undefined cover
undefined cover
Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash) cover
Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash) cover
C'est qui la boss ?

Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash)

Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash)

41min |14/11/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash) cover
Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash) cover
C'est qui la boss ?

Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash)

Négocier son salaire avec Morgane Dion (Plan Cash)

41min |14/11/2024
Play

Description

C’est qui la Boss ?, c'est le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de Plan Cash et une pro de la négociation de salaire. 

Plan Cash, c’est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d’argent, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation, et nous donne quelques secrets sur son parcours, comme les cinq mois qu’elle a passé à bord d’un porte-avion. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c’est le moment de vous plonger dans cet épisode. 

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Cette semaine, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de PlanCash et une pro de la négociation de salaire. PlanCash, c'est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d'argent, la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation et elle nous donne même quelques secrets sur son parcours. Comme les 5 mois qu'elle a passé à bord d'un porte-avions. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c'est le moment de vous plonger dans cet épisode. Bonne écoute ! Bonjour Morgane !

  • Speaker #1

    Bonjour Clara !

  • Speaker #0

    On est ravies de te recevoir sur C'est qui la basse ?

  • Speaker #1

    Et bien c'est moi qui suis ravie d'être là !

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées sans exception. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand t'étais petite ?

  • Speaker #1

    J'avais deux rêves quand j'étais enfant. Le premier c'était d'écrire. Je voulais être la nouvelle Agatha Christie.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Très humblement. Et le second, c'est que je rêvais de voyager. Et donc, quand j'avais une dizaine d'années, j'avais décrété que je deviendrais reporter pour Geographique Nationale. D'accord. Ce qui n'est jamais arrivé au final. Par contre, j'ai écrit et j'ai voyagé.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et du coup, c'était quoi ton premier job ? Ton premier vrai job ?

  • Speaker #1

    Mon premier vrai job ? Tu vois, c'est assez intéressant comme question parce que qu'est-ce qu'on entend par premier vrai job ? Parce que j'ai fait des stages. C'était des vrais jobs, c'est juste qu'on ne me payait pas. Mais factuellement, c'était des jobs. J'avais des responsabilités, je faisais du 8h à 17h, etc. Donc ça dépend quelle est la définition de qu'est-ce que c'est un vrai job. Si on parle juste du travail, c'était à l'ONU. Je travaillais pour l'organisation qui est en charge des crises humanitaires. J'étais chargée de faire... L'envoi de personnel d'urgence sur les sites humanitaires, ça pouvait être des guerres comme des catastrophes naturelles. Et si on parle de rémunération, alors à ce moment-là, c'était Interpol et j'étais responsable presse pour Interpol.

  • Speaker #0

    Ok. Et ça, c'est des milieux qui sont quand même très masculins dans les deux jobs. Qu'est-ce que tu en as tiré de ces expériences ?

  • Speaker #1

    C'est effectivement, alors Ausha, c'est-à-dire l'Organisation des Nations Unies, c'est... Pas si masculin que ça en réalité. De mémoire, je crois que mes équipes, c'est quasiment... Enfin mes équipes, j'étais la plus junior, donc plutôt les équipes avec qui je travaillais, c'était quasiment que des femmes. Mais dans l'humanitaire, de manière générale, on trouve énormément de femmes, comme dans tous les milieux associatifs, ONG, etc. Interpol, par contre, effectivement, c'est de la police internationale. C'est beaucoup de technicité et de technologie aussi. Donc c'est encore des milieux qui sont très, très masculins. Très honnêtement, à l'époque, je me posais... pas tellement la question. J'étais assez jeune, j'avais 24-25 ans. Et pour moi, c'était juste le quotidien. C'est un peu plus tard que c'est venu, c'est plutôt dans l'armée, où là effectivement, en plus, le quota homme-femme est encore plus fort, la différence est encore plus forte. Et c'est plutôt là que, très clairement, je l'ai senti. En plus, on m'avait raconté plein d'histoires.

  • Speaker #0

    Je veux juste qu'on rembobine un tout petit peu, parce que Tu as devancé ma question. Après Interpol, tu es partie dans l'armée, tu es engagée dans la marée nationale. Tout à fait. Comment ça se passe de faire ça ? Parce que je ne connais personne d'autre à part toi qui a fait ça.

  • Speaker #1

    Comment on fait ça ? Un petit peu par hasard, j'ai fait des études en sécurité-défense. L'armée était plutôt un débouché assez classique pour ce genre d'études. Ce n'était pas celui que je voulais faire. Moi, je voulais travailler dans l'humanitaire, d'où mon premier emploi à l'ONU. Et puis, je voulais travailler spécifiquement dans l'humanitaire, dans quelque chose qui s'appelle les relations civilo-militaires. Et en gros, c'est les personnes sur le terrain qui font le lien entre les équipes militaires qui interviennent, notamment quand il y a des militaires qui interviennent sur des théâtres de catastrophes naturelles, mais aussi de guerres, bien sûr, et le personnel humanitaire ou les associations de terrain ou le personnel civil. Et moi, je voulais travailler dans les relations entre ces deux parties. et je m'étais dit Ok, j'ai l'expérience, alors pas forcément de terrain, mais je connais un petit peu le milieu humanitaire puisque je viens de faire six mois à l'ONU. Si je veux continuer dans cette voie, ce serait quand même bien que je sache ce qui se passe côté militaire. C'est compliqué de faire des relations civiles et militaires si tu ne connais qu'un des deux parties. Et donc j'ai postulé dans l'armée comme on postule dans n'importe quelle entreprise en réalité. Je n'ai pas été prise la première fois que j'ai postulé parce que j'avais postulé sur un job où il leur fallait quelqu'un qui parlait chinois, ce qui n'était pas mon cas. Moi, je parlais russe, mais... Pas chez moi.

  • Speaker #0

    Tu as pas mal de russes en vrai.

  • Speaker #1

    Il m'en reste pas grand chose. Je sais dire, je m'appelle Morgane et ceci est un vase. Ça me sert pas beaucoup. Et quand j'étais chez Interpol, mon contrat, j'étais en CDD, mon contrat arrivait à terme. Et là, l'armée à Lyon, le centre de recrutement de Lyon m'a rappelé en me disant, écoutez, il y a un nouveau poste qui s'est ouvert. Votre candidature est toujours dans notre système. Est-ce que ça vous intéresse ? Et le poste en question, c'était pour être responsable communication. de ce qui s'appelle le groupe aérien embarqué, c'est-à-dire c'est toute la composante aérienne du Charles de Gaulle, le porte-avions. D'accord. Donc c'est à peu près 500 personnes, c'est les aéronefs, le personnel expert, les pilotes bien sûr, etc. Évidemment, j'ai dit oui, surtout qu'il y avait plusieurs missions, donc des déploiements extérieurs qui étaient prévus. Et donc j'allais pouvoir voyager pour mon travail, c'était plutôt s'accoucher quelques cases.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu es allée sur le porte-avions du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, j'y ai passé. En tout, j'ai fait un contrat d'un an. C'est des contrats que les armées proposent, en tout cas la Marine nationale. En gros, c'est pour découvrir le milieu militaire. Ça renforce aussi ce qu'ils appellent le lien armée-nation.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai fait un contrat d'un an. J'ai fait des choses, enfin j'ai vu, parce que moi, personnellement, je n'ai pas fait des choses incroyables. Mais par contre, j'ai vu des choses incroyables. Sur un an, j'ai passé à peu près six ou sept mois en mer. J'ai... J'ai fait le défilé du 14 juillet également. Je n'ai pas défilé moi, c'était mon unité qui défilait. Mais par contre, j'étais dans l'organisation de ce défilement, de ce défilé. Et sur les six mois en mer, je suis allée jusqu'en Inde. Et voilà, c'était une expérience assez incroyable. C'est cinq mois en mer quasiment plein, pas de jour de repos. Ça n'existe pas le week-end en mer. Les nuits non plus n'existent pas vraiment parce qu'il y a toujours de l'activité. C'était vraiment génial.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Qu'est-ce qui s'est passé entre la marine et aujourd'hui la création de Plan Cache ?

  • Speaker #1

    Il s'est passé beaucoup de choses. J'ai la bougeotte. Ça va un peu mieux maintenant. Mais j'ai eu beaucoup la bougeotte, donc j'ai beaucoup changé d'emploi. Que ce soit Interpol ou la marine, je travaillais quand même sur des postes en communication. À la fin du contrat de la marine, je n'ai pas souhaité renouveler pour plusieurs raisons, notamment le fait qu'il n'y avait plus de déploiement prévu l'année suivante et que je n'avais pas envie de rester sur base. Et donc, j'ai pris un petit peu... Très honnêtement, j'ai eu peur en réalité parce que j'étais indépendante de ma famille. Je n'avais pas beaucoup d'économies de côté, donc il me fallait un job. Et j'ai un petit peu pris ce qui passait et à l'époque, c'était un job en communication en agence. Je dirais qu'à cette époque-là, j'ai un peu abandonné mes rêves quand même. Parce que la réalité de la vie, il faut payer un loyer. À l'époque, j'avais encore un prêt étudiant que j'avais dû faire pour partir étudier en Écosse pour apprendre l'anglais. Donc, j'avais des responsabilités. Et de fil en aiguille, j'ai testé plein de jobs. J'ai bossé en agence conseil, j'ai été freelance, j'ai bossé en start-up. Et puis, j'ai monté plan cash.

  • Speaker #0

    Ça a été quoi, avant de monter le plan cash, tu étais déjà très engagée sur la question des négociations salariales, de l'égalité des salaires hommes-femmes. Ça a été quoi, est-ce qu'il y a un épisode de ta vie qui t'a vraiment forgée sur cet engagement-là, même avant le plan cash ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a eu des choses qui ont été très progressives sur la partie égalité hommes-femmes. C'était plutôt, justement, j'ai tellement changé de job régulièrement que j'ai pu comparer. Des jobs qui étaient très masculins, d'autres qui étaient en tout cas des univers très masculins, d'autres dans des univers très féminins, d'autres des univers très mixtes. Et c'était plutôt la continuité des inégalités que je voyais ou des discriminations. C'était cette femme qui en vient de congé maternité, qui avait un poste de directrice et elle revient et son département a été restructuré. Puis on lui dit gentiment, fais ce que tu veux, prends le poste que tu veux. Donc elle se retrouve un petit peu le bec dans l'eau et elle finit par démissionner d'elle-même. C'était des équipes entièrement féminines qui étaient dirigées par un homme. C'était le harcèlement, parce qu'il faut appeler les choses comme elles sont, c'était le harcèlement de jeunes consultantes par des clients, et quand elles se plaignent à leur manager, on leur dit « ouais mais c'est le client, il paye, tu vois, donc bon, fais avec, c'est pas grave » . Voilà, c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont poussée à écouter, à apprendre, à regarder. J'ai suivi des conférences, j'ai lu des livres, je me suis formée. Et la partie financière en particulier, il y a vraiment un épisode très particulier qui a marqué. Justement, j'ai changé de job et je passais des entretiens pour intégrer une agence en conseil et je ne m'étais pas préparée. Je suis arrivée à l'entretien vraiment à l'arrache complètement et c'était le premier entretien. Et lors de cet entretien, le potentiel future manager me dit « Ok, c'est quoi vos prétentions salariales ? » Et alors un gros blanc, mais vraiment blanc total, j'avais absolument pas préparé. Et en fait dans ma tête très rapidement je me suis dit ok aujourd'hui tu gagnes tant, rajoute 10k et dis que c'est ce que tu veux. Et donc j'annonce le chiffre donc je prends mon salaire, je rajoute 10k, je dis voilà je veux tant. On me dit ok très bien on vous rappelle. Et quelques jours après on me rappelle et on me dit ok très bien le job est pour vous, au salaire que vous avez demandé. Et en fait à ce moment là je me rends compte que dans ma tête c'est pas 10k que j'ai rajouté c'est 20k. par rapport au salaire, je touchais déjà. Donc j'avais, en fait inconsciemment, j'avais négocié mon salaire, 20 cas de plus, sans le savoir, sans en faire attention. Et là, je me suis dit, trois choses. La première, c'est en fait, il faut le faire, il faut demander plus. Finalement, ça se fait, il faut le faire. La deuxième, c'est quand même, si je m'étais préparée, peut-être que j'aurais pu demander encore plus, peut-être que j'aurais pu demander des bonus, peut-être que j'aurais pu demander de l'équitif, enfin, peu importe. peut-être pu demander autre chose. Et la troisième, c'est que si on accepte sans négocier ce que tu as demandé, c'est que factuellement, tu aurais pu demander plus. Et donc, c'est de ce point-là, alors d'ailleurs, je n'ai pas accepté ce job-là, j'en ai accepté un autre. Mais c'est de ce moment-là que je me suis dit, ok, il faut que tu te formes, il faut que tu négocies. Et à force de me former, à force de négocier moi-même mes salaires, mes augmentations, d'en parler à mes amis, tu vois, de leur donner des petits tips, etc., j'ai fini par construire une certaine expertise du sujet. Et puis, ce n'est plus mes amis que j'ai formés, c'est des personnes que je ne connaissais pas, c'était des collègues. Et puis, j'ai lancé des formations et en fait, ça a bien pris et ça a été une des jeunesses de PlanCache. Ouais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après, qu'est-ce que c'est PlanCache ?

  • Speaker #1

    Alors, PlanCache, c'est une application mobile d'éducation financière pour les femmes, par des femmes, puisqu'on est toute une équipe de femmes. C'est des sujets aussi variés que justement comment on négocie son salaire ou ses tarifs quand on est indépendante. Mais ça va être aussi comment est-ce qu'on fait un budget, comment est-ce qu'on gère l'argent dans le couple de manière équitable, comment on se sort des dettes et surtout comment on investit. Parce qu'aujourd'hui, les femmes ont moins de patrimoine que les hommes, elles investissent moins souvent, leur argent dort plus souvent sur des comptes épargnes qui perdent de la valeur parce que les comptes épargnes rapportent moins que l'inflation. Et donc elles n'ont pas ni la liberté financière d'accomplir leur projet. ni de se sortir de situations complexes. Ça va aussi bien de quitter son job parce que ça se passe mal à quitter son conjoint parce qu'il est violent. Donc voilà, c'est plein de formations en micro-learning. C'est une communauté aussi. On peut échanger avec d'autres femmes et des personnes non-binaires sur justement toutes les questions d'argent. Il n'y a aucun tabou. On est là justement pour faire tomber ce tabou. Personne n'ose parler de l'argent. En France, on préfère parler de sexe que parler d'argent. C'est dire à quel point... c'est quelque chose de honteux alors que ça devrait pas l'être et on est là pour faire tomber ces barrières.

  • Speaker #0

    Trop bien et ça a été quoi du coup le déclic pour monter Plan Cache ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la rencontre avec mon associée donc Léa qui elle était journaliste économique depuis une douzaine d'années qui elle lançait une newsletter parce qu'elle s'était rendu compte que les médias ne parlez pas d'argent aux femmes ou en tout cas ne leur parlez pas pas de la bonne manière. C'est ça,

  • Speaker #0

    parce qu'en fait, on nous parle tout le temps de comment économiser sur les courses.

  • Speaker #1

    Exactement. Aux femmes, on va la mettre dans des postures de dépensière. Comment est-ce qu'on économise sur les courses ? Comment est-ce qu'on fait des soldes ? Comment est-ce qu'on lutte contre l'envie de faire du shopping, etc. Alors que les hommes, on leur parle de rendement, on leur parle d'investissement, de crypto, de bourse, d'immobilier, etc. On les met de base dans une posture d'investisseur, même s'ils n'y connaissent pas forcément grand-chose non plus. et donc elle voulait lancer une newsletter, elle voulait lancer un média qui parle d'argent aux femmes de manière décomplexée, sans jargon, etc. Et moi, en parallèle, exactement au même moment, je lançais des formations. Je faisais déjà les formations à la négociation salariale et je faisais déjà du coaching en one-to-one. Et je me suis rendue compte d'une chose. La première, c'était que moi-même, j'étais très bonne pour négocier mon salaire. Mais finalement, derrière, il ne se passait pas grand-chose. Typiquement, mon argent dormait sur des comptes épargnes. Nouvelle. où je le dépensais, où je faisais des cadeaux, je partais en voyage, etc. Et les femmes que j'accompagnais à la négociation salariale, c'était un petit peu pareil. Il y en avait qui savaient très bien pourquoi elles négociaient leur salaire, c'est parce que factuellement elles étaient très mal payées et qu'elles avaient besoin de pouvoir payer les factures. Mais il y en a d'autres, c'était un petit peu par confort, il n'y avait pas forcément d'objectif derrière. Et donc je me suis dit, il faut que moi-même je me forme sur qu'est-ce qui se passe une fois que tu as de l'argent, et je vais en profiter du coup pour former d'autres femmes. qui vont nous former sur l'investissement, la bourse, etc. Et quand Léa a annoncé qu'elle lançait sa newsletter, on s'est rencontrés, on s'est rendu compte qu'on poursuivait le même objectif, qui était l'indépendance financière des femmes, et que plus de femmes investissent leur argent. et on s'est dit qu'à deux on serait plus fortes et qu'on irait plus loin et on s'est associés

  • Speaker #0

    Trop cool. Et donc en parallèle de Plancash, tu es également autrice. Alors tu n'es pas Agatha Christie. On s'est un peu éloigné en termes de joueurs. Et tu viens de sortir ton livre qui s'appelle « Les gentilles filles ne réussissent pas » .

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors tu te doutes bien, il faut que je te pose la question. Pourquoi est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ?

  • Speaker #1

    Est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ? La réponse est c'est vrai, les gentilles filles ne réussissent pas. Qu'est-ce que j'appelle être gentille ? On m'a beaucoup posé la question. Être gentille pour moi, c'est rentrer dans la case. Et la case que le système, la société a définie pour nous. Et en tant que femme, cette case, c'est quelqu'un qui ne fait pas de vagues. C'est quelqu'un qui n'a pas les dents qui rayent le plancher. C'est quelqu'un qui est gentil. C'est quelqu'un qui est poli. C'est quelqu'un qui ne parle pas d'argent pour le coup. Voilà, c'est ça la case des femmes. La réalité, c'est que nous les femmes, on n'est pas comme ça. Enfin, peut-être qu'il y en a qui sont... Et heureusement, on a l'air qu'il y a des femmes qui sont... jolie, gentille, polie, bien entendu. Mais on est tellement plus que ça. Les femmes sont aussi ambitieuses, elles sont colériques, elles ont de l'expertise, elles sont sorores. Les femmes sont complexes, elles ne sont pas ce que la société attend de nous. Et aujourd'hui, quand on fait tout ce qu'il faut pour rentrer dans les cases, eh bien non, on ne réussit pas parce que c'est un système qui est fait de sorte à ce que la majorité du gâteau soit distribué aux hommes. et que les femmes se battent entre elles pour obtenir quelques miettes. Et donc, si tu joues le jeu, peut-être que tu auras des miettes, mais en fait, ces miettes, elles ne représentent rien. Et pour parler très concrètement, ces miettes, ça veut dire que, peut-être, de temps en temps, une femme par-ci ou par-là va réussir. D'ailleurs, on peut se poser la question de qu'est-ce que ça veut dire, réussir, aussi. Mais peut-être qu'une femme va atteindre le sommet de la pyramide. Et on va l'ériger en exemple. Voilà, elle l'a fait, c'est possible.

  • Speaker #0

    Genre Anne Levergeon ou une PDG au CAC 40,

  • Speaker #1

    quoi. Exactement. Et heureusement, d'ailleurs, qu'il y en a. Heureusement, on en a besoin. On a besoin de voir que c'est possible. Mais il ne faut pas se voiler la face. C'est parce que ce sont des femmes qui ont joué le jeu. Et elles sont sorties du lot. Mais la réalité, c'est que la plupart d'entre nous, on est derrière et qu'on continue à ramer. Et que tant que le système sera tel qu'il est, tant qu'on acceptera de jouer selon ses règles, tant qu'on continuera à être gentil, on n'aura rien à gagner si ce n'est quelques miettes. A l'inverse, on peut décider d'être déraisonnable. Pour moi, déraisonnable, c'est l'inverse d'être gentil, si on reprend ma définition de gentil. Et donc être déraisonnable, c'est-à-dire essayer de sortir des cases, essayer de casser un petit peu les codes, d'oser. D'ailleurs, les femmes osent, c'est un stéréotype qui m'énerve fortement. On dit que les femmes n'osent pas, qu'elles ont un syndrome dans la posture, mais les femmes osent et il faut... qu'on commence à le dire, et ça commence par là, en fait, changer le système. C'est dire que les femmes, oui, elles osent, oui, les femmes négocient, oui, les femmes sont fortes, oui, les femmes ont le droit d'être en colère, oui, les femmes réussissent.

  • Speaker #0

    Parce qu'on a cette idée reçue que les femmes, elles ne négocient pas leur salaire. C'est pas vrai. En fait, on leur refuse plus souvent les augmentations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui se passe, d'ailleurs, c'est très intéressant, il y a des méta-études qui ont été menées, qui reprennent, en fait, la plupart des études faites depuis les années 80, et qui... Alors... Sont arrivées à plusieurs conclusions. La première, effectivement, c'est ce que tu dis, c'est que les femmes, non seulement négocient de plus en plus leur salaire, mais dans certains secteurs, le négocient autant si ce n'est plus que les hommes. Donc, il faut arrêter de dire que les femmes négocient pas leur salaire, c'est faux. Ça, c'est le premier point. Le deuxième, c'est que ce que cette météoritude a montré, c'est qu'on est sept fois plus en posture de mentir à une femme et de lui refuser ce qu'elle demande quand elle négocie, que si c'est un homme qui négocie. Parce qu'en fait, on pense que c'est plus facile de mentir à une femme et que ça a une conséquence. Sept fois plus. Donc ça, c'est terrible. Et la responsabilité, ce n'est pas celle des femmes, c'est celle des personnes qui sont en face. Donc c'est les managers, c'est les RH, c'est les recruteurs, c'est les chefs d'entreprise. Et la dernière conclusion, en tout cas la troisième que moi je retiens de cette méta-étude, c'est que quand on parle de négociation salariale, très souvent, les études prennent dans l'ensemble. C'est-à-dire que c'est toutes les femmes et tous les hommes. Ensuite, on fait la différence entre celles qui disent avoir négocié et ceux qui disent l'avoir fait ou pas. La réalité, c'est que le marché de l'emploi est genré. Il y a des secteurs et des métiers qui sont occupés principalement par des femmes et d'autres principalement par des hommes. Il s'avère que les métiers qui sont effectués par des femmes, ce sont beaucoup des métiers dans lesquels la négociation salariale est beaucoup plus complexe parce qu'il y a des structures de rémunération qui sont beaucoup plus rigides. Le secteur du public, par exemple. On parlait du secteur associatif tout à l'heure. La petite enfance, le commerce de détails, etc. Voilà, l'administration. Ce sont des secteurs dans lesquels il y a des conventions, il y a des grilles, souvent très strictes. Ça ne veut pas dire qu'il est impossible de négocier, ça veut dire que c'est beaucoup plus complexe. Et donc, quand on va regarder dans le détail, en fait, on se rend compte que quand on dit que les hommes négocient plus que les femmes, c'est simplement qu'ils occupent des secteurs et des métiers d'activité où c'est plus simple de négocier. mais c'est aussi plus simple parce que ce sont des hommes qui le font. Et qu'il y a aussi l'histoire, c'est-à-dire qu'on a tellement pris en compte que les hommes négociaient, qu'ils avaient le droit, qu'ils avaient de la valeur, que ces secteurs-là se sont adaptés et sont beaucoup plus flexibles en termes de rémunération. Alors qu'on est tellement parti de l'idée que les femmes devraient déjà être contentes d'avoir un job et d'être payées pour faire ce job-là, qu'en plus elles n'allaient pas être rémunérées plus. Et donc il y a des structures de rémunération qui se sont rigidifiées dans ces secteurs.

  • Speaker #0

    Les femmes négocient leur salaire, mais on leur refuse très souvent les augmentations. Là, ça va bientôt être le moment des entretiens annuels. C'est quoi le conseil qu'une meuf doit avoir en tête quand elle rentre dans son entretien annuel ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, si elle commence à penser à sa demande d'augmentation au moment où elle rentre dans l'entretien, C'est pas que c'est raté, mais presque. La bonne nouvelle, c'est que c'est plutôt en janvier que ça se fait. Alors, ça dépend des entreprises. Ça peut être janvier, septembre, juin, ça dépend. En fait, il faut s'y prendre le plus tôt possible. Pourquoi ? Parce qu'une négociation, c'est quelque chose qui repose sur de l'argumentation rationnelle. Un employeur ne va pas vous augmenter. parce que vous êtes sympa ou parce que vous avez des gamins ou un prêt immobilier à rembourser. L'employeur va vous augmenter parce que vous avez un potentiel, que vous avez un track record qui montre que vous avez des réussites et que vous allez continuer du coup à réussir des projets dans l'entreprise. Et donc, il faut s'y prendre en avance parce qu'il faut pouvoir prouver. ce qu'on avance, prouver qu'on est un bon élément, prouver qu'on a du potentiel. Donc ça veut dire récupérer des témoignages de collègues, de clients, arriver à montrer en quoi notre travail a fait progresser l'entreprise. Et je vous donne tout de suite un vrai tips, l'entreprise, son objectif c'est de faire de l'argent. Même une entreprise qui a une entreprise à mission doit quand même faire de l'argent. Après cet argent peut être réinvesti, si c'est une entreprise à mission, dans des œuvres, etc. Mais il n'empêche qu'il faut faire de l'argent. Et l'entreprise fait de l'argent de deux manières, soit elle en gagne, soit elle en économise. Et donc quand on prépare son argumentaire, il faut montrer en quoi son travail individuel a permis soit de faire gagner de l'argent à l'entreprise, soit de lui en faire économiser. Et donc il faut avoir le temps d'aller rechercher dans les projets qu'on a fait, les réussites, aller chercher les chiffres et les arguments qui vont prouver qu'on a fait l'un ou l'autre. Donc ça, ça demande du temps et c'est vrai que si on s'y prend la veille pour le lendemain, ça va être beaucoup. compliqué, il risque d'y avoir une bonne mie blanche juste avant, ce qui n'est pas l'idéal. Donc ça, c'est le premier des conseils. Et si je peux en donner un deuxième, c'est aussi de bien connaître les processus en interne. Et ça, c'est la première chose qu'on doit faire quand on rentre dans un job. C'est tout de suite savoir comment ça se passe, qui est décisionnaire, quelles sont les habitudes, est-ce que les autres salariés ont de l'equity, donc l'equity c'est des parts dans l'entreprise. Est-ce que les autres ont des avantages en nature ? Est-ce qu'il y a des bonus ? Est-ce qu'il y a des primes ? Est-ce qu'il y a des choses à titre individuel, collectif ? En fait, il faut être incollable sur le fonctionnement de son entreprise en matière de rémunération et d'augmentation parce que c'est ce qui va nous permettre de savoir quoi demander. Et parce qu'une entreprise A peut peut-être mettre en place des bonus individuels, l'entreprise B va plutôt mettre de l'équity. Si toi tu arrives et que tu demandes de l'équity dans une entreprise qui fait plutôt du bonus... tu n'auras peut-être rien du tout. Par contre, si tu sais que c'est une entreprise qui a une habitude de faire de l'equity, tu peux demander de l'equity. Ou si c'est une entreprise qui a l'habitude de faire de la prime, tu peux demander de la prime. Donc, il faut connaître absolument. Et donc, ça, ça nécessite plusieurs choses. Parler à CRH, son RH ou sa RH est notre meilleur ami, son ou sa manager, son N plus 1 et ses collègues. Il faut savoir ce que les collègues font. Est-ce que les collègues ont des...

  • Speaker #0

    Il faut savoir combien gagnent les collègues.

  • Speaker #1

    Il faut savoir combien gagnent les collègues. Moi, j'ai travaillé dans une entreprise, je venais d'arriver. Et je gérais la partie diversité-inclusion. Et j'avais une collègue qui gérait la partie environnement. Toutes les deux, on bossait dans la direction, dans l'équipe RSE. Et donc, littéralement, on faisait le même travail. On répondait à la même personne. On avait le même échelon dans l'entreprise. Il s'avère que la personne qui était sur la partie environnement était plus âgée que moi. Elle avait une quinzaine d'années de plus. Et en fait, on s'est rendu compte que j'étais mieux payée qu'elle. Parce qu'on a parlé salaire. Parce que moi, j'avais négocié le mien rentrant. Et en fait, on s'est rendu compte qu'alors qu'on faisait le même job, si ce n'est qu'elle avait plus d'expérience que moi, j'étais mieux rémunérée. Ce n'était pas normal. Mais si on n'en avait pas parlé, elle ne l'aurait pas su. Et si elle ne l'avait pas su, elle n'aurait pas su quoi demander lors de son entretien.

  • Speaker #0

    Incroyable. Oui, donc d'où l'importance de parler de son salaire avec ses collègues. C'est un truc que je répète tout le temps à tous les gens qui m'entourent, mais je suis très d'accord avec toi. On va finir sur ton livre avec une dernière question. C'est quoi le mythe sur le monde du travail que tu aimerais dégommer ? On en a abordé pas mal, en vrai, déjà, dans notre entretien.

  • Speaker #1

    Est-ce que j'ai le droit d'en citer deux ?

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Le premier, c'est que je ne supporte plus, mais quand je dis ne supporte plus, c'est vraiment, je pense que j'ai des boutons qui poussent quand on m'en parle. Je ne supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur. Déjà, je ne supporte pas cette forme. syndrome de l'imposteur, ça laisse s'entendre un, que c'est une maladie, un syndrome c'est le champ médical, l'imposteur c'est la personne, donc en fait la personne est malade Et ça, c'est pas possible. Donc déjà, si on m'en parle, s'il vous plaît, dites syndrome de l'imposture. Au moins, on parle plutôt d'une action plutôt que d'une personne. Et je supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur ou de l'imposture parce que c'est complètement faux. Il faut savoir que déjà, c'est un phénomène qui a été théorisé en ne prenant appui que sur des études sur des femmes. Donc forcément, on a émis l'hypothèse que c'était les femmes qui avaient un syndrome de l'imposture puisqu'on avait étudié ça que chez les femmes. Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point, pourquoi je ne veux plus qu'on en parle, les femmes prennent des risques, les femmes ont confiance, mais on leur répète tellement souvent, il y a tellement de livres de coaching, et alors c'est pas pour critiquer les coachs, mais on met tellement dans la tête des femmes qu'elles ont un semblant d'impossure, qu'elles manquent de confiance, c'est une prophétie autorisatrice, et donc forcément les femmes derrière vont agir en conséquence, elles sont tellement persuadées qu'elles ne sont pas capables, en fait ça s'insinue de manière complètement inconsciente. Les femmes ne se disent pas « Ok, on me dit que j'ai un certain nombre d'imposteurs, donc je suis impostrice, donc je ne mérite pas. » Non, c'est inconscient. Et on va tellement le leur répéter depuis qu'elles sont enfants, qu'inconsciemment, elles vont réagir en conséquence. Donc ça, c'est le premier mythe que j'aimerais qu'on dégomme, c'est celui-là. Et le second, c'est qu'en fait, moi je forme des femmes à négocier leur salaire. Et c'est très bien à plusieurs titres. C'est bien à niveau individuel parce qu'elles augmentent leur salaire. ainsi. La plupart du temps, c'est bien aussi à niveau collectif parce que du coup, souvent, elles prennent confiance, elles en parlent à leurs amis, à leurs collègues et ça entraîne. Et on sait que les femmes sont motrices de changement. Mais la réalité, c'est qu'en fait, ça ne changera rien au système. Il faut une révolution. Si on veut vraiment changer les choses, si c'est vraiment ce qu'on veut, si on veut que le système change, il faut le casser. Il faut une révolution. Et dans l'histoire, on a... jamais acquis aucun droit de manière pacifique en demandant gentiment. Tous les droits que les femmes ont acquis, tous, ont été faits par la révolution. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les féministes du passé étaient sages et calmes et posées. Non, c'était des féministes qui tapaient du poing sur la table, qui étaient violentes. Voilà. Et en fait, je suis désolée, je dis pas qu'il faut qu'on aille tout casser et qu'il faut couper des têtes. Mais il va falloir aller à la racine, il va falloir casser le système si on veut vraiment le changer. Parce que là, je crois que les termes de l'ONU, c'est qu'à ce rythme, il faudra encore 257 ans pour que les choses changent. Je crois que, en fait, ce n'est pas possible. Donc, si c'est vraiment ce qu'on veut, il faut une révolution. Moi, j'aimerais voir les femmes, toutes les femmes, qui arrêtent de travailler, font plus rien, s'occupent plus des enfants, vont plus au boulot, rien. Tu sais ce qui se passera ? Une paralysie totale de l'économie de la société. C'est ça qu'il nous faut. Donc, j'appelle, je fais un grand appel à la grève générale.

  • Speaker #0

    Morgane appelle à la grève générale des femmes. Génial on va conclure sur cette note sur ton livre ça paraît pas mal grève générale des femmes et je voudrais maintenant te poser deux questions qu'on a reçues de la part de nos auditrices ce qu'il faut savoir c'est qu'on reçoit des mails de nos auditrices toute l'année avec des questions sur la vie au boulot, l'entrepreneuriat et les négociations de salaire et du coup je vais te lire un premier mail Hello, je viens de commencer dans une équipe avec que des gens qui sont plus vieux que moi. En tant que junior, j'ai envie de prouver ce que je vaux, mais j'ai du mal à trouver le juste milieu. Je veux montrer que je suis motivée sans paraître trop ambitieuse. Est-ce que tu as un conseil à me donner ?

  • Speaker #1

    C'est une posture que j'ai tout à fait connue, justement dans l'armée. Je manageais une équipe de trois personnes qui avaient littéralement 50 ans. Et moi, j'en avais 25. Et en fait, c'est assez... Effectivement, c'est assez complexe parce qu'il faut arriver... à trouver la manière pour faire comprendre que c'est pas parce qu'on est jeune qu'on n'y connaît rien, mais il faut en même temps respecter aussi le fait que les personnes avec plus d'expérience ont vu des choses, ont des connaissances et qu'on a des choses à apprendre de ces personnes. donc je pense que ça commence par montrer du respect aux personnes avec qui on travaille d'ailleurs jeunes ou pas jeunes c'est leur montrer du respect c'est s'intéresser à ce qu'elles ont à nous apprendre et je pense que le respect appelle le respect que l'apprentissage appelle l'apprentissage. Et c'est aussi amener des choses positives, leur dire, voilà, ah tiens, sur tel projet, un tel m'a appris telle chose, c'était intéressant. D'ailleurs, ça m'a fait penser qu'en moi-même, j'ai fait telle chose. Donc, c'est vraiment, il faut créer, je pense, une relation de partage.

  • Speaker #0

    Ok. Très clair. Et je te donne notre deuxième question maintenant, qui va te passionner, je suis sûre. Hello, hello. Pendant mon dernier entretien annuel, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai demandé une augmentation. Sauf qu'on m'a répondu qu'il n'y avait pas de budget pour une augmentation cette année-là. Et c'est vrai que les temps sont durs pour mon industrie. Qu'est-ce que je dois faire si on me dit la même chose cette année ? Et qu'est-ce que je devrais négocier à la place ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà... c'est tout à fait une réponse qui peut être vraie, notamment la personne dit que son industrie va mal, mais la première chose c'est quand même de vérifier. Je ne dis pas que les employeurs mentent, mais ça vaut quand même le coup de vérifier un petit peu. Et ça c'est assez simple, il faut aller voir les rapports ça dépend quelle est la taille d'entreprise, mais on peut demander les rapports financiers, notamment si c'est des grosses entreprises elles sont obligées de les publier, ou si c'est un rapport RSE. ou demander au N1 ou au N2 d'avoir un petit peu des insights sur les résultats de l'entreprise. En tout cas, il faut vérifier l'information et vérifier s'il y a d'autres personnes qui ont eu quelque chose ou pas. Est-ce que c'était qu'il n'y avait pas de budget pour personne ou est-ce que c'était qu'il y avait un tout petit budget ? Et si c'était qu'il y avait un tout petit budget, à qui il a été attribué et pourquoi ? Donc ça, ça veut dire qu'il faut aller fouiner un petit peu. Ce n'est pas du tout illégal, on a tout à fait le droit de faire ça, mais il faut se renseigner. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que si... on lui redit la même chose cette année, il faut qu'elle ait prévu des alternatives. Quand on négocie son salaire, il ne faut pas négocier que son fixe. Le fixe est le plus important parce que c'est sur ça qu'est basé toutes nos prestations sociales, le chômage, la retraite, etc. Donc le fixe, c'est le plus important. Mais ce qu'il faut négocier, c'est un package. C'est-à-dire négocier des variables, des primes, des bonus qui sont sur résultat. Mais ça peut être aussi des avantages en nature, ça peut être d'autres formes d'avantages financiers. Je parlais de l'equity tout à l'heure, etc. Avant d'aller dans son entretien, il faut qu'elle ait préparé ce qu'elle va demander. Le fixe, les bonus, les primes. Et il faut que ce soit comme un meuble à tiroirs. C'est-à-dire, en fonction de la réponse qu'on lui donne, elle ouvre tel tiroir ou tel tiroir et elle propose autre chose. Donc peut-être que le fixe n'est pas possible parce qu'encore une fois, il n'y a peut-être pas de budget. Si elle s'est renseignée en amont, elle saura si c'est vrai ou pas et donc elle saura comment réagir. Ok, pas de place pour le fixe. Alors dans ce cas, peut-être une prime sur résultat. Je ne sais pas quel est l'emploi qu'elle effectue. On a tendance à penser que les primes ou les bonus, c'est que pour les postes commerciaux, mais c'est faux. On peut avoir des primes, de plus en plus d'entreprises le font. des prix, des bonus sur des postes du support ou de soutien, du juridique, du RH, etc., de la communication. Il faut juste définir des objectifs concrets, chiffrés. Et ça, c'est hyper important parce que la seule manière de prouver qu'on les aura atteints, c'est s'il y a un chiffre. C'est-à-dire, si on te dit que tu dois faire un et que tu as fait un, tu l'as prouvé. Par contre, si on te dit qu'il faut que tu fasses bien ces sujets à appréciation, c'est très subjectif. Donc, c'est beaucoup plus compliqué à défendre. Donc, il faut des objectifs clairs et chiffrés. Et donc, par exemple, si le fixe n'est pas possible, OK, fixe pas possible, mais selon tel objectif, si je l'atteins d'ici telle période, et ça voudrait dire que j'ai fait économiser tant d'argent ou que j'ai fait gagner tant d'argent à l'entreprise en participant à tel axe de développement, alors à ce moment-là, bonus, par exemple.

  • Speaker #0

    OK, génial. Alors Morgane, maintenant, on va rentrer dans la dernière partie de notre podcast. Je vais te poser des questions rapides et je voudrais que tu me répondes le premier truc qui te vient à l'esprit. OK. mais comme c'est mon podcast et que je décide. Si ta réponse m'intrigue, je creuserai. D'accord. C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de femme qui m'inspire le plus. En réalité, je n'en ai pas une, j'en ai plusieurs. J'en ai parfois 10 par jour, parfois une par jour. C'est vrai qu'on vante beaucoup les rôles modèles et c'est très bien d'en avoir. Moi je pense qu'il faut faire attention parce qu'aucun rôle modèle n'est idéal, aucun rôle modèle n'est parfait et personne n'a envie d'avoir ce poids non plus d'idéalisation sur les épaules. Je pense plutôt qu'il faut s'inspirer des personnes qui sont de bonnes personnes. Dans mon cas c'est vrai que c'est souvent des femmes plutôt que des hommes, mais ça peut être des hommes aussi. Et quand je parle de bonnes personnes, c'est-à-dire des femmes qui agissent avec intégrité, avec courage. Donc ça peut être aussi bien une militante pour le climat, ça peut être aussi bien ma collègue qui fait face à une difficulté personnelle et que je vois l'affronter avec courage, ça peut être une femme que je ne connais pas du tout dans un pays très lointain qui ose braver les interdits et marcher en sous-vêtements dans la rue, ça peut être un peu tout le monde et n'importe qui.

  • Speaker #0

    Génial. Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je lis.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je lis. Tu lis.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Morgane de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais négocie ton salaire mais plus sérieusement je lui dirais que tout va bien se passer la Morgane de 18 ans venait de partir de chez elle sans argent, elle avait coupé les ponts avec sa famille c'est très difficile j'ai dormi dans la rue, j'ai dormi sur des canapés c'était extrêmement dur financièrement et socialement et donc je lui dirais Tout va bien aller.

  • Speaker #0

    Je vois que tu es émue là. C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ? Mise à part le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    C'est exactement ce que j'allais dire. Je ne veux plus qu'on me demande si ça va, si on ne le pense pas vraiment.

  • Speaker #0

    Ok. C'est une bonne question à éliminer. Qu'est-ce qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    J'avais beaucoup de mal à réfléchir à une réponse à cette question. Je dirais que c'était cette envie de voyage, parce que je pense sincèrement que mon expérience dans la marine a changé ma vie. Ça m'a ouvert sur un autre univers. Oui, derrière, ça a été un peu compliqué, je me suis perdue, etc. Mais ça a été un tournant marquant. Et j'ai fait cette expérience principalement aussi parce que je voulais voyager, c'est ce que je disais tout à l'heure. Et puis les voyages de ma gérard général, j'ai beaucoup voyagé en étant jeune en l'interrail en Europe toute seule en train, j'ai vécu des choses incroyables. Je pense que ça m'a donné une certaine ouverture d'esprit qui m'a aidé ensuite dans ma carrière et dans ma vie personnelle, qui m'a permis aussi de travailler dans des environnements internationaux. Donc je dirais le voyage.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas le mentor. Je n'ai pas le mentor. En revanche, j'ai des amis. Et je pense que c'est tout aussi bien de prendre les conseils, de prendre le soutien et surtout d'avoir des amis qui nous font du bien. Une amie qui nous fait du bien, c'est quelqu'un après... Quand on a parlé avec elle, on sent qu'on est une meilleure personne qu'avant d'avoir parlé avec elle. Et je pense que c'est tout aussi important.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quoi ton un popular opinion sur le monde du travail ? Encore une fois, tu n'as pas le droit de dire le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    Non, je n'allais pas dire ça. J'allais dire qu'il fallait le casser. Mais du coup, j'ai répondu à ça tout à l'heure déjà. Donc,

  • Speaker #0

    je ne sais pas si ça reste valable. Il faut juste tout déconstruire dans le monde du travail. Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on dise que j'ai aidé des gens. Et je pense que j'ai toujours été très ambitieuse, j'ai toujours voulu faire carrière, c'est l'expression consacrée. Mais je pense aussi que plus le temps va et plus je reviens à mes racines quand j'étais jeune et justement quand je voulais faire de l'humanitaire. Ce qui me motivait c'était principalement de faire le bien, c'était d'avoir un impact positif. A l'époque je pensais que c'était possible de faire carrière et d'avoir un impact positif. Je le pense toujours aujourd'hui, d'autant plus, et je le vois avec Plan Cache, quand on a des femmes qui nous écrivent pour nous dire qu'elles ont réussi à négocier 10 000 euros de salaire, que pour la première fois de leur vie elles ont investi, qu'elles se sont crénées par des précautions et qu'elles sont prêtes à quitter leur mari qui est toxique. quand je vois l'impact qu'on fait je me dis que cette partie là prend de plus en plus le plat sur la partie carrière, la partie ambitieuse et dans 30 ans j'aimerais qu'on se dise ou j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, il n'y a pas forcément besoin que quelqu'un me le dise ou que quelqu'un se le dise, mais en tout cas j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, tu as fait quelque chose de ta vie qui a aidé des gens, même si c'est une personne, c'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et dernière question, c'est quoi, est-ce que tu as un mantra que tu te répètes le matin ?

  • Speaker #1

    Je le fais avec ma fille, elle a un an et demi donc elle ne comprend pas forcément très bien, mais on le fait, on se regarde dans le miroir toutes les deux et Et en fait, je lui dis qu'elle est géniale. Deux fois, je lui dis qu'elle est jolie aussi, parce qu'elle est très jolie. Mais non, je lui dis qu'elle est géniale. Et en fait, en lui disant à elle, quelque part, je me le dis à moi. Parce que, oui, on n'en a pas du tout parlé, ce n'était pas le sujet, mais mon rôle de maman a une part importante dans ma vie. Parce que ne serait-ce que pour jongler entre ce rôle-là et l'entreprise, c'est parfois délicat. Et en fait, répéter à ma fille qu'elle est géniale, c'est quelque part me... Me congratuler moi-même du travail que je fais et qui lui permet de grandir dans un foyer qui est sain, avec une mère qui l'aime et qui lui donnera, parce qu'elle est un peu petite encore, mais qui lui donnera les clés. Et donc elle est géniale et c'est aussi grâce à moi. Et donc voilà, je me remercie moi-même de mon rôle.

  • Speaker #0

    Là, c'est moi que tu as ému. Écoute Morgane, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? On est très heureuse de tout ce qu'on a appris avec toi. Et du coup, on a été toutes les deux très émues. J'ai une toute dernière question à te poser. C'est qui la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu devrais recevoir Lomir Lapré. C'est une militante politique qui est actuellement aux Etats-Unis. Elle est partie il y a quelques semaines. dans le cadre de la Fondation Obama, dont elle est l'une des lauréates. Et elle est partie pour essayer de comprendre le vote populaire, non pas le juger, mais comprendre ce qui se passe dans le monde rural, pourquoi les gens votent à l'extrême droite, et donc pour aussi comprendre ce qui se passe en France. Et c'est quelqu'un qui est extrêmement investi, qui est extrêmement intelligente, et intelligente pas seulement dans le sens intellectuel. Elle a une intelligence humaine très forte et je pense qu'on aurait beaucoup beaucoup à apprendre toutes d'elle.

  • Speaker #0

    Génial, écoute on va la contacter. Merci beaucoup d'être venue Morgane.

  • Speaker #1

    Merci à toi Clara.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Description

C’est qui la Boss ?, c'est le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de Plan Cash et une pro de la négociation de salaire. 

Plan Cash, c’est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d’argent, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation, et nous donne quelques secrets sur son parcours, comme les cinq mois qu’elle a passé à bord d’un porte-avion. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c’est le moment de vous plonger dans cet épisode. 

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Cette semaine, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de PlanCash et une pro de la négociation de salaire. PlanCash, c'est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d'argent, la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation et elle nous donne même quelques secrets sur son parcours. Comme les 5 mois qu'elle a passé à bord d'un porte-avions. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c'est le moment de vous plonger dans cet épisode. Bonne écoute ! Bonjour Morgane !

  • Speaker #1

    Bonjour Clara !

  • Speaker #0

    On est ravies de te recevoir sur C'est qui la basse ?

  • Speaker #1

    Et bien c'est moi qui suis ravie d'être là !

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées sans exception. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand t'étais petite ?

  • Speaker #1

    J'avais deux rêves quand j'étais enfant. Le premier c'était d'écrire. Je voulais être la nouvelle Agatha Christie.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Très humblement. Et le second, c'est que je rêvais de voyager. Et donc, quand j'avais une dizaine d'années, j'avais décrété que je deviendrais reporter pour Geographique Nationale. D'accord. Ce qui n'est jamais arrivé au final. Par contre, j'ai écrit et j'ai voyagé.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et du coup, c'était quoi ton premier job ? Ton premier vrai job ?

  • Speaker #1

    Mon premier vrai job ? Tu vois, c'est assez intéressant comme question parce que qu'est-ce qu'on entend par premier vrai job ? Parce que j'ai fait des stages. C'était des vrais jobs, c'est juste qu'on ne me payait pas. Mais factuellement, c'était des jobs. J'avais des responsabilités, je faisais du 8h à 17h, etc. Donc ça dépend quelle est la définition de qu'est-ce que c'est un vrai job. Si on parle juste du travail, c'était à l'ONU. Je travaillais pour l'organisation qui est en charge des crises humanitaires. J'étais chargée de faire... L'envoi de personnel d'urgence sur les sites humanitaires, ça pouvait être des guerres comme des catastrophes naturelles. Et si on parle de rémunération, alors à ce moment-là, c'était Interpol et j'étais responsable presse pour Interpol.

  • Speaker #0

    Ok. Et ça, c'est des milieux qui sont quand même très masculins dans les deux jobs. Qu'est-ce que tu en as tiré de ces expériences ?

  • Speaker #1

    C'est effectivement, alors Ausha, c'est-à-dire l'Organisation des Nations Unies, c'est... Pas si masculin que ça en réalité. De mémoire, je crois que mes équipes, c'est quasiment... Enfin mes équipes, j'étais la plus junior, donc plutôt les équipes avec qui je travaillais, c'était quasiment que des femmes. Mais dans l'humanitaire, de manière générale, on trouve énormément de femmes, comme dans tous les milieux associatifs, ONG, etc. Interpol, par contre, effectivement, c'est de la police internationale. C'est beaucoup de technicité et de technologie aussi. Donc c'est encore des milieux qui sont très, très masculins. Très honnêtement, à l'époque, je me posais... pas tellement la question. J'étais assez jeune, j'avais 24-25 ans. Et pour moi, c'était juste le quotidien. C'est un peu plus tard que c'est venu, c'est plutôt dans l'armée, où là effectivement, en plus, le quota homme-femme est encore plus fort, la différence est encore plus forte. Et c'est plutôt là que, très clairement, je l'ai senti. En plus, on m'avait raconté plein d'histoires.

  • Speaker #0

    Je veux juste qu'on rembobine un tout petit peu, parce que Tu as devancé ma question. Après Interpol, tu es partie dans l'armée, tu es engagée dans la marée nationale. Tout à fait. Comment ça se passe de faire ça ? Parce que je ne connais personne d'autre à part toi qui a fait ça.

  • Speaker #1

    Comment on fait ça ? Un petit peu par hasard, j'ai fait des études en sécurité-défense. L'armée était plutôt un débouché assez classique pour ce genre d'études. Ce n'était pas celui que je voulais faire. Moi, je voulais travailler dans l'humanitaire, d'où mon premier emploi à l'ONU. Et puis, je voulais travailler spécifiquement dans l'humanitaire, dans quelque chose qui s'appelle les relations civilo-militaires. Et en gros, c'est les personnes sur le terrain qui font le lien entre les équipes militaires qui interviennent, notamment quand il y a des militaires qui interviennent sur des théâtres de catastrophes naturelles, mais aussi de guerres, bien sûr, et le personnel humanitaire ou les associations de terrain ou le personnel civil. Et moi, je voulais travailler dans les relations entre ces deux parties. et je m'étais dit Ok, j'ai l'expérience, alors pas forcément de terrain, mais je connais un petit peu le milieu humanitaire puisque je viens de faire six mois à l'ONU. Si je veux continuer dans cette voie, ce serait quand même bien que je sache ce qui se passe côté militaire. C'est compliqué de faire des relations civiles et militaires si tu ne connais qu'un des deux parties. Et donc j'ai postulé dans l'armée comme on postule dans n'importe quelle entreprise en réalité. Je n'ai pas été prise la première fois que j'ai postulé parce que j'avais postulé sur un job où il leur fallait quelqu'un qui parlait chinois, ce qui n'était pas mon cas. Moi, je parlais russe, mais... Pas chez moi.

  • Speaker #0

    Tu as pas mal de russes en vrai.

  • Speaker #1

    Il m'en reste pas grand chose. Je sais dire, je m'appelle Morgane et ceci est un vase. Ça me sert pas beaucoup. Et quand j'étais chez Interpol, mon contrat, j'étais en CDD, mon contrat arrivait à terme. Et là, l'armée à Lyon, le centre de recrutement de Lyon m'a rappelé en me disant, écoutez, il y a un nouveau poste qui s'est ouvert. Votre candidature est toujours dans notre système. Est-ce que ça vous intéresse ? Et le poste en question, c'était pour être responsable communication. de ce qui s'appelle le groupe aérien embarqué, c'est-à-dire c'est toute la composante aérienne du Charles de Gaulle, le porte-avions. D'accord. Donc c'est à peu près 500 personnes, c'est les aéronefs, le personnel expert, les pilotes bien sûr, etc. Évidemment, j'ai dit oui, surtout qu'il y avait plusieurs missions, donc des déploiements extérieurs qui étaient prévus. Et donc j'allais pouvoir voyager pour mon travail, c'était plutôt s'accoucher quelques cases.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu es allée sur le porte-avions du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, j'y ai passé. En tout, j'ai fait un contrat d'un an. C'est des contrats que les armées proposent, en tout cas la Marine nationale. En gros, c'est pour découvrir le milieu militaire. Ça renforce aussi ce qu'ils appellent le lien armée-nation.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai fait un contrat d'un an. J'ai fait des choses, enfin j'ai vu, parce que moi, personnellement, je n'ai pas fait des choses incroyables. Mais par contre, j'ai vu des choses incroyables. Sur un an, j'ai passé à peu près six ou sept mois en mer. J'ai... J'ai fait le défilé du 14 juillet également. Je n'ai pas défilé moi, c'était mon unité qui défilait. Mais par contre, j'étais dans l'organisation de ce défilement, de ce défilé. Et sur les six mois en mer, je suis allée jusqu'en Inde. Et voilà, c'était une expérience assez incroyable. C'est cinq mois en mer quasiment plein, pas de jour de repos. Ça n'existe pas le week-end en mer. Les nuits non plus n'existent pas vraiment parce qu'il y a toujours de l'activité. C'était vraiment génial.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Qu'est-ce qui s'est passé entre la marine et aujourd'hui la création de Plan Cache ?

  • Speaker #1

    Il s'est passé beaucoup de choses. J'ai la bougeotte. Ça va un peu mieux maintenant. Mais j'ai eu beaucoup la bougeotte, donc j'ai beaucoup changé d'emploi. Que ce soit Interpol ou la marine, je travaillais quand même sur des postes en communication. À la fin du contrat de la marine, je n'ai pas souhaité renouveler pour plusieurs raisons, notamment le fait qu'il n'y avait plus de déploiement prévu l'année suivante et que je n'avais pas envie de rester sur base. Et donc, j'ai pris un petit peu... Très honnêtement, j'ai eu peur en réalité parce que j'étais indépendante de ma famille. Je n'avais pas beaucoup d'économies de côté, donc il me fallait un job. Et j'ai un petit peu pris ce qui passait et à l'époque, c'était un job en communication en agence. Je dirais qu'à cette époque-là, j'ai un peu abandonné mes rêves quand même. Parce que la réalité de la vie, il faut payer un loyer. À l'époque, j'avais encore un prêt étudiant que j'avais dû faire pour partir étudier en Écosse pour apprendre l'anglais. Donc, j'avais des responsabilités. Et de fil en aiguille, j'ai testé plein de jobs. J'ai bossé en agence conseil, j'ai été freelance, j'ai bossé en start-up. Et puis, j'ai monté plan cash.

  • Speaker #0

    Ça a été quoi, avant de monter le plan cash, tu étais déjà très engagée sur la question des négociations salariales, de l'égalité des salaires hommes-femmes. Ça a été quoi, est-ce qu'il y a un épisode de ta vie qui t'a vraiment forgée sur cet engagement-là, même avant le plan cash ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a eu des choses qui ont été très progressives sur la partie égalité hommes-femmes. C'était plutôt, justement, j'ai tellement changé de job régulièrement que j'ai pu comparer. Des jobs qui étaient très masculins, d'autres qui étaient en tout cas des univers très masculins, d'autres dans des univers très féminins, d'autres des univers très mixtes. Et c'était plutôt la continuité des inégalités que je voyais ou des discriminations. C'était cette femme qui en vient de congé maternité, qui avait un poste de directrice et elle revient et son département a été restructuré. Puis on lui dit gentiment, fais ce que tu veux, prends le poste que tu veux. Donc elle se retrouve un petit peu le bec dans l'eau et elle finit par démissionner d'elle-même. C'était des équipes entièrement féminines qui étaient dirigées par un homme. C'était le harcèlement, parce qu'il faut appeler les choses comme elles sont, c'était le harcèlement de jeunes consultantes par des clients, et quand elles se plaignent à leur manager, on leur dit « ouais mais c'est le client, il paye, tu vois, donc bon, fais avec, c'est pas grave » . Voilà, c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont poussée à écouter, à apprendre, à regarder. J'ai suivi des conférences, j'ai lu des livres, je me suis formée. Et la partie financière en particulier, il y a vraiment un épisode très particulier qui a marqué. Justement, j'ai changé de job et je passais des entretiens pour intégrer une agence en conseil et je ne m'étais pas préparée. Je suis arrivée à l'entretien vraiment à l'arrache complètement et c'était le premier entretien. Et lors de cet entretien, le potentiel future manager me dit « Ok, c'est quoi vos prétentions salariales ? » Et alors un gros blanc, mais vraiment blanc total, j'avais absolument pas préparé. Et en fait dans ma tête très rapidement je me suis dit ok aujourd'hui tu gagnes tant, rajoute 10k et dis que c'est ce que tu veux. Et donc j'annonce le chiffre donc je prends mon salaire, je rajoute 10k, je dis voilà je veux tant. On me dit ok très bien on vous rappelle. Et quelques jours après on me rappelle et on me dit ok très bien le job est pour vous, au salaire que vous avez demandé. Et en fait à ce moment là je me rends compte que dans ma tête c'est pas 10k que j'ai rajouté c'est 20k. par rapport au salaire, je touchais déjà. Donc j'avais, en fait inconsciemment, j'avais négocié mon salaire, 20 cas de plus, sans le savoir, sans en faire attention. Et là, je me suis dit, trois choses. La première, c'est en fait, il faut le faire, il faut demander plus. Finalement, ça se fait, il faut le faire. La deuxième, c'est quand même, si je m'étais préparée, peut-être que j'aurais pu demander encore plus, peut-être que j'aurais pu demander des bonus, peut-être que j'aurais pu demander de l'équitif, enfin, peu importe. peut-être pu demander autre chose. Et la troisième, c'est que si on accepte sans négocier ce que tu as demandé, c'est que factuellement, tu aurais pu demander plus. Et donc, c'est de ce point-là, alors d'ailleurs, je n'ai pas accepté ce job-là, j'en ai accepté un autre. Mais c'est de ce moment-là que je me suis dit, ok, il faut que tu te formes, il faut que tu négocies. Et à force de me former, à force de négocier moi-même mes salaires, mes augmentations, d'en parler à mes amis, tu vois, de leur donner des petits tips, etc., j'ai fini par construire une certaine expertise du sujet. Et puis, ce n'est plus mes amis que j'ai formés, c'est des personnes que je ne connaissais pas, c'était des collègues. Et puis, j'ai lancé des formations et en fait, ça a bien pris et ça a été une des jeunesses de PlanCache. Ouais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après, qu'est-ce que c'est PlanCache ?

  • Speaker #1

    Alors, PlanCache, c'est une application mobile d'éducation financière pour les femmes, par des femmes, puisqu'on est toute une équipe de femmes. C'est des sujets aussi variés que justement comment on négocie son salaire ou ses tarifs quand on est indépendante. Mais ça va être aussi comment est-ce qu'on fait un budget, comment est-ce qu'on gère l'argent dans le couple de manière équitable, comment on se sort des dettes et surtout comment on investit. Parce qu'aujourd'hui, les femmes ont moins de patrimoine que les hommes, elles investissent moins souvent, leur argent dort plus souvent sur des comptes épargnes qui perdent de la valeur parce que les comptes épargnes rapportent moins que l'inflation. Et donc elles n'ont pas ni la liberté financière d'accomplir leur projet. ni de se sortir de situations complexes. Ça va aussi bien de quitter son job parce que ça se passe mal à quitter son conjoint parce qu'il est violent. Donc voilà, c'est plein de formations en micro-learning. C'est une communauté aussi. On peut échanger avec d'autres femmes et des personnes non-binaires sur justement toutes les questions d'argent. Il n'y a aucun tabou. On est là justement pour faire tomber ce tabou. Personne n'ose parler de l'argent. En France, on préfère parler de sexe que parler d'argent. C'est dire à quel point... c'est quelque chose de honteux alors que ça devrait pas l'être et on est là pour faire tomber ces barrières.

  • Speaker #0

    Trop bien et ça a été quoi du coup le déclic pour monter Plan Cache ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la rencontre avec mon associée donc Léa qui elle était journaliste économique depuis une douzaine d'années qui elle lançait une newsletter parce qu'elle s'était rendu compte que les médias ne parlez pas d'argent aux femmes ou en tout cas ne leur parlez pas pas de la bonne manière. C'est ça,

  • Speaker #0

    parce qu'en fait, on nous parle tout le temps de comment économiser sur les courses.

  • Speaker #1

    Exactement. Aux femmes, on va la mettre dans des postures de dépensière. Comment est-ce qu'on économise sur les courses ? Comment est-ce qu'on fait des soldes ? Comment est-ce qu'on lutte contre l'envie de faire du shopping, etc. Alors que les hommes, on leur parle de rendement, on leur parle d'investissement, de crypto, de bourse, d'immobilier, etc. On les met de base dans une posture d'investisseur, même s'ils n'y connaissent pas forcément grand-chose non plus. et donc elle voulait lancer une newsletter, elle voulait lancer un média qui parle d'argent aux femmes de manière décomplexée, sans jargon, etc. Et moi, en parallèle, exactement au même moment, je lançais des formations. Je faisais déjà les formations à la négociation salariale et je faisais déjà du coaching en one-to-one. Et je me suis rendue compte d'une chose. La première, c'était que moi-même, j'étais très bonne pour négocier mon salaire. Mais finalement, derrière, il ne se passait pas grand-chose. Typiquement, mon argent dormait sur des comptes épargnes. Nouvelle. où je le dépensais, où je faisais des cadeaux, je partais en voyage, etc. Et les femmes que j'accompagnais à la négociation salariale, c'était un petit peu pareil. Il y en avait qui savaient très bien pourquoi elles négociaient leur salaire, c'est parce que factuellement elles étaient très mal payées et qu'elles avaient besoin de pouvoir payer les factures. Mais il y en a d'autres, c'était un petit peu par confort, il n'y avait pas forcément d'objectif derrière. Et donc je me suis dit, il faut que moi-même je me forme sur qu'est-ce qui se passe une fois que tu as de l'argent, et je vais en profiter du coup pour former d'autres femmes. qui vont nous former sur l'investissement, la bourse, etc. Et quand Léa a annoncé qu'elle lançait sa newsletter, on s'est rencontrés, on s'est rendu compte qu'on poursuivait le même objectif, qui était l'indépendance financière des femmes, et que plus de femmes investissent leur argent. et on s'est dit qu'à deux on serait plus fortes et qu'on irait plus loin et on s'est associés

  • Speaker #0

    Trop cool. Et donc en parallèle de Plancash, tu es également autrice. Alors tu n'es pas Agatha Christie. On s'est un peu éloigné en termes de joueurs. Et tu viens de sortir ton livre qui s'appelle « Les gentilles filles ne réussissent pas » .

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors tu te doutes bien, il faut que je te pose la question. Pourquoi est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ?

  • Speaker #1

    Est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ? La réponse est c'est vrai, les gentilles filles ne réussissent pas. Qu'est-ce que j'appelle être gentille ? On m'a beaucoup posé la question. Être gentille pour moi, c'est rentrer dans la case. Et la case que le système, la société a définie pour nous. Et en tant que femme, cette case, c'est quelqu'un qui ne fait pas de vagues. C'est quelqu'un qui n'a pas les dents qui rayent le plancher. C'est quelqu'un qui est gentil. C'est quelqu'un qui est poli. C'est quelqu'un qui ne parle pas d'argent pour le coup. Voilà, c'est ça la case des femmes. La réalité, c'est que nous les femmes, on n'est pas comme ça. Enfin, peut-être qu'il y en a qui sont... Et heureusement, on a l'air qu'il y a des femmes qui sont... jolie, gentille, polie, bien entendu. Mais on est tellement plus que ça. Les femmes sont aussi ambitieuses, elles sont colériques, elles ont de l'expertise, elles sont sorores. Les femmes sont complexes, elles ne sont pas ce que la société attend de nous. Et aujourd'hui, quand on fait tout ce qu'il faut pour rentrer dans les cases, eh bien non, on ne réussit pas parce que c'est un système qui est fait de sorte à ce que la majorité du gâteau soit distribué aux hommes. et que les femmes se battent entre elles pour obtenir quelques miettes. Et donc, si tu joues le jeu, peut-être que tu auras des miettes, mais en fait, ces miettes, elles ne représentent rien. Et pour parler très concrètement, ces miettes, ça veut dire que, peut-être, de temps en temps, une femme par-ci ou par-là va réussir. D'ailleurs, on peut se poser la question de qu'est-ce que ça veut dire, réussir, aussi. Mais peut-être qu'une femme va atteindre le sommet de la pyramide. Et on va l'ériger en exemple. Voilà, elle l'a fait, c'est possible.

  • Speaker #0

    Genre Anne Levergeon ou une PDG au CAC 40,

  • Speaker #1

    quoi. Exactement. Et heureusement, d'ailleurs, qu'il y en a. Heureusement, on en a besoin. On a besoin de voir que c'est possible. Mais il ne faut pas se voiler la face. C'est parce que ce sont des femmes qui ont joué le jeu. Et elles sont sorties du lot. Mais la réalité, c'est que la plupart d'entre nous, on est derrière et qu'on continue à ramer. Et que tant que le système sera tel qu'il est, tant qu'on acceptera de jouer selon ses règles, tant qu'on continuera à être gentil, on n'aura rien à gagner si ce n'est quelques miettes. A l'inverse, on peut décider d'être déraisonnable. Pour moi, déraisonnable, c'est l'inverse d'être gentil, si on reprend ma définition de gentil. Et donc être déraisonnable, c'est-à-dire essayer de sortir des cases, essayer de casser un petit peu les codes, d'oser. D'ailleurs, les femmes osent, c'est un stéréotype qui m'énerve fortement. On dit que les femmes n'osent pas, qu'elles ont un syndrome dans la posture, mais les femmes osent et il faut... qu'on commence à le dire, et ça commence par là, en fait, changer le système. C'est dire que les femmes, oui, elles osent, oui, les femmes négocient, oui, les femmes sont fortes, oui, les femmes ont le droit d'être en colère, oui, les femmes réussissent.

  • Speaker #0

    Parce qu'on a cette idée reçue que les femmes, elles ne négocient pas leur salaire. C'est pas vrai. En fait, on leur refuse plus souvent les augmentations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui se passe, d'ailleurs, c'est très intéressant, il y a des méta-études qui ont été menées, qui reprennent, en fait, la plupart des études faites depuis les années 80, et qui... Alors... Sont arrivées à plusieurs conclusions. La première, effectivement, c'est ce que tu dis, c'est que les femmes, non seulement négocient de plus en plus leur salaire, mais dans certains secteurs, le négocient autant si ce n'est plus que les hommes. Donc, il faut arrêter de dire que les femmes négocient pas leur salaire, c'est faux. Ça, c'est le premier point. Le deuxième, c'est que ce que cette météoritude a montré, c'est qu'on est sept fois plus en posture de mentir à une femme et de lui refuser ce qu'elle demande quand elle négocie, que si c'est un homme qui négocie. Parce qu'en fait, on pense que c'est plus facile de mentir à une femme et que ça a une conséquence. Sept fois plus. Donc ça, c'est terrible. Et la responsabilité, ce n'est pas celle des femmes, c'est celle des personnes qui sont en face. Donc c'est les managers, c'est les RH, c'est les recruteurs, c'est les chefs d'entreprise. Et la dernière conclusion, en tout cas la troisième que moi je retiens de cette méta-étude, c'est que quand on parle de négociation salariale, très souvent, les études prennent dans l'ensemble. C'est-à-dire que c'est toutes les femmes et tous les hommes. Ensuite, on fait la différence entre celles qui disent avoir négocié et ceux qui disent l'avoir fait ou pas. La réalité, c'est que le marché de l'emploi est genré. Il y a des secteurs et des métiers qui sont occupés principalement par des femmes et d'autres principalement par des hommes. Il s'avère que les métiers qui sont effectués par des femmes, ce sont beaucoup des métiers dans lesquels la négociation salariale est beaucoup plus complexe parce qu'il y a des structures de rémunération qui sont beaucoup plus rigides. Le secteur du public, par exemple. On parlait du secteur associatif tout à l'heure. La petite enfance, le commerce de détails, etc. Voilà, l'administration. Ce sont des secteurs dans lesquels il y a des conventions, il y a des grilles, souvent très strictes. Ça ne veut pas dire qu'il est impossible de négocier, ça veut dire que c'est beaucoup plus complexe. Et donc, quand on va regarder dans le détail, en fait, on se rend compte que quand on dit que les hommes négocient plus que les femmes, c'est simplement qu'ils occupent des secteurs et des métiers d'activité où c'est plus simple de négocier. mais c'est aussi plus simple parce que ce sont des hommes qui le font. Et qu'il y a aussi l'histoire, c'est-à-dire qu'on a tellement pris en compte que les hommes négociaient, qu'ils avaient le droit, qu'ils avaient de la valeur, que ces secteurs-là se sont adaptés et sont beaucoup plus flexibles en termes de rémunération. Alors qu'on est tellement parti de l'idée que les femmes devraient déjà être contentes d'avoir un job et d'être payées pour faire ce job-là, qu'en plus elles n'allaient pas être rémunérées plus. Et donc il y a des structures de rémunération qui se sont rigidifiées dans ces secteurs.

  • Speaker #0

    Les femmes négocient leur salaire, mais on leur refuse très souvent les augmentations. Là, ça va bientôt être le moment des entretiens annuels. C'est quoi le conseil qu'une meuf doit avoir en tête quand elle rentre dans son entretien annuel ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, si elle commence à penser à sa demande d'augmentation au moment où elle rentre dans l'entretien, C'est pas que c'est raté, mais presque. La bonne nouvelle, c'est que c'est plutôt en janvier que ça se fait. Alors, ça dépend des entreprises. Ça peut être janvier, septembre, juin, ça dépend. En fait, il faut s'y prendre le plus tôt possible. Pourquoi ? Parce qu'une négociation, c'est quelque chose qui repose sur de l'argumentation rationnelle. Un employeur ne va pas vous augmenter. parce que vous êtes sympa ou parce que vous avez des gamins ou un prêt immobilier à rembourser. L'employeur va vous augmenter parce que vous avez un potentiel, que vous avez un track record qui montre que vous avez des réussites et que vous allez continuer du coup à réussir des projets dans l'entreprise. Et donc, il faut s'y prendre en avance parce qu'il faut pouvoir prouver. ce qu'on avance, prouver qu'on est un bon élément, prouver qu'on a du potentiel. Donc ça veut dire récupérer des témoignages de collègues, de clients, arriver à montrer en quoi notre travail a fait progresser l'entreprise. Et je vous donne tout de suite un vrai tips, l'entreprise, son objectif c'est de faire de l'argent. Même une entreprise qui a une entreprise à mission doit quand même faire de l'argent. Après cet argent peut être réinvesti, si c'est une entreprise à mission, dans des œuvres, etc. Mais il n'empêche qu'il faut faire de l'argent. Et l'entreprise fait de l'argent de deux manières, soit elle en gagne, soit elle en économise. Et donc quand on prépare son argumentaire, il faut montrer en quoi son travail individuel a permis soit de faire gagner de l'argent à l'entreprise, soit de lui en faire économiser. Et donc il faut avoir le temps d'aller rechercher dans les projets qu'on a fait, les réussites, aller chercher les chiffres et les arguments qui vont prouver qu'on a fait l'un ou l'autre. Donc ça, ça demande du temps et c'est vrai que si on s'y prend la veille pour le lendemain, ça va être beaucoup. compliqué, il risque d'y avoir une bonne mie blanche juste avant, ce qui n'est pas l'idéal. Donc ça, c'est le premier des conseils. Et si je peux en donner un deuxième, c'est aussi de bien connaître les processus en interne. Et ça, c'est la première chose qu'on doit faire quand on rentre dans un job. C'est tout de suite savoir comment ça se passe, qui est décisionnaire, quelles sont les habitudes, est-ce que les autres salariés ont de l'equity, donc l'equity c'est des parts dans l'entreprise. Est-ce que les autres ont des avantages en nature ? Est-ce qu'il y a des bonus ? Est-ce qu'il y a des primes ? Est-ce qu'il y a des choses à titre individuel, collectif ? En fait, il faut être incollable sur le fonctionnement de son entreprise en matière de rémunération et d'augmentation parce que c'est ce qui va nous permettre de savoir quoi demander. Et parce qu'une entreprise A peut peut-être mettre en place des bonus individuels, l'entreprise B va plutôt mettre de l'équity. Si toi tu arrives et que tu demandes de l'équity dans une entreprise qui fait plutôt du bonus... tu n'auras peut-être rien du tout. Par contre, si tu sais que c'est une entreprise qui a une habitude de faire de l'equity, tu peux demander de l'equity. Ou si c'est une entreprise qui a l'habitude de faire de la prime, tu peux demander de la prime. Donc, il faut connaître absolument. Et donc, ça, ça nécessite plusieurs choses. Parler à CRH, son RH ou sa RH est notre meilleur ami, son ou sa manager, son N plus 1 et ses collègues. Il faut savoir ce que les collègues font. Est-ce que les collègues ont des...

  • Speaker #0

    Il faut savoir combien gagnent les collègues.

  • Speaker #1

    Il faut savoir combien gagnent les collègues. Moi, j'ai travaillé dans une entreprise, je venais d'arriver. Et je gérais la partie diversité-inclusion. Et j'avais une collègue qui gérait la partie environnement. Toutes les deux, on bossait dans la direction, dans l'équipe RSE. Et donc, littéralement, on faisait le même travail. On répondait à la même personne. On avait le même échelon dans l'entreprise. Il s'avère que la personne qui était sur la partie environnement était plus âgée que moi. Elle avait une quinzaine d'années de plus. Et en fait, on s'est rendu compte que j'étais mieux payée qu'elle. Parce qu'on a parlé salaire. Parce que moi, j'avais négocié le mien rentrant. Et en fait, on s'est rendu compte qu'alors qu'on faisait le même job, si ce n'est qu'elle avait plus d'expérience que moi, j'étais mieux rémunérée. Ce n'était pas normal. Mais si on n'en avait pas parlé, elle ne l'aurait pas su. Et si elle ne l'avait pas su, elle n'aurait pas su quoi demander lors de son entretien.

  • Speaker #0

    Incroyable. Oui, donc d'où l'importance de parler de son salaire avec ses collègues. C'est un truc que je répète tout le temps à tous les gens qui m'entourent, mais je suis très d'accord avec toi. On va finir sur ton livre avec une dernière question. C'est quoi le mythe sur le monde du travail que tu aimerais dégommer ? On en a abordé pas mal, en vrai, déjà, dans notre entretien.

  • Speaker #1

    Est-ce que j'ai le droit d'en citer deux ?

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Le premier, c'est que je ne supporte plus, mais quand je dis ne supporte plus, c'est vraiment, je pense que j'ai des boutons qui poussent quand on m'en parle. Je ne supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur. Déjà, je ne supporte pas cette forme. syndrome de l'imposteur, ça laisse s'entendre un, que c'est une maladie, un syndrome c'est le champ médical, l'imposteur c'est la personne, donc en fait la personne est malade Et ça, c'est pas possible. Donc déjà, si on m'en parle, s'il vous plaît, dites syndrome de l'imposture. Au moins, on parle plutôt d'une action plutôt que d'une personne. Et je supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur ou de l'imposture parce que c'est complètement faux. Il faut savoir que déjà, c'est un phénomène qui a été théorisé en ne prenant appui que sur des études sur des femmes. Donc forcément, on a émis l'hypothèse que c'était les femmes qui avaient un syndrome de l'imposture puisqu'on avait étudié ça que chez les femmes. Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point, pourquoi je ne veux plus qu'on en parle, les femmes prennent des risques, les femmes ont confiance, mais on leur répète tellement souvent, il y a tellement de livres de coaching, et alors c'est pas pour critiquer les coachs, mais on met tellement dans la tête des femmes qu'elles ont un semblant d'impossure, qu'elles manquent de confiance, c'est une prophétie autorisatrice, et donc forcément les femmes derrière vont agir en conséquence, elles sont tellement persuadées qu'elles ne sont pas capables, en fait ça s'insinue de manière complètement inconsciente. Les femmes ne se disent pas « Ok, on me dit que j'ai un certain nombre d'imposteurs, donc je suis impostrice, donc je ne mérite pas. » Non, c'est inconscient. Et on va tellement le leur répéter depuis qu'elles sont enfants, qu'inconsciemment, elles vont réagir en conséquence. Donc ça, c'est le premier mythe que j'aimerais qu'on dégomme, c'est celui-là. Et le second, c'est qu'en fait, moi je forme des femmes à négocier leur salaire. Et c'est très bien à plusieurs titres. C'est bien à niveau individuel parce qu'elles augmentent leur salaire. ainsi. La plupart du temps, c'est bien aussi à niveau collectif parce que du coup, souvent, elles prennent confiance, elles en parlent à leurs amis, à leurs collègues et ça entraîne. Et on sait que les femmes sont motrices de changement. Mais la réalité, c'est qu'en fait, ça ne changera rien au système. Il faut une révolution. Si on veut vraiment changer les choses, si c'est vraiment ce qu'on veut, si on veut que le système change, il faut le casser. Il faut une révolution. Et dans l'histoire, on a... jamais acquis aucun droit de manière pacifique en demandant gentiment. Tous les droits que les femmes ont acquis, tous, ont été faits par la révolution. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les féministes du passé étaient sages et calmes et posées. Non, c'était des féministes qui tapaient du poing sur la table, qui étaient violentes. Voilà. Et en fait, je suis désolée, je dis pas qu'il faut qu'on aille tout casser et qu'il faut couper des têtes. Mais il va falloir aller à la racine, il va falloir casser le système si on veut vraiment le changer. Parce que là, je crois que les termes de l'ONU, c'est qu'à ce rythme, il faudra encore 257 ans pour que les choses changent. Je crois que, en fait, ce n'est pas possible. Donc, si c'est vraiment ce qu'on veut, il faut une révolution. Moi, j'aimerais voir les femmes, toutes les femmes, qui arrêtent de travailler, font plus rien, s'occupent plus des enfants, vont plus au boulot, rien. Tu sais ce qui se passera ? Une paralysie totale de l'économie de la société. C'est ça qu'il nous faut. Donc, j'appelle, je fais un grand appel à la grève générale.

  • Speaker #0

    Morgane appelle à la grève générale des femmes. Génial on va conclure sur cette note sur ton livre ça paraît pas mal grève générale des femmes et je voudrais maintenant te poser deux questions qu'on a reçues de la part de nos auditrices ce qu'il faut savoir c'est qu'on reçoit des mails de nos auditrices toute l'année avec des questions sur la vie au boulot, l'entrepreneuriat et les négociations de salaire et du coup je vais te lire un premier mail Hello, je viens de commencer dans une équipe avec que des gens qui sont plus vieux que moi. En tant que junior, j'ai envie de prouver ce que je vaux, mais j'ai du mal à trouver le juste milieu. Je veux montrer que je suis motivée sans paraître trop ambitieuse. Est-ce que tu as un conseil à me donner ?

  • Speaker #1

    C'est une posture que j'ai tout à fait connue, justement dans l'armée. Je manageais une équipe de trois personnes qui avaient littéralement 50 ans. Et moi, j'en avais 25. Et en fait, c'est assez... Effectivement, c'est assez complexe parce qu'il faut arriver... à trouver la manière pour faire comprendre que c'est pas parce qu'on est jeune qu'on n'y connaît rien, mais il faut en même temps respecter aussi le fait que les personnes avec plus d'expérience ont vu des choses, ont des connaissances et qu'on a des choses à apprendre de ces personnes. donc je pense que ça commence par montrer du respect aux personnes avec qui on travaille d'ailleurs jeunes ou pas jeunes c'est leur montrer du respect c'est s'intéresser à ce qu'elles ont à nous apprendre et je pense que le respect appelle le respect que l'apprentissage appelle l'apprentissage. Et c'est aussi amener des choses positives, leur dire, voilà, ah tiens, sur tel projet, un tel m'a appris telle chose, c'était intéressant. D'ailleurs, ça m'a fait penser qu'en moi-même, j'ai fait telle chose. Donc, c'est vraiment, il faut créer, je pense, une relation de partage.

  • Speaker #0

    Ok. Très clair. Et je te donne notre deuxième question maintenant, qui va te passionner, je suis sûre. Hello, hello. Pendant mon dernier entretien annuel, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai demandé une augmentation. Sauf qu'on m'a répondu qu'il n'y avait pas de budget pour une augmentation cette année-là. Et c'est vrai que les temps sont durs pour mon industrie. Qu'est-ce que je dois faire si on me dit la même chose cette année ? Et qu'est-ce que je devrais négocier à la place ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà... c'est tout à fait une réponse qui peut être vraie, notamment la personne dit que son industrie va mal, mais la première chose c'est quand même de vérifier. Je ne dis pas que les employeurs mentent, mais ça vaut quand même le coup de vérifier un petit peu. Et ça c'est assez simple, il faut aller voir les rapports ça dépend quelle est la taille d'entreprise, mais on peut demander les rapports financiers, notamment si c'est des grosses entreprises elles sont obligées de les publier, ou si c'est un rapport RSE. ou demander au N1 ou au N2 d'avoir un petit peu des insights sur les résultats de l'entreprise. En tout cas, il faut vérifier l'information et vérifier s'il y a d'autres personnes qui ont eu quelque chose ou pas. Est-ce que c'était qu'il n'y avait pas de budget pour personne ou est-ce que c'était qu'il y avait un tout petit budget ? Et si c'était qu'il y avait un tout petit budget, à qui il a été attribué et pourquoi ? Donc ça, ça veut dire qu'il faut aller fouiner un petit peu. Ce n'est pas du tout illégal, on a tout à fait le droit de faire ça, mais il faut se renseigner. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que si... on lui redit la même chose cette année, il faut qu'elle ait prévu des alternatives. Quand on négocie son salaire, il ne faut pas négocier que son fixe. Le fixe est le plus important parce que c'est sur ça qu'est basé toutes nos prestations sociales, le chômage, la retraite, etc. Donc le fixe, c'est le plus important. Mais ce qu'il faut négocier, c'est un package. C'est-à-dire négocier des variables, des primes, des bonus qui sont sur résultat. Mais ça peut être aussi des avantages en nature, ça peut être d'autres formes d'avantages financiers. Je parlais de l'equity tout à l'heure, etc. Avant d'aller dans son entretien, il faut qu'elle ait préparé ce qu'elle va demander. Le fixe, les bonus, les primes. Et il faut que ce soit comme un meuble à tiroirs. C'est-à-dire, en fonction de la réponse qu'on lui donne, elle ouvre tel tiroir ou tel tiroir et elle propose autre chose. Donc peut-être que le fixe n'est pas possible parce qu'encore une fois, il n'y a peut-être pas de budget. Si elle s'est renseignée en amont, elle saura si c'est vrai ou pas et donc elle saura comment réagir. Ok, pas de place pour le fixe. Alors dans ce cas, peut-être une prime sur résultat. Je ne sais pas quel est l'emploi qu'elle effectue. On a tendance à penser que les primes ou les bonus, c'est que pour les postes commerciaux, mais c'est faux. On peut avoir des primes, de plus en plus d'entreprises le font. des prix, des bonus sur des postes du support ou de soutien, du juridique, du RH, etc., de la communication. Il faut juste définir des objectifs concrets, chiffrés. Et ça, c'est hyper important parce que la seule manière de prouver qu'on les aura atteints, c'est s'il y a un chiffre. C'est-à-dire, si on te dit que tu dois faire un et que tu as fait un, tu l'as prouvé. Par contre, si on te dit qu'il faut que tu fasses bien ces sujets à appréciation, c'est très subjectif. Donc, c'est beaucoup plus compliqué à défendre. Donc, il faut des objectifs clairs et chiffrés. Et donc, par exemple, si le fixe n'est pas possible, OK, fixe pas possible, mais selon tel objectif, si je l'atteins d'ici telle période, et ça voudrait dire que j'ai fait économiser tant d'argent ou que j'ai fait gagner tant d'argent à l'entreprise en participant à tel axe de développement, alors à ce moment-là, bonus, par exemple.

  • Speaker #0

    OK, génial. Alors Morgane, maintenant, on va rentrer dans la dernière partie de notre podcast. Je vais te poser des questions rapides et je voudrais que tu me répondes le premier truc qui te vient à l'esprit. OK. mais comme c'est mon podcast et que je décide. Si ta réponse m'intrigue, je creuserai. D'accord. C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de femme qui m'inspire le plus. En réalité, je n'en ai pas une, j'en ai plusieurs. J'en ai parfois 10 par jour, parfois une par jour. C'est vrai qu'on vante beaucoup les rôles modèles et c'est très bien d'en avoir. Moi je pense qu'il faut faire attention parce qu'aucun rôle modèle n'est idéal, aucun rôle modèle n'est parfait et personne n'a envie d'avoir ce poids non plus d'idéalisation sur les épaules. Je pense plutôt qu'il faut s'inspirer des personnes qui sont de bonnes personnes. Dans mon cas c'est vrai que c'est souvent des femmes plutôt que des hommes, mais ça peut être des hommes aussi. Et quand je parle de bonnes personnes, c'est-à-dire des femmes qui agissent avec intégrité, avec courage. Donc ça peut être aussi bien une militante pour le climat, ça peut être aussi bien ma collègue qui fait face à une difficulté personnelle et que je vois l'affronter avec courage, ça peut être une femme que je ne connais pas du tout dans un pays très lointain qui ose braver les interdits et marcher en sous-vêtements dans la rue, ça peut être un peu tout le monde et n'importe qui.

  • Speaker #0

    Génial. Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je lis.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je lis. Tu lis.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Morgane de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais négocie ton salaire mais plus sérieusement je lui dirais que tout va bien se passer la Morgane de 18 ans venait de partir de chez elle sans argent, elle avait coupé les ponts avec sa famille c'est très difficile j'ai dormi dans la rue, j'ai dormi sur des canapés c'était extrêmement dur financièrement et socialement et donc je lui dirais Tout va bien aller.

  • Speaker #0

    Je vois que tu es émue là. C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ? Mise à part le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    C'est exactement ce que j'allais dire. Je ne veux plus qu'on me demande si ça va, si on ne le pense pas vraiment.

  • Speaker #0

    Ok. C'est une bonne question à éliminer. Qu'est-ce qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    J'avais beaucoup de mal à réfléchir à une réponse à cette question. Je dirais que c'était cette envie de voyage, parce que je pense sincèrement que mon expérience dans la marine a changé ma vie. Ça m'a ouvert sur un autre univers. Oui, derrière, ça a été un peu compliqué, je me suis perdue, etc. Mais ça a été un tournant marquant. Et j'ai fait cette expérience principalement aussi parce que je voulais voyager, c'est ce que je disais tout à l'heure. Et puis les voyages de ma gérard général, j'ai beaucoup voyagé en étant jeune en l'interrail en Europe toute seule en train, j'ai vécu des choses incroyables. Je pense que ça m'a donné une certaine ouverture d'esprit qui m'a aidé ensuite dans ma carrière et dans ma vie personnelle, qui m'a permis aussi de travailler dans des environnements internationaux. Donc je dirais le voyage.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas le mentor. Je n'ai pas le mentor. En revanche, j'ai des amis. Et je pense que c'est tout aussi bien de prendre les conseils, de prendre le soutien et surtout d'avoir des amis qui nous font du bien. Une amie qui nous fait du bien, c'est quelqu'un après... Quand on a parlé avec elle, on sent qu'on est une meilleure personne qu'avant d'avoir parlé avec elle. Et je pense que c'est tout aussi important.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quoi ton un popular opinion sur le monde du travail ? Encore une fois, tu n'as pas le droit de dire le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    Non, je n'allais pas dire ça. J'allais dire qu'il fallait le casser. Mais du coup, j'ai répondu à ça tout à l'heure déjà. Donc,

  • Speaker #0

    je ne sais pas si ça reste valable. Il faut juste tout déconstruire dans le monde du travail. Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on dise que j'ai aidé des gens. Et je pense que j'ai toujours été très ambitieuse, j'ai toujours voulu faire carrière, c'est l'expression consacrée. Mais je pense aussi que plus le temps va et plus je reviens à mes racines quand j'étais jeune et justement quand je voulais faire de l'humanitaire. Ce qui me motivait c'était principalement de faire le bien, c'était d'avoir un impact positif. A l'époque je pensais que c'était possible de faire carrière et d'avoir un impact positif. Je le pense toujours aujourd'hui, d'autant plus, et je le vois avec Plan Cache, quand on a des femmes qui nous écrivent pour nous dire qu'elles ont réussi à négocier 10 000 euros de salaire, que pour la première fois de leur vie elles ont investi, qu'elles se sont crénées par des précautions et qu'elles sont prêtes à quitter leur mari qui est toxique. quand je vois l'impact qu'on fait je me dis que cette partie là prend de plus en plus le plat sur la partie carrière, la partie ambitieuse et dans 30 ans j'aimerais qu'on se dise ou j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, il n'y a pas forcément besoin que quelqu'un me le dise ou que quelqu'un se le dise, mais en tout cas j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, tu as fait quelque chose de ta vie qui a aidé des gens, même si c'est une personne, c'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et dernière question, c'est quoi, est-ce que tu as un mantra que tu te répètes le matin ?

  • Speaker #1

    Je le fais avec ma fille, elle a un an et demi donc elle ne comprend pas forcément très bien, mais on le fait, on se regarde dans le miroir toutes les deux et Et en fait, je lui dis qu'elle est géniale. Deux fois, je lui dis qu'elle est jolie aussi, parce qu'elle est très jolie. Mais non, je lui dis qu'elle est géniale. Et en fait, en lui disant à elle, quelque part, je me le dis à moi. Parce que, oui, on n'en a pas du tout parlé, ce n'était pas le sujet, mais mon rôle de maman a une part importante dans ma vie. Parce que ne serait-ce que pour jongler entre ce rôle-là et l'entreprise, c'est parfois délicat. Et en fait, répéter à ma fille qu'elle est géniale, c'est quelque part me... Me congratuler moi-même du travail que je fais et qui lui permet de grandir dans un foyer qui est sain, avec une mère qui l'aime et qui lui donnera, parce qu'elle est un peu petite encore, mais qui lui donnera les clés. Et donc elle est géniale et c'est aussi grâce à moi. Et donc voilà, je me remercie moi-même de mon rôle.

  • Speaker #0

    Là, c'est moi que tu as ému. Écoute Morgane, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? On est très heureuse de tout ce qu'on a appris avec toi. Et du coup, on a été toutes les deux très émues. J'ai une toute dernière question à te poser. C'est qui la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu devrais recevoir Lomir Lapré. C'est une militante politique qui est actuellement aux Etats-Unis. Elle est partie il y a quelques semaines. dans le cadre de la Fondation Obama, dont elle est l'une des lauréates. Et elle est partie pour essayer de comprendre le vote populaire, non pas le juger, mais comprendre ce qui se passe dans le monde rural, pourquoi les gens votent à l'extrême droite, et donc pour aussi comprendre ce qui se passe en France. Et c'est quelqu'un qui est extrêmement investi, qui est extrêmement intelligente, et intelligente pas seulement dans le sens intellectuel. Elle a une intelligence humaine très forte et je pense qu'on aurait beaucoup beaucoup à apprendre toutes d'elle.

  • Speaker #0

    Génial, écoute on va la contacter. Merci beaucoup d'être venue Morgane.

  • Speaker #1

    Merci à toi Clara.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Share

Embed

You may also like

Description

C’est qui la Boss ?, c'est le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de Plan Cash et une pro de la négociation de salaire. 

Plan Cash, c’est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d’argent, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation, et nous donne quelques secrets sur son parcours, comme les cinq mois qu’elle a passé à bord d’un porte-avion. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c’est le moment de vous plonger dans cet épisode. 

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Cette semaine, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de PlanCash et une pro de la négociation de salaire. PlanCash, c'est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d'argent, la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation et elle nous donne même quelques secrets sur son parcours. Comme les 5 mois qu'elle a passé à bord d'un porte-avions. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c'est le moment de vous plonger dans cet épisode. Bonne écoute ! Bonjour Morgane !

  • Speaker #1

    Bonjour Clara !

  • Speaker #0

    On est ravies de te recevoir sur C'est qui la basse ?

  • Speaker #1

    Et bien c'est moi qui suis ravie d'être là !

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées sans exception. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand t'étais petite ?

  • Speaker #1

    J'avais deux rêves quand j'étais enfant. Le premier c'était d'écrire. Je voulais être la nouvelle Agatha Christie.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Très humblement. Et le second, c'est que je rêvais de voyager. Et donc, quand j'avais une dizaine d'années, j'avais décrété que je deviendrais reporter pour Geographique Nationale. D'accord. Ce qui n'est jamais arrivé au final. Par contre, j'ai écrit et j'ai voyagé.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et du coup, c'était quoi ton premier job ? Ton premier vrai job ?

  • Speaker #1

    Mon premier vrai job ? Tu vois, c'est assez intéressant comme question parce que qu'est-ce qu'on entend par premier vrai job ? Parce que j'ai fait des stages. C'était des vrais jobs, c'est juste qu'on ne me payait pas. Mais factuellement, c'était des jobs. J'avais des responsabilités, je faisais du 8h à 17h, etc. Donc ça dépend quelle est la définition de qu'est-ce que c'est un vrai job. Si on parle juste du travail, c'était à l'ONU. Je travaillais pour l'organisation qui est en charge des crises humanitaires. J'étais chargée de faire... L'envoi de personnel d'urgence sur les sites humanitaires, ça pouvait être des guerres comme des catastrophes naturelles. Et si on parle de rémunération, alors à ce moment-là, c'était Interpol et j'étais responsable presse pour Interpol.

  • Speaker #0

    Ok. Et ça, c'est des milieux qui sont quand même très masculins dans les deux jobs. Qu'est-ce que tu en as tiré de ces expériences ?

  • Speaker #1

    C'est effectivement, alors Ausha, c'est-à-dire l'Organisation des Nations Unies, c'est... Pas si masculin que ça en réalité. De mémoire, je crois que mes équipes, c'est quasiment... Enfin mes équipes, j'étais la plus junior, donc plutôt les équipes avec qui je travaillais, c'était quasiment que des femmes. Mais dans l'humanitaire, de manière générale, on trouve énormément de femmes, comme dans tous les milieux associatifs, ONG, etc. Interpol, par contre, effectivement, c'est de la police internationale. C'est beaucoup de technicité et de technologie aussi. Donc c'est encore des milieux qui sont très, très masculins. Très honnêtement, à l'époque, je me posais... pas tellement la question. J'étais assez jeune, j'avais 24-25 ans. Et pour moi, c'était juste le quotidien. C'est un peu plus tard que c'est venu, c'est plutôt dans l'armée, où là effectivement, en plus, le quota homme-femme est encore plus fort, la différence est encore plus forte. Et c'est plutôt là que, très clairement, je l'ai senti. En plus, on m'avait raconté plein d'histoires.

  • Speaker #0

    Je veux juste qu'on rembobine un tout petit peu, parce que Tu as devancé ma question. Après Interpol, tu es partie dans l'armée, tu es engagée dans la marée nationale. Tout à fait. Comment ça se passe de faire ça ? Parce que je ne connais personne d'autre à part toi qui a fait ça.

  • Speaker #1

    Comment on fait ça ? Un petit peu par hasard, j'ai fait des études en sécurité-défense. L'armée était plutôt un débouché assez classique pour ce genre d'études. Ce n'était pas celui que je voulais faire. Moi, je voulais travailler dans l'humanitaire, d'où mon premier emploi à l'ONU. Et puis, je voulais travailler spécifiquement dans l'humanitaire, dans quelque chose qui s'appelle les relations civilo-militaires. Et en gros, c'est les personnes sur le terrain qui font le lien entre les équipes militaires qui interviennent, notamment quand il y a des militaires qui interviennent sur des théâtres de catastrophes naturelles, mais aussi de guerres, bien sûr, et le personnel humanitaire ou les associations de terrain ou le personnel civil. Et moi, je voulais travailler dans les relations entre ces deux parties. et je m'étais dit Ok, j'ai l'expérience, alors pas forcément de terrain, mais je connais un petit peu le milieu humanitaire puisque je viens de faire six mois à l'ONU. Si je veux continuer dans cette voie, ce serait quand même bien que je sache ce qui se passe côté militaire. C'est compliqué de faire des relations civiles et militaires si tu ne connais qu'un des deux parties. Et donc j'ai postulé dans l'armée comme on postule dans n'importe quelle entreprise en réalité. Je n'ai pas été prise la première fois que j'ai postulé parce que j'avais postulé sur un job où il leur fallait quelqu'un qui parlait chinois, ce qui n'était pas mon cas. Moi, je parlais russe, mais... Pas chez moi.

  • Speaker #0

    Tu as pas mal de russes en vrai.

  • Speaker #1

    Il m'en reste pas grand chose. Je sais dire, je m'appelle Morgane et ceci est un vase. Ça me sert pas beaucoup. Et quand j'étais chez Interpol, mon contrat, j'étais en CDD, mon contrat arrivait à terme. Et là, l'armée à Lyon, le centre de recrutement de Lyon m'a rappelé en me disant, écoutez, il y a un nouveau poste qui s'est ouvert. Votre candidature est toujours dans notre système. Est-ce que ça vous intéresse ? Et le poste en question, c'était pour être responsable communication. de ce qui s'appelle le groupe aérien embarqué, c'est-à-dire c'est toute la composante aérienne du Charles de Gaulle, le porte-avions. D'accord. Donc c'est à peu près 500 personnes, c'est les aéronefs, le personnel expert, les pilotes bien sûr, etc. Évidemment, j'ai dit oui, surtout qu'il y avait plusieurs missions, donc des déploiements extérieurs qui étaient prévus. Et donc j'allais pouvoir voyager pour mon travail, c'était plutôt s'accoucher quelques cases.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu es allée sur le porte-avions du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, j'y ai passé. En tout, j'ai fait un contrat d'un an. C'est des contrats que les armées proposent, en tout cas la Marine nationale. En gros, c'est pour découvrir le milieu militaire. Ça renforce aussi ce qu'ils appellent le lien armée-nation.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai fait un contrat d'un an. J'ai fait des choses, enfin j'ai vu, parce que moi, personnellement, je n'ai pas fait des choses incroyables. Mais par contre, j'ai vu des choses incroyables. Sur un an, j'ai passé à peu près six ou sept mois en mer. J'ai... J'ai fait le défilé du 14 juillet également. Je n'ai pas défilé moi, c'était mon unité qui défilait. Mais par contre, j'étais dans l'organisation de ce défilement, de ce défilé. Et sur les six mois en mer, je suis allée jusqu'en Inde. Et voilà, c'était une expérience assez incroyable. C'est cinq mois en mer quasiment plein, pas de jour de repos. Ça n'existe pas le week-end en mer. Les nuits non plus n'existent pas vraiment parce qu'il y a toujours de l'activité. C'était vraiment génial.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Qu'est-ce qui s'est passé entre la marine et aujourd'hui la création de Plan Cache ?

  • Speaker #1

    Il s'est passé beaucoup de choses. J'ai la bougeotte. Ça va un peu mieux maintenant. Mais j'ai eu beaucoup la bougeotte, donc j'ai beaucoup changé d'emploi. Que ce soit Interpol ou la marine, je travaillais quand même sur des postes en communication. À la fin du contrat de la marine, je n'ai pas souhaité renouveler pour plusieurs raisons, notamment le fait qu'il n'y avait plus de déploiement prévu l'année suivante et que je n'avais pas envie de rester sur base. Et donc, j'ai pris un petit peu... Très honnêtement, j'ai eu peur en réalité parce que j'étais indépendante de ma famille. Je n'avais pas beaucoup d'économies de côté, donc il me fallait un job. Et j'ai un petit peu pris ce qui passait et à l'époque, c'était un job en communication en agence. Je dirais qu'à cette époque-là, j'ai un peu abandonné mes rêves quand même. Parce que la réalité de la vie, il faut payer un loyer. À l'époque, j'avais encore un prêt étudiant que j'avais dû faire pour partir étudier en Écosse pour apprendre l'anglais. Donc, j'avais des responsabilités. Et de fil en aiguille, j'ai testé plein de jobs. J'ai bossé en agence conseil, j'ai été freelance, j'ai bossé en start-up. Et puis, j'ai monté plan cash.

  • Speaker #0

    Ça a été quoi, avant de monter le plan cash, tu étais déjà très engagée sur la question des négociations salariales, de l'égalité des salaires hommes-femmes. Ça a été quoi, est-ce qu'il y a un épisode de ta vie qui t'a vraiment forgée sur cet engagement-là, même avant le plan cash ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a eu des choses qui ont été très progressives sur la partie égalité hommes-femmes. C'était plutôt, justement, j'ai tellement changé de job régulièrement que j'ai pu comparer. Des jobs qui étaient très masculins, d'autres qui étaient en tout cas des univers très masculins, d'autres dans des univers très féminins, d'autres des univers très mixtes. Et c'était plutôt la continuité des inégalités que je voyais ou des discriminations. C'était cette femme qui en vient de congé maternité, qui avait un poste de directrice et elle revient et son département a été restructuré. Puis on lui dit gentiment, fais ce que tu veux, prends le poste que tu veux. Donc elle se retrouve un petit peu le bec dans l'eau et elle finit par démissionner d'elle-même. C'était des équipes entièrement féminines qui étaient dirigées par un homme. C'était le harcèlement, parce qu'il faut appeler les choses comme elles sont, c'était le harcèlement de jeunes consultantes par des clients, et quand elles se plaignent à leur manager, on leur dit « ouais mais c'est le client, il paye, tu vois, donc bon, fais avec, c'est pas grave » . Voilà, c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont poussée à écouter, à apprendre, à regarder. J'ai suivi des conférences, j'ai lu des livres, je me suis formée. Et la partie financière en particulier, il y a vraiment un épisode très particulier qui a marqué. Justement, j'ai changé de job et je passais des entretiens pour intégrer une agence en conseil et je ne m'étais pas préparée. Je suis arrivée à l'entretien vraiment à l'arrache complètement et c'était le premier entretien. Et lors de cet entretien, le potentiel future manager me dit « Ok, c'est quoi vos prétentions salariales ? » Et alors un gros blanc, mais vraiment blanc total, j'avais absolument pas préparé. Et en fait dans ma tête très rapidement je me suis dit ok aujourd'hui tu gagnes tant, rajoute 10k et dis que c'est ce que tu veux. Et donc j'annonce le chiffre donc je prends mon salaire, je rajoute 10k, je dis voilà je veux tant. On me dit ok très bien on vous rappelle. Et quelques jours après on me rappelle et on me dit ok très bien le job est pour vous, au salaire que vous avez demandé. Et en fait à ce moment là je me rends compte que dans ma tête c'est pas 10k que j'ai rajouté c'est 20k. par rapport au salaire, je touchais déjà. Donc j'avais, en fait inconsciemment, j'avais négocié mon salaire, 20 cas de plus, sans le savoir, sans en faire attention. Et là, je me suis dit, trois choses. La première, c'est en fait, il faut le faire, il faut demander plus. Finalement, ça se fait, il faut le faire. La deuxième, c'est quand même, si je m'étais préparée, peut-être que j'aurais pu demander encore plus, peut-être que j'aurais pu demander des bonus, peut-être que j'aurais pu demander de l'équitif, enfin, peu importe. peut-être pu demander autre chose. Et la troisième, c'est que si on accepte sans négocier ce que tu as demandé, c'est que factuellement, tu aurais pu demander plus. Et donc, c'est de ce point-là, alors d'ailleurs, je n'ai pas accepté ce job-là, j'en ai accepté un autre. Mais c'est de ce moment-là que je me suis dit, ok, il faut que tu te formes, il faut que tu négocies. Et à force de me former, à force de négocier moi-même mes salaires, mes augmentations, d'en parler à mes amis, tu vois, de leur donner des petits tips, etc., j'ai fini par construire une certaine expertise du sujet. Et puis, ce n'est plus mes amis que j'ai formés, c'est des personnes que je ne connaissais pas, c'était des collègues. Et puis, j'ai lancé des formations et en fait, ça a bien pris et ça a été une des jeunesses de PlanCache. Ouais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après, qu'est-ce que c'est PlanCache ?

  • Speaker #1

    Alors, PlanCache, c'est une application mobile d'éducation financière pour les femmes, par des femmes, puisqu'on est toute une équipe de femmes. C'est des sujets aussi variés que justement comment on négocie son salaire ou ses tarifs quand on est indépendante. Mais ça va être aussi comment est-ce qu'on fait un budget, comment est-ce qu'on gère l'argent dans le couple de manière équitable, comment on se sort des dettes et surtout comment on investit. Parce qu'aujourd'hui, les femmes ont moins de patrimoine que les hommes, elles investissent moins souvent, leur argent dort plus souvent sur des comptes épargnes qui perdent de la valeur parce que les comptes épargnes rapportent moins que l'inflation. Et donc elles n'ont pas ni la liberté financière d'accomplir leur projet. ni de se sortir de situations complexes. Ça va aussi bien de quitter son job parce que ça se passe mal à quitter son conjoint parce qu'il est violent. Donc voilà, c'est plein de formations en micro-learning. C'est une communauté aussi. On peut échanger avec d'autres femmes et des personnes non-binaires sur justement toutes les questions d'argent. Il n'y a aucun tabou. On est là justement pour faire tomber ce tabou. Personne n'ose parler de l'argent. En France, on préfère parler de sexe que parler d'argent. C'est dire à quel point... c'est quelque chose de honteux alors que ça devrait pas l'être et on est là pour faire tomber ces barrières.

  • Speaker #0

    Trop bien et ça a été quoi du coup le déclic pour monter Plan Cache ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la rencontre avec mon associée donc Léa qui elle était journaliste économique depuis une douzaine d'années qui elle lançait une newsletter parce qu'elle s'était rendu compte que les médias ne parlez pas d'argent aux femmes ou en tout cas ne leur parlez pas pas de la bonne manière. C'est ça,

  • Speaker #0

    parce qu'en fait, on nous parle tout le temps de comment économiser sur les courses.

  • Speaker #1

    Exactement. Aux femmes, on va la mettre dans des postures de dépensière. Comment est-ce qu'on économise sur les courses ? Comment est-ce qu'on fait des soldes ? Comment est-ce qu'on lutte contre l'envie de faire du shopping, etc. Alors que les hommes, on leur parle de rendement, on leur parle d'investissement, de crypto, de bourse, d'immobilier, etc. On les met de base dans une posture d'investisseur, même s'ils n'y connaissent pas forcément grand-chose non plus. et donc elle voulait lancer une newsletter, elle voulait lancer un média qui parle d'argent aux femmes de manière décomplexée, sans jargon, etc. Et moi, en parallèle, exactement au même moment, je lançais des formations. Je faisais déjà les formations à la négociation salariale et je faisais déjà du coaching en one-to-one. Et je me suis rendue compte d'une chose. La première, c'était que moi-même, j'étais très bonne pour négocier mon salaire. Mais finalement, derrière, il ne se passait pas grand-chose. Typiquement, mon argent dormait sur des comptes épargnes. Nouvelle. où je le dépensais, où je faisais des cadeaux, je partais en voyage, etc. Et les femmes que j'accompagnais à la négociation salariale, c'était un petit peu pareil. Il y en avait qui savaient très bien pourquoi elles négociaient leur salaire, c'est parce que factuellement elles étaient très mal payées et qu'elles avaient besoin de pouvoir payer les factures. Mais il y en a d'autres, c'était un petit peu par confort, il n'y avait pas forcément d'objectif derrière. Et donc je me suis dit, il faut que moi-même je me forme sur qu'est-ce qui se passe une fois que tu as de l'argent, et je vais en profiter du coup pour former d'autres femmes. qui vont nous former sur l'investissement, la bourse, etc. Et quand Léa a annoncé qu'elle lançait sa newsletter, on s'est rencontrés, on s'est rendu compte qu'on poursuivait le même objectif, qui était l'indépendance financière des femmes, et que plus de femmes investissent leur argent. et on s'est dit qu'à deux on serait plus fortes et qu'on irait plus loin et on s'est associés

  • Speaker #0

    Trop cool. Et donc en parallèle de Plancash, tu es également autrice. Alors tu n'es pas Agatha Christie. On s'est un peu éloigné en termes de joueurs. Et tu viens de sortir ton livre qui s'appelle « Les gentilles filles ne réussissent pas » .

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors tu te doutes bien, il faut que je te pose la question. Pourquoi est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ?

  • Speaker #1

    Est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ? La réponse est c'est vrai, les gentilles filles ne réussissent pas. Qu'est-ce que j'appelle être gentille ? On m'a beaucoup posé la question. Être gentille pour moi, c'est rentrer dans la case. Et la case que le système, la société a définie pour nous. Et en tant que femme, cette case, c'est quelqu'un qui ne fait pas de vagues. C'est quelqu'un qui n'a pas les dents qui rayent le plancher. C'est quelqu'un qui est gentil. C'est quelqu'un qui est poli. C'est quelqu'un qui ne parle pas d'argent pour le coup. Voilà, c'est ça la case des femmes. La réalité, c'est que nous les femmes, on n'est pas comme ça. Enfin, peut-être qu'il y en a qui sont... Et heureusement, on a l'air qu'il y a des femmes qui sont... jolie, gentille, polie, bien entendu. Mais on est tellement plus que ça. Les femmes sont aussi ambitieuses, elles sont colériques, elles ont de l'expertise, elles sont sorores. Les femmes sont complexes, elles ne sont pas ce que la société attend de nous. Et aujourd'hui, quand on fait tout ce qu'il faut pour rentrer dans les cases, eh bien non, on ne réussit pas parce que c'est un système qui est fait de sorte à ce que la majorité du gâteau soit distribué aux hommes. et que les femmes se battent entre elles pour obtenir quelques miettes. Et donc, si tu joues le jeu, peut-être que tu auras des miettes, mais en fait, ces miettes, elles ne représentent rien. Et pour parler très concrètement, ces miettes, ça veut dire que, peut-être, de temps en temps, une femme par-ci ou par-là va réussir. D'ailleurs, on peut se poser la question de qu'est-ce que ça veut dire, réussir, aussi. Mais peut-être qu'une femme va atteindre le sommet de la pyramide. Et on va l'ériger en exemple. Voilà, elle l'a fait, c'est possible.

  • Speaker #0

    Genre Anne Levergeon ou une PDG au CAC 40,

  • Speaker #1

    quoi. Exactement. Et heureusement, d'ailleurs, qu'il y en a. Heureusement, on en a besoin. On a besoin de voir que c'est possible. Mais il ne faut pas se voiler la face. C'est parce que ce sont des femmes qui ont joué le jeu. Et elles sont sorties du lot. Mais la réalité, c'est que la plupart d'entre nous, on est derrière et qu'on continue à ramer. Et que tant que le système sera tel qu'il est, tant qu'on acceptera de jouer selon ses règles, tant qu'on continuera à être gentil, on n'aura rien à gagner si ce n'est quelques miettes. A l'inverse, on peut décider d'être déraisonnable. Pour moi, déraisonnable, c'est l'inverse d'être gentil, si on reprend ma définition de gentil. Et donc être déraisonnable, c'est-à-dire essayer de sortir des cases, essayer de casser un petit peu les codes, d'oser. D'ailleurs, les femmes osent, c'est un stéréotype qui m'énerve fortement. On dit que les femmes n'osent pas, qu'elles ont un syndrome dans la posture, mais les femmes osent et il faut... qu'on commence à le dire, et ça commence par là, en fait, changer le système. C'est dire que les femmes, oui, elles osent, oui, les femmes négocient, oui, les femmes sont fortes, oui, les femmes ont le droit d'être en colère, oui, les femmes réussissent.

  • Speaker #0

    Parce qu'on a cette idée reçue que les femmes, elles ne négocient pas leur salaire. C'est pas vrai. En fait, on leur refuse plus souvent les augmentations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui se passe, d'ailleurs, c'est très intéressant, il y a des méta-études qui ont été menées, qui reprennent, en fait, la plupart des études faites depuis les années 80, et qui... Alors... Sont arrivées à plusieurs conclusions. La première, effectivement, c'est ce que tu dis, c'est que les femmes, non seulement négocient de plus en plus leur salaire, mais dans certains secteurs, le négocient autant si ce n'est plus que les hommes. Donc, il faut arrêter de dire que les femmes négocient pas leur salaire, c'est faux. Ça, c'est le premier point. Le deuxième, c'est que ce que cette météoritude a montré, c'est qu'on est sept fois plus en posture de mentir à une femme et de lui refuser ce qu'elle demande quand elle négocie, que si c'est un homme qui négocie. Parce qu'en fait, on pense que c'est plus facile de mentir à une femme et que ça a une conséquence. Sept fois plus. Donc ça, c'est terrible. Et la responsabilité, ce n'est pas celle des femmes, c'est celle des personnes qui sont en face. Donc c'est les managers, c'est les RH, c'est les recruteurs, c'est les chefs d'entreprise. Et la dernière conclusion, en tout cas la troisième que moi je retiens de cette méta-étude, c'est que quand on parle de négociation salariale, très souvent, les études prennent dans l'ensemble. C'est-à-dire que c'est toutes les femmes et tous les hommes. Ensuite, on fait la différence entre celles qui disent avoir négocié et ceux qui disent l'avoir fait ou pas. La réalité, c'est que le marché de l'emploi est genré. Il y a des secteurs et des métiers qui sont occupés principalement par des femmes et d'autres principalement par des hommes. Il s'avère que les métiers qui sont effectués par des femmes, ce sont beaucoup des métiers dans lesquels la négociation salariale est beaucoup plus complexe parce qu'il y a des structures de rémunération qui sont beaucoup plus rigides. Le secteur du public, par exemple. On parlait du secteur associatif tout à l'heure. La petite enfance, le commerce de détails, etc. Voilà, l'administration. Ce sont des secteurs dans lesquels il y a des conventions, il y a des grilles, souvent très strictes. Ça ne veut pas dire qu'il est impossible de négocier, ça veut dire que c'est beaucoup plus complexe. Et donc, quand on va regarder dans le détail, en fait, on se rend compte que quand on dit que les hommes négocient plus que les femmes, c'est simplement qu'ils occupent des secteurs et des métiers d'activité où c'est plus simple de négocier. mais c'est aussi plus simple parce que ce sont des hommes qui le font. Et qu'il y a aussi l'histoire, c'est-à-dire qu'on a tellement pris en compte que les hommes négociaient, qu'ils avaient le droit, qu'ils avaient de la valeur, que ces secteurs-là se sont adaptés et sont beaucoup plus flexibles en termes de rémunération. Alors qu'on est tellement parti de l'idée que les femmes devraient déjà être contentes d'avoir un job et d'être payées pour faire ce job-là, qu'en plus elles n'allaient pas être rémunérées plus. Et donc il y a des structures de rémunération qui se sont rigidifiées dans ces secteurs.

  • Speaker #0

    Les femmes négocient leur salaire, mais on leur refuse très souvent les augmentations. Là, ça va bientôt être le moment des entretiens annuels. C'est quoi le conseil qu'une meuf doit avoir en tête quand elle rentre dans son entretien annuel ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, si elle commence à penser à sa demande d'augmentation au moment où elle rentre dans l'entretien, C'est pas que c'est raté, mais presque. La bonne nouvelle, c'est que c'est plutôt en janvier que ça se fait. Alors, ça dépend des entreprises. Ça peut être janvier, septembre, juin, ça dépend. En fait, il faut s'y prendre le plus tôt possible. Pourquoi ? Parce qu'une négociation, c'est quelque chose qui repose sur de l'argumentation rationnelle. Un employeur ne va pas vous augmenter. parce que vous êtes sympa ou parce que vous avez des gamins ou un prêt immobilier à rembourser. L'employeur va vous augmenter parce que vous avez un potentiel, que vous avez un track record qui montre que vous avez des réussites et que vous allez continuer du coup à réussir des projets dans l'entreprise. Et donc, il faut s'y prendre en avance parce qu'il faut pouvoir prouver. ce qu'on avance, prouver qu'on est un bon élément, prouver qu'on a du potentiel. Donc ça veut dire récupérer des témoignages de collègues, de clients, arriver à montrer en quoi notre travail a fait progresser l'entreprise. Et je vous donne tout de suite un vrai tips, l'entreprise, son objectif c'est de faire de l'argent. Même une entreprise qui a une entreprise à mission doit quand même faire de l'argent. Après cet argent peut être réinvesti, si c'est une entreprise à mission, dans des œuvres, etc. Mais il n'empêche qu'il faut faire de l'argent. Et l'entreprise fait de l'argent de deux manières, soit elle en gagne, soit elle en économise. Et donc quand on prépare son argumentaire, il faut montrer en quoi son travail individuel a permis soit de faire gagner de l'argent à l'entreprise, soit de lui en faire économiser. Et donc il faut avoir le temps d'aller rechercher dans les projets qu'on a fait, les réussites, aller chercher les chiffres et les arguments qui vont prouver qu'on a fait l'un ou l'autre. Donc ça, ça demande du temps et c'est vrai que si on s'y prend la veille pour le lendemain, ça va être beaucoup. compliqué, il risque d'y avoir une bonne mie blanche juste avant, ce qui n'est pas l'idéal. Donc ça, c'est le premier des conseils. Et si je peux en donner un deuxième, c'est aussi de bien connaître les processus en interne. Et ça, c'est la première chose qu'on doit faire quand on rentre dans un job. C'est tout de suite savoir comment ça se passe, qui est décisionnaire, quelles sont les habitudes, est-ce que les autres salariés ont de l'equity, donc l'equity c'est des parts dans l'entreprise. Est-ce que les autres ont des avantages en nature ? Est-ce qu'il y a des bonus ? Est-ce qu'il y a des primes ? Est-ce qu'il y a des choses à titre individuel, collectif ? En fait, il faut être incollable sur le fonctionnement de son entreprise en matière de rémunération et d'augmentation parce que c'est ce qui va nous permettre de savoir quoi demander. Et parce qu'une entreprise A peut peut-être mettre en place des bonus individuels, l'entreprise B va plutôt mettre de l'équity. Si toi tu arrives et que tu demandes de l'équity dans une entreprise qui fait plutôt du bonus... tu n'auras peut-être rien du tout. Par contre, si tu sais que c'est une entreprise qui a une habitude de faire de l'equity, tu peux demander de l'equity. Ou si c'est une entreprise qui a l'habitude de faire de la prime, tu peux demander de la prime. Donc, il faut connaître absolument. Et donc, ça, ça nécessite plusieurs choses. Parler à CRH, son RH ou sa RH est notre meilleur ami, son ou sa manager, son N plus 1 et ses collègues. Il faut savoir ce que les collègues font. Est-ce que les collègues ont des...

  • Speaker #0

    Il faut savoir combien gagnent les collègues.

  • Speaker #1

    Il faut savoir combien gagnent les collègues. Moi, j'ai travaillé dans une entreprise, je venais d'arriver. Et je gérais la partie diversité-inclusion. Et j'avais une collègue qui gérait la partie environnement. Toutes les deux, on bossait dans la direction, dans l'équipe RSE. Et donc, littéralement, on faisait le même travail. On répondait à la même personne. On avait le même échelon dans l'entreprise. Il s'avère que la personne qui était sur la partie environnement était plus âgée que moi. Elle avait une quinzaine d'années de plus. Et en fait, on s'est rendu compte que j'étais mieux payée qu'elle. Parce qu'on a parlé salaire. Parce que moi, j'avais négocié le mien rentrant. Et en fait, on s'est rendu compte qu'alors qu'on faisait le même job, si ce n'est qu'elle avait plus d'expérience que moi, j'étais mieux rémunérée. Ce n'était pas normal. Mais si on n'en avait pas parlé, elle ne l'aurait pas su. Et si elle ne l'avait pas su, elle n'aurait pas su quoi demander lors de son entretien.

  • Speaker #0

    Incroyable. Oui, donc d'où l'importance de parler de son salaire avec ses collègues. C'est un truc que je répète tout le temps à tous les gens qui m'entourent, mais je suis très d'accord avec toi. On va finir sur ton livre avec une dernière question. C'est quoi le mythe sur le monde du travail que tu aimerais dégommer ? On en a abordé pas mal, en vrai, déjà, dans notre entretien.

  • Speaker #1

    Est-ce que j'ai le droit d'en citer deux ?

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Le premier, c'est que je ne supporte plus, mais quand je dis ne supporte plus, c'est vraiment, je pense que j'ai des boutons qui poussent quand on m'en parle. Je ne supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur. Déjà, je ne supporte pas cette forme. syndrome de l'imposteur, ça laisse s'entendre un, que c'est une maladie, un syndrome c'est le champ médical, l'imposteur c'est la personne, donc en fait la personne est malade Et ça, c'est pas possible. Donc déjà, si on m'en parle, s'il vous plaît, dites syndrome de l'imposture. Au moins, on parle plutôt d'une action plutôt que d'une personne. Et je supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur ou de l'imposture parce que c'est complètement faux. Il faut savoir que déjà, c'est un phénomène qui a été théorisé en ne prenant appui que sur des études sur des femmes. Donc forcément, on a émis l'hypothèse que c'était les femmes qui avaient un syndrome de l'imposture puisqu'on avait étudié ça que chez les femmes. Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point, pourquoi je ne veux plus qu'on en parle, les femmes prennent des risques, les femmes ont confiance, mais on leur répète tellement souvent, il y a tellement de livres de coaching, et alors c'est pas pour critiquer les coachs, mais on met tellement dans la tête des femmes qu'elles ont un semblant d'impossure, qu'elles manquent de confiance, c'est une prophétie autorisatrice, et donc forcément les femmes derrière vont agir en conséquence, elles sont tellement persuadées qu'elles ne sont pas capables, en fait ça s'insinue de manière complètement inconsciente. Les femmes ne se disent pas « Ok, on me dit que j'ai un certain nombre d'imposteurs, donc je suis impostrice, donc je ne mérite pas. » Non, c'est inconscient. Et on va tellement le leur répéter depuis qu'elles sont enfants, qu'inconsciemment, elles vont réagir en conséquence. Donc ça, c'est le premier mythe que j'aimerais qu'on dégomme, c'est celui-là. Et le second, c'est qu'en fait, moi je forme des femmes à négocier leur salaire. Et c'est très bien à plusieurs titres. C'est bien à niveau individuel parce qu'elles augmentent leur salaire. ainsi. La plupart du temps, c'est bien aussi à niveau collectif parce que du coup, souvent, elles prennent confiance, elles en parlent à leurs amis, à leurs collègues et ça entraîne. Et on sait que les femmes sont motrices de changement. Mais la réalité, c'est qu'en fait, ça ne changera rien au système. Il faut une révolution. Si on veut vraiment changer les choses, si c'est vraiment ce qu'on veut, si on veut que le système change, il faut le casser. Il faut une révolution. Et dans l'histoire, on a... jamais acquis aucun droit de manière pacifique en demandant gentiment. Tous les droits que les femmes ont acquis, tous, ont été faits par la révolution. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les féministes du passé étaient sages et calmes et posées. Non, c'était des féministes qui tapaient du poing sur la table, qui étaient violentes. Voilà. Et en fait, je suis désolée, je dis pas qu'il faut qu'on aille tout casser et qu'il faut couper des têtes. Mais il va falloir aller à la racine, il va falloir casser le système si on veut vraiment le changer. Parce que là, je crois que les termes de l'ONU, c'est qu'à ce rythme, il faudra encore 257 ans pour que les choses changent. Je crois que, en fait, ce n'est pas possible. Donc, si c'est vraiment ce qu'on veut, il faut une révolution. Moi, j'aimerais voir les femmes, toutes les femmes, qui arrêtent de travailler, font plus rien, s'occupent plus des enfants, vont plus au boulot, rien. Tu sais ce qui se passera ? Une paralysie totale de l'économie de la société. C'est ça qu'il nous faut. Donc, j'appelle, je fais un grand appel à la grève générale.

  • Speaker #0

    Morgane appelle à la grève générale des femmes. Génial on va conclure sur cette note sur ton livre ça paraît pas mal grève générale des femmes et je voudrais maintenant te poser deux questions qu'on a reçues de la part de nos auditrices ce qu'il faut savoir c'est qu'on reçoit des mails de nos auditrices toute l'année avec des questions sur la vie au boulot, l'entrepreneuriat et les négociations de salaire et du coup je vais te lire un premier mail Hello, je viens de commencer dans une équipe avec que des gens qui sont plus vieux que moi. En tant que junior, j'ai envie de prouver ce que je vaux, mais j'ai du mal à trouver le juste milieu. Je veux montrer que je suis motivée sans paraître trop ambitieuse. Est-ce que tu as un conseil à me donner ?

  • Speaker #1

    C'est une posture que j'ai tout à fait connue, justement dans l'armée. Je manageais une équipe de trois personnes qui avaient littéralement 50 ans. Et moi, j'en avais 25. Et en fait, c'est assez... Effectivement, c'est assez complexe parce qu'il faut arriver... à trouver la manière pour faire comprendre que c'est pas parce qu'on est jeune qu'on n'y connaît rien, mais il faut en même temps respecter aussi le fait que les personnes avec plus d'expérience ont vu des choses, ont des connaissances et qu'on a des choses à apprendre de ces personnes. donc je pense que ça commence par montrer du respect aux personnes avec qui on travaille d'ailleurs jeunes ou pas jeunes c'est leur montrer du respect c'est s'intéresser à ce qu'elles ont à nous apprendre et je pense que le respect appelle le respect que l'apprentissage appelle l'apprentissage. Et c'est aussi amener des choses positives, leur dire, voilà, ah tiens, sur tel projet, un tel m'a appris telle chose, c'était intéressant. D'ailleurs, ça m'a fait penser qu'en moi-même, j'ai fait telle chose. Donc, c'est vraiment, il faut créer, je pense, une relation de partage.

  • Speaker #0

    Ok. Très clair. Et je te donne notre deuxième question maintenant, qui va te passionner, je suis sûre. Hello, hello. Pendant mon dernier entretien annuel, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai demandé une augmentation. Sauf qu'on m'a répondu qu'il n'y avait pas de budget pour une augmentation cette année-là. Et c'est vrai que les temps sont durs pour mon industrie. Qu'est-ce que je dois faire si on me dit la même chose cette année ? Et qu'est-ce que je devrais négocier à la place ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà... c'est tout à fait une réponse qui peut être vraie, notamment la personne dit que son industrie va mal, mais la première chose c'est quand même de vérifier. Je ne dis pas que les employeurs mentent, mais ça vaut quand même le coup de vérifier un petit peu. Et ça c'est assez simple, il faut aller voir les rapports ça dépend quelle est la taille d'entreprise, mais on peut demander les rapports financiers, notamment si c'est des grosses entreprises elles sont obligées de les publier, ou si c'est un rapport RSE. ou demander au N1 ou au N2 d'avoir un petit peu des insights sur les résultats de l'entreprise. En tout cas, il faut vérifier l'information et vérifier s'il y a d'autres personnes qui ont eu quelque chose ou pas. Est-ce que c'était qu'il n'y avait pas de budget pour personne ou est-ce que c'était qu'il y avait un tout petit budget ? Et si c'était qu'il y avait un tout petit budget, à qui il a été attribué et pourquoi ? Donc ça, ça veut dire qu'il faut aller fouiner un petit peu. Ce n'est pas du tout illégal, on a tout à fait le droit de faire ça, mais il faut se renseigner. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que si... on lui redit la même chose cette année, il faut qu'elle ait prévu des alternatives. Quand on négocie son salaire, il ne faut pas négocier que son fixe. Le fixe est le plus important parce que c'est sur ça qu'est basé toutes nos prestations sociales, le chômage, la retraite, etc. Donc le fixe, c'est le plus important. Mais ce qu'il faut négocier, c'est un package. C'est-à-dire négocier des variables, des primes, des bonus qui sont sur résultat. Mais ça peut être aussi des avantages en nature, ça peut être d'autres formes d'avantages financiers. Je parlais de l'equity tout à l'heure, etc. Avant d'aller dans son entretien, il faut qu'elle ait préparé ce qu'elle va demander. Le fixe, les bonus, les primes. Et il faut que ce soit comme un meuble à tiroirs. C'est-à-dire, en fonction de la réponse qu'on lui donne, elle ouvre tel tiroir ou tel tiroir et elle propose autre chose. Donc peut-être que le fixe n'est pas possible parce qu'encore une fois, il n'y a peut-être pas de budget. Si elle s'est renseignée en amont, elle saura si c'est vrai ou pas et donc elle saura comment réagir. Ok, pas de place pour le fixe. Alors dans ce cas, peut-être une prime sur résultat. Je ne sais pas quel est l'emploi qu'elle effectue. On a tendance à penser que les primes ou les bonus, c'est que pour les postes commerciaux, mais c'est faux. On peut avoir des primes, de plus en plus d'entreprises le font. des prix, des bonus sur des postes du support ou de soutien, du juridique, du RH, etc., de la communication. Il faut juste définir des objectifs concrets, chiffrés. Et ça, c'est hyper important parce que la seule manière de prouver qu'on les aura atteints, c'est s'il y a un chiffre. C'est-à-dire, si on te dit que tu dois faire un et que tu as fait un, tu l'as prouvé. Par contre, si on te dit qu'il faut que tu fasses bien ces sujets à appréciation, c'est très subjectif. Donc, c'est beaucoup plus compliqué à défendre. Donc, il faut des objectifs clairs et chiffrés. Et donc, par exemple, si le fixe n'est pas possible, OK, fixe pas possible, mais selon tel objectif, si je l'atteins d'ici telle période, et ça voudrait dire que j'ai fait économiser tant d'argent ou que j'ai fait gagner tant d'argent à l'entreprise en participant à tel axe de développement, alors à ce moment-là, bonus, par exemple.

  • Speaker #0

    OK, génial. Alors Morgane, maintenant, on va rentrer dans la dernière partie de notre podcast. Je vais te poser des questions rapides et je voudrais que tu me répondes le premier truc qui te vient à l'esprit. OK. mais comme c'est mon podcast et que je décide. Si ta réponse m'intrigue, je creuserai. D'accord. C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de femme qui m'inspire le plus. En réalité, je n'en ai pas une, j'en ai plusieurs. J'en ai parfois 10 par jour, parfois une par jour. C'est vrai qu'on vante beaucoup les rôles modèles et c'est très bien d'en avoir. Moi je pense qu'il faut faire attention parce qu'aucun rôle modèle n'est idéal, aucun rôle modèle n'est parfait et personne n'a envie d'avoir ce poids non plus d'idéalisation sur les épaules. Je pense plutôt qu'il faut s'inspirer des personnes qui sont de bonnes personnes. Dans mon cas c'est vrai que c'est souvent des femmes plutôt que des hommes, mais ça peut être des hommes aussi. Et quand je parle de bonnes personnes, c'est-à-dire des femmes qui agissent avec intégrité, avec courage. Donc ça peut être aussi bien une militante pour le climat, ça peut être aussi bien ma collègue qui fait face à une difficulté personnelle et que je vois l'affronter avec courage, ça peut être une femme que je ne connais pas du tout dans un pays très lointain qui ose braver les interdits et marcher en sous-vêtements dans la rue, ça peut être un peu tout le monde et n'importe qui.

  • Speaker #0

    Génial. Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je lis.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je lis. Tu lis.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Morgane de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais négocie ton salaire mais plus sérieusement je lui dirais que tout va bien se passer la Morgane de 18 ans venait de partir de chez elle sans argent, elle avait coupé les ponts avec sa famille c'est très difficile j'ai dormi dans la rue, j'ai dormi sur des canapés c'était extrêmement dur financièrement et socialement et donc je lui dirais Tout va bien aller.

  • Speaker #0

    Je vois que tu es émue là. C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ? Mise à part le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    C'est exactement ce que j'allais dire. Je ne veux plus qu'on me demande si ça va, si on ne le pense pas vraiment.

  • Speaker #0

    Ok. C'est une bonne question à éliminer. Qu'est-ce qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    J'avais beaucoup de mal à réfléchir à une réponse à cette question. Je dirais que c'était cette envie de voyage, parce que je pense sincèrement que mon expérience dans la marine a changé ma vie. Ça m'a ouvert sur un autre univers. Oui, derrière, ça a été un peu compliqué, je me suis perdue, etc. Mais ça a été un tournant marquant. Et j'ai fait cette expérience principalement aussi parce que je voulais voyager, c'est ce que je disais tout à l'heure. Et puis les voyages de ma gérard général, j'ai beaucoup voyagé en étant jeune en l'interrail en Europe toute seule en train, j'ai vécu des choses incroyables. Je pense que ça m'a donné une certaine ouverture d'esprit qui m'a aidé ensuite dans ma carrière et dans ma vie personnelle, qui m'a permis aussi de travailler dans des environnements internationaux. Donc je dirais le voyage.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas le mentor. Je n'ai pas le mentor. En revanche, j'ai des amis. Et je pense que c'est tout aussi bien de prendre les conseils, de prendre le soutien et surtout d'avoir des amis qui nous font du bien. Une amie qui nous fait du bien, c'est quelqu'un après... Quand on a parlé avec elle, on sent qu'on est une meilleure personne qu'avant d'avoir parlé avec elle. Et je pense que c'est tout aussi important.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quoi ton un popular opinion sur le monde du travail ? Encore une fois, tu n'as pas le droit de dire le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    Non, je n'allais pas dire ça. J'allais dire qu'il fallait le casser. Mais du coup, j'ai répondu à ça tout à l'heure déjà. Donc,

  • Speaker #0

    je ne sais pas si ça reste valable. Il faut juste tout déconstruire dans le monde du travail. Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on dise que j'ai aidé des gens. Et je pense que j'ai toujours été très ambitieuse, j'ai toujours voulu faire carrière, c'est l'expression consacrée. Mais je pense aussi que plus le temps va et plus je reviens à mes racines quand j'étais jeune et justement quand je voulais faire de l'humanitaire. Ce qui me motivait c'était principalement de faire le bien, c'était d'avoir un impact positif. A l'époque je pensais que c'était possible de faire carrière et d'avoir un impact positif. Je le pense toujours aujourd'hui, d'autant plus, et je le vois avec Plan Cache, quand on a des femmes qui nous écrivent pour nous dire qu'elles ont réussi à négocier 10 000 euros de salaire, que pour la première fois de leur vie elles ont investi, qu'elles se sont crénées par des précautions et qu'elles sont prêtes à quitter leur mari qui est toxique. quand je vois l'impact qu'on fait je me dis que cette partie là prend de plus en plus le plat sur la partie carrière, la partie ambitieuse et dans 30 ans j'aimerais qu'on se dise ou j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, il n'y a pas forcément besoin que quelqu'un me le dise ou que quelqu'un se le dise, mais en tout cas j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, tu as fait quelque chose de ta vie qui a aidé des gens, même si c'est une personne, c'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et dernière question, c'est quoi, est-ce que tu as un mantra que tu te répètes le matin ?

  • Speaker #1

    Je le fais avec ma fille, elle a un an et demi donc elle ne comprend pas forcément très bien, mais on le fait, on se regarde dans le miroir toutes les deux et Et en fait, je lui dis qu'elle est géniale. Deux fois, je lui dis qu'elle est jolie aussi, parce qu'elle est très jolie. Mais non, je lui dis qu'elle est géniale. Et en fait, en lui disant à elle, quelque part, je me le dis à moi. Parce que, oui, on n'en a pas du tout parlé, ce n'était pas le sujet, mais mon rôle de maman a une part importante dans ma vie. Parce que ne serait-ce que pour jongler entre ce rôle-là et l'entreprise, c'est parfois délicat. Et en fait, répéter à ma fille qu'elle est géniale, c'est quelque part me... Me congratuler moi-même du travail que je fais et qui lui permet de grandir dans un foyer qui est sain, avec une mère qui l'aime et qui lui donnera, parce qu'elle est un peu petite encore, mais qui lui donnera les clés. Et donc elle est géniale et c'est aussi grâce à moi. Et donc voilà, je me remercie moi-même de mon rôle.

  • Speaker #0

    Là, c'est moi que tu as ému. Écoute Morgane, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? On est très heureuse de tout ce qu'on a appris avec toi. Et du coup, on a été toutes les deux très émues. J'ai une toute dernière question à te poser. C'est qui la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu devrais recevoir Lomir Lapré. C'est une militante politique qui est actuellement aux Etats-Unis. Elle est partie il y a quelques semaines. dans le cadre de la Fondation Obama, dont elle est l'une des lauréates. Et elle est partie pour essayer de comprendre le vote populaire, non pas le juger, mais comprendre ce qui se passe dans le monde rural, pourquoi les gens votent à l'extrême droite, et donc pour aussi comprendre ce qui se passe en France. Et c'est quelqu'un qui est extrêmement investi, qui est extrêmement intelligente, et intelligente pas seulement dans le sens intellectuel. Elle a une intelligence humaine très forte et je pense qu'on aurait beaucoup beaucoup à apprendre toutes d'elle.

  • Speaker #0

    Génial, écoute on va la contacter. Merci beaucoup d'être venue Morgane.

  • Speaker #1

    Merci à toi Clara.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Description

C’est qui la Boss ?, c'est le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de Plan Cash et une pro de la négociation de salaire. 

Plan Cash, c’est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d’argent, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation, et nous donne quelques secrets sur son parcours, comme les cinq mois qu’elle a passé à bord d’un porte-avion. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c’est le moment de vous plonger dans cet épisode. 

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Cette semaine, je reçois Morgane Dion, la cofondatrice de PlanCash et une pro de la négociation de salaire. PlanCash, c'est une application qui aide les femmes à se former sur les finances personnelles. Et quand on parle d'argent, la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est le salaire. Dans cet épisode, Morgane nous livre tous ses meilleurs conseils pour demander notre prochaine augmentation et elle nous donne même quelques secrets sur son parcours. Comme les 5 mois qu'elle a passé à bord d'un porte-avions. Si votre entretien annuel est dans quelques mois, c'est le moment de vous plonger dans cet épisode. Bonne écoute ! Bonjour Morgane !

  • Speaker #1

    Bonjour Clara !

  • Speaker #0

    On est ravies de te recevoir sur C'est qui la basse ?

  • Speaker #1

    Et bien c'est moi qui suis ravie d'être là !

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées sans exception. Qu'est-ce que tu rêvais de faire quand t'étais petite ?

  • Speaker #1

    J'avais deux rêves quand j'étais enfant. Le premier c'était d'écrire. Je voulais être la nouvelle Agatha Christie.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Très humblement. Et le second, c'est que je rêvais de voyager. Et donc, quand j'avais une dizaine d'années, j'avais décrété que je deviendrais reporter pour Geographique Nationale. D'accord. Ce qui n'est jamais arrivé au final. Par contre, j'ai écrit et j'ai voyagé.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et du coup, c'était quoi ton premier job ? Ton premier vrai job ?

  • Speaker #1

    Mon premier vrai job ? Tu vois, c'est assez intéressant comme question parce que qu'est-ce qu'on entend par premier vrai job ? Parce que j'ai fait des stages. C'était des vrais jobs, c'est juste qu'on ne me payait pas. Mais factuellement, c'était des jobs. J'avais des responsabilités, je faisais du 8h à 17h, etc. Donc ça dépend quelle est la définition de qu'est-ce que c'est un vrai job. Si on parle juste du travail, c'était à l'ONU. Je travaillais pour l'organisation qui est en charge des crises humanitaires. J'étais chargée de faire... L'envoi de personnel d'urgence sur les sites humanitaires, ça pouvait être des guerres comme des catastrophes naturelles. Et si on parle de rémunération, alors à ce moment-là, c'était Interpol et j'étais responsable presse pour Interpol.

  • Speaker #0

    Ok. Et ça, c'est des milieux qui sont quand même très masculins dans les deux jobs. Qu'est-ce que tu en as tiré de ces expériences ?

  • Speaker #1

    C'est effectivement, alors Ausha, c'est-à-dire l'Organisation des Nations Unies, c'est... Pas si masculin que ça en réalité. De mémoire, je crois que mes équipes, c'est quasiment... Enfin mes équipes, j'étais la plus junior, donc plutôt les équipes avec qui je travaillais, c'était quasiment que des femmes. Mais dans l'humanitaire, de manière générale, on trouve énormément de femmes, comme dans tous les milieux associatifs, ONG, etc. Interpol, par contre, effectivement, c'est de la police internationale. C'est beaucoup de technicité et de technologie aussi. Donc c'est encore des milieux qui sont très, très masculins. Très honnêtement, à l'époque, je me posais... pas tellement la question. J'étais assez jeune, j'avais 24-25 ans. Et pour moi, c'était juste le quotidien. C'est un peu plus tard que c'est venu, c'est plutôt dans l'armée, où là effectivement, en plus, le quota homme-femme est encore plus fort, la différence est encore plus forte. Et c'est plutôt là que, très clairement, je l'ai senti. En plus, on m'avait raconté plein d'histoires.

  • Speaker #0

    Je veux juste qu'on rembobine un tout petit peu, parce que Tu as devancé ma question. Après Interpol, tu es partie dans l'armée, tu es engagée dans la marée nationale. Tout à fait. Comment ça se passe de faire ça ? Parce que je ne connais personne d'autre à part toi qui a fait ça.

  • Speaker #1

    Comment on fait ça ? Un petit peu par hasard, j'ai fait des études en sécurité-défense. L'armée était plutôt un débouché assez classique pour ce genre d'études. Ce n'était pas celui que je voulais faire. Moi, je voulais travailler dans l'humanitaire, d'où mon premier emploi à l'ONU. Et puis, je voulais travailler spécifiquement dans l'humanitaire, dans quelque chose qui s'appelle les relations civilo-militaires. Et en gros, c'est les personnes sur le terrain qui font le lien entre les équipes militaires qui interviennent, notamment quand il y a des militaires qui interviennent sur des théâtres de catastrophes naturelles, mais aussi de guerres, bien sûr, et le personnel humanitaire ou les associations de terrain ou le personnel civil. Et moi, je voulais travailler dans les relations entre ces deux parties. et je m'étais dit Ok, j'ai l'expérience, alors pas forcément de terrain, mais je connais un petit peu le milieu humanitaire puisque je viens de faire six mois à l'ONU. Si je veux continuer dans cette voie, ce serait quand même bien que je sache ce qui se passe côté militaire. C'est compliqué de faire des relations civiles et militaires si tu ne connais qu'un des deux parties. Et donc j'ai postulé dans l'armée comme on postule dans n'importe quelle entreprise en réalité. Je n'ai pas été prise la première fois que j'ai postulé parce que j'avais postulé sur un job où il leur fallait quelqu'un qui parlait chinois, ce qui n'était pas mon cas. Moi, je parlais russe, mais... Pas chez moi.

  • Speaker #0

    Tu as pas mal de russes en vrai.

  • Speaker #1

    Il m'en reste pas grand chose. Je sais dire, je m'appelle Morgane et ceci est un vase. Ça me sert pas beaucoup. Et quand j'étais chez Interpol, mon contrat, j'étais en CDD, mon contrat arrivait à terme. Et là, l'armée à Lyon, le centre de recrutement de Lyon m'a rappelé en me disant, écoutez, il y a un nouveau poste qui s'est ouvert. Votre candidature est toujours dans notre système. Est-ce que ça vous intéresse ? Et le poste en question, c'était pour être responsable communication. de ce qui s'appelle le groupe aérien embarqué, c'est-à-dire c'est toute la composante aérienne du Charles de Gaulle, le porte-avions. D'accord. Donc c'est à peu près 500 personnes, c'est les aéronefs, le personnel expert, les pilotes bien sûr, etc. Évidemment, j'ai dit oui, surtout qu'il y avait plusieurs missions, donc des déploiements extérieurs qui étaient prévus. Et donc j'allais pouvoir voyager pour mon travail, c'était plutôt s'accoucher quelques cases.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu es allée sur le porte-avions du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr, j'y ai passé. En tout, j'ai fait un contrat d'un an. C'est des contrats que les armées proposent, en tout cas la Marine nationale. En gros, c'est pour découvrir le milieu militaire. Ça renforce aussi ce qu'ils appellent le lien armée-nation.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai fait un contrat d'un an. J'ai fait des choses, enfin j'ai vu, parce que moi, personnellement, je n'ai pas fait des choses incroyables. Mais par contre, j'ai vu des choses incroyables. Sur un an, j'ai passé à peu près six ou sept mois en mer. J'ai... J'ai fait le défilé du 14 juillet également. Je n'ai pas défilé moi, c'était mon unité qui défilait. Mais par contre, j'étais dans l'organisation de ce défilement, de ce défilé. Et sur les six mois en mer, je suis allée jusqu'en Inde. Et voilà, c'était une expérience assez incroyable. C'est cinq mois en mer quasiment plein, pas de jour de repos. Ça n'existe pas le week-end en mer. Les nuits non plus n'existent pas vraiment parce qu'il y a toujours de l'activité. C'était vraiment génial.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Qu'est-ce qui s'est passé entre la marine et aujourd'hui la création de Plan Cache ?

  • Speaker #1

    Il s'est passé beaucoup de choses. J'ai la bougeotte. Ça va un peu mieux maintenant. Mais j'ai eu beaucoup la bougeotte, donc j'ai beaucoup changé d'emploi. Que ce soit Interpol ou la marine, je travaillais quand même sur des postes en communication. À la fin du contrat de la marine, je n'ai pas souhaité renouveler pour plusieurs raisons, notamment le fait qu'il n'y avait plus de déploiement prévu l'année suivante et que je n'avais pas envie de rester sur base. Et donc, j'ai pris un petit peu... Très honnêtement, j'ai eu peur en réalité parce que j'étais indépendante de ma famille. Je n'avais pas beaucoup d'économies de côté, donc il me fallait un job. Et j'ai un petit peu pris ce qui passait et à l'époque, c'était un job en communication en agence. Je dirais qu'à cette époque-là, j'ai un peu abandonné mes rêves quand même. Parce que la réalité de la vie, il faut payer un loyer. À l'époque, j'avais encore un prêt étudiant que j'avais dû faire pour partir étudier en Écosse pour apprendre l'anglais. Donc, j'avais des responsabilités. Et de fil en aiguille, j'ai testé plein de jobs. J'ai bossé en agence conseil, j'ai été freelance, j'ai bossé en start-up. Et puis, j'ai monté plan cash.

  • Speaker #0

    Ça a été quoi, avant de monter le plan cash, tu étais déjà très engagée sur la question des négociations salariales, de l'égalité des salaires hommes-femmes. Ça a été quoi, est-ce qu'il y a un épisode de ta vie qui t'a vraiment forgée sur cet engagement-là, même avant le plan cash ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il y a eu des choses qui ont été très progressives sur la partie égalité hommes-femmes. C'était plutôt, justement, j'ai tellement changé de job régulièrement que j'ai pu comparer. Des jobs qui étaient très masculins, d'autres qui étaient en tout cas des univers très masculins, d'autres dans des univers très féminins, d'autres des univers très mixtes. Et c'était plutôt la continuité des inégalités que je voyais ou des discriminations. C'était cette femme qui en vient de congé maternité, qui avait un poste de directrice et elle revient et son département a été restructuré. Puis on lui dit gentiment, fais ce que tu veux, prends le poste que tu veux. Donc elle se retrouve un petit peu le bec dans l'eau et elle finit par démissionner d'elle-même. C'était des équipes entièrement féminines qui étaient dirigées par un homme. C'était le harcèlement, parce qu'il faut appeler les choses comme elles sont, c'était le harcèlement de jeunes consultantes par des clients, et quand elles se plaignent à leur manager, on leur dit « ouais mais c'est le client, il paye, tu vois, donc bon, fais avec, c'est pas grave » . Voilà, c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont poussée à écouter, à apprendre, à regarder. J'ai suivi des conférences, j'ai lu des livres, je me suis formée. Et la partie financière en particulier, il y a vraiment un épisode très particulier qui a marqué. Justement, j'ai changé de job et je passais des entretiens pour intégrer une agence en conseil et je ne m'étais pas préparée. Je suis arrivée à l'entretien vraiment à l'arrache complètement et c'était le premier entretien. Et lors de cet entretien, le potentiel future manager me dit « Ok, c'est quoi vos prétentions salariales ? » Et alors un gros blanc, mais vraiment blanc total, j'avais absolument pas préparé. Et en fait dans ma tête très rapidement je me suis dit ok aujourd'hui tu gagnes tant, rajoute 10k et dis que c'est ce que tu veux. Et donc j'annonce le chiffre donc je prends mon salaire, je rajoute 10k, je dis voilà je veux tant. On me dit ok très bien on vous rappelle. Et quelques jours après on me rappelle et on me dit ok très bien le job est pour vous, au salaire que vous avez demandé. Et en fait à ce moment là je me rends compte que dans ma tête c'est pas 10k que j'ai rajouté c'est 20k. par rapport au salaire, je touchais déjà. Donc j'avais, en fait inconsciemment, j'avais négocié mon salaire, 20 cas de plus, sans le savoir, sans en faire attention. Et là, je me suis dit, trois choses. La première, c'est en fait, il faut le faire, il faut demander plus. Finalement, ça se fait, il faut le faire. La deuxième, c'est quand même, si je m'étais préparée, peut-être que j'aurais pu demander encore plus, peut-être que j'aurais pu demander des bonus, peut-être que j'aurais pu demander de l'équitif, enfin, peu importe. peut-être pu demander autre chose. Et la troisième, c'est que si on accepte sans négocier ce que tu as demandé, c'est que factuellement, tu aurais pu demander plus. Et donc, c'est de ce point-là, alors d'ailleurs, je n'ai pas accepté ce job-là, j'en ai accepté un autre. Mais c'est de ce moment-là que je me suis dit, ok, il faut que tu te formes, il faut que tu négocies. Et à force de me former, à force de négocier moi-même mes salaires, mes augmentations, d'en parler à mes amis, tu vois, de leur donner des petits tips, etc., j'ai fini par construire une certaine expertise du sujet. Et puis, ce n'est plus mes amis que j'ai formés, c'est des personnes que je ne connaissais pas, c'était des collègues. Et puis, j'ai lancé des formations et en fait, ça a bien pris et ça a été une des jeunesses de PlanCache. Ouais.

  • Speaker #0

    Et du coup, après, qu'est-ce que c'est PlanCache ?

  • Speaker #1

    Alors, PlanCache, c'est une application mobile d'éducation financière pour les femmes, par des femmes, puisqu'on est toute une équipe de femmes. C'est des sujets aussi variés que justement comment on négocie son salaire ou ses tarifs quand on est indépendante. Mais ça va être aussi comment est-ce qu'on fait un budget, comment est-ce qu'on gère l'argent dans le couple de manière équitable, comment on se sort des dettes et surtout comment on investit. Parce qu'aujourd'hui, les femmes ont moins de patrimoine que les hommes, elles investissent moins souvent, leur argent dort plus souvent sur des comptes épargnes qui perdent de la valeur parce que les comptes épargnes rapportent moins que l'inflation. Et donc elles n'ont pas ni la liberté financière d'accomplir leur projet. ni de se sortir de situations complexes. Ça va aussi bien de quitter son job parce que ça se passe mal à quitter son conjoint parce qu'il est violent. Donc voilà, c'est plein de formations en micro-learning. C'est une communauté aussi. On peut échanger avec d'autres femmes et des personnes non-binaires sur justement toutes les questions d'argent. Il n'y a aucun tabou. On est là justement pour faire tomber ce tabou. Personne n'ose parler de l'argent. En France, on préfère parler de sexe que parler d'argent. C'est dire à quel point... c'est quelque chose de honteux alors que ça devrait pas l'être et on est là pour faire tomber ces barrières.

  • Speaker #0

    Trop bien et ça a été quoi du coup le déclic pour monter Plan Cache ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la rencontre avec mon associée donc Léa qui elle était journaliste économique depuis une douzaine d'années qui elle lançait une newsletter parce qu'elle s'était rendu compte que les médias ne parlez pas d'argent aux femmes ou en tout cas ne leur parlez pas pas de la bonne manière. C'est ça,

  • Speaker #0

    parce qu'en fait, on nous parle tout le temps de comment économiser sur les courses.

  • Speaker #1

    Exactement. Aux femmes, on va la mettre dans des postures de dépensière. Comment est-ce qu'on économise sur les courses ? Comment est-ce qu'on fait des soldes ? Comment est-ce qu'on lutte contre l'envie de faire du shopping, etc. Alors que les hommes, on leur parle de rendement, on leur parle d'investissement, de crypto, de bourse, d'immobilier, etc. On les met de base dans une posture d'investisseur, même s'ils n'y connaissent pas forcément grand-chose non plus. et donc elle voulait lancer une newsletter, elle voulait lancer un média qui parle d'argent aux femmes de manière décomplexée, sans jargon, etc. Et moi, en parallèle, exactement au même moment, je lançais des formations. Je faisais déjà les formations à la négociation salariale et je faisais déjà du coaching en one-to-one. Et je me suis rendue compte d'une chose. La première, c'était que moi-même, j'étais très bonne pour négocier mon salaire. Mais finalement, derrière, il ne se passait pas grand-chose. Typiquement, mon argent dormait sur des comptes épargnes. Nouvelle. où je le dépensais, où je faisais des cadeaux, je partais en voyage, etc. Et les femmes que j'accompagnais à la négociation salariale, c'était un petit peu pareil. Il y en avait qui savaient très bien pourquoi elles négociaient leur salaire, c'est parce que factuellement elles étaient très mal payées et qu'elles avaient besoin de pouvoir payer les factures. Mais il y en a d'autres, c'était un petit peu par confort, il n'y avait pas forcément d'objectif derrière. Et donc je me suis dit, il faut que moi-même je me forme sur qu'est-ce qui se passe une fois que tu as de l'argent, et je vais en profiter du coup pour former d'autres femmes. qui vont nous former sur l'investissement, la bourse, etc. Et quand Léa a annoncé qu'elle lançait sa newsletter, on s'est rencontrés, on s'est rendu compte qu'on poursuivait le même objectif, qui était l'indépendance financière des femmes, et que plus de femmes investissent leur argent. et on s'est dit qu'à deux on serait plus fortes et qu'on irait plus loin et on s'est associés

  • Speaker #0

    Trop cool. Et donc en parallèle de Plancash, tu es également autrice. Alors tu n'es pas Agatha Christie. On s'est un peu éloigné en termes de joueurs. Et tu viens de sortir ton livre qui s'appelle « Les gentilles filles ne réussissent pas » .

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors tu te doutes bien, il faut que je te pose la question. Pourquoi est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ?

  • Speaker #1

    Est-ce que les gentilles filles ne réussissent pas ? La réponse est c'est vrai, les gentilles filles ne réussissent pas. Qu'est-ce que j'appelle être gentille ? On m'a beaucoup posé la question. Être gentille pour moi, c'est rentrer dans la case. Et la case que le système, la société a définie pour nous. Et en tant que femme, cette case, c'est quelqu'un qui ne fait pas de vagues. C'est quelqu'un qui n'a pas les dents qui rayent le plancher. C'est quelqu'un qui est gentil. C'est quelqu'un qui est poli. C'est quelqu'un qui ne parle pas d'argent pour le coup. Voilà, c'est ça la case des femmes. La réalité, c'est que nous les femmes, on n'est pas comme ça. Enfin, peut-être qu'il y en a qui sont... Et heureusement, on a l'air qu'il y a des femmes qui sont... jolie, gentille, polie, bien entendu. Mais on est tellement plus que ça. Les femmes sont aussi ambitieuses, elles sont colériques, elles ont de l'expertise, elles sont sorores. Les femmes sont complexes, elles ne sont pas ce que la société attend de nous. Et aujourd'hui, quand on fait tout ce qu'il faut pour rentrer dans les cases, eh bien non, on ne réussit pas parce que c'est un système qui est fait de sorte à ce que la majorité du gâteau soit distribué aux hommes. et que les femmes se battent entre elles pour obtenir quelques miettes. Et donc, si tu joues le jeu, peut-être que tu auras des miettes, mais en fait, ces miettes, elles ne représentent rien. Et pour parler très concrètement, ces miettes, ça veut dire que, peut-être, de temps en temps, une femme par-ci ou par-là va réussir. D'ailleurs, on peut se poser la question de qu'est-ce que ça veut dire, réussir, aussi. Mais peut-être qu'une femme va atteindre le sommet de la pyramide. Et on va l'ériger en exemple. Voilà, elle l'a fait, c'est possible.

  • Speaker #0

    Genre Anne Levergeon ou une PDG au CAC 40,

  • Speaker #1

    quoi. Exactement. Et heureusement, d'ailleurs, qu'il y en a. Heureusement, on en a besoin. On a besoin de voir que c'est possible. Mais il ne faut pas se voiler la face. C'est parce que ce sont des femmes qui ont joué le jeu. Et elles sont sorties du lot. Mais la réalité, c'est que la plupart d'entre nous, on est derrière et qu'on continue à ramer. Et que tant que le système sera tel qu'il est, tant qu'on acceptera de jouer selon ses règles, tant qu'on continuera à être gentil, on n'aura rien à gagner si ce n'est quelques miettes. A l'inverse, on peut décider d'être déraisonnable. Pour moi, déraisonnable, c'est l'inverse d'être gentil, si on reprend ma définition de gentil. Et donc être déraisonnable, c'est-à-dire essayer de sortir des cases, essayer de casser un petit peu les codes, d'oser. D'ailleurs, les femmes osent, c'est un stéréotype qui m'énerve fortement. On dit que les femmes n'osent pas, qu'elles ont un syndrome dans la posture, mais les femmes osent et il faut... qu'on commence à le dire, et ça commence par là, en fait, changer le système. C'est dire que les femmes, oui, elles osent, oui, les femmes négocient, oui, les femmes sont fortes, oui, les femmes ont le droit d'être en colère, oui, les femmes réussissent.

  • Speaker #0

    Parce qu'on a cette idée reçue que les femmes, elles ne négocient pas leur salaire. C'est pas vrai. En fait, on leur refuse plus souvent les augmentations.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce qui se passe, d'ailleurs, c'est très intéressant, il y a des méta-études qui ont été menées, qui reprennent, en fait, la plupart des études faites depuis les années 80, et qui... Alors... Sont arrivées à plusieurs conclusions. La première, effectivement, c'est ce que tu dis, c'est que les femmes, non seulement négocient de plus en plus leur salaire, mais dans certains secteurs, le négocient autant si ce n'est plus que les hommes. Donc, il faut arrêter de dire que les femmes négocient pas leur salaire, c'est faux. Ça, c'est le premier point. Le deuxième, c'est que ce que cette météoritude a montré, c'est qu'on est sept fois plus en posture de mentir à une femme et de lui refuser ce qu'elle demande quand elle négocie, que si c'est un homme qui négocie. Parce qu'en fait, on pense que c'est plus facile de mentir à une femme et que ça a une conséquence. Sept fois plus. Donc ça, c'est terrible. Et la responsabilité, ce n'est pas celle des femmes, c'est celle des personnes qui sont en face. Donc c'est les managers, c'est les RH, c'est les recruteurs, c'est les chefs d'entreprise. Et la dernière conclusion, en tout cas la troisième que moi je retiens de cette méta-étude, c'est que quand on parle de négociation salariale, très souvent, les études prennent dans l'ensemble. C'est-à-dire que c'est toutes les femmes et tous les hommes. Ensuite, on fait la différence entre celles qui disent avoir négocié et ceux qui disent l'avoir fait ou pas. La réalité, c'est que le marché de l'emploi est genré. Il y a des secteurs et des métiers qui sont occupés principalement par des femmes et d'autres principalement par des hommes. Il s'avère que les métiers qui sont effectués par des femmes, ce sont beaucoup des métiers dans lesquels la négociation salariale est beaucoup plus complexe parce qu'il y a des structures de rémunération qui sont beaucoup plus rigides. Le secteur du public, par exemple. On parlait du secteur associatif tout à l'heure. La petite enfance, le commerce de détails, etc. Voilà, l'administration. Ce sont des secteurs dans lesquels il y a des conventions, il y a des grilles, souvent très strictes. Ça ne veut pas dire qu'il est impossible de négocier, ça veut dire que c'est beaucoup plus complexe. Et donc, quand on va regarder dans le détail, en fait, on se rend compte que quand on dit que les hommes négocient plus que les femmes, c'est simplement qu'ils occupent des secteurs et des métiers d'activité où c'est plus simple de négocier. mais c'est aussi plus simple parce que ce sont des hommes qui le font. Et qu'il y a aussi l'histoire, c'est-à-dire qu'on a tellement pris en compte que les hommes négociaient, qu'ils avaient le droit, qu'ils avaient de la valeur, que ces secteurs-là se sont adaptés et sont beaucoup plus flexibles en termes de rémunération. Alors qu'on est tellement parti de l'idée que les femmes devraient déjà être contentes d'avoir un job et d'être payées pour faire ce job-là, qu'en plus elles n'allaient pas être rémunérées plus. Et donc il y a des structures de rémunération qui se sont rigidifiées dans ces secteurs.

  • Speaker #0

    Les femmes négocient leur salaire, mais on leur refuse très souvent les augmentations. Là, ça va bientôt être le moment des entretiens annuels. C'est quoi le conseil qu'une meuf doit avoir en tête quand elle rentre dans son entretien annuel ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, si elle commence à penser à sa demande d'augmentation au moment où elle rentre dans l'entretien, C'est pas que c'est raté, mais presque. La bonne nouvelle, c'est que c'est plutôt en janvier que ça se fait. Alors, ça dépend des entreprises. Ça peut être janvier, septembre, juin, ça dépend. En fait, il faut s'y prendre le plus tôt possible. Pourquoi ? Parce qu'une négociation, c'est quelque chose qui repose sur de l'argumentation rationnelle. Un employeur ne va pas vous augmenter. parce que vous êtes sympa ou parce que vous avez des gamins ou un prêt immobilier à rembourser. L'employeur va vous augmenter parce que vous avez un potentiel, que vous avez un track record qui montre que vous avez des réussites et que vous allez continuer du coup à réussir des projets dans l'entreprise. Et donc, il faut s'y prendre en avance parce qu'il faut pouvoir prouver. ce qu'on avance, prouver qu'on est un bon élément, prouver qu'on a du potentiel. Donc ça veut dire récupérer des témoignages de collègues, de clients, arriver à montrer en quoi notre travail a fait progresser l'entreprise. Et je vous donne tout de suite un vrai tips, l'entreprise, son objectif c'est de faire de l'argent. Même une entreprise qui a une entreprise à mission doit quand même faire de l'argent. Après cet argent peut être réinvesti, si c'est une entreprise à mission, dans des œuvres, etc. Mais il n'empêche qu'il faut faire de l'argent. Et l'entreprise fait de l'argent de deux manières, soit elle en gagne, soit elle en économise. Et donc quand on prépare son argumentaire, il faut montrer en quoi son travail individuel a permis soit de faire gagner de l'argent à l'entreprise, soit de lui en faire économiser. Et donc il faut avoir le temps d'aller rechercher dans les projets qu'on a fait, les réussites, aller chercher les chiffres et les arguments qui vont prouver qu'on a fait l'un ou l'autre. Donc ça, ça demande du temps et c'est vrai que si on s'y prend la veille pour le lendemain, ça va être beaucoup. compliqué, il risque d'y avoir une bonne mie blanche juste avant, ce qui n'est pas l'idéal. Donc ça, c'est le premier des conseils. Et si je peux en donner un deuxième, c'est aussi de bien connaître les processus en interne. Et ça, c'est la première chose qu'on doit faire quand on rentre dans un job. C'est tout de suite savoir comment ça se passe, qui est décisionnaire, quelles sont les habitudes, est-ce que les autres salariés ont de l'equity, donc l'equity c'est des parts dans l'entreprise. Est-ce que les autres ont des avantages en nature ? Est-ce qu'il y a des bonus ? Est-ce qu'il y a des primes ? Est-ce qu'il y a des choses à titre individuel, collectif ? En fait, il faut être incollable sur le fonctionnement de son entreprise en matière de rémunération et d'augmentation parce que c'est ce qui va nous permettre de savoir quoi demander. Et parce qu'une entreprise A peut peut-être mettre en place des bonus individuels, l'entreprise B va plutôt mettre de l'équity. Si toi tu arrives et que tu demandes de l'équity dans une entreprise qui fait plutôt du bonus... tu n'auras peut-être rien du tout. Par contre, si tu sais que c'est une entreprise qui a une habitude de faire de l'equity, tu peux demander de l'equity. Ou si c'est une entreprise qui a l'habitude de faire de la prime, tu peux demander de la prime. Donc, il faut connaître absolument. Et donc, ça, ça nécessite plusieurs choses. Parler à CRH, son RH ou sa RH est notre meilleur ami, son ou sa manager, son N plus 1 et ses collègues. Il faut savoir ce que les collègues font. Est-ce que les collègues ont des...

  • Speaker #0

    Il faut savoir combien gagnent les collègues.

  • Speaker #1

    Il faut savoir combien gagnent les collègues. Moi, j'ai travaillé dans une entreprise, je venais d'arriver. Et je gérais la partie diversité-inclusion. Et j'avais une collègue qui gérait la partie environnement. Toutes les deux, on bossait dans la direction, dans l'équipe RSE. Et donc, littéralement, on faisait le même travail. On répondait à la même personne. On avait le même échelon dans l'entreprise. Il s'avère que la personne qui était sur la partie environnement était plus âgée que moi. Elle avait une quinzaine d'années de plus. Et en fait, on s'est rendu compte que j'étais mieux payée qu'elle. Parce qu'on a parlé salaire. Parce que moi, j'avais négocié le mien rentrant. Et en fait, on s'est rendu compte qu'alors qu'on faisait le même job, si ce n'est qu'elle avait plus d'expérience que moi, j'étais mieux rémunérée. Ce n'était pas normal. Mais si on n'en avait pas parlé, elle ne l'aurait pas su. Et si elle ne l'avait pas su, elle n'aurait pas su quoi demander lors de son entretien.

  • Speaker #0

    Incroyable. Oui, donc d'où l'importance de parler de son salaire avec ses collègues. C'est un truc que je répète tout le temps à tous les gens qui m'entourent, mais je suis très d'accord avec toi. On va finir sur ton livre avec une dernière question. C'est quoi le mythe sur le monde du travail que tu aimerais dégommer ? On en a abordé pas mal, en vrai, déjà, dans notre entretien.

  • Speaker #1

    Est-ce que j'ai le droit d'en citer deux ?

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Le premier, c'est que je ne supporte plus, mais quand je dis ne supporte plus, c'est vraiment, je pense que j'ai des boutons qui poussent quand on m'en parle. Je ne supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur. Déjà, je ne supporte pas cette forme. syndrome de l'imposteur, ça laisse s'entendre un, que c'est une maladie, un syndrome c'est le champ médical, l'imposteur c'est la personne, donc en fait la personne est malade Et ça, c'est pas possible. Donc déjà, si on m'en parle, s'il vous plaît, dites syndrome de l'imposture. Au moins, on parle plutôt d'une action plutôt que d'une personne. Et je supporte plus qu'on dise que les femmes ont un syndrome de l'imposteur ou de l'imposture parce que c'est complètement faux. Il faut savoir que déjà, c'est un phénomène qui a été théorisé en ne prenant appui que sur des études sur des femmes. Donc forcément, on a émis l'hypothèse que c'était les femmes qui avaient un syndrome de l'imposture puisqu'on avait étudié ça que chez les femmes. Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point, pourquoi je ne veux plus qu'on en parle, les femmes prennent des risques, les femmes ont confiance, mais on leur répète tellement souvent, il y a tellement de livres de coaching, et alors c'est pas pour critiquer les coachs, mais on met tellement dans la tête des femmes qu'elles ont un semblant d'impossure, qu'elles manquent de confiance, c'est une prophétie autorisatrice, et donc forcément les femmes derrière vont agir en conséquence, elles sont tellement persuadées qu'elles ne sont pas capables, en fait ça s'insinue de manière complètement inconsciente. Les femmes ne se disent pas « Ok, on me dit que j'ai un certain nombre d'imposteurs, donc je suis impostrice, donc je ne mérite pas. » Non, c'est inconscient. Et on va tellement le leur répéter depuis qu'elles sont enfants, qu'inconsciemment, elles vont réagir en conséquence. Donc ça, c'est le premier mythe que j'aimerais qu'on dégomme, c'est celui-là. Et le second, c'est qu'en fait, moi je forme des femmes à négocier leur salaire. Et c'est très bien à plusieurs titres. C'est bien à niveau individuel parce qu'elles augmentent leur salaire. ainsi. La plupart du temps, c'est bien aussi à niveau collectif parce que du coup, souvent, elles prennent confiance, elles en parlent à leurs amis, à leurs collègues et ça entraîne. Et on sait que les femmes sont motrices de changement. Mais la réalité, c'est qu'en fait, ça ne changera rien au système. Il faut une révolution. Si on veut vraiment changer les choses, si c'est vraiment ce qu'on veut, si on veut que le système change, il faut le casser. Il faut une révolution. Et dans l'histoire, on a... jamais acquis aucun droit de manière pacifique en demandant gentiment. Tous les droits que les femmes ont acquis, tous, ont été faits par la révolution. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les féministes du passé étaient sages et calmes et posées. Non, c'était des féministes qui tapaient du poing sur la table, qui étaient violentes. Voilà. Et en fait, je suis désolée, je dis pas qu'il faut qu'on aille tout casser et qu'il faut couper des têtes. Mais il va falloir aller à la racine, il va falloir casser le système si on veut vraiment le changer. Parce que là, je crois que les termes de l'ONU, c'est qu'à ce rythme, il faudra encore 257 ans pour que les choses changent. Je crois que, en fait, ce n'est pas possible. Donc, si c'est vraiment ce qu'on veut, il faut une révolution. Moi, j'aimerais voir les femmes, toutes les femmes, qui arrêtent de travailler, font plus rien, s'occupent plus des enfants, vont plus au boulot, rien. Tu sais ce qui se passera ? Une paralysie totale de l'économie de la société. C'est ça qu'il nous faut. Donc, j'appelle, je fais un grand appel à la grève générale.

  • Speaker #0

    Morgane appelle à la grève générale des femmes. Génial on va conclure sur cette note sur ton livre ça paraît pas mal grève générale des femmes et je voudrais maintenant te poser deux questions qu'on a reçues de la part de nos auditrices ce qu'il faut savoir c'est qu'on reçoit des mails de nos auditrices toute l'année avec des questions sur la vie au boulot, l'entrepreneuriat et les négociations de salaire et du coup je vais te lire un premier mail Hello, je viens de commencer dans une équipe avec que des gens qui sont plus vieux que moi. En tant que junior, j'ai envie de prouver ce que je vaux, mais j'ai du mal à trouver le juste milieu. Je veux montrer que je suis motivée sans paraître trop ambitieuse. Est-ce que tu as un conseil à me donner ?

  • Speaker #1

    C'est une posture que j'ai tout à fait connue, justement dans l'armée. Je manageais une équipe de trois personnes qui avaient littéralement 50 ans. Et moi, j'en avais 25. Et en fait, c'est assez... Effectivement, c'est assez complexe parce qu'il faut arriver... à trouver la manière pour faire comprendre que c'est pas parce qu'on est jeune qu'on n'y connaît rien, mais il faut en même temps respecter aussi le fait que les personnes avec plus d'expérience ont vu des choses, ont des connaissances et qu'on a des choses à apprendre de ces personnes. donc je pense que ça commence par montrer du respect aux personnes avec qui on travaille d'ailleurs jeunes ou pas jeunes c'est leur montrer du respect c'est s'intéresser à ce qu'elles ont à nous apprendre et je pense que le respect appelle le respect que l'apprentissage appelle l'apprentissage. Et c'est aussi amener des choses positives, leur dire, voilà, ah tiens, sur tel projet, un tel m'a appris telle chose, c'était intéressant. D'ailleurs, ça m'a fait penser qu'en moi-même, j'ai fait telle chose. Donc, c'est vraiment, il faut créer, je pense, une relation de partage.

  • Speaker #0

    Ok. Très clair. Et je te donne notre deuxième question maintenant, qui va te passionner, je suis sûre. Hello, hello. Pendant mon dernier entretien annuel, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai demandé une augmentation. Sauf qu'on m'a répondu qu'il n'y avait pas de budget pour une augmentation cette année-là. Et c'est vrai que les temps sont durs pour mon industrie. Qu'est-ce que je dois faire si on me dit la même chose cette année ? Et qu'est-ce que je devrais négocier à la place ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà... c'est tout à fait une réponse qui peut être vraie, notamment la personne dit que son industrie va mal, mais la première chose c'est quand même de vérifier. Je ne dis pas que les employeurs mentent, mais ça vaut quand même le coup de vérifier un petit peu. Et ça c'est assez simple, il faut aller voir les rapports ça dépend quelle est la taille d'entreprise, mais on peut demander les rapports financiers, notamment si c'est des grosses entreprises elles sont obligées de les publier, ou si c'est un rapport RSE. ou demander au N1 ou au N2 d'avoir un petit peu des insights sur les résultats de l'entreprise. En tout cas, il faut vérifier l'information et vérifier s'il y a d'autres personnes qui ont eu quelque chose ou pas. Est-ce que c'était qu'il n'y avait pas de budget pour personne ou est-ce que c'était qu'il y avait un tout petit budget ? Et si c'était qu'il y avait un tout petit budget, à qui il a été attribué et pourquoi ? Donc ça, ça veut dire qu'il faut aller fouiner un petit peu. Ce n'est pas du tout illégal, on a tout à fait le droit de faire ça, mais il faut se renseigner. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que si... on lui redit la même chose cette année, il faut qu'elle ait prévu des alternatives. Quand on négocie son salaire, il ne faut pas négocier que son fixe. Le fixe est le plus important parce que c'est sur ça qu'est basé toutes nos prestations sociales, le chômage, la retraite, etc. Donc le fixe, c'est le plus important. Mais ce qu'il faut négocier, c'est un package. C'est-à-dire négocier des variables, des primes, des bonus qui sont sur résultat. Mais ça peut être aussi des avantages en nature, ça peut être d'autres formes d'avantages financiers. Je parlais de l'equity tout à l'heure, etc. Avant d'aller dans son entretien, il faut qu'elle ait préparé ce qu'elle va demander. Le fixe, les bonus, les primes. Et il faut que ce soit comme un meuble à tiroirs. C'est-à-dire, en fonction de la réponse qu'on lui donne, elle ouvre tel tiroir ou tel tiroir et elle propose autre chose. Donc peut-être que le fixe n'est pas possible parce qu'encore une fois, il n'y a peut-être pas de budget. Si elle s'est renseignée en amont, elle saura si c'est vrai ou pas et donc elle saura comment réagir. Ok, pas de place pour le fixe. Alors dans ce cas, peut-être une prime sur résultat. Je ne sais pas quel est l'emploi qu'elle effectue. On a tendance à penser que les primes ou les bonus, c'est que pour les postes commerciaux, mais c'est faux. On peut avoir des primes, de plus en plus d'entreprises le font. des prix, des bonus sur des postes du support ou de soutien, du juridique, du RH, etc., de la communication. Il faut juste définir des objectifs concrets, chiffrés. Et ça, c'est hyper important parce que la seule manière de prouver qu'on les aura atteints, c'est s'il y a un chiffre. C'est-à-dire, si on te dit que tu dois faire un et que tu as fait un, tu l'as prouvé. Par contre, si on te dit qu'il faut que tu fasses bien ces sujets à appréciation, c'est très subjectif. Donc, c'est beaucoup plus compliqué à défendre. Donc, il faut des objectifs clairs et chiffrés. Et donc, par exemple, si le fixe n'est pas possible, OK, fixe pas possible, mais selon tel objectif, si je l'atteins d'ici telle période, et ça voudrait dire que j'ai fait économiser tant d'argent ou que j'ai fait gagner tant d'argent à l'entreprise en participant à tel axe de développement, alors à ce moment-là, bonus, par exemple.

  • Speaker #0

    OK, génial. Alors Morgane, maintenant, on va rentrer dans la dernière partie de notre podcast. Je vais te poser des questions rapides et je voudrais que tu me répondes le premier truc qui te vient à l'esprit. OK. mais comme c'est mon podcast et que je décide. Si ta réponse m'intrigue, je creuserai. D'accord. C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de femme qui m'inspire le plus. En réalité, je n'en ai pas une, j'en ai plusieurs. J'en ai parfois 10 par jour, parfois une par jour. C'est vrai qu'on vante beaucoup les rôles modèles et c'est très bien d'en avoir. Moi je pense qu'il faut faire attention parce qu'aucun rôle modèle n'est idéal, aucun rôle modèle n'est parfait et personne n'a envie d'avoir ce poids non plus d'idéalisation sur les épaules. Je pense plutôt qu'il faut s'inspirer des personnes qui sont de bonnes personnes. Dans mon cas c'est vrai que c'est souvent des femmes plutôt que des hommes, mais ça peut être des hommes aussi. Et quand je parle de bonnes personnes, c'est-à-dire des femmes qui agissent avec intégrité, avec courage. Donc ça peut être aussi bien une militante pour le climat, ça peut être aussi bien ma collègue qui fait face à une difficulté personnelle et que je vois l'affronter avec courage, ça peut être une femme que je ne connais pas du tout dans un pays très lointain qui ose braver les interdits et marcher en sous-vêtements dans la rue, ça peut être un peu tout le monde et n'importe qui.

  • Speaker #0

    Génial. Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je lis.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Je lis. Tu lis.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Morgane de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais négocie ton salaire mais plus sérieusement je lui dirais que tout va bien se passer la Morgane de 18 ans venait de partir de chez elle sans argent, elle avait coupé les ponts avec sa famille c'est très difficile j'ai dormi dans la rue, j'ai dormi sur des canapés c'était extrêmement dur financièrement et socialement et donc je lui dirais Tout va bien aller.

  • Speaker #0

    Je vois que tu es émue là. C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ? Mise à part le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    C'est exactement ce que j'allais dire. Je ne veux plus qu'on me demande si ça va, si on ne le pense pas vraiment.

  • Speaker #0

    Ok. C'est une bonne question à éliminer. Qu'est-ce qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    J'avais beaucoup de mal à réfléchir à une réponse à cette question. Je dirais que c'était cette envie de voyage, parce que je pense sincèrement que mon expérience dans la marine a changé ma vie. Ça m'a ouvert sur un autre univers. Oui, derrière, ça a été un peu compliqué, je me suis perdue, etc. Mais ça a été un tournant marquant. Et j'ai fait cette expérience principalement aussi parce que je voulais voyager, c'est ce que je disais tout à l'heure. Et puis les voyages de ma gérard général, j'ai beaucoup voyagé en étant jeune en l'interrail en Europe toute seule en train, j'ai vécu des choses incroyables. Je pense que ça m'a donné une certaine ouverture d'esprit qui m'a aidé ensuite dans ma carrière et dans ma vie personnelle, qui m'a permis aussi de travailler dans des environnements internationaux. Donc je dirais le voyage.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas le mentor. Je n'ai pas le mentor. En revanche, j'ai des amis. Et je pense que c'est tout aussi bien de prendre les conseils, de prendre le soutien et surtout d'avoir des amis qui nous font du bien. Une amie qui nous fait du bien, c'est quelqu'un après... Quand on a parlé avec elle, on sent qu'on est une meilleure personne qu'avant d'avoir parlé avec elle. Et je pense que c'est tout aussi important.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quoi ton un popular opinion sur le monde du travail ? Encore une fois, tu n'as pas le droit de dire le syndrome de l'impossibilité.

  • Speaker #1

    Non, je n'allais pas dire ça. J'allais dire qu'il fallait le casser. Mais du coup, j'ai répondu à ça tout à l'heure déjà. Donc,

  • Speaker #0

    je ne sais pas si ça reste valable. Il faut juste tout déconstruire dans le monde du travail. Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on dise que j'ai aidé des gens. Et je pense que j'ai toujours été très ambitieuse, j'ai toujours voulu faire carrière, c'est l'expression consacrée. Mais je pense aussi que plus le temps va et plus je reviens à mes racines quand j'étais jeune et justement quand je voulais faire de l'humanitaire. Ce qui me motivait c'était principalement de faire le bien, c'était d'avoir un impact positif. A l'époque je pensais que c'était possible de faire carrière et d'avoir un impact positif. Je le pense toujours aujourd'hui, d'autant plus, et je le vois avec Plan Cache, quand on a des femmes qui nous écrivent pour nous dire qu'elles ont réussi à négocier 10 000 euros de salaire, que pour la première fois de leur vie elles ont investi, qu'elles se sont crénées par des précautions et qu'elles sont prêtes à quitter leur mari qui est toxique. quand je vois l'impact qu'on fait je me dis que cette partie là prend de plus en plus le plat sur la partie carrière, la partie ambitieuse et dans 30 ans j'aimerais qu'on se dise ou j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, il n'y a pas forcément besoin que quelqu'un me le dise ou que quelqu'un se le dise, mais en tout cas j'aimerais pouvoir me dire à moi-même, tu as fait quelque chose de ta vie qui a aidé des gens, même si c'est une personne, c'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Trop bien. Et dernière question, c'est quoi, est-ce que tu as un mantra que tu te répètes le matin ?

  • Speaker #1

    Je le fais avec ma fille, elle a un an et demi donc elle ne comprend pas forcément très bien, mais on le fait, on se regarde dans le miroir toutes les deux et Et en fait, je lui dis qu'elle est géniale. Deux fois, je lui dis qu'elle est jolie aussi, parce qu'elle est très jolie. Mais non, je lui dis qu'elle est géniale. Et en fait, en lui disant à elle, quelque part, je me le dis à moi. Parce que, oui, on n'en a pas du tout parlé, ce n'était pas le sujet, mais mon rôle de maman a une part importante dans ma vie. Parce que ne serait-ce que pour jongler entre ce rôle-là et l'entreprise, c'est parfois délicat. Et en fait, répéter à ma fille qu'elle est géniale, c'est quelque part me... Me congratuler moi-même du travail que je fais et qui lui permet de grandir dans un foyer qui est sain, avec une mère qui l'aime et qui lui donnera, parce qu'elle est un peu petite encore, mais qui lui donnera les clés. Et donc elle est géniale et c'est aussi grâce à moi. Et donc voilà, je me remercie moi-même de mon rôle.

  • Speaker #0

    Là, c'est moi que tu as ému. Écoute Morgane, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? On est très heureuse de tout ce qu'on a appris avec toi. Et du coup, on a été toutes les deux très émues. J'ai une toute dernière question à te poser. C'est qui la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast ?

  • Speaker #1

    Je pense que tu devrais recevoir Lomir Lapré. C'est une militante politique qui est actuellement aux Etats-Unis. Elle est partie il y a quelques semaines. dans le cadre de la Fondation Obama, dont elle est l'une des lauréates. Et elle est partie pour essayer de comprendre le vote populaire, non pas le juger, mais comprendre ce qui se passe dans le monde rural, pourquoi les gens votent à l'extrême droite, et donc pour aussi comprendre ce qui se passe en France. Et c'est quelqu'un qui est extrêmement investi, qui est extrêmement intelligente, et intelligente pas seulement dans le sens intellectuel. Elle a une intelligence humaine très forte et je pense qu'on aurait beaucoup beaucoup à apprendre toutes d'elle.

  • Speaker #0

    Génial, écoute on va la contacter. Merci beaucoup d'être venue Morgane.

  • Speaker #1

    Merci à toi Clara.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Share

Embed

You may also like