- Speaker #0
Chou podcast,
- Speaker #1
le podcast de référence sur l'univers canin pour tout savoir sur les races de chiens, la santé, l'alimentation et l'éducation.
- Speaker #0
Chou podcast, par Maud Fedière, l'émission que mon chien ne rate jamais.
- Speaker #1
Aujourd'hui, on part à la rencontre d'une vraie passionnée. Fanny Walter est ostéopathe et kiné spécialisée en rééducation canine. Mais surtout, elle vit avec des border collies depuis plus de 15 ans. C'est avec son premier chien, Glenn, qu'elle a mis un pied, ou plutôt une botte, dans le monde du troupeau et elle n'en est jamais vraiment sortie. Elle était déjà venue dans le chou pour parler du chien senior et elle revient cette fois pour un épisode très attendu, sur le bord d'orcolis ligné travail. Sur chou, on fait avant tout de la prévention. Pas de langue de bois, pas de discours lissé. Ici, on parle vrai. Parfois, ça peut déranger, mais c'est important. Le but, c'est toujours le même, que les chiens soient mieux compris et que pour chaque race, on parte de ses origines et de ce pourquoi elle a été créée, avant de se demander si elle est vraiment faite pour notre mode de vie. Et le border collie de travail, c'est typiquement la race qui mérite qu'on s'y attarde, parce qu'elle fascine, parce qu'elle l'impressionne. Mais est-ce qu'on sait vraiment ce que ça veut dire de vivre avec un chien sélectionné pour le travail ? Avec Fanny, on a parlé de ce qui fait l'essence de cette race, son instinct. son besoin d'activité, sa sélection tournée vers l'efficacité plutôt que vers l'esthétique. C'est un épisode passionnant, sincère et qu'on aurait pu enregistrer pendant des heures. Alors, je ne vous en dis pas plus et je vous laisse écouter notre échange. Bonjour Fanny !
- Speaker #2
Bonjour !
- Speaker #1
Je suis trop contente de pouvoir à nouveau t'avoir sur le podcast. On a fait un premier épisode ensemble sur le chien senior, avec le mouvement C'est la vie en lien avec ton métier d'ostéo. ostéopathe. Et donc là, on va pouvoir enfin aborder un autre sujet dont on parle depuis longtemps. C'est moi, je suis désolée, j'ai mis du temps aussi à trouver le temps nécessaire, mais je voulais absolument faire cet épisode sur le border collie. Alors nous y voilà. Est-ce que peut-être dans un premier temps, tu peux te présenter aux auditeurs pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?
- Speaker #2
Je suis Fanny Walter. De métier, je suis ostéopathe et kiné pour chiens, essentiellement pour chiens dans la région centre vers Darvois exactement. et j'ai également un cabinet maintenant en Bretagne dans le Morbihan. Donc ça, c'est pour la partie pro. Et dans la partie perso, en fait, je fais du troupeau à haut niveau avec des border collies qui sont issus maintenant de ma propre lignée.
- Speaker #1
Super. Justement, est-ce que tu peux nous expliquer peut-être comment le premier border collie est rentré dans ta vie ?
- Speaker #2
On était dans la campagne près de Londres. Et en fait, là-bas, il y a des moutons partout. C'est assez merveilleux, c'est très vert. Il y a des moutons un petit peu à tous les coins de rue. Alors pas à Londres même, mais dès qu'on sort de Londres. On avait une maison en location et le fermier qui était juste derrière, en fait, il avait une ferme avec des moutons et il les déplaçait forcément avec un border collie. Pour moi, en fait, un chien, c'était un border collie. Donc dans ma vision, quand je demandais un chien à mes parents, à peu près à partir du moment où j'ai commencé à parler, je pensais à ce chien noir et blanc, poil long, qui ramenait les moutons. Donc ça a été ma première vraie rencontre. Ça, c'était à mes 3-4 ans. Et j'ai eu mon premier vrai border collie à moi, à mes 21 ans, et c'était Glenn.
- Speaker #1
Glenn, ben oui, c'est vrai. Et du coup, maintenant, tu en as combien ?
- Speaker #2
Glenn, il est décédé à 13 ans l'année dernière. Glenn, c'était un border collie vraiment ligné travail. On verra un petit peu par la suite que ça a toute son importance parce que c'est une spécificité très, très importante sur cette race-là. C'était très compliqué à l'époque d'avoir un border collie quand, en fait, on ne travaillait pas. Moi, je suis, pour les autres, ce qu'on appelle un macadam berger. C'est-à-dire que je ne vis pas du tout de l'activité troupeau. C'est un loisir, même si c'est un loisir qui est très prenant et que maintenant j'aide des agriculteurs, etc. Mais ça ne reste pas mon activité principale et je ne vis pas finalement des animaux, du bétail, de la production laitière ou la filière viande. Et à l'époque, donc ça c'était en 2011, avoir un chien bord de la colline et de travail, c'était quasiment mission impossible. Tout simplement parce que les éleveurs, les bergers, les fermiers, ils ne voulaient pas vendre un chien de travail à un particulier pour des raisons qui étaient plus ou moins louables. mais Et ce n'était pas si mal à l'époque parce que c'était compliqué de se retrouver avec un chien de travail.
- Speaker #1
Oui, j'imagine que ça ne devait être pas évident. Et du coup, tu as fait comment ?
- Speaker #2
Alors donc, j'ai eu Glenn parce que c'était un chien qui n'avait pas été vendu sur la portée. J'ai récupéré ce chien-là qui avait 4-5 mois à l'époque. Et j'ai commencé avec lui. Moi, j'ai vraiment pris le Border Collie pour faire du troupeau. Trois jours après son adoption, j'étais déjà dans un champ avec des moutons pour ce qu'on appelle déclarer le chien. Ça, c'est une phase qui est assez incroyable. En fait, déclarer le chien, il faut voir ça un petit peu comme une transformation Pokémon. On a un chien qui est... tout mignon, un chiot classique, qui mâche la souris, qui mord dans tous les sens, qui fait un petit peu le foufou. Et quand il se déclare aux animaux, donc ça peut arriver à 8 semaines, comme ça peut arriver à 4 mois, comme ça peut arriver à 1 an, ça dépend vraiment de plein de choses, de la lignée, de l'individu et des moutons qu'on utilise. Mais en fait, le chien, il voit les animaux partir en mouvement et il va commencer à adopter une attitude caractéristique qui est sur les épaules et son regard, il change, mais d'un coup. Et là, le chien, il est vraiment au travail. Donc, il a une attitude qui est souvent assez rampante. Et la queue qui est d'ordinaire sur un chien qui est plutôt à l'aise, alerte, etc., en l'air, là, elle se rentre sous le ventre. Et là, le chien, il s'est vraiment déclaré parce qu'il est au travail. Il a une attitude qui est calme, qui est maîtrisée. Et il est en train de contrôler et d'essayer de diriger les animaux. C'est assez incroyable. Et on attend ce moment avec une impatience folle quand on récupère un chiot. Et en même temps, il faut faire hyper attention parce qu'un border collie à 8 semaines, c'est un tout petit machin. Je pense qu'il doit faire à peu près 4-5 kilos sur des brubis qui peuvent en faire 60-80 kilos. Donc, il faut faire extrêmement attention parce qu'eux, pour le coup, ils ne se rendent pas compte de cette différence de poids. Donc, les déclarer, c'est une très bonne chose, mais il faut les déclarer dans des très bonnes conditions pour ne pas qu'ils soient en danger.
- Speaker #1
Je ne savais pas que ça arrivait si tôt, le fameux fait de déclarer. Mais alors, on commence à en dire beaucoup sur cette race. Peut-être, dans un premier temps, tu peux nous expliquer comment est née la race Bordorcoli et pour... quelle utilité ? Alors, on l'a deviné, on en a déjà un petit peu parlé, mais pour quelle utilité précise elle a été sélectionnée ?
- Speaker #2
Alors, le border, c'est un chien de conduite. Souvent, on fait l'amalgame, on me dit, c'est un chien qui protège le troupeau. Absolument pas. Le border collie, c'est pas un chien de protection, comme le patou, les bergers de Caucase, les bergers d'Anatolie, qui sont vraiment des chiens qui sont dans le troupeau. On fait une imprégnation très particulière, c'est un sujet qui est passionnant aussi. Le border collie, c'est un chien de conduite. C'est donc un chien qu'on utilise pour déplacer les troupeaux. Et en fait, c'est un chien qui est issu de plein de croisements différents. Si on faisait un test en barque, on verrait, alors maintenant peut-être que ce serait 100% border collie, mais si on va un petit peu plus loin, on verrait du lévrier, on verrait du pointard. C'est un mélange de plein de races qui sont toutes assez prédatrices, entre guillemets. Et la particularité de ce chien-là, c'est qu'il arrête la prédation. Parce que ce qui nous intéresse, ce n'est pas que ce soit une action de chasse. On ne veut pas que le chien ait une morsure, bien que le border puisse mordre dans certaines circonstances. Nous, on veut simplement qu'ils travaillent pour nous sans animer, sans blesser le troupeau. Donc en fait, il y a eu un croisement qui a été fait de façon, j'ai envie de dire, très dogmatique. Ils se sont dit, on va tester ça et on va voir un petit peu ce qui sort. Et à un moment donné, est né le Border Collie, issu de plusieurs croisements de races. Forcément, pas mal de consanguinité pour marquer des spécificités. C'est pour ça qu'on a des lignées qui sont beaucoup plus costauds. Certaines vont avoir du poil long, d'autres des oreilles droites, d'autres des poils courts. On a des morphotypes assez différents. mais en fait quand on regarde les pédigrés, on va avoir une origine commune de certains chiens et pas si lointaine en fait. Donc voilà, c'est vraiment un chien de conduite. Si tu as déjà vu des chiens conduire des troupeaux, par exemple un bosseron, lui il va travailler en rive. C'est des chiens qui sont exceptionnels par exemple pour garder les moutons en bord de loire, parce qu'en fait en bord de loire, les moutons doivent entretenir tout ce qui est herbe de ce côté-là et le chien, le bosseron, va avoir cette capacité naturelle d'aller à 180° pour gérer le troupeau. Le border, ça c'est pas trop son truc. Le border, son truc à lui, c'est vraiment de rabattre, de ramener. Et ensuite, de par sa dressabilité, on arrive à lui faire faire plein, plein de choses beaucoup plus complexes pour d'autres races, tout simplement parce qu'il a une qualité assez incroyable qui est l'œil. Alors, tu l'as déjà vu forcément, même sur certains chiens de berger. C'est par exemple quand il voit un copain arriver, les chiens se mettent coucher et fixent le chien.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #2
En fait, il fait exactement la même chose avec cette attitude prédatrice sur les animaux. Et ça lui permet, cet œil, de savoir exactement à qui il est. quelle distance se mettre pour impacter le troupeau. Et ça, c'est vraiment une qualité qui est incroyable chez cette race-là, qu'on retrouve aussi parfois chez certains kelpies de travail, mais qu'on ne retrouve pas chez les autres races.
- Speaker #1
D'accord. Ah ouais, super intéressant. On a compris avec un peu les différents types de croisements, mais tu nous as donné à peu près la date de quand on a vu apparaître les premiers border collies ?
- Speaker #2
Alors, ça remonte à des centaines et des centaines d'années. Mais en réalité, le standard officiel, FCI, il a été créé en 1976. Alors ce qu'il faut savoir, c'est que le standard en France, qui est sur le standard FCI, donc notre LOF actuel, pour le border collie, il est très particulier, parce que jusqu'il y a quelques années... Les chiens n'étaient sélectionnés que sur des critères de travail, c'est-à-dire que tu ne faisais pas de confirmation de beauté pour récupérer ton pédigré officiel. Il fallait que tu fasses un test de travail qui était géré par l'AFBC, qui est l'association française du border collie. Depuis quelques années, sous la pression des éleveurs qui faisaient du chien de beauté ou du chien de sport, tout simplement parce qu'il fallait amener son chien au travail pour obtenir ce papier de confirmation, on a ouvert à deux livres. On a maintenant un livre travail et un livre beauté. C'est-à-dire que si on récupère un border collie... de travail et qu'on ne le fait pas travailler mais qu'on veut le faire confirmer pour de la génétique ou des choses comme ça, on peut passer par une exposition beauté et avoir donc un lof qui sera estambillé lof beauté, voilà.
- Speaker #1
Ok, hyper intéressant. Tu l'as dit au tout début que tu avais vu quand tu étais petite ce chien noir blanc, les poils longs. Est-ce que tu peux peut-être, même si je suis sûre que tous ceux qui nous écoutent voient à quoi ressemble Bordorculi parce qu'on en voit quand même beaucoup, mais est-ce que tu peux nous décrire un petit peu physiquement la race ?
- Speaker #2
Bah justement, c'est un joyeux bazar. La seule chose en fait que le standard ne veut pas, c'est qu'il y ait du blanc dominant. C'est-à-dire qu'à partir du moment où au-dessus des coudes, il y a du blanc, ça, ça pose un problème. Ça pose un problème surtout pour des problématiques de surdité. Il n'y a rien d'esthétique là-dedans. C'est ce que j'apprécie énormément dans la race, c'est que la sélection, elle est vraiment faite sur les qualités du chien et qu'en fait, on a retiré certains chiens justement parce que ça posait un problème. Donc, par exemple... chez certaines races, le berger australien, berger de Shetland, etc., on sait qu'un mariage merle-merle, ce n'est pas possible. Nous, en border collie de travail, ça n'arrive presque jamais, tout simplement parce que la couleur merle est très très rare, voire inexistante. Et pourquoi ce n'est pas un délit de faciès ou quoi que ce soit ? C'est simplement que, ça je ne l'ai pas vérifié, mais je pense que c'est quand même le cas. C'est qu'un chien merle qui est relativement clair n'a pas forcément le même impact qu'un chien qui est un petit peu plus foncé. Et aussi... L'autre chose qui est très intéressante chez le border, c'est qu'on ne s'amuse pas à faire une sélection sur le beauté. Donc c'est très rare d'avoir la possibilité de choisir un chien qui a exactement les mêmes caractéristiques physiques, parce que nous, ce qui nous intéresse, c'est justement marier deux individus qui vont se compléter pour le travail et qui vont faire des meilleurs chiens de travail. Te dire à quoi ressemble un border, ça peut être poil rare, ça peut être oreille droite, oreille plate, ça peut faire 30 kilos, comme ça peut en faire 12, ça peut être tricolore, ça peut être noir et blanc, ça peut être rouge, ça peut avoir du merde. ça peut être sable, c'est très compliqué et mes chiennes, jamais les gens pensent que c'est des border collies d'ailleurs régulièrement ils me disent vous vous êtes fait avoir, tu vois c'est très très compliqué parce que t'as une telle diversité qu'on s'éloigne assez rapidement de ce chien noir et blanc poil long
- Speaker #1
Mais est-ce qu'on n'a pas l'impression que les lignées travaillent en le poil plus court ou pas forcément ?
- Speaker #2
Déjà en fait quand tu maries des tricolores c'est dominant en fait la longueur de poil, donc ça ça va déjà être un truc au niveau des gènes, de l'expression des gènes et ensuite, c'est vraiment plus pratique. Quand tu vas travailler dans la bouillasse pour que le chien sèche mieux, c'est toujours une sélection qui est faite sur la durabilité du chien. Donc effectivement, un chien qui va être poil court va potentiellement être préservé plus longtemps. C'est de la praticité, tout simplement.
- Speaker #1
Donc toi, ils ont tous les poils courts ?
- Speaker #2
Oui, alors je n'ai pas fait exprès du tout. Je n'ai pas du tout fait exprès. En fait, moi, je choisis vraiment le mâle sur une étude de pédigré. J'aime avoir des chiens qui ont les mêmes caractéristiques depuis plusieurs générations. certaines qualités au travail, de santé et en fait le physique qui vient en dernier.
- Speaker #1
On a fait le tour sans vraiment en effet avoir mis de contour puisque comme tu dis, ce n'est pas quelque chose qui est réaliste.
- Speaker #2
Si c'est possible, sur la lignée beauté par contre.
- Speaker #1
Ah oui, voilà, parce que j'allais te dire, sur la lignée beauté, en tout cas à FCI, souvent il y a des tailles, des poids limites, on est d'accord ?
- Speaker #2
Ah oui, bien sûr. Là, on re-rentre dans une sélection esthétique. La lignée beauté, on re-rentre dans un standard où le chien doit rentrer dans des cases pour être confirmé, tout à fait.
- Speaker #1
Pour l'auditeur, là, on a décrit la lignée travail.
- Speaker #2
Bien sûr.
- Speaker #1
Et alors en quoi le Border Collie se distingue des autres chiens de travail historiques ? Je pense aux berges des Pyrénées, aux kelpies ?
- Speaker #2
Au démarrage, les chiens de travail de rive, les kelpies, les bossons, les bergers des Pyrénées, on a d'autres mélanges de races aussi, on a des bergers de savoir, on a plein de chiens qui sont utilisés un petit peu partout. Ils avaient une spécificité qui était très très claire dans la localisation, sauf que ça s'est perdu à force de commencer à les confirmer en beauté. Parce qu'en fait, le problème, c'est que si tu as une sélection que travaille, c'est simple, ton axe de sélection, il est sur les qualités de travail. Si par contre, par exemple pour le berger des Pyrénées, on te demande en plus d'avoir des caractéristiques morphologiques et que lors de la confirmation, on te refuse des sujets parce qu'ils ne correspondent pas aux standards alors qu'ils travaillent extrêmement bien, ça a commencé à embêter certains éleveurs qui ont commencé à abandonner tout doucement cette sélection de travail. Et ça, on le voit. Chez le berger australien, c'est assez révélateur parce qu'un vrai berger australien de travail, si tu le regardes travailler et tu le regardes même debout, il n'a absolument rien à voir avec le berger australien de beauté. Tout simplement parce que maintenant, si tu présentes certains types de bergers australiens de travail en confirmation, les juges vont dire que ce n'est pas possible et ils ajournent ce type de chien. Alors qu'il travaille excessivement bien, que tu as une longévité très très importante. Donc au démarrage, toutes les races avaient des spécificités et c'était vraiment... extra parce que, alors là on parle du border connu parce que c'est la seule race qui est confirmée au travail, mais un bosson de travail pouvait être exceptionnel, comme un berger de Picard, comme un berger de Pyrénées, c'est juste en fait qu'au fur et à mesure, la sélection sur l'esthétisme a fait qu'on a édulcoré les caractéristiques aux troupeaux et donc que les utilisateurs ne s'y retrouvaient plus forcément et soit ils ont carrément abandonné le chien, soit ils sont partis sur le border ou le kelpie. Voilà.
- Speaker #1
Oui, et le kelpie, il a aussi la lignée chien de travail.
- Speaker #2
Le kelpie de travail, effectivement. Si tu regardes un kelpie, alors ils appellent ça un working kelpie, et un kelpie classique, tu as l'impression qu'on est sur deux races complètement différentes. Et d'ailleurs, c'est très compliqué à faire confirmer aussi, donc tu te retrouves dans la même problématique. Alors qu'en Australie, c'est des chiens qui sont incroyables parce qu'ils ont une résistance qui est bien plus importante qu'un border collie. Ils arrivent à travailler sous la chaleur, ils ont une longévité, mais qui est incroyable. Incroyable, moi j'ai des chiens en ostéo, en calepie de travail, qui ont 17 ans et qui sont en forme olympique. Sur des chiens quand même sur du gabarit de 20 kilos. Le problème c'est ça, c'est que quand tu crées des cases esthétiques, forcément ça devient plus compliqué.
- Speaker #1
Et je me demandais aussi, parce qu'on a parlé au début de ton enfance en Angleterre, je ne sais pas si du coup on l'a dit, le border collie dans ses origines, son berceau c'est l'Angleterre. Comment aller valoriser la race là-bas par rapport en France ?
- Speaker #2
En Angleterre, on a un livre, c'est l'ISDS, donc c'est International Sheepdog Society, qui est vraiment dédié à l'élevage de border coat de travail. Et à côté de ça, on va avoir toute une lignée beauté également. Et en fait, outre-manche, ils ne se prennent absolument pas la tête avec ces deux lignées. Elles sont distinctes depuis belle lurette et il n'y a absolument aucun souci. Donc eux, ils ont commencé à créer des concours troupeaux pour valoriser les chiens et aussi pour... Quand on est fermier ou quand on est agriculteur, il y a énormément de travail dans la ferme, on est toujours la tête dans le guidon. C'était quelque chose de très agréable de pouvoir, le dimanche, se retrouver sur un concours entre les copains pour montrer ses chiens, pour essayer de simplement augmenter un petit peu ses exigences au dressage et potentiellement aussi garder sa lignée, faire de la sélection, faire de la reproduction. Donc les concours, à la base, c'était ça. Après, ça a pris une ampleur beaucoup plus importante et ce qu'il faut savoir, c'est qu'au Pays de Galles, par exemple, dans la période de juillet-août, Si tu t'inscris à un concours la journée, tu fais 15 kilomètres, tu retrouves un autre concours. Tu fais 15 kilomètres, t'en retrouves un autre. C'est vraiment une culture de tout ça. C'est très chill, c'est hyper sympa, l'ambiance est très très conviviale. C'est complètement entré dans les mœurs. C'est quelque chose de classique que de faire ça. Et c'est simple de le faire. En France, c'est beaucoup plus compliqué, tout simplement parce qu'il faut faire des kilomètres, que ça coûte de l'argent. Mais c'est le même principe. Se réunir autour de quelque chose qui nous anime pour essayer de préserver cette race et même idéalement de l'optimiser. Oui,
- Speaker #1
bien sûr. Tu trouves qu'en France, tu disais que c'est compliqué de participer à ces concours ou l'ambiance est différente par rapport en Angleterre ?
- Speaker #2
C'est plus compliqué dans le sens où s'il y a un agriculteur qui veut simplement faire des concours, il va falloir qu'il fasse des kilomètres. Ce n'est pas toujours simple pour lui de partir de la ferme et donc c'est plus complexe pour les gens qui travaillent tous les jours avec leurs chiens de se sortir de la ferme pour faire de la compétition. Mais il y en a qui y arrivent. Après, c'est une autre ambiance, c'est une autre logique, il y a quand même de la compétition, donc tu as des travers un petit peu partout forcément.
- Speaker #1
Mais est-ce que ça va être plus des professionnels ou finalement ça va être plutôt des particuliers comme toi qui vont faire ces concours ? Quand j'entends professionnels, agriculteurs je voulais dire.
- Speaker #2
Pour le spécial border, on va avoir des professionnels, c'est-à-dire c'est des gens qui vivent de la conduite de chien de troupeau, en faisant des stages, en faisant de la reproduction, etc., qui ont un chenil très important de border collie. Et on va avoir pas mal de particuliers comme moi. Et quelques agriculteurs et fermiers également. Mais le rassaut n'est pas très important dans le monde agricole, je pense.
- Speaker #1
Maintenant, si on rentre dans ces lignées, beauté, travail, en France, comment la sélection orientée beauté a-t-elle édulcoré certains instants de travail ?
- Speaker #2
C'est tout simplement quelque chose de logique. À partir du moment où tu sélectionnes pour des caractéristiques physiques, quand tu vas faire des mariages, tu vas chercher à mettre deux chiens qui vont se ressembler où tu vas voir fixer des caractéristiques qui sont très très spécifiques et tu ne vas plus faire attention aux caractéristiques de travail. Et ça, en fait, ça va extrêmement vite sur n'importe quelle race. En 15 générations, tu peux même perdre carrément ce qu'on appelle l'atavisme au travail, c'est-à-dire l'envie de s'intéresser aux animaux. C'est ce qu'on a vu arriver, je sais que les propriétaires de bergers australiens n'aiment pas qu'on dit ça, mais il faut être réaliste, le berger australien sélection de beauté ne sait plus travailler au troupeau. Tout simplement parce que ça a été tellement édulcoré ... que les patrons de moteur, la tavisme, etc. Ils ne sont plus suffisants pour installer de la dressabilité chez le chien et donc une utilisation du chien pour de la conduite troupeau. Donc c'est simplement que tu mets un accent sur quelque chose d'autre que la sélection de travail et ça séduit le corps tout seul, tout simplement.
- Speaker #1
D'accord. Mais alors comment on peut perdre une fonction sans perdre les besoins ? Je pense à l'énergie, l'envie de faire, le will to please. Voilà, on peut en effet perdre une fonction sans perdre ses besoins physiques.
- Speaker #2
Effectivement, le verger australien reste un chien extrêmement actif qui a cette nécessité absolue de bouger, etc. Et si tu veux, moi je vais te donner l'exemple à la maison. J'ai une Westie, Tiregg, et j'ai quatre Borders Collie. La Westie est plus casse-pieds que les Borders Collie en termes d'énergie. Tout simplement parce que mes Borders, ils baladent la même durée que la Westie. Mais comme ils ont un travail qui les pose, qui les apaise, ils sont d'un calme. Mais tu viendras à la maison, tu serais très étonné. Les gens sont étonnés, ils disent mais c'est calme comme chien. Bien sûr, en fait, quand ils ont un besoin, et là c'est vraiment un besoin qui est comblé, c'est bien moins actif qu'un berger australien de beauté. Un border collie de travail, quand il travaille, il est bien moins actif qu'un berger australien de beauté, ou un chetland, ou un malinois, qui n'est pas travaillé. Parce qu'un malinois travaillé, il est bien dans sa tête. La problématique, c'est qu'effectivement, l'instinct c'est du corps, mais pas le besoin en énergie. Sauf que lui trouver un job, c'est plus compliqué, parce qu'il faut lui trouver des missions. qui ne sont pas aussi complètes que le travail troupeau. Parce que quand un border travaille au troupeau, qu'est-ce qu'il va utiliser ? Sa tête, ses neurones, parce qu'il faut qu'il adapte son allure, il faut qu'il sache comment il doit se placer, qu'il écoute les ordres. Donc quand tu fais travailler ton chien sur une demi-heure, 45 minutes ou même 15 minutes, c'est comme si tu lui faisais 3-4 heures de balade en termes de dépenses physiques et surtout dépenses psychologiques et psychiques. On le voit sur des chiots, 7-8 mois, qui commencent à être très très haut en énergie et c'est compliqué parce que... à cet âge là il faut faire très attention aux articulations et en même temps c'est des kangourous sur pattes et ben on les met au troupeau 5 minutes mais ça ronfle après pendant 3-4 heures un border collie de travail qui a besoin d'aller travailler c'est comme s'il avait des petites voix dans sa tête tu sais le film Vice Versa ben voilà ils ont plein de petites lanternes qui s'allument ils savent pas trop quoi faire de ça ils ont des puçons ils voient une voiture ils ont envie de l'arrêter ils voient un jogger ils ont envie de l'arrêter et en fait le fait de les mettre au troupeau je parle encore pour la lignée de travail uniquement, mais ça apaise tout ça. Et ça fait que Moi, par exemple, sur mes 5 border collies, je n'ai jamais eu aucun de mes chiens qui a fait de la prédation sur joggeurs, vélos, humains, enfants. Jamais, jamais. Je n'ai jamais eu cette problématique-là, alors que tu peux regarder dans tout ce qui est réactivité canine, c'est le motif numéro 1. Le premier motif de mortalité des chiens de troupeau, des bergers, on va dire, entre guillemets, donc bergers australiens, Shetland, machin truc, c'est le fait de se faire écraser par une voiture. Tout simplement parce qu'ils ont cet attrait du mouvement et qu'ils veulent arrêter le mouvement. sans réellement savoir quoi en faire, tout simplement parce qu'on a édulcoré cet atavisme. Voilà.
- Speaker #1
Ça, c'est super intéressant. Du coup, si on se concentre en France, ce serait quoi le pourcentage pour toi de border collie, lignée de travail par rapport à la lignée de beauté ?
- Speaker #2
Encore une fois, ça va être compliqué de répondre avec des vrais chiffres. Tout simplement parce que, tu te rappelles, on a deux livres, mais on va avoir des chiens qui vont être confirmés au travail et qui vont avoir un niveau qui est relativement bas. qui ne va pas leur permettre d'être une aide sur la ferme ou l'exploitation. Donc, est-ce que le fait d'avoir un love troupeau, c'est-à-dire une confirmation de travail, suffit au fait de dire que c'est un chien de travail ? La nuance, elle est compliquée. Mais pour te répondre précisément, un éleveur qui va faire du border collie travail, donc qui utilise ses chiens, et qui soit macadam berger comme moi, ou qui soit en exploitation bovine, ou exploitation ovine, ou écopaturage, ou tout ce que tu veux, Lui, ce qu'il va vouloir faire, c'est créer un chien le plus performant pour son utilisation à lui et il va vouloir que les autres chiots issus de la portée aillent chez des utilisateurs aussi. Donc, les vraies lignées de travail, déjà, elles sont vendues avant même que le mariage soit « consommé » et elles ne vont pas aller dans des mains qui ne vont pas faire travailler leur chien. La problématique majeure, c'est que le marché devient saturé parce qu'il y a un attrait pour ces lignées de travail. forcément s'il y a des éleveurs qui font un business là-dessus et Et au lieu de faire une portée tous les 5 ans, parce qu'ils auraient utilité de faire qu'une portée tous les 5 ans, en font 2 à 3 par an, tu te doutes bien que les chiots ne vont pas aller dans des mains qui vont pouvoir encadrer ce type de chien.
- Speaker #1
Donc il y en a de plus en plus avec cet attrait et cette mode aux chiens dits de travail, si je comprends bien.
- Speaker #2
Pour de la compagnie pure, oui. Pour l'utilisation de chiens de sport, parce que ce qu'il faut aussi dire, c'est que le Border Collie a une polyvalence qui est incroyable. Je connais des border collies qui sont au niveau des... pompiers qui font des missions aussi dans les trucs d'avalanche, etc. Comme tu l'as dit avant, ils ont un will to please important, donc c'est une dressabilité qui est très très importante. Donc tu vas avoir aussi une espèce de lignée sport entre guillemets. Alors les gens n'aiment pas trop que je parle de ça, mais c'est comme ça. C'est une réalité. Des chiens qui vont avoir des spécificités, notamment en agility, et on va se retrouver avec des gens qui vont sélectionner sur ces caractéristiques-là. Donc par exemple en agility, il y a des chiens qui vont naturellement sauter avec une aisance folle. qui vont avoir plus de puissance, plus d'explosivité. Et donc forcément, les gens vont faire des mariages dans cette sélection-là et tu vas te retrouver avec des chiens qui vont avoir un petit peu moins d'instinct troupeau, de moins en moins d'ailleurs, et qui vont performer en sport canin. Et ce n'est pas grave du tout. Moi, je préfère au contraire qu'on ait des lignées spécifiques et où le chien est stable et où il va bien, il n'y a pas de problématique comportementale, que tout se passe bien et que le vrai border collie de travail n'aille que chez des gens qui utilisent le chien. Ce n'est pas de l'élitisme. C'est vraiment pour le chien, c'est une nécessité absolue. Et ça fait mal au cœur quand le chien ne peut pas exprimer ce pourquoi on l'a sélectionné depuis des centaines d'années.
- Speaker #1
Le troupeau, tu veux dire. C'est pour ça qu'on pourrait se dire que les lignées de beauté ne sont pas non plus des chiens canapés. Ça reste un border collie, comme on l'a dit. Ils perdent sa fonction, mais ils ne perdent pas ses besoins. Ils peuvent aussi être des très bons chiens de sport pour faire de l'agility.
- Speaker #2
Tout à fait. Et ils ont encore un petit instinct troupeau, mais qui est tellement plus maîtrisable qu'une machine de guerre qu'on peut avoir en lignée travail, qui n'a pas de but. C'est comme, je ne sais pas dans quelle voiture tu roules à Paris, mais tu ne vas pas rouler en Ferrari. C'est exactement la même chose pour le border collie de travail. Si tu veux découvrir le troupeau de temps en temps, parce que clairement, ça fait vibrer de faire ça avec son chien. J'ai fait énormément de disciplines avec mes chiens, mais alors vraiment, cette discipline-là, elle est magique parce qu'elle se repose sur l'instinct et je trouve que c'est incroyable. Mais si les gens ont envie de découvrir le troupeau deux fois l'année, il vaut vraiment mieux qu'ils le fassent avec une lignée de beauté qui est hyper sympa. C'est un chien de compagnie, on peut faire plein de choses avec, de l'agility, etc. Et de temps en temps, même si... On peut parler d'éthique, etc. Parce qu'aller embêter les moutons deux, trois fois l'année juste pour le plaisir des chiens, se pose cette question-là. Mais les gens se font plaisir, le chien se fait plaisir. Si on arrive à avoir un respect du bénhomme et des animaux, pourquoi pas, j'ai envie de dire. Et personne n'est malheureux.
- Speaker #1
Tout à fait. Et comment, là, par exemple, quelqu'un qui nous écoute se dit, quelle question je dois poser à l'éleveur pour savoir s'il a une lignée de travail ou de beauté ? enfin comment il peut repérer d'où vient la lignée et j'imagine tu as les deux livres là dont tu parlais peut-être que du coup il peut déjà demandé si ces chiens sont enregistrés à quel livre mais je sais pas n'hésite pas c'est à des recommandations pour ceux qui nous écoutent
- Speaker #0
Tout dépend pourquoi est-ce que la personne s'oriente vers cette race-là. Moi je pense que si tu as envie de faire du troupeau et que tu as une nécessité de faire du troupeau, tu vas prendre le border collie parce que c'est la race qui est prédisposée à faire ça. C'est parce que je voulais faire du troupeau que je suis allée sur le border collie. Je n'ai pas pris un border collie et après je me suis dit « mince, il faut que je fasse du troupeau pour qu'il aille bien » . Je pense que cette nuance-là est importante et les très bons éleveurs vont dire non, tout simplement. Si la personne arrive avec un projet seulement dans des randonnées ou du sport canin, et qu'eux ont sélectionné une lignée qui est très spécifique et qui, en plus, va potentiellement développer des troubles comportementaux s'il n'y a pas de travail, c'est assez logique qu'ils refusent le placement. Un éleveur qui est assez content de sa production, etc., et qui est fier, déjà, la première chose, c'est de dire « Venez voir les parents sur travail » . Sur de la lignée beauté, on va plus être sur les résultats d'exposition ou quelques résultats de lignée de sport. Et encore une fois, je te parle de ça, mais je ne me suis jamais intéressée réellement à ce type de lignée, parce que ça ne me correspond pas.
- Speaker #1
Est-ce que le border collie a des problèmes de santé en particulier auxquels il faut faire attention ?
- Speaker #0
On a chez le border collie des problématiques très handicapantes. Alors effectivement, on peut parler de dysplasie, du coude, de hanche, etc. Bon là, l'origine génétique est plus ou moins controversée parce que c'est très multifactoriel. Par contre, on a ce qu'on appelle l'AOC, qui est l'anomalie de l'œil du collé, qui crée une cécité chez le chien. Et ça, un chien de travail aveugle, c'est embêtant. Donc ça, on a un test génétique, c'est simple. Par contre, chez le border, on a quelque chose qui est... très embêtant, qui est l'APR, l'atrophie progressive de la rétine. Et là, on n'a pas de test génétique à l'heure actuelle. C'est-à-dire que tous les deux ans, nous, quand on concourt pour pouvoir, en fait, faire les championnats de France, etc., et normalement faire reproduire nos chiens et avoir un papier LOF pour les chiots, on doit faire ce qu'on appelle un fond d'œil pour évaluer l'état d'œil à un instant T et surtout voir si il y a problématique ou pas. Mais le souci majeur, c'est que c'est qu'un fond d'œil, donc c'est un instant T. Et en plus, qu'on arrive à déceler que les mâles atteint. Les femelles, elles passent un petit peu entre les mailles du filet et donc, on se retrouve avec des chiens qui, de temps en temps, sont aveugles. Là, par exemple, je connais quelqu'un, son border collie de 13 mois, il est presque complètement aveugle alors que la lignée tropo est incroyable. Donc, tu t'imagines bien dans des fermes, si ce n'est pas fait, si tu as des soucis de santé comme ça, on peut se retrouver potentiellement avec un chien qui est déjà inutilisable, alors ça, c'est la première des choses, et surtout, gravement malade parce qu'il y a des maladies qui sont létales.
- Speaker #1
Top, merci beaucoup pour ces précisions concernant sa santé. Et maintenant, est-ce que tu peux éclairer nos auditeurs sur les questions à poser quand ils visitent un élevage de bord d'orcoli et plus précisément de la lignée travail ?
- Speaker #0
Tout à fait. Alors effectivement, sur une race de travail, pour moi, ce qui me semble primordial, c'est que tous les « reproducteurs » de l'élevage, si on parle d'un élevage, puissent vraiment travailler et qu'on ne soit pas dans un truc où il n'y ait que des lisses et de la reproduction. Si on veut un chien de travail, quel est le contexte de vie ? Est-ce que la chienne est sortie ? Est-ce que la chienne travaille ? Comment sont les chiens ? Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que le border, c'est un chien qui est relativement timide et on l'a sélectionné aussi pour ça. Parce que cette sensibilité, ça permet une dressabilité qui est très importante. Ce ne sont pas des chiens... Alors, ça va dépendre, parce qu'il y a des individus, en vieillissant, ils deviennent un petit peu plus collants. Ils sont très collants avec le propriétaire, mais ils ne sont pas forcément intéressés par les autres. Mais il ne faut pas qu'ils soient craintifs non plus, outre mesure. On sait bien que si la mère est stressée, flipper. ça va faire du cortisol non-stop pour les chiots et ça, ça peut créer de l'hyperactivité, du stress et de la réactivité. C'est les mêmes conseils, grosso modo, que pour n'importe quel type de chien. Les conditions de vie, est-ce que c'est propre, est-ce que les chiens sont agréables, etc. Et effectivement, si l'éleveur, quel qu'il soit, mais même si c'est de la lignée beauté, dit que c'est un chien qui va pouvoir faire juste de la compagnie et être plan-plan, c'est faux, c'est faux. C'est des chiens qui vont avoir besoin d'une activité entre une heure et demie et deux heures par jour. et ça, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365 jours. C'est aussi pour ça qu'on aime bien ce type de chien, c'est parce qu'on peut faire plein plein de choses avec. Donc voilà, c'est pas juste la beauté du chien, parce que c'est un look assez sympa, il ne faut pas ligner, mais voilà, viennent avec un besoin d'activité qui est important et s'il n'est pas comblé ou si on le comble de la mauvaise manière, on va se retrouver avec une réactivité exacerbée, c'est le début de la fin.
- Speaker #1
Voilà, donc si je te demande, le troupeau est-il nécessaire à tous les bordeurs, colis de lignées de beauté ? Tu me réponds ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Non. Et quelles alternatives sérieuses on peut donc proposer pour combler un border colis qui ne ferait pas du troupeau ? On a parlé de l'agility, est-ce que tu penses à d'autres activités qu'on pourrait faire avec ?
- Speaker #0
Tout. En fait, ce qu'il faut simplement comprendre, c'est qu'à partir du moment où on sort du livre travail, c'est un chien classique qu'on a. Donc un chien classique, il n'a plus besoin de faire ce pour quoi il a été sélectionné à la base, tout simplement parce que l'instinct a disparu. Donc du jogging, du hoop. peur du man-training, du cavage, mais tout ce qui le fait réfléchir, ce qui fera réfléchir un bichon, comme un cavalier King Charles, ou alors il faut vraiment partir sur des types de chiens qui ont moins ce besoin d'énergie. Je pense par exemple à ta race à toi, c'est des chiens qui ont besoin de stimulation, mais elle est relative par rapport à des chiens de berger.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Voilà, et c'est pour ça je pense que tu ne prendras pas de border collie. Jamais de la vie. Voilà, mais moi, si j'ai plus de mouton, je ne prends pas de border collie. Au vu de l'investissement qu'il y a à mettre dedans, ce n'est pas un chien qui m'intéresse pour de la compagnie. Absolument pas. Il faut bien le comprendre. Et encore une fois, sur des races qui sont très actives, il ne faut pas surstimuler. Pas jouer à la balle à outrance.
- Speaker #1
J'allais te demander comment choisir une activité selon la lignée et le profil du chien sans créer d'hyperexcitation. Parce qu'on se dit, il faut beaucoup les dépenser, mais attention.
- Speaker #0
Exactement la même chose que chez toutes les autres races. Sauf par exemple, le malinois de travail. Là encore, on rentre dans une spécificité. En ostéokiné. Moi, je fais énormément de chiens de la gendarmerie, pompiers, je fais des chiens du RAID. Et les chiens qui bossent toute la journée, qui sont en chenille, là, ils sont d'un calme, d'un zen. Je peux les toucher dans tous les sens, c'est un vrai plaisir. Le binôme, ils connaissent son binôme canin par cœur. Je peux t'assurer que ce même type de lignée dans des mains lambda, mais ils sont explosifs, ils sont réactifs dans tous les sens. donc tu vois Comme quoi, à un moment donné, s'il y a une sélection qui a été faite et qu'il y a un taf qui a été créé et que le chien n'est pas dans ce taf-là, on va avoir des problématiques comportementales.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux reparler de la balle ? Parce que je pense que c'est quand même un truc important. Moi, je vois encore et toujours des gens, notamment avec des border collies, des berges de Shetland, lancer la balle, lancer la balle, parce qu'en fait, le chien ne s'arrête jamais. Est-ce que tu peux faire un peu de prévention à ce sujet ?
- Speaker #0
Alors, en tant qu'ostéopathe, je déteste la balle parce que ça crée des lésions. au niveau du membre thoracique, donc des pattes avant, qui sont dramatiques. Tout simplement parce que quand on lance l'objet balle, le chien se fracasse dessus, il freine n'importe comment, il se massacre les doigts, le coude, les épaules. Donc déjà, d'un point de vue ostéo, je déteste ça. Ensuite, faire courir un chien après un objet, alors que c'est des animaux qui sont capables de détecter des crises d'épilepsie, des cancers, des truffes, des trucs comme ça, je trouve que c'est réducteur par rapport à leur capacité. Par contre, récompenser avec une balle une activité, Par exemple, on fait des tricks où il y a des chiens qui font de la détection d'odeur et qui sont plus sur un joujou plutôt que de la nourriture. C'est absolument pas pareil. Donc, je ne dis pas que la balle, ce n'est pas bien. Tout à fait. Mais par contre, de la lancer comme ça, c'est déblisant au possible. Et en plus, ça détruit vraiment les articulations. Et je le sais, quand le chien joue à la balle de façon récurrente, c'est des chiens qui sont très excitables. C'est des chiens qui ont des doigts déformés, qui ont des grosses cervicalgies. Donc, ce n'est vraiment pas anodin. Si on veut jouer à la balle, c'est dans l'eau parce que du coup les répercussions sur les articulations sont moindres et là pour le coup si on fait 15 minutes de balle le chien il est bien crevé derrière plus on va jouer à la balle, au démarrage ça va être 5 minutes mais en fait le chien il va vouloir jouer 10 minutes puis 15 minutes puis en fait ça va être un besoin qui est ultra nécessaire et c'est absolument pas sain, voilà
- Speaker #1
Merci pour ce petit passage, je pourrais en se dire très important qui pourra, pour des futurs propriétaires, prévenir de faire ce genre d'activité avec son chien, alors qu'il y en a plein d'autres qui existent. Mais bon, je comprends, il faut aussi les connaître, mais il faut s'intéresser. Il y a plein, plein de super activités à faire avec son chien. Il ne faut que lui envoyer la balle pour penser que ça le défoule. Au contraire, on a vu grâce à toi, on a compris tous les effets négatifs que ça pouvait engendrer. Et donc, je voulais te demander, s'il y a des personnes qui voudraient prendre un border collie, alors qu'ils ont besoin, à la base d'un chien dit de compagnie, Quels sont les risques ? par la suite au quotidien avec leurs chiens.
- Speaker #0
On a parlé en début d'interview un petit peu du chiot qui allait se déclarer. Donc ça, c'est quelque chose que moi je trouve fabuleux. C'est un moment où on a presque les frissons en fait. Pour moi, c'est une phase de construction du chiot. Ça, ça va vraiment dépendre de chaque dresseur. J'ai tendance à vouloir déclarer personnellement mes chiots relativement tôt. Tout simplement parce que je ne veux pas que lorsqu'ils voient une voiture bouger, un vélo bouger, un jogger bouger ou un autre chien bouger, qu'ils se déclarent sur le mouvement d'autre chose que des animaux. Et en faisant ça, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus simple pour le chien parce que les petites voix dans sa tête, c'est « Ok, moi je suis fait pour ça, j'ai besoin de ça pour fonctionner, je vois exactement quand j'ouvre à droite, donc quand il encercle les animaux, les animaux vont dans ce sens-là, quand je m'arrête, les animaux ralentissent le rythme. » Et je trouve que c'est une étape de construction très importante sur des chiens de lignée travail. Et si je les déclare à 9-10 semaines, je ne les embête plus trop avant 8-9 mois dans la progression. Par contre, si ce chien n'a pas cette possibilité-là, en fait, ces petits voies dans la tête, elles ne vont pas s'éteindre. Le chien, il va commencer à se dire « Ah ouais, non, mais c'est sympa, les voitures qui passent. » Parce qu'il a été sélectionné depuis des centaines d'années sur le fait de stopper le mouvement et d'être intéressé par le mouvement. Une feuille qui vole. Alors au démarrage, c'est drôle. On voit le chien qui commence à se mettre couché, à fixer avec intensité. Les personnes qui ont des Ausha, ils disent « Il est tout le temps sur le chat, il rentre. » Ils trouvent ça très très drôle. Bien évidemment, c'est extrêmement drôle quand le chien a 3-4 mois. Ça ne l'est absolument pas quand il en a 18 et que c'est quasiment permanent. Quand ça commence à devenir frénétique et obsessionnel sur des voitures. Littéralement, le chien pense qu'il a la possibilité de stopper la voiture. Et on en a parlé en début d'interview, mais la première cause de mortalité du border collie, c'est de se faire écraser par une voiture. Il y a certains chiens qui vont jusqu'à aller manger des roues. Ils sont possédés parce que cet instinct n'est pas apaisé. Alors, sur certains chiens... Même lignée travail, on ne va pas l'avoir parce qu'on se retrouve avec l'individu parmi tous les autres qui n'a pas cette problématique-là. Mais dans la grosse majorité des cas, on va avoir cette problématique. Et c'est très compliqué à en rayer puisqu'en fait, le problème principal, c'est que le chien n'est pas dans un milieu adapté à ses besoins.
- Speaker #1
C'est ça. Et tu l'as dit, voiture, ça peut arriver sur aussi les joggers, poussettes, trottinettes.
- Speaker #0
Tout ce qui a des roues, les chiens vont avoir tendance à encercler et à mordre. Souvent, les gens, ils ont la trouille de passer ceux qui courent et ceux qui font des vélos au niveau des fermes parce qu'en fait, les chiens, quand ils sont un petit peu laissés sans boulot, ils vont venir choper les mollets, etc. Ça, c'est très caractéristique des chiens de berger d'arriver par derrière et de mordre. Ils arrêtent le mouvement en faisant ça.
- Speaker #1
Ça peut arriver avec des enfants en bas âge aussi, j'imagine.
- Speaker #0
Plus ou moins, après, le problème du border, c'est que sa stabilité émotionnelle va dépendre aussi de s'il travaille ou pas. Donc, s'il n'a pas cette possibilité-là, tu vas te retrouver avec un chien qui est instable émotionnellement et qui va avoir un seuil de tolérance qui est trop bas. Et donc, tu peux avoir des problèmes avec les enfants. Mais encore une fois, tu vois Zoom, ma petite, elle voit ton petit loulou. Ce qu'elle va lui faire, c'est lui refaire la figure de bisous. Jamais elle ne va prendre ton enfant. Et pareil, s'il a une balle dans la main... Elles s'en fichent du jouet. Mes chiennes s'en fichent complètement du jouet.
- Speaker #1
Oui, mais parce que les tiennes, elles sont complètement équilibrées.
- Speaker #0
Voilà. Mais tu peux le voir sur d'autres races, sur le Jack Russell, par exemple. Des chiens qui sont frénétiques de la balle ou de tout autre objet parce que ça a trop d'importance. Ils ne vont plus faire attention de qui va tenir la balle. À l'extrême, c'est toujours problématique.
- Speaker #1
Voilà, c'est les risques qui peuvent arriver si vous vous orientez vers un border collie ligné de travail et que derrière, vous ne faites pas du troupeau, typiquement. Alors après... border collie, lignée beauté, ça peut arriver aussi si vous remplissez pas, alors non pas sa fonction, mais j'allais dire ses besoins, si ses besoins sont pas comblés, on peut aussi avoir ces sujets-là, parce que moi j'en vois aussi des border collie, lignée beauté, et qui font ça aussi.
- Speaker #0
Mais comme des bergers australiens, comme plein de chiens de berger en fait.
- Speaker #1
Oui, qui ont un besoin.
- Speaker #0
Qui ont encore un petit atavisme qui est très discret.
- Speaker #1
C'est ça. Ils peuvent le travailler dès le début.
- Speaker #0
Quand c'est dès le début et qu'on est sur des chiens qui ont un besoin et du corps et de travail, c'est beaucoup. beaucoup plus simple parce que c'est une rééducation sur autre chose. On apprend au chien à faire, on fait diversion et on le met sur autre chose. Quand c'est vraiment très, très, très, très frénétique, mais ça, je l'ai vu que sur des lignes de travail à être à ce point problématique, là, c'est vraiment compliqué. Je me faisais la réflexion parce que j'ai pas mal de chiens de travail dans ma clientèle en ostéo, les chiens des copains, beaucoup. Et je ne faisais absolument pas attention parce qu'on a une toute petite route de campagne devant chez moi et les copains, ils lâchent leurs chiens, il y a des voitures qui passent, on couche les chiens, c'est... hyper simple. Et là, ça fait quelques fois où j'ai des gens que je ne connais pas du tout qui viennent pour des bilans structuraux parce qu'il y a des blessures, etc. Et c'est des chiens qui sont de lignée hétérogène, donc c'est-à-dire, il y a un fond de lignée travail, mais ça fait belle lurette que ces chiens ne font plus de troupeaux. Et en fait, c'est quasi systématique qu'ils n'arrivent pas à lâcher les chiens proches de la route et qu'ils doivent vraiment raccourcir la laisse très très fort parce qu'il y a une prédation sur la voiture, même sur des chiens qui ont 4, 5, voire 6 ans. Tu vois ?
- Speaker #1
Merci, danke. Et justement, on a parlé un peu de son caractère au travers de toutes les questions que je t'ai posées. Tu as fait remonter quand même le côté très sensible de la race. Sur l'établissement pour le troupeau, c'est très clair. Mais est-ce que tu as quand même d'autres choses à nous dire sur le border collie pour son tempérament ?
- Speaker #0
Alors, c'est des très gentils chiens. Ils sont d'une gentillesse folle. Ils ont une confiance assez aveugle en leur binôme de travail. C'est des chiens qui sont très simples avec les congénères. Nous, par exemple, quand on se retrouve à des finales, on n'a que des chiens entiers. des chiens qui sont en chaleur, il n'y a pas de bagarre, c'est calme. C'est des chiens qui sont très très calmes, il n'y a pas d'aboiement. Ils sont vraiment faciles entre congénères, border, parce que c'est des chiens qui sont particuliers pour les autres âges de chiens. Généralement d'ailleurs, les Ausha ne devaient pas trop aimer les border collies, parce que c'est intense, ça met la pression. Donc c'est des chiens un peu autistes, dans le sens où en fait, ils ont tellement été sélectionnés sur des spécificités, que ça les rend un peu inadaptables sur d'autres choses. Mais c'est vrai que dans un contexte travail, ça pose pas problème. Mais dans un contexte de la vie de tous les jours, tu vois que c'est un border. C'est quand même très particulier comme chien. Il te regarde particulièrement, il n'en dit que pour toi. Ils sont assez narcissiques aussi, ils s'aiment assez. Je trouve que moi, par exemple, Zik, elle a une haute estime d'elle-même. C'est des chiens qui, on va le dire vulgairement, qui se prennent pas pour de la merde, quoi. Et c'est important, parce qu'un chien qui est fort, il doit être valorisé, quoi. Il faut aussi se dire que le border, il fait en moyenne 20 kilos. Quand il doit expliquer à la vache qu'il faut faire demi-tour, il faut qu'il soit assez costaud dans sa tête, il faut qu'il ait du mental, et en même temps qu'il soit assez sensible pour pouvoir prendre le dressage et faire des choses. Je suis fascinée. À chaque fois que je finis mes parcours de concours, je me dis « mais bon sang, on l'a fait ! » C'est incroyable ce qu'on arrive à leur faire faire. Ils sont à des distances de 800 mètres, ils prennent des ordres sans se poser de questions, ou alors parfois on ne voit pas ce qu'on est en train de faire, et le chien a besoin d'être autonome complètement sur ce qu'il est en train de faire, et ils font des trucs incroyables.
- Speaker #1
Je me permets de rebondir parce qu'on pourrait se dire, le bord d'Orcoli, comme le Malinois, ils exécutent, entre guillemets, ils ont besoin qu'on leur donne, tu vois, l'indication pour faire. Est-ce qu'ils prennent des décisions par eux-mêmes ? Non, non, pas du tout. Et justement, c'est ce que je me demandais parce que, tu vois, ils font un super bon binôme, c'est est-ce qu'il va être autonome ? Est-ce qu'il va faire sans que tu lui demandes parfois ? Il va prendre des décisions.
- Speaker #0
Alors, c'est tout l'objet, c'est toute la problématique de ce qui va se passer en France où tu vas avoir un petit peu les clans lignés troupeaux et les clans lignés agricoles, etc. Alors effectivement, tu peux arriver à avoir un chien robot. C'est-à-dire que si tu ne lui laisses plus prendre de décisions, il y a un moment donné, à force des dressages, le chien va rentrer dans une mécanisation et va se dire « C'est bon, moi j'arrête de lutter, de toute façon il ne m'écoute pas. » Et donc, il va machinalement reproduire ce que son binôme lui raconte au sifflet.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Toute la subtilité du dressage d'un border collie, c'est d'arriver à lui laisser de l'autonomie, parce qu'en fait, il y a plein de moments où on a besoin qu'il soit tout seul. On a besoin qu'il prenne des bonnes décisions. On a besoin, par exemple, quand on voit un chien sur 500 brebis, et qu'il y a des agneaux, et qu'il y a une brebis qui reste toute seule parce qu'elle n'est pas bien, si le chien se dit « oh bah, je m'en fiche » , et que toi tu ne la vois pas, ça va nous poser problème. Il faut que le chien soit capable de prendre des décisions. Donc toute la subtilité du dressage, c'est de faire en sorte qu'effectivement, parfois, parce que c'est dangereux, parce que tu as une route, parce que tu as besoin que le chien écoute, parce que tu es dans un contexte montagne, que tu as la falaise qui est à côté, que tu as vraiment besoin que le chien écoute pour pas ni se mettre en danger lui, ni mettre en danger les animaux. On a besoin de lui dire, écoute là, maintenant tu dois vraiment être à l'écoute à 100% parce que c'est dangereux. Et en fait, les chiens, ils font la différence. Et ça, c'est toute la différence en fait. Est-ce que tu ne fais que des concours troupeaux ou là, tu t'en fiches un peu de laisser cette autonomie-là ? Mais la plupart des gens, ils sont passionnés du travail troupeau et ils ont ce besoin de faire travailler leurs chiens. Moi, en ratio, je fais 95% de travail troupeau et 5% de travail concours. J'ai beaucoup plus de plaisir, finalement, à aider les copains sur leurs exploitations dans des environnements différents. C'est jamais la même chose, parce que c'est le Bronx. Clairement, il faut se dire que les brebis, si elles peuvent partir du terrain où elles sont, même s'il y a tout ce qu'il faut pour manger, boire, etc., elles vont partir du terrain. Donc, tu as des trucs assez farfelus qui arrivent. Je suis presque plus... étonner et estomacés mes chiens dans ces situations-là qu'en contexte concours. Et ce qui est intéressant, c'est de réussir à faire les deux et de laisser de l'autonomie à ces chiens. On les a sélectionnés depuis 300 ans pour qu'ils gèrent leur allure, qu'ils sachent exactement où se placer, qu'ils arrivent à rassurer le troupeau. Ce serait trop dommage de les laisser en mode robot.
- Speaker #1
Non, mais c'est clair. Donc, c'est intéressant ce que tu dis. Parce qu'en effet, on a un peu cette sensation-là. donc c'est intéressant de se dire que qu'en dehors du concours, même s'il a besoin, il est très loin, il prend des décisions et il est autonome. Donc ça, super, merci de l'avoir rappelé. Je pense que c'était hyper important. C'est vrai qu'en France, on voit une course aux lignées de travail parce que je ne sais pas, c'est comme si lignées de beauté, c'était moins bien dans certains discours. Pour toi, est-ce qu'une sélection de lignées de travail est mieux et meilleure qu'une sélection de lignées de beauté ?
- Speaker #0
Alors dans le fond, je pense que oui. Parce qu'en fait, la lignée de travail, ce qu'elle cherche à faire, c'est d'avoir des chiens. qui sont utiles le plus longtemps possible, sur une fonction précise. Alors, si on enlève le côté fonction, je trouve que c'est hyper intéressant. Nous, on a tous des chiens, on adore nos chiens, et notre rêve le plus ultime, c'est d'avoir le chien qui vit le plus longtemps et en bonne santé. Donc, je trouve que la sélection lignée travail, elle va dans ce sens-là, parce qu'on cherche à avoir des chiens qui vivent longtemps et en bonne santé. La problématique dans la lignée beauté, c'est qu'on n'a plus trop ce besoin de sélection sur une fonctionnalité. On va céder des tests génétiques, des tests de santé que je trouve incroyables. Ça, c'est une nécessité absolue. Mais d'un autre côté, on se rend compte, si on regarde les chiffres, que la longévité des chiens de race, de beauté en majorité, elle baisse. Elle baisse alors qu'on a des outils multiples pour justement sélectionner de plus en plus sur des critères très spécifiques. Donc dans un sens, oui, je pense que la lignée de travail est la plus intéressante parce qu'on cherche des chiens fonctionnels. Alors que sur des chiens de beauté, on va plutôt avoir tendance à chercher des chiens esthétiques, tout simplement parce qu'ils doivent correspondre à un standard. Et on l'a vu dans plein de tes interviews que moi j'adore écouter dans la voiture, donc il faut absolument continuer. Même, il faudrait que tu en crées de 4 heures, parce que mes voyages c'est plutôt 4 heures que 50 minutes. Mais on le voit sur des bulldogs français, où on va chercher plutôt à avoir un museau un petit peu plus long. On va chercher à avoir des chiens qui sont moins mollosoïdes. Mais ces chiens-là, ils passent pas en fait le love parce qu'ils rentrent pas dans les cases standards et je trouve que c'est tellement stupide. La plupart des gens qui vont vouloir un chien qui ressemble à un type de race parce qu'ils aiment le caractère d'un bulldog français, moi j'en voudrais pour rien au monde, parce que j'ai peur justement de ces problématiques de santé. Mais c'est des chiens qui sont tellement attachants, c'est gentil. Ça coûterait quoi de faire en sorte qu'ils aient tous un museau plus long, qu'ils soient un tout petit peu plus longs au niveau du dos pour éviter les hargnies discales, qu'ils aient... Moins de problèmes de cœur. Idem, le cavalier King Char, je trouve que c'est une race qui est incroyable. C'est les chiens les plus gentils du monde. Je n'ai jamais vu un cavalier King Char méchant. Ça coûterait quoi de faire une sélection où on retrempe un petit peu dans le cavalier avec une autre race pour être sûr et certain qu'il n'y ait pas de problèmes de cœur, de syringomélie, de choses comme ça ? J'ai entendu aussi un épisode super chouette sur le Doberman que tu as fait. Ces chiens sont exceptionnels. Tu te rends compte qu'en fait, on est sur des lignes où c'est hyper compliqué de ne pas avoir des chiens qui meurent avant 7-8 ans de problèmes cardiaques. Donc oui, je pense que la sélection lignée travail, elle est ultra intéressante parce que justement, on veut que le chien y vive longtemps et qu'il puisse assurer sa fonction. Et je pense que beaucoup de lignées beauté devraient être plus souples dans le standard pour faire rentrer des individus qui sont peut-être un peu hors normes au niveau du standard, mais qui apporteraient tellement au niveau santé, longévité et même facilité au niveau comportemental. Parce que c'est ça un chien de compagnie. C'est un chien facile qui va vivre longtemps et en bonne santé.
- Speaker #1
Du coup, dans tout ce qu'on a dit, on prend un border collie, ce pourquoi il a été fait, on le sait, c'est pour le troupeau. Donc si on sait que nous, on veut de la compagnie et qu'on ne va pas pouvoir donner toute cette activité physique, on l'a bien compris que même lignées de beauté, ils peuvent avoir un petit peu cet avis, mais donc on peut surtout dans ces situations-là. À la fin, pourquoi partir sur un border collie ? Dans ces cas-là, soit on va jusqu'au bout et on prend un border collie, lignée de travail, on sait pourquoi on y va, parce qu'on aime le troupeau et qu'on en fait déjà. Et sinon, dans ces cas-là, dirigeons-nous vers un autre chien, une autre race. Il y en a plus de 300.
- Speaker #0
C'est ça le pire et c'est ça que je n'arrive pas à comprendre. Sur le troupeau en France, il y a des gens qui vont encore te dire « Mais moi, mon chien n'a pas besoin de troupeau. » Mais bon sang, on va sur toutes les autres, quoi. C'est une telle spécificité.
- Speaker #1
C'est ça. Il faut continuer à en parler. Il faut mettre en avant aussi les chiens de compagnie, qui sont un groupe qui n'est pas à la mode, malheureusement. Donc aujourd'hui, c'est que les chiens de berger ont... la cote.
- Speaker #0
Mais en même temps, les chiens de compagnie ne sont pas à la mode. Mais est-ce que tu crois pas que c'est aussi parce qu'on se retrouve avec des races qui ont de plus en plus de problèmes de santé qui sont très spécifiques à la race ? Toi, t'es dans les primitifs. Et tu vois, là, j'ai eu un chien, je vais pas bien le dire, un Shinkuyu. C'est un Shiba, un grand Shiba.
- Speaker #1
Un Shikoku ?
- Speaker #0
Voilà. Et c'est la première fois que moi j'en ai en consultation. C'est un chien de 8 ans. Il est magnifique. Structurellement magnifique. Il a des articulations qui sont parfaites à 8 ans. Et on est sur des races primitives qui sont quand même très très préservées de plein de problématiques. Est-ce que tu ne crois pas que le souci principal, c'est l'axe des sélections des chiens de beauté et qu'on a l'impression que les chiens de compagnie sont plus fragiles et que les gens, de ce fait, vont plutôt vers une lignée de travail qui vont penser plus rustique ?
- Speaker #1
Je ne suis pas sûre, justement. J'ai plutôt le sentiment, et j'aimerais me tromper, que la plupart des gens ne sont pas forcément au courant des fragilités ou des problèmes de santé liés aux lignées de beauté. Je crois que leur préférence va surtout vers un certain look, le physique plus authentique, plus brut du chien de travail. C'est pas forcément un choix informé, mais davantage une question d'esthétique. Un chien de berger, c'est lupoïde. C'est grand,
- Speaker #0
c'est lupoïde, voilà.
- Speaker #1
Alors qu'un petit bichon, un petit shih tzu, un petit lasso-abso, ça a tout de suite une étiquette de chien à mémé. Alors que pas du tout, c'est des chiens qui sont merveilleux. c'est juste qu'ils ont pas la bonne image, ils n'ont pas la bonne étiquette et que je pense que ça vaudrait le coup de les mettre plus en avant alors qu'ils sont super. C'est pour ça que j'essaye de faire.
- Speaker #0
Je t'attends pour un épisode avec le Westie.
- Speaker #1
Et voilà, donc ça c'est vrai que c'est le prochain épisode qu'on doit faire. Un terrier, c'est pas aussi chien de compagnie, normalement le Westie, non ?
- Speaker #0
C'est le terrier en fait le plus facile. C'est la première phrase du livre de Ruto Connor que j'ai depuis mes 9 ans, c'est le terrier facile. C'est-à-dire qu'on a le côté carafon, etc. Mais c'est des amours de chien. c'est des petites merveilles quoi En tout cas, moi, j'aime beaucoup.
- Speaker #1
On en parlera, alors. Bon, et puis, pour tous ceux qui nous écoutent, qui ont un border collie, pas lignée travail, lignée travail, avec qui ça se passe bien, eh bien, évidemment, ça existe. Et heureusement, et nous, on parle de généralité, mais évidemment que j'ai bien en tête qu'il y a des cas où ça se passe aussi très bien en chien de compagnie. Mais c'est plus pour pouvoir faire de la prévention aussi pour cette race qui a une utilité bien précise et qui, en tout cas, à mon sens, me semblait importante de remettre en avant. Voilà, comme je l'ai fait aussi avec... Le bulldog français pour faire de la prévention, pour moi, c'était important. Fanny, je te laisse du coup le mot de la fin.
- Speaker #0
Ici, on ne voulait pas mettre en contradiction la lignée travail et la lignée beauté. Ça, je pense que tout le monde l'a compris. Mais si je devais parler de la lignée travail-border-colis, c'est que je pense qu'à un moment donné, si on choisit un border-travail, c'est parce qu'on a envie de faire du troupeau. Ce n'est pas parce qu'on a un border qu'on doit faire du troupeau. Et je crois que c'est là toute la nuance. En fait, quand on cherche à faire du troupeau, c'est parce qu'on aime le monde agricole. On aime les animaux, on aime s'occuper des ovins, des bovins. Il y a quelque chose de très rural, de très viscéral. En fait, c'est quelque chose d'hyper sympa parce qu'on fait plein de rencontres. On se rend compte aussi qu'il y a énormément de travail à faire avant de mettre son chien au troupeau. Parfois, moi, je vais voir mes moutons, je me dis que je vais aller m'entraîner. Ben non, il y a une brebis qui est malade, ou il y a du foin à remettre, ou il y a quelque chose à réparer. Et on passe énormément de temps avec les animaux. Il faut se dire qu'à la base, on fait ça pour les animaux, pour la conduite troupeau, etc. Je pense qu'à un moment, il faut un petit peu remettre ça au goût du jour, que finalement le border c'est un chien de conduite et que c'est pas un outil pour se faire plaisir. Les moutons ne sont pas un outil pour faire plaisir aux chiens. C'est le chien qui sert en fait les animaux pour essayer de faire en sorte de les conduire avec respect, pour éviter qu'il y ait du stress des animaux, parce que le chien de conduite il permet de les conduire sans stress, d'éviter des manutentions qui ne sont pas nécessaires, de par exemple, si on a des brebis à vacciner... on va mettre le chien juste en protection, on va pouvoir vacciner, on n'est pas obligé de les re-rentrer dans un bâtiment, mettre du stress en plus. Il ne faut pas que le chien pose problème s'il y a de la production laitière, parce que si le chien est complètement frappadingue derrière, on a une baisse de la production laitière. Voilà, c'est ça toute la subtilité. Et à un moment donné, effectivement, on passe au border parce qu'on aime le monde agricole. Voilà, c'est ça ma conclusion.
- Speaker #1
Très bien, merci beaucoup Fanny.
- Speaker #0
De rien,
- Speaker #1
merci beaucoup d'avoir pris ce temps. taguer dans une de vos stories sur Instagram, ça fait toujours plaisir et c'est une bonne façon de diffuser le message. Très bonne semaine, prenez soin de vous et de vos toutous !