- Speaker #0
Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui nourrit l'ambition des femmes. Je suis Clara Tous, et cette semaine, j'ai rencontré Laura Toledano, la big boss de Zalando France. Quand on demande à Laura de décrire son parcours, elle dit qu'il est éclectique.
- Speaker #1
Et je comprends.
- Speaker #0
Pour passer d'Unibail à Zalando avec un détour par Monoprix et Vipi, il faut avoir de la curiosité et soif d'aventure. Et ça, c'est tout Laura. Ensemble ? On a discuté de comment se faire débaucher, comment trouver du sens dans son travail quand on a l'impression qu'il n'y en a pas, et comment trouver sa voix quand on est un couteau suisse. Bref, j'ai adoré. Bonne écoute !
- Speaker #1
Bonjour Laura !
- Speaker #0
Bonjour ! On est ravis de te recevoir sur C'est qui la bosse ?
- Speaker #1
Et ravie d'être là, merci pour l'invitation. Merci.
- Speaker #0
Et je vais commencer par la question que je pose à toutes mes invitées. Comment est-ce que tu te présenterais ?
- Speaker #1
Alors, première chose, je crois que je dirais mon âge, donc j'ai 39 ans, je suis mariée et j'ai trois enfants.
- Speaker #0
Ok. Et tu fais quoi dans la vie ?
- Speaker #1
Alors moi je suis directrice générale de Zalando en France, au UK et en Irlande. Et donc je fais ça depuis trois ans maintenant.
- Speaker #0
Génial. Et quand tu étais petite,
- Speaker #1
tu rêvais de faire quoi ? Alors j'avais pas vraiment de big dream. Mais moi je suis d'une famille de quatre sœurs. Et mes autres sœurs savaient exactement ce qu'elles voulaient faire. Et du coup moi ça me perturbait. Et donc c'est pour ça que j'ai fait une école de commerce qui m'a ouvert un peu toutes les voies.
- Speaker #0
Et tes sœurs elles font quoi ?
- Speaker #1
Alors j'ai ma grande sœur qui est gynéco spécialisée en PMA. La troisième, parce que je suis la deuxième du coup La troisième qui est dentiste Et la dernière qui fait de la recherche, qui est en biotech Et qui fait de la recherche contre le cancer Ah oui,
- Speaker #0
donc toi tu étais vraiment l'intrus L'intrus qui est parti en école de commerce Tout à fait Et t'as fait quoi du coup en école de commerce ? Parce que quand on s'est parlé pour la première fois Tu m'as raconté que c'était un peu la désillusion Oui,
- Speaker #1
parce qu'en fait, ce qu'il faut savoir C'est que pour entrer dans une école de commerce On fait des années de classe prépa On travaille vraiment beaucoup Et donc du coup, moi j'ai beaucoup travaillé Avec des grands rêves Je suis arrivée en école de commerce et je trouvais qu'on nous présentait deux options uniques. C'était soit la finance qui pour moi était super abstraite, je ne comprenais pas bien où j'allais. Soit le marketing qui faisait un peu pipo, j'ai envie de dire. Du coup, je me suis dit, mais quoi tout ça pour ça ? J'ai même dit à ma mère justement, je crois que je vais retourner en médecine. Et donc ma mère m'a dit, chérie, je te soutiendrai toujours, mais réfléchis bien quand même. Et finalement, d'une chose ou d'une autre, je pense qu'on trouve un peu du sens là où on a envie d'en trouver aussi. Je me suis prise au jeu de l'école de commerce, au jeu des cours. Par curiosité, je me suis intéressée à plein de choses. Et finalement, c'est l'immobilier commercial qui m'a plus séduite. Parce que dans l'immobilier commercial, c'était vivant. Je savais de quoi on parlait. On parlait de centres commerciaux, on parlait de baux, on parlait d'enseignes, de plans commerciaux. Donc, c'était vraiment concret. Je savais ce que je faisais. Donc, je me suis orientée d'abord vers l'immobilier commercial.
- Speaker #0
Donc, tu as commencé par l'immobilier commercial.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et moi, le truc qui me fascine, c'est qu'en quelques années... T'es passée de l'immobilier commercial à gérer les collabs de créateurs chez Monoprix. Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
Alors bien sûr, avec plaisir. Déjà ce qu'il faut savoir c'est que je suis de nature et ma personnalité est hyper curieuse et j'ai pas de plan de carrière très défini. Donc moi je vais me laisser guider plutôt par mon feeling, mon instinct et les opportunités. Donc finalement, quand on me propose un projet qui me plaît, je peux y aller même si finalement ça ne me semble pas cohérent dès le début.
- Speaker #0
T'as pas peur de rentrer dans le cadre ?
- Speaker #1
Non, encore moins quand j'étais jeune, c'est-à-dire que j'avais l'impression que j'avais tout à apprendre et je me rendais bien compte que je n'avais pas encore trouvé exactement ma voie et que ma voie allait se dessiner avec les expériences. Donc en fait, j'ai fait de l'immobilier commercial, j'ai commencé par Unibail-Rodamco qui est un peu le leader dans la gestion des centres commerciaux. Puis après Unibail, je me suis rendue compte qu'au final, Unibail c'était super, c'était très formateur, mais c'était surtout de l'immobilier très financière. Avant même d'être du retail, alors moi c'était le retail qui vraiment m'animait. Et donc je me suis dit bon bah je vais passer côté retail en travaillant dans une direction immobilière. Donc j'ai rejoint Monoprix. Pendant un an j'ai fait de l'immobilier là-bas. Et donc du coup j'ai aidé à faire des plans de développement, à valider des emplacements commerciaux pour nos enseignes. Donc il y avait Monoprix, Monopdéli. A cette époque-là il y avait très peu de petits concepts encore. C'était quand ? C'était en 2009. C'était en 2009 et donc là vraiment il y avait de grandes ambitions d'ouverture. Et moi, j'avais ce rôle de garantie immobilière. Est-ce qu'on y va ? Est-ce qu'on n'y va pas ? Combien on ouvre de magasins dans toutes les villes de France ? Et est-ce qu'on valide les emplacements qui sont proposés ? Et donc ça, j'ai fait ça pendant un an. Je remplaçais une personne qui était partie faire du théâtre. Et donc, au bout d'un an, Monoprix m'a proposé plusieurs missions différentes. Et moi, j'étais hyper intriguée par tout ce qui était mode, déco. Je voyais les filles à la cantine qui parlaient. Je voyais des racks qui passaient, des morceaux de tissu. Je trouvais ça passionnant et j'y connaissais pas grand-chose. Et j'ai eu aussi un peu un coup de cœur pour la boss de l'époque, qui est toujours chez Monoprix aujourd'hui, qui s'appelle Liliane Rosas, et qui m'a vraiment séduite dans son approche très... Très entrepreneuriale en fait. Et elle m'a dit, rejoins-moi, moi je viens d'arriver, j'ai tout à faire sur la construction des collections, j'ai besoin de quelqu'un qui m'aide sur tous les projets annexes de développement. Et donc je l'ai rejoint, j'ai fait pas mal de projets assez transverses, assez 360, comme par exemple mettre en ligne notre offre textile.
- Speaker #0
Oui ça c'est ouf, parce qu'à l'époque ça n'existait pas quoi.
- Speaker #1
En fait on ne se rend pas compte, mais un bureau d'achat classique à l'époque n'avait jamais de proto-final entre les mains avant qu'il soit en magasin. Donc en fait, les chefs de produit validaient un proto avec un petit échantillon pour la qualité de la matière, un petit échantillon pour la couleur, et puis le proto était monté sur un tissu aucun rapport. Et donc du coup, on n'avait jamais cet échantillon final qui pouvait être shooté pour être mis en ligne. Donc il a fallu revoir par exemple tous les process internes pour que ce soit faisable. Donc plein de... Voilà, on est arrivé dans une nouvelle ère qui était celle du digital, il fallait s'adapter. Où j'ai aussi beaucoup participé à la refonte de l'offre non alimentaire déco. Puisqu'à l'époque, chez Monoprix, c'était des collections plus essentielles, c'était des achats de blanches. Et donc Liliane a tout de suite senti la traîne de la déco très très forte. Elle a dit voilà, il faut qu'on retravaille, mais retravailler ça, ça veut dire travailler avec les bureaux d'achat pour savoir quelle collection, quelle catégorie on développe. C'est travailler aussi avec les équipes design pour développer les bons mobiliers en magasin, le mobilier qui va accueillir cette nouvelle offre. Mais également travailler avec le marketing sur la PLV. Avec les vitrines,
- Speaker #0
la PLV, c'est quoi ?
- Speaker #1
Pardon, tout ce qui est publicité en magasin. Donc toutes les petites affiches que tu peux voir en magasin qui vont faire la promotion de tes articles. Donc tout ça, ça se travaille et donc c'est très 360. Et au bout de quelques temps, Liliane me dit bon c'est super, on avance bien, on progresse. En revanche, on est complètement différent de nos concurrents puisque finalement la mode et la déco, c'était l'élément différenciateur de Monoprix par rapport à un Carrefour ou un Franprix. Comment est-ce qu'on fait pour parler de nous dans les médias ? J'ai vraiment envie qu'on mette en avant tout ce qu'on fait. Et donc on s'est vraiment replanché dans les archives de l'époque, et notamment dans l'ADN de Prisunic.
- Speaker #0
Prisunic, c'était l'ancêtre de Monoprix. Oui,
- Speaker #1
en fait, ça a été racheté par Monoprix. Ils ont fusionné. Et Prisunic était extrêmement fort pour inviter des grands designers à faire des collections, des collections de capsules. Et on s'est dit, en fait, ça, ça fait vraiment partie de l'ADN du groupe. Comment est-ce qu'on peut le remettre au goût du jour ? Et donc Liliane m'a dit « vas-y, ta carte blanche, on y va » . Et donc du coup, il a fallu monter toute une équipe from scratch, à la fois définir la stratégie, quel type de créateur on invite chez Monoprix. Donc c'était du tout petit créateur inconnu du grand public, mais pour lequel on avait un coup de cœur. Et donc là, on se positionnait plus en dénicheur de talent. Donc on met ce créateur en avant, on lui dit « bah voilà, applique ton univers et ton ADN à tous nos produits » . va sur la femme, sur l'homme, sur l'enfant, sur la déco, mais aussi parfois ils allaient sur l'alimentaire à nous faire des packagings de gâteaux pour Noël. Je me souviens vraiment très très loin. Donc ça c'était vraiment quand on se positionnait plutôt des nicheurs de talent. On avait un deuxième type de créateur qui était plutôt la marque de mode un peu pointue, qui est en train de monter mais qui est aussi assez chère en prix. Et du coup on voulait la démocratiser, la rendre accessible pour nos clients. Donc là je parle de marques comme des Antibatik, des Emstone, des Roseana. Et puis, le troisième type de créateurs, là, on allait chercher vraiment les plus grands, soit dans la mode des créateurs qui défilent comme des Hussain Chalayan, des Alexis Mabie, etc. Soit des designers comme des India Madhavi, des Paula Navon. C'était vraiment des pontes de la déco. Et donc ça, c'était développer les collections, avoir un bureau d'achat intégré qui développe ces collections. Mais c'était aussi toute l'équipe marketing, puisque très vite, on s'est rendu compte qu'on avait certaines limites. Avec les murs de Monoprix, évidemment, Monoprix, ça reste un supermarché qui doit tourner. Ou le prix au mètre carré, c'est... C'est beaucoup dans les grandes villes,
- Speaker #0
parce que Monoprix, c'est beaucoup dans les grandes villes.
- Speaker #1
Exactement. Après, c'est aussi dans toutes les villes de province. En général, le Monoprix, il est au cœur du centre-ville. Il fait vraiment partie du lien social. Il apporte vraiment du lien social. Mais finalement, on ne pouvait pas s'amuser sur l'innovation. Nous, je me rappelle, on avait fait un voyage d'exploration en Californie. On s'était dit, mince, on ne peut pas à l'époque, tout ce qui était paiement via iPad, etc. C'était hyper nouveau. Mais ça, chez Monoprix, c'était impossible à amener. Puisqu'on avait les contraintes des caisses,
- Speaker #0
c'était compliqué.
- Speaker #1
Donc on s'est dit, sortons des murs Monoprix, ouvrons des lieux un peu d'exception. Donc on a fait des pop-up, on a fait chez Colette, on a fait chez Merci, on a fait au Palais de Tokyo. Mais on a ouvert aussi des boutiques dans le Marais, beaucoup, des boutiques éphémères. Et on s'est amusé. Sur la Céno, on s'est amusé sur l'encaissement, on s'est amusé sur le marketing, sur plein plein de choses. On a même fait un café, on avait fait venir de la musique. Bon bref, on s'était vraiment... Ouais,
- Speaker #0
des énormes teufs en fait.
- Speaker #1
Voilà, en fait, on s'amusait à aller beaucoup plus loin que ce qui était possible en fait dans un magasin qui a ses propres contraintes et c'est normal. Donc voilà, moi j'ai fait ça pendant plusieurs années. Je me suis vraiment vraiment éclatée et en tout cas ça répond à ta question de comment est-ce qu'on passe de l'immobilier... Bah écoute,
- Speaker #0
mais moi ce que je trouve ouf, c'est que du coup tu touchais à tout. Genre, tu n'avais pas vraiment de spécialité parce que tu ne venais pas du marketing, comme on l'a vu avant. Et en même temps, du coup, tu as monté des offres complètes. Ce n'était pas compliqué de devoir tout gérer en même temps, de devoir tout apprendre en même temps.
- Speaker #1
Alors, moi, je suis une nature plutôt curieuse. Je me suis rendue compte aussi un peu avec du recul que dans toutes mes expériences, j'ai toujours été 360. Même chez Unibail, Rodamco finalement, gérer un centre commercial, vous devez coordonner beaucoup d'équipes différentes, qui ont des expertises différentes. Donc moi, j'aime ça. Je sais aussi, en revanche, m'appuyer sur des vraies expertises. C'est-à-dire que je pense que j'ai un œil sur tout. Je suis capable d'avoir un avis sur tout, mais en revanche, je fais vraiment confiance aux experts. Donc, par exemple, quand on gère une équipe créateur et qu'on a des chefs de produit, ce sont les experts. Donc, c'est elles qui venaient avec des recommandations sur les matières, sur les négo, etc. Moi, j'étais plus là pour donner mon avis, pour les aider, les orienter, les soutenir quand il fallait. En revanche, j'avais quand même des experts dans chaque domaine. Et ça, je pense que c'est un message clé à avoir, c'est s'entourer des meilleurs et des meilleures que soi. Ça ne vous enlèvera pas votre rôle de boss et votre rôle de manager, puisque vous serez là pour d'autres raisons. Mais les experts, c'est très, très important.
- Speaker #0
Ok, génial. Et donc après, qu'est-ce que tu as fait après Monoprix ?
- Speaker #1
En fait, après Monoprix, j'ai eu mon deuxième bébé, donc j'ai eu mes deux premiers enfants chez Monoprix. Et à mon retour de congé maternité, le groupe avait racheté un site internet qui s'appelait monchoroum.com, qui était un site multimarque en ligne, qui avait été créé par... de Marseillaise en 2008. Et elle l'avait créée de manière... C'était hyper innovant à l'époque, puisqu'on ne se souvient plus de ça, mais en 2008, les marques n'avaient pas leur site Internet. Au mieux, ils avaient un showroom en ligne, mais ce n'étaient pas des sites marchands. Et donc du coup, ces marques de Marseillaise s'étaient dit « Mais mince, comment donner accès à la mode pour tous ? » Et donc elles avaient référencé des marques de mode et elles vendaient leurs collections en ligne. Et en Marseillaise, elles avaient commencé avec des très belles marques, comme des Sessounes. des American Vintage qui viennent de Marseille, puis elles s'étaient étendues, elles avaient référencé des bâches, voilà, donc elles étaient allées beaucoup beaucoup plus loin, mais au bout d'un moment, elles avaient atteint une certaine limite, c'est-à-dire que quand elles étaient seules au moment du lancement, quelques années après, les géants étaient arrivés, notamment par exemple des Allendo, des Amazon qui étaient arrivés avec des budgets marketing complètement démons, et donc elles se sont dit, bon bah soit nous aussi on réinvestit... notre profit dans du marketing pour essayer de prendre des marchés et croître très vite, soit on revend notre histoire et on écrit une autre histoire à côté. Donc elles ont décidé de vendre au groupe Casino, qui au début s'est dit bon c'est du digital, on va le confier à ces discounts qui savent faire du digital dans le groupe. Or on ne gère pas de la mode comme on gère des télés ou de l'électroménager, donc ça ne s'est pas très bien passé. Et au bout d'un an ils se sont dit finalement dans le groupe on ne va pas chercher l'expert du digital, on va plutôt chercher l'expert de la mode. Ils ont confié ce bébé à Liane, ma fameuse boss. Je rentre de congé maternité et elle me dit « écoute, c'est passionnant, j'adore, il y a plein de choses à faire. En revanche, t'es jeune, c'est du digital, tu vas apprendre. Vas-y, éclate-toi. »
- Speaker #0
Encore une fois, on te lance sur un poste et tu dois tout apprendre et tout construire.
- Speaker #1
Oui, après, Liane et moi, on se ressemble pour ça, c'est-à-dire qu'on n'a pas trop peur et on trouve ça super génial d'apprendre tout le temps. Du coup, on a toujours un peu des moments de doute. Je ne dis pas que c'est toujours super. Parfois, je me dis « mais je vais jamais y arriver » . Mais finalement, j'ai peur, mais j'y vais. C'est un peu mon état d'esprit. Et donc, du coup, j'ai commencé d'abord sur l'offre. Donc, c'était toute la refonte de l'offre. On avait 350 marques. Quelles étaient les marques qui étaient aspirationnelles, non-aspirationnelles ? Quelle était la proposition de valeur ? Quel était le positionnement de ce site ? Comment aller chercher des nouvelles marques ? Comment les séduire ? Comment les convaincre ? Donc, il y avait eu tout un retravail de l'offre. Puis, on a complètement retravaillé. Le site lui-même, déjà on l'a changé de nom, de Mon Showroom, on l'a fait évoluer à MSR. Parce que Mon Showroom, il y avait énormément de confusion avec Showroom Privé, qui est un site de déstockage. Donc c'était MSR, c'était plus moderne, on a refait complètement l'UX et l'UI du site. On a gagné des prix, donc on était hyper fiers. Donc on est arrivé à un certain point, on avait une super offre, on avait un super site, mais on avait, et cette limite, pas assez de clients. Donc vous pouvez avoir le plus beau site du monde, si on ne le connaît pas. Si la notoriété et la considération ne sont pas fortes, il est très très dur de recréter du client. Et donc on arrivait un peu à une impasse et on s'est dit ok, soit on investit massivement en digital, en acquisition digitale je veux dire, soit finalement on rachète un concurrent qui est peut-être plus gros, qui a plus de notoriété et qui pourra apporter sa base membre. Donc moi évidemment j'étais convaincue de notre modèle, donc j'avais très très envie plutôt qu'on investisse dans le digital et qu'on parie sur notre marque. Ça n'a pas été le choix de la direction et on a racheté Sarenza à ce moment-là.
- Speaker #0
Juste pour que je comprenne bien et que nos éditrices comprennent bien aussi, en vrai, les investissements, quand on s'est posé la question de racheter un concurrent ou d'investir, c'était à peu près les mêmes montants ou il y en avait un qui était beaucoup plus élevé que l'autre ?
- Speaker #1
L'investissement de racheter un concurrent est beaucoup plus élevé. Ça vous fait sortir un cash beaucoup plus... Même si ça dépend de quel concurrent on rachète, le prix qu'on négocie, etc. Je trouve que la beauté du modèle de l'acquisition digitale, c'est que ça peut être très héroïste. Donc vous pouvez commencer petit, regarder quels sont les channels qui sont les plus profitables. Donc on commence avec un Google, avec du SIA, on peut aller sur du méta, et on apprend un peu de nos clients, qu'est-ce qui répond le mieux, on peut adapter notre stratégie au fur et à mesure. Le problème, c'est qu'à l'époque, on n'était pas du tout aussi avancé sur l'acquisition digitale. On était quand même encore aux prémices dans un groupe qui n'est pas du tout digital. Casino, on ne connaissait rien au digital, donc ça leur faisait peur. C'était quelque chose de nouveau. C'est vrai qu'on manquait aussi un peu d'expertise. Il aurait fallu qu'on s'entoure de très bons pour y aller. Donc du coup,
- Speaker #0
ils ont choisi de faire l'autre solution.
- Speaker #1
Qui achetait mieux ? C'était la rafale d'entreprise. C'est un truc qu'ils connaissaient, qu'ils maîtrisaient. Et on ne peut pas trop leur en vouloir parce que c'est normal de parfois aller dans sa zone de confort. Sauf que moi, le modèle Sarenza ne me convenait pas vraiment parce que quand on avait MSR, l'idée c'était de le diversifier pour le rendre rentable, l'ouvrir à la marketplace, l'ouvrir à... du compte Simon, donc de la commission affiliation. Et en fait, Sarenza, dans son modèle, était vraiment exactement le même modèle qu'MSR, juste plus gros, plus d'emmerdes. Désolée, pas très politiquement correcte. Et donc du coup, ça a été racheté. Et à ce moment-là, Vipi m'a appelée, VentePrivé.com, et donc du coup... J'ai saisi l'opportunité parce que c'était nouveau aussi. Ils arrivaient aussi dans une phase en plus différente de leur croissance. Et moi, j'aime bien arriver à des moments où il faut se proposer des questions. Donc, du coup, je les ai rejoints à ce moment-là.
- Speaker #0
Donc, tu as été chez Vipi, où tu as bossé sur la business unit Accessoire, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, Accessoire Luxe et Sport.
- Speaker #0
Ok. Et tu faisais quoi, du coup ?
- Speaker #1
Alors, du coup, quand je les ai rejoints, justement, ils arrivaient à un moment de leur croissance où ça avait... Enfin, voilà, la croissance de Vipi, elle a été exponentielle. Et du coup, c'était une croissance en silo, comme ça arrive très souvent. Qu'est-ce que ça veut dire ? Croissance en silo, ça veut dire que tu avais la direction commerciale, complètement indépendante de la direction marketing, de la direction des opérations, de la direction financière. Personne ne se parlait, personne n'avait les mêmes objectifs, et c'était toujours la faute des uns et des autres. Donc quand une vente ne marchait pas, c'est le marketing qui n'a pas envoyé son mail en temps et en heure. Ah ben non, c'est le commercial qui a mal négocié. Voilà, il n'y avait pas d'harmonie, et du coup, ça allait dans tous les sens. Et donc du coup, ce qu'il a été décidé de faire, c'était de créer des business units, c'est-à-dire de créer des petites entreprises au sein de la grosse, dans lesquelles on se serait plus spécialisé, on se réunirait autour de catégories et on aurait à la fois un directeur commercial, un directeur marketing, un directeur opération, un directeur logistique, tous dans une même équipe sous l'égide d'un directeur de business unit qui permettrait d'animer une équipe et de les faire travailler. et avancer ensemble. Donc, c'était presque, en fait, plus une restructuration RH au départ qu'autre chose. Donc, il y a eu vraiment une première étape qui a été de faire en sorte que les gens se parlent. C'est ouf, ça. Oui, mais dans les entreprises qui grossissent si vite, ça arrive très, très souvent. D'accord. Et donc, que les gens se parlent, que les gens collaborent, que les gens comprennent, en fait, les contraintes des uns et des autres et évoluent ensemble. Et donc, moi, j'ai adoré parce que c'est génial, finalement, de pouvoir faire en sorte que... Les gens disent « Ah mais je n'avais pas compris que mon collègue, en fait, ce n'est pas qu'il ne veut pas faire, c'est qu'il a cette contrainte que je n'avais pas identifiée. » Et donc ça, je trouve que c'est toujours passionnant et ça permet finalement de créer un engagement de la part de toutes les équipes qui est super fructueux.
- Speaker #0
Et après VP, du coup, tu as fait quoi ?
- Speaker #1
Alors, VP, j'y ai passé trois ans, j'ai traversé le Covid qui a quand même été, même si pour les sites internet, c'était une période plutôt faste, ça a été quand même un chamboulement énorme dans les méthodes de travail. Bah surtout en plus vous avez dû avoir des sujets logistiques assez intenses chez VP Ah ouais super intenses mais c'est surtout qu'on était une boîte où on allait 100% au bureau Et là 100% en télétravail ça a été un énorme choc Donc il avait vraiment fallu réapprendre et apprendre aussi à engager ses équipes à distance Mais bon on y a tous appris je pense Et ça nous a tous aussi beaucoup fait évoluer sur comment travailler Comment trouver un bon équilibre entre le pro et le perso Donc bon c'était quand même une bonne période Là je suis tombée enceinte de mon troisième enfant Ok Et pendant mon congé maternité, à 9 mois de grossesse même, j'étais je crois 10 jours avant d'accoucher, Zalando m'appelle justement parce qu'il cherchait un directeur général pour la France. Zalando, déjà j'ai trouvé ça génial qu'il m'appelle enceinte jusqu'au cou. Et puis en plus c'était des entretiens en visio, donc si tu veux, c'était pas évident parce que j'avais l'air de dire « Mais alors là ça se voit pas forcément, mais en fait je suis enceinte, j'accouche dans 10 jours. » « Je suis très très très enceinte. » Les réfrènes, pas du tout. Il n'y avait aucun problème. J'ai pu faire tous mes entretiens. Je leur ai dit, mais vous savez, c'est le troisième, donc en plus, c'est six mois de congé maternité. Aucun problème, même si tu veux prendre plus, on t'attendra. Voilà, donc déjà, une super entrée en matière et sur un boulot qui, pour moi, était parfait, correspondait exactement à ce que je voulais, puisque Zalando a été créé en 2008, en Allemagne, à Berlin, par deux fondateurs qui sont David Schneider et Robert Genst, qui sont toujours dans l'entreprise d'aujourd'hui, qui ont 41 ans, très jeunes, et qui, en fait... construit un modèle, une plateforme e-commerce assez unique, où ils ont construit d'abord un réseau logistique et une structure tech extrêmement solide. Donc, ils ont fait en sorte que leur modèle, dès le début, soit scalable à tous les pays en Europe. Donc, ils ont créé une recette et ils ont ouvert partout en Europe.
- Speaker #0
Ils ont fait une recette magique, en fait.
- Speaker #1
Une recette magique. Sauf que cette recette magique, elle a atteint 15 milliards de volume d'affaires.
- Speaker #0
C'est pas mal.
- Speaker #1
C'est quand même super. Et ils se sont dit, mais maintenant, si on veut aller encore plus loin, Cette recette unique devrait peut-être être un peu plus adaptée. Donc comment je vais adapter ma recette ? dans chacun des pays d'Europe. Parce que la mode en Allemagne n'est pas la même que la mode en France, qui n'est pas la même que la mode en Italie. Et donc à ce moment-là, quand ils m'ont appelé, c'était pour créer des équipes locales qui viennent répondre à des besoins et à des consommateurs locaux. Donc on m'a dit, Laura, c'est simple, t'as tous les ingrédients chez Zalando, prends les ingrédients, pèse-les comme il faut pour que ta recette française fonctionne avec tes clients français. Et donc pour moi c'était génial parce que c'était capitalisé sur... tout ce que j'avais appris sur toute mon expérience mode et mes 15 premières années de vie professionnelle et apporter mon expertise tout en apprenant puisque c'est une boîte tech et qui m'a fait découvrir du coup des milliards de choses.
- Speaker #0
Ça c'est ouf parce que t'es passé quand même, t'as toujours baigné dans le digital, on est d'accord, depuis Monoprix en gros et là t'es vraiment passé dans une boîte tech, vous avez même développé une IA chez Zalando, comment est-ce que t'es adapté ? du coup de ce côté très mode digital à vraiment parler d'IA quoi.
- Speaker #1
Oui alors c'est vrai que c'est un vrai changement parce que même si j'avais beaucoup travaillé dans le digital auparavant, c'était plutôt des boîtes qui vendaient en ligne que des purs players. Et je ne sais pas si tous les auditeurs comprendront, mais c'est une vraie différence de dire mon unique magasin c'est un magasin en ligne versus non je suis une boîte tech et tout ce que je fais doit être automatisé, intelligent. scalable. C'est une approche qui est différente et qui est hyper enrichissante par ailleurs. Et c'est vrai que chez Zalando, moi je suis admirative de comment on utilise l'IA pour améliorer l'expérience client. L'IA, nous on l'a utilisé depuis toujours, ne serait-ce que par exemple, quand tu dois allouer ton stock dans les différents entrepôts en Europe. Donc déjà, on travaillait sur de la data qui nous permettait de dire ce produit-là, il aura plus d'appétence en France, en Italie et en Pologne. Donc, mettons, réparti. ton stock dans ces différents entrepôts. Donc ça, on l'utilisait déjà. Là, on va beaucoup plus loin puisqu'on parle d'IA générative et on se dit, comment est-ce qu'on peut faire pour que nos clients ça soit plus facile pour eux de naviguer ? Et donc, on a créé un chat, par exemple, avec OpenAI. Et ce chat, il est génial parce que, pour la première fois, c'est pas aux clients de s'adapter au site Internet en se disant, bon, bah, où est-ce que je dois aller ? Sur quel onglet cliquer ? Quel fil de joie cliquer ? Oh, je suis perdue. Là, il a juste à ouvrir, à cliquer sur un petit bouton et... parler comme si c'était à son ami, ou même faire une note vocale, notre nouvelle passion surtout pour la Gen Z, et donc dire voilà, j'ai un rendez-vous professionnel demain, ou j'ai ma soirée de Noël avec mon équipe, qu'est-ce que tu me conseilles comme tenue ? Et ce qui est génial, c'est que c'est une vraie conversation qui se lance. Déjà, c'est basé aussi sur tes données de navigation, sur ce que tu as déjà acheté, ce que tu as déjà vu, ce que les clients qui te ressemblent ont déjà acheté ou vu. Donc c'est tout de suite très pertinent et on recrée une relation. puisque moi, j'ai même fait le test. J'ai un rencard ce soir, qu'est-ce que tu me conseilles ? Et c'était en anglais, mais c'était « that's exciting » . C'est super excitant. Donc, c'est rigolo parce que ça crée vraiment un peu du lien. Et ça, c'est vraiment cool. Et puis, on a plein d'autres choses qui permettent d'inspirer, comme par exemple, tous les mardis, on a ce qu'on appelle le Trendspotter. Donc, on sort sur le site les produits qui ont été le plus vus, plus mis au panier, plus achetés dans chacune des grandes villes d'Europe. Et donc, c'est trop sympa de dire à Paris, c'est ça, mais regarde ce qui est fait à Stockholm ou à Berlin. Et du coup, je trouve que ça apporte beaucoup d'inspiration. Et pour ceux qui sont fans de mode, en fait, c'est génial parce que ça leur ouvre les chakras. Et l'intérêt d'avoir une boîte comme ça qui est partout en Europe fait qu'on découvre des marques aussi. Nous, on a beaucoup de marques nordiques. Et c'est génial, quoi. Toute l'année, tu peux aller découvrir des marques nordiques. Pareil sur la beauté, on a une section qui est beauty qui est énorme, qui cartonne. C'est génial parce que ça, finalement, ça nous ouvre beaucoup plus et ça nous ancre en Europe plutôt que nous ancrer simplement en France.
- Speaker #0
Trop cool. Et aujourd'hui, du coup, chez Zalando, tu gères combien de personnes ?
- Speaker #1
Alors, chez Zalando, j'ai 50 personnes qui travaillent sur le pays France. Et après, je travaille avec énormément d'équipes indirectes qui travaillent sur tous les pays, mais qui parfois dédient des ressources pour la France. Donc, c'est des équipes globales sur lesquelles on s'appuie et qui viennent nous aider dans l'expérience.
- Speaker #0
Et du coup, tu m'as vu arriver. Qu'est-ce qui fait une bonne bosse, selon toi ?
- Speaker #1
Alors, pour moi, c'est un peu bateau, mais c'est vrai. C'est l'écoute. Il faut vraiment avoir l'humilité de comprendre que vos équipes savent peut-être mieux que vous. Et donc, il faut prendre le temps d'écouter. Ça ne vous empêche pas de prendre des décisions et à la fin de continuer dans votre avis, il n'y a pas de problème. Mais cette humilité, cette curiosité d'écouter les autres déjà attentivement, de prendre leur feedback et d'évoluer ensemble. Et ça, je pense que c'est vraiment indispensable. Donc l'écoute, pour moi, c'est la première chose. La deuxième, je l'ai un peu dit déjà, mais c'est quand même de savoir prendre des décisions. C'est super de récolter les avis, mais si à la fin vous n'êtes pas capable de trancher, vous perdez tout le monde. Donc écoutez, prenez des décisions et je pense quand même inspirer. Oui, apporter du dynamisme, chacun à sa façon. Il y en a qui l'apportent en parlant avec les mains, un peu comme moi, puis il y en a d'autres qui le font de manière beaucoup plus discrète. Ce qui compte, c'est qu'on embarque ses équipes. Donc chacun doit trouver un peu son mode et sa façon de faire, mais embarquer les équipes, c'est indispensable, avoir une vision, la tenir, et que tous les membres de votre équipe soient capables, en une phrase, de dire où est-ce que vous voulez aller l'année prochaine.
- Speaker #0
Génial. Et j'ai une dernière question pour toi sur ton parcours, parce que... Quand on t'entend parler de ton parcours comme ça, on se rend compte que tu as beaucoup été débauchée. Moi, c'est un truc qui me fascine, les gens qu'on appelle comme ça pour prendre des postes. Comment est-ce que ça s'est passé pour toi ? Parce que tu dis qu'on t'a appelée chez la VP, ensuite on t'a appelée chez Zalando. Comment est-ce qu'on se fait débaucher en vrai ?
- Speaker #1
Je pense que c'est vrai qu'il y a beaucoup de réseaux. C'est vrai que j'ai eu la chance d'être dans des... postes où je rencontrais toujours beaucoup de monde. C'est vrai qu'il y a parfois des entreprises qui sont très tournées vers l'intérieur. Moi, j'avais la chance d'avoir des boulots qui m'obligeaient à être tournée vers l'extérieur. Donc, quand je fais, par exemple, les collaborations créateurs, je rencontrais plein de créateurs, plein de marques. Quand je m'occupais de mon showroom, je rencontrais aussi plein de marques puisque je les référençais chez MSR. Et donc, du coup, ça vous donne une certaine visibilité. Après, il faut savoir l'entretenir et après, rebondir, etc. Donc, Comment on fait ? C'est juste, il faut quand même entretenir et entretenir son réseau.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Sans le faire de manière superficielle. Oui. On n'est pas obligé de faire des déjeuners toutes les semaines et de se forcer à faire des déjeuners toutes les semaines. Naturellement, en partageant aussi beaucoup. Oui. Je pense que ça, c'est aussi un autre conseil. Parfois, il y en a beaucoup qui restent secrets. Moi, je n'ai pas de mal à partager, à dire mes difficultés. Et ça crée finalement du lien.
- Speaker #0
Génial. Merci beaucoup. Maintenant, je voudrais te partager un courrier de nos lectrices. En gros, nous, chez C'est qui la bosse, tous les mois, on reçoit des centaines de questions de nos auditrices et on interroge toujours nos expertes et nos intervenantes du podcast sur un de ces sujets-là. Donc, je vais te lire un email d'une auditrice et je voudrais que tu répondes à sa question. Ça te va ?
- Speaker #1
Parfait.
- Speaker #0
Hello, c'est qui la bosse ? J'ai une question pour vous. J'aime mon job et je le trouve intéressant. Mais dans le fond, je n'ai pas l'impression qu'il n'y ait beaucoup de sens ou d'impact à ce que je fais. Je me dis que c'est toujours mieux que d'avoir un impact négatif, mais ça m'ennuie quand même. On n'arrête pas de dire qu'il faut trouver du sens dans son boulot, et là, moi, j'en trouve pas. Est-ce que c'est grave ? Merci beaucoup pour ton aide, Naïma, 27 ans.
- Speaker #1
Alors, moi, cette question, elle résonne énormément en moi. Ok. Honnêtement, parce que cette quête de sens, je l'ai eue un peu aussi, on en a parlé tout à l'heure. C'est-à-dire, en arrivant en école de commerce, on me dit « mais qu'est-ce que je fais là ? Je repars en médecine » . Donc, je comprends tout à fait ce que dit Naïma. En revanche, ce que j'ai appris avec le temps, c'est que le sens, on peut en trouver... partout. Et c'est en fait à nous aussi de construire et de faire en sorte que au quotidien, on soit aligné avec nos valeurs. Par exemple, moi je te donne un exemple chez Zalando. On a développé une collection inclusive, c'est-à-dire une collection de prêt-à-porter pour les personnes en situation de handicap. Et on l'a présentée, et on est en collaboration avec des personnes en situation de handicap qui nous ont partagé leur feedback. Mais quel bonheur de les entendre dire « Mais vous ne vous rendez pas compte, c'est peut-être pas grand-chose pour vous, c'est juste une fermeture, mais pour nous, ça nous change notre quotidien. » Et bien ça, c'est donner du sens à son boulot. Donc il faut réussir à trouver les opportunités dans son travail au quotidien.
- Speaker #0
Et de se dire, comment est-ce que moi, je fais quelque chose qui est aligné avec mes valeurs ? Le sens, vous le trouvez aussi, par exemple, dans votre accompagnement des équipes. Donc, quand vous êtes manager, c'est la façon dont vous allez aider vos équipes à évoluer, à progresser, à être promues. Mais même si vous n'êtes pas manager et que vous avez simplement des collègues, les écouter, les conseiller, c'est aussi ça le sens au quotidien. C'est de créer des liens forts. Donc, en fait, le sens, il se trouve partout. Donc, je pense qu'on ne peut pas tous être médecin, on ne peut pas tous être avocat, on ne peut pas tous avoir un métier où c'est une évidence qu'il y a du sens. Sinon, la société ne fonctionne plus. Le sens, il est tous les jours, partout, de manière parfois un peu cachée. Mais il faut le trouver.
- Speaker #1
Je suis tellement d'accord avec toi. C'est quelque chose qui me parle énormément, ce que tu dis. Merci. Et du coup, on enverra à Naïma ta réponse également. Maintenant, on va rentrer dans la dernière partie de notre podcast. Ensuite, moi, je vais te poser quelques questions rapides et je voudrais que tu me répondes du tac au tac. Vraiment le premier truc qui te vient à l'esprit. Par contre, plot twist, comme c'est mon podcast, si les réponses m'intriguent, je creuserai.
- Speaker #0
D'accord, pas de problème.
- Speaker #1
C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?
- Speaker #0
Alors, je dirais Simone Veil. Alors, ça paraît peut-être un peu bateau, mais Simone Veil parce qu'elle a une histoire incroyable, extrêmement dure et qu'elle ne s'est jamais arrêtée de se battre. Et ça, je trouve ça très beau comme message.
- Speaker #1
Tu fais quoi quand t'es en manque d'inspiration ?
- Speaker #0
Je fais une pause et je mange du chocolat.
- Speaker #1
Ok, du chocolat. Quoi comme chocolat ? Noir ou blanc ? Ou...
- Speaker #0
Lait avec noisette.
- Speaker #1
Lait noisette. Très important. Tu dirais quoi à la Laura de 18 ans ?
- Speaker #0
Qu'elle a raison de poser plein de questions et qu'il faut qu'elle se fasse confiance et qu'elle continue.
- Speaker #1
C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ?
- Speaker #0
Trois enfants ! Comme si j'en avais 15.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui n'est pas sur ton CV ? mais qui a marqué ta carrière ?
- Speaker #0
Apprendre à gérer des créatifs. Ok,
- Speaker #1
pourquoi ?
- Speaker #0
Parce qu'en tout cas, quand j'étais chez Monoprix, c'est vraiment une compétence. C'est-à-dire que quand on travaille avec des créateurs qui mettent toute leur âme dans un produit, dans une collection, savoir manager un petit peu leurs attentes. Et puis, il y a des personnalités très fortes. Donc, manager des créatifs, je pense que c'est... C'est un vrai taf.
- Speaker #1
C'est un vrai taf. Ok. Est-ce que tu as un mentor ?
- Speaker #0
Alors, je dirais Liliane Rosa, justement, qui, chez Monoprix, en fait, au-delà des opportunités qu'elle m'a données, elle m'a transmis des valeurs qui résonnaient déjà en moi, mais qu'elle les a rendues concrètes, comme les valeurs, par exemple, de la liberté. Tu es toujours libre de faire ce que tu veux. C'est toi qui décides de ta carrière. C'est toi qui décides de tes choix. N'aie pas peur. Donc ça, c'est vraiment... Elle m'a guidée, puis je suis toujours en contact avec elle. Je suis même en contact avec ses enfants maintenant et je les conseille. Donc, en fait, on... C'est intergénérationnel, j'ai envie de dire. C'est ouf. C'est sympa.
- Speaker #1
Génial. Comment est-ce que tu aimerais qu'on décrive ta carrière dans 30 ans ?
- Speaker #0
La carrière d'une femme passionnée.
- Speaker #1
Passionnée. OK. C'est quoi le mantra qu'on devrait tous se répéter le matin en se regardant dans la glace ?
- Speaker #0
Vas-y, fonce.
- Speaker #1
Et la dernière que je pose à la big boss de Zalando France, du coup, c'est quoi la prochaine marque de mode qu'on devrait suivre ?
- Speaker #0
Alors, c'est une question qui est compliquée. Moi, j'ai une marque que j'adore qui s'appelle Maison Hôtel, qui est une marque espagnole, qui entend un nom français, mais qui reprend les codes du bohème. Et moi, je trouve que le bohème, enfin là, on est dans une phase très prépris, très street, mais vous allez voir, le bohème va revenir et le mix entre le bohème et le street est magnifique. Et donc, Maison Hôtel, c'est vraiment une jolie marque à suivre.
- Speaker #1
On note et on va aller suivre ça. Écoute, merci infiniment, Laura, d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? Avec plaisir. Et ensuite, j'ai une dernière question pour toi, qui est la prochaine femme ? qu'on devrait recevoir sur le podcast ?
- Speaker #0
Alors, ça va paraître étrange, mais je dirais ma sœur, qui s'appelle Meryl et qui gère, du coup, qui fait de la gynéco en PMA. Elle est mère de quatre enfants, elle a trois centres de PMA, elle rend des familles heureuses tous les jours. Et je pense que finalement, c'est vraiment une bosse. Et donc, c'est intéressant de voir comment on peut être une bosse dans la médecine aussi.
- Speaker #1
Et bien, on va aller la contacter de ce pas. Merci Laura d'être venue sur le podcast. Merci pour la bosse.