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Champs Queers

Discriminations & lgbtphobies

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46min |24/04/2024
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Description

TW : mention de violences lgbtphobes


Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Je m'efforce depuis le début de ce podcast d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires, puis je suis tombée sur cet article qui raconte l'histoire de deux mecs en couple qui décident de vendre leurs commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes. Et là je réalise que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas éviter d'écrire un épisode sur les lgbtphobies. Je peux pas m'empêcher de me questionner sur ce que c'est les lgbtphobies, est-ce que c'est les petites remarques du quotidien, est-ce que c'est subtil, est-ce quand on sent que la personne n'est pas ouverte, est-ce que c'est des agressions physiques, verbales, est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants, et qu'ils ne veulent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? 


Je voudrais comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation, comment on dénoue tout ça, comment on n'est pas tout le temps en colère. J'ai vécu des lgbtphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je suis née ne m'accepte pas, je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je vis, où je travaille ne m'accepte pas. 

Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander, pourquoi je reste là ? Est-ce que j'ai besoin de rester là ? 


Vous écoutez Champs queers, épisode 3, Discriminations & lgbtphobies. Une série documentaire d'Elodie Potente.


SOS Homophobie, ligne d'écoute : 01 48 06 42 41 / 3919 pour les victimes de violences conjugales ou https://commentonsaime.fr/ / Eqtas.e : https://www.instagram.com/eqtas.e/

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Merci à Théo et Kevin, et à Gabi l'antilope queer du Luberon 💜

Musique : 

La grande table - Delnica  


Références :

  • Alice Coffin, le Génie Lesbien

  • Al Baylac, Colza


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet épisode contient des récits de violences LGBTphobes. Pour l'écouter, assurez-vous d'être dans de bonnes dispositions.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui casse la gueule aux homosexuels ?

  • Speaker #2

    C'est les loubards,

  • Speaker #1

    ce qu'on appelle des loubards. C'est des types qui ont entre 16 et 20 ans. Ces cinq dernières années, les violences homophobes ont doublé, selon le ministère de l'Intérieur, et la transphobie est aujourd'hui, au moment où nous parlons, au cœur des guerres culturelles menées par les conservateurs en Europe et dans le monde entier.

  • Speaker #2

    Partout où je vais, je me demande si c'est mon deadname qui va être utilisé, est-ce que je vais être mégenré ? Je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie, je sens que les gens tolèrent ma présence, mais qu'elle n'est pas normale.

  • Speaker #0

    Ce que ça veut dire concrètement, c'est que ces violences-là sont partout autour de nous.

  • Speaker #1

    Ces violences, elles sont permises et elles sont amplifiées en ce moment par un certain contexte politique de libération aussi, entre guillemets, de la parole réactionnaire. Casser du pédé, ça fait viril pour eux, ils se défoulent.

  • Speaker #0

    Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Depuis le début de ce podcast, je m'efforce d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires. Puis je suis tombée sur cet article, qui raconte l'histoire de deux hommes en couple qui décident de vendre leur commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes et qu'ils vivent de l'homophobie. Et à ce moment-là, j'ai réalisé que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas. évitez d'écrire un épisode sur les LGBTphobies ça me questionne, c'est quoi les LGBTphobies ? est-ce que ce sont les petites remarques du quotidien ? est-ce que c'est subtil ? est-ce que c'est quand on sent que la personne n'est pas ouverte ? est-ce que ce sont des agressions physiques, verbales ? est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants et qu'ils ne veuillent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? Dans Champs Queers, je veux comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation ? Comment on dénoue tout ça ? Comment on n'est pas tout le temps en colère ? Personnellement, j'ai vécu des LGBTphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Mais je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander pourquoi je reste là. Est-ce que j'ai besoin de rester là ? Je sais que cet épisode sera peut-être difficile à écouter. Mais je me dis que je ne peux pas juste raconter le bon côté de l'histoire. J'ai pas juste envie de raconter ce que c'est d'être queer en milieu rural, j'ai envie de raconter comment on transforme les campagnes et comment nos vies s'inscrivent dans nos territoires. Je veux aussi raconter comment on fait de nos fractures des forces. Mais je ne peux pas raconter cette histoire sans parler des violences, celles du quotidien, celles de nos voisins, celles de ceux et celles qui composent nos espaces de vie. Je sais qu'on est des dizaines, des centaines à être retournés en ruralité, malgré des adolescents un petit peu pourris. Je sais qu'il y a des centaines de personnes qui n'en sont pas parties. Je sais qu'on est des centaines à ne pas se sentir super à notre place en ville, mais qu'on en a quand même besoin comme des espaces de respiration. Alors voilà, cet épisode est pour vous, pour vous réparer, pour me réparer, un peu comme tout ce podcast. Vous écoutez Chant Queer, épisode 3, discrimination et LGBTphobie. d'abord ils éteignent notre lumière puis ils pavent nos chemins de la pourriture alors que nous cherchions à vivre ça tourne dans la tête sale gouine sale pédé sale transe sale monstre et autres et le reflet dans le miroir Savoir qu'il faudra tout reconstruire brique par brique, alors que les autres n'auront pas à le faire, et encaisser, et essayer d'être joyeux, et s'apprivoiser soi-même, et expliquer aux autres qu'ils n'ont pas eu à reconstruire. J'ai basé cet épisode sur deux témoignages, celui de Théo et celui de Kevin. Je les remercie de s'être confiés à mon micro. J'ai aussi agrégé des discussions grappillées ça et là, notamment lors d'une rencontre à l'ORIS dans le Vaucluse avec le collectif Gabi, l'antilope queer du Luberon.

  • Speaker #2

    Théo, j'habite en Corrèze depuis presque dix ans. C'est... Un département qui est souvent qualifié de dans la diagonale du vide, même si moi je n'ai pas l'impression qu'il est vide, mais en tout cas ça peut faire cette impression depuis les grandes villes. Ma volonté c'était vraiment d'être dans un territoire rural, pour des raisons écologiques, d'être dans un endroit où il y aurait des associations dynamiques, dans une optique changer le système, lutter contre le changement climatique, lutter contre le capitalisme et tout ça. Je kiffe la Corrèze. J'adore le réseau militant qui est là, j'adore le paysage, le fait que c'est vert, il pleut beaucoup, et du coup il n'y a pas cette sensation de sécheresse et d'aridité que je pouvais avoir dans le sud de la France, d'où je viens. Et aussi dans un truc de changement climatique, ça m'allait bien de viser un territoire vert. Du coup il y a vraiment un truc de le territoire m'a plu, le réseau militant m'a plu. mais je n'étais pas du tout à la recherche de personnes queer parce que ce n'était pas ma question à ce moment-là. Je suis restée, après j'ai été en couple et j'ai eu un enfant. Donc ça, c'est clairement la raison principale pour laquelle je reste ici. C'est le fait que je suis en garde alternée avec un enfant de 6 ans et donc je suis attachée au territoire. avec des fois où je me dis je me sens attachée émotionnellement et des fois où je me sens bloquée en fait le côté je suis peut-être pas complètement hétéro ça faisait longtemps que ça me trottait en tête j'aime pas dire ça parce qu'après on dit non mais les lesbiennes elles deviennent lesbiennes parce qu'elles aiment pas les hommes mais il y a eu un truc de vraiment j'en ai marre de relationner avec des mecs cis hétéros j'en peux plus d'eux, et du coup ça fait longtemps que ça me trotte en tête d'avoir des relations avec d'autres personnes, mais je sais pas trop comment m'y prendre. Au printemps 2021, je découvre la non-binarité. À partir de là, oui, clairement j'ai une date de oh ouais, mais c'est quoi cette histoire ? Ah ouais, mais en fait je suis concernée, tout ça Et donc là, tout change, à partir de printemps 2021. J'avais que des amis hétéros, et j'avais une amie bi. Quand j'ai commencé à me poser des questions, c'est clairement à elle que je parlais. mais c'était plus au téléphone elle était pas là forcément dans mon quotidien donc à ce moment là c'est la seule personne d'avant quoi qui était déjà queer et qui est toujours une amie maintenant la vraiment rencontre marquante pour moi qui m'a fait passer le pas de je suis sur le questionnement de ouh qu'est-ce que c'est la non-binarité et ça fait peur quand même d'être trans quoi, enfin vraiment Quand j'y repense, je suis toujours effarée. Je me souviens vraiment de mon effroi de me dire Oh, la galère ! La galère, vraiment. La fierté, je l'ai à peu près maintenant parce que j'ai connecté avec des personnes trans. Mais vraiment, ma sensation en découvrant ça, ce n'était pas de la fierté. C'était Ma vie, là, ça va devenir infernale. Vraiment, mes sensations, c'est de l'effroi. Ce n'est pas de la joie. C'est de la joie au début de me dire Ouh, mais en fait, la binarité, je ne suis peut-être pas concernée. Et après, quand j'ai commencé à capter les implications… Ah merde, je ne me reconnais plus dans ce pronom. Non, non, non. Enfin là, je me suis dit la galère. Et l'été, je vais à un baltrade, parce que je vais souvent à des baltrades. Et là, je suis attirée par une personne. Enfin, je ne suis pas attirée sexuellement, je suis attirée visuellement. par une personne qui avait un style un peu différent des autres et qui, pendant le bal, quand on disait les filles, les garçons, les filles, les garçons, disait oui, on peut dire les guidants et les guidées sinon Et du coup, je vois que cette personne m'interpelle. Et je vais lui parler. Et en fait, très rapidement, on a un feeling qui se fait. Et en fait, cette personne est une personne non-binaire de Toulouse qui est maintenant un de mes meilleurs amis et qui, du coup, a été la première personne non-binaire que je rencontre physiquement. Et ce n'est plus juste des podcasts, des documentaires, des trucs loin de moi. ça devient concrètement je vois quelqu'un et concrètement je vois qu'il y a un truc différent dans cette personne et il m'a dit en fait je me posais des questions sur la non-binarité mais je sais pas trop, peut-être que je suis pas légitime et qu'il m'a dit, ben en fait si tu te poses ces questions c'est que t'es peut-être concernée et du coup ça a fait un ah ouais vraiment, enfin voilà Donc clairement, je pense que j'aurais mis des mois de plus si je n'avais pas rencontré cette personne qui me faisait un miroir, en fait. Et si je n'avais été qu'avec des cis-hétéros. Mais du coup, c'est une personne de Toulouse, en fait. Ce n'est pas quelqu'un gérant sur mon territoire. Et donc, à partir de là, j'ai commencé à aller à Toulouse le voir. Et là, je me rends compte qu'il y a des queers partout. c'est à dire que je vois des personnes je suis en banlieue de Toulouse et je vois une personne à barbe et à rouge à lèvres et je me souviens être scotché en fait me dire oh mais il y a ça et là j'en vois partout, j'en vois dans le métro, j'en vois dans la rue je vois des personnes qui ne sont pas dans la binarité cis hétéro et en fait je remarque l'espace que ça fait en moi et l'émotion que j'ai encore là en t'en parlant en fait, de me dire Oh, mais ça existe ça ! Et du coup, à partir de ce moment-là, de août 2021, je me dis Je crois que j'ai besoin d'aller à Toulouse souvent là. Et donc, toute l'année 2021-2022, je vais à Toulouse tous les mois.

  • Speaker #0

    Après, là, c'était plus la question de, en fait, là, il y a un collectif qui existe, donc c'est su qu'il y a un collectif. Et du coup, comment, en fait, est-ce qu'il y a des gens qui posent des questions, juste comme ça, c'est pour faire le parallèle avec l'association dont fait partie Mars, qui se confronte, en fait, à l'effet... gossip dans le village, c'est-à-dire que la plupart des gens qui ne viennent pas au festival parlent du festival dans le bar du village. Donc c'était plus ça, c'était plus pour savoir comment expliquer aux gens ce que fait Gabi, qu'est-ce que ça permet, etc. Merci.

  • Speaker #2

    à titre personnel j'en ai parlé à quelqu'un de mon quartier et il y a une grosse incompréhension et tout de suite une peur que j'arrive avec mon grand drapeau et que je mette le drapeau au dessus de la porte j'ai

  • Speaker #0

    eu l'impression que la personne se sentait menacée et vraiment une incompréhension totale c'est pisser dans un violon pourquoi vous faites ça, ça sert à rien après il y a quelqu'un qui est pas concerné par ces questions forcément pour elle ça ne sert à rien et ce n'était pas évident et sur le coup je n'avais pas l'énergie de la pédagogie qu'on n'a pas toujours mais en tout cas voilà pour répondre à la question de la peur de l'incompréhension moi

  • Speaker #1

    en tant que personne ordinaire et qui est encore dans une expérimentation de ma transidentité et qui s'est dit de J'ai des passages à vide et là je suis un peu dans un passage parfois un peu à vide parce que très souvent quand j'ai essayé moi dans mon coin, dans mon coin de rivalité où il n'y a rien, au niveau du maillage queer, j'ai vu des regards qui m'ont effrayé et où je me sentais vraiment en danger, mal à l'aise. Et j'ai... Quand on a parlé de Kevin, du coup, ça m'a fait vraiment beaucoup de bien de savoir que, quelque part, pas si loin de chez moi que ça, il y avait quelque chose où il pouvait un peu plus être moi, en dehors de mes cercles amicaux, mes cercles vraiment amicaux proches, où je pouvais, en dehors de ça, être moi. Et ça, vraiment, ça m'a touché. Je m'appelle Kevin, j'ai 37 ans, je suis professeur des écoles, je suis non-binaire. J'habite à Saint-Rémy-de-Provence, qui est une petite ville assez rupenne dans les Alpies, qui est une petite zone entre Arles et Avignon, on va dire. De manière diffuse, parce que c'est une manière supposée, c'est finalement plus par rapport à un côté supposément, enfin, tel qu'on me l'a posé, efféminé. que j'ai subi et que j'ai bien compris comme étant de la violence. Je ne sais pas si réellement liée à ma sexualité supposée ou à mon genre supposé, mais en tout cas qui était clairement des violences du fait que j'allais hors de la norme de celle qu'on attendait de moi à ce moment-là. Disons que déjà il y a le fait que c'était des violences que j'ai subies dans un contexte professionnel. Déjà, il y a ça. Et alors, il y en a une qui aurait pu se passer un peu n'importe où, et une autre qui, à mon avis, est bien plus liée à une façon de penser bien de la localité, de manière très conservatrice et traditionnaliste. Pour la première, c'est... Une violence que j'ai subie, je ne vais pas forcément donner les noms exacts des lieux, mais il y a une école où j'ai travaillé, où la directrice est ouvertement d'extrême droite. Et cette directrice, je l'ai remplacée pour une seule journée. Et ce qu'elle m'avait laissé déjà m'avait beaucoup choqué. Il y avait des choses qui n'allaient pas, c'est une catholique fervente, etc. Et les manuels qu'elle utilisait, notamment en histoire, n'allaient pas du tout. Ça évoquait la Sainte Jeanne d'Arc, la Sainte Jeanne d'Arc, en plus j'ai eu droit à la partie sur Jeanne d'Arc ce jour-là. Et du coup, j'ai été tel que je suis normalement, mais... Il s'est avéré que quelques temps plus tard, j'ai reçu un mail de ma hiérarchie, sans m'en dire plus, qui me convoquait. Et donc à la convocation, connaissant mes droits, je suis venu avec un de mes camarades de mon syndicat qui m'a accompagné. Et du coup, mon inspectrice m'a demandé, du coup, si vous venez avec un collègue syndicaliste, c'est que vous savez ce que j'ai à vous reprocher. Alors, je lui ai dit, déjà, je ne savais même pas que c'était pour des reproches que vous m'aviez convoqué. Et bref, parmi les choses, du coup, qu'elle a invoquées, en fait, la directrice en question avait laissé un long mail. plein de reproches sur moi, sur ma façon de faire. Et parmi les choses qui étaient dedans, un tiré qui disait mimique et posture féminine en tant que reproche. Donc déjà, il y avait ça. Et en plus, il y avait aussi au milieu de tout un ensemble de choses qui étaient vraiment des inventions totales. Mais voilà, je sentais bien que... Ma manière d'être, alors qu'elle ne l'avait pas vécue, elle ne m'a même pas vue, elle n'était pas là ce jour-là, du coup, vu que je la remplaçais. Elle a quand même trouvé le moyen de m'enfoncer. Et le pire dans tout ça, c'est que mon inspectrice, donc la personne au-dessus de moi, ne m'a pas du tout soutenue et m'a au contraire posé cette question. Elle m'a demandé, donc Mimi qui est post-surfumie, qu'est-ce que je lui ai répondu ? Mais je ne comprends même pas le reproche en fait. Et donc vraiment, le fait que ma hiérarchie appuie en plus cette violence, j'en suis sorti en pleurant, en me demandant est-ce que je vais démissionner. Finalement, il s'est avéré qu'après ça n'a pas donné suite, mais je sais que... J'ai changé de zone pour la zone juste à côté. Et il s'avère que c'est son mari qui était l'inspecteur de cette zone-là. Et il m'en a parlé dès le début de l'année, en me disant qu'il était au courant.

  • Speaker #2

    La première fois que je vais à une permanence du groupe Trans Toulousain, le collectif Trans Toulousain, qui est le dimanche matin, c'est à une demi-heure de où je suis, je mets une heure et demie à y aller parce que je m'arrête tout le temps, parce que je pleure, parce que je suis en panique totale. Je rentre dans le local et je fais j'ai droit de rentrer et là il y a une personne qui me dit on mord pas sauf les 6-7 et là je fonds en larmes en fait, parce que je ne sais pas ce que ça veut dire 6-7. et que du coup je suis là genre ah mais je suis pas assez queer pour vous j'en sais rien moi je suis enfin voilà et du coup ils sont tous en panique avec moi qui pleure au milieu d'eux je retourne à mon territoire à chaque fois genre regonflée par mes vacances à Toulouse genre je me sens renforcée par là et au début ça va on va dire c'est à dire que mon quotidien ne m'est pas insupportable mon quotidien est normal et les moments à Toulouse c'est la fête quoi mais je ne souffre pas sur le territoire trop au début. Ça change depuis 2022 quand ça commence à s'affirmer en moi. Et donc, je vois qu'il y a un moment qui est marquant. Et donc là, on va parler... On commence à parler violence. Donc, oui. En milieu rural, c'est un bal. J'ai pas mal d'anecdotes liées à la réassignation de genre qui est liée au bal. Mais c'est pas forcément de la méga-violence. Mais c'est toujours ce truc de... genre dans un cercle circassien, être là genre, ah bah non mais là c'est les filles et là c'est les garçons et je suis en mode, je guide en fait. Enfin voilà, et ce truc de, je vois qu'il y a un fort enjeu sur les balles où ça fait du coup un moment que j'ai décidé que j'étais toujours dans la posture de guidée, sauf quand je choisis d'être guidée. Et du coup ça dérange forcément, mais voilà. Et donc c'est un bal, et là je parle à une amie qui me connaît depuis longtemps et qui est assez bourrine. elle, elle sait que je suis en questionnement et tout ça. Je me sentais plutôt safe avec elle, mais j'avais oublié qu'elle était brune. Et du coup, ouvertement, elle me pose la question d'où j'en suis, en fait. Sur la non-binarité ou sur mon pronom ou mes pronoms. Je sais plus ce qu'elle me dit, mais je sens, moi, que je suis un peu... Je me glace, tu vois, parce qu'en fait, on est dans un environnement hétéro. elle en parle avec des gens c'est comme un peu une conversation de comptoir il y a 2-3 autres personnes à côté et moi je suis là donc je ne sais plus trop ce que je réponds mais je me souviens de mon effroi et qu'après il y a son mec je sais pas s'ils sortent ensemble encore mais en tout cas un mec avec qui j'étais sortie l'année d'avant et je m'étais dit pfff l'aime ça faisait partie de voilà et qui commence à me dire Ah mais c'est flou, mais il y a quelque chose de l'ordre de... Mais on va pas quand même t'appeler, t'appeler ce genre est masculin maintenant, et truc de pourquoi t'imites les hommes. Enfin, il y a un truc comme ça, je sais plus ce que je réponds et ils rigolent. Et là, moi, je me souviens plus trop grand-chose du reste du bal. Je me souviens de rentrer chez moi, enfin pas chez moi, je dormais chez des potes en plus, et d'être super mal. Et je savais pas pourquoi, en fait. C'est-à-dire que je me sentais pas bien. et j'arrivais pas à identifier ce que c'était donc le lendemain là j'avais trois personnes queer dans mon entourage à ce moment là et je leur envoie un texto aux trois en mode je sais pas trop ce qu'il se passe mais je me sens pas bien il s'est passé un truc hier et là les trois me font de la réassurance de ouf et me disent là c'était transphobe en fait ce qu'il s'est passé mais sinon avant je pouvais pas le nommer en tant que transphobe parce qu'il a pas dit les personnes trans sont méchantes ou sont nulles mais il s'est moqué de moi Et à partir de là, ça a commencé à dégénérer ma vie, notamment avec ma mère, parce qu'en fait, je lui ai raconté et elle m'a vraiment sorti un discours de reste dans le placard. De mais pourquoi tu as besoin d'en parler ? C'est sûr que tu t'exposes à la violence si tu en parles. Pourquoi tu ne peux pas être non-binaire, mais à l'intérieur de toi, sans que ça se sache ? Et pas du tout de soutien, en fait. De ah waouh, ce que tu as vécu, ça avait l'air chaud. Et donc, là commence une période qui va faire que s'empirer avec ma mère. Parce que ma mère, elle le savait dès le début. Dès que j'ai écouté le podcast, dès l'été d'avant, où j'ai commencé à modifier mon prénom, parce que je l'ai modifié trois fois, je lui disais mais c'est trop cool, je crois que vraiment, la binarité, ça ne me concerne pas Non, en fait, elle trouvait ça sympathique. C'est ça qu'elle disait toujours. Ah oui, la non-binarité, c'est sympathique. Mais par contre, d'aller jusqu'à changer mes pronoms, demander à ce que ce soit Yel, à l'époque c'était Yel, maintenant c'est Yl. C'est Yl tout le temps. quasi tout le temps, et des fois c'est Yael. Et bien en fait, là quand même, à partir du moment où ça a commencé à lui demander des efforts, elle n'était plus aussi chaud, et surtout elle considérait comme beaucoup que c'était une phase, que c'était une passade, que c'était un truc que j'étais toujours un peu trop radical, et que souvent je faisais des expériences, et que du coup c'était une expérience parmi d'autres, et qu'elle attendait que l'expérience soit terminée. et donc on est allé jusqu'à la rupture complète. Donc là c'était chaud, parce que j'ai vraiment perdu mon appui un peu familial, et donc ça n'a pas été du rejet, en mode je suis virée de la maison, mais c'était hyper insidieux et hyper violent. de la part de pas mal de monde de ma famille. Et donc, on ne peut pas dire que là, c'était quelque chose de l'ordre de la ruralité, mais il se trouve que là, c'est devenu insupportable pour moi d'être ici, quoi. De ne pas être... Qu'il n'y avait qu'à Toulouse que je me sentais bien et qu'en Corée, j'étais là... Oh, personne ne comprend ce que je suis en train de vivre, en fait. Enfin, voilà. La phase hyper dure du début de transition.

  • Speaker #1

    Et donc l'autre anecdote, c'est que j'étais dans une école en gros toute l'année. Et il s'avère que c'était l'année dernière, c'est l'année où j'ai commencé à réellement un peu plus oser, essayer d'oser être un peu plus moi. Donc en fait, en dehors, j'étais beaucoup plus, comment dire, habillé. Je mettais mes robes, mes petits pulls en laine de plein de couleurs différentes, ce genre de choses-là, et donc, et dont aussi, donc, mon make-up et mon vernis. Mais du coup, quand j'allais à l'école, je n'allais pas avec le make-up. Mais par contre, c'est vrai que le vernis, je ne l'enlevais pas forcément. Et à un moment donné dans l'année, pareil, l'inspecteur m'appelle. Donc, cet inspecteur-là m'appelle et me dit. Il me demande directement Est-ce que vous portez du vernis ? Je lui dis Oui, bien sûr ! Et il m'a dit Oui, parce que j'ai reçu un mail de parents reprochant le fait que vous donnez une mauvaise image aux enfants en vous montrant avec du vernis. Donc bon, pour le coup, il m'a en partie soutenu. C'est-à-dire qu'il m'a dit, si jamais du coup les parents font des écrits sur les réseaux sociaux ou quoi, moi je leur ai demandé du coup de me faire un écrit. Et comme ça, vous pouvez porter plainte si jamais... Bon, il n'a pas dit que lui, il porterait plainte. Normalement, c'est la hiérarchie qui est censée porter plainte. Mais bon, la partie, on va dire, plus difficile et en même temps qui m'a facilité la vie pour moi, ça a été de dire... il m'a changé de remplacement. Il m'a changé d'endroit. Alors, moi, je n'étais pas con parce que franchement, du coup, ça me mettait très mal à l'aise. Mais c'est vrai qu'en soi, il ne m'a pas très bien défendu non plus. Mais bon, il m'a laissé comprendre qu'il me défendrait si jamais il y avait besoin.

  • Speaker #0

    Alors qu'il commençait sa transition, Théo a co-organisé un festival féministe.

  • Speaker #2

    C'est sûr que ce festival qui a été à la base pensé par une orga qui était Cicetera, et que moi j'ai transitionné pendant l'orga du festival en fait, ça fait que l'orga ne me correspondait plus, le public ne me correspondait plus complètement. Mais la redescente que je me suis coltinée le lundi était vraiment horrible. Dans le sens où il y a des orgas qui m'ont genré en Yale et en Hill tout le week-end et qui ont recommencé à me genrer en L le dimanche soir. et le lundi absolument et j'étais là ah ouais ça y est la fête est finie j'ai fait un un breakdown total après le festival pas que à cause de la fatigue vraiment ce truc de là c'était trop bien et en fait mon quotidien c'est pas ça mon quotidien c'est être seule dans ça dans un environnement qui est complètement cis-hétéro, où à nouveau, on va me mégenrer non-stop et tout ça. Et donc, c'est là, donc là, on arrive en août, vraiment, j'étais hyper mal, et que j'appelle le père de mon fils, enfin, je suis partie en Dordogne, et j'appelle et je suis là, en fait, là, je souffre trop, il faut que je sois à Toulouse, en fait. Je ne peux pas vivre ici. en ce moment il faut qu'on s'organise différemment mais je ne peux pas, c'est trop dur et je je commence et je décide de commencer la testostérone donc il y a vraiment ce truc de là il faut qu'un truc change parce que je peux pas continuer comme ça et donc pendant 2022-2023 j'ai passé plus de temps à Toulouse encore c'est à dire que j'ai fait des périodes de plusieurs fois 3 semaines et donc j'avais mon fils une semaine sur quatre au lieu d'une semaine sur deux. Et même après, quand je suis repassée à une semaine sur deux, il y avait quand même une semaine entière que je passais à Toulouse par mois. Et j'étais en mode, je ne peux pas commencer à prendre de la thé en étant en Corrèze, en fait, en étant seule à le faire, c'est trop dur. Et du coup, il y a un truc de... C'est pas complètement tout le temps ok pour moi d'être ici, mais je sais que j'ai eu besoin d'être à Toulouse pour me sentir normale, en fait. Quand je suis en Corrèze, j'ai toujours l'impression d'être une anomalie. C'est-à-dire que je vais à la boulangerie, je me demande comment je vais être genrée, est-ce que je vais dire non, c'est pas madame À l'école, je me sens toujours trop mal à côté des parents, des élèves qui sont très très très cis, etc. dans les endroits partout où je vais je me demande si c'est mon dead name qui va être utilisé je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie je sens que les gens tolèrent ma présence mais qu'elle n'est pas normale alors que dès que j'arrive à Toulouse comme je vois des queers partout autour de moi je sais que les gens je leur dis je m'appelle comme ça et ils font ok mes pronoms c'est ça ? D'accord. Enfin voilà, il n'y a pas de ah bon, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Mais non, non, non, mais t'es sûre ? Enfin voilà, ce n'est pas une question en fait. Et du coup, je vois que le fait d'être perçue, de me sentir être une anomalie quand je le fais pendant longtemps, donc là deux mois c'était vraiment trop long, ça fait que ça rentre à l'intérieur de moi et que je commence à trouver que je suis une anomalie. Et ça c'est trop dur en fait. Je me suis dit ok, en fait il faut vraiment que j'organise de voir des queers hyper régulièrement qui font que j'ai des piqûres de rappel régulière, régulière, régulière, que je ne suis pas d'une anomalie. Parce que je ne peux pas vivre dans mon quotidien, il faut que j'ai des rendez-vous prévus, en fait. Voilà. Donc, du coup, je suis un peu plus dans ce mood-là de tenir sur le territoire en programmant le plus possible de voir mes potes, quoi. Enfin, voilà, que j'ai maintenant. Et en fait, moi, je vis de la transphobie par évitement. C'est-à-dire que je m'empêche d'aller dans tel et tel lieu. et parce que je sais que je vais pas être à l'aise parce que je vais être le seul parce que, enfin, il y a un mois j'aurais pas eu envie de raconter un truc sur les violences là j'en ai eu deux vraiment vénères vraiment récemment et du coup là je peux les nommer en fait mais sinon ils sont pas nommables, ils sont diffus, mais ils se traduisent dans mon corps par le fait que j'évite d'aller dans des lieux, par le fait que je m'inscris à un cours de danse et qu'avant ça, je parle une demi-heure avec la prof pour dire, en fait, il n'y a pas question que je me fasse mégenrer. Enfin, je vais me faire mégenrer, il va falloir que tu reprennes, il va falloir que tu corriges. Soit t'es vraiment alliée avec moi, soit je ne pourrai pas venir à ce cours, en fait. Enfin, voilà. Et du coup, qu'il faille que je me coltine une demi-heure de pédagogie. envers la prof de danse pour espérer peut-être pas trop vivre de violence. C'est tout le temps, en fait.

  • Speaker #0

    Ici, j'ai vécu de la placardisation forcée. C'est un sujet que j'évoque beaucoup dans les rencontres que je fais avec le podcast. Mais être journaliste localière est de fait, que l'on soit LGBT ou hétéro, un métier difficile car très lié aux interactions sociales locales. Quand je suis arrivée à créer, je crois que j'ai évité les questions sur ma vie perso parce que j'avais trop peur que ça rejaillisse ailleurs. Je me suis protégée, surprotégée peut-être. Dans le génie lesbien, Alice Coffin explique très bien cela. Elle dit Dans mon ancien travail, j'avais déjà affiché mes engagements féministes et je ne voulais pas être la journaliste lesbienne. D'autant que j'entendais bien qu'on pouvait dire au détour des conversations il est homo mais il est sympa Ne pas laisser les autres savoir, être dans le silence, m'a fait vivre de grandes violences intérieures. Des moments où je me suis mordu l'intérieur des joues très fort, quand des proches ou autres personnes dans mon entourage professionnel qui ne savait pas mon lesbianisme, était vraiment très homophobe ou LGBTphobe en face de moi. Ter son homosexualité dans un contexte homophobe, ce n'est pas toujours laisser dire. C'est aussi se sortir d'une situation potentiellement dangereuse pour nous-mêmes. Certaines fois, c'est plus facile de dire les choses, de s'en foutre des conséquences. D'autres fois, ne pas dire, c'est aussi un mécanisme de survie.

  • Speaker #1

    Plus en plus d'agressions physiques transphobes et homophobes sont recensées en France. C'est ce que révèle le nouveau rapport de SOS Homophobie. L'association fait état de 184 cas en 2022, soit une augmentation de 28% par rapport à 2021. Et ces agressions font partie des 1195 cas de LGBTphobie recensés par l'association en 2022. Un chiffre qui est lui stable par rapport à 2021. Et ces LGBTphobies, ça peut être des insultes, du harcèlement, de la discrimination ou encore de la diffamation. C'est sur Internet que les LGBTphobies s'expriment le plus. 17% des cas ont lieu en ligne. On les retrouve aussi dans le cadre familial et dans les lieux publics. C'est d'ailleurs dans l'espace public qu'ont lieu une grande partie des agressions physiques. SOS Homophobie alerte également sur une tendance inquiétante, l'augmentation des situations de transphobie. Elles, elles ont progressé de plus de 27% par rapport à 2021. et de plus de 35% par rapport à 2020. SOS Homophobie précise que ces chiffres ne représentent qu'une partie de la réalité, d'autant plus que beaucoup de victimes ne témoignent pas.

  • Speaker #2

    En fait, je suis allée voir un médecin, qui est un médecin généraliste à Limoges, mais qui est spécialisé dans l'autisme, et en fait que j'avais vu il y a quatre ans. et qui a été le premier qui a dit oui oui oui c'est bien en effet vous avez un TSA en effet c'est ça qui se passe et donc moi j'avais déjà fait une demande de diagnostic auprès du CRA il y a longtemps avant mais bref en tout cas lui ça a fait quelque chose il a confirmé quelque chose et ça m'a fait beaucoup de bien de me dire ok je ne rêve pas je ne suis pas fou c'est ça qui se passe pour moi Et en fait, depuis que j'ai la location adulte handicapé, l'année dernière, j'ai fait ma demande de renouvellement et elle a été... je l'ai fait un peu en mode automatique elle a été pas acceptée du coup je suis retournée au CRA le centre de ressources en autisme voir le médecin diagnostiqueur en chef pour lui dire de me faire une lettre pour insister comme quoi vraiment vraiment j'avais besoin de l'allocation adulte handicapé et à la fin de cet entretien je lui dis au fait je transitionne et là il me dit ah bah vous devez pas beaucoup m'aimer et je fais bah pourquoi et là il m'explique qu'il a écrit une tribune dans le point pour lutter contre les transitions des mineurs autistes, en disant qu'en gros, le mal-être vient de l'autisme, il ne vient pas de l'identité, et du coup, il faut vraiment ne pas prescrire des hormones, des bloqueurs hormonaux et tout ça aux jeunes. Et du coup, moi, je suis là, je repars de là en disant, lui, plus jamais je vais le voir. Donc, j'ai d'un côté un médecin activement transphobe, et je me dis, je vais aller voir celui d'avant, celui que j'avais vu la fois d'avant, il y a 4 ans, il était super sympa. Donc du coup, je vais le voir en étant hyper détendue, ce type était un type chouette, mais toute la salle d'attente, je me demande, est-ce que je fais mon coming out ou pas ? Est-ce que je lui dis, est-ce que je lui demande juste mon attestation, et c'est tout, est-ce que je lui raconte ? Donc je me dis que je ne vais pas lui dire. Et en fait, pendant l'entretien, il faisait beaucoup de généralités sur les garçons autistes et les filles autistes. Parce que je lui parlais de mon fils qui était diagnostiqué et que lui, il avait l'air de s'aller. Et du coup, je lui dis, oui, mais en fait, là, ça commence à être un peu compliqué pour moi qu'il me renvoie toujours à femme. Et donc, je lui dis, mais en fait, je ne suis pas une femme, je suis un mec trans et tout ça. Et là, ça devient, mais vénère l'entretien. Parce que, en gros, il me... il me dit... Enfin, il défonce mon passing. C'est-à-dire qu'il dit, mais comment... Enfin, là, le message que vous envoyez, il n'est pas du tout clair. Et là, il dit, mais vos cheveux, vous avez une permanente et vous avez une boucle d'oreille et vous avez une écharpe comme ça et vous avez une chemise comme ça. Et en fait, les hommes ne s'habillent pas de cette manière-là. Vous, c'est trop soigné, la manière dont vous vous êtes habillés. Comment vous voulez que les gens comprennent ? Enfin, voilà. Et en fait... j'étais là avec quelqu'un en face de moi qui était en train de m'expliquer que j'avais un passing pourri alors que je souffre déjà de ça parce que là ça fait un an que je prends de la testostérone j'ai toujours quasiment aucune pilosité faciale ma voix elle a pas vraiment mué enfin il y a un truc où pendant 6 mois j'avais un dosage qui était trop faible et en fait du coup mon corps il produisait d'autres oestrogènes, progestérone pour compenser la testo que je prenais en plus et du coup mes taux de testo ils montaient pas et donc de fait même si je prends de la testostérone depuis un an on dirait que c'est vachement plus récent parce qu'elle a pas été assez dosée quoi pour moi donc déjà je suis en souffrance de ça, ça fait un an que je prends de la thé et c'est pas non plus une passion quoi de me faire des piqûres tout le temps et ça n'a aucun effet sur la perception que les gens ont de moi et là en fait il m'explique comment vraiment je fais aucun effort quoi et trois fois de suite sur une demi-heure d'entretien il est revenu trois fois sur le sujet jusqu'à ce que je m'énerve et que et bon bref et et bon bien sûr à dire que j'étais trop militant à dire que du coup il fallait pas que je lui enveuille parce qu'il allait me dégenrer parce que du coup j'avais pas un bon passing donc en fait c'était comme ça et du coup je suis sortie de cet entretien mais en mode c'était horrible et du coup c'est pas forcément un truc de ruralité encore une fois parce que j'étais à Limoges mais c'est un truc de méconnaissance en fait c'est à dire que lui c'est la première fois que peut-être qu'il voyait une personne trans dans son cabinet et du coup il a sorti tous ses clichés alors que quand on a un peu plus l'habitude d'en avoir vu même si on n'est pas spécialiste en fait il n'y a pas tous les clichés qui sortent d'un coup donc j'ai été obligée de le revoir parce que j'avais un deuxième rendez-vous avec lui et j'ai beaucoup beaucoup parlé de ce truc à plein plein de gens et du coup je ne sais plus dans quelle posture j'étais mais en tout cas les deux on a clairement fait un effort en fait du coup lui il a vécu un très mauvais moment avec moi et Mais il a réussi à être touché dans son... J'aimerais que ça se passe mieux la prochaine fois. Je pense qu'il a été touché dans son égo de médecin qui n'aime pas se faire renvoyer barré. Il n'avait pas envie que je le renvoie dans les roses une deuxième fois parce que j'ai été vénère quand même. et du coup la fois où on s'est vu il y a deux semaines c'était beaucoup plus mesuré il a vraiment fait des efforts il m'a genré au masculin tout le temps il m'a parlé de mon agressivité et moi j'étais là je me contenais et il me contenait et il se contenait et du coup c'était ok parce qu'il a eu trois semaines pour travailler le truc et je pense qu'il a dû être perturbé aussi par le fait que je ne me laisse pas faire nous vivons tellement de formes de haine extérieure

  • Speaker #0

    Elle ponctue nos vies. C'est aussi pour ça que j'écris cet épisode. Pour que les gens qui m'aiment et qui ne savent pas sachent, pour que les personnes qui me ressemblent se retrouvent. La haine n'est pas toujours visible. Pas besoin de se prendre des coups pour la vivre. La haine des autres réveille parfois nos haines intérieures. Al Belaque dit dans Colza Toute la haine que je me suis portée, sans l'aide des autres, toute la honte dont je me drape encore, les reproches que je m'adresse. Tous les blocages desquels je participe, toutes les portes que je me ferme, les insultes dont je me berce.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est vraiment ça aussi ce truc de ruralité, c'est que je dois tout le temps expliquer. C'est-à-dire qu'il n'y a pas vraiment d'autres personnes à qui on peut en parler, les gens, quand ils sont perturbés. Du coup, en fait, je ne réponds pas. Mais soit je m'énerve, soit je ne réponds pas, soit je fuis. Du coup, qu'est-ce que je suis agressif ? C'est-à-dire que... Ah oui, lui, il a insisté quatre fois de suite jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire une opération génitale, en fait. Et j'étais là, ça n'a pas de rapport. Est-ce que vous êtes intersexués ? Enfin, je ne sais pas, est-ce que vous êtes intersexes ? Et j'étais là, quoi ? Mais ça n'a rien à voir. Enfin, genre, vraiment, il est à l'ouest, quoi. Et je fais, je veux paraître comme un homme dans l'espace social. Et il a posé quatre fois de suite la question jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire des opérations génitales. Et ça, je suis là, mais ça n'a... En fait, je viens pour un rendez-vous sur l'autisme. Je n'ai pas envie de parler de ma chatte, quoi. voilà mais ça ça m'est arrivé aussi il y a quelques mois à l'anniversaire d'une copine il y a sa soeur qui m'a trop mis le grappin dessus parce que elle dit de mon fils ah mais t'es sa tante parce qu'il m'appelle pas maman mon fils et je fais ah non non je suis son parent mais je n'utilise pas maman parce que je suis un mec trans. Et là, en fait, elle ne m'a plus lâchée. Elle m'a direct demandé si je voulais une opération chirurgicale. Et j'étais là, je ne vais pas répondre à cette question, en fait. Et après, elle m'a parlé du fait qu'elle avait vu un show de Drag Queen et que c'était super. Et elle ne me lâchait pas. C'est-à-dire que plusieurs fois de suite, je suis repartie à un autre endroit de l'anniversaire et qu'elle me retrouvait pour me dire à quel point c'était super cool et qu'elle était trop contente de rencontrer des gens différents. Et j'étais là, mais... Leave me alone en fait. Et genre elle, elle se sentait trop trop ouvert d'esprit tu vois de discuter avec moi.

  • Speaker #3

    Je me sens beaucoup mieux acceptée quand je fais des gabi, quand on fait des soirées gabi et que je peux expérimenter un peu plus de nos gens. J'ai besoin, j'ai... Je ne sais pas si je dis, par exemple, en ce moment, j'ai besoin qu'on m'appelle elle, j'ai besoin qu'on m'appelle au féminin. Je sais que ça va être accepté et que ça va être essayé. Et je vais pouvoir me projeter là-dedans et sentir, est-ce que je me sens bien là-dedans ou pas ? Et tout ça, si je ne peux pas l'expérimenter, du coup, je me renferme sur moi-même. Je me subis, je me sens extrêmement mal dans ma peau. Je ne porte plus de vernis à l'école. Je n'ose plus. Je vais bientôt... Je vais sûrement réussir à le refaire. Et même, ce que je fais de temps en temps, et c'est ça qui est bien, c'est que malgré tout, de temps en temps, je le fais l'air de rien. Je vais mettre un peu de mascara, par exemple. Ça ne se voit quasiment pas, du coup. Mais il y a quelques personnes qui le remarquent. Souvent, ça va être plutôt des collègues. Et du coup... et des enfants, des fois. Et les enfants, ils adorent ça. Je veux dire, combien d'enfants m'ont dit Ah, mais toi, t'es un garçon ou t'es une fille ? T'es un garçon-fille ? Combien de fois ? Et ça, les enfants, voilà, non seulement, à la rigueur, soit ils s'en fichent, soit au contraire, ça les réjouit. Et je pense que ça les réjouit de juste voir des choses différentes de ce qu'ils n'ont pas l'habitude. Et justement, en fait, ça montre qu'à la base, on n'est pas comme ça. C'est la société qui nous met dans cet état. En tout cas, je vais sûrement réussir à petit à petit à nouveau, à m'ouvrir à nouveau sur mon genre et expérimenter un peu plus. Mais du coup, ça m'a renfermé aussi dans ma vie personnelle là-dessus. Ça m'a obligé à m'interroger beaucoup plus, à faire beaucoup plus attention.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ton espèce générale,

  • Speaker #2

    tu arrives quand même à être toi-même assez safe ?

  • Speaker #3

    Non, clairement non, mais je ne suis pas dans le pire. L'endroit où j'habite n'est pas le pire endroit. C'est-à-dire que, disons que là-bas, les milieux gays sont acceptés. Donc, selon ce que je porte, du moment qu'en fait ça fasse encore un peu masculin, ça passe. Mais dès que je transgresse la norme de genre, je sens les regards se poser sur moi qui sont très différents. Et je sens... Globalement, il y a de l'interrogation, mais il y a peu d'agressivité à part de certains hommes qui vont me regarder mal. Et bon, du coup, je ne fais plus ça seul. Je vais le faire quand j'ai des amis qui viennent chez moi. et du coup que je sais qu'on peut sortir ou tout simplement quand on sort en ville ou qu'on sort chez l'une, chez l'autre là oui je vais oser mais seul, je ne vais plus oser le faire seul quasiment de temps en temps je vais oser mettre un peu de make-up mais ça s'arrête là quoi mes vêtements, ma garde-robe s'est agrandie mais mes possibilités de la mettre pour l'instant se sont réduites donc bon Mais ça va venir, j'espère. Oui, disons que mes amis sont des amis queers, donc forcément ça aide. Je sais qu'il n'y a aucun questionnement même sur ce que je vais faire ou pas faire. La plupart d'ailleurs de mes amis les plus proches me genrent parfois au féminin, au masculin, au neutre autant que possible. Et c'est super. Heureusement que j'ai ça. On m'a proposé, on m'a dit de peut-être voir porter plainte ou en tout cas de déposer des mains courantes ou des choses comme ça. Et en fait, dans les deux cas, il y a un lien avec l'extrême droite locale qui fait que je ne veux pas m'afficher et risquer mon intégrité dans mon territoire. et d'être pourchassé par les fachos locaux. Alors que déjà, j'ai été affiché, heureusement, mon identité numérique uniquement, sur des réseaux d'extrême droite. Je sais que j'ai été affiché sur Affiche ton antifa, des choses comme ça. Donc, je fais gaffe. Parce qu'en plus, les personnes en question ont beaucoup d'influence. Et je sais qu'elles ont de l'influence nationalement. Enfin voilà, je risque gros. Malheureusement, je ne fais pas de vagues sur ça et je ronge mon frein.

  • Speaker #0

    Avant de conclure cet épisode, je voulais rajouter que je ne parle pas ici des violences dans les couples LGBT+, mais comme pour beaucoup de sujets, vivre en ruralité peut être un facteur aggravant de ces violences. J'ai beaucoup travaillé sur les violences dans le couple hétéro en ruralité. En France, 50% des féminicides sont commis en ruralité, alors qu'un tiers des femmes seulement y vivent selon un rapport du Sénat. L'isolement, le manque d'anonymat, la mobilité, la précarité économique sont des facteurs qui peuvent aggraver ces violences et en isoler les victimes. Si vous êtes victime de violences conjugales ou intrafamiliales, des personnes peuvent vous écouter au 3919 ou sur le chat commentonsaime.fr. Si vous êtes témoin ou victime, vous pouvez aussi appeler la police ou la gendarmerie. Si vous êtes victime de violences LGBTphobes, SOS Homophobie a une ligne d'écoute anonyme 01 48 06 42 41. L'association ECTAS propose aussi des discussions et des consultations de psychologues à prix libre. Merci à Théo, Kévin et au collectif Gabi, l'antilope queer du Lubereau. Vous venez d'écouter Chant Queer, un podcast d'Élodie Potente. Pour me soutenir, n'hésitez pas à partager cet épisode et à mettre 5 étoiles sur Apple Podcast. Vous pouvez aussi me soutenir sur ma page Tipeee en faisant un don ponctuel ou régulier. J'ai aussi une newsletter que vous pouvez retrouver sur mes réseaux sociaux que je mettrai en barre de description.

Description

TW : mention de violences lgbtphobes


Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Je m'efforce depuis le début de ce podcast d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires, puis je suis tombée sur cet article qui raconte l'histoire de deux mecs en couple qui décident de vendre leurs commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes. Et là je réalise que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas éviter d'écrire un épisode sur les lgbtphobies. Je peux pas m'empêcher de me questionner sur ce que c'est les lgbtphobies, est-ce que c'est les petites remarques du quotidien, est-ce que c'est subtil, est-ce quand on sent que la personne n'est pas ouverte, est-ce que c'est des agressions physiques, verbales, est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants, et qu'ils ne veulent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? 


Je voudrais comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation, comment on dénoue tout ça, comment on n'est pas tout le temps en colère. J'ai vécu des lgbtphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je suis née ne m'accepte pas, je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je vis, où je travaille ne m'accepte pas. 

Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander, pourquoi je reste là ? Est-ce que j'ai besoin de rester là ? 


Vous écoutez Champs queers, épisode 3, Discriminations & lgbtphobies. Une série documentaire d'Elodie Potente.


SOS Homophobie, ligne d'écoute : 01 48 06 42 41 / 3919 pour les victimes de violences conjugales ou https://commentonsaime.fr/ / Eqtas.e : https://www.instagram.com/eqtas.e/

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Merci à Théo et Kevin, et à Gabi l'antilope queer du Luberon 💜

Musique : 

La grande table - Delnica  


Références :

  • Alice Coffin, le Génie Lesbien

  • Al Baylac, Colza


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet épisode contient des récits de violences LGBTphobes. Pour l'écouter, assurez-vous d'être dans de bonnes dispositions.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui casse la gueule aux homosexuels ?

  • Speaker #2

    C'est les loubards,

  • Speaker #1

    ce qu'on appelle des loubards. C'est des types qui ont entre 16 et 20 ans. Ces cinq dernières années, les violences homophobes ont doublé, selon le ministère de l'Intérieur, et la transphobie est aujourd'hui, au moment où nous parlons, au cœur des guerres culturelles menées par les conservateurs en Europe et dans le monde entier.

  • Speaker #2

    Partout où je vais, je me demande si c'est mon deadname qui va être utilisé, est-ce que je vais être mégenré ? Je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie, je sens que les gens tolèrent ma présence, mais qu'elle n'est pas normale.

  • Speaker #0

    Ce que ça veut dire concrètement, c'est que ces violences-là sont partout autour de nous.

  • Speaker #1

    Ces violences, elles sont permises et elles sont amplifiées en ce moment par un certain contexte politique de libération aussi, entre guillemets, de la parole réactionnaire. Casser du pédé, ça fait viril pour eux, ils se défoulent.

  • Speaker #0

    Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Depuis le début de ce podcast, je m'efforce d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires. Puis je suis tombée sur cet article, qui raconte l'histoire de deux hommes en couple qui décident de vendre leur commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes et qu'ils vivent de l'homophobie. Et à ce moment-là, j'ai réalisé que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas. évitez d'écrire un épisode sur les LGBTphobies ça me questionne, c'est quoi les LGBTphobies ? est-ce que ce sont les petites remarques du quotidien ? est-ce que c'est subtil ? est-ce que c'est quand on sent que la personne n'est pas ouverte ? est-ce que ce sont des agressions physiques, verbales ? est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants et qu'ils ne veuillent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? Dans Champs Queers, je veux comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation ? Comment on dénoue tout ça ? Comment on n'est pas tout le temps en colère ? Personnellement, j'ai vécu des LGBTphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Mais je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander pourquoi je reste là. Est-ce que j'ai besoin de rester là ? Je sais que cet épisode sera peut-être difficile à écouter. Mais je me dis que je ne peux pas juste raconter le bon côté de l'histoire. J'ai pas juste envie de raconter ce que c'est d'être queer en milieu rural, j'ai envie de raconter comment on transforme les campagnes et comment nos vies s'inscrivent dans nos territoires. Je veux aussi raconter comment on fait de nos fractures des forces. Mais je ne peux pas raconter cette histoire sans parler des violences, celles du quotidien, celles de nos voisins, celles de ceux et celles qui composent nos espaces de vie. Je sais qu'on est des dizaines, des centaines à être retournés en ruralité, malgré des adolescents un petit peu pourris. Je sais qu'il y a des centaines de personnes qui n'en sont pas parties. Je sais qu'on est des centaines à ne pas se sentir super à notre place en ville, mais qu'on en a quand même besoin comme des espaces de respiration. Alors voilà, cet épisode est pour vous, pour vous réparer, pour me réparer, un peu comme tout ce podcast. Vous écoutez Chant Queer, épisode 3, discrimination et LGBTphobie. d'abord ils éteignent notre lumière puis ils pavent nos chemins de la pourriture alors que nous cherchions à vivre ça tourne dans la tête sale gouine sale pédé sale transe sale monstre et autres et le reflet dans le miroir Savoir qu'il faudra tout reconstruire brique par brique, alors que les autres n'auront pas à le faire, et encaisser, et essayer d'être joyeux, et s'apprivoiser soi-même, et expliquer aux autres qu'ils n'ont pas eu à reconstruire. J'ai basé cet épisode sur deux témoignages, celui de Théo et celui de Kevin. Je les remercie de s'être confiés à mon micro. J'ai aussi agrégé des discussions grappillées ça et là, notamment lors d'une rencontre à l'ORIS dans le Vaucluse avec le collectif Gabi, l'antilope queer du Luberon.

  • Speaker #2

    Théo, j'habite en Corrèze depuis presque dix ans. C'est... Un département qui est souvent qualifié de dans la diagonale du vide, même si moi je n'ai pas l'impression qu'il est vide, mais en tout cas ça peut faire cette impression depuis les grandes villes. Ma volonté c'était vraiment d'être dans un territoire rural, pour des raisons écologiques, d'être dans un endroit où il y aurait des associations dynamiques, dans une optique changer le système, lutter contre le changement climatique, lutter contre le capitalisme et tout ça. Je kiffe la Corrèze. J'adore le réseau militant qui est là, j'adore le paysage, le fait que c'est vert, il pleut beaucoup, et du coup il n'y a pas cette sensation de sécheresse et d'aridité que je pouvais avoir dans le sud de la France, d'où je viens. Et aussi dans un truc de changement climatique, ça m'allait bien de viser un territoire vert. Du coup il y a vraiment un truc de le territoire m'a plu, le réseau militant m'a plu. mais je n'étais pas du tout à la recherche de personnes queer parce que ce n'était pas ma question à ce moment-là. Je suis restée, après j'ai été en couple et j'ai eu un enfant. Donc ça, c'est clairement la raison principale pour laquelle je reste ici. C'est le fait que je suis en garde alternée avec un enfant de 6 ans et donc je suis attachée au territoire. avec des fois où je me dis je me sens attachée émotionnellement et des fois où je me sens bloquée en fait le côté je suis peut-être pas complètement hétéro ça faisait longtemps que ça me trottait en tête j'aime pas dire ça parce qu'après on dit non mais les lesbiennes elles deviennent lesbiennes parce qu'elles aiment pas les hommes mais il y a eu un truc de vraiment j'en ai marre de relationner avec des mecs cis hétéros j'en peux plus d'eux, et du coup ça fait longtemps que ça me trotte en tête d'avoir des relations avec d'autres personnes, mais je sais pas trop comment m'y prendre. Au printemps 2021, je découvre la non-binarité. À partir de là, oui, clairement j'ai une date de oh ouais, mais c'est quoi cette histoire ? Ah ouais, mais en fait je suis concernée, tout ça Et donc là, tout change, à partir de printemps 2021. J'avais que des amis hétéros, et j'avais une amie bi. Quand j'ai commencé à me poser des questions, c'est clairement à elle que je parlais. mais c'était plus au téléphone elle était pas là forcément dans mon quotidien donc à ce moment là c'est la seule personne d'avant quoi qui était déjà queer et qui est toujours une amie maintenant la vraiment rencontre marquante pour moi qui m'a fait passer le pas de je suis sur le questionnement de ouh qu'est-ce que c'est la non-binarité et ça fait peur quand même d'être trans quoi, enfin vraiment Quand j'y repense, je suis toujours effarée. Je me souviens vraiment de mon effroi de me dire Oh, la galère ! La galère, vraiment. La fierté, je l'ai à peu près maintenant parce que j'ai connecté avec des personnes trans. Mais vraiment, ma sensation en découvrant ça, ce n'était pas de la fierté. C'était Ma vie, là, ça va devenir infernale. Vraiment, mes sensations, c'est de l'effroi. Ce n'est pas de la joie. C'est de la joie au début de me dire Ouh, mais en fait, la binarité, je ne suis peut-être pas concernée. Et après, quand j'ai commencé à capter les implications… Ah merde, je ne me reconnais plus dans ce pronom. Non, non, non. Enfin là, je me suis dit la galère. Et l'été, je vais à un baltrade, parce que je vais souvent à des baltrades. Et là, je suis attirée par une personne. Enfin, je ne suis pas attirée sexuellement, je suis attirée visuellement. par une personne qui avait un style un peu différent des autres et qui, pendant le bal, quand on disait les filles, les garçons, les filles, les garçons, disait oui, on peut dire les guidants et les guidées sinon Et du coup, je vois que cette personne m'interpelle. Et je vais lui parler. Et en fait, très rapidement, on a un feeling qui se fait. Et en fait, cette personne est une personne non-binaire de Toulouse qui est maintenant un de mes meilleurs amis et qui, du coup, a été la première personne non-binaire que je rencontre physiquement. Et ce n'est plus juste des podcasts, des documentaires, des trucs loin de moi. ça devient concrètement je vois quelqu'un et concrètement je vois qu'il y a un truc différent dans cette personne et il m'a dit en fait je me posais des questions sur la non-binarité mais je sais pas trop, peut-être que je suis pas légitime et qu'il m'a dit, ben en fait si tu te poses ces questions c'est que t'es peut-être concernée et du coup ça a fait un ah ouais vraiment, enfin voilà Donc clairement, je pense que j'aurais mis des mois de plus si je n'avais pas rencontré cette personne qui me faisait un miroir, en fait. Et si je n'avais été qu'avec des cis-hétéros. Mais du coup, c'est une personne de Toulouse, en fait. Ce n'est pas quelqu'un gérant sur mon territoire. Et donc, à partir de là, j'ai commencé à aller à Toulouse le voir. Et là, je me rends compte qu'il y a des queers partout. c'est à dire que je vois des personnes je suis en banlieue de Toulouse et je vois une personne à barbe et à rouge à lèvres et je me souviens être scotché en fait me dire oh mais il y a ça et là j'en vois partout, j'en vois dans le métro, j'en vois dans la rue je vois des personnes qui ne sont pas dans la binarité cis hétéro et en fait je remarque l'espace que ça fait en moi et l'émotion que j'ai encore là en t'en parlant en fait, de me dire Oh, mais ça existe ça ! Et du coup, à partir de ce moment-là, de août 2021, je me dis Je crois que j'ai besoin d'aller à Toulouse souvent là. Et donc, toute l'année 2021-2022, je vais à Toulouse tous les mois.

  • Speaker #0

    Après, là, c'était plus la question de, en fait, là, il y a un collectif qui existe, donc c'est su qu'il y a un collectif. Et du coup, comment, en fait, est-ce qu'il y a des gens qui posent des questions, juste comme ça, c'est pour faire le parallèle avec l'association dont fait partie Mars, qui se confronte, en fait, à l'effet... gossip dans le village, c'est-à-dire que la plupart des gens qui ne viennent pas au festival parlent du festival dans le bar du village. Donc c'était plus ça, c'était plus pour savoir comment expliquer aux gens ce que fait Gabi, qu'est-ce que ça permet, etc. Merci.

  • Speaker #2

    à titre personnel j'en ai parlé à quelqu'un de mon quartier et il y a une grosse incompréhension et tout de suite une peur que j'arrive avec mon grand drapeau et que je mette le drapeau au dessus de la porte j'ai

  • Speaker #0

    eu l'impression que la personne se sentait menacée et vraiment une incompréhension totale c'est pisser dans un violon pourquoi vous faites ça, ça sert à rien après il y a quelqu'un qui est pas concerné par ces questions forcément pour elle ça ne sert à rien et ce n'était pas évident et sur le coup je n'avais pas l'énergie de la pédagogie qu'on n'a pas toujours mais en tout cas voilà pour répondre à la question de la peur de l'incompréhension moi

  • Speaker #1

    en tant que personne ordinaire et qui est encore dans une expérimentation de ma transidentité et qui s'est dit de J'ai des passages à vide et là je suis un peu dans un passage parfois un peu à vide parce que très souvent quand j'ai essayé moi dans mon coin, dans mon coin de rivalité où il n'y a rien, au niveau du maillage queer, j'ai vu des regards qui m'ont effrayé et où je me sentais vraiment en danger, mal à l'aise. Et j'ai... Quand on a parlé de Kevin, du coup, ça m'a fait vraiment beaucoup de bien de savoir que, quelque part, pas si loin de chez moi que ça, il y avait quelque chose où il pouvait un peu plus être moi, en dehors de mes cercles amicaux, mes cercles vraiment amicaux proches, où je pouvais, en dehors de ça, être moi. Et ça, vraiment, ça m'a touché. Je m'appelle Kevin, j'ai 37 ans, je suis professeur des écoles, je suis non-binaire. J'habite à Saint-Rémy-de-Provence, qui est une petite ville assez rupenne dans les Alpies, qui est une petite zone entre Arles et Avignon, on va dire. De manière diffuse, parce que c'est une manière supposée, c'est finalement plus par rapport à un côté supposément, enfin, tel qu'on me l'a posé, efféminé. que j'ai subi et que j'ai bien compris comme étant de la violence. Je ne sais pas si réellement liée à ma sexualité supposée ou à mon genre supposé, mais en tout cas qui était clairement des violences du fait que j'allais hors de la norme de celle qu'on attendait de moi à ce moment-là. Disons que déjà il y a le fait que c'était des violences que j'ai subies dans un contexte professionnel. Déjà, il y a ça. Et alors, il y en a une qui aurait pu se passer un peu n'importe où, et une autre qui, à mon avis, est bien plus liée à une façon de penser bien de la localité, de manière très conservatrice et traditionnaliste. Pour la première, c'est... Une violence que j'ai subie, je ne vais pas forcément donner les noms exacts des lieux, mais il y a une école où j'ai travaillé, où la directrice est ouvertement d'extrême droite. Et cette directrice, je l'ai remplacée pour une seule journée. Et ce qu'elle m'avait laissé déjà m'avait beaucoup choqué. Il y avait des choses qui n'allaient pas, c'est une catholique fervente, etc. Et les manuels qu'elle utilisait, notamment en histoire, n'allaient pas du tout. Ça évoquait la Sainte Jeanne d'Arc, la Sainte Jeanne d'Arc, en plus j'ai eu droit à la partie sur Jeanne d'Arc ce jour-là. Et du coup, j'ai été tel que je suis normalement, mais... Il s'est avéré que quelques temps plus tard, j'ai reçu un mail de ma hiérarchie, sans m'en dire plus, qui me convoquait. Et donc à la convocation, connaissant mes droits, je suis venu avec un de mes camarades de mon syndicat qui m'a accompagné. Et du coup, mon inspectrice m'a demandé, du coup, si vous venez avec un collègue syndicaliste, c'est que vous savez ce que j'ai à vous reprocher. Alors, je lui ai dit, déjà, je ne savais même pas que c'était pour des reproches que vous m'aviez convoqué. Et bref, parmi les choses, du coup, qu'elle a invoquées, en fait, la directrice en question avait laissé un long mail. plein de reproches sur moi, sur ma façon de faire. Et parmi les choses qui étaient dedans, un tiré qui disait mimique et posture féminine en tant que reproche. Donc déjà, il y avait ça. Et en plus, il y avait aussi au milieu de tout un ensemble de choses qui étaient vraiment des inventions totales. Mais voilà, je sentais bien que... Ma manière d'être, alors qu'elle ne l'avait pas vécue, elle ne m'a même pas vue, elle n'était pas là ce jour-là, du coup, vu que je la remplaçais. Elle a quand même trouvé le moyen de m'enfoncer. Et le pire dans tout ça, c'est que mon inspectrice, donc la personne au-dessus de moi, ne m'a pas du tout soutenue et m'a au contraire posé cette question. Elle m'a demandé, donc Mimi qui est post-surfumie, qu'est-ce que je lui ai répondu ? Mais je ne comprends même pas le reproche en fait. Et donc vraiment, le fait que ma hiérarchie appuie en plus cette violence, j'en suis sorti en pleurant, en me demandant est-ce que je vais démissionner. Finalement, il s'est avéré qu'après ça n'a pas donné suite, mais je sais que... J'ai changé de zone pour la zone juste à côté. Et il s'avère que c'est son mari qui était l'inspecteur de cette zone-là. Et il m'en a parlé dès le début de l'année, en me disant qu'il était au courant.

  • Speaker #2

    La première fois que je vais à une permanence du groupe Trans Toulousain, le collectif Trans Toulousain, qui est le dimanche matin, c'est à une demi-heure de où je suis, je mets une heure et demie à y aller parce que je m'arrête tout le temps, parce que je pleure, parce que je suis en panique totale. Je rentre dans le local et je fais j'ai droit de rentrer et là il y a une personne qui me dit on mord pas sauf les 6-7 et là je fonds en larmes en fait, parce que je ne sais pas ce que ça veut dire 6-7. et que du coup je suis là genre ah mais je suis pas assez queer pour vous j'en sais rien moi je suis enfin voilà et du coup ils sont tous en panique avec moi qui pleure au milieu d'eux je retourne à mon territoire à chaque fois genre regonflée par mes vacances à Toulouse genre je me sens renforcée par là et au début ça va on va dire c'est à dire que mon quotidien ne m'est pas insupportable mon quotidien est normal et les moments à Toulouse c'est la fête quoi mais je ne souffre pas sur le territoire trop au début. Ça change depuis 2022 quand ça commence à s'affirmer en moi. Et donc, je vois qu'il y a un moment qui est marquant. Et donc là, on va parler... On commence à parler violence. Donc, oui. En milieu rural, c'est un bal. J'ai pas mal d'anecdotes liées à la réassignation de genre qui est liée au bal. Mais c'est pas forcément de la méga-violence. Mais c'est toujours ce truc de... genre dans un cercle circassien, être là genre, ah bah non mais là c'est les filles et là c'est les garçons et je suis en mode, je guide en fait. Enfin voilà, et ce truc de, je vois qu'il y a un fort enjeu sur les balles où ça fait du coup un moment que j'ai décidé que j'étais toujours dans la posture de guidée, sauf quand je choisis d'être guidée. Et du coup ça dérange forcément, mais voilà. Et donc c'est un bal, et là je parle à une amie qui me connaît depuis longtemps et qui est assez bourrine. elle, elle sait que je suis en questionnement et tout ça. Je me sentais plutôt safe avec elle, mais j'avais oublié qu'elle était brune. Et du coup, ouvertement, elle me pose la question d'où j'en suis, en fait. Sur la non-binarité ou sur mon pronom ou mes pronoms. Je sais plus ce qu'elle me dit, mais je sens, moi, que je suis un peu... Je me glace, tu vois, parce qu'en fait, on est dans un environnement hétéro. elle en parle avec des gens c'est comme un peu une conversation de comptoir il y a 2-3 autres personnes à côté et moi je suis là donc je ne sais plus trop ce que je réponds mais je me souviens de mon effroi et qu'après il y a son mec je sais pas s'ils sortent ensemble encore mais en tout cas un mec avec qui j'étais sortie l'année d'avant et je m'étais dit pfff l'aime ça faisait partie de voilà et qui commence à me dire Ah mais c'est flou, mais il y a quelque chose de l'ordre de... Mais on va pas quand même t'appeler, t'appeler ce genre est masculin maintenant, et truc de pourquoi t'imites les hommes. Enfin, il y a un truc comme ça, je sais plus ce que je réponds et ils rigolent. Et là, moi, je me souviens plus trop grand-chose du reste du bal. Je me souviens de rentrer chez moi, enfin pas chez moi, je dormais chez des potes en plus, et d'être super mal. Et je savais pas pourquoi, en fait. C'est-à-dire que je me sentais pas bien. et j'arrivais pas à identifier ce que c'était donc le lendemain là j'avais trois personnes queer dans mon entourage à ce moment là et je leur envoie un texto aux trois en mode je sais pas trop ce qu'il se passe mais je me sens pas bien il s'est passé un truc hier et là les trois me font de la réassurance de ouf et me disent là c'était transphobe en fait ce qu'il s'est passé mais sinon avant je pouvais pas le nommer en tant que transphobe parce qu'il a pas dit les personnes trans sont méchantes ou sont nulles mais il s'est moqué de moi Et à partir de là, ça a commencé à dégénérer ma vie, notamment avec ma mère, parce qu'en fait, je lui ai raconté et elle m'a vraiment sorti un discours de reste dans le placard. De mais pourquoi tu as besoin d'en parler ? C'est sûr que tu t'exposes à la violence si tu en parles. Pourquoi tu ne peux pas être non-binaire, mais à l'intérieur de toi, sans que ça se sache ? Et pas du tout de soutien, en fait. De ah waouh, ce que tu as vécu, ça avait l'air chaud. Et donc, là commence une période qui va faire que s'empirer avec ma mère. Parce que ma mère, elle le savait dès le début. Dès que j'ai écouté le podcast, dès l'été d'avant, où j'ai commencé à modifier mon prénom, parce que je l'ai modifié trois fois, je lui disais mais c'est trop cool, je crois que vraiment, la binarité, ça ne me concerne pas Non, en fait, elle trouvait ça sympathique. C'est ça qu'elle disait toujours. Ah oui, la non-binarité, c'est sympathique. Mais par contre, d'aller jusqu'à changer mes pronoms, demander à ce que ce soit Yel, à l'époque c'était Yel, maintenant c'est Yl. C'est Yl tout le temps. quasi tout le temps, et des fois c'est Yael. Et bien en fait, là quand même, à partir du moment où ça a commencé à lui demander des efforts, elle n'était plus aussi chaud, et surtout elle considérait comme beaucoup que c'était une phase, que c'était une passade, que c'était un truc que j'étais toujours un peu trop radical, et que souvent je faisais des expériences, et que du coup c'était une expérience parmi d'autres, et qu'elle attendait que l'expérience soit terminée. et donc on est allé jusqu'à la rupture complète. Donc là c'était chaud, parce que j'ai vraiment perdu mon appui un peu familial, et donc ça n'a pas été du rejet, en mode je suis virée de la maison, mais c'était hyper insidieux et hyper violent. de la part de pas mal de monde de ma famille. Et donc, on ne peut pas dire que là, c'était quelque chose de l'ordre de la ruralité, mais il se trouve que là, c'est devenu insupportable pour moi d'être ici, quoi. De ne pas être... Qu'il n'y avait qu'à Toulouse que je me sentais bien et qu'en Corée, j'étais là... Oh, personne ne comprend ce que je suis en train de vivre, en fait. Enfin, voilà. La phase hyper dure du début de transition.

  • Speaker #1

    Et donc l'autre anecdote, c'est que j'étais dans une école en gros toute l'année. Et il s'avère que c'était l'année dernière, c'est l'année où j'ai commencé à réellement un peu plus oser, essayer d'oser être un peu plus moi. Donc en fait, en dehors, j'étais beaucoup plus, comment dire, habillé. Je mettais mes robes, mes petits pulls en laine de plein de couleurs différentes, ce genre de choses-là, et donc, et dont aussi, donc, mon make-up et mon vernis. Mais du coup, quand j'allais à l'école, je n'allais pas avec le make-up. Mais par contre, c'est vrai que le vernis, je ne l'enlevais pas forcément. Et à un moment donné dans l'année, pareil, l'inspecteur m'appelle. Donc, cet inspecteur-là m'appelle et me dit. Il me demande directement Est-ce que vous portez du vernis ? Je lui dis Oui, bien sûr ! Et il m'a dit Oui, parce que j'ai reçu un mail de parents reprochant le fait que vous donnez une mauvaise image aux enfants en vous montrant avec du vernis. Donc bon, pour le coup, il m'a en partie soutenu. C'est-à-dire qu'il m'a dit, si jamais du coup les parents font des écrits sur les réseaux sociaux ou quoi, moi je leur ai demandé du coup de me faire un écrit. Et comme ça, vous pouvez porter plainte si jamais... Bon, il n'a pas dit que lui, il porterait plainte. Normalement, c'est la hiérarchie qui est censée porter plainte. Mais bon, la partie, on va dire, plus difficile et en même temps qui m'a facilité la vie pour moi, ça a été de dire... il m'a changé de remplacement. Il m'a changé d'endroit. Alors, moi, je n'étais pas con parce que franchement, du coup, ça me mettait très mal à l'aise. Mais c'est vrai qu'en soi, il ne m'a pas très bien défendu non plus. Mais bon, il m'a laissé comprendre qu'il me défendrait si jamais il y avait besoin.

  • Speaker #0

    Alors qu'il commençait sa transition, Théo a co-organisé un festival féministe.

  • Speaker #2

    C'est sûr que ce festival qui a été à la base pensé par une orga qui était Cicetera, et que moi j'ai transitionné pendant l'orga du festival en fait, ça fait que l'orga ne me correspondait plus, le public ne me correspondait plus complètement. Mais la redescente que je me suis coltinée le lundi était vraiment horrible. Dans le sens où il y a des orgas qui m'ont genré en Yale et en Hill tout le week-end et qui ont recommencé à me genrer en L le dimanche soir. et le lundi absolument et j'étais là ah ouais ça y est la fête est finie j'ai fait un un breakdown total après le festival pas que à cause de la fatigue vraiment ce truc de là c'était trop bien et en fait mon quotidien c'est pas ça mon quotidien c'est être seule dans ça dans un environnement qui est complètement cis-hétéro, où à nouveau, on va me mégenrer non-stop et tout ça. Et donc, c'est là, donc là, on arrive en août, vraiment, j'étais hyper mal, et que j'appelle le père de mon fils, enfin, je suis partie en Dordogne, et j'appelle et je suis là, en fait, là, je souffre trop, il faut que je sois à Toulouse, en fait. Je ne peux pas vivre ici. en ce moment il faut qu'on s'organise différemment mais je ne peux pas, c'est trop dur et je je commence et je décide de commencer la testostérone donc il y a vraiment ce truc de là il faut qu'un truc change parce que je peux pas continuer comme ça et donc pendant 2022-2023 j'ai passé plus de temps à Toulouse encore c'est à dire que j'ai fait des périodes de plusieurs fois 3 semaines et donc j'avais mon fils une semaine sur quatre au lieu d'une semaine sur deux. Et même après, quand je suis repassée à une semaine sur deux, il y avait quand même une semaine entière que je passais à Toulouse par mois. Et j'étais en mode, je ne peux pas commencer à prendre de la thé en étant en Corrèze, en fait, en étant seule à le faire, c'est trop dur. Et du coup, il y a un truc de... C'est pas complètement tout le temps ok pour moi d'être ici, mais je sais que j'ai eu besoin d'être à Toulouse pour me sentir normale, en fait. Quand je suis en Corrèze, j'ai toujours l'impression d'être une anomalie. C'est-à-dire que je vais à la boulangerie, je me demande comment je vais être genrée, est-ce que je vais dire non, c'est pas madame À l'école, je me sens toujours trop mal à côté des parents, des élèves qui sont très très très cis, etc. dans les endroits partout où je vais je me demande si c'est mon dead name qui va être utilisé je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie je sens que les gens tolèrent ma présence mais qu'elle n'est pas normale alors que dès que j'arrive à Toulouse comme je vois des queers partout autour de moi je sais que les gens je leur dis je m'appelle comme ça et ils font ok mes pronoms c'est ça ? D'accord. Enfin voilà, il n'y a pas de ah bon, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Mais non, non, non, mais t'es sûre ? Enfin voilà, ce n'est pas une question en fait. Et du coup, je vois que le fait d'être perçue, de me sentir être une anomalie quand je le fais pendant longtemps, donc là deux mois c'était vraiment trop long, ça fait que ça rentre à l'intérieur de moi et que je commence à trouver que je suis une anomalie. Et ça c'est trop dur en fait. Je me suis dit ok, en fait il faut vraiment que j'organise de voir des queers hyper régulièrement qui font que j'ai des piqûres de rappel régulière, régulière, régulière, que je ne suis pas d'une anomalie. Parce que je ne peux pas vivre dans mon quotidien, il faut que j'ai des rendez-vous prévus, en fait. Voilà. Donc, du coup, je suis un peu plus dans ce mood-là de tenir sur le territoire en programmant le plus possible de voir mes potes, quoi. Enfin, voilà, que j'ai maintenant. Et en fait, moi, je vis de la transphobie par évitement. C'est-à-dire que je m'empêche d'aller dans tel et tel lieu. et parce que je sais que je vais pas être à l'aise parce que je vais être le seul parce que, enfin, il y a un mois j'aurais pas eu envie de raconter un truc sur les violences là j'en ai eu deux vraiment vénères vraiment récemment et du coup là je peux les nommer en fait mais sinon ils sont pas nommables, ils sont diffus, mais ils se traduisent dans mon corps par le fait que j'évite d'aller dans des lieux, par le fait que je m'inscris à un cours de danse et qu'avant ça, je parle une demi-heure avec la prof pour dire, en fait, il n'y a pas question que je me fasse mégenrer. Enfin, je vais me faire mégenrer, il va falloir que tu reprennes, il va falloir que tu corriges. Soit t'es vraiment alliée avec moi, soit je ne pourrai pas venir à ce cours, en fait. Enfin, voilà. Et du coup, qu'il faille que je me coltine une demi-heure de pédagogie. envers la prof de danse pour espérer peut-être pas trop vivre de violence. C'est tout le temps, en fait.

  • Speaker #0

    Ici, j'ai vécu de la placardisation forcée. C'est un sujet que j'évoque beaucoup dans les rencontres que je fais avec le podcast. Mais être journaliste localière est de fait, que l'on soit LGBT ou hétéro, un métier difficile car très lié aux interactions sociales locales. Quand je suis arrivée à créer, je crois que j'ai évité les questions sur ma vie perso parce que j'avais trop peur que ça rejaillisse ailleurs. Je me suis protégée, surprotégée peut-être. Dans le génie lesbien, Alice Coffin explique très bien cela. Elle dit Dans mon ancien travail, j'avais déjà affiché mes engagements féministes et je ne voulais pas être la journaliste lesbienne. D'autant que j'entendais bien qu'on pouvait dire au détour des conversations il est homo mais il est sympa Ne pas laisser les autres savoir, être dans le silence, m'a fait vivre de grandes violences intérieures. Des moments où je me suis mordu l'intérieur des joues très fort, quand des proches ou autres personnes dans mon entourage professionnel qui ne savait pas mon lesbianisme, était vraiment très homophobe ou LGBTphobe en face de moi. Ter son homosexualité dans un contexte homophobe, ce n'est pas toujours laisser dire. C'est aussi se sortir d'une situation potentiellement dangereuse pour nous-mêmes. Certaines fois, c'est plus facile de dire les choses, de s'en foutre des conséquences. D'autres fois, ne pas dire, c'est aussi un mécanisme de survie.

  • Speaker #1

    Plus en plus d'agressions physiques transphobes et homophobes sont recensées en France. C'est ce que révèle le nouveau rapport de SOS Homophobie. L'association fait état de 184 cas en 2022, soit une augmentation de 28% par rapport à 2021. Et ces agressions font partie des 1195 cas de LGBTphobie recensés par l'association en 2022. Un chiffre qui est lui stable par rapport à 2021. Et ces LGBTphobies, ça peut être des insultes, du harcèlement, de la discrimination ou encore de la diffamation. C'est sur Internet que les LGBTphobies s'expriment le plus. 17% des cas ont lieu en ligne. On les retrouve aussi dans le cadre familial et dans les lieux publics. C'est d'ailleurs dans l'espace public qu'ont lieu une grande partie des agressions physiques. SOS Homophobie alerte également sur une tendance inquiétante, l'augmentation des situations de transphobie. Elles, elles ont progressé de plus de 27% par rapport à 2021. et de plus de 35% par rapport à 2020. SOS Homophobie précise que ces chiffres ne représentent qu'une partie de la réalité, d'autant plus que beaucoup de victimes ne témoignent pas.

  • Speaker #2

    En fait, je suis allée voir un médecin, qui est un médecin généraliste à Limoges, mais qui est spécialisé dans l'autisme, et en fait que j'avais vu il y a quatre ans. et qui a été le premier qui a dit oui oui oui c'est bien en effet vous avez un TSA en effet c'est ça qui se passe et donc moi j'avais déjà fait une demande de diagnostic auprès du CRA il y a longtemps avant mais bref en tout cas lui ça a fait quelque chose il a confirmé quelque chose et ça m'a fait beaucoup de bien de me dire ok je ne rêve pas je ne suis pas fou c'est ça qui se passe pour moi Et en fait, depuis que j'ai la location adulte handicapé, l'année dernière, j'ai fait ma demande de renouvellement et elle a été... je l'ai fait un peu en mode automatique elle a été pas acceptée du coup je suis retournée au CRA le centre de ressources en autisme voir le médecin diagnostiqueur en chef pour lui dire de me faire une lettre pour insister comme quoi vraiment vraiment j'avais besoin de l'allocation adulte handicapé et à la fin de cet entretien je lui dis au fait je transitionne et là il me dit ah bah vous devez pas beaucoup m'aimer et je fais bah pourquoi et là il m'explique qu'il a écrit une tribune dans le point pour lutter contre les transitions des mineurs autistes, en disant qu'en gros, le mal-être vient de l'autisme, il ne vient pas de l'identité, et du coup, il faut vraiment ne pas prescrire des hormones, des bloqueurs hormonaux et tout ça aux jeunes. Et du coup, moi, je suis là, je repars de là en disant, lui, plus jamais je vais le voir. Donc, j'ai d'un côté un médecin activement transphobe, et je me dis, je vais aller voir celui d'avant, celui que j'avais vu la fois d'avant, il y a 4 ans, il était super sympa. Donc du coup, je vais le voir en étant hyper détendue, ce type était un type chouette, mais toute la salle d'attente, je me demande, est-ce que je fais mon coming out ou pas ? Est-ce que je lui dis, est-ce que je lui demande juste mon attestation, et c'est tout, est-ce que je lui raconte ? Donc je me dis que je ne vais pas lui dire. Et en fait, pendant l'entretien, il faisait beaucoup de généralités sur les garçons autistes et les filles autistes. Parce que je lui parlais de mon fils qui était diagnostiqué et que lui, il avait l'air de s'aller. Et du coup, je lui dis, oui, mais en fait, là, ça commence à être un peu compliqué pour moi qu'il me renvoie toujours à femme. Et donc, je lui dis, mais en fait, je ne suis pas une femme, je suis un mec trans et tout ça. Et là, ça devient, mais vénère l'entretien. Parce que, en gros, il me... il me dit... Enfin, il défonce mon passing. C'est-à-dire qu'il dit, mais comment... Enfin, là, le message que vous envoyez, il n'est pas du tout clair. Et là, il dit, mais vos cheveux, vous avez une permanente et vous avez une boucle d'oreille et vous avez une écharpe comme ça et vous avez une chemise comme ça. Et en fait, les hommes ne s'habillent pas de cette manière-là. Vous, c'est trop soigné, la manière dont vous vous êtes habillés. Comment vous voulez que les gens comprennent ? Enfin, voilà. Et en fait... j'étais là avec quelqu'un en face de moi qui était en train de m'expliquer que j'avais un passing pourri alors que je souffre déjà de ça parce que là ça fait un an que je prends de la testostérone j'ai toujours quasiment aucune pilosité faciale ma voix elle a pas vraiment mué enfin il y a un truc où pendant 6 mois j'avais un dosage qui était trop faible et en fait du coup mon corps il produisait d'autres oestrogènes, progestérone pour compenser la testo que je prenais en plus et du coup mes taux de testo ils montaient pas et donc de fait même si je prends de la testostérone depuis un an on dirait que c'est vachement plus récent parce qu'elle a pas été assez dosée quoi pour moi donc déjà je suis en souffrance de ça, ça fait un an que je prends de la thé et c'est pas non plus une passion quoi de me faire des piqûres tout le temps et ça n'a aucun effet sur la perception que les gens ont de moi et là en fait il m'explique comment vraiment je fais aucun effort quoi et trois fois de suite sur une demi-heure d'entretien il est revenu trois fois sur le sujet jusqu'à ce que je m'énerve et que et bon bref et et bon bien sûr à dire que j'étais trop militant à dire que du coup il fallait pas que je lui enveuille parce qu'il allait me dégenrer parce que du coup j'avais pas un bon passing donc en fait c'était comme ça et du coup je suis sortie de cet entretien mais en mode c'était horrible et du coup c'est pas forcément un truc de ruralité encore une fois parce que j'étais à Limoges mais c'est un truc de méconnaissance en fait c'est à dire que lui c'est la première fois que peut-être qu'il voyait une personne trans dans son cabinet et du coup il a sorti tous ses clichés alors que quand on a un peu plus l'habitude d'en avoir vu même si on n'est pas spécialiste en fait il n'y a pas tous les clichés qui sortent d'un coup donc j'ai été obligée de le revoir parce que j'avais un deuxième rendez-vous avec lui et j'ai beaucoup beaucoup parlé de ce truc à plein plein de gens et du coup je ne sais plus dans quelle posture j'étais mais en tout cas les deux on a clairement fait un effort en fait du coup lui il a vécu un très mauvais moment avec moi et Mais il a réussi à être touché dans son... J'aimerais que ça se passe mieux la prochaine fois. Je pense qu'il a été touché dans son égo de médecin qui n'aime pas se faire renvoyer barré. Il n'avait pas envie que je le renvoie dans les roses une deuxième fois parce que j'ai été vénère quand même. et du coup la fois où on s'est vu il y a deux semaines c'était beaucoup plus mesuré il a vraiment fait des efforts il m'a genré au masculin tout le temps il m'a parlé de mon agressivité et moi j'étais là je me contenais et il me contenait et il se contenait et du coup c'était ok parce qu'il a eu trois semaines pour travailler le truc et je pense qu'il a dû être perturbé aussi par le fait que je ne me laisse pas faire nous vivons tellement de formes de haine extérieure

  • Speaker #0

    Elle ponctue nos vies. C'est aussi pour ça que j'écris cet épisode. Pour que les gens qui m'aiment et qui ne savent pas sachent, pour que les personnes qui me ressemblent se retrouvent. La haine n'est pas toujours visible. Pas besoin de se prendre des coups pour la vivre. La haine des autres réveille parfois nos haines intérieures. Al Belaque dit dans Colza Toute la haine que je me suis portée, sans l'aide des autres, toute la honte dont je me drape encore, les reproches que je m'adresse. Tous les blocages desquels je participe, toutes les portes que je me ferme, les insultes dont je me berce.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est vraiment ça aussi ce truc de ruralité, c'est que je dois tout le temps expliquer. C'est-à-dire qu'il n'y a pas vraiment d'autres personnes à qui on peut en parler, les gens, quand ils sont perturbés. Du coup, en fait, je ne réponds pas. Mais soit je m'énerve, soit je ne réponds pas, soit je fuis. Du coup, qu'est-ce que je suis agressif ? C'est-à-dire que... Ah oui, lui, il a insisté quatre fois de suite jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire une opération génitale, en fait. Et j'étais là, ça n'a pas de rapport. Est-ce que vous êtes intersexués ? Enfin, je ne sais pas, est-ce que vous êtes intersexes ? Et j'étais là, quoi ? Mais ça n'a rien à voir. Enfin, genre, vraiment, il est à l'ouest, quoi. Et je fais, je veux paraître comme un homme dans l'espace social. Et il a posé quatre fois de suite la question jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire des opérations génitales. Et ça, je suis là, mais ça n'a... En fait, je viens pour un rendez-vous sur l'autisme. Je n'ai pas envie de parler de ma chatte, quoi. voilà mais ça ça m'est arrivé aussi il y a quelques mois à l'anniversaire d'une copine il y a sa soeur qui m'a trop mis le grappin dessus parce que elle dit de mon fils ah mais t'es sa tante parce qu'il m'appelle pas maman mon fils et je fais ah non non je suis son parent mais je n'utilise pas maman parce que je suis un mec trans. Et là, en fait, elle ne m'a plus lâchée. Elle m'a direct demandé si je voulais une opération chirurgicale. Et j'étais là, je ne vais pas répondre à cette question, en fait. Et après, elle m'a parlé du fait qu'elle avait vu un show de Drag Queen et que c'était super. Et elle ne me lâchait pas. C'est-à-dire que plusieurs fois de suite, je suis repartie à un autre endroit de l'anniversaire et qu'elle me retrouvait pour me dire à quel point c'était super cool et qu'elle était trop contente de rencontrer des gens différents. Et j'étais là, mais... Leave me alone en fait. Et genre elle, elle se sentait trop trop ouvert d'esprit tu vois de discuter avec moi.

  • Speaker #3

    Je me sens beaucoup mieux acceptée quand je fais des gabi, quand on fait des soirées gabi et que je peux expérimenter un peu plus de nos gens. J'ai besoin, j'ai... Je ne sais pas si je dis, par exemple, en ce moment, j'ai besoin qu'on m'appelle elle, j'ai besoin qu'on m'appelle au féminin. Je sais que ça va être accepté et que ça va être essayé. Et je vais pouvoir me projeter là-dedans et sentir, est-ce que je me sens bien là-dedans ou pas ? Et tout ça, si je ne peux pas l'expérimenter, du coup, je me renferme sur moi-même. Je me subis, je me sens extrêmement mal dans ma peau. Je ne porte plus de vernis à l'école. Je n'ose plus. Je vais bientôt... Je vais sûrement réussir à le refaire. Et même, ce que je fais de temps en temps, et c'est ça qui est bien, c'est que malgré tout, de temps en temps, je le fais l'air de rien. Je vais mettre un peu de mascara, par exemple. Ça ne se voit quasiment pas, du coup. Mais il y a quelques personnes qui le remarquent. Souvent, ça va être plutôt des collègues. Et du coup... et des enfants, des fois. Et les enfants, ils adorent ça. Je veux dire, combien d'enfants m'ont dit Ah, mais toi, t'es un garçon ou t'es une fille ? T'es un garçon-fille ? Combien de fois ? Et ça, les enfants, voilà, non seulement, à la rigueur, soit ils s'en fichent, soit au contraire, ça les réjouit. Et je pense que ça les réjouit de juste voir des choses différentes de ce qu'ils n'ont pas l'habitude. Et justement, en fait, ça montre qu'à la base, on n'est pas comme ça. C'est la société qui nous met dans cet état. En tout cas, je vais sûrement réussir à petit à petit à nouveau, à m'ouvrir à nouveau sur mon genre et expérimenter un peu plus. Mais du coup, ça m'a renfermé aussi dans ma vie personnelle là-dessus. Ça m'a obligé à m'interroger beaucoup plus, à faire beaucoup plus attention.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ton espèce générale,

  • Speaker #2

    tu arrives quand même à être toi-même assez safe ?

  • Speaker #3

    Non, clairement non, mais je ne suis pas dans le pire. L'endroit où j'habite n'est pas le pire endroit. C'est-à-dire que, disons que là-bas, les milieux gays sont acceptés. Donc, selon ce que je porte, du moment qu'en fait ça fasse encore un peu masculin, ça passe. Mais dès que je transgresse la norme de genre, je sens les regards se poser sur moi qui sont très différents. Et je sens... Globalement, il y a de l'interrogation, mais il y a peu d'agressivité à part de certains hommes qui vont me regarder mal. Et bon, du coup, je ne fais plus ça seul. Je vais le faire quand j'ai des amis qui viennent chez moi. et du coup que je sais qu'on peut sortir ou tout simplement quand on sort en ville ou qu'on sort chez l'une, chez l'autre là oui je vais oser mais seul, je ne vais plus oser le faire seul quasiment de temps en temps je vais oser mettre un peu de make-up mais ça s'arrête là quoi mes vêtements, ma garde-robe s'est agrandie mais mes possibilités de la mettre pour l'instant se sont réduites donc bon Mais ça va venir, j'espère. Oui, disons que mes amis sont des amis queers, donc forcément ça aide. Je sais qu'il n'y a aucun questionnement même sur ce que je vais faire ou pas faire. La plupart d'ailleurs de mes amis les plus proches me genrent parfois au féminin, au masculin, au neutre autant que possible. Et c'est super. Heureusement que j'ai ça. On m'a proposé, on m'a dit de peut-être voir porter plainte ou en tout cas de déposer des mains courantes ou des choses comme ça. Et en fait, dans les deux cas, il y a un lien avec l'extrême droite locale qui fait que je ne veux pas m'afficher et risquer mon intégrité dans mon territoire. et d'être pourchassé par les fachos locaux. Alors que déjà, j'ai été affiché, heureusement, mon identité numérique uniquement, sur des réseaux d'extrême droite. Je sais que j'ai été affiché sur Affiche ton antifa, des choses comme ça. Donc, je fais gaffe. Parce qu'en plus, les personnes en question ont beaucoup d'influence. Et je sais qu'elles ont de l'influence nationalement. Enfin voilà, je risque gros. Malheureusement, je ne fais pas de vagues sur ça et je ronge mon frein.

  • Speaker #0

    Avant de conclure cet épisode, je voulais rajouter que je ne parle pas ici des violences dans les couples LGBT+, mais comme pour beaucoup de sujets, vivre en ruralité peut être un facteur aggravant de ces violences. J'ai beaucoup travaillé sur les violences dans le couple hétéro en ruralité. En France, 50% des féminicides sont commis en ruralité, alors qu'un tiers des femmes seulement y vivent selon un rapport du Sénat. L'isolement, le manque d'anonymat, la mobilité, la précarité économique sont des facteurs qui peuvent aggraver ces violences et en isoler les victimes. Si vous êtes victime de violences conjugales ou intrafamiliales, des personnes peuvent vous écouter au 3919 ou sur le chat commentonsaime.fr. Si vous êtes témoin ou victime, vous pouvez aussi appeler la police ou la gendarmerie. Si vous êtes victime de violences LGBTphobes, SOS Homophobie a une ligne d'écoute anonyme 01 48 06 42 41. L'association ECTAS propose aussi des discussions et des consultations de psychologues à prix libre. Merci à Théo, Kévin et au collectif Gabi, l'antilope queer du Lubereau. Vous venez d'écouter Chant Queer, un podcast d'Élodie Potente. Pour me soutenir, n'hésitez pas à partager cet épisode et à mettre 5 étoiles sur Apple Podcast. Vous pouvez aussi me soutenir sur ma page Tipeee en faisant un don ponctuel ou régulier. J'ai aussi une newsletter que vous pouvez retrouver sur mes réseaux sociaux que je mettrai en barre de description.

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TW : mention de violences lgbtphobes


Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Je m'efforce depuis le début de ce podcast d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires, puis je suis tombée sur cet article qui raconte l'histoire de deux mecs en couple qui décident de vendre leurs commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes. Et là je réalise que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas éviter d'écrire un épisode sur les lgbtphobies. Je peux pas m'empêcher de me questionner sur ce que c'est les lgbtphobies, est-ce que c'est les petites remarques du quotidien, est-ce que c'est subtil, est-ce quand on sent que la personne n'est pas ouverte, est-ce que c'est des agressions physiques, verbales, est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants, et qu'ils ne veulent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? 


Je voudrais comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation, comment on dénoue tout ça, comment on n'est pas tout le temps en colère. J'ai vécu des lgbtphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je suis née ne m'accepte pas, je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je vis, où je travaille ne m'accepte pas. 

Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander, pourquoi je reste là ? Est-ce que j'ai besoin de rester là ? 


Vous écoutez Champs queers, épisode 3, Discriminations & lgbtphobies. Une série documentaire d'Elodie Potente.


SOS Homophobie, ligne d'écoute : 01 48 06 42 41 / 3919 pour les victimes de violences conjugales ou https://commentonsaime.fr/ / Eqtas.e : https://www.instagram.com/eqtas.e/

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Merci à Théo et Kevin, et à Gabi l'antilope queer du Luberon 💜

Musique : 

La grande table - Delnica  


Références :

  • Alice Coffin, le Génie Lesbien

  • Al Baylac, Colza


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet épisode contient des récits de violences LGBTphobes. Pour l'écouter, assurez-vous d'être dans de bonnes dispositions.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui casse la gueule aux homosexuels ?

  • Speaker #2

    C'est les loubards,

  • Speaker #1

    ce qu'on appelle des loubards. C'est des types qui ont entre 16 et 20 ans. Ces cinq dernières années, les violences homophobes ont doublé, selon le ministère de l'Intérieur, et la transphobie est aujourd'hui, au moment où nous parlons, au cœur des guerres culturelles menées par les conservateurs en Europe et dans le monde entier.

  • Speaker #2

    Partout où je vais, je me demande si c'est mon deadname qui va être utilisé, est-ce que je vais être mégenré ? Je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie, je sens que les gens tolèrent ma présence, mais qu'elle n'est pas normale.

  • Speaker #0

    Ce que ça veut dire concrètement, c'est que ces violences-là sont partout autour de nous.

  • Speaker #1

    Ces violences, elles sont permises et elles sont amplifiées en ce moment par un certain contexte politique de libération aussi, entre guillemets, de la parole réactionnaire. Casser du pédé, ça fait viril pour eux, ils se défoulent.

  • Speaker #0

    Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Depuis le début de ce podcast, je m'efforce d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires. Puis je suis tombée sur cet article, qui raconte l'histoire de deux hommes en couple qui décident de vendre leur commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes et qu'ils vivent de l'homophobie. Et à ce moment-là, j'ai réalisé que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas. évitez d'écrire un épisode sur les LGBTphobies ça me questionne, c'est quoi les LGBTphobies ? est-ce que ce sont les petites remarques du quotidien ? est-ce que c'est subtil ? est-ce que c'est quand on sent que la personne n'est pas ouverte ? est-ce que ce sont des agressions physiques, verbales ? est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants et qu'ils ne veuillent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? Dans Champs Queers, je veux comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation ? Comment on dénoue tout ça ? Comment on n'est pas tout le temps en colère ? Personnellement, j'ai vécu des LGBTphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Mais je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander pourquoi je reste là. Est-ce que j'ai besoin de rester là ? Je sais que cet épisode sera peut-être difficile à écouter. Mais je me dis que je ne peux pas juste raconter le bon côté de l'histoire. J'ai pas juste envie de raconter ce que c'est d'être queer en milieu rural, j'ai envie de raconter comment on transforme les campagnes et comment nos vies s'inscrivent dans nos territoires. Je veux aussi raconter comment on fait de nos fractures des forces. Mais je ne peux pas raconter cette histoire sans parler des violences, celles du quotidien, celles de nos voisins, celles de ceux et celles qui composent nos espaces de vie. Je sais qu'on est des dizaines, des centaines à être retournés en ruralité, malgré des adolescents un petit peu pourris. Je sais qu'il y a des centaines de personnes qui n'en sont pas parties. Je sais qu'on est des centaines à ne pas se sentir super à notre place en ville, mais qu'on en a quand même besoin comme des espaces de respiration. Alors voilà, cet épisode est pour vous, pour vous réparer, pour me réparer, un peu comme tout ce podcast. Vous écoutez Chant Queer, épisode 3, discrimination et LGBTphobie. d'abord ils éteignent notre lumière puis ils pavent nos chemins de la pourriture alors que nous cherchions à vivre ça tourne dans la tête sale gouine sale pédé sale transe sale monstre et autres et le reflet dans le miroir Savoir qu'il faudra tout reconstruire brique par brique, alors que les autres n'auront pas à le faire, et encaisser, et essayer d'être joyeux, et s'apprivoiser soi-même, et expliquer aux autres qu'ils n'ont pas eu à reconstruire. J'ai basé cet épisode sur deux témoignages, celui de Théo et celui de Kevin. Je les remercie de s'être confiés à mon micro. J'ai aussi agrégé des discussions grappillées ça et là, notamment lors d'une rencontre à l'ORIS dans le Vaucluse avec le collectif Gabi, l'antilope queer du Luberon.

  • Speaker #2

    Théo, j'habite en Corrèze depuis presque dix ans. C'est... Un département qui est souvent qualifié de dans la diagonale du vide, même si moi je n'ai pas l'impression qu'il est vide, mais en tout cas ça peut faire cette impression depuis les grandes villes. Ma volonté c'était vraiment d'être dans un territoire rural, pour des raisons écologiques, d'être dans un endroit où il y aurait des associations dynamiques, dans une optique changer le système, lutter contre le changement climatique, lutter contre le capitalisme et tout ça. Je kiffe la Corrèze. J'adore le réseau militant qui est là, j'adore le paysage, le fait que c'est vert, il pleut beaucoup, et du coup il n'y a pas cette sensation de sécheresse et d'aridité que je pouvais avoir dans le sud de la France, d'où je viens. Et aussi dans un truc de changement climatique, ça m'allait bien de viser un territoire vert. Du coup il y a vraiment un truc de le territoire m'a plu, le réseau militant m'a plu. mais je n'étais pas du tout à la recherche de personnes queer parce que ce n'était pas ma question à ce moment-là. Je suis restée, après j'ai été en couple et j'ai eu un enfant. Donc ça, c'est clairement la raison principale pour laquelle je reste ici. C'est le fait que je suis en garde alternée avec un enfant de 6 ans et donc je suis attachée au territoire. avec des fois où je me dis je me sens attachée émotionnellement et des fois où je me sens bloquée en fait le côté je suis peut-être pas complètement hétéro ça faisait longtemps que ça me trottait en tête j'aime pas dire ça parce qu'après on dit non mais les lesbiennes elles deviennent lesbiennes parce qu'elles aiment pas les hommes mais il y a eu un truc de vraiment j'en ai marre de relationner avec des mecs cis hétéros j'en peux plus d'eux, et du coup ça fait longtemps que ça me trotte en tête d'avoir des relations avec d'autres personnes, mais je sais pas trop comment m'y prendre. Au printemps 2021, je découvre la non-binarité. À partir de là, oui, clairement j'ai une date de oh ouais, mais c'est quoi cette histoire ? Ah ouais, mais en fait je suis concernée, tout ça Et donc là, tout change, à partir de printemps 2021. J'avais que des amis hétéros, et j'avais une amie bi. Quand j'ai commencé à me poser des questions, c'est clairement à elle que je parlais. mais c'était plus au téléphone elle était pas là forcément dans mon quotidien donc à ce moment là c'est la seule personne d'avant quoi qui était déjà queer et qui est toujours une amie maintenant la vraiment rencontre marquante pour moi qui m'a fait passer le pas de je suis sur le questionnement de ouh qu'est-ce que c'est la non-binarité et ça fait peur quand même d'être trans quoi, enfin vraiment Quand j'y repense, je suis toujours effarée. Je me souviens vraiment de mon effroi de me dire Oh, la galère ! La galère, vraiment. La fierté, je l'ai à peu près maintenant parce que j'ai connecté avec des personnes trans. Mais vraiment, ma sensation en découvrant ça, ce n'était pas de la fierté. C'était Ma vie, là, ça va devenir infernale. Vraiment, mes sensations, c'est de l'effroi. Ce n'est pas de la joie. C'est de la joie au début de me dire Ouh, mais en fait, la binarité, je ne suis peut-être pas concernée. Et après, quand j'ai commencé à capter les implications… Ah merde, je ne me reconnais plus dans ce pronom. Non, non, non. Enfin là, je me suis dit la galère. Et l'été, je vais à un baltrade, parce que je vais souvent à des baltrades. Et là, je suis attirée par une personne. Enfin, je ne suis pas attirée sexuellement, je suis attirée visuellement. par une personne qui avait un style un peu différent des autres et qui, pendant le bal, quand on disait les filles, les garçons, les filles, les garçons, disait oui, on peut dire les guidants et les guidées sinon Et du coup, je vois que cette personne m'interpelle. Et je vais lui parler. Et en fait, très rapidement, on a un feeling qui se fait. Et en fait, cette personne est une personne non-binaire de Toulouse qui est maintenant un de mes meilleurs amis et qui, du coup, a été la première personne non-binaire que je rencontre physiquement. Et ce n'est plus juste des podcasts, des documentaires, des trucs loin de moi. ça devient concrètement je vois quelqu'un et concrètement je vois qu'il y a un truc différent dans cette personne et il m'a dit en fait je me posais des questions sur la non-binarité mais je sais pas trop, peut-être que je suis pas légitime et qu'il m'a dit, ben en fait si tu te poses ces questions c'est que t'es peut-être concernée et du coup ça a fait un ah ouais vraiment, enfin voilà Donc clairement, je pense que j'aurais mis des mois de plus si je n'avais pas rencontré cette personne qui me faisait un miroir, en fait. Et si je n'avais été qu'avec des cis-hétéros. Mais du coup, c'est une personne de Toulouse, en fait. Ce n'est pas quelqu'un gérant sur mon territoire. Et donc, à partir de là, j'ai commencé à aller à Toulouse le voir. Et là, je me rends compte qu'il y a des queers partout. c'est à dire que je vois des personnes je suis en banlieue de Toulouse et je vois une personne à barbe et à rouge à lèvres et je me souviens être scotché en fait me dire oh mais il y a ça et là j'en vois partout, j'en vois dans le métro, j'en vois dans la rue je vois des personnes qui ne sont pas dans la binarité cis hétéro et en fait je remarque l'espace que ça fait en moi et l'émotion que j'ai encore là en t'en parlant en fait, de me dire Oh, mais ça existe ça ! Et du coup, à partir de ce moment-là, de août 2021, je me dis Je crois que j'ai besoin d'aller à Toulouse souvent là. Et donc, toute l'année 2021-2022, je vais à Toulouse tous les mois.

  • Speaker #0

    Après, là, c'était plus la question de, en fait, là, il y a un collectif qui existe, donc c'est su qu'il y a un collectif. Et du coup, comment, en fait, est-ce qu'il y a des gens qui posent des questions, juste comme ça, c'est pour faire le parallèle avec l'association dont fait partie Mars, qui se confronte, en fait, à l'effet... gossip dans le village, c'est-à-dire que la plupart des gens qui ne viennent pas au festival parlent du festival dans le bar du village. Donc c'était plus ça, c'était plus pour savoir comment expliquer aux gens ce que fait Gabi, qu'est-ce que ça permet, etc. Merci.

  • Speaker #2

    à titre personnel j'en ai parlé à quelqu'un de mon quartier et il y a une grosse incompréhension et tout de suite une peur que j'arrive avec mon grand drapeau et que je mette le drapeau au dessus de la porte j'ai

  • Speaker #0

    eu l'impression que la personne se sentait menacée et vraiment une incompréhension totale c'est pisser dans un violon pourquoi vous faites ça, ça sert à rien après il y a quelqu'un qui est pas concerné par ces questions forcément pour elle ça ne sert à rien et ce n'était pas évident et sur le coup je n'avais pas l'énergie de la pédagogie qu'on n'a pas toujours mais en tout cas voilà pour répondre à la question de la peur de l'incompréhension moi

  • Speaker #1

    en tant que personne ordinaire et qui est encore dans une expérimentation de ma transidentité et qui s'est dit de J'ai des passages à vide et là je suis un peu dans un passage parfois un peu à vide parce que très souvent quand j'ai essayé moi dans mon coin, dans mon coin de rivalité où il n'y a rien, au niveau du maillage queer, j'ai vu des regards qui m'ont effrayé et où je me sentais vraiment en danger, mal à l'aise. Et j'ai... Quand on a parlé de Kevin, du coup, ça m'a fait vraiment beaucoup de bien de savoir que, quelque part, pas si loin de chez moi que ça, il y avait quelque chose où il pouvait un peu plus être moi, en dehors de mes cercles amicaux, mes cercles vraiment amicaux proches, où je pouvais, en dehors de ça, être moi. Et ça, vraiment, ça m'a touché. Je m'appelle Kevin, j'ai 37 ans, je suis professeur des écoles, je suis non-binaire. J'habite à Saint-Rémy-de-Provence, qui est une petite ville assez rupenne dans les Alpies, qui est une petite zone entre Arles et Avignon, on va dire. De manière diffuse, parce que c'est une manière supposée, c'est finalement plus par rapport à un côté supposément, enfin, tel qu'on me l'a posé, efféminé. que j'ai subi et que j'ai bien compris comme étant de la violence. Je ne sais pas si réellement liée à ma sexualité supposée ou à mon genre supposé, mais en tout cas qui était clairement des violences du fait que j'allais hors de la norme de celle qu'on attendait de moi à ce moment-là. Disons que déjà il y a le fait que c'était des violences que j'ai subies dans un contexte professionnel. Déjà, il y a ça. Et alors, il y en a une qui aurait pu se passer un peu n'importe où, et une autre qui, à mon avis, est bien plus liée à une façon de penser bien de la localité, de manière très conservatrice et traditionnaliste. Pour la première, c'est... Une violence que j'ai subie, je ne vais pas forcément donner les noms exacts des lieux, mais il y a une école où j'ai travaillé, où la directrice est ouvertement d'extrême droite. Et cette directrice, je l'ai remplacée pour une seule journée. Et ce qu'elle m'avait laissé déjà m'avait beaucoup choqué. Il y avait des choses qui n'allaient pas, c'est une catholique fervente, etc. Et les manuels qu'elle utilisait, notamment en histoire, n'allaient pas du tout. Ça évoquait la Sainte Jeanne d'Arc, la Sainte Jeanne d'Arc, en plus j'ai eu droit à la partie sur Jeanne d'Arc ce jour-là. Et du coup, j'ai été tel que je suis normalement, mais... Il s'est avéré que quelques temps plus tard, j'ai reçu un mail de ma hiérarchie, sans m'en dire plus, qui me convoquait. Et donc à la convocation, connaissant mes droits, je suis venu avec un de mes camarades de mon syndicat qui m'a accompagné. Et du coup, mon inspectrice m'a demandé, du coup, si vous venez avec un collègue syndicaliste, c'est que vous savez ce que j'ai à vous reprocher. Alors, je lui ai dit, déjà, je ne savais même pas que c'était pour des reproches que vous m'aviez convoqué. Et bref, parmi les choses, du coup, qu'elle a invoquées, en fait, la directrice en question avait laissé un long mail. plein de reproches sur moi, sur ma façon de faire. Et parmi les choses qui étaient dedans, un tiré qui disait mimique et posture féminine en tant que reproche. Donc déjà, il y avait ça. Et en plus, il y avait aussi au milieu de tout un ensemble de choses qui étaient vraiment des inventions totales. Mais voilà, je sentais bien que... Ma manière d'être, alors qu'elle ne l'avait pas vécue, elle ne m'a même pas vue, elle n'était pas là ce jour-là, du coup, vu que je la remplaçais. Elle a quand même trouvé le moyen de m'enfoncer. Et le pire dans tout ça, c'est que mon inspectrice, donc la personne au-dessus de moi, ne m'a pas du tout soutenue et m'a au contraire posé cette question. Elle m'a demandé, donc Mimi qui est post-surfumie, qu'est-ce que je lui ai répondu ? Mais je ne comprends même pas le reproche en fait. Et donc vraiment, le fait que ma hiérarchie appuie en plus cette violence, j'en suis sorti en pleurant, en me demandant est-ce que je vais démissionner. Finalement, il s'est avéré qu'après ça n'a pas donné suite, mais je sais que... J'ai changé de zone pour la zone juste à côté. Et il s'avère que c'est son mari qui était l'inspecteur de cette zone-là. Et il m'en a parlé dès le début de l'année, en me disant qu'il était au courant.

  • Speaker #2

    La première fois que je vais à une permanence du groupe Trans Toulousain, le collectif Trans Toulousain, qui est le dimanche matin, c'est à une demi-heure de où je suis, je mets une heure et demie à y aller parce que je m'arrête tout le temps, parce que je pleure, parce que je suis en panique totale. Je rentre dans le local et je fais j'ai droit de rentrer et là il y a une personne qui me dit on mord pas sauf les 6-7 et là je fonds en larmes en fait, parce que je ne sais pas ce que ça veut dire 6-7. et que du coup je suis là genre ah mais je suis pas assez queer pour vous j'en sais rien moi je suis enfin voilà et du coup ils sont tous en panique avec moi qui pleure au milieu d'eux je retourne à mon territoire à chaque fois genre regonflée par mes vacances à Toulouse genre je me sens renforcée par là et au début ça va on va dire c'est à dire que mon quotidien ne m'est pas insupportable mon quotidien est normal et les moments à Toulouse c'est la fête quoi mais je ne souffre pas sur le territoire trop au début. Ça change depuis 2022 quand ça commence à s'affirmer en moi. Et donc, je vois qu'il y a un moment qui est marquant. Et donc là, on va parler... On commence à parler violence. Donc, oui. En milieu rural, c'est un bal. J'ai pas mal d'anecdotes liées à la réassignation de genre qui est liée au bal. Mais c'est pas forcément de la méga-violence. Mais c'est toujours ce truc de... genre dans un cercle circassien, être là genre, ah bah non mais là c'est les filles et là c'est les garçons et je suis en mode, je guide en fait. Enfin voilà, et ce truc de, je vois qu'il y a un fort enjeu sur les balles où ça fait du coup un moment que j'ai décidé que j'étais toujours dans la posture de guidée, sauf quand je choisis d'être guidée. Et du coup ça dérange forcément, mais voilà. Et donc c'est un bal, et là je parle à une amie qui me connaît depuis longtemps et qui est assez bourrine. elle, elle sait que je suis en questionnement et tout ça. Je me sentais plutôt safe avec elle, mais j'avais oublié qu'elle était brune. Et du coup, ouvertement, elle me pose la question d'où j'en suis, en fait. Sur la non-binarité ou sur mon pronom ou mes pronoms. Je sais plus ce qu'elle me dit, mais je sens, moi, que je suis un peu... Je me glace, tu vois, parce qu'en fait, on est dans un environnement hétéro. elle en parle avec des gens c'est comme un peu une conversation de comptoir il y a 2-3 autres personnes à côté et moi je suis là donc je ne sais plus trop ce que je réponds mais je me souviens de mon effroi et qu'après il y a son mec je sais pas s'ils sortent ensemble encore mais en tout cas un mec avec qui j'étais sortie l'année d'avant et je m'étais dit pfff l'aime ça faisait partie de voilà et qui commence à me dire Ah mais c'est flou, mais il y a quelque chose de l'ordre de... Mais on va pas quand même t'appeler, t'appeler ce genre est masculin maintenant, et truc de pourquoi t'imites les hommes. Enfin, il y a un truc comme ça, je sais plus ce que je réponds et ils rigolent. Et là, moi, je me souviens plus trop grand-chose du reste du bal. Je me souviens de rentrer chez moi, enfin pas chez moi, je dormais chez des potes en plus, et d'être super mal. Et je savais pas pourquoi, en fait. C'est-à-dire que je me sentais pas bien. et j'arrivais pas à identifier ce que c'était donc le lendemain là j'avais trois personnes queer dans mon entourage à ce moment là et je leur envoie un texto aux trois en mode je sais pas trop ce qu'il se passe mais je me sens pas bien il s'est passé un truc hier et là les trois me font de la réassurance de ouf et me disent là c'était transphobe en fait ce qu'il s'est passé mais sinon avant je pouvais pas le nommer en tant que transphobe parce qu'il a pas dit les personnes trans sont méchantes ou sont nulles mais il s'est moqué de moi Et à partir de là, ça a commencé à dégénérer ma vie, notamment avec ma mère, parce qu'en fait, je lui ai raconté et elle m'a vraiment sorti un discours de reste dans le placard. De mais pourquoi tu as besoin d'en parler ? C'est sûr que tu t'exposes à la violence si tu en parles. Pourquoi tu ne peux pas être non-binaire, mais à l'intérieur de toi, sans que ça se sache ? Et pas du tout de soutien, en fait. De ah waouh, ce que tu as vécu, ça avait l'air chaud. Et donc, là commence une période qui va faire que s'empirer avec ma mère. Parce que ma mère, elle le savait dès le début. Dès que j'ai écouté le podcast, dès l'été d'avant, où j'ai commencé à modifier mon prénom, parce que je l'ai modifié trois fois, je lui disais mais c'est trop cool, je crois que vraiment, la binarité, ça ne me concerne pas Non, en fait, elle trouvait ça sympathique. C'est ça qu'elle disait toujours. Ah oui, la non-binarité, c'est sympathique. Mais par contre, d'aller jusqu'à changer mes pronoms, demander à ce que ce soit Yel, à l'époque c'était Yel, maintenant c'est Yl. C'est Yl tout le temps. quasi tout le temps, et des fois c'est Yael. Et bien en fait, là quand même, à partir du moment où ça a commencé à lui demander des efforts, elle n'était plus aussi chaud, et surtout elle considérait comme beaucoup que c'était une phase, que c'était une passade, que c'était un truc que j'étais toujours un peu trop radical, et que souvent je faisais des expériences, et que du coup c'était une expérience parmi d'autres, et qu'elle attendait que l'expérience soit terminée. et donc on est allé jusqu'à la rupture complète. Donc là c'était chaud, parce que j'ai vraiment perdu mon appui un peu familial, et donc ça n'a pas été du rejet, en mode je suis virée de la maison, mais c'était hyper insidieux et hyper violent. de la part de pas mal de monde de ma famille. Et donc, on ne peut pas dire que là, c'était quelque chose de l'ordre de la ruralité, mais il se trouve que là, c'est devenu insupportable pour moi d'être ici, quoi. De ne pas être... Qu'il n'y avait qu'à Toulouse que je me sentais bien et qu'en Corée, j'étais là... Oh, personne ne comprend ce que je suis en train de vivre, en fait. Enfin, voilà. La phase hyper dure du début de transition.

  • Speaker #1

    Et donc l'autre anecdote, c'est que j'étais dans une école en gros toute l'année. Et il s'avère que c'était l'année dernière, c'est l'année où j'ai commencé à réellement un peu plus oser, essayer d'oser être un peu plus moi. Donc en fait, en dehors, j'étais beaucoup plus, comment dire, habillé. Je mettais mes robes, mes petits pulls en laine de plein de couleurs différentes, ce genre de choses-là, et donc, et dont aussi, donc, mon make-up et mon vernis. Mais du coup, quand j'allais à l'école, je n'allais pas avec le make-up. Mais par contre, c'est vrai que le vernis, je ne l'enlevais pas forcément. Et à un moment donné dans l'année, pareil, l'inspecteur m'appelle. Donc, cet inspecteur-là m'appelle et me dit. Il me demande directement Est-ce que vous portez du vernis ? Je lui dis Oui, bien sûr ! Et il m'a dit Oui, parce que j'ai reçu un mail de parents reprochant le fait que vous donnez une mauvaise image aux enfants en vous montrant avec du vernis. Donc bon, pour le coup, il m'a en partie soutenu. C'est-à-dire qu'il m'a dit, si jamais du coup les parents font des écrits sur les réseaux sociaux ou quoi, moi je leur ai demandé du coup de me faire un écrit. Et comme ça, vous pouvez porter plainte si jamais... Bon, il n'a pas dit que lui, il porterait plainte. Normalement, c'est la hiérarchie qui est censée porter plainte. Mais bon, la partie, on va dire, plus difficile et en même temps qui m'a facilité la vie pour moi, ça a été de dire... il m'a changé de remplacement. Il m'a changé d'endroit. Alors, moi, je n'étais pas con parce que franchement, du coup, ça me mettait très mal à l'aise. Mais c'est vrai qu'en soi, il ne m'a pas très bien défendu non plus. Mais bon, il m'a laissé comprendre qu'il me défendrait si jamais il y avait besoin.

  • Speaker #0

    Alors qu'il commençait sa transition, Théo a co-organisé un festival féministe.

  • Speaker #2

    C'est sûr que ce festival qui a été à la base pensé par une orga qui était Cicetera, et que moi j'ai transitionné pendant l'orga du festival en fait, ça fait que l'orga ne me correspondait plus, le public ne me correspondait plus complètement. Mais la redescente que je me suis coltinée le lundi était vraiment horrible. Dans le sens où il y a des orgas qui m'ont genré en Yale et en Hill tout le week-end et qui ont recommencé à me genrer en L le dimanche soir. et le lundi absolument et j'étais là ah ouais ça y est la fête est finie j'ai fait un un breakdown total après le festival pas que à cause de la fatigue vraiment ce truc de là c'était trop bien et en fait mon quotidien c'est pas ça mon quotidien c'est être seule dans ça dans un environnement qui est complètement cis-hétéro, où à nouveau, on va me mégenrer non-stop et tout ça. Et donc, c'est là, donc là, on arrive en août, vraiment, j'étais hyper mal, et que j'appelle le père de mon fils, enfin, je suis partie en Dordogne, et j'appelle et je suis là, en fait, là, je souffre trop, il faut que je sois à Toulouse, en fait. Je ne peux pas vivre ici. en ce moment il faut qu'on s'organise différemment mais je ne peux pas, c'est trop dur et je je commence et je décide de commencer la testostérone donc il y a vraiment ce truc de là il faut qu'un truc change parce que je peux pas continuer comme ça et donc pendant 2022-2023 j'ai passé plus de temps à Toulouse encore c'est à dire que j'ai fait des périodes de plusieurs fois 3 semaines et donc j'avais mon fils une semaine sur quatre au lieu d'une semaine sur deux. Et même après, quand je suis repassée à une semaine sur deux, il y avait quand même une semaine entière que je passais à Toulouse par mois. Et j'étais en mode, je ne peux pas commencer à prendre de la thé en étant en Corrèze, en fait, en étant seule à le faire, c'est trop dur. Et du coup, il y a un truc de... C'est pas complètement tout le temps ok pour moi d'être ici, mais je sais que j'ai eu besoin d'être à Toulouse pour me sentir normale, en fait. Quand je suis en Corrèze, j'ai toujours l'impression d'être une anomalie. C'est-à-dire que je vais à la boulangerie, je me demande comment je vais être genrée, est-ce que je vais dire non, c'est pas madame À l'école, je me sens toujours trop mal à côté des parents, des élèves qui sont très très très cis, etc. dans les endroits partout où je vais je me demande si c'est mon dead name qui va être utilisé je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie je sens que les gens tolèrent ma présence mais qu'elle n'est pas normale alors que dès que j'arrive à Toulouse comme je vois des queers partout autour de moi je sais que les gens je leur dis je m'appelle comme ça et ils font ok mes pronoms c'est ça ? D'accord. Enfin voilà, il n'y a pas de ah bon, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Mais non, non, non, mais t'es sûre ? Enfin voilà, ce n'est pas une question en fait. Et du coup, je vois que le fait d'être perçue, de me sentir être une anomalie quand je le fais pendant longtemps, donc là deux mois c'était vraiment trop long, ça fait que ça rentre à l'intérieur de moi et que je commence à trouver que je suis une anomalie. Et ça c'est trop dur en fait. Je me suis dit ok, en fait il faut vraiment que j'organise de voir des queers hyper régulièrement qui font que j'ai des piqûres de rappel régulière, régulière, régulière, que je ne suis pas d'une anomalie. Parce que je ne peux pas vivre dans mon quotidien, il faut que j'ai des rendez-vous prévus, en fait. Voilà. Donc, du coup, je suis un peu plus dans ce mood-là de tenir sur le territoire en programmant le plus possible de voir mes potes, quoi. Enfin, voilà, que j'ai maintenant. Et en fait, moi, je vis de la transphobie par évitement. C'est-à-dire que je m'empêche d'aller dans tel et tel lieu. et parce que je sais que je vais pas être à l'aise parce que je vais être le seul parce que, enfin, il y a un mois j'aurais pas eu envie de raconter un truc sur les violences là j'en ai eu deux vraiment vénères vraiment récemment et du coup là je peux les nommer en fait mais sinon ils sont pas nommables, ils sont diffus, mais ils se traduisent dans mon corps par le fait que j'évite d'aller dans des lieux, par le fait que je m'inscris à un cours de danse et qu'avant ça, je parle une demi-heure avec la prof pour dire, en fait, il n'y a pas question que je me fasse mégenrer. Enfin, je vais me faire mégenrer, il va falloir que tu reprennes, il va falloir que tu corriges. Soit t'es vraiment alliée avec moi, soit je ne pourrai pas venir à ce cours, en fait. Enfin, voilà. Et du coup, qu'il faille que je me coltine une demi-heure de pédagogie. envers la prof de danse pour espérer peut-être pas trop vivre de violence. C'est tout le temps, en fait.

  • Speaker #0

    Ici, j'ai vécu de la placardisation forcée. C'est un sujet que j'évoque beaucoup dans les rencontres que je fais avec le podcast. Mais être journaliste localière est de fait, que l'on soit LGBT ou hétéro, un métier difficile car très lié aux interactions sociales locales. Quand je suis arrivée à créer, je crois que j'ai évité les questions sur ma vie perso parce que j'avais trop peur que ça rejaillisse ailleurs. Je me suis protégée, surprotégée peut-être. Dans le génie lesbien, Alice Coffin explique très bien cela. Elle dit Dans mon ancien travail, j'avais déjà affiché mes engagements féministes et je ne voulais pas être la journaliste lesbienne. D'autant que j'entendais bien qu'on pouvait dire au détour des conversations il est homo mais il est sympa Ne pas laisser les autres savoir, être dans le silence, m'a fait vivre de grandes violences intérieures. Des moments où je me suis mordu l'intérieur des joues très fort, quand des proches ou autres personnes dans mon entourage professionnel qui ne savait pas mon lesbianisme, était vraiment très homophobe ou LGBTphobe en face de moi. Ter son homosexualité dans un contexte homophobe, ce n'est pas toujours laisser dire. C'est aussi se sortir d'une situation potentiellement dangereuse pour nous-mêmes. Certaines fois, c'est plus facile de dire les choses, de s'en foutre des conséquences. D'autres fois, ne pas dire, c'est aussi un mécanisme de survie.

  • Speaker #1

    Plus en plus d'agressions physiques transphobes et homophobes sont recensées en France. C'est ce que révèle le nouveau rapport de SOS Homophobie. L'association fait état de 184 cas en 2022, soit une augmentation de 28% par rapport à 2021. Et ces agressions font partie des 1195 cas de LGBTphobie recensés par l'association en 2022. Un chiffre qui est lui stable par rapport à 2021. Et ces LGBTphobies, ça peut être des insultes, du harcèlement, de la discrimination ou encore de la diffamation. C'est sur Internet que les LGBTphobies s'expriment le plus. 17% des cas ont lieu en ligne. On les retrouve aussi dans le cadre familial et dans les lieux publics. C'est d'ailleurs dans l'espace public qu'ont lieu une grande partie des agressions physiques. SOS Homophobie alerte également sur une tendance inquiétante, l'augmentation des situations de transphobie. Elles, elles ont progressé de plus de 27% par rapport à 2021. et de plus de 35% par rapport à 2020. SOS Homophobie précise que ces chiffres ne représentent qu'une partie de la réalité, d'autant plus que beaucoup de victimes ne témoignent pas.

  • Speaker #2

    En fait, je suis allée voir un médecin, qui est un médecin généraliste à Limoges, mais qui est spécialisé dans l'autisme, et en fait que j'avais vu il y a quatre ans. et qui a été le premier qui a dit oui oui oui c'est bien en effet vous avez un TSA en effet c'est ça qui se passe et donc moi j'avais déjà fait une demande de diagnostic auprès du CRA il y a longtemps avant mais bref en tout cas lui ça a fait quelque chose il a confirmé quelque chose et ça m'a fait beaucoup de bien de me dire ok je ne rêve pas je ne suis pas fou c'est ça qui se passe pour moi Et en fait, depuis que j'ai la location adulte handicapé, l'année dernière, j'ai fait ma demande de renouvellement et elle a été... je l'ai fait un peu en mode automatique elle a été pas acceptée du coup je suis retournée au CRA le centre de ressources en autisme voir le médecin diagnostiqueur en chef pour lui dire de me faire une lettre pour insister comme quoi vraiment vraiment j'avais besoin de l'allocation adulte handicapé et à la fin de cet entretien je lui dis au fait je transitionne et là il me dit ah bah vous devez pas beaucoup m'aimer et je fais bah pourquoi et là il m'explique qu'il a écrit une tribune dans le point pour lutter contre les transitions des mineurs autistes, en disant qu'en gros, le mal-être vient de l'autisme, il ne vient pas de l'identité, et du coup, il faut vraiment ne pas prescrire des hormones, des bloqueurs hormonaux et tout ça aux jeunes. Et du coup, moi, je suis là, je repars de là en disant, lui, plus jamais je vais le voir. Donc, j'ai d'un côté un médecin activement transphobe, et je me dis, je vais aller voir celui d'avant, celui que j'avais vu la fois d'avant, il y a 4 ans, il était super sympa. Donc du coup, je vais le voir en étant hyper détendue, ce type était un type chouette, mais toute la salle d'attente, je me demande, est-ce que je fais mon coming out ou pas ? Est-ce que je lui dis, est-ce que je lui demande juste mon attestation, et c'est tout, est-ce que je lui raconte ? Donc je me dis que je ne vais pas lui dire. Et en fait, pendant l'entretien, il faisait beaucoup de généralités sur les garçons autistes et les filles autistes. Parce que je lui parlais de mon fils qui était diagnostiqué et que lui, il avait l'air de s'aller. Et du coup, je lui dis, oui, mais en fait, là, ça commence à être un peu compliqué pour moi qu'il me renvoie toujours à femme. Et donc, je lui dis, mais en fait, je ne suis pas une femme, je suis un mec trans et tout ça. Et là, ça devient, mais vénère l'entretien. Parce que, en gros, il me... il me dit... Enfin, il défonce mon passing. C'est-à-dire qu'il dit, mais comment... Enfin, là, le message que vous envoyez, il n'est pas du tout clair. Et là, il dit, mais vos cheveux, vous avez une permanente et vous avez une boucle d'oreille et vous avez une écharpe comme ça et vous avez une chemise comme ça. Et en fait, les hommes ne s'habillent pas de cette manière-là. Vous, c'est trop soigné, la manière dont vous vous êtes habillés. Comment vous voulez que les gens comprennent ? Enfin, voilà. Et en fait... j'étais là avec quelqu'un en face de moi qui était en train de m'expliquer que j'avais un passing pourri alors que je souffre déjà de ça parce que là ça fait un an que je prends de la testostérone j'ai toujours quasiment aucune pilosité faciale ma voix elle a pas vraiment mué enfin il y a un truc où pendant 6 mois j'avais un dosage qui était trop faible et en fait du coup mon corps il produisait d'autres oestrogènes, progestérone pour compenser la testo que je prenais en plus et du coup mes taux de testo ils montaient pas et donc de fait même si je prends de la testostérone depuis un an on dirait que c'est vachement plus récent parce qu'elle a pas été assez dosée quoi pour moi donc déjà je suis en souffrance de ça, ça fait un an que je prends de la thé et c'est pas non plus une passion quoi de me faire des piqûres tout le temps et ça n'a aucun effet sur la perception que les gens ont de moi et là en fait il m'explique comment vraiment je fais aucun effort quoi et trois fois de suite sur une demi-heure d'entretien il est revenu trois fois sur le sujet jusqu'à ce que je m'énerve et que et bon bref et et bon bien sûr à dire que j'étais trop militant à dire que du coup il fallait pas que je lui enveuille parce qu'il allait me dégenrer parce que du coup j'avais pas un bon passing donc en fait c'était comme ça et du coup je suis sortie de cet entretien mais en mode c'était horrible et du coup c'est pas forcément un truc de ruralité encore une fois parce que j'étais à Limoges mais c'est un truc de méconnaissance en fait c'est à dire que lui c'est la première fois que peut-être qu'il voyait une personne trans dans son cabinet et du coup il a sorti tous ses clichés alors que quand on a un peu plus l'habitude d'en avoir vu même si on n'est pas spécialiste en fait il n'y a pas tous les clichés qui sortent d'un coup donc j'ai été obligée de le revoir parce que j'avais un deuxième rendez-vous avec lui et j'ai beaucoup beaucoup parlé de ce truc à plein plein de gens et du coup je ne sais plus dans quelle posture j'étais mais en tout cas les deux on a clairement fait un effort en fait du coup lui il a vécu un très mauvais moment avec moi et Mais il a réussi à être touché dans son... J'aimerais que ça se passe mieux la prochaine fois. Je pense qu'il a été touché dans son égo de médecin qui n'aime pas se faire renvoyer barré. Il n'avait pas envie que je le renvoie dans les roses une deuxième fois parce que j'ai été vénère quand même. et du coup la fois où on s'est vu il y a deux semaines c'était beaucoup plus mesuré il a vraiment fait des efforts il m'a genré au masculin tout le temps il m'a parlé de mon agressivité et moi j'étais là je me contenais et il me contenait et il se contenait et du coup c'était ok parce qu'il a eu trois semaines pour travailler le truc et je pense qu'il a dû être perturbé aussi par le fait que je ne me laisse pas faire nous vivons tellement de formes de haine extérieure

  • Speaker #0

    Elle ponctue nos vies. C'est aussi pour ça que j'écris cet épisode. Pour que les gens qui m'aiment et qui ne savent pas sachent, pour que les personnes qui me ressemblent se retrouvent. La haine n'est pas toujours visible. Pas besoin de se prendre des coups pour la vivre. La haine des autres réveille parfois nos haines intérieures. Al Belaque dit dans Colza Toute la haine que je me suis portée, sans l'aide des autres, toute la honte dont je me drape encore, les reproches que je m'adresse. Tous les blocages desquels je participe, toutes les portes que je me ferme, les insultes dont je me berce.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est vraiment ça aussi ce truc de ruralité, c'est que je dois tout le temps expliquer. C'est-à-dire qu'il n'y a pas vraiment d'autres personnes à qui on peut en parler, les gens, quand ils sont perturbés. Du coup, en fait, je ne réponds pas. Mais soit je m'énerve, soit je ne réponds pas, soit je fuis. Du coup, qu'est-ce que je suis agressif ? C'est-à-dire que... Ah oui, lui, il a insisté quatre fois de suite jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire une opération génitale, en fait. Et j'étais là, ça n'a pas de rapport. Est-ce que vous êtes intersexués ? Enfin, je ne sais pas, est-ce que vous êtes intersexes ? Et j'étais là, quoi ? Mais ça n'a rien à voir. Enfin, genre, vraiment, il est à l'ouest, quoi. Et je fais, je veux paraître comme un homme dans l'espace social. Et il a posé quatre fois de suite la question jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire des opérations génitales. Et ça, je suis là, mais ça n'a... En fait, je viens pour un rendez-vous sur l'autisme. Je n'ai pas envie de parler de ma chatte, quoi. voilà mais ça ça m'est arrivé aussi il y a quelques mois à l'anniversaire d'une copine il y a sa soeur qui m'a trop mis le grappin dessus parce que elle dit de mon fils ah mais t'es sa tante parce qu'il m'appelle pas maman mon fils et je fais ah non non je suis son parent mais je n'utilise pas maman parce que je suis un mec trans. Et là, en fait, elle ne m'a plus lâchée. Elle m'a direct demandé si je voulais une opération chirurgicale. Et j'étais là, je ne vais pas répondre à cette question, en fait. Et après, elle m'a parlé du fait qu'elle avait vu un show de Drag Queen et que c'était super. Et elle ne me lâchait pas. C'est-à-dire que plusieurs fois de suite, je suis repartie à un autre endroit de l'anniversaire et qu'elle me retrouvait pour me dire à quel point c'était super cool et qu'elle était trop contente de rencontrer des gens différents. Et j'étais là, mais... Leave me alone en fait. Et genre elle, elle se sentait trop trop ouvert d'esprit tu vois de discuter avec moi.

  • Speaker #3

    Je me sens beaucoup mieux acceptée quand je fais des gabi, quand on fait des soirées gabi et que je peux expérimenter un peu plus de nos gens. J'ai besoin, j'ai... Je ne sais pas si je dis, par exemple, en ce moment, j'ai besoin qu'on m'appelle elle, j'ai besoin qu'on m'appelle au féminin. Je sais que ça va être accepté et que ça va être essayé. Et je vais pouvoir me projeter là-dedans et sentir, est-ce que je me sens bien là-dedans ou pas ? Et tout ça, si je ne peux pas l'expérimenter, du coup, je me renferme sur moi-même. Je me subis, je me sens extrêmement mal dans ma peau. Je ne porte plus de vernis à l'école. Je n'ose plus. Je vais bientôt... Je vais sûrement réussir à le refaire. Et même, ce que je fais de temps en temps, et c'est ça qui est bien, c'est que malgré tout, de temps en temps, je le fais l'air de rien. Je vais mettre un peu de mascara, par exemple. Ça ne se voit quasiment pas, du coup. Mais il y a quelques personnes qui le remarquent. Souvent, ça va être plutôt des collègues. Et du coup... et des enfants, des fois. Et les enfants, ils adorent ça. Je veux dire, combien d'enfants m'ont dit Ah, mais toi, t'es un garçon ou t'es une fille ? T'es un garçon-fille ? Combien de fois ? Et ça, les enfants, voilà, non seulement, à la rigueur, soit ils s'en fichent, soit au contraire, ça les réjouit. Et je pense que ça les réjouit de juste voir des choses différentes de ce qu'ils n'ont pas l'habitude. Et justement, en fait, ça montre qu'à la base, on n'est pas comme ça. C'est la société qui nous met dans cet état. En tout cas, je vais sûrement réussir à petit à petit à nouveau, à m'ouvrir à nouveau sur mon genre et expérimenter un peu plus. Mais du coup, ça m'a renfermé aussi dans ma vie personnelle là-dessus. Ça m'a obligé à m'interroger beaucoup plus, à faire beaucoup plus attention.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ton espèce générale,

  • Speaker #2

    tu arrives quand même à être toi-même assez safe ?

  • Speaker #3

    Non, clairement non, mais je ne suis pas dans le pire. L'endroit où j'habite n'est pas le pire endroit. C'est-à-dire que, disons que là-bas, les milieux gays sont acceptés. Donc, selon ce que je porte, du moment qu'en fait ça fasse encore un peu masculin, ça passe. Mais dès que je transgresse la norme de genre, je sens les regards se poser sur moi qui sont très différents. Et je sens... Globalement, il y a de l'interrogation, mais il y a peu d'agressivité à part de certains hommes qui vont me regarder mal. Et bon, du coup, je ne fais plus ça seul. Je vais le faire quand j'ai des amis qui viennent chez moi. et du coup que je sais qu'on peut sortir ou tout simplement quand on sort en ville ou qu'on sort chez l'une, chez l'autre là oui je vais oser mais seul, je ne vais plus oser le faire seul quasiment de temps en temps je vais oser mettre un peu de make-up mais ça s'arrête là quoi mes vêtements, ma garde-robe s'est agrandie mais mes possibilités de la mettre pour l'instant se sont réduites donc bon Mais ça va venir, j'espère. Oui, disons que mes amis sont des amis queers, donc forcément ça aide. Je sais qu'il n'y a aucun questionnement même sur ce que je vais faire ou pas faire. La plupart d'ailleurs de mes amis les plus proches me genrent parfois au féminin, au masculin, au neutre autant que possible. Et c'est super. Heureusement que j'ai ça. On m'a proposé, on m'a dit de peut-être voir porter plainte ou en tout cas de déposer des mains courantes ou des choses comme ça. Et en fait, dans les deux cas, il y a un lien avec l'extrême droite locale qui fait que je ne veux pas m'afficher et risquer mon intégrité dans mon territoire. et d'être pourchassé par les fachos locaux. Alors que déjà, j'ai été affiché, heureusement, mon identité numérique uniquement, sur des réseaux d'extrême droite. Je sais que j'ai été affiché sur Affiche ton antifa, des choses comme ça. Donc, je fais gaffe. Parce qu'en plus, les personnes en question ont beaucoup d'influence. Et je sais qu'elles ont de l'influence nationalement. Enfin voilà, je risque gros. Malheureusement, je ne fais pas de vagues sur ça et je ronge mon frein.

  • Speaker #0

    Avant de conclure cet épisode, je voulais rajouter que je ne parle pas ici des violences dans les couples LGBT+, mais comme pour beaucoup de sujets, vivre en ruralité peut être un facteur aggravant de ces violences. J'ai beaucoup travaillé sur les violences dans le couple hétéro en ruralité. En France, 50% des féminicides sont commis en ruralité, alors qu'un tiers des femmes seulement y vivent selon un rapport du Sénat. L'isolement, le manque d'anonymat, la mobilité, la précarité économique sont des facteurs qui peuvent aggraver ces violences et en isoler les victimes. Si vous êtes victime de violences conjugales ou intrafamiliales, des personnes peuvent vous écouter au 3919 ou sur le chat commentonsaime.fr. Si vous êtes témoin ou victime, vous pouvez aussi appeler la police ou la gendarmerie. Si vous êtes victime de violences LGBTphobes, SOS Homophobie a une ligne d'écoute anonyme 01 48 06 42 41. L'association ECTAS propose aussi des discussions et des consultations de psychologues à prix libre. Merci à Théo, Kévin et au collectif Gabi, l'antilope queer du Lubereau. Vous venez d'écouter Chant Queer, un podcast d'Élodie Potente. Pour me soutenir, n'hésitez pas à partager cet épisode et à mettre 5 étoiles sur Apple Podcast. Vous pouvez aussi me soutenir sur ma page Tipeee en faisant un don ponctuel ou régulier. J'ai aussi une newsletter que vous pouvez retrouver sur mes réseaux sociaux que je mettrai en barre de description.

Description

TW : mention de violences lgbtphobes


Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Je m'efforce depuis le début de ce podcast d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires, puis je suis tombée sur cet article qui raconte l'histoire de deux mecs en couple qui décident de vendre leurs commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes. Et là je réalise que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas éviter d'écrire un épisode sur les lgbtphobies. Je peux pas m'empêcher de me questionner sur ce que c'est les lgbtphobies, est-ce que c'est les petites remarques du quotidien, est-ce que c'est subtil, est-ce quand on sent que la personne n'est pas ouverte, est-ce que c'est des agressions physiques, verbales, est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants, et qu'ils ne veulent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? 


Je voudrais comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation, comment on dénoue tout ça, comment on n'est pas tout le temps en colère. J'ai vécu des lgbtphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je suis née ne m'accepte pas, je ne pourrais pas accepter que l'endroit où je vis, où je travaille ne m'accepte pas. 

Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander, pourquoi je reste là ? Est-ce que j'ai besoin de rester là ? 


Vous écoutez Champs queers, épisode 3, Discriminations & lgbtphobies. Une série documentaire d'Elodie Potente.


SOS Homophobie, ligne d'écoute : 01 48 06 42 41 / 3919 pour les victimes de violences conjugales ou https://commentonsaime.fr/ / Eqtas.e : https://www.instagram.com/eqtas.e/

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Merci à Théo et Kevin, et à Gabi l'antilope queer du Luberon 💜

Musique : 

La grande table - Delnica  


Références :

  • Alice Coffin, le Génie Lesbien

  • Al Baylac, Colza


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet épisode contient des récits de violences LGBTphobes. Pour l'écouter, assurez-vous d'être dans de bonnes dispositions.

  • Speaker #1

    Qui est-ce qui casse la gueule aux homosexuels ?

  • Speaker #2

    C'est les loubards,

  • Speaker #1

    ce qu'on appelle des loubards. C'est des types qui ont entre 16 et 20 ans. Ces cinq dernières années, les violences homophobes ont doublé, selon le ministère de l'Intérieur, et la transphobie est aujourd'hui, au moment où nous parlons, au cœur des guerres culturelles menées par les conservateurs en Europe et dans le monde entier.

  • Speaker #2

    Partout où je vais, je me demande si c'est mon deadname qui va être utilisé, est-ce que je vais être mégenré ? Je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie, je sens que les gens tolèrent ma présence, mais qu'elle n'est pas normale.

  • Speaker #0

    Ce que ça veut dire concrètement, c'est que ces violences-là sont partout autour de nous.

  • Speaker #1

    Ces violences, elles sont permises et elles sont amplifiées en ce moment par un certain contexte politique de libération aussi, entre guillemets, de la parole réactionnaire. Casser du pédé, ça fait viril pour eux, ils se défoulent.

  • Speaker #0

    Cet épisode vient chercher de nombreux moments, certains que l'on préfère enfouir. Depuis le début de ce podcast, je m'efforce d'écrire sur la joie de vivre ici, sur les ruralités qui peuvent être révolutionnaires. Puis je suis tombée sur cet article, qui raconte l'histoire de deux hommes en couple qui décident de vendre leur commerce dans un petit village de Bretagne car il y a beaucoup trop d'homophobes et qu'ils vivent de l'homophobie. Et à ce moment-là, j'ai réalisé que même si j'essaie d'écrire une autre histoire et de donner de la joie, des perspectives, je ne peux pas. évitez d'écrire un épisode sur les LGBTphobies ça me questionne, c'est quoi les LGBTphobies ? est-ce que ce sont les petites remarques du quotidien ? est-ce que c'est subtil ? est-ce que c'est quand on sent que la personne n'est pas ouverte ? est-ce que ce sont des agressions physiques, verbales ? est-ce que c'est tout ça à la fois ? Est-ce que c'est le fait que les gens soient ignorants et qu'ils ne veuillent pas s'éduquer ? Est-ce que c'est se placardiser parfois ? Dans Champs Queers, je veux comprendre ce que nous font nos territoires. Comment on vit dans des endroits sans représentation ? Comment on dénoue tout ça ? Comment on n'est pas tout le temps en colère ? Personnellement, j'ai vécu des LGBTphobies dans des grandes villes, dans des petites villes, partout. Je sais que nos vies sont ponctuées de ces violences. Mais je sais que les vivre ici peut nous faire nous demander pourquoi je reste là. Est-ce que j'ai besoin de rester là ? Je sais que cet épisode sera peut-être difficile à écouter. Mais je me dis que je ne peux pas juste raconter le bon côté de l'histoire. J'ai pas juste envie de raconter ce que c'est d'être queer en milieu rural, j'ai envie de raconter comment on transforme les campagnes et comment nos vies s'inscrivent dans nos territoires. Je veux aussi raconter comment on fait de nos fractures des forces. Mais je ne peux pas raconter cette histoire sans parler des violences, celles du quotidien, celles de nos voisins, celles de ceux et celles qui composent nos espaces de vie. Je sais qu'on est des dizaines, des centaines à être retournés en ruralité, malgré des adolescents un petit peu pourris. Je sais qu'il y a des centaines de personnes qui n'en sont pas parties. Je sais qu'on est des centaines à ne pas se sentir super à notre place en ville, mais qu'on en a quand même besoin comme des espaces de respiration. Alors voilà, cet épisode est pour vous, pour vous réparer, pour me réparer, un peu comme tout ce podcast. Vous écoutez Chant Queer, épisode 3, discrimination et LGBTphobie. d'abord ils éteignent notre lumière puis ils pavent nos chemins de la pourriture alors que nous cherchions à vivre ça tourne dans la tête sale gouine sale pédé sale transe sale monstre et autres et le reflet dans le miroir Savoir qu'il faudra tout reconstruire brique par brique, alors que les autres n'auront pas à le faire, et encaisser, et essayer d'être joyeux, et s'apprivoiser soi-même, et expliquer aux autres qu'ils n'ont pas eu à reconstruire. J'ai basé cet épisode sur deux témoignages, celui de Théo et celui de Kevin. Je les remercie de s'être confiés à mon micro. J'ai aussi agrégé des discussions grappillées ça et là, notamment lors d'une rencontre à l'ORIS dans le Vaucluse avec le collectif Gabi, l'antilope queer du Luberon.

  • Speaker #2

    Théo, j'habite en Corrèze depuis presque dix ans. C'est... Un département qui est souvent qualifié de dans la diagonale du vide, même si moi je n'ai pas l'impression qu'il est vide, mais en tout cas ça peut faire cette impression depuis les grandes villes. Ma volonté c'était vraiment d'être dans un territoire rural, pour des raisons écologiques, d'être dans un endroit où il y aurait des associations dynamiques, dans une optique changer le système, lutter contre le changement climatique, lutter contre le capitalisme et tout ça. Je kiffe la Corrèze. J'adore le réseau militant qui est là, j'adore le paysage, le fait que c'est vert, il pleut beaucoup, et du coup il n'y a pas cette sensation de sécheresse et d'aridité que je pouvais avoir dans le sud de la France, d'où je viens. Et aussi dans un truc de changement climatique, ça m'allait bien de viser un territoire vert. Du coup il y a vraiment un truc de le territoire m'a plu, le réseau militant m'a plu. mais je n'étais pas du tout à la recherche de personnes queer parce que ce n'était pas ma question à ce moment-là. Je suis restée, après j'ai été en couple et j'ai eu un enfant. Donc ça, c'est clairement la raison principale pour laquelle je reste ici. C'est le fait que je suis en garde alternée avec un enfant de 6 ans et donc je suis attachée au territoire. avec des fois où je me dis je me sens attachée émotionnellement et des fois où je me sens bloquée en fait le côté je suis peut-être pas complètement hétéro ça faisait longtemps que ça me trottait en tête j'aime pas dire ça parce qu'après on dit non mais les lesbiennes elles deviennent lesbiennes parce qu'elles aiment pas les hommes mais il y a eu un truc de vraiment j'en ai marre de relationner avec des mecs cis hétéros j'en peux plus d'eux, et du coup ça fait longtemps que ça me trotte en tête d'avoir des relations avec d'autres personnes, mais je sais pas trop comment m'y prendre. Au printemps 2021, je découvre la non-binarité. À partir de là, oui, clairement j'ai une date de oh ouais, mais c'est quoi cette histoire ? Ah ouais, mais en fait je suis concernée, tout ça Et donc là, tout change, à partir de printemps 2021. J'avais que des amis hétéros, et j'avais une amie bi. Quand j'ai commencé à me poser des questions, c'est clairement à elle que je parlais. mais c'était plus au téléphone elle était pas là forcément dans mon quotidien donc à ce moment là c'est la seule personne d'avant quoi qui était déjà queer et qui est toujours une amie maintenant la vraiment rencontre marquante pour moi qui m'a fait passer le pas de je suis sur le questionnement de ouh qu'est-ce que c'est la non-binarité et ça fait peur quand même d'être trans quoi, enfin vraiment Quand j'y repense, je suis toujours effarée. Je me souviens vraiment de mon effroi de me dire Oh, la galère ! La galère, vraiment. La fierté, je l'ai à peu près maintenant parce que j'ai connecté avec des personnes trans. Mais vraiment, ma sensation en découvrant ça, ce n'était pas de la fierté. C'était Ma vie, là, ça va devenir infernale. Vraiment, mes sensations, c'est de l'effroi. Ce n'est pas de la joie. C'est de la joie au début de me dire Ouh, mais en fait, la binarité, je ne suis peut-être pas concernée. Et après, quand j'ai commencé à capter les implications… Ah merde, je ne me reconnais plus dans ce pronom. Non, non, non. Enfin là, je me suis dit la galère. Et l'été, je vais à un baltrade, parce que je vais souvent à des baltrades. Et là, je suis attirée par une personne. Enfin, je ne suis pas attirée sexuellement, je suis attirée visuellement. par une personne qui avait un style un peu différent des autres et qui, pendant le bal, quand on disait les filles, les garçons, les filles, les garçons, disait oui, on peut dire les guidants et les guidées sinon Et du coup, je vois que cette personne m'interpelle. Et je vais lui parler. Et en fait, très rapidement, on a un feeling qui se fait. Et en fait, cette personne est une personne non-binaire de Toulouse qui est maintenant un de mes meilleurs amis et qui, du coup, a été la première personne non-binaire que je rencontre physiquement. Et ce n'est plus juste des podcasts, des documentaires, des trucs loin de moi. ça devient concrètement je vois quelqu'un et concrètement je vois qu'il y a un truc différent dans cette personne et il m'a dit en fait je me posais des questions sur la non-binarité mais je sais pas trop, peut-être que je suis pas légitime et qu'il m'a dit, ben en fait si tu te poses ces questions c'est que t'es peut-être concernée et du coup ça a fait un ah ouais vraiment, enfin voilà Donc clairement, je pense que j'aurais mis des mois de plus si je n'avais pas rencontré cette personne qui me faisait un miroir, en fait. Et si je n'avais été qu'avec des cis-hétéros. Mais du coup, c'est une personne de Toulouse, en fait. Ce n'est pas quelqu'un gérant sur mon territoire. Et donc, à partir de là, j'ai commencé à aller à Toulouse le voir. Et là, je me rends compte qu'il y a des queers partout. c'est à dire que je vois des personnes je suis en banlieue de Toulouse et je vois une personne à barbe et à rouge à lèvres et je me souviens être scotché en fait me dire oh mais il y a ça et là j'en vois partout, j'en vois dans le métro, j'en vois dans la rue je vois des personnes qui ne sont pas dans la binarité cis hétéro et en fait je remarque l'espace que ça fait en moi et l'émotion que j'ai encore là en t'en parlant en fait, de me dire Oh, mais ça existe ça ! Et du coup, à partir de ce moment-là, de août 2021, je me dis Je crois que j'ai besoin d'aller à Toulouse souvent là. Et donc, toute l'année 2021-2022, je vais à Toulouse tous les mois.

  • Speaker #0

    Après, là, c'était plus la question de, en fait, là, il y a un collectif qui existe, donc c'est su qu'il y a un collectif. Et du coup, comment, en fait, est-ce qu'il y a des gens qui posent des questions, juste comme ça, c'est pour faire le parallèle avec l'association dont fait partie Mars, qui se confronte, en fait, à l'effet... gossip dans le village, c'est-à-dire que la plupart des gens qui ne viennent pas au festival parlent du festival dans le bar du village. Donc c'était plus ça, c'était plus pour savoir comment expliquer aux gens ce que fait Gabi, qu'est-ce que ça permet, etc. Merci.

  • Speaker #2

    à titre personnel j'en ai parlé à quelqu'un de mon quartier et il y a une grosse incompréhension et tout de suite une peur que j'arrive avec mon grand drapeau et que je mette le drapeau au dessus de la porte j'ai

  • Speaker #0

    eu l'impression que la personne se sentait menacée et vraiment une incompréhension totale c'est pisser dans un violon pourquoi vous faites ça, ça sert à rien après il y a quelqu'un qui est pas concerné par ces questions forcément pour elle ça ne sert à rien et ce n'était pas évident et sur le coup je n'avais pas l'énergie de la pédagogie qu'on n'a pas toujours mais en tout cas voilà pour répondre à la question de la peur de l'incompréhension moi

  • Speaker #1

    en tant que personne ordinaire et qui est encore dans une expérimentation de ma transidentité et qui s'est dit de J'ai des passages à vide et là je suis un peu dans un passage parfois un peu à vide parce que très souvent quand j'ai essayé moi dans mon coin, dans mon coin de rivalité où il n'y a rien, au niveau du maillage queer, j'ai vu des regards qui m'ont effrayé et où je me sentais vraiment en danger, mal à l'aise. Et j'ai... Quand on a parlé de Kevin, du coup, ça m'a fait vraiment beaucoup de bien de savoir que, quelque part, pas si loin de chez moi que ça, il y avait quelque chose où il pouvait un peu plus être moi, en dehors de mes cercles amicaux, mes cercles vraiment amicaux proches, où je pouvais, en dehors de ça, être moi. Et ça, vraiment, ça m'a touché. Je m'appelle Kevin, j'ai 37 ans, je suis professeur des écoles, je suis non-binaire. J'habite à Saint-Rémy-de-Provence, qui est une petite ville assez rupenne dans les Alpies, qui est une petite zone entre Arles et Avignon, on va dire. De manière diffuse, parce que c'est une manière supposée, c'est finalement plus par rapport à un côté supposément, enfin, tel qu'on me l'a posé, efféminé. que j'ai subi et que j'ai bien compris comme étant de la violence. Je ne sais pas si réellement liée à ma sexualité supposée ou à mon genre supposé, mais en tout cas qui était clairement des violences du fait que j'allais hors de la norme de celle qu'on attendait de moi à ce moment-là. Disons que déjà il y a le fait que c'était des violences que j'ai subies dans un contexte professionnel. Déjà, il y a ça. Et alors, il y en a une qui aurait pu se passer un peu n'importe où, et une autre qui, à mon avis, est bien plus liée à une façon de penser bien de la localité, de manière très conservatrice et traditionnaliste. Pour la première, c'est... Une violence que j'ai subie, je ne vais pas forcément donner les noms exacts des lieux, mais il y a une école où j'ai travaillé, où la directrice est ouvertement d'extrême droite. Et cette directrice, je l'ai remplacée pour une seule journée. Et ce qu'elle m'avait laissé déjà m'avait beaucoup choqué. Il y avait des choses qui n'allaient pas, c'est une catholique fervente, etc. Et les manuels qu'elle utilisait, notamment en histoire, n'allaient pas du tout. Ça évoquait la Sainte Jeanne d'Arc, la Sainte Jeanne d'Arc, en plus j'ai eu droit à la partie sur Jeanne d'Arc ce jour-là. Et du coup, j'ai été tel que je suis normalement, mais... Il s'est avéré que quelques temps plus tard, j'ai reçu un mail de ma hiérarchie, sans m'en dire plus, qui me convoquait. Et donc à la convocation, connaissant mes droits, je suis venu avec un de mes camarades de mon syndicat qui m'a accompagné. Et du coup, mon inspectrice m'a demandé, du coup, si vous venez avec un collègue syndicaliste, c'est que vous savez ce que j'ai à vous reprocher. Alors, je lui ai dit, déjà, je ne savais même pas que c'était pour des reproches que vous m'aviez convoqué. Et bref, parmi les choses, du coup, qu'elle a invoquées, en fait, la directrice en question avait laissé un long mail. plein de reproches sur moi, sur ma façon de faire. Et parmi les choses qui étaient dedans, un tiré qui disait mimique et posture féminine en tant que reproche. Donc déjà, il y avait ça. Et en plus, il y avait aussi au milieu de tout un ensemble de choses qui étaient vraiment des inventions totales. Mais voilà, je sentais bien que... Ma manière d'être, alors qu'elle ne l'avait pas vécue, elle ne m'a même pas vue, elle n'était pas là ce jour-là, du coup, vu que je la remplaçais. Elle a quand même trouvé le moyen de m'enfoncer. Et le pire dans tout ça, c'est que mon inspectrice, donc la personne au-dessus de moi, ne m'a pas du tout soutenue et m'a au contraire posé cette question. Elle m'a demandé, donc Mimi qui est post-surfumie, qu'est-ce que je lui ai répondu ? Mais je ne comprends même pas le reproche en fait. Et donc vraiment, le fait que ma hiérarchie appuie en plus cette violence, j'en suis sorti en pleurant, en me demandant est-ce que je vais démissionner. Finalement, il s'est avéré qu'après ça n'a pas donné suite, mais je sais que... J'ai changé de zone pour la zone juste à côté. Et il s'avère que c'est son mari qui était l'inspecteur de cette zone-là. Et il m'en a parlé dès le début de l'année, en me disant qu'il était au courant.

  • Speaker #2

    La première fois que je vais à une permanence du groupe Trans Toulousain, le collectif Trans Toulousain, qui est le dimanche matin, c'est à une demi-heure de où je suis, je mets une heure et demie à y aller parce que je m'arrête tout le temps, parce que je pleure, parce que je suis en panique totale. Je rentre dans le local et je fais j'ai droit de rentrer et là il y a une personne qui me dit on mord pas sauf les 6-7 et là je fonds en larmes en fait, parce que je ne sais pas ce que ça veut dire 6-7. et que du coup je suis là genre ah mais je suis pas assez queer pour vous j'en sais rien moi je suis enfin voilà et du coup ils sont tous en panique avec moi qui pleure au milieu d'eux je retourne à mon territoire à chaque fois genre regonflée par mes vacances à Toulouse genre je me sens renforcée par là et au début ça va on va dire c'est à dire que mon quotidien ne m'est pas insupportable mon quotidien est normal et les moments à Toulouse c'est la fête quoi mais je ne souffre pas sur le territoire trop au début. Ça change depuis 2022 quand ça commence à s'affirmer en moi. Et donc, je vois qu'il y a un moment qui est marquant. Et donc là, on va parler... On commence à parler violence. Donc, oui. En milieu rural, c'est un bal. J'ai pas mal d'anecdotes liées à la réassignation de genre qui est liée au bal. Mais c'est pas forcément de la méga-violence. Mais c'est toujours ce truc de... genre dans un cercle circassien, être là genre, ah bah non mais là c'est les filles et là c'est les garçons et je suis en mode, je guide en fait. Enfin voilà, et ce truc de, je vois qu'il y a un fort enjeu sur les balles où ça fait du coup un moment que j'ai décidé que j'étais toujours dans la posture de guidée, sauf quand je choisis d'être guidée. Et du coup ça dérange forcément, mais voilà. Et donc c'est un bal, et là je parle à une amie qui me connaît depuis longtemps et qui est assez bourrine. elle, elle sait que je suis en questionnement et tout ça. Je me sentais plutôt safe avec elle, mais j'avais oublié qu'elle était brune. Et du coup, ouvertement, elle me pose la question d'où j'en suis, en fait. Sur la non-binarité ou sur mon pronom ou mes pronoms. Je sais plus ce qu'elle me dit, mais je sens, moi, que je suis un peu... Je me glace, tu vois, parce qu'en fait, on est dans un environnement hétéro. elle en parle avec des gens c'est comme un peu une conversation de comptoir il y a 2-3 autres personnes à côté et moi je suis là donc je ne sais plus trop ce que je réponds mais je me souviens de mon effroi et qu'après il y a son mec je sais pas s'ils sortent ensemble encore mais en tout cas un mec avec qui j'étais sortie l'année d'avant et je m'étais dit pfff l'aime ça faisait partie de voilà et qui commence à me dire Ah mais c'est flou, mais il y a quelque chose de l'ordre de... Mais on va pas quand même t'appeler, t'appeler ce genre est masculin maintenant, et truc de pourquoi t'imites les hommes. Enfin, il y a un truc comme ça, je sais plus ce que je réponds et ils rigolent. Et là, moi, je me souviens plus trop grand-chose du reste du bal. Je me souviens de rentrer chez moi, enfin pas chez moi, je dormais chez des potes en plus, et d'être super mal. Et je savais pas pourquoi, en fait. C'est-à-dire que je me sentais pas bien. et j'arrivais pas à identifier ce que c'était donc le lendemain là j'avais trois personnes queer dans mon entourage à ce moment là et je leur envoie un texto aux trois en mode je sais pas trop ce qu'il se passe mais je me sens pas bien il s'est passé un truc hier et là les trois me font de la réassurance de ouf et me disent là c'était transphobe en fait ce qu'il s'est passé mais sinon avant je pouvais pas le nommer en tant que transphobe parce qu'il a pas dit les personnes trans sont méchantes ou sont nulles mais il s'est moqué de moi Et à partir de là, ça a commencé à dégénérer ma vie, notamment avec ma mère, parce qu'en fait, je lui ai raconté et elle m'a vraiment sorti un discours de reste dans le placard. De mais pourquoi tu as besoin d'en parler ? C'est sûr que tu t'exposes à la violence si tu en parles. Pourquoi tu ne peux pas être non-binaire, mais à l'intérieur de toi, sans que ça se sache ? Et pas du tout de soutien, en fait. De ah waouh, ce que tu as vécu, ça avait l'air chaud. Et donc, là commence une période qui va faire que s'empirer avec ma mère. Parce que ma mère, elle le savait dès le début. Dès que j'ai écouté le podcast, dès l'été d'avant, où j'ai commencé à modifier mon prénom, parce que je l'ai modifié trois fois, je lui disais mais c'est trop cool, je crois que vraiment, la binarité, ça ne me concerne pas Non, en fait, elle trouvait ça sympathique. C'est ça qu'elle disait toujours. Ah oui, la non-binarité, c'est sympathique. Mais par contre, d'aller jusqu'à changer mes pronoms, demander à ce que ce soit Yel, à l'époque c'était Yel, maintenant c'est Yl. C'est Yl tout le temps. quasi tout le temps, et des fois c'est Yael. Et bien en fait, là quand même, à partir du moment où ça a commencé à lui demander des efforts, elle n'était plus aussi chaud, et surtout elle considérait comme beaucoup que c'était une phase, que c'était une passade, que c'était un truc que j'étais toujours un peu trop radical, et que souvent je faisais des expériences, et que du coup c'était une expérience parmi d'autres, et qu'elle attendait que l'expérience soit terminée. et donc on est allé jusqu'à la rupture complète. Donc là c'était chaud, parce que j'ai vraiment perdu mon appui un peu familial, et donc ça n'a pas été du rejet, en mode je suis virée de la maison, mais c'était hyper insidieux et hyper violent. de la part de pas mal de monde de ma famille. Et donc, on ne peut pas dire que là, c'était quelque chose de l'ordre de la ruralité, mais il se trouve que là, c'est devenu insupportable pour moi d'être ici, quoi. De ne pas être... Qu'il n'y avait qu'à Toulouse que je me sentais bien et qu'en Corée, j'étais là... Oh, personne ne comprend ce que je suis en train de vivre, en fait. Enfin, voilà. La phase hyper dure du début de transition.

  • Speaker #1

    Et donc l'autre anecdote, c'est que j'étais dans une école en gros toute l'année. Et il s'avère que c'était l'année dernière, c'est l'année où j'ai commencé à réellement un peu plus oser, essayer d'oser être un peu plus moi. Donc en fait, en dehors, j'étais beaucoup plus, comment dire, habillé. Je mettais mes robes, mes petits pulls en laine de plein de couleurs différentes, ce genre de choses-là, et donc, et dont aussi, donc, mon make-up et mon vernis. Mais du coup, quand j'allais à l'école, je n'allais pas avec le make-up. Mais par contre, c'est vrai que le vernis, je ne l'enlevais pas forcément. Et à un moment donné dans l'année, pareil, l'inspecteur m'appelle. Donc, cet inspecteur-là m'appelle et me dit. Il me demande directement Est-ce que vous portez du vernis ? Je lui dis Oui, bien sûr ! Et il m'a dit Oui, parce que j'ai reçu un mail de parents reprochant le fait que vous donnez une mauvaise image aux enfants en vous montrant avec du vernis. Donc bon, pour le coup, il m'a en partie soutenu. C'est-à-dire qu'il m'a dit, si jamais du coup les parents font des écrits sur les réseaux sociaux ou quoi, moi je leur ai demandé du coup de me faire un écrit. Et comme ça, vous pouvez porter plainte si jamais... Bon, il n'a pas dit que lui, il porterait plainte. Normalement, c'est la hiérarchie qui est censée porter plainte. Mais bon, la partie, on va dire, plus difficile et en même temps qui m'a facilité la vie pour moi, ça a été de dire... il m'a changé de remplacement. Il m'a changé d'endroit. Alors, moi, je n'étais pas con parce que franchement, du coup, ça me mettait très mal à l'aise. Mais c'est vrai qu'en soi, il ne m'a pas très bien défendu non plus. Mais bon, il m'a laissé comprendre qu'il me défendrait si jamais il y avait besoin.

  • Speaker #0

    Alors qu'il commençait sa transition, Théo a co-organisé un festival féministe.

  • Speaker #2

    C'est sûr que ce festival qui a été à la base pensé par une orga qui était Cicetera, et que moi j'ai transitionné pendant l'orga du festival en fait, ça fait que l'orga ne me correspondait plus, le public ne me correspondait plus complètement. Mais la redescente que je me suis coltinée le lundi était vraiment horrible. Dans le sens où il y a des orgas qui m'ont genré en Yale et en Hill tout le week-end et qui ont recommencé à me genrer en L le dimanche soir. et le lundi absolument et j'étais là ah ouais ça y est la fête est finie j'ai fait un un breakdown total après le festival pas que à cause de la fatigue vraiment ce truc de là c'était trop bien et en fait mon quotidien c'est pas ça mon quotidien c'est être seule dans ça dans un environnement qui est complètement cis-hétéro, où à nouveau, on va me mégenrer non-stop et tout ça. Et donc, c'est là, donc là, on arrive en août, vraiment, j'étais hyper mal, et que j'appelle le père de mon fils, enfin, je suis partie en Dordogne, et j'appelle et je suis là, en fait, là, je souffre trop, il faut que je sois à Toulouse, en fait. Je ne peux pas vivre ici. en ce moment il faut qu'on s'organise différemment mais je ne peux pas, c'est trop dur et je je commence et je décide de commencer la testostérone donc il y a vraiment ce truc de là il faut qu'un truc change parce que je peux pas continuer comme ça et donc pendant 2022-2023 j'ai passé plus de temps à Toulouse encore c'est à dire que j'ai fait des périodes de plusieurs fois 3 semaines et donc j'avais mon fils une semaine sur quatre au lieu d'une semaine sur deux. Et même après, quand je suis repassée à une semaine sur deux, il y avait quand même une semaine entière que je passais à Toulouse par mois. Et j'étais en mode, je ne peux pas commencer à prendre de la thé en étant en Corrèze, en fait, en étant seule à le faire, c'est trop dur. Et du coup, il y a un truc de... C'est pas complètement tout le temps ok pour moi d'être ici, mais je sais que j'ai eu besoin d'être à Toulouse pour me sentir normale, en fait. Quand je suis en Corrèze, j'ai toujours l'impression d'être une anomalie. C'est-à-dire que je vais à la boulangerie, je me demande comment je vais être genrée, est-ce que je vais dire non, c'est pas madame À l'école, je me sens toujours trop mal à côté des parents, des élèves qui sont très très très cis, etc. dans les endroits partout où je vais je me demande si c'est mon dead name qui va être utilisé je suis en vigilance tout le temps et je me sens être une anomalie je sens que les gens tolèrent ma présence mais qu'elle n'est pas normale alors que dès que j'arrive à Toulouse comme je vois des queers partout autour de moi je sais que les gens je leur dis je m'appelle comme ça et ils font ok mes pronoms c'est ça ? D'accord. Enfin voilà, il n'y a pas de ah bon, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Mais non, non, non, mais t'es sûre ? Enfin voilà, ce n'est pas une question en fait. Et du coup, je vois que le fait d'être perçue, de me sentir être une anomalie quand je le fais pendant longtemps, donc là deux mois c'était vraiment trop long, ça fait que ça rentre à l'intérieur de moi et que je commence à trouver que je suis une anomalie. Et ça c'est trop dur en fait. Je me suis dit ok, en fait il faut vraiment que j'organise de voir des queers hyper régulièrement qui font que j'ai des piqûres de rappel régulière, régulière, régulière, que je ne suis pas d'une anomalie. Parce que je ne peux pas vivre dans mon quotidien, il faut que j'ai des rendez-vous prévus, en fait. Voilà. Donc, du coup, je suis un peu plus dans ce mood-là de tenir sur le territoire en programmant le plus possible de voir mes potes, quoi. Enfin, voilà, que j'ai maintenant. Et en fait, moi, je vis de la transphobie par évitement. C'est-à-dire que je m'empêche d'aller dans tel et tel lieu. et parce que je sais que je vais pas être à l'aise parce que je vais être le seul parce que, enfin, il y a un mois j'aurais pas eu envie de raconter un truc sur les violences là j'en ai eu deux vraiment vénères vraiment récemment et du coup là je peux les nommer en fait mais sinon ils sont pas nommables, ils sont diffus, mais ils se traduisent dans mon corps par le fait que j'évite d'aller dans des lieux, par le fait que je m'inscris à un cours de danse et qu'avant ça, je parle une demi-heure avec la prof pour dire, en fait, il n'y a pas question que je me fasse mégenrer. Enfin, je vais me faire mégenrer, il va falloir que tu reprennes, il va falloir que tu corriges. Soit t'es vraiment alliée avec moi, soit je ne pourrai pas venir à ce cours, en fait. Enfin, voilà. Et du coup, qu'il faille que je me coltine une demi-heure de pédagogie. envers la prof de danse pour espérer peut-être pas trop vivre de violence. C'est tout le temps, en fait.

  • Speaker #0

    Ici, j'ai vécu de la placardisation forcée. C'est un sujet que j'évoque beaucoup dans les rencontres que je fais avec le podcast. Mais être journaliste localière est de fait, que l'on soit LGBT ou hétéro, un métier difficile car très lié aux interactions sociales locales. Quand je suis arrivée à créer, je crois que j'ai évité les questions sur ma vie perso parce que j'avais trop peur que ça rejaillisse ailleurs. Je me suis protégée, surprotégée peut-être. Dans le génie lesbien, Alice Coffin explique très bien cela. Elle dit Dans mon ancien travail, j'avais déjà affiché mes engagements féministes et je ne voulais pas être la journaliste lesbienne. D'autant que j'entendais bien qu'on pouvait dire au détour des conversations il est homo mais il est sympa Ne pas laisser les autres savoir, être dans le silence, m'a fait vivre de grandes violences intérieures. Des moments où je me suis mordu l'intérieur des joues très fort, quand des proches ou autres personnes dans mon entourage professionnel qui ne savait pas mon lesbianisme, était vraiment très homophobe ou LGBTphobe en face de moi. Ter son homosexualité dans un contexte homophobe, ce n'est pas toujours laisser dire. C'est aussi se sortir d'une situation potentiellement dangereuse pour nous-mêmes. Certaines fois, c'est plus facile de dire les choses, de s'en foutre des conséquences. D'autres fois, ne pas dire, c'est aussi un mécanisme de survie.

  • Speaker #1

    Plus en plus d'agressions physiques transphobes et homophobes sont recensées en France. C'est ce que révèle le nouveau rapport de SOS Homophobie. L'association fait état de 184 cas en 2022, soit une augmentation de 28% par rapport à 2021. Et ces agressions font partie des 1195 cas de LGBTphobie recensés par l'association en 2022. Un chiffre qui est lui stable par rapport à 2021. Et ces LGBTphobies, ça peut être des insultes, du harcèlement, de la discrimination ou encore de la diffamation. C'est sur Internet que les LGBTphobies s'expriment le plus. 17% des cas ont lieu en ligne. On les retrouve aussi dans le cadre familial et dans les lieux publics. C'est d'ailleurs dans l'espace public qu'ont lieu une grande partie des agressions physiques. SOS Homophobie alerte également sur une tendance inquiétante, l'augmentation des situations de transphobie. Elles, elles ont progressé de plus de 27% par rapport à 2021. et de plus de 35% par rapport à 2020. SOS Homophobie précise que ces chiffres ne représentent qu'une partie de la réalité, d'autant plus que beaucoup de victimes ne témoignent pas.

  • Speaker #2

    En fait, je suis allée voir un médecin, qui est un médecin généraliste à Limoges, mais qui est spécialisé dans l'autisme, et en fait que j'avais vu il y a quatre ans. et qui a été le premier qui a dit oui oui oui c'est bien en effet vous avez un TSA en effet c'est ça qui se passe et donc moi j'avais déjà fait une demande de diagnostic auprès du CRA il y a longtemps avant mais bref en tout cas lui ça a fait quelque chose il a confirmé quelque chose et ça m'a fait beaucoup de bien de me dire ok je ne rêve pas je ne suis pas fou c'est ça qui se passe pour moi Et en fait, depuis que j'ai la location adulte handicapé, l'année dernière, j'ai fait ma demande de renouvellement et elle a été... je l'ai fait un peu en mode automatique elle a été pas acceptée du coup je suis retournée au CRA le centre de ressources en autisme voir le médecin diagnostiqueur en chef pour lui dire de me faire une lettre pour insister comme quoi vraiment vraiment j'avais besoin de l'allocation adulte handicapé et à la fin de cet entretien je lui dis au fait je transitionne et là il me dit ah bah vous devez pas beaucoup m'aimer et je fais bah pourquoi et là il m'explique qu'il a écrit une tribune dans le point pour lutter contre les transitions des mineurs autistes, en disant qu'en gros, le mal-être vient de l'autisme, il ne vient pas de l'identité, et du coup, il faut vraiment ne pas prescrire des hormones, des bloqueurs hormonaux et tout ça aux jeunes. Et du coup, moi, je suis là, je repars de là en disant, lui, plus jamais je vais le voir. Donc, j'ai d'un côté un médecin activement transphobe, et je me dis, je vais aller voir celui d'avant, celui que j'avais vu la fois d'avant, il y a 4 ans, il était super sympa. Donc du coup, je vais le voir en étant hyper détendue, ce type était un type chouette, mais toute la salle d'attente, je me demande, est-ce que je fais mon coming out ou pas ? Est-ce que je lui dis, est-ce que je lui demande juste mon attestation, et c'est tout, est-ce que je lui raconte ? Donc je me dis que je ne vais pas lui dire. Et en fait, pendant l'entretien, il faisait beaucoup de généralités sur les garçons autistes et les filles autistes. Parce que je lui parlais de mon fils qui était diagnostiqué et que lui, il avait l'air de s'aller. Et du coup, je lui dis, oui, mais en fait, là, ça commence à être un peu compliqué pour moi qu'il me renvoie toujours à femme. Et donc, je lui dis, mais en fait, je ne suis pas une femme, je suis un mec trans et tout ça. Et là, ça devient, mais vénère l'entretien. Parce que, en gros, il me... il me dit... Enfin, il défonce mon passing. C'est-à-dire qu'il dit, mais comment... Enfin, là, le message que vous envoyez, il n'est pas du tout clair. Et là, il dit, mais vos cheveux, vous avez une permanente et vous avez une boucle d'oreille et vous avez une écharpe comme ça et vous avez une chemise comme ça. Et en fait, les hommes ne s'habillent pas de cette manière-là. Vous, c'est trop soigné, la manière dont vous vous êtes habillés. Comment vous voulez que les gens comprennent ? Enfin, voilà. Et en fait... j'étais là avec quelqu'un en face de moi qui était en train de m'expliquer que j'avais un passing pourri alors que je souffre déjà de ça parce que là ça fait un an que je prends de la testostérone j'ai toujours quasiment aucune pilosité faciale ma voix elle a pas vraiment mué enfin il y a un truc où pendant 6 mois j'avais un dosage qui était trop faible et en fait du coup mon corps il produisait d'autres oestrogènes, progestérone pour compenser la testo que je prenais en plus et du coup mes taux de testo ils montaient pas et donc de fait même si je prends de la testostérone depuis un an on dirait que c'est vachement plus récent parce qu'elle a pas été assez dosée quoi pour moi donc déjà je suis en souffrance de ça, ça fait un an que je prends de la thé et c'est pas non plus une passion quoi de me faire des piqûres tout le temps et ça n'a aucun effet sur la perception que les gens ont de moi et là en fait il m'explique comment vraiment je fais aucun effort quoi et trois fois de suite sur une demi-heure d'entretien il est revenu trois fois sur le sujet jusqu'à ce que je m'énerve et que et bon bref et et bon bien sûr à dire que j'étais trop militant à dire que du coup il fallait pas que je lui enveuille parce qu'il allait me dégenrer parce que du coup j'avais pas un bon passing donc en fait c'était comme ça et du coup je suis sortie de cet entretien mais en mode c'était horrible et du coup c'est pas forcément un truc de ruralité encore une fois parce que j'étais à Limoges mais c'est un truc de méconnaissance en fait c'est à dire que lui c'est la première fois que peut-être qu'il voyait une personne trans dans son cabinet et du coup il a sorti tous ses clichés alors que quand on a un peu plus l'habitude d'en avoir vu même si on n'est pas spécialiste en fait il n'y a pas tous les clichés qui sortent d'un coup donc j'ai été obligée de le revoir parce que j'avais un deuxième rendez-vous avec lui et j'ai beaucoup beaucoup parlé de ce truc à plein plein de gens et du coup je ne sais plus dans quelle posture j'étais mais en tout cas les deux on a clairement fait un effort en fait du coup lui il a vécu un très mauvais moment avec moi et Mais il a réussi à être touché dans son... J'aimerais que ça se passe mieux la prochaine fois. Je pense qu'il a été touché dans son égo de médecin qui n'aime pas se faire renvoyer barré. Il n'avait pas envie que je le renvoie dans les roses une deuxième fois parce que j'ai été vénère quand même. et du coup la fois où on s'est vu il y a deux semaines c'était beaucoup plus mesuré il a vraiment fait des efforts il m'a genré au masculin tout le temps il m'a parlé de mon agressivité et moi j'étais là je me contenais et il me contenait et il se contenait et du coup c'était ok parce qu'il a eu trois semaines pour travailler le truc et je pense qu'il a dû être perturbé aussi par le fait que je ne me laisse pas faire nous vivons tellement de formes de haine extérieure

  • Speaker #0

    Elle ponctue nos vies. C'est aussi pour ça que j'écris cet épisode. Pour que les gens qui m'aiment et qui ne savent pas sachent, pour que les personnes qui me ressemblent se retrouvent. La haine n'est pas toujours visible. Pas besoin de se prendre des coups pour la vivre. La haine des autres réveille parfois nos haines intérieures. Al Belaque dit dans Colza Toute la haine que je me suis portée, sans l'aide des autres, toute la honte dont je me drape encore, les reproches que je m'adresse. Tous les blocages desquels je participe, toutes les portes que je me ferme, les insultes dont je me berce.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est vraiment ça aussi ce truc de ruralité, c'est que je dois tout le temps expliquer. C'est-à-dire qu'il n'y a pas vraiment d'autres personnes à qui on peut en parler, les gens, quand ils sont perturbés. Du coup, en fait, je ne réponds pas. Mais soit je m'énerve, soit je ne réponds pas, soit je fuis. Du coup, qu'est-ce que je suis agressif ? C'est-à-dire que... Ah oui, lui, il a insisté quatre fois de suite jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire une opération génitale, en fait. Et j'étais là, ça n'a pas de rapport. Est-ce que vous êtes intersexués ? Enfin, je ne sais pas, est-ce que vous êtes intersexes ? Et j'étais là, quoi ? Mais ça n'a rien à voir. Enfin, genre, vraiment, il est à l'ouest, quoi. Et je fais, je veux paraître comme un homme dans l'espace social. Et il a posé quatre fois de suite la question jusqu'à ce que je réponde si je voulais faire des opérations génitales. Et ça, je suis là, mais ça n'a... En fait, je viens pour un rendez-vous sur l'autisme. Je n'ai pas envie de parler de ma chatte, quoi. voilà mais ça ça m'est arrivé aussi il y a quelques mois à l'anniversaire d'une copine il y a sa soeur qui m'a trop mis le grappin dessus parce que elle dit de mon fils ah mais t'es sa tante parce qu'il m'appelle pas maman mon fils et je fais ah non non je suis son parent mais je n'utilise pas maman parce que je suis un mec trans. Et là, en fait, elle ne m'a plus lâchée. Elle m'a direct demandé si je voulais une opération chirurgicale. Et j'étais là, je ne vais pas répondre à cette question, en fait. Et après, elle m'a parlé du fait qu'elle avait vu un show de Drag Queen et que c'était super. Et elle ne me lâchait pas. C'est-à-dire que plusieurs fois de suite, je suis repartie à un autre endroit de l'anniversaire et qu'elle me retrouvait pour me dire à quel point c'était super cool et qu'elle était trop contente de rencontrer des gens différents. Et j'étais là, mais... Leave me alone en fait. Et genre elle, elle se sentait trop trop ouvert d'esprit tu vois de discuter avec moi.

  • Speaker #3

    Je me sens beaucoup mieux acceptée quand je fais des gabi, quand on fait des soirées gabi et que je peux expérimenter un peu plus de nos gens. J'ai besoin, j'ai... Je ne sais pas si je dis, par exemple, en ce moment, j'ai besoin qu'on m'appelle elle, j'ai besoin qu'on m'appelle au féminin. Je sais que ça va être accepté et que ça va être essayé. Et je vais pouvoir me projeter là-dedans et sentir, est-ce que je me sens bien là-dedans ou pas ? Et tout ça, si je ne peux pas l'expérimenter, du coup, je me renferme sur moi-même. Je me subis, je me sens extrêmement mal dans ma peau. Je ne porte plus de vernis à l'école. Je n'ose plus. Je vais bientôt... Je vais sûrement réussir à le refaire. Et même, ce que je fais de temps en temps, et c'est ça qui est bien, c'est que malgré tout, de temps en temps, je le fais l'air de rien. Je vais mettre un peu de mascara, par exemple. Ça ne se voit quasiment pas, du coup. Mais il y a quelques personnes qui le remarquent. Souvent, ça va être plutôt des collègues. Et du coup... et des enfants, des fois. Et les enfants, ils adorent ça. Je veux dire, combien d'enfants m'ont dit Ah, mais toi, t'es un garçon ou t'es une fille ? T'es un garçon-fille ? Combien de fois ? Et ça, les enfants, voilà, non seulement, à la rigueur, soit ils s'en fichent, soit au contraire, ça les réjouit. Et je pense que ça les réjouit de juste voir des choses différentes de ce qu'ils n'ont pas l'habitude. Et justement, en fait, ça montre qu'à la base, on n'est pas comme ça. C'est la société qui nous met dans cet état. En tout cas, je vais sûrement réussir à petit à petit à nouveau, à m'ouvrir à nouveau sur mon genre et expérimenter un peu plus. Mais du coup, ça m'a renfermé aussi dans ma vie personnelle là-dessus. Ça m'a obligé à m'interroger beaucoup plus, à faire beaucoup plus attention.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ton espèce générale,

  • Speaker #2

    tu arrives quand même à être toi-même assez safe ?

  • Speaker #3

    Non, clairement non, mais je ne suis pas dans le pire. L'endroit où j'habite n'est pas le pire endroit. C'est-à-dire que, disons que là-bas, les milieux gays sont acceptés. Donc, selon ce que je porte, du moment qu'en fait ça fasse encore un peu masculin, ça passe. Mais dès que je transgresse la norme de genre, je sens les regards se poser sur moi qui sont très différents. Et je sens... Globalement, il y a de l'interrogation, mais il y a peu d'agressivité à part de certains hommes qui vont me regarder mal. Et bon, du coup, je ne fais plus ça seul. Je vais le faire quand j'ai des amis qui viennent chez moi. et du coup que je sais qu'on peut sortir ou tout simplement quand on sort en ville ou qu'on sort chez l'une, chez l'autre là oui je vais oser mais seul, je ne vais plus oser le faire seul quasiment de temps en temps je vais oser mettre un peu de make-up mais ça s'arrête là quoi mes vêtements, ma garde-robe s'est agrandie mais mes possibilités de la mettre pour l'instant se sont réduites donc bon Mais ça va venir, j'espère. Oui, disons que mes amis sont des amis queers, donc forcément ça aide. Je sais qu'il n'y a aucun questionnement même sur ce que je vais faire ou pas faire. La plupart d'ailleurs de mes amis les plus proches me genrent parfois au féminin, au masculin, au neutre autant que possible. Et c'est super. Heureusement que j'ai ça. On m'a proposé, on m'a dit de peut-être voir porter plainte ou en tout cas de déposer des mains courantes ou des choses comme ça. Et en fait, dans les deux cas, il y a un lien avec l'extrême droite locale qui fait que je ne veux pas m'afficher et risquer mon intégrité dans mon territoire. et d'être pourchassé par les fachos locaux. Alors que déjà, j'ai été affiché, heureusement, mon identité numérique uniquement, sur des réseaux d'extrême droite. Je sais que j'ai été affiché sur Affiche ton antifa, des choses comme ça. Donc, je fais gaffe. Parce qu'en plus, les personnes en question ont beaucoup d'influence. Et je sais qu'elles ont de l'influence nationalement. Enfin voilà, je risque gros. Malheureusement, je ne fais pas de vagues sur ça et je ronge mon frein.

  • Speaker #0

    Avant de conclure cet épisode, je voulais rajouter que je ne parle pas ici des violences dans les couples LGBT+, mais comme pour beaucoup de sujets, vivre en ruralité peut être un facteur aggravant de ces violences. J'ai beaucoup travaillé sur les violences dans le couple hétéro en ruralité. En France, 50% des féminicides sont commis en ruralité, alors qu'un tiers des femmes seulement y vivent selon un rapport du Sénat. L'isolement, le manque d'anonymat, la mobilité, la précarité économique sont des facteurs qui peuvent aggraver ces violences et en isoler les victimes. Si vous êtes victime de violences conjugales ou intrafamiliales, des personnes peuvent vous écouter au 3919 ou sur le chat commentonsaime.fr. Si vous êtes témoin ou victime, vous pouvez aussi appeler la police ou la gendarmerie. Si vous êtes victime de violences LGBTphobes, SOS Homophobie a une ligne d'écoute anonyme 01 48 06 42 41. L'association ECTAS propose aussi des discussions et des consultations de psychologues à prix libre. Merci à Théo, Kévin et au collectif Gabi, l'antilope queer du Lubereau. Vous venez d'écouter Chant Queer, un podcast d'Élodie Potente. Pour me soutenir, n'hésitez pas à partager cet épisode et à mettre 5 étoiles sur Apple Podcast. Vous pouvez aussi me soutenir sur ma page Tipeee en faisant un don ponctuel ou régulier. J'ai aussi une newsletter que vous pouvez retrouver sur mes réseaux sociaux que je mettrai en barre de description.

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