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Champs Queers

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20min |11/12/2024
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Description

Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


En mai dernier j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté dans l'application notes de mon téléphone "c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu".

J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille, j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer. Est-ce que j'étais bi ? Lesbienne ? Est-ce que j'étais cet autre que les gens allaient juger ? Est-ce que je faisais encore partie de cette société ?

Dans ma petite ville tarnaise je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi. Qui j'allais aimer ?

J'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur. Ca a souvent impliqué des silences, au boulot surtout, dans ma famille aussi, dans certaines situations. Quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation j'ai à nouveau silencié qui j'étais. Dans cet épisod eje voulais parler du Coming out, un sujet qui m'intéresse et me questionne depuis toujours. J'y lis les très beaux textes que des personnes m'ont envoyé et vous entendrez aussi la voix de Nina 🌈


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Répondeur de Chants Queers, c'est toujours la merde en France et les queers emmerdent toujours le Rassemblement National, mais j'espère que cet épisode vous fera du bien. En mai dernier, j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté, dans l'application Notes de mon téléphone, c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu. J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille et j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer, en me demandant si j'étais bi, si j'étais lesbienne, si j'allais devenir cette autre que les gens allaient juger, et si je faisais encore partie de cette société. Dans ma petite ville tarnaise, je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi, ou encore qui j'allais aimer. Mais j'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant, le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur, parce que ça a souvent impliqué pour moi des silences, au boulot surtout, mais aussi dans ma famille et dans certaines situations. Alors quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation, J'ai à nouveau silencié qui j'étais. Beaucoup disent qu'il ne faudrait plus faire de coming out ou que ce mot devrait devenir désuet parce qu'après tout, les hétéros ne disent pas qui ils sont. Oui, il faudrait que l'on n'ait plus à dire, mais on n'en est pas vraiment à ce point-là dans notre société. Alors dire qui on est, peu importe où et comment, mais notamment dans des villages ou des territoires plus ruraux, ça implique plein de choses. Et parfois, ça me fait peur, encore. Je voulais aussi partager avec vous que j'ai mis dix ans à dire à mes parents que j'étais lesbienne. C'est un sujet sur lequel j'aimerais écrire quelque chose un jour, parce que pendant longtemps, je me suis sentie en dehors de la communauté queer à cause de ça. Ne pas dire semblait être pour certains et certaines un choix, alors que j'avais mes raisons propres, et j'ai choisi de le leur dire parce que j'étais prête et que je savais qu'ils accepteraient à peu près. Mais j'avais très peur. Et oui, c'est vrai, la vie est plus belle depuis qu'ils savent, parce qu'ils sont les plus mignons et qu'ils m'acceptent complètement. Mais je leur ai demandé, si je vous avais dit il y a dix ans que j'étais lesbienne, est-ce que vous auriez aussi bien accepté ? Et ils ont été assez francs et m'ont dit non. Parce qu'en fait, ils ont évolué, comme tout le monde, comme la société. Et je crois aussi que c'est pour ça que j'ai tardé à leur dire. Tout ça pour dire que les coming out devraient se faire selon nos règles, nos conditions. Je pense qu'il résulte de notre individualité, de savoir comment on gère le dévoilement de nos identités aux autres. Chacun, chacune, fait comme y'a le veut et y'a le peut. Et pour moi, c'est aussi ça, être queer. Pour ces répondeurs, je voulais mêler des histoires de coming out. J'ai reçu quelques textes que je vais lire, et vous entendrez aussi la voix de Nina. J'espère que ce répondeur vous plaira. Bonne écoute, et abonnez-vous à Chant Queer, mettez des... étoiles, mettez, commentez sur les réseaux, partagez autour de vous parce que ce podcast il est indépendant et il ne vit que grâce à vous. Texte de Justine, bisexuelle. Je viens de la campagne, au cœur de la diagonale du vide. L'électricité et la connexion internet, pas de soucis, on a. Par contre, la représentation queer, c'est beaucoup plus compliqué. Je n'avais aucun exemple de couple homosexuel dans mon entourage, à l'école ou dans mon village. S'il y en avait, il se faisait discret. J'ai donc mis beaucoup de temps à reconnaître ma bisexualité et le fait que je pouvais aimer et désirer une femme. Quand j'ai décidé d'annoncer à mon entourage vivant en campagne que j'étais en couple avec une femme, j'ai beaucoup appréhendé. Pour mon père, agriculteur, qui apprécie perpétuer les traditions, ce fut effectivement compliqué à entendre. Il a été ranchon toute la journée, mais je le comprends. Sans représentation sur notre territoire, comment ne pas s'inquiéter pour son enfant ? La meilleure réaction suite à mes coming out fut celle de mes amis de la Diagonale du Vide. Ils s'en foutaient complètement. Ils voulaient savoir qui était cette femme qui partageait désormais ma vie, mais n'avait que faire de ma sexualité. Je crois que la jeunesse rurale perçoit différemment la culture queer qu'en ville, mais l'accepte tout autant.

  • Speaker #1

    Alors parler de coming out, c'est à la fois simple et hyper compliqué pour moi. Clairement, je ne pourrais pas parler de... Coming out, mais de... des coming out, et c'est toujours en cours, c'est un long process, beaucoup de répétitions, avec quand même des moments un peu clés. Moi, il a fallu que, déjà, je fasse un coming in, que je comprenne que j'étais une meuf trans, ça m'a pris pas mal de temps. Au fil de ce coming in, j'ai fait de multiples coming out aux personnes les plus proches de moi, qui sont donc ma compagne, ma frangine, quelques amis très proches. Ma mère aussi, avec des infos que je donnais aux personnes au fil de mon cheminement intérieur et qui permettaient un petit peu aux personnes de savoir où j'en étais. Alors bien sûr, je faisais très attention à quelles infos je donnais, à qui, à quel moment, parce que pour moi, c'était important de me sentir toujours en sécurité et de sentir que... que les personnes étaient en mesure de prendre ces infos et que ça avait de la pertinence à ce moment-là. Après, il y a eu un moment donné où je me suis assumée complètement en tant que meuf trans, que j'ai su que j'allais transitionner. Et à ce moment-là, j'ai fait un coming out à ma compagne. Mais bon, c'était la suite de plein, plein, plein de petits coming out. Pour lui dire que j'allais transitionner, j'ai fait des coming out à ma frangine et à ma mère, qui sont deux des personnes les plus proches de moi. un petit peu à l'avance, avant d'en parler aux autres. Et après, moi, se posait beaucoup la question du coming out aux enfants et aux personnes avec qui je vis parce que je vis dans un lieu collectif. Et à partir de là, du coming out au reste du monde. Moi, j'ai eu la chance d'être entourée de personnes quand même super chouettes, qui ont été plutôt soutenantes. Pour ma compagne, ça a quand même été... très compliqué, c'est toujours pas évident c'est vraiment pas son monde les questions queer, les questions de transidentité voilà c'est pas évident moi je vis dans un milieu où il y a beaucoup de gens qui sont très axés nature, développement personnel être pas de médicament être proche de soi, de la nature et tout ça donc les questions de transidentité c'est hyper touchy dans ces contextes là Parce que ça vient toucher aux valeurs des personnes par rapport à la question des hormones, la question de la médication. Et après, ma frangine et ma mère, elles, ont été des super soutiens. Et les amis proches ont posé des questions aussi, mais ont été des super soutiens. Donc ça m'a permis quand même d'avoir une petite base de personnes proches hyper importantes qui m'ont soutenue, dont je savais qu'elles seraient là en soutien. à partir du moment où je passerai au gros coming out social.

  • Speaker #0

    Texte envoyé par Prisme. J'ai parfois l'impression d'être un bourgeon tardif lorsqu'il s'agit d'être queer, comme celles-eux qui se découvrent gays ou lesbiennes à 30, 40, 50 ans. Sauf que ce n'est pas mon cas. Je sais que je suis queer depuis au moins le collège, mais je n'ai pas eu les clés, les codes avant bien longtemps, et honnêtement, même à mes 26 ans aujourd'hui, je ne suis pas sûre de les avoir. Je me revois à 14 ans, perdue, avec un crush sur une fille pour la toute première fois. Dans mon collège en 2013, tout le monde a l'air le plus hétéro possible, ou en tout cas personne n'est ouvertement LGBTQIA+. Il y a un garçon, un peu efféminé comme on disait à l'époque, peut-être que lui il est, mais quoi qu'il en soit, et peu importe ce qu'il est, ça ne plaît pas beaucoup et dérange le doux monde de la masculinité. Mon école à ce moment-là en est le royaume. Toutes les filles sortent avec des garçons. On veut toute leur attention, coûte que coûte, sauf une. Il y a cette fille. Je ne crois pas qu'elle soit déjà sortie avec quelqu'un, ou qu'elle cherche à le faire. Elle est ce qu'on pourrait nommer en termes désuets un garçon manqué. Les garçons l'apprécient, à l'instar du mec efféminé mentionné plus haut. Ils l'apprécient car c'est l'une des leurs, elles agissent selon leurs codes. Attitude cool, blagueuse, insouciante, et elles portent des vêtements codés comme masculins. Ces deux personnes sont à peu près les seules représentations que j'ai eues de gens qui brisaient un tant soit peu les normes de genre, et donc de l'hétérosexualité compulsive qui nous collait tous et toutes à la peau à l'époque. C'est précisément à cette période-là de ma vie que j'aurais aimé que mes parents me soutiennent activement, ouvertement. Car cette même année, je décide justement de leur faire un de mes coming-out, celui qui me fait le plus peur. 2013, l'année du mariage pour tous et des débats qui vont avec. On vit en milieu rural, mes parents n'ont pas vraiment d'amis. Y'a le vif dans leur bulle, bercée par la télévision. Je me dégonfle et choisis de me confier uniquement en ma mère, considérant mon père bien plus fermé d'esprit, et craignant davantage son rejet. Je me rappelle avoir tourné autour du pot longtemps, déchiquetant petit bout par petit bout une peau de clémentine, pendant que ma mère attendait la suite de mon discours, inquiète pour moi. J'étais terrifiée de lui dire. Je pense qu'elle n'avait aucune idée de ce que j'allais lui confier. J'ai fini par le faire, je lui dis que j'aime les filles aussi. Je ne sais pas si je connaissais le mot bisexuel à l'époque. Je lui exprime aussi mes peurs qu'elle ne m'aime plus après ça. Elle m'a tout de suite rassurée. Rien au grand jamais ne stoppera son amour pour moi. Ouf, énorme soulagement. Je m'attendais tellement à pire que je prends ça comme une réussite, ce moment. Pas de drame, ça veut dire que tout s'est bien passé, n'est-ce pas ? Et si le sujet n'est pas revenu sur la table après ça, c'est une bonne nouvelle. Onze ans plus tard, je me rends compte que ce n'était pas suffisant. Elle ne m'a pas rejetée, certes. Elle m'a toujours aimée, certes. Mais elle ne m'a pas dit c'est tout à fait ok d'être qui tu es, des tas de gens comme toi existent Elle ne m'a pas dit parle-moi-en quand tu veux, n'aie jamais honte Elle ne m'a pas dit deux femmes ensemble, ça fonctionne très bien, tout comme deux hommes ou un homme et une femme Tout ce qu'elle a rajouté, après m'avoir rassurée et dit qu'elle m'aimait, ce sont ces quelques petits mots prononcés plus pour elle-même comme si elle pensait à voix haute. Mais quand même, deux femmes ensemble, ça fait bizarre, comment ça marche ? Je ne sais pas si elle faisait référence au sexe ou à la procréation. Je sais juste que je n'avais moi-même pas la réponse à cette question et que ça m'a désœuvrée comme réaction. Ça ne se voulait pas méchant du tout, c'était vraiment pour de vrai comment ça fonctionne car moi on ne m'a jamais éduquée sur le sujet. Ma mère n'avait pas les outils nécessaires pour ce moment, moi non plus. Sans le savoir et sans le vouloir, elle a malheureusement planté une graine dans ma tête ce jour-là qui a influencé mes expériences queer à venir. Comment on fait avec les femmes ? C'est donc une question sans réponse, tournant dans ma tête des années durant. Aimer l'empeur, honte, évitement. Trois éléments qui ont régi ma vie affective et sexuelle en tant que personne LGBT+, et qui ont encore des répercussions sur moi aujourd'hui, à 26 ans. Texte de Laura. Tout a commencé quand je devais avoir 14-15 ans. J'étais au collège en 3ème année, à Lyon. J'embrassais la crise d'adolescence à pleine bouche. Mon style vestimentaire était un vrai désastre, et ma coupe de cheveux le résultat raté d'une prise de contrôle de mon corps. De caractère assez calme, je ne faisais pas de vagues. Mais je ressentais néanmoins un grondement intérieur qui grandissait. Je me souviens que j'étais très mal dans mon corps et mon esprit avait beaucoup de tristesse. Le commencement. C'était un mardi matin, pendant la cour de récré, une fille que je ne connaissais pas est venue me donner une lettre en me disant que c'était de la part d'une personne que je reconnaîtrais peut-être. Je ne le savais pas encore mais cette lettre a été le début de tous mes soucis. Dans la lettre, la personne se présentait et déclarait très clairement son béguin pour moi et ma coupe de cheveux, qui ne ressemblaient à rien. Je suis allée la voir directement après lecture de la lettre, et ça a été mon premier coup de foudre. Elle s'appelait Tiffany, elle avait les cheveux courts et portait un bagui. Je n'ai pas été perturbée par le fait que ça a été une fille, je ne me sentais pas pour autant lesbienne, j'étais rien du tout à cette époque, je n'avais aucune appartenance. Durant nos premiers échanges, mes jambes plageolaient et mon cœur s'emballait, tout était incroyable. Je me souviens de cette excitation qui venait pour la première fois envahir mon corps, cette chaleur qui venait le remplir encore et encore, c'était fou. L'effondrement. Nous discutons par texto, sur MSN, beaucoup. Ma mère remarque un changement dans mon comportement, je deviens plus secrète et distante. Elle n'aime pas la manière dont je m'habille et me demande mais tu veux plaire à qui comme ça ? J'ai envie de le lui dire mais je comprends très vite que ce ne sera pas accepté. Ma mère a d'autres envies et projets pour moi. Les conflits à la maison sont de plus en plus présents et le temps que je passe sur mon portable se remarque. Mes parents sont très protecteurs, voire étouffants. Et c'est à ce moment-là... Dans l'espoir de garder cette emprise parentale sur moi, que ma mère trouve le moyen de lire mes messages. Je suis convoquée un matin dans la cuisine, lieu de réunion et de règlement de compte. Je ne suis plus rien, mon monde s'effondre. Mon jardin est mis à nu, je deviens vide, sans le moindre secret. Toutes mes conversations ont été notées sur papier, comme preuve de quelque chose d'horrible. Je suis en train d'assister à une sorte de coming out forcé. J'entends les mots lesbienne, homosexuel, sortir de la bouche de ma mère comme un dégoût. La guerre froide. L'accès à internet est limité et le portable confisqué. Mes sorties sont restreintes et mes parents m'amènent à chaque déplacement pour voir où je vais. Il m'est interdit de revoir Tiffany, mais c'est compliqué car nous sommes dans le même collège. Ma mère n'hésite pas à en parler au sous-directeur de l'établissement. Je suis convoquée le lendemain, nous discutons de l'homosexualité dans son bureau. C'est un sujet qui ne maîtrise pas plus que moi. Notre relation commence à s'ébruter et nous devenons l'événement de l'année. Beaucoup de regards, de chuchotements. Cette période a été la pire de toutes car je n'étais bien nulle part. Rentrer chez moi devenait source d'angoisse et le collège un lieu d'exposition aux yeux de tous. Le quotidien était devenu souffrance, conflit, rejet, vide. La relation mère-fille n'existe plus. Je ne partagerai plus rien avec elle. Notre lien fut complètement détruit. Le renouveau. Je suis à la fin du lycée, début des études supérieures et quelque chose commence à frémir. Dans ma famille, j'ai un petit cousin qui est gay. Je pense qu'il est à l'origine de ce changement. A la fin de mes études, je quitte la ville pour Toulouse. temporairement au départ et finalement je décide de m'y installer. Et j'ai commencé à vivre. Et maintenant, je vois mes parents quelques fois par an, pour les fêtes et les vacances. Nos relations se sont beaucoup apaisées, voire même guéries. Il a fallu de la douleur, de la colère et énormément de temps pour que les tensions s'envolent. J'ai une grande fierté pour ma mère car elle en a fait du chemin. Je lui en ai fait baver mais elle n'a rien lâché. Elle est forte. Quant à mon père, il était plutôt du genre à fuir tout conflit et s'évader dans le travail. Je ne pense pas que ma sexualité soit acceptée entièrement par mes deux parents, mais ils n'ont pas le choix. J'ai toujours une légère appréhension lorsque je leur présente une personne, mais dorénavant je sais qu'elle sera accueillie sans souci. Ce que je retiens de ce coming out, c'est que j'aurais aimé être plus entourée par des personnes concernées, avoir du soutien. J'étais seule au milieu d'un volcan en train d'exploser, et ce n'était vraiment pas drôle. Il faut du courage, de la communication, et accepter aussi le fait que les autres aient leur propre cheminement d'acceptation.

  • Speaker #1

    Ensuite, il y a donc la question des enfants. Moi j'ai deux enfants avec ma compagne, et ça c'était un gros gros gros pas à faire, d'en parler aux enfants. Et c'était un peu touchy parce que moi j'avais assez confiance dans le fait qu'ils prennent ça bien, qu'il n'y ait pas de soucis, puisque les questions de... Les questions de genre, les questions de transidentité, c'est des choses qu'on parlait déjà depuis des années. Et je les sentais tranquilles avec ça, il n'y avait pas de soucis. Ils avaient déjà rencontré des copains de trans à moi, ça ne posait aucun problème. Mais par contre, vu que je vis dans un lieu collectif, avec d'autres adultes, d'autres enfants, que mes enfants sont à l'école aussi, et que je n'avais surtout pas envie de dire à mes enfants de ne pas en parler au reste des gens, Pour moi, c'était évident que si j'en parlais à mes enfants, c'était au moment où j'en parlais au reste du monde. Parce que je savais que si j'en parlais à mes enfants, le reste du monde allait le savoir à partir du moment où les enfants y parlent. Et que les autres allaient être au courant. C'était important pour moi que les personnes avec lesquelles j'habite n'apprennent pas forcément par mes enfants. Il fallait que tout le monde soit au courant un petit peu en même temps. Donc ça a créé une grosse question du moment du coming out, du gros coming out social. À quel moment est-ce que je plaçais ça pour moi ? Et donc ça m'a forcé à attendre un petit peu. Il y a passé plusieurs mois alors que c'était clair que je transitionnais, j'avais déjà commencé les hormones, il y avait déjà plusieurs personnes proches qui étaient au courant, mais j'ai attendu plusieurs mois. Avant de faire mon coming out à mes enfants et donc mon coming out social général, parce que j'ai souhaité attendre le début des grandes vacances d'été, des vacances scolaires d'été, pour ne pas leur annoncer ça à un moment en plein milieu de la période scolaire, avec le risque que les enfants à l'école l'apprennent, qu'il y ait des complications, des rejets, que ce soit difficile et que ce soit tout ça, en même temps que le moment où nous on apprivoise un petit peu cette nouveauté dans notre vie. Nous, on habite en pleine campagne. Il y a beaucoup de gens qui votent très à droite. J'ai fait mon coming out pile poil dans l'entre-deux-tours des élections législatives cette année. C'était une période hyper anxiogène par rapport au climat politique. C'était l'horreur. J'avais très peur de ça. C'était important de me sentir un peu en sécurité et de sentir qu'on allait pouvoir vivre ça de manière plus tranquille avec mes enfants, ma compagne. et se faire un petit peu à tout ça. Moi, mes enfants, au moment du coming out, ils avaient 7 et 9 ans. Et pour eux, ça a été vraiment, ah ok, je prends note, très bien, t'as ce nouveau prénom. Voilà, maintenant tu t'appelles Nina, ok, on t'appelle plus papa, très bien. Et après, il y a ce contexte un peu spécial que moi je vis dans un collectif avec ma compagne. Il y a 9 autres adultes. Et il y a nos enfants plus 7 autres enfants dans ce collectif. Et c'est pas du tout un collectif queer, c'est un collectif de couples cis-hétéro classiques, de gens très chouettes, très ouverts, mais qui n'évoluent pas du tout dans les mondes queer. Et forcément j'avais un petit peu d'inquiétude par rapport à comment ça serait pris, par rapport à mes voisins, voisines, c'est quand même des gens que je fréquente tout le temps. Et voilà, donc ça a été important pour moi de faire ce coming out auprès des personnes avec qui je vis, de le faire famille par famille, de prendre le temps, personne par personne, pas individuellement, mais famille par famille pour prendre le temps d'annoncer ça. d'entendre leurs réactions, de le dire en direct, d'être avec eux, de les accompagner là-dedans, de prendre le temps. Voilà, et c'était beaucoup d'anxiété pour moi d'y aller, mais j'ai été super bien accueilli par chaque personne, avec quelques petites questions à côté de la plaque à des moments, mais globalement pas tant. Les gens étaient quand même dans une grande délicatesse. Et moi j'avais fait le choix. D'annoncer aux adultes, d'abord, parce que je savais, j'avais un petit peu peur de la panique morale par rapport aux enfants, que les adultes aient peur de comment leurs enfants allaient le prendre. Donc j'avais envie d'abord de l'annoncer aux adultes pour qu'ils aient le temps d'intégrer la nouvelle. Et après, j'ai proposé à toutes les familles qui avaient des enfants sur le collectif de faire une annonce globale à tous les enfants en même temps, où il y aurait mes enfants qui seraient là aussi, où ça pourrait papoter, répondre un peu aux questions et tout ça.

  • Speaker #0

    Fin des nouveaux messages

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Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


En mai dernier j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté dans l'application notes de mon téléphone "c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu".

J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille, j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer. Est-ce que j'étais bi ? Lesbienne ? Est-ce que j'étais cet autre que les gens allaient juger ? Est-ce que je faisais encore partie de cette société ?

Dans ma petite ville tarnaise je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi. Qui j'allais aimer ?

J'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur. Ca a souvent impliqué des silences, au boulot surtout, dans ma famille aussi, dans certaines situations. Quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation j'ai à nouveau silencié qui j'étais. Dans cet épisod eje voulais parler du Coming out, un sujet qui m'intéresse et me questionne depuis toujours. J'y lis les très beaux textes que des personnes m'ont envoyé et vous entendrez aussi la voix de Nina 🌈


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    Bienvenue sur le Répondeur de Chants Queers, c'est toujours la merde en France et les queers emmerdent toujours le Rassemblement National, mais j'espère que cet épisode vous fera du bien. En mai dernier, j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté, dans l'application Notes de mon téléphone, c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu. J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille et j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer, en me demandant si j'étais bi, si j'étais lesbienne, si j'allais devenir cette autre que les gens allaient juger, et si je faisais encore partie de cette société. Dans ma petite ville tarnaise, je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi, ou encore qui j'allais aimer. Mais j'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant, le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur, parce que ça a souvent impliqué pour moi des silences, au boulot surtout, mais aussi dans ma famille et dans certaines situations. Alors quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation, J'ai à nouveau silencié qui j'étais. Beaucoup disent qu'il ne faudrait plus faire de coming out ou que ce mot devrait devenir désuet parce qu'après tout, les hétéros ne disent pas qui ils sont. Oui, il faudrait que l'on n'ait plus à dire, mais on n'en est pas vraiment à ce point-là dans notre société. Alors dire qui on est, peu importe où et comment, mais notamment dans des villages ou des territoires plus ruraux, ça implique plein de choses. Et parfois, ça me fait peur, encore. Je voulais aussi partager avec vous que j'ai mis dix ans à dire à mes parents que j'étais lesbienne. C'est un sujet sur lequel j'aimerais écrire quelque chose un jour, parce que pendant longtemps, je me suis sentie en dehors de la communauté queer à cause de ça. Ne pas dire semblait être pour certains et certaines un choix, alors que j'avais mes raisons propres, et j'ai choisi de le leur dire parce que j'étais prête et que je savais qu'ils accepteraient à peu près. Mais j'avais très peur. Et oui, c'est vrai, la vie est plus belle depuis qu'ils savent, parce qu'ils sont les plus mignons et qu'ils m'acceptent complètement. Mais je leur ai demandé, si je vous avais dit il y a dix ans que j'étais lesbienne, est-ce que vous auriez aussi bien accepté ? Et ils ont été assez francs et m'ont dit non. Parce qu'en fait, ils ont évolué, comme tout le monde, comme la société. Et je crois aussi que c'est pour ça que j'ai tardé à leur dire. Tout ça pour dire que les coming out devraient se faire selon nos règles, nos conditions. Je pense qu'il résulte de notre individualité, de savoir comment on gère le dévoilement de nos identités aux autres. Chacun, chacune, fait comme y'a le veut et y'a le peut. Et pour moi, c'est aussi ça, être queer. Pour ces répondeurs, je voulais mêler des histoires de coming out. J'ai reçu quelques textes que je vais lire, et vous entendrez aussi la voix de Nina. J'espère que ce répondeur vous plaira. Bonne écoute, et abonnez-vous à Chant Queer, mettez des... étoiles, mettez, commentez sur les réseaux, partagez autour de vous parce que ce podcast il est indépendant et il ne vit que grâce à vous. Texte de Justine, bisexuelle. Je viens de la campagne, au cœur de la diagonale du vide. L'électricité et la connexion internet, pas de soucis, on a. Par contre, la représentation queer, c'est beaucoup plus compliqué. Je n'avais aucun exemple de couple homosexuel dans mon entourage, à l'école ou dans mon village. S'il y en avait, il se faisait discret. J'ai donc mis beaucoup de temps à reconnaître ma bisexualité et le fait que je pouvais aimer et désirer une femme. Quand j'ai décidé d'annoncer à mon entourage vivant en campagne que j'étais en couple avec une femme, j'ai beaucoup appréhendé. Pour mon père, agriculteur, qui apprécie perpétuer les traditions, ce fut effectivement compliqué à entendre. Il a été ranchon toute la journée, mais je le comprends. Sans représentation sur notre territoire, comment ne pas s'inquiéter pour son enfant ? La meilleure réaction suite à mes coming out fut celle de mes amis de la Diagonale du Vide. Ils s'en foutaient complètement. Ils voulaient savoir qui était cette femme qui partageait désormais ma vie, mais n'avait que faire de ma sexualité. Je crois que la jeunesse rurale perçoit différemment la culture queer qu'en ville, mais l'accepte tout autant.

  • Speaker #1

    Alors parler de coming out, c'est à la fois simple et hyper compliqué pour moi. Clairement, je ne pourrais pas parler de... Coming out, mais de... des coming out, et c'est toujours en cours, c'est un long process, beaucoup de répétitions, avec quand même des moments un peu clés. Moi, il a fallu que, déjà, je fasse un coming in, que je comprenne que j'étais une meuf trans, ça m'a pris pas mal de temps. Au fil de ce coming in, j'ai fait de multiples coming out aux personnes les plus proches de moi, qui sont donc ma compagne, ma frangine, quelques amis très proches. Ma mère aussi, avec des infos que je donnais aux personnes au fil de mon cheminement intérieur et qui permettaient un petit peu aux personnes de savoir où j'en étais. Alors bien sûr, je faisais très attention à quelles infos je donnais, à qui, à quel moment, parce que pour moi, c'était important de me sentir toujours en sécurité et de sentir que... que les personnes étaient en mesure de prendre ces infos et que ça avait de la pertinence à ce moment-là. Après, il y a eu un moment donné où je me suis assumée complètement en tant que meuf trans, que j'ai su que j'allais transitionner. Et à ce moment-là, j'ai fait un coming out à ma compagne. Mais bon, c'était la suite de plein, plein, plein de petits coming out. Pour lui dire que j'allais transitionner, j'ai fait des coming out à ma frangine et à ma mère, qui sont deux des personnes les plus proches de moi. un petit peu à l'avance, avant d'en parler aux autres. Et après, moi, se posait beaucoup la question du coming out aux enfants et aux personnes avec qui je vis parce que je vis dans un lieu collectif. Et à partir de là, du coming out au reste du monde. Moi, j'ai eu la chance d'être entourée de personnes quand même super chouettes, qui ont été plutôt soutenantes. Pour ma compagne, ça a quand même été... très compliqué, c'est toujours pas évident c'est vraiment pas son monde les questions queer, les questions de transidentité voilà c'est pas évident moi je vis dans un milieu où il y a beaucoup de gens qui sont très axés nature, développement personnel être pas de médicament être proche de soi, de la nature et tout ça donc les questions de transidentité c'est hyper touchy dans ces contextes là Parce que ça vient toucher aux valeurs des personnes par rapport à la question des hormones, la question de la médication. Et après, ma frangine et ma mère, elles, ont été des super soutiens. Et les amis proches ont posé des questions aussi, mais ont été des super soutiens. Donc ça m'a permis quand même d'avoir une petite base de personnes proches hyper importantes qui m'ont soutenue, dont je savais qu'elles seraient là en soutien. à partir du moment où je passerai au gros coming out social.

  • Speaker #0

    Texte envoyé par Prisme. J'ai parfois l'impression d'être un bourgeon tardif lorsqu'il s'agit d'être queer, comme celles-eux qui se découvrent gays ou lesbiennes à 30, 40, 50 ans. Sauf que ce n'est pas mon cas. Je sais que je suis queer depuis au moins le collège, mais je n'ai pas eu les clés, les codes avant bien longtemps, et honnêtement, même à mes 26 ans aujourd'hui, je ne suis pas sûre de les avoir. Je me revois à 14 ans, perdue, avec un crush sur une fille pour la toute première fois. Dans mon collège en 2013, tout le monde a l'air le plus hétéro possible, ou en tout cas personne n'est ouvertement LGBTQIA+. Il y a un garçon, un peu efféminé comme on disait à l'époque, peut-être que lui il est, mais quoi qu'il en soit, et peu importe ce qu'il est, ça ne plaît pas beaucoup et dérange le doux monde de la masculinité. Mon école à ce moment-là en est le royaume. Toutes les filles sortent avec des garçons. On veut toute leur attention, coûte que coûte, sauf une. Il y a cette fille. Je ne crois pas qu'elle soit déjà sortie avec quelqu'un, ou qu'elle cherche à le faire. Elle est ce qu'on pourrait nommer en termes désuets un garçon manqué. Les garçons l'apprécient, à l'instar du mec efféminé mentionné plus haut. Ils l'apprécient car c'est l'une des leurs, elles agissent selon leurs codes. Attitude cool, blagueuse, insouciante, et elles portent des vêtements codés comme masculins. Ces deux personnes sont à peu près les seules représentations que j'ai eues de gens qui brisaient un tant soit peu les normes de genre, et donc de l'hétérosexualité compulsive qui nous collait tous et toutes à la peau à l'époque. C'est précisément à cette période-là de ma vie que j'aurais aimé que mes parents me soutiennent activement, ouvertement. Car cette même année, je décide justement de leur faire un de mes coming-out, celui qui me fait le plus peur. 2013, l'année du mariage pour tous et des débats qui vont avec. On vit en milieu rural, mes parents n'ont pas vraiment d'amis. Y'a le vif dans leur bulle, bercée par la télévision. Je me dégonfle et choisis de me confier uniquement en ma mère, considérant mon père bien plus fermé d'esprit, et craignant davantage son rejet. Je me rappelle avoir tourné autour du pot longtemps, déchiquetant petit bout par petit bout une peau de clémentine, pendant que ma mère attendait la suite de mon discours, inquiète pour moi. J'étais terrifiée de lui dire. Je pense qu'elle n'avait aucune idée de ce que j'allais lui confier. J'ai fini par le faire, je lui dis que j'aime les filles aussi. Je ne sais pas si je connaissais le mot bisexuel à l'époque. Je lui exprime aussi mes peurs qu'elle ne m'aime plus après ça. Elle m'a tout de suite rassurée. Rien au grand jamais ne stoppera son amour pour moi. Ouf, énorme soulagement. Je m'attendais tellement à pire que je prends ça comme une réussite, ce moment. Pas de drame, ça veut dire que tout s'est bien passé, n'est-ce pas ? Et si le sujet n'est pas revenu sur la table après ça, c'est une bonne nouvelle. Onze ans plus tard, je me rends compte que ce n'était pas suffisant. Elle ne m'a pas rejetée, certes. Elle m'a toujours aimée, certes. Mais elle ne m'a pas dit c'est tout à fait ok d'être qui tu es, des tas de gens comme toi existent Elle ne m'a pas dit parle-moi-en quand tu veux, n'aie jamais honte Elle ne m'a pas dit deux femmes ensemble, ça fonctionne très bien, tout comme deux hommes ou un homme et une femme Tout ce qu'elle a rajouté, après m'avoir rassurée et dit qu'elle m'aimait, ce sont ces quelques petits mots prononcés plus pour elle-même comme si elle pensait à voix haute. Mais quand même, deux femmes ensemble, ça fait bizarre, comment ça marche ? Je ne sais pas si elle faisait référence au sexe ou à la procréation. Je sais juste que je n'avais moi-même pas la réponse à cette question et que ça m'a désœuvrée comme réaction. Ça ne se voulait pas méchant du tout, c'était vraiment pour de vrai comment ça fonctionne car moi on ne m'a jamais éduquée sur le sujet. Ma mère n'avait pas les outils nécessaires pour ce moment, moi non plus. Sans le savoir et sans le vouloir, elle a malheureusement planté une graine dans ma tête ce jour-là qui a influencé mes expériences queer à venir. Comment on fait avec les femmes ? C'est donc une question sans réponse, tournant dans ma tête des années durant. Aimer l'empeur, honte, évitement. Trois éléments qui ont régi ma vie affective et sexuelle en tant que personne LGBT+, et qui ont encore des répercussions sur moi aujourd'hui, à 26 ans. Texte de Laura. Tout a commencé quand je devais avoir 14-15 ans. J'étais au collège en 3ème année, à Lyon. J'embrassais la crise d'adolescence à pleine bouche. Mon style vestimentaire était un vrai désastre, et ma coupe de cheveux le résultat raté d'une prise de contrôle de mon corps. De caractère assez calme, je ne faisais pas de vagues. Mais je ressentais néanmoins un grondement intérieur qui grandissait. Je me souviens que j'étais très mal dans mon corps et mon esprit avait beaucoup de tristesse. Le commencement. C'était un mardi matin, pendant la cour de récré, une fille que je ne connaissais pas est venue me donner une lettre en me disant que c'était de la part d'une personne que je reconnaîtrais peut-être. Je ne le savais pas encore mais cette lettre a été le début de tous mes soucis. Dans la lettre, la personne se présentait et déclarait très clairement son béguin pour moi et ma coupe de cheveux, qui ne ressemblaient à rien. Je suis allée la voir directement après lecture de la lettre, et ça a été mon premier coup de foudre. Elle s'appelait Tiffany, elle avait les cheveux courts et portait un bagui. Je n'ai pas été perturbée par le fait que ça a été une fille, je ne me sentais pas pour autant lesbienne, j'étais rien du tout à cette époque, je n'avais aucune appartenance. Durant nos premiers échanges, mes jambes plageolaient et mon cœur s'emballait, tout était incroyable. Je me souviens de cette excitation qui venait pour la première fois envahir mon corps, cette chaleur qui venait le remplir encore et encore, c'était fou. L'effondrement. Nous discutons par texto, sur MSN, beaucoup. Ma mère remarque un changement dans mon comportement, je deviens plus secrète et distante. Elle n'aime pas la manière dont je m'habille et me demande mais tu veux plaire à qui comme ça ? J'ai envie de le lui dire mais je comprends très vite que ce ne sera pas accepté. Ma mère a d'autres envies et projets pour moi. Les conflits à la maison sont de plus en plus présents et le temps que je passe sur mon portable se remarque. Mes parents sont très protecteurs, voire étouffants. Et c'est à ce moment-là... Dans l'espoir de garder cette emprise parentale sur moi, que ma mère trouve le moyen de lire mes messages. Je suis convoquée un matin dans la cuisine, lieu de réunion et de règlement de compte. Je ne suis plus rien, mon monde s'effondre. Mon jardin est mis à nu, je deviens vide, sans le moindre secret. Toutes mes conversations ont été notées sur papier, comme preuve de quelque chose d'horrible. Je suis en train d'assister à une sorte de coming out forcé. J'entends les mots lesbienne, homosexuel, sortir de la bouche de ma mère comme un dégoût. La guerre froide. L'accès à internet est limité et le portable confisqué. Mes sorties sont restreintes et mes parents m'amènent à chaque déplacement pour voir où je vais. Il m'est interdit de revoir Tiffany, mais c'est compliqué car nous sommes dans le même collège. Ma mère n'hésite pas à en parler au sous-directeur de l'établissement. Je suis convoquée le lendemain, nous discutons de l'homosexualité dans son bureau. C'est un sujet qui ne maîtrise pas plus que moi. Notre relation commence à s'ébruter et nous devenons l'événement de l'année. Beaucoup de regards, de chuchotements. Cette période a été la pire de toutes car je n'étais bien nulle part. Rentrer chez moi devenait source d'angoisse et le collège un lieu d'exposition aux yeux de tous. Le quotidien était devenu souffrance, conflit, rejet, vide. La relation mère-fille n'existe plus. Je ne partagerai plus rien avec elle. Notre lien fut complètement détruit. Le renouveau. Je suis à la fin du lycée, début des études supérieures et quelque chose commence à frémir. Dans ma famille, j'ai un petit cousin qui est gay. Je pense qu'il est à l'origine de ce changement. A la fin de mes études, je quitte la ville pour Toulouse. temporairement au départ et finalement je décide de m'y installer. Et j'ai commencé à vivre. Et maintenant, je vois mes parents quelques fois par an, pour les fêtes et les vacances. Nos relations se sont beaucoup apaisées, voire même guéries. Il a fallu de la douleur, de la colère et énormément de temps pour que les tensions s'envolent. J'ai une grande fierté pour ma mère car elle en a fait du chemin. Je lui en ai fait baver mais elle n'a rien lâché. Elle est forte. Quant à mon père, il était plutôt du genre à fuir tout conflit et s'évader dans le travail. Je ne pense pas que ma sexualité soit acceptée entièrement par mes deux parents, mais ils n'ont pas le choix. J'ai toujours une légère appréhension lorsque je leur présente une personne, mais dorénavant je sais qu'elle sera accueillie sans souci. Ce que je retiens de ce coming out, c'est que j'aurais aimé être plus entourée par des personnes concernées, avoir du soutien. J'étais seule au milieu d'un volcan en train d'exploser, et ce n'était vraiment pas drôle. Il faut du courage, de la communication, et accepter aussi le fait que les autres aient leur propre cheminement d'acceptation.

  • Speaker #1

    Ensuite, il y a donc la question des enfants. Moi j'ai deux enfants avec ma compagne, et ça c'était un gros gros gros pas à faire, d'en parler aux enfants. Et c'était un peu touchy parce que moi j'avais assez confiance dans le fait qu'ils prennent ça bien, qu'il n'y ait pas de soucis, puisque les questions de... Les questions de genre, les questions de transidentité, c'est des choses qu'on parlait déjà depuis des années. Et je les sentais tranquilles avec ça, il n'y avait pas de soucis. Ils avaient déjà rencontré des copains de trans à moi, ça ne posait aucun problème. Mais par contre, vu que je vis dans un lieu collectif, avec d'autres adultes, d'autres enfants, que mes enfants sont à l'école aussi, et que je n'avais surtout pas envie de dire à mes enfants de ne pas en parler au reste des gens, Pour moi, c'était évident que si j'en parlais à mes enfants, c'était au moment où j'en parlais au reste du monde. Parce que je savais que si j'en parlais à mes enfants, le reste du monde allait le savoir à partir du moment où les enfants y parlent. Et que les autres allaient être au courant. C'était important pour moi que les personnes avec lesquelles j'habite n'apprennent pas forcément par mes enfants. Il fallait que tout le monde soit au courant un petit peu en même temps. Donc ça a créé une grosse question du moment du coming out, du gros coming out social. À quel moment est-ce que je plaçais ça pour moi ? Et donc ça m'a forcé à attendre un petit peu. Il y a passé plusieurs mois alors que c'était clair que je transitionnais, j'avais déjà commencé les hormones, il y avait déjà plusieurs personnes proches qui étaient au courant, mais j'ai attendu plusieurs mois. Avant de faire mon coming out à mes enfants et donc mon coming out social général, parce que j'ai souhaité attendre le début des grandes vacances d'été, des vacances scolaires d'été, pour ne pas leur annoncer ça à un moment en plein milieu de la période scolaire, avec le risque que les enfants à l'école l'apprennent, qu'il y ait des complications, des rejets, que ce soit difficile et que ce soit tout ça, en même temps que le moment où nous on apprivoise un petit peu cette nouveauté dans notre vie. Nous, on habite en pleine campagne. Il y a beaucoup de gens qui votent très à droite. J'ai fait mon coming out pile poil dans l'entre-deux-tours des élections législatives cette année. C'était une période hyper anxiogène par rapport au climat politique. C'était l'horreur. J'avais très peur de ça. C'était important de me sentir un peu en sécurité et de sentir qu'on allait pouvoir vivre ça de manière plus tranquille avec mes enfants, ma compagne. et se faire un petit peu à tout ça. Moi, mes enfants, au moment du coming out, ils avaient 7 et 9 ans. Et pour eux, ça a été vraiment, ah ok, je prends note, très bien, t'as ce nouveau prénom. Voilà, maintenant tu t'appelles Nina, ok, on t'appelle plus papa, très bien. Et après, il y a ce contexte un peu spécial que moi je vis dans un collectif avec ma compagne. Il y a 9 autres adultes. Et il y a nos enfants plus 7 autres enfants dans ce collectif. Et c'est pas du tout un collectif queer, c'est un collectif de couples cis-hétéro classiques, de gens très chouettes, très ouverts, mais qui n'évoluent pas du tout dans les mondes queer. Et forcément j'avais un petit peu d'inquiétude par rapport à comment ça serait pris, par rapport à mes voisins, voisines, c'est quand même des gens que je fréquente tout le temps. Et voilà, donc ça a été important pour moi de faire ce coming out auprès des personnes avec qui je vis, de le faire famille par famille, de prendre le temps, personne par personne, pas individuellement, mais famille par famille pour prendre le temps d'annoncer ça. d'entendre leurs réactions, de le dire en direct, d'être avec eux, de les accompagner là-dedans, de prendre le temps. Voilà, et c'était beaucoup d'anxiété pour moi d'y aller, mais j'ai été super bien accueilli par chaque personne, avec quelques petites questions à côté de la plaque à des moments, mais globalement pas tant. Les gens étaient quand même dans une grande délicatesse. Et moi j'avais fait le choix. D'annoncer aux adultes, d'abord, parce que je savais, j'avais un petit peu peur de la panique morale par rapport aux enfants, que les adultes aient peur de comment leurs enfants allaient le prendre. Donc j'avais envie d'abord de l'annoncer aux adultes pour qu'ils aient le temps d'intégrer la nouvelle. Et après, j'ai proposé à toutes les familles qui avaient des enfants sur le collectif de faire une annonce globale à tous les enfants en même temps, où il y aurait mes enfants qui seraient là aussi, où ça pourrait papoter, répondre un peu aux questions et tout ça.

  • Speaker #0

    Fin des nouveaux messages

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Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


En mai dernier j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté dans l'application notes de mon téléphone "c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu".

J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille, j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer. Est-ce que j'étais bi ? Lesbienne ? Est-ce que j'étais cet autre que les gens allaient juger ? Est-ce que je faisais encore partie de cette société ?

Dans ma petite ville tarnaise je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi. Qui j'allais aimer ?

J'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur. Ca a souvent impliqué des silences, au boulot surtout, dans ma famille aussi, dans certaines situations. Quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation j'ai à nouveau silencié qui j'étais. Dans cet épisod eje voulais parler du Coming out, un sujet qui m'intéresse et me questionne depuis toujours. J'y lis les très beaux textes que des personnes m'ont envoyé et vous entendrez aussi la voix de Nina 🌈


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Répondeur de Chants Queers, c'est toujours la merde en France et les queers emmerdent toujours le Rassemblement National, mais j'espère que cet épisode vous fera du bien. En mai dernier, j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté, dans l'application Notes de mon téléphone, c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu. J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille et j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer, en me demandant si j'étais bi, si j'étais lesbienne, si j'allais devenir cette autre que les gens allaient juger, et si je faisais encore partie de cette société. Dans ma petite ville tarnaise, je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi, ou encore qui j'allais aimer. Mais j'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant, le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur, parce que ça a souvent impliqué pour moi des silences, au boulot surtout, mais aussi dans ma famille et dans certaines situations. Alors quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation, J'ai à nouveau silencié qui j'étais. Beaucoup disent qu'il ne faudrait plus faire de coming out ou que ce mot devrait devenir désuet parce qu'après tout, les hétéros ne disent pas qui ils sont. Oui, il faudrait que l'on n'ait plus à dire, mais on n'en est pas vraiment à ce point-là dans notre société. Alors dire qui on est, peu importe où et comment, mais notamment dans des villages ou des territoires plus ruraux, ça implique plein de choses. Et parfois, ça me fait peur, encore. Je voulais aussi partager avec vous que j'ai mis dix ans à dire à mes parents que j'étais lesbienne. C'est un sujet sur lequel j'aimerais écrire quelque chose un jour, parce que pendant longtemps, je me suis sentie en dehors de la communauté queer à cause de ça. Ne pas dire semblait être pour certains et certaines un choix, alors que j'avais mes raisons propres, et j'ai choisi de le leur dire parce que j'étais prête et que je savais qu'ils accepteraient à peu près. Mais j'avais très peur. Et oui, c'est vrai, la vie est plus belle depuis qu'ils savent, parce qu'ils sont les plus mignons et qu'ils m'acceptent complètement. Mais je leur ai demandé, si je vous avais dit il y a dix ans que j'étais lesbienne, est-ce que vous auriez aussi bien accepté ? Et ils ont été assez francs et m'ont dit non. Parce qu'en fait, ils ont évolué, comme tout le monde, comme la société. Et je crois aussi que c'est pour ça que j'ai tardé à leur dire. Tout ça pour dire que les coming out devraient se faire selon nos règles, nos conditions. Je pense qu'il résulte de notre individualité, de savoir comment on gère le dévoilement de nos identités aux autres. Chacun, chacune, fait comme y'a le veut et y'a le peut. Et pour moi, c'est aussi ça, être queer. Pour ces répondeurs, je voulais mêler des histoires de coming out. J'ai reçu quelques textes que je vais lire, et vous entendrez aussi la voix de Nina. J'espère que ce répondeur vous plaira. Bonne écoute, et abonnez-vous à Chant Queer, mettez des... étoiles, mettez, commentez sur les réseaux, partagez autour de vous parce que ce podcast il est indépendant et il ne vit que grâce à vous. Texte de Justine, bisexuelle. Je viens de la campagne, au cœur de la diagonale du vide. L'électricité et la connexion internet, pas de soucis, on a. Par contre, la représentation queer, c'est beaucoup plus compliqué. Je n'avais aucun exemple de couple homosexuel dans mon entourage, à l'école ou dans mon village. S'il y en avait, il se faisait discret. J'ai donc mis beaucoup de temps à reconnaître ma bisexualité et le fait que je pouvais aimer et désirer une femme. Quand j'ai décidé d'annoncer à mon entourage vivant en campagne que j'étais en couple avec une femme, j'ai beaucoup appréhendé. Pour mon père, agriculteur, qui apprécie perpétuer les traditions, ce fut effectivement compliqué à entendre. Il a été ranchon toute la journée, mais je le comprends. Sans représentation sur notre territoire, comment ne pas s'inquiéter pour son enfant ? La meilleure réaction suite à mes coming out fut celle de mes amis de la Diagonale du Vide. Ils s'en foutaient complètement. Ils voulaient savoir qui était cette femme qui partageait désormais ma vie, mais n'avait que faire de ma sexualité. Je crois que la jeunesse rurale perçoit différemment la culture queer qu'en ville, mais l'accepte tout autant.

  • Speaker #1

    Alors parler de coming out, c'est à la fois simple et hyper compliqué pour moi. Clairement, je ne pourrais pas parler de... Coming out, mais de... des coming out, et c'est toujours en cours, c'est un long process, beaucoup de répétitions, avec quand même des moments un peu clés. Moi, il a fallu que, déjà, je fasse un coming in, que je comprenne que j'étais une meuf trans, ça m'a pris pas mal de temps. Au fil de ce coming in, j'ai fait de multiples coming out aux personnes les plus proches de moi, qui sont donc ma compagne, ma frangine, quelques amis très proches. Ma mère aussi, avec des infos que je donnais aux personnes au fil de mon cheminement intérieur et qui permettaient un petit peu aux personnes de savoir où j'en étais. Alors bien sûr, je faisais très attention à quelles infos je donnais, à qui, à quel moment, parce que pour moi, c'était important de me sentir toujours en sécurité et de sentir que... que les personnes étaient en mesure de prendre ces infos et que ça avait de la pertinence à ce moment-là. Après, il y a eu un moment donné où je me suis assumée complètement en tant que meuf trans, que j'ai su que j'allais transitionner. Et à ce moment-là, j'ai fait un coming out à ma compagne. Mais bon, c'était la suite de plein, plein, plein de petits coming out. Pour lui dire que j'allais transitionner, j'ai fait des coming out à ma frangine et à ma mère, qui sont deux des personnes les plus proches de moi. un petit peu à l'avance, avant d'en parler aux autres. Et après, moi, se posait beaucoup la question du coming out aux enfants et aux personnes avec qui je vis parce que je vis dans un lieu collectif. Et à partir de là, du coming out au reste du monde. Moi, j'ai eu la chance d'être entourée de personnes quand même super chouettes, qui ont été plutôt soutenantes. Pour ma compagne, ça a quand même été... très compliqué, c'est toujours pas évident c'est vraiment pas son monde les questions queer, les questions de transidentité voilà c'est pas évident moi je vis dans un milieu où il y a beaucoup de gens qui sont très axés nature, développement personnel être pas de médicament être proche de soi, de la nature et tout ça donc les questions de transidentité c'est hyper touchy dans ces contextes là Parce que ça vient toucher aux valeurs des personnes par rapport à la question des hormones, la question de la médication. Et après, ma frangine et ma mère, elles, ont été des super soutiens. Et les amis proches ont posé des questions aussi, mais ont été des super soutiens. Donc ça m'a permis quand même d'avoir une petite base de personnes proches hyper importantes qui m'ont soutenue, dont je savais qu'elles seraient là en soutien. à partir du moment où je passerai au gros coming out social.

  • Speaker #0

    Texte envoyé par Prisme. J'ai parfois l'impression d'être un bourgeon tardif lorsqu'il s'agit d'être queer, comme celles-eux qui se découvrent gays ou lesbiennes à 30, 40, 50 ans. Sauf que ce n'est pas mon cas. Je sais que je suis queer depuis au moins le collège, mais je n'ai pas eu les clés, les codes avant bien longtemps, et honnêtement, même à mes 26 ans aujourd'hui, je ne suis pas sûre de les avoir. Je me revois à 14 ans, perdue, avec un crush sur une fille pour la toute première fois. Dans mon collège en 2013, tout le monde a l'air le plus hétéro possible, ou en tout cas personne n'est ouvertement LGBTQIA+. Il y a un garçon, un peu efféminé comme on disait à l'époque, peut-être que lui il est, mais quoi qu'il en soit, et peu importe ce qu'il est, ça ne plaît pas beaucoup et dérange le doux monde de la masculinité. Mon école à ce moment-là en est le royaume. Toutes les filles sortent avec des garçons. On veut toute leur attention, coûte que coûte, sauf une. Il y a cette fille. Je ne crois pas qu'elle soit déjà sortie avec quelqu'un, ou qu'elle cherche à le faire. Elle est ce qu'on pourrait nommer en termes désuets un garçon manqué. Les garçons l'apprécient, à l'instar du mec efféminé mentionné plus haut. Ils l'apprécient car c'est l'une des leurs, elles agissent selon leurs codes. Attitude cool, blagueuse, insouciante, et elles portent des vêtements codés comme masculins. Ces deux personnes sont à peu près les seules représentations que j'ai eues de gens qui brisaient un tant soit peu les normes de genre, et donc de l'hétérosexualité compulsive qui nous collait tous et toutes à la peau à l'époque. C'est précisément à cette période-là de ma vie que j'aurais aimé que mes parents me soutiennent activement, ouvertement. Car cette même année, je décide justement de leur faire un de mes coming-out, celui qui me fait le plus peur. 2013, l'année du mariage pour tous et des débats qui vont avec. On vit en milieu rural, mes parents n'ont pas vraiment d'amis. Y'a le vif dans leur bulle, bercée par la télévision. Je me dégonfle et choisis de me confier uniquement en ma mère, considérant mon père bien plus fermé d'esprit, et craignant davantage son rejet. Je me rappelle avoir tourné autour du pot longtemps, déchiquetant petit bout par petit bout une peau de clémentine, pendant que ma mère attendait la suite de mon discours, inquiète pour moi. J'étais terrifiée de lui dire. Je pense qu'elle n'avait aucune idée de ce que j'allais lui confier. J'ai fini par le faire, je lui dis que j'aime les filles aussi. Je ne sais pas si je connaissais le mot bisexuel à l'époque. Je lui exprime aussi mes peurs qu'elle ne m'aime plus après ça. Elle m'a tout de suite rassurée. Rien au grand jamais ne stoppera son amour pour moi. Ouf, énorme soulagement. Je m'attendais tellement à pire que je prends ça comme une réussite, ce moment. Pas de drame, ça veut dire que tout s'est bien passé, n'est-ce pas ? Et si le sujet n'est pas revenu sur la table après ça, c'est une bonne nouvelle. Onze ans plus tard, je me rends compte que ce n'était pas suffisant. Elle ne m'a pas rejetée, certes. Elle m'a toujours aimée, certes. Mais elle ne m'a pas dit c'est tout à fait ok d'être qui tu es, des tas de gens comme toi existent Elle ne m'a pas dit parle-moi-en quand tu veux, n'aie jamais honte Elle ne m'a pas dit deux femmes ensemble, ça fonctionne très bien, tout comme deux hommes ou un homme et une femme Tout ce qu'elle a rajouté, après m'avoir rassurée et dit qu'elle m'aimait, ce sont ces quelques petits mots prononcés plus pour elle-même comme si elle pensait à voix haute. Mais quand même, deux femmes ensemble, ça fait bizarre, comment ça marche ? Je ne sais pas si elle faisait référence au sexe ou à la procréation. Je sais juste que je n'avais moi-même pas la réponse à cette question et que ça m'a désœuvrée comme réaction. Ça ne se voulait pas méchant du tout, c'était vraiment pour de vrai comment ça fonctionne car moi on ne m'a jamais éduquée sur le sujet. Ma mère n'avait pas les outils nécessaires pour ce moment, moi non plus. Sans le savoir et sans le vouloir, elle a malheureusement planté une graine dans ma tête ce jour-là qui a influencé mes expériences queer à venir. Comment on fait avec les femmes ? C'est donc une question sans réponse, tournant dans ma tête des années durant. Aimer l'empeur, honte, évitement. Trois éléments qui ont régi ma vie affective et sexuelle en tant que personne LGBT+, et qui ont encore des répercussions sur moi aujourd'hui, à 26 ans. Texte de Laura. Tout a commencé quand je devais avoir 14-15 ans. J'étais au collège en 3ème année, à Lyon. J'embrassais la crise d'adolescence à pleine bouche. Mon style vestimentaire était un vrai désastre, et ma coupe de cheveux le résultat raté d'une prise de contrôle de mon corps. De caractère assez calme, je ne faisais pas de vagues. Mais je ressentais néanmoins un grondement intérieur qui grandissait. Je me souviens que j'étais très mal dans mon corps et mon esprit avait beaucoup de tristesse. Le commencement. C'était un mardi matin, pendant la cour de récré, une fille que je ne connaissais pas est venue me donner une lettre en me disant que c'était de la part d'une personne que je reconnaîtrais peut-être. Je ne le savais pas encore mais cette lettre a été le début de tous mes soucis. Dans la lettre, la personne se présentait et déclarait très clairement son béguin pour moi et ma coupe de cheveux, qui ne ressemblaient à rien. Je suis allée la voir directement après lecture de la lettre, et ça a été mon premier coup de foudre. Elle s'appelait Tiffany, elle avait les cheveux courts et portait un bagui. Je n'ai pas été perturbée par le fait que ça a été une fille, je ne me sentais pas pour autant lesbienne, j'étais rien du tout à cette époque, je n'avais aucune appartenance. Durant nos premiers échanges, mes jambes plageolaient et mon cœur s'emballait, tout était incroyable. Je me souviens de cette excitation qui venait pour la première fois envahir mon corps, cette chaleur qui venait le remplir encore et encore, c'était fou. L'effondrement. Nous discutons par texto, sur MSN, beaucoup. Ma mère remarque un changement dans mon comportement, je deviens plus secrète et distante. Elle n'aime pas la manière dont je m'habille et me demande mais tu veux plaire à qui comme ça ? J'ai envie de le lui dire mais je comprends très vite que ce ne sera pas accepté. Ma mère a d'autres envies et projets pour moi. Les conflits à la maison sont de plus en plus présents et le temps que je passe sur mon portable se remarque. Mes parents sont très protecteurs, voire étouffants. Et c'est à ce moment-là... Dans l'espoir de garder cette emprise parentale sur moi, que ma mère trouve le moyen de lire mes messages. Je suis convoquée un matin dans la cuisine, lieu de réunion et de règlement de compte. Je ne suis plus rien, mon monde s'effondre. Mon jardin est mis à nu, je deviens vide, sans le moindre secret. Toutes mes conversations ont été notées sur papier, comme preuve de quelque chose d'horrible. Je suis en train d'assister à une sorte de coming out forcé. J'entends les mots lesbienne, homosexuel, sortir de la bouche de ma mère comme un dégoût. La guerre froide. L'accès à internet est limité et le portable confisqué. Mes sorties sont restreintes et mes parents m'amènent à chaque déplacement pour voir où je vais. Il m'est interdit de revoir Tiffany, mais c'est compliqué car nous sommes dans le même collège. Ma mère n'hésite pas à en parler au sous-directeur de l'établissement. Je suis convoquée le lendemain, nous discutons de l'homosexualité dans son bureau. C'est un sujet qui ne maîtrise pas plus que moi. Notre relation commence à s'ébruter et nous devenons l'événement de l'année. Beaucoup de regards, de chuchotements. Cette période a été la pire de toutes car je n'étais bien nulle part. Rentrer chez moi devenait source d'angoisse et le collège un lieu d'exposition aux yeux de tous. Le quotidien était devenu souffrance, conflit, rejet, vide. La relation mère-fille n'existe plus. Je ne partagerai plus rien avec elle. Notre lien fut complètement détruit. Le renouveau. Je suis à la fin du lycée, début des études supérieures et quelque chose commence à frémir. Dans ma famille, j'ai un petit cousin qui est gay. Je pense qu'il est à l'origine de ce changement. A la fin de mes études, je quitte la ville pour Toulouse. temporairement au départ et finalement je décide de m'y installer. Et j'ai commencé à vivre. Et maintenant, je vois mes parents quelques fois par an, pour les fêtes et les vacances. Nos relations se sont beaucoup apaisées, voire même guéries. Il a fallu de la douleur, de la colère et énormément de temps pour que les tensions s'envolent. J'ai une grande fierté pour ma mère car elle en a fait du chemin. Je lui en ai fait baver mais elle n'a rien lâché. Elle est forte. Quant à mon père, il était plutôt du genre à fuir tout conflit et s'évader dans le travail. Je ne pense pas que ma sexualité soit acceptée entièrement par mes deux parents, mais ils n'ont pas le choix. J'ai toujours une légère appréhension lorsque je leur présente une personne, mais dorénavant je sais qu'elle sera accueillie sans souci. Ce que je retiens de ce coming out, c'est que j'aurais aimé être plus entourée par des personnes concernées, avoir du soutien. J'étais seule au milieu d'un volcan en train d'exploser, et ce n'était vraiment pas drôle. Il faut du courage, de la communication, et accepter aussi le fait que les autres aient leur propre cheminement d'acceptation.

  • Speaker #1

    Ensuite, il y a donc la question des enfants. Moi j'ai deux enfants avec ma compagne, et ça c'était un gros gros gros pas à faire, d'en parler aux enfants. Et c'était un peu touchy parce que moi j'avais assez confiance dans le fait qu'ils prennent ça bien, qu'il n'y ait pas de soucis, puisque les questions de... Les questions de genre, les questions de transidentité, c'est des choses qu'on parlait déjà depuis des années. Et je les sentais tranquilles avec ça, il n'y avait pas de soucis. Ils avaient déjà rencontré des copains de trans à moi, ça ne posait aucun problème. Mais par contre, vu que je vis dans un lieu collectif, avec d'autres adultes, d'autres enfants, que mes enfants sont à l'école aussi, et que je n'avais surtout pas envie de dire à mes enfants de ne pas en parler au reste des gens, Pour moi, c'était évident que si j'en parlais à mes enfants, c'était au moment où j'en parlais au reste du monde. Parce que je savais que si j'en parlais à mes enfants, le reste du monde allait le savoir à partir du moment où les enfants y parlent. Et que les autres allaient être au courant. C'était important pour moi que les personnes avec lesquelles j'habite n'apprennent pas forcément par mes enfants. Il fallait que tout le monde soit au courant un petit peu en même temps. Donc ça a créé une grosse question du moment du coming out, du gros coming out social. À quel moment est-ce que je plaçais ça pour moi ? Et donc ça m'a forcé à attendre un petit peu. Il y a passé plusieurs mois alors que c'était clair que je transitionnais, j'avais déjà commencé les hormones, il y avait déjà plusieurs personnes proches qui étaient au courant, mais j'ai attendu plusieurs mois. Avant de faire mon coming out à mes enfants et donc mon coming out social général, parce que j'ai souhaité attendre le début des grandes vacances d'été, des vacances scolaires d'été, pour ne pas leur annoncer ça à un moment en plein milieu de la période scolaire, avec le risque que les enfants à l'école l'apprennent, qu'il y ait des complications, des rejets, que ce soit difficile et que ce soit tout ça, en même temps que le moment où nous on apprivoise un petit peu cette nouveauté dans notre vie. Nous, on habite en pleine campagne. Il y a beaucoup de gens qui votent très à droite. J'ai fait mon coming out pile poil dans l'entre-deux-tours des élections législatives cette année. C'était une période hyper anxiogène par rapport au climat politique. C'était l'horreur. J'avais très peur de ça. C'était important de me sentir un peu en sécurité et de sentir qu'on allait pouvoir vivre ça de manière plus tranquille avec mes enfants, ma compagne. et se faire un petit peu à tout ça. Moi, mes enfants, au moment du coming out, ils avaient 7 et 9 ans. Et pour eux, ça a été vraiment, ah ok, je prends note, très bien, t'as ce nouveau prénom. Voilà, maintenant tu t'appelles Nina, ok, on t'appelle plus papa, très bien. Et après, il y a ce contexte un peu spécial que moi je vis dans un collectif avec ma compagne. Il y a 9 autres adultes. Et il y a nos enfants plus 7 autres enfants dans ce collectif. Et c'est pas du tout un collectif queer, c'est un collectif de couples cis-hétéro classiques, de gens très chouettes, très ouverts, mais qui n'évoluent pas du tout dans les mondes queer. Et forcément j'avais un petit peu d'inquiétude par rapport à comment ça serait pris, par rapport à mes voisins, voisines, c'est quand même des gens que je fréquente tout le temps. Et voilà, donc ça a été important pour moi de faire ce coming out auprès des personnes avec qui je vis, de le faire famille par famille, de prendre le temps, personne par personne, pas individuellement, mais famille par famille pour prendre le temps d'annoncer ça. d'entendre leurs réactions, de le dire en direct, d'être avec eux, de les accompagner là-dedans, de prendre le temps. Voilà, et c'était beaucoup d'anxiété pour moi d'y aller, mais j'ai été super bien accueilli par chaque personne, avec quelques petites questions à côté de la plaque à des moments, mais globalement pas tant. Les gens étaient quand même dans une grande délicatesse. Et moi j'avais fait le choix. D'annoncer aux adultes, d'abord, parce que je savais, j'avais un petit peu peur de la panique morale par rapport aux enfants, que les adultes aient peur de comment leurs enfants allaient le prendre. Donc j'avais envie d'abord de l'annoncer aux adultes pour qu'ils aient le temps d'intégrer la nouvelle. Et après, j'ai proposé à toutes les familles qui avaient des enfants sur le collectif de faire une annonce globale à tous les enfants en même temps, où il y aurait mes enfants qui seraient là aussi, où ça pourrait papoter, répondre un peu aux questions et tout ça.

  • Speaker #0

    Fin des nouveaux messages

Description

Bienvenue sur le répondeur de Champs queers ! Tout d'abord un grand merci à toustes les participant.es à cet épisode ❤️


En mai dernier j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté dans l'application notes de mon téléphone "c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu".

J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille, j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer. Est-ce que j'étais bi ? Lesbienne ? Est-ce que j'étais cet autre que les gens allaient juger ? Est-ce que je faisais encore partie de cette société ?

Dans ma petite ville tarnaise je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi. Qui j'allais aimer ?

J'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur. Ca a souvent impliqué des silences, au boulot surtout, dans ma famille aussi, dans certaines situations. Quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation j'ai à nouveau silencié qui j'étais. Dans cet épisod eje voulais parler du Coming out, un sujet qui m'intéresse et me questionne depuis toujours. J'y lis les très beaux textes que des personnes m'ont envoyé et vous entendrez aussi la voix de Nina 🌈


Champs queers est une série documentaire réalisée par Elodie Potente

Image d'illustration : Sirima de Resseguier



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Répondeur de Chants Queers, c'est toujours la merde en France et les queers emmerdent toujours le Rassemblement National, mais j'espère que cet épisode vous fera du bien. En mai dernier, j'étais dans un festival en Haute-Vienne, c'était féministe et queer, c'était local, artistique et plein de réflexions. Et j'ai noté, dans l'application Notes de mon téléphone, c'est tellement important les représentations, je n'avais jamais vu autant de parents queers dans un même lieu. J'ai su que j'étais lesbienne à 17 ans, un soir de nouvel an. J'ai embrassé une fille et j'ai aimé ça. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, ni comment la vie serait après. J'ai passé le premier de l'an assise dans la salle de bain de mes parents à pleurer, en me demandant si j'étais bi, si j'étais lesbienne, si j'allais devenir cette autre que les gens allaient juger, et si je faisais encore partie de cette société. Dans ma petite ville tarnaise, je ne voyais personne qui était comme moi. Je ne savais pas qui j'allais être, comment j'allais devenir moi, ou encore qui j'allais aimer. Mais j'ai eu de la chance de pouvoir embrasser mon identité assez rapidement. Pourtant, le mot coming out est probablement celui qui me fait le plus peur, parce que ça a souvent impliqué pour moi des silences, au boulot surtout, mais aussi dans ma famille et dans certaines situations. Alors quand je suis partie revivre dans ce qui me semblait être un désert de représentation, J'ai à nouveau silencié qui j'étais. Beaucoup disent qu'il ne faudrait plus faire de coming out ou que ce mot devrait devenir désuet parce qu'après tout, les hétéros ne disent pas qui ils sont. Oui, il faudrait que l'on n'ait plus à dire, mais on n'en est pas vraiment à ce point-là dans notre société. Alors dire qui on est, peu importe où et comment, mais notamment dans des villages ou des territoires plus ruraux, ça implique plein de choses. Et parfois, ça me fait peur, encore. Je voulais aussi partager avec vous que j'ai mis dix ans à dire à mes parents que j'étais lesbienne. C'est un sujet sur lequel j'aimerais écrire quelque chose un jour, parce que pendant longtemps, je me suis sentie en dehors de la communauté queer à cause de ça. Ne pas dire semblait être pour certains et certaines un choix, alors que j'avais mes raisons propres, et j'ai choisi de le leur dire parce que j'étais prête et que je savais qu'ils accepteraient à peu près. Mais j'avais très peur. Et oui, c'est vrai, la vie est plus belle depuis qu'ils savent, parce qu'ils sont les plus mignons et qu'ils m'acceptent complètement. Mais je leur ai demandé, si je vous avais dit il y a dix ans que j'étais lesbienne, est-ce que vous auriez aussi bien accepté ? Et ils ont été assez francs et m'ont dit non. Parce qu'en fait, ils ont évolué, comme tout le monde, comme la société. Et je crois aussi que c'est pour ça que j'ai tardé à leur dire. Tout ça pour dire que les coming out devraient se faire selon nos règles, nos conditions. Je pense qu'il résulte de notre individualité, de savoir comment on gère le dévoilement de nos identités aux autres. Chacun, chacune, fait comme y'a le veut et y'a le peut. Et pour moi, c'est aussi ça, être queer. Pour ces répondeurs, je voulais mêler des histoires de coming out. J'ai reçu quelques textes que je vais lire, et vous entendrez aussi la voix de Nina. J'espère que ce répondeur vous plaira. Bonne écoute, et abonnez-vous à Chant Queer, mettez des... étoiles, mettez, commentez sur les réseaux, partagez autour de vous parce que ce podcast il est indépendant et il ne vit que grâce à vous. Texte de Justine, bisexuelle. Je viens de la campagne, au cœur de la diagonale du vide. L'électricité et la connexion internet, pas de soucis, on a. Par contre, la représentation queer, c'est beaucoup plus compliqué. Je n'avais aucun exemple de couple homosexuel dans mon entourage, à l'école ou dans mon village. S'il y en avait, il se faisait discret. J'ai donc mis beaucoup de temps à reconnaître ma bisexualité et le fait que je pouvais aimer et désirer une femme. Quand j'ai décidé d'annoncer à mon entourage vivant en campagne que j'étais en couple avec une femme, j'ai beaucoup appréhendé. Pour mon père, agriculteur, qui apprécie perpétuer les traditions, ce fut effectivement compliqué à entendre. Il a été ranchon toute la journée, mais je le comprends. Sans représentation sur notre territoire, comment ne pas s'inquiéter pour son enfant ? La meilleure réaction suite à mes coming out fut celle de mes amis de la Diagonale du Vide. Ils s'en foutaient complètement. Ils voulaient savoir qui était cette femme qui partageait désormais ma vie, mais n'avait que faire de ma sexualité. Je crois que la jeunesse rurale perçoit différemment la culture queer qu'en ville, mais l'accepte tout autant.

  • Speaker #1

    Alors parler de coming out, c'est à la fois simple et hyper compliqué pour moi. Clairement, je ne pourrais pas parler de... Coming out, mais de... des coming out, et c'est toujours en cours, c'est un long process, beaucoup de répétitions, avec quand même des moments un peu clés. Moi, il a fallu que, déjà, je fasse un coming in, que je comprenne que j'étais une meuf trans, ça m'a pris pas mal de temps. Au fil de ce coming in, j'ai fait de multiples coming out aux personnes les plus proches de moi, qui sont donc ma compagne, ma frangine, quelques amis très proches. Ma mère aussi, avec des infos que je donnais aux personnes au fil de mon cheminement intérieur et qui permettaient un petit peu aux personnes de savoir où j'en étais. Alors bien sûr, je faisais très attention à quelles infos je donnais, à qui, à quel moment, parce que pour moi, c'était important de me sentir toujours en sécurité et de sentir que... que les personnes étaient en mesure de prendre ces infos et que ça avait de la pertinence à ce moment-là. Après, il y a eu un moment donné où je me suis assumée complètement en tant que meuf trans, que j'ai su que j'allais transitionner. Et à ce moment-là, j'ai fait un coming out à ma compagne. Mais bon, c'était la suite de plein, plein, plein de petits coming out. Pour lui dire que j'allais transitionner, j'ai fait des coming out à ma frangine et à ma mère, qui sont deux des personnes les plus proches de moi. un petit peu à l'avance, avant d'en parler aux autres. Et après, moi, se posait beaucoup la question du coming out aux enfants et aux personnes avec qui je vis parce que je vis dans un lieu collectif. Et à partir de là, du coming out au reste du monde. Moi, j'ai eu la chance d'être entourée de personnes quand même super chouettes, qui ont été plutôt soutenantes. Pour ma compagne, ça a quand même été... très compliqué, c'est toujours pas évident c'est vraiment pas son monde les questions queer, les questions de transidentité voilà c'est pas évident moi je vis dans un milieu où il y a beaucoup de gens qui sont très axés nature, développement personnel être pas de médicament être proche de soi, de la nature et tout ça donc les questions de transidentité c'est hyper touchy dans ces contextes là Parce que ça vient toucher aux valeurs des personnes par rapport à la question des hormones, la question de la médication. Et après, ma frangine et ma mère, elles, ont été des super soutiens. Et les amis proches ont posé des questions aussi, mais ont été des super soutiens. Donc ça m'a permis quand même d'avoir une petite base de personnes proches hyper importantes qui m'ont soutenue, dont je savais qu'elles seraient là en soutien. à partir du moment où je passerai au gros coming out social.

  • Speaker #0

    Texte envoyé par Prisme. J'ai parfois l'impression d'être un bourgeon tardif lorsqu'il s'agit d'être queer, comme celles-eux qui se découvrent gays ou lesbiennes à 30, 40, 50 ans. Sauf que ce n'est pas mon cas. Je sais que je suis queer depuis au moins le collège, mais je n'ai pas eu les clés, les codes avant bien longtemps, et honnêtement, même à mes 26 ans aujourd'hui, je ne suis pas sûre de les avoir. Je me revois à 14 ans, perdue, avec un crush sur une fille pour la toute première fois. Dans mon collège en 2013, tout le monde a l'air le plus hétéro possible, ou en tout cas personne n'est ouvertement LGBTQIA+. Il y a un garçon, un peu efféminé comme on disait à l'époque, peut-être que lui il est, mais quoi qu'il en soit, et peu importe ce qu'il est, ça ne plaît pas beaucoup et dérange le doux monde de la masculinité. Mon école à ce moment-là en est le royaume. Toutes les filles sortent avec des garçons. On veut toute leur attention, coûte que coûte, sauf une. Il y a cette fille. Je ne crois pas qu'elle soit déjà sortie avec quelqu'un, ou qu'elle cherche à le faire. Elle est ce qu'on pourrait nommer en termes désuets un garçon manqué. Les garçons l'apprécient, à l'instar du mec efféminé mentionné plus haut. Ils l'apprécient car c'est l'une des leurs, elles agissent selon leurs codes. Attitude cool, blagueuse, insouciante, et elles portent des vêtements codés comme masculins. Ces deux personnes sont à peu près les seules représentations que j'ai eues de gens qui brisaient un tant soit peu les normes de genre, et donc de l'hétérosexualité compulsive qui nous collait tous et toutes à la peau à l'époque. C'est précisément à cette période-là de ma vie que j'aurais aimé que mes parents me soutiennent activement, ouvertement. Car cette même année, je décide justement de leur faire un de mes coming-out, celui qui me fait le plus peur. 2013, l'année du mariage pour tous et des débats qui vont avec. On vit en milieu rural, mes parents n'ont pas vraiment d'amis. Y'a le vif dans leur bulle, bercée par la télévision. Je me dégonfle et choisis de me confier uniquement en ma mère, considérant mon père bien plus fermé d'esprit, et craignant davantage son rejet. Je me rappelle avoir tourné autour du pot longtemps, déchiquetant petit bout par petit bout une peau de clémentine, pendant que ma mère attendait la suite de mon discours, inquiète pour moi. J'étais terrifiée de lui dire. Je pense qu'elle n'avait aucune idée de ce que j'allais lui confier. J'ai fini par le faire, je lui dis que j'aime les filles aussi. Je ne sais pas si je connaissais le mot bisexuel à l'époque. Je lui exprime aussi mes peurs qu'elle ne m'aime plus après ça. Elle m'a tout de suite rassurée. Rien au grand jamais ne stoppera son amour pour moi. Ouf, énorme soulagement. Je m'attendais tellement à pire que je prends ça comme une réussite, ce moment. Pas de drame, ça veut dire que tout s'est bien passé, n'est-ce pas ? Et si le sujet n'est pas revenu sur la table après ça, c'est une bonne nouvelle. Onze ans plus tard, je me rends compte que ce n'était pas suffisant. Elle ne m'a pas rejetée, certes. Elle m'a toujours aimée, certes. Mais elle ne m'a pas dit c'est tout à fait ok d'être qui tu es, des tas de gens comme toi existent Elle ne m'a pas dit parle-moi-en quand tu veux, n'aie jamais honte Elle ne m'a pas dit deux femmes ensemble, ça fonctionne très bien, tout comme deux hommes ou un homme et une femme Tout ce qu'elle a rajouté, après m'avoir rassurée et dit qu'elle m'aimait, ce sont ces quelques petits mots prononcés plus pour elle-même comme si elle pensait à voix haute. Mais quand même, deux femmes ensemble, ça fait bizarre, comment ça marche ? Je ne sais pas si elle faisait référence au sexe ou à la procréation. Je sais juste que je n'avais moi-même pas la réponse à cette question et que ça m'a désœuvrée comme réaction. Ça ne se voulait pas méchant du tout, c'était vraiment pour de vrai comment ça fonctionne car moi on ne m'a jamais éduquée sur le sujet. Ma mère n'avait pas les outils nécessaires pour ce moment, moi non plus. Sans le savoir et sans le vouloir, elle a malheureusement planté une graine dans ma tête ce jour-là qui a influencé mes expériences queer à venir. Comment on fait avec les femmes ? C'est donc une question sans réponse, tournant dans ma tête des années durant. Aimer l'empeur, honte, évitement. Trois éléments qui ont régi ma vie affective et sexuelle en tant que personne LGBT+, et qui ont encore des répercussions sur moi aujourd'hui, à 26 ans. Texte de Laura. Tout a commencé quand je devais avoir 14-15 ans. J'étais au collège en 3ème année, à Lyon. J'embrassais la crise d'adolescence à pleine bouche. Mon style vestimentaire était un vrai désastre, et ma coupe de cheveux le résultat raté d'une prise de contrôle de mon corps. De caractère assez calme, je ne faisais pas de vagues. Mais je ressentais néanmoins un grondement intérieur qui grandissait. Je me souviens que j'étais très mal dans mon corps et mon esprit avait beaucoup de tristesse. Le commencement. C'était un mardi matin, pendant la cour de récré, une fille que je ne connaissais pas est venue me donner une lettre en me disant que c'était de la part d'une personne que je reconnaîtrais peut-être. Je ne le savais pas encore mais cette lettre a été le début de tous mes soucis. Dans la lettre, la personne se présentait et déclarait très clairement son béguin pour moi et ma coupe de cheveux, qui ne ressemblaient à rien. Je suis allée la voir directement après lecture de la lettre, et ça a été mon premier coup de foudre. Elle s'appelait Tiffany, elle avait les cheveux courts et portait un bagui. Je n'ai pas été perturbée par le fait que ça a été une fille, je ne me sentais pas pour autant lesbienne, j'étais rien du tout à cette époque, je n'avais aucune appartenance. Durant nos premiers échanges, mes jambes plageolaient et mon cœur s'emballait, tout était incroyable. Je me souviens de cette excitation qui venait pour la première fois envahir mon corps, cette chaleur qui venait le remplir encore et encore, c'était fou. L'effondrement. Nous discutons par texto, sur MSN, beaucoup. Ma mère remarque un changement dans mon comportement, je deviens plus secrète et distante. Elle n'aime pas la manière dont je m'habille et me demande mais tu veux plaire à qui comme ça ? J'ai envie de le lui dire mais je comprends très vite que ce ne sera pas accepté. Ma mère a d'autres envies et projets pour moi. Les conflits à la maison sont de plus en plus présents et le temps que je passe sur mon portable se remarque. Mes parents sont très protecteurs, voire étouffants. Et c'est à ce moment-là... Dans l'espoir de garder cette emprise parentale sur moi, que ma mère trouve le moyen de lire mes messages. Je suis convoquée un matin dans la cuisine, lieu de réunion et de règlement de compte. Je ne suis plus rien, mon monde s'effondre. Mon jardin est mis à nu, je deviens vide, sans le moindre secret. Toutes mes conversations ont été notées sur papier, comme preuve de quelque chose d'horrible. Je suis en train d'assister à une sorte de coming out forcé. J'entends les mots lesbienne, homosexuel, sortir de la bouche de ma mère comme un dégoût. La guerre froide. L'accès à internet est limité et le portable confisqué. Mes sorties sont restreintes et mes parents m'amènent à chaque déplacement pour voir où je vais. Il m'est interdit de revoir Tiffany, mais c'est compliqué car nous sommes dans le même collège. Ma mère n'hésite pas à en parler au sous-directeur de l'établissement. Je suis convoquée le lendemain, nous discutons de l'homosexualité dans son bureau. C'est un sujet qui ne maîtrise pas plus que moi. Notre relation commence à s'ébruter et nous devenons l'événement de l'année. Beaucoup de regards, de chuchotements. Cette période a été la pire de toutes car je n'étais bien nulle part. Rentrer chez moi devenait source d'angoisse et le collège un lieu d'exposition aux yeux de tous. Le quotidien était devenu souffrance, conflit, rejet, vide. La relation mère-fille n'existe plus. Je ne partagerai plus rien avec elle. Notre lien fut complètement détruit. Le renouveau. Je suis à la fin du lycée, début des études supérieures et quelque chose commence à frémir. Dans ma famille, j'ai un petit cousin qui est gay. Je pense qu'il est à l'origine de ce changement. A la fin de mes études, je quitte la ville pour Toulouse. temporairement au départ et finalement je décide de m'y installer. Et j'ai commencé à vivre. Et maintenant, je vois mes parents quelques fois par an, pour les fêtes et les vacances. Nos relations se sont beaucoup apaisées, voire même guéries. Il a fallu de la douleur, de la colère et énormément de temps pour que les tensions s'envolent. J'ai une grande fierté pour ma mère car elle en a fait du chemin. Je lui en ai fait baver mais elle n'a rien lâché. Elle est forte. Quant à mon père, il était plutôt du genre à fuir tout conflit et s'évader dans le travail. Je ne pense pas que ma sexualité soit acceptée entièrement par mes deux parents, mais ils n'ont pas le choix. J'ai toujours une légère appréhension lorsque je leur présente une personne, mais dorénavant je sais qu'elle sera accueillie sans souci. Ce que je retiens de ce coming out, c'est que j'aurais aimé être plus entourée par des personnes concernées, avoir du soutien. J'étais seule au milieu d'un volcan en train d'exploser, et ce n'était vraiment pas drôle. Il faut du courage, de la communication, et accepter aussi le fait que les autres aient leur propre cheminement d'acceptation.

  • Speaker #1

    Ensuite, il y a donc la question des enfants. Moi j'ai deux enfants avec ma compagne, et ça c'était un gros gros gros pas à faire, d'en parler aux enfants. Et c'était un peu touchy parce que moi j'avais assez confiance dans le fait qu'ils prennent ça bien, qu'il n'y ait pas de soucis, puisque les questions de... Les questions de genre, les questions de transidentité, c'est des choses qu'on parlait déjà depuis des années. Et je les sentais tranquilles avec ça, il n'y avait pas de soucis. Ils avaient déjà rencontré des copains de trans à moi, ça ne posait aucun problème. Mais par contre, vu que je vis dans un lieu collectif, avec d'autres adultes, d'autres enfants, que mes enfants sont à l'école aussi, et que je n'avais surtout pas envie de dire à mes enfants de ne pas en parler au reste des gens, Pour moi, c'était évident que si j'en parlais à mes enfants, c'était au moment où j'en parlais au reste du monde. Parce que je savais que si j'en parlais à mes enfants, le reste du monde allait le savoir à partir du moment où les enfants y parlent. Et que les autres allaient être au courant. C'était important pour moi que les personnes avec lesquelles j'habite n'apprennent pas forcément par mes enfants. Il fallait que tout le monde soit au courant un petit peu en même temps. Donc ça a créé une grosse question du moment du coming out, du gros coming out social. À quel moment est-ce que je plaçais ça pour moi ? Et donc ça m'a forcé à attendre un petit peu. Il y a passé plusieurs mois alors que c'était clair que je transitionnais, j'avais déjà commencé les hormones, il y avait déjà plusieurs personnes proches qui étaient au courant, mais j'ai attendu plusieurs mois. Avant de faire mon coming out à mes enfants et donc mon coming out social général, parce que j'ai souhaité attendre le début des grandes vacances d'été, des vacances scolaires d'été, pour ne pas leur annoncer ça à un moment en plein milieu de la période scolaire, avec le risque que les enfants à l'école l'apprennent, qu'il y ait des complications, des rejets, que ce soit difficile et que ce soit tout ça, en même temps que le moment où nous on apprivoise un petit peu cette nouveauté dans notre vie. Nous, on habite en pleine campagne. Il y a beaucoup de gens qui votent très à droite. J'ai fait mon coming out pile poil dans l'entre-deux-tours des élections législatives cette année. C'était une période hyper anxiogène par rapport au climat politique. C'était l'horreur. J'avais très peur de ça. C'était important de me sentir un peu en sécurité et de sentir qu'on allait pouvoir vivre ça de manière plus tranquille avec mes enfants, ma compagne. et se faire un petit peu à tout ça. Moi, mes enfants, au moment du coming out, ils avaient 7 et 9 ans. Et pour eux, ça a été vraiment, ah ok, je prends note, très bien, t'as ce nouveau prénom. Voilà, maintenant tu t'appelles Nina, ok, on t'appelle plus papa, très bien. Et après, il y a ce contexte un peu spécial que moi je vis dans un collectif avec ma compagne. Il y a 9 autres adultes. Et il y a nos enfants plus 7 autres enfants dans ce collectif. Et c'est pas du tout un collectif queer, c'est un collectif de couples cis-hétéro classiques, de gens très chouettes, très ouverts, mais qui n'évoluent pas du tout dans les mondes queer. Et forcément j'avais un petit peu d'inquiétude par rapport à comment ça serait pris, par rapport à mes voisins, voisines, c'est quand même des gens que je fréquente tout le temps. Et voilà, donc ça a été important pour moi de faire ce coming out auprès des personnes avec qui je vis, de le faire famille par famille, de prendre le temps, personne par personne, pas individuellement, mais famille par famille pour prendre le temps d'annoncer ça. d'entendre leurs réactions, de le dire en direct, d'être avec eux, de les accompagner là-dedans, de prendre le temps. Voilà, et c'était beaucoup d'anxiété pour moi d'y aller, mais j'ai été super bien accueilli par chaque personne, avec quelques petites questions à côté de la plaque à des moments, mais globalement pas tant. Les gens étaient quand même dans une grande délicatesse. Et moi j'avais fait le choix. D'annoncer aux adultes, d'abord, parce que je savais, j'avais un petit peu peur de la panique morale par rapport aux enfants, que les adultes aient peur de comment leurs enfants allaient le prendre. Donc j'avais envie d'abord de l'annoncer aux adultes pour qu'ils aient le temps d'intégrer la nouvelle. Et après, j'ai proposé à toutes les familles qui avaient des enfants sur le collectif de faire une annonce globale à tous les enfants en même temps, où il y aurait mes enfants qui seraient là aussi, où ça pourrait papoter, répondre un peu aux questions et tout ça.

  • Speaker #0

    Fin des nouveaux messages

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