes pieds, devant moi, se trouvent des fils, des maris, des pères. Et on oublie souvent, je trouve, que toutes ces personnes avaient des vies.
Alors on en a croisé une tout à l'heure, parmi les tombes des soldats britanniques. Mais dans un coin un peu à l'écart, se trouvent 22 tombes de soldats allemands. Ce sont des soldats allemands identifiés et une tombe non identifiée, enterrée ici au cœur d'un cimetière militaire britannique. Alors pourquoi des soldats ennemis reposent-ils parmi ceux qu'ils combattaient ? La réponse, elle est dans la complexité du front. Ces allemands, ils étaient très probablement des prisonniers de guerre. blessés sur le champ de bataille, récupérés par les britanniques et pris en charge dans des postes médicaux. Certains sont morts de leurs blessures, d'autres ont été retrouvés sur les lignes lors des combats la race et enterrés provisoirement là où les conditions le permettaient. Et parfois, ce lieu, c'était ici. Leurs stèles sont différentes. Certaines portent des inscriptions en allemand, parfois une croix en fer, symbole militaire de l'empire allemand. Les noms sont gravés avec soin, les dates aussi. Le Commonwealth en prend soin, exactement comme pour les tombes britanniques. Ces tombes allemandes, elles sont le reflet d'un moment précis dans l'histoire, où l'urgence de la guerre l'a emporté sur les considérations nationales. Et après la guerre, alors que l'Allemagne rapatrieait ses morts vers de grands cimetières, ces tombes-là sont restées. Peut-être parce qu'elles étaient peu nombreuses, peut-être aussi par respect. Côté surnom, les soldats britanniques appelaient souvent leurs ennemis les « Einies » , diminutif courant d' « Einrich » ou les « Krauts » , un terme venu d'Amérique en référence aux choux fermentés, « sauerkraut » . Comme je le disais tout à l'heure au début de la visite, pour moi c'est hyper important de visiter un lieu de mémoire. C'est Oula ! Petite tête de mort ici ! Salut ! Alors, je suis face, enfin je finirai ma phrase après, mais de toute façon vous l'avez compris, c'est hyper important pour moi de vous montrer qu'il y a d'autres cimetières que des cimetières civiles. Enfin voilà, je ne vais pas revenir dessus. Mamie Radotte. Mais là en fait, j'ai tourné la tête et je suis sur un symbole de régiment. C'est une tête de mort et en dessous il y a noté dessus « All Glory » . Alors je suis face à la sépulture du Private C. Kisok, qui est décédé le 2 août 1916. Alors ce crâne sur des os croisés avec la devise hors-glorie est l'emblème des 17th Lancers, aussi appelé « The Duke of Cambridge Own » C'est ce qu'on appelle un memento mori militaire, un rappel brutal et assumé que le soldat se bat pour la mort ou la gloire. Alors c'est pas un symbole pirate, même si on pourrait s'y méprendre, c'est une devise officielle du régiment, choisie après la mort de leur premier colonel en 1759. Ah, je savais des michelinins qu'on partait sur un cours d'histoire, j'espère que tu prends des notes ! On va aller chercher les allemands ! Ah ! Des visiteurs ! Venus d'ailleurs ! Shit !
Donc ici je me trouve devant la sépulture d'un soldat indien. Sur sa sépulture il y a noté The following six soldiers of the Indian army is honored here. Le soldat de l'armée indienne, le soldat Sikh de l'armée indienne est honoré ici. Sixième cavalerie de l'armée indienne. Et il est décédé le 4 août 1916. Donc on est vraiment sur le mur ouest du cimetière. Là j'ai face à moi cinq sépultures musulmanes, trois sépultures hindous, et j'arrive maintenant devant les sépultures allemandes. Ces sépultures allemandes sont identifiables puisqu'elles sont pointues par affin. Elles ont une hauteur de stèle pointue plus que les sépultures britanniques qui sont arrondies sur la hauteur. Et on a le soldat inconnu, ein Unbekannte der Tcherkriger, ce qui veut dire un soldat inconnu allemand. Et ce soldat est décédé le 24 avril 1917, en pleine bataille d'Arras. À côté, un autre soldat, lui, un soldat allemand, décédé le 9 avril 1917. Un autre également le 9 avril 1917. Bah tous en fait autour, le 9 avril 1917. Je pense que ce soldat a dû être blessé et... Non, pas tous, je dis des bêtises. Mais c'est juste que j'ai deux sépultures, 9 avril 1917, le soldat allemand, le soldat inconnu, enfin allemand, et ensuite les deux autres sépultures juste à côté, de l'autre côté, sont du 9 avril. Parlons un peu d'architecture. Ce cimetière n'est pas qu'un alignement de tombes. C'est un véritable lieu de mémoire pensé dans les moindres détails. Dès qu'on arrive, ce n'est pas les tombes qu'on voit en premier. Ce qu'on voit, c'est le mémorial d'Arras, ce grand mur de pierres blanches solennelles qui longe le cimetière comme une colonnade silencieuse. Il a été imaginé par Sir Edwin Lutyens, le grand architecte britannique à qui l'on doit aussi Thiepval, un monument, ou le Cénotaphe de Londres. Pour Arras, il avait prévu un arc de triomphe de 38 mètres avec des cloches au vent. Ouais, carrément ! Mais les autorités françaises lui ont dit « Euh, Michel, non » . Trop imposant ? Trop moderne ? Résultat, on a ce mémorial sobre et majestueux, inauguré en 1932, avec ses arches d'entrée, ses 9 grands panneaux de noms gravés, près de 35 000 disparus, et au centre, un hommage spécifique aux aviatrices et aviateurs portés disparus, sous forme d'un pylône surmonté d'un globe ailé. Et c'est ce qu'on voit directement en entrant. Mais c'est pas fini ! Parce que juste derrière, dans la partie cimetière, On retrouve ce qui fait la signature des cimetières du Commonwealth. Symmétrie parfaite, rosiers plantés entre les stèles, et tout ça, c'est pas magique. C'est le fruit du travail de la Commonwealth War Grave Commission, la CWGC, qui gère plus de 23 000 sites dans le monde avec une exigence hallucinante. Leurs principes sont simples, égalité dans la mort. Même stèle pour tous, pas de monument pour les officiers. La croix du sacrifice que l'on voit en bord de route et la stèle du souvenir au fond du cimetière incarnent ces valeurs. La première, c'est une valeur religieuse et militaire. La seconde, laïque et universelle, avec sa phrase gravée « Their name lives forevermore » . Tout est pensé pour mêler rigueur et apaisement. Si ce sujet vous intrigue, je vous conseille de visiter le Commonwealth War Grave Commission Visitor Center qui se trouve à Beauraing. à deux pas d'arras, et Richeble, j'ai envie de vous dire, Richeble, je ne l'ai pas en français, désolé, en bus, à partir de la gare. C'est un centre d'interprétation gratuit, où vous pouvez découvrir les coulisses du souvenir. Par exemple, comment on va restaurer les stèles, comment on entretient les jardins, comment on tente encore d'identifier les soldats inconnus. C'est concret, c'est passionnant, et on peut même voir les outils des tailleurs de pierre.
Enfin, petit clin d'œil patrimonial. Ce cimetière fait désormais partie, depuis 2023, du patrimoine mondial de l'UNESCO, avec 138 autres sites de mémoire de la Grande Guerre sur le front ouest. Ça vous donne une idée de l'importance historique et symbolique de ce lieu. Oh, je n'avais pas vu ces fleurs ! On se console comme on peut, ici je n'ai pas de porcelaine, mais ici j'ai des fleurs. Bon, je suis désolée, les gars, mais vraiment, désolée, je ne suis pas sortable. Mais ce n'est pas ma faute. Moi, je vois toujours des petits... Oh, il y a des pop-it là-bas, il faut que j'aille les prendre en photo. Mais je vois toujours des références, moi. Ce n'est pas ma faute. Ici, devant moi, j'ai le lieutenant H. Potter, donc le lieutenant Harry. Hector, Hugues, je ne sais pas, Potter. Voilà, c'est tout. Vous avez le droit de me critiquer, de dire mais elle n'est pas sortable, c'est irrespectueux. Je le sais, je le sais, mais moi ça me fait sourire. Ah oui merde, ma photo, ma vidéo et mon popi. Vidéo, popi, allez go. Allez. TDA, Virginie, TDA. Avant qu'il me pleuve dessus.
Un poppy, c'est quoi ? Un poppy, c'est un coquelicot en anglais. Et le poppy, c'est devenu le symbole des Britanniques, de l'armée britannique. Pourquoi ? Eh bien, parce qu'au-delà du fait que sur les champs de bataille, le poppy, le coquelicot, était la seule fleur qui repoussait, il y a un poème, alors je vous dis ça de mémoire parce que ce n'est pas dans mon script, il y a un poème, In Flanders Field, qui rend hommage à ces soldats et qui parle en fait du coquelicot. comme symbole, etc., comme quoi c'est la seule fleur qui repousse sur le champ de bataille, etc. Et du coup, le coquelicot est devenu l'emblème du soldat britannique. C'est pour ça que vous allez voir des couronnes de coquelicots déposées. Vous allez voir aussi des coquelicots sur des sépultures. C'était la minute poppy. En fait, je suis en train de prendre en photo une tombe sur laquelle il y a un poppy, donc pour illustrer mon propos. Et en fait, je m'arrête et là, je vois New Zealand. Je suis en mode, oh, c'est trop bien. Et là, je regarde NZ Engineers. Oh, c'est encore mieux. Voilà, bref. Donc il se peut que ce soldat ait creusé un des tunnels néo-zélandais, etc. Enfin, des tunnels creusés par les néo-zélandais. Cette personne est décédée le 28 décembre 1917 à l'âge de 27 ans. Voyage Fusiliers, Macmillan, Camerouners. Ouais, si, les Camerouners, c'est rigolo. Mais eux sont décédés en mars 19... 13 mars... Oh, j'ai rien dit. Alors, je viens de comprendre comment fonctionnait ce cimetière. Putain, super. Mais j'ai l'impression d'être une... Bref. Je viens de comprendre un peu comment fonctionnait le cimetière. Au niveau de l'entrée principale, on a des tombes qui sont 1917, 1944, etc. Mais si je regarde les mois, si vous regardez les mois de décès, plus je recule dans le cimetière, donc plus je vais dans le fond, puisque là je suis en train de fuir le jardinier, plus je vais dans le fond, plus je me rends compte... que, putain mais je suis très bête en fait, qu'ils sont enterrés par moi en fait, ils ne sont pas enterrés là, comment dire, ces soldats ne sont pas enterrés à la, comment dire, j'ai envie de vous dire, comme ça en fait, en disant, allez hop, toi je t'enterre là, 1917, à côté d'un 1915, etc. Non, non, non, c'est par moi. C'est-à-dire que là, moi j'avance, donc là j'ai octobre, derrière j'ai une ligne septembre, 1916 bien évidemment, ensuite j'ai juillet 1916 derrière, juin 1916, ah punaise mais je comprends ça à la fin ! Alors, s'il y a des guides touristiques qui m'écoutent, vous avez le droit de vous moquer de moi. Moi aussi, je me moque de moi, je me sens très bête en fait. Et en même temps, je l'ai compris toute seule. Du coup, il y a le moment où je me sens et bête et contente. Ah merde ! Ah bah ouais, plus je m'éloigne en fait dans le cimetière, plus j'ai des dates... Ah putain ! Je viens de le comprendre maintenant ! Ah mais là, je vais pas dire la blonde parce que... Ah bah ouais, moi aussi tu dis la blonde comme ça ! Non, c'est bon, je vais pas dire ça. Ah là là, mais qu'est-ce que je suis bête moi ! Ah ! Du coup effectivement là on a avril 1916 vraiment dans le fond et ensuite plus du coup je vais avancer dans le cimetière, plus je vais avoir des dates qui vont faire avril 1917, 1918. Ok ! Et moi qui vous disais, ah mais non il va être un peu plus solennel cet épisode ! Voilà. Chasse Edora, elle revient au galop. Du coup, ça renforce le côté, je le trouve beau en fait, parce qu'il a été pensé, même pas intelligemment, parce qu'en fait, à mon avis, ils les ont enterrés au fur et à mesure qu'ils décédaient. Logique Virginie ! Pourquoi je n'ai même pas réfléchi en fait ?
J'espère que cette visite guidée, à ma façon, vous a plu et vous a également appris des choses. C'est ma manière à moi de montrer que les cimetières à visiter ne sont pas que des cimetières civiles. Je vous encourage vivement à visiter ce lieu, en vrai, si vous passez à Arras. L'entrée est libre, le silence, garantie. Et si vous voulez aller plus loin dans les coulisses de ces cimetières, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, toussez la porte de la Commonwealth War Grave Commission Visitor Center à Beauraing ou encore celle de la Carrière Wellington derrière la gare.
Merci d'avoir marché avec moi au milieu des stèles. On se retrouve très vite pour la deuxième partie estivale de Cimetières, la saga funéraire de l'été, dans un lieu tout aussi vibrant, mais parisien ! Oui, en août, je vous emmène dans deux cimetières parisiens bien connus et dans une procession funéraire. En attendant, n'hésitez pas à me soutenir en partageant cet épisode ou en me laissant un commentaire. A tout vite !
Bloopers : Attention Jeannine, Micheline, tout le monde... Ah putain, je viens de voir Hogwarts et je suis tellement déformée dans ma tête que j'ai lu Hogwarts. J'étais en mode what ? Dobby ! On a Hogwarts, on a Dobby, on a Shakespeare. Ouh ! Ouh là là ! 8h30 du mat' hein Virginie, 8h30 du mat'. On a Bob Sinclair. Ouh ! Ta gueule Virginie, ça va plus. Alors ? Ah, mon Dieu. Excusez-moi, je vous passe au-dessus les gars. Hop là ! Pardon. On va aller chercher les allemands. Ah, des visiteurs. Venus d'ailleurs.