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Champs Queers

Le drag est politique

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47min |22/01/2025
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Le drag est politique

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Description

Je ne connaissais rien au drag. Comme beaucoup j’ai commencé à regarder drag race quand c’est sorti en France, je n’étais qu’aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drag et pourtant cet épisode s’est imposé à moi parce j’ai vu apparaître tout un mouvement en milieu rural. Ça m’a transportée de voir ces artistes émerger, les docus les papiers l’es émissions de radio, les queens les kings les queers le do it yourself qui est tellement dans l’esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien du drag et pourtant j’ai été saisie d’une émotion nouvelle en préparant cet épisode, un truc d’appartenance qui vous prend le corps et le coeur, un truc de dingue qui se passe en vous face à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j’ai vite intégrer comme référentiel. Bien sûr que le drag fait partie de nous, bien sûr qu’en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici, comme si tout s’écrivait enfin. Cet épisode est d’une logique implacable, il est l’aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec champs queers, des rencontres et de la joie.

Et comme d’habitude, je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’efforts pour trouver mes personnages. Il y a d’abord eu Francoise dite pollution, qui vient du haut jura, puis Aquarii qui vient du Vigan, dans le Gard et enfin la maison des paustiches, basée à Pau.


Vous écoutez Champs queers, épisode 4, Le drag est politique. Champs queers est une série documentaire d'Elodie Potente. Suivez-moi sur les réseaux sociaux : https://www.instagram.com/elodiepotente_podcast/

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Musique : 

La grande table - Delnica  

Creme Brulee - The soundlings

Entendues pendant les shows :

  • Anne Sylvestre - Petit Bonhomme

  • Dalida & Alain Delon - Paroles, paroles

  • Du style - Jena Lee

  • Mon truc en plumes - Zizi Jeanmaire

  • Depeche Mode - Enjoy the silence


Les Réseaux sociaux des artistes interviewé-es ❤️:

Références :

  • Drag - L'autre visage des Queens et des Kings de Sofian Aissaoui


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le drague, c'est aussi quelque chose d'invasif et de polluant. Mon ambition maintenant, c'est de m'immiscer un peu partout dans la ruralité que je pratique.

  • Speaker #1

    Ça n'avait plus forcément de sens pour moi d'être bouqué en ville, alors qu'en fait, j'étais une queen en milieu rural et que je ne rencontrais pas les mêmes problématiques qu'une personne en ville.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est vital. C'est juste vital. C'est un art pour soi,

  • Speaker #3

    mais pour les autres.

  • Speaker #2

    J'irais même jusqu'à dire que c'est un art total, le drague. Tu peux tellement tout faire avec le drague.

  • Speaker #4

    Je ne connaissais rien au drague. Comme beaucoup, j'ai commencé à regarder Drag Race quand c'est sorti en France. Je n'étais qu'aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drague et pourtant, cet épisode s'est imposé à moi. Parce que j'ai vu apparaître tout un mouvement, en milieu rural. Ça m'a transportée de voir ces artistes émerger. Les docus, les papiers, les émissions de radio. Les queens, les kings, les queers, le do-it-yourself qui est tellement dans l'esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien au drague et pourtant, j'ai été saisie d'une émotion nouvelle en préparant cet épisode. Un truc d'appartenance qui vous prend le corps et le cœur. Un truc qui se passe en vous, passe à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j'ai vite intégrés comme référentiels. Bien sûr que le drague fait partie de nous, bien sûr qu'en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici. Comme si tout s'écrivait en fin. Cet épisode est d'une logique implacable. Il est l'aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec Shankouia, des rencontres et de la joie, même si ce n'est pas le dernier épisode. Et comme d'habitude, je n'ai pas eu besoin de beaucoup d'efforts pour trouver mes personnages. Il y a d'abord eu Françoise, dite Pollution, qui vient du Ausha, puis Aquari, qui vient du Vigan, dans le Gard, et enfin, la maison des postiches, basée à Pau. Petit disclaimer, je sais que Pau est une ville, mais je voulais un collectif dans une petite ville. Et il se trouve que la maison des postiches a des shows réguliers à Pau, mais se balade aussi dans une bonne partie du sud-ouest.

  • Speaker #5

    Je ne sais pas. Attendez, je me suis trompée. Oh ! Oui, après c'est à ce prix.

  • Speaker #6

    Après c'est Manon.

  • Speaker #3

    Après c'est Manon.

  • Speaker #5

    Après c'est toi. Après c'est Vito. Après c'est moi. Ah !

  • Speaker #3

    Ça a changé ? Oui, c'est parce que j'avais pas mis à jour le truc.

  • Speaker #5

    Ah oui, c'est vrai, il y a pas qui peut le faire. En fait, toi, Vito,

  • Speaker #3

    toi, Géouine. Ok.

  • Speaker #5

    Ça va ? Je peux encore, ouais, parce que...

  • Speaker #3

    Oui, mais...

  • Speaker #5

    Excusez-moi, je... Ouais, c'est pas...

  • Speaker #6

    Du coup,

  • Speaker #3

    ça fait 6, 4, 9, 10. Ok, je peux me mettre en...

  • Speaker #6

    Non mais, on s'en fout. Est-ce que quelqu'un trouve que c'est dérangeant que la première partie avant... Du coup, moi c'est Clémence, mon nom drague c'est Iris Descens, et j'ai commencé... C'est le drag en août 2023. Du coup, après, ça a été un peu le tout début du collectif La Maison des Postiges, que j'ai rejoint dès la création. Et puis, on a très vite eu l'occasion de faire des shows mensuels dans un bar de Pau. et ça s'est développé comme ça assez vite en fait du coup j'ai un peu appris sur le tas en ayant des shows tous les mois on passe des caps très vite dans le niveau de confiance en soi et de ce qu'on ose faire sur scène ou pas et du coup j'ai évolué assez vite à mon sens et petit à petit tu comprends ce que tu aimes faire ou pas ce qui te donne envie dans les musiques que tu choisis et tout et avec l'expérience je me suis rendu compte que j'aimais beaucoup faire des choses très émotionnel un des meilleurs coups blancs qu'on peut me faire c'est quand on me dit que les gens ont pleuré en regardant mes performances c'est que je me dis que ça fonctionne que j'ai fait passer une émotion ce que je préfère dans l'art en général c'est enfin les oeuvres qui me touche les oeuvres que j'aime dans n'importe quel type d'art c'est les oeuvres qui me font passer des émotions c'est ça qui est le plus important pour moi peu importe si la technique elle est hyper précise ou quoi si j'ai pas d'émotion ça m'est un peu égal, donc c'est ce que j'ai envie de faire aussi avec mon art

  • Speaker #5

    C'est trop bien, t'es là. Je m'appelle

  • Speaker #3

    Hazel, mes pronoms c'est il et en drag, mon nom c'est terreur nocturne et mes pronoms c'est il et... et Yael. Je suis un drag king et ouais non, drag king, un monstre pas un fric. Je sais que j'ai découvert le drag pendant le Covid en regardant RuPaul's Drag Race. Mais j'avoue que moi les queens j'aime bien ça mais on se fait un peu chier je trouve. En fait j'aime bien le drag alternatif et je trouve que c'est quelque chose qui manque énormément de représentation parce qu'on a l'habitude de voir des queens super belles, super polies enfin polies dans le sens où c'est très lisse et moi je trouve que ça manque un peu de crade et puis un jour j'ai découvert Dragula qui est la version crade. de drag race et beaucoup plus DIY, c'est à dire que pendant toutes les saisons on voit les artistes vraiment créer leurs costumes je suis pas sûre qu'ils les créent tous honnêtement, mais une grande majorité de leurs costumes sont créés par les personnes et moi c'est vraiment quelque chose qui m'a plu et aussi mes goûts musicaux, je suis très branchée métal, je commence à me brancher un peu plus musique gothique aussi en ce moment et un peu, je découvre un peu les joies de la pop et de la musique de pétasse depuis très peu, mais du coup je voulais vraiment pas faire des lip-sync sur des musiques un peu que tout le monde connaissait je voulais vraiment partager ma passion de la musique et mes goûts musicaux à tout le monde, même si c'est pas vraiment ce que les gens aiment j'avoue que quand je fais une performance sur une musique de Deathcore de 5 minutes c'est un peu prendre le public en otage mais moi j'aime bien, j'ai commencé le drag un peu en même temps que Iris j'étais... pour le coup vraiment au tout tout début de la maison des postiches ça a commencé avec une viewing party de drag race qui a un peu initié le truc de on se rend compte qu'il y a des gens à peau qui ont envie de voir du drag et que bah en vrai même si avant ça existait un peu il y avait quelque chose de temps en temps dans certains bars de peau mais c'était vraiment une fois tous les deux mois ou tous les trois mois et c'était vraiment très restreint ça en termes de communication ça partait pas en dehors des comptes insta des bars C'était un peu compliqué pour trouver toutes les infos. Et du coup, à partir de ce moment-là, on s'est rendu compte qu'il y avait un besoin un peu. On a créé la maison des postiches et on a trouvé un café-bar qui accepte de nous avoir tous les mois. Et puis après, on s'est un peu exporté un peu partout. Maintenant, on a des shows aussi trimestriels dans un autre bar qui s'appelle La Forge Moderne à Pau. On a été invité à Tarbes, enfin à côté de Tarbes, dans un lieu dit, pour un festival queer. Pour moi, c'est... Très important de faire du drag à peau, parce que déjà il y avait un petit manque, et pour les personnes queer à peau, je trouve qu'il y a un petit manque de lieux queer et d'espaces un peu safe. Parce que maintenant on a deux associations LGBT, mais quand je suis arrivée il n'y en avait qu'une, c'était l'association AID. Et il n'y avait pas beaucoup de com là-dessus. J'ai passé une grande partie de mon adolescence dans les Landes, et vraiment les Landes, il y a un bus par jour pour aller... dans Abyss-Karos, qui est peut-être la plus grosse ville du coin. Et il n'y a pas beaucoup de milieux queer. Et je sais que c'est quelque chose qui, moi, me manquait. En tout cas, un espace positif. Et je sais que j'aurais gagné peut-être 5 ans de questionnement sur mon identité de genre si j'avais eu ces espaces queer et safe.

  • Speaker #4

    Le drague est une anti-définition. Il se joue de lui-même, prenant plaisir à nous échapper, se cacher, se réinventer. Rien ne devrait le définir, puisque son message principal est justement de nous dire que rien ne doit nous définir de façon définitive. Expliquer ce que représente le drague n'est pas aisé, car il s'agit aussi bien, et parfois de manière contradictoire, d'une pratique artistique, d'une expression politique, d'un divertissement, d'une sous-culture, au sens sociologique du terme, et de bien d'autres choses encore. Ce territoire aux frontières par définition floue est aussi stérile que futile, aussi engagé que superficiel, aussi splendide que terrifiant. Extrait du livre Drague, l'autre visage des queens et des kings de Sofiane Aïssaoui Je dois vous avouer que je n'ai pas encore eu le temps de rencontrer Xavier, alias Françoise dite Pollution. Le temps que prend la réalisation de Chant Queer, les coups pour aller tourner ne m'ont pas permis d'aller jusqu'au Jura. Mais il a accepté de m'envoyer des extraits d'une de ses performances, que vous pourrez écouter à la suite de son interview.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Xavier, j'ai 26 ans, je suis né dans le Jura, j'ai grandi dans le Jura, j'ai fait... mes études dans le Jura. Mes études supérieures, je suis allé à Dijon, puis à Montpellier. Une fois que j'ai terminé mes études, je suis revenu dans le Jura pour travailler. La ruralité dans laquelle je vis, elle est boisée, elle est faite de plein de petits villages. Les villes sont des gros villages et concentrent les commerces. Moi, j'habite dans une petite commune qui s'appelle la Châtelaine. Et pour aller faire mes courses, je dois faire minimum 10 minutes de route. Pour aller à mon boulot, chaque matin, je fais 20 minutes de voiture. Et je travaille en tant que crémier. J'aime bien dire que je suis crémier le jour et la nuit, je suis drague. Grandir dans le Jura, ça a été assez doux, je trouve, avec le recul. Voilà, moi, comprendre que j'étais une personne LGBT, ça n'a pas été un coup de massue. Moi, j'ai quand même grandi avec une forme de mise à l'écart, parce que finalement, les garçons jouaient à des trucs de garçons qui ne me plaisaient pas forcément, où je n'étais pas forcément inclus dedans. Voilà, je me retrouvais à jouer avec les filles, mais ce n'était pas si grave. Finalement, moi, je n'ai pas capté cette mise à l'écart, même si dans les faits, ça l'était. Si on s'est moqué de moi, je crois que je ne l'ai pas retenu. Voilà, je suis un peu passé outre. Je me trouvais projeté dans un monde rural qui ne me correspondait plus parce que j'avais grandi entre le moment où je l'avais quitté et le moment où je revenais. j'ai trouvé que cette réalité là était violente. J'avais oublié qu'elle était violente pour une personne qui n'était pas hétéro et qui n'était pas forcément cis. Et là je me suis dit, purée, ça me manque. Il faut que je trouve quelque chose. J'ai commencé à chercher des soirées, ou juste des endroits où je pouvais m'échapper un peu de cette vie. là et de faire communauté et j'ai rien trouvé et j'ai toujours aimé le spectacle, le théâtre, tout ça et le drag ça m'était pas inconnu, je voulais peut-être essayer mais je savais pas trop et là je suis tombé sur un collectif basé à Besançon qui s'appelle la House of Detritus et je me suis dit que c'était... C'était une révélation parce qu'ils proposaient artistiquement, typiquement, l'esthétique qui, moi, me plaisait et que je recherchais à ce moment-là. Donc, c'est une grande décharge. C'est les déchets, les déchets de la société. Bon, voilà. Et je suis allé voir un show à Besançon et c'était incroyable. Et je me suis dit que, en fait, c'était quand même à une heure de route de chez moi. C'était dans une grande ville et c'était quand même loin de la réalité que je vivais moi au quotidien. Je ne sais pas, il y avait une forme de décalage. Ça me plaisait, je voulais ça, mais moi, je n'avais pas envie de faire une heure de route pour vivre ça. Et du coup, de là est née l'idée de faire du drague et de commencer à investir les lieux que je pratique au quotidien en drague. Mon personnage drague, il était déjà né il y a longtemps. Il était déjà là, mais il n'avait pas une forme drague. Il n'avait pas une forme présentable en public ou sur une scène. Je ne pouvais pas trop la présenter, mais je l'appelais mon alter ego des choses inavouées. C'était une voix que je prenais d'abord quand j'habitais à Montpellier pour exprimer des choses. que Xavier ne pouvait pas forcément exprimer. Et puis, dans le Jura, là où j'ai eu le déclic de... En fait, il faudrait qu'elle prenne forme. Ouais, c'était dans l'intimité, dans des soirées avec mes amis d'enfance, dans des... Ouais, juste dans le fait d'essayer des vêtements, se maquiller, essayer. Et ce personnage, eh bien, petit à petit, il a commencé à... à avoir du sens au-delà de moi-même. J'en avais besoin pour moi, de lui donner un corps. Et puis après, j'ai fini par comprendre les enjeux de Françoise et pourquoi elle était importante aussi dans l'espace public et pour les autres dans le Jura. Elle s'appelle Françoise d'Ippolution parce qu'elle a... quand même pris forme avec la House of Detritus à Besançon. Voilà Françoise, personnage drague rurale, archétype du commun des mortels et elle est éternellement cinquantenaire.

  • Speaker #1

    ça va j'aime bien ouais mais genre t'aime bien mais quand tu as fait la 15ème fois que t'en mets sur ton crâne pourquoi il faut coller ses sourcils ? alors moi je les colle pour les faire disparaître en fait comme je t'ai dit tout à l'heure je fais une page blanche et donc du coup la première étape pour faire cette page blanche c'est de gommer voilà donc je le gomme et je l'enlève complètement ok donc tu vas voir tout à l'heure je vais ressembler à Voldemort ah Toutes les queens le font pas, c'est pas une étape obligatoire. Moi, je le fais, voilà. Je le fais parce que, bah, ça m'amuse.

  • Speaker #3

    Tu gardes ta barbe.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Parce que, genre, j'aime bien le côté un peu... Un peu, genre,

  • Speaker #4

    queer.

  • Speaker #1

    C'est genre une poilue,

  • Speaker #0

    genre, sur mes graffes de bras.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après on va les cramer les sourcils. Ça te dit quoi ? Ouais, je vais faire fondre de la cire sur mes sourcils.

  • Speaker #4

    Ah oui,

  • Speaker #0

    je vois.

  • Speaker #1

    Ouais, moi aussi je vois des fois, mais ça fait mal. Écoute, je vais commencer par mon moi, Sylville, moi je suis vivien, j'ai 22 ans, je suis éducateur pour la protection judiciaire de la jeunesse. les enfants en très grosse difficulté. C'est des enfants qui sont soit borderline avec la loi pour aller en prison, soit qui sont trop jeunes. Et le soir, du coup, je suis Aquari, drag queen en milieu rural, je milite pour nos droits. Je reprends la place qui m'est due et j'anime les longues soirées froides des Cévennes en hiver. Bonsoir tout le monde ! Bienvenue à notre énième édition du Karaoke Planetest Animation Drag. On est content de vous avoir aujourd'hui dans cette nouvelle édition Snow. Snow en anglais c'est l'hiver, parce qu'il fait très froid dehors. Je remercie encore une fois l'herbe folle de nous avoir accueillis encore une fois ce mois-ci. Et je remercie le public d'être ici. Est-ce que vous avez déjà assisté à un drag show ? Tout le monde, c'est incroyable, c'est la première fois que ça arrive. Je ne peux pas faire ma blague de d'habitude, c'est nul. Écoutez, on va commencer avec une performance live. On n'a toujours pas décidé du roast. Qui va commencer ou qui va finir, Kevin ? Ben écoute, moi je vais commencer, je vais vous roster. Vous savez ce que c'est un rost ou pas ? T'es pas prêt chérie ?

  • Speaker #5

    Du coup,

  • Speaker #1

    le rost est une tradition comique où je vais vous mettre au centre de l'attention pour gentiment vous démolir. Bien entendu, tout ça se fait dans un esprit de bienveillance et d'humour. Les blagues peuvent être un peu piquantes, parfois même très osées, mais elles sont toujours faites avec amour. Je suis la mère du vegan, un peu la reine des oignons, des chèvres et des châtaignes. Je suis un peu comme une bogue, je suis bonne à manger mais un peu piquante. Je suis une diva, un petit peu old school et un petit peu futuriste aussi dans mon drague. Que te dire de plus ? Une comédie queen, je pense. Je ne suis pas du tout chanteuse. Je suis né à Nîmes et après j'ai grandi au Vigan depuis mon plus jeune âge. C'est un milieu assez rural, assez vieillissant malgré qu'il y ait quand même beaucoup d'événements. La population peut être assez engagée. Franchement, il y a deux sortes de population ici, il y a soit vraiment la population... extrême gauche anarchiste et à la population extrême droite et Zemmour. J'ai souvent l'habitude de dire que de base j'étais pas du tout dans ce milieu là, j'étais pas un gay qui se maquillait entre guillemets, j'étais un peu l'homo nationaliste, c'est un peu dur à dire tu vois maintenant, mais avec le temps j'ai évolué, je me suis remis en question et en fait je travaillais dans un camping à la sortie du Vigan au Val de l'Arc et en fait chaque mois pendant l'été, la grande saison, il y avait une troupe de transformistes qui venait. Et je n'étais pas fermé à la discussion, donc je suis allé leur discuter avec eux. Et en fait, un soir, ils m'ont dit, écoute, au lieu de cracher ton venin comme tu es en train de le faire, viens avec nous derrière, viens voir ce qu'on fait et juste t'admire. Et donc, du coup, j'ai été derrière eux avec en coulisses, les aidasses habillées, etc. Et en fait, au final, deux ans après, c'est moi qui ai pris leur place. Après, j'ai rencontré Mimi, qui est ma mother drag. Au fur et à mesure, on a commencé à se voir, à pratiquer la scène. Elle m'a appris les bases. Et au fur et à mesure je suis devenu drag queen et maintenant la représentante des Seven et des Ognons Doux. J'ai fait mes études assez loin d'ici, enfin quand même loin, non c'était à deux heures, j'ai fait mes études à Narbonne. Et quand je suis revenu, j'avais cette envie de faire des événements ici où les nuits, comme je t'ai dit, les nuits hivernales et même les nuits d'été sont très très longues. Quand surtout il n'y a rien à faire, on tourne un peu en rond. Et donc au fur et à mesure on a lancé les shows, les blind tests, j'ai rencontré mon fils drag et donc Kevin. qui s'est joint à l'aventure. Après, j'ai rencontré Saba, qui est mon parrain drague, pareil, qui s'est joint à l'aventure. Donc, ça a été tout un monde qui s'est ouvert au fur et à mesure. Les queens ou même les dragues de la ville sont arrivées dans une place qui était déjà faite. Et donc, c'était assez facile pour elles de faire des shows, etc. que moi, j'ai dû me faire toute une place prouver au monde entier que j'étais légitime. Moi, il n'y avait pas du tout le public à la base, donc j'ai dû rencontrer... Plein de personnes, j'ai dû faire plein d'événements possibles et imaginables. J'ai dû aller sur la fête de la soupe en drague, j'ai dû jouer à la pétanque en drague, j'ai dû sauter à l'élastique en drague, pour vraiment prouver que j'étais capable de tout et que me créer un public au fur et à mesure par les rencontres. Et en fait, c'est avec toutes ces rencontres et toutes ces idées folles que j'ai eues que les gens sont venus au fur et à mesure par curiosité au début. Et en fait, après, ils se sont découverts un monde du cabaret qui était à leur goût apparemment, puisqu'ils reviennent encore aujourd'hui. Donc voilà, le show c'est un grand show qu'on fait avec Saba du coup qui est un artiste du Vigan, Kevin et un autre artiste Mimi et moi et donc là en fait t'as toute une population que nous on pensait pas du tout avoir au dernier show, d'habitude on a toujours la même population assez engagée, assez politisée qui vient mais en plus on a toute une partie de population, alors je veux pas faire du David Facies mais d'extrême droite tu vois et j'étais là en mode waouh c'est incroyable ce que j'ai fait, j'arrive à ramener l'extrême droite dans mes shows tu vois et du coup pour leur ouvrir l'esprit. Au dernier show, c'était la veille des élections législatives. Et en fait, du coup, on s'est retrouvé vraiment avec moitié public hyper engagé, hyper politisé. Et l'autre, vraiment, tu voyais que c'était l'extrême droite. Et donc, en fait, tout au long, on a pu leur faire passer des mots, des messages. Par exemple, moi, je sais que j'ai performé sur Charles Aznavour, comme ils disent. À la fin, je leur ai dit, faites gaffe à qui vous votez, parce qu'en fait, sinon, on ne pourra plus refaire ce genre d'événement. Donc, tu vois. plein de petits messages avec des petits pics comme ça qu'on a fait passer. Il y avait plein de messages. Il y avait Saba qui a performé sur Travesti. Donc on a pu faire passer plein de messages sur la sexualité, les LGBTphobies, le harcèlement qu'on pouvait faire passer. C'est apparemment très bien passé puisqu'ils veulent qu'on refasse un deuxième show au mois de février.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est politique. On est là, on existe. Il n'y a pas que sur Paris qu'il y a des dragues. Ce n'est pas juste pour le spectacle.

  • Speaker #7

    Le drague est totalement politique. Le fait d'être queer fait de nous qu'on est obligés d'être politiques parce qu'on ne peut pas vivre dans une société aussi standardisée.

  • Speaker #4

    Ce que je vois ici, là, encore et toujours dans nos villages, dans nos villes ou un peu partout dans les départements ruraux, dans les zones de montagne, en région, Ce sont des révolutions hors des codes que l'on essaie de nous imposer. Alors que le drague s'affranchit de tout, on le remet en boîte pour qu'il corresponde. Mais le drague ne doit pas correspondre, puisqu'il est profondément queer. Il ne doit répondre à aucune norme, il doit juste être. En le faisant vivre dans les bistrots, les cafés associatifs, en créant des événements, en poussant à l'altérité, les artistes que j'ai rencontrés dans cet épisode repoussent les murs et reviennent à l'essence. A l'essence, il y a William Dorsey Swan, la première personne à se dire drag queen était un homme noir, né esclave dans l'état du Maryland, militant et à la tête d'un groupe de résistance queer, arrêté, victime de racisme, nous lui devons beaucoup. Comme pour les Pride Payette, je crois qu'il est important de savoir d'où part le drag, car en connaissant notre histoire, nos révolutions ne seront que plus grandes et plus politiques.

  • Speaker #2

    Mon drague, c'est Kao Nocturne. Et à la base, je m'appelais juste Kao, sauf que j'ai été adoptée par Terror Nocturne, qui est notamment ma plus grande inspiration pour le drague. Et c'est en le voyant que j'ai voulu commencer le drague, donc ça me fait super plaisir d'avoir pu avoir le nom Kao Nocturne. Et en fait, je suis partie sur les bases du drag king, mais en essayant d'ajouter un peu une touche justement de... Pas vraiment de monstre, mais plus dans le côté vampire, créature, un peu bizarre. J'ai envie de faire un mix entre... L'humour vraiment décalé, surtout l'humour british très monty piton et tout ça. Et aussi l'exploration plus sérieuse de la folie et un peu de la santé mentale qui peut être très peu stable des fois.

  • Speaker #7

    Mon nom civil c'est Clara. Et je viens d'Ariège, donc vraiment le coin rural, c'est tout le département qui est rural. Que des coins paumés, que des patelins. Et en gros, j'ai rejoint la maison car de base, c'est beaucoup de mes potes qui ont initié le mouvement. Et j'aurais pu être dans cette initiation de mouvement, mais moi j'ai une santé mentale qui est... Un peu terrible par moment, et au moment où ça s'est fait, c'était pas possible pour moi. C'est vraiment des raisons très personnelles. Mais du coup, j'avais toujours un peu ce truc de, à un moment, quand je me le sens, oui, je me lancerai. Parce que moi, j'ai découvert le drag au lycée, avec RuPaul's Drag Race, évidemment. Maintenant, le drag devient mainstream, donc à la fois chouette et à la fois... Du coup, il y a des personnes qui... aiment bien s'approprier maintenant cette culture qu'on a. Alors que pour les personnes queers, c'est un peu un des seuls langages qui nous permet de nous exprimer. Le terme politique est très large dans le sens que c'est pas qu'une critique de la société, c'est vraiment juste globalement... Une revendication de qui on est, là où on se trouve.

  • Speaker #2

    J'ai du mal à me dire que je peux être perçue par les autres. J'ai toujours fait en sorte de me cacher, de faire en sorte que les gens ne me voient pas. Donc le drague, c'est tout l'inverse. J'ai envie d'arriver au bout d'un moment à avoir un drague où je... peut me libérer complètement, à 100% et montrer à quel point j'ai de l'énergie.

  • Speaker #0

    C'est l'art de la transformation et l'art du divertissement aussi. C'est un art qui a un rapport au genre, puisqu'on travaille sur ce conflit de genre. Tu me vois clairement, tu te dis c'est un homme Non, c'est vrai ? On déconne.

  • Speaker #1

    Mais je trouble parce que quand tu me vois de dos,

  • Speaker #0

    il y a quand même des formes féminines.

  • Speaker #2

    Donc voilà, je ne suis ni homme, je ne suis ni femme,

  • Speaker #0

    je suis une drag queen,

  • Speaker #2

    je suis une créature. Moi,

  • Speaker #0

    comment je vois le drag, c'est tout simplement l'art de dire la vérité à travers les artifices.

  • Speaker #2

    Vous allez à la marche mainstream, ce que j'appelle mainstream, la marche mainstream de la gay pride, les plus gros chars,

  • Speaker #0

    ceux qui ont le plus de place,

  • Speaker #2

    c'est les personnes blanches. Et ce sont les mecs, les trans, les tigouines, tout ça. Ça n'a pas autant d'envergure, ça n'a pas autant d'ampleur, il n'y a pas autant de moyens. Le drag queen ou drag king assisé, on est encore moins visibles. Les drag queens et drag kings font face à des lois sans précédent aux Etats-Unis. 12 États veulent complètement interdire ce type de cabaret. Les voix s'élèvent pour critiquer votre présence, ce sera les 14 et 15 juillet à Paris,

  • Speaker #3

    dans le relais de cette flamme,

  • Speaker #2

    et une présence vulgaire, hyper sexualisée, selon Marion Maréchal-Le Pen, ce n'est pas une bonne façon de représenter la France aux yeux du monde. Excusez-moi d'être encore à contre-courant, conclut la tête de liste reconcrète aux européennes. Vous retenez quoi de ces propos ? Le excusez-moi ou le à contre-courant

  • Speaker #0

    Je préfère rien retenir du tout. Je pense qu'il y aura toujours les petits bars dans lesquels cette harpe existait ou elle existera toujours, sans la télé, avec la télé. Mais ça restera toujours mal compris et ça sera toujours sur les bords de notre société et ça restera toujours punk tant qu'il y a des drag queens qui ne peuvent pas se maquiller. Du coup, ça a commencé par une soirée. Une soirée que j'ai montée pour la première fois presque seule, mais pas tout à fait. J'ai prétexté une soirée d'anniversaire. Et j'ai dit, ouais, voilà, c'est mes 25 ans, je voudrais faire une soirée d'anniversaire qui prenne la forme d'un spectacle cabaret. Ça aurait lieu devant chez moi, devant mon garage. Et j'ajoute que j'habite au-dessus de la mairie de ma commune. Et du coup, ça s'appelait les Folles de la Châte. J'ai motivé des amis à moi qui vivent dans le Jura, mais d'autres qui vivent plus loin que j'ai rencontrés à Montpellier. On a monté un spectacle devant chez moi et c'était incroyable. J'avais invité mes parents, les parents de mes amis, mes amis. je pense qu'on était dits environ à monter ce spectacle. Mon entourage s'est avéré être un bon allié là-dedans. Et en fait, ça a trop bien marché. Et c'est là que je me suis rendu compte que cet événement était pertinent. Parce qu'il n'y avait pas que mes amis. Il y avait aussi des gens du village. Vu qu'on était en plein air devant la mairie, devant mon garage, il y a les gens qui promenaient leurs chiens le soir, qui, par curiosité, s'approchaient un petit peu de... devant mon garage et se demandaient ce qui se passait. On les a invités à venir et du coup, ça a créé une espèce de grosse fête comme ça. On a même eu l'honneur de recevoir les chasseurs du village puisqu'ils avaient une réunion le même jour devant la mairie. Et quand ils ont vu trois, quatre folles en train de se préparer et courir partout avec des talons hauts, ils se sont dit que c'était peut-être une bonne idée de venir.

  • Speaker #1

    Mais je sais que dans les Seven, je suis vraiment la seule. Il y a sa sucrerie aussi, sa sucrerie qui est une queen de Gange, vers Gange, avec qui je suis allé en Lauser et on a foulé le territoire lausérien pour la première fois. Après ici, j'espère qu'en élevant des enfants de drague... ils vont enfin se lancer dans leur soirée aussi je sais pas s'ils sont encore prêts mais moi je leur souhaite de lancer aussi leur soirée et de eux aussi prendre des enfants et qu'eux aussi lancent des soirées dans d'autres bars et qu'on envahisse le vegan de perruques et de paillettes L'herbe folle c'est un événement karaoké animation musicale donc si je te fais le planning on ouvre avec une première perf on fait du blind test on ferme avec une deuxième perf il y a une pause On ouvre avec une autre perf, le karaoké on ferme avec une performance. Après comme je t'ai dit c'est vraiment un lieu qui est assez petit comme tu as pu le voir tout à l'heure, on a décidé ça avec Kevin de le faire parce que comme je te disais c'est un lieu où on se retrouve entre personnes queer et comme on n'est pas très nombreux on voulait quelque chose d'assez familial où on peut se retrouver entre copains et entre nous. C'est ouvert à tout le monde, bien entendu, mais ça nous permet de nous retrouver une fois par mois et de pouvoir discuter entre nous de nos vies, nos amours, nos emmerdes, nos histoires de cul, tout ce qui est possible et imaginable. Du coup, c'est assez familial. Tout le monde peut y venir. Il y a du kéfir à boire, c'est incroyable. C'est pour une bonne détox. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Moi c'est Nat, Nataniel en long, je suis étudiante en lettres à la fac de Pau. Et du coup, mes pronoms, c'est il Je suis un mec trans. Mon personnage drague s'appelle Sourey, ce qui veut dire soleil en occitan précisément occitan, béarné. J'essaie de travailler surtout sur le côté théâtral, le côté conceptuel du drague. Le théâtre est une énorme partie de mes études et je voudrais que ce soit ma carrière future. Donc c'est vraiment ça sur quoi je penche mon drague. J'ai beaucoup d'inspiration de l'opéra. de l'histoire de la mise en scène, Antoine Arthaud, etc. Donc voilà, ça c'est mon drag. Moi personnellement je suis palois, née à Pau, élevée à Pau, blonde d'Aquitaine. Et du coup c'est tellement important en effet d'avoir cette représentation queer dans une ville moyenne, surtout une agglomération telle que Pau où il y a la campagne à une demi-heure, genre. Vraiment, il y a des bleds. À une nouvelle heure, tu n'as plus de réseau. Ma famille vit dans des endroits où je ne peux même pas prononcer le nom. Donc, c'est tellement dingue d'avoir ce connect queer en vie qui crée des safe space pour tout le monde, qui crée du contenu, qui crée du divertissement, qui crée du collectif. Et ce qui est génial, c'est qu'on a... assez d'inclusivité, pour qu'il y ait même des gens qui n'ont jamais vu de drague ou qui ne s'intéresseraient pas aux dragues qui viennent ou qui ont envie de participer aux scènes ouvertes. Des gens qui n'auraient jamais vu de drague ailleurs qu'à Drag Race France ou même RuPaul à la télé, donc c'est dingue. Et c'est très important de diversifier le drague parce que je pense quand même que je ne suis pas le plus apte à en parler mais je pense qu'il y a des différences de drague selon les villes. Le drague n'est pas le même à Paris qu'à Bordeaux. qu'ici chez nous et ça nous donne en fait un tremplin de proximité qu'il n'y a pas ailleurs vraiment genre si à un moment il y a quelqu'un qui vient nous envoyer un message pour dire hey je voudrais bien participer enfin je voudrais bien performer si il y a déjà performé on va lui dire ok, viens quand tu veux et si il n'a pas encore performé on peut aussi l'inviter en vrai parce qu'on peut juste faire confiance aux gens Et aussi, on a des scènes ouvertes exprès faites pour ça. Et ça redonne le côté vraiment proche et je dirais débourgeoisé du drague. Je ne sais pas de meilleur mot, mais moi, ça s'apparente tellement à ce côté culture du drague. Et je n'ai plus le mot, mais genre... tout ce qui est bol culture et Paris 6 Burning et tout toutes ces communautés très discriminées très pauvres où il y avait genre tout le monde qui se réunissait et juste créer du divertissement ou de l'art ensemble parce que pour moi le drag est un art donc

  • Speaker #3

    c'est extrêmement important de pas oublier cette perspective quoi concernant le territoire toujours par rapport au territoire du coup ça m'avait pensé à autre chose c'est que même si on n'a pas vraiment fait Faire des shows dans des petits villages, comme on s'exporte, ça pourrait nous arriver, comme à Tarnos, comme on disait. Ça peut être l'occasion de créer un événement queer ou LGBT dans des petits lieux où les gens ne connaissent pas, ou alors... savent qu'ils le sont mais ils n'ont pas trop de communauté là où ils sont et ça peut justement être un vecteur de rencontres entre les gens du village en question parce que du coup ça fait un événement dans leur village qui les intéresse sans que ça soit trop engageant ou sérieux, c'est pas comme une table ronde c'est pas comme un échange où ils doivent s'engager en parlant ou parler d'eux mais ils peuvent juste venir voir et ça leur permet peut-être de rencontrer des gens de leur village qui ne se connaissaient pas ou qui ne savaient pas qu'ils étaient concernés aussi et ça peut être un événement qui est un peu plus agréable que ça peut être un point de départ pour créer des petites communautés queer, de gens qui se rencontrent grâce à ça, peut-être dans des villages.

  • Speaker #1

    Je veux vraiment appuyer sur le truc que je développe tout au Vigan, et que vraiment si j'ai deux shows, par exemple la même date, et qu'il y en a un au Vigan et un à Montpellier, malgré que je sois un peu moins payé au Vigan, par exemple je vais rester au Vigan juste pour le... pour mon message que je veux faire passer et aussi que j'ai une espèce de... Comme je te disais tout à l'heure, je me répète, mais en gros on se retrouve entre queers et j'ai l'impression que si j'accepte ce show ailleurs, je les lâche et je ne fais plus mon devoir de se rencontrer entre nous. Là je suis parti dans l'avenir de développer le drague ici, de l'agrandir dans des bars qu'on ne pourrait pas du tout imaginer qu'il y aurait du drague d'habitude. de pourquoi pas faire des événements vraiment en pleine rue en drague voilà parce que là la dernière fois on a fait la fête de la soupe en drague en plein milieu du vegan sans aucune sécurité et au final c'est plutôt bien passé donc je me suis dit pourquoi pas faire des marchés en drague j'en sais rien moi j'ai toujours un peu des idées loufoques tu vois donc ouais moi je fais des trucs un peu loufoques tu vois là je sais que Première neige avec tous mes enfants de drague. J'ai prévu d'aller faire un shooting photo au Montégoal. Il y a un château au Montégoal. En fait, c'est l'observatoire météo. Et genre, c'est grave beau. Il y a de la glace et tout. Je me suis dit, on peut aller faire des séances photo là-bas. Et après, on va skier en drague. Tu vois, j'ai toujours des trucs un peu loufoques. Comme ça, je me dis, ça peut être grave drôle de reprendre la place de partout. Mais absolument de partout, tu vois. Donc, ça peut être vraiment très drôle à faire.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai commencé par en parler à... des personnes qui étaient déjà sensibles et qui s'interrogeaient déjà d'un point de vue féministe, d'un point de vue queer, d'un point de vue ruralité. C'est les premières personnes vers lesquelles je me suis tourné. moi quand j'ai changé de boulot donc maintenant je travaille dans une fromagerie j'avais déjà commencé le drag depuis longtemps je savais déjà à peu près où je voulais aller donc J'ai interrogé ma place en tant que Xavier dans cette vie rurale en sachant qu'à côté, je faisais du drague et qu'il y avait Françoise. Du coup, mon objectif, c'était quand même d'en parler avec mes collègues. Et mes collègues sont pour la plupart des personnes de 50 ans. j'ai un collègue qui a le même âge que moi et qui est ancré dans une vie de famille, il est papa, il vit les choses complètement différentes, il vit cette vie et cette ruralité et ce boulot d'une manière complètement différente. différentes de la mienne. Du coup, j'ai décidé d'en parler un peu avec eux, de leur dire que je faisais du drag. Et puis, j'ai été confronté à un deuxième regard que j'ai pratiqué. à d'autres endroits, ils trouvent ça amusant. La plupart, ils trouvent ça amusant. Il y a cette perception de Ah, tu te déguises en fille. Et il y a la question de Est-ce que c'est sexuel ce que tu fais ? Il y a plein de questions tenant aussi à est-ce que c'est un boulot ? Est-ce que tu peux te payer avec ? Pourquoi tu fais ça ? Et moi, j'ai trouvé que ce n'était pas moins pertinent. que de discuter avec ça avec d'autres artistes drague que avec des personnes éveillées à ces questionnements là parce que j'ai trouvé que c'était vraiment innocent

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment dire, mais c'est un peu une conviction de me revendiquer drague alternatif. Parce que moi, dans la vie de tous les jours, j'écoute des trucs un peu broussons et je puise en inspiration de ce genre de trucs. Et c'est pour ça que je me vois mal me dire, je fais du drag king, vous pourrez me voir avec des vêtements normaux. En général, j'essaye d'être un peu genre... espèce de créature monstre.

  • Speaker #3

    Le drague, c'est aussi politique dans le sens où c'est un des rares espaces qu'on a en tant que personne connue pour s'exprimer et être absolument librement qui on veut sans avoir... sans se limiter parce qu'il y a des gens qui vont nous regarder dans la rue ou qu'on risque quoi que ce soit ou quoi.

  • Speaker #1

    Vraiment, à chaque fois où on me parle, la plupart du temps, la plupart des personnes ne connaissent même pas mon prénom. Mon vrai prénom, c'est Akowari, direct dans la rue. On parle souvent, à chaque fois que je suis là, de drague et on ne parle pas d'autre chose, de mon autre métier à côté.

  • Speaker #2

    Il y a une diversification du public qui est très encourageante et qui fait plaisir. Et on parle avec tout type de personnes, de tout âge. C'est très chouette. Il y en a marre d'être vraiment comme la société aimerait qu'on soit. Soyez vous-même, purée. Il y a beaucoup le do-it-yourself. Nous, l'argent, on n'en a juste pas pour faire du drag. Tout ce qu'on fait, c'est prendre des trucs de friperie. Il y a beaucoup d'entre nous qui cousent.

  • Speaker #0

    L'existence de mon drag se trouve en ruralité. C'est-à-dire que si je commence à faire du drag exclusivement en ville ou à déménager en ville, ça ne fera plus de sens pour moi.

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter Chancouir. une série documentaire d'Élodie Potente. Merci à Hazel, Clémence, Kito, Clara, Nat et tous les artistes de la Maison des Postiches. Merci aussi à Edouard. Merci à Aquari et Kevin, à l'herbe au fol café associatif du Vigan. Merci à Françoise d'It Pollution. Merci aux queens, aux kings, aux queers et aux créatures qui font vivre nos territoires avec leur art. Si vous avez aimé cet épisode, mettez des étoiles et partagez-le. C'est la seule manière de diffuser Chantouir au plus grand nombre.

Description

Je ne connaissais rien au drag. Comme beaucoup j’ai commencé à regarder drag race quand c’est sorti en France, je n’étais qu’aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drag et pourtant cet épisode s’est imposé à moi parce j’ai vu apparaître tout un mouvement en milieu rural. Ça m’a transportée de voir ces artistes émerger, les docus les papiers l’es émissions de radio, les queens les kings les queers le do it yourself qui est tellement dans l’esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien du drag et pourtant j’ai été saisie d’une émotion nouvelle en préparant cet épisode, un truc d’appartenance qui vous prend le corps et le coeur, un truc de dingue qui se passe en vous face à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j’ai vite intégrer comme référentiel. Bien sûr que le drag fait partie de nous, bien sûr qu’en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici, comme si tout s’écrivait enfin. Cet épisode est d’une logique implacable, il est l’aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec champs queers, des rencontres et de la joie.

Et comme d’habitude, je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’efforts pour trouver mes personnages. Il y a d’abord eu Francoise dite pollution, qui vient du haut jura, puis Aquarii qui vient du Vigan, dans le Gard et enfin la maison des paustiches, basée à Pau.


Vous écoutez Champs queers, épisode 4, Le drag est politique. Champs queers est une série documentaire d'Elodie Potente. Suivez-moi sur les réseaux sociaux : https://www.instagram.com/elodiepotente_podcast/

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Musique : 

La grande table - Delnica  

Creme Brulee - The soundlings

Entendues pendant les shows :

  • Anne Sylvestre - Petit Bonhomme

  • Dalida & Alain Delon - Paroles, paroles

  • Du style - Jena Lee

  • Mon truc en plumes - Zizi Jeanmaire

  • Depeche Mode - Enjoy the silence


Les Réseaux sociaux des artistes interviewé-es ❤️:

Références :

  • Drag - L'autre visage des Queens et des Kings de Sofian Aissaoui


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le drague, c'est aussi quelque chose d'invasif et de polluant. Mon ambition maintenant, c'est de m'immiscer un peu partout dans la ruralité que je pratique.

  • Speaker #1

    Ça n'avait plus forcément de sens pour moi d'être bouqué en ville, alors qu'en fait, j'étais une queen en milieu rural et que je ne rencontrais pas les mêmes problématiques qu'une personne en ville.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est vital. C'est juste vital. C'est un art pour soi,

  • Speaker #3

    mais pour les autres.

  • Speaker #2

    J'irais même jusqu'à dire que c'est un art total, le drague. Tu peux tellement tout faire avec le drague.

  • Speaker #4

    Je ne connaissais rien au drague. Comme beaucoup, j'ai commencé à regarder Drag Race quand c'est sorti en France. Je n'étais qu'aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drague et pourtant, cet épisode s'est imposé à moi. Parce que j'ai vu apparaître tout un mouvement, en milieu rural. Ça m'a transportée de voir ces artistes émerger. Les docus, les papiers, les émissions de radio. Les queens, les kings, les queers, le do-it-yourself qui est tellement dans l'esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien au drague et pourtant, j'ai été saisie d'une émotion nouvelle en préparant cet épisode. Un truc d'appartenance qui vous prend le corps et le cœur. Un truc qui se passe en vous, passe à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j'ai vite intégrés comme référentiels. Bien sûr que le drague fait partie de nous, bien sûr qu'en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici. Comme si tout s'écrivait en fin. Cet épisode est d'une logique implacable. Il est l'aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec Shankouia, des rencontres et de la joie, même si ce n'est pas le dernier épisode. Et comme d'habitude, je n'ai pas eu besoin de beaucoup d'efforts pour trouver mes personnages. Il y a d'abord eu Françoise, dite Pollution, qui vient du Ausha, puis Aquari, qui vient du Vigan, dans le Gard, et enfin, la maison des postiches, basée à Pau. Petit disclaimer, je sais que Pau est une ville, mais je voulais un collectif dans une petite ville. Et il se trouve que la maison des postiches a des shows réguliers à Pau, mais se balade aussi dans une bonne partie du sud-ouest.

  • Speaker #5

    Je ne sais pas. Attendez, je me suis trompée. Oh ! Oui, après c'est à ce prix.

  • Speaker #6

    Après c'est Manon.

  • Speaker #3

    Après c'est Manon.

  • Speaker #5

    Après c'est toi. Après c'est Vito. Après c'est moi. Ah !

  • Speaker #3

    Ça a changé ? Oui, c'est parce que j'avais pas mis à jour le truc.

  • Speaker #5

    Ah oui, c'est vrai, il y a pas qui peut le faire. En fait, toi, Vito,

  • Speaker #3

    toi, Géouine. Ok.

  • Speaker #5

    Ça va ? Je peux encore, ouais, parce que...

  • Speaker #3

    Oui, mais...

  • Speaker #5

    Excusez-moi, je... Ouais, c'est pas...

  • Speaker #6

    Du coup,

  • Speaker #3

    ça fait 6, 4, 9, 10. Ok, je peux me mettre en...

  • Speaker #6

    Non mais, on s'en fout. Est-ce que quelqu'un trouve que c'est dérangeant que la première partie avant... Du coup, moi c'est Clémence, mon nom drague c'est Iris Descens, et j'ai commencé... C'est le drag en août 2023. Du coup, après, ça a été un peu le tout début du collectif La Maison des Postiges, que j'ai rejoint dès la création. Et puis, on a très vite eu l'occasion de faire des shows mensuels dans un bar de Pau. et ça s'est développé comme ça assez vite en fait du coup j'ai un peu appris sur le tas en ayant des shows tous les mois on passe des caps très vite dans le niveau de confiance en soi et de ce qu'on ose faire sur scène ou pas et du coup j'ai évolué assez vite à mon sens et petit à petit tu comprends ce que tu aimes faire ou pas ce qui te donne envie dans les musiques que tu choisis et tout et avec l'expérience je me suis rendu compte que j'aimais beaucoup faire des choses très émotionnel un des meilleurs coups blancs qu'on peut me faire c'est quand on me dit que les gens ont pleuré en regardant mes performances c'est que je me dis que ça fonctionne que j'ai fait passer une émotion ce que je préfère dans l'art en général c'est enfin les oeuvres qui me touche les oeuvres que j'aime dans n'importe quel type d'art c'est les oeuvres qui me font passer des émotions c'est ça qui est le plus important pour moi peu importe si la technique elle est hyper précise ou quoi si j'ai pas d'émotion ça m'est un peu égal, donc c'est ce que j'ai envie de faire aussi avec mon art

  • Speaker #5

    C'est trop bien, t'es là. Je m'appelle

  • Speaker #3

    Hazel, mes pronoms c'est il et en drag, mon nom c'est terreur nocturne et mes pronoms c'est il et... et Yael. Je suis un drag king et ouais non, drag king, un monstre pas un fric. Je sais que j'ai découvert le drag pendant le Covid en regardant RuPaul's Drag Race. Mais j'avoue que moi les queens j'aime bien ça mais on se fait un peu chier je trouve. En fait j'aime bien le drag alternatif et je trouve que c'est quelque chose qui manque énormément de représentation parce qu'on a l'habitude de voir des queens super belles, super polies enfin polies dans le sens où c'est très lisse et moi je trouve que ça manque un peu de crade et puis un jour j'ai découvert Dragula qui est la version crade. de drag race et beaucoup plus DIY, c'est à dire que pendant toutes les saisons on voit les artistes vraiment créer leurs costumes je suis pas sûre qu'ils les créent tous honnêtement, mais une grande majorité de leurs costumes sont créés par les personnes et moi c'est vraiment quelque chose qui m'a plu et aussi mes goûts musicaux, je suis très branchée métal, je commence à me brancher un peu plus musique gothique aussi en ce moment et un peu, je découvre un peu les joies de la pop et de la musique de pétasse depuis très peu, mais du coup je voulais vraiment pas faire des lip-sync sur des musiques un peu que tout le monde connaissait je voulais vraiment partager ma passion de la musique et mes goûts musicaux à tout le monde, même si c'est pas vraiment ce que les gens aiment j'avoue que quand je fais une performance sur une musique de Deathcore de 5 minutes c'est un peu prendre le public en otage mais moi j'aime bien, j'ai commencé le drag un peu en même temps que Iris j'étais... pour le coup vraiment au tout tout début de la maison des postiches ça a commencé avec une viewing party de drag race qui a un peu initié le truc de on se rend compte qu'il y a des gens à peau qui ont envie de voir du drag et que bah en vrai même si avant ça existait un peu il y avait quelque chose de temps en temps dans certains bars de peau mais c'était vraiment une fois tous les deux mois ou tous les trois mois et c'était vraiment très restreint ça en termes de communication ça partait pas en dehors des comptes insta des bars C'était un peu compliqué pour trouver toutes les infos. Et du coup, à partir de ce moment-là, on s'est rendu compte qu'il y avait un besoin un peu. On a créé la maison des postiches et on a trouvé un café-bar qui accepte de nous avoir tous les mois. Et puis après, on s'est un peu exporté un peu partout. Maintenant, on a des shows aussi trimestriels dans un autre bar qui s'appelle La Forge Moderne à Pau. On a été invité à Tarbes, enfin à côté de Tarbes, dans un lieu dit, pour un festival queer. Pour moi, c'est... Très important de faire du drag à peau, parce que déjà il y avait un petit manque, et pour les personnes queer à peau, je trouve qu'il y a un petit manque de lieux queer et d'espaces un peu safe. Parce que maintenant on a deux associations LGBT, mais quand je suis arrivée il n'y en avait qu'une, c'était l'association AID. Et il n'y avait pas beaucoup de com là-dessus. J'ai passé une grande partie de mon adolescence dans les Landes, et vraiment les Landes, il y a un bus par jour pour aller... dans Abyss-Karos, qui est peut-être la plus grosse ville du coin. Et il n'y a pas beaucoup de milieux queer. Et je sais que c'est quelque chose qui, moi, me manquait. En tout cas, un espace positif. Et je sais que j'aurais gagné peut-être 5 ans de questionnement sur mon identité de genre si j'avais eu ces espaces queer et safe.

  • Speaker #4

    Le drague est une anti-définition. Il se joue de lui-même, prenant plaisir à nous échapper, se cacher, se réinventer. Rien ne devrait le définir, puisque son message principal est justement de nous dire que rien ne doit nous définir de façon définitive. Expliquer ce que représente le drague n'est pas aisé, car il s'agit aussi bien, et parfois de manière contradictoire, d'une pratique artistique, d'une expression politique, d'un divertissement, d'une sous-culture, au sens sociologique du terme, et de bien d'autres choses encore. Ce territoire aux frontières par définition floue est aussi stérile que futile, aussi engagé que superficiel, aussi splendide que terrifiant. Extrait du livre Drague, l'autre visage des queens et des kings de Sofiane Aïssaoui Je dois vous avouer que je n'ai pas encore eu le temps de rencontrer Xavier, alias Françoise dite Pollution. Le temps que prend la réalisation de Chant Queer, les coups pour aller tourner ne m'ont pas permis d'aller jusqu'au Jura. Mais il a accepté de m'envoyer des extraits d'une de ses performances, que vous pourrez écouter à la suite de son interview.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Xavier, j'ai 26 ans, je suis né dans le Jura, j'ai grandi dans le Jura, j'ai fait... mes études dans le Jura. Mes études supérieures, je suis allé à Dijon, puis à Montpellier. Une fois que j'ai terminé mes études, je suis revenu dans le Jura pour travailler. La ruralité dans laquelle je vis, elle est boisée, elle est faite de plein de petits villages. Les villes sont des gros villages et concentrent les commerces. Moi, j'habite dans une petite commune qui s'appelle la Châtelaine. Et pour aller faire mes courses, je dois faire minimum 10 minutes de route. Pour aller à mon boulot, chaque matin, je fais 20 minutes de voiture. Et je travaille en tant que crémier. J'aime bien dire que je suis crémier le jour et la nuit, je suis drague. Grandir dans le Jura, ça a été assez doux, je trouve, avec le recul. Voilà, moi, comprendre que j'étais une personne LGBT, ça n'a pas été un coup de massue. Moi, j'ai quand même grandi avec une forme de mise à l'écart, parce que finalement, les garçons jouaient à des trucs de garçons qui ne me plaisaient pas forcément, où je n'étais pas forcément inclus dedans. Voilà, je me retrouvais à jouer avec les filles, mais ce n'était pas si grave. Finalement, moi, je n'ai pas capté cette mise à l'écart, même si dans les faits, ça l'était. Si on s'est moqué de moi, je crois que je ne l'ai pas retenu. Voilà, je suis un peu passé outre. Je me trouvais projeté dans un monde rural qui ne me correspondait plus parce que j'avais grandi entre le moment où je l'avais quitté et le moment où je revenais. j'ai trouvé que cette réalité là était violente. J'avais oublié qu'elle était violente pour une personne qui n'était pas hétéro et qui n'était pas forcément cis. Et là je me suis dit, purée, ça me manque. Il faut que je trouve quelque chose. J'ai commencé à chercher des soirées, ou juste des endroits où je pouvais m'échapper un peu de cette vie. là et de faire communauté et j'ai rien trouvé et j'ai toujours aimé le spectacle, le théâtre, tout ça et le drag ça m'était pas inconnu, je voulais peut-être essayer mais je savais pas trop et là je suis tombé sur un collectif basé à Besançon qui s'appelle la House of Detritus et je me suis dit que c'était... C'était une révélation parce qu'ils proposaient artistiquement, typiquement, l'esthétique qui, moi, me plaisait et que je recherchais à ce moment-là. Donc, c'est une grande décharge. C'est les déchets, les déchets de la société. Bon, voilà. Et je suis allé voir un show à Besançon et c'était incroyable. Et je me suis dit que, en fait, c'était quand même à une heure de route de chez moi. C'était dans une grande ville et c'était quand même loin de la réalité que je vivais moi au quotidien. Je ne sais pas, il y avait une forme de décalage. Ça me plaisait, je voulais ça, mais moi, je n'avais pas envie de faire une heure de route pour vivre ça. Et du coup, de là est née l'idée de faire du drague et de commencer à investir les lieux que je pratique au quotidien en drague. Mon personnage drague, il était déjà né il y a longtemps. Il était déjà là, mais il n'avait pas une forme drague. Il n'avait pas une forme présentable en public ou sur une scène. Je ne pouvais pas trop la présenter, mais je l'appelais mon alter ego des choses inavouées. C'était une voix que je prenais d'abord quand j'habitais à Montpellier pour exprimer des choses. que Xavier ne pouvait pas forcément exprimer. Et puis, dans le Jura, là où j'ai eu le déclic de... En fait, il faudrait qu'elle prenne forme. Ouais, c'était dans l'intimité, dans des soirées avec mes amis d'enfance, dans des... Ouais, juste dans le fait d'essayer des vêtements, se maquiller, essayer. Et ce personnage, eh bien, petit à petit, il a commencé à... à avoir du sens au-delà de moi-même. J'en avais besoin pour moi, de lui donner un corps. Et puis après, j'ai fini par comprendre les enjeux de Françoise et pourquoi elle était importante aussi dans l'espace public et pour les autres dans le Jura. Elle s'appelle Françoise d'Ippolution parce qu'elle a... quand même pris forme avec la House of Detritus à Besançon. Voilà Françoise, personnage drague rurale, archétype du commun des mortels et elle est éternellement cinquantenaire.

  • Speaker #1

    ça va j'aime bien ouais mais genre t'aime bien mais quand tu as fait la 15ème fois que t'en mets sur ton crâne pourquoi il faut coller ses sourcils ? alors moi je les colle pour les faire disparaître en fait comme je t'ai dit tout à l'heure je fais une page blanche et donc du coup la première étape pour faire cette page blanche c'est de gommer voilà donc je le gomme et je l'enlève complètement ok donc tu vas voir tout à l'heure je vais ressembler à Voldemort ah Toutes les queens le font pas, c'est pas une étape obligatoire. Moi, je le fais, voilà. Je le fais parce que, bah, ça m'amuse.

  • Speaker #3

    Tu gardes ta barbe.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Parce que, genre, j'aime bien le côté un peu... Un peu, genre,

  • Speaker #4

    queer.

  • Speaker #1

    C'est genre une poilue,

  • Speaker #0

    genre, sur mes graffes de bras.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après on va les cramer les sourcils. Ça te dit quoi ? Ouais, je vais faire fondre de la cire sur mes sourcils.

  • Speaker #4

    Ah oui,

  • Speaker #0

    je vois.

  • Speaker #1

    Ouais, moi aussi je vois des fois, mais ça fait mal. Écoute, je vais commencer par mon moi, Sylville, moi je suis vivien, j'ai 22 ans, je suis éducateur pour la protection judiciaire de la jeunesse. les enfants en très grosse difficulté. C'est des enfants qui sont soit borderline avec la loi pour aller en prison, soit qui sont trop jeunes. Et le soir, du coup, je suis Aquari, drag queen en milieu rural, je milite pour nos droits. Je reprends la place qui m'est due et j'anime les longues soirées froides des Cévennes en hiver. Bonsoir tout le monde ! Bienvenue à notre énième édition du Karaoke Planetest Animation Drag. On est content de vous avoir aujourd'hui dans cette nouvelle édition Snow. Snow en anglais c'est l'hiver, parce qu'il fait très froid dehors. Je remercie encore une fois l'herbe folle de nous avoir accueillis encore une fois ce mois-ci. Et je remercie le public d'être ici. Est-ce que vous avez déjà assisté à un drag show ? Tout le monde, c'est incroyable, c'est la première fois que ça arrive. Je ne peux pas faire ma blague de d'habitude, c'est nul. Écoutez, on va commencer avec une performance live. On n'a toujours pas décidé du roast. Qui va commencer ou qui va finir, Kevin ? Ben écoute, moi je vais commencer, je vais vous roster. Vous savez ce que c'est un rost ou pas ? T'es pas prêt chérie ?

  • Speaker #5

    Du coup,

  • Speaker #1

    le rost est une tradition comique où je vais vous mettre au centre de l'attention pour gentiment vous démolir. Bien entendu, tout ça se fait dans un esprit de bienveillance et d'humour. Les blagues peuvent être un peu piquantes, parfois même très osées, mais elles sont toujours faites avec amour. Je suis la mère du vegan, un peu la reine des oignons, des chèvres et des châtaignes. Je suis un peu comme une bogue, je suis bonne à manger mais un peu piquante. Je suis une diva, un petit peu old school et un petit peu futuriste aussi dans mon drague. Que te dire de plus ? Une comédie queen, je pense. Je ne suis pas du tout chanteuse. Je suis né à Nîmes et après j'ai grandi au Vigan depuis mon plus jeune âge. C'est un milieu assez rural, assez vieillissant malgré qu'il y ait quand même beaucoup d'événements. La population peut être assez engagée. Franchement, il y a deux sortes de population ici, il y a soit vraiment la population... extrême gauche anarchiste et à la population extrême droite et Zemmour. J'ai souvent l'habitude de dire que de base j'étais pas du tout dans ce milieu là, j'étais pas un gay qui se maquillait entre guillemets, j'étais un peu l'homo nationaliste, c'est un peu dur à dire tu vois maintenant, mais avec le temps j'ai évolué, je me suis remis en question et en fait je travaillais dans un camping à la sortie du Vigan au Val de l'Arc et en fait chaque mois pendant l'été, la grande saison, il y avait une troupe de transformistes qui venait. Et je n'étais pas fermé à la discussion, donc je suis allé leur discuter avec eux. Et en fait, un soir, ils m'ont dit, écoute, au lieu de cracher ton venin comme tu es en train de le faire, viens avec nous derrière, viens voir ce qu'on fait et juste t'admire. Et donc, du coup, j'ai été derrière eux avec en coulisses, les aidasses habillées, etc. Et en fait, au final, deux ans après, c'est moi qui ai pris leur place. Après, j'ai rencontré Mimi, qui est ma mother drag. Au fur et à mesure, on a commencé à se voir, à pratiquer la scène. Elle m'a appris les bases. Et au fur et à mesure je suis devenu drag queen et maintenant la représentante des Seven et des Ognons Doux. J'ai fait mes études assez loin d'ici, enfin quand même loin, non c'était à deux heures, j'ai fait mes études à Narbonne. Et quand je suis revenu, j'avais cette envie de faire des événements ici où les nuits, comme je t'ai dit, les nuits hivernales et même les nuits d'été sont très très longues. Quand surtout il n'y a rien à faire, on tourne un peu en rond. Et donc au fur et à mesure on a lancé les shows, les blind tests, j'ai rencontré mon fils drag et donc Kevin. qui s'est joint à l'aventure. Après, j'ai rencontré Saba, qui est mon parrain drague, pareil, qui s'est joint à l'aventure. Donc, ça a été tout un monde qui s'est ouvert au fur et à mesure. Les queens ou même les dragues de la ville sont arrivées dans une place qui était déjà faite. Et donc, c'était assez facile pour elles de faire des shows, etc. que moi, j'ai dû me faire toute une place prouver au monde entier que j'étais légitime. Moi, il n'y avait pas du tout le public à la base, donc j'ai dû rencontrer... Plein de personnes, j'ai dû faire plein d'événements possibles et imaginables. J'ai dû aller sur la fête de la soupe en drague, j'ai dû jouer à la pétanque en drague, j'ai dû sauter à l'élastique en drague, pour vraiment prouver que j'étais capable de tout et que me créer un public au fur et à mesure par les rencontres. Et en fait, c'est avec toutes ces rencontres et toutes ces idées folles que j'ai eues que les gens sont venus au fur et à mesure par curiosité au début. Et en fait, après, ils se sont découverts un monde du cabaret qui était à leur goût apparemment, puisqu'ils reviennent encore aujourd'hui. Donc voilà, le show c'est un grand show qu'on fait avec Saba du coup qui est un artiste du Vigan, Kevin et un autre artiste Mimi et moi et donc là en fait t'as toute une population que nous on pensait pas du tout avoir au dernier show, d'habitude on a toujours la même population assez engagée, assez politisée qui vient mais en plus on a toute une partie de population, alors je veux pas faire du David Facies mais d'extrême droite tu vois et j'étais là en mode waouh c'est incroyable ce que j'ai fait, j'arrive à ramener l'extrême droite dans mes shows tu vois et du coup pour leur ouvrir l'esprit. Au dernier show, c'était la veille des élections législatives. Et en fait, du coup, on s'est retrouvé vraiment avec moitié public hyper engagé, hyper politisé. Et l'autre, vraiment, tu voyais que c'était l'extrême droite. Et donc, en fait, tout au long, on a pu leur faire passer des mots, des messages. Par exemple, moi, je sais que j'ai performé sur Charles Aznavour, comme ils disent. À la fin, je leur ai dit, faites gaffe à qui vous votez, parce qu'en fait, sinon, on ne pourra plus refaire ce genre d'événement. Donc, tu vois. plein de petits messages avec des petits pics comme ça qu'on a fait passer. Il y avait plein de messages. Il y avait Saba qui a performé sur Travesti. Donc on a pu faire passer plein de messages sur la sexualité, les LGBTphobies, le harcèlement qu'on pouvait faire passer. C'est apparemment très bien passé puisqu'ils veulent qu'on refasse un deuxième show au mois de février.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est politique. On est là, on existe. Il n'y a pas que sur Paris qu'il y a des dragues. Ce n'est pas juste pour le spectacle.

  • Speaker #7

    Le drague est totalement politique. Le fait d'être queer fait de nous qu'on est obligés d'être politiques parce qu'on ne peut pas vivre dans une société aussi standardisée.

  • Speaker #4

    Ce que je vois ici, là, encore et toujours dans nos villages, dans nos villes ou un peu partout dans les départements ruraux, dans les zones de montagne, en région, Ce sont des révolutions hors des codes que l'on essaie de nous imposer. Alors que le drague s'affranchit de tout, on le remet en boîte pour qu'il corresponde. Mais le drague ne doit pas correspondre, puisqu'il est profondément queer. Il ne doit répondre à aucune norme, il doit juste être. En le faisant vivre dans les bistrots, les cafés associatifs, en créant des événements, en poussant à l'altérité, les artistes que j'ai rencontrés dans cet épisode repoussent les murs et reviennent à l'essence. A l'essence, il y a William Dorsey Swan, la première personne à se dire drag queen était un homme noir, né esclave dans l'état du Maryland, militant et à la tête d'un groupe de résistance queer, arrêté, victime de racisme, nous lui devons beaucoup. Comme pour les Pride Payette, je crois qu'il est important de savoir d'où part le drag, car en connaissant notre histoire, nos révolutions ne seront que plus grandes et plus politiques.

  • Speaker #2

    Mon drague, c'est Kao Nocturne. Et à la base, je m'appelais juste Kao, sauf que j'ai été adoptée par Terror Nocturne, qui est notamment ma plus grande inspiration pour le drague. Et c'est en le voyant que j'ai voulu commencer le drague, donc ça me fait super plaisir d'avoir pu avoir le nom Kao Nocturne. Et en fait, je suis partie sur les bases du drag king, mais en essayant d'ajouter un peu une touche justement de... Pas vraiment de monstre, mais plus dans le côté vampire, créature, un peu bizarre. J'ai envie de faire un mix entre... L'humour vraiment décalé, surtout l'humour british très monty piton et tout ça. Et aussi l'exploration plus sérieuse de la folie et un peu de la santé mentale qui peut être très peu stable des fois.

  • Speaker #7

    Mon nom civil c'est Clara. Et je viens d'Ariège, donc vraiment le coin rural, c'est tout le département qui est rural. Que des coins paumés, que des patelins. Et en gros, j'ai rejoint la maison car de base, c'est beaucoup de mes potes qui ont initié le mouvement. Et j'aurais pu être dans cette initiation de mouvement, mais moi j'ai une santé mentale qui est... Un peu terrible par moment, et au moment où ça s'est fait, c'était pas possible pour moi. C'est vraiment des raisons très personnelles. Mais du coup, j'avais toujours un peu ce truc de, à un moment, quand je me le sens, oui, je me lancerai. Parce que moi, j'ai découvert le drag au lycée, avec RuPaul's Drag Race, évidemment. Maintenant, le drag devient mainstream, donc à la fois chouette et à la fois... Du coup, il y a des personnes qui... aiment bien s'approprier maintenant cette culture qu'on a. Alors que pour les personnes queers, c'est un peu un des seuls langages qui nous permet de nous exprimer. Le terme politique est très large dans le sens que c'est pas qu'une critique de la société, c'est vraiment juste globalement... Une revendication de qui on est, là où on se trouve.

  • Speaker #2

    J'ai du mal à me dire que je peux être perçue par les autres. J'ai toujours fait en sorte de me cacher, de faire en sorte que les gens ne me voient pas. Donc le drague, c'est tout l'inverse. J'ai envie d'arriver au bout d'un moment à avoir un drague où je... peut me libérer complètement, à 100% et montrer à quel point j'ai de l'énergie.

  • Speaker #0

    C'est l'art de la transformation et l'art du divertissement aussi. C'est un art qui a un rapport au genre, puisqu'on travaille sur ce conflit de genre. Tu me vois clairement, tu te dis c'est un homme Non, c'est vrai ? On déconne.

  • Speaker #1

    Mais je trouble parce que quand tu me vois de dos,

  • Speaker #0

    il y a quand même des formes féminines.

  • Speaker #2

    Donc voilà, je ne suis ni homme, je ne suis ni femme,

  • Speaker #0

    je suis une drag queen,

  • Speaker #2

    je suis une créature. Moi,

  • Speaker #0

    comment je vois le drag, c'est tout simplement l'art de dire la vérité à travers les artifices.

  • Speaker #2

    Vous allez à la marche mainstream, ce que j'appelle mainstream, la marche mainstream de la gay pride, les plus gros chars,

  • Speaker #0

    ceux qui ont le plus de place,

  • Speaker #2

    c'est les personnes blanches. Et ce sont les mecs, les trans, les tigouines, tout ça. Ça n'a pas autant d'envergure, ça n'a pas autant d'ampleur, il n'y a pas autant de moyens. Le drag queen ou drag king assisé, on est encore moins visibles. Les drag queens et drag kings font face à des lois sans précédent aux Etats-Unis. 12 États veulent complètement interdire ce type de cabaret. Les voix s'élèvent pour critiquer votre présence, ce sera les 14 et 15 juillet à Paris,

  • Speaker #3

    dans le relais de cette flamme,

  • Speaker #2

    et une présence vulgaire, hyper sexualisée, selon Marion Maréchal-Le Pen, ce n'est pas une bonne façon de représenter la France aux yeux du monde. Excusez-moi d'être encore à contre-courant, conclut la tête de liste reconcrète aux européennes. Vous retenez quoi de ces propos ? Le excusez-moi ou le à contre-courant

  • Speaker #0

    Je préfère rien retenir du tout. Je pense qu'il y aura toujours les petits bars dans lesquels cette harpe existait ou elle existera toujours, sans la télé, avec la télé. Mais ça restera toujours mal compris et ça sera toujours sur les bords de notre société et ça restera toujours punk tant qu'il y a des drag queens qui ne peuvent pas se maquiller. Du coup, ça a commencé par une soirée. Une soirée que j'ai montée pour la première fois presque seule, mais pas tout à fait. J'ai prétexté une soirée d'anniversaire. Et j'ai dit, ouais, voilà, c'est mes 25 ans, je voudrais faire une soirée d'anniversaire qui prenne la forme d'un spectacle cabaret. Ça aurait lieu devant chez moi, devant mon garage. Et j'ajoute que j'habite au-dessus de la mairie de ma commune. Et du coup, ça s'appelait les Folles de la Châte. J'ai motivé des amis à moi qui vivent dans le Jura, mais d'autres qui vivent plus loin que j'ai rencontrés à Montpellier. On a monté un spectacle devant chez moi et c'était incroyable. J'avais invité mes parents, les parents de mes amis, mes amis. je pense qu'on était dits environ à monter ce spectacle. Mon entourage s'est avéré être un bon allié là-dedans. Et en fait, ça a trop bien marché. Et c'est là que je me suis rendu compte que cet événement était pertinent. Parce qu'il n'y avait pas que mes amis. Il y avait aussi des gens du village. Vu qu'on était en plein air devant la mairie, devant mon garage, il y a les gens qui promenaient leurs chiens le soir, qui, par curiosité, s'approchaient un petit peu de... devant mon garage et se demandaient ce qui se passait. On les a invités à venir et du coup, ça a créé une espèce de grosse fête comme ça. On a même eu l'honneur de recevoir les chasseurs du village puisqu'ils avaient une réunion le même jour devant la mairie. Et quand ils ont vu trois, quatre folles en train de se préparer et courir partout avec des talons hauts, ils se sont dit que c'était peut-être une bonne idée de venir.

  • Speaker #1

    Mais je sais que dans les Seven, je suis vraiment la seule. Il y a sa sucrerie aussi, sa sucrerie qui est une queen de Gange, vers Gange, avec qui je suis allé en Lauser et on a foulé le territoire lausérien pour la première fois. Après ici, j'espère qu'en élevant des enfants de drague... ils vont enfin se lancer dans leur soirée aussi je sais pas s'ils sont encore prêts mais moi je leur souhaite de lancer aussi leur soirée et de eux aussi prendre des enfants et qu'eux aussi lancent des soirées dans d'autres bars et qu'on envahisse le vegan de perruques et de paillettes L'herbe folle c'est un événement karaoké animation musicale donc si je te fais le planning on ouvre avec une première perf on fait du blind test on ferme avec une deuxième perf il y a une pause On ouvre avec une autre perf, le karaoké on ferme avec une performance. Après comme je t'ai dit c'est vraiment un lieu qui est assez petit comme tu as pu le voir tout à l'heure, on a décidé ça avec Kevin de le faire parce que comme je te disais c'est un lieu où on se retrouve entre personnes queer et comme on n'est pas très nombreux on voulait quelque chose d'assez familial où on peut se retrouver entre copains et entre nous. C'est ouvert à tout le monde, bien entendu, mais ça nous permet de nous retrouver une fois par mois et de pouvoir discuter entre nous de nos vies, nos amours, nos emmerdes, nos histoires de cul, tout ce qui est possible et imaginable. Du coup, c'est assez familial. Tout le monde peut y venir. Il y a du kéfir à boire, c'est incroyable. C'est pour une bonne détox. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Moi c'est Nat, Nataniel en long, je suis étudiante en lettres à la fac de Pau. Et du coup, mes pronoms, c'est il Je suis un mec trans. Mon personnage drague s'appelle Sourey, ce qui veut dire soleil en occitan précisément occitan, béarné. J'essaie de travailler surtout sur le côté théâtral, le côté conceptuel du drague. Le théâtre est une énorme partie de mes études et je voudrais que ce soit ma carrière future. Donc c'est vraiment ça sur quoi je penche mon drague. J'ai beaucoup d'inspiration de l'opéra. de l'histoire de la mise en scène, Antoine Arthaud, etc. Donc voilà, ça c'est mon drag. Moi personnellement je suis palois, née à Pau, élevée à Pau, blonde d'Aquitaine. Et du coup c'est tellement important en effet d'avoir cette représentation queer dans une ville moyenne, surtout une agglomération telle que Pau où il y a la campagne à une demi-heure, genre. Vraiment, il y a des bleds. À une nouvelle heure, tu n'as plus de réseau. Ma famille vit dans des endroits où je ne peux même pas prononcer le nom. Donc, c'est tellement dingue d'avoir ce connect queer en vie qui crée des safe space pour tout le monde, qui crée du contenu, qui crée du divertissement, qui crée du collectif. Et ce qui est génial, c'est qu'on a... assez d'inclusivité, pour qu'il y ait même des gens qui n'ont jamais vu de drague ou qui ne s'intéresseraient pas aux dragues qui viennent ou qui ont envie de participer aux scènes ouvertes. Des gens qui n'auraient jamais vu de drague ailleurs qu'à Drag Race France ou même RuPaul à la télé, donc c'est dingue. Et c'est très important de diversifier le drague parce que je pense quand même que je ne suis pas le plus apte à en parler mais je pense qu'il y a des différences de drague selon les villes. Le drague n'est pas le même à Paris qu'à Bordeaux. qu'ici chez nous et ça nous donne en fait un tremplin de proximité qu'il n'y a pas ailleurs vraiment genre si à un moment il y a quelqu'un qui vient nous envoyer un message pour dire hey je voudrais bien participer enfin je voudrais bien performer si il y a déjà performé on va lui dire ok, viens quand tu veux et si il n'a pas encore performé on peut aussi l'inviter en vrai parce qu'on peut juste faire confiance aux gens Et aussi, on a des scènes ouvertes exprès faites pour ça. Et ça redonne le côté vraiment proche et je dirais débourgeoisé du drague. Je ne sais pas de meilleur mot, mais moi, ça s'apparente tellement à ce côté culture du drague. Et je n'ai plus le mot, mais genre... tout ce qui est bol culture et Paris 6 Burning et tout toutes ces communautés très discriminées très pauvres où il y avait genre tout le monde qui se réunissait et juste créer du divertissement ou de l'art ensemble parce que pour moi le drag est un art donc

  • Speaker #3

    c'est extrêmement important de pas oublier cette perspective quoi concernant le territoire toujours par rapport au territoire du coup ça m'avait pensé à autre chose c'est que même si on n'a pas vraiment fait Faire des shows dans des petits villages, comme on s'exporte, ça pourrait nous arriver, comme à Tarnos, comme on disait. Ça peut être l'occasion de créer un événement queer ou LGBT dans des petits lieux où les gens ne connaissent pas, ou alors... savent qu'ils le sont mais ils n'ont pas trop de communauté là où ils sont et ça peut justement être un vecteur de rencontres entre les gens du village en question parce que du coup ça fait un événement dans leur village qui les intéresse sans que ça soit trop engageant ou sérieux, c'est pas comme une table ronde c'est pas comme un échange où ils doivent s'engager en parlant ou parler d'eux mais ils peuvent juste venir voir et ça leur permet peut-être de rencontrer des gens de leur village qui ne se connaissaient pas ou qui ne savaient pas qu'ils étaient concernés aussi et ça peut être un événement qui est un peu plus agréable que ça peut être un point de départ pour créer des petites communautés queer, de gens qui se rencontrent grâce à ça, peut-être dans des villages.

  • Speaker #1

    Je veux vraiment appuyer sur le truc que je développe tout au Vigan, et que vraiment si j'ai deux shows, par exemple la même date, et qu'il y en a un au Vigan et un à Montpellier, malgré que je sois un peu moins payé au Vigan, par exemple je vais rester au Vigan juste pour le... pour mon message que je veux faire passer et aussi que j'ai une espèce de... Comme je te disais tout à l'heure, je me répète, mais en gros on se retrouve entre queers et j'ai l'impression que si j'accepte ce show ailleurs, je les lâche et je ne fais plus mon devoir de se rencontrer entre nous. Là je suis parti dans l'avenir de développer le drague ici, de l'agrandir dans des bars qu'on ne pourrait pas du tout imaginer qu'il y aurait du drague d'habitude. de pourquoi pas faire des événements vraiment en pleine rue en drague voilà parce que là la dernière fois on a fait la fête de la soupe en drague en plein milieu du vegan sans aucune sécurité et au final c'est plutôt bien passé donc je me suis dit pourquoi pas faire des marchés en drague j'en sais rien moi j'ai toujours un peu des idées loufoques tu vois donc ouais moi je fais des trucs un peu loufoques tu vois là je sais que Première neige avec tous mes enfants de drague. J'ai prévu d'aller faire un shooting photo au Montégoal. Il y a un château au Montégoal. En fait, c'est l'observatoire météo. Et genre, c'est grave beau. Il y a de la glace et tout. Je me suis dit, on peut aller faire des séances photo là-bas. Et après, on va skier en drague. Tu vois, j'ai toujours des trucs un peu loufoques. Comme ça, je me dis, ça peut être grave drôle de reprendre la place de partout. Mais absolument de partout, tu vois. Donc, ça peut être vraiment très drôle à faire.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai commencé par en parler à... des personnes qui étaient déjà sensibles et qui s'interrogeaient déjà d'un point de vue féministe, d'un point de vue queer, d'un point de vue ruralité. C'est les premières personnes vers lesquelles je me suis tourné. moi quand j'ai changé de boulot donc maintenant je travaille dans une fromagerie j'avais déjà commencé le drag depuis longtemps je savais déjà à peu près où je voulais aller donc J'ai interrogé ma place en tant que Xavier dans cette vie rurale en sachant qu'à côté, je faisais du drague et qu'il y avait Françoise. Du coup, mon objectif, c'était quand même d'en parler avec mes collègues. Et mes collègues sont pour la plupart des personnes de 50 ans. j'ai un collègue qui a le même âge que moi et qui est ancré dans une vie de famille, il est papa, il vit les choses complètement différentes, il vit cette vie et cette ruralité et ce boulot d'une manière complètement différente. différentes de la mienne. Du coup, j'ai décidé d'en parler un peu avec eux, de leur dire que je faisais du drag. Et puis, j'ai été confronté à un deuxième regard que j'ai pratiqué. à d'autres endroits, ils trouvent ça amusant. La plupart, ils trouvent ça amusant. Il y a cette perception de Ah, tu te déguises en fille. Et il y a la question de Est-ce que c'est sexuel ce que tu fais ? Il y a plein de questions tenant aussi à est-ce que c'est un boulot ? Est-ce que tu peux te payer avec ? Pourquoi tu fais ça ? Et moi, j'ai trouvé que ce n'était pas moins pertinent. que de discuter avec ça avec d'autres artistes drague que avec des personnes éveillées à ces questionnements là parce que j'ai trouvé que c'était vraiment innocent

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment dire, mais c'est un peu une conviction de me revendiquer drague alternatif. Parce que moi, dans la vie de tous les jours, j'écoute des trucs un peu broussons et je puise en inspiration de ce genre de trucs. Et c'est pour ça que je me vois mal me dire, je fais du drag king, vous pourrez me voir avec des vêtements normaux. En général, j'essaye d'être un peu genre... espèce de créature monstre.

  • Speaker #3

    Le drague, c'est aussi politique dans le sens où c'est un des rares espaces qu'on a en tant que personne connue pour s'exprimer et être absolument librement qui on veut sans avoir... sans se limiter parce qu'il y a des gens qui vont nous regarder dans la rue ou qu'on risque quoi que ce soit ou quoi.

  • Speaker #1

    Vraiment, à chaque fois où on me parle, la plupart du temps, la plupart des personnes ne connaissent même pas mon prénom. Mon vrai prénom, c'est Akowari, direct dans la rue. On parle souvent, à chaque fois que je suis là, de drague et on ne parle pas d'autre chose, de mon autre métier à côté.

  • Speaker #2

    Il y a une diversification du public qui est très encourageante et qui fait plaisir. Et on parle avec tout type de personnes, de tout âge. C'est très chouette. Il y en a marre d'être vraiment comme la société aimerait qu'on soit. Soyez vous-même, purée. Il y a beaucoup le do-it-yourself. Nous, l'argent, on n'en a juste pas pour faire du drag. Tout ce qu'on fait, c'est prendre des trucs de friperie. Il y a beaucoup d'entre nous qui cousent.

  • Speaker #0

    L'existence de mon drag se trouve en ruralité. C'est-à-dire que si je commence à faire du drag exclusivement en ville ou à déménager en ville, ça ne fera plus de sens pour moi.

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter Chancouir. une série documentaire d'Élodie Potente. Merci à Hazel, Clémence, Kito, Clara, Nat et tous les artistes de la Maison des Postiches. Merci aussi à Edouard. Merci à Aquari et Kevin, à l'herbe au fol café associatif du Vigan. Merci à Françoise d'It Pollution. Merci aux queens, aux kings, aux queers et aux créatures qui font vivre nos territoires avec leur art. Si vous avez aimé cet épisode, mettez des étoiles et partagez-le. C'est la seule manière de diffuser Chantouir au plus grand nombre.

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Description

Je ne connaissais rien au drag. Comme beaucoup j’ai commencé à regarder drag race quand c’est sorti en France, je n’étais qu’aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drag et pourtant cet épisode s’est imposé à moi parce j’ai vu apparaître tout un mouvement en milieu rural. Ça m’a transportée de voir ces artistes émerger, les docus les papiers l’es émissions de radio, les queens les kings les queers le do it yourself qui est tellement dans l’esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien du drag et pourtant j’ai été saisie d’une émotion nouvelle en préparant cet épisode, un truc d’appartenance qui vous prend le corps et le coeur, un truc de dingue qui se passe en vous face à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j’ai vite intégrer comme référentiel. Bien sûr que le drag fait partie de nous, bien sûr qu’en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici, comme si tout s’écrivait enfin. Cet épisode est d’une logique implacable, il est l’aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec champs queers, des rencontres et de la joie.

Et comme d’habitude, je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’efforts pour trouver mes personnages. Il y a d’abord eu Francoise dite pollution, qui vient du haut jura, puis Aquarii qui vient du Vigan, dans le Gard et enfin la maison des paustiches, basée à Pau.


Vous écoutez Champs queers, épisode 4, Le drag est politique. Champs queers est une série documentaire d'Elodie Potente. Suivez-moi sur les réseaux sociaux : https://www.instagram.com/elodiepotente_podcast/

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Musique : 

La grande table - Delnica  

Creme Brulee - The soundlings

Entendues pendant les shows :

  • Anne Sylvestre - Petit Bonhomme

  • Dalida & Alain Delon - Paroles, paroles

  • Du style - Jena Lee

  • Mon truc en plumes - Zizi Jeanmaire

  • Depeche Mode - Enjoy the silence


Les Réseaux sociaux des artistes interviewé-es ❤️:

Références :

  • Drag - L'autre visage des Queens et des Kings de Sofian Aissaoui


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le drague, c'est aussi quelque chose d'invasif et de polluant. Mon ambition maintenant, c'est de m'immiscer un peu partout dans la ruralité que je pratique.

  • Speaker #1

    Ça n'avait plus forcément de sens pour moi d'être bouqué en ville, alors qu'en fait, j'étais une queen en milieu rural et que je ne rencontrais pas les mêmes problématiques qu'une personne en ville.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est vital. C'est juste vital. C'est un art pour soi,

  • Speaker #3

    mais pour les autres.

  • Speaker #2

    J'irais même jusqu'à dire que c'est un art total, le drague. Tu peux tellement tout faire avec le drague.

  • Speaker #4

    Je ne connaissais rien au drague. Comme beaucoup, j'ai commencé à regarder Drag Race quand c'est sorti en France. Je n'étais qu'aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drague et pourtant, cet épisode s'est imposé à moi. Parce que j'ai vu apparaître tout un mouvement, en milieu rural. Ça m'a transportée de voir ces artistes émerger. Les docus, les papiers, les émissions de radio. Les queens, les kings, les queers, le do-it-yourself qui est tellement dans l'esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien au drague et pourtant, j'ai été saisie d'une émotion nouvelle en préparant cet épisode. Un truc d'appartenance qui vous prend le corps et le cœur. Un truc qui se passe en vous, passe à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j'ai vite intégrés comme référentiels. Bien sûr que le drague fait partie de nous, bien sûr qu'en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici. Comme si tout s'écrivait en fin. Cet épisode est d'une logique implacable. Il est l'aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec Shankouia, des rencontres et de la joie, même si ce n'est pas le dernier épisode. Et comme d'habitude, je n'ai pas eu besoin de beaucoup d'efforts pour trouver mes personnages. Il y a d'abord eu Françoise, dite Pollution, qui vient du Ausha, puis Aquari, qui vient du Vigan, dans le Gard, et enfin, la maison des postiches, basée à Pau. Petit disclaimer, je sais que Pau est une ville, mais je voulais un collectif dans une petite ville. Et il se trouve que la maison des postiches a des shows réguliers à Pau, mais se balade aussi dans une bonne partie du sud-ouest.

  • Speaker #5

    Je ne sais pas. Attendez, je me suis trompée. Oh ! Oui, après c'est à ce prix.

  • Speaker #6

    Après c'est Manon.

  • Speaker #3

    Après c'est Manon.

  • Speaker #5

    Après c'est toi. Après c'est Vito. Après c'est moi. Ah !

  • Speaker #3

    Ça a changé ? Oui, c'est parce que j'avais pas mis à jour le truc.

  • Speaker #5

    Ah oui, c'est vrai, il y a pas qui peut le faire. En fait, toi, Vito,

  • Speaker #3

    toi, Géouine. Ok.

  • Speaker #5

    Ça va ? Je peux encore, ouais, parce que...

  • Speaker #3

    Oui, mais...

  • Speaker #5

    Excusez-moi, je... Ouais, c'est pas...

  • Speaker #6

    Du coup,

  • Speaker #3

    ça fait 6, 4, 9, 10. Ok, je peux me mettre en...

  • Speaker #6

    Non mais, on s'en fout. Est-ce que quelqu'un trouve que c'est dérangeant que la première partie avant... Du coup, moi c'est Clémence, mon nom drague c'est Iris Descens, et j'ai commencé... C'est le drag en août 2023. Du coup, après, ça a été un peu le tout début du collectif La Maison des Postiges, que j'ai rejoint dès la création. Et puis, on a très vite eu l'occasion de faire des shows mensuels dans un bar de Pau. et ça s'est développé comme ça assez vite en fait du coup j'ai un peu appris sur le tas en ayant des shows tous les mois on passe des caps très vite dans le niveau de confiance en soi et de ce qu'on ose faire sur scène ou pas et du coup j'ai évolué assez vite à mon sens et petit à petit tu comprends ce que tu aimes faire ou pas ce qui te donne envie dans les musiques que tu choisis et tout et avec l'expérience je me suis rendu compte que j'aimais beaucoup faire des choses très émotionnel un des meilleurs coups blancs qu'on peut me faire c'est quand on me dit que les gens ont pleuré en regardant mes performances c'est que je me dis que ça fonctionne que j'ai fait passer une émotion ce que je préfère dans l'art en général c'est enfin les oeuvres qui me touche les oeuvres que j'aime dans n'importe quel type d'art c'est les oeuvres qui me font passer des émotions c'est ça qui est le plus important pour moi peu importe si la technique elle est hyper précise ou quoi si j'ai pas d'émotion ça m'est un peu égal, donc c'est ce que j'ai envie de faire aussi avec mon art

  • Speaker #5

    C'est trop bien, t'es là. Je m'appelle

  • Speaker #3

    Hazel, mes pronoms c'est il et en drag, mon nom c'est terreur nocturne et mes pronoms c'est il et... et Yael. Je suis un drag king et ouais non, drag king, un monstre pas un fric. Je sais que j'ai découvert le drag pendant le Covid en regardant RuPaul's Drag Race. Mais j'avoue que moi les queens j'aime bien ça mais on se fait un peu chier je trouve. En fait j'aime bien le drag alternatif et je trouve que c'est quelque chose qui manque énormément de représentation parce qu'on a l'habitude de voir des queens super belles, super polies enfin polies dans le sens où c'est très lisse et moi je trouve que ça manque un peu de crade et puis un jour j'ai découvert Dragula qui est la version crade. de drag race et beaucoup plus DIY, c'est à dire que pendant toutes les saisons on voit les artistes vraiment créer leurs costumes je suis pas sûre qu'ils les créent tous honnêtement, mais une grande majorité de leurs costumes sont créés par les personnes et moi c'est vraiment quelque chose qui m'a plu et aussi mes goûts musicaux, je suis très branchée métal, je commence à me brancher un peu plus musique gothique aussi en ce moment et un peu, je découvre un peu les joies de la pop et de la musique de pétasse depuis très peu, mais du coup je voulais vraiment pas faire des lip-sync sur des musiques un peu que tout le monde connaissait je voulais vraiment partager ma passion de la musique et mes goûts musicaux à tout le monde, même si c'est pas vraiment ce que les gens aiment j'avoue que quand je fais une performance sur une musique de Deathcore de 5 minutes c'est un peu prendre le public en otage mais moi j'aime bien, j'ai commencé le drag un peu en même temps que Iris j'étais... pour le coup vraiment au tout tout début de la maison des postiches ça a commencé avec une viewing party de drag race qui a un peu initié le truc de on se rend compte qu'il y a des gens à peau qui ont envie de voir du drag et que bah en vrai même si avant ça existait un peu il y avait quelque chose de temps en temps dans certains bars de peau mais c'était vraiment une fois tous les deux mois ou tous les trois mois et c'était vraiment très restreint ça en termes de communication ça partait pas en dehors des comptes insta des bars C'était un peu compliqué pour trouver toutes les infos. Et du coup, à partir de ce moment-là, on s'est rendu compte qu'il y avait un besoin un peu. On a créé la maison des postiches et on a trouvé un café-bar qui accepte de nous avoir tous les mois. Et puis après, on s'est un peu exporté un peu partout. Maintenant, on a des shows aussi trimestriels dans un autre bar qui s'appelle La Forge Moderne à Pau. On a été invité à Tarbes, enfin à côté de Tarbes, dans un lieu dit, pour un festival queer. Pour moi, c'est... Très important de faire du drag à peau, parce que déjà il y avait un petit manque, et pour les personnes queer à peau, je trouve qu'il y a un petit manque de lieux queer et d'espaces un peu safe. Parce que maintenant on a deux associations LGBT, mais quand je suis arrivée il n'y en avait qu'une, c'était l'association AID. Et il n'y avait pas beaucoup de com là-dessus. J'ai passé une grande partie de mon adolescence dans les Landes, et vraiment les Landes, il y a un bus par jour pour aller... dans Abyss-Karos, qui est peut-être la plus grosse ville du coin. Et il n'y a pas beaucoup de milieux queer. Et je sais que c'est quelque chose qui, moi, me manquait. En tout cas, un espace positif. Et je sais que j'aurais gagné peut-être 5 ans de questionnement sur mon identité de genre si j'avais eu ces espaces queer et safe.

  • Speaker #4

    Le drague est une anti-définition. Il se joue de lui-même, prenant plaisir à nous échapper, se cacher, se réinventer. Rien ne devrait le définir, puisque son message principal est justement de nous dire que rien ne doit nous définir de façon définitive. Expliquer ce que représente le drague n'est pas aisé, car il s'agit aussi bien, et parfois de manière contradictoire, d'une pratique artistique, d'une expression politique, d'un divertissement, d'une sous-culture, au sens sociologique du terme, et de bien d'autres choses encore. Ce territoire aux frontières par définition floue est aussi stérile que futile, aussi engagé que superficiel, aussi splendide que terrifiant. Extrait du livre Drague, l'autre visage des queens et des kings de Sofiane Aïssaoui Je dois vous avouer que je n'ai pas encore eu le temps de rencontrer Xavier, alias Françoise dite Pollution. Le temps que prend la réalisation de Chant Queer, les coups pour aller tourner ne m'ont pas permis d'aller jusqu'au Jura. Mais il a accepté de m'envoyer des extraits d'une de ses performances, que vous pourrez écouter à la suite de son interview.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Xavier, j'ai 26 ans, je suis né dans le Jura, j'ai grandi dans le Jura, j'ai fait... mes études dans le Jura. Mes études supérieures, je suis allé à Dijon, puis à Montpellier. Une fois que j'ai terminé mes études, je suis revenu dans le Jura pour travailler. La ruralité dans laquelle je vis, elle est boisée, elle est faite de plein de petits villages. Les villes sont des gros villages et concentrent les commerces. Moi, j'habite dans une petite commune qui s'appelle la Châtelaine. Et pour aller faire mes courses, je dois faire minimum 10 minutes de route. Pour aller à mon boulot, chaque matin, je fais 20 minutes de voiture. Et je travaille en tant que crémier. J'aime bien dire que je suis crémier le jour et la nuit, je suis drague. Grandir dans le Jura, ça a été assez doux, je trouve, avec le recul. Voilà, moi, comprendre que j'étais une personne LGBT, ça n'a pas été un coup de massue. Moi, j'ai quand même grandi avec une forme de mise à l'écart, parce que finalement, les garçons jouaient à des trucs de garçons qui ne me plaisaient pas forcément, où je n'étais pas forcément inclus dedans. Voilà, je me retrouvais à jouer avec les filles, mais ce n'était pas si grave. Finalement, moi, je n'ai pas capté cette mise à l'écart, même si dans les faits, ça l'était. Si on s'est moqué de moi, je crois que je ne l'ai pas retenu. Voilà, je suis un peu passé outre. Je me trouvais projeté dans un monde rural qui ne me correspondait plus parce que j'avais grandi entre le moment où je l'avais quitté et le moment où je revenais. j'ai trouvé que cette réalité là était violente. J'avais oublié qu'elle était violente pour une personne qui n'était pas hétéro et qui n'était pas forcément cis. Et là je me suis dit, purée, ça me manque. Il faut que je trouve quelque chose. J'ai commencé à chercher des soirées, ou juste des endroits où je pouvais m'échapper un peu de cette vie. là et de faire communauté et j'ai rien trouvé et j'ai toujours aimé le spectacle, le théâtre, tout ça et le drag ça m'était pas inconnu, je voulais peut-être essayer mais je savais pas trop et là je suis tombé sur un collectif basé à Besançon qui s'appelle la House of Detritus et je me suis dit que c'était... C'était une révélation parce qu'ils proposaient artistiquement, typiquement, l'esthétique qui, moi, me plaisait et que je recherchais à ce moment-là. Donc, c'est une grande décharge. C'est les déchets, les déchets de la société. Bon, voilà. Et je suis allé voir un show à Besançon et c'était incroyable. Et je me suis dit que, en fait, c'était quand même à une heure de route de chez moi. C'était dans une grande ville et c'était quand même loin de la réalité que je vivais moi au quotidien. Je ne sais pas, il y avait une forme de décalage. Ça me plaisait, je voulais ça, mais moi, je n'avais pas envie de faire une heure de route pour vivre ça. Et du coup, de là est née l'idée de faire du drague et de commencer à investir les lieux que je pratique au quotidien en drague. Mon personnage drague, il était déjà né il y a longtemps. Il était déjà là, mais il n'avait pas une forme drague. Il n'avait pas une forme présentable en public ou sur une scène. Je ne pouvais pas trop la présenter, mais je l'appelais mon alter ego des choses inavouées. C'était une voix que je prenais d'abord quand j'habitais à Montpellier pour exprimer des choses. que Xavier ne pouvait pas forcément exprimer. Et puis, dans le Jura, là où j'ai eu le déclic de... En fait, il faudrait qu'elle prenne forme. Ouais, c'était dans l'intimité, dans des soirées avec mes amis d'enfance, dans des... Ouais, juste dans le fait d'essayer des vêtements, se maquiller, essayer. Et ce personnage, eh bien, petit à petit, il a commencé à... à avoir du sens au-delà de moi-même. J'en avais besoin pour moi, de lui donner un corps. Et puis après, j'ai fini par comprendre les enjeux de Françoise et pourquoi elle était importante aussi dans l'espace public et pour les autres dans le Jura. Elle s'appelle Françoise d'Ippolution parce qu'elle a... quand même pris forme avec la House of Detritus à Besançon. Voilà Françoise, personnage drague rurale, archétype du commun des mortels et elle est éternellement cinquantenaire.

  • Speaker #1

    ça va j'aime bien ouais mais genre t'aime bien mais quand tu as fait la 15ème fois que t'en mets sur ton crâne pourquoi il faut coller ses sourcils ? alors moi je les colle pour les faire disparaître en fait comme je t'ai dit tout à l'heure je fais une page blanche et donc du coup la première étape pour faire cette page blanche c'est de gommer voilà donc je le gomme et je l'enlève complètement ok donc tu vas voir tout à l'heure je vais ressembler à Voldemort ah Toutes les queens le font pas, c'est pas une étape obligatoire. Moi, je le fais, voilà. Je le fais parce que, bah, ça m'amuse.

  • Speaker #3

    Tu gardes ta barbe.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Parce que, genre, j'aime bien le côté un peu... Un peu, genre,

  • Speaker #4

    queer.

  • Speaker #1

    C'est genre une poilue,

  • Speaker #0

    genre, sur mes graffes de bras.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après on va les cramer les sourcils. Ça te dit quoi ? Ouais, je vais faire fondre de la cire sur mes sourcils.

  • Speaker #4

    Ah oui,

  • Speaker #0

    je vois.

  • Speaker #1

    Ouais, moi aussi je vois des fois, mais ça fait mal. Écoute, je vais commencer par mon moi, Sylville, moi je suis vivien, j'ai 22 ans, je suis éducateur pour la protection judiciaire de la jeunesse. les enfants en très grosse difficulté. C'est des enfants qui sont soit borderline avec la loi pour aller en prison, soit qui sont trop jeunes. Et le soir, du coup, je suis Aquari, drag queen en milieu rural, je milite pour nos droits. Je reprends la place qui m'est due et j'anime les longues soirées froides des Cévennes en hiver. Bonsoir tout le monde ! Bienvenue à notre énième édition du Karaoke Planetest Animation Drag. On est content de vous avoir aujourd'hui dans cette nouvelle édition Snow. Snow en anglais c'est l'hiver, parce qu'il fait très froid dehors. Je remercie encore une fois l'herbe folle de nous avoir accueillis encore une fois ce mois-ci. Et je remercie le public d'être ici. Est-ce que vous avez déjà assisté à un drag show ? Tout le monde, c'est incroyable, c'est la première fois que ça arrive. Je ne peux pas faire ma blague de d'habitude, c'est nul. Écoutez, on va commencer avec une performance live. On n'a toujours pas décidé du roast. Qui va commencer ou qui va finir, Kevin ? Ben écoute, moi je vais commencer, je vais vous roster. Vous savez ce que c'est un rost ou pas ? T'es pas prêt chérie ?

  • Speaker #5

    Du coup,

  • Speaker #1

    le rost est une tradition comique où je vais vous mettre au centre de l'attention pour gentiment vous démolir. Bien entendu, tout ça se fait dans un esprit de bienveillance et d'humour. Les blagues peuvent être un peu piquantes, parfois même très osées, mais elles sont toujours faites avec amour. Je suis la mère du vegan, un peu la reine des oignons, des chèvres et des châtaignes. Je suis un peu comme une bogue, je suis bonne à manger mais un peu piquante. Je suis une diva, un petit peu old school et un petit peu futuriste aussi dans mon drague. Que te dire de plus ? Une comédie queen, je pense. Je ne suis pas du tout chanteuse. Je suis né à Nîmes et après j'ai grandi au Vigan depuis mon plus jeune âge. C'est un milieu assez rural, assez vieillissant malgré qu'il y ait quand même beaucoup d'événements. La population peut être assez engagée. Franchement, il y a deux sortes de population ici, il y a soit vraiment la population... extrême gauche anarchiste et à la population extrême droite et Zemmour. J'ai souvent l'habitude de dire que de base j'étais pas du tout dans ce milieu là, j'étais pas un gay qui se maquillait entre guillemets, j'étais un peu l'homo nationaliste, c'est un peu dur à dire tu vois maintenant, mais avec le temps j'ai évolué, je me suis remis en question et en fait je travaillais dans un camping à la sortie du Vigan au Val de l'Arc et en fait chaque mois pendant l'été, la grande saison, il y avait une troupe de transformistes qui venait. Et je n'étais pas fermé à la discussion, donc je suis allé leur discuter avec eux. Et en fait, un soir, ils m'ont dit, écoute, au lieu de cracher ton venin comme tu es en train de le faire, viens avec nous derrière, viens voir ce qu'on fait et juste t'admire. Et donc, du coup, j'ai été derrière eux avec en coulisses, les aidasses habillées, etc. Et en fait, au final, deux ans après, c'est moi qui ai pris leur place. Après, j'ai rencontré Mimi, qui est ma mother drag. Au fur et à mesure, on a commencé à se voir, à pratiquer la scène. Elle m'a appris les bases. Et au fur et à mesure je suis devenu drag queen et maintenant la représentante des Seven et des Ognons Doux. J'ai fait mes études assez loin d'ici, enfin quand même loin, non c'était à deux heures, j'ai fait mes études à Narbonne. Et quand je suis revenu, j'avais cette envie de faire des événements ici où les nuits, comme je t'ai dit, les nuits hivernales et même les nuits d'été sont très très longues. Quand surtout il n'y a rien à faire, on tourne un peu en rond. Et donc au fur et à mesure on a lancé les shows, les blind tests, j'ai rencontré mon fils drag et donc Kevin. qui s'est joint à l'aventure. Après, j'ai rencontré Saba, qui est mon parrain drague, pareil, qui s'est joint à l'aventure. Donc, ça a été tout un monde qui s'est ouvert au fur et à mesure. Les queens ou même les dragues de la ville sont arrivées dans une place qui était déjà faite. Et donc, c'était assez facile pour elles de faire des shows, etc. que moi, j'ai dû me faire toute une place prouver au monde entier que j'étais légitime. Moi, il n'y avait pas du tout le public à la base, donc j'ai dû rencontrer... Plein de personnes, j'ai dû faire plein d'événements possibles et imaginables. J'ai dû aller sur la fête de la soupe en drague, j'ai dû jouer à la pétanque en drague, j'ai dû sauter à l'élastique en drague, pour vraiment prouver que j'étais capable de tout et que me créer un public au fur et à mesure par les rencontres. Et en fait, c'est avec toutes ces rencontres et toutes ces idées folles que j'ai eues que les gens sont venus au fur et à mesure par curiosité au début. Et en fait, après, ils se sont découverts un monde du cabaret qui était à leur goût apparemment, puisqu'ils reviennent encore aujourd'hui. Donc voilà, le show c'est un grand show qu'on fait avec Saba du coup qui est un artiste du Vigan, Kevin et un autre artiste Mimi et moi et donc là en fait t'as toute une population que nous on pensait pas du tout avoir au dernier show, d'habitude on a toujours la même population assez engagée, assez politisée qui vient mais en plus on a toute une partie de population, alors je veux pas faire du David Facies mais d'extrême droite tu vois et j'étais là en mode waouh c'est incroyable ce que j'ai fait, j'arrive à ramener l'extrême droite dans mes shows tu vois et du coup pour leur ouvrir l'esprit. Au dernier show, c'était la veille des élections législatives. Et en fait, du coup, on s'est retrouvé vraiment avec moitié public hyper engagé, hyper politisé. Et l'autre, vraiment, tu voyais que c'était l'extrême droite. Et donc, en fait, tout au long, on a pu leur faire passer des mots, des messages. Par exemple, moi, je sais que j'ai performé sur Charles Aznavour, comme ils disent. À la fin, je leur ai dit, faites gaffe à qui vous votez, parce qu'en fait, sinon, on ne pourra plus refaire ce genre d'événement. Donc, tu vois. plein de petits messages avec des petits pics comme ça qu'on a fait passer. Il y avait plein de messages. Il y avait Saba qui a performé sur Travesti. Donc on a pu faire passer plein de messages sur la sexualité, les LGBTphobies, le harcèlement qu'on pouvait faire passer. C'est apparemment très bien passé puisqu'ils veulent qu'on refasse un deuxième show au mois de février.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est politique. On est là, on existe. Il n'y a pas que sur Paris qu'il y a des dragues. Ce n'est pas juste pour le spectacle.

  • Speaker #7

    Le drague est totalement politique. Le fait d'être queer fait de nous qu'on est obligés d'être politiques parce qu'on ne peut pas vivre dans une société aussi standardisée.

  • Speaker #4

    Ce que je vois ici, là, encore et toujours dans nos villages, dans nos villes ou un peu partout dans les départements ruraux, dans les zones de montagne, en région, Ce sont des révolutions hors des codes que l'on essaie de nous imposer. Alors que le drague s'affranchit de tout, on le remet en boîte pour qu'il corresponde. Mais le drague ne doit pas correspondre, puisqu'il est profondément queer. Il ne doit répondre à aucune norme, il doit juste être. En le faisant vivre dans les bistrots, les cafés associatifs, en créant des événements, en poussant à l'altérité, les artistes que j'ai rencontrés dans cet épisode repoussent les murs et reviennent à l'essence. A l'essence, il y a William Dorsey Swan, la première personne à se dire drag queen était un homme noir, né esclave dans l'état du Maryland, militant et à la tête d'un groupe de résistance queer, arrêté, victime de racisme, nous lui devons beaucoup. Comme pour les Pride Payette, je crois qu'il est important de savoir d'où part le drag, car en connaissant notre histoire, nos révolutions ne seront que plus grandes et plus politiques.

  • Speaker #2

    Mon drague, c'est Kao Nocturne. Et à la base, je m'appelais juste Kao, sauf que j'ai été adoptée par Terror Nocturne, qui est notamment ma plus grande inspiration pour le drague. Et c'est en le voyant que j'ai voulu commencer le drague, donc ça me fait super plaisir d'avoir pu avoir le nom Kao Nocturne. Et en fait, je suis partie sur les bases du drag king, mais en essayant d'ajouter un peu une touche justement de... Pas vraiment de monstre, mais plus dans le côté vampire, créature, un peu bizarre. J'ai envie de faire un mix entre... L'humour vraiment décalé, surtout l'humour british très monty piton et tout ça. Et aussi l'exploration plus sérieuse de la folie et un peu de la santé mentale qui peut être très peu stable des fois.

  • Speaker #7

    Mon nom civil c'est Clara. Et je viens d'Ariège, donc vraiment le coin rural, c'est tout le département qui est rural. Que des coins paumés, que des patelins. Et en gros, j'ai rejoint la maison car de base, c'est beaucoup de mes potes qui ont initié le mouvement. Et j'aurais pu être dans cette initiation de mouvement, mais moi j'ai une santé mentale qui est... Un peu terrible par moment, et au moment où ça s'est fait, c'était pas possible pour moi. C'est vraiment des raisons très personnelles. Mais du coup, j'avais toujours un peu ce truc de, à un moment, quand je me le sens, oui, je me lancerai. Parce que moi, j'ai découvert le drag au lycée, avec RuPaul's Drag Race, évidemment. Maintenant, le drag devient mainstream, donc à la fois chouette et à la fois... Du coup, il y a des personnes qui... aiment bien s'approprier maintenant cette culture qu'on a. Alors que pour les personnes queers, c'est un peu un des seuls langages qui nous permet de nous exprimer. Le terme politique est très large dans le sens que c'est pas qu'une critique de la société, c'est vraiment juste globalement... Une revendication de qui on est, là où on se trouve.

  • Speaker #2

    J'ai du mal à me dire que je peux être perçue par les autres. J'ai toujours fait en sorte de me cacher, de faire en sorte que les gens ne me voient pas. Donc le drague, c'est tout l'inverse. J'ai envie d'arriver au bout d'un moment à avoir un drague où je... peut me libérer complètement, à 100% et montrer à quel point j'ai de l'énergie.

  • Speaker #0

    C'est l'art de la transformation et l'art du divertissement aussi. C'est un art qui a un rapport au genre, puisqu'on travaille sur ce conflit de genre. Tu me vois clairement, tu te dis c'est un homme Non, c'est vrai ? On déconne.

  • Speaker #1

    Mais je trouble parce que quand tu me vois de dos,

  • Speaker #0

    il y a quand même des formes féminines.

  • Speaker #2

    Donc voilà, je ne suis ni homme, je ne suis ni femme,

  • Speaker #0

    je suis une drag queen,

  • Speaker #2

    je suis une créature. Moi,

  • Speaker #0

    comment je vois le drag, c'est tout simplement l'art de dire la vérité à travers les artifices.

  • Speaker #2

    Vous allez à la marche mainstream, ce que j'appelle mainstream, la marche mainstream de la gay pride, les plus gros chars,

  • Speaker #0

    ceux qui ont le plus de place,

  • Speaker #2

    c'est les personnes blanches. Et ce sont les mecs, les trans, les tigouines, tout ça. Ça n'a pas autant d'envergure, ça n'a pas autant d'ampleur, il n'y a pas autant de moyens. Le drag queen ou drag king assisé, on est encore moins visibles. Les drag queens et drag kings font face à des lois sans précédent aux Etats-Unis. 12 États veulent complètement interdire ce type de cabaret. Les voix s'élèvent pour critiquer votre présence, ce sera les 14 et 15 juillet à Paris,

  • Speaker #3

    dans le relais de cette flamme,

  • Speaker #2

    et une présence vulgaire, hyper sexualisée, selon Marion Maréchal-Le Pen, ce n'est pas une bonne façon de représenter la France aux yeux du monde. Excusez-moi d'être encore à contre-courant, conclut la tête de liste reconcrète aux européennes. Vous retenez quoi de ces propos ? Le excusez-moi ou le à contre-courant

  • Speaker #0

    Je préfère rien retenir du tout. Je pense qu'il y aura toujours les petits bars dans lesquels cette harpe existait ou elle existera toujours, sans la télé, avec la télé. Mais ça restera toujours mal compris et ça sera toujours sur les bords de notre société et ça restera toujours punk tant qu'il y a des drag queens qui ne peuvent pas se maquiller. Du coup, ça a commencé par une soirée. Une soirée que j'ai montée pour la première fois presque seule, mais pas tout à fait. J'ai prétexté une soirée d'anniversaire. Et j'ai dit, ouais, voilà, c'est mes 25 ans, je voudrais faire une soirée d'anniversaire qui prenne la forme d'un spectacle cabaret. Ça aurait lieu devant chez moi, devant mon garage. Et j'ajoute que j'habite au-dessus de la mairie de ma commune. Et du coup, ça s'appelait les Folles de la Châte. J'ai motivé des amis à moi qui vivent dans le Jura, mais d'autres qui vivent plus loin que j'ai rencontrés à Montpellier. On a monté un spectacle devant chez moi et c'était incroyable. J'avais invité mes parents, les parents de mes amis, mes amis. je pense qu'on était dits environ à monter ce spectacle. Mon entourage s'est avéré être un bon allié là-dedans. Et en fait, ça a trop bien marché. Et c'est là que je me suis rendu compte que cet événement était pertinent. Parce qu'il n'y avait pas que mes amis. Il y avait aussi des gens du village. Vu qu'on était en plein air devant la mairie, devant mon garage, il y a les gens qui promenaient leurs chiens le soir, qui, par curiosité, s'approchaient un petit peu de... devant mon garage et se demandaient ce qui se passait. On les a invités à venir et du coup, ça a créé une espèce de grosse fête comme ça. On a même eu l'honneur de recevoir les chasseurs du village puisqu'ils avaient une réunion le même jour devant la mairie. Et quand ils ont vu trois, quatre folles en train de se préparer et courir partout avec des talons hauts, ils se sont dit que c'était peut-être une bonne idée de venir.

  • Speaker #1

    Mais je sais que dans les Seven, je suis vraiment la seule. Il y a sa sucrerie aussi, sa sucrerie qui est une queen de Gange, vers Gange, avec qui je suis allé en Lauser et on a foulé le territoire lausérien pour la première fois. Après ici, j'espère qu'en élevant des enfants de drague... ils vont enfin se lancer dans leur soirée aussi je sais pas s'ils sont encore prêts mais moi je leur souhaite de lancer aussi leur soirée et de eux aussi prendre des enfants et qu'eux aussi lancent des soirées dans d'autres bars et qu'on envahisse le vegan de perruques et de paillettes L'herbe folle c'est un événement karaoké animation musicale donc si je te fais le planning on ouvre avec une première perf on fait du blind test on ferme avec une deuxième perf il y a une pause On ouvre avec une autre perf, le karaoké on ferme avec une performance. Après comme je t'ai dit c'est vraiment un lieu qui est assez petit comme tu as pu le voir tout à l'heure, on a décidé ça avec Kevin de le faire parce que comme je te disais c'est un lieu où on se retrouve entre personnes queer et comme on n'est pas très nombreux on voulait quelque chose d'assez familial où on peut se retrouver entre copains et entre nous. C'est ouvert à tout le monde, bien entendu, mais ça nous permet de nous retrouver une fois par mois et de pouvoir discuter entre nous de nos vies, nos amours, nos emmerdes, nos histoires de cul, tout ce qui est possible et imaginable. Du coup, c'est assez familial. Tout le monde peut y venir. Il y a du kéfir à boire, c'est incroyable. C'est pour une bonne détox. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Moi c'est Nat, Nataniel en long, je suis étudiante en lettres à la fac de Pau. Et du coup, mes pronoms, c'est il Je suis un mec trans. Mon personnage drague s'appelle Sourey, ce qui veut dire soleil en occitan précisément occitan, béarné. J'essaie de travailler surtout sur le côté théâtral, le côté conceptuel du drague. Le théâtre est une énorme partie de mes études et je voudrais que ce soit ma carrière future. Donc c'est vraiment ça sur quoi je penche mon drague. J'ai beaucoup d'inspiration de l'opéra. de l'histoire de la mise en scène, Antoine Arthaud, etc. Donc voilà, ça c'est mon drag. Moi personnellement je suis palois, née à Pau, élevée à Pau, blonde d'Aquitaine. Et du coup c'est tellement important en effet d'avoir cette représentation queer dans une ville moyenne, surtout une agglomération telle que Pau où il y a la campagne à une demi-heure, genre. Vraiment, il y a des bleds. À une nouvelle heure, tu n'as plus de réseau. Ma famille vit dans des endroits où je ne peux même pas prononcer le nom. Donc, c'est tellement dingue d'avoir ce connect queer en vie qui crée des safe space pour tout le monde, qui crée du contenu, qui crée du divertissement, qui crée du collectif. Et ce qui est génial, c'est qu'on a... assez d'inclusivité, pour qu'il y ait même des gens qui n'ont jamais vu de drague ou qui ne s'intéresseraient pas aux dragues qui viennent ou qui ont envie de participer aux scènes ouvertes. Des gens qui n'auraient jamais vu de drague ailleurs qu'à Drag Race France ou même RuPaul à la télé, donc c'est dingue. Et c'est très important de diversifier le drague parce que je pense quand même que je ne suis pas le plus apte à en parler mais je pense qu'il y a des différences de drague selon les villes. Le drague n'est pas le même à Paris qu'à Bordeaux. qu'ici chez nous et ça nous donne en fait un tremplin de proximité qu'il n'y a pas ailleurs vraiment genre si à un moment il y a quelqu'un qui vient nous envoyer un message pour dire hey je voudrais bien participer enfin je voudrais bien performer si il y a déjà performé on va lui dire ok, viens quand tu veux et si il n'a pas encore performé on peut aussi l'inviter en vrai parce qu'on peut juste faire confiance aux gens Et aussi, on a des scènes ouvertes exprès faites pour ça. Et ça redonne le côté vraiment proche et je dirais débourgeoisé du drague. Je ne sais pas de meilleur mot, mais moi, ça s'apparente tellement à ce côté culture du drague. Et je n'ai plus le mot, mais genre... tout ce qui est bol culture et Paris 6 Burning et tout toutes ces communautés très discriminées très pauvres où il y avait genre tout le monde qui se réunissait et juste créer du divertissement ou de l'art ensemble parce que pour moi le drag est un art donc

  • Speaker #3

    c'est extrêmement important de pas oublier cette perspective quoi concernant le territoire toujours par rapport au territoire du coup ça m'avait pensé à autre chose c'est que même si on n'a pas vraiment fait Faire des shows dans des petits villages, comme on s'exporte, ça pourrait nous arriver, comme à Tarnos, comme on disait. Ça peut être l'occasion de créer un événement queer ou LGBT dans des petits lieux où les gens ne connaissent pas, ou alors... savent qu'ils le sont mais ils n'ont pas trop de communauté là où ils sont et ça peut justement être un vecteur de rencontres entre les gens du village en question parce que du coup ça fait un événement dans leur village qui les intéresse sans que ça soit trop engageant ou sérieux, c'est pas comme une table ronde c'est pas comme un échange où ils doivent s'engager en parlant ou parler d'eux mais ils peuvent juste venir voir et ça leur permet peut-être de rencontrer des gens de leur village qui ne se connaissaient pas ou qui ne savaient pas qu'ils étaient concernés aussi et ça peut être un événement qui est un peu plus agréable que ça peut être un point de départ pour créer des petites communautés queer, de gens qui se rencontrent grâce à ça, peut-être dans des villages.

  • Speaker #1

    Je veux vraiment appuyer sur le truc que je développe tout au Vigan, et que vraiment si j'ai deux shows, par exemple la même date, et qu'il y en a un au Vigan et un à Montpellier, malgré que je sois un peu moins payé au Vigan, par exemple je vais rester au Vigan juste pour le... pour mon message que je veux faire passer et aussi que j'ai une espèce de... Comme je te disais tout à l'heure, je me répète, mais en gros on se retrouve entre queers et j'ai l'impression que si j'accepte ce show ailleurs, je les lâche et je ne fais plus mon devoir de se rencontrer entre nous. Là je suis parti dans l'avenir de développer le drague ici, de l'agrandir dans des bars qu'on ne pourrait pas du tout imaginer qu'il y aurait du drague d'habitude. de pourquoi pas faire des événements vraiment en pleine rue en drague voilà parce que là la dernière fois on a fait la fête de la soupe en drague en plein milieu du vegan sans aucune sécurité et au final c'est plutôt bien passé donc je me suis dit pourquoi pas faire des marchés en drague j'en sais rien moi j'ai toujours un peu des idées loufoques tu vois donc ouais moi je fais des trucs un peu loufoques tu vois là je sais que Première neige avec tous mes enfants de drague. J'ai prévu d'aller faire un shooting photo au Montégoal. Il y a un château au Montégoal. En fait, c'est l'observatoire météo. Et genre, c'est grave beau. Il y a de la glace et tout. Je me suis dit, on peut aller faire des séances photo là-bas. Et après, on va skier en drague. Tu vois, j'ai toujours des trucs un peu loufoques. Comme ça, je me dis, ça peut être grave drôle de reprendre la place de partout. Mais absolument de partout, tu vois. Donc, ça peut être vraiment très drôle à faire.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai commencé par en parler à... des personnes qui étaient déjà sensibles et qui s'interrogeaient déjà d'un point de vue féministe, d'un point de vue queer, d'un point de vue ruralité. C'est les premières personnes vers lesquelles je me suis tourné. moi quand j'ai changé de boulot donc maintenant je travaille dans une fromagerie j'avais déjà commencé le drag depuis longtemps je savais déjà à peu près où je voulais aller donc J'ai interrogé ma place en tant que Xavier dans cette vie rurale en sachant qu'à côté, je faisais du drague et qu'il y avait Françoise. Du coup, mon objectif, c'était quand même d'en parler avec mes collègues. Et mes collègues sont pour la plupart des personnes de 50 ans. j'ai un collègue qui a le même âge que moi et qui est ancré dans une vie de famille, il est papa, il vit les choses complètement différentes, il vit cette vie et cette ruralité et ce boulot d'une manière complètement différente. différentes de la mienne. Du coup, j'ai décidé d'en parler un peu avec eux, de leur dire que je faisais du drag. Et puis, j'ai été confronté à un deuxième regard que j'ai pratiqué. à d'autres endroits, ils trouvent ça amusant. La plupart, ils trouvent ça amusant. Il y a cette perception de Ah, tu te déguises en fille. Et il y a la question de Est-ce que c'est sexuel ce que tu fais ? Il y a plein de questions tenant aussi à est-ce que c'est un boulot ? Est-ce que tu peux te payer avec ? Pourquoi tu fais ça ? Et moi, j'ai trouvé que ce n'était pas moins pertinent. que de discuter avec ça avec d'autres artistes drague que avec des personnes éveillées à ces questionnements là parce que j'ai trouvé que c'était vraiment innocent

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment dire, mais c'est un peu une conviction de me revendiquer drague alternatif. Parce que moi, dans la vie de tous les jours, j'écoute des trucs un peu broussons et je puise en inspiration de ce genre de trucs. Et c'est pour ça que je me vois mal me dire, je fais du drag king, vous pourrez me voir avec des vêtements normaux. En général, j'essaye d'être un peu genre... espèce de créature monstre.

  • Speaker #3

    Le drague, c'est aussi politique dans le sens où c'est un des rares espaces qu'on a en tant que personne connue pour s'exprimer et être absolument librement qui on veut sans avoir... sans se limiter parce qu'il y a des gens qui vont nous regarder dans la rue ou qu'on risque quoi que ce soit ou quoi.

  • Speaker #1

    Vraiment, à chaque fois où on me parle, la plupart du temps, la plupart des personnes ne connaissent même pas mon prénom. Mon vrai prénom, c'est Akowari, direct dans la rue. On parle souvent, à chaque fois que je suis là, de drague et on ne parle pas d'autre chose, de mon autre métier à côté.

  • Speaker #2

    Il y a une diversification du public qui est très encourageante et qui fait plaisir. Et on parle avec tout type de personnes, de tout âge. C'est très chouette. Il y en a marre d'être vraiment comme la société aimerait qu'on soit. Soyez vous-même, purée. Il y a beaucoup le do-it-yourself. Nous, l'argent, on n'en a juste pas pour faire du drag. Tout ce qu'on fait, c'est prendre des trucs de friperie. Il y a beaucoup d'entre nous qui cousent.

  • Speaker #0

    L'existence de mon drag se trouve en ruralité. C'est-à-dire que si je commence à faire du drag exclusivement en ville ou à déménager en ville, ça ne fera plus de sens pour moi.

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter Chancouir. une série documentaire d'Élodie Potente. Merci à Hazel, Clémence, Kito, Clara, Nat et tous les artistes de la Maison des Postiches. Merci aussi à Edouard. Merci à Aquari et Kevin, à l'herbe au fol café associatif du Vigan. Merci à Françoise d'It Pollution. Merci aux queens, aux kings, aux queers et aux créatures qui font vivre nos territoires avec leur art. Si vous avez aimé cet épisode, mettez des étoiles et partagez-le. C'est la seule manière de diffuser Chantouir au plus grand nombre.

Description

Je ne connaissais rien au drag. Comme beaucoup j’ai commencé à regarder drag race quand c’est sorti en France, je n’étais qu’aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drag et pourtant cet épisode s’est imposé à moi parce j’ai vu apparaître tout un mouvement en milieu rural. Ça m’a transportée de voir ces artistes émerger, les docus les papiers l’es émissions de radio, les queens les kings les queers le do it yourself qui est tellement dans l’esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien du drag et pourtant j’ai été saisie d’une émotion nouvelle en préparant cet épisode, un truc d’appartenance qui vous prend le corps et le coeur, un truc de dingue qui se passe en vous face à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j’ai vite intégrer comme référentiel. Bien sûr que le drag fait partie de nous, bien sûr qu’en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici, comme si tout s’écrivait enfin. Cet épisode est d’une logique implacable, il est l’aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec champs queers, des rencontres et de la joie.

Et comme d’habitude, je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’efforts pour trouver mes personnages. Il y a d’abord eu Francoise dite pollution, qui vient du haut jura, puis Aquarii qui vient du Vigan, dans le Gard et enfin la maison des paustiches, basée à Pau.


Vous écoutez Champs queers, épisode 4, Le drag est politique. Champs queers est une série documentaire d'Elodie Potente. Suivez-moi sur les réseaux sociaux : https://www.instagram.com/elodiepotente_podcast/

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Musique : 

La grande table - Delnica  

Creme Brulee - The soundlings

Entendues pendant les shows :

  • Anne Sylvestre - Petit Bonhomme

  • Dalida & Alain Delon - Paroles, paroles

  • Du style - Jena Lee

  • Mon truc en plumes - Zizi Jeanmaire

  • Depeche Mode - Enjoy the silence


Les Réseaux sociaux des artistes interviewé-es ❤️:

Références :

  • Drag - L'autre visage des Queens et des Kings de Sofian Aissaoui


Extraits vidéos/audio :


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le drague, c'est aussi quelque chose d'invasif et de polluant. Mon ambition maintenant, c'est de m'immiscer un peu partout dans la ruralité que je pratique.

  • Speaker #1

    Ça n'avait plus forcément de sens pour moi d'être bouqué en ville, alors qu'en fait, j'étais une queen en milieu rural et que je ne rencontrais pas les mêmes problématiques qu'une personne en ville.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est vital. C'est juste vital. C'est un art pour soi,

  • Speaker #3

    mais pour les autres.

  • Speaker #2

    J'irais même jusqu'à dire que c'est un art total, le drague. Tu peux tellement tout faire avec le drague.

  • Speaker #4

    Je ne connaissais rien au drague. Comme beaucoup, j'ai commencé à regarder Drag Race quand c'est sorti en France. Je n'étais qu'aux prémices de cette scène. Je ne savais rien du drague et pourtant, cet épisode s'est imposé à moi. Parce que j'ai vu apparaître tout un mouvement, en milieu rural. Ça m'a transportée de voir ces artistes émerger. Les docus, les papiers, les émissions de radio. Les queens, les kings, les queers, le do-it-yourself qui est tellement dans l'esprit de nos luttes. Je ne connaissais rien au drague et pourtant, j'ai été saisie d'une émotion nouvelle en préparant cet épisode. Un truc d'appartenance qui vous prend le corps et le cœur. Un truc qui se passe en vous, passe à ces artistes multiples et drôles, à ces codes que j'ai vite intégrés comme référentiels. Bien sûr que le drague fait partie de nous, bien sûr qu'en milieu rural on en a besoin, bien sûr que ça a toute sa place ici. Comme si tout s'écrivait en fin. Cet épisode est d'une logique implacable. Il est l'aboutissement de tout ce chemin parcouru en un an et demi avec Shankouia, des rencontres et de la joie, même si ce n'est pas le dernier épisode. Et comme d'habitude, je n'ai pas eu besoin de beaucoup d'efforts pour trouver mes personnages. Il y a d'abord eu Françoise, dite Pollution, qui vient du Ausha, puis Aquari, qui vient du Vigan, dans le Gard, et enfin, la maison des postiches, basée à Pau. Petit disclaimer, je sais que Pau est une ville, mais je voulais un collectif dans une petite ville. Et il se trouve que la maison des postiches a des shows réguliers à Pau, mais se balade aussi dans une bonne partie du sud-ouest.

  • Speaker #5

    Je ne sais pas. Attendez, je me suis trompée. Oh ! Oui, après c'est à ce prix.

  • Speaker #6

    Après c'est Manon.

  • Speaker #3

    Après c'est Manon.

  • Speaker #5

    Après c'est toi. Après c'est Vito. Après c'est moi. Ah !

  • Speaker #3

    Ça a changé ? Oui, c'est parce que j'avais pas mis à jour le truc.

  • Speaker #5

    Ah oui, c'est vrai, il y a pas qui peut le faire. En fait, toi, Vito,

  • Speaker #3

    toi, Géouine. Ok.

  • Speaker #5

    Ça va ? Je peux encore, ouais, parce que...

  • Speaker #3

    Oui, mais...

  • Speaker #5

    Excusez-moi, je... Ouais, c'est pas...

  • Speaker #6

    Du coup,

  • Speaker #3

    ça fait 6, 4, 9, 10. Ok, je peux me mettre en...

  • Speaker #6

    Non mais, on s'en fout. Est-ce que quelqu'un trouve que c'est dérangeant que la première partie avant... Du coup, moi c'est Clémence, mon nom drague c'est Iris Descens, et j'ai commencé... C'est le drag en août 2023. Du coup, après, ça a été un peu le tout début du collectif La Maison des Postiges, que j'ai rejoint dès la création. Et puis, on a très vite eu l'occasion de faire des shows mensuels dans un bar de Pau. et ça s'est développé comme ça assez vite en fait du coup j'ai un peu appris sur le tas en ayant des shows tous les mois on passe des caps très vite dans le niveau de confiance en soi et de ce qu'on ose faire sur scène ou pas et du coup j'ai évolué assez vite à mon sens et petit à petit tu comprends ce que tu aimes faire ou pas ce qui te donne envie dans les musiques que tu choisis et tout et avec l'expérience je me suis rendu compte que j'aimais beaucoup faire des choses très émotionnel un des meilleurs coups blancs qu'on peut me faire c'est quand on me dit que les gens ont pleuré en regardant mes performances c'est que je me dis que ça fonctionne que j'ai fait passer une émotion ce que je préfère dans l'art en général c'est enfin les oeuvres qui me touche les oeuvres que j'aime dans n'importe quel type d'art c'est les oeuvres qui me font passer des émotions c'est ça qui est le plus important pour moi peu importe si la technique elle est hyper précise ou quoi si j'ai pas d'émotion ça m'est un peu égal, donc c'est ce que j'ai envie de faire aussi avec mon art

  • Speaker #5

    C'est trop bien, t'es là. Je m'appelle

  • Speaker #3

    Hazel, mes pronoms c'est il et en drag, mon nom c'est terreur nocturne et mes pronoms c'est il et... et Yael. Je suis un drag king et ouais non, drag king, un monstre pas un fric. Je sais que j'ai découvert le drag pendant le Covid en regardant RuPaul's Drag Race. Mais j'avoue que moi les queens j'aime bien ça mais on se fait un peu chier je trouve. En fait j'aime bien le drag alternatif et je trouve que c'est quelque chose qui manque énormément de représentation parce qu'on a l'habitude de voir des queens super belles, super polies enfin polies dans le sens où c'est très lisse et moi je trouve que ça manque un peu de crade et puis un jour j'ai découvert Dragula qui est la version crade. de drag race et beaucoup plus DIY, c'est à dire que pendant toutes les saisons on voit les artistes vraiment créer leurs costumes je suis pas sûre qu'ils les créent tous honnêtement, mais une grande majorité de leurs costumes sont créés par les personnes et moi c'est vraiment quelque chose qui m'a plu et aussi mes goûts musicaux, je suis très branchée métal, je commence à me brancher un peu plus musique gothique aussi en ce moment et un peu, je découvre un peu les joies de la pop et de la musique de pétasse depuis très peu, mais du coup je voulais vraiment pas faire des lip-sync sur des musiques un peu que tout le monde connaissait je voulais vraiment partager ma passion de la musique et mes goûts musicaux à tout le monde, même si c'est pas vraiment ce que les gens aiment j'avoue que quand je fais une performance sur une musique de Deathcore de 5 minutes c'est un peu prendre le public en otage mais moi j'aime bien, j'ai commencé le drag un peu en même temps que Iris j'étais... pour le coup vraiment au tout tout début de la maison des postiches ça a commencé avec une viewing party de drag race qui a un peu initié le truc de on se rend compte qu'il y a des gens à peau qui ont envie de voir du drag et que bah en vrai même si avant ça existait un peu il y avait quelque chose de temps en temps dans certains bars de peau mais c'était vraiment une fois tous les deux mois ou tous les trois mois et c'était vraiment très restreint ça en termes de communication ça partait pas en dehors des comptes insta des bars C'était un peu compliqué pour trouver toutes les infos. Et du coup, à partir de ce moment-là, on s'est rendu compte qu'il y avait un besoin un peu. On a créé la maison des postiches et on a trouvé un café-bar qui accepte de nous avoir tous les mois. Et puis après, on s'est un peu exporté un peu partout. Maintenant, on a des shows aussi trimestriels dans un autre bar qui s'appelle La Forge Moderne à Pau. On a été invité à Tarbes, enfin à côté de Tarbes, dans un lieu dit, pour un festival queer. Pour moi, c'est... Très important de faire du drag à peau, parce que déjà il y avait un petit manque, et pour les personnes queer à peau, je trouve qu'il y a un petit manque de lieux queer et d'espaces un peu safe. Parce que maintenant on a deux associations LGBT, mais quand je suis arrivée il n'y en avait qu'une, c'était l'association AID. Et il n'y avait pas beaucoup de com là-dessus. J'ai passé une grande partie de mon adolescence dans les Landes, et vraiment les Landes, il y a un bus par jour pour aller... dans Abyss-Karos, qui est peut-être la plus grosse ville du coin. Et il n'y a pas beaucoup de milieux queer. Et je sais que c'est quelque chose qui, moi, me manquait. En tout cas, un espace positif. Et je sais que j'aurais gagné peut-être 5 ans de questionnement sur mon identité de genre si j'avais eu ces espaces queer et safe.

  • Speaker #4

    Le drague est une anti-définition. Il se joue de lui-même, prenant plaisir à nous échapper, se cacher, se réinventer. Rien ne devrait le définir, puisque son message principal est justement de nous dire que rien ne doit nous définir de façon définitive. Expliquer ce que représente le drague n'est pas aisé, car il s'agit aussi bien, et parfois de manière contradictoire, d'une pratique artistique, d'une expression politique, d'un divertissement, d'une sous-culture, au sens sociologique du terme, et de bien d'autres choses encore. Ce territoire aux frontières par définition floue est aussi stérile que futile, aussi engagé que superficiel, aussi splendide que terrifiant. Extrait du livre Drague, l'autre visage des queens et des kings de Sofiane Aïssaoui Je dois vous avouer que je n'ai pas encore eu le temps de rencontrer Xavier, alias Françoise dite Pollution. Le temps que prend la réalisation de Chant Queer, les coups pour aller tourner ne m'ont pas permis d'aller jusqu'au Jura. Mais il a accepté de m'envoyer des extraits d'une de ses performances, que vous pourrez écouter à la suite de son interview.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Xavier, j'ai 26 ans, je suis né dans le Jura, j'ai grandi dans le Jura, j'ai fait... mes études dans le Jura. Mes études supérieures, je suis allé à Dijon, puis à Montpellier. Une fois que j'ai terminé mes études, je suis revenu dans le Jura pour travailler. La ruralité dans laquelle je vis, elle est boisée, elle est faite de plein de petits villages. Les villes sont des gros villages et concentrent les commerces. Moi, j'habite dans une petite commune qui s'appelle la Châtelaine. Et pour aller faire mes courses, je dois faire minimum 10 minutes de route. Pour aller à mon boulot, chaque matin, je fais 20 minutes de voiture. Et je travaille en tant que crémier. J'aime bien dire que je suis crémier le jour et la nuit, je suis drague. Grandir dans le Jura, ça a été assez doux, je trouve, avec le recul. Voilà, moi, comprendre que j'étais une personne LGBT, ça n'a pas été un coup de massue. Moi, j'ai quand même grandi avec une forme de mise à l'écart, parce que finalement, les garçons jouaient à des trucs de garçons qui ne me plaisaient pas forcément, où je n'étais pas forcément inclus dedans. Voilà, je me retrouvais à jouer avec les filles, mais ce n'était pas si grave. Finalement, moi, je n'ai pas capté cette mise à l'écart, même si dans les faits, ça l'était. Si on s'est moqué de moi, je crois que je ne l'ai pas retenu. Voilà, je suis un peu passé outre. Je me trouvais projeté dans un monde rural qui ne me correspondait plus parce que j'avais grandi entre le moment où je l'avais quitté et le moment où je revenais. j'ai trouvé que cette réalité là était violente. J'avais oublié qu'elle était violente pour une personne qui n'était pas hétéro et qui n'était pas forcément cis. Et là je me suis dit, purée, ça me manque. Il faut que je trouve quelque chose. J'ai commencé à chercher des soirées, ou juste des endroits où je pouvais m'échapper un peu de cette vie. là et de faire communauté et j'ai rien trouvé et j'ai toujours aimé le spectacle, le théâtre, tout ça et le drag ça m'était pas inconnu, je voulais peut-être essayer mais je savais pas trop et là je suis tombé sur un collectif basé à Besançon qui s'appelle la House of Detritus et je me suis dit que c'était... C'était une révélation parce qu'ils proposaient artistiquement, typiquement, l'esthétique qui, moi, me plaisait et que je recherchais à ce moment-là. Donc, c'est une grande décharge. C'est les déchets, les déchets de la société. Bon, voilà. Et je suis allé voir un show à Besançon et c'était incroyable. Et je me suis dit que, en fait, c'était quand même à une heure de route de chez moi. C'était dans une grande ville et c'était quand même loin de la réalité que je vivais moi au quotidien. Je ne sais pas, il y avait une forme de décalage. Ça me plaisait, je voulais ça, mais moi, je n'avais pas envie de faire une heure de route pour vivre ça. Et du coup, de là est née l'idée de faire du drague et de commencer à investir les lieux que je pratique au quotidien en drague. Mon personnage drague, il était déjà né il y a longtemps. Il était déjà là, mais il n'avait pas une forme drague. Il n'avait pas une forme présentable en public ou sur une scène. Je ne pouvais pas trop la présenter, mais je l'appelais mon alter ego des choses inavouées. C'était une voix que je prenais d'abord quand j'habitais à Montpellier pour exprimer des choses. que Xavier ne pouvait pas forcément exprimer. Et puis, dans le Jura, là où j'ai eu le déclic de... En fait, il faudrait qu'elle prenne forme. Ouais, c'était dans l'intimité, dans des soirées avec mes amis d'enfance, dans des... Ouais, juste dans le fait d'essayer des vêtements, se maquiller, essayer. Et ce personnage, eh bien, petit à petit, il a commencé à... à avoir du sens au-delà de moi-même. J'en avais besoin pour moi, de lui donner un corps. Et puis après, j'ai fini par comprendre les enjeux de Françoise et pourquoi elle était importante aussi dans l'espace public et pour les autres dans le Jura. Elle s'appelle Françoise d'Ippolution parce qu'elle a... quand même pris forme avec la House of Detritus à Besançon. Voilà Françoise, personnage drague rurale, archétype du commun des mortels et elle est éternellement cinquantenaire.

  • Speaker #1

    ça va j'aime bien ouais mais genre t'aime bien mais quand tu as fait la 15ème fois que t'en mets sur ton crâne pourquoi il faut coller ses sourcils ? alors moi je les colle pour les faire disparaître en fait comme je t'ai dit tout à l'heure je fais une page blanche et donc du coup la première étape pour faire cette page blanche c'est de gommer voilà donc je le gomme et je l'enlève complètement ok donc tu vas voir tout à l'heure je vais ressembler à Voldemort ah Toutes les queens le font pas, c'est pas une étape obligatoire. Moi, je le fais, voilà. Je le fais parce que, bah, ça m'amuse.

  • Speaker #3

    Tu gardes ta barbe.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Parce que, genre, j'aime bien le côté un peu... Un peu, genre,

  • Speaker #4

    queer.

  • Speaker #1

    C'est genre une poilue,

  • Speaker #0

    genre, sur mes graffes de bras.

  • Speaker #1

    Ouais. Et après on va les cramer les sourcils. Ça te dit quoi ? Ouais, je vais faire fondre de la cire sur mes sourcils.

  • Speaker #4

    Ah oui,

  • Speaker #0

    je vois.

  • Speaker #1

    Ouais, moi aussi je vois des fois, mais ça fait mal. Écoute, je vais commencer par mon moi, Sylville, moi je suis vivien, j'ai 22 ans, je suis éducateur pour la protection judiciaire de la jeunesse. les enfants en très grosse difficulté. C'est des enfants qui sont soit borderline avec la loi pour aller en prison, soit qui sont trop jeunes. Et le soir, du coup, je suis Aquari, drag queen en milieu rural, je milite pour nos droits. Je reprends la place qui m'est due et j'anime les longues soirées froides des Cévennes en hiver. Bonsoir tout le monde ! Bienvenue à notre énième édition du Karaoke Planetest Animation Drag. On est content de vous avoir aujourd'hui dans cette nouvelle édition Snow. Snow en anglais c'est l'hiver, parce qu'il fait très froid dehors. Je remercie encore une fois l'herbe folle de nous avoir accueillis encore une fois ce mois-ci. Et je remercie le public d'être ici. Est-ce que vous avez déjà assisté à un drag show ? Tout le monde, c'est incroyable, c'est la première fois que ça arrive. Je ne peux pas faire ma blague de d'habitude, c'est nul. Écoutez, on va commencer avec une performance live. On n'a toujours pas décidé du roast. Qui va commencer ou qui va finir, Kevin ? Ben écoute, moi je vais commencer, je vais vous roster. Vous savez ce que c'est un rost ou pas ? T'es pas prêt chérie ?

  • Speaker #5

    Du coup,

  • Speaker #1

    le rost est une tradition comique où je vais vous mettre au centre de l'attention pour gentiment vous démolir. Bien entendu, tout ça se fait dans un esprit de bienveillance et d'humour. Les blagues peuvent être un peu piquantes, parfois même très osées, mais elles sont toujours faites avec amour. Je suis la mère du vegan, un peu la reine des oignons, des chèvres et des châtaignes. Je suis un peu comme une bogue, je suis bonne à manger mais un peu piquante. Je suis une diva, un petit peu old school et un petit peu futuriste aussi dans mon drague. Que te dire de plus ? Une comédie queen, je pense. Je ne suis pas du tout chanteuse. Je suis né à Nîmes et après j'ai grandi au Vigan depuis mon plus jeune âge. C'est un milieu assez rural, assez vieillissant malgré qu'il y ait quand même beaucoup d'événements. La population peut être assez engagée. Franchement, il y a deux sortes de population ici, il y a soit vraiment la population... extrême gauche anarchiste et à la population extrême droite et Zemmour. J'ai souvent l'habitude de dire que de base j'étais pas du tout dans ce milieu là, j'étais pas un gay qui se maquillait entre guillemets, j'étais un peu l'homo nationaliste, c'est un peu dur à dire tu vois maintenant, mais avec le temps j'ai évolué, je me suis remis en question et en fait je travaillais dans un camping à la sortie du Vigan au Val de l'Arc et en fait chaque mois pendant l'été, la grande saison, il y avait une troupe de transformistes qui venait. Et je n'étais pas fermé à la discussion, donc je suis allé leur discuter avec eux. Et en fait, un soir, ils m'ont dit, écoute, au lieu de cracher ton venin comme tu es en train de le faire, viens avec nous derrière, viens voir ce qu'on fait et juste t'admire. Et donc, du coup, j'ai été derrière eux avec en coulisses, les aidasses habillées, etc. Et en fait, au final, deux ans après, c'est moi qui ai pris leur place. Après, j'ai rencontré Mimi, qui est ma mother drag. Au fur et à mesure, on a commencé à se voir, à pratiquer la scène. Elle m'a appris les bases. Et au fur et à mesure je suis devenu drag queen et maintenant la représentante des Seven et des Ognons Doux. J'ai fait mes études assez loin d'ici, enfin quand même loin, non c'était à deux heures, j'ai fait mes études à Narbonne. Et quand je suis revenu, j'avais cette envie de faire des événements ici où les nuits, comme je t'ai dit, les nuits hivernales et même les nuits d'été sont très très longues. Quand surtout il n'y a rien à faire, on tourne un peu en rond. Et donc au fur et à mesure on a lancé les shows, les blind tests, j'ai rencontré mon fils drag et donc Kevin. qui s'est joint à l'aventure. Après, j'ai rencontré Saba, qui est mon parrain drague, pareil, qui s'est joint à l'aventure. Donc, ça a été tout un monde qui s'est ouvert au fur et à mesure. Les queens ou même les dragues de la ville sont arrivées dans une place qui était déjà faite. Et donc, c'était assez facile pour elles de faire des shows, etc. que moi, j'ai dû me faire toute une place prouver au monde entier que j'étais légitime. Moi, il n'y avait pas du tout le public à la base, donc j'ai dû rencontrer... Plein de personnes, j'ai dû faire plein d'événements possibles et imaginables. J'ai dû aller sur la fête de la soupe en drague, j'ai dû jouer à la pétanque en drague, j'ai dû sauter à l'élastique en drague, pour vraiment prouver que j'étais capable de tout et que me créer un public au fur et à mesure par les rencontres. Et en fait, c'est avec toutes ces rencontres et toutes ces idées folles que j'ai eues que les gens sont venus au fur et à mesure par curiosité au début. Et en fait, après, ils se sont découverts un monde du cabaret qui était à leur goût apparemment, puisqu'ils reviennent encore aujourd'hui. Donc voilà, le show c'est un grand show qu'on fait avec Saba du coup qui est un artiste du Vigan, Kevin et un autre artiste Mimi et moi et donc là en fait t'as toute une population que nous on pensait pas du tout avoir au dernier show, d'habitude on a toujours la même population assez engagée, assez politisée qui vient mais en plus on a toute une partie de population, alors je veux pas faire du David Facies mais d'extrême droite tu vois et j'étais là en mode waouh c'est incroyable ce que j'ai fait, j'arrive à ramener l'extrême droite dans mes shows tu vois et du coup pour leur ouvrir l'esprit. Au dernier show, c'était la veille des élections législatives. Et en fait, du coup, on s'est retrouvé vraiment avec moitié public hyper engagé, hyper politisé. Et l'autre, vraiment, tu voyais que c'était l'extrême droite. Et donc, en fait, tout au long, on a pu leur faire passer des mots, des messages. Par exemple, moi, je sais que j'ai performé sur Charles Aznavour, comme ils disent. À la fin, je leur ai dit, faites gaffe à qui vous votez, parce qu'en fait, sinon, on ne pourra plus refaire ce genre d'événement. Donc, tu vois. plein de petits messages avec des petits pics comme ça qu'on a fait passer. Il y avait plein de messages. Il y avait Saba qui a performé sur Travesti. Donc on a pu faire passer plein de messages sur la sexualité, les LGBTphobies, le harcèlement qu'on pouvait faire passer. C'est apparemment très bien passé puisqu'ils veulent qu'on refasse un deuxième show au mois de février.

  • Speaker #2

    Le drague, c'est politique. On est là, on existe. Il n'y a pas que sur Paris qu'il y a des dragues. Ce n'est pas juste pour le spectacle.

  • Speaker #7

    Le drague est totalement politique. Le fait d'être queer fait de nous qu'on est obligés d'être politiques parce qu'on ne peut pas vivre dans une société aussi standardisée.

  • Speaker #4

    Ce que je vois ici, là, encore et toujours dans nos villages, dans nos villes ou un peu partout dans les départements ruraux, dans les zones de montagne, en région, Ce sont des révolutions hors des codes que l'on essaie de nous imposer. Alors que le drague s'affranchit de tout, on le remet en boîte pour qu'il corresponde. Mais le drague ne doit pas correspondre, puisqu'il est profondément queer. Il ne doit répondre à aucune norme, il doit juste être. En le faisant vivre dans les bistrots, les cafés associatifs, en créant des événements, en poussant à l'altérité, les artistes que j'ai rencontrés dans cet épisode repoussent les murs et reviennent à l'essence. A l'essence, il y a William Dorsey Swan, la première personne à se dire drag queen était un homme noir, né esclave dans l'état du Maryland, militant et à la tête d'un groupe de résistance queer, arrêté, victime de racisme, nous lui devons beaucoup. Comme pour les Pride Payette, je crois qu'il est important de savoir d'où part le drag, car en connaissant notre histoire, nos révolutions ne seront que plus grandes et plus politiques.

  • Speaker #2

    Mon drague, c'est Kao Nocturne. Et à la base, je m'appelais juste Kao, sauf que j'ai été adoptée par Terror Nocturne, qui est notamment ma plus grande inspiration pour le drague. Et c'est en le voyant que j'ai voulu commencer le drague, donc ça me fait super plaisir d'avoir pu avoir le nom Kao Nocturne. Et en fait, je suis partie sur les bases du drag king, mais en essayant d'ajouter un peu une touche justement de... Pas vraiment de monstre, mais plus dans le côté vampire, créature, un peu bizarre. J'ai envie de faire un mix entre... L'humour vraiment décalé, surtout l'humour british très monty piton et tout ça. Et aussi l'exploration plus sérieuse de la folie et un peu de la santé mentale qui peut être très peu stable des fois.

  • Speaker #7

    Mon nom civil c'est Clara. Et je viens d'Ariège, donc vraiment le coin rural, c'est tout le département qui est rural. Que des coins paumés, que des patelins. Et en gros, j'ai rejoint la maison car de base, c'est beaucoup de mes potes qui ont initié le mouvement. Et j'aurais pu être dans cette initiation de mouvement, mais moi j'ai une santé mentale qui est... Un peu terrible par moment, et au moment où ça s'est fait, c'était pas possible pour moi. C'est vraiment des raisons très personnelles. Mais du coup, j'avais toujours un peu ce truc de, à un moment, quand je me le sens, oui, je me lancerai. Parce que moi, j'ai découvert le drag au lycée, avec RuPaul's Drag Race, évidemment. Maintenant, le drag devient mainstream, donc à la fois chouette et à la fois... Du coup, il y a des personnes qui... aiment bien s'approprier maintenant cette culture qu'on a. Alors que pour les personnes queers, c'est un peu un des seuls langages qui nous permet de nous exprimer. Le terme politique est très large dans le sens que c'est pas qu'une critique de la société, c'est vraiment juste globalement... Une revendication de qui on est, là où on se trouve.

  • Speaker #2

    J'ai du mal à me dire que je peux être perçue par les autres. J'ai toujours fait en sorte de me cacher, de faire en sorte que les gens ne me voient pas. Donc le drague, c'est tout l'inverse. J'ai envie d'arriver au bout d'un moment à avoir un drague où je... peut me libérer complètement, à 100% et montrer à quel point j'ai de l'énergie.

  • Speaker #0

    C'est l'art de la transformation et l'art du divertissement aussi. C'est un art qui a un rapport au genre, puisqu'on travaille sur ce conflit de genre. Tu me vois clairement, tu te dis c'est un homme Non, c'est vrai ? On déconne.

  • Speaker #1

    Mais je trouble parce que quand tu me vois de dos,

  • Speaker #0

    il y a quand même des formes féminines.

  • Speaker #2

    Donc voilà, je ne suis ni homme, je ne suis ni femme,

  • Speaker #0

    je suis une drag queen,

  • Speaker #2

    je suis une créature. Moi,

  • Speaker #0

    comment je vois le drag, c'est tout simplement l'art de dire la vérité à travers les artifices.

  • Speaker #2

    Vous allez à la marche mainstream, ce que j'appelle mainstream, la marche mainstream de la gay pride, les plus gros chars,

  • Speaker #0

    ceux qui ont le plus de place,

  • Speaker #2

    c'est les personnes blanches. Et ce sont les mecs, les trans, les tigouines, tout ça. Ça n'a pas autant d'envergure, ça n'a pas autant d'ampleur, il n'y a pas autant de moyens. Le drag queen ou drag king assisé, on est encore moins visibles. Les drag queens et drag kings font face à des lois sans précédent aux Etats-Unis. 12 États veulent complètement interdire ce type de cabaret. Les voix s'élèvent pour critiquer votre présence, ce sera les 14 et 15 juillet à Paris,

  • Speaker #3

    dans le relais de cette flamme,

  • Speaker #2

    et une présence vulgaire, hyper sexualisée, selon Marion Maréchal-Le Pen, ce n'est pas une bonne façon de représenter la France aux yeux du monde. Excusez-moi d'être encore à contre-courant, conclut la tête de liste reconcrète aux européennes. Vous retenez quoi de ces propos ? Le excusez-moi ou le à contre-courant

  • Speaker #0

    Je préfère rien retenir du tout. Je pense qu'il y aura toujours les petits bars dans lesquels cette harpe existait ou elle existera toujours, sans la télé, avec la télé. Mais ça restera toujours mal compris et ça sera toujours sur les bords de notre société et ça restera toujours punk tant qu'il y a des drag queens qui ne peuvent pas se maquiller. Du coup, ça a commencé par une soirée. Une soirée que j'ai montée pour la première fois presque seule, mais pas tout à fait. J'ai prétexté une soirée d'anniversaire. Et j'ai dit, ouais, voilà, c'est mes 25 ans, je voudrais faire une soirée d'anniversaire qui prenne la forme d'un spectacle cabaret. Ça aurait lieu devant chez moi, devant mon garage. Et j'ajoute que j'habite au-dessus de la mairie de ma commune. Et du coup, ça s'appelait les Folles de la Châte. J'ai motivé des amis à moi qui vivent dans le Jura, mais d'autres qui vivent plus loin que j'ai rencontrés à Montpellier. On a monté un spectacle devant chez moi et c'était incroyable. J'avais invité mes parents, les parents de mes amis, mes amis. je pense qu'on était dits environ à monter ce spectacle. Mon entourage s'est avéré être un bon allié là-dedans. Et en fait, ça a trop bien marché. Et c'est là que je me suis rendu compte que cet événement était pertinent. Parce qu'il n'y avait pas que mes amis. Il y avait aussi des gens du village. Vu qu'on était en plein air devant la mairie, devant mon garage, il y a les gens qui promenaient leurs chiens le soir, qui, par curiosité, s'approchaient un petit peu de... devant mon garage et se demandaient ce qui se passait. On les a invités à venir et du coup, ça a créé une espèce de grosse fête comme ça. On a même eu l'honneur de recevoir les chasseurs du village puisqu'ils avaient une réunion le même jour devant la mairie. Et quand ils ont vu trois, quatre folles en train de se préparer et courir partout avec des talons hauts, ils se sont dit que c'était peut-être une bonne idée de venir.

  • Speaker #1

    Mais je sais que dans les Seven, je suis vraiment la seule. Il y a sa sucrerie aussi, sa sucrerie qui est une queen de Gange, vers Gange, avec qui je suis allé en Lauser et on a foulé le territoire lausérien pour la première fois. Après ici, j'espère qu'en élevant des enfants de drague... ils vont enfin se lancer dans leur soirée aussi je sais pas s'ils sont encore prêts mais moi je leur souhaite de lancer aussi leur soirée et de eux aussi prendre des enfants et qu'eux aussi lancent des soirées dans d'autres bars et qu'on envahisse le vegan de perruques et de paillettes L'herbe folle c'est un événement karaoké animation musicale donc si je te fais le planning on ouvre avec une première perf on fait du blind test on ferme avec une deuxième perf il y a une pause On ouvre avec une autre perf, le karaoké on ferme avec une performance. Après comme je t'ai dit c'est vraiment un lieu qui est assez petit comme tu as pu le voir tout à l'heure, on a décidé ça avec Kevin de le faire parce que comme je te disais c'est un lieu où on se retrouve entre personnes queer et comme on n'est pas très nombreux on voulait quelque chose d'assez familial où on peut se retrouver entre copains et entre nous. C'est ouvert à tout le monde, bien entendu, mais ça nous permet de nous retrouver une fois par mois et de pouvoir discuter entre nous de nos vies, nos amours, nos emmerdes, nos histoires de cul, tout ce qui est possible et imaginable. Du coup, c'est assez familial. Tout le monde peut y venir. Il y a du kéfir à boire, c'est incroyable. C'est pour une bonne détox. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Moi c'est Nat, Nataniel en long, je suis étudiante en lettres à la fac de Pau. Et du coup, mes pronoms, c'est il Je suis un mec trans. Mon personnage drague s'appelle Sourey, ce qui veut dire soleil en occitan précisément occitan, béarné. J'essaie de travailler surtout sur le côté théâtral, le côté conceptuel du drague. Le théâtre est une énorme partie de mes études et je voudrais que ce soit ma carrière future. Donc c'est vraiment ça sur quoi je penche mon drague. J'ai beaucoup d'inspiration de l'opéra. de l'histoire de la mise en scène, Antoine Arthaud, etc. Donc voilà, ça c'est mon drag. Moi personnellement je suis palois, née à Pau, élevée à Pau, blonde d'Aquitaine. Et du coup c'est tellement important en effet d'avoir cette représentation queer dans une ville moyenne, surtout une agglomération telle que Pau où il y a la campagne à une demi-heure, genre. Vraiment, il y a des bleds. À une nouvelle heure, tu n'as plus de réseau. Ma famille vit dans des endroits où je ne peux même pas prononcer le nom. Donc, c'est tellement dingue d'avoir ce connect queer en vie qui crée des safe space pour tout le monde, qui crée du contenu, qui crée du divertissement, qui crée du collectif. Et ce qui est génial, c'est qu'on a... assez d'inclusivité, pour qu'il y ait même des gens qui n'ont jamais vu de drague ou qui ne s'intéresseraient pas aux dragues qui viennent ou qui ont envie de participer aux scènes ouvertes. Des gens qui n'auraient jamais vu de drague ailleurs qu'à Drag Race France ou même RuPaul à la télé, donc c'est dingue. Et c'est très important de diversifier le drague parce que je pense quand même que je ne suis pas le plus apte à en parler mais je pense qu'il y a des différences de drague selon les villes. Le drague n'est pas le même à Paris qu'à Bordeaux. qu'ici chez nous et ça nous donne en fait un tremplin de proximité qu'il n'y a pas ailleurs vraiment genre si à un moment il y a quelqu'un qui vient nous envoyer un message pour dire hey je voudrais bien participer enfin je voudrais bien performer si il y a déjà performé on va lui dire ok, viens quand tu veux et si il n'a pas encore performé on peut aussi l'inviter en vrai parce qu'on peut juste faire confiance aux gens Et aussi, on a des scènes ouvertes exprès faites pour ça. Et ça redonne le côté vraiment proche et je dirais débourgeoisé du drague. Je ne sais pas de meilleur mot, mais moi, ça s'apparente tellement à ce côté culture du drague. Et je n'ai plus le mot, mais genre... tout ce qui est bol culture et Paris 6 Burning et tout toutes ces communautés très discriminées très pauvres où il y avait genre tout le monde qui se réunissait et juste créer du divertissement ou de l'art ensemble parce que pour moi le drag est un art donc

  • Speaker #3

    c'est extrêmement important de pas oublier cette perspective quoi concernant le territoire toujours par rapport au territoire du coup ça m'avait pensé à autre chose c'est que même si on n'a pas vraiment fait Faire des shows dans des petits villages, comme on s'exporte, ça pourrait nous arriver, comme à Tarnos, comme on disait. Ça peut être l'occasion de créer un événement queer ou LGBT dans des petits lieux où les gens ne connaissent pas, ou alors... savent qu'ils le sont mais ils n'ont pas trop de communauté là où ils sont et ça peut justement être un vecteur de rencontres entre les gens du village en question parce que du coup ça fait un événement dans leur village qui les intéresse sans que ça soit trop engageant ou sérieux, c'est pas comme une table ronde c'est pas comme un échange où ils doivent s'engager en parlant ou parler d'eux mais ils peuvent juste venir voir et ça leur permet peut-être de rencontrer des gens de leur village qui ne se connaissaient pas ou qui ne savaient pas qu'ils étaient concernés aussi et ça peut être un événement qui est un peu plus agréable que ça peut être un point de départ pour créer des petites communautés queer, de gens qui se rencontrent grâce à ça, peut-être dans des villages.

  • Speaker #1

    Je veux vraiment appuyer sur le truc que je développe tout au Vigan, et que vraiment si j'ai deux shows, par exemple la même date, et qu'il y en a un au Vigan et un à Montpellier, malgré que je sois un peu moins payé au Vigan, par exemple je vais rester au Vigan juste pour le... pour mon message que je veux faire passer et aussi que j'ai une espèce de... Comme je te disais tout à l'heure, je me répète, mais en gros on se retrouve entre queers et j'ai l'impression que si j'accepte ce show ailleurs, je les lâche et je ne fais plus mon devoir de se rencontrer entre nous. Là je suis parti dans l'avenir de développer le drague ici, de l'agrandir dans des bars qu'on ne pourrait pas du tout imaginer qu'il y aurait du drague d'habitude. de pourquoi pas faire des événements vraiment en pleine rue en drague voilà parce que là la dernière fois on a fait la fête de la soupe en drague en plein milieu du vegan sans aucune sécurité et au final c'est plutôt bien passé donc je me suis dit pourquoi pas faire des marchés en drague j'en sais rien moi j'ai toujours un peu des idées loufoques tu vois donc ouais moi je fais des trucs un peu loufoques tu vois là je sais que Première neige avec tous mes enfants de drague. J'ai prévu d'aller faire un shooting photo au Montégoal. Il y a un château au Montégoal. En fait, c'est l'observatoire météo. Et genre, c'est grave beau. Il y a de la glace et tout. Je me suis dit, on peut aller faire des séances photo là-bas. Et après, on va skier en drague. Tu vois, j'ai toujours des trucs un peu loufoques. Comme ça, je me dis, ça peut être grave drôle de reprendre la place de partout. Mais absolument de partout, tu vois. Donc, ça peut être vraiment très drôle à faire.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai commencé par en parler à... des personnes qui étaient déjà sensibles et qui s'interrogeaient déjà d'un point de vue féministe, d'un point de vue queer, d'un point de vue ruralité. C'est les premières personnes vers lesquelles je me suis tourné. moi quand j'ai changé de boulot donc maintenant je travaille dans une fromagerie j'avais déjà commencé le drag depuis longtemps je savais déjà à peu près où je voulais aller donc J'ai interrogé ma place en tant que Xavier dans cette vie rurale en sachant qu'à côté, je faisais du drague et qu'il y avait Françoise. Du coup, mon objectif, c'était quand même d'en parler avec mes collègues. Et mes collègues sont pour la plupart des personnes de 50 ans. j'ai un collègue qui a le même âge que moi et qui est ancré dans une vie de famille, il est papa, il vit les choses complètement différentes, il vit cette vie et cette ruralité et ce boulot d'une manière complètement différente. différentes de la mienne. Du coup, j'ai décidé d'en parler un peu avec eux, de leur dire que je faisais du drag. Et puis, j'ai été confronté à un deuxième regard que j'ai pratiqué. à d'autres endroits, ils trouvent ça amusant. La plupart, ils trouvent ça amusant. Il y a cette perception de Ah, tu te déguises en fille. Et il y a la question de Est-ce que c'est sexuel ce que tu fais ? Il y a plein de questions tenant aussi à est-ce que c'est un boulot ? Est-ce que tu peux te payer avec ? Pourquoi tu fais ça ? Et moi, j'ai trouvé que ce n'était pas moins pertinent. que de discuter avec ça avec d'autres artistes drague que avec des personnes éveillées à ces questionnements là parce que j'ai trouvé que c'était vraiment innocent

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment dire, mais c'est un peu une conviction de me revendiquer drague alternatif. Parce que moi, dans la vie de tous les jours, j'écoute des trucs un peu broussons et je puise en inspiration de ce genre de trucs. Et c'est pour ça que je me vois mal me dire, je fais du drag king, vous pourrez me voir avec des vêtements normaux. En général, j'essaye d'être un peu genre... espèce de créature monstre.

  • Speaker #3

    Le drague, c'est aussi politique dans le sens où c'est un des rares espaces qu'on a en tant que personne connue pour s'exprimer et être absolument librement qui on veut sans avoir... sans se limiter parce qu'il y a des gens qui vont nous regarder dans la rue ou qu'on risque quoi que ce soit ou quoi.

  • Speaker #1

    Vraiment, à chaque fois où on me parle, la plupart du temps, la plupart des personnes ne connaissent même pas mon prénom. Mon vrai prénom, c'est Akowari, direct dans la rue. On parle souvent, à chaque fois que je suis là, de drague et on ne parle pas d'autre chose, de mon autre métier à côté.

  • Speaker #2

    Il y a une diversification du public qui est très encourageante et qui fait plaisir. Et on parle avec tout type de personnes, de tout âge. C'est très chouette. Il y en a marre d'être vraiment comme la société aimerait qu'on soit. Soyez vous-même, purée. Il y a beaucoup le do-it-yourself. Nous, l'argent, on n'en a juste pas pour faire du drag. Tout ce qu'on fait, c'est prendre des trucs de friperie. Il y a beaucoup d'entre nous qui cousent.

  • Speaker #0

    L'existence de mon drag se trouve en ruralité. C'est-à-dire que si je commence à faire du drag exclusivement en ville ou à déménager en ville, ça ne fera plus de sens pour moi.

  • Speaker #2

    Vous venez d'écouter Chancouir. une série documentaire d'Élodie Potente. Merci à Hazel, Clémence, Kito, Clara, Nat et tous les artistes de la Maison des Postiches. Merci aussi à Edouard. Merci à Aquari et Kevin, à l'herbe au fol café associatif du Vigan. Merci à Françoise d'It Pollution. Merci aux queens, aux kings, aux queers et aux créatures qui font vivre nos territoires avec leur art. Si vous avez aimé cet épisode, mettez des étoiles et partagez-le. C'est la seule manière de diffuser Chantouir au plus grand nombre.

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