Speaker #0Bienvenue dans Briz. Je m'appelle Claudia Renzvillo, votre hôte, et ici, on décrypte, dédramatise, on parle haut et fort et sans tabou de santé mentale au travail. Chaque mois, vous retrouverez des personnes parlant de leur vécu de la santé mentale, des professionnels du monde de la santé, et enfin, des dirigeants et autres acteurs du monde du travail. Ici, on parle de santé mentale au travail et on vous montre que ça marche. Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode conseils pratiques consacrés au burn-out. Pourquoi un épisode solo ? Quand j'ai créé ce podcast, je voulais qu'il soit rempli de conseils pratiques tout en nourrissant votre réflexion au quotidien. Un peu comme une boîte à outils de la santé mentale au travail, en somme. Je souhaitais partager ici les clés que j'ai pu récemment donner lors de conférences notamment à Lyon sur Go Entrepreneur en septembre 2024 et au Forum de l'entrepreneuriat en novembre 2024. Parce qu'il n'est pas si facile de repérer un burn-out. C'est pourquoi je vous propose ici quelques conseils pour l'éviter. Car contrairement à ce qu'on peut lire dans les journaux ou sur internet, tout le monde ne fait pas un malaise dans le métro ou reste bloqué dans son lit du jour au lendemain. Parfois les signes sont moins marqués et il est important de savoir les repérer. Attention, je parle bien ici du burn-out et non pas de l'épuisement professionnel ou le surmenage qui est conjoncturel et qui n'ont pas les mêmes causes. ni les mêmes conséquences. Pour reprendre des éléments de définition de l'Organisation mondiale de la santé, le burn-out, c'est un syndrome déjà, c'est-à-dire c'est un éventail de symptômes résultant d'un stress professionnel chronique qui n'a pas été géré avec succès. Concrètement, il se caractérise par trois dimensions. Il y a un épuisement physique et moral, une perte d'intérêt pour ce métier, une perte d'efficacité professionnelle. Dans cet épisode conseil pratique, je veux vous lire mon expérience personnelle du burnout et les clés qu'il me semble important d'avoir en tête pour l'éviter. Bonne écoute. En fait, je courais. Partout, tout le temps, dans tous les sens. Se lever, prendre une douche, le bus, répondre à ses premiers mails dans le bus, sortir du bus, allumer l'ordinateur, travailler une heure, dire bonjour, première réunion de deux heures, compte rendu de la réunion de deux heures, faire un post LinkedIn. Appeler un client, se faire appeler par un autre, manger sur le pouce à midi devant son ordi, courir au prochain rendez-vous de l'après-midi, puis rentrer chez soi en courant. Voici à peu près à quoi ressemblaient mes journées avant mon burn-out. Pas étonnant qu'à la fin de la journée, il ait été difficile d'arrêter cette cadence folle. Pourtant je tenais, je m'y accrochais coûte que coûte à cette cadence. Pourquoi vous me direz-vous ? Je pense qu'à l'époque j'aurais été bien incapable de vous répondre. Aujourd'hui, grâce à 4 mois d'arrêt maladie, un psychiatre, un psychologue, un avocat, des amis, des soutiens, je le sais. Je courais car j'étais en recherche de reconnaissance, d'approbation sociale, de ce que j'estimais être l'excellence, d'un statut social valorisé, voire envié. En somme, j'étais à la recherche de beaucoup de choses que je n'avais jamais identifiées en moi et dont j'étais tributaire. Le burn-out et les arrêts maladie que j'ai eus ont eu deux mérites. Celui de me protéger d'un environnement de travail toxique et celui de m'aider à ralentir, à prendre le temps de ressentir ce qu'il se jouait en moi, d'esseler mes envies, mes valeurs, qui m'ont toujours guidée dans mes choix de vie. Alors oui, ralentir a eu du bon. À présent, je peux vous dire que je me connais mieux moi-même que je ne l'ai jamais fait en 30 années de vie. Et ça, c'est le plus beau cadeau du monde. Voilà un petit peu un aperçu de mon vécu intérieur de cette période-là. Si je pouvais vous donner maintenant 6 conseils pour éviter le burn-out, les voici. La première chose, ce serait de demander l'avis à vos proches ou des personnes de confiance sur ce qu'il vous arrive en ce moment au travail. Car avant de pouvoir vous reposer, qui est mon deuxième plus gros conseil, encore faut-il pouvoir prendre conscience de l'état dans lequel vous vous trouvez. Et l'inconvénient avec le burn-out, c'est qu'on est souvent dans le déni. Et si on doute que quelque chose ne va pas, on a tendance à fortement le minimiser. Donc concrètement, ça peut être de demander à vos proches « Est-ce que tu me trouves changée depuis quelques temps ? Est-ce que tu as remarqué des changements dans mon comportement ces derniers temps ? » Voilà mon premier conseil. Le deuxième conseil, c'est le repos. Dormir, bien manger. En fait, une des clés que vous pouvez repérer, c'est que dès qu'une activité vous prend de l'énergie, plus qu'elle ne vous en apporte, c'est non. Vous pouvez essayer de vous questionner sur est-ce que ça a un intérêt de faire cette activité-là. Vous pouvez aussi reporter l'activité. si vous en avez la possibilité. C'est aussi valable dans le travail. Si une réunion n'est pas urgente, prioritaire, etc., vous pouvez la décaler. Vous pouvez vous autoriser ça. En fait, retenez ici que le monde peut attendre, pas votre santé. Un indicateur d'alarme, c'est quand les nuits, puis les week-ends, puis les vacances ne sont plus reposants. Ça, c'est un gros signal d'alerte et qui montre que vous êtes déjà passé en résistance et que vous avez déjà épuisé vos ressources. Donc deuxième conseil, le repos. Le troisième conseil, c'est faites-vous aider. Ne restez pas seul. Je le redis ici, le soutien social est capital. On ne se sort pas seul d'un burn-out. Une aide professionnelle est nécessaire. Concrètement, c'est aller voir votre médecin généraliste ou un médecin en qui vous avez confiance. Ça, c'est le premier pas et seul un médecin est en capacité de prescrire un arrêt maladie. Autre point là-dessus sur l'aide sociale, c'est je ne peux que... trop recommandé de se faire accompagner d'un point de vue psychologique. Concrètement, allez voir des psychologues ou un psychologue. Trouvez la personne avec qui vous sentez que vous êtes à l'aise, vous avez plutôt un bon feeling. C'est normal au départ dans une psychothérapie, pour l'avoir vécu, de ne pas être super à l'aise, puisque vous ne connaissez pas la personne, elle non plus. Donc ça se fait sur plusieurs séances de se connaître. Mais une fois que c'est fait, c'est vraiment un accompagnement qui est complémentaire aux professionnels de santé, au côté médical des choses, et qui pourra vous aider vraiment à entrer dans le vif de vos problématiques et vous aider à aller mieux dans votre quotidien. Parce que c'est ça à quoi sert une psychothérapie, c'est améliorer aussi votre quotidien et vous donner des clés concrètes pour le faire. La quatrième chose, c'est entourez-vous. Trouvez les personnes qui vous font du bien, avec qui vous sentez, une fois que vous les avez vues, que vous vous sentez bien en fait, vous vous sentez voire mieux qu'eux à l'arrivée. Typiquement, on peut le voir avec des amis, vous êtes un peu ronchon le matin, ça va pas, vous avez des choses à gérer, vous allez voir telle personne, bah en fait vous parlez de la problématique éventuellement, mais ça va mieux après. Donc n'hésitez pas aussi à faire le tri dans votre entourage parfois, ça veut pas dire de couper les ponts, mais ça peut être de dire pendant un certain temps, pendant la période que vous vivez actuellement, de vous rapprocher des personnes qui vraiment vous nourrissent et vous apportent de l'énergie et vous écoutent aussi sans vous juger. C'est très important. Cinquième conseil, c'est de replacer le plaisir au cœur de votre vie. Plus facile à dire qu'à faire, vous me direz. Si au travail, tout n'est pas fait en sorte pour qu'on ressente du plaisir, c'est pas ça aussi le but d'un travail, ça vient nous challenger, ça vient nous faire évoluer, c'est pas toujours confortable. Pour autant, quand on se fait envahir, quand on laisse toute cette place au travail et à ses problèmes, à ses difficultés, il faut en contrepartie, dans notre vie personnelle, pouvoir se ressourcer autrement. À savoir, trouver des activités, là encore, qui vous font du bien. Est-ce que c'est le sport ? Est-ce que c'est la lecture ? Est-ce que c'est écouter de la musique ? Prendre le temps de boire cette tasse de café le matin qui vous fait du bien. Ça peut être vraiment des choses très concrètes et du quotidien, en fait, des petites actions, sans que ce soit vraiment des plans beaucoup plus complexes. Donc, tout ça, c'est des petites choses qui vous aideront à vous écouter et à vous montrer que oui, c'est légitime, en fait, de prendre soin de vous. de prendre soin de votre santé. Et ces petites actions-là, je vous invite à les tester. Ça peut déjà aussi avoir un impact sur votre morale et sur votre santé de manière générale. Sixième conseil, révisitez un peu votre rapport au temps. Je m'explique, c'est-à-dire que le burn-out, on peut dire, et c'est ce qu'on observe dans certains articles scientifiques, c'est un peu la maladie du siècle. C'est-à-dire que dans le rétablissement du burn-out, et même pour l'éviter, on va chercher l'inverse de ce que l'on vit au quotidien, à savoir courir partout, comme je vous le disais à l'instant. Donc à l'inverse, on va essayer de prendre le contre-pied et de ralentir, de prendre son temps. Concrètement, comme je vous le disais, c'est reporter des rendez-vous car on n'a pas l'énergie de pouvoir les tenir ou parce qu'on sait que dans son travail, on a des choses à produire, on n'aura pas le temps de remplir sa to-do list si on laisse place à tous ces rendez-vous auxquels on doit répondre. Donc ça peut être aussi prendre le temps de réfléchir à ce qu'on veut faire, prendre le temps de se poser soit dans son travail ou éventuellement dans ce qu'on veut faire de sa vie. C'est aussi applicable dans d'autres sphères. Dans ce rapport au temps aussi, je vous invite à vous aménager des temps de pause chaque jour. Ça paraît évident dit comme ça, mais pas tellement. Donc assurez-vous aussi de faire une pause le matin, à midi, dans l'après-midi, 10 minutes, un quart d'heure au moins le matin et l'après-midi, une heure de pause minimum pour le déjeuner, et pas en deux-deux dans les transports ou devant votre ordinateur. Le cerveau, pour être efficace, il a besoin de faire des pauses. Et tout ça, ça va permettre de pouvoir régénérer vos capacités d'attention et de concentration par la suite. Autre point aussi, c'est des vacances planifiées si possible. Combien de fois on se dit qu'on partirait bien un week-end de 3-4 jours, mais finalement on ne le fait pas parce qu'on se fait rattraper. frappé par les échéances parce qu'on est trop crevé par le boulot. Donc tous les mois et demi ou les deux mois, prévoyez-vous 3-4 jours off. Et si possible, prévoyez une à deux semaines complètes, deux à trois fois dans l'année. Et pas uniquement les 15 jours réglementaires au mois d'août, comme tout le monde fait pendant l'été. Donc voilà un petit peu mes six conseils que je vous donne. Je vous les récapitule. Demandez l'avis à vos proches ou des personnes de confiance sur ce qui vous arrive en ce moment. Le repos, faites-vous aider, demandez de l'aide. Troisième conseil. Ne restez pas seuls, entourez-vous, quatrième conseil, replacez le plaisir au cœur de votre vie, et prenez le temps, et laissez-vous le temps, revisitez un petit peu votre rapport au travail, et pour vous montrer que ça peut marcher aussi, ça peut vous faire du bien, et vous éviter bien des déconvenues de revisiter ce rapport au temps. Merci à tous pour votre écoute, j'espère que cet épisode vous aura été... utiles. N'hésitez pas à me faire des retours dans les commentaires et si jamais vous avez d'autres astuces et d'autres conseils à livrer, je vous invite là aussi à me les partager pour que je puisse les relayer. A très bientôt ! RISE est un podcast accompagné par ZEST, qui est soutenu par le Centre Ressources Réhabilitation Psychosociale. Je tiens à remercier chaleureusement Enzo Meoscatelli, qui s'est occupé du mixage et de la musique, sans oublier Florian Todorov et Romain Tabonne pour leur contribution à la réalisation de ce podcast.