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Champs Queers

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33min |25/06/2024
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Description

Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


C'est la lumière dans les ténèbres que nous vivons. Pour dire que non, toutes les ruralités ne votent pas RN, pour exprimer nos joies, nos luttes, nos inquiétudes. C'est 33 minutes offertes par les auditeurices de Champs queers pour raconter leur territoire, contre l'obscurantisme, le repli sur soi, pour comprendre où on vit, ce qu'on vit. Pour s'aider à faire territoire, parce que les ruralités sont toujours méprisées, caricaturées, parce qu'on a arraché les récits de celleux qui les font. Pour se souvenir de qui nous sommes et pour reprendre nos récits.


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Chant Queer ? C'est la grosse merde en France alors donnons-nous de la force et les queers emmerdent le Rassemblement National.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Lucia et je suis une personne racisée installée en campagne dans le Finistère et j'ai mon activité agricole. Je suis entourée de personnes âgés finalement, mais aussi des néo-ruraux comme moi, jeunes, majoritairement blanches. Je l'aime parce que c'est aussi un endroit où il y a beaucoup de solidarité, beaucoup d'entraide, et malgré certains opinions que je sais qui pourraient être divergents, on est seul sans vraiment l'être, vraiment. Du coup, ça amène... Moi, ça me permet d'avoir mes... moment, pour mon activité, pour moi-même. Pourquoi j'ai choisi la campagne aussi, c'est aussi cette tranquillité, mais en même temps je sais que je peux faire confiance à mes voisins et aux personnes qui m'entourent, que je rencontre. Et ayant une activité agricole et commerçante, j'ai aussi l'opportunité de rencontrer plus de monde sur le territoire et de moins être isolée. Du coup je fais beaucoup de rencontres d'anciens majoritairement, de gens qui sont là depuis longtemps, et qui ont beaucoup à donner, qui ont beaucoup de cœur au final. Et on va dire que c'est ça qui me plaît vraiment dans cette ruralité. Je finis avec la première question sur ce qui me surprend dans cette ruralité là, au final c'est vraiment ce côté solidarité qu'il y a, qu'on retrouve pas forcément en ville si on fait pas partie de communautés ou de collectifs. Il suffit d'avoir discuté un jour avec la personne et le jour suivant tu peux aller lui demander un peu d'aide quoi. En tout cas pour moi ça s'est passé comme ça et ce côté solidaire me touche beaucoup. Merci. et je sais que parfois j'ose pas le faire et c'est d'eux-mêmes qui viennent m'aider ou me soutenir.

  • Speaker #0

    La première question c'était raconte-moi ta ruralité et c'était difficile pour moi de répondre à cette question. Je la regarde, cette question, cette phrase, je tourne autour. Je ne sais pas quoi dire parce que pour moi, la ruralité, ce n'est pas une chose que je peux raconter. En fait, c'est toute ma vie, elle est dedans. Pour moi, ce qu'on appelle la ruralité, ça a toujours été la vie. Et puis ce qui était une chose un peu en dehors de la vie, c'était plutôt l'urbain, le citadin. et les personnes avec ces codes et ce mode de vie urbain me paraissaient difficilement compréhensibles. J'ai grandi dans un petit village dans les Pyrénées, et aujourd'hui je vis dans un autre petit village dans la Drôme, et entre les deux j'ai dû faire un passage par Marseille pour mes études, et ça a été très douloureux, je me sentais vraiment hors sol. Si je devais parler peut-être de la spécificité de ce territoire, c'est que... Il y a les avantages et les inconvénients des néo-ruraux et du coup de personnes qui ont vécu ailleurs qu'ici avant dans leur vie et qui arrivent, qui s'y installent et ça crée de la diversité, qui arrive avec de la nouveauté. Pour moi les inconvénients c'est aussi peut-être les inconvénients de la culture urbaine. parfois d'un manque de soin dans les relations, parce que quand on a eu l'habitude de pouvoir être anonyme dans les grandes villes, on peut se permettre ça. J'ai l'impression que ce soin ici, en tout cas dans le milieu queer, féministe, il est quand même très présent, ou en tout cas recherché, que c'est vraiment quelque chose qui est mis en conscience. Et j'aime aussi le fait que parfois, pas tout le temps, mais on essaye, en tout cas certains, certaines d'entre nous, ce mode de vie côtoie des personnes qui sont moins familières du milieu queer et féministe. des personnes qui sont sur ce territoire rural depuis toujours, depuis peut-être des générations, et qui sont d'une génération plus âgée peut-être aussi. En tout cas, c'est quelque chose que je vis moi dans mon hameau perché en haut de la colline. Et j'aime beaucoup ça, parce que dans mon hameau... Je ne me cache pas être une personne queer. Certaines personnes savent que je suis une personne trans. Mais pour l'instant, ce n'est pas quelque chose que j'ai souhaité dire à tous. Mais en tout cas, c'est très visible que je suis une personne queer. Je me balade dans la rue avec des sweats arc-en-ciel ou avec du maquillage. Et je vois qu'il y a des personnes... Ils ne sont pas familières de ça et qui sont peut-être même avec une forme de LGBTphobie, je ne sais pas exactement laquelle, mais qui n'est pas exprimée face à moi. Et en même temps, quand on a besoin de se rendre service, parce que dans un mot de 10 habitants à l'année, il y a toujours des moments où on a besoin de se rendre service et puis on a besoin aussi de se côtoyer, de se connaître. On ne peut pas se balader sans se croiser. Et moi j'ai... J'ai vraiment envie de cultiver cette intelligence de savoir créer un espace de rencontre agréable, en sachant qu'il y a des sujets qu'on n'abordera pas, mais il y a des endroits où on peut se connecter l'un l'une à l'autre.

  • Speaker #2

    Moi j'ai grandi en Bretagne, dans une ville moyenne de 25 000 habitants, et je suis partie ensuite faire ma licence à Paris, dans une école d'art et de design, et... Et ensuite je suis partie, en fait je suis arrivée il y a deux ans, faire un master en design dans une petite ville de 5000 habitants. Je suis venue principalement pour le master parce que ça m'intéressait beaucoup, et surtout me dire mais en fait est-ce que... J'avais déjà... J'avais pas trop aimé la ville à Paris, la vie à Paris, et le monde queer à Paris me faisait peur. J'étais hyper intimidée, je venais d'une ville où il n'y avait pas trop la porte ouverte sur ces questionnements-là, sur ces sujets, sur ces luttes. Et je me suis pris Paris dans la gueule avec tout plein de lectures que j'ai découvertes de personnes. vécu, d'exposition, de film, enfin c'était vraiment genre une espèce de claque dans la gueule d'informations de qu'est ce que c'est d'être queer et qu'est ce que ça implique et la colère et la fierté et la peur et la joie et l'amour et en arrivant en Creuse je me suis demandé ok je viens habiter ici c'est sûr qu'il y aura des personnes queer à l'école, mais comment ça se passe à l'extérieur ? Est-ce qu'il y a des assos ? Elles sont où ? Qu'est-ce qu'ils font ? Comment ça se passe quoi ? Et j'ai l'impression que pendant ces deux ans, c'était que des surprises de comme je faisais zéro image de ce que c'est être queer en réalité, dès que je voyais un événement ou une association qui existait, on se dit... Je ne suis pas des affiches, des collages dans les rues. Ça me rendait tellement du bien. Ça m'a rendu tellement heureuse de voir tout ça. Et de me dire qu'en fait, ils sont là, ils existent. Je ne les connais pas forcément, les personnes des associations. Mais je sais que ça gravite et ça bouge fort dans le coin. Ouais je pense à LGBTQIA+, Creuse qui organise des ciné-débats, et ça c'est trop chouette ciné-débat au cinéma juste en bas de chez moi. Et je l'aime cette ruralité parce qu'elle est, ouais elle est surprenante parce que comme je fais zéro image, bah chaque chose est incroyable, par exemple la prairie de Guéret où on était 350 personnes. Tellement peu, une rue remplie de joie et de... je sais pas. Je me suis dit il y a d'autres façons de vivre ça ailleurs. Donc ça c'est trop chouette. Par exemple il y a pas longtemps j'ai vu qu'il y a un collectif qui s'appelle Blasted à Limoges qui fait des shows de drague et des DJ sets au 5h du mat. et comme c'est merveilleux moi ça me donne envie de rester en fait,

  • Speaker #3

    tous ces événements là c'est pas facile pour moi de laisser ce message parce que j'ai été enchantée par l'idée de ce répondeur chancouir mais je sais pas trop quoi répondre à tes trois questions Peut-être qu'il y a quelques semaines ou mois, j'aurais pu répondre avec plus de fraîcheur et de légèreté. Mais là, c'est super difficile pour moi de te raconter des choses positives, quand je vois qu'autour de nous, la moitié des gens votent pour des fachos, quand j'entends que le fils métisse des voisins se prend des insultes racistes en CE1, que mon fils se fait moquer parce qu'il a les cheveux longs. Ça se passe aussi en ville, c'est sûr, mais ici, quoi que tu fasses, tout le monde te voit, tout le monde te connaît. Alors heureusement, il y a plein de gens bien. Chez nous, on a la chance d'être dans un petit village avec une mairie tenue par des gens du cru, mais plutôt écolo et clairement pas raciste. Autour de chez nous, il y a plein de choses qui bougent pour créer du lien social, faire parler d'écologie, de mobilité douce, de consommation locale, tout un tas de trucs sympas qui plaisent bien à la bobo que je suis. Et il y a un peu de culture aussi, des spectacles, des concerts, des petits festivals. Et puis surtout, il y a de la nature, la forêt, des ruisseaux, des champs, toutes ces choses-là qui ressourcent et qui ne nous jugent pas. Mais clairement, par chez nous, il n'y a aucune vie queer ou LGBT+, soit parce qu'il n'y a personne peut-être, soit peut-être parce que tout le monde se cache, à part un ou deux mecs dans la quarantaine ouvertement gays qui bossent dans des commerces. Mais sinon, c'est un non-sujet. Moi je suis entouré que de familles cis-hétéro avec des enfants. Alors moi je vais en ville. Au début je faisais une heure de route aller, une heure de route retour pour passer deux heures, deux heures et demie de soirée dans des associations queer en ville, citadine. Et puis j'ai participé à créer des événements dans une ville moins grosse mais plus proche. Mais toujours à vingt minutes de route quand même. Alors ma ruralité idéale, j'ai du mal à la rêver en ce moment. J'ai du mal à imaginer qu'on puisse réduire le nombre de fachos à quelque chose de si petit que ce soit ridicule ou anecdotique. J'ai du mal à voir comment faire s'épanouir des différences dans un monde où la norme est si écrasante. Mais en vrai, j'y crois quand même. Et je crois que je continuerai à lutter par ma simple présence, ici ou ailleurs, quoi qu'il en soit, mais c'est quand même pas facile. Alors merci encore, et puis ben...

  • Speaker #4

    des personnes dans mon coin ont voté vert ou place publique, il y a quand même une montée du RN. Ça nous atteint même nous, alors qu'on est les irréductibles gaulois et gauloises, et que ce n'était pas supposé nous arriver. Ma ruralité me surprend parce qu'elle est pleine de solidarité. J'ai découvert vraiment ce que c'était la solidarité. ici. Et je mets, je ne peux pas m'empêcher de rajouter que en tant que journaliste localière, je constate un repli sur soi quand même, malgré tout, des gens. Parce que, je ne sais pas, ils ont peur qu'on leur prenne quelque chose, leur identité, leur récit, je l'explique par plein de choses, mais je vois quand même que malgré tout, malgré le fait que ce soit un territoire d'accueil qui est tout le temps accueillis, en fait, je veux dire, c'est pas juste maintenant, les gens se replient sur eux-mêmes. Enfin, je sais pas trop, mais en tout cas, je vois que les réseaux sociaux sont aussi des sources de repli sur soi. À quel point les gens sont prêts à toujours rencontrer l'autre, en fait. Et je n'ai pas envie que la ruralité dans laquelle je vis perde ça, parce que je trouve que c'est vraiment le plus important, c'est ce qui fait qu'on fait territoire en fait. Ce qui me surprend, c'est le nombre d'assos, c'est le nombre de festivals, d'événements culturels, d'événements solidaires. C'est le nombre de personnes qui travaillent dans des assos payés à peine plus que le SMIC pour faire tenir tout un territoire. C'est les solutions qui ont toujours été trouvées pour parer au problème. Et c'est ce lien qui est toujours une préoccupation. Voilà, moi c'est ça que j'aime ici. Le lien aux autres est toujours une préoccupation. Jusqu'à quand, on ne sait pas. Mais ça a toujours été le cas.

  • Speaker #5

    Ma ruralité, pourquoi je l'aime ? Alors, avant tout parce qu'elle est belle. Elle est hyper belle. Il y a des très très beaux talus, il y a de très beaux paysages. Voilà, je suis vraiment amoureuse des talus chez moi. J'ai la chance d'avoir un endroit assez préservé. Pourquoi elle me surprend ? Parce que, en fait, comme on n'est vraiment pas très nombreux... On se connaît vite toutes et tous entre nous et en fait on tombe tout le temps les uns sur les autres. Et même quand je suis loin, quand je m'éloigne, on connaît. On connaît les gens. Par exemple, on ne passe plus par le grand géant du covoiturage pour covoiturer. On s'inscrit dessus, on regarde qui propose un covoit et on se contacte en direct. On se récupère les numéros les uns des autres. On a même un groupe sur nos portables uniquement dédié au covoiturage entre notre patelin et le chef-lieu qui est à 10 km. Voilà, donc ça, c'est surprenant. Ça ne marche pas toujours, on ne va pas se mentir, mais c'est incroyable, moi, je trouve, de pouvoir comme ça se connaître entre nous aussi facilement. Ça ne veut pas dire que pour autant... Donc il y a beaucoup, beaucoup de solidarité. C'est vraiment hyper impressionnant. Je n'ai jamais fait autant de stops depuis que j'habite ici. Mais ça ne veut pas dire que les gens sont toujours forcément avec nous. Tout le monde est quand même plus ou moins dans la galère. Il y a beaucoup de pauvreté. Et ce n'est pas toujours très simple. Il ne faut pas verser dans l'utopie. Ce n'est pas du tout aussi simple que ça. Quelles sont les luttes locales ? On a fait une association écoféministe avec les potes ici. On est quand même maintenant très actifs. Je ne sais pas, on doit être 15-20. Mais en vrai, on est plusieurs dizaines. C'est en lien avec les autres associations féministes. tout le territoire régional dans la ruralité, et tous les autres associations qui étaient dans la ruralité, donc à chaque fois c'est des petits collectifs, et en fait, par exemple, les manifestations de ce week-end, on s'est coordonnées sur les textes, sur les lieux, et ce qui fait qu'il y aura plusieurs rassemblements, il y aura plusieurs interventions, et voilà. Et c'est vraiment cool, cette synchronisation.

  • Speaker #2

    J'ai mis un petit temps quand même à comprendre, à voir qui était qui, enfin, quel groupe faisait quoi ici. Et globalement c'est des asso LGBTQIA+, et féministes. Et je crois que j'ai vu ça globalement sur Instagram. En fait je mets des hashtags ou je cherche des trucs et après je tombe sur un événement et je me dis c'est bon je les ai trouvés ! Et après je demande aux copains, copaines par ici est-ce que ça t'intéresse d'aller... Par exemple on est allé voir la campagne Ma Voix. Ma voix, mon choix, il me semble. Pour que le droit à l'avortement soit... pour tous et toutes en Europe. Et donc, on est arrivés comme ça à la Métif, qui est un lieu de résidence artistique à Moutier-Dahan, dans une salle avec tout plein de gens pour discuter de ça et rencontrer les porteuses du projet. Et globalement, c'est via les réseaux sociaux ou les collages que je vois dans la rue. Alors du coup, on se demande à qui fait ça. Et puis finalement, on trompe sur la personne. J'ai l'impression que c'est plus simple de s'organiser, de se mobiliser.

  • Speaker #1

    Pour les luttes politiques et luttes locales, il n'y a pas grand chose. En tout cas, ça fait trois ans maintenant qu'on est ici et je n'ai pas de réseau réel politique. Je suis en train d'en former un avec des personnes que j'ai rencontrées via Instagram, faisant la même activité professionnelle que moi. Mais avant cela, c'était très difficile de trouver un... mouvement politique ou un réseau politique engagé en campagne, sachant que même pour les personnes racisées je fais... comment dire... il y a beaucoup de micro-agressions racistes malgré tout le côté solidaire tout ça et sachant que les personnes racisées sont là dans les campagnes, elles sont juste silenciées et minorisées plus que dans les villes puisque elles travaillent, c'est elles qui vont dans les usines... Quand elles rentrent chez elles, elles ne sont pas conviées aux fêtes ou aux événements locaux. En tout cas, elles ne sont pas les bienvenues. Pour une dynamique de ce genre, il n'y en a pas réellement. Et étant néo-rural... néo-ruraux, avec les copines aussi que je me suis faites, on essaie de reconstruire une dynamique autour de ça. Mais c'est une dynamique principalement féministe, avec au final majoritairement des femmes blanches, mais qui partagent aussi le côté antiraciste. et queer de la lutte.

  • Speaker #0

    Ici dans la Drôme, dans la vallée crétoise, les luttes sont nombreuses. Et je ne vais pas toutes les citer. Moi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est de voir ces derniers mois, cette dernière année, des initiatives émerger dans le milieu queer pour rassembler des fonds, pour aider divers projets. et l'inventivité de ces stratégies. Donc il y a eu des journées, un peu comme des salons esthétiques au sens large, créés dans soit un lieu associatif, soit chez quelqu'un, et il y a des tattoos heureuses qui viennent parfois même de Marseille. Pour ça, il y a beaucoup de tatouages, du massage, mais aussi un bar à ongles, de la coiffure, et tout ça est à prix libre. Il y a aussi eu quelque chose d'initiative que je trouve génial depuis maintenant bien deux ans, je crois, un restaurant caché itinérant. qui a lieu au domicile des personnes qui souhaitent et qui peuvent mettre leur domicile à disposition. Et donc ce sont des personnes queers qui vont cuisiner, qui ont plus ou moins le métier ou qui ont une grande expérience de ça. Et de la même façon, c'est à prix libre. Et voilà, avec toujours des super bons menus. Et cet argent qui est récolté a été pour diverses choses. Pour par exemple la torsoplastie de deux personnes trans. Pour cette torsoplastie, il y a eu aussi un cabaret queer, la cabaret. Et... Voilà, ça a été une super soirée, également à prix libre. Et voilà, à chaque fois, c'est des choses qui sont proposées à prix libre avec des gens qui viennent donner de leur temps, de leur énergie pour ça. Et les gains sont considérables. Donc c'est vraiment beau de voir cette solidarité-là qu'on peut avoir entre nous. Je sais que les recettes du restaurant ont aussi servi pour des personnes exilées. Il y a vraiment une diversité d'actions comme ça.

  • Speaker #4

    Du coup, moi, j'avoue que ces deux dernières années, mis à part quand je vais vous voir avec Jean Couir, je n'ai pas le temps de trop m'investir dans des endroits LGBT. Il y a un café associatif LGBT, pas loin de chez moi, et il y a une asso à... de 50 minutes, qui a organisé déjà The Pride. Enfin, il y a deux assos. Il y a un collectif et une asso, je crois. Donc bref, c'est super, mais j'avoue que ces deux dernières années, j'ai tellement travaillé que je n'ai pas forcément le temps non plus de m'investir plus que ça. Côté féministe, il y a pas mal de trucs. Il y a les 8 mars qui sont assez importants. Il y a deux, on va dire, pour moi, dans la vallée dans laquelle je vis, il y a deux grosses assos de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont très très importantes puisque dans les ruralités, les violences sont moins détectables. On est très écolo et je pense qu'il y a un gros effort à faire sur l'anti-racisme. Voilà. Après, sur le RN, ben... Je pense qu'il y a des gens qui votent quand même ARN parce qu'ils ont peur. Je pense que c'est des gens matrixés à CNews et je m'aperçois à quel point il y a un putain de gouffre. En fait, moi, là, vraiment, je vis... Je vis ce truc en tant que journaliste, quoi. De me rendre compte, je savais déjà, mais vraiment l'étendue des dégâts, en fait. Et ça me fait très, très peur de l'étendue des dégâts causés par Bolloré. Moi, j'aimerais, dans ma ruralité idéale, et c'est pas forcément en lien avec les personnes LGBT, mais quand même... En fait, j'aimerais qu'on reste dans ce truc de la révolution elle va venir de là forcément parce qu'en fait quand tu as tout perdu, tu mènes des révolutions et les ruralités ont tout perdu, même leurs récits, même leurs voix et du coup elles vont forcément mener... toutes les révolutions sociales. Je veux dire, c'est obligé. Quand on t'enlève ton service public, t'es obligé de trouver une solution. Quand on t'enlève ta maternité, t'es obligé de trouver une solution. Et j'aimerais que les gens se parlent plus. Et par exemple... en fait il manque de lieux en fait il manque à la fois de lieux spécifiques pour les personnes LGBT, les féministes etc, enfin toutes les luttes et en même temps il manque ce lieu de mélange et en même temps est-ce que c'est pas le café au marché le samedi matin mais Moi, j'aimerais que les gens se parlent vraiment, que les gens arrêtent de se dire Oui, telle personne, elle est comme ça. Moi, j'aimerais juste que le pont, il se fasse. Si le pont ne se fait pas, les gens ne comprendront jamais qui on est, en fait. Et vraiment, quoi. Enfin, moi, je me dis, mais... En fait, le fait d'exister dans ces lieux, de faire, en fait, et de s'afficher, et de... d'expliquer, voilà, enfin aussi de dire, voilà, ben moi je suis en couple avec une femme, je suis une femme, je suis en couple avec une femme, ou je suis une personne trans, et de prendre du temps, alors je sais qu'il y a des gens qui peuvent être très violents, et je sais la peur, je la connais par cœur, mais en même temps, je suis sûre qu'il y a plein de gens qui sont pas dans une peur, mais dans une ignorance, ils sont pas dans un rejet de l'autre, mais dans une ignorance qui est vraiment basique en fait. et que ben voilà je parle pas des gens qui regardent ces news je parle pas de la propagande etc je parle juste des gens qui sont trop occupés pour regarder ces news mais aussi trop occupés pour aller chercher l'information et que peut-être un jour ça va leur tomber dessus parce que leur petit-fils, leur petite-fille etc mais en tout cas je veux dire je pense que ces gens là à qui on a pris aussi leur récit c'est pas des gens ben en fait ils sont trop ils vont pas forcément chercher en fait l'information Et eux, ils n'ont jamais vu de personnes trans ou de personnes LGBT. Et voilà, moi, j'aime à croire ça.

  • Speaker #5

    Et ma ruralité idéale, mon utopie, comment améliorer ma vie ? Alors déjà, il y aurait des arrêts de stop avec un toit sur la tête, un panneau solaire et un néon pour plus que les ados fassent du stop sous la pluie, dans les petits virages, dans le noir, en hiver. Voilà. Et en vrai, franchement, ce ne serait pas très différent, sauf qu'on aurait des logements qui ne soient pas insalubres. On réglerait plus facilement nos problèmes de bagnole. On aurait moins de potes dans la misère. Et voilà. Mais sinon, moi,

  • Speaker #4

    j'ai tout pour être heureuse ici, je crois.

  • Speaker #0

    De prime abord, je ne sais pas trop quoi dire à la question comment améliorer ma vie sur ce territoire. Et je trouve ça très joyeux parce que j'ai l'impression qu'en tant que personne trans qui vit en milieu rural, ma vie est déjà vraiment de bonne qualité, j'ai envie de dire. Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant, j'aimerais avoir un lieu de rencontre. de rencontres de tout type d'ailleurs, que ce soit des rencontres politiques, des rencontres amicales, des rencontres affectives au sens large. Et ça, je dirais, ça manque, parce que j'ai l'impression qu'on a une grande capacité de s'organiser entre nous et qu'il y a un lieu associatif qui est très facilement accessible. Mais si on avait un lieu rien qu'à nous, avec une identité queer forte, ça serait vraiment le pire.

  • Speaker #2

    C'est marrant, parce que du coup je retourne bientôt en Bretagne et je vais rencontrer une nouvelle réalité, qui est celle où j'ai... grandit, ou là où ma famille vient. Et du coup, j'ai hâte de découvrir tout ça, et je pense que mon utopie pour là-bas, ce serait... D'avoir de rencontrer vite ces groupes de personnes queer et d'héters sur place, et de créer des événements, et de créer peut-être des festivals, peut-être aussi mélanger l'art et la lutte, que ce soit joyeux. Je pense à... Je pense à la sépraone parade à Hambourg. L'année dernière j'étais en Allemagne, dans le nord de l'Allemagne, à Brem, et en fait à Hambourg il y avait...

  • Speaker #0

    une parade des navigatrices dans le port de Hambourg. Et je crois que mon utopie, c'est un peu des sortes d'événements comme ça, hyper féministes, déterres, queers, de prendre la place, et de prendre davantage de place. Je vois trop ça dans la rade de Brest, ce serait incroyable. espèce de parade féministe de navigatrices sur des bateaux. Ouais. Ou... Je sais pas, ou peut-être un... Comment dire ? Un centre d'archives aussi. Ça, ça m'intéresserait beaucoup. Je sais pas, je pense aux... Aux femmes... Aux femmes... Aux femmes bretonnes. gardiennes de phare, est-ce qu'il y a eu des gardiennes de phare, comment on dirait, des femmes gardiennes de phare ? Est-ce qu'il y a eu des femmes, des couples lesbiens bigoudaines ? Et c'est sûr, c'est sûr qu'elles existent. Des couples avec trois parents, je pense à une sorte de centre d'archives. pour chaque région, mais LGBT quoi. Ça, ce serait fou. Comme ça, tu arrives dans une ville et tu viens, tu rencontres aussi l'histoire de ta ville, de ta commune, de ton lieu dit par les archives et par les archives LGBT. Parce que des fois on arrive et on se dit mais est-ce que c'est vraiment ma place ? Et en fait quand tu vois que bah oui en fait il y avait un couple de familles goudaines dans les années 50 qui étaient très bien et qui ont vécu leur meilleure vie sur, je sais pas, sur leur île là, oh ça serait fou !

  • Speaker #1

    Pour ma ruralité idéale, je partirais sur une ruralité mixte. où les néo-ruraux soient plus nombreux, mais qui aient aussi un équilibre et une collaboration avec les ruraux de souche. Et surtout que les personnes non-blanches soient reconnues et ne soient pas invisibilisées, qu'elles soient intégrées, parce qu'en fait, elles font partie de la vie. Ils sont acteurs du territoire, ils travaillent sur le territoire, mais c'est juste qu'on les voit pas, on les subisse du racisme tous les jours. Je dis ça en tant que témoin de ces faits-là et on a besoin d'avoir une ruralité antiraciste réelle, vraiment.

  • Speaker #2

    Fin des nouveaux messages Merci à tous les ruralités queers sont révolutionnaires à très vite.

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Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


C'est la lumière dans les ténèbres que nous vivons. Pour dire que non, toutes les ruralités ne votent pas RN, pour exprimer nos joies, nos luttes, nos inquiétudes. C'est 33 minutes offertes par les auditeurices de Champs queers pour raconter leur territoire, contre l'obscurantisme, le repli sur soi, pour comprendre où on vit, ce qu'on vit. Pour s'aider à faire territoire, parce que les ruralités sont toujours méprisées, caricaturées, parce qu'on a arraché les récits de celleux qui les font. Pour se souvenir de qui nous sommes et pour reprendre nos récits.


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Chant Queer ? C'est la grosse merde en France alors donnons-nous de la force et les queers emmerdent le Rassemblement National.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Lucia et je suis une personne racisée installée en campagne dans le Finistère et j'ai mon activité agricole. Je suis entourée de personnes âgés finalement, mais aussi des néo-ruraux comme moi, jeunes, majoritairement blanches. Je l'aime parce que c'est aussi un endroit où il y a beaucoup de solidarité, beaucoup d'entraide, et malgré certains opinions que je sais qui pourraient être divergents, on est seul sans vraiment l'être, vraiment. Du coup, ça amène... Moi, ça me permet d'avoir mes... moment, pour mon activité, pour moi-même. Pourquoi j'ai choisi la campagne aussi, c'est aussi cette tranquillité, mais en même temps je sais que je peux faire confiance à mes voisins et aux personnes qui m'entourent, que je rencontre. Et ayant une activité agricole et commerçante, j'ai aussi l'opportunité de rencontrer plus de monde sur le territoire et de moins être isolée. Du coup je fais beaucoup de rencontres d'anciens majoritairement, de gens qui sont là depuis longtemps, et qui ont beaucoup à donner, qui ont beaucoup de cœur au final. Et on va dire que c'est ça qui me plaît vraiment dans cette ruralité. Je finis avec la première question sur ce qui me surprend dans cette ruralité là, au final c'est vraiment ce côté solidarité qu'il y a, qu'on retrouve pas forcément en ville si on fait pas partie de communautés ou de collectifs. Il suffit d'avoir discuté un jour avec la personne et le jour suivant tu peux aller lui demander un peu d'aide quoi. En tout cas pour moi ça s'est passé comme ça et ce côté solidaire me touche beaucoup. Merci. et je sais que parfois j'ose pas le faire et c'est d'eux-mêmes qui viennent m'aider ou me soutenir.

  • Speaker #0

    La première question c'était raconte-moi ta ruralité et c'était difficile pour moi de répondre à cette question. Je la regarde, cette question, cette phrase, je tourne autour. Je ne sais pas quoi dire parce que pour moi, la ruralité, ce n'est pas une chose que je peux raconter. En fait, c'est toute ma vie, elle est dedans. Pour moi, ce qu'on appelle la ruralité, ça a toujours été la vie. Et puis ce qui était une chose un peu en dehors de la vie, c'était plutôt l'urbain, le citadin. et les personnes avec ces codes et ce mode de vie urbain me paraissaient difficilement compréhensibles. J'ai grandi dans un petit village dans les Pyrénées, et aujourd'hui je vis dans un autre petit village dans la Drôme, et entre les deux j'ai dû faire un passage par Marseille pour mes études, et ça a été très douloureux, je me sentais vraiment hors sol. Si je devais parler peut-être de la spécificité de ce territoire, c'est que... Il y a les avantages et les inconvénients des néo-ruraux et du coup de personnes qui ont vécu ailleurs qu'ici avant dans leur vie et qui arrivent, qui s'y installent et ça crée de la diversité, qui arrive avec de la nouveauté. Pour moi les inconvénients c'est aussi peut-être les inconvénients de la culture urbaine. parfois d'un manque de soin dans les relations, parce que quand on a eu l'habitude de pouvoir être anonyme dans les grandes villes, on peut se permettre ça. J'ai l'impression que ce soin ici, en tout cas dans le milieu queer, féministe, il est quand même très présent, ou en tout cas recherché, que c'est vraiment quelque chose qui est mis en conscience. Et j'aime aussi le fait que parfois, pas tout le temps, mais on essaye, en tout cas certains, certaines d'entre nous, ce mode de vie côtoie des personnes qui sont moins familières du milieu queer et féministe. des personnes qui sont sur ce territoire rural depuis toujours, depuis peut-être des générations, et qui sont d'une génération plus âgée peut-être aussi. En tout cas, c'est quelque chose que je vis moi dans mon hameau perché en haut de la colline. Et j'aime beaucoup ça, parce que dans mon hameau... Je ne me cache pas être une personne queer. Certaines personnes savent que je suis une personne trans. Mais pour l'instant, ce n'est pas quelque chose que j'ai souhaité dire à tous. Mais en tout cas, c'est très visible que je suis une personne queer. Je me balade dans la rue avec des sweats arc-en-ciel ou avec du maquillage. Et je vois qu'il y a des personnes... Ils ne sont pas familières de ça et qui sont peut-être même avec une forme de LGBTphobie, je ne sais pas exactement laquelle, mais qui n'est pas exprimée face à moi. Et en même temps, quand on a besoin de se rendre service, parce que dans un mot de 10 habitants à l'année, il y a toujours des moments où on a besoin de se rendre service et puis on a besoin aussi de se côtoyer, de se connaître. On ne peut pas se balader sans se croiser. Et moi j'ai... J'ai vraiment envie de cultiver cette intelligence de savoir créer un espace de rencontre agréable, en sachant qu'il y a des sujets qu'on n'abordera pas, mais il y a des endroits où on peut se connecter l'un l'une à l'autre.

  • Speaker #2

    Moi j'ai grandi en Bretagne, dans une ville moyenne de 25 000 habitants, et je suis partie ensuite faire ma licence à Paris, dans une école d'art et de design, et... Et ensuite je suis partie, en fait je suis arrivée il y a deux ans, faire un master en design dans une petite ville de 5000 habitants. Je suis venue principalement pour le master parce que ça m'intéressait beaucoup, et surtout me dire mais en fait est-ce que... J'avais déjà... J'avais pas trop aimé la ville à Paris, la vie à Paris, et le monde queer à Paris me faisait peur. J'étais hyper intimidée, je venais d'une ville où il n'y avait pas trop la porte ouverte sur ces questionnements-là, sur ces sujets, sur ces luttes. Et je me suis pris Paris dans la gueule avec tout plein de lectures que j'ai découvertes de personnes. vécu, d'exposition, de film, enfin c'était vraiment genre une espèce de claque dans la gueule d'informations de qu'est ce que c'est d'être queer et qu'est ce que ça implique et la colère et la fierté et la peur et la joie et l'amour et en arrivant en Creuse je me suis demandé ok je viens habiter ici c'est sûr qu'il y aura des personnes queer à l'école, mais comment ça se passe à l'extérieur ? Est-ce qu'il y a des assos ? Elles sont où ? Qu'est-ce qu'ils font ? Comment ça se passe quoi ? Et j'ai l'impression que pendant ces deux ans, c'était que des surprises de comme je faisais zéro image de ce que c'est être queer en réalité, dès que je voyais un événement ou une association qui existait, on se dit... Je ne suis pas des affiches, des collages dans les rues. Ça me rendait tellement du bien. Ça m'a rendu tellement heureuse de voir tout ça. Et de me dire qu'en fait, ils sont là, ils existent. Je ne les connais pas forcément, les personnes des associations. Mais je sais que ça gravite et ça bouge fort dans le coin. Ouais je pense à LGBTQIA+, Creuse qui organise des ciné-débats, et ça c'est trop chouette ciné-débat au cinéma juste en bas de chez moi. Et je l'aime cette ruralité parce qu'elle est, ouais elle est surprenante parce que comme je fais zéro image, bah chaque chose est incroyable, par exemple la prairie de Guéret où on était 350 personnes. Tellement peu, une rue remplie de joie et de... je sais pas. Je me suis dit il y a d'autres façons de vivre ça ailleurs. Donc ça c'est trop chouette. Par exemple il y a pas longtemps j'ai vu qu'il y a un collectif qui s'appelle Blasted à Limoges qui fait des shows de drague et des DJ sets au 5h du mat. et comme c'est merveilleux moi ça me donne envie de rester en fait,

  • Speaker #3

    tous ces événements là c'est pas facile pour moi de laisser ce message parce que j'ai été enchantée par l'idée de ce répondeur chancouir mais je sais pas trop quoi répondre à tes trois questions Peut-être qu'il y a quelques semaines ou mois, j'aurais pu répondre avec plus de fraîcheur et de légèreté. Mais là, c'est super difficile pour moi de te raconter des choses positives, quand je vois qu'autour de nous, la moitié des gens votent pour des fachos, quand j'entends que le fils métisse des voisins se prend des insultes racistes en CE1, que mon fils se fait moquer parce qu'il a les cheveux longs. Ça se passe aussi en ville, c'est sûr, mais ici, quoi que tu fasses, tout le monde te voit, tout le monde te connaît. Alors heureusement, il y a plein de gens bien. Chez nous, on a la chance d'être dans un petit village avec une mairie tenue par des gens du cru, mais plutôt écolo et clairement pas raciste. Autour de chez nous, il y a plein de choses qui bougent pour créer du lien social, faire parler d'écologie, de mobilité douce, de consommation locale, tout un tas de trucs sympas qui plaisent bien à la bobo que je suis. Et il y a un peu de culture aussi, des spectacles, des concerts, des petits festivals. Et puis surtout, il y a de la nature, la forêt, des ruisseaux, des champs, toutes ces choses-là qui ressourcent et qui ne nous jugent pas. Mais clairement, par chez nous, il n'y a aucune vie queer ou LGBT+, soit parce qu'il n'y a personne peut-être, soit peut-être parce que tout le monde se cache, à part un ou deux mecs dans la quarantaine ouvertement gays qui bossent dans des commerces. Mais sinon, c'est un non-sujet. Moi je suis entouré que de familles cis-hétéro avec des enfants. Alors moi je vais en ville. Au début je faisais une heure de route aller, une heure de route retour pour passer deux heures, deux heures et demie de soirée dans des associations queer en ville, citadine. Et puis j'ai participé à créer des événements dans une ville moins grosse mais plus proche. Mais toujours à vingt minutes de route quand même. Alors ma ruralité idéale, j'ai du mal à la rêver en ce moment. J'ai du mal à imaginer qu'on puisse réduire le nombre de fachos à quelque chose de si petit que ce soit ridicule ou anecdotique. J'ai du mal à voir comment faire s'épanouir des différences dans un monde où la norme est si écrasante. Mais en vrai, j'y crois quand même. Et je crois que je continuerai à lutter par ma simple présence, ici ou ailleurs, quoi qu'il en soit, mais c'est quand même pas facile. Alors merci encore, et puis ben...

  • Speaker #4

    des personnes dans mon coin ont voté vert ou place publique, il y a quand même une montée du RN. Ça nous atteint même nous, alors qu'on est les irréductibles gaulois et gauloises, et que ce n'était pas supposé nous arriver. Ma ruralité me surprend parce qu'elle est pleine de solidarité. J'ai découvert vraiment ce que c'était la solidarité. ici. Et je mets, je ne peux pas m'empêcher de rajouter que en tant que journaliste localière, je constate un repli sur soi quand même, malgré tout, des gens. Parce que, je ne sais pas, ils ont peur qu'on leur prenne quelque chose, leur identité, leur récit, je l'explique par plein de choses, mais je vois quand même que malgré tout, malgré le fait que ce soit un territoire d'accueil qui est tout le temps accueillis, en fait, je veux dire, c'est pas juste maintenant, les gens se replient sur eux-mêmes. Enfin, je sais pas trop, mais en tout cas, je vois que les réseaux sociaux sont aussi des sources de repli sur soi. À quel point les gens sont prêts à toujours rencontrer l'autre, en fait. Et je n'ai pas envie que la ruralité dans laquelle je vis perde ça, parce que je trouve que c'est vraiment le plus important, c'est ce qui fait qu'on fait territoire en fait. Ce qui me surprend, c'est le nombre d'assos, c'est le nombre de festivals, d'événements culturels, d'événements solidaires. C'est le nombre de personnes qui travaillent dans des assos payés à peine plus que le SMIC pour faire tenir tout un territoire. C'est les solutions qui ont toujours été trouvées pour parer au problème. Et c'est ce lien qui est toujours une préoccupation. Voilà, moi c'est ça que j'aime ici. Le lien aux autres est toujours une préoccupation. Jusqu'à quand, on ne sait pas. Mais ça a toujours été le cas.

  • Speaker #5

    Ma ruralité, pourquoi je l'aime ? Alors, avant tout parce qu'elle est belle. Elle est hyper belle. Il y a des très très beaux talus, il y a de très beaux paysages. Voilà, je suis vraiment amoureuse des talus chez moi. J'ai la chance d'avoir un endroit assez préservé. Pourquoi elle me surprend ? Parce que, en fait, comme on n'est vraiment pas très nombreux... On se connaît vite toutes et tous entre nous et en fait on tombe tout le temps les uns sur les autres. Et même quand je suis loin, quand je m'éloigne, on connaît. On connaît les gens. Par exemple, on ne passe plus par le grand géant du covoiturage pour covoiturer. On s'inscrit dessus, on regarde qui propose un covoit et on se contacte en direct. On se récupère les numéros les uns des autres. On a même un groupe sur nos portables uniquement dédié au covoiturage entre notre patelin et le chef-lieu qui est à 10 km. Voilà, donc ça, c'est surprenant. Ça ne marche pas toujours, on ne va pas se mentir, mais c'est incroyable, moi, je trouve, de pouvoir comme ça se connaître entre nous aussi facilement. Ça ne veut pas dire que pour autant... Donc il y a beaucoup, beaucoup de solidarité. C'est vraiment hyper impressionnant. Je n'ai jamais fait autant de stops depuis que j'habite ici. Mais ça ne veut pas dire que les gens sont toujours forcément avec nous. Tout le monde est quand même plus ou moins dans la galère. Il y a beaucoup de pauvreté. Et ce n'est pas toujours très simple. Il ne faut pas verser dans l'utopie. Ce n'est pas du tout aussi simple que ça. Quelles sont les luttes locales ? On a fait une association écoféministe avec les potes ici. On est quand même maintenant très actifs. Je ne sais pas, on doit être 15-20. Mais en vrai, on est plusieurs dizaines. C'est en lien avec les autres associations féministes. tout le territoire régional dans la ruralité, et tous les autres associations qui étaient dans la ruralité, donc à chaque fois c'est des petits collectifs, et en fait, par exemple, les manifestations de ce week-end, on s'est coordonnées sur les textes, sur les lieux, et ce qui fait qu'il y aura plusieurs rassemblements, il y aura plusieurs interventions, et voilà. Et c'est vraiment cool, cette synchronisation.

  • Speaker #2

    J'ai mis un petit temps quand même à comprendre, à voir qui était qui, enfin, quel groupe faisait quoi ici. Et globalement c'est des asso LGBTQIA+, et féministes. Et je crois que j'ai vu ça globalement sur Instagram. En fait je mets des hashtags ou je cherche des trucs et après je tombe sur un événement et je me dis c'est bon je les ai trouvés ! Et après je demande aux copains, copaines par ici est-ce que ça t'intéresse d'aller... Par exemple on est allé voir la campagne Ma Voix. Ma voix, mon choix, il me semble. Pour que le droit à l'avortement soit... pour tous et toutes en Europe. Et donc, on est arrivés comme ça à la Métif, qui est un lieu de résidence artistique à Moutier-Dahan, dans une salle avec tout plein de gens pour discuter de ça et rencontrer les porteuses du projet. Et globalement, c'est via les réseaux sociaux ou les collages que je vois dans la rue. Alors du coup, on se demande à qui fait ça. Et puis finalement, on trompe sur la personne. J'ai l'impression que c'est plus simple de s'organiser, de se mobiliser.

  • Speaker #1

    Pour les luttes politiques et luttes locales, il n'y a pas grand chose. En tout cas, ça fait trois ans maintenant qu'on est ici et je n'ai pas de réseau réel politique. Je suis en train d'en former un avec des personnes que j'ai rencontrées via Instagram, faisant la même activité professionnelle que moi. Mais avant cela, c'était très difficile de trouver un... mouvement politique ou un réseau politique engagé en campagne, sachant que même pour les personnes racisées je fais... comment dire... il y a beaucoup de micro-agressions racistes malgré tout le côté solidaire tout ça et sachant que les personnes racisées sont là dans les campagnes, elles sont juste silenciées et minorisées plus que dans les villes puisque elles travaillent, c'est elles qui vont dans les usines... Quand elles rentrent chez elles, elles ne sont pas conviées aux fêtes ou aux événements locaux. En tout cas, elles ne sont pas les bienvenues. Pour une dynamique de ce genre, il n'y en a pas réellement. Et étant néo-rural... néo-ruraux, avec les copines aussi que je me suis faites, on essaie de reconstruire une dynamique autour de ça. Mais c'est une dynamique principalement féministe, avec au final majoritairement des femmes blanches, mais qui partagent aussi le côté antiraciste. et queer de la lutte.

  • Speaker #0

    Ici dans la Drôme, dans la vallée crétoise, les luttes sont nombreuses. Et je ne vais pas toutes les citer. Moi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est de voir ces derniers mois, cette dernière année, des initiatives émerger dans le milieu queer pour rassembler des fonds, pour aider divers projets. et l'inventivité de ces stratégies. Donc il y a eu des journées, un peu comme des salons esthétiques au sens large, créés dans soit un lieu associatif, soit chez quelqu'un, et il y a des tattoos heureuses qui viennent parfois même de Marseille. Pour ça, il y a beaucoup de tatouages, du massage, mais aussi un bar à ongles, de la coiffure, et tout ça est à prix libre. Il y a aussi eu quelque chose d'initiative que je trouve génial depuis maintenant bien deux ans, je crois, un restaurant caché itinérant. qui a lieu au domicile des personnes qui souhaitent et qui peuvent mettre leur domicile à disposition. Et donc ce sont des personnes queers qui vont cuisiner, qui ont plus ou moins le métier ou qui ont une grande expérience de ça. Et de la même façon, c'est à prix libre. Et voilà, avec toujours des super bons menus. Et cet argent qui est récolté a été pour diverses choses. Pour par exemple la torsoplastie de deux personnes trans. Pour cette torsoplastie, il y a eu aussi un cabaret queer, la cabaret. Et... Voilà, ça a été une super soirée, également à prix libre. Et voilà, à chaque fois, c'est des choses qui sont proposées à prix libre avec des gens qui viennent donner de leur temps, de leur énergie pour ça. Et les gains sont considérables. Donc c'est vraiment beau de voir cette solidarité-là qu'on peut avoir entre nous. Je sais que les recettes du restaurant ont aussi servi pour des personnes exilées. Il y a vraiment une diversité d'actions comme ça.

  • Speaker #4

    Du coup, moi, j'avoue que ces deux dernières années, mis à part quand je vais vous voir avec Jean Couir, je n'ai pas le temps de trop m'investir dans des endroits LGBT. Il y a un café associatif LGBT, pas loin de chez moi, et il y a une asso à... de 50 minutes, qui a organisé déjà The Pride. Enfin, il y a deux assos. Il y a un collectif et une asso, je crois. Donc bref, c'est super, mais j'avoue que ces deux dernières années, j'ai tellement travaillé que je n'ai pas forcément le temps non plus de m'investir plus que ça. Côté féministe, il y a pas mal de trucs. Il y a les 8 mars qui sont assez importants. Il y a deux, on va dire, pour moi, dans la vallée dans laquelle je vis, il y a deux grosses assos de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont très très importantes puisque dans les ruralités, les violences sont moins détectables. On est très écolo et je pense qu'il y a un gros effort à faire sur l'anti-racisme. Voilà. Après, sur le RN, ben... Je pense qu'il y a des gens qui votent quand même ARN parce qu'ils ont peur. Je pense que c'est des gens matrixés à CNews et je m'aperçois à quel point il y a un putain de gouffre. En fait, moi, là, vraiment, je vis... Je vis ce truc en tant que journaliste, quoi. De me rendre compte, je savais déjà, mais vraiment l'étendue des dégâts, en fait. Et ça me fait très, très peur de l'étendue des dégâts causés par Bolloré. Moi, j'aimerais, dans ma ruralité idéale, et c'est pas forcément en lien avec les personnes LGBT, mais quand même... En fait, j'aimerais qu'on reste dans ce truc de la révolution elle va venir de là forcément parce qu'en fait quand tu as tout perdu, tu mènes des révolutions et les ruralités ont tout perdu, même leurs récits, même leurs voix et du coup elles vont forcément mener... toutes les révolutions sociales. Je veux dire, c'est obligé. Quand on t'enlève ton service public, t'es obligé de trouver une solution. Quand on t'enlève ta maternité, t'es obligé de trouver une solution. Et j'aimerais que les gens se parlent plus. Et par exemple... en fait il manque de lieux en fait il manque à la fois de lieux spécifiques pour les personnes LGBT, les féministes etc, enfin toutes les luttes et en même temps il manque ce lieu de mélange et en même temps est-ce que c'est pas le café au marché le samedi matin mais Moi, j'aimerais que les gens se parlent vraiment, que les gens arrêtent de se dire Oui, telle personne, elle est comme ça. Moi, j'aimerais juste que le pont, il se fasse. Si le pont ne se fait pas, les gens ne comprendront jamais qui on est, en fait. Et vraiment, quoi. Enfin, moi, je me dis, mais... En fait, le fait d'exister dans ces lieux, de faire, en fait, et de s'afficher, et de... d'expliquer, voilà, enfin aussi de dire, voilà, ben moi je suis en couple avec une femme, je suis une femme, je suis en couple avec une femme, ou je suis une personne trans, et de prendre du temps, alors je sais qu'il y a des gens qui peuvent être très violents, et je sais la peur, je la connais par cœur, mais en même temps, je suis sûre qu'il y a plein de gens qui sont pas dans une peur, mais dans une ignorance, ils sont pas dans un rejet de l'autre, mais dans une ignorance qui est vraiment basique en fait. et que ben voilà je parle pas des gens qui regardent ces news je parle pas de la propagande etc je parle juste des gens qui sont trop occupés pour regarder ces news mais aussi trop occupés pour aller chercher l'information et que peut-être un jour ça va leur tomber dessus parce que leur petit-fils, leur petite-fille etc mais en tout cas je veux dire je pense que ces gens là à qui on a pris aussi leur récit c'est pas des gens ben en fait ils sont trop ils vont pas forcément chercher en fait l'information Et eux, ils n'ont jamais vu de personnes trans ou de personnes LGBT. Et voilà, moi, j'aime à croire ça.

  • Speaker #5

    Et ma ruralité idéale, mon utopie, comment améliorer ma vie ? Alors déjà, il y aurait des arrêts de stop avec un toit sur la tête, un panneau solaire et un néon pour plus que les ados fassent du stop sous la pluie, dans les petits virages, dans le noir, en hiver. Voilà. Et en vrai, franchement, ce ne serait pas très différent, sauf qu'on aurait des logements qui ne soient pas insalubres. On réglerait plus facilement nos problèmes de bagnole. On aurait moins de potes dans la misère. Et voilà. Mais sinon, moi,

  • Speaker #4

    j'ai tout pour être heureuse ici, je crois.

  • Speaker #0

    De prime abord, je ne sais pas trop quoi dire à la question comment améliorer ma vie sur ce territoire. Et je trouve ça très joyeux parce que j'ai l'impression qu'en tant que personne trans qui vit en milieu rural, ma vie est déjà vraiment de bonne qualité, j'ai envie de dire. Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant, j'aimerais avoir un lieu de rencontre. de rencontres de tout type d'ailleurs, que ce soit des rencontres politiques, des rencontres amicales, des rencontres affectives au sens large. Et ça, je dirais, ça manque, parce que j'ai l'impression qu'on a une grande capacité de s'organiser entre nous et qu'il y a un lieu associatif qui est très facilement accessible. Mais si on avait un lieu rien qu'à nous, avec une identité queer forte, ça serait vraiment le pire.

  • Speaker #2

    C'est marrant, parce que du coup je retourne bientôt en Bretagne et je vais rencontrer une nouvelle réalité, qui est celle où j'ai... grandit, ou là où ma famille vient. Et du coup, j'ai hâte de découvrir tout ça, et je pense que mon utopie pour là-bas, ce serait... D'avoir de rencontrer vite ces groupes de personnes queer et d'héters sur place, et de créer des événements, et de créer peut-être des festivals, peut-être aussi mélanger l'art et la lutte, que ce soit joyeux. Je pense à... Je pense à la sépraone parade à Hambourg. L'année dernière j'étais en Allemagne, dans le nord de l'Allemagne, à Brem, et en fait à Hambourg il y avait...

  • Speaker #0

    une parade des navigatrices dans le port de Hambourg. Et je crois que mon utopie, c'est un peu des sortes d'événements comme ça, hyper féministes, déterres, queers, de prendre la place, et de prendre davantage de place. Je vois trop ça dans la rade de Brest, ce serait incroyable. espèce de parade féministe de navigatrices sur des bateaux. Ouais. Ou... Je sais pas, ou peut-être un... Comment dire ? Un centre d'archives aussi. Ça, ça m'intéresserait beaucoup. Je sais pas, je pense aux... Aux femmes... Aux femmes... Aux femmes bretonnes. gardiennes de phare, est-ce qu'il y a eu des gardiennes de phare, comment on dirait, des femmes gardiennes de phare ? Est-ce qu'il y a eu des femmes, des couples lesbiens bigoudaines ? Et c'est sûr, c'est sûr qu'elles existent. Des couples avec trois parents, je pense à une sorte de centre d'archives. pour chaque région, mais LGBT quoi. Ça, ce serait fou. Comme ça, tu arrives dans une ville et tu viens, tu rencontres aussi l'histoire de ta ville, de ta commune, de ton lieu dit par les archives et par les archives LGBT. Parce que des fois on arrive et on se dit mais est-ce que c'est vraiment ma place ? Et en fait quand tu vois que bah oui en fait il y avait un couple de familles goudaines dans les années 50 qui étaient très bien et qui ont vécu leur meilleure vie sur, je sais pas, sur leur île là, oh ça serait fou !

  • Speaker #1

    Pour ma ruralité idéale, je partirais sur une ruralité mixte. où les néo-ruraux soient plus nombreux, mais qui aient aussi un équilibre et une collaboration avec les ruraux de souche. Et surtout que les personnes non-blanches soient reconnues et ne soient pas invisibilisées, qu'elles soient intégrées, parce qu'en fait, elles font partie de la vie. Ils sont acteurs du territoire, ils travaillent sur le territoire, mais c'est juste qu'on les voit pas, on les subisse du racisme tous les jours. Je dis ça en tant que témoin de ces faits-là et on a besoin d'avoir une ruralité antiraciste réelle, vraiment.

  • Speaker #2

    Fin des nouveaux messages Merci à tous les ruralités queers sont révolutionnaires à très vite.

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Description

Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


C'est la lumière dans les ténèbres que nous vivons. Pour dire que non, toutes les ruralités ne votent pas RN, pour exprimer nos joies, nos luttes, nos inquiétudes. C'est 33 minutes offertes par les auditeurices de Champs queers pour raconter leur territoire, contre l'obscurantisme, le repli sur soi, pour comprendre où on vit, ce qu'on vit. Pour s'aider à faire territoire, parce que les ruralités sont toujours méprisées, caricaturées, parce qu'on a arraché les récits de celleux qui les font. Pour se souvenir de qui nous sommes et pour reprendre nos récits.


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Chant Queer ? C'est la grosse merde en France alors donnons-nous de la force et les queers emmerdent le Rassemblement National.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Lucia et je suis une personne racisée installée en campagne dans le Finistère et j'ai mon activité agricole. Je suis entourée de personnes âgés finalement, mais aussi des néo-ruraux comme moi, jeunes, majoritairement blanches. Je l'aime parce que c'est aussi un endroit où il y a beaucoup de solidarité, beaucoup d'entraide, et malgré certains opinions que je sais qui pourraient être divergents, on est seul sans vraiment l'être, vraiment. Du coup, ça amène... Moi, ça me permet d'avoir mes... moment, pour mon activité, pour moi-même. Pourquoi j'ai choisi la campagne aussi, c'est aussi cette tranquillité, mais en même temps je sais que je peux faire confiance à mes voisins et aux personnes qui m'entourent, que je rencontre. Et ayant une activité agricole et commerçante, j'ai aussi l'opportunité de rencontrer plus de monde sur le territoire et de moins être isolée. Du coup je fais beaucoup de rencontres d'anciens majoritairement, de gens qui sont là depuis longtemps, et qui ont beaucoup à donner, qui ont beaucoup de cœur au final. Et on va dire que c'est ça qui me plaît vraiment dans cette ruralité. Je finis avec la première question sur ce qui me surprend dans cette ruralité là, au final c'est vraiment ce côté solidarité qu'il y a, qu'on retrouve pas forcément en ville si on fait pas partie de communautés ou de collectifs. Il suffit d'avoir discuté un jour avec la personne et le jour suivant tu peux aller lui demander un peu d'aide quoi. En tout cas pour moi ça s'est passé comme ça et ce côté solidaire me touche beaucoup. Merci. et je sais que parfois j'ose pas le faire et c'est d'eux-mêmes qui viennent m'aider ou me soutenir.

  • Speaker #0

    La première question c'était raconte-moi ta ruralité et c'était difficile pour moi de répondre à cette question. Je la regarde, cette question, cette phrase, je tourne autour. Je ne sais pas quoi dire parce que pour moi, la ruralité, ce n'est pas une chose que je peux raconter. En fait, c'est toute ma vie, elle est dedans. Pour moi, ce qu'on appelle la ruralité, ça a toujours été la vie. Et puis ce qui était une chose un peu en dehors de la vie, c'était plutôt l'urbain, le citadin. et les personnes avec ces codes et ce mode de vie urbain me paraissaient difficilement compréhensibles. J'ai grandi dans un petit village dans les Pyrénées, et aujourd'hui je vis dans un autre petit village dans la Drôme, et entre les deux j'ai dû faire un passage par Marseille pour mes études, et ça a été très douloureux, je me sentais vraiment hors sol. Si je devais parler peut-être de la spécificité de ce territoire, c'est que... Il y a les avantages et les inconvénients des néo-ruraux et du coup de personnes qui ont vécu ailleurs qu'ici avant dans leur vie et qui arrivent, qui s'y installent et ça crée de la diversité, qui arrive avec de la nouveauté. Pour moi les inconvénients c'est aussi peut-être les inconvénients de la culture urbaine. parfois d'un manque de soin dans les relations, parce que quand on a eu l'habitude de pouvoir être anonyme dans les grandes villes, on peut se permettre ça. J'ai l'impression que ce soin ici, en tout cas dans le milieu queer, féministe, il est quand même très présent, ou en tout cas recherché, que c'est vraiment quelque chose qui est mis en conscience. Et j'aime aussi le fait que parfois, pas tout le temps, mais on essaye, en tout cas certains, certaines d'entre nous, ce mode de vie côtoie des personnes qui sont moins familières du milieu queer et féministe. des personnes qui sont sur ce territoire rural depuis toujours, depuis peut-être des générations, et qui sont d'une génération plus âgée peut-être aussi. En tout cas, c'est quelque chose que je vis moi dans mon hameau perché en haut de la colline. Et j'aime beaucoup ça, parce que dans mon hameau... Je ne me cache pas être une personne queer. Certaines personnes savent que je suis une personne trans. Mais pour l'instant, ce n'est pas quelque chose que j'ai souhaité dire à tous. Mais en tout cas, c'est très visible que je suis une personne queer. Je me balade dans la rue avec des sweats arc-en-ciel ou avec du maquillage. Et je vois qu'il y a des personnes... Ils ne sont pas familières de ça et qui sont peut-être même avec une forme de LGBTphobie, je ne sais pas exactement laquelle, mais qui n'est pas exprimée face à moi. Et en même temps, quand on a besoin de se rendre service, parce que dans un mot de 10 habitants à l'année, il y a toujours des moments où on a besoin de se rendre service et puis on a besoin aussi de se côtoyer, de se connaître. On ne peut pas se balader sans se croiser. Et moi j'ai... J'ai vraiment envie de cultiver cette intelligence de savoir créer un espace de rencontre agréable, en sachant qu'il y a des sujets qu'on n'abordera pas, mais il y a des endroits où on peut se connecter l'un l'une à l'autre.

  • Speaker #2

    Moi j'ai grandi en Bretagne, dans une ville moyenne de 25 000 habitants, et je suis partie ensuite faire ma licence à Paris, dans une école d'art et de design, et... Et ensuite je suis partie, en fait je suis arrivée il y a deux ans, faire un master en design dans une petite ville de 5000 habitants. Je suis venue principalement pour le master parce que ça m'intéressait beaucoup, et surtout me dire mais en fait est-ce que... J'avais déjà... J'avais pas trop aimé la ville à Paris, la vie à Paris, et le monde queer à Paris me faisait peur. J'étais hyper intimidée, je venais d'une ville où il n'y avait pas trop la porte ouverte sur ces questionnements-là, sur ces sujets, sur ces luttes. Et je me suis pris Paris dans la gueule avec tout plein de lectures que j'ai découvertes de personnes. vécu, d'exposition, de film, enfin c'était vraiment genre une espèce de claque dans la gueule d'informations de qu'est ce que c'est d'être queer et qu'est ce que ça implique et la colère et la fierté et la peur et la joie et l'amour et en arrivant en Creuse je me suis demandé ok je viens habiter ici c'est sûr qu'il y aura des personnes queer à l'école, mais comment ça se passe à l'extérieur ? Est-ce qu'il y a des assos ? Elles sont où ? Qu'est-ce qu'ils font ? Comment ça se passe quoi ? Et j'ai l'impression que pendant ces deux ans, c'était que des surprises de comme je faisais zéro image de ce que c'est être queer en réalité, dès que je voyais un événement ou une association qui existait, on se dit... Je ne suis pas des affiches, des collages dans les rues. Ça me rendait tellement du bien. Ça m'a rendu tellement heureuse de voir tout ça. Et de me dire qu'en fait, ils sont là, ils existent. Je ne les connais pas forcément, les personnes des associations. Mais je sais que ça gravite et ça bouge fort dans le coin. Ouais je pense à LGBTQIA+, Creuse qui organise des ciné-débats, et ça c'est trop chouette ciné-débat au cinéma juste en bas de chez moi. Et je l'aime cette ruralité parce qu'elle est, ouais elle est surprenante parce que comme je fais zéro image, bah chaque chose est incroyable, par exemple la prairie de Guéret où on était 350 personnes. Tellement peu, une rue remplie de joie et de... je sais pas. Je me suis dit il y a d'autres façons de vivre ça ailleurs. Donc ça c'est trop chouette. Par exemple il y a pas longtemps j'ai vu qu'il y a un collectif qui s'appelle Blasted à Limoges qui fait des shows de drague et des DJ sets au 5h du mat. et comme c'est merveilleux moi ça me donne envie de rester en fait,

  • Speaker #3

    tous ces événements là c'est pas facile pour moi de laisser ce message parce que j'ai été enchantée par l'idée de ce répondeur chancouir mais je sais pas trop quoi répondre à tes trois questions Peut-être qu'il y a quelques semaines ou mois, j'aurais pu répondre avec plus de fraîcheur et de légèreté. Mais là, c'est super difficile pour moi de te raconter des choses positives, quand je vois qu'autour de nous, la moitié des gens votent pour des fachos, quand j'entends que le fils métisse des voisins se prend des insultes racistes en CE1, que mon fils se fait moquer parce qu'il a les cheveux longs. Ça se passe aussi en ville, c'est sûr, mais ici, quoi que tu fasses, tout le monde te voit, tout le monde te connaît. Alors heureusement, il y a plein de gens bien. Chez nous, on a la chance d'être dans un petit village avec une mairie tenue par des gens du cru, mais plutôt écolo et clairement pas raciste. Autour de chez nous, il y a plein de choses qui bougent pour créer du lien social, faire parler d'écologie, de mobilité douce, de consommation locale, tout un tas de trucs sympas qui plaisent bien à la bobo que je suis. Et il y a un peu de culture aussi, des spectacles, des concerts, des petits festivals. Et puis surtout, il y a de la nature, la forêt, des ruisseaux, des champs, toutes ces choses-là qui ressourcent et qui ne nous jugent pas. Mais clairement, par chez nous, il n'y a aucune vie queer ou LGBT+, soit parce qu'il n'y a personne peut-être, soit peut-être parce que tout le monde se cache, à part un ou deux mecs dans la quarantaine ouvertement gays qui bossent dans des commerces. Mais sinon, c'est un non-sujet. Moi je suis entouré que de familles cis-hétéro avec des enfants. Alors moi je vais en ville. Au début je faisais une heure de route aller, une heure de route retour pour passer deux heures, deux heures et demie de soirée dans des associations queer en ville, citadine. Et puis j'ai participé à créer des événements dans une ville moins grosse mais plus proche. Mais toujours à vingt minutes de route quand même. Alors ma ruralité idéale, j'ai du mal à la rêver en ce moment. J'ai du mal à imaginer qu'on puisse réduire le nombre de fachos à quelque chose de si petit que ce soit ridicule ou anecdotique. J'ai du mal à voir comment faire s'épanouir des différences dans un monde où la norme est si écrasante. Mais en vrai, j'y crois quand même. Et je crois que je continuerai à lutter par ma simple présence, ici ou ailleurs, quoi qu'il en soit, mais c'est quand même pas facile. Alors merci encore, et puis ben...

  • Speaker #4

    des personnes dans mon coin ont voté vert ou place publique, il y a quand même une montée du RN. Ça nous atteint même nous, alors qu'on est les irréductibles gaulois et gauloises, et que ce n'était pas supposé nous arriver. Ma ruralité me surprend parce qu'elle est pleine de solidarité. J'ai découvert vraiment ce que c'était la solidarité. ici. Et je mets, je ne peux pas m'empêcher de rajouter que en tant que journaliste localière, je constate un repli sur soi quand même, malgré tout, des gens. Parce que, je ne sais pas, ils ont peur qu'on leur prenne quelque chose, leur identité, leur récit, je l'explique par plein de choses, mais je vois quand même que malgré tout, malgré le fait que ce soit un territoire d'accueil qui est tout le temps accueillis, en fait, je veux dire, c'est pas juste maintenant, les gens se replient sur eux-mêmes. Enfin, je sais pas trop, mais en tout cas, je vois que les réseaux sociaux sont aussi des sources de repli sur soi. À quel point les gens sont prêts à toujours rencontrer l'autre, en fait. Et je n'ai pas envie que la ruralité dans laquelle je vis perde ça, parce que je trouve que c'est vraiment le plus important, c'est ce qui fait qu'on fait territoire en fait. Ce qui me surprend, c'est le nombre d'assos, c'est le nombre de festivals, d'événements culturels, d'événements solidaires. C'est le nombre de personnes qui travaillent dans des assos payés à peine plus que le SMIC pour faire tenir tout un territoire. C'est les solutions qui ont toujours été trouvées pour parer au problème. Et c'est ce lien qui est toujours une préoccupation. Voilà, moi c'est ça que j'aime ici. Le lien aux autres est toujours une préoccupation. Jusqu'à quand, on ne sait pas. Mais ça a toujours été le cas.

  • Speaker #5

    Ma ruralité, pourquoi je l'aime ? Alors, avant tout parce qu'elle est belle. Elle est hyper belle. Il y a des très très beaux talus, il y a de très beaux paysages. Voilà, je suis vraiment amoureuse des talus chez moi. J'ai la chance d'avoir un endroit assez préservé. Pourquoi elle me surprend ? Parce que, en fait, comme on n'est vraiment pas très nombreux... On se connaît vite toutes et tous entre nous et en fait on tombe tout le temps les uns sur les autres. Et même quand je suis loin, quand je m'éloigne, on connaît. On connaît les gens. Par exemple, on ne passe plus par le grand géant du covoiturage pour covoiturer. On s'inscrit dessus, on regarde qui propose un covoit et on se contacte en direct. On se récupère les numéros les uns des autres. On a même un groupe sur nos portables uniquement dédié au covoiturage entre notre patelin et le chef-lieu qui est à 10 km. Voilà, donc ça, c'est surprenant. Ça ne marche pas toujours, on ne va pas se mentir, mais c'est incroyable, moi, je trouve, de pouvoir comme ça se connaître entre nous aussi facilement. Ça ne veut pas dire que pour autant... Donc il y a beaucoup, beaucoup de solidarité. C'est vraiment hyper impressionnant. Je n'ai jamais fait autant de stops depuis que j'habite ici. Mais ça ne veut pas dire que les gens sont toujours forcément avec nous. Tout le monde est quand même plus ou moins dans la galère. Il y a beaucoup de pauvreté. Et ce n'est pas toujours très simple. Il ne faut pas verser dans l'utopie. Ce n'est pas du tout aussi simple que ça. Quelles sont les luttes locales ? On a fait une association écoféministe avec les potes ici. On est quand même maintenant très actifs. Je ne sais pas, on doit être 15-20. Mais en vrai, on est plusieurs dizaines. C'est en lien avec les autres associations féministes. tout le territoire régional dans la ruralité, et tous les autres associations qui étaient dans la ruralité, donc à chaque fois c'est des petits collectifs, et en fait, par exemple, les manifestations de ce week-end, on s'est coordonnées sur les textes, sur les lieux, et ce qui fait qu'il y aura plusieurs rassemblements, il y aura plusieurs interventions, et voilà. Et c'est vraiment cool, cette synchronisation.

  • Speaker #2

    J'ai mis un petit temps quand même à comprendre, à voir qui était qui, enfin, quel groupe faisait quoi ici. Et globalement c'est des asso LGBTQIA+, et féministes. Et je crois que j'ai vu ça globalement sur Instagram. En fait je mets des hashtags ou je cherche des trucs et après je tombe sur un événement et je me dis c'est bon je les ai trouvés ! Et après je demande aux copains, copaines par ici est-ce que ça t'intéresse d'aller... Par exemple on est allé voir la campagne Ma Voix. Ma voix, mon choix, il me semble. Pour que le droit à l'avortement soit... pour tous et toutes en Europe. Et donc, on est arrivés comme ça à la Métif, qui est un lieu de résidence artistique à Moutier-Dahan, dans une salle avec tout plein de gens pour discuter de ça et rencontrer les porteuses du projet. Et globalement, c'est via les réseaux sociaux ou les collages que je vois dans la rue. Alors du coup, on se demande à qui fait ça. Et puis finalement, on trompe sur la personne. J'ai l'impression que c'est plus simple de s'organiser, de se mobiliser.

  • Speaker #1

    Pour les luttes politiques et luttes locales, il n'y a pas grand chose. En tout cas, ça fait trois ans maintenant qu'on est ici et je n'ai pas de réseau réel politique. Je suis en train d'en former un avec des personnes que j'ai rencontrées via Instagram, faisant la même activité professionnelle que moi. Mais avant cela, c'était très difficile de trouver un... mouvement politique ou un réseau politique engagé en campagne, sachant que même pour les personnes racisées je fais... comment dire... il y a beaucoup de micro-agressions racistes malgré tout le côté solidaire tout ça et sachant que les personnes racisées sont là dans les campagnes, elles sont juste silenciées et minorisées plus que dans les villes puisque elles travaillent, c'est elles qui vont dans les usines... Quand elles rentrent chez elles, elles ne sont pas conviées aux fêtes ou aux événements locaux. En tout cas, elles ne sont pas les bienvenues. Pour une dynamique de ce genre, il n'y en a pas réellement. Et étant néo-rural... néo-ruraux, avec les copines aussi que je me suis faites, on essaie de reconstruire une dynamique autour de ça. Mais c'est une dynamique principalement féministe, avec au final majoritairement des femmes blanches, mais qui partagent aussi le côté antiraciste. et queer de la lutte.

  • Speaker #0

    Ici dans la Drôme, dans la vallée crétoise, les luttes sont nombreuses. Et je ne vais pas toutes les citer. Moi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est de voir ces derniers mois, cette dernière année, des initiatives émerger dans le milieu queer pour rassembler des fonds, pour aider divers projets. et l'inventivité de ces stratégies. Donc il y a eu des journées, un peu comme des salons esthétiques au sens large, créés dans soit un lieu associatif, soit chez quelqu'un, et il y a des tattoos heureuses qui viennent parfois même de Marseille. Pour ça, il y a beaucoup de tatouages, du massage, mais aussi un bar à ongles, de la coiffure, et tout ça est à prix libre. Il y a aussi eu quelque chose d'initiative que je trouve génial depuis maintenant bien deux ans, je crois, un restaurant caché itinérant. qui a lieu au domicile des personnes qui souhaitent et qui peuvent mettre leur domicile à disposition. Et donc ce sont des personnes queers qui vont cuisiner, qui ont plus ou moins le métier ou qui ont une grande expérience de ça. Et de la même façon, c'est à prix libre. Et voilà, avec toujours des super bons menus. Et cet argent qui est récolté a été pour diverses choses. Pour par exemple la torsoplastie de deux personnes trans. Pour cette torsoplastie, il y a eu aussi un cabaret queer, la cabaret. Et... Voilà, ça a été une super soirée, également à prix libre. Et voilà, à chaque fois, c'est des choses qui sont proposées à prix libre avec des gens qui viennent donner de leur temps, de leur énergie pour ça. Et les gains sont considérables. Donc c'est vraiment beau de voir cette solidarité-là qu'on peut avoir entre nous. Je sais que les recettes du restaurant ont aussi servi pour des personnes exilées. Il y a vraiment une diversité d'actions comme ça.

  • Speaker #4

    Du coup, moi, j'avoue que ces deux dernières années, mis à part quand je vais vous voir avec Jean Couir, je n'ai pas le temps de trop m'investir dans des endroits LGBT. Il y a un café associatif LGBT, pas loin de chez moi, et il y a une asso à... de 50 minutes, qui a organisé déjà The Pride. Enfin, il y a deux assos. Il y a un collectif et une asso, je crois. Donc bref, c'est super, mais j'avoue que ces deux dernières années, j'ai tellement travaillé que je n'ai pas forcément le temps non plus de m'investir plus que ça. Côté féministe, il y a pas mal de trucs. Il y a les 8 mars qui sont assez importants. Il y a deux, on va dire, pour moi, dans la vallée dans laquelle je vis, il y a deux grosses assos de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont très très importantes puisque dans les ruralités, les violences sont moins détectables. On est très écolo et je pense qu'il y a un gros effort à faire sur l'anti-racisme. Voilà. Après, sur le RN, ben... Je pense qu'il y a des gens qui votent quand même ARN parce qu'ils ont peur. Je pense que c'est des gens matrixés à CNews et je m'aperçois à quel point il y a un putain de gouffre. En fait, moi, là, vraiment, je vis... Je vis ce truc en tant que journaliste, quoi. De me rendre compte, je savais déjà, mais vraiment l'étendue des dégâts, en fait. Et ça me fait très, très peur de l'étendue des dégâts causés par Bolloré. Moi, j'aimerais, dans ma ruralité idéale, et c'est pas forcément en lien avec les personnes LGBT, mais quand même... En fait, j'aimerais qu'on reste dans ce truc de la révolution elle va venir de là forcément parce qu'en fait quand tu as tout perdu, tu mènes des révolutions et les ruralités ont tout perdu, même leurs récits, même leurs voix et du coup elles vont forcément mener... toutes les révolutions sociales. Je veux dire, c'est obligé. Quand on t'enlève ton service public, t'es obligé de trouver une solution. Quand on t'enlève ta maternité, t'es obligé de trouver une solution. Et j'aimerais que les gens se parlent plus. Et par exemple... en fait il manque de lieux en fait il manque à la fois de lieux spécifiques pour les personnes LGBT, les féministes etc, enfin toutes les luttes et en même temps il manque ce lieu de mélange et en même temps est-ce que c'est pas le café au marché le samedi matin mais Moi, j'aimerais que les gens se parlent vraiment, que les gens arrêtent de se dire Oui, telle personne, elle est comme ça. Moi, j'aimerais juste que le pont, il se fasse. Si le pont ne se fait pas, les gens ne comprendront jamais qui on est, en fait. Et vraiment, quoi. Enfin, moi, je me dis, mais... En fait, le fait d'exister dans ces lieux, de faire, en fait, et de s'afficher, et de... d'expliquer, voilà, enfin aussi de dire, voilà, ben moi je suis en couple avec une femme, je suis une femme, je suis en couple avec une femme, ou je suis une personne trans, et de prendre du temps, alors je sais qu'il y a des gens qui peuvent être très violents, et je sais la peur, je la connais par cœur, mais en même temps, je suis sûre qu'il y a plein de gens qui sont pas dans une peur, mais dans une ignorance, ils sont pas dans un rejet de l'autre, mais dans une ignorance qui est vraiment basique en fait. et que ben voilà je parle pas des gens qui regardent ces news je parle pas de la propagande etc je parle juste des gens qui sont trop occupés pour regarder ces news mais aussi trop occupés pour aller chercher l'information et que peut-être un jour ça va leur tomber dessus parce que leur petit-fils, leur petite-fille etc mais en tout cas je veux dire je pense que ces gens là à qui on a pris aussi leur récit c'est pas des gens ben en fait ils sont trop ils vont pas forcément chercher en fait l'information Et eux, ils n'ont jamais vu de personnes trans ou de personnes LGBT. Et voilà, moi, j'aime à croire ça.

  • Speaker #5

    Et ma ruralité idéale, mon utopie, comment améliorer ma vie ? Alors déjà, il y aurait des arrêts de stop avec un toit sur la tête, un panneau solaire et un néon pour plus que les ados fassent du stop sous la pluie, dans les petits virages, dans le noir, en hiver. Voilà. Et en vrai, franchement, ce ne serait pas très différent, sauf qu'on aurait des logements qui ne soient pas insalubres. On réglerait plus facilement nos problèmes de bagnole. On aurait moins de potes dans la misère. Et voilà. Mais sinon, moi,

  • Speaker #4

    j'ai tout pour être heureuse ici, je crois.

  • Speaker #0

    De prime abord, je ne sais pas trop quoi dire à la question comment améliorer ma vie sur ce territoire. Et je trouve ça très joyeux parce que j'ai l'impression qu'en tant que personne trans qui vit en milieu rural, ma vie est déjà vraiment de bonne qualité, j'ai envie de dire. Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant, j'aimerais avoir un lieu de rencontre. de rencontres de tout type d'ailleurs, que ce soit des rencontres politiques, des rencontres amicales, des rencontres affectives au sens large. Et ça, je dirais, ça manque, parce que j'ai l'impression qu'on a une grande capacité de s'organiser entre nous et qu'il y a un lieu associatif qui est très facilement accessible. Mais si on avait un lieu rien qu'à nous, avec une identité queer forte, ça serait vraiment le pire.

  • Speaker #2

    C'est marrant, parce que du coup je retourne bientôt en Bretagne et je vais rencontrer une nouvelle réalité, qui est celle où j'ai... grandit, ou là où ma famille vient. Et du coup, j'ai hâte de découvrir tout ça, et je pense que mon utopie pour là-bas, ce serait... D'avoir de rencontrer vite ces groupes de personnes queer et d'héters sur place, et de créer des événements, et de créer peut-être des festivals, peut-être aussi mélanger l'art et la lutte, que ce soit joyeux. Je pense à... Je pense à la sépraone parade à Hambourg. L'année dernière j'étais en Allemagne, dans le nord de l'Allemagne, à Brem, et en fait à Hambourg il y avait...

  • Speaker #0

    une parade des navigatrices dans le port de Hambourg. Et je crois que mon utopie, c'est un peu des sortes d'événements comme ça, hyper féministes, déterres, queers, de prendre la place, et de prendre davantage de place. Je vois trop ça dans la rade de Brest, ce serait incroyable. espèce de parade féministe de navigatrices sur des bateaux. Ouais. Ou... Je sais pas, ou peut-être un... Comment dire ? Un centre d'archives aussi. Ça, ça m'intéresserait beaucoup. Je sais pas, je pense aux... Aux femmes... Aux femmes... Aux femmes bretonnes. gardiennes de phare, est-ce qu'il y a eu des gardiennes de phare, comment on dirait, des femmes gardiennes de phare ? Est-ce qu'il y a eu des femmes, des couples lesbiens bigoudaines ? Et c'est sûr, c'est sûr qu'elles existent. Des couples avec trois parents, je pense à une sorte de centre d'archives. pour chaque région, mais LGBT quoi. Ça, ce serait fou. Comme ça, tu arrives dans une ville et tu viens, tu rencontres aussi l'histoire de ta ville, de ta commune, de ton lieu dit par les archives et par les archives LGBT. Parce que des fois on arrive et on se dit mais est-ce que c'est vraiment ma place ? Et en fait quand tu vois que bah oui en fait il y avait un couple de familles goudaines dans les années 50 qui étaient très bien et qui ont vécu leur meilleure vie sur, je sais pas, sur leur île là, oh ça serait fou !

  • Speaker #1

    Pour ma ruralité idéale, je partirais sur une ruralité mixte. où les néo-ruraux soient plus nombreux, mais qui aient aussi un équilibre et une collaboration avec les ruraux de souche. Et surtout que les personnes non-blanches soient reconnues et ne soient pas invisibilisées, qu'elles soient intégrées, parce qu'en fait, elles font partie de la vie. Ils sont acteurs du territoire, ils travaillent sur le territoire, mais c'est juste qu'on les voit pas, on les subisse du racisme tous les jours. Je dis ça en tant que témoin de ces faits-là et on a besoin d'avoir une ruralité antiraciste réelle, vraiment.

  • Speaker #2

    Fin des nouveaux messages Merci à tous les ruralités queers sont révolutionnaires à très vite.

Description

Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


C'est la lumière dans les ténèbres que nous vivons. Pour dire que non, toutes les ruralités ne votent pas RN, pour exprimer nos joies, nos luttes, nos inquiétudes. C'est 33 minutes offertes par les auditeurices de Champs queers pour raconter leur territoire, contre l'obscurantisme, le repli sur soi, pour comprendre où on vit, ce qu'on vit. Pour s'aider à faire territoire, parce que les ruralités sont toujours méprisées, caricaturées, parce qu'on a arraché les récits de celleux qui les font. Pour se souvenir de qui nous sommes et pour reprendre nos récits.


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Chant Queer ? C'est la grosse merde en France alors donnons-nous de la force et les queers emmerdent le Rassemblement National.

  • Speaker #1

    Bonjour, je m'appelle Lucia et je suis une personne racisée installée en campagne dans le Finistère et j'ai mon activité agricole. Je suis entourée de personnes âgés finalement, mais aussi des néo-ruraux comme moi, jeunes, majoritairement blanches. Je l'aime parce que c'est aussi un endroit où il y a beaucoup de solidarité, beaucoup d'entraide, et malgré certains opinions que je sais qui pourraient être divergents, on est seul sans vraiment l'être, vraiment. Du coup, ça amène... Moi, ça me permet d'avoir mes... moment, pour mon activité, pour moi-même. Pourquoi j'ai choisi la campagne aussi, c'est aussi cette tranquillité, mais en même temps je sais que je peux faire confiance à mes voisins et aux personnes qui m'entourent, que je rencontre. Et ayant une activité agricole et commerçante, j'ai aussi l'opportunité de rencontrer plus de monde sur le territoire et de moins être isolée. Du coup je fais beaucoup de rencontres d'anciens majoritairement, de gens qui sont là depuis longtemps, et qui ont beaucoup à donner, qui ont beaucoup de cœur au final. Et on va dire que c'est ça qui me plaît vraiment dans cette ruralité. Je finis avec la première question sur ce qui me surprend dans cette ruralité là, au final c'est vraiment ce côté solidarité qu'il y a, qu'on retrouve pas forcément en ville si on fait pas partie de communautés ou de collectifs. Il suffit d'avoir discuté un jour avec la personne et le jour suivant tu peux aller lui demander un peu d'aide quoi. En tout cas pour moi ça s'est passé comme ça et ce côté solidaire me touche beaucoup. Merci. et je sais que parfois j'ose pas le faire et c'est d'eux-mêmes qui viennent m'aider ou me soutenir.

  • Speaker #0

    La première question c'était raconte-moi ta ruralité et c'était difficile pour moi de répondre à cette question. Je la regarde, cette question, cette phrase, je tourne autour. Je ne sais pas quoi dire parce que pour moi, la ruralité, ce n'est pas une chose que je peux raconter. En fait, c'est toute ma vie, elle est dedans. Pour moi, ce qu'on appelle la ruralité, ça a toujours été la vie. Et puis ce qui était une chose un peu en dehors de la vie, c'était plutôt l'urbain, le citadin. et les personnes avec ces codes et ce mode de vie urbain me paraissaient difficilement compréhensibles. J'ai grandi dans un petit village dans les Pyrénées, et aujourd'hui je vis dans un autre petit village dans la Drôme, et entre les deux j'ai dû faire un passage par Marseille pour mes études, et ça a été très douloureux, je me sentais vraiment hors sol. Si je devais parler peut-être de la spécificité de ce territoire, c'est que... Il y a les avantages et les inconvénients des néo-ruraux et du coup de personnes qui ont vécu ailleurs qu'ici avant dans leur vie et qui arrivent, qui s'y installent et ça crée de la diversité, qui arrive avec de la nouveauté. Pour moi les inconvénients c'est aussi peut-être les inconvénients de la culture urbaine. parfois d'un manque de soin dans les relations, parce que quand on a eu l'habitude de pouvoir être anonyme dans les grandes villes, on peut se permettre ça. J'ai l'impression que ce soin ici, en tout cas dans le milieu queer, féministe, il est quand même très présent, ou en tout cas recherché, que c'est vraiment quelque chose qui est mis en conscience. Et j'aime aussi le fait que parfois, pas tout le temps, mais on essaye, en tout cas certains, certaines d'entre nous, ce mode de vie côtoie des personnes qui sont moins familières du milieu queer et féministe. des personnes qui sont sur ce territoire rural depuis toujours, depuis peut-être des générations, et qui sont d'une génération plus âgée peut-être aussi. En tout cas, c'est quelque chose que je vis moi dans mon hameau perché en haut de la colline. Et j'aime beaucoup ça, parce que dans mon hameau... Je ne me cache pas être une personne queer. Certaines personnes savent que je suis une personne trans. Mais pour l'instant, ce n'est pas quelque chose que j'ai souhaité dire à tous. Mais en tout cas, c'est très visible que je suis une personne queer. Je me balade dans la rue avec des sweats arc-en-ciel ou avec du maquillage. Et je vois qu'il y a des personnes... Ils ne sont pas familières de ça et qui sont peut-être même avec une forme de LGBTphobie, je ne sais pas exactement laquelle, mais qui n'est pas exprimée face à moi. Et en même temps, quand on a besoin de se rendre service, parce que dans un mot de 10 habitants à l'année, il y a toujours des moments où on a besoin de se rendre service et puis on a besoin aussi de se côtoyer, de se connaître. On ne peut pas se balader sans se croiser. Et moi j'ai... J'ai vraiment envie de cultiver cette intelligence de savoir créer un espace de rencontre agréable, en sachant qu'il y a des sujets qu'on n'abordera pas, mais il y a des endroits où on peut se connecter l'un l'une à l'autre.

  • Speaker #2

    Moi j'ai grandi en Bretagne, dans une ville moyenne de 25 000 habitants, et je suis partie ensuite faire ma licence à Paris, dans une école d'art et de design, et... Et ensuite je suis partie, en fait je suis arrivée il y a deux ans, faire un master en design dans une petite ville de 5000 habitants. Je suis venue principalement pour le master parce que ça m'intéressait beaucoup, et surtout me dire mais en fait est-ce que... J'avais déjà... J'avais pas trop aimé la ville à Paris, la vie à Paris, et le monde queer à Paris me faisait peur. J'étais hyper intimidée, je venais d'une ville où il n'y avait pas trop la porte ouverte sur ces questionnements-là, sur ces sujets, sur ces luttes. Et je me suis pris Paris dans la gueule avec tout plein de lectures que j'ai découvertes de personnes. vécu, d'exposition, de film, enfin c'était vraiment genre une espèce de claque dans la gueule d'informations de qu'est ce que c'est d'être queer et qu'est ce que ça implique et la colère et la fierté et la peur et la joie et l'amour et en arrivant en Creuse je me suis demandé ok je viens habiter ici c'est sûr qu'il y aura des personnes queer à l'école, mais comment ça se passe à l'extérieur ? Est-ce qu'il y a des assos ? Elles sont où ? Qu'est-ce qu'ils font ? Comment ça se passe quoi ? Et j'ai l'impression que pendant ces deux ans, c'était que des surprises de comme je faisais zéro image de ce que c'est être queer en réalité, dès que je voyais un événement ou une association qui existait, on se dit... Je ne suis pas des affiches, des collages dans les rues. Ça me rendait tellement du bien. Ça m'a rendu tellement heureuse de voir tout ça. Et de me dire qu'en fait, ils sont là, ils existent. Je ne les connais pas forcément, les personnes des associations. Mais je sais que ça gravite et ça bouge fort dans le coin. Ouais je pense à LGBTQIA+, Creuse qui organise des ciné-débats, et ça c'est trop chouette ciné-débat au cinéma juste en bas de chez moi. Et je l'aime cette ruralité parce qu'elle est, ouais elle est surprenante parce que comme je fais zéro image, bah chaque chose est incroyable, par exemple la prairie de Guéret où on était 350 personnes. Tellement peu, une rue remplie de joie et de... je sais pas. Je me suis dit il y a d'autres façons de vivre ça ailleurs. Donc ça c'est trop chouette. Par exemple il y a pas longtemps j'ai vu qu'il y a un collectif qui s'appelle Blasted à Limoges qui fait des shows de drague et des DJ sets au 5h du mat. et comme c'est merveilleux moi ça me donne envie de rester en fait,

  • Speaker #3

    tous ces événements là c'est pas facile pour moi de laisser ce message parce que j'ai été enchantée par l'idée de ce répondeur chancouir mais je sais pas trop quoi répondre à tes trois questions Peut-être qu'il y a quelques semaines ou mois, j'aurais pu répondre avec plus de fraîcheur et de légèreté. Mais là, c'est super difficile pour moi de te raconter des choses positives, quand je vois qu'autour de nous, la moitié des gens votent pour des fachos, quand j'entends que le fils métisse des voisins se prend des insultes racistes en CE1, que mon fils se fait moquer parce qu'il a les cheveux longs. Ça se passe aussi en ville, c'est sûr, mais ici, quoi que tu fasses, tout le monde te voit, tout le monde te connaît. Alors heureusement, il y a plein de gens bien. Chez nous, on a la chance d'être dans un petit village avec une mairie tenue par des gens du cru, mais plutôt écolo et clairement pas raciste. Autour de chez nous, il y a plein de choses qui bougent pour créer du lien social, faire parler d'écologie, de mobilité douce, de consommation locale, tout un tas de trucs sympas qui plaisent bien à la bobo que je suis. Et il y a un peu de culture aussi, des spectacles, des concerts, des petits festivals. Et puis surtout, il y a de la nature, la forêt, des ruisseaux, des champs, toutes ces choses-là qui ressourcent et qui ne nous jugent pas. Mais clairement, par chez nous, il n'y a aucune vie queer ou LGBT+, soit parce qu'il n'y a personne peut-être, soit peut-être parce que tout le monde se cache, à part un ou deux mecs dans la quarantaine ouvertement gays qui bossent dans des commerces. Mais sinon, c'est un non-sujet. Moi je suis entouré que de familles cis-hétéro avec des enfants. Alors moi je vais en ville. Au début je faisais une heure de route aller, une heure de route retour pour passer deux heures, deux heures et demie de soirée dans des associations queer en ville, citadine. Et puis j'ai participé à créer des événements dans une ville moins grosse mais plus proche. Mais toujours à vingt minutes de route quand même. Alors ma ruralité idéale, j'ai du mal à la rêver en ce moment. J'ai du mal à imaginer qu'on puisse réduire le nombre de fachos à quelque chose de si petit que ce soit ridicule ou anecdotique. J'ai du mal à voir comment faire s'épanouir des différences dans un monde où la norme est si écrasante. Mais en vrai, j'y crois quand même. Et je crois que je continuerai à lutter par ma simple présence, ici ou ailleurs, quoi qu'il en soit, mais c'est quand même pas facile. Alors merci encore, et puis ben...

  • Speaker #4

    des personnes dans mon coin ont voté vert ou place publique, il y a quand même une montée du RN. Ça nous atteint même nous, alors qu'on est les irréductibles gaulois et gauloises, et que ce n'était pas supposé nous arriver. Ma ruralité me surprend parce qu'elle est pleine de solidarité. J'ai découvert vraiment ce que c'était la solidarité. ici. Et je mets, je ne peux pas m'empêcher de rajouter que en tant que journaliste localière, je constate un repli sur soi quand même, malgré tout, des gens. Parce que, je ne sais pas, ils ont peur qu'on leur prenne quelque chose, leur identité, leur récit, je l'explique par plein de choses, mais je vois quand même que malgré tout, malgré le fait que ce soit un territoire d'accueil qui est tout le temps accueillis, en fait, je veux dire, c'est pas juste maintenant, les gens se replient sur eux-mêmes. Enfin, je sais pas trop, mais en tout cas, je vois que les réseaux sociaux sont aussi des sources de repli sur soi. À quel point les gens sont prêts à toujours rencontrer l'autre, en fait. Et je n'ai pas envie que la ruralité dans laquelle je vis perde ça, parce que je trouve que c'est vraiment le plus important, c'est ce qui fait qu'on fait territoire en fait. Ce qui me surprend, c'est le nombre d'assos, c'est le nombre de festivals, d'événements culturels, d'événements solidaires. C'est le nombre de personnes qui travaillent dans des assos payés à peine plus que le SMIC pour faire tenir tout un territoire. C'est les solutions qui ont toujours été trouvées pour parer au problème. Et c'est ce lien qui est toujours une préoccupation. Voilà, moi c'est ça que j'aime ici. Le lien aux autres est toujours une préoccupation. Jusqu'à quand, on ne sait pas. Mais ça a toujours été le cas.

  • Speaker #5

    Ma ruralité, pourquoi je l'aime ? Alors, avant tout parce qu'elle est belle. Elle est hyper belle. Il y a des très très beaux talus, il y a de très beaux paysages. Voilà, je suis vraiment amoureuse des talus chez moi. J'ai la chance d'avoir un endroit assez préservé. Pourquoi elle me surprend ? Parce que, en fait, comme on n'est vraiment pas très nombreux... On se connaît vite toutes et tous entre nous et en fait on tombe tout le temps les uns sur les autres. Et même quand je suis loin, quand je m'éloigne, on connaît. On connaît les gens. Par exemple, on ne passe plus par le grand géant du covoiturage pour covoiturer. On s'inscrit dessus, on regarde qui propose un covoit et on se contacte en direct. On se récupère les numéros les uns des autres. On a même un groupe sur nos portables uniquement dédié au covoiturage entre notre patelin et le chef-lieu qui est à 10 km. Voilà, donc ça, c'est surprenant. Ça ne marche pas toujours, on ne va pas se mentir, mais c'est incroyable, moi, je trouve, de pouvoir comme ça se connaître entre nous aussi facilement. Ça ne veut pas dire que pour autant... Donc il y a beaucoup, beaucoup de solidarité. C'est vraiment hyper impressionnant. Je n'ai jamais fait autant de stops depuis que j'habite ici. Mais ça ne veut pas dire que les gens sont toujours forcément avec nous. Tout le monde est quand même plus ou moins dans la galère. Il y a beaucoup de pauvreté. Et ce n'est pas toujours très simple. Il ne faut pas verser dans l'utopie. Ce n'est pas du tout aussi simple que ça. Quelles sont les luttes locales ? On a fait une association écoféministe avec les potes ici. On est quand même maintenant très actifs. Je ne sais pas, on doit être 15-20. Mais en vrai, on est plusieurs dizaines. C'est en lien avec les autres associations féministes. tout le territoire régional dans la ruralité, et tous les autres associations qui étaient dans la ruralité, donc à chaque fois c'est des petits collectifs, et en fait, par exemple, les manifestations de ce week-end, on s'est coordonnées sur les textes, sur les lieux, et ce qui fait qu'il y aura plusieurs rassemblements, il y aura plusieurs interventions, et voilà. Et c'est vraiment cool, cette synchronisation.

  • Speaker #2

    J'ai mis un petit temps quand même à comprendre, à voir qui était qui, enfin, quel groupe faisait quoi ici. Et globalement c'est des asso LGBTQIA+, et féministes. Et je crois que j'ai vu ça globalement sur Instagram. En fait je mets des hashtags ou je cherche des trucs et après je tombe sur un événement et je me dis c'est bon je les ai trouvés ! Et après je demande aux copains, copaines par ici est-ce que ça t'intéresse d'aller... Par exemple on est allé voir la campagne Ma Voix. Ma voix, mon choix, il me semble. Pour que le droit à l'avortement soit... pour tous et toutes en Europe. Et donc, on est arrivés comme ça à la Métif, qui est un lieu de résidence artistique à Moutier-Dahan, dans une salle avec tout plein de gens pour discuter de ça et rencontrer les porteuses du projet. Et globalement, c'est via les réseaux sociaux ou les collages que je vois dans la rue. Alors du coup, on se demande à qui fait ça. Et puis finalement, on trompe sur la personne. J'ai l'impression que c'est plus simple de s'organiser, de se mobiliser.

  • Speaker #1

    Pour les luttes politiques et luttes locales, il n'y a pas grand chose. En tout cas, ça fait trois ans maintenant qu'on est ici et je n'ai pas de réseau réel politique. Je suis en train d'en former un avec des personnes que j'ai rencontrées via Instagram, faisant la même activité professionnelle que moi. Mais avant cela, c'était très difficile de trouver un... mouvement politique ou un réseau politique engagé en campagne, sachant que même pour les personnes racisées je fais... comment dire... il y a beaucoup de micro-agressions racistes malgré tout le côté solidaire tout ça et sachant que les personnes racisées sont là dans les campagnes, elles sont juste silenciées et minorisées plus que dans les villes puisque elles travaillent, c'est elles qui vont dans les usines... Quand elles rentrent chez elles, elles ne sont pas conviées aux fêtes ou aux événements locaux. En tout cas, elles ne sont pas les bienvenues. Pour une dynamique de ce genre, il n'y en a pas réellement. Et étant néo-rural... néo-ruraux, avec les copines aussi que je me suis faites, on essaie de reconstruire une dynamique autour de ça. Mais c'est une dynamique principalement féministe, avec au final majoritairement des femmes blanches, mais qui partagent aussi le côté antiraciste. et queer de la lutte.

  • Speaker #0

    Ici dans la Drôme, dans la vallée crétoise, les luttes sont nombreuses. Et je ne vais pas toutes les citer. Moi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est de voir ces derniers mois, cette dernière année, des initiatives émerger dans le milieu queer pour rassembler des fonds, pour aider divers projets. et l'inventivité de ces stratégies. Donc il y a eu des journées, un peu comme des salons esthétiques au sens large, créés dans soit un lieu associatif, soit chez quelqu'un, et il y a des tattoos heureuses qui viennent parfois même de Marseille. Pour ça, il y a beaucoup de tatouages, du massage, mais aussi un bar à ongles, de la coiffure, et tout ça est à prix libre. Il y a aussi eu quelque chose d'initiative que je trouve génial depuis maintenant bien deux ans, je crois, un restaurant caché itinérant. qui a lieu au domicile des personnes qui souhaitent et qui peuvent mettre leur domicile à disposition. Et donc ce sont des personnes queers qui vont cuisiner, qui ont plus ou moins le métier ou qui ont une grande expérience de ça. Et de la même façon, c'est à prix libre. Et voilà, avec toujours des super bons menus. Et cet argent qui est récolté a été pour diverses choses. Pour par exemple la torsoplastie de deux personnes trans. Pour cette torsoplastie, il y a eu aussi un cabaret queer, la cabaret. Et... Voilà, ça a été une super soirée, également à prix libre. Et voilà, à chaque fois, c'est des choses qui sont proposées à prix libre avec des gens qui viennent donner de leur temps, de leur énergie pour ça. Et les gains sont considérables. Donc c'est vraiment beau de voir cette solidarité-là qu'on peut avoir entre nous. Je sais que les recettes du restaurant ont aussi servi pour des personnes exilées. Il y a vraiment une diversité d'actions comme ça.

  • Speaker #4

    Du coup, moi, j'avoue que ces deux dernières années, mis à part quand je vais vous voir avec Jean Couir, je n'ai pas le temps de trop m'investir dans des endroits LGBT. Il y a un café associatif LGBT, pas loin de chez moi, et il y a une asso à... de 50 minutes, qui a organisé déjà The Pride. Enfin, il y a deux assos. Il y a un collectif et une asso, je crois. Donc bref, c'est super, mais j'avoue que ces deux dernières années, j'ai tellement travaillé que je n'ai pas forcément le temps non plus de m'investir plus que ça. Côté féministe, il y a pas mal de trucs. Il y a les 8 mars qui sont assez importants. Il y a deux, on va dire, pour moi, dans la vallée dans laquelle je vis, il y a deux grosses assos de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont très très importantes puisque dans les ruralités, les violences sont moins détectables. On est très écolo et je pense qu'il y a un gros effort à faire sur l'anti-racisme. Voilà. Après, sur le RN, ben... Je pense qu'il y a des gens qui votent quand même ARN parce qu'ils ont peur. Je pense que c'est des gens matrixés à CNews et je m'aperçois à quel point il y a un putain de gouffre. En fait, moi, là, vraiment, je vis... Je vis ce truc en tant que journaliste, quoi. De me rendre compte, je savais déjà, mais vraiment l'étendue des dégâts, en fait. Et ça me fait très, très peur de l'étendue des dégâts causés par Bolloré. Moi, j'aimerais, dans ma ruralité idéale, et c'est pas forcément en lien avec les personnes LGBT, mais quand même... En fait, j'aimerais qu'on reste dans ce truc de la révolution elle va venir de là forcément parce qu'en fait quand tu as tout perdu, tu mènes des révolutions et les ruralités ont tout perdu, même leurs récits, même leurs voix et du coup elles vont forcément mener... toutes les révolutions sociales. Je veux dire, c'est obligé. Quand on t'enlève ton service public, t'es obligé de trouver une solution. Quand on t'enlève ta maternité, t'es obligé de trouver une solution. Et j'aimerais que les gens se parlent plus. Et par exemple... en fait il manque de lieux en fait il manque à la fois de lieux spécifiques pour les personnes LGBT, les féministes etc, enfin toutes les luttes et en même temps il manque ce lieu de mélange et en même temps est-ce que c'est pas le café au marché le samedi matin mais Moi, j'aimerais que les gens se parlent vraiment, que les gens arrêtent de se dire Oui, telle personne, elle est comme ça. Moi, j'aimerais juste que le pont, il se fasse. Si le pont ne se fait pas, les gens ne comprendront jamais qui on est, en fait. Et vraiment, quoi. Enfin, moi, je me dis, mais... En fait, le fait d'exister dans ces lieux, de faire, en fait, et de s'afficher, et de... d'expliquer, voilà, enfin aussi de dire, voilà, ben moi je suis en couple avec une femme, je suis une femme, je suis en couple avec une femme, ou je suis une personne trans, et de prendre du temps, alors je sais qu'il y a des gens qui peuvent être très violents, et je sais la peur, je la connais par cœur, mais en même temps, je suis sûre qu'il y a plein de gens qui sont pas dans une peur, mais dans une ignorance, ils sont pas dans un rejet de l'autre, mais dans une ignorance qui est vraiment basique en fait. et que ben voilà je parle pas des gens qui regardent ces news je parle pas de la propagande etc je parle juste des gens qui sont trop occupés pour regarder ces news mais aussi trop occupés pour aller chercher l'information et que peut-être un jour ça va leur tomber dessus parce que leur petit-fils, leur petite-fille etc mais en tout cas je veux dire je pense que ces gens là à qui on a pris aussi leur récit c'est pas des gens ben en fait ils sont trop ils vont pas forcément chercher en fait l'information Et eux, ils n'ont jamais vu de personnes trans ou de personnes LGBT. Et voilà, moi, j'aime à croire ça.

  • Speaker #5

    Et ma ruralité idéale, mon utopie, comment améliorer ma vie ? Alors déjà, il y aurait des arrêts de stop avec un toit sur la tête, un panneau solaire et un néon pour plus que les ados fassent du stop sous la pluie, dans les petits virages, dans le noir, en hiver. Voilà. Et en vrai, franchement, ce ne serait pas très différent, sauf qu'on aurait des logements qui ne soient pas insalubres. On réglerait plus facilement nos problèmes de bagnole. On aurait moins de potes dans la misère. Et voilà. Mais sinon, moi,

  • Speaker #4

    j'ai tout pour être heureuse ici, je crois.

  • Speaker #0

    De prime abord, je ne sais pas trop quoi dire à la question comment améliorer ma vie sur ce territoire. Et je trouve ça très joyeux parce que j'ai l'impression qu'en tant que personne trans qui vit en milieu rural, ma vie est déjà vraiment de bonne qualité, j'ai envie de dire. Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant, j'aimerais avoir un lieu de rencontre. de rencontres de tout type d'ailleurs, que ce soit des rencontres politiques, des rencontres amicales, des rencontres affectives au sens large. Et ça, je dirais, ça manque, parce que j'ai l'impression qu'on a une grande capacité de s'organiser entre nous et qu'il y a un lieu associatif qui est très facilement accessible. Mais si on avait un lieu rien qu'à nous, avec une identité queer forte, ça serait vraiment le pire.

  • Speaker #2

    C'est marrant, parce que du coup je retourne bientôt en Bretagne et je vais rencontrer une nouvelle réalité, qui est celle où j'ai... grandit, ou là où ma famille vient. Et du coup, j'ai hâte de découvrir tout ça, et je pense que mon utopie pour là-bas, ce serait... D'avoir de rencontrer vite ces groupes de personnes queer et d'héters sur place, et de créer des événements, et de créer peut-être des festivals, peut-être aussi mélanger l'art et la lutte, que ce soit joyeux. Je pense à... Je pense à la sépraone parade à Hambourg. L'année dernière j'étais en Allemagne, dans le nord de l'Allemagne, à Brem, et en fait à Hambourg il y avait...

  • Speaker #0

    une parade des navigatrices dans le port de Hambourg. Et je crois que mon utopie, c'est un peu des sortes d'événements comme ça, hyper féministes, déterres, queers, de prendre la place, et de prendre davantage de place. Je vois trop ça dans la rade de Brest, ce serait incroyable. espèce de parade féministe de navigatrices sur des bateaux. Ouais. Ou... Je sais pas, ou peut-être un... Comment dire ? Un centre d'archives aussi. Ça, ça m'intéresserait beaucoup. Je sais pas, je pense aux... Aux femmes... Aux femmes... Aux femmes bretonnes. gardiennes de phare, est-ce qu'il y a eu des gardiennes de phare, comment on dirait, des femmes gardiennes de phare ? Est-ce qu'il y a eu des femmes, des couples lesbiens bigoudaines ? Et c'est sûr, c'est sûr qu'elles existent. Des couples avec trois parents, je pense à une sorte de centre d'archives. pour chaque région, mais LGBT quoi. Ça, ce serait fou. Comme ça, tu arrives dans une ville et tu viens, tu rencontres aussi l'histoire de ta ville, de ta commune, de ton lieu dit par les archives et par les archives LGBT. Parce que des fois on arrive et on se dit mais est-ce que c'est vraiment ma place ? Et en fait quand tu vois que bah oui en fait il y avait un couple de familles goudaines dans les années 50 qui étaient très bien et qui ont vécu leur meilleure vie sur, je sais pas, sur leur île là, oh ça serait fou !

  • Speaker #1

    Pour ma ruralité idéale, je partirais sur une ruralité mixte. où les néo-ruraux soient plus nombreux, mais qui aient aussi un équilibre et une collaboration avec les ruraux de souche. Et surtout que les personnes non-blanches soient reconnues et ne soient pas invisibilisées, qu'elles soient intégrées, parce qu'en fait, elles font partie de la vie. Ils sont acteurs du territoire, ils travaillent sur le territoire, mais c'est juste qu'on les voit pas, on les subisse du racisme tous les jours. Je dis ça en tant que témoin de ces faits-là et on a besoin d'avoir une ruralité antiraciste réelle, vraiment.

  • Speaker #2

    Fin des nouveaux messages Merci à tous les ruralités queers sont révolutionnaires à très vite.

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