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#01 Suzanne, de maman solo à marathonienne

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57min |23/05/2025
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#01 Suzanne, de maman solo à marathonienne

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Description

Suzanne n’était pas sportive.
Elle le dit elle-même, sans détour. Et pourtant, un jour, elle a enfilé ses baskets… et tout a changé.

Dans cet épisode, elle raconte comment, après une séparation et une nouvelle vie de maman solo, elle a trouvé dans le sport une bouée de sauvetage, un exutoire, puis une force.
Du premier pas au premier dossard, de l’essoufflement à l’élan, Suzy partage son parcours inspirant, et incroyablement libérateur.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui va te donner envie de bouger et de te dépasser pour être bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Funten-Prévost, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis 15 ans, j'organise aussi des événements sportifs pour partager cette passion. Le sport nous transforme, nous élève et nous reconnecte à nous-mêmes. C'est pour cela que j'ai créé Booster, pour inspirer celles et ceux qui veulent remettre du sport dans leur quotidien. A chaque épisode, tu découvriras l'histoire de femmes et d'hommes qui ont trouvé dans le sport une vraie force. Leurs réussites, leurs doutes et leurs déclics te prouveront qu'il n'est jamais trop tard pour enfiler tes baskets et te lancer. Alors, prêt à remettre du mouvement dans ta vie ? C'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de Suzanne Carriant, une femme qui incarne parfaitement la renaissance par le sport. Suzanne n'a pas toujours été une grande sportive, jusqu'à 30 ans, le sport était loin de son quotidien. Les souvenirs des séances d'EPS lui essaient plutôt un goût amer. Mais un jour, dans une période de sa vie marquée par une séparation difficile, et une vie de maman solo, elle a enfilé une vieille paire de baskets. Foulée après foulée, elle a découvert un incroyable sentiment de liberté, une manière de reprendre le contrôle sur son corps, ses émotions et son quotidien. De ses premiers pas hésitants jusqu'à franchir la ligne d'arrivée de son tout premier marathon, Suzanne nous raconte comment la course à pied lui a permis de se reconstruire, de retrouver confiance en elle et de prouver qu'elle était bien plus forte que ce que la vie ou les autres voulaient lui faire croire. Aujourd'hui, Suzanne est même devenue coach sportive et dans cet épisode, Elle partage ses conseils concrets pour celles qui veulent se remettre au sport quand on part de zéro, tout en jonglant avec le boulot, les enfants et la vie quotidienne. Surtout, elle nous transmet cette philosophie qui va vous parler. Le sport comme une victoire sur soi, peu importe le niveau. Un témoignage sincère, inspirant et profondément humain qui montre que parfois, il suffit d'une paire de baskets pour ouvrir un champ infini des possibles. J'ai rencontré Suzanne sur l'événement Run Lyon 2021 et ça a matché direct. C'est le genre de nana qui te booste par son énergie. débordante et sa bonne humeur communicative. Et pourtant, quand on connaît Suzy, on sait que tout n'est pas simple au quotidien. Je vous souhaite une très bonne écoute et qui sait, peut-être que vous aussi, vous aurez envie d'enfiler vos baskets après cet épisode. Aujourd'hui, je suis ravie d'accueillir Suzanne Carian. Suzanne, merci beaucoup d'avoir accepté d'être ma toute première invitée.

  • Speaker #1

    Ravie de te rejoindre aujourd'hui, Laure, pour ce premier podcast.

  • Speaker #0

    Comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je vais plutôt très bien parce que je suis... particulièrement enthousiaste d'être ici.

  • Speaker #0

    Eh bien, super ! Suzanne, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Suzanne Carian, je suis entraîneur running FFA, j'interviens en club d'athlétisme près de Lyon et je suis également maman de deux enfants, deux garçons. Je suis également coureuse du 1500 mètres au marathon.

  • Speaker #0

    Et je voudrais du coup embobiner le fil et que tu m'expliques si le sport, il a toujours fait partie de ta vie.

  • Speaker #1

    Pas du tout ! pas du tout. C'est-à-dire que jusqu'à l'âge de 30 ans, je ne faisais pas du tout de sport. Je ne pratiquais aucun sport. Et en fait, j'ai des souvenirs des crosses du collège, des souvenirs en cours d'EPS où je n'étais pas du tout investie dans le sport de manière générale.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait, le sport il n'était pas ancré en toi dans ton quotidien quand tu étais petite. Ce n'était pas la matière que tu attendais avec impatience.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai le souvenir d'avoir fait un an de gym quand j'avais 6 ans. Et en fait, je n'ai fait qu'un an parce que je n'ai pas du tout aimé. Je suis allée au bout de mon année parce que je m'étais engagée. Mais alors, je détestais la gym. J'étais raide. Je n'arrivais pas à faire les exercices qu'on me demandait. Donc, ce n'est pas forcément les meilleurs souvenirs. Les crosses, c'était vite vu. J'étais pas loin d'être la dernière du cross. Je n'aimais pas l'effort ni le fait de courir dans la boue, dans les parcs. Donc ce n'est pas du tout des efforts qui me plaisaient. Après, sur le fait de venir, de grandir, étonnant que ce n'était pas quelque chose dans lequel j'étais inscrite au départ de ma vie, ce n'est pas quelque chose avec lequel j'ai évolué au gré de mon adolescence, de ma jeune vie d'adulte. Et par la suite, les choses n'ont pas été comme je l'imaginais. Puis c'est plutôt intéressant de se dire qu'au final, j'ai beau avoir commencé une partie de ma vie sans pratiquer le moindre sport, Aujourd'hui, c'est mon quotidien de pratiquer le sport.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as un souvenir aussi peut-être plus télévisuel en tant que spectatrice d'un moment sportif qui t'a inspirée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai un moment qui m'a marquée, ça me fait sourire d'y penser, parce que j'étais enceinte en 2012 et j'attendais mon premier enfant. Et en fait, en 2012, il y avait les JO de Londres et j'ai des souvenirs de nuits d'insomnie, de femmes enceintes. Bien avancée dans ma grossesse, avec les JO devant moi, à regarder les Jeux Olympiques en me disant « Mais peut-être que mon fils sera un futur champion ! » Mais voilà, ça m'avait vraiment marquée, c'était des moments importants pour moi et c'était toujours dans une perspective en tant que future maman, mais pas du tout en tant que sportive ou en tant que future sportive.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, tu as eu un déclic pour te mettre au sport ? Est-ce qu'il y a quelque chose, un événement particulier qui t'a donné envie de t'y mettre ?

  • Speaker #1

    Le premier déclic qu'il y a eu dans ma vie, c'est à 30 ans. En fait, j'étais dans une phase extrêmement difficile de ma vie et je venais de vivre une séparation. J'étais en train de sombrer et je me souviens que pendant mes pauses déjeuner, j'étais incapable de me poser à table avec mes collègues de travail. Et j'avais trouvé dans mon déménagement une paire de baskets, une vieille paire de chaussures. Et je m'étais fait la remarque en me disant, mais pourquoi ? pourquoi tu as cette paire de chaussures alors que tu ne fais pas du tout de sport ? Et je les avais prises avec moi. Et en fait, mes collègues partaient faire du sport pendant la pause déj. Et c'est là où je me suis dit, tiens, tu devrais les prendre avec toi. Et c'est là où j'ai commencé à mettre mes baskets et à partir courir de mon bureau pour aller sur les quais du Rhône, pour les Lyonnais. J'allais courir sur les quais. En fait, je partais, je n'avais pas de monde. J'avais juste une paire de baskets, des tenues comme il me semblait pouvoir les mettre, juste pour partir. courir, transpirer mes soucis et revenir au bureau en étant le plus sereine possible. Ça a été vraiment le premier déclic. C'est là où j'ai commencé à me mettre au sport. C'est au final, en fait, une situation malheureuse qui m'a amenée à une révélation à moi-même.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a procuré ? Quelles ont été tes premières sensations une fois que tu as enfilé tes baskets ?

  • Speaker #1

    Sentiment de liberté. J'avais le sentiment d'être libre. Et en fait, dans cette phase de ma vie qui était très sombre, où j'avais l'impression en fait que je n'avais plus le contrôle sur ma vie parce que les choses ne se passaient pas comme je l'espérais ou comme je l'avais imaginé, c'était le moment quand je partais courir où j'avais l'impression de reprendre un peu le contrôle de ma vie. Je reprenais le contrôle de mon corps et je reprenais le contrôle de mes émotions. Quand on se sépare, quand on vit un moment extrêmement dark, ces émotions ne les maîtrisent plus, la tristesse elle est infinie. Et quand je partais courir, au final, la tristesse laissait place à d'autres émotions, à d'autres sensations. Et je me rendais compte au final que dans mon corps et dans mon cœur, bien que je sois profondément triste, il y avait encore de la place pour le bonheur.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, pour toi, le sport, il t'a vraiment permis de te reconstruire aussi ?

  • Speaker #1

    Il m'a permis de me reconstruire et de me réconcilier avec moi-même. Parce que j'étais maman solo, donc je me retrouvais avec un enfant en bas âge. Toute seule, à 30 ans, ce n'était pas du tout ce que je m'étais souhaitée. Et en fait, je m'en voulais parce que je me retrouvais seule à devoir élever mon fils qui avait à peine un an. Et donc, du coup, je m'en voulais de lui offrir ces perspectives-là. Et le fait de venir pratiquer du sport me permettait de me réconcilier avec moi-même et de faire la paix avec moi-même et de me dire que la vie, parfois, nous amène à vivre des moments vraiment pas faciles. Et ça arrive, ça fait partie de la vie, c'est comme dans la course à pied. Il y a des moments où ça va, puis il y a des moments où ça ne va pas, mais tout passe.

  • Speaker #0

    Et par rapport à justement ce besoin que tu as eu aussi à un moment donné de te mettre au sport, justement pour traverser aussi cette épreuve, est-ce que tu l'as fait plus pour... J'ai l'impression que c'était plus mental, mais est-ce que physiquement tu as vu aussi une transformation ?

  • Speaker #1

    Alors, oui, c'était véritablement un... Un appui mental et ça m'a permis vraiment de révéler un potentiel et des ressources, là où on tend à penser qu'on n'a pas de ressources. Et physiquement, ça m'a permis de me sentir plus forte. Quand vous êtes affaibli dans une situation sociale, dans une situation morale, le fait de se reconnecter avec soi-même, c'est le fait de se reconnecter avec ses sensations et de ressentir son corps là où on ne ressent plus son cœur. Et donc du coup, le fait de me sentir courir, c'était ressentir mon corps en mouvement parce que je ne ressentais plus grand chose en fait. J'ai été anesthésiée par la tristesse. Et donc moi physiquement, j'ai ressenti très rapidement des bienfaits. Les bienfaits font qu'on se sent bien physiquement, on se sent bien mentalement. Et c'est ce qui amène à l'envie de retourner courir. C'est parce qu'on se sent bien qu'on retourne courir. Donc moi vraiment, les sensations, elles étaient... tout autour du bien-être mental et du bien-être physique.

  • Speaker #0

    Et est-ce que toi, tu as fait ça aussi pour te prouver quelque chose à toi ou aux autres ? Est-ce qu'en tout cas, il y avait quelque chose où tu avais besoin de te prouver quelque chose par rapport au sport ?

  • Speaker #1

    Clairement, moi, le sport m'a permis de me prouver, encore aujourd'hui avec du recul, j'ai un regard qui est très différent. En fait, j'étais dans une phase de ma vie où j'avais le sentiment d'être... humilié, souillé et rabaissé constamment. Et donc du coup, je me suis dit, je vais prouver à tout le monde que vous vous trompez. Je ne suis pas ce que vous dites. Je suis ce que j'ai décidé d'être. Et donc je me suis inscrite à un marathon, et au marathon de Paris. Voilà. Moi j'avais besoin en fait de me prouver à moi-même que je n'étais pas ce qu'on disait de moi, et donc j'ai décidé très rapidement de partir sur le marathon de Paris. Et avec du recul, je me rends compte que les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles aujourd'hui je continue de pratiquer, ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles je décide de m'inscrire à un marathon. Par contre je vois beaucoup d'émotions et beaucoup de bienveillance. sur les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix que je ne regrette pas et que je ne regretterai.

  • Speaker #0

    Finalement, tu avais besoin d'un objectif grand aussi pour pouvoir... Vraiment qu'il y ait une espèce de transition importante sur Suzy qui ne fait pas du tout de sport et Suzy qui d'un coup met ses baskets, mais ça ne sera pas pour rien en fait.

  • Speaker #1

    Exactement. J'avais besoin d'avoir de grandes ambitions parce que je voulais me prouver en fait que les gens avaient tort en fait. Ce qui était dit était faux. Et pour moi, à cette époque-là dans ma vie, vous imaginez bien que sans pratiquer de sport, envisager de courir un marathon, c'était le plus grand objectif que je pouvais me fixer. Donc je me suis dit, ok, si c'est ça qui est difficile, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es préparée justement pour ce premier marathon ? Parce que si je comprends bien, tu ne connaissais pas grand-chose au sport. Tu partais de zéro. Et du coup, comment on fait pour partir de zéro et d'arriver à terminer un marathon ?

  • Speaker #1

    J'ai eu la chance de rencontrer quand même des belles personnes qui ont su m'orienter parce qu'en fait, à ce moment-là, on m'a orientée auprès d'un club d'athlétisme dans la ville où je vivais. Mais la réalité d'un parent solo, c'est que c'était impossible pour moi de pouvoir suivre les propositions faites par le club puisque je ne pouvais pas venir aux entraînements puisque j'avais mon fils à charge. donc à ce moment là, je me suis dit Je pense que pour courir un marathon, il faut courir un peu plus souvent que ce que je faisais auparavant. Et moi, en fait, ce que je faisais, c'était que je partais courir trois fois dans la semaine. Généralement, j'y allais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir continuer ma vie de maman solo avec mes réalités et mes envies sportives. Et puis, les moments où je n'avais pas le choix et où j'avais mon fils, j'ai des souvenirs où mon fils était sur le stade et où je délimitais l'espace où il pouvait jouer. Et moi, je tournais autour de lui avec un œil sur mon fils en me disant « Ok, comme ça, au moins, tu fais ce que tu dois faire. » Et puis, tu as l'œil sur ton fils qui est juste à côté. C'est comme ça que j'ai préparé le marathon de Paris. Vraiment, avec beaucoup d'innocence, beaucoup de naïveté. Et vraiment, vraiment, avec du recul, je me dis « Mais qu'est-ce que c'était beau ! » De prendre le départ d'une course sans vraiment savoir ce que j'allais vivre. Parce que finalement, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout.

  • Speaker #0

    C'est beau ça. Et c'est vrai en même temps.

  • Speaker #1

    Mais c'est totalement ça. Moi, j'ai le souvenir du marathon de Paris où je me suis dit que je ne savais pas ce que je faisais là, je ne savais pas pourquoi, je ne savais même pas comment j'allais courir. Et je me souviens d'une scène où je passe le kilomètre 30. Il y avait eu tout un sketch à ce niveau-là parce que les organisateurs avaient placé un faux mur en écrivant « Vous passez le mur du 30e » . Mais moi, j'étais novice, je n'y connaissais rien. Donc je ne comprenais pas ce qu'on me disait. Je me disais, mais qu'est-ce qui va se passer au 30e kilomètre ? Et je m'étais dit, c'est incroyable, il y avait la tour Eiffel à côté de moi. Vous imaginez que moi, je ne suis pas parisienne. Donc courir dans la ville de Paris, qui est la plus grande ville au monde pour moi, dans un contexte de séparation, avec l'envie d'en découdre sur le marathon, en me disant, tu vas y arriver, quoi qu'il arrive, tu vas y arriver, c'était incroyable comme émotion. Je me souviens d'avoir passé le kilomètre 30 en me disant, tu l'as fait, et t'iras jusqu'au bout. Et je me souviens de cette arrivée vraiment incroyable sur les Champs-Élysées. Encore aujourd'hui, c'est le marathon qui m'a le plus marquée.

  • Speaker #0

    Oui, finalement, on n'oublie jamais sa première fois. Ça reste la première fois que tu as ressenti l'émotion d'un signifieur d'un marathon qui est assez incroyable.

  • Speaker #1

    Et c'est le plus beau marathon qu'on puisse faire. C'est celui où on découvre une facette de sa personne et on découvre une autre facette de la vie et des chemins du possible.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr parce que je trouve que ce qu'on entend beaucoup aussi par rapport au marathon, c'est les premières séances. Et les premières séances au rythme marathon, et on se dit comment je vais courir 42 km à ce rythme-là. Et c'est souvent, les plans sont souvent des potions magiques, des recettes magiques qui nous permettent le jour J d'y arriver. Donc est-ce que toi tu as ressenti ça justement ? Est-ce que tu as eu des peurs au début ? Est-ce que tu as eu des doutes sur ta capacité à terminer ce marathon ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je dirais déjà, pour reprendre ce que tu viens de dire, qui est très juste, c'est qu'aujourd'hui, j'ai l'expérience et c'est mon métier d'entraîner. Et encore aujourd'hui, quand je suis à la veille de mon marathon, je me pose toujours la question à savoir, mais comment je vais courir à cette allure ? En fait, cette question, elle est totalement légitime, quelle que soit l'expérience sur la distance ou le niveau ou quelle que soit la vitesse. C'est normal de se poser cette question. Moi, à cette époque-là, en fait, je ne me posais pas la question de l'allure parce que je n'avais pas d'allure. En fait, je voulais juste finir mon marathon. Donc, je m'étais dit, bon, tu vas prendre le départ et puis tu verras bien comment ça va se passer. Par contre, j'avais surtout peur de ne pas le finir parce que ça me paraissait tellement incroyable de courir un marathon que j'avais peur de subir à un moment donné, d'être blessée. Enfin, il y a plein d'imagination qu'on peut associer au marathon. Et c'est pour ça que quand j'avais passé le kilomètre 30, je m'étais dit, OK, on va y arriver. Là, c'était écrit le mur du 30e. Tu l'as passé, donc le reste, ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et je voudrais revenir aussi sur ce que tu me disais, le fait d'être une maman solo et que ce n'est pas facile justement de pouvoir faire du sport, avoir du temps pour toi. Toi, justement, comment tu as fait pour le mettre en place ? Tu me disais tout à l'heure en effet que tu emmenais ton fils sur ton lieu d'entraînement.

  • Speaker #1

    Oui, moi, c'était vraiment mon mode de fonctionnement. En fait, moi, quand j'ai commencé à faire du sport, avant de me mettre à faire de la course à pied, j'ai commencé par faire énormément de renfots. Parce que du coup, ma réalité, c'est que j'avais tout le temps mon fils avec moi. Et si je n'avais pas mon fils, c'est que j'étais au travail. Du coup, j'avais investi dans du matériel à domicile. Et en fait, j'ai des souvenirs de mes dimanches avec mon fils qui jouait avec ses Playmobil à côté de moi et où moi, je faisais mes séances de gainage pendant des heures et des heures et où j'avais le sentiment de ressentir un bien-être, le sentiment de toujours transpirer mes soucis, de me sentir toujours mieux après avoir fait ma séance de renfort. Donc au début, ça s'est d'abord intégré avec du renforcement musculaire et où c'était plus simple pour moi de pouvoir le caler parce que mon fils était à côté. Et j'étais à la maison, donc en fait, on arrivait facilement à tout conseiller. Après, quand il a fallu courir, c'est vrai qu'à ce moment-là, c'était très, très compliqué pour moi. Et donc, si je n'avais pas de relais, c'est-à-dire si je n'avais pas de nounou pour garder mon fils, c'était vide-vu, en fait. Je courais autour de lui et je courais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir récupérer le soir mon enfant et puis rester avec lui et jouer mon rôle de parent à ce moment-là. Et vraiment, c'est important pour moi de... de parler de cette phase de ma vie, parce que j'ai un profond respect pour tous les parents solos. Non pas que je ne respecte pas ceux qui ne sont pas solos, pas du tout, parce que je sais aujourd'hui qu'il y a d'autres difficultés et je le vis au quotidien. Mais ce n'est pas du tout ça. Je pense que ce n'est pas facile de se mettre au sport, ce n'est pas facile quand on a des responsabilités de parents, et c'est encore moins facile quand on est seul et qu'on n'a pas de relais. On peut être dans une configuration de parents ... avec, on est deux parents et on a des enfants et on n'a pas de relais, c'est pas facile. Et quand on est parent solo et qu'on n'a pas de relais, c'est pareil. La difficulté fait que ça peut être encore plus difficile de se mettre au sport et ça peut être encore plus difficile de maintenir cette activité sportive. Et du coup, moi, vraiment, je félicite toutes ces personnes qui ont, malgré toutes leurs casquettes, toutes leurs difficultés du quotidien, réussissent quand même à se dégager du temps pour pratiquer le sport qui leur permet de se sentir bien dans leur vie.

  • Speaker #0

    Du coup, le marathon de Paris, j'ai l'impression qu'il a été un vrai déclencheur, un vrai déclic pour toi. Et du coup, c'était quoi l'étape d'après ? Déjà, qu'est-ce que tu as ressenti en franchissant cette ligne d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je me souviens d'avoir été fière de l'avoir fait et de m'être dit, c'est possible. Si ça, c'est possible, tout est possible. Et là, je pense qu'il y a quand même quelque chose qui s'est passé au niveau de mon état d'esprit où j'ai commencé à prendre confiance en moi. Pas prendre confiance en moi par rapport à la course à pied, c'était pas du tout ça. C'était prendre confiance en moi sur la femme que j'étais. Et de me dire, ok, t'es là pour toi. Donc, no stress en fait, ça va aller. Ça va aller la suite, même si tu passes des moments difficiles, tout va aller. Et après, d'un point de vue sportif, j'ai pas vraiment fixé d'objectif. Moi, mon objectif, c'était de me prouver à moi-même que j'étais pas ce qu'on disait de moi. Et là, j'avais atteint l'objectif. La suite, la fin d'année, elle s'est passée de manière... assez classique, c'est-à-dire que j'ai continué à maintenir mon activité sportive sans vraiment grandes ambitions. Par contre, l'année qui a suivi, j'ai choisi de faire de nouveau un marathon et j'avais fait le marathon d'Annecy, pareil, sans vraiment me préparer. Voilà, je courais quand je pouvais, je courais dans un contexte très compliqué, encore une fois, mais j'avais voulu faire ce marathon d'Annecy.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais du coup que ce marathon et ces marathons que tu as faits là sur ces premières années de pratique, est-ce que pour toi c'était une victoire ? Est-ce que tu l'as vécu comme une victoire personnelle ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai vécu comme une victoire personnelle par rapport au fait que je faisais partie de toutes ces petites filles issues de quartier et où je n'avais jamais pratiqué en fait. On pratiquait le sport pour aller en bas jouer au foot en fait, c'était tout le sport que je pratiquais. Et je me dis que ça a été une victoire pour cette petite fille. pour cette petite Suzanne qui n'aurait jamais envisagé à un moment donné faire du sport, qui n'aurait jamais cru pouvoir faire du sport. Et ça a été une victoire par rapport à tout ce qui avait été dit à mon sujet.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que s'il y a des auditeurs et des auditrices qui ont été sur la ligne d'arrivée de marathon, on voit ces coureurs franchir la ligne d'arrivée avec les mains en l'air, levé de la victoire. Et finalement, je trouve que le sport, peu importe qu'on finisse premier ou dernier, ce n'est pas une question de classement ou de temps, c'est une question de réussir ce marathon, de réussir à franchir cette ligne d'arrivée. Et je dis toujours, c'est à chacun sa victoire. Un marathon, c'est... tout le monde du premier au dernier lève les bras au ciel et que c'est vraiment une victoire personnelle et aussi collective puisque de toute façon l'objectif pour tout le monde c'est de franchir cette ligne d'arrivée est-ce que c'est un sentiment que tu ressens aussi quand tu vois des gens franchir une ligne d'arrivée ou quand toi tu l'as franchie ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi c'est vraiment ce sentiment là parce que en fait peu importe encore une fois le niveau, l'expérience on franchit tous la même ligne d'arrivée c'est quelque chose qui unit, c'est à dire qu'on a beau parler d'un sport individuel. Il est individuel dans ce qu'il nous fait vivre individuellement dans notre corps mais il a une dimension collective à partir des émotions partagées sur une compétition. Des émotions partagées sur une ligne de départ, sur une ligne d'arrivée. Je vous donne juste un exemple. Moi, c'est quelque chose qui me marque. Quand je cours en compétition, je suis assez attentive à la respiration et au bruit des foulées. Et en fait, je me dis, tu vois, Là, tu es dans ton corps, peut-être que tu es en souffrance, mais sache que tous ceux qui sont autour de toi, ils vivent la même chose que toi. Tu ne les connais pas et tu vis quelque chose de collectif. Tu partages la même expérience. Et je suis convaincue qu'on a tous ce souvenir de se dire, à la ligne d'arrivée, j'ai franchi, et puis j'ai pris dans mes bras ou j'ai félicité quelqu'un que je ne connaissais pas au départ, je ne savais pas du tout qui il était, mais en fait, ouais, c'était trop bien, merci pour cette course et tout. Ben c'est ça. C'est ça la dimension collective de la course à pied. C'est ce qui fait d'ailleurs que je suis passionnée de course à pied. C'est parce qu'au-delà d'un sport individuel, c'est une histoire collective qu'on écrit.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et d'ailleurs, moi, je l'ai vraiment vécu lors de mon premier marathon. Ce côté, en fait,

  • Speaker #1

    collectif.

  • Speaker #0

    Pour moi, l'athlète, c'était un sport individuel. Et en fait, à partir du moment où tu fais du marathon, c'est là où ça devient collectif parce que tu ne cours jamais seul. Parce que tu as des gens qui te disent, on va le faire, on va le faire ensemble. Et puis parce que cette anecdote que tu dis où tu franchis la ligne d'arrivée, tu as juste envie de prendre le premier à côté de toi et de lui faire un gros câlin.

  • Speaker #1

    Mais c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que tu partages.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai récemment fait une course où j'ai subi la course parce que j'ai été malade. Bref. Et en fait, pendant la course, vu que je n'étais pas bien et que j'étais totalement free, en train de me dire, bon, l'objectif, c'est juste d'arriver et de rentrer chez toi. Et bien, en fait, sur le parcours, j'ai le souvenir d'avoir vu des gens qui étaient vraiment au bout de leur effort et qui se donnaient. où je voyais qu'ils étaient dans un effort. Et je me souviens de la ligne qui était tellement longue pour arriver justement à l'arrivée. Et il y avait un mec à côté de moi où je lui disais, « Allez, on y va, on lâche rien ! » On ne se connaissait pas du tout. Je ne savais pas qui c'était. On a couru ensemble pendant un kilomètre à se dire, « Allez, jusqu'au bout, jusqu'au bout ! » C'est cette dimension qui fait qu'on prend tous nos baskets et on décide tous de s'inscrire à des compétitions. C'est le partage de l'émotion et le partage de l'effort. Dans la difficulté... dans tout ce que ça peut nous faire vivre au niveau de la course à pied.

  • Speaker #0

    Et le sport, du coup, c'est aussi un vecteur social. Et c'est vrai que c'est des moments partagés. Est-ce que toi, tu le vis aussi dans ta pratique au quotidien ? Est-ce que c'est un moteur pour toi aussi de partager ces moments sportifs avec d'autres personnes ?

  • Speaker #1

    Oui, et ça l'est d'autant plus que moi, je m'entraîne tout le temps toute seule. Ce n'est pas facile, mais c'est aussi ma réalité du jour. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, moi, quand je m'entraîne, je suis toute seule. Et j'en vis... toutes les personnes qui arrivent à trouver des groupes d'entraînement, vivre, s'entraîner ensemble, c'est génial. Donc du coup, pour moi, la dimension de compétition me permet justement de vivre et de ressentir ce dont on parle, parce que moi, je ne le vis pas au quotidien.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais transmettre justement ce déclic à quelqu'un qui hésite à se lancer, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais de prendre une feuille et de prendre un stylo et d'écrire sur cette feuille la personne Quelle envie d'être ? Voilà. Là, dans un an, qu'est-ce que t'as envie d'être ? Qu'est-ce que t'as envie de devenir ? Tu mets tout. Tu mets le sport, tu mets tout dans ta vie. Et ben voilà, tu prends cette feuille, tu l'écris, tu te donnes une date et tu te dis rendez-vous dans un an. Et voilà, maintenant quels sont les moyens que je vais faire pour atteindre l'objectif que je me suis fixé ? T'as envie de courir un semi-marathon ? Ok, très bien. T'as décidé de courir un semi-marathon. Quels sont les moyens que je vais me donner pour le faire ? En fait, cette feuille... C'est une page blanche. Et qu'est-ce qui fait, qu'est-ce qui est important dans la page blanche ? C'est le champ des possibles. Tout est possible. On croit à tort que non, c'est pour les autres. Non, moi, je n'ai pas fait de sport avant. Je n'ai pas fait d'école d'athlète. En fait, non, c'est faux. Moi, je n'ai rien fait avant. Ça ne m'a pas empêché de courir des marathons. Et je suis une parmi tant d'autres qui ont vécu la même chose. Donc, prends cette feuille. Écris ce que tu as envie de devenir. Donne-toi une deadline et dis-toi quels sont les moyens que je me donne. Il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même.

  • Speaker #0

    Et justement, quelqu'un qui partirait d'une feuille blanche et qui se noterait, par exemple, j'ai envie de faire un 10 km. Toi, tu conseilles à cette personne-là, elle n'a jamais fait de... Enfin, en tout cas, le sport n'est pas ancré dans son quotidien. Et cette personne, elle te dit, moi, je n'aime pas courir aussi parce qu'elle ne court pas régulièrement. On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    La régularité. Je préfère peu, mais bien. Parce que ce qui est important... c'est d'inscrire dans son quotidien quelque chose qui va devenir un rituel, un rythme. Donc, si par exemple, cette personne ne peut courir que deux fois, c'est très bien deux fois. Deux fois, c'est déjà bien. On va déjà commencer par un début, parce que les gens qui vous disent, non, c'est pas suffisant. Bon, écoutez, on va déjà prendre le début. La personne, elle peut courir deux fois. Tu préfères qu'elle courre deux fois ou qu'elle ne courre pas ? Et bien voilà, donc on part sur le début. Et après, on vient installer la régularité. Il vaut mieux partir sur une réalité. C'est-à-dire, je peux courir deux fois par semaine et je suis sûre que je vais pouvoir les tenir, plutôt que de vouloir en faire trop d'un coup et ne pas réussir à tenir sur le long terme parce qu'on s'épuise à vouloir en faire trop. Donc, deux fois par semaine. Et qu'est-ce qu'on fait pour pouvoir s'inscrire dans quelque chose d'engagé ? Eh bien, on se le note. On note dans son agenda des temps qui nous sont consacrés. Parce que c'est ça le plus difficile. C'est de prendre du temps pour soi. Vous savez, au quotidien, on arrive toujours à prendre du temps pour les autres. prendre 5 minutes pour votre ami, prendre 5 minutes pour vos enfants, prendre 5 minutes pour votre couple, mais pour soi. Est-ce qu'on les prend ces 5 minutes ? Donc dans son emploi du temps, on va prendre un petit moment pour soi. Et ce moment, on va le prendre deux fois dans la semaine. Et vous allez voir qu'au bout d'un mois, finalement, vous avez réussi à tenir l'objectif qu'on s'était fixé. Et puis de là, en fait, de la régularité va s'inscrire la progression, la progressivité. Parce que ce qui compte, ce n'est pas d'aller vite. c'est d'y aller progressivement, mais de le faire à son rythme. Ça veut dire que dans un premier temps, une personne qui n'a jamais couru, on va déjà essayer de s'inscrire dans une démarche sportive, une dynamique sportive. Habituer le corps à un effort. Pourquoi ? Parce que souvent, il y a un décalage entre le corps et l'esprit. Quand l'esprit, il est prêt, le corps ne l'est pas forcément. Il faut accepter qu'il ait besoin de temps. Donc, un temps pour s'habituer à cet effort-là, avant de venir augmenter progressivement. soit le volume d'entraînement, soit la charge d'entraînement, mais accepter qu'il soit nécessaire d'avoir du temps pour devenir ce qu'on a envie de devenir et d'atteindre ses objectifs.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, dans ta routine sportive, elle ressemble à quoi ? Tu disais tout à l'heure, en préambule du podcast, tu disais que tu étais du coup maman de deux enfants, que tu étais coach. Tu crées aussi du contenu sur Instagram. Comment t'arrives justement... à t'organiser pour pouvoir rajouter aussi tes nombreuses séances, puisque du coup, tu fais aussi du marathon, tu fais aussi de la piste l'été, enfin bref, tu fais quand même beaucoup aussi de compétition. Comment t'arrives justement à réussir à tout caser dans ta journée ?

  • Speaker #1

    En fait, aujourd'hui, j'arrive à structurer davantage mes activités sportives et à accepter qu'il y a des moments où je vais, par exemple... mes enfants, je vais laisser mon fils au péri-scolaire pour que je puisse avoir un temps supplémentaire pour moi. Je vais me dédier un moment au début de journée quand les enfants sont partis à l'école pour que je puisse aller m'entraîner ou en fin de journée ou du temps de midi. En fait, ce qui fait que j'arrive à me consacrer tout ça, c'est l'organisation. Moi, ma semaine, elle est organisée de manière à ce que dès le lundi matin, je sais quand est-ce que je m'entraîne et quand est-ce que je suis au bureau. Et ça, c'est important parce que, en fait, quand on a une une une entreprise en l'occurrence, on peut vite être happé par son activité et ne plus avoir de temps pour soi en dehors du travail et de ses responsabilités familiales. Et donc là, pour moi, c'est important que dans ma semaine, je me consacre, je me fixe des créneaux où je sais que là, c'est mon temps pour moi, pour m'entraîner. Et du coup, c'est comme si pour moi, c'était ma pause de ma journée parce que ça ne me repose que de partir m'entraîner, même si parfois les séances me stressent ou demandent beaucoup de charge mentale ou d'engagement mental. mais Du coup, c'est une pause dans ma journée que je me consacre.

  • Speaker #0

    Et c'est finalement ancré aussi dans son planning de la semaine. Voilà, ces moments de sport, ça peut être quand vous avez une entreprise où vous avez des douches, ça peut être aussi du coup les ancrer sur des pauses déjeuners, ça peut être le matin, le soir. Mais c'est sûr que s'ils sont dans l'agenda, ils ne bougent pas. Il n'y a pas de déj qui se met à la place, il n'y a pas de réunion qui se met à la place. c'est vrai qu'ancrer ces moments... que ça soit quand on est tout seul, il faut les ancrer. Quand on y va à plusieurs ou au niveau d'un club, au moins, c'est vrai qu'on a des horaires fixes. Et c'est comme ça qu'on arrive à pouvoir les intégrer dans son quotidien et finalement que ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Moi, je pars du principe que c'était un peu le fonctionnement qu'on avait quand on était plus jeune et qu'on allait à l'école. Et moi, je n'aimais pas le sport, mais du coup, c'était dans mon emploi du temps. J'y allais parce que c'était écrit. C'est exactement pareil aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai un emploi du temps, avec des horaires, avec des engagements. Et en fait, encore une fois, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même. Je me suis promis ce temps dans ma journée, je me prends ce temps dans la journée, parce que pour pouvoir être un parent disponible et disposé, pour pouvoir être une femme sereine, il faut que je prenne ce temps pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et la routine, elle se crée au fur et à mesure. C'est-à-dire qu'il faut, il me semble, en créer quelque chose pendant un mois pour que ça devienne une routine. Donc, il faut faire l'effort. Parfois, on n'aura peut-être pas envie. Et justement, c'est un sujet dont j'ai envie de parler avec toi. Comment on arrive à rester motivé ? Est-ce que toi, tu as des tips à donner pour que finalement, on ne perde pas justement cette routine sportive et qu'elle continue à perdurer ?

  • Speaker #1

    Alors, je préfère le dire et être honnête, je ne suis pas tout le temps motivée. Il y a des jours, je ne suis pas du tout motivée. Et je l'accepte. Déjà, c'est le premier fait, c'est de se dire « Ok, tu n'es pas motivée, ça arrive en fait. » On a le droit de ne pas être motivé. Par contre, à la motivation, prend le dessus la discipline. Moi, c'est surtout ça. C'est-à-dire que ce n'est pas la motivation qui drive mes entraînements, mais c'est ma discipline qui fait que je m'entraîne. La discipline est la promesse que je me suis faite. Quand j'ai décidé de me préparer pour le marathon de Séville, autant vous dire que sur la prépa hivernale, où il faisait froid, moche, gris, vent, il y avait des jours où je n'avais pas du tout. envie de faire des sorties longues. Pourtant, j'y allais parce que j'avais rendez-vous avec moi-même le 23 février. Et si je voulais être prête pour ce rendez-vous, il fallait que je me prépare. Donc du coup, c'est pour moi la discipline qui fait que, et c'est le fait que ce soit inscrit dans l'agenda. C'est-à-dire que quand dans l'agenda, il est noté que je dois faire telle séance, je ne me pose pas de questions. Je ne suis pas motivée, ce n'est pas grave. Pas motivée, tu ne te poses pas de questions, tu poses ton cerveau et tu pars t'entraîner. Ça fait vraiment la différence. Parce que si on attend la motivation pour aller s'entraîner, parfois on va l'attendre longtemps. Donc du coup, il faut accepter qu'il n'y ait pas tout le temps la motivation, c'est pas grave. On fait ce qui est prévu, c'est beaucoup. Et on fait de son mieux surtout.

  • Speaker #0

    Oui, finalement la motivation, l'élément déclencheur, c'est parfois le déclic, c'est la motivation de j'ai envie de faire tel sport, j'ai envie de faire telle compétition, mais finalement c'est la discipline qui va prendre le relais et qui va faire que justement ça va perdurer et on va réussir à remplir notre objectif.

  • Speaker #1

    Toujours. La discipline pour moi c'est ce qui fait toute réussite dans la vie, que ce soit dans le milieu de l'entrepreneuriat comme dans le milieu sportif, c'est ce qui fait qu'un étudiant réussit aussi ses concours, ses examens, c'est la discipline et la rigueur.

  • Speaker #0

    Du coup, Suzy, là maintenant, j'aimerais bien qu'on parle aussi de tout ce que tu ressens dans ton entraînement. Comment tu te sens toi pendant ta pratique ? Quelles sont les émotions qui te traversent ? Quelles sont les sensations qui te traversent pendant et aussi après ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs émotions. L'émotion principale, c'est la liberté. La liberté et l'émotion recherchée, c'est l'état de flot. L'état dans lequel je suis. Quand notamment j'étais en prépa marathon sur mes sorties longues, j'étais dans un état de flot, c'est-à-dire que j'étais là mais je n'étais plus là. Cet état où je pouvais courir comme ça pendant des heures sans me rendre compte de la fatigue générée ou de l'effort que j'étais en train de réaliser. Donc ça c'est ce que je recherche. La liberté c'est ce que je ressens à chaque fois que je cours et je me sens toujours mieux après qu'avant. C'est-à-dire que tout à l'heure on parlait de motivation, en attendant on ne regrette jamais d'être allé courir. Et ça c'est important aussi de le souligner. Pour autant, il y a des émotions parfois qui ne sont pas faciles à vivre en course à pied, et je n'ai pas du tout de gêne à l'évoquer, notamment le stress qu'on peut ressentir sur certaines séances, le stress, également la difficulté. C'est quelque chose que moi j'ai pu ressentir sur certaines séances, parce que typiquement quand je fais le choix de me challenger sur des compétitions sur piste, ce n'est pas un effort naturel pour moi, puisque en ayant commencé l'athlétisme sur le tard, Et en ayant commencé le demi-fond sur le tard, autant vous dire que ce n'est pas naturel pour moi de courir du 1500 mètres. Et donc, il faut accepter aussi que les sensations associées à la course à pied et dans les efforts difficiles, le sentiment du dépassement de soi passe aussi par le fait de repousser ses limites. C'est jamais facile de repousser ses limites. C'est accepter que parfois c'est difficile et c'est pas parce que c'est difficile qu'on va pas y arriver. En fait, il faut accepter qu'il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour... S'entraîner, il y a un temps pour atteindre et révéler tout le travail réalisé pendant les entraînements. Les entraînements sont là pour, parfois, pas vous mettre en difficulté, mais pour repousser les limites qui nous mettent en difficulté. Et ces sentiments-là, ils sont finalement partagés par tous, encore une fois, quelle que soit l'expérience, quel que soit le niveau. On ressent tous ce moment dans une séance où on se dit « Mais je ne vais pas y arriver, je ne tiendrai pas jusqu'à la fin. » Mais en fait, si, vous allez tous y arriver et vous allez tous tenir jusqu'à la fin. Ça fait partie aussi... de l'entraînement course à pied.

  • Speaker #0

    Je voudrais qu'on aborde aussi ton métier de coach. Aujourd'hui, tu accompagnes des coureurs qui ont envie de se mettre à la course à pied ou qui ont envie de se lancer un défi, de progresser sur un 10 km, un semi, un marathon. Qu'est-ce qu'ils viennent chercher, ces coureurs, auprès de toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les personnes qui font appel à moi, il y a deux choses. C'est déjà libérer toute charge mentale associée à l'entraînement. Il faut être honnête, aujourd'hui on n'a plus le temps. On n'a plus le temps de se poser la question, de savoir mais qu'est-ce que je vais faire ce soir quand je vais m'entraîner ? Parce qu'on a déjà nos emplois du temps qui sont tellement chargés qu'on a juste parfois besoin que quelqu'un nous dise ce qu'on doit faire. Donc ça c'est la première chose. Quelqu'un qui, par son expertise, va être capable de vous dire aujourd'hui tu fais ça, pose ton cerveau, fais ça et tu verras, tu te sentiras bien et on atteindra ton objectif. Donc ça c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est le sentiment et c'est la recherche du dépassement de soi. C'est quand même difficile aujourd'hui d'atteindre ce niveau de dépassement, je veux dire, de réussir à aller se challenger, à sortir de sa zone de confort tout seul. Parce qu'entraîner est un métier. Et que c'est aussi ce qu'on recherche quand on fait appel à un entraîneur, c'est son expertise de lui dire, ok, pour atteindre cet objectif, moi je pense que tu devrais passer par ce chemin, c'est peut-être le meilleur chemin pour atteindre ton objectif. Il n'y a rien de mathématique. Ce n'est pas parce que vous allez faire tel entraînement que ça va donner tel résultat. Mais en tout cas... L'entraîneur va donner toutes les possibilités pour qu'on atteigne l'objectif le jour envisagé. Donc les gens qui font appel à moi aujourd'hui font appel à moi pour enlever toute charge mentale et pour pouvoir avoir l'expertise d'un entraîneur qui va vous amener à vous challenger.

  • Speaker #0

    Comment tu les vois évoluer justement les personnes que tu suis grâce à ton coaching ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je vois évoluer les gens sur des années parce qu'il y a des personnes que j'entraîne depuis des années. Et je trouve que c'est toujours... Il y a de l'émotion associée à ça, parce que quand vous voyez une personne qui vous contacte au début, je pense à une personne en particulier qui s'appelle Ophélia, elle m'a contactée au début, elle était enceinte, elle était sur la fin de sa grossesse, pour l'accompagner en postpartum, donc la reprise course à pied après l'accouchement de son premier enfant. Elle a eu son accouchement, et en fait, moi je l'ai vue accoucher, je l'ai vue reprendre la course à pied postaccouchement, je l'ai vue prendre un premier dossard postpartum, Et puis, je l'ai vue venir petit à petit glisser dans une pratique de challenge, de relever des défis, de revenir sur marathon, sur semi-marathon, de vouloir revenir sur le niveau qu'elle avait avant sa grossesse, d'aller plus loin que le niveau qu'elle a eu avant sa grossesse. Je l'ai vue évoluer. J'ai vu une jeune femme devenir mère, devenir mère accomplie, réussir à concilier toutes ses casquettes et se challenger en course à pied. Et je trouve qu'il y a une émotion particulière parce que c'est comme une fleur que vous êtes en train de voir éclore, qui prend de plus en plus confiance et qui finalement ne se voyait pas faire certaines courses ou certaines allures et qui se voit se challenger et se dire « mais je n'aurais jamais pensé courir à cette allure-là » . Donc pour moi, quand on est entraîneur, C'est plus qu'entraîner. Entraîner, faire un plan d'entraînement, oui, non. Entraîner. Entraîner une dynamique. Élever les gens au meilleur niveau, à la meilleure version de soi. Je trouve que c'est comme ça que moi, que je considère mon métier, et c'est comme ça que je vois les gens évoluer.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on ne le répétera jamais assez, que le sport, c'est un booster de confiance en soi.

  • Speaker #1

    Ah mais oui. C'est un booster de confiance en soi. C'est un booster de... de plein d'émotions. Pour moi, je ne sais plus qui, et je m'en excuse, qui avait dit en fait que le sport est le meilleur moyen de révéler votre personnalité. C'est à travers le sport qu'on se révèle. Moi, vous savez, avant de faire du sport, je ne m'étais jamais vue compétitrice, mais jamais de la vie. Je ne m'étais jamais sentie, ressentie dans ces émotions-là. Et en fait, c'est la course à pied qui m'a rendue ou qui m'a révélée à moi-même que j'étais finalement quelqu'un qui pouvait être compétiteur. Ce n'est pas quelque chose de négatif, c'est plutôt positif. Et aujourd'hui, dans mon activité, j'ai aussi besoin de ça. C'est quelque chose qui dynamise mon activité. C'est quelque chose qui dynamise ma pratique sportive. Donc, je pense que le sport est un véritable booster en confiance en soi et révélateur de personnalité.

  • Speaker #0

    Tu parlais justement des émotions. Est-ce que tu as un souvenir particulier qui te marque de ta pratique sportive qui reste gravé à jamais dans ta mémoire ?

  • Speaker #1

    Un souvenir qui est très particulier, puisque c'était il y a deux ans, je fais une compétition à Lyon sur piste, et c'était à 1 500 mètres, donc c'est 1 500 mètres sur piste. C'est des efforts qui sont très très intenses, et quand même globalement, les personnes avec qui je cours sont des filles qui ont toujours couru sur piste, ou qui ont toujours couru. Je fais quand même partie des plus vieilles qui prennent le départ sur piste, Donc c'est pas forcément un milieu dans lequel... dans lequel je suis le plus à l'aise parce que ce n'est pas le milieu dans lequel j'ai grandi. Mais c'est un milieu dans lequel je me sens à l'aise aujourd'hui parce que c'est un milieu qui me plaît. Et quand je prends le départ de cette course, je prends le départ et je pense que j'ai pris énormément de... Je me suis énormément challengée sur cette course et je fais un résultat où ni moi, ni Olivier qui m'entraîne ne s'attendait à ce que je fasse ce résultat-là. Parce que je me souviens, en fait, passer aux 1000 mètres et je l'entends hurler, mais... hurler à un point où il me dit, il ne faut pas lâcher, vas-y ! Et en fait, à ce moment-là, il y avait des filles qui partaient. Et je me suis dit, à ce moment-là, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Il faut que tu les accroches au maximum. Et ces filles, je les ai accrochées autant bien que mal, et là, je finis mon 15 ans à mon niveau, évidemment. Mais c'était un chrono que je n'aurais jamais envisagé de faire, quoi. J'étais grave choquée, en fait, à ce moment-là, en me disant, tu vois, comme quoi tout est possible. Même à cet âge-là, quoi. Ça, ça a été vraiment une expérience qui m'a beaucoup marquée en course à pied, en athlée pure.

  • Speaker #0

    Et juste pour revenir à ce souvenir-là, de ce que j'entends aussi, et c'est vrai que toi, du coup, tu as commencé l'athlée sur le tard, et autant j'ai l'impression que tu as l'impression d'avoir toute ta légitimité sur la route, autant j'ai l'impression que tu as un petit syndrome de l'imposteur sur la piste, et que du coup, finalement, ce chrono-là que tu ne pensais pas possible... il est lié à ça, finalement, aux barrières finalement, qui peuvent être mises sur la piste en disant, la piste, c'est pour les petites jeunes, c'est pour ceux qu'on a toujours fait, moi, j'arrive après tout le monde sur la piste, et du coup, est-ce que t'as pas ce syndrome de l'imposteur sur la piste ?

  • Speaker #1

    Complètement, mais complètement. Combien de fois Olivier m'a dit mais, quand je lui disais, mais pourquoi je suis engagée dans cette série ? Bah, parce que t'as fait tel chrono. Ouais, mais c'est pas sûr qu'aujourd'hui, je refasse tel chrono. En fait, y'a vraiment ce côté de se dire, mais aujourd'hui j'ai du mal à... à me sentir légitime sur la piste parce que pour moi, c'est un milieu qui est quand même très différent de celui qu'on peut croiser en running. Pour autant, je n'ai jamais ressenti une émotion négative de la part des gens avec qui je cours. C'est-à-dire que ce sentiment, je l'ai juste moi-même. C'est des a priori que j'essaye de déconstruire en me rendant compte que la légitimité, personne ne vous la donne. Dans la vie, personne ne vient vers vous en vous serrant la main, en vous disant c'est bon, tu es légitime, tu peux faire ce que tu es en train de faire. C'est nous. qui nous limitons dans ce que nous sommes en train de réaliser. Et je pense que ce jour-là, j'ai pris le départ de la course sans me poser de questions. Et je pense que c'est ce que j'ai fait de mieux dans ma vie. C'est-à-dire prendre le départ d'une course sans arrêter de me poser 12 000 questions, suivre tant bien que mal, et puis arriver au bout en étant fière de ce que j'ai réalisé.

  • Speaker #0

    C'est vrai que justement, pour celles et ceux qui aimeraient se mettre au sport et à un sport potentiellement particulier, Et c'est vrai que c'est beaucoup plus facile de pousser la porte des clubs quand on a une dizaine d'années, que finalement, tout le monde s'inscrit en septembre à une activité qui est souvent poussée par les parents. Mais quand on a envie de faire les choses un peu plus tard, c'est pas toujours facile de se dire où est-ce que je vais aller, à quel club je vais aller toquer, que je peux commencer telle pratique ou tel sport. 30 ans à 40 ans et justement toi en tant que coach quel conseil tu donnerais à quelqu'un qui a envie de se lancer peu importe son sport pour justement aussi trouver Les bonnes personnes, les bonnes ressources, le bon club qui va accueillir correctement.

  • Speaker #1

    Alors je te remercie de souligner ça parce que ça c'est vraiment... quelque chose que j'ai ressenti. C'est-à-dire que moi, par exemple, quand j'ai débuté la course à pied, je n'osais pas aller sur piste en me disant « Non, mais je vais me foutre la honte, je vais aller sur piste, je ne sais même pas ce que je dois faire, je n'ai pas le niveau, ça doit courir vite, moi je ne cours pas vite, il faut que je mette des pointes. » Mais même avant même de faire des pointes, juste d'aller faire une séance de fractionnés, je n'osais pas aller sur piste. Je n'osais pas, en plus, je ne connaissais pas trop le fonctionnement des clubs d'athlétisme. Du coup, je me disais, mais ça se trouve... on va te dire, mais non, excusez-moi, c'est notre place, c'est notre club, c'est notre piste. Donc, je n'osais pas. Et en fait, je me suis rendu compte que c'était totalement faux. C'est-à-dire que le club en question, c'est le club qui se situe dans la ville où j'ai grandi à Saint-Chamond, excusez-moi, Saint-Chamond, près de Saint-Étienne. Le club, c'est Franck qui l'encadre. Et je lui fais un petit coucou s'il m'écoute parce que ce n'est pas du tout sa mentalité. Lui, c'est quelqu'un qui justement accueille toute personne qui a envie de se challenger. et c'est quand même... comme ça que moi je vois l'athlète. C'est aujourd'hui mon job, je suis entraîneur en club d'athlétisme et peu importe le niveau des personnes qui viennent me voir, peu importe leur expérience, je les accueille. Parce que c'est ça l'athlétisme, c'est ça la course à pied. On se fiche de savoir si vous avez couru des marathons avant, peu importe. En fait, la piste, elle est ouverte à tous. C'est nous qui nous empêchons d'y aller. D'ailleurs, cette année, ça fait deux ans, j'ai des nouvelles personnes dans mon club d'athlète et en fait, c'est moi qui les ai poussées. en leur disant, allez les filles, allez sur piste, je suis sûre que ça va vous plaire. Et au début, elles étaient là, non mais t'es sûre Suzy, j'ose pas, etc. Je te dis que tu peux y aller, vas-y. Et je pense que ça, il faut vraiment qu'on se le dise, il n'y a personne qui peut vous empêcher. Vous avez envie d'aller vous entraîner sur piste, allez-y. Vous avez envie de vous tester sur des compétitions sur piste, allez-y. Allez découvrir le monde. Ce serait tellement dommage de passer à côté et se dire, mais je ne l'ai pas fait, j'aurais dû. Non, on se fiche de savoir ça. Allez-y, testez et vous verrez par vous-même.

  • Speaker #0

    Et finalement, on peut tester un club, on peut tester un coach. Si ça ne nous plaît pas, on peut aussi refermer des portes pour en rouvrir d'autres. Il ne faut pas non plus... En tout cas, on a le droit de se tromper aussi. On a le droit de tester plusieurs choses avant de trouver soit le sport qui nous correspond ou soit en tout cas le coach ou le club qui nous correspond aussi.

  • Speaker #1

    Pour moi, ce n'est même pas se tromper. Pour moi, c'est une histoire de domino la vie. Il y a toujours eu ce domino, et pour qu'il y ait le domino suivant, en fait, il y a tout l'enchaînement des dominos. Vous voyez, tu fais une ligne de dominos, et le domino tombe parce qu'avant il y en avait un, et parce qu'avant, et parce qu'après, etc. C'est exactement ça la vie. En fait, ce n'est pas le fait de se tromper, c'est le fait qu'il fallait passer par cette expérience pour aller vers l'autre expérience. Peut-être qu'il fallait faire la rencontre de cet entraîneur, de ce coach, ou de ce club, ou de cette pratique, pour aller vers ce qui va vous suivre. Donc, quand une porte se ferme, il y en a toujours une qui s'ouvre en même temps. Il faut juste prendre le temps d'accepter qu'il y a un temps entre le moment où on prend conscience qu'une porte s'est fermée pour aller vers la porte qui s'ouvre.

  • Speaker #0

    Je voudrais maintenant aborder un peu tes sources de motivation. On en a aussi un petit peu parlé tout à l'heure. En effet, il y a d'abord la motivation, et puis après, c'est la discipline aussi qui prend le relais. Et quand bien même tu me disais tout à l'heure que tu n'as pas toujours en effet cette motivation, que c'est cette discipline qui prend ce relais-là. Est-ce que toi, ça a aussi... des personnes, que ça peut être des sportifs, des proches, des mentors, un coach, qui t'inspirent et qui aussi te permettent de te rebooster quand toi, des fois, tu n'as plus... Peut-être aussi, on a tous aussi des phases un peu plus down où on a un objectif qu'on a réalisé, il faut passer au suivant. Est-ce que tu as des ressources qui vont t'aider justement à te relancer ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a deux choses qui font que c'est ce qui va me booster. Dans ma cuisine, j'ai mis une photo de la... petite Suzanne de 5 ans. Parce que ça me permet de ne jamais oublier d'où je viens et de ce que j'ai vécu en me disant quoi qu'il arrive, en fait, n'oublie pas ce que tu as vécu. Ça doit être le moteur et le terreau de toute ta motivation et de tout ce qui t'arrive par la suite et de tout ce que tu souhaites qui t'arrive par la suite. Donc ça, c'est vraiment quelque chose d'important pour moi. C'est affiché, c'est important. Et après, dans mon quotidien, il y a une personne quand même qui arrive beaucoup à me motiver. Et quand je parle de motivation, c'est plus à m'inspirer, comme tu l'as dit, à m'inspirer. Et c'est Olivier, c'est la personne avec qui je vis. Il arrive à m'inspirer, bien qu'on soit très différents, parce que c'est quelqu'un qui a 43 ans, qui court depuis qu'il a 16 ans. Et il m'impressionne en fait sur sa capacité à durer dans l'effort, à durer dans le sens où aujourd'hui, à 43 ans, il est toujours aussi performant, il est compétitif. Il continue à réussir à se motiver, à être très discipliné, rigoureux dans sa pratique sportive. Et ça, ça m'inspire énormément. Parce que moi... Dans mon quotidien, je me dis que lui, ça fait tellement d'années qu'il court. Il pourrait être au bout d'un moment, je ne sais pas, en avoir moins envie. Il pourrait se blesser. Non. Il a une capacité à pouvoir se dire que, OK, aujourd'hui, j'ai 43 ans. Mon objectif, c'est de réussir à me rapprocher de mes records, à faire de mon mieux, à donner le maximum, à venir challenger, driver, modifier un peu les entraînements. Et ça, ça m'inspire beaucoup. Parce que mine de rien, moi, j'ai 40 ans. Bien que je sois une jeune coureuse, J'ai quand même beaucoup d'émotion de vous dire ça. Bien que je sois une jeune coureuse, pour moi, à 40 ans, j'ai quand même envie aussi de réussir à continuer à courir aussi longtemps que possible et donc à mettre tout en œuvre pour pouvoir durer et réussir à rester dans la performance à mon niveau, compétitrice, aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et justement, comment toi, tu envisages ta pratique dans le futur ? Parce que du coup, on a parlé... de ton parcours, de ton déclic. On a parlé de tes marathons. Tu ancres, du coup, ta routine sportive dans ton quotidien. Et la suite, c'est quoi pour toi ? Tu disais que, du coup, tu as eu 40 ans. Le sport, aujourd'hui, il fait partie de toi intégralement. Et comment tu l'imagines aussi dans le futur ?

  • Speaker #1

    Je pense que je vais courir jusqu'à la fin. Je ne me vois pas ne pas courir. Ça, c'est sûr et certain. Je ne me vois pas ne pas courir. Je vais surtout adapter. Par exemple... Je vais beaucoup essayer de me renseigner sur la capacité des masters. Donc les masters, c'est les catégories d'âge. Et master, ce sont les personnes qui ont plus de 35 ans. Et comment réussir à être performant malgré l'âge avançant. Donc en fait, je me prends comme mon propre cobaye en me disant, ok, je pense que pour continuer à être performant, il va falloir que je réussisse à mettre ça en place dans mon quotidien, etc. Et je pense que pour moi, ce qui est vraiment primordial, c'est d'accepter de prendre du temps pour soi. autrement que dans la performance justement, accepter de récupérer, accepter de se renforcer, bien que chez moi ce ne soit pas vraiment le point faible. Mais en fait, pour moi, ma pratique sportive dans 10 ans, je pense que je serai toujours sur un stade. Je pense que déjà, je serai toujours sur un stade en train d'entraîner. Je serai toujours en train de continuer mes compétitions parce que pour moi, en fait, à 50 ans, je vois des femmes de 50 ans et je pense à une amie qui s'appelle Florence et qui est particulièrement performante à 53 ans. Je me dis, incroyable, incroyable. Moi, je veux être comme elle à 53 ans. Tout est possible, à tout âge, en fait. Il ne s'agit pas, à mon niveau, on ne vise pas une sélection. On vise de se challenger et d'atteindre le plus grand niveau qu'on puisse se souhaiter.

  • Speaker #0

    Oui, et de finalement que ça perdure, parce que de toute façon, ça continuera de faire du bien physiquement, mentalement, et que ça, ce n'est pas quelque chose que tu veux perdre.

  • Speaker #1

    Non, et puis finalement, Au final, quand tu reviens sur les émotions que j'exprime en lien avec ma pratique sportive, que ce soit la liberté, l'état de flot, le dépassement de soi, je n'ai pas l'impression qu'il y ait une date de fin. C'est-à-dire que même à 90 ans, j'ai vu qu'il y avait un monsieur de 93 ans qui avait fait le record de France sur 3000 mètres. Ce monsieur à 93 ans, mais quel respect ! Il a senti le dépassement de soi, il a senti l'état de flot et il a senti la liberté. Bon, ben voilà, c'est tout ce que je me souhaite. Je me souhaite de continuer de ressentir toutes ces émotions aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et quels sont justement tes prochains objectifs à toi, Suzanne ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi, j'ai décidé de sortir de ma zone de confort, puisque pour moi, ma zone de confort, c'est des distances qui sont plutôt longues. Quand je dis confort, c'est certainement parce que c'est là où je me sens le plus à l'aise et là où je me sens dans mon élément. Et aujourd'hui, j'ai décidé de m'orienter beaucoup plus sur du cours, donc du 5K et du 10K. Et autant vous dire que me connaissant, du 10 km, ce n'est pas ma passion. Mais j'ai décidé de sortir de la zone de confort.

  • Speaker #0

    Ok, très bien. Et justement, toi, tu cours aussi des marathons, tu le disais. Je sais, en discutant avec toi, que tu fais un marathon par an. Pourquoi justement tu penses que c'est nécessaire aussi d'avoir des moments où tu es aussi en régénération, que ce soit d'ailleurs physique et mental ?

  • Speaker #1

    Tu es prête pour un deuxième podcast du coup ? Parce que si je réponds à ta question, en fait, pour moi, il y a plusieurs éléments. Alors je vais déjà aller sur la dimension mentale. Le marathon, c'est une prépa physique, mais ça engage tellement d'un point de vue mental. L'engagement mental entre l'organisation familiale, l'engagement mental entre le fait que tu manges, tu dors, tu respires marathon. Un marathon par an, ça me suffit largement. Autant que je le fasse bien, mais que je m'en suffise un seul par an. et d'un point de vue physique je trouve que c'est un engagement physique qui est tellement important parce que ton volume d'entraînement est plus important ton kilométrage Je n'ai pas envie de répéter la même chose et je n'ai surtout pas envie de me blesser à force de faire la même chose. Donc pour moi, ce qui fait la richesse de la course à pied, c'est la diversité des efforts. Et cette diversité-là, elle est liée aux objectifs aussi divers et variés. Quand vous préparez un 3000 mètres, quand vous préparez un 10 ou un marathon, vous ne travaillez pas de la même façon. Et c'est pour ça que je préfère aller sur un marathon par an.

  • Speaker #0

    On arrive au bout de ce podcast, je voudrais te poser une ou deux dernières questions. Si tu pouvais transmettre un message à toutes celles qui nous écoutent, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que je dirais que tout est possible et qu'il suffit juste de se rendre possible en fait, de se donner les moyens d'atteindre l'objectif qu'on s'est fixé.

  • Speaker #0

    Où peut-on te retrouver pour suivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    On peut me retrouver sur Instagram au nom de Suzy One. Et puis, vous pouvez également me retrouver sur YouTube cause Suzy One pour vous accompagner dans votre progression sportive.

  • Speaker #0

    Qui aimerais-tu entendre à ce micro ?

  • Speaker #1

    Eh bien, j'ai parlé tout à l'heure d'Ophélia. Eh bien, je l'invite à prendre le relais de ce micro. Super.

  • Speaker #0

    On a un petit rituel de fin dans Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante ? Ça peut être un film, un livre, un podcast à partager ? Aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Je trouve le livre... Alors, il faut que je me remette correctement le titre en tête. C'est L'art de s'en foutre que j'ai adoré. C'est vraiment le livre que je conseille à tout le monde.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une chanson à ajouter à la playlist booster qui pourrait nous aider à nous booster dans nos prochains runs ou prochaines sessions sportives ?

  • Speaker #1

    Oui. Moi, je mets la chanson du groupe Red Hot Chili Peppers et celle-ci, peut-être que vous allez l'entendre. C'est la chanson que j'écoute à chacune de mes sorties longues.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra à partager pour booster nos auditeurs et nos auditrices ?

  • Speaker #1

    Alors, le mantra que je me suis toujours répété et qui ne va surprendre personne, c'est le bonheur n'appartient pas à celui qui l'attend assis sur son canapé.

  • Speaker #0

    Donc, vous aurez compris. Chaussez vos baskets et c'est parti. Merci Suzy d'avoir été à mon micro aujourd'hui. C'était vraiment un réel plaisir de t'écouter. Et vraiment un grand, grand merci à toi. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laure. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Je remercie très chaleureusement mon invité du jour, Suzanne Carian, et je l'embrasse très fort. Et merci à toi d'avoir écouté Booster. J'espère que cet épisode t'aura donné l'envie de te mettre en mouvement. Si tu as aimé, pense à t'abonner, à laisser un avis, à partager autour de toi. C'est le meilleur moyen de faire grandir cette belle communauté. On se retrouve très vite, d'ici là, prends soin de toi et n'oublie pas, on ne regrette jamais d'y être allé, comme dit Suzy.

Description

Suzanne n’était pas sportive.
Elle le dit elle-même, sans détour. Et pourtant, un jour, elle a enfilé ses baskets… et tout a changé.

Dans cet épisode, elle raconte comment, après une séparation et une nouvelle vie de maman solo, elle a trouvé dans le sport une bouée de sauvetage, un exutoire, puis une force.
Du premier pas au premier dossard, de l’essoufflement à l’élan, Suzy partage son parcours inspirant, et incroyablement libérateur.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui va te donner envie de bouger et de te dépasser pour être bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Funten-Prévost, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis 15 ans, j'organise aussi des événements sportifs pour partager cette passion. Le sport nous transforme, nous élève et nous reconnecte à nous-mêmes. C'est pour cela que j'ai créé Booster, pour inspirer celles et ceux qui veulent remettre du sport dans leur quotidien. A chaque épisode, tu découvriras l'histoire de femmes et d'hommes qui ont trouvé dans le sport une vraie force. Leurs réussites, leurs doutes et leurs déclics te prouveront qu'il n'est jamais trop tard pour enfiler tes baskets et te lancer. Alors, prêt à remettre du mouvement dans ta vie ? C'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de Suzanne Carriant, une femme qui incarne parfaitement la renaissance par le sport. Suzanne n'a pas toujours été une grande sportive, jusqu'à 30 ans, le sport était loin de son quotidien. Les souvenirs des séances d'EPS lui essaient plutôt un goût amer. Mais un jour, dans une période de sa vie marquée par une séparation difficile, et une vie de maman solo, elle a enfilé une vieille paire de baskets. Foulée après foulée, elle a découvert un incroyable sentiment de liberté, une manière de reprendre le contrôle sur son corps, ses émotions et son quotidien. De ses premiers pas hésitants jusqu'à franchir la ligne d'arrivée de son tout premier marathon, Suzanne nous raconte comment la course à pied lui a permis de se reconstruire, de retrouver confiance en elle et de prouver qu'elle était bien plus forte que ce que la vie ou les autres voulaient lui faire croire. Aujourd'hui, Suzanne est même devenue coach sportive et dans cet épisode, Elle partage ses conseils concrets pour celles qui veulent se remettre au sport quand on part de zéro, tout en jonglant avec le boulot, les enfants et la vie quotidienne. Surtout, elle nous transmet cette philosophie qui va vous parler. Le sport comme une victoire sur soi, peu importe le niveau. Un témoignage sincère, inspirant et profondément humain qui montre que parfois, il suffit d'une paire de baskets pour ouvrir un champ infini des possibles. J'ai rencontré Suzanne sur l'événement Run Lyon 2021 et ça a matché direct. C'est le genre de nana qui te booste par son énergie. débordante et sa bonne humeur communicative. Et pourtant, quand on connaît Suzy, on sait que tout n'est pas simple au quotidien. Je vous souhaite une très bonne écoute et qui sait, peut-être que vous aussi, vous aurez envie d'enfiler vos baskets après cet épisode. Aujourd'hui, je suis ravie d'accueillir Suzanne Carian. Suzanne, merci beaucoup d'avoir accepté d'être ma toute première invitée.

  • Speaker #1

    Ravie de te rejoindre aujourd'hui, Laure, pour ce premier podcast.

  • Speaker #0

    Comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je vais plutôt très bien parce que je suis... particulièrement enthousiaste d'être ici.

  • Speaker #0

    Eh bien, super ! Suzanne, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Suzanne Carian, je suis entraîneur running FFA, j'interviens en club d'athlétisme près de Lyon et je suis également maman de deux enfants, deux garçons. Je suis également coureuse du 1500 mètres au marathon.

  • Speaker #0

    Et je voudrais du coup embobiner le fil et que tu m'expliques si le sport, il a toujours fait partie de ta vie.

  • Speaker #1

    Pas du tout ! pas du tout. C'est-à-dire que jusqu'à l'âge de 30 ans, je ne faisais pas du tout de sport. Je ne pratiquais aucun sport. Et en fait, j'ai des souvenirs des crosses du collège, des souvenirs en cours d'EPS où je n'étais pas du tout investie dans le sport de manière générale.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait, le sport il n'était pas ancré en toi dans ton quotidien quand tu étais petite. Ce n'était pas la matière que tu attendais avec impatience.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai le souvenir d'avoir fait un an de gym quand j'avais 6 ans. Et en fait, je n'ai fait qu'un an parce que je n'ai pas du tout aimé. Je suis allée au bout de mon année parce que je m'étais engagée. Mais alors, je détestais la gym. J'étais raide. Je n'arrivais pas à faire les exercices qu'on me demandait. Donc, ce n'est pas forcément les meilleurs souvenirs. Les crosses, c'était vite vu. J'étais pas loin d'être la dernière du cross. Je n'aimais pas l'effort ni le fait de courir dans la boue, dans les parcs. Donc ce n'est pas du tout des efforts qui me plaisaient. Après, sur le fait de venir, de grandir, étonnant que ce n'était pas quelque chose dans lequel j'étais inscrite au départ de ma vie, ce n'est pas quelque chose avec lequel j'ai évolué au gré de mon adolescence, de ma jeune vie d'adulte. Et par la suite, les choses n'ont pas été comme je l'imaginais. Puis c'est plutôt intéressant de se dire qu'au final, j'ai beau avoir commencé une partie de ma vie sans pratiquer le moindre sport, Aujourd'hui, c'est mon quotidien de pratiquer le sport.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as un souvenir aussi peut-être plus télévisuel en tant que spectatrice d'un moment sportif qui t'a inspirée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai un moment qui m'a marquée, ça me fait sourire d'y penser, parce que j'étais enceinte en 2012 et j'attendais mon premier enfant. Et en fait, en 2012, il y avait les JO de Londres et j'ai des souvenirs de nuits d'insomnie, de femmes enceintes. Bien avancée dans ma grossesse, avec les JO devant moi, à regarder les Jeux Olympiques en me disant « Mais peut-être que mon fils sera un futur champion ! » Mais voilà, ça m'avait vraiment marquée, c'était des moments importants pour moi et c'était toujours dans une perspective en tant que future maman, mais pas du tout en tant que sportive ou en tant que future sportive.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, tu as eu un déclic pour te mettre au sport ? Est-ce qu'il y a quelque chose, un événement particulier qui t'a donné envie de t'y mettre ?

  • Speaker #1

    Le premier déclic qu'il y a eu dans ma vie, c'est à 30 ans. En fait, j'étais dans une phase extrêmement difficile de ma vie et je venais de vivre une séparation. J'étais en train de sombrer et je me souviens que pendant mes pauses déjeuner, j'étais incapable de me poser à table avec mes collègues de travail. Et j'avais trouvé dans mon déménagement une paire de baskets, une vieille paire de chaussures. Et je m'étais fait la remarque en me disant, mais pourquoi ? pourquoi tu as cette paire de chaussures alors que tu ne fais pas du tout de sport ? Et je les avais prises avec moi. Et en fait, mes collègues partaient faire du sport pendant la pause déj. Et c'est là où je me suis dit, tiens, tu devrais les prendre avec toi. Et c'est là où j'ai commencé à mettre mes baskets et à partir courir de mon bureau pour aller sur les quais du Rhône, pour les Lyonnais. J'allais courir sur les quais. En fait, je partais, je n'avais pas de monde. J'avais juste une paire de baskets, des tenues comme il me semblait pouvoir les mettre, juste pour partir. courir, transpirer mes soucis et revenir au bureau en étant le plus sereine possible. Ça a été vraiment le premier déclic. C'est là où j'ai commencé à me mettre au sport. C'est au final, en fait, une situation malheureuse qui m'a amenée à une révélation à moi-même.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a procuré ? Quelles ont été tes premières sensations une fois que tu as enfilé tes baskets ?

  • Speaker #1

    Sentiment de liberté. J'avais le sentiment d'être libre. Et en fait, dans cette phase de ma vie qui était très sombre, où j'avais l'impression en fait que je n'avais plus le contrôle sur ma vie parce que les choses ne se passaient pas comme je l'espérais ou comme je l'avais imaginé, c'était le moment quand je partais courir où j'avais l'impression de reprendre un peu le contrôle de ma vie. Je reprenais le contrôle de mon corps et je reprenais le contrôle de mes émotions. Quand on se sépare, quand on vit un moment extrêmement dark, ces émotions ne les maîtrisent plus, la tristesse elle est infinie. Et quand je partais courir, au final, la tristesse laissait place à d'autres émotions, à d'autres sensations. Et je me rendais compte au final que dans mon corps et dans mon cœur, bien que je sois profondément triste, il y avait encore de la place pour le bonheur.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, pour toi, le sport, il t'a vraiment permis de te reconstruire aussi ?

  • Speaker #1

    Il m'a permis de me reconstruire et de me réconcilier avec moi-même. Parce que j'étais maman solo, donc je me retrouvais avec un enfant en bas âge. Toute seule, à 30 ans, ce n'était pas du tout ce que je m'étais souhaitée. Et en fait, je m'en voulais parce que je me retrouvais seule à devoir élever mon fils qui avait à peine un an. Et donc, du coup, je m'en voulais de lui offrir ces perspectives-là. Et le fait de venir pratiquer du sport me permettait de me réconcilier avec moi-même et de faire la paix avec moi-même et de me dire que la vie, parfois, nous amène à vivre des moments vraiment pas faciles. Et ça arrive, ça fait partie de la vie, c'est comme dans la course à pied. Il y a des moments où ça va, puis il y a des moments où ça ne va pas, mais tout passe.

  • Speaker #0

    Et par rapport à justement ce besoin que tu as eu aussi à un moment donné de te mettre au sport, justement pour traverser aussi cette épreuve, est-ce que tu l'as fait plus pour... J'ai l'impression que c'était plus mental, mais est-ce que physiquement tu as vu aussi une transformation ?

  • Speaker #1

    Alors, oui, c'était véritablement un... Un appui mental et ça m'a permis vraiment de révéler un potentiel et des ressources, là où on tend à penser qu'on n'a pas de ressources. Et physiquement, ça m'a permis de me sentir plus forte. Quand vous êtes affaibli dans une situation sociale, dans une situation morale, le fait de se reconnecter avec soi-même, c'est le fait de se reconnecter avec ses sensations et de ressentir son corps là où on ne ressent plus son cœur. Et donc du coup, le fait de me sentir courir, c'était ressentir mon corps en mouvement parce que je ne ressentais plus grand chose en fait. J'ai été anesthésiée par la tristesse. Et donc moi physiquement, j'ai ressenti très rapidement des bienfaits. Les bienfaits font qu'on se sent bien physiquement, on se sent bien mentalement. Et c'est ce qui amène à l'envie de retourner courir. C'est parce qu'on se sent bien qu'on retourne courir. Donc moi vraiment, les sensations, elles étaient... tout autour du bien-être mental et du bien-être physique.

  • Speaker #0

    Et est-ce que toi, tu as fait ça aussi pour te prouver quelque chose à toi ou aux autres ? Est-ce qu'en tout cas, il y avait quelque chose où tu avais besoin de te prouver quelque chose par rapport au sport ?

  • Speaker #1

    Clairement, moi, le sport m'a permis de me prouver, encore aujourd'hui avec du recul, j'ai un regard qui est très différent. En fait, j'étais dans une phase de ma vie où j'avais le sentiment d'être... humilié, souillé et rabaissé constamment. Et donc du coup, je me suis dit, je vais prouver à tout le monde que vous vous trompez. Je ne suis pas ce que vous dites. Je suis ce que j'ai décidé d'être. Et donc je me suis inscrite à un marathon, et au marathon de Paris. Voilà. Moi j'avais besoin en fait de me prouver à moi-même que je n'étais pas ce qu'on disait de moi, et donc j'ai décidé très rapidement de partir sur le marathon de Paris. Et avec du recul, je me rends compte que les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles aujourd'hui je continue de pratiquer, ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles je décide de m'inscrire à un marathon. Par contre je vois beaucoup d'émotions et beaucoup de bienveillance. sur les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix que je ne regrette pas et que je ne regretterai.

  • Speaker #0

    Finalement, tu avais besoin d'un objectif grand aussi pour pouvoir... Vraiment qu'il y ait une espèce de transition importante sur Suzy qui ne fait pas du tout de sport et Suzy qui d'un coup met ses baskets, mais ça ne sera pas pour rien en fait.

  • Speaker #1

    Exactement. J'avais besoin d'avoir de grandes ambitions parce que je voulais me prouver en fait que les gens avaient tort en fait. Ce qui était dit était faux. Et pour moi, à cette époque-là dans ma vie, vous imaginez bien que sans pratiquer de sport, envisager de courir un marathon, c'était le plus grand objectif que je pouvais me fixer. Donc je me suis dit, ok, si c'est ça qui est difficile, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es préparée justement pour ce premier marathon ? Parce que si je comprends bien, tu ne connaissais pas grand-chose au sport. Tu partais de zéro. Et du coup, comment on fait pour partir de zéro et d'arriver à terminer un marathon ?

  • Speaker #1

    J'ai eu la chance de rencontrer quand même des belles personnes qui ont su m'orienter parce qu'en fait, à ce moment-là, on m'a orientée auprès d'un club d'athlétisme dans la ville où je vivais. Mais la réalité d'un parent solo, c'est que c'était impossible pour moi de pouvoir suivre les propositions faites par le club puisque je ne pouvais pas venir aux entraînements puisque j'avais mon fils à charge. donc à ce moment là, je me suis dit Je pense que pour courir un marathon, il faut courir un peu plus souvent que ce que je faisais auparavant. Et moi, en fait, ce que je faisais, c'était que je partais courir trois fois dans la semaine. Généralement, j'y allais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir continuer ma vie de maman solo avec mes réalités et mes envies sportives. Et puis, les moments où je n'avais pas le choix et où j'avais mon fils, j'ai des souvenirs où mon fils était sur le stade et où je délimitais l'espace où il pouvait jouer. Et moi, je tournais autour de lui avec un œil sur mon fils en me disant « Ok, comme ça, au moins, tu fais ce que tu dois faire. » Et puis, tu as l'œil sur ton fils qui est juste à côté. C'est comme ça que j'ai préparé le marathon de Paris. Vraiment, avec beaucoup d'innocence, beaucoup de naïveté. Et vraiment, vraiment, avec du recul, je me dis « Mais qu'est-ce que c'était beau ! » De prendre le départ d'une course sans vraiment savoir ce que j'allais vivre. Parce que finalement, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout.

  • Speaker #0

    C'est beau ça. Et c'est vrai en même temps.

  • Speaker #1

    Mais c'est totalement ça. Moi, j'ai le souvenir du marathon de Paris où je me suis dit que je ne savais pas ce que je faisais là, je ne savais pas pourquoi, je ne savais même pas comment j'allais courir. Et je me souviens d'une scène où je passe le kilomètre 30. Il y avait eu tout un sketch à ce niveau-là parce que les organisateurs avaient placé un faux mur en écrivant « Vous passez le mur du 30e » . Mais moi, j'étais novice, je n'y connaissais rien. Donc je ne comprenais pas ce qu'on me disait. Je me disais, mais qu'est-ce qui va se passer au 30e kilomètre ? Et je m'étais dit, c'est incroyable, il y avait la tour Eiffel à côté de moi. Vous imaginez que moi, je ne suis pas parisienne. Donc courir dans la ville de Paris, qui est la plus grande ville au monde pour moi, dans un contexte de séparation, avec l'envie d'en découdre sur le marathon, en me disant, tu vas y arriver, quoi qu'il arrive, tu vas y arriver, c'était incroyable comme émotion. Je me souviens d'avoir passé le kilomètre 30 en me disant, tu l'as fait, et t'iras jusqu'au bout. Et je me souviens de cette arrivée vraiment incroyable sur les Champs-Élysées. Encore aujourd'hui, c'est le marathon qui m'a le plus marquée.

  • Speaker #0

    Oui, finalement, on n'oublie jamais sa première fois. Ça reste la première fois que tu as ressenti l'émotion d'un signifieur d'un marathon qui est assez incroyable.

  • Speaker #1

    Et c'est le plus beau marathon qu'on puisse faire. C'est celui où on découvre une facette de sa personne et on découvre une autre facette de la vie et des chemins du possible.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr parce que je trouve que ce qu'on entend beaucoup aussi par rapport au marathon, c'est les premières séances. Et les premières séances au rythme marathon, et on se dit comment je vais courir 42 km à ce rythme-là. Et c'est souvent, les plans sont souvent des potions magiques, des recettes magiques qui nous permettent le jour J d'y arriver. Donc est-ce que toi tu as ressenti ça justement ? Est-ce que tu as eu des peurs au début ? Est-ce que tu as eu des doutes sur ta capacité à terminer ce marathon ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je dirais déjà, pour reprendre ce que tu viens de dire, qui est très juste, c'est qu'aujourd'hui, j'ai l'expérience et c'est mon métier d'entraîner. Et encore aujourd'hui, quand je suis à la veille de mon marathon, je me pose toujours la question à savoir, mais comment je vais courir à cette allure ? En fait, cette question, elle est totalement légitime, quelle que soit l'expérience sur la distance ou le niveau ou quelle que soit la vitesse. C'est normal de se poser cette question. Moi, à cette époque-là, en fait, je ne me posais pas la question de l'allure parce que je n'avais pas d'allure. En fait, je voulais juste finir mon marathon. Donc, je m'étais dit, bon, tu vas prendre le départ et puis tu verras bien comment ça va se passer. Par contre, j'avais surtout peur de ne pas le finir parce que ça me paraissait tellement incroyable de courir un marathon que j'avais peur de subir à un moment donné, d'être blessée. Enfin, il y a plein d'imagination qu'on peut associer au marathon. Et c'est pour ça que quand j'avais passé le kilomètre 30, je m'étais dit, OK, on va y arriver. Là, c'était écrit le mur du 30e. Tu l'as passé, donc le reste, ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et je voudrais revenir aussi sur ce que tu me disais, le fait d'être une maman solo et que ce n'est pas facile justement de pouvoir faire du sport, avoir du temps pour toi. Toi, justement, comment tu as fait pour le mettre en place ? Tu me disais tout à l'heure en effet que tu emmenais ton fils sur ton lieu d'entraînement.

  • Speaker #1

    Oui, moi, c'était vraiment mon mode de fonctionnement. En fait, moi, quand j'ai commencé à faire du sport, avant de me mettre à faire de la course à pied, j'ai commencé par faire énormément de renfots. Parce que du coup, ma réalité, c'est que j'avais tout le temps mon fils avec moi. Et si je n'avais pas mon fils, c'est que j'étais au travail. Du coup, j'avais investi dans du matériel à domicile. Et en fait, j'ai des souvenirs de mes dimanches avec mon fils qui jouait avec ses Playmobil à côté de moi et où moi, je faisais mes séances de gainage pendant des heures et des heures et où j'avais le sentiment de ressentir un bien-être, le sentiment de toujours transpirer mes soucis, de me sentir toujours mieux après avoir fait ma séance de renfort. Donc au début, ça s'est d'abord intégré avec du renforcement musculaire et où c'était plus simple pour moi de pouvoir le caler parce que mon fils était à côté. Et j'étais à la maison, donc en fait, on arrivait facilement à tout conseiller. Après, quand il a fallu courir, c'est vrai qu'à ce moment-là, c'était très, très compliqué pour moi. Et donc, si je n'avais pas de relais, c'est-à-dire si je n'avais pas de nounou pour garder mon fils, c'était vide-vu, en fait. Je courais autour de lui et je courais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir récupérer le soir mon enfant et puis rester avec lui et jouer mon rôle de parent à ce moment-là. Et vraiment, c'est important pour moi de... de parler de cette phase de ma vie, parce que j'ai un profond respect pour tous les parents solos. Non pas que je ne respecte pas ceux qui ne sont pas solos, pas du tout, parce que je sais aujourd'hui qu'il y a d'autres difficultés et je le vis au quotidien. Mais ce n'est pas du tout ça. Je pense que ce n'est pas facile de se mettre au sport, ce n'est pas facile quand on a des responsabilités de parents, et c'est encore moins facile quand on est seul et qu'on n'a pas de relais. On peut être dans une configuration de parents ... avec, on est deux parents et on a des enfants et on n'a pas de relais, c'est pas facile. Et quand on est parent solo et qu'on n'a pas de relais, c'est pareil. La difficulté fait que ça peut être encore plus difficile de se mettre au sport et ça peut être encore plus difficile de maintenir cette activité sportive. Et du coup, moi, vraiment, je félicite toutes ces personnes qui ont, malgré toutes leurs casquettes, toutes leurs difficultés du quotidien, réussissent quand même à se dégager du temps pour pratiquer le sport qui leur permet de se sentir bien dans leur vie.

  • Speaker #0

    Du coup, le marathon de Paris, j'ai l'impression qu'il a été un vrai déclencheur, un vrai déclic pour toi. Et du coup, c'était quoi l'étape d'après ? Déjà, qu'est-ce que tu as ressenti en franchissant cette ligne d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je me souviens d'avoir été fière de l'avoir fait et de m'être dit, c'est possible. Si ça, c'est possible, tout est possible. Et là, je pense qu'il y a quand même quelque chose qui s'est passé au niveau de mon état d'esprit où j'ai commencé à prendre confiance en moi. Pas prendre confiance en moi par rapport à la course à pied, c'était pas du tout ça. C'était prendre confiance en moi sur la femme que j'étais. Et de me dire, ok, t'es là pour toi. Donc, no stress en fait, ça va aller. Ça va aller la suite, même si tu passes des moments difficiles, tout va aller. Et après, d'un point de vue sportif, j'ai pas vraiment fixé d'objectif. Moi, mon objectif, c'était de me prouver à moi-même que j'étais pas ce qu'on disait de moi. Et là, j'avais atteint l'objectif. La suite, la fin d'année, elle s'est passée de manière... assez classique, c'est-à-dire que j'ai continué à maintenir mon activité sportive sans vraiment grandes ambitions. Par contre, l'année qui a suivi, j'ai choisi de faire de nouveau un marathon et j'avais fait le marathon d'Annecy, pareil, sans vraiment me préparer. Voilà, je courais quand je pouvais, je courais dans un contexte très compliqué, encore une fois, mais j'avais voulu faire ce marathon d'Annecy.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais du coup que ce marathon et ces marathons que tu as faits là sur ces premières années de pratique, est-ce que pour toi c'était une victoire ? Est-ce que tu l'as vécu comme une victoire personnelle ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai vécu comme une victoire personnelle par rapport au fait que je faisais partie de toutes ces petites filles issues de quartier et où je n'avais jamais pratiqué en fait. On pratiquait le sport pour aller en bas jouer au foot en fait, c'était tout le sport que je pratiquais. Et je me dis que ça a été une victoire pour cette petite fille. pour cette petite Suzanne qui n'aurait jamais envisagé à un moment donné faire du sport, qui n'aurait jamais cru pouvoir faire du sport. Et ça a été une victoire par rapport à tout ce qui avait été dit à mon sujet.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que s'il y a des auditeurs et des auditrices qui ont été sur la ligne d'arrivée de marathon, on voit ces coureurs franchir la ligne d'arrivée avec les mains en l'air, levé de la victoire. Et finalement, je trouve que le sport, peu importe qu'on finisse premier ou dernier, ce n'est pas une question de classement ou de temps, c'est une question de réussir ce marathon, de réussir à franchir cette ligne d'arrivée. Et je dis toujours, c'est à chacun sa victoire. Un marathon, c'est... tout le monde du premier au dernier lève les bras au ciel et que c'est vraiment une victoire personnelle et aussi collective puisque de toute façon l'objectif pour tout le monde c'est de franchir cette ligne d'arrivée est-ce que c'est un sentiment que tu ressens aussi quand tu vois des gens franchir une ligne d'arrivée ou quand toi tu l'as franchie ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi c'est vraiment ce sentiment là parce que en fait peu importe encore une fois le niveau, l'expérience on franchit tous la même ligne d'arrivée c'est quelque chose qui unit, c'est à dire qu'on a beau parler d'un sport individuel. Il est individuel dans ce qu'il nous fait vivre individuellement dans notre corps mais il a une dimension collective à partir des émotions partagées sur une compétition. Des émotions partagées sur une ligne de départ, sur une ligne d'arrivée. Je vous donne juste un exemple. Moi, c'est quelque chose qui me marque. Quand je cours en compétition, je suis assez attentive à la respiration et au bruit des foulées. Et en fait, je me dis, tu vois, Là, tu es dans ton corps, peut-être que tu es en souffrance, mais sache que tous ceux qui sont autour de toi, ils vivent la même chose que toi. Tu ne les connais pas et tu vis quelque chose de collectif. Tu partages la même expérience. Et je suis convaincue qu'on a tous ce souvenir de se dire, à la ligne d'arrivée, j'ai franchi, et puis j'ai pris dans mes bras ou j'ai félicité quelqu'un que je ne connaissais pas au départ, je ne savais pas du tout qui il était, mais en fait, ouais, c'était trop bien, merci pour cette course et tout. Ben c'est ça. C'est ça la dimension collective de la course à pied. C'est ce qui fait d'ailleurs que je suis passionnée de course à pied. C'est parce qu'au-delà d'un sport individuel, c'est une histoire collective qu'on écrit.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et d'ailleurs, moi, je l'ai vraiment vécu lors de mon premier marathon. Ce côté, en fait,

  • Speaker #1

    collectif.

  • Speaker #0

    Pour moi, l'athlète, c'était un sport individuel. Et en fait, à partir du moment où tu fais du marathon, c'est là où ça devient collectif parce que tu ne cours jamais seul. Parce que tu as des gens qui te disent, on va le faire, on va le faire ensemble. Et puis parce que cette anecdote que tu dis où tu franchis la ligne d'arrivée, tu as juste envie de prendre le premier à côté de toi et de lui faire un gros câlin.

  • Speaker #1

    Mais c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que tu partages.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai récemment fait une course où j'ai subi la course parce que j'ai été malade. Bref. Et en fait, pendant la course, vu que je n'étais pas bien et que j'étais totalement free, en train de me dire, bon, l'objectif, c'est juste d'arriver et de rentrer chez toi. Et bien, en fait, sur le parcours, j'ai le souvenir d'avoir vu des gens qui étaient vraiment au bout de leur effort et qui se donnaient. où je voyais qu'ils étaient dans un effort. Et je me souviens de la ligne qui était tellement longue pour arriver justement à l'arrivée. Et il y avait un mec à côté de moi où je lui disais, « Allez, on y va, on lâche rien ! » On ne se connaissait pas du tout. Je ne savais pas qui c'était. On a couru ensemble pendant un kilomètre à se dire, « Allez, jusqu'au bout, jusqu'au bout ! » C'est cette dimension qui fait qu'on prend tous nos baskets et on décide tous de s'inscrire à des compétitions. C'est le partage de l'émotion et le partage de l'effort. Dans la difficulté... dans tout ce que ça peut nous faire vivre au niveau de la course à pied.

  • Speaker #0

    Et le sport, du coup, c'est aussi un vecteur social. Et c'est vrai que c'est des moments partagés. Est-ce que toi, tu le vis aussi dans ta pratique au quotidien ? Est-ce que c'est un moteur pour toi aussi de partager ces moments sportifs avec d'autres personnes ?

  • Speaker #1

    Oui, et ça l'est d'autant plus que moi, je m'entraîne tout le temps toute seule. Ce n'est pas facile, mais c'est aussi ma réalité du jour. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, moi, quand je m'entraîne, je suis toute seule. Et j'en vis... toutes les personnes qui arrivent à trouver des groupes d'entraînement, vivre, s'entraîner ensemble, c'est génial. Donc du coup, pour moi, la dimension de compétition me permet justement de vivre et de ressentir ce dont on parle, parce que moi, je ne le vis pas au quotidien.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais transmettre justement ce déclic à quelqu'un qui hésite à se lancer, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais de prendre une feuille et de prendre un stylo et d'écrire sur cette feuille la personne Quelle envie d'être ? Voilà. Là, dans un an, qu'est-ce que t'as envie d'être ? Qu'est-ce que t'as envie de devenir ? Tu mets tout. Tu mets le sport, tu mets tout dans ta vie. Et ben voilà, tu prends cette feuille, tu l'écris, tu te donnes une date et tu te dis rendez-vous dans un an. Et voilà, maintenant quels sont les moyens que je vais faire pour atteindre l'objectif que je me suis fixé ? T'as envie de courir un semi-marathon ? Ok, très bien. T'as décidé de courir un semi-marathon. Quels sont les moyens que je vais me donner pour le faire ? En fait, cette feuille... C'est une page blanche. Et qu'est-ce qui fait, qu'est-ce qui est important dans la page blanche ? C'est le champ des possibles. Tout est possible. On croit à tort que non, c'est pour les autres. Non, moi, je n'ai pas fait de sport avant. Je n'ai pas fait d'école d'athlète. En fait, non, c'est faux. Moi, je n'ai rien fait avant. Ça ne m'a pas empêché de courir des marathons. Et je suis une parmi tant d'autres qui ont vécu la même chose. Donc, prends cette feuille. Écris ce que tu as envie de devenir. Donne-toi une deadline et dis-toi quels sont les moyens que je me donne. Il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même.

  • Speaker #0

    Et justement, quelqu'un qui partirait d'une feuille blanche et qui se noterait, par exemple, j'ai envie de faire un 10 km. Toi, tu conseilles à cette personne-là, elle n'a jamais fait de... Enfin, en tout cas, le sport n'est pas ancré dans son quotidien. Et cette personne, elle te dit, moi, je n'aime pas courir aussi parce qu'elle ne court pas régulièrement. On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    La régularité. Je préfère peu, mais bien. Parce que ce qui est important... c'est d'inscrire dans son quotidien quelque chose qui va devenir un rituel, un rythme. Donc, si par exemple, cette personne ne peut courir que deux fois, c'est très bien deux fois. Deux fois, c'est déjà bien. On va déjà commencer par un début, parce que les gens qui vous disent, non, c'est pas suffisant. Bon, écoutez, on va déjà prendre le début. La personne, elle peut courir deux fois. Tu préfères qu'elle courre deux fois ou qu'elle ne courre pas ? Et bien voilà, donc on part sur le début. Et après, on vient installer la régularité. Il vaut mieux partir sur une réalité. C'est-à-dire, je peux courir deux fois par semaine et je suis sûre que je vais pouvoir les tenir, plutôt que de vouloir en faire trop d'un coup et ne pas réussir à tenir sur le long terme parce qu'on s'épuise à vouloir en faire trop. Donc, deux fois par semaine. Et qu'est-ce qu'on fait pour pouvoir s'inscrire dans quelque chose d'engagé ? Eh bien, on se le note. On note dans son agenda des temps qui nous sont consacrés. Parce que c'est ça le plus difficile. C'est de prendre du temps pour soi. Vous savez, au quotidien, on arrive toujours à prendre du temps pour les autres. prendre 5 minutes pour votre ami, prendre 5 minutes pour vos enfants, prendre 5 minutes pour votre couple, mais pour soi. Est-ce qu'on les prend ces 5 minutes ? Donc dans son emploi du temps, on va prendre un petit moment pour soi. Et ce moment, on va le prendre deux fois dans la semaine. Et vous allez voir qu'au bout d'un mois, finalement, vous avez réussi à tenir l'objectif qu'on s'était fixé. Et puis de là, en fait, de la régularité va s'inscrire la progression, la progressivité. Parce que ce qui compte, ce n'est pas d'aller vite. c'est d'y aller progressivement, mais de le faire à son rythme. Ça veut dire que dans un premier temps, une personne qui n'a jamais couru, on va déjà essayer de s'inscrire dans une démarche sportive, une dynamique sportive. Habituer le corps à un effort. Pourquoi ? Parce que souvent, il y a un décalage entre le corps et l'esprit. Quand l'esprit, il est prêt, le corps ne l'est pas forcément. Il faut accepter qu'il ait besoin de temps. Donc, un temps pour s'habituer à cet effort-là, avant de venir augmenter progressivement. soit le volume d'entraînement, soit la charge d'entraînement, mais accepter qu'il soit nécessaire d'avoir du temps pour devenir ce qu'on a envie de devenir et d'atteindre ses objectifs.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, dans ta routine sportive, elle ressemble à quoi ? Tu disais tout à l'heure, en préambule du podcast, tu disais que tu étais du coup maman de deux enfants, que tu étais coach. Tu crées aussi du contenu sur Instagram. Comment t'arrives justement... à t'organiser pour pouvoir rajouter aussi tes nombreuses séances, puisque du coup, tu fais aussi du marathon, tu fais aussi de la piste l'été, enfin bref, tu fais quand même beaucoup aussi de compétition. Comment t'arrives justement à réussir à tout caser dans ta journée ?

  • Speaker #1

    En fait, aujourd'hui, j'arrive à structurer davantage mes activités sportives et à accepter qu'il y a des moments où je vais, par exemple... mes enfants, je vais laisser mon fils au péri-scolaire pour que je puisse avoir un temps supplémentaire pour moi. Je vais me dédier un moment au début de journée quand les enfants sont partis à l'école pour que je puisse aller m'entraîner ou en fin de journée ou du temps de midi. En fait, ce qui fait que j'arrive à me consacrer tout ça, c'est l'organisation. Moi, ma semaine, elle est organisée de manière à ce que dès le lundi matin, je sais quand est-ce que je m'entraîne et quand est-ce que je suis au bureau. Et ça, c'est important parce que, en fait, quand on a une une une entreprise en l'occurrence, on peut vite être happé par son activité et ne plus avoir de temps pour soi en dehors du travail et de ses responsabilités familiales. Et donc là, pour moi, c'est important que dans ma semaine, je me consacre, je me fixe des créneaux où je sais que là, c'est mon temps pour moi, pour m'entraîner. Et du coup, c'est comme si pour moi, c'était ma pause de ma journée parce que ça ne me repose que de partir m'entraîner, même si parfois les séances me stressent ou demandent beaucoup de charge mentale ou d'engagement mental. mais Du coup, c'est une pause dans ma journée que je me consacre.

  • Speaker #0

    Et c'est finalement ancré aussi dans son planning de la semaine. Voilà, ces moments de sport, ça peut être quand vous avez une entreprise où vous avez des douches, ça peut être aussi du coup les ancrer sur des pauses déjeuners, ça peut être le matin, le soir. Mais c'est sûr que s'ils sont dans l'agenda, ils ne bougent pas. Il n'y a pas de déj qui se met à la place, il n'y a pas de réunion qui se met à la place. c'est vrai qu'ancrer ces moments... que ça soit quand on est tout seul, il faut les ancrer. Quand on y va à plusieurs ou au niveau d'un club, au moins, c'est vrai qu'on a des horaires fixes. Et c'est comme ça qu'on arrive à pouvoir les intégrer dans son quotidien et finalement que ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Moi, je pars du principe que c'était un peu le fonctionnement qu'on avait quand on était plus jeune et qu'on allait à l'école. Et moi, je n'aimais pas le sport, mais du coup, c'était dans mon emploi du temps. J'y allais parce que c'était écrit. C'est exactement pareil aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai un emploi du temps, avec des horaires, avec des engagements. Et en fait, encore une fois, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même. Je me suis promis ce temps dans ma journée, je me prends ce temps dans la journée, parce que pour pouvoir être un parent disponible et disposé, pour pouvoir être une femme sereine, il faut que je prenne ce temps pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et la routine, elle se crée au fur et à mesure. C'est-à-dire qu'il faut, il me semble, en créer quelque chose pendant un mois pour que ça devienne une routine. Donc, il faut faire l'effort. Parfois, on n'aura peut-être pas envie. Et justement, c'est un sujet dont j'ai envie de parler avec toi. Comment on arrive à rester motivé ? Est-ce que toi, tu as des tips à donner pour que finalement, on ne perde pas justement cette routine sportive et qu'elle continue à perdurer ?

  • Speaker #1

    Alors, je préfère le dire et être honnête, je ne suis pas tout le temps motivée. Il y a des jours, je ne suis pas du tout motivée. Et je l'accepte. Déjà, c'est le premier fait, c'est de se dire « Ok, tu n'es pas motivée, ça arrive en fait. » On a le droit de ne pas être motivé. Par contre, à la motivation, prend le dessus la discipline. Moi, c'est surtout ça. C'est-à-dire que ce n'est pas la motivation qui drive mes entraînements, mais c'est ma discipline qui fait que je m'entraîne. La discipline est la promesse que je me suis faite. Quand j'ai décidé de me préparer pour le marathon de Séville, autant vous dire que sur la prépa hivernale, où il faisait froid, moche, gris, vent, il y avait des jours où je n'avais pas du tout. envie de faire des sorties longues. Pourtant, j'y allais parce que j'avais rendez-vous avec moi-même le 23 février. Et si je voulais être prête pour ce rendez-vous, il fallait que je me prépare. Donc du coup, c'est pour moi la discipline qui fait que, et c'est le fait que ce soit inscrit dans l'agenda. C'est-à-dire que quand dans l'agenda, il est noté que je dois faire telle séance, je ne me pose pas de questions. Je ne suis pas motivée, ce n'est pas grave. Pas motivée, tu ne te poses pas de questions, tu poses ton cerveau et tu pars t'entraîner. Ça fait vraiment la différence. Parce que si on attend la motivation pour aller s'entraîner, parfois on va l'attendre longtemps. Donc du coup, il faut accepter qu'il n'y ait pas tout le temps la motivation, c'est pas grave. On fait ce qui est prévu, c'est beaucoup. Et on fait de son mieux surtout.

  • Speaker #0

    Oui, finalement la motivation, l'élément déclencheur, c'est parfois le déclic, c'est la motivation de j'ai envie de faire tel sport, j'ai envie de faire telle compétition, mais finalement c'est la discipline qui va prendre le relais et qui va faire que justement ça va perdurer et on va réussir à remplir notre objectif.

  • Speaker #1

    Toujours. La discipline pour moi c'est ce qui fait toute réussite dans la vie, que ce soit dans le milieu de l'entrepreneuriat comme dans le milieu sportif, c'est ce qui fait qu'un étudiant réussit aussi ses concours, ses examens, c'est la discipline et la rigueur.

  • Speaker #0

    Du coup, Suzy, là maintenant, j'aimerais bien qu'on parle aussi de tout ce que tu ressens dans ton entraînement. Comment tu te sens toi pendant ta pratique ? Quelles sont les émotions qui te traversent ? Quelles sont les sensations qui te traversent pendant et aussi après ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs émotions. L'émotion principale, c'est la liberté. La liberté et l'émotion recherchée, c'est l'état de flot. L'état dans lequel je suis. Quand notamment j'étais en prépa marathon sur mes sorties longues, j'étais dans un état de flot, c'est-à-dire que j'étais là mais je n'étais plus là. Cet état où je pouvais courir comme ça pendant des heures sans me rendre compte de la fatigue générée ou de l'effort que j'étais en train de réaliser. Donc ça c'est ce que je recherche. La liberté c'est ce que je ressens à chaque fois que je cours et je me sens toujours mieux après qu'avant. C'est-à-dire que tout à l'heure on parlait de motivation, en attendant on ne regrette jamais d'être allé courir. Et ça c'est important aussi de le souligner. Pour autant, il y a des émotions parfois qui ne sont pas faciles à vivre en course à pied, et je n'ai pas du tout de gêne à l'évoquer, notamment le stress qu'on peut ressentir sur certaines séances, le stress, également la difficulté. C'est quelque chose que moi j'ai pu ressentir sur certaines séances, parce que typiquement quand je fais le choix de me challenger sur des compétitions sur piste, ce n'est pas un effort naturel pour moi, puisque en ayant commencé l'athlétisme sur le tard, Et en ayant commencé le demi-fond sur le tard, autant vous dire que ce n'est pas naturel pour moi de courir du 1500 mètres. Et donc, il faut accepter aussi que les sensations associées à la course à pied et dans les efforts difficiles, le sentiment du dépassement de soi passe aussi par le fait de repousser ses limites. C'est jamais facile de repousser ses limites. C'est accepter que parfois c'est difficile et c'est pas parce que c'est difficile qu'on va pas y arriver. En fait, il faut accepter qu'il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour... S'entraîner, il y a un temps pour atteindre et révéler tout le travail réalisé pendant les entraînements. Les entraînements sont là pour, parfois, pas vous mettre en difficulté, mais pour repousser les limites qui nous mettent en difficulté. Et ces sentiments-là, ils sont finalement partagés par tous, encore une fois, quelle que soit l'expérience, quel que soit le niveau. On ressent tous ce moment dans une séance où on se dit « Mais je ne vais pas y arriver, je ne tiendrai pas jusqu'à la fin. » Mais en fait, si, vous allez tous y arriver et vous allez tous tenir jusqu'à la fin. Ça fait partie aussi... de l'entraînement course à pied.

  • Speaker #0

    Je voudrais qu'on aborde aussi ton métier de coach. Aujourd'hui, tu accompagnes des coureurs qui ont envie de se mettre à la course à pied ou qui ont envie de se lancer un défi, de progresser sur un 10 km, un semi, un marathon. Qu'est-ce qu'ils viennent chercher, ces coureurs, auprès de toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les personnes qui font appel à moi, il y a deux choses. C'est déjà libérer toute charge mentale associée à l'entraînement. Il faut être honnête, aujourd'hui on n'a plus le temps. On n'a plus le temps de se poser la question, de savoir mais qu'est-ce que je vais faire ce soir quand je vais m'entraîner ? Parce qu'on a déjà nos emplois du temps qui sont tellement chargés qu'on a juste parfois besoin que quelqu'un nous dise ce qu'on doit faire. Donc ça c'est la première chose. Quelqu'un qui, par son expertise, va être capable de vous dire aujourd'hui tu fais ça, pose ton cerveau, fais ça et tu verras, tu te sentiras bien et on atteindra ton objectif. Donc ça c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est le sentiment et c'est la recherche du dépassement de soi. C'est quand même difficile aujourd'hui d'atteindre ce niveau de dépassement, je veux dire, de réussir à aller se challenger, à sortir de sa zone de confort tout seul. Parce qu'entraîner est un métier. Et que c'est aussi ce qu'on recherche quand on fait appel à un entraîneur, c'est son expertise de lui dire, ok, pour atteindre cet objectif, moi je pense que tu devrais passer par ce chemin, c'est peut-être le meilleur chemin pour atteindre ton objectif. Il n'y a rien de mathématique. Ce n'est pas parce que vous allez faire tel entraînement que ça va donner tel résultat. Mais en tout cas... L'entraîneur va donner toutes les possibilités pour qu'on atteigne l'objectif le jour envisagé. Donc les gens qui font appel à moi aujourd'hui font appel à moi pour enlever toute charge mentale et pour pouvoir avoir l'expertise d'un entraîneur qui va vous amener à vous challenger.

  • Speaker #0

    Comment tu les vois évoluer justement les personnes que tu suis grâce à ton coaching ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je vois évoluer les gens sur des années parce qu'il y a des personnes que j'entraîne depuis des années. Et je trouve que c'est toujours... Il y a de l'émotion associée à ça, parce que quand vous voyez une personne qui vous contacte au début, je pense à une personne en particulier qui s'appelle Ophélia, elle m'a contactée au début, elle était enceinte, elle était sur la fin de sa grossesse, pour l'accompagner en postpartum, donc la reprise course à pied après l'accouchement de son premier enfant. Elle a eu son accouchement, et en fait, moi je l'ai vue accoucher, je l'ai vue reprendre la course à pied postaccouchement, je l'ai vue prendre un premier dossard postpartum, Et puis, je l'ai vue venir petit à petit glisser dans une pratique de challenge, de relever des défis, de revenir sur marathon, sur semi-marathon, de vouloir revenir sur le niveau qu'elle avait avant sa grossesse, d'aller plus loin que le niveau qu'elle a eu avant sa grossesse. Je l'ai vue évoluer. J'ai vu une jeune femme devenir mère, devenir mère accomplie, réussir à concilier toutes ses casquettes et se challenger en course à pied. Et je trouve qu'il y a une émotion particulière parce que c'est comme une fleur que vous êtes en train de voir éclore, qui prend de plus en plus confiance et qui finalement ne se voyait pas faire certaines courses ou certaines allures et qui se voit se challenger et se dire « mais je n'aurais jamais pensé courir à cette allure-là » . Donc pour moi, quand on est entraîneur, C'est plus qu'entraîner. Entraîner, faire un plan d'entraînement, oui, non. Entraîner. Entraîner une dynamique. Élever les gens au meilleur niveau, à la meilleure version de soi. Je trouve que c'est comme ça que moi, que je considère mon métier, et c'est comme ça que je vois les gens évoluer.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on ne le répétera jamais assez, que le sport, c'est un booster de confiance en soi.

  • Speaker #1

    Ah mais oui. C'est un booster de confiance en soi. C'est un booster de... de plein d'émotions. Pour moi, je ne sais plus qui, et je m'en excuse, qui avait dit en fait que le sport est le meilleur moyen de révéler votre personnalité. C'est à travers le sport qu'on se révèle. Moi, vous savez, avant de faire du sport, je ne m'étais jamais vue compétitrice, mais jamais de la vie. Je ne m'étais jamais sentie, ressentie dans ces émotions-là. Et en fait, c'est la course à pied qui m'a rendue ou qui m'a révélée à moi-même que j'étais finalement quelqu'un qui pouvait être compétiteur. Ce n'est pas quelque chose de négatif, c'est plutôt positif. Et aujourd'hui, dans mon activité, j'ai aussi besoin de ça. C'est quelque chose qui dynamise mon activité. C'est quelque chose qui dynamise ma pratique sportive. Donc, je pense que le sport est un véritable booster en confiance en soi et révélateur de personnalité.

  • Speaker #0

    Tu parlais justement des émotions. Est-ce que tu as un souvenir particulier qui te marque de ta pratique sportive qui reste gravé à jamais dans ta mémoire ?

  • Speaker #1

    Un souvenir qui est très particulier, puisque c'était il y a deux ans, je fais une compétition à Lyon sur piste, et c'était à 1 500 mètres, donc c'est 1 500 mètres sur piste. C'est des efforts qui sont très très intenses, et quand même globalement, les personnes avec qui je cours sont des filles qui ont toujours couru sur piste, ou qui ont toujours couru. Je fais quand même partie des plus vieilles qui prennent le départ sur piste, Donc c'est pas forcément un milieu dans lequel... dans lequel je suis le plus à l'aise parce que ce n'est pas le milieu dans lequel j'ai grandi. Mais c'est un milieu dans lequel je me sens à l'aise aujourd'hui parce que c'est un milieu qui me plaît. Et quand je prends le départ de cette course, je prends le départ et je pense que j'ai pris énormément de... Je me suis énormément challengée sur cette course et je fais un résultat où ni moi, ni Olivier qui m'entraîne ne s'attendait à ce que je fasse ce résultat-là. Parce que je me souviens, en fait, passer aux 1000 mètres et je l'entends hurler, mais... hurler à un point où il me dit, il ne faut pas lâcher, vas-y ! Et en fait, à ce moment-là, il y avait des filles qui partaient. Et je me suis dit, à ce moment-là, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Il faut que tu les accroches au maximum. Et ces filles, je les ai accrochées autant bien que mal, et là, je finis mon 15 ans à mon niveau, évidemment. Mais c'était un chrono que je n'aurais jamais envisagé de faire, quoi. J'étais grave choquée, en fait, à ce moment-là, en me disant, tu vois, comme quoi tout est possible. Même à cet âge-là, quoi. Ça, ça a été vraiment une expérience qui m'a beaucoup marquée en course à pied, en athlée pure.

  • Speaker #0

    Et juste pour revenir à ce souvenir-là, de ce que j'entends aussi, et c'est vrai que toi, du coup, tu as commencé l'athlée sur le tard, et autant j'ai l'impression que tu as l'impression d'avoir toute ta légitimité sur la route, autant j'ai l'impression que tu as un petit syndrome de l'imposteur sur la piste, et que du coup, finalement, ce chrono-là que tu ne pensais pas possible... il est lié à ça, finalement, aux barrières finalement, qui peuvent être mises sur la piste en disant, la piste, c'est pour les petites jeunes, c'est pour ceux qu'on a toujours fait, moi, j'arrive après tout le monde sur la piste, et du coup, est-ce que t'as pas ce syndrome de l'imposteur sur la piste ?

  • Speaker #1

    Complètement, mais complètement. Combien de fois Olivier m'a dit mais, quand je lui disais, mais pourquoi je suis engagée dans cette série ? Bah, parce que t'as fait tel chrono. Ouais, mais c'est pas sûr qu'aujourd'hui, je refasse tel chrono. En fait, y'a vraiment ce côté de se dire, mais aujourd'hui j'ai du mal à... à me sentir légitime sur la piste parce que pour moi, c'est un milieu qui est quand même très différent de celui qu'on peut croiser en running. Pour autant, je n'ai jamais ressenti une émotion négative de la part des gens avec qui je cours. C'est-à-dire que ce sentiment, je l'ai juste moi-même. C'est des a priori que j'essaye de déconstruire en me rendant compte que la légitimité, personne ne vous la donne. Dans la vie, personne ne vient vers vous en vous serrant la main, en vous disant c'est bon, tu es légitime, tu peux faire ce que tu es en train de faire. C'est nous. qui nous limitons dans ce que nous sommes en train de réaliser. Et je pense que ce jour-là, j'ai pris le départ de la course sans me poser de questions. Et je pense que c'est ce que j'ai fait de mieux dans ma vie. C'est-à-dire prendre le départ d'une course sans arrêter de me poser 12 000 questions, suivre tant bien que mal, et puis arriver au bout en étant fière de ce que j'ai réalisé.

  • Speaker #0

    C'est vrai que justement, pour celles et ceux qui aimeraient se mettre au sport et à un sport potentiellement particulier, Et c'est vrai que c'est beaucoup plus facile de pousser la porte des clubs quand on a une dizaine d'années, que finalement, tout le monde s'inscrit en septembre à une activité qui est souvent poussée par les parents. Mais quand on a envie de faire les choses un peu plus tard, c'est pas toujours facile de se dire où est-ce que je vais aller, à quel club je vais aller toquer, que je peux commencer telle pratique ou tel sport. 30 ans à 40 ans et justement toi en tant que coach quel conseil tu donnerais à quelqu'un qui a envie de se lancer peu importe son sport pour justement aussi trouver Les bonnes personnes, les bonnes ressources, le bon club qui va accueillir correctement.

  • Speaker #1

    Alors je te remercie de souligner ça parce que ça c'est vraiment... quelque chose que j'ai ressenti. C'est-à-dire que moi, par exemple, quand j'ai débuté la course à pied, je n'osais pas aller sur piste en me disant « Non, mais je vais me foutre la honte, je vais aller sur piste, je ne sais même pas ce que je dois faire, je n'ai pas le niveau, ça doit courir vite, moi je ne cours pas vite, il faut que je mette des pointes. » Mais même avant même de faire des pointes, juste d'aller faire une séance de fractionnés, je n'osais pas aller sur piste. Je n'osais pas, en plus, je ne connaissais pas trop le fonctionnement des clubs d'athlétisme. Du coup, je me disais, mais ça se trouve... on va te dire, mais non, excusez-moi, c'est notre place, c'est notre club, c'est notre piste. Donc, je n'osais pas. Et en fait, je me suis rendu compte que c'était totalement faux. C'est-à-dire que le club en question, c'est le club qui se situe dans la ville où j'ai grandi à Saint-Chamond, excusez-moi, Saint-Chamond, près de Saint-Étienne. Le club, c'est Franck qui l'encadre. Et je lui fais un petit coucou s'il m'écoute parce que ce n'est pas du tout sa mentalité. Lui, c'est quelqu'un qui justement accueille toute personne qui a envie de se challenger. et c'est quand même... comme ça que moi je vois l'athlète. C'est aujourd'hui mon job, je suis entraîneur en club d'athlétisme et peu importe le niveau des personnes qui viennent me voir, peu importe leur expérience, je les accueille. Parce que c'est ça l'athlétisme, c'est ça la course à pied. On se fiche de savoir si vous avez couru des marathons avant, peu importe. En fait, la piste, elle est ouverte à tous. C'est nous qui nous empêchons d'y aller. D'ailleurs, cette année, ça fait deux ans, j'ai des nouvelles personnes dans mon club d'athlète et en fait, c'est moi qui les ai poussées. en leur disant, allez les filles, allez sur piste, je suis sûre que ça va vous plaire. Et au début, elles étaient là, non mais t'es sûre Suzy, j'ose pas, etc. Je te dis que tu peux y aller, vas-y. Et je pense que ça, il faut vraiment qu'on se le dise, il n'y a personne qui peut vous empêcher. Vous avez envie d'aller vous entraîner sur piste, allez-y. Vous avez envie de vous tester sur des compétitions sur piste, allez-y. Allez découvrir le monde. Ce serait tellement dommage de passer à côté et se dire, mais je ne l'ai pas fait, j'aurais dû. Non, on se fiche de savoir ça. Allez-y, testez et vous verrez par vous-même.

  • Speaker #0

    Et finalement, on peut tester un club, on peut tester un coach. Si ça ne nous plaît pas, on peut aussi refermer des portes pour en rouvrir d'autres. Il ne faut pas non plus... En tout cas, on a le droit de se tromper aussi. On a le droit de tester plusieurs choses avant de trouver soit le sport qui nous correspond ou soit en tout cas le coach ou le club qui nous correspond aussi.

  • Speaker #1

    Pour moi, ce n'est même pas se tromper. Pour moi, c'est une histoire de domino la vie. Il y a toujours eu ce domino, et pour qu'il y ait le domino suivant, en fait, il y a tout l'enchaînement des dominos. Vous voyez, tu fais une ligne de dominos, et le domino tombe parce qu'avant il y en avait un, et parce qu'avant, et parce qu'après, etc. C'est exactement ça la vie. En fait, ce n'est pas le fait de se tromper, c'est le fait qu'il fallait passer par cette expérience pour aller vers l'autre expérience. Peut-être qu'il fallait faire la rencontre de cet entraîneur, de ce coach, ou de ce club, ou de cette pratique, pour aller vers ce qui va vous suivre. Donc, quand une porte se ferme, il y en a toujours une qui s'ouvre en même temps. Il faut juste prendre le temps d'accepter qu'il y a un temps entre le moment où on prend conscience qu'une porte s'est fermée pour aller vers la porte qui s'ouvre.

  • Speaker #0

    Je voudrais maintenant aborder un peu tes sources de motivation. On en a aussi un petit peu parlé tout à l'heure. En effet, il y a d'abord la motivation, et puis après, c'est la discipline aussi qui prend le relais. Et quand bien même tu me disais tout à l'heure que tu n'as pas toujours en effet cette motivation, que c'est cette discipline qui prend ce relais-là. Est-ce que toi, ça a aussi... des personnes, que ça peut être des sportifs, des proches, des mentors, un coach, qui t'inspirent et qui aussi te permettent de te rebooster quand toi, des fois, tu n'as plus... Peut-être aussi, on a tous aussi des phases un peu plus down où on a un objectif qu'on a réalisé, il faut passer au suivant. Est-ce que tu as des ressources qui vont t'aider justement à te relancer ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a deux choses qui font que c'est ce qui va me booster. Dans ma cuisine, j'ai mis une photo de la... petite Suzanne de 5 ans. Parce que ça me permet de ne jamais oublier d'où je viens et de ce que j'ai vécu en me disant quoi qu'il arrive, en fait, n'oublie pas ce que tu as vécu. Ça doit être le moteur et le terreau de toute ta motivation et de tout ce qui t'arrive par la suite et de tout ce que tu souhaites qui t'arrive par la suite. Donc ça, c'est vraiment quelque chose d'important pour moi. C'est affiché, c'est important. Et après, dans mon quotidien, il y a une personne quand même qui arrive beaucoup à me motiver. Et quand je parle de motivation, c'est plus à m'inspirer, comme tu l'as dit, à m'inspirer. Et c'est Olivier, c'est la personne avec qui je vis. Il arrive à m'inspirer, bien qu'on soit très différents, parce que c'est quelqu'un qui a 43 ans, qui court depuis qu'il a 16 ans. Et il m'impressionne en fait sur sa capacité à durer dans l'effort, à durer dans le sens où aujourd'hui, à 43 ans, il est toujours aussi performant, il est compétitif. Il continue à réussir à se motiver, à être très discipliné, rigoureux dans sa pratique sportive. Et ça, ça m'inspire énormément. Parce que moi... Dans mon quotidien, je me dis que lui, ça fait tellement d'années qu'il court. Il pourrait être au bout d'un moment, je ne sais pas, en avoir moins envie. Il pourrait se blesser. Non. Il a une capacité à pouvoir se dire que, OK, aujourd'hui, j'ai 43 ans. Mon objectif, c'est de réussir à me rapprocher de mes records, à faire de mon mieux, à donner le maximum, à venir challenger, driver, modifier un peu les entraînements. Et ça, ça m'inspire beaucoup. Parce que mine de rien, moi, j'ai 40 ans. Bien que je sois une jeune coureuse, J'ai quand même beaucoup d'émotion de vous dire ça. Bien que je sois une jeune coureuse, pour moi, à 40 ans, j'ai quand même envie aussi de réussir à continuer à courir aussi longtemps que possible et donc à mettre tout en œuvre pour pouvoir durer et réussir à rester dans la performance à mon niveau, compétitrice, aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et justement, comment toi, tu envisages ta pratique dans le futur ? Parce que du coup, on a parlé... de ton parcours, de ton déclic. On a parlé de tes marathons. Tu ancres, du coup, ta routine sportive dans ton quotidien. Et la suite, c'est quoi pour toi ? Tu disais que, du coup, tu as eu 40 ans. Le sport, aujourd'hui, il fait partie de toi intégralement. Et comment tu l'imagines aussi dans le futur ?

  • Speaker #1

    Je pense que je vais courir jusqu'à la fin. Je ne me vois pas ne pas courir. Ça, c'est sûr et certain. Je ne me vois pas ne pas courir. Je vais surtout adapter. Par exemple... Je vais beaucoup essayer de me renseigner sur la capacité des masters. Donc les masters, c'est les catégories d'âge. Et master, ce sont les personnes qui ont plus de 35 ans. Et comment réussir à être performant malgré l'âge avançant. Donc en fait, je me prends comme mon propre cobaye en me disant, ok, je pense que pour continuer à être performant, il va falloir que je réussisse à mettre ça en place dans mon quotidien, etc. Et je pense que pour moi, ce qui est vraiment primordial, c'est d'accepter de prendre du temps pour soi. autrement que dans la performance justement, accepter de récupérer, accepter de se renforcer, bien que chez moi ce ne soit pas vraiment le point faible. Mais en fait, pour moi, ma pratique sportive dans 10 ans, je pense que je serai toujours sur un stade. Je pense que déjà, je serai toujours sur un stade en train d'entraîner. Je serai toujours en train de continuer mes compétitions parce que pour moi, en fait, à 50 ans, je vois des femmes de 50 ans et je pense à une amie qui s'appelle Florence et qui est particulièrement performante à 53 ans. Je me dis, incroyable, incroyable. Moi, je veux être comme elle à 53 ans. Tout est possible, à tout âge, en fait. Il ne s'agit pas, à mon niveau, on ne vise pas une sélection. On vise de se challenger et d'atteindre le plus grand niveau qu'on puisse se souhaiter.

  • Speaker #0

    Oui, et de finalement que ça perdure, parce que de toute façon, ça continuera de faire du bien physiquement, mentalement, et que ça, ce n'est pas quelque chose que tu veux perdre.

  • Speaker #1

    Non, et puis finalement, Au final, quand tu reviens sur les émotions que j'exprime en lien avec ma pratique sportive, que ce soit la liberté, l'état de flot, le dépassement de soi, je n'ai pas l'impression qu'il y ait une date de fin. C'est-à-dire que même à 90 ans, j'ai vu qu'il y avait un monsieur de 93 ans qui avait fait le record de France sur 3000 mètres. Ce monsieur à 93 ans, mais quel respect ! Il a senti le dépassement de soi, il a senti l'état de flot et il a senti la liberté. Bon, ben voilà, c'est tout ce que je me souhaite. Je me souhaite de continuer de ressentir toutes ces émotions aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et quels sont justement tes prochains objectifs à toi, Suzanne ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi, j'ai décidé de sortir de ma zone de confort, puisque pour moi, ma zone de confort, c'est des distances qui sont plutôt longues. Quand je dis confort, c'est certainement parce que c'est là où je me sens le plus à l'aise et là où je me sens dans mon élément. Et aujourd'hui, j'ai décidé de m'orienter beaucoup plus sur du cours, donc du 5K et du 10K. Et autant vous dire que me connaissant, du 10 km, ce n'est pas ma passion. Mais j'ai décidé de sortir de la zone de confort.

  • Speaker #0

    Ok, très bien. Et justement, toi, tu cours aussi des marathons, tu le disais. Je sais, en discutant avec toi, que tu fais un marathon par an. Pourquoi justement tu penses que c'est nécessaire aussi d'avoir des moments où tu es aussi en régénération, que ce soit d'ailleurs physique et mental ?

  • Speaker #1

    Tu es prête pour un deuxième podcast du coup ? Parce que si je réponds à ta question, en fait, pour moi, il y a plusieurs éléments. Alors je vais déjà aller sur la dimension mentale. Le marathon, c'est une prépa physique, mais ça engage tellement d'un point de vue mental. L'engagement mental entre l'organisation familiale, l'engagement mental entre le fait que tu manges, tu dors, tu respires marathon. Un marathon par an, ça me suffit largement. Autant que je le fasse bien, mais que je m'en suffise un seul par an. et d'un point de vue physique je trouve que c'est un engagement physique qui est tellement important parce que ton volume d'entraînement est plus important ton kilométrage Je n'ai pas envie de répéter la même chose et je n'ai surtout pas envie de me blesser à force de faire la même chose. Donc pour moi, ce qui fait la richesse de la course à pied, c'est la diversité des efforts. Et cette diversité-là, elle est liée aux objectifs aussi divers et variés. Quand vous préparez un 3000 mètres, quand vous préparez un 10 ou un marathon, vous ne travaillez pas de la même façon. Et c'est pour ça que je préfère aller sur un marathon par an.

  • Speaker #0

    On arrive au bout de ce podcast, je voudrais te poser une ou deux dernières questions. Si tu pouvais transmettre un message à toutes celles qui nous écoutent, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que je dirais que tout est possible et qu'il suffit juste de se rendre possible en fait, de se donner les moyens d'atteindre l'objectif qu'on s'est fixé.

  • Speaker #0

    Où peut-on te retrouver pour suivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    On peut me retrouver sur Instagram au nom de Suzy One. Et puis, vous pouvez également me retrouver sur YouTube cause Suzy One pour vous accompagner dans votre progression sportive.

  • Speaker #0

    Qui aimerais-tu entendre à ce micro ?

  • Speaker #1

    Eh bien, j'ai parlé tout à l'heure d'Ophélia. Eh bien, je l'invite à prendre le relais de ce micro. Super.

  • Speaker #0

    On a un petit rituel de fin dans Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante ? Ça peut être un film, un livre, un podcast à partager ? Aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Je trouve le livre... Alors, il faut que je me remette correctement le titre en tête. C'est L'art de s'en foutre que j'ai adoré. C'est vraiment le livre que je conseille à tout le monde.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une chanson à ajouter à la playlist booster qui pourrait nous aider à nous booster dans nos prochains runs ou prochaines sessions sportives ?

  • Speaker #1

    Oui. Moi, je mets la chanson du groupe Red Hot Chili Peppers et celle-ci, peut-être que vous allez l'entendre. C'est la chanson que j'écoute à chacune de mes sorties longues.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra à partager pour booster nos auditeurs et nos auditrices ?

  • Speaker #1

    Alors, le mantra que je me suis toujours répété et qui ne va surprendre personne, c'est le bonheur n'appartient pas à celui qui l'attend assis sur son canapé.

  • Speaker #0

    Donc, vous aurez compris. Chaussez vos baskets et c'est parti. Merci Suzy d'avoir été à mon micro aujourd'hui. C'était vraiment un réel plaisir de t'écouter. Et vraiment un grand, grand merci à toi. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laure. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Je remercie très chaleureusement mon invité du jour, Suzanne Carian, et je l'embrasse très fort. Et merci à toi d'avoir écouté Booster. J'espère que cet épisode t'aura donné l'envie de te mettre en mouvement. Si tu as aimé, pense à t'abonner, à laisser un avis, à partager autour de toi. C'est le meilleur moyen de faire grandir cette belle communauté. On se retrouve très vite, d'ici là, prends soin de toi et n'oublie pas, on ne regrette jamais d'y être allé, comme dit Suzy.

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Description

Suzanne n’était pas sportive.
Elle le dit elle-même, sans détour. Et pourtant, un jour, elle a enfilé ses baskets… et tout a changé.

Dans cet épisode, elle raconte comment, après une séparation et une nouvelle vie de maman solo, elle a trouvé dans le sport une bouée de sauvetage, un exutoire, puis une force.
Du premier pas au premier dossard, de l’essoufflement à l’élan, Suzy partage son parcours inspirant, et incroyablement libérateur.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui va te donner envie de bouger et de te dépasser pour être bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Funten-Prévost, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis 15 ans, j'organise aussi des événements sportifs pour partager cette passion. Le sport nous transforme, nous élève et nous reconnecte à nous-mêmes. C'est pour cela que j'ai créé Booster, pour inspirer celles et ceux qui veulent remettre du sport dans leur quotidien. A chaque épisode, tu découvriras l'histoire de femmes et d'hommes qui ont trouvé dans le sport une vraie force. Leurs réussites, leurs doutes et leurs déclics te prouveront qu'il n'est jamais trop tard pour enfiler tes baskets et te lancer. Alors, prêt à remettre du mouvement dans ta vie ? C'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de Suzanne Carriant, une femme qui incarne parfaitement la renaissance par le sport. Suzanne n'a pas toujours été une grande sportive, jusqu'à 30 ans, le sport était loin de son quotidien. Les souvenirs des séances d'EPS lui essaient plutôt un goût amer. Mais un jour, dans une période de sa vie marquée par une séparation difficile, et une vie de maman solo, elle a enfilé une vieille paire de baskets. Foulée après foulée, elle a découvert un incroyable sentiment de liberté, une manière de reprendre le contrôle sur son corps, ses émotions et son quotidien. De ses premiers pas hésitants jusqu'à franchir la ligne d'arrivée de son tout premier marathon, Suzanne nous raconte comment la course à pied lui a permis de se reconstruire, de retrouver confiance en elle et de prouver qu'elle était bien plus forte que ce que la vie ou les autres voulaient lui faire croire. Aujourd'hui, Suzanne est même devenue coach sportive et dans cet épisode, Elle partage ses conseils concrets pour celles qui veulent se remettre au sport quand on part de zéro, tout en jonglant avec le boulot, les enfants et la vie quotidienne. Surtout, elle nous transmet cette philosophie qui va vous parler. Le sport comme une victoire sur soi, peu importe le niveau. Un témoignage sincère, inspirant et profondément humain qui montre que parfois, il suffit d'une paire de baskets pour ouvrir un champ infini des possibles. J'ai rencontré Suzanne sur l'événement Run Lyon 2021 et ça a matché direct. C'est le genre de nana qui te booste par son énergie. débordante et sa bonne humeur communicative. Et pourtant, quand on connaît Suzy, on sait que tout n'est pas simple au quotidien. Je vous souhaite une très bonne écoute et qui sait, peut-être que vous aussi, vous aurez envie d'enfiler vos baskets après cet épisode. Aujourd'hui, je suis ravie d'accueillir Suzanne Carian. Suzanne, merci beaucoup d'avoir accepté d'être ma toute première invitée.

  • Speaker #1

    Ravie de te rejoindre aujourd'hui, Laure, pour ce premier podcast.

  • Speaker #0

    Comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je vais plutôt très bien parce que je suis... particulièrement enthousiaste d'être ici.

  • Speaker #0

    Eh bien, super ! Suzanne, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Suzanne Carian, je suis entraîneur running FFA, j'interviens en club d'athlétisme près de Lyon et je suis également maman de deux enfants, deux garçons. Je suis également coureuse du 1500 mètres au marathon.

  • Speaker #0

    Et je voudrais du coup embobiner le fil et que tu m'expliques si le sport, il a toujours fait partie de ta vie.

  • Speaker #1

    Pas du tout ! pas du tout. C'est-à-dire que jusqu'à l'âge de 30 ans, je ne faisais pas du tout de sport. Je ne pratiquais aucun sport. Et en fait, j'ai des souvenirs des crosses du collège, des souvenirs en cours d'EPS où je n'étais pas du tout investie dans le sport de manière générale.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait, le sport il n'était pas ancré en toi dans ton quotidien quand tu étais petite. Ce n'était pas la matière que tu attendais avec impatience.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai le souvenir d'avoir fait un an de gym quand j'avais 6 ans. Et en fait, je n'ai fait qu'un an parce que je n'ai pas du tout aimé. Je suis allée au bout de mon année parce que je m'étais engagée. Mais alors, je détestais la gym. J'étais raide. Je n'arrivais pas à faire les exercices qu'on me demandait. Donc, ce n'est pas forcément les meilleurs souvenirs. Les crosses, c'était vite vu. J'étais pas loin d'être la dernière du cross. Je n'aimais pas l'effort ni le fait de courir dans la boue, dans les parcs. Donc ce n'est pas du tout des efforts qui me plaisaient. Après, sur le fait de venir, de grandir, étonnant que ce n'était pas quelque chose dans lequel j'étais inscrite au départ de ma vie, ce n'est pas quelque chose avec lequel j'ai évolué au gré de mon adolescence, de ma jeune vie d'adulte. Et par la suite, les choses n'ont pas été comme je l'imaginais. Puis c'est plutôt intéressant de se dire qu'au final, j'ai beau avoir commencé une partie de ma vie sans pratiquer le moindre sport, Aujourd'hui, c'est mon quotidien de pratiquer le sport.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as un souvenir aussi peut-être plus télévisuel en tant que spectatrice d'un moment sportif qui t'a inspirée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai un moment qui m'a marquée, ça me fait sourire d'y penser, parce que j'étais enceinte en 2012 et j'attendais mon premier enfant. Et en fait, en 2012, il y avait les JO de Londres et j'ai des souvenirs de nuits d'insomnie, de femmes enceintes. Bien avancée dans ma grossesse, avec les JO devant moi, à regarder les Jeux Olympiques en me disant « Mais peut-être que mon fils sera un futur champion ! » Mais voilà, ça m'avait vraiment marquée, c'était des moments importants pour moi et c'était toujours dans une perspective en tant que future maman, mais pas du tout en tant que sportive ou en tant que future sportive.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, tu as eu un déclic pour te mettre au sport ? Est-ce qu'il y a quelque chose, un événement particulier qui t'a donné envie de t'y mettre ?

  • Speaker #1

    Le premier déclic qu'il y a eu dans ma vie, c'est à 30 ans. En fait, j'étais dans une phase extrêmement difficile de ma vie et je venais de vivre une séparation. J'étais en train de sombrer et je me souviens que pendant mes pauses déjeuner, j'étais incapable de me poser à table avec mes collègues de travail. Et j'avais trouvé dans mon déménagement une paire de baskets, une vieille paire de chaussures. Et je m'étais fait la remarque en me disant, mais pourquoi ? pourquoi tu as cette paire de chaussures alors que tu ne fais pas du tout de sport ? Et je les avais prises avec moi. Et en fait, mes collègues partaient faire du sport pendant la pause déj. Et c'est là où je me suis dit, tiens, tu devrais les prendre avec toi. Et c'est là où j'ai commencé à mettre mes baskets et à partir courir de mon bureau pour aller sur les quais du Rhône, pour les Lyonnais. J'allais courir sur les quais. En fait, je partais, je n'avais pas de monde. J'avais juste une paire de baskets, des tenues comme il me semblait pouvoir les mettre, juste pour partir. courir, transpirer mes soucis et revenir au bureau en étant le plus sereine possible. Ça a été vraiment le premier déclic. C'est là où j'ai commencé à me mettre au sport. C'est au final, en fait, une situation malheureuse qui m'a amenée à une révélation à moi-même.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a procuré ? Quelles ont été tes premières sensations une fois que tu as enfilé tes baskets ?

  • Speaker #1

    Sentiment de liberté. J'avais le sentiment d'être libre. Et en fait, dans cette phase de ma vie qui était très sombre, où j'avais l'impression en fait que je n'avais plus le contrôle sur ma vie parce que les choses ne se passaient pas comme je l'espérais ou comme je l'avais imaginé, c'était le moment quand je partais courir où j'avais l'impression de reprendre un peu le contrôle de ma vie. Je reprenais le contrôle de mon corps et je reprenais le contrôle de mes émotions. Quand on se sépare, quand on vit un moment extrêmement dark, ces émotions ne les maîtrisent plus, la tristesse elle est infinie. Et quand je partais courir, au final, la tristesse laissait place à d'autres émotions, à d'autres sensations. Et je me rendais compte au final que dans mon corps et dans mon cœur, bien que je sois profondément triste, il y avait encore de la place pour le bonheur.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, pour toi, le sport, il t'a vraiment permis de te reconstruire aussi ?

  • Speaker #1

    Il m'a permis de me reconstruire et de me réconcilier avec moi-même. Parce que j'étais maman solo, donc je me retrouvais avec un enfant en bas âge. Toute seule, à 30 ans, ce n'était pas du tout ce que je m'étais souhaitée. Et en fait, je m'en voulais parce que je me retrouvais seule à devoir élever mon fils qui avait à peine un an. Et donc, du coup, je m'en voulais de lui offrir ces perspectives-là. Et le fait de venir pratiquer du sport me permettait de me réconcilier avec moi-même et de faire la paix avec moi-même et de me dire que la vie, parfois, nous amène à vivre des moments vraiment pas faciles. Et ça arrive, ça fait partie de la vie, c'est comme dans la course à pied. Il y a des moments où ça va, puis il y a des moments où ça ne va pas, mais tout passe.

  • Speaker #0

    Et par rapport à justement ce besoin que tu as eu aussi à un moment donné de te mettre au sport, justement pour traverser aussi cette épreuve, est-ce que tu l'as fait plus pour... J'ai l'impression que c'était plus mental, mais est-ce que physiquement tu as vu aussi une transformation ?

  • Speaker #1

    Alors, oui, c'était véritablement un... Un appui mental et ça m'a permis vraiment de révéler un potentiel et des ressources, là où on tend à penser qu'on n'a pas de ressources. Et physiquement, ça m'a permis de me sentir plus forte. Quand vous êtes affaibli dans une situation sociale, dans une situation morale, le fait de se reconnecter avec soi-même, c'est le fait de se reconnecter avec ses sensations et de ressentir son corps là où on ne ressent plus son cœur. Et donc du coup, le fait de me sentir courir, c'était ressentir mon corps en mouvement parce que je ne ressentais plus grand chose en fait. J'ai été anesthésiée par la tristesse. Et donc moi physiquement, j'ai ressenti très rapidement des bienfaits. Les bienfaits font qu'on se sent bien physiquement, on se sent bien mentalement. Et c'est ce qui amène à l'envie de retourner courir. C'est parce qu'on se sent bien qu'on retourne courir. Donc moi vraiment, les sensations, elles étaient... tout autour du bien-être mental et du bien-être physique.

  • Speaker #0

    Et est-ce que toi, tu as fait ça aussi pour te prouver quelque chose à toi ou aux autres ? Est-ce qu'en tout cas, il y avait quelque chose où tu avais besoin de te prouver quelque chose par rapport au sport ?

  • Speaker #1

    Clairement, moi, le sport m'a permis de me prouver, encore aujourd'hui avec du recul, j'ai un regard qui est très différent. En fait, j'étais dans une phase de ma vie où j'avais le sentiment d'être... humilié, souillé et rabaissé constamment. Et donc du coup, je me suis dit, je vais prouver à tout le monde que vous vous trompez. Je ne suis pas ce que vous dites. Je suis ce que j'ai décidé d'être. Et donc je me suis inscrite à un marathon, et au marathon de Paris. Voilà. Moi j'avais besoin en fait de me prouver à moi-même que je n'étais pas ce qu'on disait de moi, et donc j'ai décidé très rapidement de partir sur le marathon de Paris. Et avec du recul, je me rends compte que les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles aujourd'hui je continue de pratiquer, ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles je décide de m'inscrire à un marathon. Par contre je vois beaucoup d'émotions et beaucoup de bienveillance. sur les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix que je ne regrette pas et que je ne regretterai.

  • Speaker #0

    Finalement, tu avais besoin d'un objectif grand aussi pour pouvoir... Vraiment qu'il y ait une espèce de transition importante sur Suzy qui ne fait pas du tout de sport et Suzy qui d'un coup met ses baskets, mais ça ne sera pas pour rien en fait.

  • Speaker #1

    Exactement. J'avais besoin d'avoir de grandes ambitions parce que je voulais me prouver en fait que les gens avaient tort en fait. Ce qui était dit était faux. Et pour moi, à cette époque-là dans ma vie, vous imaginez bien que sans pratiquer de sport, envisager de courir un marathon, c'était le plus grand objectif que je pouvais me fixer. Donc je me suis dit, ok, si c'est ça qui est difficile, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es préparée justement pour ce premier marathon ? Parce que si je comprends bien, tu ne connaissais pas grand-chose au sport. Tu partais de zéro. Et du coup, comment on fait pour partir de zéro et d'arriver à terminer un marathon ?

  • Speaker #1

    J'ai eu la chance de rencontrer quand même des belles personnes qui ont su m'orienter parce qu'en fait, à ce moment-là, on m'a orientée auprès d'un club d'athlétisme dans la ville où je vivais. Mais la réalité d'un parent solo, c'est que c'était impossible pour moi de pouvoir suivre les propositions faites par le club puisque je ne pouvais pas venir aux entraînements puisque j'avais mon fils à charge. donc à ce moment là, je me suis dit Je pense que pour courir un marathon, il faut courir un peu plus souvent que ce que je faisais auparavant. Et moi, en fait, ce que je faisais, c'était que je partais courir trois fois dans la semaine. Généralement, j'y allais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir continuer ma vie de maman solo avec mes réalités et mes envies sportives. Et puis, les moments où je n'avais pas le choix et où j'avais mon fils, j'ai des souvenirs où mon fils était sur le stade et où je délimitais l'espace où il pouvait jouer. Et moi, je tournais autour de lui avec un œil sur mon fils en me disant « Ok, comme ça, au moins, tu fais ce que tu dois faire. » Et puis, tu as l'œil sur ton fils qui est juste à côté. C'est comme ça que j'ai préparé le marathon de Paris. Vraiment, avec beaucoup d'innocence, beaucoup de naïveté. Et vraiment, vraiment, avec du recul, je me dis « Mais qu'est-ce que c'était beau ! » De prendre le départ d'une course sans vraiment savoir ce que j'allais vivre. Parce que finalement, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout.

  • Speaker #0

    C'est beau ça. Et c'est vrai en même temps.

  • Speaker #1

    Mais c'est totalement ça. Moi, j'ai le souvenir du marathon de Paris où je me suis dit que je ne savais pas ce que je faisais là, je ne savais pas pourquoi, je ne savais même pas comment j'allais courir. Et je me souviens d'une scène où je passe le kilomètre 30. Il y avait eu tout un sketch à ce niveau-là parce que les organisateurs avaient placé un faux mur en écrivant « Vous passez le mur du 30e » . Mais moi, j'étais novice, je n'y connaissais rien. Donc je ne comprenais pas ce qu'on me disait. Je me disais, mais qu'est-ce qui va se passer au 30e kilomètre ? Et je m'étais dit, c'est incroyable, il y avait la tour Eiffel à côté de moi. Vous imaginez que moi, je ne suis pas parisienne. Donc courir dans la ville de Paris, qui est la plus grande ville au monde pour moi, dans un contexte de séparation, avec l'envie d'en découdre sur le marathon, en me disant, tu vas y arriver, quoi qu'il arrive, tu vas y arriver, c'était incroyable comme émotion. Je me souviens d'avoir passé le kilomètre 30 en me disant, tu l'as fait, et t'iras jusqu'au bout. Et je me souviens de cette arrivée vraiment incroyable sur les Champs-Élysées. Encore aujourd'hui, c'est le marathon qui m'a le plus marquée.

  • Speaker #0

    Oui, finalement, on n'oublie jamais sa première fois. Ça reste la première fois que tu as ressenti l'émotion d'un signifieur d'un marathon qui est assez incroyable.

  • Speaker #1

    Et c'est le plus beau marathon qu'on puisse faire. C'est celui où on découvre une facette de sa personne et on découvre une autre facette de la vie et des chemins du possible.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr parce que je trouve que ce qu'on entend beaucoup aussi par rapport au marathon, c'est les premières séances. Et les premières séances au rythme marathon, et on se dit comment je vais courir 42 km à ce rythme-là. Et c'est souvent, les plans sont souvent des potions magiques, des recettes magiques qui nous permettent le jour J d'y arriver. Donc est-ce que toi tu as ressenti ça justement ? Est-ce que tu as eu des peurs au début ? Est-ce que tu as eu des doutes sur ta capacité à terminer ce marathon ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je dirais déjà, pour reprendre ce que tu viens de dire, qui est très juste, c'est qu'aujourd'hui, j'ai l'expérience et c'est mon métier d'entraîner. Et encore aujourd'hui, quand je suis à la veille de mon marathon, je me pose toujours la question à savoir, mais comment je vais courir à cette allure ? En fait, cette question, elle est totalement légitime, quelle que soit l'expérience sur la distance ou le niveau ou quelle que soit la vitesse. C'est normal de se poser cette question. Moi, à cette époque-là, en fait, je ne me posais pas la question de l'allure parce que je n'avais pas d'allure. En fait, je voulais juste finir mon marathon. Donc, je m'étais dit, bon, tu vas prendre le départ et puis tu verras bien comment ça va se passer. Par contre, j'avais surtout peur de ne pas le finir parce que ça me paraissait tellement incroyable de courir un marathon que j'avais peur de subir à un moment donné, d'être blessée. Enfin, il y a plein d'imagination qu'on peut associer au marathon. Et c'est pour ça que quand j'avais passé le kilomètre 30, je m'étais dit, OK, on va y arriver. Là, c'était écrit le mur du 30e. Tu l'as passé, donc le reste, ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et je voudrais revenir aussi sur ce que tu me disais, le fait d'être une maman solo et que ce n'est pas facile justement de pouvoir faire du sport, avoir du temps pour toi. Toi, justement, comment tu as fait pour le mettre en place ? Tu me disais tout à l'heure en effet que tu emmenais ton fils sur ton lieu d'entraînement.

  • Speaker #1

    Oui, moi, c'était vraiment mon mode de fonctionnement. En fait, moi, quand j'ai commencé à faire du sport, avant de me mettre à faire de la course à pied, j'ai commencé par faire énormément de renfots. Parce que du coup, ma réalité, c'est que j'avais tout le temps mon fils avec moi. Et si je n'avais pas mon fils, c'est que j'étais au travail. Du coup, j'avais investi dans du matériel à domicile. Et en fait, j'ai des souvenirs de mes dimanches avec mon fils qui jouait avec ses Playmobil à côté de moi et où moi, je faisais mes séances de gainage pendant des heures et des heures et où j'avais le sentiment de ressentir un bien-être, le sentiment de toujours transpirer mes soucis, de me sentir toujours mieux après avoir fait ma séance de renfort. Donc au début, ça s'est d'abord intégré avec du renforcement musculaire et où c'était plus simple pour moi de pouvoir le caler parce que mon fils était à côté. Et j'étais à la maison, donc en fait, on arrivait facilement à tout conseiller. Après, quand il a fallu courir, c'est vrai qu'à ce moment-là, c'était très, très compliqué pour moi. Et donc, si je n'avais pas de relais, c'est-à-dire si je n'avais pas de nounou pour garder mon fils, c'était vide-vu, en fait. Je courais autour de lui et je courais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir récupérer le soir mon enfant et puis rester avec lui et jouer mon rôle de parent à ce moment-là. Et vraiment, c'est important pour moi de... de parler de cette phase de ma vie, parce que j'ai un profond respect pour tous les parents solos. Non pas que je ne respecte pas ceux qui ne sont pas solos, pas du tout, parce que je sais aujourd'hui qu'il y a d'autres difficultés et je le vis au quotidien. Mais ce n'est pas du tout ça. Je pense que ce n'est pas facile de se mettre au sport, ce n'est pas facile quand on a des responsabilités de parents, et c'est encore moins facile quand on est seul et qu'on n'a pas de relais. On peut être dans une configuration de parents ... avec, on est deux parents et on a des enfants et on n'a pas de relais, c'est pas facile. Et quand on est parent solo et qu'on n'a pas de relais, c'est pareil. La difficulté fait que ça peut être encore plus difficile de se mettre au sport et ça peut être encore plus difficile de maintenir cette activité sportive. Et du coup, moi, vraiment, je félicite toutes ces personnes qui ont, malgré toutes leurs casquettes, toutes leurs difficultés du quotidien, réussissent quand même à se dégager du temps pour pratiquer le sport qui leur permet de se sentir bien dans leur vie.

  • Speaker #0

    Du coup, le marathon de Paris, j'ai l'impression qu'il a été un vrai déclencheur, un vrai déclic pour toi. Et du coup, c'était quoi l'étape d'après ? Déjà, qu'est-ce que tu as ressenti en franchissant cette ligne d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je me souviens d'avoir été fière de l'avoir fait et de m'être dit, c'est possible. Si ça, c'est possible, tout est possible. Et là, je pense qu'il y a quand même quelque chose qui s'est passé au niveau de mon état d'esprit où j'ai commencé à prendre confiance en moi. Pas prendre confiance en moi par rapport à la course à pied, c'était pas du tout ça. C'était prendre confiance en moi sur la femme que j'étais. Et de me dire, ok, t'es là pour toi. Donc, no stress en fait, ça va aller. Ça va aller la suite, même si tu passes des moments difficiles, tout va aller. Et après, d'un point de vue sportif, j'ai pas vraiment fixé d'objectif. Moi, mon objectif, c'était de me prouver à moi-même que j'étais pas ce qu'on disait de moi. Et là, j'avais atteint l'objectif. La suite, la fin d'année, elle s'est passée de manière... assez classique, c'est-à-dire que j'ai continué à maintenir mon activité sportive sans vraiment grandes ambitions. Par contre, l'année qui a suivi, j'ai choisi de faire de nouveau un marathon et j'avais fait le marathon d'Annecy, pareil, sans vraiment me préparer. Voilà, je courais quand je pouvais, je courais dans un contexte très compliqué, encore une fois, mais j'avais voulu faire ce marathon d'Annecy.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais du coup que ce marathon et ces marathons que tu as faits là sur ces premières années de pratique, est-ce que pour toi c'était une victoire ? Est-ce que tu l'as vécu comme une victoire personnelle ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai vécu comme une victoire personnelle par rapport au fait que je faisais partie de toutes ces petites filles issues de quartier et où je n'avais jamais pratiqué en fait. On pratiquait le sport pour aller en bas jouer au foot en fait, c'était tout le sport que je pratiquais. Et je me dis que ça a été une victoire pour cette petite fille. pour cette petite Suzanne qui n'aurait jamais envisagé à un moment donné faire du sport, qui n'aurait jamais cru pouvoir faire du sport. Et ça a été une victoire par rapport à tout ce qui avait été dit à mon sujet.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que s'il y a des auditeurs et des auditrices qui ont été sur la ligne d'arrivée de marathon, on voit ces coureurs franchir la ligne d'arrivée avec les mains en l'air, levé de la victoire. Et finalement, je trouve que le sport, peu importe qu'on finisse premier ou dernier, ce n'est pas une question de classement ou de temps, c'est une question de réussir ce marathon, de réussir à franchir cette ligne d'arrivée. Et je dis toujours, c'est à chacun sa victoire. Un marathon, c'est... tout le monde du premier au dernier lève les bras au ciel et que c'est vraiment une victoire personnelle et aussi collective puisque de toute façon l'objectif pour tout le monde c'est de franchir cette ligne d'arrivée est-ce que c'est un sentiment que tu ressens aussi quand tu vois des gens franchir une ligne d'arrivée ou quand toi tu l'as franchie ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi c'est vraiment ce sentiment là parce que en fait peu importe encore une fois le niveau, l'expérience on franchit tous la même ligne d'arrivée c'est quelque chose qui unit, c'est à dire qu'on a beau parler d'un sport individuel. Il est individuel dans ce qu'il nous fait vivre individuellement dans notre corps mais il a une dimension collective à partir des émotions partagées sur une compétition. Des émotions partagées sur une ligne de départ, sur une ligne d'arrivée. Je vous donne juste un exemple. Moi, c'est quelque chose qui me marque. Quand je cours en compétition, je suis assez attentive à la respiration et au bruit des foulées. Et en fait, je me dis, tu vois, Là, tu es dans ton corps, peut-être que tu es en souffrance, mais sache que tous ceux qui sont autour de toi, ils vivent la même chose que toi. Tu ne les connais pas et tu vis quelque chose de collectif. Tu partages la même expérience. Et je suis convaincue qu'on a tous ce souvenir de se dire, à la ligne d'arrivée, j'ai franchi, et puis j'ai pris dans mes bras ou j'ai félicité quelqu'un que je ne connaissais pas au départ, je ne savais pas du tout qui il était, mais en fait, ouais, c'était trop bien, merci pour cette course et tout. Ben c'est ça. C'est ça la dimension collective de la course à pied. C'est ce qui fait d'ailleurs que je suis passionnée de course à pied. C'est parce qu'au-delà d'un sport individuel, c'est une histoire collective qu'on écrit.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et d'ailleurs, moi, je l'ai vraiment vécu lors de mon premier marathon. Ce côté, en fait,

  • Speaker #1

    collectif.

  • Speaker #0

    Pour moi, l'athlète, c'était un sport individuel. Et en fait, à partir du moment où tu fais du marathon, c'est là où ça devient collectif parce que tu ne cours jamais seul. Parce que tu as des gens qui te disent, on va le faire, on va le faire ensemble. Et puis parce que cette anecdote que tu dis où tu franchis la ligne d'arrivée, tu as juste envie de prendre le premier à côté de toi et de lui faire un gros câlin.

  • Speaker #1

    Mais c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que tu partages.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai récemment fait une course où j'ai subi la course parce que j'ai été malade. Bref. Et en fait, pendant la course, vu que je n'étais pas bien et que j'étais totalement free, en train de me dire, bon, l'objectif, c'est juste d'arriver et de rentrer chez toi. Et bien, en fait, sur le parcours, j'ai le souvenir d'avoir vu des gens qui étaient vraiment au bout de leur effort et qui se donnaient. où je voyais qu'ils étaient dans un effort. Et je me souviens de la ligne qui était tellement longue pour arriver justement à l'arrivée. Et il y avait un mec à côté de moi où je lui disais, « Allez, on y va, on lâche rien ! » On ne se connaissait pas du tout. Je ne savais pas qui c'était. On a couru ensemble pendant un kilomètre à se dire, « Allez, jusqu'au bout, jusqu'au bout ! » C'est cette dimension qui fait qu'on prend tous nos baskets et on décide tous de s'inscrire à des compétitions. C'est le partage de l'émotion et le partage de l'effort. Dans la difficulté... dans tout ce que ça peut nous faire vivre au niveau de la course à pied.

  • Speaker #0

    Et le sport, du coup, c'est aussi un vecteur social. Et c'est vrai que c'est des moments partagés. Est-ce que toi, tu le vis aussi dans ta pratique au quotidien ? Est-ce que c'est un moteur pour toi aussi de partager ces moments sportifs avec d'autres personnes ?

  • Speaker #1

    Oui, et ça l'est d'autant plus que moi, je m'entraîne tout le temps toute seule. Ce n'est pas facile, mais c'est aussi ma réalité du jour. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, moi, quand je m'entraîne, je suis toute seule. Et j'en vis... toutes les personnes qui arrivent à trouver des groupes d'entraînement, vivre, s'entraîner ensemble, c'est génial. Donc du coup, pour moi, la dimension de compétition me permet justement de vivre et de ressentir ce dont on parle, parce que moi, je ne le vis pas au quotidien.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais transmettre justement ce déclic à quelqu'un qui hésite à se lancer, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais de prendre une feuille et de prendre un stylo et d'écrire sur cette feuille la personne Quelle envie d'être ? Voilà. Là, dans un an, qu'est-ce que t'as envie d'être ? Qu'est-ce que t'as envie de devenir ? Tu mets tout. Tu mets le sport, tu mets tout dans ta vie. Et ben voilà, tu prends cette feuille, tu l'écris, tu te donnes une date et tu te dis rendez-vous dans un an. Et voilà, maintenant quels sont les moyens que je vais faire pour atteindre l'objectif que je me suis fixé ? T'as envie de courir un semi-marathon ? Ok, très bien. T'as décidé de courir un semi-marathon. Quels sont les moyens que je vais me donner pour le faire ? En fait, cette feuille... C'est une page blanche. Et qu'est-ce qui fait, qu'est-ce qui est important dans la page blanche ? C'est le champ des possibles. Tout est possible. On croit à tort que non, c'est pour les autres. Non, moi, je n'ai pas fait de sport avant. Je n'ai pas fait d'école d'athlète. En fait, non, c'est faux. Moi, je n'ai rien fait avant. Ça ne m'a pas empêché de courir des marathons. Et je suis une parmi tant d'autres qui ont vécu la même chose. Donc, prends cette feuille. Écris ce que tu as envie de devenir. Donne-toi une deadline et dis-toi quels sont les moyens que je me donne. Il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même.

  • Speaker #0

    Et justement, quelqu'un qui partirait d'une feuille blanche et qui se noterait, par exemple, j'ai envie de faire un 10 km. Toi, tu conseilles à cette personne-là, elle n'a jamais fait de... Enfin, en tout cas, le sport n'est pas ancré dans son quotidien. Et cette personne, elle te dit, moi, je n'aime pas courir aussi parce qu'elle ne court pas régulièrement. On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    La régularité. Je préfère peu, mais bien. Parce que ce qui est important... c'est d'inscrire dans son quotidien quelque chose qui va devenir un rituel, un rythme. Donc, si par exemple, cette personne ne peut courir que deux fois, c'est très bien deux fois. Deux fois, c'est déjà bien. On va déjà commencer par un début, parce que les gens qui vous disent, non, c'est pas suffisant. Bon, écoutez, on va déjà prendre le début. La personne, elle peut courir deux fois. Tu préfères qu'elle courre deux fois ou qu'elle ne courre pas ? Et bien voilà, donc on part sur le début. Et après, on vient installer la régularité. Il vaut mieux partir sur une réalité. C'est-à-dire, je peux courir deux fois par semaine et je suis sûre que je vais pouvoir les tenir, plutôt que de vouloir en faire trop d'un coup et ne pas réussir à tenir sur le long terme parce qu'on s'épuise à vouloir en faire trop. Donc, deux fois par semaine. Et qu'est-ce qu'on fait pour pouvoir s'inscrire dans quelque chose d'engagé ? Eh bien, on se le note. On note dans son agenda des temps qui nous sont consacrés. Parce que c'est ça le plus difficile. C'est de prendre du temps pour soi. Vous savez, au quotidien, on arrive toujours à prendre du temps pour les autres. prendre 5 minutes pour votre ami, prendre 5 minutes pour vos enfants, prendre 5 minutes pour votre couple, mais pour soi. Est-ce qu'on les prend ces 5 minutes ? Donc dans son emploi du temps, on va prendre un petit moment pour soi. Et ce moment, on va le prendre deux fois dans la semaine. Et vous allez voir qu'au bout d'un mois, finalement, vous avez réussi à tenir l'objectif qu'on s'était fixé. Et puis de là, en fait, de la régularité va s'inscrire la progression, la progressivité. Parce que ce qui compte, ce n'est pas d'aller vite. c'est d'y aller progressivement, mais de le faire à son rythme. Ça veut dire que dans un premier temps, une personne qui n'a jamais couru, on va déjà essayer de s'inscrire dans une démarche sportive, une dynamique sportive. Habituer le corps à un effort. Pourquoi ? Parce que souvent, il y a un décalage entre le corps et l'esprit. Quand l'esprit, il est prêt, le corps ne l'est pas forcément. Il faut accepter qu'il ait besoin de temps. Donc, un temps pour s'habituer à cet effort-là, avant de venir augmenter progressivement. soit le volume d'entraînement, soit la charge d'entraînement, mais accepter qu'il soit nécessaire d'avoir du temps pour devenir ce qu'on a envie de devenir et d'atteindre ses objectifs.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, dans ta routine sportive, elle ressemble à quoi ? Tu disais tout à l'heure, en préambule du podcast, tu disais que tu étais du coup maman de deux enfants, que tu étais coach. Tu crées aussi du contenu sur Instagram. Comment t'arrives justement... à t'organiser pour pouvoir rajouter aussi tes nombreuses séances, puisque du coup, tu fais aussi du marathon, tu fais aussi de la piste l'été, enfin bref, tu fais quand même beaucoup aussi de compétition. Comment t'arrives justement à réussir à tout caser dans ta journée ?

  • Speaker #1

    En fait, aujourd'hui, j'arrive à structurer davantage mes activités sportives et à accepter qu'il y a des moments où je vais, par exemple... mes enfants, je vais laisser mon fils au péri-scolaire pour que je puisse avoir un temps supplémentaire pour moi. Je vais me dédier un moment au début de journée quand les enfants sont partis à l'école pour que je puisse aller m'entraîner ou en fin de journée ou du temps de midi. En fait, ce qui fait que j'arrive à me consacrer tout ça, c'est l'organisation. Moi, ma semaine, elle est organisée de manière à ce que dès le lundi matin, je sais quand est-ce que je m'entraîne et quand est-ce que je suis au bureau. Et ça, c'est important parce que, en fait, quand on a une une une entreprise en l'occurrence, on peut vite être happé par son activité et ne plus avoir de temps pour soi en dehors du travail et de ses responsabilités familiales. Et donc là, pour moi, c'est important que dans ma semaine, je me consacre, je me fixe des créneaux où je sais que là, c'est mon temps pour moi, pour m'entraîner. Et du coup, c'est comme si pour moi, c'était ma pause de ma journée parce que ça ne me repose que de partir m'entraîner, même si parfois les séances me stressent ou demandent beaucoup de charge mentale ou d'engagement mental. mais Du coup, c'est une pause dans ma journée que je me consacre.

  • Speaker #0

    Et c'est finalement ancré aussi dans son planning de la semaine. Voilà, ces moments de sport, ça peut être quand vous avez une entreprise où vous avez des douches, ça peut être aussi du coup les ancrer sur des pauses déjeuners, ça peut être le matin, le soir. Mais c'est sûr que s'ils sont dans l'agenda, ils ne bougent pas. Il n'y a pas de déj qui se met à la place, il n'y a pas de réunion qui se met à la place. c'est vrai qu'ancrer ces moments... que ça soit quand on est tout seul, il faut les ancrer. Quand on y va à plusieurs ou au niveau d'un club, au moins, c'est vrai qu'on a des horaires fixes. Et c'est comme ça qu'on arrive à pouvoir les intégrer dans son quotidien et finalement que ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Moi, je pars du principe que c'était un peu le fonctionnement qu'on avait quand on était plus jeune et qu'on allait à l'école. Et moi, je n'aimais pas le sport, mais du coup, c'était dans mon emploi du temps. J'y allais parce que c'était écrit. C'est exactement pareil aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai un emploi du temps, avec des horaires, avec des engagements. Et en fait, encore une fois, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même. Je me suis promis ce temps dans ma journée, je me prends ce temps dans la journée, parce que pour pouvoir être un parent disponible et disposé, pour pouvoir être une femme sereine, il faut que je prenne ce temps pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et la routine, elle se crée au fur et à mesure. C'est-à-dire qu'il faut, il me semble, en créer quelque chose pendant un mois pour que ça devienne une routine. Donc, il faut faire l'effort. Parfois, on n'aura peut-être pas envie. Et justement, c'est un sujet dont j'ai envie de parler avec toi. Comment on arrive à rester motivé ? Est-ce que toi, tu as des tips à donner pour que finalement, on ne perde pas justement cette routine sportive et qu'elle continue à perdurer ?

  • Speaker #1

    Alors, je préfère le dire et être honnête, je ne suis pas tout le temps motivée. Il y a des jours, je ne suis pas du tout motivée. Et je l'accepte. Déjà, c'est le premier fait, c'est de se dire « Ok, tu n'es pas motivée, ça arrive en fait. » On a le droit de ne pas être motivé. Par contre, à la motivation, prend le dessus la discipline. Moi, c'est surtout ça. C'est-à-dire que ce n'est pas la motivation qui drive mes entraînements, mais c'est ma discipline qui fait que je m'entraîne. La discipline est la promesse que je me suis faite. Quand j'ai décidé de me préparer pour le marathon de Séville, autant vous dire que sur la prépa hivernale, où il faisait froid, moche, gris, vent, il y avait des jours où je n'avais pas du tout. envie de faire des sorties longues. Pourtant, j'y allais parce que j'avais rendez-vous avec moi-même le 23 février. Et si je voulais être prête pour ce rendez-vous, il fallait que je me prépare. Donc du coup, c'est pour moi la discipline qui fait que, et c'est le fait que ce soit inscrit dans l'agenda. C'est-à-dire que quand dans l'agenda, il est noté que je dois faire telle séance, je ne me pose pas de questions. Je ne suis pas motivée, ce n'est pas grave. Pas motivée, tu ne te poses pas de questions, tu poses ton cerveau et tu pars t'entraîner. Ça fait vraiment la différence. Parce que si on attend la motivation pour aller s'entraîner, parfois on va l'attendre longtemps. Donc du coup, il faut accepter qu'il n'y ait pas tout le temps la motivation, c'est pas grave. On fait ce qui est prévu, c'est beaucoup. Et on fait de son mieux surtout.

  • Speaker #0

    Oui, finalement la motivation, l'élément déclencheur, c'est parfois le déclic, c'est la motivation de j'ai envie de faire tel sport, j'ai envie de faire telle compétition, mais finalement c'est la discipline qui va prendre le relais et qui va faire que justement ça va perdurer et on va réussir à remplir notre objectif.

  • Speaker #1

    Toujours. La discipline pour moi c'est ce qui fait toute réussite dans la vie, que ce soit dans le milieu de l'entrepreneuriat comme dans le milieu sportif, c'est ce qui fait qu'un étudiant réussit aussi ses concours, ses examens, c'est la discipline et la rigueur.

  • Speaker #0

    Du coup, Suzy, là maintenant, j'aimerais bien qu'on parle aussi de tout ce que tu ressens dans ton entraînement. Comment tu te sens toi pendant ta pratique ? Quelles sont les émotions qui te traversent ? Quelles sont les sensations qui te traversent pendant et aussi après ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs émotions. L'émotion principale, c'est la liberté. La liberté et l'émotion recherchée, c'est l'état de flot. L'état dans lequel je suis. Quand notamment j'étais en prépa marathon sur mes sorties longues, j'étais dans un état de flot, c'est-à-dire que j'étais là mais je n'étais plus là. Cet état où je pouvais courir comme ça pendant des heures sans me rendre compte de la fatigue générée ou de l'effort que j'étais en train de réaliser. Donc ça c'est ce que je recherche. La liberté c'est ce que je ressens à chaque fois que je cours et je me sens toujours mieux après qu'avant. C'est-à-dire que tout à l'heure on parlait de motivation, en attendant on ne regrette jamais d'être allé courir. Et ça c'est important aussi de le souligner. Pour autant, il y a des émotions parfois qui ne sont pas faciles à vivre en course à pied, et je n'ai pas du tout de gêne à l'évoquer, notamment le stress qu'on peut ressentir sur certaines séances, le stress, également la difficulté. C'est quelque chose que moi j'ai pu ressentir sur certaines séances, parce que typiquement quand je fais le choix de me challenger sur des compétitions sur piste, ce n'est pas un effort naturel pour moi, puisque en ayant commencé l'athlétisme sur le tard, Et en ayant commencé le demi-fond sur le tard, autant vous dire que ce n'est pas naturel pour moi de courir du 1500 mètres. Et donc, il faut accepter aussi que les sensations associées à la course à pied et dans les efforts difficiles, le sentiment du dépassement de soi passe aussi par le fait de repousser ses limites. C'est jamais facile de repousser ses limites. C'est accepter que parfois c'est difficile et c'est pas parce que c'est difficile qu'on va pas y arriver. En fait, il faut accepter qu'il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour... S'entraîner, il y a un temps pour atteindre et révéler tout le travail réalisé pendant les entraînements. Les entraînements sont là pour, parfois, pas vous mettre en difficulté, mais pour repousser les limites qui nous mettent en difficulté. Et ces sentiments-là, ils sont finalement partagés par tous, encore une fois, quelle que soit l'expérience, quel que soit le niveau. On ressent tous ce moment dans une séance où on se dit « Mais je ne vais pas y arriver, je ne tiendrai pas jusqu'à la fin. » Mais en fait, si, vous allez tous y arriver et vous allez tous tenir jusqu'à la fin. Ça fait partie aussi... de l'entraînement course à pied.

  • Speaker #0

    Je voudrais qu'on aborde aussi ton métier de coach. Aujourd'hui, tu accompagnes des coureurs qui ont envie de se mettre à la course à pied ou qui ont envie de se lancer un défi, de progresser sur un 10 km, un semi, un marathon. Qu'est-ce qu'ils viennent chercher, ces coureurs, auprès de toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les personnes qui font appel à moi, il y a deux choses. C'est déjà libérer toute charge mentale associée à l'entraînement. Il faut être honnête, aujourd'hui on n'a plus le temps. On n'a plus le temps de se poser la question, de savoir mais qu'est-ce que je vais faire ce soir quand je vais m'entraîner ? Parce qu'on a déjà nos emplois du temps qui sont tellement chargés qu'on a juste parfois besoin que quelqu'un nous dise ce qu'on doit faire. Donc ça c'est la première chose. Quelqu'un qui, par son expertise, va être capable de vous dire aujourd'hui tu fais ça, pose ton cerveau, fais ça et tu verras, tu te sentiras bien et on atteindra ton objectif. Donc ça c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est le sentiment et c'est la recherche du dépassement de soi. C'est quand même difficile aujourd'hui d'atteindre ce niveau de dépassement, je veux dire, de réussir à aller se challenger, à sortir de sa zone de confort tout seul. Parce qu'entraîner est un métier. Et que c'est aussi ce qu'on recherche quand on fait appel à un entraîneur, c'est son expertise de lui dire, ok, pour atteindre cet objectif, moi je pense que tu devrais passer par ce chemin, c'est peut-être le meilleur chemin pour atteindre ton objectif. Il n'y a rien de mathématique. Ce n'est pas parce que vous allez faire tel entraînement que ça va donner tel résultat. Mais en tout cas... L'entraîneur va donner toutes les possibilités pour qu'on atteigne l'objectif le jour envisagé. Donc les gens qui font appel à moi aujourd'hui font appel à moi pour enlever toute charge mentale et pour pouvoir avoir l'expertise d'un entraîneur qui va vous amener à vous challenger.

  • Speaker #0

    Comment tu les vois évoluer justement les personnes que tu suis grâce à ton coaching ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je vois évoluer les gens sur des années parce qu'il y a des personnes que j'entraîne depuis des années. Et je trouve que c'est toujours... Il y a de l'émotion associée à ça, parce que quand vous voyez une personne qui vous contacte au début, je pense à une personne en particulier qui s'appelle Ophélia, elle m'a contactée au début, elle était enceinte, elle était sur la fin de sa grossesse, pour l'accompagner en postpartum, donc la reprise course à pied après l'accouchement de son premier enfant. Elle a eu son accouchement, et en fait, moi je l'ai vue accoucher, je l'ai vue reprendre la course à pied postaccouchement, je l'ai vue prendre un premier dossard postpartum, Et puis, je l'ai vue venir petit à petit glisser dans une pratique de challenge, de relever des défis, de revenir sur marathon, sur semi-marathon, de vouloir revenir sur le niveau qu'elle avait avant sa grossesse, d'aller plus loin que le niveau qu'elle a eu avant sa grossesse. Je l'ai vue évoluer. J'ai vu une jeune femme devenir mère, devenir mère accomplie, réussir à concilier toutes ses casquettes et se challenger en course à pied. Et je trouve qu'il y a une émotion particulière parce que c'est comme une fleur que vous êtes en train de voir éclore, qui prend de plus en plus confiance et qui finalement ne se voyait pas faire certaines courses ou certaines allures et qui se voit se challenger et se dire « mais je n'aurais jamais pensé courir à cette allure-là » . Donc pour moi, quand on est entraîneur, C'est plus qu'entraîner. Entraîner, faire un plan d'entraînement, oui, non. Entraîner. Entraîner une dynamique. Élever les gens au meilleur niveau, à la meilleure version de soi. Je trouve que c'est comme ça que moi, que je considère mon métier, et c'est comme ça que je vois les gens évoluer.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on ne le répétera jamais assez, que le sport, c'est un booster de confiance en soi.

  • Speaker #1

    Ah mais oui. C'est un booster de confiance en soi. C'est un booster de... de plein d'émotions. Pour moi, je ne sais plus qui, et je m'en excuse, qui avait dit en fait que le sport est le meilleur moyen de révéler votre personnalité. C'est à travers le sport qu'on se révèle. Moi, vous savez, avant de faire du sport, je ne m'étais jamais vue compétitrice, mais jamais de la vie. Je ne m'étais jamais sentie, ressentie dans ces émotions-là. Et en fait, c'est la course à pied qui m'a rendue ou qui m'a révélée à moi-même que j'étais finalement quelqu'un qui pouvait être compétiteur. Ce n'est pas quelque chose de négatif, c'est plutôt positif. Et aujourd'hui, dans mon activité, j'ai aussi besoin de ça. C'est quelque chose qui dynamise mon activité. C'est quelque chose qui dynamise ma pratique sportive. Donc, je pense que le sport est un véritable booster en confiance en soi et révélateur de personnalité.

  • Speaker #0

    Tu parlais justement des émotions. Est-ce que tu as un souvenir particulier qui te marque de ta pratique sportive qui reste gravé à jamais dans ta mémoire ?

  • Speaker #1

    Un souvenir qui est très particulier, puisque c'était il y a deux ans, je fais une compétition à Lyon sur piste, et c'était à 1 500 mètres, donc c'est 1 500 mètres sur piste. C'est des efforts qui sont très très intenses, et quand même globalement, les personnes avec qui je cours sont des filles qui ont toujours couru sur piste, ou qui ont toujours couru. Je fais quand même partie des plus vieilles qui prennent le départ sur piste, Donc c'est pas forcément un milieu dans lequel... dans lequel je suis le plus à l'aise parce que ce n'est pas le milieu dans lequel j'ai grandi. Mais c'est un milieu dans lequel je me sens à l'aise aujourd'hui parce que c'est un milieu qui me plaît. Et quand je prends le départ de cette course, je prends le départ et je pense que j'ai pris énormément de... Je me suis énormément challengée sur cette course et je fais un résultat où ni moi, ni Olivier qui m'entraîne ne s'attendait à ce que je fasse ce résultat-là. Parce que je me souviens, en fait, passer aux 1000 mètres et je l'entends hurler, mais... hurler à un point où il me dit, il ne faut pas lâcher, vas-y ! Et en fait, à ce moment-là, il y avait des filles qui partaient. Et je me suis dit, à ce moment-là, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Il faut que tu les accroches au maximum. Et ces filles, je les ai accrochées autant bien que mal, et là, je finis mon 15 ans à mon niveau, évidemment. Mais c'était un chrono que je n'aurais jamais envisagé de faire, quoi. J'étais grave choquée, en fait, à ce moment-là, en me disant, tu vois, comme quoi tout est possible. Même à cet âge-là, quoi. Ça, ça a été vraiment une expérience qui m'a beaucoup marquée en course à pied, en athlée pure.

  • Speaker #0

    Et juste pour revenir à ce souvenir-là, de ce que j'entends aussi, et c'est vrai que toi, du coup, tu as commencé l'athlée sur le tard, et autant j'ai l'impression que tu as l'impression d'avoir toute ta légitimité sur la route, autant j'ai l'impression que tu as un petit syndrome de l'imposteur sur la piste, et que du coup, finalement, ce chrono-là que tu ne pensais pas possible... il est lié à ça, finalement, aux barrières finalement, qui peuvent être mises sur la piste en disant, la piste, c'est pour les petites jeunes, c'est pour ceux qu'on a toujours fait, moi, j'arrive après tout le monde sur la piste, et du coup, est-ce que t'as pas ce syndrome de l'imposteur sur la piste ?

  • Speaker #1

    Complètement, mais complètement. Combien de fois Olivier m'a dit mais, quand je lui disais, mais pourquoi je suis engagée dans cette série ? Bah, parce que t'as fait tel chrono. Ouais, mais c'est pas sûr qu'aujourd'hui, je refasse tel chrono. En fait, y'a vraiment ce côté de se dire, mais aujourd'hui j'ai du mal à... à me sentir légitime sur la piste parce que pour moi, c'est un milieu qui est quand même très différent de celui qu'on peut croiser en running. Pour autant, je n'ai jamais ressenti une émotion négative de la part des gens avec qui je cours. C'est-à-dire que ce sentiment, je l'ai juste moi-même. C'est des a priori que j'essaye de déconstruire en me rendant compte que la légitimité, personne ne vous la donne. Dans la vie, personne ne vient vers vous en vous serrant la main, en vous disant c'est bon, tu es légitime, tu peux faire ce que tu es en train de faire. C'est nous. qui nous limitons dans ce que nous sommes en train de réaliser. Et je pense que ce jour-là, j'ai pris le départ de la course sans me poser de questions. Et je pense que c'est ce que j'ai fait de mieux dans ma vie. C'est-à-dire prendre le départ d'une course sans arrêter de me poser 12 000 questions, suivre tant bien que mal, et puis arriver au bout en étant fière de ce que j'ai réalisé.

  • Speaker #0

    C'est vrai que justement, pour celles et ceux qui aimeraient se mettre au sport et à un sport potentiellement particulier, Et c'est vrai que c'est beaucoup plus facile de pousser la porte des clubs quand on a une dizaine d'années, que finalement, tout le monde s'inscrit en septembre à une activité qui est souvent poussée par les parents. Mais quand on a envie de faire les choses un peu plus tard, c'est pas toujours facile de se dire où est-ce que je vais aller, à quel club je vais aller toquer, que je peux commencer telle pratique ou tel sport. 30 ans à 40 ans et justement toi en tant que coach quel conseil tu donnerais à quelqu'un qui a envie de se lancer peu importe son sport pour justement aussi trouver Les bonnes personnes, les bonnes ressources, le bon club qui va accueillir correctement.

  • Speaker #1

    Alors je te remercie de souligner ça parce que ça c'est vraiment... quelque chose que j'ai ressenti. C'est-à-dire que moi, par exemple, quand j'ai débuté la course à pied, je n'osais pas aller sur piste en me disant « Non, mais je vais me foutre la honte, je vais aller sur piste, je ne sais même pas ce que je dois faire, je n'ai pas le niveau, ça doit courir vite, moi je ne cours pas vite, il faut que je mette des pointes. » Mais même avant même de faire des pointes, juste d'aller faire une séance de fractionnés, je n'osais pas aller sur piste. Je n'osais pas, en plus, je ne connaissais pas trop le fonctionnement des clubs d'athlétisme. Du coup, je me disais, mais ça se trouve... on va te dire, mais non, excusez-moi, c'est notre place, c'est notre club, c'est notre piste. Donc, je n'osais pas. Et en fait, je me suis rendu compte que c'était totalement faux. C'est-à-dire que le club en question, c'est le club qui se situe dans la ville où j'ai grandi à Saint-Chamond, excusez-moi, Saint-Chamond, près de Saint-Étienne. Le club, c'est Franck qui l'encadre. Et je lui fais un petit coucou s'il m'écoute parce que ce n'est pas du tout sa mentalité. Lui, c'est quelqu'un qui justement accueille toute personne qui a envie de se challenger. et c'est quand même... comme ça que moi je vois l'athlète. C'est aujourd'hui mon job, je suis entraîneur en club d'athlétisme et peu importe le niveau des personnes qui viennent me voir, peu importe leur expérience, je les accueille. Parce que c'est ça l'athlétisme, c'est ça la course à pied. On se fiche de savoir si vous avez couru des marathons avant, peu importe. En fait, la piste, elle est ouverte à tous. C'est nous qui nous empêchons d'y aller. D'ailleurs, cette année, ça fait deux ans, j'ai des nouvelles personnes dans mon club d'athlète et en fait, c'est moi qui les ai poussées. en leur disant, allez les filles, allez sur piste, je suis sûre que ça va vous plaire. Et au début, elles étaient là, non mais t'es sûre Suzy, j'ose pas, etc. Je te dis que tu peux y aller, vas-y. Et je pense que ça, il faut vraiment qu'on se le dise, il n'y a personne qui peut vous empêcher. Vous avez envie d'aller vous entraîner sur piste, allez-y. Vous avez envie de vous tester sur des compétitions sur piste, allez-y. Allez découvrir le monde. Ce serait tellement dommage de passer à côté et se dire, mais je ne l'ai pas fait, j'aurais dû. Non, on se fiche de savoir ça. Allez-y, testez et vous verrez par vous-même.

  • Speaker #0

    Et finalement, on peut tester un club, on peut tester un coach. Si ça ne nous plaît pas, on peut aussi refermer des portes pour en rouvrir d'autres. Il ne faut pas non plus... En tout cas, on a le droit de se tromper aussi. On a le droit de tester plusieurs choses avant de trouver soit le sport qui nous correspond ou soit en tout cas le coach ou le club qui nous correspond aussi.

  • Speaker #1

    Pour moi, ce n'est même pas se tromper. Pour moi, c'est une histoire de domino la vie. Il y a toujours eu ce domino, et pour qu'il y ait le domino suivant, en fait, il y a tout l'enchaînement des dominos. Vous voyez, tu fais une ligne de dominos, et le domino tombe parce qu'avant il y en avait un, et parce qu'avant, et parce qu'après, etc. C'est exactement ça la vie. En fait, ce n'est pas le fait de se tromper, c'est le fait qu'il fallait passer par cette expérience pour aller vers l'autre expérience. Peut-être qu'il fallait faire la rencontre de cet entraîneur, de ce coach, ou de ce club, ou de cette pratique, pour aller vers ce qui va vous suivre. Donc, quand une porte se ferme, il y en a toujours une qui s'ouvre en même temps. Il faut juste prendre le temps d'accepter qu'il y a un temps entre le moment où on prend conscience qu'une porte s'est fermée pour aller vers la porte qui s'ouvre.

  • Speaker #0

    Je voudrais maintenant aborder un peu tes sources de motivation. On en a aussi un petit peu parlé tout à l'heure. En effet, il y a d'abord la motivation, et puis après, c'est la discipline aussi qui prend le relais. Et quand bien même tu me disais tout à l'heure que tu n'as pas toujours en effet cette motivation, que c'est cette discipline qui prend ce relais-là. Est-ce que toi, ça a aussi... des personnes, que ça peut être des sportifs, des proches, des mentors, un coach, qui t'inspirent et qui aussi te permettent de te rebooster quand toi, des fois, tu n'as plus... Peut-être aussi, on a tous aussi des phases un peu plus down où on a un objectif qu'on a réalisé, il faut passer au suivant. Est-ce que tu as des ressources qui vont t'aider justement à te relancer ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a deux choses qui font que c'est ce qui va me booster. Dans ma cuisine, j'ai mis une photo de la... petite Suzanne de 5 ans. Parce que ça me permet de ne jamais oublier d'où je viens et de ce que j'ai vécu en me disant quoi qu'il arrive, en fait, n'oublie pas ce que tu as vécu. Ça doit être le moteur et le terreau de toute ta motivation et de tout ce qui t'arrive par la suite et de tout ce que tu souhaites qui t'arrive par la suite. Donc ça, c'est vraiment quelque chose d'important pour moi. C'est affiché, c'est important. Et après, dans mon quotidien, il y a une personne quand même qui arrive beaucoup à me motiver. Et quand je parle de motivation, c'est plus à m'inspirer, comme tu l'as dit, à m'inspirer. Et c'est Olivier, c'est la personne avec qui je vis. Il arrive à m'inspirer, bien qu'on soit très différents, parce que c'est quelqu'un qui a 43 ans, qui court depuis qu'il a 16 ans. Et il m'impressionne en fait sur sa capacité à durer dans l'effort, à durer dans le sens où aujourd'hui, à 43 ans, il est toujours aussi performant, il est compétitif. Il continue à réussir à se motiver, à être très discipliné, rigoureux dans sa pratique sportive. Et ça, ça m'inspire énormément. Parce que moi... Dans mon quotidien, je me dis que lui, ça fait tellement d'années qu'il court. Il pourrait être au bout d'un moment, je ne sais pas, en avoir moins envie. Il pourrait se blesser. Non. Il a une capacité à pouvoir se dire que, OK, aujourd'hui, j'ai 43 ans. Mon objectif, c'est de réussir à me rapprocher de mes records, à faire de mon mieux, à donner le maximum, à venir challenger, driver, modifier un peu les entraînements. Et ça, ça m'inspire beaucoup. Parce que mine de rien, moi, j'ai 40 ans. Bien que je sois une jeune coureuse, J'ai quand même beaucoup d'émotion de vous dire ça. Bien que je sois une jeune coureuse, pour moi, à 40 ans, j'ai quand même envie aussi de réussir à continuer à courir aussi longtemps que possible et donc à mettre tout en œuvre pour pouvoir durer et réussir à rester dans la performance à mon niveau, compétitrice, aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et justement, comment toi, tu envisages ta pratique dans le futur ? Parce que du coup, on a parlé... de ton parcours, de ton déclic. On a parlé de tes marathons. Tu ancres, du coup, ta routine sportive dans ton quotidien. Et la suite, c'est quoi pour toi ? Tu disais que, du coup, tu as eu 40 ans. Le sport, aujourd'hui, il fait partie de toi intégralement. Et comment tu l'imagines aussi dans le futur ?

  • Speaker #1

    Je pense que je vais courir jusqu'à la fin. Je ne me vois pas ne pas courir. Ça, c'est sûr et certain. Je ne me vois pas ne pas courir. Je vais surtout adapter. Par exemple... Je vais beaucoup essayer de me renseigner sur la capacité des masters. Donc les masters, c'est les catégories d'âge. Et master, ce sont les personnes qui ont plus de 35 ans. Et comment réussir à être performant malgré l'âge avançant. Donc en fait, je me prends comme mon propre cobaye en me disant, ok, je pense que pour continuer à être performant, il va falloir que je réussisse à mettre ça en place dans mon quotidien, etc. Et je pense que pour moi, ce qui est vraiment primordial, c'est d'accepter de prendre du temps pour soi. autrement que dans la performance justement, accepter de récupérer, accepter de se renforcer, bien que chez moi ce ne soit pas vraiment le point faible. Mais en fait, pour moi, ma pratique sportive dans 10 ans, je pense que je serai toujours sur un stade. Je pense que déjà, je serai toujours sur un stade en train d'entraîner. Je serai toujours en train de continuer mes compétitions parce que pour moi, en fait, à 50 ans, je vois des femmes de 50 ans et je pense à une amie qui s'appelle Florence et qui est particulièrement performante à 53 ans. Je me dis, incroyable, incroyable. Moi, je veux être comme elle à 53 ans. Tout est possible, à tout âge, en fait. Il ne s'agit pas, à mon niveau, on ne vise pas une sélection. On vise de se challenger et d'atteindre le plus grand niveau qu'on puisse se souhaiter.

  • Speaker #0

    Oui, et de finalement que ça perdure, parce que de toute façon, ça continuera de faire du bien physiquement, mentalement, et que ça, ce n'est pas quelque chose que tu veux perdre.

  • Speaker #1

    Non, et puis finalement, Au final, quand tu reviens sur les émotions que j'exprime en lien avec ma pratique sportive, que ce soit la liberté, l'état de flot, le dépassement de soi, je n'ai pas l'impression qu'il y ait une date de fin. C'est-à-dire que même à 90 ans, j'ai vu qu'il y avait un monsieur de 93 ans qui avait fait le record de France sur 3000 mètres. Ce monsieur à 93 ans, mais quel respect ! Il a senti le dépassement de soi, il a senti l'état de flot et il a senti la liberté. Bon, ben voilà, c'est tout ce que je me souhaite. Je me souhaite de continuer de ressentir toutes ces émotions aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et quels sont justement tes prochains objectifs à toi, Suzanne ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi, j'ai décidé de sortir de ma zone de confort, puisque pour moi, ma zone de confort, c'est des distances qui sont plutôt longues. Quand je dis confort, c'est certainement parce que c'est là où je me sens le plus à l'aise et là où je me sens dans mon élément. Et aujourd'hui, j'ai décidé de m'orienter beaucoup plus sur du cours, donc du 5K et du 10K. Et autant vous dire que me connaissant, du 10 km, ce n'est pas ma passion. Mais j'ai décidé de sortir de la zone de confort.

  • Speaker #0

    Ok, très bien. Et justement, toi, tu cours aussi des marathons, tu le disais. Je sais, en discutant avec toi, que tu fais un marathon par an. Pourquoi justement tu penses que c'est nécessaire aussi d'avoir des moments où tu es aussi en régénération, que ce soit d'ailleurs physique et mental ?

  • Speaker #1

    Tu es prête pour un deuxième podcast du coup ? Parce que si je réponds à ta question, en fait, pour moi, il y a plusieurs éléments. Alors je vais déjà aller sur la dimension mentale. Le marathon, c'est une prépa physique, mais ça engage tellement d'un point de vue mental. L'engagement mental entre l'organisation familiale, l'engagement mental entre le fait que tu manges, tu dors, tu respires marathon. Un marathon par an, ça me suffit largement. Autant que je le fasse bien, mais que je m'en suffise un seul par an. et d'un point de vue physique je trouve que c'est un engagement physique qui est tellement important parce que ton volume d'entraînement est plus important ton kilométrage Je n'ai pas envie de répéter la même chose et je n'ai surtout pas envie de me blesser à force de faire la même chose. Donc pour moi, ce qui fait la richesse de la course à pied, c'est la diversité des efforts. Et cette diversité-là, elle est liée aux objectifs aussi divers et variés. Quand vous préparez un 3000 mètres, quand vous préparez un 10 ou un marathon, vous ne travaillez pas de la même façon. Et c'est pour ça que je préfère aller sur un marathon par an.

  • Speaker #0

    On arrive au bout de ce podcast, je voudrais te poser une ou deux dernières questions. Si tu pouvais transmettre un message à toutes celles qui nous écoutent, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que je dirais que tout est possible et qu'il suffit juste de se rendre possible en fait, de se donner les moyens d'atteindre l'objectif qu'on s'est fixé.

  • Speaker #0

    Où peut-on te retrouver pour suivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    On peut me retrouver sur Instagram au nom de Suzy One. Et puis, vous pouvez également me retrouver sur YouTube cause Suzy One pour vous accompagner dans votre progression sportive.

  • Speaker #0

    Qui aimerais-tu entendre à ce micro ?

  • Speaker #1

    Eh bien, j'ai parlé tout à l'heure d'Ophélia. Eh bien, je l'invite à prendre le relais de ce micro. Super.

  • Speaker #0

    On a un petit rituel de fin dans Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante ? Ça peut être un film, un livre, un podcast à partager ? Aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Je trouve le livre... Alors, il faut que je me remette correctement le titre en tête. C'est L'art de s'en foutre que j'ai adoré. C'est vraiment le livre que je conseille à tout le monde.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une chanson à ajouter à la playlist booster qui pourrait nous aider à nous booster dans nos prochains runs ou prochaines sessions sportives ?

  • Speaker #1

    Oui. Moi, je mets la chanson du groupe Red Hot Chili Peppers et celle-ci, peut-être que vous allez l'entendre. C'est la chanson que j'écoute à chacune de mes sorties longues.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra à partager pour booster nos auditeurs et nos auditrices ?

  • Speaker #1

    Alors, le mantra que je me suis toujours répété et qui ne va surprendre personne, c'est le bonheur n'appartient pas à celui qui l'attend assis sur son canapé.

  • Speaker #0

    Donc, vous aurez compris. Chaussez vos baskets et c'est parti. Merci Suzy d'avoir été à mon micro aujourd'hui. C'était vraiment un réel plaisir de t'écouter. Et vraiment un grand, grand merci à toi. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laure. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Je remercie très chaleureusement mon invité du jour, Suzanne Carian, et je l'embrasse très fort. Et merci à toi d'avoir écouté Booster. J'espère que cet épisode t'aura donné l'envie de te mettre en mouvement. Si tu as aimé, pense à t'abonner, à laisser un avis, à partager autour de toi. C'est le meilleur moyen de faire grandir cette belle communauté. On se retrouve très vite, d'ici là, prends soin de toi et n'oublie pas, on ne regrette jamais d'y être allé, comme dit Suzy.

Description

Suzanne n’était pas sportive.
Elle le dit elle-même, sans détour. Et pourtant, un jour, elle a enfilé ses baskets… et tout a changé.

Dans cet épisode, elle raconte comment, après une séparation et une nouvelle vie de maman solo, elle a trouvé dans le sport une bouée de sauvetage, un exutoire, puis une force.
Du premier pas au premier dossard, de l’essoufflement à l’élan, Suzy partage son parcours inspirant, et incroyablement libérateur.


Boost.her, le podcast qui remet du mouvement dans ta vie.
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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui va te donner envie de bouger et de te dépasser pour être bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Funten-Prévost, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis 15 ans, j'organise aussi des événements sportifs pour partager cette passion. Le sport nous transforme, nous élève et nous reconnecte à nous-mêmes. C'est pour cela que j'ai créé Booster, pour inspirer celles et ceux qui veulent remettre du sport dans leur quotidien. A chaque épisode, tu découvriras l'histoire de femmes et d'hommes qui ont trouvé dans le sport une vraie force. Leurs réussites, leurs doutes et leurs déclics te prouveront qu'il n'est jamais trop tard pour enfiler tes baskets et te lancer. Alors, prêt à remettre du mouvement dans ta vie ? C'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de Suzanne Carriant, une femme qui incarne parfaitement la renaissance par le sport. Suzanne n'a pas toujours été une grande sportive, jusqu'à 30 ans, le sport était loin de son quotidien. Les souvenirs des séances d'EPS lui essaient plutôt un goût amer. Mais un jour, dans une période de sa vie marquée par une séparation difficile, et une vie de maman solo, elle a enfilé une vieille paire de baskets. Foulée après foulée, elle a découvert un incroyable sentiment de liberté, une manière de reprendre le contrôle sur son corps, ses émotions et son quotidien. De ses premiers pas hésitants jusqu'à franchir la ligne d'arrivée de son tout premier marathon, Suzanne nous raconte comment la course à pied lui a permis de se reconstruire, de retrouver confiance en elle et de prouver qu'elle était bien plus forte que ce que la vie ou les autres voulaient lui faire croire. Aujourd'hui, Suzanne est même devenue coach sportive et dans cet épisode, Elle partage ses conseils concrets pour celles qui veulent se remettre au sport quand on part de zéro, tout en jonglant avec le boulot, les enfants et la vie quotidienne. Surtout, elle nous transmet cette philosophie qui va vous parler. Le sport comme une victoire sur soi, peu importe le niveau. Un témoignage sincère, inspirant et profondément humain qui montre que parfois, il suffit d'une paire de baskets pour ouvrir un champ infini des possibles. J'ai rencontré Suzanne sur l'événement Run Lyon 2021 et ça a matché direct. C'est le genre de nana qui te booste par son énergie. débordante et sa bonne humeur communicative. Et pourtant, quand on connaît Suzy, on sait que tout n'est pas simple au quotidien. Je vous souhaite une très bonne écoute et qui sait, peut-être que vous aussi, vous aurez envie d'enfiler vos baskets après cet épisode. Aujourd'hui, je suis ravie d'accueillir Suzanne Carian. Suzanne, merci beaucoup d'avoir accepté d'être ma toute première invitée.

  • Speaker #1

    Ravie de te rejoindre aujourd'hui, Laure, pour ce premier podcast.

  • Speaker #0

    Comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je vais plutôt très bien parce que je suis... particulièrement enthousiaste d'être ici.

  • Speaker #0

    Eh bien, super ! Suzanne, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Suzanne Carian, je suis entraîneur running FFA, j'interviens en club d'athlétisme près de Lyon et je suis également maman de deux enfants, deux garçons. Je suis également coureuse du 1500 mètres au marathon.

  • Speaker #0

    Et je voudrais du coup embobiner le fil et que tu m'expliques si le sport, il a toujours fait partie de ta vie.

  • Speaker #1

    Pas du tout ! pas du tout. C'est-à-dire que jusqu'à l'âge de 30 ans, je ne faisais pas du tout de sport. Je ne pratiquais aucun sport. Et en fait, j'ai des souvenirs des crosses du collège, des souvenirs en cours d'EPS où je n'étais pas du tout investie dans le sport de manière générale.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait, le sport il n'était pas ancré en toi dans ton quotidien quand tu étais petite. Ce n'était pas la matière que tu attendais avec impatience.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai le souvenir d'avoir fait un an de gym quand j'avais 6 ans. Et en fait, je n'ai fait qu'un an parce que je n'ai pas du tout aimé. Je suis allée au bout de mon année parce que je m'étais engagée. Mais alors, je détestais la gym. J'étais raide. Je n'arrivais pas à faire les exercices qu'on me demandait. Donc, ce n'est pas forcément les meilleurs souvenirs. Les crosses, c'était vite vu. J'étais pas loin d'être la dernière du cross. Je n'aimais pas l'effort ni le fait de courir dans la boue, dans les parcs. Donc ce n'est pas du tout des efforts qui me plaisaient. Après, sur le fait de venir, de grandir, étonnant que ce n'était pas quelque chose dans lequel j'étais inscrite au départ de ma vie, ce n'est pas quelque chose avec lequel j'ai évolué au gré de mon adolescence, de ma jeune vie d'adulte. Et par la suite, les choses n'ont pas été comme je l'imaginais. Puis c'est plutôt intéressant de se dire qu'au final, j'ai beau avoir commencé une partie de ma vie sans pratiquer le moindre sport, Aujourd'hui, c'est mon quotidien de pratiquer le sport.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu as un souvenir aussi peut-être plus télévisuel en tant que spectatrice d'un moment sportif qui t'a inspirée ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai un moment qui m'a marquée, ça me fait sourire d'y penser, parce que j'étais enceinte en 2012 et j'attendais mon premier enfant. Et en fait, en 2012, il y avait les JO de Londres et j'ai des souvenirs de nuits d'insomnie, de femmes enceintes. Bien avancée dans ma grossesse, avec les JO devant moi, à regarder les Jeux Olympiques en me disant « Mais peut-être que mon fils sera un futur champion ! » Mais voilà, ça m'avait vraiment marquée, c'était des moments importants pour moi et c'était toujours dans une perspective en tant que future maman, mais pas du tout en tant que sportive ou en tant que future sportive.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, tu as eu un déclic pour te mettre au sport ? Est-ce qu'il y a quelque chose, un événement particulier qui t'a donné envie de t'y mettre ?

  • Speaker #1

    Le premier déclic qu'il y a eu dans ma vie, c'est à 30 ans. En fait, j'étais dans une phase extrêmement difficile de ma vie et je venais de vivre une séparation. J'étais en train de sombrer et je me souviens que pendant mes pauses déjeuner, j'étais incapable de me poser à table avec mes collègues de travail. Et j'avais trouvé dans mon déménagement une paire de baskets, une vieille paire de chaussures. Et je m'étais fait la remarque en me disant, mais pourquoi ? pourquoi tu as cette paire de chaussures alors que tu ne fais pas du tout de sport ? Et je les avais prises avec moi. Et en fait, mes collègues partaient faire du sport pendant la pause déj. Et c'est là où je me suis dit, tiens, tu devrais les prendre avec toi. Et c'est là où j'ai commencé à mettre mes baskets et à partir courir de mon bureau pour aller sur les quais du Rhône, pour les Lyonnais. J'allais courir sur les quais. En fait, je partais, je n'avais pas de monde. J'avais juste une paire de baskets, des tenues comme il me semblait pouvoir les mettre, juste pour partir. courir, transpirer mes soucis et revenir au bureau en étant le plus sereine possible. Ça a été vraiment le premier déclic. C'est là où j'ai commencé à me mettre au sport. C'est au final, en fait, une situation malheureuse qui m'a amenée à une révélation à moi-même.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a procuré ? Quelles ont été tes premières sensations une fois que tu as enfilé tes baskets ?

  • Speaker #1

    Sentiment de liberté. J'avais le sentiment d'être libre. Et en fait, dans cette phase de ma vie qui était très sombre, où j'avais l'impression en fait que je n'avais plus le contrôle sur ma vie parce que les choses ne se passaient pas comme je l'espérais ou comme je l'avais imaginé, c'était le moment quand je partais courir où j'avais l'impression de reprendre un peu le contrôle de ma vie. Je reprenais le contrôle de mon corps et je reprenais le contrôle de mes émotions. Quand on se sépare, quand on vit un moment extrêmement dark, ces émotions ne les maîtrisent plus, la tristesse elle est infinie. Et quand je partais courir, au final, la tristesse laissait place à d'autres émotions, à d'autres sensations. Et je me rendais compte au final que dans mon corps et dans mon cœur, bien que je sois profondément triste, il y avait encore de la place pour le bonheur.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, pour toi, le sport, il t'a vraiment permis de te reconstruire aussi ?

  • Speaker #1

    Il m'a permis de me reconstruire et de me réconcilier avec moi-même. Parce que j'étais maman solo, donc je me retrouvais avec un enfant en bas âge. Toute seule, à 30 ans, ce n'était pas du tout ce que je m'étais souhaitée. Et en fait, je m'en voulais parce que je me retrouvais seule à devoir élever mon fils qui avait à peine un an. Et donc, du coup, je m'en voulais de lui offrir ces perspectives-là. Et le fait de venir pratiquer du sport me permettait de me réconcilier avec moi-même et de faire la paix avec moi-même et de me dire que la vie, parfois, nous amène à vivre des moments vraiment pas faciles. Et ça arrive, ça fait partie de la vie, c'est comme dans la course à pied. Il y a des moments où ça va, puis il y a des moments où ça ne va pas, mais tout passe.

  • Speaker #0

    Et par rapport à justement ce besoin que tu as eu aussi à un moment donné de te mettre au sport, justement pour traverser aussi cette épreuve, est-ce que tu l'as fait plus pour... J'ai l'impression que c'était plus mental, mais est-ce que physiquement tu as vu aussi une transformation ?

  • Speaker #1

    Alors, oui, c'était véritablement un... Un appui mental et ça m'a permis vraiment de révéler un potentiel et des ressources, là où on tend à penser qu'on n'a pas de ressources. Et physiquement, ça m'a permis de me sentir plus forte. Quand vous êtes affaibli dans une situation sociale, dans une situation morale, le fait de se reconnecter avec soi-même, c'est le fait de se reconnecter avec ses sensations et de ressentir son corps là où on ne ressent plus son cœur. Et donc du coup, le fait de me sentir courir, c'était ressentir mon corps en mouvement parce que je ne ressentais plus grand chose en fait. J'ai été anesthésiée par la tristesse. Et donc moi physiquement, j'ai ressenti très rapidement des bienfaits. Les bienfaits font qu'on se sent bien physiquement, on se sent bien mentalement. Et c'est ce qui amène à l'envie de retourner courir. C'est parce qu'on se sent bien qu'on retourne courir. Donc moi vraiment, les sensations, elles étaient... tout autour du bien-être mental et du bien-être physique.

  • Speaker #0

    Et est-ce que toi, tu as fait ça aussi pour te prouver quelque chose à toi ou aux autres ? Est-ce qu'en tout cas, il y avait quelque chose où tu avais besoin de te prouver quelque chose par rapport au sport ?

  • Speaker #1

    Clairement, moi, le sport m'a permis de me prouver, encore aujourd'hui avec du recul, j'ai un regard qui est très différent. En fait, j'étais dans une phase de ma vie où j'avais le sentiment d'être... humilié, souillé et rabaissé constamment. Et donc du coup, je me suis dit, je vais prouver à tout le monde que vous vous trompez. Je ne suis pas ce que vous dites. Je suis ce que j'ai décidé d'être. Et donc je me suis inscrite à un marathon, et au marathon de Paris. Voilà. Moi j'avais besoin en fait de me prouver à moi-même que je n'étais pas ce qu'on disait de moi, et donc j'ai décidé très rapidement de partir sur le marathon de Paris. Et avec du recul, je me rends compte que les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles aujourd'hui je continue de pratiquer, ne sont plus du tout les raisons pour lesquelles je décide de m'inscrire à un marathon. Par contre je vois beaucoup d'émotions et beaucoup de bienveillance. sur les raisons pour lesquelles j'ai fait ce choix que je ne regrette pas et que je ne regretterai.

  • Speaker #0

    Finalement, tu avais besoin d'un objectif grand aussi pour pouvoir... Vraiment qu'il y ait une espèce de transition importante sur Suzy qui ne fait pas du tout de sport et Suzy qui d'un coup met ses baskets, mais ça ne sera pas pour rien en fait.

  • Speaker #1

    Exactement. J'avais besoin d'avoir de grandes ambitions parce que je voulais me prouver en fait que les gens avaient tort en fait. Ce qui était dit était faux. Et pour moi, à cette époque-là dans ma vie, vous imaginez bien que sans pratiquer de sport, envisager de courir un marathon, c'était le plus grand objectif que je pouvais me fixer. Donc je me suis dit, ok, si c'est ça qui est difficile, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es préparée justement pour ce premier marathon ? Parce que si je comprends bien, tu ne connaissais pas grand-chose au sport. Tu partais de zéro. Et du coup, comment on fait pour partir de zéro et d'arriver à terminer un marathon ?

  • Speaker #1

    J'ai eu la chance de rencontrer quand même des belles personnes qui ont su m'orienter parce qu'en fait, à ce moment-là, on m'a orientée auprès d'un club d'athlétisme dans la ville où je vivais. Mais la réalité d'un parent solo, c'est que c'était impossible pour moi de pouvoir suivre les propositions faites par le club puisque je ne pouvais pas venir aux entraînements puisque j'avais mon fils à charge. donc à ce moment là, je me suis dit Je pense que pour courir un marathon, il faut courir un peu plus souvent que ce que je faisais auparavant. Et moi, en fait, ce que je faisais, c'était que je partais courir trois fois dans la semaine. Généralement, j'y allais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir continuer ma vie de maman solo avec mes réalités et mes envies sportives. Et puis, les moments où je n'avais pas le choix et où j'avais mon fils, j'ai des souvenirs où mon fils était sur le stade et où je délimitais l'espace où il pouvait jouer. Et moi, je tournais autour de lui avec un œil sur mon fils en me disant « Ok, comme ça, au moins, tu fais ce que tu dois faire. » Et puis, tu as l'œil sur ton fils qui est juste à côté. C'est comme ça que j'ai préparé le marathon de Paris. Vraiment, avec beaucoup d'innocence, beaucoup de naïveté. Et vraiment, vraiment, avec du recul, je me dis « Mais qu'est-ce que c'était beau ! » De prendre le départ d'une course sans vraiment savoir ce que j'allais vivre. Parce que finalement, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout.

  • Speaker #0

    C'est beau ça. Et c'est vrai en même temps.

  • Speaker #1

    Mais c'est totalement ça. Moi, j'ai le souvenir du marathon de Paris où je me suis dit que je ne savais pas ce que je faisais là, je ne savais pas pourquoi, je ne savais même pas comment j'allais courir. Et je me souviens d'une scène où je passe le kilomètre 30. Il y avait eu tout un sketch à ce niveau-là parce que les organisateurs avaient placé un faux mur en écrivant « Vous passez le mur du 30e » . Mais moi, j'étais novice, je n'y connaissais rien. Donc je ne comprenais pas ce qu'on me disait. Je me disais, mais qu'est-ce qui va se passer au 30e kilomètre ? Et je m'étais dit, c'est incroyable, il y avait la tour Eiffel à côté de moi. Vous imaginez que moi, je ne suis pas parisienne. Donc courir dans la ville de Paris, qui est la plus grande ville au monde pour moi, dans un contexte de séparation, avec l'envie d'en découdre sur le marathon, en me disant, tu vas y arriver, quoi qu'il arrive, tu vas y arriver, c'était incroyable comme émotion. Je me souviens d'avoir passé le kilomètre 30 en me disant, tu l'as fait, et t'iras jusqu'au bout. Et je me souviens de cette arrivée vraiment incroyable sur les Champs-Élysées. Encore aujourd'hui, c'est le marathon qui m'a le plus marquée.

  • Speaker #0

    Oui, finalement, on n'oublie jamais sa première fois. Ça reste la première fois que tu as ressenti l'émotion d'un signifieur d'un marathon qui est assez incroyable.

  • Speaker #1

    Et c'est le plus beau marathon qu'on puisse faire. C'est celui où on découvre une facette de sa personne et on découvre une autre facette de la vie et des chemins du possible.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr parce que je trouve que ce qu'on entend beaucoup aussi par rapport au marathon, c'est les premières séances. Et les premières séances au rythme marathon, et on se dit comment je vais courir 42 km à ce rythme-là. Et c'est souvent, les plans sont souvent des potions magiques, des recettes magiques qui nous permettent le jour J d'y arriver. Donc est-ce que toi tu as ressenti ça justement ? Est-ce que tu as eu des peurs au début ? Est-ce que tu as eu des doutes sur ta capacité à terminer ce marathon ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, je dirais déjà, pour reprendre ce que tu viens de dire, qui est très juste, c'est qu'aujourd'hui, j'ai l'expérience et c'est mon métier d'entraîner. Et encore aujourd'hui, quand je suis à la veille de mon marathon, je me pose toujours la question à savoir, mais comment je vais courir à cette allure ? En fait, cette question, elle est totalement légitime, quelle que soit l'expérience sur la distance ou le niveau ou quelle que soit la vitesse. C'est normal de se poser cette question. Moi, à cette époque-là, en fait, je ne me posais pas la question de l'allure parce que je n'avais pas d'allure. En fait, je voulais juste finir mon marathon. Donc, je m'étais dit, bon, tu vas prendre le départ et puis tu verras bien comment ça va se passer. Par contre, j'avais surtout peur de ne pas le finir parce que ça me paraissait tellement incroyable de courir un marathon que j'avais peur de subir à un moment donné, d'être blessée. Enfin, il y a plein d'imagination qu'on peut associer au marathon. Et c'est pour ça que quand j'avais passé le kilomètre 30, je m'étais dit, OK, on va y arriver. Là, c'était écrit le mur du 30e. Tu l'as passé, donc le reste, ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et je voudrais revenir aussi sur ce que tu me disais, le fait d'être une maman solo et que ce n'est pas facile justement de pouvoir faire du sport, avoir du temps pour toi. Toi, justement, comment tu as fait pour le mettre en place ? Tu me disais tout à l'heure en effet que tu emmenais ton fils sur ton lieu d'entraînement.

  • Speaker #1

    Oui, moi, c'était vraiment mon mode de fonctionnement. En fait, moi, quand j'ai commencé à faire du sport, avant de me mettre à faire de la course à pied, j'ai commencé par faire énormément de renfots. Parce que du coup, ma réalité, c'est que j'avais tout le temps mon fils avec moi. Et si je n'avais pas mon fils, c'est que j'étais au travail. Du coup, j'avais investi dans du matériel à domicile. Et en fait, j'ai des souvenirs de mes dimanches avec mon fils qui jouait avec ses Playmobil à côté de moi et où moi, je faisais mes séances de gainage pendant des heures et des heures et où j'avais le sentiment de ressentir un bien-être, le sentiment de toujours transpirer mes soucis, de me sentir toujours mieux après avoir fait ma séance de renfort. Donc au début, ça s'est d'abord intégré avec du renforcement musculaire et où c'était plus simple pour moi de pouvoir le caler parce que mon fils était à côté. Et j'étais à la maison, donc en fait, on arrivait facilement à tout conseiller. Après, quand il a fallu courir, c'est vrai qu'à ce moment-là, c'était très, très compliqué pour moi. Et donc, si je n'avais pas de relais, c'est-à-dire si je n'avais pas de nounou pour garder mon fils, c'était vide-vu, en fait. Je courais autour de lui et je courais pendant ma pause déjeuner, ce qui me permettait de pouvoir récupérer le soir mon enfant et puis rester avec lui et jouer mon rôle de parent à ce moment-là. Et vraiment, c'est important pour moi de... de parler de cette phase de ma vie, parce que j'ai un profond respect pour tous les parents solos. Non pas que je ne respecte pas ceux qui ne sont pas solos, pas du tout, parce que je sais aujourd'hui qu'il y a d'autres difficultés et je le vis au quotidien. Mais ce n'est pas du tout ça. Je pense que ce n'est pas facile de se mettre au sport, ce n'est pas facile quand on a des responsabilités de parents, et c'est encore moins facile quand on est seul et qu'on n'a pas de relais. On peut être dans une configuration de parents ... avec, on est deux parents et on a des enfants et on n'a pas de relais, c'est pas facile. Et quand on est parent solo et qu'on n'a pas de relais, c'est pareil. La difficulté fait que ça peut être encore plus difficile de se mettre au sport et ça peut être encore plus difficile de maintenir cette activité sportive. Et du coup, moi, vraiment, je félicite toutes ces personnes qui ont, malgré toutes leurs casquettes, toutes leurs difficultés du quotidien, réussissent quand même à se dégager du temps pour pratiquer le sport qui leur permet de se sentir bien dans leur vie.

  • Speaker #0

    Du coup, le marathon de Paris, j'ai l'impression qu'il a été un vrai déclencheur, un vrai déclic pour toi. Et du coup, c'était quoi l'étape d'après ? Déjà, qu'est-ce que tu as ressenti en franchissant cette ligne d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je me souviens d'avoir été fière de l'avoir fait et de m'être dit, c'est possible. Si ça, c'est possible, tout est possible. Et là, je pense qu'il y a quand même quelque chose qui s'est passé au niveau de mon état d'esprit où j'ai commencé à prendre confiance en moi. Pas prendre confiance en moi par rapport à la course à pied, c'était pas du tout ça. C'était prendre confiance en moi sur la femme que j'étais. Et de me dire, ok, t'es là pour toi. Donc, no stress en fait, ça va aller. Ça va aller la suite, même si tu passes des moments difficiles, tout va aller. Et après, d'un point de vue sportif, j'ai pas vraiment fixé d'objectif. Moi, mon objectif, c'était de me prouver à moi-même que j'étais pas ce qu'on disait de moi. Et là, j'avais atteint l'objectif. La suite, la fin d'année, elle s'est passée de manière... assez classique, c'est-à-dire que j'ai continué à maintenir mon activité sportive sans vraiment grandes ambitions. Par contre, l'année qui a suivi, j'ai choisi de faire de nouveau un marathon et j'avais fait le marathon d'Annecy, pareil, sans vraiment me préparer. Voilà, je courais quand je pouvais, je courais dans un contexte très compliqué, encore une fois, mais j'avais voulu faire ce marathon d'Annecy.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais du coup que ce marathon et ces marathons que tu as faits là sur ces premières années de pratique, est-ce que pour toi c'était une victoire ? Est-ce que tu l'as vécu comme une victoire personnelle ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai vécu comme une victoire personnelle par rapport au fait que je faisais partie de toutes ces petites filles issues de quartier et où je n'avais jamais pratiqué en fait. On pratiquait le sport pour aller en bas jouer au foot en fait, c'était tout le sport que je pratiquais. Et je me dis que ça a été une victoire pour cette petite fille. pour cette petite Suzanne qui n'aurait jamais envisagé à un moment donné faire du sport, qui n'aurait jamais cru pouvoir faire du sport. Et ça a été une victoire par rapport à tout ce qui avait été dit à mon sujet.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que s'il y a des auditeurs et des auditrices qui ont été sur la ligne d'arrivée de marathon, on voit ces coureurs franchir la ligne d'arrivée avec les mains en l'air, levé de la victoire. Et finalement, je trouve que le sport, peu importe qu'on finisse premier ou dernier, ce n'est pas une question de classement ou de temps, c'est une question de réussir ce marathon, de réussir à franchir cette ligne d'arrivée. Et je dis toujours, c'est à chacun sa victoire. Un marathon, c'est... tout le monde du premier au dernier lève les bras au ciel et que c'est vraiment une victoire personnelle et aussi collective puisque de toute façon l'objectif pour tout le monde c'est de franchir cette ligne d'arrivée est-ce que c'est un sentiment que tu ressens aussi quand tu vois des gens franchir une ligne d'arrivée ou quand toi tu l'as franchie ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi c'est vraiment ce sentiment là parce que en fait peu importe encore une fois le niveau, l'expérience on franchit tous la même ligne d'arrivée c'est quelque chose qui unit, c'est à dire qu'on a beau parler d'un sport individuel. Il est individuel dans ce qu'il nous fait vivre individuellement dans notre corps mais il a une dimension collective à partir des émotions partagées sur une compétition. Des émotions partagées sur une ligne de départ, sur une ligne d'arrivée. Je vous donne juste un exemple. Moi, c'est quelque chose qui me marque. Quand je cours en compétition, je suis assez attentive à la respiration et au bruit des foulées. Et en fait, je me dis, tu vois, Là, tu es dans ton corps, peut-être que tu es en souffrance, mais sache que tous ceux qui sont autour de toi, ils vivent la même chose que toi. Tu ne les connais pas et tu vis quelque chose de collectif. Tu partages la même expérience. Et je suis convaincue qu'on a tous ce souvenir de se dire, à la ligne d'arrivée, j'ai franchi, et puis j'ai pris dans mes bras ou j'ai félicité quelqu'un que je ne connaissais pas au départ, je ne savais pas du tout qui il était, mais en fait, ouais, c'était trop bien, merci pour cette course et tout. Ben c'est ça. C'est ça la dimension collective de la course à pied. C'est ce qui fait d'ailleurs que je suis passionnée de course à pied. C'est parce qu'au-delà d'un sport individuel, c'est une histoire collective qu'on écrit.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et d'ailleurs, moi, je l'ai vraiment vécu lors de mon premier marathon. Ce côté, en fait,

  • Speaker #1

    collectif.

  • Speaker #0

    Pour moi, l'athlète, c'était un sport individuel. Et en fait, à partir du moment où tu fais du marathon, c'est là où ça devient collectif parce que tu ne cours jamais seul. Parce que tu as des gens qui te disent, on va le faire, on va le faire ensemble. Et puis parce que cette anecdote que tu dis où tu franchis la ligne d'arrivée, tu as juste envie de prendre le premier à côté de toi et de lui faire un gros câlin.

  • Speaker #1

    Mais c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que tu partages.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai récemment fait une course où j'ai subi la course parce que j'ai été malade. Bref. Et en fait, pendant la course, vu que je n'étais pas bien et que j'étais totalement free, en train de me dire, bon, l'objectif, c'est juste d'arriver et de rentrer chez toi. Et bien, en fait, sur le parcours, j'ai le souvenir d'avoir vu des gens qui étaient vraiment au bout de leur effort et qui se donnaient. où je voyais qu'ils étaient dans un effort. Et je me souviens de la ligne qui était tellement longue pour arriver justement à l'arrivée. Et il y avait un mec à côté de moi où je lui disais, « Allez, on y va, on lâche rien ! » On ne se connaissait pas du tout. Je ne savais pas qui c'était. On a couru ensemble pendant un kilomètre à se dire, « Allez, jusqu'au bout, jusqu'au bout ! » C'est cette dimension qui fait qu'on prend tous nos baskets et on décide tous de s'inscrire à des compétitions. C'est le partage de l'émotion et le partage de l'effort. Dans la difficulté... dans tout ce que ça peut nous faire vivre au niveau de la course à pied.

  • Speaker #0

    Et le sport, du coup, c'est aussi un vecteur social. Et c'est vrai que c'est des moments partagés. Est-ce que toi, tu le vis aussi dans ta pratique au quotidien ? Est-ce que c'est un moteur pour toi aussi de partager ces moments sportifs avec d'autres personnes ?

  • Speaker #1

    Oui, et ça l'est d'autant plus que moi, je m'entraîne tout le temps toute seule. Ce n'est pas facile, mais c'est aussi ma réalité du jour. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, moi, quand je m'entraîne, je suis toute seule. Et j'en vis... toutes les personnes qui arrivent à trouver des groupes d'entraînement, vivre, s'entraîner ensemble, c'est génial. Donc du coup, pour moi, la dimension de compétition me permet justement de vivre et de ressentir ce dont on parle, parce que moi, je ne le vis pas au quotidien.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais transmettre justement ce déclic à quelqu'un qui hésite à se lancer, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais de prendre une feuille et de prendre un stylo et d'écrire sur cette feuille la personne Quelle envie d'être ? Voilà. Là, dans un an, qu'est-ce que t'as envie d'être ? Qu'est-ce que t'as envie de devenir ? Tu mets tout. Tu mets le sport, tu mets tout dans ta vie. Et ben voilà, tu prends cette feuille, tu l'écris, tu te donnes une date et tu te dis rendez-vous dans un an. Et voilà, maintenant quels sont les moyens que je vais faire pour atteindre l'objectif que je me suis fixé ? T'as envie de courir un semi-marathon ? Ok, très bien. T'as décidé de courir un semi-marathon. Quels sont les moyens que je vais me donner pour le faire ? En fait, cette feuille... C'est une page blanche. Et qu'est-ce qui fait, qu'est-ce qui est important dans la page blanche ? C'est le champ des possibles. Tout est possible. On croit à tort que non, c'est pour les autres. Non, moi, je n'ai pas fait de sport avant. Je n'ai pas fait d'école d'athlète. En fait, non, c'est faux. Moi, je n'ai rien fait avant. Ça ne m'a pas empêché de courir des marathons. Et je suis une parmi tant d'autres qui ont vécu la même chose. Donc, prends cette feuille. Écris ce que tu as envie de devenir. Donne-toi une deadline et dis-toi quels sont les moyens que je me donne. Il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même.

  • Speaker #0

    Et justement, quelqu'un qui partirait d'une feuille blanche et qui se noterait, par exemple, j'ai envie de faire un 10 km. Toi, tu conseilles à cette personne-là, elle n'a jamais fait de... Enfin, en tout cas, le sport n'est pas ancré dans son quotidien. Et cette personne, elle te dit, moi, je n'aime pas courir aussi parce qu'elle ne court pas régulièrement. On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    La régularité. Je préfère peu, mais bien. Parce que ce qui est important... c'est d'inscrire dans son quotidien quelque chose qui va devenir un rituel, un rythme. Donc, si par exemple, cette personne ne peut courir que deux fois, c'est très bien deux fois. Deux fois, c'est déjà bien. On va déjà commencer par un début, parce que les gens qui vous disent, non, c'est pas suffisant. Bon, écoutez, on va déjà prendre le début. La personne, elle peut courir deux fois. Tu préfères qu'elle courre deux fois ou qu'elle ne courre pas ? Et bien voilà, donc on part sur le début. Et après, on vient installer la régularité. Il vaut mieux partir sur une réalité. C'est-à-dire, je peux courir deux fois par semaine et je suis sûre que je vais pouvoir les tenir, plutôt que de vouloir en faire trop d'un coup et ne pas réussir à tenir sur le long terme parce qu'on s'épuise à vouloir en faire trop. Donc, deux fois par semaine. Et qu'est-ce qu'on fait pour pouvoir s'inscrire dans quelque chose d'engagé ? Eh bien, on se le note. On note dans son agenda des temps qui nous sont consacrés. Parce que c'est ça le plus difficile. C'est de prendre du temps pour soi. Vous savez, au quotidien, on arrive toujours à prendre du temps pour les autres. prendre 5 minutes pour votre ami, prendre 5 minutes pour vos enfants, prendre 5 minutes pour votre couple, mais pour soi. Est-ce qu'on les prend ces 5 minutes ? Donc dans son emploi du temps, on va prendre un petit moment pour soi. Et ce moment, on va le prendre deux fois dans la semaine. Et vous allez voir qu'au bout d'un mois, finalement, vous avez réussi à tenir l'objectif qu'on s'était fixé. Et puis de là, en fait, de la régularité va s'inscrire la progression, la progressivité. Parce que ce qui compte, ce n'est pas d'aller vite. c'est d'y aller progressivement, mais de le faire à son rythme. Ça veut dire que dans un premier temps, une personne qui n'a jamais couru, on va déjà essayer de s'inscrire dans une démarche sportive, une dynamique sportive. Habituer le corps à un effort. Pourquoi ? Parce que souvent, il y a un décalage entre le corps et l'esprit. Quand l'esprit, il est prêt, le corps ne l'est pas forcément. Il faut accepter qu'il ait besoin de temps. Donc, un temps pour s'habituer à cet effort-là, avant de venir augmenter progressivement. soit le volume d'entraînement, soit la charge d'entraînement, mais accepter qu'il soit nécessaire d'avoir du temps pour devenir ce qu'on a envie de devenir et d'atteindre ses objectifs.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, dans ta routine sportive, elle ressemble à quoi ? Tu disais tout à l'heure, en préambule du podcast, tu disais que tu étais du coup maman de deux enfants, que tu étais coach. Tu crées aussi du contenu sur Instagram. Comment t'arrives justement... à t'organiser pour pouvoir rajouter aussi tes nombreuses séances, puisque du coup, tu fais aussi du marathon, tu fais aussi de la piste l'été, enfin bref, tu fais quand même beaucoup aussi de compétition. Comment t'arrives justement à réussir à tout caser dans ta journée ?

  • Speaker #1

    En fait, aujourd'hui, j'arrive à structurer davantage mes activités sportives et à accepter qu'il y a des moments où je vais, par exemple... mes enfants, je vais laisser mon fils au péri-scolaire pour que je puisse avoir un temps supplémentaire pour moi. Je vais me dédier un moment au début de journée quand les enfants sont partis à l'école pour que je puisse aller m'entraîner ou en fin de journée ou du temps de midi. En fait, ce qui fait que j'arrive à me consacrer tout ça, c'est l'organisation. Moi, ma semaine, elle est organisée de manière à ce que dès le lundi matin, je sais quand est-ce que je m'entraîne et quand est-ce que je suis au bureau. Et ça, c'est important parce que, en fait, quand on a une une une entreprise en l'occurrence, on peut vite être happé par son activité et ne plus avoir de temps pour soi en dehors du travail et de ses responsabilités familiales. Et donc là, pour moi, c'est important que dans ma semaine, je me consacre, je me fixe des créneaux où je sais que là, c'est mon temps pour moi, pour m'entraîner. Et du coup, c'est comme si pour moi, c'était ma pause de ma journée parce que ça ne me repose que de partir m'entraîner, même si parfois les séances me stressent ou demandent beaucoup de charge mentale ou d'engagement mental. mais Du coup, c'est une pause dans ma journée que je me consacre.

  • Speaker #0

    Et c'est finalement ancré aussi dans son planning de la semaine. Voilà, ces moments de sport, ça peut être quand vous avez une entreprise où vous avez des douches, ça peut être aussi du coup les ancrer sur des pauses déjeuners, ça peut être le matin, le soir. Mais c'est sûr que s'ils sont dans l'agenda, ils ne bougent pas. Il n'y a pas de déj qui se met à la place, il n'y a pas de réunion qui se met à la place. c'est vrai qu'ancrer ces moments... que ça soit quand on est tout seul, il faut les ancrer. Quand on y va à plusieurs ou au niveau d'un club, au moins, c'est vrai qu'on a des horaires fixes. Et c'est comme ça qu'on arrive à pouvoir les intégrer dans son quotidien et finalement que ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Moi, je pars du principe que c'était un peu le fonctionnement qu'on avait quand on était plus jeune et qu'on allait à l'école. Et moi, je n'aimais pas le sport, mais du coup, c'était dans mon emploi du temps. J'y allais parce que c'était écrit. C'est exactement pareil aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai un emploi du temps, avec des horaires, avec des engagements. Et en fait, encore une fois, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, il n'y a pas plus grande promesse que la promesse qu'on se fait à soi-même. Je me suis promis ce temps dans ma journée, je me prends ce temps dans la journée, parce que pour pouvoir être un parent disponible et disposé, pour pouvoir être une femme sereine, il faut que je prenne ce temps pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et la routine, elle se crée au fur et à mesure. C'est-à-dire qu'il faut, il me semble, en créer quelque chose pendant un mois pour que ça devienne une routine. Donc, il faut faire l'effort. Parfois, on n'aura peut-être pas envie. Et justement, c'est un sujet dont j'ai envie de parler avec toi. Comment on arrive à rester motivé ? Est-ce que toi, tu as des tips à donner pour que finalement, on ne perde pas justement cette routine sportive et qu'elle continue à perdurer ?

  • Speaker #1

    Alors, je préfère le dire et être honnête, je ne suis pas tout le temps motivée. Il y a des jours, je ne suis pas du tout motivée. Et je l'accepte. Déjà, c'est le premier fait, c'est de se dire « Ok, tu n'es pas motivée, ça arrive en fait. » On a le droit de ne pas être motivé. Par contre, à la motivation, prend le dessus la discipline. Moi, c'est surtout ça. C'est-à-dire que ce n'est pas la motivation qui drive mes entraînements, mais c'est ma discipline qui fait que je m'entraîne. La discipline est la promesse que je me suis faite. Quand j'ai décidé de me préparer pour le marathon de Séville, autant vous dire que sur la prépa hivernale, où il faisait froid, moche, gris, vent, il y avait des jours où je n'avais pas du tout. envie de faire des sorties longues. Pourtant, j'y allais parce que j'avais rendez-vous avec moi-même le 23 février. Et si je voulais être prête pour ce rendez-vous, il fallait que je me prépare. Donc du coup, c'est pour moi la discipline qui fait que, et c'est le fait que ce soit inscrit dans l'agenda. C'est-à-dire que quand dans l'agenda, il est noté que je dois faire telle séance, je ne me pose pas de questions. Je ne suis pas motivée, ce n'est pas grave. Pas motivée, tu ne te poses pas de questions, tu poses ton cerveau et tu pars t'entraîner. Ça fait vraiment la différence. Parce que si on attend la motivation pour aller s'entraîner, parfois on va l'attendre longtemps. Donc du coup, il faut accepter qu'il n'y ait pas tout le temps la motivation, c'est pas grave. On fait ce qui est prévu, c'est beaucoup. Et on fait de son mieux surtout.

  • Speaker #0

    Oui, finalement la motivation, l'élément déclencheur, c'est parfois le déclic, c'est la motivation de j'ai envie de faire tel sport, j'ai envie de faire telle compétition, mais finalement c'est la discipline qui va prendre le relais et qui va faire que justement ça va perdurer et on va réussir à remplir notre objectif.

  • Speaker #1

    Toujours. La discipline pour moi c'est ce qui fait toute réussite dans la vie, que ce soit dans le milieu de l'entrepreneuriat comme dans le milieu sportif, c'est ce qui fait qu'un étudiant réussit aussi ses concours, ses examens, c'est la discipline et la rigueur.

  • Speaker #0

    Du coup, Suzy, là maintenant, j'aimerais bien qu'on parle aussi de tout ce que tu ressens dans ton entraînement. Comment tu te sens toi pendant ta pratique ? Quelles sont les émotions qui te traversent ? Quelles sont les sensations qui te traversent pendant et aussi après ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a plusieurs émotions. L'émotion principale, c'est la liberté. La liberté et l'émotion recherchée, c'est l'état de flot. L'état dans lequel je suis. Quand notamment j'étais en prépa marathon sur mes sorties longues, j'étais dans un état de flot, c'est-à-dire que j'étais là mais je n'étais plus là. Cet état où je pouvais courir comme ça pendant des heures sans me rendre compte de la fatigue générée ou de l'effort que j'étais en train de réaliser. Donc ça c'est ce que je recherche. La liberté c'est ce que je ressens à chaque fois que je cours et je me sens toujours mieux après qu'avant. C'est-à-dire que tout à l'heure on parlait de motivation, en attendant on ne regrette jamais d'être allé courir. Et ça c'est important aussi de le souligner. Pour autant, il y a des émotions parfois qui ne sont pas faciles à vivre en course à pied, et je n'ai pas du tout de gêne à l'évoquer, notamment le stress qu'on peut ressentir sur certaines séances, le stress, également la difficulté. C'est quelque chose que moi j'ai pu ressentir sur certaines séances, parce que typiquement quand je fais le choix de me challenger sur des compétitions sur piste, ce n'est pas un effort naturel pour moi, puisque en ayant commencé l'athlétisme sur le tard, Et en ayant commencé le demi-fond sur le tard, autant vous dire que ce n'est pas naturel pour moi de courir du 1500 mètres. Et donc, il faut accepter aussi que les sensations associées à la course à pied et dans les efforts difficiles, le sentiment du dépassement de soi passe aussi par le fait de repousser ses limites. C'est jamais facile de repousser ses limites. C'est accepter que parfois c'est difficile et c'est pas parce que c'est difficile qu'on va pas y arriver. En fait, il faut accepter qu'il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour... S'entraîner, il y a un temps pour atteindre et révéler tout le travail réalisé pendant les entraînements. Les entraînements sont là pour, parfois, pas vous mettre en difficulté, mais pour repousser les limites qui nous mettent en difficulté. Et ces sentiments-là, ils sont finalement partagés par tous, encore une fois, quelle que soit l'expérience, quel que soit le niveau. On ressent tous ce moment dans une séance où on se dit « Mais je ne vais pas y arriver, je ne tiendrai pas jusqu'à la fin. » Mais en fait, si, vous allez tous y arriver et vous allez tous tenir jusqu'à la fin. Ça fait partie aussi... de l'entraînement course à pied.

  • Speaker #0

    Je voudrais qu'on aborde aussi ton métier de coach. Aujourd'hui, tu accompagnes des coureurs qui ont envie de se mettre à la course à pied ou qui ont envie de se lancer un défi, de progresser sur un 10 km, un semi, un marathon. Qu'est-ce qu'ils viennent chercher, ces coureurs, auprès de toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les personnes qui font appel à moi, il y a deux choses. C'est déjà libérer toute charge mentale associée à l'entraînement. Il faut être honnête, aujourd'hui on n'a plus le temps. On n'a plus le temps de se poser la question, de savoir mais qu'est-ce que je vais faire ce soir quand je vais m'entraîner ? Parce qu'on a déjà nos emplois du temps qui sont tellement chargés qu'on a juste parfois besoin que quelqu'un nous dise ce qu'on doit faire. Donc ça c'est la première chose. Quelqu'un qui, par son expertise, va être capable de vous dire aujourd'hui tu fais ça, pose ton cerveau, fais ça et tu verras, tu te sentiras bien et on atteindra ton objectif. Donc ça c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est le sentiment et c'est la recherche du dépassement de soi. C'est quand même difficile aujourd'hui d'atteindre ce niveau de dépassement, je veux dire, de réussir à aller se challenger, à sortir de sa zone de confort tout seul. Parce qu'entraîner est un métier. Et que c'est aussi ce qu'on recherche quand on fait appel à un entraîneur, c'est son expertise de lui dire, ok, pour atteindre cet objectif, moi je pense que tu devrais passer par ce chemin, c'est peut-être le meilleur chemin pour atteindre ton objectif. Il n'y a rien de mathématique. Ce n'est pas parce que vous allez faire tel entraînement que ça va donner tel résultat. Mais en tout cas... L'entraîneur va donner toutes les possibilités pour qu'on atteigne l'objectif le jour envisagé. Donc les gens qui font appel à moi aujourd'hui font appel à moi pour enlever toute charge mentale et pour pouvoir avoir l'expertise d'un entraîneur qui va vous amener à vous challenger.

  • Speaker #0

    Comment tu les vois évoluer justement les personnes que tu suis grâce à ton coaching ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je vois évoluer les gens sur des années parce qu'il y a des personnes que j'entraîne depuis des années. Et je trouve que c'est toujours... Il y a de l'émotion associée à ça, parce que quand vous voyez une personne qui vous contacte au début, je pense à une personne en particulier qui s'appelle Ophélia, elle m'a contactée au début, elle était enceinte, elle était sur la fin de sa grossesse, pour l'accompagner en postpartum, donc la reprise course à pied après l'accouchement de son premier enfant. Elle a eu son accouchement, et en fait, moi je l'ai vue accoucher, je l'ai vue reprendre la course à pied postaccouchement, je l'ai vue prendre un premier dossard postpartum, Et puis, je l'ai vue venir petit à petit glisser dans une pratique de challenge, de relever des défis, de revenir sur marathon, sur semi-marathon, de vouloir revenir sur le niveau qu'elle avait avant sa grossesse, d'aller plus loin que le niveau qu'elle a eu avant sa grossesse. Je l'ai vue évoluer. J'ai vu une jeune femme devenir mère, devenir mère accomplie, réussir à concilier toutes ses casquettes et se challenger en course à pied. Et je trouve qu'il y a une émotion particulière parce que c'est comme une fleur que vous êtes en train de voir éclore, qui prend de plus en plus confiance et qui finalement ne se voyait pas faire certaines courses ou certaines allures et qui se voit se challenger et se dire « mais je n'aurais jamais pensé courir à cette allure-là » . Donc pour moi, quand on est entraîneur, C'est plus qu'entraîner. Entraîner, faire un plan d'entraînement, oui, non. Entraîner. Entraîner une dynamique. Élever les gens au meilleur niveau, à la meilleure version de soi. Je trouve que c'est comme ça que moi, que je considère mon métier, et c'est comme ça que je vois les gens évoluer.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on ne le répétera jamais assez, que le sport, c'est un booster de confiance en soi.

  • Speaker #1

    Ah mais oui. C'est un booster de confiance en soi. C'est un booster de... de plein d'émotions. Pour moi, je ne sais plus qui, et je m'en excuse, qui avait dit en fait que le sport est le meilleur moyen de révéler votre personnalité. C'est à travers le sport qu'on se révèle. Moi, vous savez, avant de faire du sport, je ne m'étais jamais vue compétitrice, mais jamais de la vie. Je ne m'étais jamais sentie, ressentie dans ces émotions-là. Et en fait, c'est la course à pied qui m'a rendue ou qui m'a révélée à moi-même que j'étais finalement quelqu'un qui pouvait être compétiteur. Ce n'est pas quelque chose de négatif, c'est plutôt positif. Et aujourd'hui, dans mon activité, j'ai aussi besoin de ça. C'est quelque chose qui dynamise mon activité. C'est quelque chose qui dynamise ma pratique sportive. Donc, je pense que le sport est un véritable booster en confiance en soi et révélateur de personnalité.

  • Speaker #0

    Tu parlais justement des émotions. Est-ce que tu as un souvenir particulier qui te marque de ta pratique sportive qui reste gravé à jamais dans ta mémoire ?

  • Speaker #1

    Un souvenir qui est très particulier, puisque c'était il y a deux ans, je fais une compétition à Lyon sur piste, et c'était à 1 500 mètres, donc c'est 1 500 mètres sur piste. C'est des efforts qui sont très très intenses, et quand même globalement, les personnes avec qui je cours sont des filles qui ont toujours couru sur piste, ou qui ont toujours couru. Je fais quand même partie des plus vieilles qui prennent le départ sur piste, Donc c'est pas forcément un milieu dans lequel... dans lequel je suis le plus à l'aise parce que ce n'est pas le milieu dans lequel j'ai grandi. Mais c'est un milieu dans lequel je me sens à l'aise aujourd'hui parce que c'est un milieu qui me plaît. Et quand je prends le départ de cette course, je prends le départ et je pense que j'ai pris énormément de... Je me suis énormément challengée sur cette course et je fais un résultat où ni moi, ni Olivier qui m'entraîne ne s'attendait à ce que je fasse ce résultat-là. Parce que je me souviens, en fait, passer aux 1000 mètres et je l'entends hurler, mais... hurler à un point où il me dit, il ne faut pas lâcher, vas-y ! Et en fait, à ce moment-là, il y avait des filles qui partaient. Et je me suis dit, à ce moment-là, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Il faut que tu les accroches au maximum. Et ces filles, je les ai accrochées autant bien que mal, et là, je finis mon 15 ans à mon niveau, évidemment. Mais c'était un chrono que je n'aurais jamais envisagé de faire, quoi. J'étais grave choquée, en fait, à ce moment-là, en me disant, tu vois, comme quoi tout est possible. Même à cet âge-là, quoi. Ça, ça a été vraiment une expérience qui m'a beaucoup marquée en course à pied, en athlée pure.

  • Speaker #0

    Et juste pour revenir à ce souvenir-là, de ce que j'entends aussi, et c'est vrai que toi, du coup, tu as commencé l'athlée sur le tard, et autant j'ai l'impression que tu as l'impression d'avoir toute ta légitimité sur la route, autant j'ai l'impression que tu as un petit syndrome de l'imposteur sur la piste, et que du coup, finalement, ce chrono-là que tu ne pensais pas possible... il est lié à ça, finalement, aux barrières finalement, qui peuvent être mises sur la piste en disant, la piste, c'est pour les petites jeunes, c'est pour ceux qu'on a toujours fait, moi, j'arrive après tout le monde sur la piste, et du coup, est-ce que t'as pas ce syndrome de l'imposteur sur la piste ?

  • Speaker #1

    Complètement, mais complètement. Combien de fois Olivier m'a dit mais, quand je lui disais, mais pourquoi je suis engagée dans cette série ? Bah, parce que t'as fait tel chrono. Ouais, mais c'est pas sûr qu'aujourd'hui, je refasse tel chrono. En fait, y'a vraiment ce côté de se dire, mais aujourd'hui j'ai du mal à... à me sentir légitime sur la piste parce que pour moi, c'est un milieu qui est quand même très différent de celui qu'on peut croiser en running. Pour autant, je n'ai jamais ressenti une émotion négative de la part des gens avec qui je cours. C'est-à-dire que ce sentiment, je l'ai juste moi-même. C'est des a priori que j'essaye de déconstruire en me rendant compte que la légitimité, personne ne vous la donne. Dans la vie, personne ne vient vers vous en vous serrant la main, en vous disant c'est bon, tu es légitime, tu peux faire ce que tu es en train de faire. C'est nous. qui nous limitons dans ce que nous sommes en train de réaliser. Et je pense que ce jour-là, j'ai pris le départ de la course sans me poser de questions. Et je pense que c'est ce que j'ai fait de mieux dans ma vie. C'est-à-dire prendre le départ d'une course sans arrêter de me poser 12 000 questions, suivre tant bien que mal, et puis arriver au bout en étant fière de ce que j'ai réalisé.

  • Speaker #0

    C'est vrai que justement, pour celles et ceux qui aimeraient se mettre au sport et à un sport potentiellement particulier, Et c'est vrai que c'est beaucoup plus facile de pousser la porte des clubs quand on a une dizaine d'années, que finalement, tout le monde s'inscrit en septembre à une activité qui est souvent poussée par les parents. Mais quand on a envie de faire les choses un peu plus tard, c'est pas toujours facile de se dire où est-ce que je vais aller, à quel club je vais aller toquer, que je peux commencer telle pratique ou tel sport. 30 ans à 40 ans et justement toi en tant que coach quel conseil tu donnerais à quelqu'un qui a envie de se lancer peu importe son sport pour justement aussi trouver Les bonnes personnes, les bonnes ressources, le bon club qui va accueillir correctement.

  • Speaker #1

    Alors je te remercie de souligner ça parce que ça c'est vraiment... quelque chose que j'ai ressenti. C'est-à-dire que moi, par exemple, quand j'ai débuté la course à pied, je n'osais pas aller sur piste en me disant « Non, mais je vais me foutre la honte, je vais aller sur piste, je ne sais même pas ce que je dois faire, je n'ai pas le niveau, ça doit courir vite, moi je ne cours pas vite, il faut que je mette des pointes. » Mais même avant même de faire des pointes, juste d'aller faire une séance de fractionnés, je n'osais pas aller sur piste. Je n'osais pas, en plus, je ne connaissais pas trop le fonctionnement des clubs d'athlétisme. Du coup, je me disais, mais ça se trouve... on va te dire, mais non, excusez-moi, c'est notre place, c'est notre club, c'est notre piste. Donc, je n'osais pas. Et en fait, je me suis rendu compte que c'était totalement faux. C'est-à-dire que le club en question, c'est le club qui se situe dans la ville où j'ai grandi à Saint-Chamond, excusez-moi, Saint-Chamond, près de Saint-Étienne. Le club, c'est Franck qui l'encadre. Et je lui fais un petit coucou s'il m'écoute parce que ce n'est pas du tout sa mentalité. Lui, c'est quelqu'un qui justement accueille toute personne qui a envie de se challenger. et c'est quand même... comme ça que moi je vois l'athlète. C'est aujourd'hui mon job, je suis entraîneur en club d'athlétisme et peu importe le niveau des personnes qui viennent me voir, peu importe leur expérience, je les accueille. Parce que c'est ça l'athlétisme, c'est ça la course à pied. On se fiche de savoir si vous avez couru des marathons avant, peu importe. En fait, la piste, elle est ouverte à tous. C'est nous qui nous empêchons d'y aller. D'ailleurs, cette année, ça fait deux ans, j'ai des nouvelles personnes dans mon club d'athlète et en fait, c'est moi qui les ai poussées. en leur disant, allez les filles, allez sur piste, je suis sûre que ça va vous plaire. Et au début, elles étaient là, non mais t'es sûre Suzy, j'ose pas, etc. Je te dis que tu peux y aller, vas-y. Et je pense que ça, il faut vraiment qu'on se le dise, il n'y a personne qui peut vous empêcher. Vous avez envie d'aller vous entraîner sur piste, allez-y. Vous avez envie de vous tester sur des compétitions sur piste, allez-y. Allez découvrir le monde. Ce serait tellement dommage de passer à côté et se dire, mais je ne l'ai pas fait, j'aurais dû. Non, on se fiche de savoir ça. Allez-y, testez et vous verrez par vous-même.

  • Speaker #0

    Et finalement, on peut tester un club, on peut tester un coach. Si ça ne nous plaît pas, on peut aussi refermer des portes pour en rouvrir d'autres. Il ne faut pas non plus... En tout cas, on a le droit de se tromper aussi. On a le droit de tester plusieurs choses avant de trouver soit le sport qui nous correspond ou soit en tout cas le coach ou le club qui nous correspond aussi.

  • Speaker #1

    Pour moi, ce n'est même pas se tromper. Pour moi, c'est une histoire de domino la vie. Il y a toujours eu ce domino, et pour qu'il y ait le domino suivant, en fait, il y a tout l'enchaînement des dominos. Vous voyez, tu fais une ligne de dominos, et le domino tombe parce qu'avant il y en avait un, et parce qu'avant, et parce qu'après, etc. C'est exactement ça la vie. En fait, ce n'est pas le fait de se tromper, c'est le fait qu'il fallait passer par cette expérience pour aller vers l'autre expérience. Peut-être qu'il fallait faire la rencontre de cet entraîneur, de ce coach, ou de ce club, ou de cette pratique, pour aller vers ce qui va vous suivre. Donc, quand une porte se ferme, il y en a toujours une qui s'ouvre en même temps. Il faut juste prendre le temps d'accepter qu'il y a un temps entre le moment où on prend conscience qu'une porte s'est fermée pour aller vers la porte qui s'ouvre.

  • Speaker #0

    Je voudrais maintenant aborder un peu tes sources de motivation. On en a aussi un petit peu parlé tout à l'heure. En effet, il y a d'abord la motivation, et puis après, c'est la discipline aussi qui prend le relais. Et quand bien même tu me disais tout à l'heure que tu n'as pas toujours en effet cette motivation, que c'est cette discipline qui prend ce relais-là. Est-ce que toi, ça a aussi... des personnes, que ça peut être des sportifs, des proches, des mentors, un coach, qui t'inspirent et qui aussi te permettent de te rebooster quand toi, des fois, tu n'as plus... Peut-être aussi, on a tous aussi des phases un peu plus down où on a un objectif qu'on a réalisé, il faut passer au suivant. Est-ce que tu as des ressources qui vont t'aider justement à te relancer ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a deux choses qui font que c'est ce qui va me booster. Dans ma cuisine, j'ai mis une photo de la... petite Suzanne de 5 ans. Parce que ça me permet de ne jamais oublier d'où je viens et de ce que j'ai vécu en me disant quoi qu'il arrive, en fait, n'oublie pas ce que tu as vécu. Ça doit être le moteur et le terreau de toute ta motivation et de tout ce qui t'arrive par la suite et de tout ce que tu souhaites qui t'arrive par la suite. Donc ça, c'est vraiment quelque chose d'important pour moi. C'est affiché, c'est important. Et après, dans mon quotidien, il y a une personne quand même qui arrive beaucoup à me motiver. Et quand je parle de motivation, c'est plus à m'inspirer, comme tu l'as dit, à m'inspirer. Et c'est Olivier, c'est la personne avec qui je vis. Il arrive à m'inspirer, bien qu'on soit très différents, parce que c'est quelqu'un qui a 43 ans, qui court depuis qu'il a 16 ans. Et il m'impressionne en fait sur sa capacité à durer dans l'effort, à durer dans le sens où aujourd'hui, à 43 ans, il est toujours aussi performant, il est compétitif. Il continue à réussir à se motiver, à être très discipliné, rigoureux dans sa pratique sportive. Et ça, ça m'inspire énormément. Parce que moi... Dans mon quotidien, je me dis que lui, ça fait tellement d'années qu'il court. Il pourrait être au bout d'un moment, je ne sais pas, en avoir moins envie. Il pourrait se blesser. Non. Il a une capacité à pouvoir se dire que, OK, aujourd'hui, j'ai 43 ans. Mon objectif, c'est de réussir à me rapprocher de mes records, à faire de mon mieux, à donner le maximum, à venir challenger, driver, modifier un peu les entraînements. Et ça, ça m'inspire beaucoup. Parce que mine de rien, moi, j'ai 40 ans. Bien que je sois une jeune coureuse, J'ai quand même beaucoup d'émotion de vous dire ça. Bien que je sois une jeune coureuse, pour moi, à 40 ans, j'ai quand même envie aussi de réussir à continuer à courir aussi longtemps que possible et donc à mettre tout en œuvre pour pouvoir durer et réussir à rester dans la performance à mon niveau, compétitrice, aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et justement, comment toi, tu envisages ta pratique dans le futur ? Parce que du coup, on a parlé... de ton parcours, de ton déclic. On a parlé de tes marathons. Tu ancres, du coup, ta routine sportive dans ton quotidien. Et la suite, c'est quoi pour toi ? Tu disais que, du coup, tu as eu 40 ans. Le sport, aujourd'hui, il fait partie de toi intégralement. Et comment tu l'imagines aussi dans le futur ?

  • Speaker #1

    Je pense que je vais courir jusqu'à la fin. Je ne me vois pas ne pas courir. Ça, c'est sûr et certain. Je ne me vois pas ne pas courir. Je vais surtout adapter. Par exemple... Je vais beaucoup essayer de me renseigner sur la capacité des masters. Donc les masters, c'est les catégories d'âge. Et master, ce sont les personnes qui ont plus de 35 ans. Et comment réussir à être performant malgré l'âge avançant. Donc en fait, je me prends comme mon propre cobaye en me disant, ok, je pense que pour continuer à être performant, il va falloir que je réussisse à mettre ça en place dans mon quotidien, etc. Et je pense que pour moi, ce qui est vraiment primordial, c'est d'accepter de prendre du temps pour soi. autrement que dans la performance justement, accepter de récupérer, accepter de se renforcer, bien que chez moi ce ne soit pas vraiment le point faible. Mais en fait, pour moi, ma pratique sportive dans 10 ans, je pense que je serai toujours sur un stade. Je pense que déjà, je serai toujours sur un stade en train d'entraîner. Je serai toujours en train de continuer mes compétitions parce que pour moi, en fait, à 50 ans, je vois des femmes de 50 ans et je pense à une amie qui s'appelle Florence et qui est particulièrement performante à 53 ans. Je me dis, incroyable, incroyable. Moi, je veux être comme elle à 53 ans. Tout est possible, à tout âge, en fait. Il ne s'agit pas, à mon niveau, on ne vise pas une sélection. On vise de se challenger et d'atteindre le plus grand niveau qu'on puisse se souhaiter.

  • Speaker #0

    Oui, et de finalement que ça perdure, parce que de toute façon, ça continuera de faire du bien physiquement, mentalement, et que ça, ce n'est pas quelque chose que tu veux perdre.

  • Speaker #1

    Non, et puis finalement, Au final, quand tu reviens sur les émotions que j'exprime en lien avec ma pratique sportive, que ce soit la liberté, l'état de flot, le dépassement de soi, je n'ai pas l'impression qu'il y ait une date de fin. C'est-à-dire que même à 90 ans, j'ai vu qu'il y avait un monsieur de 93 ans qui avait fait le record de France sur 3000 mètres. Ce monsieur à 93 ans, mais quel respect ! Il a senti le dépassement de soi, il a senti l'état de flot et il a senti la liberté. Bon, ben voilà, c'est tout ce que je me souhaite. Je me souhaite de continuer de ressentir toutes ces émotions aussi longtemps que possible.

  • Speaker #0

    Et quels sont justement tes prochains objectifs à toi, Suzanne ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi, j'ai décidé de sortir de ma zone de confort, puisque pour moi, ma zone de confort, c'est des distances qui sont plutôt longues. Quand je dis confort, c'est certainement parce que c'est là où je me sens le plus à l'aise et là où je me sens dans mon élément. Et aujourd'hui, j'ai décidé de m'orienter beaucoup plus sur du cours, donc du 5K et du 10K. Et autant vous dire que me connaissant, du 10 km, ce n'est pas ma passion. Mais j'ai décidé de sortir de la zone de confort.

  • Speaker #0

    Ok, très bien. Et justement, toi, tu cours aussi des marathons, tu le disais. Je sais, en discutant avec toi, que tu fais un marathon par an. Pourquoi justement tu penses que c'est nécessaire aussi d'avoir des moments où tu es aussi en régénération, que ce soit d'ailleurs physique et mental ?

  • Speaker #1

    Tu es prête pour un deuxième podcast du coup ? Parce que si je réponds à ta question, en fait, pour moi, il y a plusieurs éléments. Alors je vais déjà aller sur la dimension mentale. Le marathon, c'est une prépa physique, mais ça engage tellement d'un point de vue mental. L'engagement mental entre l'organisation familiale, l'engagement mental entre le fait que tu manges, tu dors, tu respires marathon. Un marathon par an, ça me suffit largement. Autant que je le fasse bien, mais que je m'en suffise un seul par an. et d'un point de vue physique je trouve que c'est un engagement physique qui est tellement important parce que ton volume d'entraînement est plus important ton kilométrage Je n'ai pas envie de répéter la même chose et je n'ai surtout pas envie de me blesser à force de faire la même chose. Donc pour moi, ce qui fait la richesse de la course à pied, c'est la diversité des efforts. Et cette diversité-là, elle est liée aux objectifs aussi divers et variés. Quand vous préparez un 3000 mètres, quand vous préparez un 10 ou un marathon, vous ne travaillez pas de la même façon. Et c'est pour ça que je préfère aller sur un marathon par an.

  • Speaker #0

    On arrive au bout de ce podcast, je voudrais te poser une ou deux dernières questions. Si tu pouvais transmettre un message à toutes celles qui nous écoutent, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je pense que je dirais que tout est possible et qu'il suffit juste de se rendre possible en fait, de se donner les moyens d'atteindre l'objectif qu'on s'est fixé.

  • Speaker #0

    Où peut-on te retrouver pour suivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    On peut me retrouver sur Instagram au nom de Suzy One. Et puis, vous pouvez également me retrouver sur YouTube cause Suzy One pour vous accompagner dans votre progression sportive.

  • Speaker #0

    Qui aimerais-tu entendre à ce micro ?

  • Speaker #1

    Eh bien, j'ai parlé tout à l'heure d'Ophélia. Eh bien, je l'invite à prendre le relais de ce micro. Super.

  • Speaker #0

    On a un petit rituel de fin dans Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante ? Ça peut être un film, un livre, un podcast à partager ? Aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Je trouve le livre... Alors, il faut que je me remette correctement le titre en tête. C'est L'art de s'en foutre que j'ai adoré. C'est vraiment le livre que je conseille à tout le monde.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une chanson à ajouter à la playlist booster qui pourrait nous aider à nous booster dans nos prochains runs ou prochaines sessions sportives ?

  • Speaker #1

    Oui. Moi, je mets la chanson du groupe Red Hot Chili Peppers et celle-ci, peut-être que vous allez l'entendre. C'est la chanson que j'écoute à chacune de mes sorties longues.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra à partager pour booster nos auditeurs et nos auditrices ?

  • Speaker #1

    Alors, le mantra que je me suis toujours répété et qui ne va surprendre personne, c'est le bonheur n'appartient pas à celui qui l'attend assis sur son canapé.

  • Speaker #0

    Donc, vous aurez compris. Chaussez vos baskets et c'est parti. Merci Suzy d'avoir été à mon micro aujourd'hui. C'était vraiment un réel plaisir de t'écouter. Et vraiment un grand, grand merci à toi. Et puis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Laure. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Je remercie très chaleureusement mon invité du jour, Suzanne Carian, et je l'embrasse très fort. Et merci à toi d'avoir écouté Booster. J'espère que cet épisode t'aura donné l'envie de te mettre en mouvement. Si tu as aimé, pense à t'abonner, à laisser un avis, à partager autour de toi. C'est le meilleur moyen de faire grandir cette belle communauté. On se retrouve très vite, d'ici là, prends soin de toi et n'oublie pas, on ne regrette jamais d'y être allé, comme dit Suzy.

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