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Beyond the Veil - un podcast sur la mort

Visiter les cimetières : un tourisme pas comme les autres - Cimetières - La saga de l'été

Visiter les cimetières : un tourisme pas comme les autres - Cimetières - La saga de l'été

11min |03/07/2025
Play
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Description

Et si vos vacances prenaient un détour par la fraîcheur d'un cimetière ?


Dans cet épisode, Beyond the Veil vous emmène à la découverte du tourisme funéraire, entre lieux de mémoire, cimetières oubliés et tombes cultes visitées comme des musées.


Des catacombes de Paris au Père-Lachaise, des ruines d’Arras à la Carrière Wellington, des plages du Débarquement au Panthéon, on explore ces lieux que l’on visite pour se souvenir, comprendre, contempler.


🪦 Pourquoi tant de visiteurs se rendent-ils sur les tombes des célébrités ?
🌍 Qui entretient les nécropoles militaires ?
🐾 Et pourquoi les cimetières deviennent-ils des refuges de biodiversité et des lieux culturels à part entière ?


Un épisode à la croisée de l’Histoire, de la mémoire collective et d’un patrimoine funéraire vivant, pour changer de regard sur la mort et préparer son itinéraire de visites !


📍À écouter dès maintenant sur Apple Podcasts, Spotify, Youtube et toutes les autres plateformes.


Pour aller plus loin dans l'épisode :



Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.


Pour soutenir le podcast, rien de plus simple 😻 :

1. Tu t'abonnes 🔔


2. Tu mets 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcasts, Spotify, Amazon podcast, Deezer tout ça tout ça ⭐ - Nan parce qu'en dessous c'est pas top pour le référencement


3. Tu rejoins Beyond the Veil sur Instagram 🦄


Envie de recevoir la newsletter du podcast dans ta boîte mail pour être informé-e du nouvel épisode et prendre un petit shot de culture mortuaire ? Abonne-toi !


Et pour en savoir plus sur le podcast : beyondtheveil.fr


Bonne écoute ✨ !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser. C'est l'été... Il fait chaud. Alors pourquoi ne pas en profiter pour visiter, ou revisiter, des lieux de mémoire au frais ? Allez mes petits soleils, on enfile ses baskets, on se donne la main, mais avant de se perdre dans les allées d'un cimetière dans les prochains épisodes, je vous propose de poser ensemble les bases de ce tourisme pas comme les autres. Aujourd'hui, on part en voyage, mais pas n'importe où. On va visiter des lieux que vous ne connaissez peut-être même pas, et qui font pourtant partie de notre patrimoine funéraire. Pourquoi est-ce qu'on visite ces cimetières ? Pourquoi tant de monde va voir une tombe ? et pourquoi la mémoire collective attire autant de visiteurs qu'un château ou un musée ? Je réponds à toutes ces questions dans cet épisode. Le tourisme funéraire, c'est le fait de visiter des lieux liés à la mort. Pas forcément pour un enterrement, mais pour voir, comprendre, ressentir. Ce n'est ni glauque, ni nouveau. On visite les catacombes de Paris, qui font 2 millions de visiteurs par an. On explore le musée Fragonard, ses écorchés et son air de cabinet de curiosité. On entre dans la crypte des Capucins à Paris ou dans des anciens hospices comme l'Hôtel-Dieu à Beaune. On monte au Panthéon pour rendre hommage à ceux qu'on a panthéonisés. Et surtout, on suit des parcours culturels comme par exemple le printemps des cimetières ou même les funérailles de Victor Hugo recréées en visite sonore grâce à la maison Victor Hugo. Oui, oui, vous pouvez littéralement revivre en audio les obsèques de Victor Hugo en déambulant dans Paris. Bref, la mort attire, elle fascine et elle se visite. Au XIXe siècle, avec l'urbanisation, Les cimetières ne sont plus seulement des lieux de recueillement. Ils sont beaux, pensés, esthétiques. Ils deviennent des espaces de promenade. A l'époque, flâner dans un cimetière était aussi courant que se promener dans un jardin public. Avec l'ouverture du cimetière de l'Est en 1804, qui deviendra de nom le cimetière du Père Lachaise, le game va changer. Le cimetière est conçu comme un jardin paysager, avec allées d'arbres, monuments, statues et même vues panoramiques. C'est un lieu où on vient se promener. Oui, promener dans un cimetière. Et on ne vient pas forcément pour pleurer, on vient admirer. L'architecture, la sculpture, les inscriptions, les tombeaux, tout est spectaculaire. Le père Lachaise devient un modèle. Et partout en France, on se met à construire des nécropoles monumentales. On veut rivaliser avec Paris. A Lyon, Marseille, Amiens, Rennes, Blois, on érige des chapelles, des portails majestueux, des allées de cyprès. Le cimetière devient un ornement humain. Humain, oui, et urbain. Une vitrine locale. Et surtout... Les tombes deviennent visibles. On paie pour avoir une concession, une sculpture, un coin d'ombre. Les classes moyennes s'approprient l'espace funéraire. Et les guides de voyage commencent à recommander les cimetières dans les itinéraires. Mais attention, le tourisme funéraire, ce n'est pas seulement du flâneurisme. Il y a aussi une dimension plus intime, les tombes cultes. Des lieux de mémoire pour des figures vénérées, admirées, idéalisées. À Rennes, au XIXe siècle, on prie sur la tombe de la Sainte au Pochon. À Toulouse, c'est la mystérieuse Sainte-Hélèna. Et aujourd'hui encore, au Père Lachaise, on vient sur la tombe de Jim Morrison, d'Oscar Wilde, d'Alan Kardec. Le Père Lachaise, c'est un peu le Disneyland du deuil chic. On y laisse des offrandes, des fleurs, des graffitis, parfois même un exemplaire du portrait de Dorian Gray. Mais est-ce que c'est du tourisme ou du pèlerinage ? Parfois, la frontière est floue. Mais le geste est là, revenir vers les morts, même inconnus, pour y chercher quelque chose. On visite les tombes des célébrités comme celles au Père Lachaise ou au cimetière de Montmartre. ou alors des célébrités plus locales dans chaque ville de France. Mais au-delà des célébrités, le tourisme funéraire, c'est aussi une réflexion sur notre propre mortalité. En visitant ces lieux, on se confronte à l'idée de la mort, mais on célèbre aussi la vie de ceux qui ont marqué l'histoire. Alors oui, certains diront que c'est morbide, qu'on devrait laisser les morts tranquilles, mais peut-être qu'en fait, on ne les dérange pas. Peut-être qu'on les visite tout simplement comme on rend visite à une vieille maison de famille. Et puis, il y a une autre forme de voyage plus solennelle, le tourisme de mémoire. Le tourisme de mémoire, c'est quand on se rend dans des lieux marqués par les conflits, les drames, les résistances. Des lieux d'événements historiques, souvent tragiques, qui nous invitent à nous souvenir, à apprendre, à transmettre. En France, ce tourisme est particulièrement lié aux deux guerres mondiales. Je vais en citer quelques-uns, mais c'est une liste non exhaustive. Le site internet du ministère des Armées, Chemin de mémoire, a répertorié tous ces lieux dans une carte de France des lieux de mémoire. Vous y trouverez aussi tous les renseignements nécessaires pour préparer vos visites. Il y a les carrés militaires des cimetières, par exemple, ou encore Verdun et son ossuaire de Douaumont, qui abrite les restes de 150 000 soldats. En Normandie, le cimetière américain de Colville-sur-Mer, face à la mer, avec ses milliers de croix parfaitement alignées, ou encore les plages du débarquement. Le village de Craonne, dans la Somme, rasé pendant la Première Guerre mondiale. La maison des enfants d'Izieux, dans l'Ain. Et puis, je ne peux pas ne pas parler d'Oradour-sur-Glane, resté figé après le massacre de 1944, où le silence qui règne raconte plus d'histoires qu'un guide. Et aussi, à Arras, ville située dans les Hauts-de-France, après 1918, on organisait déjà des visites touristiques des ruines de la ville. Et aujourd'hui, on peut encore explorer des lieux comme la carrière Wellington, ou le mémorial de Vimy, qui rendent hommage à ces soldats tombés pendant la guerre. En France, on trouve aussi des cimetières militaires britanniques dont la charge revient à la Commonwealth War Graves Commission. Cette CWGC, Commonwealth War Graves Commission, veille à ce que les tombes militaires britanniques, qu'elles soient dans le monde, soient soignées, visibles, respectées, pour que chaque combattant mort au combat soit honoré. Créée en 1917, la Commonwealth War Graves Commission commémore les membres des forces armées non seulement britanniques, mais également canadiennes, australiennes, néo-zélandaises, sud-africaines et indiennes, tombées pendant les deux conflits mondiaux. A Beaurains, non loin d'Arras, se trouve le centre d'interprétation de la Commonwealth War Graves Commission. C'est pas que je suis en train de vous faire un petit itinéraire dans les Hauts-de-France, moi. En France, on compte 155 sites de mémoire officiels, et entre 2011 et 2019, 20% des nécropoles nationales ont été restaurées pour préserver cet héritage. Visitez ces lieux. c'est participer à un devoir de mémoire et transmettre l'histoire aux générations futures. Mais pourquoi aller au cimetière si on n'y connaît personne ? Eh bien, ma petite Micheline, parce que les cimetières racontent des histoires, parce qu'ils sont souvent plus vivants qu'on ne le croit. Et c'est ici qu'on va parler de tafophilie, l'amour des cimetières, ou de tafotourisme, quand on les visite comme on visiterait un musée. Ils racontent l'histoire par le bas, par les noms, les dates, les symboles. Les cimetières françaises, ce sont des musées à ciel ouvert, où chaque tombe raconte une histoire où chaque sculpture est une véritable œuvre d'art. À Paris, toujours ! Je vais encore et encore parler du Père Lachaise, mais on va le visiter ensemble au mois d'août. Le Père Lachaise, c'est une véritable ville dans la ville, avec ses allées, ses sculptures, ses vitraux. Le cimetière de Montparnasse, lui, est un peu plus sobre, plus intime. On y croise les tombes de Sartre, de Simone de Beauvoir et de Baudelaire. À Montmartre, la tombe de Dalida. À Marseille, le cimetière Saint-Pierre est le plus vaste de France. À Lyon, il faut savoir que le cimetière de L'Oyas offre une vue panoramique et un petit air de Toscane. Et ce qui est fascinant, c'est que les cimetières, ce ne sont plus seulement des lieux de deuil. Ils sont devenus des espaces culturels. À Paris ou ailleurs, des guides vous emmènent découvrir leurs secrets. Ces initiatives montrent que les cimetières sont des lieux vivants où l'on célèbre la mémoire autant que l'art et l'histoire. Et d'ailleurs, j'ai une petite confession. Oui, c'est la confession de Tata Micheline. Depuis que je suis petite, j'adore me balader dans les cimetières. De si loin que je m'en souvienne, je courais dans les allées du cimetière et j'avais mes tombes préférées, que je connaissais pas, mais à qui j'allais dire bonjour. Et aujourd'hui, j'y vais toujours avec plaisir. Je lis les noms, j'imagine des vies, je m'arrête devant les tombes fleuries ou oubliées, j'admire leur architecture et je me permets de juger. Il y a une paix assez étrange dans ces lieux. Une forme de lenteur qui m'appelle, moi, à me poser sur un banc, à regarder et juste lire. Mais ici, je parle de ce que je connais. Mais vous, quels sont vos lieux funéraires préférés ? N'hésitez pas à les partager avec moi en commentaire. Et aujourd'hui, en France le tourisme funéraire se réinvente. Il est artistique, historique, sonore même. J'en parlais au tout début. À Paris, la maison Victor Hugo propose un parcours géolocalisé intitulé les funérailles de Victor Hugo. On suit littéralement le cortège funéraire de 1885 à travers la ville, des Champs-Élysées jusqu'au Panthéon, casque sur les oreilles, que je vais suivre cet été et que je vous partagerai. Et puis, on visite les cimetières autrement aussi. Chaque année, l'événement le printemps des cimetières propose des visites guidées, des balades commentées et même des concerts. Il y a aussi les comptes Instagram que je suis, par exemple Visite Mortelle, qui est un compte Instagram mais aussi un podcast, ou alors Taphofilles, qui rendent visible ce patrimoine oublié. On y parle architecture, matrimoine funéraire, rites oubliés, biodiversité. D'ailleurs, la journaliste et autrice Camille Pex, avec son projet Merlachèse, raconte 100 portraits de femmes au cœur du cimetière du Père Lachaise. Elle y célèbre la mémoire féminine. Et elle a même sorti un tome 2 qui va parler de portraits féminins dans les cimetières de France. Vous connaissez aussi Benoît Gallo ? C'est le conservateur du cimetière du Père Lachaise. Il a écrit un livre, La vie secrète d'un cimetière, qui rappelle que ces lieux sont également des refuges pour des espèces menacées. Le Père Lachaise, par exemple, est une réserve écologique classée. Benoît Gallo a même un compte Instagram, Benoît Gallo, dans lequel on retrouve le quotidien du cimetière. Est-ce qu'on est bizarre d'aimer ça ? Bah pas du tout. Le rapport de la Chambre syndicale nationale de l'art funéraire publié en mai 2025, nous dit que un Français sur trois a déjà visité un cimetière sans raison funéraire, que les jeunes adultes entre 18 et 35 ans sont de plus en plus nombreux à le faire pour des raisons artistiques, historiques ou émotionnelles. et que près de 70% des Français considèrent que les cimetières sont un patrimoine culturel à préserver. En clair, les cimetières ne sont plus seulement un lieu de deuil, ce sont des lieux de transmission, et on commence à le comprendre. Alors, pourquoi on visite les morts ? Parce qu'on y trouve autre chose que de la tristesse. On y trouve de la beauté, de la mémoire, de la lenteur, de la perspective dans cette vie. Visiter un cimetière, ce n'est pas une obsession morbide, c'est une manière d'écouter les silences, de marcher dans une histoire qui nous dépasse. Et parfois juste de prendre le temps. J'ai parlé de ce que je connais, mais je suis curieuse. Partagez-moi vos lieux funéraires préférés. Les coins cachés, les tombes oubliées, les balades qui vous ont touchées. Je veux savoir. Merci d'avoir écouté ce premier épisode de la saga de l'été. Vous retrouverez toutes les références dont j'ai parlé dans la description. La semaine prochaine, je vous emmène visiter un lieu que je connais comme ma poche, mais que j'ai hâte de redécouvrir avec vous. Le cimetière d'Arras, dans les Hauts-de-France. A la semaine prochaine !

Chapters

  • Disclaimer

    00:00

  • C'est quoi le tourisme funéraire ?

    00:18

  • Le tourisme de mémoire

    04:15

  • Les cimetières – Musées à ciel ouvert

    06:34

  • Le tourisme funéraire aujourd’hui – une vraie tendance

    08:25

  • La mort, destination culturelle

    10:18

Description

Et si vos vacances prenaient un détour par la fraîcheur d'un cimetière ?


Dans cet épisode, Beyond the Veil vous emmène à la découverte du tourisme funéraire, entre lieux de mémoire, cimetières oubliés et tombes cultes visitées comme des musées.


Des catacombes de Paris au Père-Lachaise, des ruines d’Arras à la Carrière Wellington, des plages du Débarquement au Panthéon, on explore ces lieux que l’on visite pour se souvenir, comprendre, contempler.


🪦 Pourquoi tant de visiteurs se rendent-ils sur les tombes des célébrités ?
🌍 Qui entretient les nécropoles militaires ?
🐾 Et pourquoi les cimetières deviennent-ils des refuges de biodiversité et des lieux culturels à part entière ?


Un épisode à la croisée de l’Histoire, de la mémoire collective et d’un patrimoine funéraire vivant, pour changer de regard sur la mort et préparer son itinéraire de visites !


📍À écouter dès maintenant sur Apple Podcasts, Spotify, Youtube et toutes les autres plateformes.


Pour aller plus loin dans l'épisode :



Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.


Pour soutenir le podcast, rien de plus simple 😻 :

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2. Tu mets 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcasts, Spotify, Amazon podcast, Deezer tout ça tout ça ⭐ - Nan parce qu'en dessous c'est pas top pour le référencement


3. Tu rejoins Beyond the Veil sur Instagram 🦄


Envie de recevoir la newsletter du podcast dans ta boîte mail pour être informé-e du nouvel épisode et prendre un petit shot de culture mortuaire ? Abonne-toi !


Et pour en savoir plus sur le podcast : beyondtheveil.fr


Bonne écoute ✨ !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser. C'est l'été... Il fait chaud. Alors pourquoi ne pas en profiter pour visiter, ou revisiter, des lieux de mémoire au frais ? Allez mes petits soleils, on enfile ses baskets, on se donne la main, mais avant de se perdre dans les allées d'un cimetière dans les prochains épisodes, je vous propose de poser ensemble les bases de ce tourisme pas comme les autres. Aujourd'hui, on part en voyage, mais pas n'importe où. On va visiter des lieux que vous ne connaissez peut-être même pas, et qui font pourtant partie de notre patrimoine funéraire. Pourquoi est-ce qu'on visite ces cimetières ? Pourquoi tant de monde va voir une tombe ? et pourquoi la mémoire collective attire autant de visiteurs qu'un château ou un musée ? Je réponds à toutes ces questions dans cet épisode. Le tourisme funéraire, c'est le fait de visiter des lieux liés à la mort. Pas forcément pour un enterrement, mais pour voir, comprendre, ressentir. Ce n'est ni glauque, ni nouveau. On visite les catacombes de Paris, qui font 2 millions de visiteurs par an. On explore le musée Fragonard, ses écorchés et son air de cabinet de curiosité. On entre dans la crypte des Capucins à Paris ou dans des anciens hospices comme l'Hôtel-Dieu à Beaune. On monte au Panthéon pour rendre hommage à ceux qu'on a panthéonisés. Et surtout, on suit des parcours culturels comme par exemple le printemps des cimetières ou même les funérailles de Victor Hugo recréées en visite sonore grâce à la maison Victor Hugo. Oui, oui, vous pouvez littéralement revivre en audio les obsèques de Victor Hugo en déambulant dans Paris. Bref, la mort attire, elle fascine et elle se visite. Au XIXe siècle, avec l'urbanisation, Les cimetières ne sont plus seulement des lieux de recueillement. Ils sont beaux, pensés, esthétiques. Ils deviennent des espaces de promenade. A l'époque, flâner dans un cimetière était aussi courant que se promener dans un jardin public. Avec l'ouverture du cimetière de l'Est en 1804, qui deviendra de nom le cimetière du Père Lachaise, le game va changer. Le cimetière est conçu comme un jardin paysager, avec allées d'arbres, monuments, statues et même vues panoramiques. C'est un lieu où on vient se promener. Oui, promener dans un cimetière. Et on ne vient pas forcément pour pleurer, on vient admirer. L'architecture, la sculpture, les inscriptions, les tombeaux, tout est spectaculaire. Le père Lachaise devient un modèle. Et partout en France, on se met à construire des nécropoles monumentales. On veut rivaliser avec Paris. A Lyon, Marseille, Amiens, Rennes, Blois, on érige des chapelles, des portails majestueux, des allées de cyprès. Le cimetière devient un ornement humain. Humain, oui, et urbain. Une vitrine locale. Et surtout... Les tombes deviennent visibles. On paie pour avoir une concession, une sculpture, un coin d'ombre. Les classes moyennes s'approprient l'espace funéraire. Et les guides de voyage commencent à recommander les cimetières dans les itinéraires. Mais attention, le tourisme funéraire, ce n'est pas seulement du flâneurisme. Il y a aussi une dimension plus intime, les tombes cultes. Des lieux de mémoire pour des figures vénérées, admirées, idéalisées. À Rennes, au XIXe siècle, on prie sur la tombe de la Sainte au Pochon. À Toulouse, c'est la mystérieuse Sainte-Hélèna. Et aujourd'hui encore, au Père Lachaise, on vient sur la tombe de Jim Morrison, d'Oscar Wilde, d'Alan Kardec. Le Père Lachaise, c'est un peu le Disneyland du deuil chic. On y laisse des offrandes, des fleurs, des graffitis, parfois même un exemplaire du portrait de Dorian Gray. Mais est-ce que c'est du tourisme ou du pèlerinage ? Parfois, la frontière est floue. Mais le geste est là, revenir vers les morts, même inconnus, pour y chercher quelque chose. On visite les tombes des célébrités comme celles au Père Lachaise ou au cimetière de Montmartre. ou alors des célébrités plus locales dans chaque ville de France. Mais au-delà des célébrités, le tourisme funéraire, c'est aussi une réflexion sur notre propre mortalité. En visitant ces lieux, on se confronte à l'idée de la mort, mais on célèbre aussi la vie de ceux qui ont marqué l'histoire. Alors oui, certains diront que c'est morbide, qu'on devrait laisser les morts tranquilles, mais peut-être qu'en fait, on ne les dérange pas. Peut-être qu'on les visite tout simplement comme on rend visite à une vieille maison de famille. Et puis, il y a une autre forme de voyage plus solennelle, le tourisme de mémoire. Le tourisme de mémoire, c'est quand on se rend dans des lieux marqués par les conflits, les drames, les résistances. Des lieux d'événements historiques, souvent tragiques, qui nous invitent à nous souvenir, à apprendre, à transmettre. En France, ce tourisme est particulièrement lié aux deux guerres mondiales. Je vais en citer quelques-uns, mais c'est une liste non exhaustive. Le site internet du ministère des Armées, Chemin de mémoire, a répertorié tous ces lieux dans une carte de France des lieux de mémoire. Vous y trouverez aussi tous les renseignements nécessaires pour préparer vos visites. Il y a les carrés militaires des cimetières, par exemple, ou encore Verdun et son ossuaire de Douaumont, qui abrite les restes de 150 000 soldats. En Normandie, le cimetière américain de Colville-sur-Mer, face à la mer, avec ses milliers de croix parfaitement alignées, ou encore les plages du débarquement. Le village de Craonne, dans la Somme, rasé pendant la Première Guerre mondiale. La maison des enfants d'Izieux, dans l'Ain. Et puis, je ne peux pas ne pas parler d'Oradour-sur-Glane, resté figé après le massacre de 1944, où le silence qui règne raconte plus d'histoires qu'un guide. Et aussi, à Arras, ville située dans les Hauts-de-France, après 1918, on organisait déjà des visites touristiques des ruines de la ville. Et aujourd'hui, on peut encore explorer des lieux comme la carrière Wellington, ou le mémorial de Vimy, qui rendent hommage à ces soldats tombés pendant la guerre. En France, on trouve aussi des cimetières militaires britanniques dont la charge revient à la Commonwealth War Graves Commission. Cette CWGC, Commonwealth War Graves Commission, veille à ce que les tombes militaires britanniques, qu'elles soient dans le monde, soient soignées, visibles, respectées, pour que chaque combattant mort au combat soit honoré. Créée en 1917, la Commonwealth War Graves Commission commémore les membres des forces armées non seulement britanniques, mais également canadiennes, australiennes, néo-zélandaises, sud-africaines et indiennes, tombées pendant les deux conflits mondiaux. A Beaurains, non loin d'Arras, se trouve le centre d'interprétation de la Commonwealth War Graves Commission. C'est pas que je suis en train de vous faire un petit itinéraire dans les Hauts-de-France, moi. En France, on compte 155 sites de mémoire officiels, et entre 2011 et 2019, 20% des nécropoles nationales ont été restaurées pour préserver cet héritage. Visitez ces lieux. c'est participer à un devoir de mémoire et transmettre l'histoire aux générations futures. Mais pourquoi aller au cimetière si on n'y connaît personne ? Eh bien, ma petite Micheline, parce que les cimetières racontent des histoires, parce qu'ils sont souvent plus vivants qu'on ne le croit. Et c'est ici qu'on va parler de tafophilie, l'amour des cimetières, ou de tafotourisme, quand on les visite comme on visiterait un musée. Ils racontent l'histoire par le bas, par les noms, les dates, les symboles. Les cimetières françaises, ce sont des musées à ciel ouvert, où chaque tombe raconte une histoire où chaque sculpture est une véritable œuvre d'art. À Paris, toujours ! Je vais encore et encore parler du Père Lachaise, mais on va le visiter ensemble au mois d'août. Le Père Lachaise, c'est une véritable ville dans la ville, avec ses allées, ses sculptures, ses vitraux. Le cimetière de Montparnasse, lui, est un peu plus sobre, plus intime. On y croise les tombes de Sartre, de Simone de Beauvoir et de Baudelaire. À Montmartre, la tombe de Dalida. À Marseille, le cimetière Saint-Pierre est le plus vaste de France. À Lyon, il faut savoir que le cimetière de L'Oyas offre une vue panoramique et un petit air de Toscane. Et ce qui est fascinant, c'est que les cimetières, ce ne sont plus seulement des lieux de deuil. Ils sont devenus des espaces culturels. À Paris ou ailleurs, des guides vous emmènent découvrir leurs secrets. Ces initiatives montrent que les cimetières sont des lieux vivants où l'on célèbre la mémoire autant que l'art et l'histoire. Et d'ailleurs, j'ai une petite confession. Oui, c'est la confession de Tata Micheline. Depuis que je suis petite, j'adore me balader dans les cimetières. De si loin que je m'en souvienne, je courais dans les allées du cimetière et j'avais mes tombes préférées, que je connaissais pas, mais à qui j'allais dire bonjour. Et aujourd'hui, j'y vais toujours avec plaisir. Je lis les noms, j'imagine des vies, je m'arrête devant les tombes fleuries ou oubliées, j'admire leur architecture et je me permets de juger. Il y a une paix assez étrange dans ces lieux. Une forme de lenteur qui m'appelle, moi, à me poser sur un banc, à regarder et juste lire. Mais ici, je parle de ce que je connais. Mais vous, quels sont vos lieux funéraires préférés ? N'hésitez pas à les partager avec moi en commentaire. Et aujourd'hui, en France le tourisme funéraire se réinvente. Il est artistique, historique, sonore même. J'en parlais au tout début. À Paris, la maison Victor Hugo propose un parcours géolocalisé intitulé les funérailles de Victor Hugo. On suit littéralement le cortège funéraire de 1885 à travers la ville, des Champs-Élysées jusqu'au Panthéon, casque sur les oreilles, que je vais suivre cet été et que je vous partagerai. Et puis, on visite les cimetières autrement aussi. Chaque année, l'événement le printemps des cimetières propose des visites guidées, des balades commentées et même des concerts. Il y a aussi les comptes Instagram que je suis, par exemple Visite Mortelle, qui est un compte Instagram mais aussi un podcast, ou alors Taphofilles, qui rendent visible ce patrimoine oublié. On y parle architecture, matrimoine funéraire, rites oubliés, biodiversité. D'ailleurs, la journaliste et autrice Camille Pex, avec son projet Merlachèse, raconte 100 portraits de femmes au cœur du cimetière du Père Lachaise. Elle y célèbre la mémoire féminine. Et elle a même sorti un tome 2 qui va parler de portraits féminins dans les cimetières de France. Vous connaissez aussi Benoît Gallo ? C'est le conservateur du cimetière du Père Lachaise. Il a écrit un livre, La vie secrète d'un cimetière, qui rappelle que ces lieux sont également des refuges pour des espèces menacées. Le Père Lachaise, par exemple, est une réserve écologique classée. Benoît Gallo a même un compte Instagram, Benoît Gallo, dans lequel on retrouve le quotidien du cimetière. Est-ce qu'on est bizarre d'aimer ça ? Bah pas du tout. Le rapport de la Chambre syndicale nationale de l'art funéraire publié en mai 2025, nous dit que un Français sur trois a déjà visité un cimetière sans raison funéraire, que les jeunes adultes entre 18 et 35 ans sont de plus en plus nombreux à le faire pour des raisons artistiques, historiques ou émotionnelles. et que près de 70% des Français considèrent que les cimetières sont un patrimoine culturel à préserver. En clair, les cimetières ne sont plus seulement un lieu de deuil, ce sont des lieux de transmission, et on commence à le comprendre. Alors, pourquoi on visite les morts ? Parce qu'on y trouve autre chose que de la tristesse. On y trouve de la beauté, de la mémoire, de la lenteur, de la perspective dans cette vie. Visiter un cimetière, ce n'est pas une obsession morbide, c'est une manière d'écouter les silences, de marcher dans une histoire qui nous dépasse. Et parfois juste de prendre le temps. J'ai parlé de ce que je connais, mais je suis curieuse. Partagez-moi vos lieux funéraires préférés. Les coins cachés, les tombes oubliées, les balades qui vous ont touchées. Je veux savoir. Merci d'avoir écouté ce premier épisode de la saga de l'été. Vous retrouverez toutes les références dont j'ai parlé dans la description. La semaine prochaine, je vous emmène visiter un lieu que je connais comme ma poche, mais que j'ai hâte de redécouvrir avec vous. Le cimetière d'Arras, dans les Hauts-de-France. A la semaine prochaine !

Chapters

  • Disclaimer

    00:00

  • C'est quoi le tourisme funéraire ?

    00:18

  • Le tourisme de mémoire

    04:15

  • Les cimetières – Musées à ciel ouvert

    06:34

  • Le tourisme funéraire aujourd’hui – une vraie tendance

    08:25

  • La mort, destination culturelle

    10:18

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Et si vos vacances prenaient un détour par la fraîcheur d'un cimetière ?


Dans cet épisode, Beyond the Veil vous emmène à la découverte du tourisme funéraire, entre lieux de mémoire, cimetières oubliés et tombes cultes visitées comme des musées.


Des catacombes de Paris au Père-Lachaise, des ruines d’Arras à la Carrière Wellington, des plages du Débarquement au Panthéon, on explore ces lieux que l’on visite pour se souvenir, comprendre, contempler.


🪦 Pourquoi tant de visiteurs se rendent-ils sur les tombes des célébrités ?
🌍 Qui entretient les nécropoles militaires ?
🐾 Et pourquoi les cimetières deviennent-ils des refuges de biodiversité et des lieux culturels à part entière ?


Un épisode à la croisée de l’Histoire, de la mémoire collective et d’un patrimoine funéraire vivant, pour changer de regard sur la mort et préparer son itinéraire de visites !


📍À écouter dès maintenant sur Apple Podcasts, Spotify, Youtube et toutes les autres plateformes.


Pour aller plus loin dans l'épisode :



Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.


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Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser. C'est l'été... Il fait chaud. Alors pourquoi ne pas en profiter pour visiter, ou revisiter, des lieux de mémoire au frais ? Allez mes petits soleils, on enfile ses baskets, on se donne la main, mais avant de se perdre dans les allées d'un cimetière dans les prochains épisodes, je vous propose de poser ensemble les bases de ce tourisme pas comme les autres. Aujourd'hui, on part en voyage, mais pas n'importe où. On va visiter des lieux que vous ne connaissez peut-être même pas, et qui font pourtant partie de notre patrimoine funéraire. Pourquoi est-ce qu'on visite ces cimetières ? Pourquoi tant de monde va voir une tombe ? et pourquoi la mémoire collective attire autant de visiteurs qu'un château ou un musée ? Je réponds à toutes ces questions dans cet épisode. Le tourisme funéraire, c'est le fait de visiter des lieux liés à la mort. Pas forcément pour un enterrement, mais pour voir, comprendre, ressentir. Ce n'est ni glauque, ni nouveau. On visite les catacombes de Paris, qui font 2 millions de visiteurs par an. On explore le musée Fragonard, ses écorchés et son air de cabinet de curiosité. On entre dans la crypte des Capucins à Paris ou dans des anciens hospices comme l'Hôtel-Dieu à Beaune. On monte au Panthéon pour rendre hommage à ceux qu'on a panthéonisés. Et surtout, on suit des parcours culturels comme par exemple le printemps des cimetières ou même les funérailles de Victor Hugo recréées en visite sonore grâce à la maison Victor Hugo. Oui, oui, vous pouvez littéralement revivre en audio les obsèques de Victor Hugo en déambulant dans Paris. Bref, la mort attire, elle fascine et elle se visite. Au XIXe siècle, avec l'urbanisation, Les cimetières ne sont plus seulement des lieux de recueillement. Ils sont beaux, pensés, esthétiques. Ils deviennent des espaces de promenade. A l'époque, flâner dans un cimetière était aussi courant que se promener dans un jardin public. Avec l'ouverture du cimetière de l'Est en 1804, qui deviendra de nom le cimetière du Père Lachaise, le game va changer. Le cimetière est conçu comme un jardin paysager, avec allées d'arbres, monuments, statues et même vues panoramiques. C'est un lieu où on vient se promener. Oui, promener dans un cimetière. Et on ne vient pas forcément pour pleurer, on vient admirer. L'architecture, la sculpture, les inscriptions, les tombeaux, tout est spectaculaire. Le père Lachaise devient un modèle. Et partout en France, on se met à construire des nécropoles monumentales. On veut rivaliser avec Paris. A Lyon, Marseille, Amiens, Rennes, Blois, on érige des chapelles, des portails majestueux, des allées de cyprès. Le cimetière devient un ornement humain. Humain, oui, et urbain. Une vitrine locale. Et surtout... Les tombes deviennent visibles. On paie pour avoir une concession, une sculpture, un coin d'ombre. Les classes moyennes s'approprient l'espace funéraire. Et les guides de voyage commencent à recommander les cimetières dans les itinéraires. Mais attention, le tourisme funéraire, ce n'est pas seulement du flâneurisme. Il y a aussi une dimension plus intime, les tombes cultes. Des lieux de mémoire pour des figures vénérées, admirées, idéalisées. À Rennes, au XIXe siècle, on prie sur la tombe de la Sainte au Pochon. À Toulouse, c'est la mystérieuse Sainte-Hélèna. Et aujourd'hui encore, au Père Lachaise, on vient sur la tombe de Jim Morrison, d'Oscar Wilde, d'Alan Kardec. Le Père Lachaise, c'est un peu le Disneyland du deuil chic. On y laisse des offrandes, des fleurs, des graffitis, parfois même un exemplaire du portrait de Dorian Gray. Mais est-ce que c'est du tourisme ou du pèlerinage ? Parfois, la frontière est floue. Mais le geste est là, revenir vers les morts, même inconnus, pour y chercher quelque chose. On visite les tombes des célébrités comme celles au Père Lachaise ou au cimetière de Montmartre. ou alors des célébrités plus locales dans chaque ville de France. Mais au-delà des célébrités, le tourisme funéraire, c'est aussi une réflexion sur notre propre mortalité. En visitant ces lieux, on se confronte à l'idée de la mort, mais on célèbre aussi la vie de ceux qui ont marqué l'histoire. Alors oui, certains diront que c'est morbide, qu'on devrait laisser les morts tranquilles, mais peut-être qu'en fait, on ne les dérange pas. Peut-être qu'on les visite tout simplement comme on rend visite à une vieille maison de famille. Et puis, il y a une autre forme de voyage plus solennelle, le tourisme de mémoire. Le tourisme de mémoire, c'est quand on se rend dans des lieux marqués par les conflits, les drames, les résistances. Des lieux d'événements historiques, souvent tragiques, qui nous invitent à nous souvenir, à apprendre, à transmettre. En France, ce tourisme est particulièrement lié aux deux guerres mondiales. Je vais en citer quelques-uns, mais c'est une liste non exhaustive. Le site internet du ministère des Armées, Chemin de mémoire, a répertorié tous ces lieux dans une carte de France des lieux de mémoire. Vous y trouverez aussi tous les renseignements nécessaires pour préparer vos visites. Il y a les carrés militaires des cimetières, par exemple, ou encore Verdun et son ossuaire de Douaumont, qui abrite les restes de 150 000 soldats. En Normandie, le cimetière américain de Colville-sur-Mer, face à la mer, avec ses milliers de croix parfaitement alignées, ou encore les plages du débarquement. Le village de Craonne, dans la Somme, rasé pendant la Première Guerre mondiale. La maison des enfants d'Izieux, dans l'Ain. Et puis, je ne peux pas ne pas parler d'Oradour-sur-Glane, resté figé après le massacre de 1944, où le silence qui règne raconte plus d'histoires qu'un guide. Et aussi, à Arras, ville située dans les Hauts-de-France, après 1918, on organisait déjà des visites touristiques des ruines de la ville. Et aujourd'hui, on peut encore explorer des lieux comme la carrière Wellington, ou le mémorial de Vimy, qui rendent hommage à ces soldats tombés pendant la guerre. En France, on trouve aussi des cimetières militaires britanniques dont la charge revient à la Commonwealth War Graves Commission. Cette CWGC, Commonwealth War Graves Commission, veille à ce que les tombes militaires britanniques, qu'elles soient dans le monde, soient soignées, visibles, respectées, pour que chaque combattant mort au combat soit honoré. Créée en 1917, la Commonwealth War Graves Commission commémore les membres des forces armées non seulement britanniques, mais également canadiennes, australiennes, néo-zélandaises, sud-africaines et indiennes, tombées pendant les deux conflits mondiaux. A Beaurains, non loin d'Arras, se trouve le centre d'interprétation de la Commonwealth War Graves Commission. C'est pas que je suis en train de vous faire un petit itinéraire dans les Hauts-de-France, moi. En France, on compte 155 sites de mémoire officiels, et entre 2011 et 2019, 20% des nécropoles nationales ont été restaurées pour préserver cet héritage. Visitez ces lieux. c'est participer à un devoir de mémoire et transmettre l'histoire aux générations futures. Mais pourquoi aller au cimetière si on n'y connaît personne ? Eh bien, ma petite Micheline, parce que les cimetières racontent des histoires, parce qu'ils sont souvent plus vivants qu'on ne le croit. Et c'est ici qu'on va parler de tafophilie, l'amour des cimetières, ou de tafotourisme, quand on les visite comme on visiterait un musée. Ils racontent l'histoire par le bas, par les noms, les dates, les symboles. Les cimetières françaises, ce sont des musées à ciel ouvert, où chaque tombe raconte une histoire où chaque sculpture est une véritable œuvre d'art. À Paris, toujours ! Je vais encore et encore parler du Père Lachaise, mais on va le visiter ensemble au mois d'août. Le Père Lachaise, c'est une véritable ville dans la ville, avec ses allées, ses sculptures, ses vitraux. Le cimetière de Montparnasse, lui, est un peu plus sobre, plus intime. On y croise les tombes de Sartre, de Simone de Beauvoir et de Baudelaire. À Montmartre, la tombe de Dalida. À Marseille, le cimetière Saint-Pierre est le plus vaste de France. À Lyon, il faut savoir que le cimetière de L'Oyas offre une vue panoramique et un petit air de Toscane. Et ce qui est fascinant, c'est que les cimetières, ce ne sont plus seulement des lieux de deuil. Ils sont devenus des espaces culturels. À Paris ou ailleurs, des guides vous emmènent découvrir leurs secrets. Ces initiatives montrent que les cimetières sont des lieux vivants où l'on célèbre la mémoire autant que l'art et l'histoire. Et d'ailleurs, j'ai une petite confession. Oui, c'est la confession de Tata Micheline. Depuis que je suis petite, j'adore me balader dans les cimetières. De si loin que je m'en souvienne, je courais dans les allées du cimetière et j'avais mes tombes préférées, que je connaissais pas, mais à qui j'allais dire bonjour. Et aujourd'hui, j'y vais toujours avec plaisir. Je lis les noms, j'imagine des vies, je m'arrête devant les tombes fleuries ou oubliées, j'admire leur architecture et je me permets de juger. Il y a une paix assez étrange dans ces lieux. Une forme de lenteur qui m'appelle, moi, à me poser sur un banc, à regarder et juste lire. Mais ici, je parle de ce que je connais. Mais vous, quels sont vos lieux funéraires préférés ? N'hésitez pas à les partager avec moi en commentaire. Et aujourd'hui, en France le tourisme funéraire se réinvente. Il est artistique, historique, sonore même. J'en parlais au tout début. À Paris, la maison Victor Hugo propose un parcours géolocalisé intitulé les funérailles de Victor Hugo. On suit littéralement le cortège funéraire de 1885 à travers la ville, des Champs-Élysées jusqu'au Panthéon, casque sur les oreilles, que je vais suivre cet été et que je vous partagerai. Et puis, on visite les cimetières autrement aussi. Chaque année, l'événement le printemps des cimetières propose des visites guidées, des balades commentées et même des concerts. Il y a aussi les comptes Instagram que je suis, par exemple Visite Mortelle, qui est un compte Instagram mais aussi un podcast, ou alors Taphofilles, qui rendent visible ce patrimoine oublié. On y parle architecture, matrimoine funéraire, rites oubliés, biodiversité. D'ailleurs, la journaliste et autrice Camille Pex, avec son projet Merlachèse, raconte 100 portraits de femmes au cœur du cimetière du Père Lachaise. Elle y célèbre la mémoire féminine. Et elle a même sorti un tome 2 qui va parler de portraits féminins dans les cimetières de France. Vous connaissez aussi Benoît Gallo ? C'est le conservateur du cimetière du Père Lachaise. Il a écrit un livre, La vie secrète d'un cimetière, qui rappelle que ces lieux sont également des refuges pour des espèces menacées. Le Père Lachaise, par exemple, est une réserve écologique classée. Benoît Gallo a même un compte Instagram, Benoît Gallo, dans lequel on retrouve le quotidien du cimetière. Est-ce qu'on est bizarre d'aimer ça ? Bah pas du tout. Le rapport de la Chambre syndicale nationale de l'art funéraire publié en mai 2025, nous dit que un Français sur trois a déjà visité un cimetière sans raison funéraire, que les jeunes adultes entre 18 et 35 ans sont de plus en plus nombreux à le faire pour des raisons artistiques, historiques ou émotionnelles. et que près de 70% des Français considèrent que les cimetières sont un patrimoine culturel à préserver. En clair, les cimetières ne sont plus seulement un lieu de deuil, ce sont des lieux de transmission, et on commence à le comprendre. Alors, pourquoi on visite les morts ? Parce qu'on y trouve autre chose que de la tristesse. On y trouve de la beauté, de la mémoire, de la lenteur, de la perspective dans cette vie. Visiter un cimetière, ce n'est pas une obsession morbide, c'est une manière d'écouter les silences, de marcher dans une histoire qui nous dépasse. Et parfois juste de prendre le temps. J'ai parlé de ce que je connais, mais je suis curieuse. Partagez-moi vos lieux funéraires préférés. Les coins cachés, les tombes oubliées, les balades qui vous ont touchées. Je veux savoir. Merci d'avoir écouté ce premier épisode de la saga de l'été. Vous retrouverez toutes les références dont j'ai parlé dans la description. La semaine prochaine, je vous emmène visiter un lieu que je connais comme ma poche, mais que j'ai hâte de redécouvrir avec vous. Le cimetière d'Arras, dans les Hauts-de-France. A la semaine prochaine !

Chapters

  • Disclaimer

    00:00

  • C'est quoi le tourisme funéraire ?

    00:18

  • Le tourisme de mémoire

    04:15

  • Les cimetières – Musées à ciel ouvert

    06:34

  • Le tourisme funéraire aujourd’hui – une vraie tendance

    08:25

  • La mort, destination culturelle

    10:18

Description

Et si vos vacances prenaient un détour par la fraîcheur d'un cimetière ?


Dans cet épisode, Beyond the Veil vous emmène à la découverte du tourisme funéraire, entre lieux de mémoire, cimetières oubliés et tombes cultes visitées comme des musées.


Des catacombes de Paris au Père-Lachaise, des ruines d’Arras à la Carrière Wellington, des plages du Débarquement au Panthéon, on explore ces lieux que l’on visite pour se souvenir, comprendre, contempler.


🪦 Pourquoi tant de visiteurs se rendent-ils sur les tombes des célébrités ?
🌍 Qui entretient les nécropoles militaires ?
🐾 Et pourquoi les cimetières deviennent-ils des refuges de biodiversité et des lieux culturels à part entière ?


Un épisode à la croisée de l’Histoire, de la mémoire collective et d’un patrimoine funéraire vivant, pour changer de regard sur la mort et préparer son itinéraire de visites !


📍À écouter dès maintenant sur Apple Podcasts, Spotify, Youtube et toutes les autres plateformes.


Pour aller plus loin dans l'épisode :



Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.


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    Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser. C'est l'été... Il fait chaud. Alors pourquoi ne pas en profiter pour visiter, ou revisiter, des lieux de mémoire au frais ? Allez mes petits soleils, on enfile ses baskets, on se donne la main, mais avant de se perdre dans les allées d'un cimetière dans les prochains épisodes, je vous propose de poser ensemble les bases de ce tourisme pas comme les autres. Aujourd'hui, on part en voyage, mais pas n'importe où. On va visiter des lieux que vous ne connaissez peut-être même pas, et qui font pourtant partie de notre patrimoine funéraire. Pourquoi est-ce qu'on visite ces cimetières ? Pourquoi tant de monde va voir une tombe ? et pourquoi la mémoire collective attire autant de visiteurs qu'un château ou un musée ? Je réponds à toutes ces questions dans cet épisode. Le tourisme funéraire, c'est le fait de visiter des lieux liés à la mort. Pas forcément pour un enterrement, mais pour voir, comprendre, ressentir. Ce n'est ni glauque, ni nouveau. On visite les catacombes de Paris, qui font 2 millions de visiteurs par an. On explore le musée Fragonard, ses écorchés et son air de cabinet de curiosité. On entre dans la crypte des Capucins à Paris ou dans des anciens hospices comme l'Hôtel-Dieu à Beaune. On monte au Panthéon pour rendre hommage à ceux qu'on a panthéonisés. Et surtout, on suit des parcours culturels comme par exemple le printemps des cimetières ou même les funérailles de Victor Hugo recréées en visite sonore grâce à la maison Victor Hugo. Oui, oui, vous pouvez littéralement revivre en audio les obsèques de Victor Hugo en déambulant dans Paris. Bref, la mort attire, elle fascine et elle se visite. Au XIXe siècle, avec l'urbanisation, Les cimetières ne sont plus seulement des lieux de recueillement. Ils sont beaux, pensés, esthétiques. Ils deviennent des espaces de promenade. A l'époque, flâner dans un cimetière était aussi courant que se promener dans un jardin public. Avec l'ouverture du cimetière de l'Est en 1804, qui deviendra de nom le cimetière du Père Lachaise, le game va changer. Le cimetière est conçu comme un jardin paysager, avec allées d'arbres, monuments, statues et même vues panoramiques. C'est un lieu où on vient se promener. Oui, promener dans un cimetière. Et on ne vient pas forcément pour pleurer, on vient admirer. L'architecture, la sculpture, les inscriptions, les tombeaux, tout est spectaculaire. Le père Lachaise devient un modèle. Et partout en France, on se met à construire des nécropoles monumentales. On veut rivaliser avec Paris. A Lyon, Marseille, Amiens, Rennes, Blois, on érige des chapelles, des portails majestueux, des allées de cyprès. Le cimetière devient un ornement humain. Humain, oui, et urbain. Une vitrine locale. Et surtout... Les tombes deviennent visibles. On paie pour avoir une concession, une sculpture, un coin d'ombre. Les classes moyennes s'approprient l'espace funéraire. Et les guides de voyage commencent à recommander les cimetières dans les itinéraires. Mais attention, le tourisme funéraire, ce n'est pas seulement du flâneurisme. Il y a aussi une dimension plus intime, les tombes cultes. Des lieux de mémoire pour des figures vénérées, admirées, idéalisées. À Rennes, au XIXe siècle, on prie sur la tombe de la Sainte au Pochon. À Toulouse, c'est la mystérieuse Sainte-Hélèna. Et aujourd'hui encore, au Père Lachaise, on vient sur la tombe de Jim Morrison, d'Oscar Wilde, d'Alan Kardec. Le Père Lachaise, c'est un peu le Disneyland du deuil chic. On y laisse des offrandes, des fleurs, des graffitis, parfois même un exemplaire du portrait de Dorian Gray. Mais est-ce que c'est du tourisme ou du pèlerinage ? Parfois, la frontière est floue. Mais le geste est là, revenir vers les morts, même inconnus, pour y chercher quelque chose. On visite les tombes des célébrités comme celles au Père Lachaise ou au cimetière de Montmartre. ou alors des célébrités plus locales dans chaque ville de France. Mais au-delà des célébrités, le tourisme funéraire, c'est aussi une réflexion sur notre propre mortalité. En visitant ces lieux, on se confronte à l'idée de la mort, mais on célèbre aussi la vie de ceux qui ont marqué l'histoire. Alors oui, certains diront que c'est morbide, qu'on devrait laisser les morts tranquilles, mais peut-être qu'en fait, on ne les dérange pas. Peut-être qu'on les visite tout simplement comme on rend visite à une vieille maison de famille. Et puis, il y a une autre forme de voyage plus solennelle, le tourisme de mémoire. Le tourisme de mémoire, c'est quand on se rend dans des lieux marqués par les conflits, les drames, les résistances. Des lieux d'événements historiques, souvent tragiques, qui nous invitent à nous souvenir, à apprendre, à transmettre. En France, ce tourisme est particulièrement lié aux deux guerres mondiales. Je vais en citer quelques-uns, mais c'est une liste non exhaustive. Le site internet du ministère des Armées, Chemin de mémoire, a répertorié tous ces lieux dans une carte de France des lieux de mémoire. Vous y trouverez aussi tous les renseignements nécessaires pour préparer vos visites. Il y a les carrés militaires des cimetières, par exemple, ou encore Verdun et son ossuaire de Douaumont, qui abrite les restes de 150 000 soldats. En Normandie, le cimetière américain de Colville-sur-Mer, face à la mer, avec ses milliers de croix parfaitement alignées, ou encore les plages du débarquement. Le village de Craonne, dans la Somme, rasé pendant la Première Guerre mondiale. La maison des enfants d'Izieux, dans l'Ain. Et puis, je ne peux pas ne pas parler d'Oradour-sur-Glane, resté figé après le massacre de 1944, où le silence qui règne raconte plus d'histoires qu'un guide. Et aussi, à Arras, ville située dans les Hauts-de-France, après 1918, on organisait déjà des visites touristiques des ruines de la ville. Et aujourd'hui, on peut encore explorer des lieux comme la carrière Wellington, ou le mémorial de Vimy, qui rendent hommage à ces soldats tombés pendant la guerre. En France, on trouve aussi des cimetières militaires britanniques dont la charge revient à la Commonwealth War Graves Commission. Cette CWGC, Commonwealth War Graves Commission, veille à ce que les tombes militaires britanniques, qu'elles soient dans le monde, soient soignées, visibles, respectées, pour que chaque combattant mort au combat soit honoré. Créée en 1917, la Commonwealth War Graves Commission commémore les membres des forces armées non seulement britanniques, mais également canadiennes, australiennes, néo-zélandaises, sud-africaines et indiennes, tombées pendant les deux conflits mondiaux. A Beaurains, non loin d'Arras, se trouve le centre d'interprétation de la Commonwealth War Graves Commission. C'est pas que je suis en train de vous faire un petit itinéraire dans les Hauts-de-France, moi. En France, on compte 155 sites de mémoire officiels, et entre 2011 et 2019, 20% des nécropoles nationales ont été restaurées pour préserver cet héritage. Visitez ces lieux. c'est participer à un devoir de mémoire et transmettre l'histoire aux générations futures. Mais pourquoi aller au cimetière si on n'y connaît personne ? Eh bien, ma petite Micheline, parce que les cimetières racontent des histoires, parce qu'ils sont souvent plus vivants qu'on ne le croit. Et c'est ici qu'on va parler de tafophilie, l'amour des cimetières, ou de tafotourisme, quand on les visite comme on visiterait un musée. Ils racontent l'histoire par le bas, par les noms, les dates, les symboles. Les cimetières françaises, ce sont des musées à ciel ouvert, où chaque tombe raconte une histoire où chaque sculpture est une véritable œuvre d'art. À Paris, toujours ! Je vais encore et encore parler du Père Lachaise, mais on va le visiter ensemble au mois d'août. Le Père Lachaise, c'est une véritable ville dans la ville, avec ses allées, ses sculptures, ses vitraux. Le cimetière de Montparnasse, lui, est un peu plus sobre, plus intime. On y croise les tombes de Sartre, de Simone de Beauvoir et de Baudelaire. À Montmartre, la tombe de Dalida. À Marseille, le cimetière Saint-Pierre est le plus vaste de France. À Lyon, il faut savoir que le cimetière de L'Oyas offre une vue panoramique et un petit air de Toscane. Et ce qui est fascinant, c'est que les cimetières, ce ne sont plus seulement des lieux de deuil. Ils sont devenus des espaces culturels. À Paris ou ailleurs, des guides vous emmènent découvrir leurs secrets. Ces initiatives montrent que les cimetières sont des lieux vivants où l'on célèbre la mémoire autant que l'art et l'histoire. Et d'ailleurs, j'ai une petite confession. Oui, c'est la confession de Tata Micheline. Depuis que je suis petite, j'adore me balader dans les cimetières. De si loin que je m'en souvienne, je courais dans les allées du cimetière et j'avais mes tombes préférées, que je connaissais pas, mais à qui j'allais dire bonjour. Et aujourd'hui, j'y vais toujours avec plaisir. Je lis les noms, j'imagine des vies, je m'arrête devant les tombes fleuries ou oubliées, j'admire leur architecture et je me permets de juger. Il y a une paix assez étrange dans ces lieux. Une forme de lenteur qui m'appelle, moi, à me poser sur un banc, à regarder et juste lire. Mais ici, je parle de ce que je connais. Mais vous, quels sont vos lieux funéraires préférés ? N'hésitez pas à les partager avec moi en commentaire. Et aujourd'hui, en France le tourisme funéraire se réinvente. Il est artistique, historique, sonore même. J'en parlais au tout début. À Paris, la maison Victor Hugo propose un parcours géolocalisé intitulé les funérailles de Victor Hugo. On suit littéralement le cortège funéraire de 1885 à travers la ville, des Champs-Élysées jusqu'au Panthéon, casque sur les oreilles, que je vais suivre cet été et que je vous partagerai. Et puis, on visite les cimetières autrement aussi. Chaque année, l'événement le printemps des cimetières propose des visites guidées, des balades commentées et même des concerts. Il y a aussi les comptes Instagram que je suis, par exemple Visite Mortelle, qui est un compte Instagram mais aussi un podcast, ou alors Taphofilles, qui rendent visible ce patrimoine oublié. On y parle architecture, matrimoine funéraire, rites oubliés, biodiversité. D'ailleurs, la journaliste et autrice Camille Pex, avec son projet Merlachèse, raconte 100 portraits de femmes au cœur du cimetière du Père Lachaise. Elle y célèbre la mémoire féminine. Et elle a même sorti un tome 2 qui va parler de portraits féminins dans les cimetières de France. Vous connaissez aussi Benoît Gallo ? C'est le conservateur du cimetière du Père Lachaise. Il a écrit un livre, La vie secrète d'un cimetière, qui rappelle que ces lieux sont également des refuges pour des espèces menacées. Le Père Lachaise, par exemple, est une réserve écologique classée. Benoît Gallo a même un compte Instagram, Benoît Gallo, dans lequel on retrouve le quotidien du cimetière. Est-ce qu'on est bizarre d'aimer ça ? Bah pas du tout. Le rapport de la Chambre syndicale nationale de l'art funéraire publié en mai 2025, nous dit que un Français sur trois a déjà visité un cimetière sans raison funéraire, que les jeunes adultes entre 18 et 35 ans sont de plus en plus nombreux à le faire pour des raisons artistiques, historiques ou émotionnelles. et que près de 70% des Français considèrent que les cimetières sont un patrimoine culturel à préserver. En clair, les cimetières ne sont plus seulement un lieu de deuil, ce sont des lieux de transmission, et on commence à le comprendre. Alors, pourquoi on visite les morts ? Parce qu'on y trouve autre chose que de la tristesse. On y trouve de la beauté, de la mémoire, de la lenteur, de la perspective dans cette vie. Visiter un cimetière, ce n'est pas une obsession morbide, c'est une manière d'écouter les silences, de marcher dans une histoire qui nous dépasse. Et parfois juste de prendre le temps. J'ai parlé de ce que je connais, mais je suis curieuse. Partagez-moi vos lieux funéraires préférés. Les coins cachés, les tombes oubliées, les balades qui vous ont touchées. Je veux savoir. Merci d'avoir écouté ce premier épisode de la saga de l'été. Vous retrouverez toutes les références dont j'ai parlé dans la description. La semaine prochaine, je vous emmène visiter un lieu que je connais comme ma poche, mais que j'ai hâte de redécouvrir avec vous. Le cimetière d'Arras, dans les Hauts-de-France. A la semaine prochaine !

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  • Disclaimer

    00:00

  • C'est quoi le tourisme funéraire ?

    00:18

  • Le tourisme de mémoire

    04:15

  • Les cimetières – Musées à ciel ouvert

    06:34

  • Le tourisme funéraire aujourd’hui – une vraie tendance

    08:25

  • La mort, destination culturelle

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